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Tag: Sans-papiers
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Le bourgmestre de Saint Gilles, Charles Picqué, s’oppose à la liberté d’expression des femmes dans sa commune !
Communiqué de presse du comité des femmes Sans-Papiers et de la Coordination des Sans Papiers de Belgique.
A l’occasion de la journée internationale de la femme, le Comité des femmes sans-papiers organise une manifestation pour dénoncer le sexisme que subissent des femmes en Belgique et dans le monde, et plus particulièrement les femmes sans papier et de leurs enfants.En effet, les femmes dans notre société restent à l’heure actuelle les premières victimes de l’injustice sociale et des violences. Beaucoup des femmes sans papier ont fui les violences et leurs conditions, sans droit dans leur pays, au péril de leur vie.
En Belgique, elles subissent une double peine. En plus d’être femmes, elles (et leurs enfants) sont considérées comme illégales sur le territoire et sont donc confrontées non seulement à une très grande précarité, mais surtout en proie à de terribles violences contre lesquelles il leur est impossible de se défendre légalement.
Cette manifestation est donc l’occasion de rappeler une réalité bien sombre et trop méconnue des migrantes. C’est aussi l’occasion pour tous ceux que cela indigne, de manifester leur solidarité.
Elle aura lieu le dimanche 6 mars, partira du centre ville à la Gare Central à 13h, passera par Ixelles et devait se clôturer à Saint-Gilles par un évènement musical et quelques prises parole.Les demandes ont été introduites fin janvier et validées depuis par les différentes communes se trouvant sur le trajet.
Les organisatrices ont dès lors annoncé la manifestation par tracts, affiches et communications électroniques en mentionnant le rendez-vous de départ et l’évènement de clôture place Bethleem. Les engagements des musiciens ont aussi été confirmés.
Et puis, le 25 février, à dix jours de la manifestation, le bourgmestre Charles Picqué leur a annoncé par un message téléphonique qu’il refusait d’autoriser la manifestation à Saint-Gilles, sans proposer un autre trajet. Les autres communes ont autorisé le passage du cortège sur leur territoire.
Après de nombreuses interpellations, des « raisons » ont finalement été données : considérations de sécurité, de tranquillité et de transports publics. De sécurité ? De tranquillité ? Et de transports publics ? En quoi cette manifestation serait elle différentes d’une autre ? Ne s’agit-il pas plutôt d’un mépris total envers les femmes immigrées ?
Nous demandons pourquoi ces motifs ou contraintes spécifiques à la politique communale saint-gilloises n’ont-ils jamais été évoqués lors des réunions de concertation ? Ils posent surtout de graves questions sur le droit de manifester.
Le refus du bourgmestre soulève enfin des interrogations sur la représentation que les autorités se font des femmes sans-papiers et de leur soutien. En quoi constituent-elles un danger pour la sécurité des quartiers populaires saint-gillois ? Faut-il préciser que cette manifestation se veut totalement pacifique ? Un service d’ordre interne est organisé par la Coordination Sans-Papiers qui a déjà fait ses preuves en matière de bon déroulement d’une manifestation. Les personnes sans titre de séjour font tout pour éviter les altercations tant avec les forces de l’ordre qu’avec les habitants des quartiers puisque celles-ci nuiraient à leur cause et les exposeraient à des risques d’expulsion.
Nous exhortons donc les autorités communales de Saint-Gilles à revoir leur décision et autoriser la manifestation des femmes sans-papiers du 6 mars à traverser la commune et à se clôturer sur une de ses places conviviales. Ce serait non seulement honorer le droit de manifestation et celui des femmes mais également le vivre ensemble et la rencontre interculturelle qui font la richesse de Saint-Gilles.
Nous invitons la presse à notre manifestation, qui sera unique par la partie partiellement souterraine de l’itinéraire qui nous est imposé. Aidez-nous à faire connaître cette situation scandaleuse à un plus large public !Le comité des femmes Sans-Papiers et La Coordination des Sans Papiers de Belgique.
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Les 5 et 6 mars: Stop au racisme et au sexisme!
En instrumentalisant le climat consécutifs aux agressions de Cologne, Theo Francken (N-VA) a lancé l’idée, soutenue par le MR, de cours de “respect des femmes” pour les migrants. Mais, quels sont les “valeurs occidentales” qu’il affirme vouloir inculquer? Les mêmes qui ont permis de suspendre la condamnation d’un violeur à Gand en estimant que sa victime avait “participé au jeu de séduction” ? Le gouvernement veut enseigner une série de normes et valeurs aux migrants. Cependant, d’autres normes et valeurs s’imposent chez nous pour culpabiliser les victimes de viol.Nous nous opposons à toute forme de sexisme ! Les violences vis-à-vis des femmes sont courantes, pas seulement dans la rue, mais aussi au travail et, plus encore, à la maison. En Belgique, environ 100 plaintes sont déposées chaque jour pour violence conjugale, et il ne s’agit que de la partie visible. Le sexisme n’est pas lié à une ou plusieurs communautés, mais à l’ensemble de la société capitaliste. L’absence de perspectives d’avenir, la déshumanisation de la société, l’objectification des femmes et les discriminations engendrées par un capitalisme en crise favorisent la violence, le sexisme, l’homophobie et le racisme.
Dénonçons toute tentative de l’extrême droite, des médias ou du gouvernement de pointer du doigt les immigrés comme boucs émissaires des échecs de la politique d’austérité et de la faillite du capitalisme. Le gouvernement, en réalisant des coupes budgétaires, pousse les femmes dans la pauvreté. Ce sont les femmes qui compensent les pénuries dans les crèches, les transports, les soins, l’enseignement en assumant la majorité des tâches ménagères.
Il nous faut lutter collectivement contre toute forme de sexisme et de racisme, pour des services publics de qualité et des emplois et des revenus décents permettant l’indépendance financière des femmes. Les symptômes ne sont pas les seuls à devoir être combattus, il faut aller jusqu’à leur cause. Une alternative à la politique d’austérité et aux oppressions nécessite une transformation socialiste de la société.
Le 21 février à Gand, EGA participe à une contre-manifestation pour riposter à la marche de la haine de Voorpost, une organisation raciste et violente d’extrème droite. Rdv : 11h, hôtel de ville de Gand.
Le 5 mars à Bruxelles, EGA coorganise une journée de débats anti-sexistes avec de féministes de Cologne et d’Irlande. Nous aborderons les causes réelles de l’oppression des femmes et comment construire un mouvement fort pour l’émancipation des femmes. De 10h à 17h, rue du jardinier 45, Molenbeek.
