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Tag: ROSA
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La campagne ROSA sera présente sur les festivals !

Cet été, des activistes de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) seront présents à divers festivals. Non seulement pour profiter de la musique, mais aussi pour faire connaître notre campagne et collecter du soutien financier. Nous voulons y rencontrer les personnes désireuses de nous rejoindre dans l’action, notamment en prévision de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes du 8 mars, mais aussi pour discuter du sexisme, de son origine et de la manière dont nous pouvons le combattre.
Vous pourrez ainsi trouver nos autocollants, nos badges, nos t-shirts et autres. Dans un certain nombre de festivals, nous disposerons d’un stand : à Dour, à Reggae Geel, à Dranouter,… Passez à nos stand, venez soutenir nos campagnes et entrer en discussion avec nous. Ou, mieux encore : participez à nos activités pour construire le mouvement sur base d’une réponse combattive au sexisme et à tout ce qui nous divise. Cette campagne d’été nous permettra de rencontrer des centaines de personnes prêtes à renforcer ou mettre en place des comités ROSA, soutenir financièrement nos actions ou en organiser elles-mêmes. Avec un comité ROSA dans votre école ou votre campus, des campagnes spécifiques peuvent être menées, par exemple sur l’accès aux contraceptifs ou pour des cours d’éducation sexuelle. Mais les travailleuses et travailleurs peuvent aussi jouer un rôle. Par exemple, nous prévoyons une campagne sur les revendications pour des ‘‘communes contre le sexisme’’ et une campagne à plus long terme sur l’accès à l’avortement.
Bien entendu, nous continuerons également à nous opposer activement à toute autre forme de division. La lutte contre le racisme a toujours joué un rôle majeur dans notre travail. L’extrême droite tente de refaire surface, entre autres avec des groupes de la ‘‘nouvelle droite’’ comme ‘‘Schild & Vrienden’’. Le racisme ne se limite toutefois pas à l’extrême droite : il est également utilisé par un parti populiste de droite comme la N-VA. En plus de l’antisexisme et de l’antiracisme, nous voulons également mettre l’accent sur la résistance à la LGBTQI+phobie. Lors de la Pride à Bruxelles, nous avons pu constater l’ouverture croissante pour une approche politique. Nous y avons milité sous le slogan ‘‘Pride is a protest’’. Le prochain rendez-vous est la Pride d’Anvers le 11 août.
Ce combat contre la division, nous le combinons à la lutte pour une alternative socialiste. L’inégalité et les discriminations qui l’accompagnent ne sont pas des excès de ce système, elles sont ancrées dans l’ADN du capitalisme. La meilleure façon de s’attaquer aux symptômes est de combattre la maladie elle-même. ‘‘Blame the system, not its victims’’ est le slogan de notre autocollant d’été.
Pour renforcer cette approche socialiste, nous avons besoin de soutien pour mener des campagnes actives et militantes. En collaboration avec d’autres, le PSL mène des campagnes sur différents thèmes et construit en même temps un parti qui rassemble les expériences et s’inscrit dans la lutte pour un changement de société. Un tel parti repose sur une participation active et est ouvert à tous ceux qui veulent travailler sur cette alternative socialiste. Contactez-nous pour devenir membre !
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[DOSSIER] Comment le OUI a-t-il remporté le référendum irlandais sur l’avortement ?

Le référendum sur la suppression de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement (le 8e Amendement) qui s’est tenu le 25 mai dernier a abouti à une éclatante victoire pour le camp du OUI. 66,4 % des participants au référendum se sont prononcés en faveur de son abolition contre 33,6 % dans le camp opposé, alors que le taux de participation était de plus de 64 %, soit le taux le plus élevé jamais enregistré pour un référendum en Irlande. Ce résultat est quasiment l’exact opposé de celui de 1983 qui a imposé l’interdiction de l’avortement. Mais, cette fois, près d’un million de personnes de plus y ont participé. Le gouvernement a déclaré avoir l’intention de légiférer pour permettre l’avortement jusqu’à 12 semaines sans conditions, conformément aux propositions de l’Assemblée citoyenne (mise en place en 2016 pour débattre de l’IVG, NDT). Cela ne peut être interprété que comme un puissant vote pro-choix.Les politiciens de l’establishment et les médias essaient désespérément de réécrire la véritable histoire de la lutte radicale qui a donné naissance à ce changement. Ce qu’ils redoutent par-dessus tout, c’est que la population en tire confiance et réalise qu’elle est capable d’organiser par elle-même de puissantes luttes de masse sur toutes les questions clés de société et même d’entrer en confrontation ouverte avec l’ensemble du système capitaliste lui-même, un système qui repose sur le principe de l’inégalité.

Ruth Coppinger prend la parole à un rassemblement au lendemain de la tenue du référendum. “Nous sommes rentrés dans l’Histoire!” Ruth Coppinger – membre du Socialist Party et députée de Solidarity (un mouvement plus large auquel participe le Socialist Party et qui dispose actuellement de trois élus au Parlement irlandais : Ruth Coppinger, Paul Murphy et Mick Barry) – a été consciemment exclue des médias nationaux durant la durée de la campagne alors qu’elle est une des figures clés du mouvement. Cet article, écrit par des membres du Socialist Party, tente de remettre les pendules à l’heure. Au côté d’autres activistes, le Socialist Party a joué un rôle vital dans la campagne nationale de ROSA (for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity) dont l’impact a été considérable. Le Socialist Party et ROSA ont également fait partie du groupe Together4Yes.
Document du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour Internationale Ouvrière)
35 ans après le précédent référendum sur la question, l’envie de se débarrasser du 8e amendement à la Constitution était largement partagée. On trouvait peu de contrastes entre les villes et les campagnes, car les attitudes avaient également changé dans les petites villes et les zones rurales. Une seule circonscription a voté NON alors qu’en 1983, toutes avaient dit OUI à l’interdiction, sauf une. Même dans la province de Connaught/Ulster, traditionnellement la plus conservatrice, la question a été nettement tranchée avec 59% en faveur du OUI et 41% pour le NON.
Le OUI a été particulièrement représenté dans les zones urbaines. Dans la plupart des villes, le OUI se situait aux alentours des 70 %. 9 des 10 circonscriptions les plus favorables au OUI étaient à Dublin, l’autre étant celle de Wicklow, à 74,26 %. Le pourcentage global de OUI à Dublin était de 75,5 %. Dans le quartier dublinois de Stoneybatter, composé de communautés ouvrières ainsi que d’une nouvelle population plus jeune qui s’installe dans la région, le vote a été de 92% en faveur du OUI.
Le OUI a été très marqué dans la classe moyenne et la classe ouvrière. Les chiffres indiquent qu’il est plus élevé dans le premier cas, bien qu’au cours de la campagne, il était évident que le sentiment sur la question était plus fort parmi la classe ouvrière, dont les femmes ont été au cœur de la révolte.
Les jeunes femmes au coeur de la lutte
65% des hommes et 70% des femmes qui ont voté l’ont fait en faveur du OUI. Dans l’ensemble, 87 % des participants de moins de 25 ans ont voté OUI et 90 % des jeunes femmes ! Au cours de ces dernières années, ce sont les jeunes femmes qui ont constitué la force motrice de ce mouvement et tout particulièrement durant la dernière phase, celle de la campagne référendaire elle-même (le référendum s’est tenu le 25 mai 2018 et avait été annoncé en janvier de la même année, les modalités ayant été définies en mars, NDT).
En comparaison des dernières élections générales de 2016, le nombre de jeunes femmes qui ont participé au vote a massivement augmenté de 94%. Les jeunes transgenres et les élèves du secondaire étaient également au premier plan et le journal dublinois Gay Community News (GCN) a estimé que 91 % des membres de la communauté LGBTQI+ qui ont voté l’ont fait en faveur du OUI.

La campagne ROSA a mené une intense campagne, autour de manifestations, d’action, d’affichages, mais aussi de stands de sensibilisation tenus en rue. Ce changement est le fruit d’intenses années d’efforts et la campagne formelle elle-même a été longue, étalée sur deux mois, à partir de la fin du mois de mars, lorsque le gouvernement a officiellement signé l’arrêté fixant les modalités du référendum.
Dès le lancement de la campagne, le camp du NON s’est fait remarquer par des affiches misogynes dégoûtantes avec des photos de fœtus et des titres qui criaient ‘‘Permis de tuer ? Votez non’’, ‘‘Ne choisissez pas la mort – Votez non’’, ‘‘En Angleterre, 1 bébé sur 5 est avorté – Votez non’’, ‘‘Si tuer un enfant à naître au bout de six mois vous dérange, alors votez non’’.
Mais, le 25 mai, les électeurs ont rejeté sans la moindre équivoque possible la campagne extrêmement bien financée du NON (qui disposait notamment de ressources et de publicités liés à la droite religieuse américaine). Ce référendum a fait des vagues partout à travers le monde entier.
Le média en ligne américain Vox a déclaré : ‘‘Le sentiment favorable à l’abrogation était particulièrement élevé parmi la jeunesse et les électeurs urbains, suggérant qu’une nouvelle majorité de gauche et laïque avait supplanté les générations plus âgées catholiques plus conservatrices’’.
De profonds changements
Ce résultat reflète les changements survenus en Irlande au cours de ces dernières décennies. En fait, l’amendement de 1983 à la Constitution était dans un sens un coup politique de la part de la droite cléricale et des politiciens conservateurs avec le soutien de l’Église. Ils craignaient que l’Irlande change ses attitudes sociales et se sont donc précipités pour obtenir une interdiction de l’avortement avant qu’il ne soit trop tard.
Le monde, et avec lui la société irlandaise, a énormément changé depuis lors. Mais la société officielle irlandaise et l’establishment politique ont refusé de refléter ce changement par des modifications significatives de la Constitution et de la législation. L’ampleur du changement qui a été imposé à l’establishment politique est indiquée par le fait qu’il y a tout juste cinq ans, la Loi sur la protection de la vie durant la grossesse est entrée en vigueur et que cette loi prévoyait que toute personne qui pratiquait un avortement pouvait être emprisonnée pendant 14 ans !
Après 1983, l’existence du 8e amendement et la domination de la politique par les partis conservateurs (y compris lorsque les travaillistes sont devenus membres de l’establishment dans les années 1990) ont fait en sorte que beaucoup de personnes ont eu le sentiment de devoir, à contrecœur, accepter cette ‘‘solution irlandaise hypocrite à un problème irlandais’’, c’est-à-dire que l’avortement ne serait pas autorisé en Irlande dans un avenir proche au motif que les gens pourraient se rendre en Grande-Bretagne pour y pratiquer l’avortement.
Mais, en 1992, il y a eu le “cas X”, dans laquelle une mineure violée a d’abord été empêchée de se rendre en Grande-Bretagne pour un avortement, mais y a ensuite été autorisée, après que la Cour suprême décide que le 8e amendement autorisait l’avortement lorsqu’il y avait menace pour la vie de la mère. Toutefois, l’interdiction est restée fondamentalement intacte.
Les jeunes femmes qui ont grandi dans les années 90 et 2000, à l’époque du ‘‘Tigre celtique’’ (terme qui désigne l’Irlande pendant la période de forte croissance économique entre les années 1990 et 2001-2002, en référence aux ‘‘Tigres asiatiques’’ des années ‘80 et ‘90), ne l’entendaient cependant pas de cette oreille. De plus en plus de voix se sont élevées en faveur de l’émancipation des femmes et d’un État laïque moderne, ce qui signifiait le droit de décider sur son corps et le droit à l’avortement. Depuis lors, les jeunes femmes ont été une dynamique clé pour faire avancer la société irlandaise.
Savita – le premier point tournant

Affiche de la campagne ROSA : “Savita compte. les femmes comptent.” Le tragique décès de Savita Halappanavar en octobre 2012 à l’hôpital universitaire de Galway a constitué un moment extrêmement important. Savita a été trouvée éprouvant des douleurs intenses en train de faire une fausse couche. Elle a demandé qu’un avortement soit pratiqué, mais celui-ci lui a été refusé. La décision prise dans l’affaire X précise que l’avortement ne peut être autorisé que lorsqu’il y a “un risque réel et substantiel” pour la vie d’une femme.
En plus de dire que la santé d’une femme n’a pas d’importance, cette position juridique signifie que dans le temps nécessaire pour juger ou décider qu’il y a bien un “risque réel et substantiel” pour la vie, les conditions de santé peuvent empirer et il peut donc être trop tard. En fin de compte, la décision dans l’affaire X n’offrait aucune garantie aux femmes, et Savita n’aurait été sauvée que si on lui avait permis de recourir à l’avortement lorsqu’elle en avait fait la demande.
La mort de Savita a suscité une énorme colère et des dizaines de milliers de jeunes, en particulier des jeunes femmes, se sont mobilisés pour exiger des changements. La position généralement partagée par nombre de militants de longue date et éminents du mouvement pro-choix et pour le droit à l’avortement à l’époque était d’exiger que la décision prise dans le “cas X” soit légiférée, pour aider à formaliser et clarifier ce qui était permis dans le 8ème amendement.
Le Socialist Party, en particulier par l’intermédiaire de Ruth Coppinger, alors conseillère municipale, a adopté une position totalement différente en affirmant que l’abrogation immédiate du 8e amendement était nécessaire pour donner rapidement lieu à une législation prévoyant le droit à l’avortement. Ces idées ont reçu une réponse très forte de la part des jeunes femmes mobilisées par la mort de Savita.
En réponse à la mort de Savita et à la crise politique qu’elle a créée, le gouvernement Fine Gael – parti travailliste a adopté la loi sur la protection de la vie pendant la grossesse mentionnée ci-dessus, qui n’a fait que mettre dans la législation la décision limitée de 1992. C’était tout à fait insuffisant. Les mobilisations de la jeunesse, et des jeunes femmes en particulier, contre les terribles mauvais traitements et l’injustice dont Savita a souffert ont changé la dynamique. C’était le début du mouvement vers l’abrogation qui a culminé avec le vote en faveur du OUI le 25 mai dernier.
Accroître la pression politique
En 2014, il devenait de plus en plus accepté dans le mouvement que le 8e amendement devait être abrogé immédiatement. Ce sentiment a considérablement été renforcé lorsque Ruth Coppinger a remporté l’élection partielle dans la circonscription de Dublin-Ouest en mai 2014 et est entrée au Dáil (le parlement), rejoignant ainsi Joe Higgins. Elle a été rejointe par deux autres députés, Paul Murphy qui a remporté une élection partielle historique en octobre 2014 et Mick Barry, élu en 2015. Ruth Coppinger, au nom de l’Anti Austerity Alliance (AAA, précurseur de Solidarity) et du Socialist Party a présenté divers projets de loi concernant l’avortement, l’abrogation de l’interdiction et des cas d’anomalies fœtales mortelles. Cela a instauré de nouvelles pressions sur le gouvernement. Sa réponse a été de mettre en place une Assemblée citoyenne chargée d’élaborer des propositions concernant l’avortement.
Le gouvernement espérait que cette Assemblée ne présente que des propositions permettant l’avortement dans des circonstances exceptionnelles. L’Assemblée étant constituée d’une centaine de personnes ordinaires de la population, le gouvernement entendait donc mettre ensuite l’accent sur la composition de l’Assemblée pour dire que l’ampleur du changement accepté plus largement dans la société ne dépassait pas ce cadre.
L’Assemblée a toutefois représenté les changements qui étaient déjà à l’œuvre dans la société irlandaise. Ses recommandations étaient vigoureusement pro-choix. Parmi celles-ci : l’autorisation de pratiquer des avortements sur demande jusqu’à 12 semaines et pour des raisons socio-économiques jusqu’à 22 semaines. Ces recommandations devaient être envoyées à une commission (parlementaire) qui, à son tour, devait envoyer un rapport au gouvernement.

Pas de recul face aux propositions de l’Assemblée des Citoyens
Sachant que ce serait un champ de bataille où, comme l’a dit un journaliste, le travail de la commission ‘‘serait essentiellement de diluer les propositions au point qu’elles ne soient pas politiquement toxiques’’, Ruth Coppinger, en tant que membre de la commission représentant Solidarity et le Socialist Party, s’est attelée à la tâche d’accroître la pression pour accepter la proposition des 12 semaines sur demande. Si l’on pouvait faire pression sur la commission pour qu’elle l’accepte, cela permettrait de prendre en charge 92 % des grossesses en situation de crise affectant les gens du Sud (l’avortement étant encore illégal en Irlande du Nord).
La commission parlementaire s’est réunie à l’automne dernier et a publié son rapport final juste avant Noël. Grâce à la pression incessante émanant du mouvement des jeunes femmes, qui avait reçu une attention toute particulière de la part de Ruth Coppinger, la commission a soutenu la proposition de l’Assemblée citoyenne pour permettre l’avortement à la demande jusqu’à 12 semaines.
De son côté, le gouvernement a déclaré qu’il publierait les grandes lignes de la législation 12 semaines avant la tenue d’un référendum visant à abroger l’interdiction, de sorte qu’il n’y aurait pas de confusion quant à ce qui serait mis en œuvre en cas d’abrogation.
Les pilules abortives – le deuxième point tournant
L’establishment politique se trouvait face à un sérieux dilemme. Il était clair que maintenir le statu quo n’était plus tenable, mais ils étaient très hésitants quant à la marche à suivre. Le 8ème Amendement continuait à créer des injustices flagrantes et parfois même des crises politiques qui menaçaient les gouvernements et la base des partis. Il était nécessaire de se défaire de cette source d’instabilité.
Mais, parallèlement, l’establishment ne désirait pas endosser la responsabilité de la mise en œuvre du droit à l’avortement. Son approche était généralement très timide en redoutant de saper sa base de soutien. Permettre un droit limité à l’avortement dans un contexte de changement d’attitude sur le sujet allait toutefois vraisemblablement créer des situations et des crises plus inacceptables encore. En fin de compte, ce sont les pilules abortives qui ont pris la décision pour la commission.
Depuis 2014, le mouvement féministe socialiste ROSA, initié par le Socialist Party, s’est engagé dans une série d’actions extrêmement médiatisées qui ont créé une prise de conscience au sujet des pilules abortives, illégales en Irlande mais entièrement sûres et pouvant être auto-administrées.
ROSA a notamment organisé un ‘‘train des pilules abortives’’ et des bus qui ont parcouru le pays (en référence au ‘‘train de la contraception’’ de 1971, quand un groupe de féministes s’était rendu à Belfast y acheter des préservatifs pour les ramener en république irlandaise et défier l’Etat de les arrêter, NDT). Au moment où la commission parlementaire était en pleines délibérations, des études ont montré que, quotidiennement, 10 Irlandaises se rendaient chaque jour à l’étranger pour y bénéficier d’un avortement tandis que 5 prenaient des pilules abortives en Irlande. Cela signifiait concrètement que l’avortement était devenu une réalité en Irlande plus que jamais auparavant. Il était même probable que l’utilisation des pilules abortives allait encore connaitre une augmentation. Les actions de ROSA ont été essentielles pour que l’utilisation des pilules abortives soit mieux connue.
Une situation changée
Lors de la présentation du rapport de l’Assemblée citoyenne, le juge Laffoy a identifié les pilules abortives comme un facteur clé émergeant. Devant la commission, des preuves ont été présentées qui soulignent l’utilisation accrue des pilules et, entre autres, l’obstétricien consultant Peter Boylan a déclaré qu’à la suite du développement de l’usage des pilules abortives, le ‘‘génie est sorti de la bouteille’’.
