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Tag: Socialist Party
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8 mars Journée Internationale des Femmes: Petit état des lieux international
Voici différents témoignages et explications de la situation des femmes au Venezuela, en Irlande, à Hong Kong, en Chine, en Inde, en Suède, en Grande-Bretagne, en Italie et en Egypte, recueillis par socialistworld.net, le site internet du Comité pour une Internationale Ouvrière.
Comité pour une Internationale Ouvrière
Chine: Les jeunes femmes se battent pour une meilleure vie
Chinaworker.org
En Chine, les jeunes femmes constituent la majorité des travailleurs dans l’industrie de la transformation et dans l’assemblage destiné à l’exportation. Dans beaucoup d’usines, elles représentent 80% du personnel. Il n’est dès lors pas surprenant de voir qu’elles ont joué un rôle clé dans plus de 40 grèves qui se sont développées dans l’industrie de l’exportation ces dernières années, des grèves pour de meilleurs salaires et pour des syndicats de base en contrepoids aux syndicats d’entreprise qui sont les seules organisations légales des travailleurs en Chine.
Les jeunes femmes, encore plus que les hommes, quittent la campagne et rejoignent les forces de travail immigrées parce que la pauvreté et la routine abêtissante de la vie à la campagne les touchent plus spécialement et très durement. Souvent, elles sont retirées des écoles pour travailler dans la ferme de leurs parents, ou alors sont-elles poussées à trouver du travail comme immigrée, souvent à partir de l’âge de 14 ans déjà. Dans quelques régions campagnardes, 40% des jeunes quittent l’école avant d’obtenir un diplôme, contre un degré national de 5%. Les filles font généralement les deux tiers des jeunes qui quittent l’école trop tôt.
Cela est reflété dans le taux d’analphabétisme en Chine, où 70% des 85 millions d’analphabètes sont des femmes. Malgré le fait qu’il est devenu interdit de demander des frais de scolarité dans l’enseignement primaire en 2005, cela reste une réalité dans beaucoup de régions rurales parce que les gouvernements locaux sont en faillite ou ont dépensés tous les moyens dans des projets d’infrastructure qui stimulent les données économique et qui sont de bonnes opportunités de pots-de-vin pour les bureaucrates. Beaucoup de familles des campagnes ne savent pas se permettre de payer le coût de l’enseignement et considèrent que l’enseignement est moins important pour une fille, ce qui est dû à la pression économique et au manque de moyens pour les pensions et les soins des personnes âgées.
Les femmes sont sensées se marier et prendre des parents de leur mari, mais pas de leurs propres parents, ce qui explique aussi pourquoi il y a tant d’avortement sélectifs selon le genre du nouveau né à venir, malgré le fait que cela est interdit, avec en conséquence un déséquilibre de genre : pour 100 filles nées en Chine, il y a 119 garçons. Ce déséquilibre croissant signifie que la prostitution imposée et la traite des êtres humains connaissent une développent illimité dans quelques régions du pays. Selon un rapport récent, la Chine a aussi le taux de suicide le plus élevé au monde parmi les femmes – 25% plus haut que chez les hommes. A nouveau, il s’agit surtout de femmes des campagnes. «La moitié des suicides se produisent chez les femmes des régions rurales, qui boivent généralement des pesticides pour en finir avec leur vie», écrit le China Daily. La pauvreté, la pression financière et les mariages malheureux, forcés ou violents sont les causes les plus importantes.
Hong Kong : Les femmes se battent contre la discrimination et l’injustice sociale
Socialist Action, CIO Hong Kong
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Irlande
L’Irlande du Sud reflète l’énorme changement en attitudes sociales qui a trouvé place ces dernières années. Une recherche comportementale du « Irish Times », faite en octobre 2010, est parvenue aux constats suivant:
- 60% des -45-ans aideraient une copine à obtenir un avortement
- Plus de 60% pense que les mariages homosexuels doivent être permis
- Presque la moitié pense que les couples homosexuels doivent pouvoir adopter des enfants
Asie
Les travailleuses dans le textile en Asie subissent des conditions de travail et de vie qui font penser à l’esclavagisme. Forcées de travailler plus de 10 heures par jour, sept jours par semaine, dans des usines sans sécurité, où les harcèlements sexuels sont monnaie courante. Elles sont souvent logées dans des logements surpeuplés. Mais des centaines et des centaines de milliers de jeunes femmes sont entrées en grève pour un salaire viable. Le mouvement a été provoqué par les prix croissants de nourriture et des produits de base. Elles sont restées debout devant le gaz lacrymogène, devant les matraques électriques, devant les canons à eau et d’autres armes d’assaut. Des milliers ont été arrêtées et des centaines ont été blessées, surtout au Bangladesh où la répression était la plus brutale. Cependant, elles ne se sont pas laissé intimidées et elles ont obtenu quelques concessions. La lutte est loin d’être finie et elle est une inspiration pour les travailleuses partout dans le monde.
Egypte
En Egypte des milliers de travailleuses sont entrées en grève pour leurs droits et pour la fin du régime. Le 10 février, le personnel, principalement féminin, du Centre de Recherche de la Santé des Animaux Egyptien a fait une manifestation devant la porte de leur centre, où ils demandaient la démission immédiate du directeur:
“Elle est totalement corrompue”, disait un docteur. ”Elle utilise l’argent prévu pour l’étude et la prévention de la grippe aviaire pour construire des villas personnelles au Caire et en Alexandria”
“La seule raison pour laquelle elle a cette position est que son frère travaille au bureau du Ministre de la Santé”, disait une autre. D’autres participants à la grève parlaient de mauvaises conditions de travail et du népotisme comme raisons pour leur protestation. A peu près 45 des 150 travailleurs ont commencé à chanter quand le directeur est arrivé en voiture, pour tout de suite repartir quand elle a vu les protestations, après quoi des cris de joie ont résonné.
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Les femmes, et surtout les femmes de la classe ouvrière, ont beaucoup de raisons de se fâcher sur la manière dont la société est aujourd’hui gérée. Les femmes sont traitées comme des travailleurs de second rang, leurs salaires ont stagné durant les 10 dernières années parce que le patronat a utilisé la crise économique pour garder les salaires au plus bas. Pour les travailleuses et travailleurs, la crise a conduit à une augmentation sensible du temps de travail. Cela touche spécifiquement très durement les femmes, qui ont moins de temps et plus de stress pour être présentes pour leurs enfants. Beaucoup de femmes n’ont pas d’autre choix que d’accepter des boulots précaires ou dans l’économie informelle – leur nombre a doublé ces cinq dernières années.
Le revenu médian des employées était de 8.500 HK$ en 2009, soit à peu près 30% de moins que pour les hommes. Il est d’usage dans les entreprises de moins payer les femmes pour des emplois identiques. C’est surtout le cas dans le secteur de la restauration.
Ce n’est donc pas étonnant que le nombre de femmes qui vivent sous le seuil de pauvreté a augmenté entre 1996 et 2008 de 485.000 à 635.000 personnes. Hong Kong a le fossé entre riches et pauvres le plus extrême de toutes les économies développées, et la pauvreté augmente plus vite parmi les femmes. Les femmes sont les plus grandes perdantes de la politique pro-riche et anti-providence de Donald Tsang (chef de l’exécutif de l’administration de Hong Kong) et de ses partisans.
La discrimination contre les femmes mariées sur le marché du travail a même encore empiré depuis la crise économique. Chaque année, la moitié des 300 plaintes qui entrent à la Commission pour l’Egalité concernant des discriminations sur base du sexe est liée à la question de la grossesse. La discrimination est souvent cachée, comme de faire travailler une femme enceinte sans air conditionné ou en utilisant des autres formes de pression et d’harcèlement.
En 2010, une importante percée a eu lieu avec la première législation autour d’un salaire minimum à Hong Kong. Cela s’est produit après plus de dix ans de retards, avec une énorme pression sur le gouvernement et le patronat. Mais il faut beaucoup plus que ça. Le niveau du salaire minimum, 28 HK$ par heure, est toujours trop bas. Et la nouvelle loi discrimine aussi les immigrés, les personnes handicapées et les étudiants. Les patrons cherchent aussi des manières de limiter la loi et de couper dans leurs frais – en embauchant plus de travailleurs à temps partiel et en forçant les travailleurs à devenir des pseudo-indépendants.
Les syndicats à Hong Kong doivent étayer leurs paroles sur de meilleurs salaires et une diminution du temps de travail avec des actions et avec une volonté de réellement passer à la lutte. Nous voulons un salaire minimum juste et totalement inclusif, ainsi que le droit à des négociations salariales collectives pour tous les travailleurs. Cela est lié à la nécessité de transformer les syndicats en organisations de lutte, contrôlées par leurs membres, avec des sections démocratiques au niveau du lieu de travail et avec des dirigeants qui vivent au salaire moyen d’un travailleur qualifié.
Venezuela : Réformes sous attaque
Denise Dudley, Socialismo Revolucionario, (CIT/CIO Venezuela)
Lors des premières années de la Révolution Bolivarienne, des pas en avant importants ont été faits pour les ouvrières, entre autres avec la fondation d’un Ministère pour les Femmes et de différents programmes d’éducation et de santé (Missions) qui avaient pour but de tirer les femmes hors de la pauvreté et de la dépendance financière. Malheureusement, nous avons vu que ces réformes ont de plus en plus été réduites ces dernières années, partiellement en résultat de la récession de deux ans qui a conduit à des coupes budgétaires (jusqu’à 50% en moins des moyens de beaucoup de Missions).
Le président du Venezuela, Hugo Chavez, a parlé de son gouvernement comme étant “féministe”. Cependant, le Conseil National (le Parlement) récemment élu a aboli la «Commission Femmes» mise sur pied pour combattre le sexisme et le «machismo» qui restent dominant dans la société vénézuélienne d’aujourd’hui. En plus, l’avortement reste illégal, avec un grand impact sur la vie et le bien-être de centaines de milliers de femmes.
Il y a au Venezuela de grands obstacles pour s’organiser autour de ces questions, notamment l’extrême polarisation politique entre les défenseurs et les adversaires de Chavez. Une des conséquences est que beaucoup de gens à gauche doutent ou refusent de participer à une campagne qui pourrait être vue comme une campagne «contre» le gouvernement et faisant partie de l’aile droite organisée.
A cette Journée Internationale des Femmes, une Conférence Internationale des Femmes est toutefois organisée à Caracas, ce qui offre un forum et une opportunité de discuter de ces questions et où on espère qu’un plan d’action va être proposé pour mener la lutte pour les droits des femmes.
Suède : Un nouveau réseau lutte contre la politique de droite
Elin Gauffin, Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)
Pour le 8 mars de cette année, un nouveau réseau a été mis sur pied en Suède sous le nom “Luttes des Femmes contre la Droite”. La première de ses tâches est l’organisation d’une manifestation à Stockholm pour la Journée Internationale des Femmes.