Le lendemain, 6 mars, nous participons à la manifestation organisée par le Comité des Femmes Sans-Papiers. Contre les tentatives de division, hommes et femmes, avec ou sans papiers, jeunes et travailleurs avec ou sans emploi,… Nous avons tous droit au logement, à l’éducation, aux soins,… à la dignité.
- 21 fév : manif antifasciste, 11h, hôtel de ville de Gand
- 5 mars : journée débats anti-sexiste avec des féministes de cologne et d’irlande, Bruxelles. 10h-17h, 45 rue du jardinier (Evènement Facebook)
- 6 mars : manif femmes sans-papiers, 13h, gare de Bruxelles-central (Evènement Facebook)
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Des papiers pour tous! Manifestation du collectif Ebola
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté pour "célébrer" la première année d'existence de l'occupation du Collectif Ebola (qui réunit des sans-papiers de Guinée, du Sierra Leone et du Libéria). La manifestation visait à dénoncer la politique extrêmement violente de l'Etat, qui pousse des milliers de personnes dans l'illégalité et dans l'extrême précarité. De l'occupation à l'église du Béguinage en passant par la commune de Saint-Josse, l'Office des étrangers et les bureaux du Secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration, l'appel à la solidarité avec les sans-papiers et à la régularisation pour tous a résonné dans toutes les rues de Bruxelles. Une délégation est ensuite allée rejoindre le rassemblement contre les propos racistes du Secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration Theo Francken, à Art Lois.
Travailleurs, immigrés, sans-papiers solidarité!
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[INTERVIEW] Ne laissons pas les déclarations de Théo Francken sans suite
Les agressions subies par des femmes à Cologne la nuit du Nouvel An ont soulevé l’émoi un peu partout. Mais elles ont également été instrumentalisées à des fins racistes en stigmatisant un pan entier de la population. Nous avons recueilli les réactions de Serge, porte-parole du Comité des travailleurs avec et sans papiers de la CSC Bruxelles-Hal-Vilvorde suite aux provocations de Théo Francken recommandant des cours de ‘‘respect des femmes’’ pour les migrants.
Par Pietro
Quelles sont tes impressions suite aux évènements survenus à Cologne ?
“C’est un fait divers inédit qu’il faut condamner, mais que l’on ne peut pas généraliser. C’est dramatique pour les femmes qui ont été victimes de cette violence. Elles méritent notre totale solidarité de manière individuelle, mais aussi collective avec notre organisation syndicale. Quant aux amalgames développés dans les médias entre immigrés et violence, il faut les contrer.
“Comme partout, il y a bien entendu des délinquants parmi les migrants. Mais les évènements de Cologne ne sont pas propres à l’ensemble des immigrés ou de l’une ou l’autre communauté particulière, mais à des individus. Ces personnes doivent être tenues pour responsables de leurs actes. Mais aucun amalgame ne peut aider à résoudre cette situation.”
Que penses-tu de la proposition de Théo Franken (N-VA) d’instaurer des cours de ‘‘respects des femmes’’ pour les réfugiés ?
“Le ministre Franken aime faire le buzz. C’est un opportuniste en manque d’inspiration. Dès qu’il voit une situation où des migrants sont impliqués, il sort ses griffes pour nous attaquer tous. Le sexisme n’est pas un problème causé par les migrants, il est présent dans l’ensemble de la société. Franken veut diviser la population en nous stigmatisant. Ce genre de proposition ne répond en rien au problème. Les discriminations et les violences dont font l’objet les femmes sont au coeur de toutes les sociétés, occidentales comprises. Le combat pour l’émancipation des femmes est donc à mener partout et par tous.”
Quelle méthode et stratégie adopter face à ceux qui disent qu’il faut expulser les immigrés car ils seraient sources de criminalité ?
Il est important de déconstruire les discours sexistes, racistes et xénophobes. Cette rhétorique vise à discriminer les immigrés et à diviser le mouvement des travailleurs qui paye cher les mesures d’austérité appliquées par l’Union européenne comme par les autorités en Belgique. La mobilisation unitaire de tous les travailleurs avec ou sans papiers, avec ou sans emplois, pensionnés, demandeurs d’asile, réfugiés, hommes et femmes exploités par ce système est la seule manière de riposter face aux arguments fallacieux et racistes tels que ceux de Franken.
Dans cette optique, nous serons présents avec notre collectif, mais aussi avec la coordination de sans-papiers à l’action du 4 février au cabinet de Francken pour revendiquer nos droits et dénoncer ses propos. Nous ne baisserons pas la garde devant ces attaques inacceptables. La lutte pour la régularisation, mais aussi pour une société juste et sans violence, passe par la lutte contre le capitalisme.”
4 février – 16h30 Rue de la Loi 18. Action au cabinet de Francken
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Crise migratoire : la solidarité peut-elle être apolitique ?
Ce ne sont pas les actes de solidarité avec les migrants qui ont manqué ces derniers mois. Au parc Maximilien, dans les différentes collectes souvent organisées spontanément, dans les comités de soutien aux sans-papiers, … cette magnifique énergie a su dans les faits riposter au discours raciste et nauséabond qui avait déferlé sur les médias sociaux et dans les commentaires de sites de presse. Comment construire le mouvement sur cette base ?
Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste
Solidarité et charité
L’approche que nous défendons s’appuie tout d’abord sur la solidarité. La charité est une relation inégale, avec un donateur actif et un bénéficiaire passif. Ce rapport est basé au mieux sur le paternalisme, au pire sur la domination. La solidarité, au contraire, vise à atteindre une égalité dans la lutte. Dans l’urgence des premiers temps, il est bien entendu logique que l’aspect humanitaire (organisation des récoltes de vivres, de vêtements, etc.) prenne une place prépondérante. Mais en rester à ce stade équivaut à entrer dans un cul-de-sac, très certainement au vu du désastre causé par des années d’austérité dans le secteur social. Comme nos lecteurs ont pu le lire dans notre édition d’octobre avec l’interview de Saïd, membre de la coordination bruxelloise des sans-papiers : ‘‘Une démarche humanitaire est bien sûr nécessaire dans un premier temps mais sans perspective politiques, le mouvement n’a pas d’avenir!’’
