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  • Économie : Les classes dominantes emprisonnées dans leur crise

    Récemment, la Banque Centrale Européenne (BCE) a pris la décision de baisser son taux d’intérêt directeur de 0,75% à 0,50%, ce qui signifie une ouverture encore un peu plus grande des vannes financières pour le secteur bancaire dans la zone euro. De quoi relancer l’économie ?

    Par Baptiste (Nivelles)

    Cela faisait plus d’un an que la BCE avait figé son taux à 0,75%. Durant cette période, la BCE s’évertuait à refuser d’abaisser encore plus ses taux, contrairement à la Fed dont les taux directeurs ont été mis entre 0% et 0,25% depuis 2009 (le minimum techniquement possible). La Fed va encore plus loin puisqu’elle recourt à toute une série d’armes ‘‘non-conventionnelles’’ comme l’assouplissement quantitatif (‘‘quantitative easing’’). Cette tactique consiste au rachat par la Fed de titres financiers pourris suite à la crise qui ne valent plus rien en pratique. Ce rachat massif de titres pourris revient donc à faire tourner la planche à billets et à injecter massivement de l’argent dans l’économie. Depuis 2009, la Fed en est déjà à son troisième plan d’assouplissement quantitatif !

    Bye-bye stagflation, vive les armes non-conventionnelles ?

    La raison pour laquelle la BCE refusait d’abaisser plus ses taux et de sortir des ‘‘bazooka financiers’’ était sa crainte de l’inflation. Aujourd’hui, cette crainte est écartée par les économistes de la BCE : l’austérité est telle dans la zone euro que les ménages ne sont pas en capacité de relancer la consommation et les entreprises postposent les investissements face à cette situation. La circulation de monnaie dans ‘‘l’économie réelle’’ restera donc quasi à l’arrêt malgré cette diminution des taux.

    La BCE a donc changé son fusil d’épaule. Déjà en décembre 2012, elle a commencé à goûter au ‘‘non-conventionnel’’ en mettant en place un plan de rachat illimité d’obligations d’Etat pour faire face à la spéculation vis-à-vis des pays dits ‘‘PIGS’’ (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne). A présent, ce sont les taux directeurs qui sont donc diminués à 0,50% jusqu’en juillet 2014 au minimum. Sous-entendu : jusqu’à une relance économique, étant donné que les économistes de la BCE prévoient une stagnation de la zone euro d’ici là.

    A quoi tout cet argent va-t-il donc servir ?

    Ce qui est en apparence un virage stratégique est en réalité révélateur d’une impasse économique profonde pour le capitalisme. Cela a été dit : les ménages ne sont pas en capacité de relancer la consommation et les entreprises postposent les investissements face à cette situation. Les dirigeants capitalistes les plus sérieux n’ont jamais eu l’illusion de pouvoir résoudre leur propre crise de surproduction. Au mieux, ils ont été capables de postposer la crise de surproduction, à l’aide des crédits par exemple. Aujourd’hui, au vu de la situation du capitalisme, même cela est trop ambitieux !

    Pourquoi alors ouvrir les vannes financières encore un peu plus, à quoi tout cet argent va-t-il servir ? Dès l’annonce de la BCE, une série d’observateurs ont fait remarquer que ces liquidités allaient renforcer une tendance déjà bien présente : la spéculation et la constitution de montagnes de cash pour les milliardaires gestionnaires de holding financiers et les multinationales. Soit les mêmes politiques qui ont mené au désastre financier déclenché en 2007…

    Austérité d’un côté, dividendes records de l’autre !

    Cela n’allait pas tarder à être illustré… Ironie de l’histoire : de manière quasisynchronisée avec l’annonce de la BCE, une autre nouvelle a fait la une de la presse économique. Il s’agit de la décision d’Apple d’offrir un montant global de 100 milliards $ à ses actionnaires pour fin 2015… Soit un tiers du Produit Intérieur Brut (la totalité des richesses produites en un an dans un pays) de la Belgique. Du jamais vu en terme de dividendes. Un scandale pouvant en cacher un autre, on apprenait également que, sur les quelques 200 milliards $ de liquidités que possède Apple, 148 milliards $ se trouvent dans des paradis fiscaux. Pour graisser la patte à ses actionnaires, on supposait donc qu’Apple allait donc devoir rapatrier une bonne partie de ces liquidités… Faux ! Cela impliquerait le paiement d’un impôt ! Il a donc été décidé par Apple de laisser cette montagne de cash se dorer la couenne dans son paradis fiscal et de réaliser un emprunt pour récolter les liquidités nécessaires, les taux d’intérêt étant de toute façon à zéro…

    La stratégie d’Apple est partagée par toutes les autres multinationales : profiter des taux d’intérêt faibles pour emprunter gratuitement de l’argent, engraisser les actionnaires, garnir les comptes off-shore et attendre une amnistie fiscale pour en rapatrier une partie. La situation a pris une telle ampleur que les économistes de la Fed ont calculé le manque à gagner en cas d’amnistie fiscale : 90 milliards $ !

    ‘‘L’austérité, c’est à cause de la spéculation sur la dette…’’

    Un effet collatéral au rachat d’obligations d’Etat par la BCE et à la baisse de ses taux directeurs, c’est l’accalmie actuelle sur les intérêts que doivent payer les Etats de la zone euro pour financer leur dette. Ainsi, le taux d’intérêt sur les obligations belges à 10 ans est descendu à 1,9%, un niveau plancher historique. Moins d’un an et demi plus tôt, le même taux était à 5,9%, soit le record pour la Belgique depuis l’introduction de l’euro. Ce passage d’un record à l’autre est illustratif de l’hystérie spéculative à l’oeuvre…

    Ces deux dernières années, l’ensemble des gouvernements de la zone euro se sont évertués à nous expliquer que l’application de l’austérité, aussi brutale soit-elle, ne dépendait pas d’eux, qu’ils n’avaient pas le choix, qu’ils y étaient contraints à cause des taux d’intérêt élevés sur la dette. A présent que ces taux ont drastiquement diminué, l’austérité n’est donc plus nécessaire ?

    Que nenni ! Partout en Europe la guerre de classes continue et les gouvernements néolibéraux maintiennent leurs plans d’assainissements. En Belgique, après une réduction budgétaire initiale de 3 milliards € pour 2013 et un premier ajustement de 2,8 milliards € en mars, un nouvel ajustement de 500 millions € est à l’agenda pour le mois de juillet !

    Luttons pour un avenir, luttons pour le socialisme !

    Cette hypocrisie démontre à nouveau de quel côté de la barrière se trouvent le gouvernement et les partis qui le composent : celui des capitalistes. Organisons la résistance contre ce système sans avenir. Luttons pour une société socialiste dans laquelle l’économie est placée sous contrôle démocratique de la population, et où les choix économiques sont dictés par les besoins de tous et non par la soif de profits d’une minorité !

  • Comment vaincre la machine d’austérité européenne ?

    Depuis le début de la crise de la zone euro, les mobilisations de masse n’ont pas manqué contre la politique d’austérité, avec toute une série de manifestations et de grèves mais aussi de grèves générales. Mais même si ces explosions de colère et de rage ne peuvent plus tout simplement être passées sous silence – malgré le contrôle des médias dominants et de l’information par la classe dominante – le bulldozer de la casse sociale n’en a pas moins poursuivi sa course, une course d’ailleurs destinée à devenir plus meurtrière encore avec l’adoption du ‘‘Traité européen d’austérité’’ (le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance, TSCG). Quelle contre-attaque organiser et comment (re)mobiliser les découragés de la lutte sociale ?

    Par Nicolas Croes

    A faux diagnostique, faux remède

    La logique austéritaire ne fonctionne tout simplement pas. Tout y est faux, du début à la fin. Cette politique de bain de sang social est basée sur une explication totalement erronée : la crise de la zone euro proviendrait non pas de la faillite du secteur bancaire et de la collectivisation des pertes du privé – elles-mêmes conséquences des contradictions du système capitaliste – mais des dépenses publiques ‘‘impayables’’. Banquiers et spéculateurs ont en fait bénéficié de la complicité active et enthousiaste des politiciens capitalistes et des médias dominants pour se cacher, eux et leurs responsabilités, derrière les fonctionnaires ‘‘fainéants’’, les travailleurs ‘‘privilégiés’’, les chômeurs ‘‘parasites’’ et les pensionnés ‘‘destructeurs de sécurité sociale’’. A cette liste se sont rajoutés – au gré des besoins – les immigrés, les homosexuels, les femmes, les syndicats,… et l’extrême-droite est loin d’être la seule à avoir tenu la plume.

    Il a toujours été clair que cette politique n’allait rien arranger pour les masses, que nous serrer la ceinture n’allait pas nous préparer des jours meilleurs et qu’il nous faudrait au contraire percer de nouveaux trous. La maîtrise relative de la dette publique avant 2008 n’avait d’ailleurs pas empêché les divers pays européens de sombrer profondément dans la crise. S’il en était encore besoin, un bref coup d’œil porté aujourd’hui sur cette Union Européenne dévastée suffit à illustrer la faillite totale de l’austérité.