Les slogans centraux de la manifestation sont: “Non aux privatisations” ; ”Abolition du RUT” (une réduction d’impôts pour les gens qui emploient du personnel domestique) ; ”Des emplois stables et sûrs” ; ”Pour la providence générale” ; ”Pas de profits sur les corps des femme” ; ”Arrêtez le sexisme” ; ”Solidarité internationale des femmes et justice globale”.
Après plus de quatre années d’un gouvernement de droite en Suède, l’égalité a été attaquée sur beaucoup de terrains. Les diminutions d’impôts ont fait augmenter le fossé entre le revenu des femmes et celui des hommes à 1.000 Kroon par mois (100 euros). Le fossé entre hommes et femmes au niveau de l’emploi est le plus grand en 20 années, avec 230.000 plus d’hommes que de femmes ayant un emploi – un mauvais rapport pour un gouvernement qui affirme que l’emploi est sa priorité.
Un emploi pour chacun, la providence générale et un secteur public efficace sont la base nécessaire pour parvenir à une véritable égalité, comme lorsque de bons moyens existaient en Suède pour les soins de santé, les soins aux personnes âgées et aux enfants, en résultat des luttes des femmes et des travailleurs. Aujourd’hui, tout le monde est sensé résoudre de plus en plus de problèmes sur base individuelle.
Presque 100.000 habitants du district de Stockholm ont obtenu l’an dernier une diminution d’impôts pour employer du personnel domestique. Cela a fait augmenter la division de classe parmi les femmes. Celles qui peuvent se permettre d’employer quelqu’un pour nettoyer leur maison obtiennent une diminution d’impôts alors que ce genre d’emploi est souvent très précaire et le plus souvent très mal payé. Au lieu de ça, il faudrait libérer plus de moyens publics pour l’élargissement des soins aux enfants et aux personnes âgées pour ceux qui en ont besoin.
Sanna Tefke, secrétaire jeune de Kommunal (syndicat des travailleurs communaux) Section 26, est membre de Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède) et l’une des initiatrices de la manifestation du 8 mars. Elle déclare: ”La privatisation des soins de santé à Stockholm a été si loin que dans beaucoup de districts, il n’y a plus de soins publiquement financés. Des millions de Kroon de l’argent des contribuables va vers les profits et les dividendes des propriétaires privés.”
“L’initiative “Lutte des Femmes contre la Droite” était nécessaire pour en quelque sorte armer le 8 mars. Nous devons reconstruire un mouvement combatif qui puisse donner une réponse à la contre-révolution qui est menée aujourd’hui. Nous ressentons que les initiatives déjà existantes autour du 8 mars sont trop vagues et trop douces.”
Une autre question reprise est celle de la violence masculine contre les femmes. Maria Rashidi, de l’ ”Association pour les Droits des Femmes”, nous raconte : ”Chaque jour, je rencontre une femme qui a été abusée par son mari. Les victimes de violence masculine ne sont souvent pas traitées de façon sérieuse par la police et les services sociaux. Les femmes dans une procédure d’asile sont touchées le plus fortement. Beaucoup doivent déménager tous les mois et sont exploitées comme des forces de travail bon marché. Les femmes travaillent par exemple dans des restaurants où elles font la vaisselle pour 20 SEK (2 euros) par heure et elles doivent y rester la nuit.”
“Je reçois deux ou trois coups de téléphone par semaine de femmes qui ont été abusées comme ”nouvelle mariée par la poste”. Il faudrait avoir un accueil spécifique pour ces femmes. Le 8 mars, il est important de constater le progrès que les femmes ont obtenu, mais aussi de rappeler que, par la lutte, nous pouvons obtenir beaucoup plus.”
Irlande : La lutte des travailleuses de Laura Ashley en inspire d’autres
Dans le nord et dans le sud de l’Irlande, des assainissements tels que personne n’en a vu se produisent dans le secteur public, de même que des attaques contre les salaires – y compris une diminution du salaire minimum dans le sud avec 1 euro – touchent très durement les travailleuses et les femmes qui dépendent des services publics. Dans ce cadre, les travailleuses de Laura Ashley sont un exemple édifiant de femmes qui partent en contre-offensive.
Déléguée et gréviste de Laura Ashley, Laura Waters, écrit sur ses expériences:
“Avec 15 de mes collègues, surtout des femmes, j’ai été en grève un peu plus de trois mois. J’ai travaillé plus de huit années dans le fleuron de Laura Ashley à Grafton Street, à Dublin. En octobre, l’an dernier, nous avons appris que notre magasin allait fermer après une offre de bail de Disney Group.
“Deux semaines avant la fermeture, nous avons tous reçu la promesse que nos emplois étaient en sécurité et que nous allions être mutées vers un nouveau magasin. Mais cela ne s’est pas produit, pas même quand Laura Ashley a été mise sous pression pour faire muter du personnel vers d’autres magasins ; la direction n’offrait que six emplois pour 22 travailleurs. La plupart d’entre nous travaillaient à temps plein, mais la meilleure nouvelle offre était un contrat de 16 heures au salaire très bas. Il n’y avait pas d’offre d’emploi semblable aux nôtres et Laura Ashley avait en plus le culot de nous offrir ces nouveaux emplois à condition de toutes passer à nouveau la procédure d’embauche.
”Les 22 travailleurs ont donc été confrontés à un licenciement imposé, où Laura Ashley ne voulait pas payer les primes de licenciement légalement prévues, dont il récupère pourtant 60% du gouvernement irlandais. Et cela malgré le fait que Laura Ashley est sur le point d’annoncer pour l’année passée des profits qui dépassent les 21 millions d’euros! Nous pensons aussi qu’il a obtenu une somme d’à peu près 90.000 euros pour la vente de notre magasin à Disney.
“Pour nous, il ne restait pas d’autre option que les actions de grève afin d’éviter qu’une entreprise rapace et rentable comme Laura Ashley ne marche sur nous tous. Nous avions le sentiment qu’on devait se battre, pas seulement pour nous, mais pour tous les travailleurs qui étaient traités de cette façon.
“Pendant notre grève de 15 semaines, il est devenu clair que la direction syndicale n’était pas représentative pour de simples travailleurs comme nous. Elle a échoué à chaque opportunité de conduire notre lutte vers une solution, alors que leur manque d’action n’avait pour effet que de tirer en longueur le conflit. La direction syndicale est totalement détachée de la lutte réelle à laquelle sont confrontés ses membres sur le terrain. Ainsi, notre indemnité de grève est de 40 euros par semaine. Je défie chaque fonctionnaire syndical de vivre avec 40 euros par semaine! Cela ne couvre qu’à peine les coûts de déplacement pour aller et revenir du piquet, ne parlons pas de l’hypothèque ou des factures des grévistes.
“Par mon implication dans cette lutte, je me suis plus largement rendu compte de la crise, pas seulement dans le mouvement syndical, mais dans notre gouvernement et notre société en général. Tel que les choses sont pour l’instant, les simples travailleurs ne sont pas représentés par notre gouvernement, ce qui est tout de suite clarifié par leur volonté d’imposer des mesures d’austérité qui déciment les vies des simples travailleurs. Alors que les banquiers et les spéculateurs qui ont causé cette récession ont été sauvés avec des sommes massives, les simples travailleurs restent en plan, avec une lutte à mener contre l’austérité.
“Pourquoi est-ce que nous devons continuer à payer pour la crise économique? Pourquoi les simples travailleurs doivent-ils supporter les horribles conséquences de l’austérité ? Pourquoi devons nous supporter les charges des fautes de l’élite riche ? Nous ne devons pas faire ça et c’est aussi la raison pour laquelle j’ai décidé de rejoindre le Socialist Party (CIO-Irlande). Je crois qu’il y a une alternative réelle et viable contre le système actuel. Je crois à une économie planifiée en fonction des intérêts des travailleurs, en opposition à la pauvreté et à l’inégalité créées par le capitalisme. Nous, la classe ouvrière, sommes la majorité et si nous luttons ensemble, nous pouvons vraiment faire la différence et devenir une force qui sait vraiment changer fondamentalement la société dans laquelle nous vivons.”
Grande-Bretagne : Les femmes condamnées
Jane James, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
L’impact des assainissements du gouvernement des Conservateurs et des Libéraux Démocrates (Con-Dem) sur les femmes va être horrible. Tous les groupes d’âge vont être touchés, des jeunes femmes – qui n’auront plus accès à l’aide prévue spécialement pour elles, comme au sujet de la contraception, et des droits pour les grossesses des teenagers – jusqu’aux femmes qui ont la perspective de la pension juste devant elles. Des refuges pour femmes abusées vont fermer, ce qui va rendre encore plus difficile pour les femmes de quitter des compagnons violents.
Maintenant, déjà 11 milliard de livres ont été retiré du budget des allocations sociales, ce dont les femmes seront les plus grandes victimes. Le gel des allocations familiales et les coupes dans les primes pour les femmes enceintes vont ensemble coûter 2,4 milliards euros. Les familles avec les revenus les plus bas et avec des nouveau nés vont perdre 1.293 livres par an une fois ces mesures totalement appliquées.
Les femmes constituent les trois quarts du personnel dans le secteur public en Grande-Bretagne, ce qui fait que la perte d’emploi va avoir un effet important sur elles. Malgré la haute représentation syndicale dans le secteur public, il y a peu de signes de lutte dans la plupart des cas. Les travailleuses, ensemble avec les militants syndicaux masculins, vont devoir revendiquer de l’action de leurs dirigeants.
L’an dernier, c’était le 40e anniversaire de la Loi sur le Salaire Egal en Grande-Bretagne, ce qui a été obtenu par la lute. Cette année, les femmes vont devoir se battre pour sauver leurs emplois.
Beaucoup de femmes plus âgées que 50 ans sont furieuses de l’augmentation de l’âge de départ en pension dans le secteur public: beaucoup d’entre elles vont devoir travailler au moins un an en plus. Beaucoup de ces femmes sont seules et n’ont pas de pension privée sur laquelle retomber. Cela vient en plus des attaques contre les pensions professionnelles, ce qui peut constituer l’occasion d’une lutte unifiée dans le secteur public.
Cette année, beaucoup d’organisations féministes mettent en avant la victoire de la lutte pour le droit de vote. Nous soutenons aussi cette victoire, mais le Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles va surtout mettre l’accent sur la nécessité pour les femmes de rejoindre la lutte contre les assainissements avec leurs syndicats et les comités anti-austérité qui sont mis sur pied partout dans le pays.
Succès pour la campagne “Stop the Strip”
Une campagne "Stop the Strip" à New Cross, au sud de Londres, a été mise sur pied par des gens du quartier et des membres du Socialist Party et a réussi à obtenir la fermeture d’un bar lap-dance dans le café White Hart.