Selon nous, cette lutte unitaire ne devrait pas se focaliser uniquement sur la thématique de la migration, mais partir de ce point pour rejoindre les autres aspects de la lutte sociale. Nous n’avons rien à attendre du fédéral face à la politique raciste des autorités belges, les migrants ont ainsi tout autant intérêt à faire chuter ce gouvernement que les travailleurs qui luttent contre l’austérité. Différents collectifs de sans-papiers sont d’ailleurs systématiquement présents aux actions syndicales.
Il s’agit également de la meilleure réponse à opposer aux préjugés et à la division. Sur la thématique du logement par exemple. Des données collectées par le magazine britannique The Guardian et publiées en septembre dernier ont dévoilé que l’Union Européenne comprenait pas moins de 11 millions de maisons et appartements vides ! Ce rapport pointait du doigt la spéculation de riches investisseurs qui ont saisi l’opportunité de la crise de l’immobilier pour racheter pour une bouchée de pain des biens dans l’espoir d’un profit rapide. L’expropriation de ces logements offrirait suffisamment de logements pour les sans-abris, les migrants, des ménages qui peinent à joindre les deux bouts,… Cela exercerait aussi une pression à la baisse sur les loyers de chacun. Il n’existe pas de statistiques exactes en Belgique, mais la Cellule Logements Inoccupés de la Région bruxelloise créée en 2012 estime que 48.000 logements ne seraient pas habités sur un parc bruxellois total de 300.000 adresses.
Les migrants ne sont pas responsables de la crise du logement, cette crise est organisée par de riches propriétaires à seule fin de réaliser encore plus de profits. Il n’en va pas autrement concernant l’emploi, les services publics,… Nous pouvons lutter ensemble et arracher les moyens nécessaires pour offrir une vie décente à chacun, migrant ou non. Cette approche nécessite évidemment d’entrer en conflit ouvert avec les autorités politiques établies. Il s’agit d’un débat non négligeable chez les activistes. Que cela soit clair : faire les yeux doux à des autorités qui ont déjà démontré l’étendue du caractère raciste et asocial de leur politique, c’est un dangereux leurre qui ne peut conduire qu’à la désillusion, tant au niveau de la crise de la migration qu’au niveau de l’austérité. Au final, rester exclusivement sur le terrain humanitaire sans vouloir ou oser se positionner explicitement sur la politique migratoire, sociale et économique belge et européenne, cela équivaut à se résigner à voir l’humanitaire faire indéfiniment partie de notre lot quotidien.
Réfugiés d’aujourd’hui, sans-papiers de demain
Dans le même ordre d’idée, par crainte d’entrer en conflit avec les autorités, certains activistes impliqués dans les mouvements d’aide aux migrants ont pu tomber dans le piège de dissocier le combat des sans-papiers de celui de l’accueil aux demandeurs d’asile. Une grande partie de ces derniers verront pourtant leur demande refusée et seront forcés de rejoindre le flot des soi-disant ‘‘illégaux’’. Ils deviendront des proies rêvées pour les marchands de sommeil et les patrons à la recherche d’une main d’oeuvre rendue plus docile et corvéable en raison d’une décision arbitraire de l’Office des Etrangers.
Selon la Convention de Genève de 1951, un réfugié est une personne protégée par l’État accueillant à cause de la crainte, avec raison, d’être persécuté dans son pays natal. Et ceux qui décident de si l’on a ‘‘raison’’ ou non d’avoir peur, ce sont les dirigeants des Etats capitalistes, ceux-là mêmes qui nous imposent l’austérité et les politiques antisociales ! Au nom de quoi peut-on faire une distinction entre ceux qui s’enfuient pour échapper à la violence, à la dictature et à l’oppression et ceux qui cherchent désespérément une vie décente, qui veulent plus que simplement survivre, qui veulent la liberté d’expression, un emploi convenable, des possibilités d’études pour leurs enfants,… ? Nous refusons d’entrer dans le débat concernant de prétendues ‘‘raisons légitimes’’ de la migration. Guerre, misère, exploitation économique, discriminations : nous refusons de hiérarchiser l’horreur et de décider ce qui est acceptable de subir ou pas. Nous défendons le droit de chacun de mener une vie digne au sein d’une société où l’on peut se déplacer librement sans se voir forcé de devoir tout quitter à la recherche d’une vie meilleure.
Pour la liberté de débat et d’expression dans le mouvement !
A l’occasion de la manifestation de solidarité avec les réfugiés qui s’est déroulée le 27 septembre dernier à Bruxelles – à l’initiative de la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés de Bruxelles et de Refugees Welcome – on pouvait lire dans le texte de l’appel sur Facebook : ‘‘Si nous encourageons les participants à réaliser des affiches, panneaux, calicots, etc., nous demandons aux organisations partisanes qui souhaitent soutenir la marche d’en respecter le caractère citoyen en n’emmenant pas leurs drapeaux.’’ Pourquoi donc brimer la liberté d’expression tout en militant pour la liberté de circulation?
Nous comprenons bien la crainte de voir la lutte instrumentalisée par des partis qui ne sont que des machines électorales et en aucun cas de outils de lutte. Mais soyons sérieux, des politiciens comme Di Rupo & Co n’ont besoin que d’être présents dans un cortège pour attirer les caméras et les journalistes comme des mouches. Cette approche répressive – que nous retrouvons régulièrement sous diverses formes dans des projets de plateforme, etc. – constitue une grave atteinte à la liberté d’expression. Cela revient à contester le droit de chacun de se présenter en tant que membre d’un parti. C’est aussi une manière très paternaliste de décider d’en-haut de ce qui est bon ou pas pour des manifestants qui ne vont de toute manière pas mettre leur sens critique au vestiaire en rejoignant un appel.
Lors de cette manifestation, les discussions que nous avons pu avoir autour de notre délégation (qui comportait banderoles et drapeaux) et l’animation qui y régnait a d’ailleurs illustré que cette idée ne vit pas parmi les couches larges de la population mais uniquement parmi une certaine couche de militants organisés. La plupart des manifestants apprécient le soutien honnête d’un parti et apprécient surtout de savoir à qui ils ont à faire lorsqu’ils discutent. Nous considérons ainsi comme beaucoup plus problématique, par exemple, de récolter des adresses e-mail et des coordonnées personnelles pour un parti en prenant bien garde de ne pas le dire ouvertement, en se servant d’une pétition créée à cette seule fin ou d’autres moyens sournois.
Nous refusons d’approuver une unité de façade, hypocrite, basée sur un nivellement artificiel des divergences. Nous lui préférons une unité véritable, concrète, basée sur un respect mutuel construit patiemment à travers la discussion, le dialogue et la pratique commune. Nous ne considérons pas les différentes sensibilités politiques présentes dans le mouvement social comme un problème, mais au contraire comme une richesse nous permettant d’aiguiser nos arguments et nos méthodes.
