Tag: ROSA

  • Fight for Pride. L’égalité reste à gagner, luttons pour l’imposer !

    Cinquante ans après les émeutes de Stonewall (New York) qui ont déclenché un mouvement pour les droits LGBTQI+, la lutte doit – encore et toujours – être à l’ordre du jour. Les manifestations d’ampleur pour les droits des femmes ce 8 mars, les luttes des jeunes pour le climat, les actions syndicales et le discrédit des partis établis créent un contexte favorable à de nouvelles mobilisations pour les droits LGBTQI+.

    Ce 18 mai, participe à la Pride dans une délégation combative !

    Le slogan “Fight for Pride” n’est pas un retour nostalgique aux années ‘60 et ‘70. C’est une nécessité. L’extrême droite et la droite populiste menacent de faire une percée aux élections européennes. Ils veulent s’attaquer à toutes sortes de droits qui semblaient être “acquis” et rendent les migrants responsables de tous les maux dans la société, également le sexisme et la LGBTQI+phobie ambiants.

    La Pride, un événement essentiellement festif, est importante pour visibiliser les personnes LGBTQI+. C’est aussi un bon moment pour réfléchir à ce qui a vraiment changé, à ce qui n’a pas changé et, plus important encore, à la façon dont nous pouvons tout changer.

    En Belgique, l’égalité juridique existe, de même que des lois contre les discriminations. Mais cela ne suffit pas pour obtenir une réelle égalité. Les agressions et la précarité – dont de nombreuses personnes LGBTQI+ sont victimes – augmentent. En Flandre, 40% des personnes trans ont fait une tentative de suicide et 40% des élèves LGBTQI+ se sentent en danger à l’école. Et les économies réalisées dans l’éducation ne font que dégrader la situation. Dans un contexte d’austérité et de pénuries de logements, d’emplois décents et de services de qualité, les discriminations persisteront, même si la loi les interdit.

    Il nous faut pour tou.te.s:

    • plus de refuges pour personnes LGBTQI+ et toutes personnes qui en ont besoin,
    • un refinancement public des structures de services, d’accueil et d’accompagnement (pour les personnes LGBTQI+ et leur entourage),
    • des investissements publics massifs dans l’enseignement et des cours d’éducation sexuelle (non hétéronormés), où les thématiques de genre et de consentement sont discutées,
    • des campagnes de sensibilisation qui vont au-delà des arcs-en-ciel,
    • des soins de santé et des services publics accessibles et de qualité,
    • des logements sociaux abordables et décents,
    • des emplois décents en suffisance afin de lutter contre la discrimination à l’embauche.

    Rompons avec le capitalisme

    La politique d’austérité doit s’arrêter! Des politiciens traditionnels protègent – avant tout – les intérêts des plus riches au détriment des besoins et du bien-être de la majorité de la population. Leurs politiques d’austérité entretiennent et augmentent les violences et discriminations envers de nombreux groupes dans la société. Pour lutter contre la LGBTQI+phobie, il est également nécessaire de lutter contre toutes les autres formes de discriminations. « Diviser pour mieux régner », voilà leur crédo. « S’unir pour mieux lutter », voilà le nôtre.

    Il est également nécessaire de s’en prendre au système à la base de ces oppressions : le capitalisme. La soif de profits des 1% les plus riches est inconciliable avec la satisfaction des besoins de toutes et tous. Ce n’est qu’en luttant que nous pouvons construire une société fondée sur l’égalité et la solidarité, au sein de laquelle aucun être humain ne puisse en opprimer et en exploiter un autre : une société socialiste démocratique.

    campagneROSA.be – contact@campagneROSA.be – 0474 35 30 36 (Emily)

    Ce 18 mai, participe à la Pride dans une délégation combative !

    • À partir de 12h : Stand de ROSA devant la gare central. Viens discuter avec un de nos membres ou milite avec nous à l’aide de nos tracts et brochures. Participe à financer la campagne ROSA avec de superbes badges, autocollants contre une donation libre !!
    • 14h : On se regroupe pour former notre délégation. Mégaphone, slogans, drapeaux, pancartes, etc. : on s’équipe pour participer à une Pride combative.
    • Vers 14h30: Début de la Parade

     

  • [INTERVIEW] Ici aussi, le 8 mars a largement fait son retour comme journée de lutte !

    Entretien avec Emily Burns, organisatrice nationale de la Campagne ROSA

    Cette Journée internationale de lutte pour les droits des femmes a mobilisé bien plus de monde qu’à l’accoutumée. Il est possible d’aller encore plus loin. Cela exige de soigneusement examiner les revendications que nous voulons défendre mais aussi la manière de le faire. Retour sur cette journée qui a renoué avec ses origines combatives.

    Emily, ce 8 mars, tu étais à Bruxelles, où la manifestation était la plus imposante depuis de nombreuses années.

    Emily.

    ‘‘Nous étions plus de 10.000 personnes! La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) a participé à l’organisation de cette manifestation à l’initiative de la Marche Mondiale des Femmes. Une série d’actions et de manifestations ont aussi eu lieu dans d’autres villes, comme à Liège où une Cycloparade a réuni 1.700 personnes à l’initiative de diverses organisations féministes et des syndicats. La Campagne ROSA a aussi organisé une action à Courtrai et, pour la 3e année consécutive, une manifestation à Gand, à laquelle ont participé environ 800 personnes. Nous avons également tenu un stand au festival féministe organisé à Anvers par le Collecti.e.f 8 maars, de même qu’au village associatif organisé par ce même collectif avant la manifestation de la Marche Mondiale des Femmes.’’

    Selon toi, qu’est-ce qui a changé par rapport aux autres années ?

    ‘‘Les grèves historiques de l’an dernier dans l’Etat espagnol en défense de l’émancipation des femmes – mais aussi en réaction à la politique antisociale du gouvernement – ont eu un effet de contagion. Alors que l’an dernier, la Campagne ROSA était parmi les seules organisations à avoir mis sur pied des marches contre le sexisme et la précarité, à Bruxelles, Liège, Namur, Gand et Anvers, cette année, un appel lancé par un nouveau collectif – le Collecti.e.f 8 maars – a suscité un enthousiasme certain pour partir en grève.

    ‘‘Les syndicats se sont davantage impliqués pour faire vivre cette journée comme une journée de lutte et de revendications. De nombreuses centrales syndicales ont organisé un comité professionnel pour préparer collectivement cette journée. La Campagne ROSA a d’ailleurs été invitée à deux occasions dans ce cadre. Une série de secteurs professionnels majoritairement féminins ont organisé des actions de sensibilisation à l’occasion du 8 mars, soutenues ou non par un préavis de grève.

    ‘‘Par exemple, aux hôpitaux bruxellois Brugmann et Saint-Pierre, une trentaine de travailleuses et travailleurs ont distribué des tracts aux entrées pour sensibiliser les collègues et les patients aux conditions de travail du secteur et à leur lien avec le problème du sexisme. Sans Contrat à Durée Indéterminée et sans une paie qui permette l’indépendance financière, comment être véritablement libre de dénoncer une situation de harcèlement ou encore de quitter son partenaire sans risque de tomber dans une précarité extrême ? Les déléguées et délégués syndicaux des hôpitaux privés bruxellois ont organisé une action similaire, avec un autocollant servant d’outil pour entrer en discussion.

    ‘‘Des arrêts de travail ont aussi eu lieu dans des universités. A Gand, c’est déjà la 3e année consécutive qu’une telle action était organisée à l’Université, sous l’impulsion de chercheuses et chercheurs, avec le soutien de la délégation syndicale qui comporte plusieurs membres de la campagne ROSA. Et lors de la manifestation que nous organisions le soir dans la même ville, aucun membre du collège échevinal n’était présent et ce pour la première fois. Les autorités communales savent que les revendications mises en avant par le personnel et les jeunes remettent directement en cause leurs politiques d’austérité… Nous ne pensons pas que l’objectif des manifestations et des actions est nécessairement de réunir le plus de monde possible : nous voulons avant tout réunir celles et ceux qui veulent lutter contre le sexisme dans les faits, et non uniquement avec des belles paroles tout en appliquant une politique qui impacte plus durement la vie des femmes de l’autre.’’

    Des hommes ont également participé à ces actions et arrêts de travail. Pourquoi la Campagne ROSA souligne-t-elle autant dans son matériel la nécessité de faire appel tant aux femmes qu’aux hommes ?

