Tag: Portugal

  • Le ‘‘modèle portugais’’: une alternative à l’austérité ?

    Le gouvernement minoritaire portugais du Partido Socialista Português social-démocrate (PSP) est soutenu par la gauche radicale (le Bloc de gauche et le Parti communiste portugais). Le gouvernement portugais est régulièrement cité en exemple pour sa gestion singulière de la crise. La politique d’austérité a effectivement été allégée et des réformes, quoique très timides, ont eu lieu. Qu’est-ce que le ‘‘modèle portugais’’, et quelles en sont les forces et les limites ?

    Par Marisa (Bruxelles)

    Mobilisation contre le gouvernement de droite

    Les années 2011-2013 ont été marquées par une mobilisation soutenue contre la politique du gouvernement conservateur arrivé au pouvoir en 2011. La politique d’austérité s’est heurtée à une vive opposition avec cinq grèves générales, la première, en date du 14 novembre 2012, étant ibérique (simultanément dans tout l’Etat espagnol et au Portugal). Deux manifestations de masse ont réuni un demi-million de personnes particulièrement en colère. Si les dirigeants syndicaux avaient persévéré dans cette voie, le gouvernement de droite aurait été incapable de tenir si longtemps. Cependant, même au sein de la CGTP – la fédération syndicale où le PCP dispose d’une large influence – la direction a adopté une attitude attentiste.

    Il a fallu les élections d’octobre 2015 pour mettre fin au gouvernement de droite. Le Bloc de gauche et le PCP en sont sortis considérablement renforcés en remportant 11 sièges. Les deux partis de gauche avaient défendu des revendications offensives telles que l’abolition des frais d’inscription pour les études supérieures, des investissements dans les services publics, un système de banques publiques, de meilleures conditions de travail et salariales, etc. A la suite du cours désastreux suivi par SYRIZA en Grèce, le Bloc de gauche s’est également positionné contre l’Europe du capital.

    Au lendemain des élections, la droite s’est révélée incapable de constituer un gouvernement, mais la social-démocratie n’avait pas non plus obtenu de majorité. Notre organisation-sœur portugaise Socialismo Revolucionario a appuyé la position de soutien extérieur de la gauche radicale. Refuser de le faire aurait ouvert la voie à un nouveau gouvernement conservateur. Le PS n’était, de plus, pas en position de force : avec une mobilisation active des travailleurs, il était possible de forcer ce fragile gouvernement à accorder des concessions majeures, surtout si ce dernier voulait apparaître comme une force de gauche. Malheureusement, cette approche n’a pas été suivie par le Bloc de gauche et le PCP qui ont mené des négociations en coulisses pour soutenir le gouvernement minoritaire et ont bloqué toute mobilisation. Le résultat fut un accord comportant quelques modestes pas en avant, mais sans perspective pour obtenir davantage.

    Des réformes limitées, la lutte reste indispensable

    Le nouveau gouvernement a progressivement augmenté le salaire minimum de 530 à 600 euros, ce qui reste évidemment très bas. Selon nos camarades de Socialismo Revolucionario, il faut au moins 900 euros par mois pour éviter de vivre dans la pauvreté. Une réduction du temps de travail a été appliquée, mais sans embauche compensatoire. Tout cela n’a pas empêché le développement de la précarisation. Dans le secteur des centres d’appels, notamment, l’incertitude et les bas salaires règnent en maîtres. Des réformes ont eu lieu, sans pour autant résoudre quoi que ce soit.

    La politique d’austérité n’a du reste pas complètement cessé : les dépenses publiques ont diminué de 7% sous le gouvernement Costa. Les conséquences en sont désastreuses, entre autres concernant les soins de santé et le transport, pour lesquels des actions ont été menées ces derniers mois. Le problème de la dette publique reste entier : le déficit public est supérieur à 130 % du PIB. Dans la zone euro, seules la Grèce et l’Italie connaissent un ratio plus important entre la dette publique et le PIB.

    Les diktats de l’Union européenne exigent une réduction du déficit budgétaire et de la dette publique. Dans une période de croissance économique, il était possible de ralentir quelque peu l’austérité et de mettre en œuvre quelques réformes limitées. Mais une nouvelle récession remettra immédiatement à l’ordre du jour la question d’une politique d’austérité rigoureuse, peu importe qui fait partie du gouvernement.

    La rue en résistance

    Socialismo Revolucionario a appelé le Bloc de gauche et le PCP à ne pas approuver les mesures d’économie lors du vote du budget de cette année. La tâche de la gauche est de soutenir les mobilisations, que cela soit dans le secteur ou dans celui des dockers qui luttent depuis des années contre la libéralisation de leur secteur, parallèlement à des revendications politiques pour rompre radicalement avec l’austérité.

    Progressivement, les jeunes et les travailleurs reprennent le chemin de la lutte, y compris contre les conséquences de la politique imposée depuis des années. La pression exercée sur le gouvernement s’accroît de même que celle ayant prise sur le Bloc de gauche et le PCP pour qu’ils adoptent une attitude ‘‘responsable’’, c’est-à-dire pour qu’ils ne jouent pas de rôle dans les mobilisations qui peuvent mettre à mal la position du gouvernement minoritaire. Cependant, une position passive laisserait penser au PS qu’il peut continuer à faire la sourde oreille face aux revendications sociales.

    Pour l’instant, le PS parvient encore à s’en sortir. La politique d’austérité allégée et les quelques réformes positives sont ressenties comme un soulagement par la population. Le PS a su en profiter aux dernières élections locales lors desquelles le parti a connu une forte progression. Le Bloc de gauche et le PCP ont par contre reçu une correction. La gauche ne doit pas se distinguer du mécontentement social, elle doit utiliser la position minoritaire du PS au gouvernement pour arracher plus de concessions. Elle pourrait par exemple renforcer les mobilisations des secteurs des soins et de l’enseignement et les unifier dans le cadre d’un plan d’actions offensif.

    Une nouvelle crise est inévitable, avec son lot de nouveaux défis. Elle conduira à un nouveau mouvement socialiste de masse au sein des jeunes générations qui essaient de se sauver et de protéger la planète du capitalisme. Renforcer ce mouvement – avec un programme socialiste et un parti révolutionnaire massif – sera essentiel pour obtenir des victoires.

  • Droit à l’avortement au Portugal : un « bon » modèle ?

    ROSA “Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité”, une campagne lancée par nos camarades de Socialismo Revolucionario, la section portugaise du Comité pour une Internationale Ouvrière.

    Alors qu’auparavant les Portugaises pratiquant un IVG étaient passibles de trois ans d’emprisonnement, depuis le référendum de 2007 au Portugal, l’avortement était devenu légal et gratuit : jusque 10 semaines sur demande. A l’époque, 59,24% des Portugais avaient approuvé la proposition, un engagement électoral du Parti socialiste au pouvoir et son Premier ministre, José Sócrates.