C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes !
Au-delà de la question de l’accueil, nous voulons aussi aborder la lutte contre les causes qui poussent tant de gens à quitter leurs familles et leur pays. Nous dénonçons les politiques impérialistes et néocoloniales responsables du soutien aux dictatures locales et de l’épouvantable exploitation qui règne dans les pays du monde néocolonial. Il est crucial de souligner le soutien aux luttes pour l’émancipation des masses et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, sans ingérence des puissances impérialistes (politique ou économique). Là-bas comme ici, cela signifie d’en finir avec les chaînes du capitalisme et de construire une société où l’économie serait libérée de la camisole de force du ‘‘libre-marché’’, c’est-à-dire une société socialiste démocratique.
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Deuxième manifestation nationale des sans-papiers, un nouveau succès
Ce dimanche, près de 2000 personnes ont participé à la manifestation organisée par la Coordination des sans-papiers de Belgique, la deuxième après celle du 4 mai dernier. L’atmosphère y était combattive et la solidarité bien au rendez-vous. En fin de parcours, les prises de parole de la CSC et de la FGTB en ont rappelé que les sans-papiers font partie intégrante de la classe des travailleurs, ils constitue la couche de cette classe sociale repoussée dans la clandestinité. Il faut lutter pour la régularisation de tous les sans-papiers afin qu’ils puissent disposer des même droits que les autres travailleurs et qu’ils ne puissent plus être utilisés comme main d’œuvre bon marché par des patrons avide de les exploiter et de les instrumentaliser pour miner l’ensemble des conditions de travail et de salaires des travailleurs.
Le 7 octobre dernier, les sans-papiers avaient répondu "présent" de façon remarquable pour la manifestation des 100.000 contre le gouvernement Michel. Le PSL encourage les syndicalistes à inviter des camarades sans-papiers et réfugiés dans leur délégation afin qu’ils puissent avoir l'occasion d'expliquer les problèmes auxquels ils sont confrontés et ainsi tisser les liens nécessaires avec le mouvement ouvrier organisé pour mener la lutte ensemble, travailleurs avec et sans-papiers, contre toute la politique du gouvernement de droite.
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Les réfugiés ne sont pas responsables de la crise et des pénuries!
Un système en faillite qui tente de faire payer la crise à ses victimes
Il y a aujourd’hui pas moins de 60 millions de réfugiés et de personnes déplacées au sein d’un pays à travers le monde, soit 20 millions de plus qu’il y a 4 ans. Ce système basé sur les inégalités, la guerre et l’exploitation démontre l’étendue de sa faillite sur tous les fronts. Le capitalisme sape nos conditions de vie et représente un danger pour notre planète. Sans cesse plus de gens sont poussés à fuir.
Dossier de Geert Cool tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
La solidarité se trouve bien plus parmi la population que chez les divers gouvernements. Leurs efforts visent essentiellement à stopper l’arrivée de réfugiés et à instrumentaliser ceux qui sont parvenus à venir pour mettre sous pression les conditions de travail et de salaire de tout le monde. Beaucoup de gens craignent d’ailleurs que la sécurité sociale ne soit impayable avec l’arrivée des réfugiés. Aurons-nous à nouveau à subir de nouvelles économies après avoir déjà dû tant céder?
Ce sentiment, il faut en tenir compte et y répondre par un combat unitaire visant à ce que chacun puisse bénéficier de bons emplois de qualité, d’un accès à l’enseignement (dont l’apprentissage des langues) ou à des logements abordables, de services publics de qualité,… Se soulever ensemble pour arracher les moyens nécessaires pour nos besoins, voilà la meilleure riposte face à la division et aux préjugés. Faisons payer la crise aux responsables ! Cela vaut tant pour la crise économique que pour la crise des réfugiés.
Cette crise fait l’objet de discussions sur tous les lieux de travail, dans chaque école et dans chaque quartier. Les éléments ci-dessous visent à contribuer à ce débat.
Pour répondre à quelques arguments fréquemment entendus
“Les demandeurs d’asile vont nous voler nos emplois”
Les patrons se sont empressés de dire que les demandeurs d’asile devaient être en mesure de travailler plus vite. Fernand Huts, provocateur patronal professionnel et magnat du port d’Anvers, a déclaré qu’il engagerait immédiatement 500 demandeurs d’asile dès que la loi Major serait abolie (cette loi de 1972 protège le statut particulier des travailleurs de la zone portuaire). Patrick Dewael (Open-VLD) a proposé de permettre aux demandeurs d’asile de prester un service communautaire, non seulement pour la collectivité mais aussi pour des entreprises privées (notamment concernant la cueillette des fruits). Les conservateurs britanniques pensent de leur côté aux soins aux personnes âgées. Les employeurs d’Unizo (organisation des petits patrons flamands) ont quant à eux organisé une journée d’information au camp de tentes des réfugiés du Parc Maximilien à Bruxelles.
Visiblement, les patrons et les autorités auraient encore des centaines d’emplois à proposer alors que nous connaissons un taux de chômage élevé depuis des années… La vérité, c’est que les employeurs apprécient de disposer d’une telle armée de réserve, c’est l’opportunité de faire baisser tous les salaires et les conditions de travail. C’est à nouveau Fernand Huts qui l’a dit le plus ouvertement, mais les autres propositions ne concernent pas non plus des emplois décents avec un bon salaire. Quant au service communautaire, cela signifie concrètement de travailler en échange d’une allocation de survie. Quel patron payera encore des salaires décents si les demandeurs d’asile travaillent pour presque rien ? Naturellement, les demandeurs d’asile ont le droit de travailler et de se construire un avenir. Mais si des salaires de misère constituent la norme, cela devient tout simplement impossible.
Si cela ne dépendait que des patrons, il n’y aurait tout simplement plus de bons emplois. Les réfugiés n’ont rien à voir avec la fermeture de Ford-Genk ou avec la réduction du personnel à la SNCB. La pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail ainsi que le reste des mesures d’austérité ont poussé les jeunes à fuir la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande. Ne laissons pas les patrons et leurs marionnettes politiques faire de même ici! La meilleure riposte, c’est la lutte en faveur d’un salaire égal pour un travail égal et pour de meilleures conditions de travail pour tous.