La commission aurait pu proposer une forme limitée d’avortement, moins de 12 semaines, mais avec l’utilisation croissante des pilules abortives, une telle loi aurait immédiatement été inapplicable et dépassée. Ces pilules abortives faisaient de l’avortement jusqu’à 12 semaines un fait établi en Irlande. Il était évident que la majorité des membres de la commission estimaient pouvoir ramer en toute sécurité derrière cette proposition.
Il s’agissait d’une énorme percée, car cela signifiait que le contexte politique du référendum était une politique pro-choix en attente. Si le référendum pouvait être gagné, l’Irlande serait dans les mois à venir pro-choix. Cela a finalement été le cas, ce qui représente une énorme transformation par rapport à il y a quelques années. C’est probablement le plus grand coup porté en faveur des droits des femmes dans l’histoire de l’État irlandais et cela a d’énormes implications pour l’avenir.
Le camp du NON et sa campagne toxique
Au début de la campagne officielle, le sentiment en faveur de l’abrogation était clairement dominant, mais la campagne du Non est passée à l’offensive et a eu un impact. Elle a déterminé quel était l’agenda de la discussion et a mis l’accent sur les délais et l’avortement “à la demande” jusqu’à 12 semaines. Cela a suscité des questions et des doutes et le soutien en faveur du OUI a été réduit à néant. Mais par la suite, la campagne du NON a été si offensante qu’elle a déclenché une riposte active des femmes. La campagne du NON reposait essentiellement sur la diffusion de soupçons envers les intentions des femmes pour les présenter comme des meurtrières.
Certains défendaient l’idée que la campagne large en faveur du OUI ne devait pas atteindre le niveau du NON. Toutefois, dans le cadre d’une campagne, il faut tenir compte des problèmes réels qui s’installent et qui font l’objet de discussions. La campagne officielle Together4Yes (T4Yes) a poursuivi son approche mais, sur le terrain, les militants, tant à l’intérieur de T4Y que dans d’autres campagnes, sont allés plus loin pour répondre aux arguments du NON, en se concentrant particulièrement sur la réalité de l’avortement en Irlande et sur les raisons pour lesquelles les gens recourent à l’avortement.
Un sondage à la sortie des urnes réalisé par la chaîne de télévision publique irlandaise RTÉ a indiqué que les témoignages de femmes dans les médias et l’expérience vécue par des proches ont constitué le facteur d’influence le plus déterminant pour 77 % des participants au vote. Cela a clairement démontré que l’idée selon laquelle il fallait une approche prudente en termes d’argumentation était fausse. Toute l’idée de l’existence supposée d’une ‘‘Irlande du centre’’ n’était qu’une pure construction. Les gens réagissent positivement quand une argumentation solide reposant sur l’expérience concrète vécue par d’autres leur est présentée. Cela a encore été illustré par le sondage RTE qui relevait que le droit de choisir était le principal facteur d’influence dans une liste d’options à 62 %, bien au-dessus d’une anomalie fœtale fatale, citée par 39 % des sondés.
10 jours qui ébranlèrent le mondeA moins de deux semaines de la fin de la campagne survint un important changement. Le 14 mai, un débat télévisé, durant l’émission The Claire Byrne Live show, a été suivi par 650.000 personnes. Bien qu’il ait été estimé que le camp du NON avait peut-être mieux saisi cette opportunité, nombreux parmi ceux qui ont regardé l’émission ont été profondément choqués par l’approche de certains des militants du NON. L’émission a été l’objet d’un nombre incroyable de 1.277 plaintes, parmi lesquelles 92 % consacrées à sa partialité en défaveur du OUI. Cet événement de même que l’approche de plus en plus brutale des militants du NON dans la campagne ont freiné leur dynamique.
Quelques jours plus tard, ROSA a accroché son dernier lot d’affiches. L’une d’entre elles qui comportait une grande photo de Savita avec le simple message ‘‘Savita Matters – Women Matter – Vote Yes’’ (Savita compte, les femmes comptent) a été affichée dans tous les principaux centres-villes et à travers toute la ville de Dublin. Ces affiches ont agi eu l’effet d’une sorte de délivrance, une ‘‘riposte’’ que beaucoup attendaient depuis longtemps déjà. Elles ont rappelé aux gens la réalité de ce que signifiait le 8e Amendement ; mais elles ont aussi aidé à donner confiance à beaucoup d’autres pour qu’ils deviennent actifs dans la campagne, soit en militant autour de l’une des initiatives, soit à titre individuel en défendant le OUI jusqu’au jour du scrutin.
‘‘Dans les derniers jours de la campagne référendaire sur le Huitième Amendement, des dizaines de petites affiches sont apparues autour de Dublin. L’image était celle de Savita Halappanavar, reconnaissable instantanément grâce à ses cheveux épais et foncés, son large sourire, ses yeux souriants et le point Bindi sur le front. Le message contenait un mot : Oui. Elles étaient frappantes par leur simplicité et leur franchise.’’ Harry McGee, Irish Times, 26 mai.
D’innombrables conversations
Les anecdotes relatant la manière dont de jeunes femmes se sont battues pour le OUI avec leurs proches au cours de la dernière semaine de campagne sont légion. Il était clair qu’un élan imparable en faveur du OUI se profilait sous l’impulsion des jeunes femmes.
La campagne du NON a semé des doutes parmi certaines couches, mais elle n’a pas pu renverser la vapeur et s’opposer au changement de conscience qui s’était développé au fil des années sur cette question. D’autre part, les messages misogynes et agressifs du NON ont créé une vague de réaction qui les a finalement noyés le jour du scrutin.
Les membres du Socialist Party ont été très actifs, avec d’autres, dans les campagnes de ROSA et de Solidarity, ainsi que dans la vaste campagne Together4Yes. ROSA et Solidarity ont déployé une activité intense dans les collectivités locales, mais surtout dans les centres-villes. Au Parlement et dans leurs circonscriptions, Paul Murphy (Dublin Sud-Ouest) et Mick Barry (Cork North Central) ont tous deux joué un rôle de premier plan dans la campagne du OUI. Dans ces deux circonscriptions, la victoire du OUI fut impressionnante.

Lancement de la campagne au Liberty Hall. La campagne de ROSA a commencé le 14 avril avec un rassemblement national de 500 personnes au Liberty Hall, à Dublin, durant lequel de nombreux orateurs du Socialist Party et du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ont pu prendre la parole. ROSA a organisé des actions sur une base quotidienne de même que des manifestations jusqu’aux aéroports de Cork et Dublin, auxquelles 350 personnes ont assisté. Ces marches retraçaient les pas des milliers et milliers de femmes forcées d’aller avorter à l’étranger au cours de ces 35 dernières années. Le jour du décompte des votes, 250 personnes ont assisté à un rassemblement de ROSA au Projects Arts Centre à Dublin et des centaines de personnes sont devenues membres de ROSA.
L’impact de ROSA
Le point culminant de l’activité de ROSA durant la campagne fut l’apparition de 15.000 affiches mise en place par des activistes de ROSA et de Solidarity. Celles-ci ont eu un très grand impact et se sont distinguées par leur contenu sans équivoque à tel point qu’elles ont figuré sur la quasi-totalité de la couverture médiatique internationale du référendum.
La classe des travailleurs, les femmes et les jeunes femmes en particulier ont été les moteurs de ce changement historique de même que d’autres récents bouleversements sociaux, de la lutte contre la taxe sur l’eau (water charge) au référendum sur le mariage égalitaire. Et maintenant cette nouvelle percée historique. La jeune génération, souvent dénigrée par certains sous le terme de ‘‘snowflakes’’ (flocons de neige), s’est retrouvée à la tête d’un mouvement qui a non seulement forcé un establishment politique très réticent à agir mais a également vaincu l’Église catholique. Toute la question est aujourd’hui de savoir quand, et non pas si, cette jeunesse se retrouvera à l’avant-plan d’autres combats qui les feront entrer en conflit ouvert avec le système capitaliste lui-même.
Qu’en dissent-ils ?
Pour finir, voici quelques-uns des nombreux commentaires qui ont été envoyés à des membres du Socialist Party ou qui sont apparus dans des forums publics concernant les activités dans lesquelles nous avons été impliqués ainsi qu’au sujet du rôle joué par Ruth Coppinger.
- ‘‘Merci beaucoup Rosa pour tous vos efforts et votre influence héroïques, inspirants et constants’’.
- ‘‘J’espère que vous réalisez tout ce que vous avez fait pour les femmes d’Irlande ! Profitez du week-end et offrez-vous quelque chose de spécial ! Je suis si heureuse, reconnaissante et optimiste pour l’avenir.’’
- ‘‘Chère Ruth, je dois admettre que vous entrerez dans l’histoire comme la voix la plus forte, cohérente et logique de #Repeal… Nous pouvons probablement compter sur les doigts d’une main les thèmes politiques sur lesquelles vous et moi sommes d’accord. L’abrogation en était certainement une. En tant que défenseur inébranlable et passionné de l’abrogation, vous avez rendu un grand service au pays, aux professionnels de la santé ainsi qu’aux femmes”.
- ‘‘Salut, salut. Je voudrais juste vous féliciter pour votre fantastique campagne d’affichage autour de la ville de Dublin pour le vote en faveur du OUI. C’est à mon avis la plus réfléchie de toutes les campagnes d’affichage. Quand le OUI l’emportera la semaine prochaine, il aura une énorme dette de gratitude envers vous.’’

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Meeting “Gauches Communes”: les forces de gauche face à l’austérité

Le mercredi 20 juin à 19h, à la Pianofabriek, rue du Fort n°35, à Saint-Gilles (Bruxelles)
Avant l’été, Gauches Communes vous invite le 20 juin à son meeting public : “Les nouvelles forces de gauche face aux carcans austéritaires”.
Le 20 juin nous somme heureux d’accueillir Sabine Rubin, députée La France Insoumise, aux côtés d’Anja Deschoemacker et de Marisa Cabal (organisatrice de la campagne Rosa (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) à Bruxelles).
Politiques néolibérales, coupes budgétaires dans les service publics, austérité … partout les capitalistes et leurs politiciens tentent de faire payer les crises aux jeunes et aux travailleurs. Inévitablement, les luttes prennent place et, à différentes échelles, de nouvelles formations de gauche voient le jour.
Comment briser les carcans austéritaires et ainsi mener une politique qui fait réellement face aux besoins de la population ?
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#RepealedThe8th Irlande. Une victoire historique pour le progrès social !

Déclaration des députés irlandais de Solidarity et membres du Socialist Party Ruth Coppinger, Paul Murphy et Mick Barry.Le référendum irlandais du 25 mai a livré un résultat sans appel : une large majorité a voté en faveur de la levée de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement, comme le prévoit le 8e amendement à la Constitution. Après une campagne féroce, dans laquelle les opposants au droit à l’avortement se sont tournés vers le mensonge et l’intimidation, l’emprise de l’establishment conservateur et religieux sur la population irlandaise s’est avérée plus limitée que prévu. Dans la campagne du Oui, les activistes de la campagne féministe socialiste ROSA, de Solidarity (l’alliance électorale plus large à laquelle participe le Socialist Party) et des parlementaires comme Ruth Coppinger ont joué un rôle majeur. Voici la réaction immédiate des trois députés de Solidarity (Ruth Coppinger, Paul Murphy et Mick Barry).
La claire et splendide victoire du ‘‘oui’’ dans ce référendum représente un tremblement de terre politique et un tournant pour l’Irlande. C’est une grande victoire, en particulier pour les femmes d’Irlande, qui se sont débarrassées de l’oppression du 8e amendement après 35 ans. Aucun retard ne peut désormais être justifié. Rien n’empêche le Dail (parlement) d’adopter rapidement une loi pour donner effet aux propositions du Comité de l’Oireachtas (la commission parlementaire). Plus personne ne doit souffrir.
Cet événement fait partie d’une révolte mondiale féministe et LGBTQI contre une discrimination de longue date. Cette victoire est un énorme coup de pouce pour tous ceux qui luttent contre l’oppression et pour l’égalité réelle à travers le monde. C’est tout particulièrement le cas pour les femmes d’Amérique latine, qui meurent littéralement faute de disposer du droit à l’avortement, qui voient leur lutte renforcée par ce résultat.
Mettre fin à l’hypocrisie
C’est aussi une victoire livrée principalement par la jeunesse, une génération souvent dénigrée comme étant la “génération snowflakes” (terme péjoratif qui vise à catégoriser les jeunes comme étant plus facilement offensés que par le passé, NDT). Ce sont eux qui ont dit qu’il y en avait assez et qui ont fait de cette question un thème crucial, en particulier après la mort tragique et inutile de Savita Halappanavar (décédée en 2013 des suites de complication de sa grossesse et à qui un avortement avait été refusé, NDT). Ce sont les jeunes femmes qui ont refusé d’accepter l’hypocrisie de la “solution irlandaise à un problème irlandais” et ont exigé et organisé ce changement contre un establishment politique pétrifié et réticent.
Il faut aussi dire haut et fort qu’une fois de plus, comme ce fut le cas avec le mouvement contre la taxe sur l’eau et le référendum sur le mariage égalitaire, la classe ouvrière a véritablement été la ‘‘fondation sûre’’, comme le disait James Connolly, de cet énorme changement social. En raison de l’expérience vécue, le sens de la solidarité est inné dans la classe ouvrière. C’est la force qui fait avancer les choses dans ce pays, comme on l’a vu pendant la campagne et comme le démontre l’ampleur des votes dans les communautés ouvrières.
Un mouvement de base
Une vaste campagne officielle du ‘‘Oui’’ a eu lieu, puis un mouvement populaire indépendant s’est développé au cours des dernières années, des derniers mois et des dernières semaines. C’est ce mouvement qui a fait la différence décisive, notamment en répondant à l’alarmisme et aux mensonges scandaleux du camp du ‘‘non’’.
Cette victoire a également été encadrée dans une large mesure au cours des dernières années par ceux qui ont été les plus ardents partisans du droit au choix, les anticapitalistes socialistes et les activistes de gauche. Jusqu’à tout récemment, le groupe parlementaire Solidarity – People Before Profit était la seule entité politique du parlement à lutter en faveur du droit à l’avortement, avec une position clairement pro-choix.
Il existe une grande différence entre ceux qui ont voté ‘‘non’’ et les organisateurs de la campagne du ‘‘non’’. La campagne ‘‘du non’’ a donné un aperçu effrayant du type d’Irlande dans laquelle la droite religieuse voudrait que nous vivions tous. Sombrant dans la misogynie, la campagne du ‘‘non’’ a diffamé femmes et les a dépeintes comme des tueuses égoïstes et des meurtrières. Ils ont blâmé les femmes du début à la fin, c’est totalement inacceptable.
Les idées rétrogrades ont été rejetées
Nombreuses ont été celles qui se sont senties plus vulnérables et moins en sécurité au fur et à mesure que leur rhétorique s’intensifiait. Mais leurs idées rétrogrades ont clairement été rejetées lors de ce référendum. Le fait que la majorité des représentants publics du parti Fianna Fáil a participé à cette campagne ne doit pas et ne sera pas oublié par la population.
Ce référendum a des implications pour l’Irlande du Nord, où les femmes et les jeunes n’accepteront pas d’être laissés pour compte. Les militants de la campagne du Socialist party ROSA y lancent une campagne majeure pour revendiquer le droit à l’avortement, en commençant par un Bus4Choice qui voyagera dans tout le Nord la semaine prochaine avec des pilules abortives.
Ce vote retentissant doit conduire à l’adoption rapide de la législation et au développement des services de santé nécessaires pour permettre d’avorter jusqu’à 12 semaines sur demande et pour raisons de santé. Le projet de loi de Solidarity sur l’éducation sexuelle doit être adopté. La contraception gratuite doit maintenant être fournie dans les services de santé et promue dans la société.
Pour que cela se produise, l’establishment politique doit être maintenu sous pression par le mouvement populaire. Rappelez-vous que nous avons dû attendre plus de cinq ans après la mort de Savita avant d’avoir enfin un référendum ! Cela ne doit pas se reproduire.
Les jeunes ont été la dynamique clé de voûte de cette victoire contre l’oppression et pour le contrôle de leur propre corps. Il ne s’agit pas de savoir si, mais quand, ils agiront contre un système éducatif de plus en plus oppressif ; sur le fait qu’ils ne peuvent obtenir d’emplois avec un salaire et des conditions décentes ; qu’ils n’ont pas les moyens de louer ou d’acheter un logement décent.
Construire une gauche socialiste
Le premier ministre Leo Varadkar pourrait bénéficier de ce résultat, ayant sauté à la dernière minute du bon côté de l’Histoire. Mais lui, le Fine Gael et les autres partis qui défendent et mettent en œuvre des politiques capitalistes seront confrontés à la force du séisme de la jeunesse qui arrive parce qu’ils n’ont pas de solutions à offrir face à ces questions brûlantes. Ils ne peuvent pas satisfaire le désir profond de justice et d’égalité qui pousse de manière décisive les jeunes générations vers la gauche et les idées socialistes dans de nombreux pays comme l’Amérique, la Grande-Bretagne et l’Espagne et, après le vote d’hier, en Irlande aussi.
En tant que députés de Solidarity et membres de longue date du Socialist Party, nous disposons d’une longue expérience sur ces questions et sur la lutte pour le droit de choisir. Nous sommes fiers d’avoir fait partie de la campagne Time4Choice de ROSA qui a donné une réelle longueur d’avance au camp du ‘‘oui’’ et a facilité le développement du mouvement populaire. Ce mouvement et ROSA ne vont pas disparaître et vont viser à devenir une force féministe socialiste majeure en lutte pour une transformation radicale de ce pays.
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Irlande. Un grand enthousiasme parmi la jeunesse pour en finir avec le passé répressif

Le référendum historique visant à abroger le huitième amendement à la constitution irlandaise, qui équivaut à une interdiction quasi totale de l’avortement, a lieu ce 25 mai. Les citoyens irlandais voteront ” oui ” pour un avenir progressiste où le droit de choisir est enfin reconnu par la loi irlandaise, ou ” non ” pour une société encore dans l’ombre dans l’Église catholique répressive et misogyne.
Par Keishia Taylor, Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière) et ROSA – Dublin.
Le mouvement féministe très militant et jeune qui lutte pour l’abrogation rompt avec la répression du passé. À chaque fois, l’establishment politique s’est opposé au droit à l’avortement et au mouvement pro-choix.
Le gouvernement a tout fait pour tenter d’éviter l’organisation d’un référendum. Ensuite, ils ont tenté de diluer les revendications pro-choix pour n’autoriser l’avortement que dans les “cas difficiles” comme les anomalies fœtales graves et une grossesse résultant d’un viol.
ROSA – Mouvement socialiste féministe( campagne sœur de la campagne ROSA en Belgique) a joué un rôle extrêmement important en défendant une position pro-choix sans compromis. Au sein de ROSA militent des membres du Socialist Party, y compris la députée Ruth Coppinger, figure importante du mouvement pro-choix.
ROSA a mis en évidence la question de l’utilisation des pilules abortives, prouvant que l’avortement a lieu tous les jours, malgré l’interdiction. Mais il ne se réalise pas avec un avec un encadrement médical sûr. Cela a poussé le référendum sur la problématique du droit de choisir.
L’énergie et l’enthousiasme de la jeunesse pour un vote en faveur du OUI correspondent à l’état d’esprit dominant, en particulier à Dublin. Les jeunes, les femmes, les LGBTQI+ et les travailleurs sont très favorables à l’abrogation.
Cependant, les anti-choix les plus arriérés sentant que leur contrôle des femmes leur échappe font preuve d’une grande agressivité. Les derniers sondages suggèrent une victoire du camp des pro-choix face à l’interdiction de l’avortement sexiste, mais nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers et nous ferons campagne jusqu’à la fermeture des bureaux de vote.
Gagner le droit à l’avortement serait une énorme victoire. Elle porterait un coup dur à l’Église conservatrice et répressive et à l’establishment capitaliste et constituerait un pas en avant important vers une séparation complète entre l’Église et l’État.
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Délégation combative à la Pride : “Pride is a protest!”
La lutte contre toutes les formes de discrimination est loin d’être finie, nous devons continuer de nous organiser et poursuivre la résistance ! La campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) a pris part à la Pride samedi dernier au sein d’une délégation combative, aux côtés notamment de la Rainbow House. Nous avons scanné des slogans contre la lesbophobie, l’homophobie, la biphobie, la transphobie, le sexisme, etc. Au-delà des diverses formes de discrimination, nous avons voulu souligner que le système capitaliste favorise et entretient les divisions et les discriminations. La Pride a commencé comme une manifestation politique de lutte pour l’égalité des droits, et ce caractère politique et militant reste nécessaire aujourd’hui. D’où : Pride is a protest!
? Lire l’article de quatrième de couverte de notre journal : Fight for Pride
? Tract de la campagne ROSA pour la Pride -
Combattre la réforme des pensions et l’ensemble des mesures d’austérité, c’est combattre le sexisme!

Tous les politiciens ont beau se qualifier eux-mêmes de “féministes”, ils n’éprouvent aucun scrupule à pousser toujours plus de femmes dans la précarité et l’insécurité. 58% des pensionnées vivent déjà avec moins de 1000€ par mois et cela va largement s’aggraver avec les mesures du gouvernement ! Les services adéquats manquent de plus cruellement pour aider nos aînés (entre autres). Ce travail retombe sur le dos des familles, tout particulièrement des femmes. Celles-ci sont ainsi poussées à diminuer leur temps de travail pour parvenir à jongler avec leurs différentes responsabilités. Cela limite leurs revenus, leurs droits sociaux et bientôt aussi, encore plus largement, leurs pensions. Ce cercle vicieux, nous devons le briser par une lutte menées toutes et tous ensemble !
Tract de la Campagne ROSA à destination de la manifestation pour nos pensions de ce 16 mai
Pour combattre le sexisme et l’oppression des femmes, il ne suffit pas de grandes déclarations ou d’avoir suffisamment de femmes sur ses listes électorales. L’écart moyen entre les pensions des femmes et des hommes est de 34 %. Lutter pour de meilleures conditions de vie, c’est assurer la base matérielle nécessaire à l’émancipation des femmes. Que les politiciens arrêtent de donner des cadeaux aux multinationales et aillent chercher l’argent là où il est ! Il y aurait alors bien assez d’argent pour les services publics et des pensions décentes pour toutes et tous !
Pour des campagnes de syndicalisation des femmes
Un “One shot” ne sera clairement pas suffisant. Il est essentiel de construire un plan d’action afin d’arrêter les projets austéritaires du gouvernement avec des réunions du personnel, des concentrations syndicales, davantage de manifestations et, surtout, des grèves régionales et nationales, comme en 2014. Suspendre la lutte sociale dans l’espoir que le gouvernement soit puni lors des élections est une stratégie dangereuse et contre-productive.
Les femmes ont un rôle crucial à jouer dans ces mobilisations. Elles doivent activement y prendre part et dénoncer l’hypocrisie du gouvernement afin de construire un mouvement combatif qui pourra imposer ses revendications. Mais pour cela, on a besoin d’être organisée ! C’est pourquoi la campagne ROSA encourage les campagnes de syndicalisation des femmes. C’est essentiel pour construire un mouvement fort et uni, certainement dans les secteurs où elles sont majoritaires, bien souvent des secteurs précaires.
Toi aussi, syndique-toi et encourage tes collègues à faire de même !
Les travailleuses et travailleurs de Lidl nous prouvent que la lutte paye
Nous ne pouvons stopper ces attaques et obtenir de nouvelles victoires qu’en luttant ensemble et en poussant les directions syndicales à organiser la riposte. Les travailleuses et travailleurs de Lidl ont fait grève fin avril pour des conditions de travail décentes. La grève a été initiée depuis la base malgré les fortes pressions exercées par la direction. Jamais auparavant Lidl n’a connu une grève à une telle échelle. Résultat : la lutte paye ! Les grévistes ont obtenu 42 heures supplémentaires par semaine par magasin.
Cette victoire doit être saisie comme exemple pour en entrainer d’autres. Comme dans bon nombre de secteurs majoritairement féminins, presque personne n’a un contrat à temps plein chez Lidl. Les conséquences sur les pensions seront désastreuses si le projet du gouvernement passe. Il est nécessaire de poursuivre la lutte.
Tu souhaites organiser une réunion avec des collègues pour partager l’expérience de Lidl ou d’autres luttes, pour réfléchir à la manière de favoriser l’implication des femmes dans les luttes et pour discuter de la suite à donner à cette journée ?
Contacte-nous ! ROSA se veut un outil de lutte pour toutes celles et ceux qui souhaitent combattre le sexisme et l’austérité. Rejoins-nous !
Cette campagne a été initiée par le PSL (Parti Socialiste de Lutte). Elle souhaite promouvoir et organiser des événements, des actions et des campagnes d’information contre le sexisme, l’austérité et le système qui les entretient : le capitalisme. Nous voulons défendre la solidarité comme outil de lutte.
contact@campagneROSA.be – CampagneROSA.be – 0474 35 30 36 (Emily)
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Trop c’est trop ! Il faut affronter cette culture misogyne mondiale !

L’article 40.3.3 de la Constitution irlandaise (le 8e amendement) garantit le droit à la vie de l’enfant à naître, ce qui interdit le droit à l’avortement à moins que la vie de la mère ne soit gravement menacée. C’est la loi la plus stricte d’Europe. 35 ans après que ce changement de constitution a été co-écrit par un archevêque et ensuite envoyé au Pape pour approbation, la lutte pour libérer l’Irlande de son oppression catholique est en cours.
Par Laura Feeney
Un référendum historique
Un référendum a été convoqué pour le 25 mai afin d’abroger ce 8e amendement, mais il aura fallu une longue lutte pour que le sujet soit discuté au Parlement. C’est la pression de la rue qui en est responsable, en grande partie organisée par l’organisation socialiste-féministe ROSA. En Irlande, la campagne ROSA (for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity) a été créée après le décès de Savita Halappanavar, morte à la suite de complications liées à sa grossesse et à l’incapacité du médecin à l’opérer en raison du 8e amendement.
En réponse à ce flot continu d’injustices horribles, une Assemblée citoyenne a voté en faveur de l’abrogation du 8e amendement et pour un accès non restrictif à l’avortement jusqu’à 12 semaines. Ces recommandations étaient beaucoup plus radicales que celles des politiciens traditionnels. Une commission parlementaire a été mise sur pied tandis que les actions de ROSA et de la députée Ruth Coppinger (élue de Solidarity et membre du Socialist Party) ont souligné quelle était l’utilisation de pilules abortives illégales en Irlande. Cela a eu un impact significatif. Il est évident que l’avortement est déjà pratiqué en Irlande, sa légalisation en rendrait la pratique plus sûre. Les tensions sont vives avant la tenue du référendum qui survient dans un contexte où d’autres développements majeurs sont en cours sur le terrain de la lutte contre le sexisme et de radicalisation, particulièrement parmi les jeunes Irlandaises.
‘We stand with her’
En Irlande du Nord, un procès très médiatisé impliquant une jeune femme de dix-neuf ans face à des joueurs de rugby professionnels a récemment attiré l’attention sur le combat à mener plus largement contre l’oppression sexiste. Ce procès était des plus pénibles pour les victimes d’agressions sexuelles. La jeune femme a été interrogée beaucoup plus longuement que les accusés, le jury a fait circuler ses sous-vêtements et une ancienne députée a déclaré qu’une fille de la classe moyenne ne se serait jamais retrouvée dans une telle situation. Lorsque le verdict a été annoncé, non coupable, la colère fut générale. Des rassemblements ont immédiatement eu lieu avec le hashtag #IBelieveHer (je la crois). Deux jours plus tard, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Dublin et devant le palais de justice de Belfast. Une pétition en ligne réclamant la tenue d’une enquête sur le comportement des joueurs a recueilli 65.000 signatures. L’Irish Rugby Union et l’Ulster Rugby ont dû annoncer que les contrats des deux joueurs, Paddy Jackson et Stuart Olding, étaient révoqués. 30.000 euros ont été récoltés pour le Dublin Rape Crisis Centre dans les deux jours qui ont suivi l’annonce du verdict.
Les actions ont été absolument monumentales sur l’ensemble de l’île. Elles s’inscrivent dans un sentiment global. En Pologne, les femmes sont également choquées par l’éthique catholique réactionnaire et se battent pour changer leur loi archaïque sur l’avortement. Lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, une ‘‘grève féministe’’ a été déclenchée en Espagne et pas moins de 5,3 millions de personnes sont descendues dans la rue pour lutter contre les abus sexuels et l’écart salarial ! En Irlande, durant les manifestations, de nombreuses pancartes reprenaient une citation de la militante Angela Davis : “Je n’accepte plus les choses que je ne peux pas changer. Je change les choses que je ne peux pas accepter.’’ ‘‘Trop, c’est trop !’’ est devenu un cri de ralliement. Ces femmes ne recherchent pas des réformes ou des solutions rapides et bâclées.
‘‘Je ne vais pas me rendre à la police. Je ne vais pas affronter l’Ulster Rugby.’’ C’est le message effrayant que la jeune victime a envoyé à son amie au lendemain de son agression. Les femmes savent que le système n’est pas à leurs côtés, mais contre elles. Ces hommes puissants n’allaient jamais être réprimandés dans une culture qui considère tout cela comme du ‘‘discours de vestiaire’’. Nous devons lutter contre ce système d’exploitation qui protège les plus puissants plutôt que les plus vulnérables. La ‘‘culture machiste’’ est ancrée à tous les niveaux de la société capitaliste : y compris les forces de police, les tribunaux et l’État. Nous savons que ces institutions ne sont pas là pour la démocratie ou l’égalité, ce sont des outils pour réprimer la révolte de la classe ouvrière. Les mesures qui ont été prises en réponse à cette situation devraient déclencher un feu dans le ventre de chacun. Le changement est imminent et nous n’attendrons plus. Trop, c’est trop.
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Espagne: grève générale étudiante contre la culture du viol le 10 mai!

Les manifestations de masse demandent justice pour les victimes de viol –
Déclaration du Sindicato de estudiantes (organisation-sœur des Etudiants de Gauche Actifs dans l’Etat espagnol)
L’affaire « La Manada » (La Meute) : une honte.
Le scandaleux verdict prononcé par le tribunal de Pampelune dans l’affaire du gang de violeurs de La Manada a choqué des millions de femmes, de jeunes et une majorité d’hommes, comme en témoignent les manifestations massives qui ont eu lieu partout dans le pays quelques heures seulement après la prononciation du verdict, le 26 avril dernier.Ce jugement illustre le double discours de la «justice» dans ce système réactionnaire et franquiste. D’un côté, des jeunes et des rappeurs sont emprisonnés pour avoir critiqué la monarchie et la corruption du PP au pouvoir sur les réseaux sociaux et dans les chansons; les livres sont retirés de la circulation et les magazines sont censurés. La police est déployée lors des matches de football pour confisquer les t-shirts jaunes parce qu’ils «incitent à la violence» (NDLT : la couleur jaune symbolise le mouvement d’indépendance en Catalogne). D’un autre côté, les politiciens corrompus sont libérés, les fascistes s’en sortent sans condamnation et la violence contre les femmes est traitée en toute impunité.
Le verdict à l’encontre des violeurs de La Manada correspond à ce deuxième cas: c’est une insulte et un manque de respect flagrants envers une jeune femme sauvagement attaquée par un groupe d’hommes. Le tribunal légalise ainsi de facto le viol et place toutes les femmes en situation de danger face aux prédateurs qui savent qu’ils seront protégés.
Nous ne pouvons pas permettre cela! Nous devons utiliser notre colère et notre indignation pour nous organiser et lutter !
Le Sindicato de Estudiantes, avec la plateforme féministe socialiste, Libres y Combativas (organisation-sœur de la Campagne ROSA – Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), appelle à une grande grève étudiante le 10 mai – à l’arrêt des cours dans les écoles et les universités – et appelle tous les jeunes à participer massivement aux manifestations du 12 mai.
Avec cette grande grève, nous entendons montrer notre rejet de ce système judiciaire sexiste, exiger le limogeage de tous les juges responsables, nous opposer à la corruption et à l’attaque contre les droits démocratiques en cours ainsi que démontrer notre entière et pleine solidarité avec la victime de cette horrible agression.