    Par Brune, Bruxelles

    Lors du référendum, seulement 43,61 % des électeurs inscrits s’étaient rendus aux urnes. Comme l’abstention était supérieure à 50%, selon la Constitution portugaise, ces résultats n’étaient pas « juridiquement » contraignants et le Parlement pouvait légalement décider de les ignorer. Sócrates avait néanmoins confirmé qu’il élargirait les circonstances dans lesquelles l’avortement était autorisé. Cette décision ne venait pas de nulle part : le contexte social, la crise économique de la même année et les nombreuses mobilisations et la campagne pour le « Oui » ont poussé les sociaux-démocrates de « gauche » à légiférer.

    Depuis 11 ans d’existence, ce droit a été souvent menacé, et depuis 2015 le vote d’un projet de loi par le Parlement restreint le droit à l’avortement au Portugal ; les femmes devaient désormais payer les frais d’opération et se soumettre à un examen psychologique avant d’avorter.

    Parmi les examens en question, l’obligation également de se rendre au Planning familial avant l’interruption de grossesse. Par ailleurs, lors du premier rendez-vous pour l’IVG, les femmes se verraient détailler clairement, par écrit et à l’oral, les allocations auxquelles elles auraient droit dans le cas où elles décideraient d’aller au bout de leur grossesse ! Cela reflète les limites du mouvement de 2007 : alors que la campagne pour le « Oui » a vu de nombreuses jeunes femmes se mobiliser, le mouvement a atterri une fois le vote obtenu.

    Malgré cette attaque sur le droit à l’avortement, une militante de notre section-sœur au Portugal (Socialismo Revolucionario) nous fait part lors de la semaine de discussions de l’école d’été du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) notamment sur la victoire du « Oui » en Irlande, de ce qui semble être contradictoire à la légalisation de l’avortement : il existe depuis quelques années une décroissance des avortements au Portugal. Beaucoup prennent aujourd’hui chez leur médecin la pilule abortive, celle-là même qui a joué un rôle décisif dans la législation des 12 semaines en Irlande.

    D’un autre côté, malgré l’existence des 10 semaines, beaucoup de femmes migrantes n’y ont pas accès, de par leur précarité. La gratuité ne concerne en réalité que les femmes « portugaises ». 10 semaines est aussi relativement bas en comparaison avec les Pays Bas ou l’Angleterre qui proposent respectivement 22 et 24 semaines sur demande. Cela entraine une « fuite » des femmes portugaises qui se rendent en Espagne pour se faire avorter une fois les 10 semaines passées. Cela concerne surtout les plus aisées d’entre elles, qui peuvent se permettre de voyager.

    Le problème de l’austérité se pose également, avec les coupes budgétaires beaucoup d’hôpitaux ou services de natalité ferment, ce qui restreint –surtout dans les zones rurales- l’accès à l’avortement. Notre approche « pro-choix» est plus que jamais importante dans la lutte pour les droits reproductifs et les droits des femmes en général : la précarité s’aggravant ; beaucoup de familles au Portugal et ailleurs se voient dans l’impossibilité d’avoir des enfants, les coûts étant trop élevés. L’absence de crèches, des services de mauvaise qualité, ne font qu’aggraver la situation. C’est pour cela qu’il est important de rappeler que le mot « choix » signifie non pas que l’accès à l’avortement mais aussi l’accès à des conditions de vie dignes afin de ne pas être contraint à avorter.

    Aujourd’hui, des conditions de vie « dignes » ne sont pas à l’agenda des gouvernements, même celui de « gauche » du Portugal.
    C’est pourquoi il est essentiel de faire le lien entre la lutte contre l’austérité (et pour des services publics gratuits et de qualité) à la lutte contre ce système. Les droits des femmes au Portugal ne sont pas plus assurés qu’ailleurs ; si le mouvement qui a vu le « oui » l’emporter en 2007, comme celui qui a fait du référendum de 2018 une victoire historique en Irlande ne continue pas sur sa lancée, les capitalistes et leurs alliés politiciens vont reprendre ces droits fondamentaux durement obtenus.

    Le droit à l’avortement en est un, et son interdiction est une expression de l’oppression des femmes sous le capitalisme, parce que celles-ci ne peuvent pas faire de choix sur leur propre corps. La lutte contre le sexisme doit être liée à la lutte contre le système qui produit cette même oppression : le capitalisme. C’est pourquoi ROSA en Belgique, en Irlande et récemment au Portugal défendent un féminisme socialiste, pour en finir définitivement avec la racine de toutes les oppressions, le système capitaliste.

  • Lettre ouverte de solidarité avec Socialismo Revolucionário

    sr

    Le 29 novembre dernier, neuf militants du Bloco de Esquerda (Bloc de Gauche), qui appartiennent au collectif Socialismo Revolucionário ont été informé de l’ouverture d’une Enquête, décidé en réunion de la Table National quelques jours avant, « sur l’allégation d’infiltration de membres d’un groupe extérieur au BE sans aucun contact avec les instances légitimes du parti ».

    Il s’agit d’une accusation sans base statutaire, sans présentation d’aucune justification, qui est contraire aux principes du BE, inscrits dans son manifeste fondateur, Commencer à nouveau.

    Il y a écrit : “Le challenge que nous posons à la société portugaise, c’est celui de l’émergence d’une nouvelle initiative politique, Formellement, elle sera un parti pour pouvoir se présenter aux échéances électorales. En réalité, c’est d’un mouvement qu’il s’agit, capable de susciter, par ses propositions, l’adhésion de tous ceux qui se reconnaissent et d’associer à lui le soutien et l’engagement des courants organisés d’intervention politique ou social et de multiples autres opinions. »

    Au cours de l’année 2016, plusieurs militants du SR ont adhéré au BE, en intégrant la Motion R, s’associant à son projet de lutte pour un parti démocratique et des bases, enracinées dans les mouvements sociaux. D’ailleurs, des militants participant déjà à la Motion R ont rejoint SR après avoir adhéré au BE. Leur participation a toujours été ouverte et franche, sans jamais cacher l’appartenance à SR. Cette franchise a eu lieu aussi dans les réunions et événements publics du BE. Le 21 juin, une déclaration a été publiée qui explicitait clairement les objectifs et l’esprit dans lequel SR participe au sein du BE. On voit donc que l’accusation “d’infiltration” est complètement fausse et vide de sens.

    C’est seulement à partir d’octobre, après l’Assemblée National de la Motion R, où les militants du SR, après un débat fraternel, ont décidé d’abandonner la Motion, qu’a eu lieu le début d’organisation du SR en tant que tendance, comme c’est un droit inaliénable de tout adhérent, selon l’article 4º nº 1 alinéa d) des statuts ratifiés à la X Convention Nationale. Le 23 novembre 2016 a été publié et envoyé à la Table Nationale la demande de formation de tendance, accompagnée d’une demande de réunion. Alors, l’allégation de ne pas avoir contacté « les instances légitimes du parti » n’a aucune base factuelle.

