Tag: Jeunesse

  • Génération ‘‘Lutte’’ : ‘‘Environ 41% de la population mondiale a moins de 24 ans. Et ils sont en colère.’’

    Voilà un titre qui claque ! Ce n’est pas le nôtre, il vient du journal britannique The Gardian qui commentait les soulèvements de masse et prévenait : d’autres révoltes arrivent.

    Tous ces jeunes ont grandi dans les années d’austérité qui ont suivi la crise de 2007-08. Et puisqu’ils n’ont pas vécu les défaites sociales précédentes, ils sont souvent plus prompts à oser relever la tête. Aux quatre coins du globe, les jeunes stimulent le mouvement, et parmi eux tout particulièrement les jeunes femmes : Hong Kong, Chili, Équateur, Liban, Irak,… En Iran aussi, ils sont à l’avant-plan des protestations ; le régime a même coupé Internet pour tenter d’empêcher l’organisation des manifestations.

    Dans le passé aussi, la jeunesse a pu jouer un rôle moteur des mobilisations sociales, en entraînant aussi souvent à leur suite les ‘‘bataillons lourds’’ du mouvement des travailleurs comme ce fut le cas en France en Mai ’68. Mais le poids actuel de la jeunesse est inédit : il n’a jamais été aussi lourd.

    Lorsque l’on pense aujourd’hui à la révolte de la jeunesse, on pense tout d’abord à l’impressionnant mouvement de grèves scolaires pour le climat, le plus grand mouvement international de la jeunesse depuis celui contre la guerre en Irak en 2003. Mais lorsque ce n’est pas l’angoisse climatique, c’est le coût de la vie qui met le feu aux poudres : la hausse des prix du carburant en Iran et en Irak, celle du ticket de métro au Chili, les taxes supplémentaires et notamment sur l’application WhatsApp au Liban,… Il y a deux ans, The Guardian publiait une étude se concluant ainsi : ‘‘C’est probablement la première fois dans l’ère industrielle, à l’exception des périodes de guerre ou de désastres naturels, que le revenu des jeunes adultes est tombé aussi bas en comparaison de celui du reste de la société.’’

    A cela s’ajoute encore l’oppression des femmes et les violences de genre ou encore les politiques d’entrave à la démocratie, comme c’est particulièrement le cas à Hong Kong. La lutte héroïque des Hongkongais contre la dictature la plus puissante au monde est une inspiration pour toutes les luttes.

    Lors de la vague de protestations mondiales de 2011 (en Tunisie, en Égypte et ailleurs dans la région, avec le mouvement Occupy ou celui des Indignés,…) il était surtout question de la ‘‘démocratie réelle’’ et d’une politique davantage ‘‘en faveur des 99%’’ de la population (contre ‘‘le 1%’’) ou du ‘‘peuple’’ (‘‘contre les élites’’), avec pour principale méthode l’occupation de places publiques. Aujourd’hui, un sentiment anticapitaliste global est plus présent, avec une meilleure conscience que ce système repose sur deux classes sociales aux intérêts opposés. Les méthodes de lutte traditionnelles du mouvement ouvrier y sont également davantage utilisées particulièrement le recours à l’arme de la grève.

    Comme à cette époque, par contre, on trouve toujours ce sentiment ‘‘anti-parti’’ et même ‘‘anti-organisation’’. Au vu de la longue série de trahisons des partis prétendument progressistes et radicaux ou encore des bureaucraties syndicales durant des années et des années, c’est assez logique. Et puis, finalement, avec internet, pourquoi s’organiser ailleurs ?

    Une structuration des mouvements de masse est pourtant des plus utiles. Dans les écoles, sur les lieux de travail et dans les quartiers : des comités locaux où l’on discute et décide collectivement de ce qu’il faut faire et de représentants, qui à leur tour discutent et décident à une plus grande échelle. C’est la seule manière d’assurer un mouvement le plus démocratique possible, qui éviterait notamment la monopolisation du rôle de direction et/ou de porte-parole à l’un ou l’autre individu ayant une jugé suffisamment docile par les médias pro-establishment. Le sentiment de colère a beau être présent, la recherche d’une alternative a beau être vivace, les mouvements qui ne se structurent pas seront hélas toujours confrontés à un obstacle ne leur permettant pas de faire un pas décisif vers une réelle et totale victoire.

    La lutte pour une réelle alternative sociétale

    Les travailleurs ont besoin de la jeunesse pour réveiller leur espoir et combativité qui s’étaient parfois endormis. Et de la même manière, les jeunes ont besoin que les travailleurs s’engagent pleinement dans la lutte pour bloquer l’économie et frapper les capitalistes là où cela lui fait le plus mal. De par sa place dans le processus de production économique, et ses méthodes collectives de lutte, les travailleurs jouent un rôle crucial pour un changement de société.

    C’est armé de toute cette analyse ainsi que de ses conclusions en termes politiques et pratiques pour la lutte que nous nous organisons, en Belgique, avec les Étudiants de Gauche Actifs (EGA). Rejoins-nous !

  • Etat espagnol : Une grève générale étudiante historique !

    2610madrid02

    Plus de 200.000 étudiants ont occupé les rues contre les “revalidations” franquistes

    Nous publions ci-dessous la traduction du premier rapport du (Sindicato de Estudiantes au sujet de la grève générale étudiante historique qui a frappé l’Etat espagnol ce 26 octobre. Le Comité pour une Internationale Ouvrières (dont le PSL est la section belge) a activement soutenu cet appel à la grève et a organisé des actions de solidarité dans une vingtaine de pays à travers le monde (dont en Belgique).