“Nous ne pouvons pas accueillir tout le monde”
Aujourd’hui déjà, les services prévus ne peuvent faire face à l’afflux de demandeurs d’asile. A Bruxelles, un camp de tentes faisant directement penser à un bidonville a émergé au côté de l’Office des Etrangers. Cela n’est pas uniquement dû au nombre de demandeurs d’asile, il s’agit aussi des conséquences d’années successives de réductions de budget des services sociaux et des structures d’accueil. Dans le secteur de l’aide individuelle et de l’assistance juridique aux réfugiés, la diminution a atteint les 17%. L’ONG d’aide aux réfugiés Vluchtelingenwerk Vlaanderen a dénoncé qu’elle n’était plus en mesure de prendre en charge que la moitié du nombre de demandeurs d’asile dont elle s’occupait en 2012.
La tendance générale en Europe est de sous-traiter l’accueil aux réfugiés à des sociétés privées. En Allemagne, le plus grand pourvoyeur de places est l’entreprise European Homecare, une entreprise devenue des plus rentables. Différents scandales de maltraitance sont parus dans la presse au sujet de ces entreprises. En Belgique, le groupe hôtelier Corsendonk et l’entreprise de gardiennage GS4 s’occuperont conjointement de demandeurs d’asile en Campine : ‘‘Nous sommes une entreprise commerciale, nous voulons réaliser des bénéfices.’’ La crise des réfugiés est une aubaine pour certains tandis que les partis de droite jouent sur le budget alloué à ces entreprises afin de faire croire au reste de la population que les demandeurs d’asile vivent dans le luxe et l’opulence.
Bien sûr, nous ne pouvons accueillir toute la misère du monde dans un petit pays comme la Belgique. Mais notre pays est ou a été impliqué dans de nombreux conflits à travers le monde : de l’Afghanistan à l’Irak en passant par la Libye. La liste des pays d’où proviennent les réfugiés épouse remarquablement celle de ces conflits militaires. Personne ne fuit pour le plaisir, personne ne quitte sa famille et ne laisse sa maison derrière lui pour un avenir plus qu’incertain. La seule véritable solution à la question des réfugiés, c’est la fin de la guerre, de la misère et de l’exploitation. Sans cela, le problème ne fera que prendre de l’ampleur. Que faire si le président turc Erdogan poursuit sa politique désespérée de guerre contre la population kurde et plonge tout le pays dans une guerre civile sanglante? Combien de millions de réfugiés syriens actuellement en Turquie arriveront en Europe? En donnant implicitement le feu vert à Erdogan, les USA et les pays de l’OTAN sont eux aussi responsables.
La présence d’armes de destruction massive en Irak était un mensonge destiné à justifier une guerre de pillage pour du pétrole et de prestige. C’est maintenant bien connu. Des millions de personnes ont manifesté dans le monde contre la guerre en Irak, en 2003. A Bruxelles, 100.000 personnes avaient défilé. La population était en général très clairement opposée à la guerre. Mais l’establishment capitaliste – particulièrement en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis – a été poussé dans le dos par les intérêts pétroliers et était avide de disposer de l’emplacement stratégique de l’Irak. Plus de douze ans plus tard, on y cherche encore la paix et la démocratie. Un conflit religieux sectaire a surgi, qui s’étend maintenant jusqu’en Syrie.
Les forces de droite qui clament haut et fort que nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde sont précisément celles qui augmentent cette misère. Nous devons mettre un terme au pillage néocolonial. Le mouvement anti-guerre de 2003 a démontré le potentiel de ce combat, à l’instar de la vague révolutionnaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient de 2011. Ces mouvements n’ont pas été en mesure d’en finir avec la misère faute d’avoir rompu avec le capitalisme mais ils n’en contenaient pas moins les germes d’une nouvelle société. Les nouveaux mouvements contre la corruption et la privatisation de la collecte des déchets au Liban de même que les actions des travailleurs en Egypte et en Irak illustrent que la vague révolutionnaire peut encore revenir. Si l’élite capitaliste fait tout pour nous diviser, c’est qu’elle est bien consciente du danger d’une lutte de masse pour un autre modèle de société.
“Notre modèle social est déjà en danger…”
Le Vlaams Belang diffuse un tract ayant pour titre ‘‘Économisez sur l’asile, pas sur notre propre peuple’’ faisant référence au saut d’index ou encore à l’augmentation de l’âge de la retraite et suggérant que le nombre de demandeurs d’asile serait responsable de l’adoption de ces mesures. Belle hypocrisie de la part d’un parti qui soutien précisément cette politique d’austérité… Lors de son meeting tenu dans l’enceinte du parlement flamand avec Marine Le Pen le 15 septembre dernier, le Vlaams Belang a notamment explicitement déclaré vouloir en finir avec les dépenses liées aux demandeurs d’asile ou à l’Europe du Sud afin d’utiliser ces ressources pour ‘‘obtenir des baisses d’impôts [des entreprises] pour donner de l’oxygène à l’économie.’’ L’extrême droite veut dévier la colère sociale contre les victimes de la crise pour mieux choyer ceux qui en sont précisément à l’origine.
Le son de cloche n’est pas différent ailleurs à droite, comme à la N-VA. Ces partis sont directement responsables d’une offensive massive contre notre sécurité sociale. Ce sont eux qui ont exclu des milliers de personnes des allocations de chômage pour les renvoyer vers les CPAS. Ce sont eux qui détruisent nos soins de santé à petit feu. Si notre système social est sous pression, cela n’a strictement rien à voir avec les migrants, qu’ils soient ou non demandeurs d’asile. Ce sont les partis pro-austérité qui détruisent notre protection sociale, qui augmentent la TVA sur l’électricité ou qui relèvent de l’âge de la retraite.
Stopper les attaques contre notre système social exige de lutter ensemble contre les autorités austéritaires. En toute logique, la droite va tout faire pour nous diviser afin d’affaiblir la résistance sociale. Les travailleurs sont ligués contre les chômeurs, les personnes d’origine belge contre les migrants de la première, deuxième ou troisième génération, les migrants plus anciennement arrivés contre les réfugiés, les ‘‘bons réfugiés’’ contre les ‘‘mauvais’’ réfugiés, etc. Tout ce qui nous divise nous affaiblit.
“Qui va payer ?”
Des millions de réfugiés fuient non pas des catastrophes naturelles inévitables mais bien des guerres et la contre-révolution. Les classes dirigeantes des pays impérialistes et des pays du Moyen-Orient doivent payer pour les conséquences de leurs actes. C’est leur système et leur politique qui sont à la base de la crise, que cela soit via les interventions impérialistes en Irak et en Libye ou via le financement de groupes djihadistes par l’Arabie saoudite et les Etats du Golfe.
Les industries pétrolières et de l’armement ont réalisé d’énormes profits dans cette région. En 2014, l’Arabie Saoudite a été le plus grand importateur d’armes au monde (6,4 milliards de dollars, soit 10% du commerce mondial d’armements). Les Emirats Arabes Unis ont quant à eux représenté 2,2 milliards de dollars des importations d’armes. L’ambassadeur européen en Irak, Jana Hybášková, a déclaré il y a un an au Comité des affaires étrangères du Parlement européen que certains pays européens avaient acheté du pétrole auprès de l’Etat Islamique, finançant ainsi le groupe. Il a par la suite refusé de citer des noms. Comme toujours sous le capitalisme, les profits sont prioritaires sur les droits de l’Homme ou les droits démocratiques.
Les impérialismes américains et britanniques portent une lourde part de responsabilité dans la situation qui prévaut au Moyen-Orient. L’invasion de l’Irak a conduit à une réaction en chaîne qui, en l’absence d’un mouvement de résistance de la classe des travailleurs, a abouti à la division sectaire et à la guerre civile. La lutte pour le droit d’asile doit être liée à l’obligation du financement des programmes d’urgence par ceux qui se sont enrichis au Moyen-Orient notamment au travers des industries du pétrole et de l’armement.
“Que pouvons-nous y faire ?”
La seule manière de parvenir à vaincre les forces sectaires, à mettre fin aux guerres civiles et à infliger la défaite aux dictateurs repose sur l’action unitaire des travailleurs et des pauvres au Moyen-Orient. Le processus révolutionnaire de 2011 en Afrique du Nord et au Moyen-Orient a donné un aperçu de la force des masses. Pas mal d’occasions ont hélas été perdues faute de clarté quant au programme et aux méthodes nécessaires pour parvenir à la victoire contre le capitalisme. Il faut éviter de reproduire ces erreurs et développer des mouvements totalement indépendants de la classe dominante armés d’un programme et de méthodes socialistes, c’est-à-dire basées sur l’implication des masses et sur le contrôle des travailleurs. De tels mouvements pourraient mettre un terme aux divisions sectaires, aux guerres, à la répression, à la pauvreté pour donner naissance à un monde débarrassé de l’exploitation capitaliste où une économie démocratiquement planifiée permettrait de satisfaire les besoins de la majorité sociale et non ceux de l’élite capitaliste.
Parallèlement, nous défendons le droit d’asile et exigeons un programme d’urgence pour les réfugiés afin de leur offrir un avenir décent, des logements abordables, un accès à l’enseignement et à l’apprentissage des langues, un soutien psychologique pour le stress post-traumatique,… dans le cadre d’un plan plus large visant à faire face à la crise générale du logement, de l’emploi,… Chacun a droit à un avenir décent.
Nous rejetons chaque tentative de semer la discorde parmi les victimes de l’austérité et du capitalisme. Nous avons un intérêt commun : lutter de concert contre la loi du marché et le règne de la classe capitaliste. La politique actuelle fait en sorte que cette infime élite s’enrichit d’année en année tandis que les inégalités augmentent.
Les choses à faire ne manquent pas à partir de Belgique. Le combat contre l’austérité est un aspect crucial des tâches qui nous font face. Participer à la manifestation syndicale nationale du 7 octobre et assurer une présence syndicale dans le débat autour de la question des réfugiés constitueraient une sérieuse riposte contre la rhétorique de division de la droite et stimuleraient la discussion quant aux causes de la crise des réfugiés.
Personne ne préconise une ‘‘immigration incontrôlée’’ comme le suggère Bart De Wever. Personne ne fuit pour son plaisir. Plus de bombes et de racisme ne feront que renforcer ce processus. Rompre avec l’austérité par un mouvement de masse serait également un exemple inspirant pour les luttes au Moyen-Orient. Ce système n’offre aucun avenir à un nombre grandissant de personnes sur cette planète, luttons activement pour une alternative socialiste démocratique basée sur la propriété publique et démocratique des secteurs clés de l’économie, seule manière d’en finir avec les causes qui poussent tant de personnes à fuir leur foyer.
[INTERVIEW] Collecte de vêtements et solidarité active, un exemple liégeois.
Suite à la crise des réfugiés, diverses initiatives de solidarité ont vu le jour, notamment autour de la collecte de vêtements, de jouets, etc. Nous en avons discuté avec Frank Delandshere, un Liégeois à la base d’une collecte qui a eu un succès retentissant début septembre pour venir en aide au centre d’accueil de la Croix-Rouge d’Ans. 200 places supplémentaires pour les réfugiés venaient tout juste d’y être créées.Suite à la crise des réfugiés, diverses initiatives de solidarité ont vu le jour, notamment autour de la collecte de vêtements, de jouets, etc. Nous en avons discuté avec Frank Delandshere, un Liégeois à la base d’une collecte qui a eu un succès retentissant début septembre pour venir en aide au centre d’accueil de la Croix-Rouge d’Ans. 200 places supplémentaires pour les réfugiés venaient tout juste d’y être créées.
Comment t’es-tu retrouvé à organiser cette collecte ?
‘‘Il faut tout d’abord remonter à une brocante, à Poulseur, fin du mois d’août. Avec une amie, nous sommes allés demander aux brocanteurs s’ils pouvaient laisser quelque chose en fin de journée pour les réfugiés. L’accueil était positif et chaleureux, tout le monde nous disait que c’était une bonne initiative. Personne ne nous a dit ‘‘on ne donne pas à ces gens-là’’.
‘‘Au centre d’accueil de la Croix-Rouge de Fraipont, les remerciements que nous avons reçus ne concernaient pas que les vêtements. Ils avaient besoin de soutien, non seulement les réfugiés, mais aussi le personnel. La responsable, Maria, nous a dit : ‘‘c’est génial de voir cet élan de solidarité, quand on lit la presse ou quand on va sur les réseaux sociaux, on peut être désespérés.’’ Il est vrai que sans mouvement concret, sans solidarité active, on ne peut pas être conscients de la réalité du soutien.’’
Et à partir de là ?
‘‘A partir d’un groupe facebook, j’ai lancé une ‘‘opération’’ de collecte sur le principe que chacun regarde chez soi et demande à ses amis et à sa famille des vêtements, des jouets, des chaussures,… cinq jours plus tard. En 24 heures à peine, ça a eu un succès de malade. Les voitures se succédaient, j’ai passé mon temps à mettre en contact des gens qui avaient des voitures avec d’autres qui n’en avaient pas pour ramener les dons. Au centre d’accueil d’Ans, ils n’en revenaient pas quand je leur ai dit ‘‘oui, oui, on va arriver, avec plusieurs dizaines de voitures’’. Il n’y a pas eu assez de place là-bas, il a fallu se rabattre sur le centre Jeunes de Jupille.
‘‘Par la suite, il y a eu une page facebook ‘‘Refugees Welcome to Liège’’, qui a reçu des dizaines de propositions de bénévoles ou pour organiser des animations pour les enfants aux centres d’accueil, pour réparer des vélos, rafistoler des vêtements,… Le 11 octobre, il y aura la ‘‘Welcome Fest 4 Ref’’, une soirée bénéfit où de nombreux groupes liégeois ont accepté de venir jouer gratuitement. Et ce n’est encore qu’un aperçu de ce qui s’est passé, dans une seule ville.’’
A quand situes-tu le début de cet élan solidaire ?
‘‘Avant la photo du petit Aylan, selon moi. Il y a eu cette première page immonde de la DH ‘‘Les Belges ne veulent pas des migrants !’’ sur base d’un ‘‘sondage exclusif’’. Les gens se sont dit ‘‘on ne va pas laisser dire ça’’. Il fallait contrer les discours et commentaires racistes. La solidarité concrète a su remettre ces propos dans leurs justes proportions. Et puis il y a eu l’attitude des autorités, qui ont démontré leur incapacité de faire face à l’urgence. Leurs réactions étaient pleines de mauvaise foi, noyées dans le cynisme. Elles sont dépassées par la solidarité de la population.’’
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[INTERVIEW] "Les réfugiés d’aujourd’hui sont les sans-papiers de demain!"
Depuis la crise humanitaire des réfugiés, l’Union Européenne a tenté d’y faire face avec un système de quotas et en durcissant l’accueil des réfugiés économiques. Nous en avons discuté avec Saïd, membre actif de la coordination bruxelloise des sans-papiers.Propos recueillis par Pietro (Bruxelles) pour l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Que penses-tu de l’approche de l’UE ?
‘‘L’Union Européenne essaye de résoudre des problèmes qu’elle-même a créés ! Ces sont les politiques impérialistes et les interventions militaires des puissances occidentales qui ont déstabilisé la région. Les quotas sont un moyen pour l’élite européenne de classer les gens. Cette stratégie vise à diviser les migrants entre les ‘‘bons’’ et les ‘‘mauvais’’ afin de pouvoir exploiter au maximum les réfugiés. L’exemple de l’Allemagne est très parlant : des réfugiés y travaillent déjà pour un euro de l’heure. C’est ce dont a besoin la classe dominante: de la main d’œuvre moins chère.’’
Que penses-tu des propos de la N-VA ?
‘‘Les propositions de la N-VA figuraient déjà auparavant dans les tracts du Vlams Belang, ils sont maintenant relayés par un parti de la majorité fédérale. La N-VA, pour ne pas perdre d’électeurs sur sa droite, lorgne vers les propos de l’extrême droite. Statuts spéciaux, déni d’accès au CPAS, dégressivité des allocations : ce sont des moyens de diviser les immigrés et de les rendre plus exploitables au bénéfice du patronat.’’
La coordination des sans-papiers a de suite décidé de tisser des liens avec les réfugiés ? Pourquoi ?
‘‘Tout d’abord pour dénoncer le gouvernement Michel qui n’a pas pris ses responsabilités concernant l’accueil des demandeurs d’asile. Des conventions internationales obligent la Belgique à organiser un accueil digne de ce nom pour les demandeurs d’asile. Pour appliquer l’austérité, les traités européens sont respectés à la lettre. Mais sur cette question, les autorités n’ont rien fait. Le gouvernement venait aussi de sabrer dans le financement public de l’accueil. C’est scandaleux ! Ce n’est pas une crise simplement humanitaire, elle est aussi budgétaire ! Les politiques d’austérité touchent toutes les couches faibles de la société, et parmi elles les migrants !
‘‘Nous savons aussi qu’environ 40% des demandeurs d’asile se verront refuser leur droit à l’asile. Que feront-ils ? Ils deviendront sans-papiers. Les réfugiés d’aujourd’hui sont les sans-papiers de demain ! Et pour les sans-papiers, il n’y a pas de plans B, il n’y a que l’exploitation. C’est pourquoi nous exigeons ça que la régularisation c’est la seule possibilité !’’
Qu’avez-vous concrètement fait pour tisser ces liens de solidarité avec les réfugiés du campement au Parc Maximilien ?
‘‘Nous avons essayé de les aider comme on pouvait : en organisant une cuisine mobile avec le collectif des sans-papiers collectactive, en proposant des films, de la musique et même une Radio. Nous avons aussi organisé des assemblées. Il nous paraissait fondamental de politiser le débat et de discuter avec les réfugiés de comment lutter pour nos droits ! Une démarche humanitaire est bien sûr nécessaire dans un premier temps mais sans perspective politiques, le mouvement n’a pas d’avenir ! Nous avons besoin d’une véritable stratégie pour nous lier au mouvement des travailleurs et créer des alliances avec les couches larges de la société pour aboutir à la régularisation.’’
Vous avez prévus une manifestation nationale le 25 octobre.
‘‘Oui, effectivement, nous bâterons le pavé ce jour-là, tous ensemble, sans-papiers, réfugiés, travailleurs avec ou sans papiers, avec ou sans emploi ! Nous devons être unis, avec les travailleurs, et ne pas nous laisser diviser par ce gouvernement. Bien sûr, notre revendication principale sera la régularisation, mais nous ne nous arrêterons pas là : il faut nous battre pour des logements pour tous, pour des emplois convenables, pour un accès digne aux soins de santé, etc. C’est pour ça que la coordination sera à côté du mouvement des travailleurs et des syndicats le 7 octobre ! Tous ensemble, nous pourrons chasser ce gouvernement et sortir des politiques d’austérité !’’
Manifestation ce dimanche 25 octobre, à 15h, Gare du Midi (Place Bara) à Bruxelles
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Liège : ‘‘Nous ne sommes pas dangereux, nous sommes en danger!’’