    En Espagne, après des années de coupes dans les budgets des autorités, d’augmentations de taxes (pour l’homme de la rue, pas pour ceux qui nous regardent du haut de leur tour d’ivoire) et de destruction des conditions de travail et des salaires, l’avenir du pays reste plombé par la récession. Le taux de chômage vient d’y franchir un seuil historique lors du premier trimestre de cette année en atteignant les 27,16%. Derrière ce chiffre, il y a 6.202.700 personnes plongées dans la misère (pas moins de 237.400 de plus qu’au trimestre précédent). Dans cette course macabre, l’Espagne ne cède la place qu’à la Grèce (27,2% de chômage officiel en janvier). Quant à cette fameuse dette publique dont la réduction justifie tous les sacrifices (pour autant qu’ils ne touchent pas l’élite de la société), elle a elle aussi atteint un nouveau record au premier trimestre de 2013 : 923,31 milliards d’euros, soit 87,8% de la totalité des richesses produites en un an dans le pays (le PIB, Produit Intérieur Brut). La Banque centrale prévoit qu’elle poursuivra son ascension vers les 91,4% du PIB en 2013 et les 99,8% en 2016. Et quand ça ne marche pas on fait quoi ? Et bien on continue !

    La saignée est inefficace, allons-y à la hache !

    En Grèce, l’austérité massive n’a pas empêché la dette publique d’atteindre les 159,9% de son PIB fin 2012 (une croissance de 8,6% entre 2010 et 2012). Ce taux aurait d’ailleurs largement dépassé les 190% si le tiers de la dette grecque (100 milliards d’euros) n’avait pas été annulé en mars 2012. Fin 2012 toujours, la dette souveraine de l’Irlande représentait 117,6% de son PIB (+ 25,5% entre 2010 et 2012) et celle du Portugal 123,6% (+ 29,6% entre 2010 et 2012).

    Ces trois pays sont ceux à avoir subi le plus directement la dictature des marchés, par l’intermédiaire de l’action dévastatrice de la troïka européenne (qui réunit la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fonds Monétaire International). Afin de bénéficier de ‘‘l’assistance’’ du Fonds Européen de Stabilité Financière, puis du Mécanisme Européen de Stabilité, les gouvernements de ces pays se sont engagés à appliquer une politique antisociale extrêmement brutale. Le résultat de cette politique (explosion du chômage, des suicides, des expulsions de logements, de malades incapables de payer leurs soins,…) ne peut que faire froid dans le dos, notamment à la population chypriote dont le pays vient de rejoindre le club des Etats mis en coupe réglée par la troïka européenne. Il est pourtant question de mettre toute la population européenne au même régime à l’aide du TSCG, le ‘‘traité d’austérité’’ européen. Ce texte a été signé le 2 mars 2012 par 25 pays de l’Union Européenne (tous sauf le Royaume-Uni et la République tchèque) et prévoit de ‘‘renforcer le pilier économique de l’Union économique et monétaire en adoptant un ensemble de règles destinées à favoriser la discipline budgétaire au moyen d’un pacte budgétaire, à renforcer la coordination de leurs politiques économiques et à améliorer la gouvernance de la zone euro.’’ En gros, il condamne l’Union Européenne à une austérité permanente.

    TSCG : une dictature des marchés de plus en plus ouverte

    L’article 3 du Traité interdit de dépasser un ‘‘déficit structurel’’ de 0,5% pour le budget d’un gouvernement (doublé dans le cas où la dette publique se situe sous les 60% du PIB). Respecter cette règle signifiera d’opérer des coupes encore plus profondes dans les dépenses publiques à un moment où les investissements de l’Etat dans l’économie sont plus que jamais nécessaires. De plus, cette notion de ‘‘déficit structurel’’ est absolument arbitraire. En 2006, le Fonds Monétaire International avait par exemple estimé le déficit structurel irlandais à 5,4% du PIB, tandis que la Commission Européenne l’avait estimé à 2,2%. Et c’est la Commission Européenne – le quartier général européen de l’offensive antisociale – qui décidera du chiffre à garder, de même que des moyens à mettre en œuvre pour rester dans le cadre de la discipline budgétaire !

    Il ne s’agit là que d’un exemple, tout le reste du texte est du même acabit, uniquement basé sur une vision à court terme de l’économie capitaliste et sur la recherche du profit maximal le plus rapidement possible. L’élite européenne est tellement idéologiquement liée au néolibéralisme qu’elle est incapable de voir l’impact dévastateur qu’aura ce traité, même en considérant les intérêts des capitalistes à plus long terme.

    Ce traité est aussi une attaque anti-démocratique de taille. L’Union Européenne est déjà une institution anti-démocratique, ce n’est même pas une ‘‘démocratie parlementaire’’. Le pouvoir y est concentré dans la Commission Européenne et le Conseil Européen. Fin 2011, 6 mesures ont été adoptées (le ‘‘six-pack’’) pour transférer d’importants pouvoirs de décision des gouvernements élus vers la Commission Européenne non-élue, tandis que la prise de décision a été modifiée au sein du Conseil Européen afin de rendre les sanctions punitives quasiment automatiques en cas de non-respect des dictats néolibéraux.

    Le texte du Traité prévoit de considérer le néolibéralisme comme une obligation et non plus comme un choix économique. L’article 5 prévoit ainsi de placer un pays directement sous administration des autorités européennes. Actuellement, plus de vingt pays sur les 27 que comprend l’Union Européenne sont exposés à cette tutelle !

    Quel type de résistance ?

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    Pourquoi l’austérité ?

    Comme expliqué ci-contre, l’austérité ne vise pas à ‘‘rééquilibrer les budgets des autorités’’. Dans le cadre de la crise de surproduction dans laquelle est plongée la totalité du système capitaliste (et pas uniquement l’Europe), il s’agit pour ‘‘nos’’ élites de restaurer par la manière forte le taux de profits des capitalistes, les détenteurs des moyens de production. A la manière dont Naomi Klein l’avait développé dans son livre ‘‘La stratégie du choc’’ (également disponible gratuitement sous forme film-documentaire sur internet), le choc de la crise a servi de prétexte pour accroitre l’offensive contre les acquis sociaux que le mouvement des travailleurs avait pu obtenir par le passé grâce à sa lutte.

    Il s’agit de l’accentuation de la politique néolibérale de transfert de richesses de la collectivité vers le privé, initiée en leur temps par Pinochet au Chili, Reagan aux Etats-Unis et Thatcher au Royaume-Uni. Cette politique économique était devenue nécessaire suite à la crise économique des années ‘70 et a pris son plein essor suite à l’effondrement du stalinisme au début des années ’90. Depuis lors, les privatisations d’entreprises publiques, les réductions de moyens pour les budgets sociaux et les diminutions de taxes pour les grosses entreprises se sont suivies au pas de charge. Mais cela n’a pas pu empêcher la crise d’éclater.

    Quel programme contre l’austérité ?

    • Non à l’austérité ! Pour la défense des services publics et des pensions ! C’est aux patrons de payer pour leur crise !
    • Pour des syndicats combatifs et démocratiques et des partis larges de travailleurs combatifs !
    • Dans chaque pays : pour un plan d’action combatif, démocratiquement discuté à la base, afin de construire le meilleur rapport de force contre l’offensive antisociale et d’élever la conscience des masses par la discussion et l’action collective !
    • Pour un plan d’action vers une grève générale de 24 heures à l’échelle européenne !
    • Non à la dictature des marchés ! À bas les agences internationales de notation de crédit et le FMI ! Stop au paiement des dettes de l’État aux capitalistes ! Arrachons la richesse des mains des spéculateurs super riches !
    • Nationalisation des secteurs-clés de l’économie (finance, énergie, sidérurgie…) sous le contrôle démocratique et la gestion des travailleurs !
    • Non au chômage de masse ! Pour la réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
    • Pour des programmes massifs de travaux publics afin de créer des emplois socialement utiles et de répondre aux besoins de la population
    • Non à l’Europe des patrons et des marchés ! Pour une Europe socialiste démocratique !