    Tous les membres du SR ont suivis le processus d’adhésion au parti ou de ré-adhésion pour le camarade Francisco Raposo accompagné d’une déclaration publique en explicitant les raisons de son retour. La ré-adhésion du camarade a été refusée sans aucune justification politique !

    Ces accusations ne sont qu’une manœuvre politicienne sans aucun précédent dans le parti. L’Enquête est prise en charge en dépit des statuts et de son Manifeste, par une minorité qui a peur de la critique et du débat frontal d’idées, qui voit le parti comme sa propriété et utilise des méthodes bureaucratiques, contraires aux principes du BE, pour éliminer les voix qui se battent pour la démocratie et pour un programme socialiste dans le Bloco.

    Au moment ou toute la gauche et les mouvements sociaux devraient s’unir dans un front uni contre l’austérité et la précarité, en se construisant comme alternative socialiste ample et démocratique, la bureaucratie essaye d’entamer une purge des éléments de gauche dans le parti.

    Nous répudions ces manœuvres antidémocratiques Nous lançons un appel à toutes et tous, pour défendre lesroits démocratiques dans le BE, en partageant et en souscrivant cette lettre.*

    Nous faisons également un appel à toutes et tous les adhérents du parti pour qu’ils participent activement à la construction d’un Bloco pluriel et démocratique, car seul un parti vivant et dynamique peut combattre toutes les manœuvres de bureaucratisation et devenir une réelle alternative.

    Nous lançons un défi à la direction pour un débat public et frontal sur la stratégie et le programme dont nous avons besoin pour faire face à la crise.

    Non aux exclusions ! Non aux divisions ! Unité contre la Droite !

    *Les souscriptions doivent être envoyées à socialismo.revolucionario.cit@gmail.com, avec nom et prénom du souscripteur et, au cas où, nombre d’adhérents du Bloco de Esquerda ou mention de l’organisation ou groupe activiste auquel il appartient.

    Premiers souscripteurs:

    • Afonso Jantarada, BE Lisboa
    • Ana Garcia Rubio, secretária-geral do Sindicato de Estudiantes, Estado Espanhol
    • Alex Gomes, BE Lisboa
    • André Gomes, estudante da FCSH, Lisboa
    • André Menor, BE Lisboa
    • Ângelo Costa, BE Porto
    • Bruno Penha, BE Lisboa
    • Eliana Oliveira, BE
    • Eljeer Hawkins, activista do Black Lives Matter e membro do Socialist Alternative, Nova Iorque
    • Frederico Aleixo, SOS Racismo e campanha de solidariedade com o Sahara Ocidental
    • Francisco Pacheco, BE Porto
    • Francisco Raposo, dirigente da Associação Habita
    • Gonçalo Romeiro, BE Lisboa
    • Hugh Caffrey, dirigente do Socialist Party of England and Wales
    • João Carreiras, BE Lisboa
    • João Filipe Félix, Labour Party e University and College Union, País de Gales
    • João Gonçalves, colectivo Agora Pensa, Coimbra
    • João Pedro Santos, BE Setúbal
    • João Porfírio, BE Lisboa
    • João Reberti, BE Lisboa
    • Joe Baker, Labour Party and Momentum, Liverpool
    • Jonas Von Vossole, BE Coimbra
    • Jorge Branco, BE Lisboa
    • Kenza Soares, Nouveau Parti Anticapitaliste, França
    • Leonardo Costa, BE Porto
    • Kshama Sawant, vereadora da cidade de Seattle e membro do Socialist Alternative, EUA
    • Luciano da Silva Barboza, dirigente do PSOL no Rio de Janeiro e do Sindicato Estadual dos Profissionais da Educação do RJ
    • Lucy Redler, Comité Nacional do Die Linke, Alemanha
    • Luís Filipe Pires, BE Lisboa
    • Luís Melo, Colectivo Economia Plural
    • Luís Sombreireiro, BE Lisboa
    • Marcelo Badaró, Nova Organização Socialista, Brasil
    • Mark Evans, dirigente do sindicato Cymru Wales Unison
    • Manuel Botelho, BE Lisboa
    • Mariana Mourinho, BE Lisboa
    • Mariana Riquito, estudante da Universidade de Coimbra
    • Marianthi Kypridou, deputada de freguesia em Volos, Grécia
    • Mick Barry, deputado pela Anti-Austerity Alliance, Irlanda
    • Minerva Martins, BE Lisboa
    • Nikos Kanellis, vereador da cidade de Volos, Grécia
    • Paul Murphy, deputado irlandês pela Anti-Austerity Alliance
    • Paula Coelho, BE Setúbal
    • Pedro Viegas, Gauche Revolutionnaire, SNTRS-CGT, campanha presidencial France Insoumise
    • Rafael Pinheiro, BE Sintra
    • Ruth Coppinger, deputada pela Anti-Austerity Alliance, Irlanda
    • Samuel dos Reis, BE Lisboa
    • Tomás de Sá Nunes, BE Lisboa
    • Vânia Sanhá, Núcleo de Estudos e Estudantes Africanos, Faculdade de Letras de Lisboa
    • Vítor Gonçalves, BE Vila Franca de Xira
    • Wouter Gysen, dirigente do ACOD – Sindicato dos Ferroviários em Antuérpia e membro do Parti Socialiste de Lutte, Bélgica
  • 2e édition de l'École ibérique du CIO: De grandes opportunités en Espagne et au Portugal

    espagne_meetingC’est le weekend du samedi 15 et du dimanche 16 octobre que s’est déroulée à Barcelone la deuxième édition de l’École Ibérique, organisée par Socialismo Revolucionario (section espagnole du Comité pour une Internationale Ouvrière). Cette rencontre a permis de constater les très bons développements du travail du CIO en Espagne et au Portugal. La section portugaise, constituée de jeunes membres avec beaucoup de dynamisme et d’engagement, a particulièrement réalisé de grands pas en avant tant vis-à-vis de sa croissance numérique qu’au niveau de la portée de son travail. La section espagnole s’est consolidée et voit avec enthousiasme les perspectives de collaboration avec Izquierda Revolucionaria. En plus des camarades espagnols et portugais, des camarades d’Italie, d’Allemagne, de Belgique, de Suède et d’Irlande ont aussi participé à ce weekend de formation et de discussion.

    Rapport de Marisa (Bruxelles), photos de Natalia Medina 

    espagne_ecole01 L’ordre de jour a été très intensif: le samedi matin, nous avons discuté de la situation mondiale avec une analyse de la crise économique mondiale qui a donné lieu à des conséquences graves dans beaucoup de pays, même hors de l’Europe. La situation en Chine a été soulignée. Le pays a connu sa croissance économique la plus basse de ces 25 dernières années en 2015. Les autorités avaient notamment réalisé le plus grand sauvetage économique de l’histoire afin de sauver les banques. Ce sauvetage, qui se poursuit à l’aide de constantes injections de liquidités dans les marchés financiers, a couté très cher à la classe ouvrière chinoise, le gouvernement a mis en route un plan de licenciements collectifs qui prévoit la disparition de 5 millions d’emplois dans les deux années à venir.