    ‘‘Lorsque seules les femmes font grève sur leur lieu de travail, ce à quoi une partie du mouvement appelait, cela signifie de facto que les hommes doivent compenser par une augmentation de leur charge de travail. Cela s’est vu dans un supermarché bruxellois ce 8 mars, où les femmes étaient en grève, remplacées par des travailleurs masculins portant un brassard en solidarité. Ce n’est pas ainsi que l’on fait mal au portefeuille des actionnaires ni que l’on concrétise le slogan ‘‘Quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête’’. La division nous affaiblit et ROSA prend cette lutte au sérieux.

    ‘‘Il ne faut pas remonter loin pour voir l’efficacité des luttes menées de manière unie. À Glasgow en Écosse, le personnel municipal des secteurs à bas salaire a mené une grève en octobre. Il est composé à 90% de femmes. Elles ont été rejointes par les hommes d’autres secteurs municipaux dans ce combat, alors payé 3 à 4 £ de plus à l’heure. Grâce à ça, elles ont obtenu une victoire historique : elles vont toucher rétroactivement leur salaire non perçu pour un montant de 567 millions d’euros et vont être augmentées pour une vraie égalité salariale, mais surtout vers un salaire qui leur permette de vivre dignement !’’

    À l’initiative du Collecti.e.f 8 maars, il a beaucoup été question dans la presse de ‘‘grève’’ du travail domestique et des soins aux autres. Qu’en penses-tu ?

    ‘‘Le collecti.e.f 8 maars est parvenu à avoir une grande couverture médiatique de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Grâce à cela, le débat sur les méthodes et les revendications à mettre en avant a débordé le cadre des activistes ‘‘habituelles’’.

    ‘‘Les femmes prennent encore en charge aujourd’hui la majorité des tâches domestiques et, ce, particulièrement après le premier enfant. Cette surcharge de travail est entretenue dans de nombreux domaines de la société, à travers l’enseignement ou encore les jouets, mais c’est surtout le manque de services publics comme les crèches, les aides familiales et maisons de repos pour nos aînés, les services de repassage,… qui nous oblige à prester une deuxième journée de travail, une fois rentrées du boulot. Et c’est encore plus lourd à supporter pour les familles monoparentales.

    ‘‘Nous pouvons revendiquer un meilleur financement public des services publics et du secteur non marchand, et aussi pourquoi pas que des secteurs précaires comme les titres-services deviennent un service public organisé localement avec de bonnes conditions de travail ! Organiser une grève dans ces secteurs serait bien utile. Une ‘‘grève des tâches domestiques’’ le 8 mars, ce n’est pas la même chose. Cela peut mettre en lumière des problèmes, c’est certain. Mais veut-on limiter notre lutte à plus de solidarité dans les familles, entre homme et femme, quand la famille ressemble à ça, ou veut-on construire la solidarité au niveau de l’ensemble de la société ? Nous défendons cette deuxième option.’’

    Qu’est-ce que tu penses de la lettre ouverte écrite par 6 politiciennes belges francophones à faire des droits des femmes une priorité sociétale dans tous les partis et à tous les niveaux de pouvoir ?

    ‘‘Il n’y a rien à en attendre. Le gouvernement MR-NVA avait lui déclaré que ‘‘la meilleure prise en compte du genre dans l’emploi sera la pierre angulaire de ce gouvernement’’. Si des politiciennes veulent réellement mener une politique en faveur des droits des femmes, elles doivent relayer des revendications syndicales telles que le salaire horaire minimum de 14€, la semaine des 30 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, l’individualisation des droits et le relèvement des allocations sociales au-delà du seuil de pauvreté.’’

    Quelle est l’utilité de la campagne ROSA ? N’y a-t-il pas déjà suffisamment d’organisations féministes ?

    ‘‘Les mouvements en faveur de l’émancipation des femmes prennent de l’ampleur à travers le monde. Ces mouvements s’opposent tous au sexisme qui est au cœur de cette société. Mais d’où cela provient-il ? Comment le combattre ? Comment aller au-delà de la dénonciation ? Avec quelles méthodes ? La campagne ROSA veut s’engager ouvertement dans ce débat. Nous ne pensons pas que c’est en taisant les différences que l’on peut renforcer le mouvement.

    ‘‘Notre féminisme est un féminisme qui s’oppose non pas aux hommes mais au système capitaliste. Nous participons activement au développement du mouvement tout en soulignant la nécessité de lier ce combat à la force du mouvement ouvrier. Lui seul est capable de bloquer, par la grève générale, la totalité de la société pour contester le pouvoir économique des capitalistes. Nous pourrons ainsi construire une société sur de nouvelles bases, une fois débarrassée des actionnaires ultra-riches, de l’exploitation et des discriminations. Notre féminisme est un féminisme socialiste.’’

  • 8 mars 2019. Women’s Strike UGent.

    Le Walk-out à l’université de Gand a commencé avec des speechs de profs et travailleurs de l’UGent. Ils ont proposé de nombreuses revendications progressistes.

    Ils exigent des efforts pour construire une université plus inclusive, comme le recteur l’avait promis lors des élections. Ils revendiquent également une diminution de la pression et du stress au travail, tout en offrant des chances égales à tous.

    Ils mentionnent également que la majorité des professeurs sont encore des hommes, alors qu’une majorité de femmes obtiennent leur diplôme à l’UGent. Mais la majorité du personnel de la cafétéria, de l’équipe de nettoyage,… sont encore des femmes et surtout des femmes issues de l’immigration. Ils exigent un salaire minimum décent pour ceux qui réalisent ces travaux essentiels pour l’université. Ils veulent cesser de sous-traiter ces emplois afin de ne pas pousser les gens dans des situations de travail encore plus précaires.

    Selon les organisateurs de cette grève, il faut aussi accorder plus d’attention au racisme, au sexisme, à la phobie LGBTQI+ et aux discriminations vécues par les personnes handicapées. Afin d’avoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ils exigent la semaine de travail de 30 heures comme la nouvelle semaine de travail à temps plein.

    Après les prises de parole des personnes à initiative de la grève, il y a eu un “micro ouvert” qui a offert la parole à qui le souhaitait.

    Elise a notamment parlé de la marche qui devait avoir lieu ce soir-là à Gand et qui a finalement réuni 800 personnes. parlant au nom de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), elle a souligné que la campagne ROSA est anticapitaliste et combat toutes les formes d’oppression et de discrimination. Elle a également parlé de la lutte générale des femmes et de la manière dont leurs droits sont violés partout dans le monde. Mais la résistance renaît, et elle a abordé les mouvements grandissants de lutte pour les droits des femmes. Elle a bien entendu terminé en invitant à participer à la marche contre le sexisme et la précarité au soir en appelant toutes les femmes, tous les hommes et toutes les personnes qui n’entrent pas dans le système binaire à sortir dans les rues ! L’émancipation des femmes est à l’avantage de toutes et tous ! La solidarité doit aussi être mondiale avec tous les opprimés victimes d’un système qui profite du détournement du bien-être de milliards de personnes. Elise a par la suite été interviewée par les médias.

    De nombreuses personnes se sont précipitées sur les badges de la campagne ROSA et un soutien financier de plus de 60 euros a été récolté à cette seule occasion. Cet argent nous sera précieux pour l’impression de tracts et d’affiches à destination de nouvelles actions. Le soir-même, au cours de la marche, l’initiative et l’approche politique défendue par la campagne ROSA a pu compter sur un bel enthousiasme ! Il est clair que la campagne peut compter sur beaucoup de soutien à Gand.

    la dernière oratrice était Nina Power, une féministe bien connue auteure d’un livre sur le sujet. En plus de la Campagne ROSA, différentes organisations ont encore pris la parole : Comac, Students for climate, Tim Joosen (délégué syndical de l’ACOD-Onderwijs), Queer pride, #DurfDenken, et une activiste du spoken word.

  • 8 mars. Bruxelles. Quel enthousiasme, quelle énergie, quel bloc ROSA incroyable !

    Nous étions une dizaine de milliers dans les rues de Bruxelles ce 8 mars 2019 pour la manifestation de la Marche Mondiale des Femmes. Et nous avions un bloc de la Campagne ROSA très dynamique et combatif! Nous avons scandé des slogans tels que « Mon corps, mon choix, pas leur profit », « My body, my choice », « Travail précaire, travail intérimaire, c’est du sexisme qu’en a pas l’air », « Women’s rights are under attack, stand up, fight back » ou encore les légendaires « Stop sexisme, stop racisme, éen strijd, international solidariteit » et « Résistance internationale contre le sexisme et le capital ».

    Nous avons décidé de crier et chanter en français, en néerlandais, en anglais … et nous nous sommes même essayé à l’espagnol. A travers nos slogans, ce sont de réelles revendications que nous défendons. Nous y dénonçons la marchandisation de nos corps, rendue possible par la société capitaliste. Nous y exigeons que les femmes aient le choix d’avorter ou d’avoir des enfants sans tomber dans la pauvreté. Nous voulons de vrais emplois avec de vrais salaires. Nous voulons la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Nous voulons une lutte unifiée des jeunes et des travailleu(r)ses contre le sexisme, et toutes les formes de discrimination. Nous voulons lutter contre le système qui est à la base de ces inégalités et de ces oppressions : le système capitaliste.

    Quelle ambiance combative dans cette manifestation qui marque une étape importante dans la lutte contre le sexisme et la précarité. Nous devons utiliser cette combativité et cet enthousiasme pour organiser la lutte dans les lieux de travail, dans les écoles, dans les universités, dans les quartiers. Nous devons nous unir pour s’opposer à ceux qui s’enrichissent sur l’exploitation du corps des femmes, sur le travail gratuit ou sous-payé fourni par les femmes, … Nous devons nous unir contre ceux qui nous divisent et nous font vivre dans la précarité.

    Ceux qui détiennent la grande majorité des richesses et qui continuent à s’enrichir sur notre dos. Ceux qui n’en ont rien à faire que nous fassions des métiers pénibles, des journées de 10 heures de travail ou plus, des carrières jusqu’à 67 ans pour recevoir une pension de misère, des boulots instables … Les actionnaires, les patrons, les multinationales et, ceux qui les protègent, ces gouvernements qui appliquent l’austérité.

    Rejoignez la campagne ROSA, luttons ensemble, préparons le rapport de force pour gagner des luttes dans les entreprises, les écoles, dans la rue,…. Luttons ensemble pour une autre société, une société socialiste !

    Photos de Liesbeth
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    Photos de Fabian
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    Quelques vidéos :

  • 8 mars. La campagne ROSA au piquet de l’hôpital Brugmann

    La CAMPAGNE ROSA était présente sur le piquet de grève de l’hôpital Brugmann où une trentaine de travailleurs étaient présents. Mais dans un secteur très féminisé, il y avait surtout des femmes grévistes !

    Par Celia (Bruxelles)

    Notamment un groupe d’infirmières des soins intensifs qui mènent une lutte au sein de l’hôpital. Une lutte qui ressemble à celle des brancardiers que vient de mener les travailleurs de Brugmann : des revendications sur des embauches supplémentaires, sur le temps de travail, sur les conditions de travail, etc.

    Nous étions également présents au débat sur les droits des femmes organisées par la Commission Femmes de la CGSP. Débat très intéressant sur les luttes du mouvement ouvrier et les acquis sociaux gagnés, mais également sur tous ceux à gagner ou regagner contre ce système qui nous divise et applique l’austérité. De nombreux secteurs présents, une centaine de participants et un bel enthousiasme pour venir à la manifestation de l’après-midi. Ensuite, nous avons décidé d’aller soutenir le piquet de l’hôpital Saint-Pierre, où également une trentaine de travailleurs étaient présents. Ils distribuaient des tracts avec comme titre « Non au sexisme » et prenaient le temps de discuter avec les patients et les travailleurs qui rentraient et sortaient de l’hôpital. Il s’agissait également d’un moment pour discuter avec tout ceux présents du nombre incroyable de travailleurs intérimaires, du nombre d’heures supplémentaires trop élevé, du harcèlement sexuel au travail, etc.

  • Le 8 mars : une journée de lutte !

    Bruxelles, délégation de la campagne ROSA dans la manifestation de la Marche Mondiale des Femmes.

    La Journée internationale de lutte pour les droits des femmes redevient de plus en plus une journée de lutte. Cette année, il y eut à nouveau des actions, mais encore plus importantes que l’an dernier avec de premières grèves féministes dans un certain nombre d’endroits. La plus importante manifestation fut la manifestation de la Marche Mondiale des Femmes à Bruxelles avec une participation de 10.000 personnes. A l’instar des années précédentes, une autre manifestation a eu lieu à Gand à l’initiative de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) avec plusieurs centaines de personnes. D’autres actions ont également pris place dans le pays, notamment à Liège.

    Manifestation de Gand

    Au cours de cette journée, la campagne ROSA défendu que la lutte contre le sexisme et celle contre l’austérité sont les deux facettes d’une même médaille. Nous estimons essentiel de construire une lutte offensive pour imposer des revendications syndicales comme un salaire horaire minimum de 14€ (2300€ brut / mois) et une pension minimale de 1500€ net / mois ; pour exiger l’individualisation des allocations, de chômage par exemple, avec un montant qui permette de vivre. Est-il normal que tant de femmes dépendent toujours financièrement de leur partenaire en 2019 ?

    Ces revendications ne peuvent être arrachées que par une lutte de masse, femmes et hommes côte-à-côte dans le combat. Un système caractérisé par l’inégalité la plus profonde – le pourcent le plus riche de l’humanité possède autant que les 99% restants – est incapable de garantir une égalité réelle. C’est pourquoi nous devons nous battre pour un changement de système. Nous défendons donc un féminisme socialiste : nous luttons pour une société socialiste où l’économie serait aux mains de la collectivité pour assurer ainsi démocratiquement que la production satisfasse les besoins de chacun et non la seule soif de profit de l’élite capitaliste.

    A Bruxelles, diverses actions ont eu lieu au cours de la journée. La campagne ROSA a pu prendre la parole lors du piquet de grève de l’hôpital Brugmann et lors de la grève à la VUB (université flamande de Bruxelles), où une centaine de personnes étaient présentes pour se rendre ensuite vers la manifestation de la Marche Mondiale des Femmes qui démarrait à 17h de la Gare centrale. Des prises de parole et de chants s’étaient succédé là-bas toute l’après-midi sur le podium placé face à un village féministe organisé par le Collecti.e.f 8 maars. La campagne ROSA y a tenu un stand. Nous avons également pris part à un rassemblement de protestation devant l’ambassade iranienne. A Gand, nous avons participé à un rassemblement l’après-midi devant au rectorat de l’université.

    Le soir, la manifestation de Bruxelles a dépassé toutes les attentes, la Gare centrale fut envahie de toutes parts. La campagne ROSA était bien entendu présente avec une délégation dynamique et imposante. Notre bloc a pu compter jusqu’à 500 manifestants environ, essentiellement des jeunes. Cela a notamment attiré l’attention de la VRT et de RTL. ‘‘My body my choice’’ et ‘‘Résistance’’ figuraient parmi les slogans les plus populaires. À la fin de la manifestation, Emily Burns, coordonnatrice nationale de la campagne ROSA, a pris la parole au côté d’autres représentantes de mouvement et d’associations. ‘‘Le sexisme est un puissant instrument de division ! On voudrait nous faire croire que ce sont les hommes qui gagnent trop ; mais ce sont nos salaires qui sont trop bas !’’, a-t-elle déclaré. Emily a également souligné la victoire du personnel municipal de Glasgow dans la lutte pour l’égalité salariale, en terminant son discours par la nécessité d’une transformation socialiste de la société.

    Discours d’Emily

    => Reportage de RTL

    Photos de la manifestation de Gand (par Jean-Marie)
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    Photos de la manifestation de Bruxelles (par Liesbeth)
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    Photos de la manifestation de Bruxelles (par Fabian)
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  • En lutte contre le sexisme, et donc aussi contre la précarité !

    Le 8 mars fait son retour comme journée de lutte, et nous ne pouvons que nous en féliciter ! Non, le 8 mars, ce n’est pas la date des bonnes affaires au rayon maquillage ! Dans cette société, les femmes occupent toujours une position de second rang. Et nous ne l’acceptons pas ! Le 14 mars, jeudi prochain, ce sera la Journée pour l’égalité salariale. En 2019, il faut encore aux travailleuses 1 an, 2 mois et 14 jours pour gagner ce que les hommes obtiennent en 1 an (soit 21% d’écart salarial annuel).

    Le sexisme est un puissant instrument de division ! On voudrait nous faire croire que ce sont les hommes qui gagnent trop ; mais ce sont nos salaires qui sont trop bas, en particulier dans les secteurs des soins, du nettoyage et de la distribution. La campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), nous estimons nécessaire de construire une lutte offensive pour imposer des revendications syndicales comme un salaire horaire minimum de 14€ (2300€ brut / mois) et une pension minimale de 1500€ net / mois ; pour exiger l’individualisation des allocations, de chômage par exemple, avec un montant qui permette de vivre. Est-il normal que tant de femmes dépendent toujours financièrement de leur partenaire en 2019 ? Nous devons pouvoir librement choisir de vivre avec quelqu’un ou non !

    Les élections approchent. Tous les partis traditionnels se prétendent en faveur de l’égalité hommes/femmes. Les faits prouvent le contraire ! Le gouvernement a généralisé les emplois précaires et pénalise les sans-emploi : cette violence économique touche principalement des femmes ! Et comment dénoncer le harcèlement sexuel au travail sans sécurité d’emploi ?! Comment s’extraire d’une situation de violence domestique sans indépendance financière ?! Les coupes budgétaires repoussent la solidarité dans les limites de la famille, au lieu de l’ensemble de la société. Cela ne fait qu’aggrave la double journée de travail des femmes. L’évidence s’impose : nous avons besoin d’une lutte de masse, comme en Espagne où la mobilisation a été massives, les femmes ayant été rejointes par les hommes, quoi qu’en disent les médias !

    La lutte paie ! En octobre, à Glasgow (Ecosse), les travailleuses municipales ont fait grève contre les inégalités salariales. Les éboueurs ont refusé de rejoindre leur poste de travail en solidarité. Toutes et tous étaient convaincus que la victoire s’arrache ensemble. Et ce fut le cas ! Cette victoire est historique. Les travailleuses seront payées rétroactivement pour toutes ces années d’inégalité : elles se partagerons 567 millions d’euros. Par la suite, leurs salaires seront augmentés pour une vraie égalité !

    C’est dans cet esprit qu’il nous faut poursuivre le combat, collectivement, contre le sexisme et la précarité, avec un plan de bataille sérieux et crescendo ! Mais soyons clairs : aucune égalité – y compris de genre – n’est possible dans une société où 1% de la population possède autant de richesse que les 99% restant. C’est pour cela que la campagne ROSA combine antisexisme et anticapitalisme. Il nous faut une société qui réponde à nos besoins, où nos corps ne seront plus utilisés pour faire du fric… : une société socialiste. Ce n’est qu’ainsi que nous poserons les bases pour en finir avec le sexisme.

    • 14 mars – Journée pour l’égalité salariale. Actions dans le cadre de la campagne Fight for €14 de la FGTB.
    • 30 – 31 mars – Week-end Socialisme 2019. ROSA y organise des ateliers avec entre autre Ruth Coppinger, députée Solidarity et porte-parole de ROSA-Irlande. Elle a été l’une des figures de proue de la campagne victorieuse pour le droit à l’avortement et contre la culture du viol (“un string n’est pas un oui”).
    • 28 juin – 4 juillet – Camp d’été co-organisé par la campagne ROSA.
  • Le 8 mars 2019 en Belgique : actions, débrayages, manifestations, grèves…

    La Journée internationale de lutte pour les droits des femmes renoue avec ses traditions combatives !

    L’an dernier, la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) était la seule organisation à prendre l’initiative pour de réelles actions et à refuser de se limiter à des conférences, des débats, des actions orientées vers les médias,… en organisant des marches dans plusieurs villes. Cette année, les appels à entrer en action se sont faits plus nombreux. L’appel à la grève lancé par différents syndicats représente un grand pas en avant.

    Deux raisons principales expliquent ce phénomène. Les mobilisations croissantes concernant l’émancipation des femmes ont d’une part constitué une véritable tendance ces dernières années. D’autre part, un agenda social tumultueux s’est développé depuis la chute du gouvernement fin de l’an dernier. Les négociations sur la norme salariale entre syndicats et organisations patronales ont été rompues et une grève générale massive a pris place le 13 février. La jeunesse s’est soulevée pour le climat et c’est dans ce contexte que se préparent les prochaines élections régionales, fédérales et européennes.

    Avec cet article, nous voulons examiner de plus près le mouvement féministe actuel. D’où provient-il ? Sur quoi repose-t-il ? Quelles sont ses revendications et quelle est son orientation ? Quelles sont ses similitudes et ses différences avec les vagues féministes antérieures ? Quelles forces y sont présentes ? Qui sont les alliés du féminisme socialiste et quelle est actuellement la force du féminisme bourgeois ?

    Un niveau d’activité élevé tel que celui d’aujourd’hui ne tombe pas du ciel. On a pu de plus en plus entendre les jeunes femmes et les travailleuses au travers d’un nombre croissant de campagnes autour du sexisme et du harcèlement, mais aussi par le biais de conflits sociaux croissants dans les ‘‘secteurs de travail féminisés’’, en particulier dans les soins de santé où la ‘‘colère blanche’’ n’a jamais vraiment disparu depuis les premières actions de masse du secteur en 1988.

    Le nombre de femmes travaillant à l’extérieur du foyer a explosé depuis les années 1960

    Depuis la vague féministe des années 1970, la participation des femmes au marché du travail s’est généralisée. Alors que dans les années 1950 et 1960, il était encore habituel pour les femmes mariées avec enfants de se retirer du marché du travail (le modèle du soutien de famille), le modèle à deux revenus est aujourd’hui complètement dépassé.

    Aujourd’hui, un pourcentage élevé de femmes sans-emploi se trouve principalement dans les familles monoparentales. Chez elles, combiner responsabilités familiales et professionnelles est souvent irréalisable en raison d’une part de la combinaison infernale des bas salaires de de la grande flexibilité et, d’autre part, de services comme les crèches trop peu accessible, trop coûteux et peu flexibles. La part la plus forte des femmes sur le marché du travail se retrouve parmi les femmes célibataires sans enfant et les femmes en couple avec enfants.

    Une étude réalisée en 1994 par le Centre de politique sociale de l’Université d’Anvers donne les chiffres suivants : ‘‘Depuis les années 1960, et surtout depuis les années 1970, la participation des femmes au marché du travail n’a cessé d’augmenter. En Belgique, le taux d’activité des femmes est passé de 27,7% en 1970 à 33,1% en 1985 et 41% en 1993. Au cours de la même période, le taux d’activité des hommes est passé de 70% en 1970 à 58% en 1993. (…) L’augmentation de la participation au marché du travail a été très importante, en particulier chez les femmes mariées et les femmes vivant en couple. En Flandre, cette participation est passée de 34,5% (1976) à 61% (1992) sur une période relativement courte de 15 ans. La Wallonie suit la même tendance, mais à un rythme un peu plus lent.’’ (1)

    Depuis 1994, cette tendance s’est totalement inversée. Dans ‘‘Tendances du marché du travail belge 1983-2013’’, Statbel, l’office belge de statistique, a réalisé l’analyse suivante sous le titre ‘‘Profil socio-économique de la population active (1983-2013)’’ : ‘‘Le nombre de femmes qui travaillent a augmenté de 75%. Le nombre total de personnes actives a augmenté de plus d’un million entre 1983 et 2013. En 2013, 4.530.000 personnes étaient employées comparativement à 3.457.000 en 1983. Bien qu’il y ait encore toujours moins de femmes que d’hommes sur le marché du travail, le nombre de femmes au travail a augmenté de façon spectaculaire au cours des trois dernières décennies. En 30 ans, 890.000 femmes ont intégré la population active, soit une augmentation de 75 %. Le nombre d’hommes ayant un emploi a augmenté beaucoup moins rapidement (+ 8%). En 2013, les femmes représentaient 46% de la population active, contre 34% en 1983. Nous assistons donc clairement à une féminisation du travail.’’

    ‘‘Alors qu’en 1983, 36,3 % des femmes âgées de 15 à 64 ans occupaient un emploi, ce pourcentage était de 57,2 % en 2013. Le taux d’emploi masculin, qui était de 66,4% en 2013, est resté relativement stable au long de cette période (entre 66% et 69,5%). Ces dernières années, le taux d’emploi des hommes a connu une légère tendance à la baisse en raison de la crise financière et économique, qui a principalement affecté l’emploi des hommes dans l’industrie. L’important mouvement de rattrapage des femmes sur le marché du travail assure que l’écart entre le taux d’emploi des hommes et celui des femmes diminue, passant de 32,5 points de pourcentage en 1983 à 9,2 points en 2013.’’ (2)

    Les femmes surreprésentées dans les secteurs forcés d’entrer en lutte

    Aujourd’hui, la majorité des femmes occupent un emploi, mais cela ne signifie pas qu’elles sont devenues financièrement indépendantes. Près de la moitié des femmes qui travaillent occupent un emploi à temps partiel. Elles ne peuvent souvent pas prétendre à l’indépendance économique sans vivre sous le seuil de pauvreté dans cette période où le coût d’un logement et celui de la vie de façon générale est très élevé. Une partie de cette situation provient également du fait que la quasi-totalité des aides, comme les allocations de chômage pour temps partiel, ont été supprimées au cours de ces trois décennies de politiques néolibérales.

    Les femmes représentent la majorité des travailleurs dans de nombreux nouveaux secteurs caractérisés par de bas salaires, le temps partiel, les contrats temporaires et précaires et les faibles traditions syndicales, voire leur absence pure et simple. Elles sont même plus de 90% dans des secteurs tels que celui des accueillantes d’enfants ou encore dans les sociétés de Titres-Services. La croissance du secteur des services – tant privés que subventionnés par l’État – a longtemps été le principal facteur de croissance de l’emploi sur le marché du travail, tandis que l’emploi industriel n’a cessé de baisser.

    La croissance des statuts précaires sévit également dans les services publics. En de nombreux endroits, le nombre d’employés contractuels a dépassé le nombre d’employés statutaires. C’est le fruit de décennies de politique de coupes budgétaires, notamment par le biais de l’interdiction des nominations. En d’autres termes : le nombre d’emplois publics incapables d’offrir une sécurité suffisante pour vivre de manière indépendante sans connaître la pauvreté a considérablement augmenté.

    Depuis des années, on observe une grande volonté d’entrer en action dans ces secteurs. Dans le secteur des soins – un secteur féminin par excellence, même si de plus en plus d’hommes y travaillent – la colère des blouses blanches est bien connue. Depuis la fin des années 1980, le secteur entre régulièrement en lutte et de manière massive pour de meilleurs salaires et conditions de travail. La présence syndicale et les traditions syndicales se sont renforcées et cela continue d’être le cas. Dans le secteur de la grande distribution, le patronat a lancé une attaque généralisée contre les conditions de travail précédemment obtenues. Les travailleuses y sont au cœur de la résistance.

    La réalité du marché de l’emploi – et ses conséquences sur la vie et la position de larges couches de femmes – entre durement en conflit avec le post-féminisme qui a dominé durant toute une période historique après la dernière vague féministe. Un énorme fossé s’est creusé entre d’une part les organisations féministes officielles et leur propagande et de l’autre la réalité vécue par les femmes, surtout les plus jeunes d’entre elles. Lorsque les luttes des femmes ont refait surface, ce n’était pas autour de figures connues du féminisme bourgeois, ni autour des revendications habituelles de ces milieux. Aux Etats-Unis, la nouvelle lutte des femmes a commencé au moment même où Hillary Clinton – figure centrale du féminisme bourgeois soutenue par toutes les organisations féministes officielles – avait subi une défaite douloureuse contre Trump.

    Les femmes représentent une minorité plus conséquente dans les syndicats

    La FGTB a illustré sa campagne vers la grève générale du 13 février et sa campagne pour un salaire minimum horaire de 14 euros par toute une série d’emplois ‘‘féminins’’ où le salaire horaire minimum est bien inférieur à 14€ : dans le nettoyage, l’assistante maternelle, la coiffure,…

    Au cours des 10 à 15 dernières années, dans les deux grandes fédérations syndicales, la présence d’un grand nombre d’affiliés féminins exigeant que des actions soient adoptées s’est traduite par une plus grande sensibilité à l’égard de quelques revendications essentielles pour les travailleuses. Il n’est plus seulement de quotas dans les structures syndicales (comme dans les années ‘80), mais de prise en charge de revendications et d’organisation ou de soutien pour des luttes qui intègrent les femmes dans les luttes syndicales.

    Ces dernières années, les deux grandes fédérations syndicales ont développé des campagnes spécifiques pour les droits des femmes. Et la recherche de revendications, de programmes, de stratégies et de tactiques va bon train. Il y a deux ans, en Flandre, la FGTB a rompu sa coopération avec Zij-kant autour de la Journée pour l’égalité salariale. Zij-kant est l’organisation des femmes de la social-démocratie flamande bourgeoisifiée, une organisation que l’on ne distingue qu’avec grand peine des organisations de femmes libérales. Les commissions femmes des syndicats sont à la recherche d’inspiration et d’un programme, ROSA est régulièrement invitée à ce titre pour y présenter son approche, ce qui s’est tout récemment produit pour la première fois également du côté du syndicat chrétien.

    La grève du 8 mars

    En Belgique, l’absence de traditions ou le manque d’attention dans le mouvement ouvrier vis-à-vis de l’oppression spécifique des femmes entraine une certaine confusion dans le débat, comme cela a été illustré par la collaboration de la FGTB et de Zij-kant.

    Après l’émergence du phénomène MeToo, le syndicat chrétien a non seulement lancé des études sur l’importance du harcèlement sexuel dans un certain nombre de secteurs féminins, mais il a également eu une grande discussion interne sur la question du sexisme et du harcèlement sexuel au sein de ses propres rangs. Il a favorablement réagi à l’appel à la grève d’un collectif d’activistes féministes essentiellement petites-bourgeoises qui s’est formé l’an dernier sous le nom de ‘‘Collecti.e.f 8 maars’’.

    En lançant cet appel, le collectif a donné l’impulsion à un appel croissant pour la grève, ce qui est très positif. Leur appel lui-même est cependant très limité. Le collectif appelle à une grève des femmes du travail rémunéré, des soins aux autres, des tâches ménagères, du sexe et de la consommation. L’appel a été repris tel quel par la CNE (syndicat chrétien des employés) mais, une fois en discussion à l’intérieur du syndicat, ce caractère n’a pas pu être maintenu. Le préavis de grève dans les secteurs où il a été déposé – avec dans certains lieux de travail une véritable mobilisation en vue d’une grève en bonne et due forme – mobilisent les femmes comme les hommes et, évidemment, le préavis couvre les grèves sur les lieux de travail.

    La campagne ROSA soutient l’appel à la grève, mais seulement l’appel à une véritable grève, une grève du travail rémunéré – évidemment aussi bien des travailleuses que des travailleurs – pour des salaires plus élevés, contre l’austérité et contre le sexisme. Nous pensons qu’une grève des tâches ménagères et des soins aux autres dans les foyers est impossible pour une couche importante de femmes (en région bruxelloise, un tiers des familles avec enfants sont des familles monoparentales). Mais le plus important est qu’une telle ‘‘grève’’ n’est pas une grève, mais une action individuelle dont on ne sait pas clairement contre qui elle est dirigée. Elle met l’accent sur la lutte individuelle au sein de la famille pour savoir qui fait quoi.

    Pour la campagne ROSA, ce n’est pas la voie à suivre. Ce ne sont pas les individus, mais les éléments structurels de la société qui assurent que la division traditionnelle du travail entre femmes et hommes est toujours bien présente. Nous défendons la revendication de la socialisation des tâches et des soins ‘‘ménagers’’. Si le travail supporté par les familles a augmenté ces derniers temps, c’est en raison de l’effondrement des politiques sociales et des services publics.

    ROSA a également défendu que les syndicats ne se contentent pas du dépôt d’un préavis de grève mais qu’ils organisent réellement la grève et l’utilisent dans le but de renforcer l’unité et la solidarité du personnel sur les lieux de travail en impliquant l’ensemble du personnel. Dans un certain nombre de lieux de travail où les membres du PSL ont construit une base autour d’eux au cours d’une longue période et où ils sont intervenus avec la campagne ROSA en défense de la grève du 8 mars, des débrayages sont combinés avec une assemblée du personnel visant à discuter de la problématique telle qu’elle se présente sur le lieu de travail et dans la société en général. C’est le cas à l’Université de Gand, à l’Université flamande de Bruxelles et à l’hôpital Brugmann à Bruxelles.

    #MeToo et le large mouvement contre le sexisme

    L’attitude des syndicats vis-à-vis des questions relatives aux femmes a changé en raison de la présence croissante des femmes dans les syndicats combinée à la nécessité de lutter dans toute une série de secteurs féminins (à cause de l’austérité dans les services publics et le secteur des soins subventionnés et de restructurations dans le secteur privé des services largement syndicalement non-organisé). Mais la pression pour passer à l’action est venue de jeunes femmes en colère contre le sexisme quotidien.

    En Flandre, les campagnes #WijOverdrijvenNiet (nous n’exagérons pas, en 2015) #WijSprekenVoorOnszelf (nous parlons pour nous-mêmes, en 2015 également) ont impliqué un nombre massif de jeunes femmes et ont maintenu le thème du sexisme en tête du débat public. Même si c’était surtout de jeunes femmes qui y étaient impliquées, il ne fait aucun doute qu’un grand nombre de militantes syndicales s’y sont de plus en plus intéressées. Cela fait déjà de nombreuses années que les badges féministes proposés par le PSL étaient parmi les plus vendus lors des manifestations syndicales.

    Quand le phénomène #MeToo a commencé dans le monde entier, en Flandre, c’était l’acte 2. Dans ces premières campagnes flamandes sur les réseaux sociaux, le harcèlement sexuel au sein des relations de pouvoir (entre élèves ou étudiants et enseignant, entre victimes inconnues et célébrités, entre travailleurs et patrons ou managers) n’était qu’un élément parmi d’autres dans la vaste dénonciation du sexisme dans la société, surtout dans la rue. Avec le développement de #MeToo tel qu’il a émergé en Belgique, l’accent a immédiatement été mis sur les milieux professionnels, des délégués syndicaux prenant leurs responsabilités pour que des plaintes puissent être concrétisées. Depuis lors, plusieurs initiatives ont été prises dans les syndicats, souvent encore confuses quant aux idées et au programme, mais avec une grande ouverture pour les idées que défend la campagne ROSA.

    Mais la raison principale derrière le préavis de grève déposé par un grand nombre de structures syndicales, c’est la dynamique positive actuelle des conflits sociaux, avec le magnifique et dynamique exemple des grèves des jeunes pour le climat. L’agenda social pour le mois de mars est rempli d’actions menées par les syndicats, le mouvement des femmes, le mouvement des jeunes, le mouvement des sans-papiers,… qui commencent à se chevaucher et à donner naissance à une plus large résistance contre le système actuel, les grandes entreprises et leurs gouvernements. Sans ce contexte plus large, l’idée d’une grève pour le 8 mars (pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes) et le 15 mars (la grève pour le climat) n’aurait pas vu le jour de cette manière.

    L’anti-sexisme est un facteur de radicalisation important chez les jeunes, le féminisme bourgeois n’a rien à offrir

    En Belgique, il n’y a pas eu de mouvement de masse des femmes, contrairement à d’autres parties du monde, notamment en Irlande, en Espagne, en Pologne, en Islande, en Inde, en Turquie, aux Etats-Unis et dans plusieurs pays d’Amérique latine. Mais il existe une atmosphère très largement présente, très certainement parmi la jeunesse, et qui se caractérise par un fort sentiment anti-système.

    On trouve toutes sortes de forces dans les actions liées à l’émancipation des femmes, dont le nombre de participants ne cesse de croître, et dans le débat en cours sur les médias sociaux et ailleurs. Ces forces exigent leur place dans la discussion. Mais il est clair que l’élément dynamique de cette nouvelle vague de lutte ne provient pas des anciennes organisations féministes bourgeoises, qui ont du mal à s’imposer dans le mouvement. Bien qu’elles soient parfois présentes dans les médias, les jeunes militantes n’en ont souvent jamais entendu parler ou estiment impensable que des figures féminines de l’establishment puissent faire la moindre différence.

    C’est ce qui s’est produit dans l’évolution de la question du droit à l’avortement en Belgique. Les partis sociaux-démocrates et libéraux ont fait une proposition de loi en défense d’une véritable dépénalisation de l’avortement et pour des avancées en la matière (portant notamment sur une plus longue période), mais sans organiser la moindre lutte autour de la question. La situation qui en a découlé est que le gouvernement de droite a travaillé sur sa propre proposition, qui ne change rien à la réalité et qui a finalement été signée également par les partis libéraux. Tout le monde s’était profilé et c’était la fin de l’histoire.

    La participation d’une importante couche de femmes de la classe ouvrière dans le mouvement féministe n’est pas une chose neuve, cela était également le cas dans les vagues féministes précédentes. En Belgique, les mobilisations de la fin des années ’60 et surtout des années ’70 ont été déclenchées par la grève des femmes de la FN en 1966, une grève qui a duré 12 semaines et qui a conduit à d’importantes concessions. Ce qui est neuf, c’est que les organisations de femmes bourgeoises et les femmes politiques bourgeoises n’ont rien à offrir au mouvement.

    Le droit de vote, l’égalité juridique, l’abolition des stipulations misogynes dans le droit de la famille, le droit à l’avortement,… étaient des revendications autour desquelles les femmes de différentes classes sociales pouvaient se rassembler. La rupture du mouvement sur des lignes de classe, entre les organisations de femmes bourgeoises et le mouvement des travailleuses (lié aux partis socialistes ou communistes et/ou aux syndicats), s’est produite dans un autre domaine : la lutte de la classe des travailleurs pour des revendications générales qui étaient importantes pour les femmes de la classe ouvrière et que les organisations des femmes bourgeoises ont refusé de soutenir.

    Les choses sont aujourd’hui différentes. Depuis les années ‘80, les organisations de femmes bourgeoises se sont limitées à des revendications telles que l’imposition de quotas de femmes pour des fonctions importantes dans la vie économique et politique. C’est le seul point de programme qui leur reste. Pour la grande majorité des femmes, cela ne fait aucune différence. Il en est allé de même avec la loi contre le sexisme – symbolique parce qu’irréalisable – votée après le premier grand débat public sur le sexisme après le documentaire ‘‘Femme de la rue’’ sur le harcèlement de rue. Elle était tout sauf impressionnante.

    Les revendications défendues par les organisations de femmes liées au mouvement des travailleurs sont d’un tout autre ordre. Il y a quelques années, Femma (l’organisation des femmes du mouvement ouvrier chrétien en Flandre) a popularisé la vieille revendication d’une semaine de travail plus courte pour permettre de mieux combiner travail et famille et dans le but de l’égalité entre femmes et hommes. Cette revendication d’une semaine de travail de 30 heures a depuis lors été largement reprise par plusieurs structures syndicales selon la formule plus traditionnelle d’une semaine de travail de 30 ou 32 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Cette vieille revendication syndicale était très longtemps restée dans les tiroirs. L’accent est mis sur les salaires et les pensions, un domaine dans lequel les revendications et les actions actuelles du syndicat socialiste en faveur d’un salaire minimum horaire général de 14 euros et une pension minimum de 1500 euros par mois cadrent parfaitement.

    Les politiciennes féministes bourgeoises sont très éloignées de ces revendications. Des élues social-démocrates les ont mises en avant par opportunisme, sans grande crédibilité.

    Dans la lutte contre le sexisme, il leur manque en outre un certain nombre d’éléments cruciaux pour accroître leur popularité. L’anti-sexisme d’aujourd’hui ne vise pas tous les hommes en général, mais plus que par le passé, il vise les grandes entreprises et les politiques qui se décident dans l’intérêt des grandes entreprises. En ce sens, la conscience a beaucoup en commun avec ce qui est présent dans le mouvement des jeunes pour le climat : on y trouve de la confusion, des éléments de recherche de solutions individuelles, un certain moralisme, mais aussi une large compréhension que tout cela est insuffisant et qu’une intervention plus profonde dans le fonctionnement même de la société est nécessaire.

    Féminisme petit-bourgeois contre féminisme socialiste

    Les idées des femmes de la classe des travailleurs trouvent leur chemin dans le mouvement, mais elles font face aux forces petites bourgeoises qui se basent aujourd’hui principalement sur des théories autour des politiques d’identité. En Belgique, ces forces ont tenté ces dernières années de mettre en pratique le principe des actions non-mixtes (des manifestations uniquement de femmes, par exemple), sans obtenir de grand succès jusqu’ici. Mais ces idées ont un certain attrait par leur rhétorique radicale.

    Ces dernières années, en Belgique, tous les mouvements sociaux se sont orientés vers le mouvement syndical et ont repris ses méthodes d’action. C’est une conséquence naturelle de l’action de masse continue de la classe ouvrière depuis l’énorme plan d’action de l’automne 2014. L’agenda syndical chargé de ce début d’année n’est cependant pas quelque chose qui peut être maintenu éternellement, c’est un nouveau point culminant dans la vague de grèves qui a suivi l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement purement de droite pour la première fois depuis le milieu des années 1980.

    La puissance du mouvement des travailleurs dans la société, son énorme poids numérique et sa capacité à mobiliser les masses dans les rues se sont ouvertement manifestés ces dernières années. Mais il est également évident pour une large couche de syndicalistes combatifs que la direction n’a pas de stratégie pour gagner. Le plan d’action de 2014 a été une expérience extrêmement positive et enthousiasmante, mais elle s’est terminée par une douloureuse capitulation de la part de la direction. Cette dernière avait abandonné l’idée de poursuivre la construction du mouvement afin de porter le dernier coup au gouvernement de droite. Elle a décidé ‘‘d’attendre les prochaines élections’’. L’actuel programme d’actions sociales se déroule sans plan d’action réel et sans perspective sur ce à quoi il devrait arriver.

    Ce manque de perspective et de stratégie aux directions syndicales a tout à voir avec l’absence d’une organisation politique de la classe des travailleurs. Les deux grandes fédérations syndicales sont toujours liées (bien que beaucoup plus faiblement) aux anciens partis sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens. Des développements intéressants prennent place : la FGTB wallonne appelle à la formation d’un gouvernement de gauche en Wallonie PS-Ecolo-PTB (ancienne formation maoïste aujourd’hui comparable en termes de programme et d’approche avec le SP des Pays-Bas ou Die Linke en Allemagne) et un débat interne prend place dans les syndicats wallons concernant la représentation politique des revendications syndicales.

    Pour l’instant, nous restons dans cette situation où la classe ouvrière est politiquement sans-abri. Les syndicats sont considérés comme des organisations combatives fortes qui défendent des revendications importantes, mais ce ne sont pas des organisations dont la cible principale et centrale est la transformation de la société. Ils n’ont pas de stratégie et ce n’est qu’au cours des dernières années que la lutte défensive a fait place, ici et là, à une rhétorique offensive et à des revendications générales qui peuvent avoir un large effet dans la société.

    Dans ce cadre où les forces bourgeoises n’ont pas de solutions à proposer et où la classe ouvrière n’a pas les instruments nécessaires (un parti qui permettrait de discuter et de débattre du programme et de passer à une action unifiée sur cette base) pour diriger cette discussion plus largement dans la société, les idées petites bourgeoises resteront présentes dans tous les mouvements de protestation contre le système actuel et la multitude de problèmes qui en découlent.

    Il est évident que les féministes socialistes doivent répondre à toutes les propositions qui surgissent dans le mouvement des femmes avec le potentiel de diviser la classe des travailleurs. C’est en participant à la lutte et en proposant les meilleures revendications et méthodes d’action que nous serons le mieux à même de le faire.

    Rosa Luxemburg a défendu la participation du mouvement des travailleurs dans la lutte pour le droit de vote des femmes parce que politiser les femmes de la classe ouvrière et les entraîner dans la lutte n’apporte que des gains à la classe des travailleurs : un renforcement de ses organes avec les masses de femmes de la classe des travailleurs et un renforcement de l’unité et de la solidarité dans ses propres rangs. La campagne ROSA vise à impliquer les femmes dans le mouvement des travailleurs, y compris en veillant à ce que le mouvement ouvrier réponde aux exigences de tous les groupes opprimés. Sans cela, les jeunes femmes et les travailleuses qui en ont assez du sexisme qu’elles subissent quotidiennement seraient laissées à la merci de la propagande féministe bourgeoise stérile et de la propagande radicale mais sectaire et diviseuse du féminisme petit-bourgeois.

    => Rejoignez ou soutenez la campagne ROSA !

    NOTES

    (1) Les hommes et les femmes étaient-ils plus égaux ? (Berichten Centrum voor Sociaal Beleid, UFSIA – Universiteit Antwerpen, “Werden mannen en vrouwen gelijker? Beroepsloopbanen en inkomens van mannen en vrouwen in de 80’er jaren”. B.Cantillon, R. Vanherck, M. Andries, I. Marx, december 1994 http://www.centrumvoorsociaalbeleid.be/sites/default/files/D%201994%206104%2003.pdf
    (2) Statbel ‘‘Tendances du marché du travail belge 1983-2013’’ https://statbel.fgov.be/sites/default/files/files/documents/Analyse/NL/analyse-b_en_tcm325-261813.pdf
    (3)

  • Où trouver la campagne ROSA ce vendredi 8 mars 2019 ?

    Manifestation du 8 mars 2018 à Gand

    Le 8 mars doit être l’occasion de remettre en avant les meilleures traditions du mouvement organisé des travailleurs. Ce jour-là, la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) organise des marches contre le sexisme et l’austérité et participera à différentes actions, principalement syndicales, afin de défendre la lutte pour de réelles avancées en faveur de l’émancipation des femmes.

    Par Emily Bruns, coordinatrice nationale

    Les délégués syndicaux membres du PSL ont proposé à leur délégation d’entrer en action à l’occasion du 8 mars afin de remettre la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes à l’agenda en tant que date de combat et non plus comme simple une journée d’hommage aux femmes. Dans certaines entreprises, les travailleuses et les travailleurs sont invités à se réunir au local syndical pour y manger et discuter de la lutte contre l’oppression des femmes avant de partir ensemble manifester en fin de journée.

    La campagne ROSA est d’autre part invitée à prendre la parole au Walkout des travailleuses et travailleurs accompagnés d’étudiants à la VUB (l’université flamande de Bruxelles) et à l’UGent (l’Université de Gand), tout comme à celui de l’hôpital Brugmann. Là-bas, les militants de la CGSP-ALR (Centrale des services publics bruxellois du syndical socialiste – administrations locales et régionales) mènent une lutte offensive en faveur de conditions de travail décentes et d’une augmentation des barèmes de 10% dans un secteur largement féminin. Nous interviendrons également au rassemblement syndical prévu devant la gare centrale de Bruxelles durant l’après-midi avec notre journal, Lutte Socialiste, dont un dossier est consacré à la journée du 8 mars.

    Lors des différentes occasions où nous pourrons prendre la parole, nous défendrons la nécessité d’un salaire minimum horaire de 14€ et d’une pension minimale de 1500€ net/mois, mais aussi l’individualisation des allocations sociales et leur revalorisation au-delà du seuil de pauvreté. C’est de cette manière qu’il est possible d’assurer l’indépendance économique des femmes et de lutter contre la généralisation des emplois précaires.

    Une autre revendication qui nous est chère est la réduction collective du temps de travail à 30h/semaine, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction des cadences. Cela permettrait de combiner harmonieusement travail, vie de famille et loisirs. D’autre part, nous soulignerons encore la nécessité d’un refinancement public massif de l’enseignement, des soins de santé et du secteur social de même que la construction de logements sociaux ou encore de crèches publiques. Concernant l’enseignement, nous défendons également la nécessité d’une éducation sexuelle non hétéro-normée abordant les notions de consentement, de genre,… Bien entendu, nous défendons aussi le droit complet à l’avortement et une contraception accessible, gratuite et de qualité.

    Nous rappellerons systématiquement que les conquêtes sociales pour les droits des femmes sont le résultat de la lutte de l’ensemble du mouvement des travailleurs. Les syndicats doivent jouer un rôle central dans ces luttes.

    A l’occasion des 40 ans de la Révolution iranienne – une révolution volée à la classe des travailleurs – nous participerons également à une action de protestation devant l’ambassade d’Iran (à 14h30). Nous y défendrons le droit des femmes de disposer de leur corps et de pouvoir s’organiser sur leur lieu de travail, choses interdites par le régime iranien. La lutte pour l’émancipation des femmes en Iran, tout comme la lutte pour l’émancipation de l’ensemble de la classe des travailleurs, ne pourra aboutir que lors de l’avènement d’une société socialiste. Dans ce but, l’unité de classe est un élément vital.

    Manifestons contre le sexisme et la précarité !

    Le point d’orgue de cette journée de lutte sera les manifestations contre le sexisme et la précarité que nous organisons à 17h à Gand, à Bruxelles et à Courtrai.

    A Bruxelles, nous organisons cette manifestation de concert avec la Marche Mondiale des femmes tandis qu’à Gand, nous portons seul cette initiative. Un groupe de jeunes membres de la campagne ROSA à Courtrai organise également sa propre marche. Nous avons mené campagne pour ces événements aux universités, dans les écoles secondaires et au sein du mouvement des jeunes activistes pour le climat. Dans ce mouvement qui bat son plein, de nombreux jeunes font également le lien entre la lutte contre le sexisme et pour le climat : dans les deux cas, le système capitaliste est responsable.

    Nous insisterons sur ce lien lors de la marche pour le climat de ce 7 mars : l’oppression, le sexisme, l’austérité et le dérèglement climatique désignent un seul coupable : le capitalisme. Il nous faut lutter pour renverser ce système et pour la transformation socialiste de la société. Nous avons également distribué nos tracts à toute une série de lieux de travail. Deux centrales syndicales professionnelles ont également invité des représentantes de la campagne ROSA lors de réunions qui ont rassemblé des dizaines de délégués syndicaux afin de présenter notre approche et de préparer une journée du 8 mars combative. La jeunesse ainsi que les travailleuses et les travailleurs soutenus par l’ensemble des organisations syndicales sont attendus en nombre lors de ces actions, en dépit du fait que le 8 mars tombe cette année un vendredi de vacances scolaires.

    Le 8 mars

    • à Bruxelles : rdv à 17h Gare Centrale (marche organisée avec la Marche Mondiale des Femmes)
    • à Gand : rdv à 17h30 devant l’Hotel de Ville de Gand

    Le 9 mars

    • à Courtrai : rdv à 17h Casinoplein

    => Rejoignez ou soutenez la campagne ROSA !

  • Pas de capitalisme sans sexisme… Pas de socialisme sans féminisme !

    Les socialistes ont montré très tôt que l’oppression spécifique des femmes, comme toutes autres formes d’oppression, a une base économique. Sous le capitalisme, selon la stratégie du diviser pour mieux régner, le sexisme est un outil puissant pour tenter de diviser la classe ouvrière et faire davantage de profits : écart salarial entre travailleuses et travailleurs, travail domestique non rémunéré majoritairement supporté par les femmes, marchandisation du corps des femmes pour maximiser les ventes,…

    Une fois ce constat établi, on ne s’étonne pas que des femmes aient été, et soient toujours, à l’origine de grèves et de soulèvements comme les ouvrières du textile de New York le 8 mars 1908. La Révolution russe de 1917, initiée par les travailleuses du textile de Petrograd – un 8 mars selon notre calendrier – et au cours de laquelle le capitalisme a été aboli, a permis de gigantesques avancées dans le but de jeter les bases de l’égalité : droit de vote, égalité salariale, congé maternité de 16 semaines et protection des mères allaitantes, légalisation de l’avortement, égalité des enfants ‘illégitimes’, loi facilitant le divorce à la demande d’un des conjoints…

    En plus, la Russie révolutionnaire a travaillé à la socialisation du travail domestique pour lutter contre la double journée de travail des femmes par le biais de cantines publiques de qualités, de blanchisseries et de systèmes de garde d’enfants, etc. Cependant, bon nombre de ces projets n’ont pas pu être généralisés en raison de l’immense pauvreté matérielle de ce pays économiquement arriéré lors de la révolution et dont les acquis devaient être protégés face à une guerre menée sans relâche par l’ancienne classe dominante et des États capitalistes. Malgré cela, le jeune État socialiste était des décennies en avance sur le reste du monde en considérant les femmes à l’égale des hommes, grâce aux places qu’elles ont prises dans la lutte. Le stalinisme a, par la suite a aboli d’importantes réalisations telles que la loi sur l’avortement et le divorce.

    Dans le reste de l’Europe, et en particulier en Allemagne, les premiers journaux et organisations féministes voyaient le jour et la lutte pour le droit de vote des femmes était à l’ordre du jour. Les travailleuses radicalisées se sont organisées dans la lutte pour le droit de vote et l’égalité. Elles ont affirmé leurs revendications dans les organisations du mouvement ouvrier, même quand celles-ci y étaient tournées en dérision. En raison de leur salaire inférieur, les femmes sont aussi naturellement devenues des militantes sur les questions salariales.

    En Allemagne, le ‘‘mouvement des femmes prolétariennes’’ était déterminé à favoriser l’organisation des femmes et à mener une lutte commune de toute la classe ouvrière (l’ensemble des travailleuses, des travailleurs et leurs familles) pour améliorer leurs conditions de vie. Sous la pression de la révolution allemande de 1918, un certain nombre de lois ont dû être promulguées: les femmes ont obtenu le droit de vote, ont été admises à d’autres fonctions et professions et la loi sur la protection de la maternité a été adoptée. Malgré les conquêtes qui ont pu être obtenues, la contre-révolution a mis un temps sur pause la Journée des droits des femmes qui n’eut pas lieu en 1919. Il a fallu attendre 1922 et l’appel lancé par l’Internationale Communiste pour que cette journée ait lieu à date fixe – le 8 mars – et s’impose à travers le monde.

    Question de genre ou question de classe ?

    La protagoniste du mouvement des femmes prolétariennes, Clara Zetkin, a mis en garde contre les illusions du mouvement féministe bourgeois dont la volonté et l’action sont axées sur une lutte genrée pour réformer l’ordre bourgeois, plutôt qu’une lutte de classes pour la construction d’une société socialiste, orientée vers les besoins de toutes et tous. Elle ajoutait également qu’une telle approche pouvait avoir une influence trompeuse et paralysante sur de grandes masses d’ouvrières.

    Dans les années 60 et 70, divers courants, en particulier en Occident, ont discuté la relation entre genre et domination. Un nouveau féminisme bourgeois – considérant la domination de genre comme étant détachée de la domination de classe – s’est répandu et certains de ces groupes ont cherché à unir leurs forces avec la partie féminine de la classe ouvrière. Depuis, de nombreux mouvements dit féministes ont continué sur cette lancée, que ce soit ceux qui se sont développés dans les années ‘90 ou ces dernières années et tendent à placer l’homme, plutôt que la société, au cœur du problème.

    Les femmes de la classe ouvrière – les salariées – ont pourtant mille fois plus en commun avec leurs collègues masculins qu’avec une ministre telle que Maggie De Block, secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration et avant ça ministre de la Santé, qui a orchestré des coupes massives dans les soins de santé au détriment des travailleurs du secteur – principalement des travailleuses – et de notre santé ; de chefs d’entreprises tels que Dominique Leroy à la tête de Proximus, où 1.900 emplois sont menacés ; ou encore des milliardaires tels qu’Alice Watton, l’une des héritières de Walmart, la multinationale au plus gros chiffre d’affaires au monde, mais où le salaire des employés de la chaîne de grande distribution – majoritairement des femmes – sont le plus souvent sous le seuil de pauvreté. Le capitalisme ne change pas en devenant plus féminin.

    L’émancipation des femmes nécessite une lutte des femmes et des hommes contre un système reposant fondamentalement sur l’inégalité et la discrimination, un système qui répand chaque jour des tonnes de préjugés pour diviser le mouvement des travailleurs. La seule manière de parvenir à une société véritablement égalitaire, c’est de combiner la lutte contre le sexisme à la lutte pour une société socialiste. Un premier pas est maintenant franchi en Belgique, ce dont se réjouit la campagne ROSA. Nous contribuerons à en faire un premier succès, en soutenant la grève dans les entreprises là où c’est possible, et en construisant la lutte au travers de manifestations le 8 mars.

    => Rejoignez ou soutenez la campagne ROSA !

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