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    Les pétitions, cartes blanches, déclarations,… n’ont pas manqué pour dénoncer ce traité. Les positions défendues dans ces critiques étaient souvent très bonnes, mais les moyens exposés pour vaincre le TSCG n’ont pas été à la hauteur de l’attaque. Le TSCG n’a été soumis au référendum qu’en Irlande, avec une offensive patronale et un chantage extraordinaire qui ont réussi à faire passer le ‘‘oui’’ de justesse. Dans les autres pays, ce sont les parlements nationaux qui étaient responsables de l’acceptation du texte ou de son rejet. En Belgique, cela signifie de passer devant le Parlement flamand et le Sénat (où le traité a déjà été approuvé), à la Chambre du Parlement fédéral, au Parlement wallon, au Parlement bruxellois, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et au Parlement germanophone. Hélas, l’opposition à l’austérité européenne s’est limitée à un lobbying à destination de parlementaires qui appliquent quotidiennement la casse sociale…

    Ainsi, la centrale des employés de la CSC (CNE), malgré des prises de positions combatives ces derniers temps (notamment concernant la nécessité d’organiser une grève générale contre la politique des autorités belges ou face à la nécessité de construire un nouveau relais politique large pour les travailleurs aux côtés de la FGTB Charleroi & Sud-Hainaut), a appelé ‘‘tous les parlementaires belges à un sursaut de courage pour défendre notre démocratie. Ratifier ce traité serait comme choisir, en pleine mer, la ceinture de plomb plutôt que la bouée.’’ De même, le CEPAG (Centre d’Education Populaire André Genot, une ASBL d’éducation permanente liée à la FGTB et dont l’actuel administrateur général est Thierry Bodson, le président de la FGTB wallonne) a lancé une pétition déclarant notamment : ‘‘Nous devons agir pour que nos représentants élus ouvrent les yeux, refusent d’obéir à l’Europe de l’austérité et rejettent la Traité budgétaire. Mettons la pression sur les parlementaires afin qu’ils ne signent pas un texte en totale contradiction avec les intérêts de la population !’’ Ce lobbying est insuffisant, on ne peut convaincre les politiciens capitalistes d’agir dans nos intérêts que par la force. En ce sens, la manifestation appelée par la FGTB wallonne devant le Parlement Wallon le 29 mai dernier était un premier pas – tardif – dans la bonne direction, qui ne doit pas rester un acte isolé, doit être amplifié et être considéré dans le cadre de la lutte plus large contre l’austérité et les licenciements. Qu’attendre encore pour un vrai plan d’action avec grève(s) générale(s) ?

    Pas mal de gens se demandent comment combattre cette Union Européenne antisociale qui parait être si lointaine. De nombreux politiciens traditionnels se servent d’ailleurs de ce sentiment d’impuissance pour justifier leurs attaques, sur le mode ‘‘c’est pas nous, c’est l’Europe’’. Cette question est loin d’être neuve. Karl Marx répondait déjà à son époque que ‘‘la lutte de classes est internationale dans son contenu mais nationale dans sa forme’’. Il n’en va pas différemment aujourd’hui. La majeure partie des problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs oppose directement ces derniers à la classe dominante de leur pays. Hélas, partout en Europe, nous sommes forcés de constater que les sommets syndicaux manquent d’audace et évitent soigneusement toute stratégie d’affrontement direct avec l’Etat capitaliste et les diverses bourgeoisies nationales.

    L’exemple de la Grèce est à ce titre des plus édifiants. Ces dernières années, les grèves générales se sont succédées comme nulle part ailleurs en Europe, mais décidées et stoppées d’en haut, sans aucun plan d’action, bien plus destinées à laisser échapper la pression de la base qu’à sérieusement bloquer l’économie pour aller chercher les moyens là où ils se trouvent : dans les caisses des grandes entreprises et des banques. Dans chaque pays, le mouvement des travailleurs doit lutter pour récupérer ses instruments de lutte de masse, ce qui signifie de lutter résolument pour une démocratie syndicale (entre autres parce qu’une lutte déclenchée par la base est plus difficile à stopper par le sommet syndical), pour la fin du syndicalisme de négociation et de concertation et pour le retour d’un syndicalisme de lutte.

    Pour nous, cette timidité dans la contre-offensive provient directement de l’absence d’idée concernant l’alternative à défendre contre la société capitaliste. ‘‘Nos’’ dirigeants syndicaux ont été tellement impliqués dans le ‘‘moindre mal’’ et dans la concertation avec les institutions capitalistes qu’ils refusent de sérieusement considérer qu’une voie de sortie existe en dehors du capitalisme. Revenir à un syndicalisme de lutte signifie donc aussi de s’armer d’un programme anticrise anticapitaliste basé sur la collectivisation des moyens de production et leur contrôle et gestion démocratiques. C’est la seule manière d’obtenir un plan de relance basé sur les nécessités sociales et écologiques et non pas sur la recherche de profit. Réclamer tout simplement une ‘‘fiscalité plus juste’’ est largement insuffisant, en plus de nier la possibilité de l’évasion de capitaux qu’il faut résolument saisir et donc exproprier. Cela nécessite aussi de disposer d’un prolongement politique large pour porter les exigences des travailleurs sur l’arène politique tout en étant un parti de lutte, qui ne se cantonne pas à l’activité électorale. Les PS, Partis Travaillistes, Pasok et autres sont totalement passés dans l’autre camp depuis belle lurette.

    Pour une grève générale européenne

    De même que la lutte internationale ne doit pas servir de prétexte à laisser sa propre classe dirigeante nationale tranquille, une coordination des luttes par-delà les frontières – et particulièrement au niveau européen – est absolument cruciale. A ce niveau aussi, la faiblesse de la direction du mouvement des travailleurs est criante : la Confédération Européenne des Syndicats (CES) reçoit ainsi une partie de ses subsides de la Commission Européenne, et a toujours considéré son action dans le cadre de la construction loyale d’une Union Européenne capitaliste ‘‘sociale’’. On en voit le résultat.

    Le mot d’ordre d’une grève générale européenne est aujourd’hui d’une extrême importance, et la journée d’action européenne du 14 novembre dernier en a illustré le potentiel. Cette action coordonnée de plus grande ampleur que par le passé était un reflet de la pression grandissante de la base syndicale sur les divers syndicats européens et sur la CES elle-même. En Espagne et au Portugal, des grèves générales de 24 heures ont eu lieu (ce fut la plus massive et militante depuis 1974 au Portugal tandis qu’un million de personnes avaient manifesté à Barcelone et à Madrid). Des actions de grève avaient aussi eu lieu en Italie, en Grèce, à Malte, à Chypre et en Belgique. Comme nous le disions à l’époque : ‘‘Le génie des actions de grèves internationales est sorti de sa lampe.’’

    La combativité nécessaire à la victoire est bel et bien présente. Mais toute cette énergie ne peut être que dilapidée si elle n’est pas canalisée au travers d’un plan d’action combatif, avec un échéancier clair capable de peu à peu (re)mobiliser tous ceux qui veulent se battre mais se rendent bien compte que nombre de responsables syndicaux ne sont eux-mêmes pas convaincus qu’il est possible d’inverser la tendance antisociale actuelle. Laisser cette situation perdurer équivaut à ouvrir grand la voie à la droite la plus réactionnaire et à l’extrême-droite. Avec les conséquences que cela implique.

  • Manifestations Blockupy en Allemagne : Répression policière dans l'antre de la bête

    ”Nous voulons montrer qu’il y a aussi une résistance contre Merkel et la Troïka dans l’antre de la bête” commentait l’un des manifestants qui avait pris part aux ”Journées d’action Blockupy” du 1er juin à Francfort, en Allemagne. 15.000 personnes étaient présentes lors de cette marche. Le jour précédent, plus de 3.000 personnes avaient participé au blocage du siège de la Banque Centrale Européenne et d’autres institutions. Ces institutions sont considérées comme un symbole de la dictature des marchés, de la politique raciste d’immigration en Europe et de l’industrie textile basée sur la course aux profits, qui a été responsable de la mort de milliers de travailleurs encore récemment au Bangladesh.

    Par Sascha Stanicic, SAV (CIO-Allemagne)

    Répression d’État

    ”Blockupy” est une alliance de différentes organisations de gauche, le Parti de Gauche (DIE LINKE), certaines structures syndicales, Attac et d’autres groupes du mouvement social qui ont été créés l’année dernière pour construire la résistance contre les politiques d’austérité en Europe et en Allemagne.

    En 2012, la ville de Francfort avait légalement interdit toutes les protestations, les manifestations et les rassemblements lors des deux jours durant lesquels les occupations et les blocages étaient censés se tenir. Même les manifestations qui n’avaient rien à voir avec Blockupy avaient été interdites. Cela a conduit à une vague de solidarité et des milliers de personnes se sont spontanément rendues à Francfort pour participer au seul évènement qui avait été autorisé : la manifestation de masse du dernier jour de la période d’actions.

    Cette année, la situation a été renversée par la police. Le camp de protestation a été autorisé et les manifestations et les blocages du 31 mai ont également pu se tenir avec relativement peu de répression policière. Le gouvernement fédéral d’État, dirigé par les conservateurs, et les dirigeants policiers avaient cependant bien retenu la leçon de l’année précédente et avaient planifié la répression pour la journée de la manifestation de masse.

    20 minutes à peine après le début de la manifestation, elle fut réprimée par la police et le contingent anticapitaliste de groupes d’extrême gauche à la tête de la manifestation a été encerclé. La police a pris pour excuse l’utilisation de pétards et le fait que des manifestations se cachaient le visages pour justifier ses actions répressives. En réalité, il est devenu clair – et cela a même été confirmé par un officier de police anonymement dans la presse – que cette répression avait été planifiée bien à l’avance. Un officier de police a d’ailleurs déclaré à un membre du SAV (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Allemagne et organisation-soeur du PSL) : ”Pensiez-vous vraiment que nous allions vous laisser simplement marcher, après la défaite que vous nous avez infligez l’année dernière ?”

    1.000 manifestants ont été encerclés pendant plusieurs heures durant lesquelles ils n’avaient pas accès aux toilettes. Les avocats ne pouvaient avoir de contact avec leurs clients et les premiers secours n’ont pas pu entrer dans la zone d’encerclement pour rejoindre les personnes blessées, au nombre de plus de 200. Le reste de la manifestation n’a pas pu avancer et est resté aux côtés de ceux qui étaient encerclés par la police, en solidarité. Ce n’est que que tard dans la soirée, quand beaucoup de manifestants étaient déjà partis prendre leur bus ou leur train pour rentrer, que la police a libéré les manifestants encerclés.

    Malgré cela, ces journées d’action ont été un réel succès. L’Allemagne ne partage pas les mêmes problèmes économiques et sociaux que la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou d’autres pays pour le moment. Cela signifie aussi que la conscience est différente et qu’il y a moins de mobilisations et de luttes qui se mettent en place. Étant donné ce contexte, les journées d’action Blockupy ont principalement mobilisé des militants de gauche. Cependant, ces actions ont permis de montrer qu’il y avait aussi une résistance sociale en Allemagne. Le plus impressionnant de tout fut la participation de 500 militants de Stuttgart qui viennent du Mouvement contre Stuttgart 21 (la nouvelle gare prévue qui soulève des manifestations de masse depuis plusieurs années).

    En même temps, la relative stabilité économique allemande est payée par des millions de travailleurs sous-payés et par la détérioration des conditions sociales. Les travailleurs du secteur de la distribution ont commencé des actions de grève pour de meilleurs salaires et contre les attaques des patrons.

    Les membres du SAV ont participé à ces journées d’action. C’est aussi le cas du Parti de Gauche (DIE LINKE) et de ses organisations de jeunes qui avaient leur propre contingent qui ont été rejoint par les membres du SAV. 350 personnes ont assisté à un meeting public de DIE LINKE dans la nuit du premier jour d’action ou sont intervenus des orateurs de Grèce, du Portugal et d’Allemagne.

    Pour beaucoup de manifestants, la répression policière arbitraire est une preuve supplémentaire de la véritable nature du capitaliste : la démocratie est accordée tant que rien ne menace les profits des banques et des grandes industries.

  • Économie mondiale : ''Les banques centrales naviguent dans le noir''

    La grave récession de 2008-2009 a fait de l’économie mondiale un véritable laboratoire d’expérimentations. Mais ni l’austérité extrême ni les trillions injectés dans les banques n’ont conduit à une véritable reprise. Les politiciens et les économistes sont désormais de plus en plus préoccupés.

    Per-Åke Westerlund, Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)

    Au centre des préoccupations, la crise européenne. Au début de 2012, l’Italie et l’Espagne étaient proches du défaut souverain (fait pour un gouvernement de ne pas pouvoir payer sa dette), une situation qui, à son tour, aurait pu voir le projet euro entier s’effondrer. Les dirigeants et les institutions européennes, par crainte, ont du prendre des mesures extrêmes.

    La Banque Centrale Européenne (BCE) a promis un ”accès illimité” au capital pour les États et les banques. Depuis lors, la BCE a prêté 360 milliards d’euros aux banques espagnoles et 260 milliards aux banques italiennes. Une grande partie de ces sommes a été utilisée pour racheter leurs obligations d’État respectives. L’écart de taux d’intérêt – ce qui coûte en plus à l’Espagne et à l’Italie pour emprunter par rapport à l’Allemagne – a chuté de 6-7% à 2-3%.

    La générosité de la BCE est compensée par les autres banques centrales. La Réserve Fédérale Américaine (FED) est à sa quatrième phase d’assouplissement quantitatif, ce qui signifie que la FED rachète des parts de la dette publique à raison de 85 milliards de dollars par mois.

    Le nouveau gouvernement de droite du Japon s’est lancé dans une politique monétaire ”quantitative et qualitative”, une double mesure par rapport à celle de la FED. En deux ans, la banque centrale (la Banque du Japon, BOJ) va utiliser l’équivalent d’un quart de son PIB – le Japon est la troisième plus grande économie mondiale – pour acheter des obligations d’État, des actions et des biens immobiliers.

    Les Banques centrales

    Mais désormais, il y a une inquiétude croissante quant à savoir si les interventions des banques centrales sont bel et bien la solution ou au contraire aggraveraient la crise. ”Certaines figures de proue des Banques centrales avouent qu’ils naviguent dans le noir dans le pilotage de leur économie” a rapporté le Financial Times (18 avril) après la dernière réunion du Fonds Monétaire International (FMI).

    Selon Lorenzo Samgh de la direction de la BCE : ”Nous ne comprenons pas entièrement ce qui se passe dans les économies avancées”. Le chef de la Banque d’Angleterre, Mervyn King, a affirmé que personne ne pouvait être sûr que la politique monétaire expansionniste était correcte et s’est interrogé sur le fait qu’elle pouvait ”courir le risque d’attiser les problèmes qui ont conduit à la crise préalablement”.

    L’intervention de la Banque centrale a assoupli la crise immédiate pour les banques et les États les plus vulnérables. Mais ils n’ont pas reboosté l’économie – les investissements dans les pays capitalistes avancés sont toujours au record le plus bas.

    Cependant, la nouvelle politique a initié des conflits plus nets entre les Etats-Nations. La monnaie japonaise, le Yen, a chuté de 25% depuis l’année dernière. Cela a profité à l’industrie d’exportation japonaise au détriment, entre autres, des industries allemande et sud-coréenne.

    Les rapports semi-annuels d’avril du FMI (le Rapport du Stabilité financière global et des Perspectives économiques mondiales) notent que les actions des Banques centrales ont provoqué un ”large rassemblement de marché” mais ont aussi créé de nouveaux risques. Le capital passe maintenant des pays les plus riches vers les pays en développement, créant une instabilité potentielle. Le patron de la FED, Ben Bernanke, a récemment averti que la spéculation des banques pourrait augmenter.

    Le FMI

    Mais ce qui inquiète véritablement le FMI est ce qui se passera quand la politique d’assouplissement se terminera. Il n’y a pas de précédents historiques sur lequel se baser. ”Des améliorations continues nécessiteront un redressement du bilan du secteur financier et un déroulement harmonieux des sur-endettements public et privé. Si nous ne relevons pas ces défis à moyen terme, les risques pourraient réapparaitre. La crise financière mondiale pourrait se transformer en une phase plus chronique marquée par une détérioration des conditions financières et des épisodes récurrents d’instabilité financière”, écrit le FMI. Mais tout a jusqu’ici échoué, la situation tend vers une crise plus chronique.

    La deuxième étape de la politique de crise – les mesures d’austérité extrêmes – ont eu de pires effets immédiats. 19,2 millions de personnes sont actuellement au chômage dans la zone euro, dont six millions en Espagne seulement. En Grèce, le chômage des jeunes s’élève à 59,1%. Le New York Times a rapporté dans un article sur les écoles grecques que les enfants s’évanouissaient de faim et fouillaient les poubelles pour trouver de la nourriture.

    Le premier ministre portugais, Pedro Passos Caolho – un fervent partisan de l’infâme austérité de la Troïka (FMI, UE et BCE) – a promis en 2011 que ces ”deux terribles années” seraient suivies par une reprise. Mais en raison de l’austérité extrême, en 2013, le Portugal ”fait face à une récession plus profonde et plus longue que celle prévue par le gouvernement et les prêteurs internationaux.” (Financial Times).

    Le FMI a estimé en avril que le risque de récession (le fait que l’économie se contracte) dans la zone euro était de 50%. Depuis lors, le président de la BCE, Mario Draghi, a averti que même la France s’était engouffrée plus profondément dans la crise. L’UE a accordé à l’Espagne et à la France deux années supplémentaires pour se conformer à la règle selon laquelle les déficits budgétaires ne doivent pas dépasser 3% du PIB. Selon les nouvelles règles, ces deux pays auraient, aussi non, été condamnés à une amende.

    Dans une grande enquête effectuée par l’agence de notation Fitch auprès des capitalistes et des investisseurs financiers en Europe, une grande majorité pense que le calme qui règne cette année en Europe n’est que passager. ”Fitch met en garde dans un communiqué qu’elle [l’année 2013] peut revoir un été marqué par la crise de l’euro, tout comme ce fut le cas en 2011 et 2012, car il y a une forte contradiction entre le récent rallye boursier et la montée du chômage” (Dagens Industri, quotidien suédois).

    Pas de solution capitaliste

    Aucune institution capitaliste n’a de solutions. Beaucoup avertissent que l’austérité est allée trop loin, mais continuent de souligner la nécessité d’un budget équilibré pour le ”moyen terme”.

    En combien de temps la crise chypriote qui menace de s’étendre montrera que les pays de l’UE ont besoin d’une union bancaire, écrit le FMI dans son rapport ? Et avant que les flux de capitaux illimités de la BCE n’atténuent la crise, les politiciens dirigeants de l’UE comme Angela Merkel et le président de la Commission européenne Barroso déclaraient que l’UE avait besoin d’une politique budgétaire beaucoup plus stricte et synchronisée.

    Mais les intérêts nationaux et les conflits rendent spécialement les dirigeants allemands hésitants. Le risque, à leurs yeux, est que l’Allemagne devienne définitivement le garant des banques à travers l’Europe.

    En parallèle avec les contradictions croissantes au sein des États membres de l’UE, il y a une méfiance grandissante contre l’Europe elle-même. Aujourd’hui, en Espagne, 72% de la population est critique par rapport à l’Europe contre 23% avant la crise. En Allemagne, cette méfiance est passé de 36 à 59%.

    La crise a été utilisée pour pousser en avant les contre-réformes néolibérales dont rêvaient les capitalistes. Des pensions encore pires en Italie, des facilités pour licencier les travailleurs en Espagne, des réductions de salaire de 50% en Grèce et ainsi de suite. De la même façon, les capitalistes augmentent leur pression sur le président français François Hollande. Il a déjà aboli l’impôt sur les gains en capital et a promis de réduire les allocations de chômage, des pensions et des municipalités.

    En même temps, la pression politique par le bas est de plus en plus forte. Dans un sondage d’opinion français, 70% des sondés pensent qu’une ”explosion sociale” est possible dans les prochains mois.

    Le FMI, en avril, a à nouveau abaissé ses prévisions pour la croissance économique mondiale de cette année à 3,3% (3,5% néanmoins en Octobre). Le commerce mondial ne devrait augmenter que de 3,6% cette année après 2,5% l’année dernière.

    L’indice des directeurs d’achats des grandes entreprises européennes et japonaises est encore en dessous de 50, ce qui indique que l’économie ne se développe pas. Mais même dans le cas de la Chine, ce chiffre ne dépasse pas beaucoup les 50.

    La Chine

    L’économie de la Chine – la deuxième plus grande au monde mais dont on estimera qu’elle dépassera les États-Unis d’ici 2020 – est en train de ralentir fortement. Le grand plan de relance de 2009, qui a tenu la croissance grâce à des investissements massifs, frappe désormais de son revers avec force. Les dettes des municipalités et des provinces sont estimées à entre 20 et 40% du PIB du pays. Au cours du premier trimestre de cette années, ces dettes ont augmenté deux fois plus vite que dans la même période en 2012.

    Le FMI et les politiciens occidentaux parlent de la façon dont la consommation en Chine devrait augmenter et l’investissement diminuer. Mais l’abaissement de la part de l’investissement dans le PIB de 50 à 30%, dans une situation ou la croissance économique sera de 6% au lieu des 10% précédents, ”provoquerait une dépression à lui tout seul” conclut le chroniqueur économique du Financial Times, Martin Wolf. La demande s’effondrerait avec un impact considérable sur l’économie mondiale.

    Les gouvernements et les classes capitalistes mettent désormais davantage de pression sur d’autres États. Les États-Unis veulent voir une plus grande demande en Allemagne et en Europe, tandis que les politiciens européens exigent que les déficits des États-Unis et du Japon soient réduits. Le déficit budgétaire du Japon cette année est à près de 10% du PIB, pour la cinquième année consécutive. La dette publique devrait être à 255% du PIB en 2018.

    Le déficit américain est de 5% du PIB et la dette s’élève à 110% de celui-ci. La croissance cette année aux États-Unis devrait être la plus élevée dans les pays capitalistes développées, soit 1,2%. Mais les prévisions sont incertaines puisque les coupes automatiques, la mise sous séquestre, n’auront effet que dans la seconde moitié de l’année.

    Avec l’échec des ”méthodes peu orthodoxes”, de plus en plus de gens se rendent compte qu’il n’y a pas de solution dans le cadre du système capitaliste. La résistance des travailleurs et des pauvres va augmenter, comme l’ont montré les manifestations de masse au Portugal au début de mars qui étaient les plus importantes depuis la révolution de 1974. La tâche des socialistes est de construire de nouveaux partis des travailleurs avec une réponse socialiste claire face à la crise.

  • Contre l'austérité européenne, il nous faut riposter !

    L’avalanche d’austérité continue de déferler sur l’Europe. Même notre épargne n’est plus à l’abri. Les mesures qui ont menacé les comptes d’épargne à Chypre pourraient très bien être implantées ailleurs, comme l’a fait remarquer Jeroen Dijsselbloem, du Groupe Euro. Ceux qui ont pu mettre un peu d’argent de côté au cours de leur vie – et ils sont de moins en moins nombreux – peuvent voir leurs économies partir en fumée, contrairement à tous ces riches fraudeurs pour qui les îles Caïmans et autres paradis fiscaux constituent des forteresses pour mettre leurs profits à l’abri.

    par Clément (Bruxelles)

    C’est toujours aux mêmes de payer. Alors que Caterpillar, Ford, Duferco ou Mittal licencient à tour de bras, ces entreprises n’ont presque rien payé comme impôt, notamment grâce aux intérêts notionnels. Quant aux travailleurs, ils doivent en payer entre 30 et 45% suivant leurs revenus. Et bien que Di Rupo avoue à mi-voix que l’austérité n’est peut être pas ‘‘la meilleure solution finalement’’ cela n’empêche pas son secrétaire d’Etat Bogaert de couper dans les effectifs de la fonction publique, quitte à amoindrir encore plus les services rendus à la population.

    En fait l’actualité nous montre bien deux choses : l’absence de solutions des responsables politiques et les contradictions entre les actes et les paroles de ceux-ci. Pendant longtemps, on nous a vanté les mérites du modèle allemand. Mais une récente étude vient encore d’affirmer qu’ils sont parmi les travailleurs les plus pauvres d’Europe. De même, alors que les partis traditionnels ont appelé à ‘‘moraliser’’ le capitalisme, ce sont 27 des 30 premières fortunes du pays qui cacheraient entre 25 et 32 milliards d’euros dans des paradis fiscaux. Pendant ce temps là, les licenciements continuent : il y a eu 40 projets de licenciements collectifs entre janvier et mars 2013 (soit 4.673 travailleurs, sans compter ni les 2.600 de Caterpillar et de Mittal ni les sous-traitants qui vont en payer les frais).

    Alors que ces messieurs font dorer leurs pièces au soleil du paradis fiscal de Panama, au Portugal, on annonce la fin de la gratuité des écoles publiques. A Chypre, on avait envisagé de taxer 6,75% les comptes épargnes avant de se rétracter suite aux pressions populaires. Alors que l’austérité frappe les travailleurs de plein fouet dans la totalité des pays, ces responsables politiques qui voulaient ‘‘moraliser’’ le capitalisme, comme Jérôme Cahuzac, vont imiter leurs maitres financiers en allant mettre leur argent en suisse ! 7 autres ministres français ‘‘socialistes’’ sont millionnaires et le déclarent sans honte. Mais aux questions des travailleurs d’ArcelorMittal-Florange, ces responsables politiques disent qu’ils ne peuvent rien faire. Ils ont fait quelque chose cependant, ils ont envoyé la police charger et réprimer.

    Alors que les entreprises européennes cotées en Bourse refusent d’investir les 788 milliards d’euros qui dorment sur leurs comptes, les responsables politiques préfèrent aller chercher l’argent chez les travailleurs, ce qui continue d’enrichir cette minorité qui vit de la productivité des autres. Cela montre encore une fois quel camp ont choisi ces responsables politiques : celui du patronat. Pas étonnant alors de voir que la pilule du consensus -qu’ils nous ressortent à chaque fois qu’il y a des licenciements- s’avère être beaucoup plus dure à avaler pour les travailleurs que pour les patrons.

    Créer un rapport de force ou se laisser étouffer

    Ce que nous montre l’actualité c’est que le rapport de force actuel n’est pas favorable pour ceux à qui l’on fait payer la crise. Pire, il est tellement accaparé par la classe dominante que celle-ci continue à faire passer ses mesures en se justifiant à peine. Il est grand temps d’avoir une réponse efficace et unifiée. Les chypriotes ont réussi à éviter de se faire taxer leurs comptes épargne mais actuellement leur gouvernement négocie un nouveau prêt européen que la population devra rembourser. Cela montre la force que nous avons pour changer la donne mais cela montre aussi que les travailleurs belges, chypriotes, grecs ne peuvent infléchir durablement la volonté de la classe dominante s’ils sont isolés. Il faut donc que nous créions un rapport de force à l’échelle européenne, à plus forte raison quand nos politiciens nous disent qu’ils ont les mains liées par l’UE. Pour créer ce rapport de force, une grève générale de 24h à l’échelle européenne pourrait être un premier pas qui n’augurerait rien de bon pour la classe dominante.

  • Résistance internationale contre l'Europe des banques et des multinationales !

    Pour une riposte anticapitaliste et socialiste contre l’austérité !

    La population chypriote est la plus récente victime de la crise brutale du projet capitaliste européen. La crise de l’Union Européenne est loin d’être terminée, contrairement à ce que certains avaient prétendu. Toute la zone euro est en récession économique. Pas moins de 120 millions d’Européens sont menacés de pauvreté. Un million de personnes sont venues rejoindre les rangs des chômeurs au cours de l’an dernier uniquement, portant le chiffre officiel à plus de 26 millions de travailleurs sans-emploi. Mais il y en a encore des millions d’autres dans les faits. Tout indique qu’un nouveau dramatique épisode de la crise est en cours.

    Par Bart Vandersteene

    Ce n’est nullement un hasard si les pays d’Europe du Sud sont les plus fortes victimes de cette crise. Le projet néolibéral européen a accru la concurrence entre les divers États-membres. Afin d’attirer les investissements, les pays d’Europe du Sud ont réduit l’impôt sur les sociétés et créé des paradis fiscaux. Les banques chypriotes étaient de véritables casinos, notamment pour les milliardaires russes. Le secteur bancaire chypriote a récemment été estimé représenter une valeur annuelle égale à huit fois le produit intérieur brut du pays, soit huit fois la totalité des richesses produites en un an ! La faillite d’une de ces banques peut infecter l’ensemble du secteur financier de l’Union Européenne.

    La logique de la politique dominante est un refrain désormais bien connu : c’est aux travailleurs chypriotes de saigner alors qu’ils ne sont pas responsables de la crise, à eux de supporter les pertes du casino de la spéculation. Mais sous la pression formidable du mécontentement et de l’opposition populaires, la mesure qui prévoyait de s’en prendre aux livrets d’épargne a été balayée. Les solutions de rechange du gouvernement chypriote reviennent toutefois aux mêmes conséquences à grands coups de privatisations, de vente des réserves de gaz, des taxes supplémentaires,…

    La situation sociale est très tendue dans tout le sud du continent. L’establishment politique a vu son autorité compromise par l’application de la politique d’austérité. Le 2 mars, 1,5 million de Portugais ont manifesté. En Italie, les partis établis ont reçu une claque monumentale de la part du comédien Beppe Grillo, qui a reçu un quart des voix à partir de rien. Ce n’est qu’une question de temps avant que de nouveaux dominos économiques ou politiques ne tombent dans la région.

    Les travailleurs et leurs familles à Chypre, en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Irlande, en Italie,… n’ont qu’une seule option pour protéger leur niveau de vie des attaques vicieuses des autorités européennes et nationales: la lutte pour la nationalisation du secteur financier sous contrôle et gestion publics démocratiques. Tous les fonds spéculatifs et les profits monumentaux du passé doivent revenir à la collectivité. Aujourd’hui, ce sont les dettes de jeu des requins de la finance qui reviennent à la population, mais ce ne sont pas nos dettes. Le non-paiement des dettes publiques et la mise sous statut public du secteur financier et des autres secteurs-clés de l’économie peuvent poser les bases d’un programme d’investissements publics pour répondre aux besoins sociaux actuellement en souffrance tout en créant une masse d’emplois socialement utiles.

    Chaque dégradation du niveau de vie au sud de l’Europe sera utilisée comme argument pour s’en prendre à notre épargne, à nos salaires et à nos acquis sociaux. De la même manière, chaque victoire de nos camarades du sud renforcera la lutte chez nous. Nous sommes solidaires des luttes de la classe des travailleurs, de la jeunesse, des chômeurs et des pensionnés qui, dans toute l’Europe, s’opposent à l’offensive antisociale qui assombrit notre avenir !

  • Plus de 220 personnes présentes à SOCIALISME 2013

    Ces 13 et 14 avril, le souffle de la résistance internationale contre la crise du capital s’est fait sentir à Bruxelles, à l’occasion de la 13e édition du week-end "Socialisme" organisé par le PSL. Le succès fut au rendez-vous pour cet important événement de formation politique qui faisait suite à des semaines intenses de mobilisations (manifestation antifasciste, pour les droits des femmes, contre l’austérité, pour la régularisation des sans-papiers, contre la répression policière,…)

    Par Loïc (Liège)

    Parmi les plus de 220 participants se trouvaient quelques camarades venus de l’extérieur de la Belgique (Irlande, Allemagne, France, Grèce, Portugal, Grande-Bretagne, Luxembourg) que nous remercions d’ailleurs chaleureusement pour avoir accentué l’échange d’expériences politiques internationales au cours du week-end. L’enthousiasme et la combativité ont marqué ces deux journées, il nous reste maintenant à transférer dans la pratique les leçons de toutes ces discussions (3 meetings centraux et 19 commissions!)… En avant pour la lutte, la solidarité et le socialisme !

  • La crise européenne est loin d’être terminée

    Il nous faut une grève générale à l’échelle européenne !

    Le délai supplémentaire accordé à la Grèce pour rembourser sa dette a temporairement retardé un défaut de paiement. En décembre, François Hollande déclarait à Oslo : “la crise de la zone euro est derrière nous”. Mais, à chaque fois, l’euphorie n’est que momentanée, l’establishment est systématiquement rattrapé par la réalité de cette crise profonde pour laquelle il n’a aucune solution.

    Par Boris Malarme, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Chypre sous perfusion

    Après la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, c’est au tour de Chypre (avec son secteur financier fortement exposé à la dette grecque) d’être également mis sous perfusion et tutelle de la troïka (le FMI, la Commission européenne et la Banque Centrale Européenne). Le parti Communiste (AKEL, qui était le premier parti politique depuis 2001) a été sanctionné pour sa politique d’austérité aux élections de février (26,9%) au profit de la droite (45,5%). Mais le candidat conservateur Nicos Anastasiades a fait part de sa volonté d’accélérer le rythme de l’austérité. Cependant, même une victoire surprise de l’AKEL au second tour sur base d’un soutien au ‘‘moindre mal’’ ne changerait pas fondamentalement la donne pour les travailleurs chypriotes [depuis lors, le second tour a eu lieu et les conservateur l’ont emporté, NDLR]. Tous les partis acceptent le chantage de la Troïka et les attaques contre les salaires et les pensions, les privatisations et les hausses d’impôts. Le plan de sauvetage d’au moins 17 milliards d’euros ne représente que 0,2% du PIB de l’Europe, mais cela équivaut au PIB de l’île chypriote !

    L’Europe craint l’instabilité en Italie

    A côté de cela, l’Italie (troisième économie de la zone euro) est un autre morceau sur lequel l’establishment peut se casser les dents. Cette crainte a été illustrée par les propos du président du Parlement européen, Martin Schulz, qui mettait en garde contre un retour de Berlusconi aux affaires. Ce dernier a connu une remontée dans les sondages qui l’a placé directement derrière Bersani, le candidat du Parti Démocrate (au moment d’écrire cet article, les résultats des élections n’étaient pas encore connus). Pour l’establishment européen, Berlusconi est un franc-tireur incontrôlable qui pourrait à nouveau saboter la confiance retrouvée des marchés suite à l’action du gouvernement non-élu de Mario Monti.

    De plus, le mouvement “5 étoiles” de l’humoriste Beppe Grillo serait destiné à devenir la troisième force politique du pays, brouillant ainsi les cartes. Sa campagne populiste autour du slogan “renvoyez les tous [les politiciens] à la maison” a largement recueilli le suffrage du mécontentement, faute d’une alternative sérieuse et crédible issue du mouvement des travailleurs. La campagne de la liste “Révolution citoyenne”, une alliance formée autour du PRC (Partito della Rifondazione Comunista) avec des éléments fortement à sa droite, est embourbée dans le discrédit et l’électoralisme. Ce n’est qu’une mauvaise copie de la campagne du Front de Gauche en France. Beppe Grillo, qui déclare que son mouvement n’est “ni de gauche ni de droite”, défend des propositions radicales lors de véritables one-man-show qui remplissent les places italiennes : nationalisation des banques, revenu minimum de 1000€, semaine de travail de 20h,… Mais d’autres mesures proposées sont à l’opposé : augmentation du nombre de privatisations, suppression des syndicats,…

    La classe capitaliste, avec le soutien de l’Eglise et des élites européennes, voulait disposer d’un gouvernement stable pour appliquer son programme, autour d’une coalition du PD de Bersani et de la liste de Monti. Cet essai est voué à l’échec car ces forces sont considérées comme les responsables de la politique de casse sociale. La remontée du spread italien (c.-à-d. l’écart de taux d’intérêt entre l’Allemagne et l’Italie pour emprunter sur les marchés financiers) illustre la crainte des marchés d’un possible blocage institutionnel. Mais quels que puissent être les résultats, le gouvernement sera ‘au mieux’ une équipe Bersani-Monti très faible qui devra alors affronter le mouvement des travailleurs.

    Vers des explosions sociales

    Toutes les contradictions s’accentuent. La spéculation atteint des sommets et produit de nouvelles bulles. Les plans d’austérité gonflent les dettes publiques et plongent le continent dans la récession. Les annonces de fermetures d’usines et de plans de restructuration massifs s’enchaînent. Il y a désormais 19 millions de sans-emploi dans la zone euro, soit 2 millions de plus qu’il y a un an. Le taux de chômage atteint 11,8%. La crise économique, sociale et politique s’amplifie.

    C’est dans ce contexte que le Ministre de l’Intérieur français, Manuel Valls, a récemment donné des instructions aux services de renseignement de la police pour suivre “au plus près” les conflits sociaux afin d’anticiper une “radicalisation”. Dans la presse, il s’est inquiété du fait que l’on assiste aujourd’hui “moins à des mouvements sociaux, qu’à des implosions ou explosions sociales”, le lendemain de la brutale répression des travailleurs d’ArcelorMittal à Strasbourg, tout en assurant que la police ‘‘ferait son travail’’. Manuel Valls exprime simplement par là sa bonne compréhension du caractère de la période dans laquelle nous nous trouvons, et clarifie le camp qu’il a choisi. En Grèce, rien que cette année, le gouvernement a déjà recouru par deux fois à la loi martiale pour réprimer des grèves de travailleurs.

    Le récent mouvement de masse qui a ébranlé la Bulgarie illustre le climat semi-insurrectionnel qui se développe dans l’opposition à l’austérité appliquée à l’échelle du continent. Après 10 jours de manifestations massives dans 35 villes du pays, le gouvernement de Boiko Borisov est tombé. Les factures d’énergie avaient plus que doublé en 2012 pour atteindre parfois les 100€ dans un pays où le salaire moyen est de 350€, le salaire minimum de 150€ et la pension moyenne de 75€ ! L’étroite collusion existant entre le gouvernement et les trois entreprises qui détiennent le marché de l’énergie a été dénoncé. Dans un contexte de succession de mesures d’austérité, l’augmentation des prix de l’énergie a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Les promesses de diminutions des factures (de 8%) et le retrait de la licence de la compagnie tchèque CEZ d’une part, et la répression brutale d’autre part, ont soufflé sur les braises du mouvement qui a su faire chuter le gouvernement.

    Le Sud de l’Europe, maillon faible

    Les pays du Sud de l’Europe sont les plus exposés. Le chômage atteint les 26% en Grèce et en Espagne et respectivement 60% et 56,5% pour les jeunes de moins de 25 ans. Ce sont des niveaux dignes de la grande dépression des années ‘30. 2013 sera la sixième année de récession en Grèce, la troisième au Portugal et la cinquième en Espagne. La Grèce vient de connaitre sa 20e grève générale. De nouvelles manifestations sont encore prévues le 2 mars au Portugal.

    En Espagne, le gouvernement de droite de Rajoy est affaiblit par les scandales de corruption et est retombé à 23,9% dans les sondages, devançant à peine le PSOE (23,5%). Pendant 20 ans, des enveloppes d’argent provenant d’entreprises privées ont été distribuées au sein du PP. Rajoy lui-même aurait touché 25.200€ par an de cette manière. Cela illustre les liens étroits qui existent entres les politiciens et les patrons sous le capitalisme. Le 23 février, des centaines de milliers d’Espagnols ont manifesté contre “le coup d’Etat financier”, le jour anniversaire de la tentative de coup d’Etat de 1981. Les protestations contre l’austérité s’amplifient. Des manifestations de masse contre les expulsions des maisons (350.000 depuis 4 ans) et de la part des travailleurs du service public national de santé contre sa privatisation avaient encore pris place une semaine plus tôt. Le mécontentement et la volonté de lutter sont présents à la base de la société, mais les directions syndicales sont incapables de riposter à hauteur de ce qu’exige la situation.

    Vers une grève générale européenne ?

    Après le succès de la plus grande journée d’action coordonnée en Europe contre l’austérité, le 14 novembre dernier, les syndicats devraient élaborer un véritable plan d’action allant crescendo. Une grève générale coordonnée des pays du Sud de l’Europe et d’autres pays (comme la Belgique, la France, l’Angleterre, etc.) avec des manifestations de masse partout en Europe à l’occasion du sommet européen de la mi-mars constituerait une bonne prochaine étape pour transformer la colère en un rapport de force favorable aux masses. Cette journée de grève générale devrait être bien préparée et élaborée sur chaque lieu de travail.

    Quelle alternative politique ?

    Une autre faiblesse provient de l’absence de forces de gauche ou de leur timidité programmatique. Le drame que vivent les masses face à l’actuelle véritable guerre de classe exige des solutions radicales. Aucune demi-mesure n’est apte à réponde aux enjeux de la situation présente. Le non-paiement des dettes, la nationalisation sous contrôle des travailleurs du secteur financier et des autres secteurs vitaux de l’économie, de même que des entreprises qui ferment ou procèdent à des licenciements collectifs, permettraient de réaliser un plan massif d’investissements publics pour sauver les emplois, en créer d’autres et rompre avec cette Europe du Capital pour la remplacer par une confédération socialiste européenne sur base volontaire.

  • Pour un enseignement et des emplois de qualité : Luttons pour notre avenir !

    Le chômage est en hausse partout dans le pays, celui des jeunes progresse deux fois plus vite. Confrontés aux emplois précaires et aux intérims, les jeunes sont les premières victimes des pertes d’emplois. Records de faillites, record de licenciements collectifs, des milliers d’emplois « stables » sont menacés comme à Ford Genk ou à Arcelor-Mittal Liège. Les patrons licencient, reçoivent leurs cadeaux fiscaux, maximalisent leurs profits déjà exorbitants et pour de nombreux jeunes la voie est bouchée.

    Tract des Etudiants de Gauche Actifs

    Tract en version PDF

    Les politiciens n’ont aucune idée de comment sortir de ce cul-de-sac. Ils font payer la crise aux 99% de la population : les aînés sont maintenus au travail plus longtemps, les chômeurs sont poussés dans la pauvreté et les travailleurs subissent l’augmentation de la flexibilité pour des salaires rabotés. Pour renflouer les banques, ils coupent dans les dépenses publiques (comme la santé, la coopération au développement ou l’enseignement) aggravant les pénuries existantes dans les services vitaux pour la population. Leur austérité ne nous apporte que chômage, précarité & recul social.

    Cela crée un terreau et un climat favorable au développement d’idées racistes, sexistes, homophobes. Les immigrés, les chômeurs, les grecs, les flamands/wallons… toutes sortes de boucs émissaires sont pointés du doigt afin de masquer les vrais responsables de la crise : les capitalistes et leurs politiciens.Seule une réponse collective issue de la résistance des travailleurs et des jeunes peut repousser ses divisions qui visent à nous affaiblir et offrir une alternative pour sortir de la crise.


    PARTICIPE AUX CAMPAGNES ET AUX MANIFS AVEC EGA !

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    • 18/02 : Manif anti-sac : 18h Place Gabrielle Petit – Bxl
    • 21/02 : Manif syndicale contre l’austérité: 10h30 Gare du Nord – Bxl
    • 07/03 : Manif anti-NSV : 20h Martelarenplein – Louvain
    • 10/03 : Manif anti-nucléaire : 14h Huy
    • 14/03 : Manif contre l’austérité en Europe- Bxl
    • 15/03 : Manif Stop-répression : 18h Place Fontainas – Bxl
    • 24/03 : Manif Pro-choix : Bxl
    • 13&14/04 : Socialisme 2013, week-end de débat et de formation – Bxl
    • Du 4 au 7/07 : Camp d’été des Étudiants de Gauche Actifs

    [/box]

    STOP aux amendes (SAC) contre les jeunes en lutte !

    Huissiers contre les sous-traitants de Ford, autopompes contre les métallos liégeois, tabassage des antifascistes dans le métro, arrestation des opposants au banquet des riches… la répression est utilisée contre ceux qui luttent. 145 jeunes, dont une quinzaine d’Étudiants de Gauche Actifs, ont été scandaleusement arrêtés pour une manifestation pacifique contre le gala d’un puissant lobby patronal européen et sont menacés par des sanctions administratives communales (SAC) pouvant aller jusqu’à 250€.

    Dans un nombre de communes, les SAC contre les incivilités sont détournée contre le droit de manifester mais aussi contre le simple fait d’être jeune parfois jusqu’à l’absurde avec des amendes pour jet de boules de neige. Les maisons de jeunes ferment, l’aspect commercial domine dans l’accès aux loisirs mais on nous sanctionne pour « flâner » dans la rue.

    Participe avec EGA aux actions de la « campagne Stop Répression » initiée par la JOC :

    • le 18 février, place Gabrielle Petit, 18h
    • le 15 mars, place Fontainas, 18h, Bruxelles

    Unifions la résistance contre l’austérité !

    Grèce, Espagne, Portugal, Irlande… l’austérité ne marche pas, gonfle les dettes publiques et poussent l’économie dans la récession. Leurs politiques précipite des millions de personnes dans la précarité. Les diktats de la Troïka (UE – BCE – FMI) ont crée un désastre social. Ils sont appliqués ici par le gouvernement Di Rupo. En coeur avec le patronat, il nous vante le modèle allemand où les travailleurs touchent 500€ par mois.

    Une manifestation nationale des syndicats est prévue le 21 février. Le 14 mars aussi, une manifestation contre le sommet européen est prévue. Les jeunes doivent s’orienter vers le mouvement des travailleurs car ce sont eux qui ont la force de frapper les spéculateurs là où ça fait mal, dans leurs coffres-forts. Grecs, espagnols, belges… nous devons passer à l’action tous ensemble de façon coordonnée. Pourquoi ne pas commencer par une grève générale européenne de 24h, bien organisée, bloquant l’ensemble des lieux de travail, des écoles et des unifs, accompagnée de manifestations de masse ?

    21/02 : Manif syndicale contre l’austérité: 10h30 Gare du Nord – Bxl


    Des emplois, pas de racisme !

    Le cercle officieux du Vlaams Belang le NSV organise sa marche annuelle de la haine à Louvain. La campagne antifasciste flamande Blokbuster et EGA organisent une contre-manifestation non-violente.

    Les cures d’austérité imposées aux Grecs font des ravages, plus d’un jeune sur deux est au chômage, 68% de la population vit dans la pauvreté… Mais la dette publique atteint des sommets inégalés. Ainsi les néo-nazis d’Aube Dorée engrangent des succès et ont assez de confiance pour agresser en plein jour immigrés, militants de gauche, homosexuels…

    Des dirigeants du NSV font l’apologie d’Aube Dorée. Le NSV invite des orateurs du NPD, du Jobbik, du BNP… Les étudiants francophones doivent soutenir les antifascistes en Flandre qui luttent contre la présence de ce cercle néo-fasciste violent, reconnu officiellement dans leurs universités. Les luttes contre le fascisme et le racisme doivent aussi s’opposer aux politiques qui créent cette frustration sociale instrumentalisée par l’extrême-droite.

    Manifeste avec EGA le 7 mars à 20h à Martelarenplein, Louvain


    Pour le droit des femmes à disposer de leur corps!

    Les « pro-vie », mouvement réactionnaire contre le droit à l’avortement, organisent chaque année une marche à Bruxelles. Nous devons empêcher le développement de ces idées conservatrices que l’on peut voir lors de marches homophobes en France ou lors d’actions d’intimidation devant les centres IVG en Belgique.

    Les femmes sont plus fortement touchées par la précarité et les bas revenus. EGA défend un véritable libre choix, ce qui implique une politique sociale qui élimine toute contrainte financière. Plus généralement nous devons lutter contre cette société qui relègue les femmes dans une position de second rang et qui crée un sexisme ambiant, de la petite remarque humiliante au harcèlement et au viol.

    EGA participe à l’appel pour une contre-manifestation le 24 mars à Bruxelles pour le libre choix.


    LUTTER EFFICACEMENT ? REJOINS EGA !

    Étudiants de Gauche Actifs est une organisation étudiante de gauche, par et pour les jeunes, active dans ton école, ta haute-école ou ton université que ce soit en Flandre, en Wallonie ou à Bruxelles car nous nous opposons à la logique de surenchère communautaire des politiciens traditionnels.. Nous nous organisons, discutons les idées, mobilisons et organisons des actions.

    Crise, sous-financement de l’enseignement, précarité, austérité, racisme, sexisme, danger nucléaire, guerre… Nous lions tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés au capitalisme, un système qui est basé sur la course au profit à court terme pour une petite élite. EGA fait partie d’une organisation de jeunes, ISR (International Socialist Résistance) présente dans plus de 40 pays et sur tous les continents. Ce qui nous permet de tirer les leçons des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient avec des jeunes tunisiens impliqués dans les événements ou d’apprendre de nos interventions dans les mouvements de masses en Grèce, en Espagne, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis…

    Partout, nous lions les luttes des jeunes à celles des travailleurs et de leurs organisations, car ce sont ceux qui produisent les richesses, qui détiennent la position clé pour renverser la société capitaliste.

    EGA lutte quotidiennement parmi la jeunesse pour construire un monde où la production et toute la société est démocratiquement gérée et contrôlée par les organes issus des luttes de masse des travailleurs et des jeunes même – une démocratie réelle – afin de satisfaire les besoins et l’épanouissement de tous, une société socialiste démocratique. Ne nous regarde pas rejoins nous !


    Participe au camp d’été d’ega – du 4/07 au 7/07

    Place à la détente, à la préparation des campagnes de rentrée au weekend organisé par les Etudiants de Gauche Actifs!

    Au programme: formation au marxisme, les révolutions en Tunisie et Egypte, la lutte des jeunes en Espagne et en Grèce avec des orateurs qui ont participé au mouvement, la crise nucléaire, la lutte contre la précarité des jeunes, les luttes étudiantes, la lutte antifasciste, femmes, LGBT… mais aussi barbecue, fiesta et film! Bref, une excellente occasion de se préparer aux luttes à venir, dans un cadre convivial et agréable.

  • Les métallos d'ArcelorMittal à Strasbourg : C'est à ça que ressemble la démocratie ?

    Des syndicalistes de France, de Belgique et du Luxembourg avaient organisé hier une manifestation devant le Parlement Européen afin de protester contre les licenciements massifs annoncés par la multinationale Arcelor Mittal à travers l’Europe. Les métallos liégeois étaient particulièrement représentés, puisque 1.300 emplois sont maintenant menacés dans la filière froide en plus des 800 du chaud annoncés fin 2011.

    Par Tanja Niemeier, collaboratrice du groupe de la Gauche Unitaire Européenne au parlement européen (GUE/NGL). Photos : Olivier Hansen (GUE/NGL)

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    Journée de discussion et de débat "Pour un syndicalisme de combat!"

    Le 16 février prochain se tiendra à Liège une journée de projection de reportages militants, de débats, de témoignages,… autour de la nécessité de renouer avec le syndicalisme de lutte, à l’opposé du syndicalisme de concertation actuel. Le programme complet de cette journée est disponible ici.

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    Ces travailleurs avaient voyagé des heures durant en cars pour exprimer leur colère face à cette multinationale qui a bénéficié de cadeaux fiscaux massifs en Belgique. Ils sont simplement à la recherche d’une solution pour défendre leurs emplois. Leur accueil fut loin d’être chaleureux, tout au contraire.

    Leurs autocars ont été stoppés et fouillés par la police française, des rapports font même état de l’utilisation de tasers contre des syndicalistes. A leur arrivée, les travailleurs ont fait face à une présence policière massive et provocatrice qui empêchait les travailleurs de s’approcher du Parlement européen, l’institution sensée représenter les citoyens européens.

    La présence massive de la police et le fait que les syndicalistes étaient bloqués sur place ont provoqué colère et frustration parmi ces travailleurs désespérément à la recherche d’une stratégie pour défendre leurs emplois et frustrés de cette absence de stratégie et d’alternative. Du gaz lacrymogène a été tiré sur les manifestants, un grand nombre d’entre eux tombant ensuite malades tandis qu’un certain nombre a été blessé. Mais les ambulances n’ont pas été autorisées à passer tout de suite.

    Durant cette manifestation, une délégation de représentants syndicaux rencontrait le Commissaire européen pour l’industrie, Ajoni Tajani. Certains espéraient peut-être que M. Tajani apporterait son soutien d’une manière ou d’une autre, mais il ne s’est pas avéré être le sauveur de l’industrie européenne. Cela n’est pas une surprise : la Commission européenne est l’un des principaux moteurs de la politique néolibérale en Europe. Elle soutient et dicte dicter l’exacerbation de la concurrence, l’augmentation de la flexibilité du marché de l’emploi et la privatisation de nos services publics.

    Par la suite, la délégation syndicale avait rendez-vous avec des députés européens du groupe de la Gauche Unitaire Européenne (voir la lettre de solidarité signée par 18 d’entre eux). Quand les nouvelles des attaques leur sont parvenues, ils ont spontanément décidé d’aller à l’extérieur en solidarité avec les travailleurs.

      Paul Murphy, le député européen du Socialist Party en Irlande (le parti-frère du PSL, NDLR) membre du groupe de la Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL) a lui aussi rejoint les manifestants. Face à cette violence policière, il a commenté : ”Je suis consterné par ces attaques contre les travailleurs d’ArcelorMittal qui ont voyagé sur de longues distances afin de défendre leurs emplois. Je comprends leur colère et leur frustration, et je défends leur droit de manifester. Selon moi, il est clair que cette lutte se trouve dans une phase décisive et qu’une discussion intense et honnête est nécessaire concernant la voie à suivre. La Commission européenne, en alliance avec la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, détruisent les moyens de subsistance et l’avenir de millions de personnes en Grèce, au Portugal, en Espagne et en Irlande. Les travailleurs d’ArcelorMittal ne doivent pas leur faire confiance. Je défends l’idée que les sites d’ArcelorMittal soient expropriés sans compensation : cette multinationale a vécu comme un parasite sur le dos de la société depuis trop longtemps. Si les banques peuvent être nationalisées, il n’y a aucune excuse pour ne pas le faire avec ArcelorMittal."

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