    La crise actuelle est le résultat des contradictions inhérentes au système capitaliste. Elle a eu différentes conséquences politiques dans différents pays. Dans plusieurs pays européens, on assiste à une montée dangereuse de l’extrême droite, mais des avancées significatives ont aussi eu lieu à gauche avec les mouvements de soutien à des figures comme Bernie Sanders aux USA et à Jeremy Corbyn en Grande-Bretagne. Ces deux exemples illustrent la recherche d’une réponse aux problèmes sociaux dans l’intérêt des jeunes et des travailleurs ainsi que la volonté de donner suite à la lutte contre la crise et les politiques d’austérité.

    espagne_ecole03Le samedi a également comporté une discussion sur la situation politique en Espagne et au Portugal. En Espagne, l’impasse dans la formation du gouvernement s’est traduite dans une crise dans la social-démocratie (le PSOE). Les manœuvres de la direction pour pousser le secrétaire général du PSOE à démissionner et pouvoir ainsi amener la droite au gouvernement ont dégouté les militants de base du parti. La nouvelle formation Podemos, malgré sa volatilité, se consolide dans l’opposition de gauche, surtout au niveau de l’Etat. Cette formation est aussi traversée par des divisions internes. Le secteur représenté par son leader, Pablo Iglesias, a récemment fait un virage à gauche dans son discours en appelant à une grève générale si la droite arrivait à former un gouvernement.

    Le nouveau gouvernement sera plus faible et instable et il sera poussé par l’UE à appliquer des coupes budgétaires comprises entre 16 et 20 milliards d’euros. C’est un cocktail explosif où la colère contenue pendant les dernières années de cycle électoral explosera d’une façon ou d’une autre. La reconstruction des mouvements sociaux et des travailleurs, s’ils prennent de l’ampleur, sera capable de bousculer ce gouvernement et de le balayer. L’énorme participation à la grève étudiante de ce mercredi 26 octobre, avec 200.000 manifestants dans plusieurs régions, et le rassemblement devant le congrès des députés contre le nouveau gouvernement de droite et l’abstention du PSOE, avec 100.000 participants indiquent clairement qu’une nouvelle phase de lutte a déjà commencé.

    espagne_ecole04Le samedi soir, une conférence publique organisée par Socialismo Revolucionario a attiré à presque 50 personnes dont plusieurs étudiants de différentes universités. Les orateurs étaient John Hird, ancien président de jeunes travaillistes en Angleterre et Bart Vandersteene, de la section belge du CIO qui a notamment joué un rôle actif aux USA dans la campagne “mouvement4bernie”. La campagne de soutien à Corbyn, le Brexit, la campagne de Sanders et les nouvelles opportunités pour la gauche ont été les thèmes abordés dans ce débat.

    Le dimanche, de nouvelles discussions ont eu lieu. La première session s’est centrée sur l’histoire des différentes Internationales et leur continuité représentée par le CIO. La deuxième session a abordé la construction et le développement des forces du CIO en Espagne et au Portugal. A l’avenir, le travail de notre internationale dans la péninsule ibérique pourra connaitre un grand bond en avant.

  • Appel à la solidarité: Attaque brutale des patrons contre les dockers de Lisbonne en grève

    portugal_greveL’Association des Opérateurs du Port de Lisbonne, qui représente les intérêts des entreprises qui opèrent au port de Lisbonne, a décidé, dans une attaque horrible et désespérée, de lancer un licenciement collective des dockers de Lisbonne. Ils sont en ce moment en grève contre la loi des ports et contre l’accord de travail proposé par les patrons, qui permettrait une augmentation dramatique de la précarité et une diminution sévère des salaires et des droits des travailleurs, ouvrant ainsi la voie à plusieurs nouvelles attaques contre les droits des travailleurs des ports et les lieux de travail à travers l’Europe. Ce licenciement pourrait affecter plus de 320 dockers de Lisbonne et leurs familles.

    Par Socialismo Revolucionário (section portugaise du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Les dockers de Lisbonne sont en grève pour défendre une véritable convention collective de travail qui en finirait avec la précarité, qui préserverait leurs droits difficilement conquis et inclurait les travailleurs précaires en leur donnant les mêmes droits que les dockers permanents. Ils luttent avec bravoure contre les attaques patronales et pour des droits identiques pour tous les dockers, dans une lutte qui peut avoir un effet décisif au Portugal et en Europe.

    Les dockers de Lisbonne ont une fière tradition d’internationalisme et de solidarité, ils ont dirigé et soutenu plusieurs luttes contre l’austérité au Portugal et, au travers de l’International Dockworkers Council, ils ont également soutenu l’action des travailleurs dans le monde. Le syndicat des dockers va aussi organiser une marche contre la précarité et l’austérité le 16 juin à Lisbonne. Il nous faut soutenir leur combat.

    Cette dernière attaque a été la plus forte d’une longue campagne de peur, d’intimidation, de chantage et d’agression organisée par les patrons contre les dockers de Lisbonne. Nous exprimons notre totale solidarité avec eux et nous condamnons l’attaque brutale des patrons.

    Envoyez vos messages de solidarité au syndicat des dockers de Lisbonne ainsi que des lettres de protestation aux entreprises du port. Vous trouverez ci-dessous différents modèles de lettres.

    Les lettres de solidarité doivent être envoyées au Syndicat des Dockers :  setc@sapo.pt.

    Les lettres de protestation doivent être envoyés à l’Association des Opérateurs du Port de Lisbonne et membres associés:

    • L’Association des Opérateurs du Port de Lisbonne (AOPL) – email: diraopl@aopl.pt; phone +351 21 393 99 11
    • Liscont – site: www.liscont.pai.pt Phone +351 213 927 500
    • TCSA/SOTAGUS email: administracao@sotagus.pt Phone: +351 21 862 56 30
    • TMB email : tmb@tmb.pt ; Phone: +351 218 621 160
    • Multiterminal: email- multitcsa@mail.telepac.pt ; Phone: +351 213 474 805

    Lettre de solidarité

    “Salutations

    À travers nos camarades de Socialismo Revolucionário, nous avons pris connaissance de la lutte des dockers de Lisbonne contre la précarité et pour les droits des travailleurs, et de l’attitude honteuse des patrons qui veulent procéder à un licenciement collectif des dockers de Lisbonne.

    Nous sommes totalement solidaires des dockers de Lisbonne et du Portugal dans leur lutte pour de bonnes conditions de travail et de salaire.

    Nous nous opposons complètement à cette attaque des patrons et de l’AOPL : au licenciement collectif des dockers de Lisbonne et à la campagne de peur, d’intimidation et de chantage contre les travailleurs et les syndicalistes qui luttent avec bravoure pour leurs droits mais aussi pour les droits de tous. ”

    Lettre de protestation

    “À qui de droit,

    Nous avons pris connaissance du licenciement collectif des dockers de Lisbonne que votre organisation est en train de mener. Nous  considérons cela comme une actions des plus lâches et méprisantes dans une campagne de peur, d’intimidation et de chantage contre les travailleurs qui essayent de protéger leur droits difficilement conquis et mérités.

    Nous condamnons complétement l’attaque que votre organisation est en train de perpétrer contre les dockers de Lisbonne, et vos actions pour les casser les salaires, les droits du travail et pour accroitre la précarité et l’insécurité au travail.

    Nous sommes totalement solidaires des dockers de Lisbonne et du Portugal dans leur lutte pour droits de travail et contre la précarité et les salaires misérables.”

  • [VIDEO] Paul Murphy & Kshama Sawant: construire la révolution politique

    SA_meeting

    paul_political_revolutionUn meeting de nos camarades américains de Socialist Alternative vient de se tenir à Seattle au sujet de la révolution politique à construire contre la classe des milliardaires. Au côté de Kshama Sawant, élue au conseil de la ville de Seattle, se trouvait Paul Murphy, membre du Parlement irlandais où il a été élu en tant que candidat de l’Anti-Austerity Alliance. Il est également membre du Socialist Party, notre parti-frère irlandais. Il y a pris la parole au sujet de la situation politique bouillonnante en Europe dans des pays comme l’Irlande, l’Espagne et le Portugal, où le soutien aux partis de l’establishment s’est effondré tandis que des partis anti-austérité ont connu un prodigieux essor.

    Paul Murphy sera également présent ce 9 avril à Bruxelles pour notre journée “Socialisme 2016”.

    kshama_paulKshama Sawant a abordé la manière de construire la révolution politique aux USA au-delà des primaires présidentielle du parti démocrate et de la candidature de Bernie Sanders. Bernie se bat toujours, et il a raison. Mais il est temps de regarder sobrement quelle est la situation et de tirer des leçons de cette expérience. Il faut débattre de la façon d’éviter que l’engouement pour la révolution politique contre la classe des milliardaire peut sortir de la camisole de force du Parti Démocrate dominé par Wall Street.

  • Portugal. Pour un gouvernement de gauche anti-austérité, non à ‘‘l’austérité douce’’!

    p10portugalAprès des années d’austérité, la résistance et la pression exercée par la classe des travailleurs sur la situation politique se fait de plus en plus visible au Portugal.

    Par Ben (Charleroi), article tiré du mensuel Lutte Socialiste

    Officiellement, la situation économique portugaise s’améliore : croissance et exportations en hausse, chiffres du chômage en baisse, etc. Mais à côté des chiffres officiels se trouve la terrible réalité de la crise et des conséquences de l’austérité. Un quart des Portugais sont sous le seuil de pauvreté, les coupes ont été nombreuses dans les dépenses publiques, les salaires ont connu une baisse de l’ordre de 15%, les pensions ont été rabotées, etc. La situation est telle que l’émigration atteint des sommets : près de 400.000 Portugais ont préféré émigrer. Si cela n’avait pas été le cas, les chiffres du chômage seraient d’ailleurs largement plus élevés.

    Une nouvelle période d’instabilité politique

    Aux dernières élections générales d’octobre 2015, aucun des anciens partis établis – l’ex-social-démocrate ou la précédente coalition de droite – n’a pu gouverner seul. La coalition gouvernementale est restée première sortante des élections avec un peu moins de 37%, mais elle a perdu sa majorité dans un contexte d’abstention record de plus de 44%. Seule une petite minorité de la population a donc voté pour eux. Comme un camarade l’expliquait: ‘‘durant la campagne, ils ont essayé de cacher le vrai visage des leaders du gouvernement- des exécutants qui mènent les travailleurs vers un degré d’exploitation jamais vu depuis la révolution d’avril 1974.’’

    La panique des commentateurs de droite du moment est un des éléments permettant de mesurer la crise politique extrême dans laquelle est entré le pays. Pour les masses, il est devenu très clair que tous ces partis – y compris l’aile droite du Parti soi-disant Socialiste – sont des partis de l’austérité et d’un capitalisme pourrissant. La classe dominante portugaise et européenne a montré sa peur de chaque remise en question de l’austérité par la tentative du Président d’alors de remettre le pouvoir à la coalition de droite sortante, en dépit des résultats. Cela n’a pas fonctionné et, sans majorité claire, le Portugal s’est retrouvé avec un gouvernement ‘‘Socialiste’’ minoritaire grâce au soutien parlementaire de la gauche – le Bloc de Gauche et le Parti communiste – suite à des négociations entre ces partis. Ce gouvernement est donc très instable et cela s’est aggravé avec l’élection du candidat de droite Marcelo Rebelo de Sousa aux élections présidentielle de fin janvier.

    Et maintenant ?

    La coopération du Bloc de gauche et du PCP, si elle devait prendre forme de manière plus principielle, ne pourrait se faire qu’en se basant sur des négociations publique point par point. C’est-à-dire face à l’opinion des travailleurs en mouvements et permettant donc aux masses portugaise d’exprimer ouvertement leurs positions. Ce n’est malheureusement pas le cas, la gauche a choisi de laisser la classe des travailleurs en dehors du processus, faisant des négociations à huit clos, celles-ci aboutissant à des accords plus à droite.

    De toute manière il est clair que seule la mobilisation des masses portugaise pourra mettre la pression nécessaire pour que les revendications des travailleurs soient implantées. Le Portugal est entré dans une nouvelle période très complexe qui présente de grandes opportunités mais aussi de grands dangers. Sous la pression des événements internationaux, mais aussi des luttes de masses qui s’étaient développées contre le précédent gouvernement, l’ex-sociale-démocratie, dans sa tentative pour survivre, pourrait être forcée de faire quelques concessions. Cela pourrait susciter des illusions (très brèves) dans le réformisme, et maintenir les travailleurs à domicile. Mais d’un autre côté, la gauche a eu une croissance parlementaire importante, surtout le Bloc de Gauche, et cette visibilité attire une nouvelle génération de travailleurs et de jeunes dans les luttes.

  • Les dockers remportent d’importantes victoires au Portugal et au Chili

    Longue vie à l’internationalisme de la classe ouvrière ! Un exemple pour les autres secteurs. 

    Danny Byrne, CWI

    Dans un contexte où les partons et les gouvernements infligent aux travailleurs du monde entier leur agenda de « choc et effroi », attaque antisociale après attaque antisociale, toute victoire considérable obtenue par le mouvement ouvrier international doit être criée sur tous les toits. C’est le cas des dockers qui, ces dernières semaines, ont remporté d’importantes victoires dans des conflits-clé au Portugal et au Chili. Ils en sont revenus aux méthodes militantes testées et éprouvées par le mouvement ouvrier : une lutte conséquente et durable avec l’organisation de la solidarité internationale au-delà des frontières,  notamment avec des gréves de solidarité.

    Portugal: victoire éclatante après 2 ans de lutte

    Ces exemples montrent que malgré le rôle pernicieux des directions syndicales de droite dans la plupart des pays, qui agissent comme un véritable frein pour la lutte, la classe ouvrière peut encore effectuer des pas en avant quand elle est organisée sur base de méthodes militantes. Ils montrent aussi comment, malgré la domination du syndicalisme de négociation et de conciliation et de la quasi-passivité des dirigeants syndicaux devant les attaques patronales, les fières traditions militantes de notre classes ne se sont pas du tout éteintes.

    Au Portugal, les travailleurs et les jeunes ont fait face à l’austérité de la Troïka depuis des années et ont courageusement résisté, y compris au cours de quatre grèves générales. Cependant, la direction du mouvement syndical au niveau national a échoué à unir ces luttes dans un plan d’action militant durable pour vaincre les attaques de la Troïka et du gouvernement, permettant aux mobilisations d’une journée isolées de se perdre dans de longues périodes de démobilisation.

    Les dockers, en rompant avec cette approche et en s’engageant dans un combat militant de deux ans, ont présenté une voie alternative à l’ensemble du mouvement : celle de l’action durable et déterminée qui peut obtenir des résultats. Ils faisaient face à un plan destiné à transformer le port de Lisbonne en un repaire du travail précaire, dans le cadre du programme de privatisations imposé par la Troïka et appliqué par le gouvernement. Les patrons avaient établi une compagnie de recrutement parallèle chargée d’employer du personnel sur des bases précaires avec une un tiers de salaire en moins, afin de mettre un terme aux conditions de travail décentes dans le port.

    La riposte des travailleurs a été faite de deux années de grève militante et de « grève du zèle ». Ils ont héroïquement fait face à la répression, 47 travailleurs ont été licenciés en raison de leur rôle dans la grève. Leur victoire a été éclatante. Non seulement ils ont obtenu la ré-embauche des 47 camarades licenciés, mais aussi la fin des contrats précaires et un nouvel accord de négociation collective qui va inclure les travailleurs initialement embauchés comme précaires. Cette victoire lance une clé à molette dans les projets de la classe capitaliste visant à rendre de plus en plus précaires les conditions de travail de toute la classe ouvrière portugaise.

    Ce conflit a été exemplaire en termes de militantisme mais aussi de par la démocratie ouvrière instaurée par le syndicat, les décisions importantes étant discutées et décidées dans des assemblées générales de travailleurs. Comme le commente Francisco Raposo, militant de la CGTP et membre de Socialismo Revolucionario (section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Portugal) : « Cette lutte était vraiment une percée dans la lutte des classes au Portugal. Le syndicat des dockers n’est pas affilié à la CGTP, la principale centrale syndicale. Cependant les méthodes et le militantisme des dockers provoquent une réaction dans certaines couches de la CGTP. »

    Chili : La grève des dockers locaux s’étend et obtient des victoires nationales

    Au Chili en janvier, quand les dockers de Mejillones se sont mis en grève seuls pour des revendications salariales et contre les pratiques anti-syndicales (leur deuxième grève en un an) certains ont condamné cette lutte à l’isolement et à l’échec. Cependant, quand la police a attaqué le camp des grévistes qui abritait aussi leurs femmes et enfants, blessant un travailleur, le vent a tourné.

    Cette grève était également importante parce qu’elle défiait non seulement le patronat portuaire, mais aussi le Code du Travail draconien du pays, hérité de la dictature de Pinochet. Sous ces lois, les patrons refusent de négocier collectivement avec les travailleurs, insistant pour diviser ceux qui ont des contrats fixes et les travailleurs temporaires (qui représentent 80% des dockers).

    Les travailleurs ont refusé cette imposition anti-démocratique et ont intensifié leur action. Les travailleurs de 9 ports de tout le pays ont rejoint la grève, amenant leurs propres revendications (contre la répression anti-syndicale et le non-paiement des salaires dans la plupart des cas). A nouveau, cela est très significatif puisque ce même Code du Travail de Pinochet interdit les grèves de solidarité !

    Après un mois de grève, les dockers ont obtenu au niveau national la grande majorité de leurs revendications, dont le droit de négocier collectivement. Werken Rojo, le nouveau journal de Socialismo Revolucionario (section du CIO au Chili) explique : « ce conflit aura de grandes implications sur toute la classe ouvrière du Chili. Tout d’abord, il montre que l’action déterminée, la solidarité, qui suppriment la camisole de force du Code du Travail, peuvent permettre aux travailleurs de gagner ».

    Leur victoire, comme celle des dockers portugais, reflète aussi le grand pouvoir économique dont jouissent les dockers (mais aussi les travailleurs de beaucoup d’autres secteurs) étant donné le « tournant vers l’exportation » du capitalisme dans beaucoup de pays, en particulier ceux du Sud de l’Europe. Au Chili, la presse capitaliste a fait état de pertes de plusieurs millions de dollars pour les compagnies exportatrices en raison de la grève, en particulier en ce qui concerne l’export de marchandises périssables.

    Longue vie à la solidarité internationale en action !

    De plus, ces deux victoires montrent un autre élément, crucial pour le mouvement ouvrier mondial – celui de l’action de solidarité internationale. Deux journées d’action internationale ont été organisées en soutien aux dockers portugais ; la dernière a compté des actions de solidarité et des grèves en Suède, en France, aux USA et dans d’autres pays. Au Chili, en même temps que de se propager à tout le pays, la lutte des dockers a reçu un soutient actif crucial des dockers de toute l’Amérique Latine et au-delà, avec des ports argentins bloquant les marchandises chiliennes et des menaces d’actions de ce type dans des ports européens et états-uniens dans les jours précédant la victoire.

    Le CIO a souvent souligné la nécessité pour le mouvement ouvrier mondial de coordonner l’action au-delà des frontières, en mobilisant le pouvoir international de la classe ouvrière dans une économie mondiale de plus en plus interconnectée. Ce besoin est particulièrement criant en Europe, où la Troika et les gouvernements capitalistes infligent une offensive de misère coordonnée aux travailleurs sur tout le continent, en particulier dans le Sud, ce qui pose la nécessité d’une résistance coordonnée internationalement, y compris par des grèves internationales. Nous appelons le mouvement syndical mondial à suivre le brillant exemple des dockers portugais et chiliens qui ont montré que ces méthodes donnent des résultats.

  • Action de solidarité contre les répressions en Russie

    Lundi 27 janvier 2014 – 12h30 – Bruxelles – Rond-point Schuman

    A la veille du lancement des Jeux Olympiques d’Hiver de Sotchi, déjà considérés par beaucoup comme des jeux de la honte, l’Union Européenne reçoit dans quelques jours la Russie dans le cadre d’un sommet bisannuel. La LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire), les JAC (Jeunes Anticapitalistes), le PSL (Parti Socialiste de Lutte) et EGA (Etudiants de Gauche Actifs) appellent à manifester notre solidarité contre les répressions en Russie dans le cadre d’une action à l’initiative d’associations LGBTQI (1) et d’ONG belges et russes.

    • Homophobie en Russie : INTERVIEW d’Igor, militant russe pour les droits des LGBT
    • ‘‘Trans, pédés, gouines’’, organisons-nous contre l’homophobie
    • Les droits des LGBT en ligne de mire en Russie et en France
    • Action de solidarité contre la loi homophobe en Russie
    • Russie : Nouvelles attaques contre la communauté LGBT

    La Russie, un exemple de répressions

    Le régime autoritaire de Vladimir Poutine est bien décidé à asseoir son pouvoir en menant une bataille ferme contre les opposants politiques et en instrumentalisant les minorités. Il a adopté dernièrement une série de lois répressives et liberticides.

    La loi votée en 2012, relative aux « agents étrangers » dispose que toute organisation qui reçoit des fonds de l’étranger doit s’enregistrer en tant qu’« organisation remplissant les fonctions d’un agent étranger » si elle prend part à des « activités politiques ». Cette loi vise à étouffer et rendre illégales de nombreuses organisations politiques et ONG par le biais de lourdes amendes et procès. Par ailleurs, et malgré l’amnistie prononcée dernièrement à l’occasion des 20 ans de la Constitution, la plupart des personnes inculpées dans le cadre de « l’affaire du 6 mai » reste en prison, notamment les activistes de gauche Alexeï Gaskarov et Sergueï Oudalstov.

    Les personnes LGBTQI et leurs alliés ne vivent plus en sécurité depuis que la Douma russe a voté plusieurs lois homophobes visant à « protéger les mineurs de la propagande homosexuelle » ! Les organisations qui luttent contre les discriminations envers les personnes LGBTQI sont devenues illégales, trainées en justice et reçoivent de lourdes amendes. Ces lois ont accru l’homophobie et on ne compte plus aujourd’hui les nombreuses agressions contre les personnes LGBTQI et leurs défenseurs.

    Les populations migrantes, internes (Caucase du Nord) et externes (ex-républiques soviétiques principalement), sont elles aussi en danger. Elles ne sont plus seulement la cible d’attaques de la part de groupes d’extrême-droite mais doivent également aujourd’hui subir la colère du citoyen lambda désemparé, avec la complicité des autorités russes qui alimentent la machine xénophobe en instrumentalisant les travailleurs migrants à des fins politiques et électoralistes. Pendant ce temps, Poutine se paie des jeux olympiques d’hiver de luxe sur le compte du contribuable et à la sueur du front de milliers de ces travailleurs migrants surexploités. Avec les récentes attaques terroristes dans la ville de Volgograd, dont le régime de Poutine est le seul responsable du fait de sa gestion du conflit dans le Nord Caucase, le climat de suspicion et la « caucasophobie » ambiante risquent de s’aggraver. Et il y a fort à parier que les populations musulmanes du Caucase paieront le prix fort en termes de répression et de mesures sécuritaires…

    Après une période de croissance économique dont la récente classe moyenne a pu bénéficier en voyant une partie de ses revenus augmenter, ce qui a eu pour effet de booster la consommation interne, les investissements et la croissance ralentissent. A la crise économique, Poutine utilise les mêmes recettes européennes : les travailleurs et leurs familles paient la facture. Des coupes budgétaires drastiques sont opérées dans les services publics, dans les soins de santé actuellement, pendant que le budget de la défense représente une très grosse part des dépenses publiques.

    L’Union Européenne, un exemple éternel de démocratie réelle ?

    Comme en Russie, l’Union Européenne, derrière son masque de démocratie, cache en fait un programme de casse sociale et de lois réactionnaires comme réponse à la crise. Les pays de l’Union européenne traitent de manière inhumaine les populations migrantes par des politiques de traques, d’enfermement et de déportation quand celles-ci n’ont pas péri noyées dans la Méditerranée. En Espagne, un projet de loi pour restreindre le droit des femmes à l’avortement est discuté dans les assemblées nationales. En Belgique, alors qu’il y a une grande pénurie d’offres d’emploi, le droit aux allocations de chômage a été fortement restreint. Les droits à la pension dans de nombreux pays on été eux aussi attaqués. Les salaires dans les services publics ont été diminués drastiquement dans les pays les plus touchés par la crise comme en Grèce, au Portugal, en Roumanie.

    Dans ce contexte, on comprend qu’il ne soit pas question des droits des LGBTQI et des minorités ethniques, du bien-être des peuples de Russie et d’Europe ou encore de la liberté d’expression lors des sommets bisannuels UE-Russie. Ce dont il s’agit, c’est bien de conclure des accords économiques au profit des 1% les plus riches. La Russie et l’Union Européenne sont au moins d’accord sur un même point : faire payer la crise du capitalisme par les 99% de la population.

    Il est temps de résister au recul de nos droits fondamentaux et à ces vagues d’austérité sociales. Manifestons notre solidarité envers tous ceux qui luttent en Russie et ailleurs POUR :

    • la liberté politique et syndicale
    • la libération des opposants politiques
    • l’arrêt des déportations des sans-papiers
    • le retrait immédiat des lois homophobes
    • l’égalité des droits entre les hétéros et les LGBTQI
    • le droit pour toutes les femmes de disposer de leur corps
    • la cessation immédiate de tous les plans d’austérité
    • des services publics gratuits et de qualité
    • des emplois pour tous rémunérés à hauteur du coût réel de la vie

    (1)Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres, Queers, Intersexes. Pour plus d’informations sur les personnes transgenres et intersexes, rendez-vous sur le site web de l’association « Genres Pluriels » : http://www.genrespluriels.be

    (2)Ou affaire « bolotnoe », du nom de la place où, le 6 mai 2012, une manifestation qui s’inscrivait dans le cadre du mouvement démocratique né de la contestation des élections frauduleuses de décembre 2011 et mars 2012 dégénérait suite à une provocation de la police. Cet événement a servi de prétexte au régime pour lancer une série d’arrestations et de procès sous des accusations montées de toute pièce (telles que « violences à l’égard de policiers » et « activité antiétatique »), semant ainsi la peur au sein des opposants de tout bord et muselant le mouvement.

  • Berlusconi humilié

    Le gouvernement Letta fait face à une crise économique et sociale prolongée

    “Berlusconi est mort”, a déclaré l’un des plus proches collaborateurs du Cavaliere à la fin de la pire semaine de sa carrière politique. Après avoir dominé la scène politique italienne pendant près de 20 ans, Berlusconi a été contraint à un humiliant virage à 180° suite au vote de confiance, a été témoin de l’implosion de son parti, et, pour couronner le tout, a été privé de son titre de sénateur. S’il n’est pas encore complètement sorti de la scène politique, ce n’est plus qu’une question de temps.

    Christine Thomas, Controcorrente (CIO-Italie)

    Les décisions politiques en Italie ont pendant des années été influencées et motivées par les affaires et les intérêts privés de Berlusconi. Cela a de nouveau été le cas il y a quelques semaines, ce qui a créé une crise politique et a soulevé la question de la chute du gouvernement de la coalition Letta.

    En août, Berlusconi a été jugé coupable de fraude fiscale liée à son groupe Mediaset, et a été condamné à 4 ans de prison. A cause de son âge (77 ans), il n’ira pas en prison mais pourra choisir entre une résidence surveillée ou 1 an de travaux d’intérêt général. Il semble s’être décidé pour la seconde option, la moins lourde. Ses 4 ans d’emprisonnement le privent de la fonction de sénateur. Lorsque les deux chambres du parlement auront accepté la décision du sénat, il devra tirer sa révérence. Dans le courant du mois, un tribunal décidera combien de temps il restera privé de ses fonctions, probablement entre 1 et 3 ans plutôt que le maximum de 5 ans. Il perdra par conséquent son immunité diplomatique, ce qui, avec les affaires en cours (rapports sexuels avec une prostituée mineure et corruption d’un sénateur pour qu’il trahisse son parti), pourrait éventuellement lui valoir d’être arrêté et emprisonné.

    En réaction, Berlusconi est monté à l’offensive contre les décisions politiques et judiciaires ‘‘aux motifs politiques’’ destinées à ‘‘le sortir du gouvernement’’. Des semaines durant, il a tenté de tenir le gouvernement en otage en créant encore une autre crise politique et potentiellement économique. Il a forcé ses 5 ministres du PDL dans la coalition à démissionner. Ensuite, avec juste une poignée de ses associés les plus proches, il a décidé que le PDL ne soutiendrait pas un vote de confiance du gouvernement Letta. Le parti, qu’il fondé en 1994 et qu’il a depuis manipulé comme une marionnette, a explosé en une rébellion sans précédent entre les ‘‘colombes’’ menées par Alfano, le secrétaire général du parti (secrétaire d’Etat à l’Intérieur, et aussi premier ministre député) qui a refusé de se conformer à la décision de Berlusconi, et les ‘‘faucons’’ qui ont traité Alfano en Judas. Son parti en plein schisme et les actions de ses compagnies en baisse, Berlusconi a été forcé à se retirer et le PDL a voté en faveur du vote de confiance.

    Un gouvernement fragile

    ‘‘Crise repoussée, le gouvernement Letta renforcé’’. Voilà la une des médias actuellement mais, en réalité, les évènements de ces dernières semaines ont clairement démontré la fragilité et la précarité de ce gouvernement qui n’est que la réflexion d’une crise économique, sociale et politique sévère du capitalisme italien. Des économies du G7, celle de l’Italie est la seule à toujours être en récession, son PIB ayant baissé de 8% depuis le début de la crise économique. La production industrielle a baissé de 25% et le taux de chômage des 16-25 ans a atteint 40%. Des prévisions de ‘‘croissance’’ de 0,4% l’année prochaine ne changeront rien à l’hémorragie en cours.

    Pour la classe des travailleurs et la jeunesse qui luttent pour nouer les deux bouts à la fin du mois, la crise politique de ces dernières semaines n’est qu’un cirque, à des années-lumière de la réalité quotidienne.

    La coalition Letta est née en avril dernier pour être un gouvernement de dernier recours après que les résultats des élections de février aient démontré un rejet absolu du l’austérité, du système politique dysfonctionnel et de ses deux représentants, le PDL de Berlusconi et le PD, que se soient par le taux d’abstention ou les votes (25%) pour le Mouvement 5 Etoiles populiste de Beppe Grillo.

    Les gens ont voté pour le changement, mais ne l’ont pas trouvé. La coalition PDL/PD a gratté pour trouver un milliard par-ci, un milliard par-là, pour offrir l’équivalent de miettes de pain à des affamés, tout en échouant à appliquer les contre-réformes exigées par les grosses entreprises et l’UE. Le fait que la possibilité que ce gouvernement faible et paralysé s’effondre ait fait trembler la classe capitaliste italienne, l’UE et les marchés, démontre la profondeur de leur désespoir face à une crise profonde, sans représentants politiques stables.

    88% des gens disent que la crise politique n’est pas terminée, et peu croient que le gouvernement tiendra jusqu’en 2015 (le but originel de Letta). Même si le PDL se scinde en une aile chrétienne-démocrate ‘‘modérée’’ et en une autre de droite assumée, et que l’influence de Berlusconi s’essouffle, il y aura toujours d’énormes pressions sur les partis de la coalition de la part de nombreux électeurs, et particulièrement sur le PD, pour appliquer des réformes visant à diminuer les pires effets de la crise.

    Le PD lui-même est dans un état de conflit ouvert alors qu’il s’apprête à élire un nouveau chef. Mais la profondeur de la crise, et les intérêts inconciliables en jeu, signifient que le gouvernement ne peut tenir parole. S’en tenir aux 3% de déficit budgétaire maximum (que l’UE menace d’imposer cette année) conduira à de nouvelles coupes dans les services publics déjà affaiblis par les coupes précédentes. De nouveaux secteurs seront privatisés. Restaurer la productivité et la compétitivité, comme l’exigent les grandes entreprises, signifie plus de ‘‘réformes du travail’’, des réductions de salaires et des attaques contre les conditions de travail des travailleurs italiens pour leur faire atteindre les mêmes conditions qu’au Portugal et en Grèce, où la productivité progresse sur fond de dévastation sociale.

    Un agonie prolongée

    Les politiques du Mouvement 5 Étoiles n’offrent aucun répit à l’agonie prolongée des ouvriers et la classe moyenne italienne. Le mouvement a connu expulsions et abandons dans son groupe parlementaire, et son soutien a baissé dans les sondages. Cependant, il se maintient à 20% et restera probablement l’atout de l’opposition, bien qu’il soit incapable de mobiliser l’opposition quant aux attaques du gouvernement.

    C’est la même chose pour les dirigeants des fédérations syndicales principales. Il n’y a de plus aucun parti de gauche conséquent ni aucun projet en cours. Il ne pourra y en avoir que sur la base des luttes futures sur les lieux de travail et dans les communautés, pas sur la base de tentatives visant à recoudre ensemble des bouts de groupes de gauche (comme Cremaschi, l’ancien dirigeant du syndicat radical des métallurgistes, la FIOM, tente de le faire avec l’initiative ROSSA), ni sur la base de formations qui s’attachent à la défense légale de la ‘‘démocratie’’ et de la Constitution (soutenues par le dirigeant actuel de la FIOM, Landini, et un groupe d’intellectuels).

    ControCorrente (section du CIO en Italie) est ouvert à une collaboration avec d’autres forces de gauche, mais le but essentiel en cette période et de développer des luttes industrielles et sociales, comme celle contre la privatisation massive des services locaux à Gênes, par exemple. Là-bas, sous l’influence de membres de ControCorrente, une grève municipale des travailleurs du transport, des éboueurs, du personnel de maintenance et d’autres services menacés a conduit à une victoire temporaire : le conseil ayant postposé le débat sur les privatisations. La lutte continue, et ce seront des luttes similaires qui poseront les bases de la reconstruction d’une organisation de masse de la classe ouvrière et d’une représentation politique pour les travailleurs et la jeunesse en Italie.

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