    Par des correspondants du Sindicato de Estudiantes (Syndicat des Etudiants)

    Ce fut un véritable tsunami. La grève générale étudiante appelée par le Sindicato de Estudiantes (SE) fut un succès d’ampleur historique. Près de deux millions d’élèves ne se sont pas rendus dans leurs salles de classe. Il était ne s’agissait toutefois pas seulement d’une énorme grève, soutenue à plus 90%. Plus de 60 manifestations organisées par le Sindicato de Estudiantes ont rencontré un succès massif. Plus de 200.000 étudiants ont défilé dans tout le pays. Les chiffres sont extraordinaires.

    2610_madrid03
    Le secrétaire générale du SE parle à la presse aux côtés de Claire, des Socialists Students (équivalent britannique d’EGA).

    Au Pays basque, plus de 10.000 personnes ont défilé à Bilbao, 5000 à Donostia et des milliers d’autres à Vitoria / Gasteiz et Iruña. En Catalogne, plus de 50.000 manifestants ont rempli les rues de Barcelone, pendant que des milliers d’autres manifestaient à Tarragone, Gérone et des dizaines d’autres villes. Presque 10.000 jeunes ont défilé à Valence, des milliers d’autres à Alicante. La manifestation de Madrid – forte de 60.000 personnes – a représenté la plus grande manifestation étudiante depuis des années. En Galice: 5000 personnes ont manifesté à La Corogne, 3.000 à Ferrol et des milliers d’autres dans d’autres villes. Il y eut encore 5000 personnes à Saragosse. En Andalousie, 15.000 personnes ont manifesté à Grenade, 10.000 à Séville, 7000 à Malaga, 2000 à Cadix et plus de 1000 à Almeria et Huelva… Des milliers de manifestants ont également marché ensemble en Estrémadure, aux îles Canaries et aux îles Baléares, à Murcie, à Castille et León , à Castilla La Mancha, à Cantabria,…

    Cliquez ici pour accéder à une galerie photo des différentes manifestations.

    Cette grève a été un véritable succès et une puissante démonstration de force qui a brutalement exposé au grand jour le caractère du gouvernement du PP et du ministère de l’Éducation. Les jeunes ont clairement exigé la suppression immédiate des “revalidations” franquistes et de la LOMCE (la précédente mesure d’austérité anti-démocratique instaurée dans l’enseignement). Ces deux mesures sont totalement inacceptables. Le Sindicato de Estudiantes exige la démission immédiate du ministre de l’Éducation, Iñigo Méndez de Vigo. Mais nous allons plus loin: nous exigeons la suppression de la LOMCE et de tous les autres décrets d’austérité, l’annulation de toutes les coupes budgétaires, l’augmentation drastique du budget de l’éducation publique ainsi que la réadmission des milliers d’enseignants licenciés ces dernières années.

    2610_barceloneLe gouvernement de droite du PP a déclaré la guerre à l’éducation publique. Dans ce contexte, nous considérons qu’il est tout à fait honteux que la direction du PSOE (le parti prétendument “socialiste”) ait capitulé devant lui qu’il se soit lâchement abstenu au Parlement pour laisser le pouvoir à Rajoy et au PP. Ces dirigeants ont tourné le dos à leur base sociale, à leurs électeurs, aux millions de travailleurs et de jeunes, au mouvement de l’éducation et à tous ceux qui luttent pour la défense de l’éducation publique. Nous ne pourrons jamais oublier ce vote qui sera responsable de nouvelles années d’un gouvernement du parti de la corruption et des coupes budgétaires.

    La grève a également reçu le soutien de la CEAPA (l’association nationale des parents), ce qui est très important. Malheureusement, l’attitude de la direction des syndicats CCOO, UGT et STE n’a pas été la même. Ce n’est qu’à Madrid qu’ils ont fait ce qu’ils appellent une grève totale des enseignants, ainsi qu’en Andalousie dans le cas de la STE. Cette attitude des dirigeants syndicaux n’a aucune justification. Pourquoi ne pas appeler les enseignants à la grève aux côtés des étudiants et des parents? Les enseignants ne souffrent-ils pas également des mêmes attaques antisociales? Les dirigeants syndicaux doivent corriger leur attitude de toute urgence et écouter la clameur de leurs rangs. Ils doivent se battre de toutes leurs forces et non se contenter de simples déclarations.

    Nous voulons affirmer haut et fort que la lutte n’est pas finie. La journée du 26 octobre fut un grand succès, mais nous ne nous arrêterons que lorsque la LOMCE et les “revalidations” seront de l’ordre du passé. Notre comité de grève de toute l’Espagne va immédiatement se réunir. Si le gouvernement intérimaire n’abandonne pas ces attaques pour le 31 octobre, nous appellerons à une autre grève – plus grande et plus forte – dans les semaines à venir, en appelant tous les syndicats d’enseignants et les parents organisés à la CEAPA à nous rejoindre.

    Enfin, nous tenons à remercier les milliers de militants du Sindicato de Estudientes de tout l’État qui ont fait de cette grande grève une réussite. Plus de 100.000 tracts ont été distribués et des dizaines de milliers d’affiches ont été collées. Nous voulons aussi saluer les plus de 2.000 nouveaux membres du syndicat qui nous ont rejoints ces dernières semaines. Ensemble, nous construisons une organisation étudiante plus grande et plus déterminée qui ne fuira aucune grève et ne cherchera pas à diviser le mouvement étudiant selon des lignes nationales ou sectaires. Nous croyons en notre propre force et en la capacité de la jeunesse de lutter contre le PP et ses coupes budgétaires ainsi que contre le système qui génère l’injustice sociale: le capitalisme.

    madrid11

  • Jordy, 19 ans, retrouvé mort de faim et de soif dans sa tente

    p15asielkarimbrikci

    Ce fait divers sordide est survenu à Gand. Une vie brisée dans les institutions suivie d’une fin des plus douloureuses. Le degré de civilisation peut être mesuré par le sort réservé aux plus fragiles. Nous avons demandé des réactions à deux personnes concernées au premier chef : un jeune qui lui aussi a connu la vie dans la rue et une assistante sociale en contact avec des jeunes aux problèmes émotionnels et comportementaux.

    ‘‘Le cas de Jordy n’est pas une question individuelle’’

    “Mon nom est Kanzy et je suis membre des Etudiants de Gauche Actifs. Je me suis un moment retrouvé à la rue et abandonné par le Comité spécial de protection de la jeunesse. J’ai donc été mineur sans-abri. Heureusement, je disposais d’un compte d’épargne et j’ai finalement pu payer une caution pour un appartement. Après cela, j’ai pu avoir l’aide du CPAS.

    ‘‘L’austérité frappe dur. Ma facture d’électricité est de 125 euros par mois. Avec un chauffage électrique, on paye beaucoup plus avec la turteltaks introduite en décembre 2015 (uniquement en Flandre, NDLR). La vie autonome est devenue quasiment hors de prix.

    ‘‘Le cas de Jordy n’est pas une question individuelle. C’est un problème politique, économique et social. Si des jeunes fragilisés sont simplement jetés à la rue et doivent soudainement survivre en toute indépendance, il est normal que ça tourne mal.

    ‘‘Ce n’est pas la faute des travailleurs sociaux des institutions, mais la faute d’une politique de casse sociale. Au lieu d’investir dans les logements sociaux, nos impôts vont aux dépenses militaires. Les avions de chasse belge mènent la guerre à l’étranger, mais une guerre économique contre les plus faibles existe chez nous. Combien de morts vont encore tomber?
    ‘‘La maladie, le chômage et la pauvreté sont de plus en plus publiquement présentés comme un ‘‘choix’’. Tout est fait pour isolé les plus nécessiteux. Des jeunes comme Jordi sont tellement marginalisés par l’ensemble de la structure de la société qu’ils perdent confiance en l’aide qu’ils peuvent recevoir.

    ‘‘L’isolement social provient de la fracture sociale et la politique de diviser-pour-mieux-régner. Les médias et les politiciens font toujours une distinction entre les travailleurs et les bénéficiaires d’allocations sociales, les travailleurs et les étudiants, les croyants et les non-croyants, les réfugiés et les autres, etc. Si nous avons des difficultés, on nous pousse à en avoir honte. Mais la seule honte, c’est de ne rien faire contre cette politique.

    ‘‘Il nous faut une réorientation économique pour avoir suffisamment de logements sociaux, sous contrôle démocratique. Les services publics tels que la SNCB, l’enseignement, les organismes sociaux, les centres pour sans-abris,… doivent être accessibles à chacun. Le 29 septembre, je manifesterai très certainement contre l’austérité destructrice et la politique de destruction sociale de la N-VA et du gouvernement de droite.’’

    Kanzy, un jeune de Gand

    ‘‘Il nous faut plus de moyens pour l’aide sociale’’

    “La mort de Jordy a causé une grande émotion. Les avis sur le sujet ont plu de toutes parts. Mais il était essentiellement question de trouver un coupable. Jordy lui-même? Les accompagnateurs ? Le gouvernement?

    ‘‘Pour réfléchir sur ce point, il faut d’abord constater un fait général : nous manquons de moyens partout dans la société. Il n’y a pas assez d’argent pour l’enseignement, pour les services de secours, pour les logements sociaux,… Tous ceux qui en ont besoin n’ont donc pas accès à l’aide appropriée.

    ‘‘Comment Jordy est-il mort de faim? Pourquoi dormait-il sous une tente? La société, c’est-à-dire le gouvernement, a la responsabilité de répondre aux besoins de base tels que la nourriture et un abri. Mais alors que l’argent ne manque jamais pour les grandes entreprises, c’est une autre paire de manche pour les besoins sociaux.

    ‘‘Il est vrai que les jeunes adultes refusent souvent l’aide. Après être passés par diverses institutions en étant mineurs, beaucoup en ont tout simplement marre. Ces jeunes ont souvent besoin de soins, mais ils refusent d’être entravés dans une structure. L’aide ne doit-elle pas s’adapter à eux plutôt que l’inverse ?

    ‘‘Aujourd’hui, il n’est nulle part question de la transition entre le passage de l’aide à la jeunesse à celle pour adultes. C’est-à-dire que les réflexions ne manquent pas, mais que rien n’est concrétisé. Ces jeunes adultes ont besoin d’un autre type d’aide sociale, plus accessible et moins contraignant. Cette aide doit faire l’effort d’aller vers ces jeunes et non l’inverse. Pourquoi ne pas simplement aller de temps en temps prendre un verre ensemble, les écouter et clairement faire savoir qu’ils ne sont pas seuls ? Pourquoi ne pas créer des endroits où ils peuvent venir jour et nuit? Pourquoi ne pas équiper des appartements où ils pourraient vivre seuls à un loyer abordable ? Cela existe. Mais de manière tellement insuffisante.

    ‘‘C’est certain, des tonnes de moyens sont nécessaires pour atteindre cet objectif. Pointer l’aide sociale du doigt n’arrangera rien. Les travailleurs sociaux font leur possible avec les moyens qu’ils ont. Le débat sur ce point se limite à la plus grande flexibilité exigée des travailleurs sociaux. Et quand ces derniers entrent en lutte pour plus de moyens, les autorités essayent de les culpabiliser et de les couvrir de honte. C’est injuste. Nous devons lutter pour de meilleurs services publics, pour tout le monde, pour une meilleure assistance sociale à ceux qui en ont besoin, mais aussi pour de bonnes conditions de travail et de salaire pour atteindre cet objectif.’’

    Stefanie, travailleuse sociale dans un établissement pour jeunes aux troubles émotionnels et comportementaux

  • La grève, est-ce que c'est dépassé ?

    ega_greve24Avant les vacances, un sentiment anti-grèves s’est propagé via les médias, à travers toute la Belgique. Ces actions impactent, entre autres, les secteurs publics (comme les transports en commun) et on entend dans la presse qu’ils nuisent au quotidien de la majorité de la population. Reste à démontrer en quoi les intérêts des militants en grève rejoignent ceux des gens ordinaires et quel rôle les jeunes peuvent apporter.

    Etudiants de Gauche Actifs – Mons

    C’est quoi une grève ?

    Une grève est un arrêt organisé et collectif du travail, souvent à l’initiative des syndicats, contre des mesures antisociales (austérité, licenciement collectif…) prises par le gouvernement et/ou le patronat, mais aussi pour de nouvelles conquêtes sociales. En effet, au cours de l’histoire, le moyen d’action le plus efficace trouvé par les travailleurs est la grève. Elle a permis d’obtenir de meilleures conditions de travail : la semaine de 40 heures, l’augmentation des salaires, l’interdiction du travail des enfants,… Nous vivrions toujours au 19ème siècle sans ses luttes ! Mais si nous ne faisons rien aujourd’hui, nous y retournerons.

    Un gouvernement pro-riches !

    Pour faire passer les mesures anti-sociales, l’État affirme, à chaque fois, que la compétitivité des entreprises est à accroître à tout prix. Que c’est pour notre bien. Mais bien sûr ! En fait, ça veut dire que les travailleurs, dans chaque pays et entreprise, doivent se plier à la concurrence mondiale au détriment de notre train de vie. Le gouvernement permet aux grosses entreprises de ne pas ou presque pas payer d’impôts, par exemple avec les intérêts notionnels (exemption d’impôts) et les zones franches (zone sans impôts et avec plein d’avantages pour les super riches) avec comme argument que ça va créer de l’emploi, mais on n’en voit pas la couleur… Il privatise aussi certains services publics pour accroître les profits des plus riches.

    Cela démontre bien que le capitalisme n’a plus rien à nous offrir et donc la légitimité de notre entrée en lutte. Chacun possède sa propre force : les 1% de supers-riches ont les médias, les politiciens et l’argent ; les 99% (nous) ont leur nombre. Les mouvements collectifs peuvent donc être efficaces si nous comptons sur notre propre force : des actions collectives des travailleurs et des jeunes (manifestations, grèves,…).

    Et les étudiants là-dedans ?

    Les grèves ne sont en aucun cas “d’un autre temps” comme on aimerait nous le faire croire dans les médias. Toute grève se déploie lorsqu’une injustice se présente, elle vise à mettre fin à l’exploitation. Ne rien faire n’est pas envisageable. Et les grèves étudiantes ne sont pas à ignorer, ce sont le temps et les moyens donnés dans la grève qui donnent leur force aux grèves étudiantes. Les jeunes ont une grande capacité de mobilisation. Mais allié aux travailleurs qui peuvent mettre l’économie à l’arrêt comme lors de mai 68 (10 million de travailleurs en grève) et avec des méthodes démocratiques, cela peut rendre le mouvement invincible !

    Tous ensemble, mobilisons-nous !

    Sous le capitalisme, une minorité de personnes détient les moyens de production (usines, entreprises,…). Ainsi, notre travail est notre unique ressource et le patron a d’emblée le dessus. Nous avons des intérêts opposés au patronat car, entraîné dans la course au profit et la compétitivité mondiale qu’elle produit, il tendra toujours vers la diminution des salaires, les licenciements,… La grève est le seul outil majeur pour faire face à ce système qui ne profite qu’à une petite minorité de super-riches sur une majorité. En solidarité, lors de la prochaine grève, fais la tournée des piquets avec nous !

  • D’une génération perdue à une jeunesse en lutte

    agirLa jeunesse est en pleine perte de confiance en soi. Un des mots les plus populaires à suivre ‘jeunesse’ sur le moteur de recherche Google est “perdue”. En 1994, 70% des jeunes avaient confiance en eux ; aujourd’hui, on frôle la moitié. Pis, si on parle de la confiance en l’avenir, à peine 20% de la jeunesse l’est !

    Dans les bouquins, le mot-clé concernant la confiance est “progressez” ! Quel vain conseil quand on sait que le gouvernement prépare, à grands coups durs, des réformes qui ne peuvent qu’élargir le cercle des étudiants précarisés, ainsi que celui des futurs-travailleurs.

    L’école, c’est gratuit ?

    “L’école, c’est gratuit et accessible à tous !” dixit ceux qui sont assez riches pour ne pas voir partir les 130€ d’abonnement TEC et les 80€ de photocopies et les 80€ de livres à acheter et les 300€ pour les voyages et excursions. C’est sans parler de l’université où cela augmente considérablement avec le prix des syllabus, d’un kot éventuel et du minerval qui a augmenté de 44% en Flandre dernièrement (et ça ne peut qu’arriver en Fédération Wallonie-Bruxelles).