Ce 22 août 2015 diverses associations avaient répondu à l’appel de la Voix des Sans-Papiers de Liège au côté de nombreux manifestants : le CPCR, à l’initiative de la marche avec le Comité de soutien aux sans-papiers de Liège, le CRACPE (Comité de Résistance Aux Centres Pour Étrangers), le Comité de quartier de Sclessin, la FGTB, les JOC (Jeunes Organisés et Combattifs), le CADTM (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde, la LCR, Ecolo, le PTB, EGA (Étudiants de Gauche Actifs, organisation de jeunesse du PSL) et le PSL.Rapport et photos : Cathy (Liège)
C’est sous le slogan « nous ne sommes pas dangereux, nous sommes en danger » que quelque 350 Liégeois ont entamé dans une ambiance sereine quoique combative la Marche de Soutien à la Voix des Sans-Papiers de Liège, relayant le Centre Culturel Poly-Résistances à l’occupation des anciens locaux de l’ONE de Sclessin.
En effet, il y a 3 mois maintenant que la Voix des Sans-Papiers a décidé d’occuper les anciens locaux de l’ONE à Sclessin, dans la région liégeoise. Au départ, ils ne voulaient pas attirer l’attention : « Nous avons toujours intérêt à nous faire discrets », nous explique Sana. Mais, devant les actions de plus en plus dures et agressives de l’Europe-Forteresse, relayées en Belgique par le Secrétaire d’État à la Migration, Théo Francken (N-VA), et pour enfin se donner une chance de faire entendre leur voix, ils ont décidé de s’installer dans les locaux.
Ces derniers sont donc devenus le seul refuge de 54 personnes, dont 19 enfants et 9 femmes.
Nadine, membre du Collectif des femmes de la Voix des Sans-papiers, s’indigne : « Où est la reconnaissance de l’Europe ? Que dit-elle aux femmes et aux enfants qui vivent dans des conditions inhumaines ? Si nous sommes expulsées, nombre de mes sœurs seront violées devant leurs enfants et leurs mari, comme c’est le cas au Congo depuis des années, et c’est vers cela que l’on nous renvoit ? » Et de citer avec émotion les actes engagés du Docteur Denis Mukwege (1), le Docteur qui répare les femmes, Prix Nobel de la Paix en 2014 et qui s’indignait devant le Parlement Européen à Strasbourg, lui remettant le Prix Sakharov : « Comment me taire? Quand nous savons que ces crimes contre l’humanité sont planifiés avec un mobile bassement économique. » Car c’est de cela qu’il s’agit : le toujours plus de profit du capitalisme.Combien de pays, appelés « pays du tiers-monde », ne se sont-ils pas fait piller par les puissances impérialistes et poussés à s’endetter par le FMI et contraints de rembourser des intérêts monumentaux pour des sommes dont le peuple n’a jamais profité ? Combien de paysans, d’agriculteurs, travaillent comme des esclaves dans leur propre pays pour une production dont ils ne verront jamais la couleur ? Combien d’hommes, de femmes et d’enfants se voient contraints de quitter leur pays en guerre ?
Et quelle est la réponse hypocrite de notre gouvernement ? « Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde », « il faut gérer l’afflux de ces criminels », etc. Il tente de nous dresser les uns contre les autres et les medias relaient une information toujours plus crapuleuse.
Prenons un simple exemple. Un hebdomadaire lu par des milliers de personnes titre : « 60 % des belges trouvent qu’il y a trop d’immigrés dans le pays » (2). Lorsqu’on regarde l’article de plus près, il s’agit d’un sondage réalisé sur l’avis de…500 belges et l’auteur en tire de nombreuses conclusions hasardeuses qu’il généralise à tout un pays. N’est-ce pas de la manipulation ?
Contre ces tentatives de division du système capitaliste, toujours plus agressives, nous devons opposer une lutte et un combat unitaire : travailleurs, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers, hommes, femmes, minorités oppressées,… nous sommes tous des victimes de l’austérité. Nous avons tous droit au logement, à l’éducation, aux soins,… A la dignité.
EGA et le PSL vous invitent à participer en masse l’action qui se déroulera le 15 septembre à Bruxelles contre le meeting raciste du Vlaams Belang et la venue de Marine Le Pen ainsi qu’à la Manifestation du 07 octobre en front commun syndical.
No Pasaran !
(1) www.panzihospital.org/about/dr-denis_mukwege
(2) Edition Le soir du 11,08,2015
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[PHOTOS] Marche de soutien à La Voix des Sans-Papiers de Liège.
Ce samedi 22 août, environ 350 personnes ont participé à une manifestation exigeant la régularisation des sans-papiers et dénonçant la politique migratoire raciste existant en Belgique et plus largement dans l’Europe-Forteresse. Il s’agissait aussi de soutenir l’occupation d’un ancien bâtiment de l’ONE à Sclessin organisée par la Voix des Sans-Papiers de Liège.Photos : Yana (Liège)
Le texte du Comité de soutien, activement distribué durant le mois d’août en rue par les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) entre autres, expliquait : ‘‘En 2014, plus de trois milliers de personnes ont perdu la vie au large des côtes européennes, car l’Union Européenne a rendu quasi impossible un accès et un séjour légal pour les migrants. Ceux-ci fuient pourtant des réalités insoutenables qui sont les guerres, les dictatures, les persécutions, l’absence de droits économiques et sociaux,… (…) Nous refusons les politiques qui génèrent l’exclusion sociale! Les migrants ne sont pas les seules victimes des diktats de l’Union Européenne, comme l’actualité nous le montre encore, avec l’exemple du peuple grec. En Belgique aussi l’austérité fait des victimes, et celles-ci perdent leurs acquis sociaux : exclusions du droit aux allocations de chômage et d’insertion, coupes dans tous les budgets sociaux, attaques contre les pensions… Le nombre de « sans » s’amplifie chaque jour : sans emploi, sans logement, sans revenus… qui rejoignent les sans-papiers dans la précarité.’’ Il s’agit d’une approche éminemment correcte, notre seule chance de parvenir à arracher la victoire est de lutter ensemble !
La seule issue de sortie réaliste de la crise des réfugiés est une lutte unitaire de tous les travailleurs, indépendamment de leurs origines, genres ou encore orientations sexuelles, pour arracher les leviers de l’économie des mains de l’élite capitaliste. Il sera ainsi possible de disposer des moyens nécessaires pour mettre fin aux guerres, à la misère, à la destruction de l’environnement,… Seule l’instauration d’une nouvelle société, une société socialiste démocratique, sera de nature à voir naître un monde où la liberté de circulation sera réelle et débarrassée de la logique d’exploitation.
Solidarité avec les sans-papiers ! Le problème c’est le banquier, pas l’immigré ! C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes !




