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  • [INTERVIEW] Les politiques migratoires européennes et la situation en Italie

    Interview de Marco Verruggio, porte-parole de ControCorrente, section italienne du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    Cette interview a été réalisée par Pietro (Bruxelles) dans le cadre de l'édition 2015 de l'école d'été du CIO.

    Marco, quelle est la situation sur les côtes en Italie?

    CC_cio_2015Tous le monde se rappelle du naufrage d’un bateau de migrants en mer Méditerranée. La mort de 800 à 900 migrants dans un seul naufrage a braqué les projecteurs du monde entier sur la tragédie humanitaire de dimension incalculable qui se déroule à quelques kilomètres des côtes européennes. C’était il y a quelques mois en mer Méditerranée. Pourtant, malgré son caractère apocalyptique, ce massacre n’a rien d’extraordinaire. Il n’était que le dernier d’une longue série de tragédies annoncées auxquelles sont confrontés des milliers de personnes tous les jours. Pour la plupart, il s’agit de jeunes d’Afrique sub-saharienne et du Moyen-Orient qui tentent de fuir la guerre et la dévastation créée par le capitalisme.

    Le caractère «ordinaire» de ces tragédies est démontré par ces données: en 2014, il y avait déjà plus de 3.000 noyés. La mer Méditerranée est, selon une étude de l’Organisation des Nations Unies, la «route» la plus meurtrière au monde.

    Ces numéros sans humanité qui cachent tant de vies perdues, des vies de jeunes issus de pays ravagés par la pauvreté et la guerre, démontrent la brutalité du système capitaliste.

    Le massacre du 18 avril restera dans l’histoire comme un massacre prédit. Un massacre planifié et prévisible.

    Et en Libye?

    La destruction du régime de Kadhafi suite à l’intervention militaire de la France et de l’Angleterre, soutenue par Napolitano, le président de la république italienne de l’époque, a détruit l’intégrité territoriale de l’Etat libyen.

    L’appareil d’Etat libyen n’existe plus. A sa place, il existe des entités politiques qui se ne reconnaissent pas, dans un contexte caractérisé par l’existence d’une mosaïque complexe de clans et de tribus où sont également actifs des groupes de djihadistes.

    La côte libyenne est remplie d’immenses camps de prisonniers qui recueillent des dizaines de milliers de Nigérians, d’Ethiopiens, d’Erythréens, de Somaliens, de Ghanéens et de Soudanais qui vivent dans la pauvreté absolue et en semi-esclavage. Ils sont traités comme une monnaie d’échange pour les profits lucratifs de passeurs.

    Ces êtres humaines sont contraints de payer des milliers d’euros pour un voyage vers l’Europe et, dans les mains de ces trafiquants, ils sont utilisés pour le profit des oligarchies locales. Voilà pourquoi les départs à partir de la Libye ont augmenté et vont augmenter dans les prochains mois.

    Selon les estimations faites par les ONG actives dans le territoire libyen, dans le pays, il y aurait plus de 1 million de réfugiés prêts à tout faire pour atteindre le continent européen à travers l’Italie.

    Quelle est la réaction du monde politique et de l’opinion publique en Italie ?

    Ces tragédies ont ébranlé la conscience de millions de personnes à travers le monde et surtout de millions de citoyens italiens vivant tout juste de l’autre côté de la mer Méditerranée. Mais, d’autre part, il y existe un espace pour les idées réactionnaires de la Ligue du Nord qui instrumentalise ces tragédies vers une rhétorique anti-immigrés.

    Comme prévu, tous les dirigeants politiques de Salvini jusqu’à Vendola ont profité de l’occasion «gourmande» pour faire parler d’eux en proposant des lectures et des solutions les plus improbables. Considérez les mots du secrétaire de la Ligue du Nord, qui a suggéré de laisser couler les bateaux en mer! Une idée révoltante qui exprime uniquement la misère humaine de ceux qui les prononcent.

    Mais au même temps, il ne faut pas tomber dans une rhétorique moraliste sans cacher les vrais responsables de ces tragédies. Les partis au gouvernement et la plupart de l’opposition soutiennent depuis des années la politique internationale de l’UE, y compris le bombardement de la Libye en 2011 qui a contribué à cette situation.

    Le vide laissé à gauche laisse croître les idées racistes au sein de la société italienne, déjà affaiblie par des années des crise économique.

    Ces derniers semaines, on a assisté à une explosion de rage anti-immigré dans des quartiers populaires de Rome et de Treviso. Les gens étaient en fait instrumentalisés par des groups d’extrême droite comme Casa Pound et Forza Nuova. De plus, les coopératives « rouges » ou contrôlées par la Mafia font d’énormes profits en gérant les appels d’offres des communes pour l’accueil des immigrés.

    Quel fut l’impact de l’opération Mare Nostrum et de l’agence Frontex?

    Le naufrage d’un navire libyen le 3 octobre 2013, à quelques kilomètres du port de Lampedusa, a conduit à la mort de 366 personnes, ce qui avait provoqué une vague de controverse et de pressions politiques nationales et internationales, ce qui a incité le gouvernement dirigé par Enrico Letta à prendre des mesures pour prévenir la récurrence d’événements similaires.

    Sous la pression de l’opinion publique, du Vatican et des secteurs de l’Union européenne, le gouvernement Letta a décidé de lancer l’opération Mare Nostrum le 14 octobre 2013. L’objectif principal était d’ordre humanitaire et le sauvetage en mer de migrants. Au cours d’un an environ, Mare Nostrum a permis 558 interventions et le sauvetage en mer de plus de 100 milliers de migrants.

    Malgré son succès, l’opération a été annulée à cause des nombreuses coupes dans les dépenses publiques et a été remplacée par Frontex, qui inclut le contrôle des frontières et une limitation de sauvetage en mer.

    Quelle est la position de ControCorrente?

    Pour prévenir de nouvelles catastrophes il y un besoin vital de rétablir immédiatement une opération de sauvetage international en mer dans les eaux internationales et, si nécessaire, dans les eaux nationales de Libye.

    L’aide doit être garantie à tout être humain. Toute considération de la politique sur l’immigration ne peut pas ignorer cela. La bourgeoisie italienne n’est pas prête à payer la totalité des coûts résultant de la réintroduction d’une opération telle que Mare Nostrum et demande le soutien de l’UE. D’autre part, il est clair que ces coûts ne peuvent pas être compensés par de nouvelles coupes dans les dépenses sociales et via l’augmentation des taxes sur les travailleurs et la classe moyenne italiens. Il faut éviter de semer la division entre les travailleurs et les migrants. Mais il est clair que le caractère de classe de l’Union européenne ne peut persister que si elle exige des sacrifices et plus d’austérité, comme en Grèce.

    Toutes les solutions des politiciens italiens et européens – le soutien au gouvernement «légitime» de Tobrouk, l’envoi d’une force de maintien de la paix en Libye, le blocus naval de la Méditerranée, l’ouverture les centres de tri sur le sol libyen, le naufrage des barges avec la couverture de l’ONU – ont une viabilité douteuse, qui prouve l’impossibilité totale pour les politiciens européens à affronter les grands défis de notre temps.

    La rhétorique vide de la politique au cours des dernières années se confronte à la solidarité spontanée des résidents désintéressés à Lampedusa, Palerme et Catane. C’est la meilleure réponse à ceux qui, parmi les nombreux membres de la caste politique, exploitent cyniquement ces événements en profitant honteusement des tragédies. Mais la solidarité et la générosité des citoyens italiens ne sont pas suffisantes pour prévenir ces tragédies. Il faut changer de système.

    En conclusion: il y a un problème immédiat qui est de ne pas laisser des milliers de personnes mourir, et cela doit être résolu par la mobilisation de tous les moyens disponibles.

    Mais dans le cadre de l’économie capitaliste, de la spéculation sur le prix des matières premières, de la misère et de conflits alimentés par l’impérialisme occidental (y compris italien), le phénomène de l’immigration de masse est inévitable et généralisée. Puisque vous ne pouvez pas encercler de barbelés l’Europe, la solution au problème doit être politique.

    Seule une société libre de la pauvreté, de l’exploitation du travail et de la guerre sera en mesure de garantir à chaque être humain la liberté de choisir entre vivre avec dignité dans son propre pays et passer à un autre pays sans que personne n’ait à craindre les conséquences de ce choix.

    C’est ce que nous appelons une société socialiste. Un premier pas dans la direction de cette société serait une politique claire qui en finirait avec les pratiques qui utilisent notre argent pour financer des transactions louches dans l’ombre des coopératives qui traitent avec les immigrants et avec la «coopération internationale» et le financement d’expéditions militaires à l’étranger en favorisant l’explosion de la migration de masse.

  • Liège. Marche en soutien à La Voix des Sans Papiers.

    voixSPDépart le samedi 22 août, à 13h30 du CPCR, 11 en Jonruelle à 4000 Liège, vers l’occupation à Sclessin de La Voix des Sans Papiers.

    A l’initiative du CPCR, de La Voix des Sans Papiers, du Comité de soutien aux sans papiers de Liège

    => Evénement facebook

    Contre toutes les formes d’exclusion, pour le droit de vivre dans la dignité et en sécurité. « Nous ne sommes pas dangereux, nous sommes en danger ! »

    Parce que nous ne soutenons pas les politiques inhumaines en termes de migration de notre gouvernement et de l’Europe-forteresse. En 2014, plus de trois milliers de personnes ont perdu la vie au large des côtes européennes, car l’Union Européenne a rendu quasi impossible un accès et un séjour légal pour les migrants. Ceux-ci fuient pourtant des réalités insoutenables qui sont les guerres, les dictatures, les persécutions, l’absence de droits économiques et sociaux…

    Parce nous soutenons les initiatives qui osent défier ces politiques froides! Parce que cela concerne des hommes et des femmes, des enfants, avec une histoire, un parcours de vie!

    Parce que nous refusons les politiques qui génèrent l’exclusion sociale! Les migrants ne sont pas les seules victimes des diktats de l’Union Européenne, comme l’actualité nous le montre encore, avec l’exemple du peuple grec. En Belgique aussi l’austérité fait des victimes, et celles-ci perdent leurs acquis sociaux : exclusions du droit aux allocations de chômage et d’insertion, coupes dans tous les budgets sociaux, attaques contre les pensions… Le nombre de « sans » s’amplifie chaque jour : sans emploi, sans logement, sans revenus… qui rejoignent les sans papiers dans la précarité.

    Nous vous appelons :
    – à nous rassembler, toutes et tous, avec et sans papiers, pour soutenir cette action d’occupation d’un bâtiment public, alternative concrète face à la précarité
    – à rejoindre le combat des sans papiers pour la régularisation de leur séjour, étape essentielle dans le combat pour l’égalité des droits
    – à lutter ensemble contre toutes les formes d’exclusion !

    A Sclessin, ce sont 45 hommes, femmes et enfants, qui occupent un ancien bâtiment de l’ONE, situé rue Veine Sothuy, à côté de la Résidence Fraternité. Ils attendent chaque jour votre visite solidaire !

    &, à 18h00, au CPCR

    Rencontre avec La Voix des Sans-Papiers de Liège et de Bruxelles, le Comité de Soutien à la Voix des Sans-Papiers de Liège, le CRACPE et Comune del Belgio sur l’occupation à Sclessin par la Voix des Sans-Papiers de Liège

    Depuis quelques mois, la Voix des Sans Papiers de Liège a ouvert une occupation à Sclessin. Ce n’est pas la première occupation par des personnes sans-papiers à Liège. Il y en a aussi pour le moment à Bruxelles.

    L’objectif de cette soirée est de discuter autour de la démarche d’occuper des lieux comme positionnement politique, mais aussi de comprendre en quoi cela pourrait contribuer à une régularisation des situations des personnes sans-papiers sur le territoire belge. Il est donc important de mettre cette lutte en parallèle à celles du passé ou à celles de Bruxelles, afin de comprendre ce qui a fonctionné, moins bien fonctionné et aussi de mobiliser des forces et du soutien pour cette occupation.

  • Liège. Manifestation devant le conseil communal en soutien aux sans-papiers de Sclessin

    conseil_communal_SP_liege_01Une cinquantaine d’activistes se sont rassemblés sur la place du marché ce lundi 22 juin, bravant la pluie, pour obtenir du conseil communal de Liège une prise de position favorable à l’occupation d’un bâtiment inutilisé de l’ONE actuellement occupé par des militants et des familles sans-papiers. Parmi eux, des militants du collectif “La voix des sans-papiers”, du CRACPE, des Jeunes FGTB, du PTB et du PSL. Bien que la publicité du conseil communal soit garantie par la constitution, la police a refusé l’accès à l’hôtel de ville aux manifestants, concédant à quelques militants seulement le droit de distribuer un tract aux conseillers communaux afin de les sensibiliser à la situation de sans-papiers.

    conseil_communal_SP_liege_03Une motion a été présentée au conseil communal sur une initiative d’Ecolo, recevant l’appui du PTB et de Vega. Cette motion vise à appuyer l’occupation, à fournir un accès à l’eau et à l’électricité aux habitants et à garantir que la police ne procèdera à aucune expulsion. Si on peut se réjouir qu’une motion ait été introduite en ce sens, sa faiblesse réside il nous semble dans la proposition d’autoriser les sans-papiers à sensibiliser le voisinage, ce qui est un droit fondamental qui ne saurait être l’objet d’une autorisation quelconque sans risquer un précédent dangereux.

    conseil_communal_SP_liege_04D’après les militants du CRACPE avec qui nous avons discuté, le bourgmestre PS Willy Demeyer, a consenti à la présentation de cette motion mais a refusé qu’elle soit votée, repoussant le débat à la prochaine séance du conseil communal.

    Quoi qu’il en soit, et quel que soit le résultat du vote sur cette motion, l’occupation ne saurait se passer de la solidarité active et de l’appui des riverains et activistes du comité de soutien. L’auto-organisation des sans-papiers de Sclessin est exemplaire. Ils s’emploient depuis leur arrivée à nouer des liens avec le voisinage et à expliquer leur démarche. Mais il est nécessaire d’organiser la sympathie et le potentiel de solidarité grandissant que leur initiative suscite.

    Une réunion ouverte à toute personne qui souhaite s’impliquer se tient sur le lieu de l’occupation ce mercredi 24 juin à 18h00 qui sera sans doute l’occasion pour le collectif et ses soutiens de définir la teneur des prochaines actions.

  • Liège : Solidarité avec l'occupation des sans-papiers de Sclessin

    Manifestation nationale des sans-papiers, 3 mai 2015. Photo : PPICS

    La Voix des Sans Papiers de Liège a annoncé l’ouverture, par des sans-papiers, d’une nouvelle occupation à Liège, dans l’ancien bâtiment de la consultation de l’ONE à Sclessin, Rue de la Veine Sothuy 4000 Sclessin, (accessible par la rue Méaroulle).

    Cette action rejoint celles menées par plusieurs groupes à Bruxelles dénonçant l’attitude de l’actuel gouvernement qui mène une politique extrêmement restrictive en matière d’asile et d’immigration, et pro-active en matière d’enfermement et d’expulsions !

