Tag: Kshama Sawant

  • Souper/soirée de soutien. USA: du Patriot Act à la révolte politique, témoignage d’un militant.

    FISTS_USA

    En présence de Bart Vandersteene, de retour des USA.

    Ce vendredi 18 décembre, à partir de 18h,

    à la Casa Nicaragua (Rue Pierreuse 23, 4000 Liège)

    Le droit de vivre en sécurité, sans la menace constante d’une attaque terroriste, fait partie de nos droits sociaux fondamentaux, tout comme dormir sous un toit, avoir un travail décent correctement rémunéré, pouvoir élever ses enfants sans la crainte du lendemain et de la fin du mois, etc. La gauche dispose dans ce cadre de son propre programme à court, moyen et long terme. Mais pour le moment, c’est la droite qui domine le débat à ce sujet.

    Bart De Wever, président de la N-VA et premier-ministre de l’ombre, a déclaré vouloir un «Patriot Act à la belge» pour répondre à la menace terroriste. Le gouvernement belge a déjà réagi par des mesures inédites. Bruxelles a été à l’arrêt des jours entiers, l’armée est apparue en rue et des manifestations ont été interdites. Mais au regard du bilan de ce gouvernement pour le tissu social en matière d’emplois, d’allocations, de logements ou de services publics, comment pourrions-nous leur confier notre sécurité ?

    Aux Etats-Unis, le Patriot Act a été l’instrument d’un profond renforcement de la surveillance, des intrusions dans la vie privée, du fichage des individus et de la répression. Mais la chape de plomb sécuritaire qui a été installée après les attentats du 11 septembre n’a pas su empêcher la résistance sociale de faire son retour au-devant de la scène politique.

    10 ans après les attentats, en septembre 2011, le mouvement Occupy Wall Street a déferlé sur le pays à la suite des mouvements révolutionnaires en Tunisie et en Egypte et du mouvement des Indignés en Espagne. Par la suite s’est développé le mouvement pour le droit de se syndiquer et pour l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure, le mouvement Black Lives Matter contre les violences et les meurtres policiers racistes,…

    Cette contestation sociale s’est accompagnée d’une recherche politique, notamment illustrée par l’élection puis la réélection de Kshama Sawant (Socialist Alternative) à Seattle, première élue ouvertement socialiste depuis un siècle dans une grande ville du pays. Aujourd’hui, Bernie Sanders talonne Hillary Clinton dans les sondages pour être le candidat Démocrate aux élections présidentielles de 2016, en appelant ouvertement à la «révolte politique contre la classe des milliardaires»…

    Quels enseignement et leçons tirer de ces expériences pour renforcer les luttes sociales en Europe et en Belgique ? Comment une petite organisation comme Socialist Alternative a-t-elle traversé les années Bush tout en se préparant à saisir avec brio les opportunités dès qu’elles ont pointé le bout de leur nez ? Comment aborder la question cruciale de la sécurité sans tomber dans le sécuritaire, à partir d’une approche de gauche ? Quel type de campagne mener aujourd’hui en Belgique contre la guerre, le racisme, l’islamophobie, le terrorisme et l’austérité ?

    Résistance Internationale, la campagne antiraciste et anticapitaliste des Etudiants de Gauche Actifs (EGA), vous invite à participer à cet événement qui comprendra un débat, un souper et une soirée.

    Ces dernières années, Bart Vandersteene s’est rendu à plusieurs reprises aux Etats-Unis durant des périodes de plusieurs mois afin d’y soutenir le travail politique de Socialist Alternative. Il a pu y assister à la résurgence de la lutte de masse. Son témoignage sera d’une aide précieuse pour faire face aux défis qui se présentent actuellement à la gauche.

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    – 18h : Ouverture des portes et verre de bienvenue (vin chaud de cerise).
    – 19h : Témoignage de Bart Vandersteene et débat.
    – 20h : Premiers repas, la discussion peut encore se poursuivre pour ceux qui le souhaitent.
    – 21h30 : Soirée avec DJ Bon Goût et autres.

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    REPAS : 8 euros (6 euros pour les petits revenus)
    – Soupe de pois cassés,
    – Curry de poulet / Curry végétarien
    – Gateau au chocolat / Glace

    Réservations souhaitées via liege@socialisme.be ou au 0497/23.33.16 (Simon)

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    Les bénéfices de cette soirée serviront au financement des campagnes antiracistes, antisexistes,… de Résistance Internationale et des Etudiants de Gauche Actifs (EGA).

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  • USA. Kshama Sawant répond à Bernie Sanders

    Kshama_sandersL’alternative socialiste au big business est populaire à travers les Etats-Unis

    Le 19 novembre dernier, Bernie Sanders a pris la parole à l’université de Georgetown au sujet du socialisme démocratique. Notre camarade Kshama Sawant, membre de Socialist Alternative et élue au conseil de Seattle, a répondu à son message dans la vidéo que nous publions ci-dessous, après la retranscription en français de son discours.


    Il y a quelques minutes, Bernie Sanders s’est adressé au monde du travail des Etats-Unis pour parler du socialisme démocratique. Des centaines milliers de personnes vont regarder ce discours. Une telle audience pour les idées socialistes est sans précédent aux États-Unis depuis plusieurs à générations.
    Bernie Sanders donne voix à l’immense désir de changement qui suit une décennie de crise économique où des millions de personnes ont perdu leur emploi et leur maison. La «reprise» économique a massivement bénéficié au 1% au sommet de la société. La colère est profonde parce que le processus politique a été complètement dominé par les intérêts des grandes entreprises; parce que le racisme et le sexisme structurels restent ancrés dans la société; et parce qu’aucune mesure décisive n’a été prise pour lutter contre le réchauffement planétaire.

    A la base de tout ceci se trouve un système social malade et en décomposition – le système défaillant du capitalisme.

    Les sondages, les uns après les autres, montrent que les moins de 30 ans soutiennent désormais le «socialisme» et le «capitalisme» en nombres à peu près égaux. Et nous voyons aussi que le soutien au socialisme l’emporte sur le capitalisme de 12 points de pourcentage parmi les partisans du Parti démocratique à l’échelle nationale. Mais qu’est-ce que le socialisme?

    Le socialisme est une société démocratique fondée sur les nécessités humaines et non la cupidité des entreprises. Une société d’égalité sociale, raciale et de genre. Un monde où les vies noires et brunes comptent [«where black and brown lives matter», en référence au mouvement «Black Lives Matter» contre les violences et meurtres policiers racistes, NDT]. Un monde qui affrontera la crise du changement climatique. Comment atteindre une telle société?

    Prenez le défi du changement climatique: 90 entreprises ont causé près de deux tiers de toutes les émissions de carbone de l’Histoire humaine. Tout cela pour amasser des profits illimités. Le capitalisme est en train de détruire la planète. Nous devons prendre ces entreprises sous contrôle démocratique, sous propriété publique, afin de s’orienter entièrement vers les énergies renouvelables et de laisser les combustibles fossiles là où ils se trouvent, dans le sol.

    Le socialisme, c’est la démocratie de la classe des travailleurs, une société où les 99% prennent les décisions au lieu de Wall Street et de leur casino capitaliste mondial.

    Les 500 plus grandes entreprises et banques géantes qui dominent notre économie, contrôlent notre système politique et dégradent notre environnement devraient être mises sous propriété publique démocratique. De cette façon, les ressources de la société pourraient être utilisées pour profiter à la société dans son ensemble.

    Il y a longtemps, la grande socialiste allemande Rosa Luxemburg a parlé des alternatives qui font face à l’Humanité en disant que ce serait soit le socialisme, soit la barbarie.

    La barbarie, nous la voyons aujourd’hui sous de nombreuses formes à travers le monde. Dans le développement de l’État islamique et avec les horribles attentats à Paris et à Beyrouth. Dans l’invasion barbare de l’Irak par un gouvernement américain au nom d’un petit cartel de compagnies pétrolières rapaces.

    Les conséquences dévastatrices de l’invasion de l’Irak, ainsi que les décennies précédentes de politiques impérialistes, déchirent le tissu même de la société au Moyen-Orient, ce qui alimente la croissance de l’Etat islamique et la création de la plus grande crise des réfugiés de l’Histoire du monde. Nous voyons l’ombre de la barbarie ici aux USA avec l’immense pauvreté qui côtoie des richesses exorbitantes ainsi que la montée des idées racistes et anti-immigration émanant du Parti républicain.
    Nous avons une alternative à cette barbarie. Un monde socialiste.

    Bernie a dit qu’il soutient la constitution d’une coalition de pays pour lutter contre l’Etat islamique. Cependant, tous les gouvernements représentent les intérêts de leur classe dirigeante capitaliste locale. En tant que socialiste, je crois que nous avons besoin d’un mouvement issu du peuple travailleur, de toutes les nationalités, de toutes les religions ou sans religion. Un mouvement dans les intérêts communs du monde du travail au Moyen-Orient et à l’étranger, pour contester la fois l’Etat islamique et l’impérialisme occidental, pour créer une alternative à la profonde crise humanitaire au Moyen-Orient.

    Bernie Sanders parle aujourd’hui du président Franklin Delano Roosevelt, du New Deal et de la Sécurité sociale.

    Ce n’est pas un hasard si les victoires obtenues pour la sécurité sociale dans les années ‘30 ainsi que les systèmes Medicare [système d’assurance-santé essentiellement pour personnes de plus de 65 ans, NDT] et Medicaid [système d’assurance maladie pour les individus et familles à faible revenu, NDT] dans les années ‘60 ont pris place dans le contexte de grands mouvements historiques de la classe des travailleurs et de la jeunesse.

    En 1935, quand la sécurité sociale a été adoptée, les travailleurs étaient en grève à travers l’Amérique pour une vie meilleure. Ils se sont battus pour se syndiquer avec des grèves sur le tas. Ils ont occupé leurs usines et ont refusé de les rendre jusqu’à ce que leurs syndicats aient gagné l’obtention de leurs revendications.

    Ce sont ces travailleurs, ce mouvement ouvrier radical, qui a gagné la sécurité sociale. Contrairement au mythe populaire, cela n’a pas été le fruit de la bienveillance de l’élite dirigeante dirigée par Roosvelt. En fait, Roosevelt avait mené campagne pour la présidence en 1932 sur base d’un conservatisme fiscal. Il était question de réduire les programmes sociaux, pas de les élargir.

    Le mouvement ouvrier qui a gagné le New Deal était dirigé par des socialistes.

    De même, Medicare et Medicaid ont été remportés dans le cadre du mouvement radicalisé des droits civiques des années ’60, grâce à la bataille contre la ségrégation, contre les lynchages, contre la brutalité grotesque du racisme de Jim Crow. Cela a pu être arraché sous la pression des militants noirs et aussi du mouvement contre la guerre du Vietnam.

    La lutte sociale doit être combinée à la construction d’une nouvelle force politique pour les 99%. La campagne de Bernie Sanders a récolté 28 millions $ ces trois derniers mois en refusant les dons des entreprises. Cela montre le potentiel d’une politique de la classe des travailleurs indépendante pour lutter contre la politique du capital.

    Bernie appelle absolument à juste titre à l’imposition d’un salaire minimum fédéral de 15 $, d’un bon système de soins de santé et d’un enseignement gratuit en luttant contre la classe des milliardaires pour défendre la démocratie. C’est pourquoi je veux que Bernie Sanders gagne la présidence et balaye l’agenda de la classe des milliardaires.

    Mais pour gagner, Bernie Sanders doit s’en prendre à Wall Street et à toutes les entreprises qui dominent la campagne d’Hillary Clinton et la machine du Parti Démocrate. Rassemblons-nous pour construire un tel mouvement et un tel parti, contre la droite républicaine et en toute indépendance des partisans démocrates de Clinton et du big business. Clinton ne mérite pas le soutien des travailleurs et ne peut pas être soutenue par les socialistes.

    La campagne inspirante de Bernie Sanders, qu’elle connaisse la victoire ou la défaite, offre une opportunité unique pour diffuser les idées socialistes auprès d’une nouvelle génération, pour construire un parti de masse des travailleurs, pour construire un nouveau mouvement capable de vaincre la poigne de Wall Street sur notre société.

    Nous pouvons organiser la riposte contre la classe des milliardaires. Rejoignez-moi dans cette lutte, rejoignez Socialist Alternative.

  • USA : Kshama Sawant est réélue, la révolution politique se poursuit à Seattle

    reelection_kshama02Non seulement des candidats se revendiquant du socialisme peuvent être élus aux Etats-Unis, mais ils peuvent de plus être ré-élus! Au moment d’écrire ce texte, un tiers des votes environ étaient comptés et 52,6% des électeurs du District 3 de Seattle avaient décidé de permettre à notre camarade Kshama Sawant de servir encore quatre ans au Conseil de la ville. Puisque les derniers votes qui entrent tendent à être en notre faveur, nous pouvons prétendre à la victoire en toute sécurité.

    Déclaration de Socialist Alternative

    Au Capitol Hill, des centaines de partisans de la campagne de Kshama ont célébré sa victoire. Tous ces gens sont arrivés confiants en raison du travail exceptionnel effectuée par cette élue au Conseil de Seattle et en raison de notre travail féroce sur le terrain. La veille au soir, le lundi, Jeremy Prickett, membre de Socialist Alternative et machiniste à Boeing, s’est adressé aux bénévoles réunis pour le dernier effort de porte-à-porte de la campagne. «Frères et sœurs», a-t-il commencé, «c’est un privilège pour nous d’être ici aujourd’hui puisque des années durant, la politique a été retirée des mains des travailleurs. Socialist Alternative et Kshama Sawant ont changé cela.»

    Plus de 600 bénévoles, plus de 30 syndicats et des dizaines d’organisations progressistes ont soutenu Kshama contre son adversaire. Celle-ci  disposait de son côté de l’appui des chefs d’entreprise, de la Chambre de commerce, du lobby de l’immobilier, du lobby des propriétaires terriens, d’Amazon.com, des marchands de sommeil, de six membres conservateurs du conseil de la ville et même d’une poignée de millionnaires républicains qui ont créé leur propre PAC (aux Etats-Unis, les Comités d’action politique désignent une organisation privée dont le but est d’aider ou de gêner des élus, ainsi que d’encourager ou de dissuader l’adoption de certaines lois, NDT) pour nous attaquer et soutenir notre adversaire du Parti Démocrate au cours de ces dernières semaines.

    Contre cette puissante opposition de la part de l’establishment, contre leurs attaques au vitriol et contre leurs comptes en banque exorbitants, nous avons frappé à 90.000 portes et fait 170.000 appels téléphoniques. Nous avons parlé à des milliers de personnes de la crise du logement, des inégalités, des taxes sur les riches et de politiques favorables à la classe des travailleurs. Ce fut un effort sans précédent pour la politique locale à Seattle.

    Un nouveau genre de politique

    reelection_kshamaComme les propos de Jeremy ci-dessus le suggèrent, pour beaucoup de gens, cette campagne a représenté bien plus que la réélection de Kshama. Cette campagne portait sur la construction d’un tout nouveau genre de politique, qui lutte pour les travailleurs et leurs familles et non pour les grosses entreprises. Il s’agissait de démontrer ce qu’il est possible de réaliser si les travailleurs s’organisent.

    A Seattle, les grosses entreprises ont dépensé cinq fois plus que précédemment pour ces élections. Cela ne nous a pas empêché de fracasser les records de collecte de fonds pour une élection au Conseil et de battre la trésorerie du Big Business. Nous avons récolté près de 500.000 $ auprès de 3.500 donateurs individuels. Notre don médian était simplement de 50 $ et plus de gens ont donné à notre campagne que pour tout autre candidat en lice pour le Conseil à travers la ville. A l’instar de la campagne de Bernie Sanders – qui refuse également l’argent issu des entreprises et a soulevé 28 millions $ en trois mois – la campagne de Kshama est une démonstration de l’énorme potentiel pour une politique indépendante de Wall Street et en faveur de la classe ouvrière aux États-Unis. «Le degré auquel [Kshama Sawant] a soufflé tout le monde dans certaines catégories de financement et sa capacité à compter sur de nombreux petits donateurs est le signal le plus clair que la vieille garde a été secouée par ces élections.» – Crosscut.com

    Construire le mouvement

    Personne à Seattle n’a causé plus de migraines à l’establishment politique au cours de ces deux dernières années que Kshama Sawant. «Je porte l’insigne du socialisme avec fierté» a-t-elle déclaré dans son discours d’inauguration en janvier 2014, après avoir renversé un politiciens établis au Conseil depuis 13 ans. A l’époque, elle avait promis : «Il n’y aura pas de tractations avec des sociétés ou leurs serviteurs politiques. Il n’y aura pas compromis pourri pour ceux que je représente.»

    Et Kshama a respecté cela. Son bureau est devenu un centre logistique de la résistance des travailleurs, qui a aidé les locataires, les travailleurs, les personnes de couleur, les personnes LGBTQI, les migrants et les populations autochtones. Kshama a poussé le débat politique à Seattle vers la gauche. Elle a néanmoins été bloquée à plusieurs reprises par la majorité conservatrice au Conseil, liée par mille fils à l’establishment capitaliste. Mais Kshama n’a jamais cédé dans son combat sans vergogne pour la défense des intérêts des travailleurs, en expliquant encore et encore que ce qui pouvait être gagné à l’Hôtel de ville dépendait en grande partie de la force des mouvements sociaux en dehors. Elle a fait tout ce qu’elle pouvait pour aider à construire ces mouvements.

    Ce même esprit a imprégné la campagne électorale. Alors que nous savions que nous étions en position de force avec une mer d’affiches et de pancartes rouges dans le quartier, nous n’avons néanmoins rien tenu pour acquis compte tenu de la façon dont la démocratie est déformée par le capitalisme : l’argent achète les voix et les médias de l’establishment déforment le débat politique.

    Nous nous sommes appuyés sur la construction de notre propre force indépendante pour atteindre des milliers d’électeurs, en impliquant des travailleurs et des jeunes pour discuter avec des milliers de personnes à leur porte. Lorsque les 60.000 $ ont été déversés pour nous freiner par trois PAC pro-entreprises différents, dans les dernières semaines de la campagne, notre mouvement était prêt. En quelques jours, nous avons été en mesure de distribuer un tract à des milliers de portes à travers le district pour alerter les électeurs contre cette inondation d’argent dans la campagne. Et quand notre adversaire a envoyé deux mails d’attaque négatifs dans la dernière semaine de la campagne, nous avons encore distribué un nouveau tract exposant la malhonnêteté des attaques.

    Un exemple sur lequel construire

    En tant que première élue socialiste à Seattle en un siècle, la campagne pour la réélection de Kshama a pris beaucoup plus d’importance que ce que signifierait normalement une élection de cette taille. La chaîne Al Jazeera a qualifié ce scrutin de l’une des sept élections à suivre aux États-Unis cette année. Cette campagne a eu lieu dans le contexte national de la flambée de soutien à la campagne présidentielle de Bernie Sanders et de son appel à «une révolution politique contre la classe des milliardaires.»

    L’expérience de ces deux dernières années à Seattle a sans aucun doute fourni une mine d’enseignements pour les socialistes et les travailleurs. Kshama a expliqué que ce qui a fait la différence à Seattle était l’existence d’un mouvement socialiste organisé et de Socialist Alternative en particulier.

    Socialist Alternative a fourni un soutien politique clé à Kshama pour l’aider à naviguer sous les pressions de sa position élue et pour construire le mouvement. Ensemble, nous avons été en mesure d’orienter vers le succès la colère grandissante face aux inégalités, à la flambée des loyers et aux politiciens de l’establishment hors des réalités quotidiennes en construisant un mouvement qui repose sur ses propres forces, ses propres organisations et de ses propres ressources.

    Les opportunités de construire le mouvement socialiste à travers les États-Unis deviennent plus grandes. Le capitalisme a complètement échoué pour les travailleurs et leurs familles. Les gens sont fatigués de l’establishment capitaliste et l’intérêt est croissant pour les idées socialistes, ce qui se reflète dans l’intérêt intense suscité par Bernie Sanders quand il a expliqué pourquoi il se considère comme un socialiste démocratique au cours de son débat avec Hillary Clinton. Le mouvement pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure a remporté un certain nombre de victoires clés à travers le pays, les étudiants commencent à se battre contre leur endettement et une toute nouvelle génération de jeunes militants est entrée en activité avec le mouvement Black Lives Matter. Le monde change et il n’y a jamais eu de meilleur moment pour rejoindre les socialistes.

    Notre travail ne se termine pas maintenant. Nous devons profiter de cette occasion pour construire sur notre victoire. Cela signifie tout d’abord de devenir encore plus organisés. C’est la construction du mouvement social qui nous a permis d’aller si loin. Les gens devraient rejoindre Socialist Alternative et nous aider à construire un mouvement encore plus fort pour gagner encore plus de victoires au cours des prochaines années.

    Maintenant que le siège de Kshama est sécurisé, nos vaillants bénévoles peuvent jouir d’une fête bien méritée, qui va probablement durer tard dans la nuit. Nous sommes fiers de savoir que beaucoup de gens à travers le pays et à travers le monde célèbrent cette victoire avec nous. Cette victoire appartient aux socialistes et à la classe ouvrière. Ensemble, nous avons un monde à gagner.

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  • Les États-Unis sont-ils prêts pour une révolution politique ?

    bernie-300x198La campagne en cours en vue des élections présidentielles de 2016 aux États-Unis a atteint sa vitesse de croisière. Ces élections vont dominer l’actualité politique tout au long de l’année prochaine. Il y a six mois, les médias affirmaient encore qu’Hillary Clinton était bien partie pour remporter le scrutin les doigts dans le nez. Mais la société états-unienne tremble sur ses bases. Tellement fort, que voilà qu’un candidat qui se dit socialiste et qui appelle à une ‘‘révolution politique’’ contre la classe des milliardaires surfe à présent sur une immense vague d’enthousiasme et donne des sueurs froides à l’establishment.

    Par Bart Vandersteene, envoyé spécial à Seattle

    De plus en plus de gens critiquent le capitalisme

    Le premier débat télévisé entre candidats démocrates a eu lieu le 13 octobre. Ce débat a été suivi par 15 millions d’Américains, un record. C’est là que Bernie Sanders a pour la première fois divulgué son affiliation socialiste devant une audience de masse. Il n’a pas refusé le combat. À la question de savoir s’il était partisan du capitalisme, il a répondu : ‘‘Est-ce que je me considère comme faisant partie du processus capitaliste qui fait qu’une petite minorité possède tellement tandis que la grande majorité n’a pratiquement rien, dans lequel l’avidité et l’arrogance de Wall Street tiennent notre économie en otage ? Non, moi, je crois en une société où tout le monde vit bien, et pas seulement une petite poignée de milliardaires.’’

    Pendant et après le débat, on a vu une forte hausse du nombre de recherches du mot ‘‘socialisme’’ sur internet. Pour la première fois depuis des décennies, la campagne de Bernie Sanders a suscité un débat où est centrale la question du socialisme. C’est la conséquence de la profonde crise de la société américaine, où le concept de ‘‘l’American Dream’’ est de plus en plus remis en cause par une grande partie de la population, surtout les jeunes.

    Les limites de Bernie Sanders

    Le choix de Bernie Sanders de participer aux primaires du Parti démocrate indique cependant une contradiction fondamentale dans sa campagne. Comment vouloir mener campagne contre les super-riches, au sein d’un parti qui est financé et contrôlé par ces mêmes super-riches ? Sa campagne commence à menacer ceux qui sont aux commandes du parti, la riposte se prépare avec des ingrédients bien connus : mensonges, distorsions, manœuvres politiques, calomnies,… Les médias privés, aux mains des mêmes milliardaires, vont jouer un rôle très important dans cette campagne de dénigrement. La question n’est pas de savoir ‘‘si’’, mais ‘‘quand’’ les gants de velours seront ôtés pour faire place aux gants de boxe.

    Le groupe Alternative Socialiste, section-sœur du PSL aux États-Unis, a appelé Bernie Sanders à mener une campagne indépendante au cas où il perdrait les primaires démocrates. Il s’y est toutefois déclaré opposé et a dit qu’il soutiendrait Clinton le cas échéant. Cela signifierait de laisser tomber toute la dynamique de sa campagne pour se livrer à l’establishment Démocrate regroupé autour de Clinton. C’est un des grands problèmes de Sanders, en plus de toute une série de positions faibles concernant la politique extérieure et les illusions qu’il crée dans le modèle scandinave qu’il présente comme un exemple de ‘‘socialisme’’ réussi.

    Rejet croissant de l’establishment

    Malgré ses limitations, la campagne de Bernie Sanders représente un souffle nouveau pour des millions de travailleurs américains et pour les nombreux jeunes qui se posent la question de savoir dans quel type de société ils vont vivre. Il s’agit également d’une réaction contre le contrôle de l’ensemble du processus politique par les super-riches. Beaucoup de gens en ont marre de voir que la politique nationale est plus que jamais contrôlée par les 0,01 % des plus riches Américains. En 2010, la Haute Cour de justice des États-Unis a décidé qu’il ne devrait y avoir aucune limitation aux sommes d’argent que les entreprises et millionnaires peuvent donner pour financer une campagne électorale. Depuis lors, toutes les orientations politiques des différents partis sont plus que jamais contrôlées et dominées par cette avalanche de dollars.

    Le New York Times écrivait le 11 octobre que 158 familles à peine contribuent à la moitié du financement de toutes les campagnes politiques pour cette élection. Ces familles ont fait don de 176 millions de dollars (160 millions d’euros). La plupart de ces donateurs tirent leur fortune du secteur financier ou énergétique. Ce faisant, ils veulent clairement éviter toute régulation de leurs secteurs ou de devoir payer plus d’impôts.

    Le même article du New York Times faisait également remarquer que les positions de ces 158 familles ne coïncident pas avec les aspirations de la majorité de la population. ‘‘Les deux tiers des Américains veulent plus d’impôts pour tous ceux qui gagnent plus d’un million de dollars par an ; 60 % des Américains veut voir une intervention de l’État pour réduire le fossé entre riches et pauvres ; 70 % veulent maintenir la sécurité sociale, des soins de santé publics et une pension minimum garantie pour les plus de 65 ans.’’

    Le rejet croissant de l’establishment met sous pression le système des deux partis aux États-Unis. Il y a une radicalisation également du côté des Républicains, avec l’émergence d’un courant de droite populiste, le ‘‘Tea Party’’, mais aussi de Donald Trump et de Ben Carson, qui tirent leur soutien du fait qu’ils ne sont pas des politiciens. Mais l’évolution la plus importante est le développement d’idées de gauche, voire socialistes. Ce processus doit logiquement aboutir à la création d’un nouveau large parti de gauche.

    Notre camarade Kshama Sawant est la voix la plus proéminente dans cet appel à la création de ce nouveau parti de gauche. À peine deux ans après son élection au conseil de la ville de Seattle, elle a déjà pu obtenir plusieurs importantes victoires, telles que la hausse du salaire minimum à 15 dollars de l’heure (13,5 € de l’heure). Seattle est devenue la première ville des États-Unis à appliquer ce nouveau salaire minimum. À présent, Kshama se bat pour être réélue le 3 novembre. L’establishment déverse énormément de moyens dans la campagne de leur candidat pour tenter de la contrer. Mais si Kshama est réélue, son exemple servira à nouveau de modèle qui pourra être répété partout dans le pays, en vue de la création d’un parti des 99 %.

  • Seattle : Kshama Sawant récolte 49.9% au premier tour!

    kshama_victory_AoutUne énorme base pour les élections générales

    Une petite foule de plus de 200 partisans de la conseillère de Socialist Alternative à Seattle, Kshama Sawant, s’est réunie hier soir au Melrose Market Studio, dans le quartier de Capitol Hill, afin d’entendre le résultat du premier tour pour l’élection du Conseil municipal de Seattle. Des milliers d’autres à Seattle et ailleurs dans le pays attendaient avec impatience l’issue de cette première étape de la bataille électorale la plus importante pour la gauche aux États-Unis en 2015, celle destinée à préserver le siège remporté par Kshama en 2013, une victoire obtenue en tant que première candidate ouvertement socialiste dans le conseil d’une importante zone urbaine depuis des décennies.

    A 8h15, une énorme acclamation est venue de la foule lorsque l’annonce a été faite que Kshama avait reçu 49,9% des voix, 15% de plus que son plus proche adversaire, Pamela Banks, sur un panel de 5 candidats.

    hands-upCe résultat est une confirmation du soutien pour le travail de Kshama au conseil au cours de ces 19 derniers mois. Le plus important fut le rôle essentiel qu’elle a joué en remportant la première ordonnance pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure dans une grande ville. Elle a utilisé sa position pour aider à construire un mouvement populaire, avec soutien syndical. La campagne 15NOW s’est maintenant répandue aux autres villes du pays.

    Kshama a continué à mener une série d’autres combats et est aujourd’hui le leader de la lutte pour le contrôle des loyers et la construction de logements publics de qualité pour répondre à la crise massive du logement à Seattle. Récemment encore, 1.000 personnes se sont rassemblées dans une salle de la municipalité pour entendre Kshama et le conseiller Nick Licata débattre face à un lobbyiste et un politicien défendant les entreprises immobilières. Qu’un tel débat se déroule est une indication de l’évolution politique créée par Kshama, une voix au conseil municipal pour les luttes des travailleurs. Comme elle l’a expliqué dans son discours d’hier soir, “quand nous nous battons nous gagnons!”

    Un très bon résultat

    Cet excellent résultat obtenu par Kshama survient dans un environnement difficile où l’électorat a tendance à être plus âgé et plus riche que lors des précédentes élections générales. Le Big Business a versé des sommes considérables d’argent dans les campagnes des adversaires de Kshama, en particulier dans celle de Pamela Banks. Les capitalistes veulent mettre fin à l’expérience de Seattle qui pourrait constituer un “mauvais exemple” pour les autres villes.

    Les médias dominants ont travaillé dur pour dépeindre Kshama comme un élément de «discorde». En réalité, elle a ouvert les portes de son bureau aux campagnes de la classe des travailleurs, aux personnes LGBTQI en lutte contre la montée de la violence à leur égard, aux immigrants, à tous ceux qui sont menacés par l’augmentation de 400% du loyer dans le logement à faible revenu ou encore aux militants du mouvement Black Lives Matter contre les brutalités policières. Comme l’a dit Kshama “ce qui est véritablement un élément de discorde, c’est l’inégalité.” Il semble qu’un grand nombre de personnes du District 3 soient d’accord avec cette phrase.

    Le résultat de Kshama est susceptible d’encore grimper un peu ces prochains jours à la mesure du compte des bulletins de vote (les élections à Seattle se déroulent par courrier postal). Ce résultat reflète une campagne féroce menée avec 600 bénévoles qui ont frappé à 30.000 portes et récolté la somme incroyable de 265.000 dollars, dont pas un seul centime ne provient des grandes entreprises.

    Kshama Sawant est maintenant en excellente posture pour entrer dans la campagne pour les élections générales. Mais les grandes entreprises vont très probablement intensifier leur offensive et verser des centaines de milliers de dollars dans cette course électorale, y compris pour des publicités négatives.

    Cela pourrait sembler incroyable que tant d’argent des grandes entreprises soit consacré à une élection locale, mais ces dernières savent très bien ce qui est en jeu. Elles voient l’enthousiasme massif créé par la campagne présidentielle de Bernie Sanders, qui a repris l’appel pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure à l’échelle nationale et qui appelle à une «révolution politique» contre la classe des milliardaires. Une radicalisation est en cours aux États-Unis. La lutte de Kshama pour sa réélection concerne tous les progressistes du pays. Contribuez à sa campagne et rejoignez Socialist Alternative!

    www.KshamaSawant.org

  • [VIDEO] Kshama Sawant s'exprime sur la lutte contre les injustices

    Il existe aux États-Unis une tradition de discours lors des cérémonies de remise des diplômes, y compris de la part de politiciens locaux. Comme notre camarade Kshama Sawant a été élue au conseil de la ville de Seattle, il lui a également été demandé de faire un tel discours, qui s'est focalisé sur la nécessité pour la jeunesse de lutter pour son avenir. Kshama Sawant a fait un plaidoyer remarquable en faveur de la lutte contre les injustice et pour un changement fondamental de société. A voir absolument!

  • Opportunités croissantes pour la gauche militante aux Etats-Unis

    SupersizeCes derniers mois, les développements politiques notables n’ont pas manqué aux États-Unis. Dans le sillage du mouvement Occupy, Socialist Alternative, notre organisation-sœur américaine, a réussi à faire élire une socialiste au conseil d’une grande ville, événement inédit depuis des décennies dans le pays. En remportant 95.000 voix en novembre 2013, Kshama Sawant a fait son entrée au conseil municipal, géré par 9 conseillers. Six mois plus tard, Seattle est devenue la première grande ville des Etats-Unis à augmenter le salaire minimum jusqu’à 15 $ de l’heure. Kshama doit être réélue en novembre de cette année.

    Par Bart Vandersteene

    Tous les ingrédients d’un cocktail de résistance de masse sont présents

    Entretemps, les préparatifs pour l’élection présidentielle ont commencé, marqués notamment par la candidature de Bernie Sanders aux primaires du parti démocrate (voir ci-dessous). Dans toute la société américaine sont vivement débattus les thèmes de l’inégalité des revenus ou encore du racisme et de la violence contre les Noirs.

    Les inégalités sont au cœur de la politique américaine. Le 15 avril dernier a constitué la plus grande journée d’action nationale du mouvement pour l’augmentation du salaire minimum à 15 $ de l’heure. Ce mouvement a capturé l’imagination d’un groupe croissant de personnes. Le moindre recoin des États-Unis a connu des actions du mouvement Black Lives Matter (Les Vies Noires Comptent) qui réagit au nombre invraisemblable de cas de violence raciste, particulièrement du fait de la police. Un important mouvement contre le changement climatique se développe également en parallèle.

    La tendance générale est aux opinions plus progressistes, ce que l’on peut constater au regard de la forte croissance du soutien au droit au mariage entre personnes de même sexe. Au travers de cette vague de nouvelles luttes sociales se dessinent les contours d’une nouvelle gauche émergente aux États-Unis.
    Bernie Sanders appelle à une ‘révolution politique’

    La candidature du sénateur indépendant de l’Etat du Vermont Bernie Sanders en est en partie une expression. Sa campagne appelle à une révolution politique pour prendre le pouvoir des mains de l’oligarchie, des milliardaires et des grandes entreprises. Sanders se dit ‘‘socialiste’’ et considérait depuis un certain temps déjà de participer aux élections. Nos camarades de Socialist Alternative ont voulu le convaincre de participer aux élections en tant qu’indépendant afin de pouvoir, grâce à sa campagne, poser les bases de la création d’un nouveau parti de gauche pour défier le règne des deux partis de Wall Street.

    Il a malheureusement choisi de concourir aux primaires pour l’investiture du candidat du parti démocrate. Il y affronte la candidate de l’establishment, Hillary Clinton. Les premières semaines de campagne de Sanders ont illustré qu’un large espace existe bel et bien pour les idées qu’il défend : un salaire minimum national de 15 $ de l’heure, un système universel de soins de santé public, la gratuité de l’enseignement supérieur, l’opposition aux traités de libre-échange ou au projet du pipeline Keystone XL,…

    La campagne a été soutenue financièrement par 200.000 Américains qui ont donné une moyenne de 50 $ chacun. Bernie Sanders refuse les dons des grandes entreprises, une grande exception dans la politique nationale. Plus de 300.000 personnes se sont inscrites pour être bénévoles dans sa campagne. Même les sondages lui sont assez favorables. Dans le Wisconsin, un sondage réalisé à l’occasion d’une convention Démocrate lui a donné 41% des intentions de vote. Dans le New Hampshire, un des Etats où les élections des primaires démocrates commenceront en 2016, Bernie Sanders atteint 32%, contre 41% pour Clinton. Fin mai, il n’était encore question que de 13%.

    A juste titre, Bernie Sanders affirme que le président, seul, ne peut pas changer beaucoup et qu’il est nécessaire de construire un mouvement en impliquant des millions d’Américains afin d’imposer un véritable changement. Socialist Alternative est d’accord avec cette approche, tout en estimant que Sanders se trompe de véhicule pour ce faire. La présidence d’Obama a confirmé que les Démocrates sont pieds et poings liés aux intérêts de Wall Street et à l’élite capitaliste. Obama a docilement défendu leurs intérêts dans sa politique étrangère ou concernant les inégalités, les droits démocratiques, le racisme ou encore l’environnement. La déception a saisi des dizaines de millions d’Américains qui, auparavant, éprouvaient un certain enthousiasme pour Obama et sa capacité à changer les choses.

    Bernie Sanders va probablement perdre les primaires démocrates, la direction du parti dispose de tous les moyens nécessaires pour repousser les candidats dangereux. Socialist Alternative soutient qu’en cas de défaite, Sanders ne doit pas soutenir la candidature de Clinton, mais au contraire se présenter comme candidat indépendant à la présidence. L’opinion publique est mûre. Les sondages expriment que 50 à 60% des Américains trouvent qu’il faut un nouveau parti. Bernie Sanders peut apporter une contribution importante à cet effort. A moins qu’il ne décide de retourner dans la bergerie du parti démocrate et flanque tout ce potentiel par-dessus bord.

  • Débat avec Jess Spear sur la campagne pour la réélection de Kshama Sawant à Seattle

    Débat sur la campagne pour la réélection d’une véritable socialiste, Kshama Sawant, au conseil municipal de Seattle !

    Lundi 27 juillet, 19h, au Centre Randstad, 45 rue du jardinier, 1080 Molenbeek (Bruxelles)

    Jess Spear (gauche) aux côtés de Kshama Sawant (droite).
    Jess Spear (gauche) aux côtés de Kshama Sawant (droite).

    Jess Spear, climatologue, est membre de Socialist Alternative (parti-frère du Parti Socialiste de Lutte aux USA) à Seattle et porte-parole de la campagne 15$ Now!

    Seattle est la première grande ville à adopter un salaire minimum de 15$ de l’heure. C’est l’élection de la candidate de Socialist Alternative avec près de 100.000 voix en novembre 2013, Kshama Sawant, qui a été décisive pour créer un véritable moment politique qui n’a su être brisé. 100.000 travailleurs vont ainsi pouvoir sortir de la pauvreté et des millions de personnes à travers le pays et au-delà sont inspirés par cette lutte et cette victoire qui se répand aujourd’hui dans tous les Etats-Unis!

    Le président Barack Obama a trahi l’une de ses promesses concernant le climat et l’environnement en permettant finalement à la multinationale pétrolière Shell d’aller forer dans l’Arctique à la recherche de pétrole. C’est la ville de Seattle qui doit servir de base aux nouveaux forages. Un mouvement s’est constitué contre Shell avec l’implication de la conseillère municipale Kshama Sawant.

    Jess Spear nous expliquera la victoire pour les 15$ de l’heure, la campagne « Shell No » et bien évidement l’importance de faire réélire, dans les prochains mois, la première socialiste qui siège depuis cent ans dans le conseil de la ville de Seattle.

    => Evénement facebook

  • USA: Bernie Sanders appelle à une révolution politique contre les milliardaires

    sandersSa campagne doit servir à la construction d’une force politique indépendante de Wall Street

    En appelant avec audace à une «révolution politique» contre «les milliardaires et les oligarques» qui ont pris d’assaut le système politique, Bernie Sanders (sénateurs actuel pour l’Etat du Vermont, étiqueté indépendant, NDLR) a lancé une campagne présidentielle révoltée. Seul membre du Congrès qui se décrit comme étant un «socialiste», Sanders a expliqué à ABC News sa décision de se présenter comme suit : «Dans ce pays, nous avons besoin d’une révolution politique qui implique les millions de personnes qui sont prêtes à se soulever et à dire «trop, c’est trop», et je veux participer à cela.»

    Contredisant les cyniques selon qui les Américains sont désespérément apathiques et conservateurs, son annonce a rencontré une énorme vague d’enthousiasme. Au premier jour de sa campagne, 100.000 personnes s’étaient déjà enregistrées sur son site pour participer à la campagne et 35.000 personnes avaient fait don d’un total de 1,5 million de dollars, soit plus que les fonds levés par n’importe quel autre candidat à la présidence au premier jour. Au quatrième jour, un nombre incroyable de 75.000 personnes avait donné 3 millions de dollars, soit une moyenne de 43$ par don. Plus de 99% des contributions pour Sanders étaient inférieures à 250$, une claire indication du type de donateur dont il est question.

    Cette campagne a eu un grand écho parmi les millions de personnes dégoûtées par les politiques pro-capitalistes qui rendent les riches plus riches en laissant nos conditions de vie stagner ou se détériorer. C’est pourquoi le mouvement Occupy tout d’abord et maintenant le mouvement de lutte pour l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure, “Fight for 15$”, ont eu un tel soutien partout à travers le pays. C’est aussi pour cela que l’idée d’un «troisième parti» trouve un écho grandissant et cela explique encore comment notre camarade Kshama Sawant a remporté presque 100.000 voix en 2013 lorsqu’elle a été élue au City Council de Seattle après une campagne menée ouvertement sous l’étiquette du socialisme.

    Malheureusement, en dépit du fait que Bernie Sanders est un membre du Congrès indépendant des Républicains et des Démocrates depuis 25 ans, il a déclaré qu’il allait se présenter à l’investiture du Parti Démocrate, une démarche à laquelle Socialist Alternative (section-soeur du PSL aux USA) s’est opposée tout au long de l’année écoulée.

    Sanders appelle à taxer les riches et les grandes entreprises, à appliquer un programme de travaux publics de mille milliards de dollars pour créer 13 millions d’emplois, à instaurer un salaire horaire minimum de 15$, à développer un système de soins de santé unique et universel, à stopper les négociations pour le Trans-Pacific Partnership (TPP) et les autres accords de marché libres tels que le Traité Transatlantique (TTIP), à renforcer les droits syndicaux et à combler le fossé salarial entre femmes et hommes.

    Sa campagne contraste très fortement avec la rhétorique d’Hillary Clinton et des autres politiciens de l’establishment. Il a été l’un des rares membres du Congrès à voter contre le Patriot Act en 2001 et à appeler au démantèlement des programmes d’espionnage interne de la NSA. Il s’est prononcé en faveur de mesures audacieuses pour faire face au changement climatique, en exigeant une transition rapide des énergies fossiles vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Sanders souligne son opposition au pouvoir des grandes entreprises et du 1% le plus riche, en appelant à les renverser et en affirmant que sa campagne est dépourvue du moindre milliardaires.

    La politique de Sanders

    Socialist Alternative se réjouit de la décision de Sanders de se présenter à la présidence pour aider à créer, comme il le dit, «une voix indépendante, qui se bat pour les familles de travailleurs» pour «faire la guerre aux frères Koch, à Wall Street, et à l’Amérique des grandes entreprises». Sa campagne représente un défi pour Hillary Clinton et elle permettra d’élargir le spectre de la discussion politique en injectant dans la campagne présidentielle la réalité de la classe des travailleurs, ce qui manque cruellement au débat officiel, de plus en plus surréaliste et étroit.

    Étant donnés le dégoût de plus en plus puissant ressenti envers les politiciens du statu quo et la faiblesse des forces de gauche indépendantes, la campagne de Sanders a le potentiel de réunir des millions de personnes contre l’establishment politique et leurs maîtres milliardaires.

    De notre point de vue, cependant, Sanders fait une erreur fondamentale en se présentant à la primaire du Parti Démocrate. Nous avons au contraire défendu qu’il aurait dû se présenter en tant qu’indépendant et participer à la construction d’une alternative politique aux partis politiques appartenant aux grandes entreprises. La contradiction entre l’appel de Sanders à une révolution politique contre la classe des milliardaires et sa tentative de la mener au sein d’un parti contrôlé par cette même classe saute aux yeux.

    Cette contradiction va se poser violemment si Sanders perd la primaire Démocrate. Sanders a déclaré qu’il soutiendrait dès lors le candidat démocrate, très certainement Hillary Clinton ou (si elle se casse la figure) un autre Démocrate pro-business sans danger. Dans les faits, cela reviendra à dire aux personnes mobilisées par la campagne de Sanders de soutenir un Démocrate pro-capitaliste, c’est-à-dire l’exact opposé de la «révolution» contre “les milliardaires et les oligarques”. Cela pourrait avoir un effet démoralisateur pour ceux qui étaient séduits par l’idée du combat contre le pouvoir des grandes entreprises tout en gâchant une opportunité historique.

    Malgré sa décision erronée de rejoindre les Démocrates, une autre voie peut encore s’ouvrir à Sanders lorsqu’il sera bloqué par la machine Démocrate. Sanders devrait alors continuer à se présenter à l’élection, en tant qu’indépendant, pour donner aux travailleurs une alternative face à Hilary Clinton et aux Républicains. Cela pourrait ouvrir un chapitre complètement neuf dans la politique américaine, en donnant un énorme élan à la construction d’une nouvelle force politique représentant les 99%.

    Une telle approche va l’encontre des intentions déclarées et de l’optique approche politique générale de Sanders, mais elle n’est pas à exclure. Elle dépendra de la manière dont se développeront les évènements et de la pression que ses propres partisans instaureront sur Sanders en exigeant qu’il continue à concourir à l’élection générale plutôt que de se limiter à soutenir Clinton.

    La plate-forme de Sanders va dans la bonne direction, mais en tant que défenseurs des idées du socialisme, nous irions plus loin. Par exemple, Sanders appelle à rompre avec les grandes banques de Wall Street, une réforme radicale que nous soutiendrions. Mais il serait bien mieux de défendre que ces grandes banques soient placées sous propriété publique et démocratique.

    Alors que Sanders se limite à un programme de réforme du capitalisme sur les lignes de l’Europe de l’Ouest, nous luttons pour une transformation socialiste fondamentale de la société. S’il est vrai que le mouvement des travailleurs européen a gagné d’énormes réformes pendant la période d’après-guerre, le capitalisme n’a cependant pas été renversé. Sous une pression intense, les classes capitalistes européennes ont fait de grandes concessions dans le but de maintenir leur pouvoir social et politique, mais depuis la fin du boom d’après-guerre, ils ont sans relâche mené une offensive néolibérale pour revenir sur ces réformes.

    En ce qui concerne les questions politiques plus immédiates, Sanders a besoin de se prononcer clairement en faveur du mouvement Black Lives Matter (contre la brutalité policière raciste et l’incarcération de masse). De même, si Bernie s’oppose honorablement à la fois au Patriot Act et à l’invasion de l’Irak, il a, en plusieurs occasions, voté pour les crédits militaires. Il est regrettable qu’il ne se soit pas opposé à la guerre en Afghanistan ni aux récents massacres israéliens à Gaza.

    Malgré ces imperfections politiques, la campagne de Bernie se démarque comme fondamentalement différente de celle de tous les autres politiciens qui se présentent. Pour une grande partie de la population devenue adulte au cours des 25 dernières années, il est «encore le politicien de gauche le plus radical qu’ils aient jamais vu».

    Construire un mouvement de masse est crucial

    Concrétiser les revendications de campagne de Bernie Sanders exige de construire des mouvements de lutte des travailleurs massifs et puissants. Pour défendre cette plate-forme, la campagne de Sanders doit être orientée stratégiquement vers le renforcement des mouvements par en-bas.

    Bernie a exprimé des idées similaires dans une interview avec John Nichols de The Nation en défendant qu’«une campagne doit être bien plus qu’une manière d’obtenir des voix pour se faire élire. Elle doit aider à éduquer les gens, à les organiser. Si nous parvenons à faire cela, nous pouvons changer la dynamique politique pour des années et des années. Si entre 80% et 90% des gens de ce pays votent, s’ils savent quelles sont les principales questions (…) Washington et le Congrès vont alors sembler très, très différents du Congrès actuel dominé par les fortunes et qui ne s’occupe que des questions dont les grandes fortunes veulent qu’il s’occupe.»

    Sanders a aussi souligné que «nous pouvons élire la meilleure personne au monde comme président, mais cette personne va se faire submerger s’il n’y a pas un niveau sans précédent d’activisme à la base.» Donc, d’un point de vue socialiste, renforcer la lutte pour la justice économique et sociale sera plus important que de savoir qui sera élu président en 2016. La clé sera d’utiliser les élections de 2016 pour augmenter le niveau d’organisation, de confiance, et de conscience des travailleurs et des mouvements sociaux.

    L’expérience de l’élection de Kshama Sawant à Seattle est un exemple de ce qui est nécessaire pour construire les forces qui permettent de mener la campagne la plus forte possible et de gagner ses revendications. Kshama Sawant et Socialist Alternative ont organisé une force enracinée à la base qui a élu le premier marxiste depuis 100 ans. Une fois Kshama élue, l’élan de sa victoire a été utilisée pour construire la campagne 15 Now, une organisation bien ancrée qui a mobilisée des centaines d’activistes dans toutes les villes et qui travaillait en coalition avec les syndicats pour obtenir le salaire minimum le plus haut du pays à cette époque.

    Mais l’expérience a montré encore et encore que le Parti Démocrate est le cimetière des mouvements sociaux. Récemment, nous avons pu le voir lorsque le mouvement Occupy a été brutalement réprimé par les forces de police avant tout sous la direction de maires démocrates, avec l’assistance du FBI qui opère sous l’administration d’Obama! Pire encore, le mouvement Occupy a été démobilisé politiquement par des éléments liés aux Démocrates, avec leurs appels à soutenir Obama contre les Républicains en 2012. En 2004, le mouvement anti-guerre a été systématiquement affaibli par le rassemblement derrière la campagne pro-guerre du candidat Démocrate, John Kerry.

    Les mouvements Black Lives Matter, Fight for 15$ et Occupy Wall Street ont grandement transformé le terrain politique sur les questions du racisme et de l’inégalité politique. En comparaison, une grande partie de la gauche a versé une énergie et des ressources énormes pour élire Obama et les Démocrates, tout cela pour les voir appliquer le programme de Wall Street.

    Selon Joel Bleifuss, éditeur de In These Times, «La candidature de Sanders donne aux Américains une chance de construire les infrastructures pour de futures campagnes électorales progressistes (…) Contrairement à la primaire démocrate de 1988, lors de laquelle Jesse Jackson [militant politique pour les droits civiques, NDLR] a remporté 11 états seulement pour voir son organisation politique disparaître dans l’éther politique, la campagne de Sanders est conditionnée pour construire un mouvement qui aura une capacité électorale dans le futur. Sanders comprend que l’organisation qui se coalise derrière lui doit survivre à la campagne elle-même et durer.»

    Nous sommes d’accord que cela est nécessaire et possible, mais les vœux de Bleifuss ne suffiront pas à voir cela se réaliser. Pour éviter que la campagne de Sanders «disparaisse dans l’éther politique», il doit continuer à concourir sur toute la course électorale, jusque novembre 2016, et ne pas faire l’erreur, comme Jackson en 1984 et 1988, de soutenir le candidat Démocrate après avoir perdu les primaires. C’est la leçon à tirer de l’échec de la campagne de Jackson, et nous devons lutter pour éviter que la campagne de Sanders ne reproduise la même erreur.

    Les candidats de gauche aux primaires et l’establishment Démocrate

    Les militants doivent être réalistes, et reconnaître que la machine du Parti Démocrate s’oppose à Bernie Sanders et fera en sorte qu’il ne remporte pas les primaires Démocrates. S’il le faut, ils utiliseront tous les moyens à leur disposition, y-compris leur accès à de grandes réserves financières, aux médias de masse, à l’autorité de grand politiciens et à leur contrôle sur les structures du parti.

    L’histoire des défis anti-establishment dans les primaires démocrates illustre cela. Les campagnes de Jesse Jackson en 1984 et 1988 ont été les plus fortes campagnes de gauches aux primaires Démocrates dans l’Histoire récente. Les campagnes radicales et populistes de Jackson ont obtenu un large soutien – probablement plus que ce que Bernie va parvenir à mobiliser – et, à un moment, ont semblé sur le point de remporter la primaire. C’est exactement pour cela que la machine Démocrate s’est mise en marche pour le faire perdre.

    Comme Ron Jacobs l’a montré dans Counterpunch, «Les donateurs anti-Palestiniens et les commentateurs des médias ont sorti de son contexte un commentaire privé de Jackson et l’ont étalé sur tous les journaux et les écrans de télés d’Amérique. On a commencé à entendre des mots de codes racistes associés au nom de Jackson. Bientôt, ses chances de gagner la candidature démocrate s’étaient envolées. A la place, le Parti Démocrate a boitillé hors de San Francisco cet été avec le libéral de la guerre froide Walter Mondale, candidat perdant [en 1984]».

    Plus récemment, nous avons vu comment des sections cruciales de la machine Démocrate ont agi pour casser la montée de la campagne anti-guerre populiste de Howard Dean en 2004 et imposer le candidat pro-guerre John Kerry, qui a perdu contre George Bush en 2004.

    Ces exemples illustrent comment les Démocrates pro-business qui contrôlent le parti sont bien plus déterminés à vaincre les rebelles anti-corporations qu’ils ne le sont à vaincre les Républicains.

    D’un autre côté, tant que Bernie n’a pas de chances sérieuses de gagner les primaires, ils sera bien accueilli et même encouragé. Même Hilary Clinton reconnaît que Sanders va générer de l’enthousiasme et de l’attention pour les primaires Démocrates et va leur procurer une caution progressiste. Clinton calcule qu’en faisant tourner le débat politique vers la forte concentration de richesses, Sanders va aussi miner électoralement les Républicains.

    Après la défaite de Sanders aux primaires, s’il continue à soutenir Clinton (ou quel que soit le candidat choisi par la machine du parti), l’énergie de sa campagne sera dirigée dans les canaux «sans-dangers» qui ne représentent pas une menace pour «Corporate America». De cette façon, la campagne de Sanders serait utilisée par Clinton comme «flanc de gauche» convenable pour gagner le soutien des syndicalistes et des militants qui en ont assez des politiques des corporations.

    Il serait tragique que la campagne de Sanders finisse par jouer ce rôle. Malheureusement, il a indiqué qu’il soutiendra le vainqueur des primaires démocrates, quel qu’il soit. Mais il y a une autre voie possible, que Socialist Alternative va fortement conseiller à Bernie de prendre tout en en discutant avec ceux qui soutiennent sa campagne.

    Nous pensons que Sanders ne devrait pas se limiter au cadre étroit du Parti Démocrate. Plutôt que de soutenir Hilary Clinton, il devrait continuer en se présentant aux élections, quand la majorité des travailleurs et des jeunes sont le plus attentifs à la politique.

    Mais rien que pour défier sérieusement Hillary Clinton aux primaires, Sanders aura besoin de construire une base de soutien indépendante. Cela signifie construire une campagne basée sur ceux qui ne sont pas représentés par les politiciens des corporations : organiser les gens qui en ont assez du Congrès, construire des comités enracinés dans les quartiers, les lieux de travail, les syndicats et les mouvements sociaux comme Black Lives Matter et Fight for 15$.

    La campagne de Sanders pourrait jouer un rôle clé en rassemblant ces éléments en une force organisée qui puisse discuter démocratiquement et débattre de quelles politiques représentent le mieux les intérêts de la classe ouvrière et de comment faire avancer ces luttes. Une telle force serait nécessaire pour continuer à faire campagne dans les élections générales et au-delà, sans quoi l’impulsion créée par la campagne de Sanders disparaîtrait «dans l’éther politique».

    De cette façon, la campagne de Sanders pourrait jouer un rôle essentiel en aidant à poser les bases d’un nouveau parti politique, un troisième parti, pour donner une alternative aux partis Démocrate et Républicain de plus en plus impopulaires. Un parti large de gauche ou de la classe ouvrière pourrait réunir les différentes luttes et généraliser un ensemble d’intérêts communs en un programme politique.

    Bernie lui-même évoquait une telle approche en disant à John Nichols : «Il n’y a aucun doute que le Parti Démocrate en général reste bien trop dépendant des intérêts des grandes fortunes, qu’il ne se bat pas vigoureusement pour les familles ouvrières (…) L’approche la plus radicale serait de se présenter indépendamment, surtout quand vous ne faites pas que vous présenter pour être président des USA, mais que vous vous présentez pour construire un nouveau mouvement politique en Amérique – qui va probablement mener d’autres candidats à concourir en dehors du Parti Démocrate, commençant essentiellement un troisième parti.»

    Faire le jeu des Républicains?

    Certains à gauche objectent qu’une telle approche finirait par affaiblir le candidat Démocrate et aiderait les Républicains à remporter la présidence. La peur d’un autre président Républicain est réelle et compréhensible. Socialist Alternative est totalement d’accord pour dire qu’il faut s’opposer aux Républicains et nous ne voulons les voir élire pour rien au monde.

    Mais le danger qu’un candidat de gauche indépendant fasse gagner une élection serrée aux Républicains pèse bien moins que le besoin bien plus important pour les travailleurs de construire leur propre voix politique pour être représentés.

    De plus, les politiciens Démocrates du big-business se sont montrés incapables de vaincre les politiques d’un Parti Républicain de plus en plus fou. N’oublions pas que malgré «l’espoir» et le «changement» de la campagne d’Obama en 2008, une fois au pouvoir, les politiques pro-business d’Obama ont préparé le terrain pour les victoires des Républicains en 2010 et 2012 en démoralisant les progressistes et en permettant au Tea Party de puiser par démagogie dans la colère contre les Démocrates en tant que parti au pouvoir.

    Sanders a illustré” cela en disant à Nichols : «La plupart des gens ont laissé tombé le processus politique (…) Ils pensent qu’il n’y a pas de raison particulière pour aller voter (…) Les politiques centristes [d’Hilary Clinton] (…) ne sont pas le types de politiques dont nous avons besoin. Et ce ne seront certainement pas les politiques qui vont galvaniser des dizaines de millions de personnes aujourd’hui, qui sont profondément aliénés et dégoûtées par le statu quo.

    «L’une des choses que je trouve la plus déroutante (…) est que les Démocrates ont maintenant perdu un nombre significatif de voix de la classe ouvrière blanche. Comment est-ce possible ? Quand vous avez un Parti Républicain qui veux détruire la sécurité sociale, Medicare, Medicaid, etc. pourquoi y a-t-il tellement de gens qui votent contre leurs propres intérêts économiques ? Cela se produit parce que les Démocrates n’ont pas eu la force de clarifier de quel côté ils sont, n’ont pas eu la force de s’attaquer à Wall Street et à Corporate America.»

    Nous avons besoin de rompre le cycle de déception par les Démocrates qui mène à des gains pour les Républicains, et de commencer à construire une alternative politique de la classe ouvrière aux Démocrates et aux Républicains. Si pas maintenant, quand le ferons-nous ?

    Au cours des prochaines années, la principale plate-forme de discussion et de débat sur les politiques anti-corporate sera dans et autour de la campagne Sanders. Toutes ces forces qui reconnaissent le besoin vital de politiques de gauches indépendantes doivent s’orienter vers l’audience large qui va probablement se rassembler autour de Bernie.

    La campagne de Sanders va droit vers une crise politique en 2016, quand il devra choisir entre soutenir le candidat Démocrate ou continuer à concourir aux élections générales. Les socialistes ont besoin de construire la base la plus forte possible parmi les partisans de Sanders pour exiger de Bernie qu’il se présente, ou pour diriger le plus possible de la campagne loin des Démocrates si Bernie insiste pour soutenir Clinton.

    Opportunité historique pour les politiques de gauche

    Le système politique aux USA est en faillite. Même les stratèges pro-capitalistes comme les rédactions New York Times, du Washington Post et de The Economist sont d’accord pour dire que leur système politique dysfonctionne. Selon Gallup, le taux de popularité du Congrès n’a atteint qu’en moyenne 15% en 2014, presque un record de faiblesse. Un nombre de record de personnes se déclarent indépendants.

    Sanders explique : «Il y a un dégoût profond parmi les Américains envers le processus politique conventionnel (…) la frustration et le dégoût envers le statu quo sont beaucoup, beaucoup plus forts (…) que beaucoup de «spécialistes» ne le comprennent.»

    Il existe aujourd’hui une ouverture historique pour les politiques de gauche indépendantes. Cela s’est vu en 2013, quand Kshama Sawant a été élue en tant que candidate de Socialist Alternative avec près de 100.000 votes au City Council de Seattle. Dans le même temps, un autre candidat de Socialist Alternative, Ty Moore, a été à 229 voies près d’être élu au City Council de Minneapolis. Cette ouverture se voit de nouveau avec le soutien enthousiaste envers la campagne de ré-élection de Sawant cette année (voir le site www.KshamaSawant.org).

    En 2014, Howie Hawkins a reçu presque 5% des votes aux élections du Gouverneur de l’État de New York, le plus haut score pour un candidat de gauche dans cette état depuis 1920. Les élections municipales de Chicago en 2015 ont aussi montré l’ouverture à défier les politiques des corporations. Tragiquement, Karen Lewis, présidente du syndicat des enseignants de Chicago, qui se présentait en tant que candidate n’appartenant à aucun parti, n’a pas pu se présenter en raison de problèmes de santé. Elle aurait pu battre Rahm Emanuel, «Mayor 1%». Cependant, un débat réel dans le mouvement ouvrier de Chicago s’est ouvert sur la question du type de représentation dont les travailleurs ont besoin. L’élection a montré le potentiel pour les syndicats de jouer un rôle puissant et indépendant plutôt que leur rôle actuel d’entourage des Démocrates.

    Il y a des millions de gens aux USA qui sont prêts pour «une révolution politique» contre le big business. Au lieu de diviser ces forces en en canalisant une partie de ceux qui veulent un profond changement vers la machine Démocrate, et donc de s’aliéner l’autre partie, qui en a vraiment marre des deux partis politiques de Wall Street, une campagne indépendante derrière un combattant déclaré de la classe ouvrière pourrait créer une unité comme celle dont on a besoin pour défier l’oligarchie capitaliste qui étrangle notre société.

    Si Sanders se présentait indépendamment, cela pourrait ouvrir les vannes. Notre mouvement n’est pas assez fort pour élire un candidat indépendant comme Sanders en 2016, mais le plus important est que la campagne indépendante de Sanders puisse changer la politique des USA pour toujours, grâce à un processus posant les bases d’un troisième parti qui pourrait procurer à des millions de personnes un outil pour commencer à s’organiser contre Wall Street.

    Rejoignez Kshama Sawant et Socialist Alternative pour faire en sorte que cette opportunité historique ne soit pas perdue! Nous allons faire campagne avec les partisans de Sanders contre les politiciens des grandes corporations tout en argumentant politiquement pour que Sanders se présente jusqu’aux élections de novembre 2016, comme pas en avant vers la construction d’une alternative politique indépendante pour la classe des travailleurs.

  • [VIDEO] Seattle: lancement de la campagne pour la réélection de Kshama Sawant

    kshama_reelect“La ville de Seattle est devenue une plaine de jeu pour les riches, une machine à profits pour les géants du secteurs immobilier,… J’ai une vision différente de Seattle, basée sur la justice sociale, l’égalité, la défense de l’environnement… une vision où il est possible pour tous de s’épanouir et de vivre dans la dignité… Et je pense que cela vaut la peine de se battre pour ce projet.” – Kshama Sawant

    Le 6 juin au soir, quelque 900 partisans de la réélection de Kshama Sawant (Socialist Alternative) au conseil de ville se sont réunis au Seattle Town Hall. Tout au long de l’évènement, d’éminentes figures progressistes se sont succédées pour souligner l’importance de cette réélection dans le cadre du combat contre la dominations des grandes entreprises sur nos vies localement, nationalement et internationalement.

    Parmi eux se trouvaient le journaliste progressiste Christ Hedges, l’ancienne candidate aux élections présidentielles pour le Green Party Jill Stein, des dirigeants syndicaux ou d’associations militantes locales, la députée du Socialist Party au parlement Irlandais Ruth Coppinger ainsi qu’un membre de Syriza. Ces orateurs ont tous derrière eux un passé différent, mais ils n’avaient qu’un seul message à porter : la présence de Kshama Sawant au conseil de ville de Seattle est un précédent fondamental dans cette ère de l’austérité néolibérale. Sa position élue a constitué un puissant signe que la politique capitaliste peut être défiée et même battue. Tout doit être fait pour qu’elle soit réélue.

    L’enthousiasme était palpable, et a notamment été reflété dans les 30.000 $ réunis pour le fonds de campagne de Kshama au cours de cette soirée. La campagne est maintenant lancée, ses bénévoles n’économiseront ni leur temps ni leur énergie pour le combat qui s’annonce.

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