    Le “droit d’étudier”, c’est quoi ?

    Lors des manifestations et des grèves, le gouvernement Michel parle d’un prétendu “droit d’étudier” en vue de nous diviser. Il prétend ainsi que les syndicats bloquent les étudiants sans raisons. C’est faux ! Les précédentes actions syndicales, ainsi que celle à venir défendent l’ensemble des travailleurs et des jeunes. Le droit d’étudier, c’est avoir des transports de qualité pour se rendre en cours, avoir droit à suivre les cours sans travailler sur le côté, c’est avoir accès à la culture ou encore à avoir un boulot à la sortie des études. Le gouvernement crache sur tout cela.

    C’est pourquoi, premièrement, les jeunes doivent se tenir informés. Les Étudiants de Gauche Actifs vous proposent pour commencer l’année deux instruments : ce journal et un meeting. Ce dernier sera suivi d’un débat ayant pour but d’aborder les conséquences de l’austérité sur les jeunes, mais également les conséquences du TTIP (voir page 8) dans nos assiettes et sur notre “démocratie”. L’objectif est de réfléchir aux actions que nous pouvons mener sur les campus à l’occasion de la manifestation nationale du 29 septembre. Pourquoi ne pas aussi organiser une action de solidarité avec les travailleurs de Caterpillar qui font face à des crapules de patrons ? Ce sont des dates-clés afin de garantir la protection de notre avenir à tous !

  • Les jeunes dans la galère ? NON !

    Agir_subir01L’avenir de la jeunesse s’obscurcit à mesure que le gouvernement thatchérien met en œuvre son programme favorable aux plus fortunés de ce monde. L’austérité touche tous les niveaux de pouvoir, du local à l’Europe, le gouvernement fédéral ayant juste adopté un rythme plus intense. La réforme de la législation du travail est ainsi très similaire en France et en Belgique. Toutefois, dans la résistance de la rue, on a pu constater que les traditions de lutte sont plus ancrées dans la jeunesse française. Mais il serait faux de conclure que ce potentiel est absent en Belgique.

    Par Emily (Namur)

    Actuellement, 70 % des intérimaires ont moins de 30 ans et 36 % sont étudiants. Le gouvernement souhaite nous laisser dans ce statut précaire avec des intérims à durée indéterminée, des horaires flexibles, connus 24h à l’avance. Impossible dans ces conditions de nous épanouir au travail et de mettre sur pied des projets dans notre vie privée. La restriction de l’accès aux différentes allocations et le sous-emploi chronique aggravent la situation. À Bruxelles, on compte en moyenne 1 emploi disponible pour 17 demandeurs d’emploi inscrits chez Actiris, soit une concurrence extrême au seul profit des marchés.

    À côté de cela, les gouvernements communautaires s’attaquent à la qualité et à l’accessibilité des études pour les rendre toujours plus utilitaristes. En Flandre, le minerval a ainsi augmenté de 44 % en moyenne depuis le début de la législature. Du côté francophone, le gouvernement PS-CDH commence par s’attaquer au minerval des étudiants étrangers. Globalement, c’est près d’un milliard d’euros qui sont amputés à ce secteur essentiel à l’avenir des jeunes et de l’ensemble de la société.

    Que peut faire la jeunesse ?

    Informer
    Beaucoup ne connaissent pas l’ampleur des mesures d’austérité qui nous attendent ; s’informer et en discuter le plus possible autour de nous est essentiel. Notre journal est un outil pour enrichir ces débats. En France, tous les outils modernes de communication à notre disposition ont été utilisés pour diffuser nos idées. Employons le temps disponible cet été pour cela. Dès la rentrée, sur les campus et dans les écoles, profitons des temps de midi par exemple pour improviser de telles discussions où chacun pourra poser ses questions et émettre des propositions d’action.

    Organiser
    De là peut émerger un Comité d’Action contre l’austérité au sein duquel tous ceux qui le souhaitent peuvent s’impliquer davantage. Celui-ci peut, sur base de la discussion, mettre sur pied une action, collecter le matériel nécessaire à sa réalisation (banderole et peinture, matériel vidéo…) et écrire un tract afin de mobiliser pour celle-ci.

    Passer à l’action
    Comment lancer un comité d’action ? Prenez le pouls des autres en leur demandant s’ils connaissent les conséquences des mesures gouvernementales et s’ils veulent organiser des actions. Si vous trouvez un deuxième, un troisième,… vous pourrez alors en chercher d’autres en groupe et constituer ainsi le noyau initial à partir duquel organiser les choses. Ce noyau peut être élargi en utilisant une pétition ou un sondage à destinations des autres étudiants.

    Dans un premier temps, vous pouvez proposer de signer une banderole en soutien, de réécrire des chansons pour faire passer notre message, de distribuer des tracts pour informer un maximum de personnes et d’organiser une Assemblée générale plus large. Mobilisons vers les actions syndicales, pourquoi pas à l’aide de capsules vidéos illustrant notre galère et notre combat, etc.

    Ensuite, participons activement (avec calicots, banderoles, slogans…) à la manif en front commun syndical du 29 septembre au sein du bloc qui réunira les jeunes. Lors de la grande manifestation syndicale du 6 novembre 2014, le bloc jeune comptait plusieurs milliers de militants, dont des centaines d’écoliers venus en délégation de Gand, suite à une série d’actions et d’assemblées menées dans leurs écoles puis dans leur ville.

    Puis, pour la grève générale du 7 octobre, participerons au piquet sur notre école / campus ou organiserons une tournée des piquets en solidarité. Il est aussi important que chaque action puisse se finir par une AG et qu’à chacune, on discute de l’action suivante et du message à faire passer pour progressivement nous renforcer démocratiquement.

    Résistons tous ensemble
    Le Comité d’Action et les AG ne doivent pas se limiter aux jeunes. Si le gouvernement a réussi une chose, c’est à tous nous attaquer : jeunes, allocataires sociaux et travailleurs. Nous sommes tous concernés par les mesures de casse sociale, nous devons donc nous unir dans la lutte ! Contactons les délégations syndicales du personnel enseignant, technique et administratif. Et pourquoi ne pas écrire un tract commun, partir ensemble en manif et faire des piquets de grève réunissant les étudiants et travailleurs ?

    # On vaut mieux que ça, mais alors quelle alternative ?

    Nous devons défendre les intérêts de notre classe sur une base collective. Cela signifie de lutter pour des services publics de qualité et accessibles à tous, pour la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire,… Au-delà de ça, ce n’est qu’en sortant de ce système capitaliste que nous pourrons contrer définitivement le détricotage de nos conditions de vie et de travail. Nous devons construire une société où les nécessités sociales prennent le pas sur les profits, ce qui ne pourra être assuré qu’en étendant la démocratie bien au-delà des parlements et en mettant les secteurs clés de l’économie sous contrôle collectif.

  • 6,57 euros de l’heure: l’esclave légal, ça existe en Belgique

    plopsa

    Le parc d’attractions Plopsaland De Panne est propriété de Studio 100, une entreprise belge (loin d’être dans le besoin) qui produit des émissions de télévision pour la jeunesse et possède cinq parcs d’attractions ainsi que des groupes de musique. Un de ses managers a récemment quitté le navire avec plusieurs millions. D’où provient tout cet argent ? Aucun mystère, cela découle directement de la stratégie commerciale de l’entreprise liée à des salaires très bas pour le personnel. Plopsaland De Panne recourt ainsi à des étudiants jobistes payés aux minimums légaux. Pour un étudiant de 16 ans, il s’agit de 6,57 euros de l’heure. Un porte-parole de Plopsaland s’est récemment vanté que l’entreprise était flexible au point de permettre à ses jobistes de se rendre aux festivals qu’ils souhaitent. Il aurait pu rajouter : «Vous devez travailler tout un mois pour vous payer le billet d’entrée d’un festival.»

    Les salaires des étudiants jobistes diffèrent beaucoup. Dans l’horeca et les parcs d’attractions, ils sont très faibles : 6.57 euros de l’heure à 16 ans ; 7,07 euros de l’heure à 17 ans et 9,30 euros de l’heure pour les plus de 18 ans. Selon l’entreprise spécialisée dans l’intérim Manpower, la moyenne est de 10,46 euros de l’heure. Cette estimation ne tient naturellement pas compte du travail non déclaré, parfois encore moins bien payé que le salaire minimum. Pour les étudiants, cela représente peu, mais encore moins pour les employeurs puisque la contribution à la sécurité sociale est minimale. Le salaire brut et le net sont à peu près égaux. La même chose vaut pour les flexi-jobs dans l’horeca, qui concernent déjà 10.000 travailleurs alors que cette possibilité n’existe que depuis le début de cette année (voir notre article à ce sujet). En gros, il s’agit de salaires au rabais qui n’implique que rarement que quelque chose soit payé à la collectivité. Le secteur du travail à bas salaires connait donc une progression conséquente.

    Le gouvernement a décidé d’augmenter le nombre d’heures que les jobistes sont autorisés à prester jusqu’à 475 heures par an. L’Open-VLD a voulu aller encore plus loin, jusqu’à 550 heures. Selon Benoit Lannoo, ancien porte-parole de Joëlle Milquet (CDH), la mesure ne vise «qu’à choyer les patrons avec une main-d’œuvre plus flexible.» Cela n’a rien à voir avec le fait de permettre aux étudiants de gagner plus d’argent. D’autre part, la politique qui sévit dans le secteur de l’enseignement comme ailleurs pousse de plus en plus de jeunes à devoir travailler afin de pouvoir faire face aux coûts de leurs études. L’objectif principal de ces salaires réduits à la portion congrue est bien entendu d’offrir aux patrons une main-d’œuvre non qualifiée toujours moins chère alors que le chômage touche plus particulièrement les travailleurs non-qualifiés.

    Dans une carte blanche du 8 juillet à deredactie.be, Benoit Lannoo n’y va pas par quatre chemins: «Dans notre pays, il y a des milliers de demandeurs d’emploi peu qualifiés. Une étude menée par le Service Public Fédéral de la Sécurité Sociale a récemment calculé leur nombre: «Alors que le taux d’emploi global dans notre pays en 2015, avec 67,5%, reste au niveau de ceux des années précédentes suite, on observe une diminution du taux d’emploi des personnes avec un faible niveau d’éducation – en Flandre et en Wallonie – de 49% en 2007 à 45% en 2015.» La logique actuelle est de les mettre en concurrence avec des étudiants dont le travail est sans cesse plus flexible. Est-ce qu’un patron de l’horeca va prendre le temps de coacher des travailleurs peu qualifiés alors qu’il peut faire appel à un étudiant qui reviendra à moins cher en termes de sécurité sociale pour le faire travailler deux heures de plus ?»

    Selon Lannoo, la modification du régime de travail des étudiants coûtera 8.000 emplois réguliers. Il note aussi qu’il n’est plus question de dialogue social: «Avant, les patrons et les commerçants devaient patiemment supporter le dialogue social, maintenant, ils reçoivent gratuitement ce qu’ils veulent du gouvernement-Michel.»

    Souvent, l’opposition sociale à la politique antisociale est présentée comme une chose des temps anciens, typique d’une génération qui défend ses privilèges sans accorder d’attention à l’avenir de la jeunesse. Mais il semble bel et bien que la politique des autorités affecte très durement la jeunesse. Récemment, il a été dévoilé que le nombre de bénéficiaires du RIS (le Revenu d’insertion sociale accordé par les CPAS) a augmenté de 13,2% l’an dernier pour toucher 116.146 personnes. Parmi eux se trouvent 30,9% de personnes âgées de moins de 25 ans. «Il est désolant de constater que c’est en particulier le groupe des jeunes qui est le plus durement touché. Cela peut mettre un lourd fardeau sur leur avenir», a déclaré Julien Van Geertsom, du service public fédéral de l’intégration sociale.

    Dans le secteur le moins bien payé du pays, l’horeca où les flexi-jobs ont vu le jour, l’âge moyen du personnel est également le plus bas, 34,8 ans en moyenne. Et les jeunes accepteront encore plus facilement des emplois flexibles et précaires s’ils y sont préparés durant leurs études. C’est le seul type d’emplois que réserve aujourd’hui le capitalisme à la majorité de la population. Et ceux qui tomberont à l’eau et émargeront aux CPAS ne sont pas encore au bout de leurs peines (voir notre article à ce sujet :).

    Cette politique antisociale prive les jeunes de leur avenir. Il est grand temps de riposter. Non pas en interdisant le travail des étudiants, les étudiants peuvent gagner un peu d’argent en toute sécurité. Mais pourquoi ne pas le faire aux conditions des travailleurs ordinaires? Nous défendons également un enseignement gratuit et de qualité accessible à tous ainsi que le développement de structures et institutions de loisirs abordables. Retirons nos festivals des mains des multinationales ! Ensemble, jeunes et moins jeunes, luttons avec acharnement contre la politique antisociale du gouvernement !

  • Les jeunes et les syndicats, aucun lien ?

    jeunesFGTBOn entend souvent dire que les syndicats sont ringards et qu’ils n’obtiennent aucun écho auprès de la jeunesse. Pourtant, on a remarqué durant certaines actions que les jeunes travailleurs s’engageaient également dans la lutte contre ce gouvernement de droite dure. Une étude réalisée par la KU Leuven affirme que les jeunes feraient preuve de moins d’intérêt envers les syndicats à cause d’un problème d’image et n’en deviendraient membres qu’à partir du moment où ils ont été confrontés à des problèmes au boulot.

    Le manque d’organisations de jeunesses syndicales conséquentes a sans doute un impact sur l’engagement des jeunes dans les syndicats. Les chiffres nous montrent cependant un nombre important de jeunes membres de syndicats. Le journal flamand “De Tijd” écrit : “Seul 7 à 8 % des membres de la CSC et de la FGTB ont moins de 25 ans, ce nombre est inférieur à celui des membres de 60 ans et plus”. Ce qui n’est pas précisé, c’est que les 2 syndicats comptent ensemble 3,2 millions de membres, ce qui nous fait donc au moins 224.000 (7 %) de jeunes âgés de moins de 25 ans.

    Cela signifie qu’il y aurait plus de jeunes qui seraient membre d’un syndicat que membre d’un mouvement de jeunesse. La population active des jeunes de moins de 25 ans en 2015 représentait 307.622 travailleurs et 87.432 sans emplois pour un total de près de 400.000 jeunes. Parmi ceux-ci, environ la moitié est donc membre d’un syndicat. Est-ce réellement négligeable ?

    C’est vrai qu’il est toujours possible de faire mieux : des syndicats combatifs qui ne se contenteraient pas d’organiser les jeunes autour de thèmes particuliers que chacun expérimente sur son lieu de travail, mais aussi autour de questions sociétales plus générales, des syndicats qui organiseraient les écoliers et les étudiants dans la résistance contre l’augmentation du coût de l’enseignement et le manque grandissant de moyens dans ce secteur. Lorsque les écoliers de Gand se sont rendus en 2014 à la grande manifestation syndicale à Bruxelles dans le cadre de leur lutte contre l’augmentation des frais d’inscriptions, des dizaines d’entre eux sont devenus membres d’un syndicat à l’occasion de manifestation syndicale à Bruxelles. Il ne s’agissait pas simplement de profiter des tickets de trains offerts, mais surtout de combiner les actions écolières avec celles du mouvement des travailleurs. Se mobiliser contre les politiques d’austérité, c’est se battre pour l’avenir des jeunes et des futures générations.

  • Génération X, Y, Z ? Non, génération ‘‘révolution’’ !

    generation_revolution‘‘Les moins de 30 ans ne cherchent pas un emploi, mais une séquence de vie’’. Voilà le genre de débilité asséné par des ‘‘experts’’ que l’on pouvait, par exemple, lire sur le site du journal Le Monde (11/04/2013). Après la génération X, les sociologues médiatiques nous parlent désormais d’une génération Y, puis Z de manière totalement déconnectée du vécu de la majorité de la jeunesse.