    En fait, depuis la régularisation, partielle, de 2009, les titres de séjour en Belgique ont été attribués au compte –gouttes, quelles que soient les situations des demandeurs…

    COMMUNIQUE DE PRESSE de la Voix des Sans Papiers

    Aux autorités communales de Liège, au gouvernement fédéral, à la population,

    Par la présente, nous, la Voix des Sans Papiers de Liège, et tous nos soutiens, avec et sans papiers, vous informons que nous procédons à une occupation de bâtiment qui a démarré ce samedi 6 juin 2015 matin pour les raisons suivantes:

    Nous sommes des humains comme tous les autres ; nous avons droit à la vie ; nous n’avons pas voulu cette situation. Elle nous arrive à nous, elle peut arriver à chacun, pourquoi pas à vous ?

    Voilà pourquoi nous réclamons :

    • la régularisation des sans-papiers
    • la fermeture des centres fermés
    • l’arrêt immédiat des expulsions
    • la liberté de circulation
    • l’arrêt de la criminalisation des sans papiers
    • l’arrêt du racisme d’Etat

    Nous souhaitons être utiles par nos savoir- faire et pouvoir vivre dans la dignité !

    La Voix des Sans Papiers de Liège, appuyée par le Comité de soutien aux sans papiers de Liège

    Contacts :

    Voix des Sans Papiers de Liège : Ousmane Sana 0466 21 62 51 et Mamadou Guisset 0499 81 68 37
    Comité de soutien : France Arets 0497 54 24 33

    Rassemblement de solidarité

    Ce lundi 22 juin, la Voix des Sans Papiers de Liège et le Comité de soutien appellent à un rassemblement dès 17H30 Place du Marché à Liège, le jour du Conseil Communal, afin de sensibiliser les conseillers communaux et de demander le soutien des autorités communales liégeoises à l’occupation. Les organisateurs visent aussi à leur demander d’intervenir au sein de leurs partis respectifs sur la question de l’urgence de la régularisation des sans-papiers.

     

     

  • Un Kazakh n’est pas l’autre…

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    Lors de la manifestation des sans-papiers du 3 mai, nous avons rencontré Yalkun (nom d’emprunt), un jeune homme aux pieds bien sur terre. Son père était politiquement actif dans la région frontalière entre le Kazakhstan et le Xinjiang. Étant poursuivis, lui et sa famille ont dû fuir. Alors qu’il est un fait établi que les membres de la minorité ouïghoure à laquelle Yalkun et sa famille appartiennent sont persécutés, le gouvernement belge a refusé de leur donner asile.

    Par Liesbeth et Geert, article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    À contrario, un autre Kazakh, le milliardaire Patokh Chodiev, est, lui, devenu belge en un rien de temps en 1997, notamment grâce à son ami libéral Serge Kubla. Alors que Yalkun et sa famille ont été persécutés par un régime corrompu et répressif, Chodiev a par contre été poursuivi dans notre pays pour corruption. Mais Chodiev a racheté ce procès en Belgique, il a été le premier à faire usage de la loi permettant de payer une indemnité pour se libérer de poursuites judiciaires. Le président du Sénat Armand De Decker (MR), étant l’un de ses avocats, aucun problème ne s’est posé. La famille ouïghoure est, par contre, menacée d’expulsion. Il leur a même été signifié que les preuves apportées à leur dossier sont discutables en raison de la corruption généralisée au Kazakhstan…

    Les Ouïghours constituent un peuple opprimé essentiellement issu de la région chinoise du Xinjiang. Leur oppression a fait irruption sur l’arène internationale suite au soulèvement qui a pris place au Xinjiang en 2009 et à la répression brutale du régime chinois. De nombreux Ouïghours ont depuis fui, entre autres au Kazakhstan, ce qui a notamment eu pour conséquence d’y renforcer la discrimination déjà existante à leur encontre. La dictature kazakhe partage avec la Chine l’idée selon laquelle les Ouïghours en lutte pour leurs droits ne sont qu’un ramassis de djihadistes et de terroristes fondamentalistes. Les liens économiques entretenus avec la Chine pèsent lourd dans cette approche commune.

    Les Ouïghours n’ont aucune chance de gravir l’échelle sociale au Kazakhstan. En 2001 déjà, l’expulsion de 33 Ouïghours kazakhs de notre pays avait déclenché des actions de protestations. Depuis lors, la situation n’a fait qu’empirer, surtout après le soulèvement de 2009, dans un contexte de dictature où la liberté d’expression ou d’organisation est inexistante. Des militants pour les Droits de l’Homme tels que Vadim Kurashim – un membre du Mouvement Socialiste au Kazakhstan – sont persécutés sans pitié. Le régime du président Nazarbaïev est dénoncé de toutes parts. Tout cela ajouté aux preuves de persécution apportées par la famille de Yalkun a simplement été balayé par l’Office des étrangers.

    Contrairement aux Ouïghours de Chine, ceux du Kazakhstan ont peu de chances de recevoir l’asile dans notre pays. Les problèmes sont pourtant identiques et tout retour éventuel comporte de nombreux dangers. Mais si les autorités belges déroulent le tapis rouge pour de riches fraudeurs, des Ouïghours persécutés et issus du même pays sont menacés d’expulsion et condamnés à l’angoisse et l’incertitude.

    Nous soutenons la régularisation généralisée de tous les sans-papiers. Dans ce cas précis, avec des enfants en âge d’être scolarisés, il s’agit d’une nécessité particulièrement urgente.

  • Liège : Une occupation de sans-papiers à Sclessin

    SP_liege_01Depuis ce samedi, plusieurs migrants sans-papiers, dont des familles, occupent un bâtiment de l’ONE laissé vacant à Sclessin. Ils sont aujourd’hui une trentaine. Leur installation a donné lieu à une visite de solidarité de la section liégeoise du PSL qui a aussi été l’occasion d’une interview collective dans la cour du bâtiment occupé.

    Lutte Socialiste : Comment est venu l’idée de vous installer ici ?

    Les occupants : Où aurions-nous été ? C’est plutôt ça la question. Il n’y a pas de structure pour nous accueillir. Il nous fallait un endroit pour nous poser quand ce n’est plus possible de se faire accueillir chez l’un ou l’autre, un endroit qui soit accessible à tous les sans-papiers et qui permette aussi d’accueillir les familles dignement. Nous avons vu les occupations de sans-papiers à Bruxelles et nous nous sommes dit qu’il fallait monter une initiative analogue ici, sur Liège. Nous avons trouvé ce lieu qui ne servait à personne et nous nous y sommes installés.

    Lutte Socialiste : Qui est ce « nous » ? Vous êtes organisés ?

    Les occupants : Oui, nous sommes un groupe de militants qui est organisé sous le nom « la voix des sans-papiers ». Nous avons participé aux initiatives et aux manifestations organisées par la coordination bruxelloise des sans-papiers et nous avons également participé à une marche de sans-papiers à Anvers.

    Lutte Socialiste : Comment c’est passé votre installation ? Quelles sont vos relations avec le voisinage ou les autorités communales ?

    SP_liege_02Les occupants : Avec les gens du quartier, on s’est un peu jaugés au départ. C’est toujours comme ça quand tu arrives quelque part. Maintenant, on a de bons contacts. Les gens du coin sont nombreux à venir nous donner un coup de main et à nous apporter de quoi finaliser notre installation. Il faut dire que nous aussi, on est attentifs à respecter la tranquillité du voisinage. Pour ce qui est des autorités, le CRACPE (collectif de résistance aux centres pour étrangers) a négocié avec la ville la possibilité de rester ici. La police est déjà venue à trois reprises, y compris la police fédérale mais ils ne sont pas intervenus.

    Lutte Socialiste : Qu’attendez-vous de cette occupation ? Quel est votre objectif ?

    Les occupants : Bien sûr, notre objectif à terme, c’est d’être régularisés, d’avoir une situation stable qui permette d’avoir un vrai contrat de travail, un revenu stable …et de cotiser comme tout un chacun. En attendant, tant qu’on ne trouve pas une solution durable pour nous, nous allons rester ici.

    Lutte Socialiste : Cela fait peu de temps que vous êtes installée mais quel soutien avez-vous reçu jusqu’ici ?

    Les occupants : Le CRACPE, comme on l’a dit a été actif dès le début. Beaucoup de gens sont déjà passé, des militants de différentes organisations. Mais on reçoit aussi beaucoup de soutien de la FGTB, notamment les jeunes qui organisent la centralisation de l’aide qu’on veut bien nous apporter.

     

    Au terme de l’interview, la discussion s’est engagée sur la façon d’aider au mieux les occupants et la cause des sans-papiers en général. Au PSL, notre point de vue est que la lutte des sans-papiers pour leur régularisation ne doit pas être séparée des autres luttes sociales et qu’il est fondamental d’organiser la solidarité entre travailleurs avec ou sans papiers pour se renforcer mutuellement.

    Du reste, nous devons rendre clair qu’il existe un lien immédiat entre l’exploitation de travailleurs sans-papiers pour des salaires de misère et la pression à la baisse sur les salaires des travailleurs légaux. Nous avons un adversaire commun : un système économique inique qui est la cause de misère partout dans le monde, de précarité croissante y compris en Belgique et pousse à l’émigration les travailleurs des pays du sud. Ce système est aujourd’hui incarné par le gouvernement Michel qui s’active à détricoter toutes les conquêtes sociales du mouvement des travailleurs et stigmatise particulièrement les migrants et les sans-papiers. Une campagne dans le voisinage de l’occupation pour expliquer la situation des sans-papiers et dénoncer la politique du gouvernement serait un bon pas en cette direction.

    A côté de cette nécessaire solidarité politique, les occupants ont besoin de toute aide matérielle disponible qui peut leur être apportée rue de la Veine Sothuy 4000 Sclessin, (accessible par la rue Méaroulle, près de la résidence Fraternité).

  • Mobilisation antifasciste contre la violence de l'extrême droite

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    Lundi dernier, des néo-nazis du groupuscule francophone “Nation” s’en sont pris à un sans-abri en marge d’une mobilisation de sans-papiers et de militants antifascistes faisant suite à une précédente provocation de l’extrême droite contre les sans-papiers. Ce coup-ci, les néofascistes étaient une quinzaine, parmi lesquels se trouvaient également des dirigeants des groupes néerlandophones Rechts Actueel et Pegida Vlaanderen. C’était bien peu face aux quelques centaines de sans-papiers et de leurs sympathisants. Les fascistes ont ensuite libéré leur frustration sur un sans-abri. Les priorités de l’extrême droite sont claires : alors que ces fachos affirment radicalement résister au capitalisme et à l’establishment, leurs actes sont effectivement radicaux, mais contre les plus faibles dans la société: les sans-abri, les sans-papiers,…

    Rapport de Geert, photos de Liesbeth

    En riposte à cette violence fasciste, un rassemblement et une manifestation ont eu lieu à Bruxelles ce samedi, à partir de la Place du Luxembourg, là où le sans-abri avait été tabassé. Environ 200 personnes étaient présentes, dont une importante délégation de sans-papiers. Parmi les groupes représentés, on trouvait naturellement les JOC – initiateurs du rassemblement – mais aussi des antifascistes autonomes, le PSL et les Etudiants de Gauche Actifs, le PTB et Comac ou encore la LCR. Une manifestation combative s’est ensuite dirigée vers la place Madou, où se trouve le siège du Vlaams Belang. Ce jour-là, les organisateurs du Vlaams Belang étaient au Parlement flamand pour une séance de “ressourcement idéologique” concernant l’identité, une réunion raciste qui avait pris le nom de “colloque” pour s’attirer une certaine aura d’acceptabilité.

    La manifestation antifasciste a démontré une grande détermination. Nous ne pouvons accepter que nos rues soient occupées par des voyous fascistes qui s’en prennent aux plus faibles dans la société, aux victimes du capitalisme. A ces agressions, nous ne répondons pas par la violence, mais par la mobilisation et la résistance active. Il est ainsi possible de marginaliser ces agresseurs d’extrême droite et de les pousser dans une position défensive. Cela a d’ailleurs été confirmé par l’appel lancé sur le site de Nation pour que ses membres restent chez eux durant l’action antifasciste. A chaque nouvel acte de violence fasciste suivront de nouvelles mobilisations antifascistes, nous ne laisserons aucune place à l’extrême droite et à la violence fasciste !

  • Saint-Gilles: 12.000 signatures pour la régularisation de Joël et de sa maman

    20150603_125027En 2010, Joël obtient un visa médical en Belgique. Il contracte une maladie rare : la dysplasie osseuse qui empêche ses os de grandir et ses poumons de se développer. En 2012 lui et sa mère avaient déjà fait l’objet d’une tentative d’expulsion vers le Rwanda par l’Office des Etrangers. Récemment, face à une nouvelle tentative, les élèves, personnel et parents d’élèves de l’école J.J. Michel se sont mobilisés contre ce nouvel ordre de quitter le territoire. Mercredi 3 juin ils étaient présents nombreux devant l’Office des Etrangers pour déposer la pétition rassemblant 12000 signatures.

    Le visa médical, une procédure réduite à presque rien sous DI Rupo.

    Ce durcissement auquel fait face Joël n’est pas isolé. En effet, le gouvernement précédent a drastiquement limité cette possibilité de régularisation pour raison médicale. En règle générale déjà, dans la note du gouvernement Di Rupo était clairement avancé que la limitation des demandes d’asile et des régularisations serait un objectif de la législature. Maggie de Block, alors secrétaire d’Etat à l’asile, avait alors fait preuve d’un zèle exemplaire, battant des records d’expulsion (+40% en 2012 par rapport à 2011).

    Une des mesures pour atteindre ces objectifs a été l’instauration d’un «filtre médical» pour contrôler les demandes de régularisation pour raison de santé. Dans les faits un groupes de médecins contrôle les dossiers (1), une manière en fait de se débarrasser de demandeurs d’asile jugés trop nombreux et indésirables. Des abus du côté de l’Office des Etrangers avaient d’ailleurs fait l’objet d’une mise en garde du Conseil d’Etat (2). Avec ce «filtre médical», les raisons de refuser l’asile se sont assouplies. Par exemple, si un rapport explique que pour telle maladie, 20% des patients ont accès au traitement dans le pays d’origine, alors l’Office des Etrangers estime la demande irrecevable. Ces méthodes lancées sous la législature Di Rupo avec Maggie de Block continuent sous le gouvernement actuel.

    Dans le cas de Joël, les témoignages au rassemblement de mercredi vont dans le sens des dénonciations déjà émises par diverses associations. Ici aussi, il semble que les médecins de l’Office des Etrangers n’ont ni vu Joël, ni pris contact avec les médecins spécialistes qui suivent Joël pour émettre leur avis. De plus ce cas n’est pas isolé. En 2013, 1,36% des demandes pour un visa médical ont obtenu satisfaction (3).

    Politique d’exclusion raciste Vs. solidarité active

    Ce n’est pas la première fois que la solidarité s’illustre à l’école J.J. Michel. En 2009 déjà les parents d’élèves s’étaient mobilisés contre la tentative d’exclusion d’un père d’élèves, Wilfred Barnett (Junior). Ils avaient réussi à suspendre l’ordre de quitter le territoire. Ici aussi l’application froide la loi était incompréhensible : l’administration voulait séparer un père de ses enfants belges. A l’époque le collectif soulignait déjà que : <i>«La mobilisation a été lancée autour de Junior. Toutefois, de nombreuses familles, de nombreuses écoles connaissent cette expérience, au combien violente, de voir un des leurs enfermé et menacé d’expulsion sous prétexte que sa situation administrative n’est pas “adhoc”.»</i>

    Ces exemples de solidarité concrète s’opposent ainsi aux nombreux articles dans les médias traditionnels vantant les mérites des politiques d’immigration dures. Encore aujourd’hui, Maggie de Block, qui a mis en place le «filtre médical», est considérée comme la personnalité politique préférée en Belgique (déjà le cas sous Di Rupo). Cette situation n’est pas anodine, encore aujourd’hui, malgré l’énorme colère que les politiques d’austérité créent, il y a une tendance médiatique à souligner que les politiciens prennent enfin leurs «responsabilités» pour résoudre «les problèmes».

    «Nous voulons que Joël vive comme nous»

    «Il y a trop d’immigrés», «il y a des abus dans les demandes»,… ces campagnes de solidarité à la base, dans les quartiers, dans les écoles comme ici, contrecarrent magnifiquement ces idées. Ce sont des tentatives de semer des divisions alors que nous fréquentons les mêmes écoles, les mêmes quartiers, les mêmes lieux de travail. Les prises de paroles des enfants, les pancartes pour Joël face à l’Office des Etrangers illustrent une manière toute différente de faire de la politique basée sur la solidarité et les besoins, plus que sur des objectifs bureaucratiques… aux nuances racistes non dissimulées.

    Des papiers pour Joël, des papiers pour tous !

    Le 3 mai dernier, la coordination des sans papiers mobilisaient pour une grande manifestation unitaire pour la régularisation de tous les sans papiers. Ce fut également une réussite, 2000 personnes ont manifesté en soutien aux sans papiers. Pour Joël, la visibilité de la campagne de solidarité, les 12000 signatures ont obligé les médias à couvrir l’événement. Comme en 2009, la question que le cas de Joël n’est pas isolé est présente dans la campagne de solidarité. Cette magnifique mobilisation pourrait être le catalyseur pour une campagne généralisée contre les expulsions dans nos écoles. Lions les luttes pour la régularisation des sans papiers.

    Prochainement la coordination des sans papiers marchera sur Wavre, le 13 juin, pour interpeller le premier ministre dans sa commune. Cette campagne pour Joël et sa maman illustre la multitude des cas de refus dont font face les demandeurs d’asile. Ce pourrait être une bonne initiative de relancer une mobilisation sur le modèle du 3 mai avec suffisamment de temps pour grossir les rangs des jeunes et des travailleurs qui veulent illustrer leur solidarité.

    Avec ou sans papiers nous sommes tous des écoliers, nous sommes tous des travailleurs.
    Régularisation pour Joël et sa mère !
    Des papiers pour tous !

    Notes:

    1) Voir à ce sujet le témoignage d’un ancien médecin conseil de l’Office des Etrangers : La régularisation médicale ? « Presque impossible de remettre un avis positif ». Article paru dans le Soir du 30 mai 2014, consultable sur le blog d’Olivier Bailly.

    2) Filtre médical pour les réfugiés: “Trop strict” selon le Conseil d’Etat ; RTBF.

    3) cf La régularisation médicale ? « Presque impossible de remettre un avis positif », déjà cité ci-dessus.

    Photos : Nico M.

  • Solidarité avec les sans-papiers contre les provocations d’extrême droite.

    sp_juin05Ce lundi, la coordination des sans papiers se donnait rendez-vous métro Art-loi pour revendiquer la régularisation de tous les sans-papiers. Au moins 200 personnes étaient présentes à cette action, surtout des militants sans-papiers issus de différents collectifs et lieux d’occupation, rassemblés autour de la coordination des sans-papiers. Des dizaines de militants et de syndicalistes sont également venus soutenir leurs revendications et construire la mobilisation face aux provocations de l’extrême droite du mardi 26 mai.

    Par Nicolas M. (Bruxelles)

    Repoussons les idées réactionnaires par la mobilisation large et solidaire.

    Au même moment, une quinzaine de manifestants d’extrême droite étaient rassemblés place du Luxembourg. Une tentative de se rapprocher du métro Art-loi, puis du suivre les sans-papiers à distance a bien été tentée une fois le rassemblement disloqué, mais aucune confrontation n’a pris place. Le nombre présent à l’action de la coordination sans-papiers est un facteur important pour minimiser les militants néofascistes et casser leur confiance à intervenir ouvertement, à diffuser leurs idées racistes ou encore à provoquer physiquement les militants progressistes.

    A l’appel de la coordination, le vendredi 29 mai prenait place une réunion pour rassembler les différentes énergies qui soutiennent la coordination, ses actions et ses revendications. Ceci a permis de préparer une mobilisation rapide mais efficace vers ce lundi midi. Cette sorte de «coordination des soutiens aux sans-papiers» est une bonne initiative, surtout après le succès de la manifestation du 3 mai dernier.

    13 juin, marche des sans-papiers Bruxelles-Wavre, ville du premier ministre Michel.

    A cette réunion, le projet de la marche sur Wavre a été présenté par la coordination des sans-papiers. Leur projet est de marcher de Bruxelles jusque Wavre le 13 juin afin de rencontrer le premier ministre pour «revendiquer leurs droits de participer au développement économique de la Belgique, leurs droits de séjour et leurs droits de travailler.» Ils ajoutent sur leur matériel de mobilisation : «Le gouvernement Michel n’est pas raciste, c’est juste qu’il n’aime pas : les sans-papiers, les immigrés, les étudiants, les militants, les associations, les syndicats, les chômeurs, les mouvements de soutien,…» Ce slogan illustre la nécessité de lutter de manière unifiée. Face aux provocations des néofascistes, aux mesures racistes, à l’austérité, construisons des mobilisations larges et illustrons que nous voulons construire tous ensemble la résistance contre nos ennemis communs. Tout ce qui nous divise nous affaiblit !

    Vers un nouveau 3 mai ?

    La manifestation du 3 mai était l’initiative qui invitait à concrétiser cela, avec une campagne intensive de plusieurs semaines en amont afin que largement, les militants, activistes, soutiens, syndicalistes, bloquent cette date importante lancée par la coordination. Les militants sans-papiers se sont mobilisés à chaque rendez-vous des syndicats dans la dernière période, lors du plan d’action de fin 2014 ou lors des concentrations place de la Monnaie entre autres.

    Autour des actions hebdomadaires de la coordination, une nouvelle grande date de mobilisation large serait la bienvenue pour continuer à construire sur la lancée du 3 mai.

    En nous donnant le temps de mobiliser, la coordination et l’ensemble de ses soutiens pourraient construire un évènement plus massif. Ceci concrétiserait la solidarité qui existe au sein des jeunes et des travailleurs pour la lutte et les revendications des sans-papiers. Les syndicats parlent d’une nouvelle campagne pour la rentrée de septembre 2015. La lutte pour la régularisation des sans-papiers doit participer à cette lutte généralisée contre le gouvernement et les politiques d’austérité. Une date lancée par la coordination des sans-papiers pour cette période pourrait constituer une étape importante dans la construction d’une telle campagne.

    Lorsque les masses entrent en jeu, comme ce fut le cas en décembre 2014, les idées racistes et les tentatives de diviser la population sont rejetées à l’arrière-plan, la solidarité et l’action collective prennent alors le dessus. C’est une illusion de croire que cette période est refermée. Solidarité avec les sans-papiers! Avec ou sans-papiers, nous sommes tous des travailleurs!

    13 juin rdv 10h sur les marches de la gare du Nord pour le départ vers Wavre

    Page de l’évènement Facebook

  • Bruxelles, un rassemblement de sans papiers attaqué par l'extrême droite

    Photo : Alternative LibertaireLe 3 mai dernier, la coordination des sans papiers organisait à Bruxelles une manifestation nationale et unitaire en soutien à la lutte des sans papiers en Belgique. Après des semaines de campagne intensive, ce fut une réussite, notamment au niveau de l’appel unitaire, liant tous les sans papiers et appelant les jeunes et les travailleurs, les militants, syndicalistes à se joindre massivement à la manifestation. Mais également au niveau du résultat : plusieurs milliers de personnes dans les rues derrière la banderole : « Coordination des sans papiers. Une seule solution : régularisation ».

    Par Nico M. (Bruxelles)

    C’est en fait chaque semaine que les sans papiers organisent des actions aux portes des différents ministères. Cette semaine, le mardi 26, ils se retrouvaient aux portes du parlement européen pour une rencontre avec quelques parlementaires. Les sans papiers rassemblés sur la place du Luxembourg ont alors reçu la visite de Laurent Ozon, militant d’extrême droite français très proche du FN. Il avait d’ailleurs annoncé son intention d’intervenir sur la place du Luxembourg en publiant sur les réseaux sociaux : «Rassemblement citoyen à 13H15 devant la Commission Européenne pour dire non à l’occupation de nos pays par les clandestins». Son Mouvement pour la Remigration qu’il tente de mettre sur pied voulait «perturber l’incroyable manifestation de soutien aux clandestins du mardi 26 mai».

    Laurent Ozon s’est donc invité au milieu des sans papiers accompagné de 5 membres du groupuscule néonazi belge francophone Nation. Entouré de son escorte, Laurent Ozon a fait une surenchère de provocations racistes en direction des sans papiers rassemblés. Protégés par les militants de Nation, il a pu s’échapper pendant que la police encerclait les sans papiers.

    Dans les communiqués de Ozon qui ont suivi, celui-ci se réjouit de la réussite de son action et appelle à la multiplication de ce genre d’initiative. Ce genre de développement est un risque chez tous ces groupes se référant à Aube Dorée en Grèce, tel que Nation chez nous en Belgique.

    Dans ce contexte de crise capitaliste approfondie par les politiques d’austérité, nos conditions de vie sont toujours plus sous pression. Le risque que l’extrême droite instrumentalise alors une partie la colère pour la détourner vers les idées racistes est réel. Cette action de mardi l’illustre. Une campagne comme celle qui a menée à la manifestation unitaire du 3 mai est notre réponse face à ceux qui tentent de nous diviser pour mieux renforcer les capitalistes.

    Ce lundi, comme traditionnellement, la coordination des sans papiers manifestera rue de la Loi. Dans le même temps, et sur la lancée de l’aventure Ozon de mardi, l’extrême droite appelle à un rassemblement Place du Luxembourg, à quelques rues de l’action de la coordination des sans papiers. Mobilisons-nous nombreux pour soutenir les actions des sans papiers, à 11h, métro Art Loi. Répondons en nombre aux intimidations de l’extrême droite.

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