Tania Eadie, une des organisatrices, explique l’importance de cette campagne:
“Nous avons obtenu notre objectif de faire fermer un bar lap-dance, mais il y en a au moins 300 dans le Royaume Uni. Les femmes qui travaillent dans ces bars ne le font pas parce que c’est ”chouette”. Les raisons peuvent être complexes, mais pour beaucoup c’est bien simple : elles ont besoin d’argent.
“Il ne s’agit, pour plein de gens, pas du choix entre une vacance à l’intérieur ou à l’extérieur du pays; c’est le choix terrible entre la nourriture pour la semaine ou la facture de chauffage. Des lieux comme White Hart semblent offrir la promesse d’argent facile et rapide. En réalité ils offrent ”l’opportunité” de se faire humilier et d’être traité comme un objet sexuel. Ils offrent aussi la chance de travailler dans un environnement violent et dangereux. Il existe aussi de tels lieux, où on attend des femmes qui y travaillent qu’elles aient des relations sexuelles avec les clients.
“Ces bars augmentent aussi le risque de violence dans un quartier. Quand nous avons eu notre manifestation de 100 personnes, plusieurs femmes nous ont raconté que la présence du lap dance bar dans le quartier leur faisait se sentir en insécurité. Ce n’est pas étonnant dans un quartier qui a le sixième plus haut taux de viols à Londres.
“Après la manifestation de protestation, un homme qui venait du bar est venait chez nous pour nous expliquer qu’il ne s’agissait que d’un peu de fun. Le lap dance est ”normalisé”. Mais ce n’est pas normal. Ces bars traitent les femmes comme des objets, des choses à regarder. Personne de nous ne devrait accepter cela.
“Nous avons pu faire fermer le lap dance bar du White Hart-café, mais il y a encore beaucoup de lieux similaires. Les socialistes doivent mener campagne pour les fermer, expliquer pourquoi les femmes y travaillent et mener la lutte pour de bons emplois et de véritable chances pour chacun.”
Inde : La lutte d’une femme contre l’oppression – Irom Sharmila
Socialist Alternative, CIO-Inde
La lutte pour l’émancipation des femmes du sexisme et pour l’égalité sociale, politique et économique continue dans différents mouvements de lutte en Inde. Mais à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, il faut mettre en avant la lutte exceptionnelle d’une femme contre l’Etat indien brutal et son pouvoir draconien. Avec sa lutte déterminée, elle a lancé un défi au pouvoir de l’armée indienne à elle seule.
Irom Sharmila, une jeune femme Manipuri, se prive de nourriture depuis novembre 2000 en protestation du meurtre d’innocents par les services de sécurité sensé les protéger. Elle s’oppose aux Pouvoirs Spéciaux pour l’armée, une loi introduite pour opprimer la révolte. Sous cette loi, les agents de sécurité peuvent tirer sur n’importe qui ou les arrêter, faire des perquisitions, etc., sur base du seul soupçon de faire partie de la révolte. Souvent, ils prennent des simples personnes comme cible, où utilisent leurs pouvoirs spéciaux. Les journaux font rapport d’innombrables incidents. Des organisations des droits de l’homme ont enregistré des centaines de cas de meurtre, d’arrestation, de viol ou de torture de personnes innocentes.
A Manipur, les gens vivent dans la peur. De l’un côté, ils ont peur des rebelles, de l’autre côté, des troupes de sécurité. Un cycle de violence a été mis en route par ces deux camps. Les gens se trouvent dans la ligne de feu entre les deux, et ont perdu dans cette belle région tout semblant de vie normale. Loin d’être une mesure effective contre la révolte, la loi sur les Pouvoirs Spéciaux renforce la révolte.
En novembre 2000, dix personnes innocentes ont été tuées par les troupes de sécurité au Malom, un village près d’Imphal. Irom Sharmila, fille d’une famille d’Imphal, ne pouvait plus accepter cette situation. En réponse à cette tragédie, elle est entrée en jeûne en revendiquant l’abolition de la loi sur les Pouvoirs Spéciaux au Manipur. Elle a refusé de manger jusqu’à ce que cette loi soit abolie. Plus tard le même mois, elle a été arrêtée par le gouvernement, qui lui a imposé de la nourriture forcée. Dès lors, elle a été plusieurs fois libérée et à nouveau arrêtée. Depuis plus de huit ans déjà, elle insiste sur sa revendication et refuse de manger. La plupart de ces années, elle les a passées toute seule dans la prison d’Imphal.
Alors que nous sommes inspirés par l’énorme courage et la détermination d’Irom Shamila, nous aspirons, avec Alternative Socialiste (CIO-Inde), à construire des organisations et des mouvements qui se basent sur la puissante classe ouvrière indienne. Cette classe va, suivant dans les pas des mouvements de masse dans le Moyen-Orient aujourd’hui, être capable de ne non seulement virer la loi sur les Pouvoirs Spéciaux et l’oppression militaire, mais aussi de faire disparaître tout ce système capitaliste pourri et corrompu et la grande propriété terrienne en Inde. Les femmes devront jouer un rôle vital dans ce mouvement ; sans elles, ce mouvement ne sera jamais capable de gagner.
Italie : Un million de personnes manifestent contre le sexisme
Christine Thomas, Controcorrente (CIO-Italie)
Le 13 février un million de femmes (et d’hommes) ont manifesté dans 230 villes et communes en Italie. C’était une protestation spontanée provoquée par les accusations contre le président Italien Silvio Berlusconi selon lesquelles il aurait entre autres payé pour des relations sexuelles avec une prostituée mineure. Mais il s’agissait de bien plus que ça. C’était une protestation contre la façon dont son propre comportement personnel et son contrôle (direct ou indirect) sur toutes les chaînes de télévision (sauf une) et son empire médiatique dressent un portrait des femmes comme des objets sexuels qui sont là pour être guignées et contrôlées par les hommes.
Une culture sexiste est créée, dans laquelle quelques jeunes filles pensent maintenant que leur corps est leur seule qualité à valoir quelque chose, et que c’est le seul chemin vers la réussite dans la vie. Dans ce pays, le Ministre pour l’Egalité des Chances est une ancienne modèle topless ! C’est le pays qui se trouve sur la 74 e place (sur 134) dans le classement de fossé de genre (33 places en-dessous de Kazakhstan !).
Des dizaines de milliers de femmes qui étaient descendues dans la rue disaient qu’il fallait un changement. «Si pas maintenant, quand alors?», était le slogan central de la protestation. Pour beaucoup, ce slogan se référait aussi à la démission de Berlusconi. ”Je suis ici parce que je connais ce que cela signifie de se faire molester par un homme qui pourrait être ton grand-père”, disait une des manifestantes. ”Je suis enceinte”, disait une infirmière, ”mais je ne sais pas le dire au boulot parce que je le perdrai alors.”
Des membres du CIO distribuaient un tract à ces manifestations avec le titre: “Nous ne sommes pas des marchandises; capitalisme = profits = inégalité”. Les protestations ont rassemblés des femmes de plusieurs classes sociales et de différents milieux, mais nous avons expliqué comment le sexisme et la dépréciation des femmes de Berlusconi sont une expression logique (même extrême) d’un système où les profits sont la chose la plus importante et où tout a son prix, un système basé sur l’inégalité de richesse et l’inégalité de genre. Seule une lutte anticapitaliste impliquant des femmes et des hommes peut poser la base pour la fin du sexisme et peut conduire à une véritable égalité permanente entre femmes et hommes.
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Irlande: L’opposition de gauche au Parlement
Le PSL félicite chaleureusement la liste unitaire irlandaise United Left Alliance pour ses excellents résultats, cinq de ses candidats ayant été élus dont deux membres du Socialist Party : Joe Higgins et Clare Daly. Joe siègera au Parlement irlandais et sera remplacé au Parlement Européen. Le nouveau gouvernement aura à faire avec une forte opposition de gauche.
Les chrétiens-démocrates du Fine Gael ont remporté les élections avec 36% des voix, ils devront constituer une coalition avec les autres vainqueurs : les sociaux-démocrates du Parti Travailliste. Bien qu’ils prétendent être différents de la précédente coalition gouvernemantale, ils sont en fait partisans d’une politique d’austérité identique. Cette politique a conduit les conservateurs du Fianna Fail à connaître une défaite historique. Alors que ce parti connaissait encore un score de 40% aux dernières élections, ils n’ont ici reçu que 17% des voix. Le petit parti ‘écologiste’ qui était sont partenaire de coalition est plus que probablement éjecté du Parlement.
A la gauche, la liste unitaire United Left Alliance a obtenu un excellent résultat. Les cinq sièges sont ceux de Joe Higgins (Dublin West), Clare Daly (Dublin North), Joan Burton (Dublin South Central), Seamus Healy (Tipperary) et Richard Boyd Barret (Dun Laoghaire).
Joe Higgins a déclaré dans les médias: “Nous allons représenter une réelle opposition et une réelle alternative. Et cela, nous n’allons pas seulement le faire au Parlement, mais également à l’extérieur. Des mouvements de la population vont arriver, des mouvements des travailleurs, des mouvements dans les communautés contre les attaques à venir. Le nouveau gouvernement va mener ces attaques contre la population travailleuse pour leur faire supporter les conséquences de la crise.”
Le score élevé obtenu par la gauche radicale pose la question d’une organisation plus large. Joe Higgins explique: “Beaucoup de discussions doivent avoir lieu, mais le Socialist Party part du principe qu’il existe un énorme vide à gauche. Il est nécessaire d’avoir un nouveau mouvement pour représenter la classe ouvrière dans sa signification la plus large: les travailleurs des secteurs privé et public, les pensionnés et les jeunes. Avec nos collègues de l’United Left Alliance et d’autres, nous allons entammer la discussion concernant ce nouveau mouvement.”
Voici ci-dessous les résultats des élus de l’United Left Alliance:
- Dublin West. Joe Higgins (Socialist Party): 19,0%
- Dublin North. Clare Daly (Socialist Party): 15,2%
- Dublin South Central. Joan Collins (People Before Profit): 12,9%
- Tipperary South. Séamus Healy (Workers and Unemployed Action Group): 21,2%
- Dún Laoghaire. Richard Boyd Barret (People Before Profit): 10,9%
Quelques autres excellents résultats ont aussi été obtenus par le Socialist Party à Cork North Central, où Mick Barry a eu 9,2% ainsi qu’à Dublin South West, où Mick Murphy a eu 5,2%. Tous ensemble, les candidats de l’United Left Alliance ont obtenu 57.000 voix, soit 2,6% de toutes les voix (mais l’ULA ne s’est pas présentée dans tous les districts électoraux).
L’expérience de l’United Left Alliance à ”Socialisme 2011”
Venez écouter de vous-même comment cette campagne électorale s’est développée en Irlande et ce que signifie la crise capitaliste pour la population. A Socialisme 2011, nous aurons un orateur du Socialist Party irlandais. Matt Waine est conseiller communal à Dublin West, et parlera notamment au meeting central de Socialisme 2011 le samedi 12 mars.
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Socialisme 2011: Le programme complet
Samedi 12 mars
Meeting d’ouverture (11.00 – 12.00) – “Journée Internationale des Femmes: la lutte contre le capitalisme est plus nécessaire que jamais”
Il y a plus de 100 ans que les travailleuses ont commencé à organiser une journée internationale de la lutte pour les droits des femmes et pour le socialisme. Aujourd’hui, de plus en plus d’acquis sont sous pressions: les emplois pour les femmes sont systématiquement moins des emplois à part entière, leurs salaires sont en moyenne plus bas, la flexibilité sur le marché de l’emploi ne tient pas compte des enfants,… Et dans ce contexte de faible position économique, le sexisme et l’objétisation des femmes est devenue un phénomène de plus en plus commun. Leila Messaoudi (Gauche Révolutionnaire, France), Christine Thomas (Contro Corrente, Italie, auteur du livre “It doesn’t have to be like this”) et Tanja Niemeier (collaboratrice de la fraction GUE – Gauches Unitaire Européenne au Parlement européen) aborderont les leçons du passé pour la lutte des travailleuses d’aujourd’hui.
2 sessions de discussion (13.00 – 15.00)
- 20 années de Blokbuster: Comment combattre l’extrême-droite? avec Barbara Veger (Jongeren tegen Racisme, Pays-Bas) sur le phénomène la “droite folle” aux Pays-Bas, Petr Jindra (Socialistická Alternativa Budoucnost, Tchéquie) sur la croissance et le caractère de l’extrême-droite en Europe de l’Est, Antoine T. (Jeunes Anti-Fascistes, Charleroi) et Geert Cool (Blokbuster)
- Révolution en Tunisie, Égypte, Yémen,… avec entre autres Chahid Gashir, correspondant du CIO en Tunisie pendant la révolte.
8 commissions (15.30 – 18.00)
- Révolte au Wisconsin (USA) contre les assainissements et les attaques anti-syndicales. Avec Katie Quarles, membre de Socialist Alternative (CIO-USA) au Wisconsin
- Les jeunes en lutte pour leur enseignement et leur avenir, avec Alex Lecocq (Gauche Révolutionnaire, France), Paul Callanan (Youth Fight for Jobs and Education, Angleterre), Matthias Vanderhoogstraten (Étudiants de Gauche Actifs)
- Changements climatiques, désastres naturels et socialisme
- Tamil Solidarity (campagne internationale contre l’oppression des Tamouls au Sri Lanka)
- Il faut un parti unifié et combatif pour la classe ouvrière, avec des orateurs du Front des Gauches, entre autres Pierre Eyben (porte-parole du Parti Communiste, Liège)
- Les expériences et les leçons des grèves générales en Belgique, avec Gustave Dache
- Congo: 50 ans après l’indépendance et après l’assassinat de Lumumba
- Marxisme et question nationale
Meeting du soir (19.00 – 20.30) – L’Europe en crise et la lutte contre l’austérité
Avec Jacques Chastaing (France) du NPA Mulhouse (militant depuis déjà longtemps, entre autres durant la lutte de l’usine LIP à Besançon dans les années 1970), sur le mouvement contre la réforme des retraites de Sarkozy – Paul Callanan (Grande-Bretagne) de Youth Fight for Jobs and Education, sur la lutte contre les plans d’austérité de la coalition ConDem – Matt Waine, conseiller communal du Socialist Party à Dublin, à propos de la crise des dettes qui a brisé la coalition au pouvoir en Irlande. La gauche radicale en Irlande a uni les forces dans l’United Left Alliance qui, selon les sondage, peut obtenir trois à quatre sièges aux élections parlementaires du 25 février- Eric Byl, membre du Bureau Exécutif du PSL et responsable du travail syndical.
Dimanche 13 mars
Meeting du matin 10.30 – 12.00 – Perspectives pour la lutte en Belgique et quelle attitude adopter envers la question communautaire.
Des syndicalistes régulièrement confrontés à la question communautaire témoignent de leur attitude. Avec Levi Sollie (délégué à Bayer, Centrale Générale de la FGTB). Karim Brikci (délégué CGSP à l’hôpital public Brugmann à Bruxelles, où le personnel comme les patients sont des néerlandophones, des francophones ou ont une autre langue maternelle), Yves Capelle (délégué SETCA à Steria Benelux et membre de la section bilingue du SETCA-BHV), Wouter Gysen (délégué CGSP à la SNCB, où l’unité des deux côtés de la frontière linguistique est une condition cruciale pour pouvoir contrer les attaques de la direction contre le statut et les conditions de travail) et Anja Deschoemacker (membre du Bureau Exécutif du PSL et auteur de “La question nationale en Belgique – une réponse des travailleurs est nécessaire!”).
8 commissions (13.00 – 15.30)
- Qu’est ce que le socialisme et pourquoi une économie planifiée est elle nécessaire ?
- Venezuela: rapport d’un témoin, avec Benjamin D, de retour d’un séjour de 6 mois dans le “Socialisme du 21e siècle”
- L’homophobie monte: causes et solutions
- Les Jeunes en lutte pour des emplois décents
- La scission de velours de la Tchécoslovaquie, avec Petr Jindra
- Comment se battre contre le sexisme, avec Laure M (commission femmes du PSL) et Christine Thomas
- 10 ans de mouvement antimondialisation: projection du film ”La stratégie du choc” + débat
- Pour des syndicats démocratiques et combatifs, avec Martin Willems (secrétaire licencié du SETCA-BHV)
Meeting de clôture (16.00 – 17.00) – Pour la lutte, la solidarité et le socialisme
Le capitalisme n’est plus capable d’offrir un avenir décent. La crise économique conduit presque partout à des attaques extrêmement dures contre la population. Protestations massives, actions de grève et véritables révoltes montrent qu’une partie de plus en plus grande de la population n’est plus prête à accepter la logique de ce système. Mais quelle est l’alternative ? De quelle manière la lutte pour une société socialiste peut-elle à nouveau devenir une option concrète ? Chahid Gashir est resté quelques semaines en Tunisie et en livrera un rapport, Bart Vandersteene est porte-parole du PSL et formulera une alternative de lutte socialiste pour aujourd’hui, Donna Litzou est membre de l’organisation sœur du PSL en Grèce et témoignera de la lutte qui y prend place.
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Socialisme 2011 – Les jeunes en lutte pour leur enseignement et leur avenir.
L’impact de la crise du capitalisme frappe les jeunes de plein fouet. On parle d’une "génération perdue" confrontée à un chômage de masse, à la pauvreté, à la dégradation de l’enseignement. Des mouvements de masse des jeunes n’acceptant pas cette fatalité et les plans d’austérité a déjà vu le jour dans plusieurs pays en Europe. Blocages d’écoles et d’unifs, grèves et manifestations de masse,… Cette résistance de la jeunesse peut jouer un rôle crucial dans le développement de mouvement plus large dans la société. Ce débat abordera les puissants mouvements en Angleterre et en France, ainsi que la façon de préparer la résistance chez nous également.
Commission : le samedi 12 mars, de 15h30 à 18h
Avec Paul Cannalan, l’organisateur national de la campagne "Youth fight for jobs and éducation" en Angleterre. Cette campagne, initiée par les jeunes du Socialist Party, le parti-frère du PSL, avec le soutien de plusieurs syndicats joue un rôle important dans le mouvement des étudiants du secondaire et du supérieur contre les mesures d’austérité du gouvernement de Cameron pour l’enseignement (entre autres l’introduction de droits d’inscription de 10.500€ dans les universités et la suppression des aides financières pour les jeunes dans le secondaire). Tout en organisant la riposte des jeunes, "youth fight for jobs and education" joue un rôle important dans le développement d’une résistance unifiée, avec les actions des travailleurs des services publics.
Alex Lecoq est étudiant à Rouen et membre du courant Gauche Révolutionnaire du Nouveau Parti Anticapitaliste. Dans sa faculté, il a été l’un des organisateurs de la lutte contre la réforme des pensions de Sarkosy. Il a également été organisateur de la coordination lycéenne lors des grèves du secondaire contre les attaques du gouvernement les années précédentes. Assemblées Générales, blocages des bahuts et manifestations,… les jeunes de Rouen ont été parmi les premiers à partir en action et parmi les plus organisés dans cette révolte de masse. Il viendra en témoigner lors de ce débat, et parlera aussi de sa participation aux assemblées générales interprofessionnelles avec la base des travailleurs et des syndicalistes, où il a défendu d’élaborer une stratégie pour construire une grève générale.
Mathias Vander Hoogerstraete est étudiant à Gand et organisateur des Etudiants de Gauche Actifs (l’organisation étudiante du PSL) en Flandre. Il apportera le point de vue d’EGA sur la façon d’également préparer au mieux la résistance en Belgique. Les 3 dernières années, c’est 10% du budget des universités flamandes qui a été coupé. Manque d’infrastructures, démolition des services sociaux,… la situation empire tant pour les jeunes du secondaire que du supérieur. Et à la sortie, c’est un chômage de masse qui nous attend. Le pire reste à venir. Qu’importe le gouvernement qui sera formé, tous les politiciens traditionnels sont d’accord pour dire qu’il faudra un plan d’austérité de 25 milliards d’euros pour faire payer la crise aux travailleurs et aux jeunes.
Les jeunes en lutte pour des emplois décents: Stop aux statuts précaires! Commission le dimanche 13 mars, de 13h à 15h30
Jalil Bourhidane, responsable des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes à Bruxelles, est un des porte-paroles de la campagne des Jeunes en lutte pour l’emploi. Il animera cette commission avec Paul Canallan, organisateur de la campagne "youth fight for jobs" en Angleterre. Il s’agira d’aborder la réponse à avoir face à la massification des emplois précaires parmi les jeunes, des petits boulots à quelques euros de l’heure, ou même à un euro, sans garantie d’emploi et qui ne permettent pas aux jeunes de construire un vie et un avenir. Des intérims et des Contrats à Durée Déterminée ont été massivement jetés à la porte des entreprises avec la crise. Quel programme et quels actions entreprendre?
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Socialisme 2011 – Le menu pour les syndicalistes combatifs
Les syndicalistes combatifs ne resteront pas sur leur faim à Socialisme 2011! La lutte syndicale est loin d’être oubliée dans ce programme de trois meetings en plénière, deux discussions en panel et 16 commissions. Le weekend Socialisme 2011 est l’occasion par excellence pour rencontrer d’autres syndicalistes combatifs. Nous voulons ci-dessous attirer l’attention sur 4 moments à ne pas manquer pour les syndicalistes de lutte.
Samedi 12 mars 15h30
L’expérience et les leçons des grèves générales en Belgique – avec introduction de Gustave Dache
A l’occasion du 50e anniversaire de la grève générale de 1960/61, le PSL a publié le livre écrit par Gustave Dache. Le timing avait bien été choisi: dans différents pays européens, la grève générale était à nouveau à l’agenda. Dans son livre, Gustave a fait un rapport du déroulement de la grève, jour après jour, et a aussi décrit l’attitude des diverses force en présence, tant des partisans que des opposants à la grève. Gustave était à ce moment là en toute première ligne, mais il avait aussi connu la grève générale de 1950 en tant que tout jeune ouvrier, lors de la Question Royale. Au cours d’une des commissions de Socialisme 2011, il partagera son expérience et reviendra sur les leçons à tirer des grandes grèves du 20e siècle.
Meeting de soirée le samedi 12 mars à 19h
L’Europe en crise et la lutte contre l’austérité
Voilà qui constituera un des des points culminant de Socialisme 2011. Jacques Chastaing, organisateur du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) français à Mulhouse (et actif depuis déjà des années, notamment durant la fameuse lutte de l’usine LIP à Besançon dans les années ’70), parlera du mouvement contre la réforme des pensions de Sarkozy. Quelques 17 millions de personnes ont pris part à ce mouvement et Sarkozy a dû remanier son gouvernement. Matt Waine, conseiller communal du Socialist Party à Dublin, abordera la façon dont la crise de la dette a fait chuter la coalition des conservateurs et des verts au pouvoir. En Irlande, la gauche radicale a rassemblé ses forces au sein de l’United Left Alliance qui, selon les sondages, pourrait obtenir trois ou quatre sièges lors des élections parlementaires du 25 février prochain. En Grande-Bretagne, après un long sommeil, le mouvement ouvrier est de nouveau entré en action. Les grèves des jeunes ont mis le feu aux poudres mais, avec le ‘National Shop Stewards Network’, la base syndicale a aussi son propre instrument pour jouer un rôle. Nous avons demandé la présence d’un orateur du NSSN, mais nous ne savons pas encore qui viendra. Le meeting sera clôturé par Eric Byl, membre du Bureau Exécutif du PSL et responsable de notre travail syndical.
Commission le dimanche 13 mars à 10h30
Les perspectives pour les luttes en Belgique et l’attitude à adopter face à la question nationale
Des syndicalistes régulièrement confrontés à la question communautaire viendront témoigner de la façon dont ils se comportent en réaction. Levi Sollie est délégué à Bayer pour la Centrale Générale de la FGTB. Karim Brikci est délégué CGSP à l’hôpital public Brugmann à Bruxelles, où tant le personnel que les patients sont francophones, néerlandophones, ou ont une autre langue maternelle. Yves Cappelle est délégué SETCa à Steria Benelux, et membre de la section bilingue du SETCa-BBTK à Bruxelles-Hal-Vilvorde. Wouter Gysen est délégué CGSP à la SNCB, où l’unité des deux côtés de la frontière linguistique est une condition cruciale pour pouvoir contrer les attaques de la direction contre le statut et les conditions de travail. Anja Deschoemacker est membre du Bureau Exécutif du PSL et auteur de l’ouvrage: ‘La question nationale en Belgique – une réponse des travailleurs est nécessaire!’
Dimanche 13 mars 13h
Pour des syndicats combatifs et démocratiques, avec Martin Willems (ancien secrétaire SETCa-BHV industrie)
La section régionale a été placée sous tutelle statutaire par le SETCa fédéral. Cinq secrétaires ont été licenciés sur-le-champ. 2000 militants et 14.000 membres du SETCa secteur industrie à BHV, dans 400 sociétés, ont été laissé à leur sort d’un jour à l’autre. Certains étaient impliqués dans des dossiers de restructuration difficiles. Les militants ont appris cette nouvelle par les médias, ce qui rend l’affaire d’autant plus douloureuse. Depuis lors, tant le bureau exécutif fédéral que régional refuse de débattre de l’affaire. Récemment, une Assemblée générale du secteur Services a toutefois décidé rouvrir l’affaire, contre l’avis du secrétaire fédéral et des secrétaires remplaçants qui étaient présents. Lors d’une commission spécialement prévue à Socialisme 2012, Martin Willems, l’un des cinq secrétaires, commentera ce déroulement et parlera de la nécessité de syndicats combatifs et démocratiques.
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Action de solidarité devant les magasins belges de Laura Ashley
Quelques militants du Parti Socialiste de Lutte ont mené une action de protestation devant les magasin de Laura Ashley à Bruxelles et à Anvers ce samedi après-midi, dans le cadre d’une campagne de solidarité internationale avec les travailleurs d’un des magasins de cette chaîne internationale, à Dublin en Irlande. Les 22 travailleurs du magasin au Grafton Street ont étés licenciés fin octobre, la direction estimant faire plus de profit en louant l’immeuble à Disney, plutôt qu’en continuant à exploiter le magasin elle-même.
Par Tim (Bruxelles)
Malgré un profit de 10,5 millions de livres britanniques au cours des six premiers mois de 2010, la direction refuse de négocier un plan social pour les employés licenciés et de déplacer les licenciés vers d’autres magasins Laura Ashley. De plus, pas un centime de prime de départ au delà du strict minimum légal. Depuis fin octobre, les travailleurs irlandais de Laura Ashley sont en grève et, après 11 semaines de blocage du magasin, la direction refuse toujours d’entamer des négociations.
Les actions chez Laura Ashley peuvent compter sur un large soutien parmi les couches larges des travailleurs irlandais: plusieurs syndicats se sont déclarés solidaires et ont visité le piquet de grève, de même que des membres du Socialist Party, le parti frère du PSL en Irlande. C’est sur base des discussions que nos camarades ont eues avec les travailleurs de Laura Ashley que la question d’actions de solidarités internationales est venue sur la table. A travers toute l’Europe, les sections nationales du CIO, l’internationale à laquelle appartient le PSL, ont mené action devant les magasins de Laura Ashley.
En Belgique, des protestations ont eu lieu devant les magasins de Bruxelles d’Anvers, où nous avons distribués des tracts de solidarité au passants. Ce type d’action de solidarité internationale est très important dans un tel conflit : cela montre aux travailleurs qu’ils ne sont pas seuls dans leur lutte et cela fait pression de toute l’Europe contre l’arrogante direction irlandaise de Laura Ashley pour qu’elle cède aux justes exigences des travailleurs licenciés. Cette expérience de solidarité internationale est très importante aussi pour le futur : elle devra également être appliquée dans la lutte contre les mesures antisociales que prennent actuellement les gouvernements dans toute l’Europe ainsi que contre l’arrogance des multinationales qui essaient de mettre en concurrence leurs différents sièges pour s’en prendre aux droits des travailleurs.
Photos de Bruxelles
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Tunisie : Les étudiants et les avocats rejoignent le mouvement de protestation contre le régime
Message de solidarité de Joe Higgins, député européen, aux syndicalistes, socialistes et militants démocratiques de Tunisie
On rapporte que des conflits entre police et manifestants contre le chômage, le cout élevé de la vie et le régime répressif du Président Zine al-Abidine Ben Ali sont en train de se répandre à travers toute la Tunisie, les dernières actions s’étant déroulées dans la ville de Thala. Malgré les tentatives maladroites de la part du régime d’arrêter les communications, y compris en bloquant Facebook et les blogs, on annonce que des manifestations ont eu lieu dans les lycées après la rentrée scolaire qui a suivi les vacances de Nouvel An. Les manifestations prévues pour le 3 janvier par les étudiants à Tunis ont été bloquées par la police.
Socialistworld.net
La semaine passée, les avocats se sont joints aux manifestations mais ont été attaqués par la police. Les avocats ont à nouveau protesté le lundi au principal tribunal de Tunis. L’Association du Barreau tunisien a annoncé une “grève générale” en guise de protestation contre les attaques policières.
Le mouvement a démarré de la ville de Sidi Bouzid en décembre dernier, après qu’un jeune diplômé du nom de Mohamed Bouazizi se soit immolé par le feu lorsque la police a tenté de lui interdire de tenir son petit stand de vendeur de rue. C’est cet acte qui a été le déclencheur de manifestations dans tout le pays contre la misère, le chômage et le manque de droits démocratiques.
Nous publions ci-dessous un message de solidarité envoyé la semaine passée par Joe Higgins, député européen du Socialist Party irlandais (CIO – Irlande), adressé aux syndicalistes, socialistes et militants démocratiques tunisiens.
Socialistworld.net
Chers camarades, chers amis,
C’est avec grand intérêt que j’ai suivi le déroulement des actions de masse en Tunisie au cours de la semaine passée. J’applaudis cette action courageuse de la jeunesse, des syndicalistes, des socialistes et de milliers de travailleurs qui sont descendus dans les rues pour protester contre le chômage, la baisse de leur niveau de vie et le manque de droits démocratiques de base. Votre révolte de masse contre un régime aussi répressif est un exemple éclatant pour les travailleurs et les jeunes du monde entier.
Les conditions dans lesquelles le peuple de Tunisie est forcé de vivre sont déplorables ; la grande majorité des Tunisiens est confrontée à l’inflation en hausse et à un taux de chômage fort élevé, tandis que l’élite dirigeante corrompue se vautre dans la richesse. Même les États-Unis, qui soutiennent la dictature en Tunisie, ont dans un cable divulgué par WikiLeaks, décrit la famille du Président Zine el-Abindine Ben Alias comme étant une “quasi mafia”, et le régime tunisien comme un “État policier”.
Un chômeur diplômé, Mohammad Bouazizi, s’est immolé après que la police ait confisqué les fruits et légumes qu’il tentait de vendre dans la ville de Sidi Bouzid – déclenchant la révolte récente – et un autre jeune homme s’est suicidé en se jetant sur des cables à haute tension en guise de protestation contre le chômage — ce fait en dit très long sur le profond sentiment de frustration et même de désespoir qui est ressenti par beaucoup de Tunisiens. À partir d’autres exemples dans l’Histoire, nous pouvons voir qu’une explosion sociale est inhérente à la situation et peut très rapidement devenir un mouvement de masse contre ce régime qui n’a que trop duré.
Je salue votre courage face à la répression étatique systématique, qui s’assure que toute dissidence soit réprimée, et qui utilise la torture de manière routinière. Malgré les tentatives du régime d’empêcher les journalistes de couvrir les dernières journées de protestation, on rapporte en Europe que la répression policière a mené à la mort de deux manifestants, au moins. Je condamne fermement ce meurtre, de même que toute autre tentative du régime d’écraser l’opposition croissante, y compris les attaques contre les milliers de travailleurs devant les bureaux de l’Union générale des travailleurs tunisiens à Tunis, et les tentatives de la police d’arrêter la manifestation de l’Union générale tunisienne du Travail à Gafsa.
Les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs sont liés aux problèmes présents sur le plan mondial : la chute dramatique des revenus touristiques en Tunisie est liée à la crise économique et sociale en Europe et aux tentatives des gouvernements de faire payer les travailleurs pour la crise du système capitaliste au moyen de plans d’austérités sauvages. Cela cause à présent une véritable chute du niveau de vie et des pertes d’emploi à grande échelle à travers toute l’Europe – l’Irlande étant d’ailleurs une des premières touchées – et donc un effondrement du tourisme. Une solution aux problèmes graves auxquels est confrontée la population laborieuse d’Europe, de Tunisie, d’Afrique du Nord et du monde entier, requiert une solidarité et une action unie des travailleurs par-delà toutes les frontières.
Appel à la manifestation de masse du 26 janvier
J’ai appris de la part de mes camarades du CIO au Liban qu’un appel a été fait pour une immense manifestation de protestation à Tunis le 26 janvier 2011, et pour des actions de solidarité et des actions devant les ambassades de Tunisie dans la période de préparation à cet important événement. Je soutiens pleinement cet appel et le CIO et moi-même feront tout notre possible pour mettre en valeur votre combat pour les droits démocratiques, y compris le droit d’organisation, d’assemblée et de protestation, et de former des syndicats indépendants. Je soutiens vos luttes pour des emplois et contre le programme de privatisation désastreux du régime et la fin des subsides d’État sur les denrées alimentaires.
Malgré la réputation d’inflexibilité du Président Zine el-Abindine Ben Alias, je suis persuadé que l’action de masse que vous et des milliers d’autres personnes ont entreprise a jusqu’ici déjà ébranlé le régime, menant à des “promesses” de la part du gouvernement de créer de nouveaux emplois et de virer certains Ministres. Je soutiens pleinement vos efforts continus pour employer les méthodes traditionnelles de la lutte de masse du mouvement ouvrier, y compris les manifestations de masse, les grèves et la grève générale. Je suis confiant dans le fait que de telles luttes de masse vont aussi mettre en avant la nécessité pour les travailleurs et les jeunes de Tunisie d’avoir un parti qui représente leurs intérêts de classe, et non pas ceux de l’élite dirigeante corrompue, et qui se batte pour une démocratie authentique – un gouvernement basé sur les besoins de la classe ouvrière et des pauvres, de la masse de la société.
Veuillez me faire savoir quelle action le CIO et moi-même pourrions entreprendre afin de vous venir en aide en cette période cruciale.
Avec vous dans la lutte, Joe Higgins, député européen, Socialist Party (CIO – Irlande)
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2011 : Une année de luttes qui se durcissent
2010 – L’année la plus turbulente depuis deux décennies
Peter Taaffe, secrétaire général du Socialist Party, passe en revue les développements et événements de 2010 au Royaume-Uni et dans le monde, et anticipe les luttes à venir en 2011.
Sur le plan social et politique, 2010 était méconnaissable par rapport à 2009. Cette année a très certainement été l’année la plus tumultueuse depuis plus de deux décennies, surtout au Royaume-Uni. Les élections générales au Royaume-Uni ont eu lieu il y a à peine sept mois et pourtant, telle est la vitesse et l’ampleur des événements, que maintenant nous vivons presque dans un “autre pays”. Dès le moment de leur installation, les Con-Dem (coalition des Conservateurs et des “Libéraux-Démocrates” qui ont bradé leurs beaux principes en échange de postes au gouvernement) ont subi un état de siège.
Peter Taaffe, secrétaire général du Socialist Party (CIO-Angleterre et pays de Galles)
Si les dirigeants syndicaux avaient ne serait-ce que levé leur petit doigt et appelé rapidement à l’action – et organisé cette action méthodiquement – alors le gouvernement aurait pu être submergé sous des protestations de masse. Mais, en trainant des pieds comme toujours, “menant à partir de l’arrière”, la seule politique de l’aile droite des syndicats est une politique d’indécision et de pratiques corrompues, en plein milieu du massacre de nos emplois, de nos services publics et de notre niveau de vie.
Le rôle dirigeant a donc été repris par les étudiants qui, dans leur bataille contre le triplement des frais d’inscription aux études et le retrait criminel de l’allocation de maintien de l’éducation, sont parvenus à percer une faille dans l’apparente “intransigeance” du gouvernement. Remplissant par là le rôle historique des étudiants lors des périodes critiques en tant que “cavalerie légère” du mouvement ouvrier, ils se sont mobilisés d’une manière audacieuse, hautement originale et improvisée afin de briser les défenses du gouvernement. C’est cela qui a ouvert la brèche à travers laquelle les bataillons lourds de la classe ouvrière – les syndicats – peuvent maintenant s’engouffrer en un mouvement de masse pour vaincre ce gouvernement.
Le degré de liberté par rapport aux structures bureaucratiques qui a été affiché – le Syndicat national des étudiants ayant été complètement poussé de côté, de l’aveu même de son président Aaron Porter – montre que les étudiants ont ouvert un nouveau chapitre dans le manuel de comment défier et terrifier un gouvernement “fort”. Leurs mots d’ordre ont parfaitement résumé le sentiment qui vit non seulement parmi les étudiants, mais parmi l’ensemble de cette génération, révélant son énorme mécontentement par rapport à des décennies de marginalisation et de répression, et contre le système qui leur ôte tout espoir d’un avenir sous le capitalisme. "Whose streets? Our streets!", "No ifs, No buts, No education cuts!" (« Les rues de qui ? NOS rues ! », « Pas de SI, pas de MAIS, pas de coupes dans l’éducation ! »). Ils ont réaffirmé le droit de manifester, et l’intransigeance de cette génération, qui se dresse contre toutes les coupes, contre la perte de chaque emploi et des services. La manière dont les jeunes ont ridiculisé le New Labour et d’autres, même à gauche, qui étaient prêts à hisser le drapeau blanc avant même que la bataille ne commence et à accepter “certaines” coupes.
La répression de l’État
Et quelle est la réaction du gouvernement et de la classe dirigeante en général ? C’est menacer le droit de protester et de manifester lui-même – le Commissaire de la Police métropolitaine Paul Stephenson a laissé entendre que les manifestations pourraient être interdites. La Secrétaire à l’Intérieur Theresa May a appelé à l’usage de canons à eau, mais le lendemain elle a été forcée de revenir sur cette motion à cause de l’outrage. Il a même été suggéré que des “drones” comme on en utilise en Afghanistan soient utilisés pour espionner les prochaines manifestations au Royaume-Uni et que des voitures blindées soient déployées en cas de conflit social.
Par-dessus tout, dans une démonstration crasse de ce que Karl Marx avait appelé le ”crétinisme parlementaire”, les Con-Dems pensent qu’en faisant passer de force le vote sur la hausse des frais d’inscriptions au parlement, cela mettra un terme au mouvement. Tout comme les Bourbons en France, ils n’ont rien appris et rien oublié de l’Histoire. La poll tax était déjà devenu une “loi” en 1988 mais a été supprimée en 1991 après la campagne de désobéissance de masse qui a été menée par la fédération panbritannique contre la poll tax, dirigée par Militant – qui est maintenant le Socialist Party –, lorsque 18 millions de gens ont refusé de payer cette taxe. De la même manière, le CPE en France a été annulé en 2006 à la suite d’un mouvement de masse de la jeunesse, même alors qu’il était devenu loi. La pression et le pouvoir des masses contre l’injustice ne peuvent pas être supprimés d’un simple trait de stylo, quand bien même il s’agirait d’un stylo sanctifié par la “loi”.
La révolte des étudiants au Royaume-Uni a eu des répercussions dans le monde entier. De Rome, où les étudiants ont revendiqué le renversement du gouvernement Berlusconi tant détesté et qui s’accroche au pouvoir par le bout des doigts, aux États-Unis en passant par l’Asie, etc. Par exemple, il y a eu une large couverture médiatique au Pakistan et ailleurs des événements qui se déroulent au Royaume-Uni, précisément parce qu’ils se déroulent au Royaume-Uni. Jusqu’à présent, elle était censée être le bastion de la “tranquille démocratie parlementaire” où les protestations et l’opposition est en général contenue dans des canaux sécurisés. Le fait que cette opposition ait débordé de ses digues et ait transformé le centre de Londres en une “zone de guerre” est en soi un facteur qui a attiré l’attention et fait vibrer l’imagination du monde entier, en particulier des jeunes, des travailleurs et des pauvres.
La crise mondiale du capitalisme
La toile de fond et l’élan de ces événements et de ceux qui vont se produire en 2011, sont ceux de la crise mondiale du capitalisme qui, depuis qu’elle a commencé en 2007, a dévasté des économies entières et a ravagé la vie de la population laborieuse. L’OCDE a estimé que 17 millions de travailleurs et travailleuses ont été expulsés des usines depuis le début de la crise rien que dans les pays capitalistes “avancés”. Neuf millions de travailleurs américains ont été jeté à la rue au cours de la même période. Cela aurait été encore pire si ce n’avait été les plans de sauvetage des banques par les gouvernements capitalistes. Selon des documents qui ont récemment été divulgués au grand jour, le gouvernement américain a à lui seul fait des crédits pour 3300 milliards de dollars – ce qui équivaut à un quart du PIB américain – aux banques et aux firmes en détresse ! Ceci a sauvé un million d’emplois, mais c’est tout de même neuf fois ce nombre qui ont été virés. Qui plus est, ce sera aux travailleurs américains de payer la facture pour ce sauvetage.
Cependant, comme tentent de l’expliquer les économistes capitalistes, la délivrance est à portée de main, sous la forme de la “reprise”. Mais ces déclarations ne résistent pas à l’épreuve des faits. Ne serait-ce que pour commencer à faire diminuer le chômage, 300.000 emplois devraient être créés chaque mois aux États-Unis. Mais dans le troisième trimestre de 2010, on n’a vu la création que de 150.000 nouveaux emplois. En plus, la plupart d’entre eux sont maintenant ouvertement décrits comme étant des emplois “de survie”. Incapables de trouver des emplois semblables à ceux qu’ils avaient autrefois, c.à.d relativement bien payés et permanents, des millions de travailleurs sont à présent forcés de prendre le premier boulot qui passe afin d’éviter de se retrouver à la rue et la famine, dans le pays le plus riche de la planète. Une existence “précaire”, l’insécurité massive et la spirale du déclin du niveau de vie et des opportunités futures, voilà les perspectives pour des millions de gens au Royaume-Uni et dans le monde entier.
C’est cependant le caractère “inattendu” et soudain du changement brutal du mode de vie qui alimente une révolte colossale au niveau européen en particulier. Selon le Guardian, 17,5 millions de gens, sont descendus dans les rues en l’espace de trois semaines (certains participant à plus d’une manifestation) lors de la récente révolte de masse contre le gouvernement Sarkozy en France. Des grèves générales ont ébranlé l’Espagne, la Grèce, le Portugal, la France, la Roumanie, l’Inde et l’Afrique du Sud. Nous sommes véritablement entrés dans une ère de participation et d’implication de masse, de lutte et de tentatives de changer la situation et le cours de l’Histoire.
L’Irlande résume toute la situation. Il y a six ans, un “indice du bonheur” révélait que ses habitants se déclaraient les “plus heureux” parmi les 100 pays interrogés. Plus maintenant. Le niveau de vie a dégringolé d’au moins 15% à cause des dernières coupes draconiennes dans les budgets. Le plan d’austérité annoncé reviendra à diminuer de 25% le train de vie du peuple irlandais. Cela est comparable à la dépression aux États-Unis dans les années ‘1930. Et l’Irlande est le miroir du futur des autres pays d’Europe – y compris du Royaume-Uni – qui leur est réservé sur base de la continuation du système capitaliste.
En fait, la crise irlandaise est en réalité une crise européenne ; il s’agit en particulier d’une crise potentiellement dévastatrice pour le système bancaire européen. Le chancelier Tory George Osborne, dans une personnification de la “froide cruauté” de la classe dirigeante britannique, lance l’assaut contre les étudiants, les allocataires sociaux et les chômeurs, mais vole au secours des banques irlandaises. Il ne faut pas être astrophysicien pour comprendre ce qui est en train de se passer. Si les banques irlandaises devaient crouler, elles emporteraient avec elles des pans entiers du système bancaire britannique, ce qui à son tour serait le détonateur de toute une série de nouvelles crises dans les banques européennes et ferait s’effondrer l’ensemble du système bancaire du continent.
L’austérité pour toujours
La faillite complète du capitalisme se reflète dans l’avenir qui s’étend à présent devant le peuple irlandais. C’est un avenir fait d’une austérité éternelle, d’un retour à l’émigration de masse, et de basse croissance ou croissance nulle de l’économie, et par conséquent également du niveau de vie de la population irlandaise pour le futur prévisible. Ceci pourrait en outre s’appliquer au monde capitaliste dans son ensemble. Les organes du monde des affaires tels que le Financial Times admettent maintenant ouvertement que d’autres pays pourraient souffrir de “contagion” de la part des banques irlandaises. Le Portugal, la Grèce, l’Italie, l’Espagne, et même le Royaume-Uni et l’Allemagne sont menacés d’une attaque de ceux qu’on appelle les “bond vigilantes” – des spéculateurs milliardaires – qui cherchent à s’engraisser sur base du pillage de différents pays. Dans cette crise de la dette “souveraine”, la Grèce représente ce que l’effondrement de Bear Stearns était pour le secteur bancaire, et l’Irlande est l’équivalent de la chute des Lehman Brothers.
Mais la dette de l’Espagne est tellement grande – c’est la quatrième plus grande économie de l’UE – qu’elle pourrait se révéler “trop grosse pour être sauvée”. Ceci pourrait être le déclencheur d’une autre crise bancaire, cette fois-ci pour l’UE toute entière, qui pourrait avoir pour conséquence un effondrement total de l’euro, qui ne tient déjà plus qu’à un fil à cause des crises d’Irlande et de Grèce.
La crise a déjà détruit des quantités énormes de forces productives – l’organisation du travail, de la science et de la technique – qui dans le cas du Royaume-Uni ont connu leur plus forte chute depuis 1945. En tout c’est 10% de l’industrie qui a été détruite, juste pour qu’un système basé sur la production pour le profit et non pour satisfaire aux besoins soit maintenu pour le bénéfice d’une poignée de millionnaires et de milliardaires. La perte de foi palpable en leur système auprès des classes dirigeantes se manifeste dans l’incapacité des patrons à réinvestir dans la production le surplus extrait du travail de la classe ouvrière. Les promesses de “lendemains meilleurs”, par conséquent, seront mortes-nées. Une crise bancaire à l’échelle européenne serait similaire à la crise bancaire qui s’est produite en Europe deux ans après le crash de Wall street et qui a renforcé la dépression.
Dans cette situation, un expédient désespéré après l’autre est déployé par les gouvernements capitalistes. Les plans de relance n’ont pas fonctionné assez bien que pour éviter le chômage de masse. Maintenant, un nouveau tour de “facilitation quantitative” – càd l’injection de cash, de “liquidités” dans le secteur bancaire – a été entrepris par la Réserve fédérale aux États-Unis, et la Bank of England est sur le point de l’imiter. Toutefois, les problèmes qui se sont accumulés ces dernières trente années à partir de l’énorme bulle financière sont tels que ces mesures n’ont aucune garantie de fonctionner. Dans cette situation qui est celle d’une dette excédentaire massive, l’injection de capital n’a aucune garantie de fonctionner parce que, comme l’économiste capitaliste Keynes l’avait fait remarquer, ça reviendrait au même que de “pousser sur une ficelle”.
La stagnation économique
La propension des banques à prêter plus à leurs emprunteurs, ou pour les investisseurs à investir, est non-existante, ce qui a pour conséquence un paradoxe de non dépense. Au mieux, cela signifie la stagnation économique, au pire, un approfondissement de la crise. Le chômage s’est graduellement accru au Royaume-Uni jusqu’à toucher un million de jeunes. À Liverpool, 34% des ménages n’ont pas un seul membre de leur famille au travail. Ceci va être accentué avec la destruction en gros des emplois dans les secteurs public et privé qui va suivre les énormes coupes dans les dotations des communes qui sont effectuées par le Ministre tory Eric Pickles. Malgré des hauts et des bas temporaires, le caractère général du capitalisme mondial en cette période est fait de stagnation et de déclin. La politique déflatoire du gouvernement – des coupes dans le niveau de vie par le gel des salaires ou par les coupes dans le budget d’État (ou les deux) – qui est en ce moment suivie par le gouvernement de David Cameron au Royaume-Uni va aggraver la crise et provoquer des convulsions de masse, d’une ampleur jamais vue depuis des générations.
C’est pourquoi, en coulisses, un “plan B” est déjà en cours de préparation – si pas par le gouvernement lui-même, alors certainement par les hauts responsables de l’administration non élus – afin de couvrir l’échec du programme d’austérité de ce gouvernement. Au fur et à mesure que le chômage montera, la fureur autour des frais d’inscription universitaires aura l’air d’un pique-nique champêtre comparé à la vague d’opposition massive qui va se dresser. Les SDF et les allocataires sociaux dont le revenu est en train d’être passé à la hache ajouteront eux aussi leurs voix enragées dans ce vacarme.
Tout comme le gouvernement Heath qui avait été menacé d’une grève générale dans les années ’70, ce gouvernement va être forcé de modifier sa trajectoire ou de s’effondrer. Certains analystes, par exemple Steve Richards dans The Independent, admettent maintenant ce que le Socialist Party explique depuis le début : que la façade d’“unité” du gouvernement va se fissurer. Les Libéraux-Démocrates en particulier, qui sont déjà en train de scissionner, vont encore plus se décomposer en diverses factions et se voir contraints de quitter le gouvernement. Nick Clegg et l’aile du “Livre orange” des Libéraux-Démocrates, qu’on reconnait déjà comme étant des Tories déguisés, seront absorbés dans les rangs du parti de Cameron. Les autres sur la “gauche” vont rejoindre le New Labour – encouragés par la cour que leur fait Ed Miliband. Il ne restera plus qu’un moignon de ce parti. Il pourrait se voir réduit à une secte capitaliste.
Toutefois, Ed Miliband ne représente pas une “remise au gout du jour” réussie de cette marchandise de seconde main qu’est le New Labour. Avec quelques différences mineures, il représente plus un New Labour rafistolé à la va-vite. Lorsque les étudiants étaient en train de faire le siège du parlement, il a “considéré” les rencontrer, mais a préféré rejeter une telle mesure “audacieuse”, pour lui en tous cas. Sur la question du programme, et en particulier des coupes budgétaires, il n’y a en substance aucune différence avec le gouvernement, mais seulement une question de timing : une mort prolongée par mille blessures plutôt que la grosse hache un peu trop directe qui se trouve entre les mains de Cameron. Ce qui est scandaleux, c’est qu’il a clairement fait un appel du pied aux conseils communaux Labour pour qu’ils n’organisent pas la moindre résistance contre le gouvernement, comme cela avait été fait par la commune de Liverpool dans les années ’80, mais au contraire d’appliquer les coupes dans leurs dotations par le gouvernement tory, sans oublier de s’en plaindre bruyamment bien entendu. Au mieux, les conseillers New Labour joueront le rôle de Ponce Pilate, et y a-t-il figure plus méprisable dans l’Histoire !
Une nouvelle perspective socialiste
Une nouvelle route doit être ouverte par le mouvement ouvrier, une toute nouvelle perspective socialiste, pour tous ceux qui sont affectés par cette nouvelle crise du capitalisme qui ne va que s’approfondir, et pour tous ceux qui attendent la riposte. La résistance doit être centrée sur les syndicats. Nous accueillons chaleureusement la nouvelle génération d’étudiants dans notre combat, bon nombre d’entre eux remplissent aujourd’hui les rangs du Socialist Party. Nous acclamons et encourageons leur flair, leur spontanéité et leur détermination. Mais il est entièrement faux, comme certains groupes de gauche l’ont fait, de donner l’impression que c’est à travers le soi-disant “pouvoir étudiant” qu’ils seront capables de vaincre ce gouvernement par eux-mêmes. Ils peuvent jouer une fonction auxiliaire extrêmement importante, mais ce sont les bataillons lourds de la classe ouvrière, dont les éléments les plus conscients sont rassemblés au sein des syndicats, qui ont le réel potentiel de briser le programme de ce gouvernement et de l’expulser du pouvoir.
2011 va probablement excéder dans l’ampleur de la lutte tout ce que nous avons vu en 2010, au Royaume-Uni comme partout ailleurs dans le monde. À travers l’expérience des batailles qui ont eu lieu jusqu’ici, une nouvelle génération est en train de recevoir son “premier sang”, presque littéralement, et de s’entrainer dans les réalités de la société capitaliste. Cette nouvelle couche est à la recherche d’une alternative, nombre d’entre eux sont dégoutés par le capitalisme et reprennent les idées du socialisme. Beaucoup sont en train de rejoindre le Socialist Party, qui a connu sa meilleure période de croissance depuis deux décennies, grâce à l’implication de cette nouvelle génération. Cette dernière a rencontré beaucoup de représentants de la vieille génération, qui maintenant reviennent à la lutte et au Socialist Party à travers ce processus. Cela jette les bases pour une croissance encore plus spectaculaire et soutenue des forces du marxisme authentique et du socialisme au Royaume-Uni au cours de la prochaine période. Une force socialiste puissante est maintenant la précondition pour la réalisation de l’étape cruciale d’un nouveau parti des travailleurs de masse.
Des processus similaires sont en train de se développer à une échelle mondiale, comme cela a été démontré par lors du formidable Congrès mondial du Comité pour une Internationale Ouvrière qui s’est déroulé en décembre. De nouvelles forces sociales à une échelle de masse, liées à la construction d’une véritable internationale démocratique de masse peuvent être amenées un pas plus loin dans ce qui promet d’être une année fructueuse et pleine de rebondissements.
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Irlande: La complicité du Labour Party et du Fine Gael
Le Fianna Fáil et le Green Party, les partis au poiuvoir, ne sont pas seuls à prendre position pour l’austérité. Les deux plus grands partis de l’opposition n’ont eux non plus rien d’autre à offrir.
Joe Higgins, Eurodéputé du Socialist Party (CIO – Irlande)
Une intense attention est actuellement accordée au budget d’austérité sauvage qu’on a balancé à la figure du peuple irlandais, sur ordre de la Commission de l’Union Européenne, du Fonds Monétaire International et de la Banque Centrale Européenne – toutes ces institutions jouant le rôle d’huissiers au service des plus grands spéculateurs financiers et bancaires européens.
La population de cet État se retrouve maintenant prise dans une situation pour le moins bizarre, et qui ne devrait tout bonnement pas être tolérée. Le gouvernement est composé de partis politiques qui ne sont soutenus que par un électeur sur cinq, et il est maintenant en train d’imposer des mesures économiques et fiscales désastreuses, censées être prolongées non pas sur un an, ce qui serait déjà assez mauvais en soi, mais sur quatre ans.
La question qui se pose alors est la suivante: comment est-il possible qu’un tel gouvernement puisse se permettre de ne fût-ce qu’envisager pareille idée ? La réponse à cette question se trouve confortablement assise sur les fauteuils de l’opposition au Dáil Éireann (le Parlement), car c’est la complicité du Fine Gael et du Labour Party qui permet cet état de fait.
Envisageons l’hypothèse où ces partis se seraient déclarés absolument opposés aux mesures draconiennes qui sont proposées en ce moment, et auraient refusé tout net de les mettre en œuvre s’ils venaient à prendre le pouvoir. C’en serait fini de ce gouvernement, et des élections générales seraient immédiatement convoquées. Cependant, en acceptant le programme de coupes budgétaires et de nouvelles taxes du gouvernement pour les quatre prochaines années, le Fine Gael et le Labour approuvent de manière implicite le concept fondamental de ce plan, et donnent la possibilité politique à ce gouvernement entièrement discrédité de continuer à aller de l’avant.
C’est maintenant un véritable dilemme qui se pose à la population, et qui se posera encore plus à elle lorsqu’elle ira voter lors des élections générales. Les deux grands partis d’opposition offrent exactement le même menu que le Fianna Fail et le Green Party : l’austérité.
Le Fine Gael a très clairement annoncé son plan de coupes et de hausses de taxes pour un montant de 6 milliards d’euros pour l’an prochain, c’est à dire exactement le même que celui du gouvernement. Le Labour Party, quant à lui, tente désespérément de cacher le fait que lui aussi est prêt à tailler à la hache dans les revenus et les services publics.
Le document du Labour appelé “Propositions pour le budget 2011”, n’est qu’une tentative de masquer le véritable rôle qu’il jouerait au cas où il entrerait au gouvernement avec le Fine Gael, quelle que soit la répartition et le nombre de postes. Le mots “coupes” n’y est à aucun moment utilisé. On préfère y parler d’“ajustement budgétaire”, pour un montant de 4,5 milliards d’euros en 2011, qui combine en réalité des coupes et des hausses de taxes. C’est 1,5 milliards en moins que le plan du Fine Gael, mais le Labour est d’accord sur le fait que ces 1,5 milliards vont devoir être trouvés, mais à un peu plus long terme.
En d’autres termes, le Labour Party, tout comme le Fianna Fáil, le Fine Gael et le Green Party, accepte les dictats des marchés financiers, selon lesquels c’est aux travailleurs, aux chômeurs, aux pensionnés et aux pauvres de payer pour la crise économique et fiscale monumentale qui a été causée par la rapacité sans fin des spéculateurs fonciers et des banquiers qui les ont financés. Le dirigeant du Labour, Eamon Gilmore, a en réalité accepté la responsabilité des idées fondamentales du gouvernement Fianna Fáil/Green Party lorsqu’il a déclaré que le Labour, une fois au gouvernement, n’annulerait pas les coupes budgétaires qui ont été votées au budget.
Le prochain gouvernement sera très certainement composé du Fine Gael et du Labour Party. Dans quelques journaux, on a mentionné une éventuelle coalition de la “gauche” qui serait composée du Labour, du Sinn Fein (le parti nationaliste officiellement “de gauche”) et de la United Left Alliance (Alliance de gauche unie – la toute nouvelle coalition de la gauche radicale irlandaise, dans laquelle sont impliqués nos camarades du Socialist Party). Mais ceci n’est que pure spéculation, car il y a un désaccord fondamental entre la vraie gauche et les autres partis de la pseudo-“gauche”, un désaccord qui porte sur la solution à apporter face au désastre économique actuel.
La Gauche insiste sur le rejet immédiat de la charte des vassalité qui a été imposée par le FMI et la Commission européenne et qui, si elle est mise en application, fera du peuple irlandais un peuple d’esclaves, transfusant à jamais son sang économique dans les coffre-forts des marchés financiers mondiaux, laissant derrière elle un véritable sillon d’effondrement social qui parcourra l’ensemble du paysage irlandais. La Gauche insiste donc sur le fait que PAS UN CENT ne sera payé aux spéculateurs financiers qui ont joué et qui ont perdu dans ce casino détraqué qu’était le marché immobilier irlandais.
La position de la Gauche est que toutes les plus importantes institutions financières doivent être placées sous le contrôle public, mais restructurées afin d’être soumises au contrôle populaire, et gérées d’une manière entièrement différente. Ceci rendrait possible non seulement le fait de pouvoir fournir des prêts à de bonnes conditions pour tous les indépendants et les petites entreprises, mais également l’investissement dans des projets d’infrastructure majeurs et dans les services publics, et par là même, créer les dizaines de milliers d’emplois nécessaires.
Le lancement de la United Left Alliance a généré énormément d’intérêt. Ceci est justifié, car elle va figurer en première ligne des changements d’une ampleur sismique qui vont se faire jour dans la politique irlandaise au cours des mois qui viennent, et elle va amener à l’avant-plan la réalisation qu’il existe bel et bien une alternative socialiste et démocratique au système brisé qui prévaut en ce moment.
Interview de Joe Higgins : ”Le peuple irlandais n’a aucun compte à rendre aux banques et aux milliardaires”
‘L’Irlande est confrontée aux plus importantes coupes budgétaires et hausses de taxes de toute son histoire – c’est là le tribut qu’elle doit payer pour avoir reçu un renflouement international. Mais l’eurodéputé socialiste Joe Higgins croit que le système financier irlandais est déjà complètement démoli et ne pourra pas être réparé.
”La réalité pour l’économie irlandaise et pour le capitalisme irlandais est que, qu’elle se trouve dans l’euro ou en-dehors de l’euro, elle est confrontée à un désastre parce qu’elle est tellement faible qu’elle est incapable de développer la société. Mais je prédis par contre que le niveau de la dette à présent est tout simplement impossible à rembourser, il ne fait absolument aucun doute que l’on va devoir déclarer le non-payement d’ici les prochaines années, alors nous disons : pourquoi attendre ce moment-là, et soumettre notre peuple à une immense peine et à une énorme souffrance, pour rien !
”Nous devrions refuser de payer les débiteurs maintenant immédiatement, c’est là le point central ; et il faut développer un plan afin de relancer notre économie. Ce pour quoi nous allons faire un sacrifice en réalité, c’est pour les banques internationales et pour des spéculateurs milliardaires, qui parcourent les marchés financiers à la recherche d’un bénéfice rapide. Nous ne leur devons absolument rien en ce qui concerne le peuple irlandais. Ces spéculations autour de la dette ont été effectuées par des banques privées, lors de contrats privés. Nous disons : on ne peut pas réparer ce système, il est complètement démoli ; il cause des souffrances sans fin à des dizaines de millions de gens partout en Europe ; les spéculateurs sont déjà en train de se tourner vers leur prochaine cible qui sera soit le Portugal, soit l’Espagne, maintenant qu’ils ont eu ce qu’ils voulaient en Irlande.”
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Irlande : Appel à la solidarité !
Un lycéen puni pour avoir protesté contre les coupes dans l’éducation et la hausse des frais d’inscription
Shane Donnelly, un lycéen de 17 ans (membre du Socialist Party, section irlandaise du CIO) de Clondalkin à Dublin, a mené une manifestation contre les attaques sur le budget de l’éducation et contre la hausse des frais d’inscription à l’université. Près de 100 élèves de trois écoles différentes ont quitté leur école et sont partis manifester devant le bureau du Ministre d’État John Curran. En conséquence de cela, Shane est maintenant menacé d’expulsion, en attendant une rencontre avec le comité de direction de son école.
Eddie McCabe, Socialist Party (CIO-Irlande)
Le Socialist Party et les lycéens de l’école de Clondalkin demandent d’envoyer des messages de protestation. Ces messages seront envoyés à l’école et au comité de direction qui doit se réunir ce vendredi 10 décembre.
Veuillez envoyer vos messages à info@moyleparkcollege.ie et en envoyer une copie à clondalkinschoolstudents@gmail.com
Vous pouvez aussi contacter l’école au numéro 00353 1 457 4837
Ci-dessous, un exemple de lettre de protestation :
Sample letter:
Dear Mr Clarke,
I was shocked to hear of the attempt to victimise peaceful student protestors, in particular Shane Donnelly who I believe is facing expulsion, for protesting against the attacks on education contained in the recent budget.
I believe that the attempts to victimise these students for engaging in a walkout sets a dangerous precedent. Such draconian measures will be used against other sections of students and indeed members of staff who are fighting for their rights or engaging in legitimate peaceful protest.
I am writing to demand that no disciplinary action is taken against these students, who were simply engaged in peaceful protest. Any attempt to punish them is simply an attempt to effectively criminalise protest among school students and intimidate others from standing up for their rights. Any punishment will be vigorously opposed by myself and others in Ireland and internationally.
Yours faithfully,
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