    Par Alain (Namur), article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Une génération ‘‘Why’’

    Les sociologues décrivent les moins de 30 ans comme étant la génération ‘Y’ pour ‘‘Why’’ (‘‘Pourquoi’’ en anglais). Il est vrai que la jeunesse se pose des questions : pourquoi, alors que les riches amassent de plus en plus de possessions, la pauvreté ne fait-elle que se développer ? En effet, en moyenne, 1 enfant sur 6 vit sous le seuil de pauvreté en Belgique. À Namur, par exemple, 1/3 des bénéficiaires du RIS (Revenu d’Intégration Sociale) sont des jeunes. Le chômage frappe massivement les jeunes à Bruxelles, où leur taux de chômage était de 28,9 % au 30 septembre 2015, selon Actiris. Et ceux qui travaillent ne sont pas à la fête non plus.

    L’Institut du Développement Durable avait mis en avant dans un article de 2012 que les jeunes restent de plus en plus tard chez leurs parents (le phénomène dit ‘‘Tanguy’’). Le journal Le Soir du 8 août 2012 expliquait que la forte hausse de l’immobilier représente un facteur aggravant. En effet, en 20 ans, c’est-à-dire en une génération, un appartement qui se vendait 64.000 euros en 1991 est passé à 195.000 euros en 2011. Cette explosion des prix survient alors que les contrats précaires se généralisent pour ceux qui parviennent à rentrer sur le marché du travail.

    Génération dépression

    Alors qu’on nous parle de l’avènement de la société du loisir, que les médias nous poussent à la réalisation de soi et nous ordonnent d’être heureux, force est de constater que le système de production actuel ne donne pas la possibilité matérielle de se réaliser, que ce soit individuellement ou socialement. La seule chose que ce système cherche vraiment à réaliser, c’est du profit, et non pas les êtres humains qui le produisent. Nous su-bissons une injonction paradoxale ! Lors de leurs entrées dans le monde du travail, les jeunes sont de plus en plus souvent désillusionnés par rapport à ce qu’on leur avait vanté durant leurs études. Bien évidemment, selon le milieu dont on provient, la désillusion n’est pas du même niveau.

    Ce système n’a plus la cote

    La mutualité Solidaris – dans le cadre de son étude thermomètre Solidaris – s’est intéressée à ce que vivent et pensent les jeunes. Les conclusions de cette étude sont sans appel. ‘‘Les jeunes expriment une défiance totale à l’égard de deux aspects essentiels de la vie en société : le système économique et financier, qui constitue pourtant notre environnement quotidien, inquiète très fortement ; la confiance dans le souci des responsables politiques d’agir pour améliorer vraiment la qualité de vie de la population est vraiment très faible, notamment parce “qu’ils ont laissé la finance prendre le pouvoir.”’’

    Cette méfiance débouche sur une volonté de changement radical exprimé par une grande majorité de jeunes interrogés : ‘‘Logiquement, ces constats profondément désenchantés conduisent à affirmer qu’il “ faut changer radicalement la société”. Une très large majorité de 18 à 30 ans le pense – neuf sur dix d’entre eux – et cinq sur dix l’affirme de façon très nette. Seul moins d’un sur dix pense vraiment l’inverse.’’ Ce n’est pas seulement le système qui est miné, mais toutes les institutions qui s’y rapportent de près ou de loin. Les médias, l’enseignement, mais aussi les partis politiques et les syndicats n’ont plus la confiance de la jeunesse. C’est évidemment compréhensible. Dans beaucoup de cas, les jeunes sont les grands perdants des maigres avancées que l’on parvient encore à obtenir. Cela entraine un scepticisme concernant la possibilité de réaliser le changement par l’action collective.

    Comment changer radicalement la société : Génération révolution

    La jeunesse ne veut pas être une génération gâchée par un capitalisme qui n’a plus rien à offrir à l’ensemble de l’humanité. Pour réaliser le changement que beaucoup de jeunes aimeraient voir advenir, nous devons discuter de la stratégie à adopter et de l’outil à utiliser pour la mettre en oeuvre. Beaucoup de jeunes sont aujourd’hui convaincus que le changement se fera à travers l’action individuelle ou la socialité proche (la famille, les amis, le quartier,…). Une pléthore de solutions individuelles est ainsi proposée. C’est la conséquence de l’abandon d’une perspective alternative au système par la social-démocratie et les verts qui sont rentrés dans une logique d’accompagnement du système. Cette approche résulte aussi de 30 ans de néolibéralisme qui a mis en avant la responsabilité et l’action individuelle en réponse aux problèmes sociaux.

    Dans les années ‘80, Margareth Thatcher disait : “There is no society only individuals” (il n’y a pas de société, seulement des individus). Aujourd’hui, la Belgique compte plus d’un million de bénévoles. C’est bien la preuve qu’elle avait tort. Le prétendu intérêt personnel n’est pas le seul moteur de l’activité humaine. Malgré cette énorme volonté de créer du lien social, de bâtir une société où trouver un emploi convenable et un logement de qualité et abordable n’est pas une utopie, on constate que les inégalités n’ont jamais été aussi grandes. Historiquement, on constate qu’elles s’accroissent lorsqu’il n’y a pas de force sociale organisée pour lutter contre la politique de la classe dominante. Nous pensons au PSL que nous pouvons radicalement changer la société si nous reprenons en mains nos organisations (syndicales, mutuelles) et que nous y im-primons une politique de lutte pour un autre système. Nous sommes également persuadés que nous avons besoin d’un outil politique qui puisse affronter sur le terrain politique cette minorité de super riches qui donne son caractère actuel à la crise du système. Nous voulons avec les EGA et le PSL organiser les jeunes qui veulent lutter.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop