Tag: Environnement

  • La Chine est-elle en passe de remporter la ‘‘guerre contre la pollution’’ ?

    L’année 2017 fut celle de la plus faible amélioration de la qualité de l’air depuis le début de la ‘‘guerre contre la pollution’’ lancée par Pékin.

    Par Dikang, article publié sur chinaworker.info le 21 mai 2018

    Le nouveau ministère de l’Écologie et de l’Environnement (MEE) a été dévoilé au Congrès national du peuple (CNP) de mars 2018 dans le cadre d’un important remaniement gouvernemental. La naissance de ce super-ministère marque un renforcement de la ‘‘guerre contre la pollution’’ lancée il y a quatre ans à Pékin. C’est du moins le message que désire faire passer la dictature du PCC (le parti soi-disant communiste chinois).

    Le régime de Xi Jinping a identifié ‘‘trois batailles critiques’’ qu’il doit gagner d’ici 2020 : contre la pollution, contre le risque financier et contre la pauvreté. Pour Xi, dont la mission est d’assurer la survie de la dictature du PCC via une centralisation inédite du pouvoir et la dictature personnelle, cette trinité de dangers pourrait déclencher des troubles de masse capables de menacer le régime. Cette courte échéance de trois années à peine pour mener à bien les ‘‘trois batailles critiques’’ souligne à quel point le pays pourrait être proche d’un conflit majeur.

    La Chine est devenue une zone écologiquement sinistrée. La pollution atmosphérique y tue plus d’un million de personnes chaque année, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les rapports du gouvernement révèlent que plus de 80 % des nappes phréatiques chinoises qu’utilisent les fermes, les ménages ruraux et les usines sont impropres à la consommation. Pas moins de 19,4 % des terres agricoles chinoises sont contaminées par des polluants chimiques et des métaux. Cela représente 250.000 kilomètres carrés de sols contaminés, soit l’équivalent de l’ensemble des terres agricoles du Mexique.

    Tout résulte de décennies d’industrialisation sauvage et incontrôlée alors que les lois de protection de l’environnement étaient largement ignorées. Mais, contrairement aux dires de certains, la contamination de l’air, de l’eau, du sol et de la chaîne alimentaire n’est pas une conséquence inévitable de la modernisation économique. Cela ne devient inévitable que si ce développement économique est lui-même contaminé par le capitalisme et la recherche de profits au lieu de suivre une approche planifiée soumise au contrôle et à la gestion démocratiques de la classe ouvrière.

    Transfert de compétences

    Le nouveau MEE a obtenu un certain nombre de compétences précédemment détenues par la Commission nationale du développement et de la réforme, le Ministère des ressources en eau et le Ministère de l’agriculture. Le nouveau ministère dispose donc du contrôle des politiques relatives au climat, à l’eau et à la pollution agricole en plus des pouvoirs déjà détenus jusque-là par le Ministère de l’environnement.

    En Chine, les chiens de garde du régime en matière d’environnement ont toujours manqué de réel pouvoir. Ce n’était pas sans raison. Dans le but de réduire les coûts de production et de maximiser les profits, de puissants secteurs économiques tels que ceux de l’énergie, des mines et des transports de même que des élites régionales désireuses d’accroître leur pouvoir économique se sont opposés à l’émergence d’une puissante agence environnementale. Les tentatives répétées de renforcer la politique environnementale de la part du gouvernement central, par crainte de bouleversements politiques, s’inscrivent dans la lutte de pouvoir de Xi Jinping contre des intérêts rivaux.

    Le PCC a investi d’énormes capitaux dans la lutte anti-pollution (1.000 milliards de yuans, soit 130 millions d’euros, pour lutter contre la seule pollution des sols). Mais il reste encore à voir si le nouveau super-ministère sera à la hauteur du battage médiatique qui a accompagné sa naissance. Le South China Morning Post, un journal de Hong Kong favorable au régime de Pékin, a cité un ancien haut fonctionnaire du ministère de l’Environnement qui, s’exprimant anonymement, a avoué son scepticisme quant au fait que cela soit ‘‘suffisant’’.

    Ce journal faisait remarquer que le remaniement en profondeur des ministères gouvernementaux ‘‘n’est pas parvenu à instaurer un ministère de l’énergie tout-puissant pour superviser les vastes secteurs du charbon, du pétrole et de l’électricité du pays en dépit d’intenses attentes à ce sujet’’. A l’instar d’autres pays, le secteur des combustibles fossiles représente un bastion de puissants intérêts engagés corps et âmes dans un combat frénétique contre toute pression publique favorable à des politiques climatiques et anti-pollution capables de réduire leurs profits.

    Un bilan mitigé

    L’amélioration récente de la qualité de l’air à Pékin et dans d’autres villes du Nord au cours de l’hiver 2017-18 a été présentée par le PCC comme la preuve du bon fonctionnement de ses politiques. Si ces affirmations étaient vraies, cela représenterait un énorme changement dans la qualité de vie de dizaines de millions de personnes. La réalité n’est malheureusement pas si encourageante.

    En décembre 2017, Pékin s’est classée parmi les dix premières villes de Chine concernant la qualité de l’air (à la 9e place). Selon une analyse de Greenpeace, les niveaux moyens de particules fines PM2,5 (particules dangereuses en suspension dans l’atmosphère terrestre) ont chuté de 33,1 % à Pékin, Tianjin et dans 26 villes environnantes au cours des trois derniers mois de 2017. Mais en dépit de cela, les niveaux quotidiens moyens de PM2,5 étaient encore équivalents à plus du double du niveau considéré par l’OMS comme ‘‘dangereux’’, soit 25 microgrammes par mètre cube.

    Le régime du PCC revendique bien sûr d’avoir emporté une grande victoire grâce à ses politiques, qui comprennent notamment l’augmentation des inspections et sanctions pour violations de normes, la création de zones sans charbon, la délocalisation de certaines industries lourdes des environs de Pékin et la restriction de l’utilisation de voitures.

    Cependant, comme le souligne l’étude de Greenpeace, l’amélioration connue au cours de l’hiver est due à un ‘‘climat exceptionnellement favorable’’, les fronts froids de Sibérie apportant vents et pluies pour briser la pollution au sol. Selon Greenpeace, ce sont les conditions météorologiques qui ont permis d’abaisser les niveaux moyens de PM2,5 à Pékin d’environ 20 % en novembre et de 40 % en décembre.

    Plutôt qu’un succès retentissant, l’année 2017 a connu la plus faible amélioration de la qualité de l’air depuis le début de la ‘‘guerre contre la pollution’’ du PCC. Les niveaux moyens de PM 2,5 n’ont baissé que de 4,5 % dans l’ensemble du pays malgré des dépenses massives et la délocalisation de la production industrielle. En outre, les concentrations moyennes de PM2,5 ont augmenté dans certaines parties de l’est et du sud de la Chine, y compris dans le delta de la rivière des Perles. Les conditions météorologiques ont également joué un rôle dans ce phénomène, mais elles illustrent le déplacement de la production industrielle lourde polluante vers l’est et le sud après la répression rencontrée au nord.

    La domination capitaliste dictatoriale conduit à l’Armageddon écologie. La seule issue est de libérer le pouvoir créatif collectif du peuple en plaçant la classe ouvrière aux commandes du développement économique et politique, en éliminant le capitalisme et la bureaucratie incontrôlable et en transformant la société selon des lignes socialistes écologiquement durables.

  • La politique anti-pollution du régime chinois est vouée à l’échec

    Un mouvement environnemental de masse est nécessaire avec une production verte sous le contrôle des travailleurs

    Li Yiming, chinaworker.info

    Le mot “environnement” a été mentionné 89 fois par Xi Jinping dans son rapport du 19e Congrès du PCC, plus encore que “économie”. Il a envoyé des équipes d’enquête du gouvernement central dans les provinces pour vérifier les progrès des mesures anti-pollution. Les rapports indiquent que plus de 12 000 fonctionnaires et 18 000 entreprises ont été poursuivis.

    Les médias affirment qu’il s’agit de la plus grande campagne de protection de l’environnement de l’histoire de la Chine. Xi semble être un ardent défenseur de l’environnement, mais en fait, il est forcé d’agir face aux augmentations des protestations anti-pollution, ainsi que les énormes pertes économiques dues à la destruction de l’environnement. Cependant, la pression économique et le boycott non officiel des gouvernements locaux signifient que les politiques de Xi n’obtiendront pas de résultats substantiels.

    En octobre 2017, le périodique médical The Lancet a publié une étude selon laquelle plus de 1,8 million de Chinois ont été tués par la pollution en 2015, soit un cinquième de tous les décès en Chine. Un précédent rapport publié par l’Université de Nanjing révèle que parmi les 74 principales villes de Chine, un tiers des décès peut être attribué à la pollution par les PM2,5 (de fines particules de poussière aéroportées dangereuses).

    Qui plus est, la baisse des niveaux de PM2,5 dans le delta de la rivière des Perles et dans d’autres régions a entraîné un nouveau problème – une augmentation rapide de l’ozone troposphérique. L’ozone est produit par d’autres polluants exposés à la lumière du soleil. Elle est associée aux accidents vasculaires cérébraux et aux maladies cardiaques et a entraîné plus de 36 000 décès prématurés en Chine au cours des trois dernières années. La politique de “l’économie d’abord” de la dictature a conduit à une pollution généralisée et a fait que le régime du PCC “s’occupe d’une chose et en perd une autre de vue”.

    La pollution croissante, ainsi que l’inquiétude tout aussi croissante du public à l’égard des effets sur la santé, ont donné lieu à des manifestations antipollution de masse dans tout le pays. En novembre, la population de Zhaoqing, dans le Guangdong, est descendue dans la rue pour protester contre une troisième tentative du gouvernement local de construire un incinérateur d’ordures, le projet a été suspendu deux fois dans le passé en raison de manifestations.

    L’incapacité de résoudre ses problèmes de pollution a terni l’autorité du régime du PCC. Il est obligé de réagir, mais la campagne contre la pollution va accroître la pression sur une économie déjà fragile, ce qui signifie qu’il est peu probable que Xi la poursuive à tout prix.

    Au cours du premier semestre de 2016, le gouvernement a assoupli davantage la réglementation en matière de protection de l’environnement pour stimuler la faiblesse de l’économie, ce qui a entraîné la relance de nombreuses industries très polluantes comme l’acier, qui a aggravé le problème de la pollution atmosphérique.

    En décembre de la même année, un vaste nuage de brouillard couvrant 1,88 million de kilomètres carrés est apparu dans plus de 90 villes. Au cours des trois premiers trimestres de cette année, les concentrations de PM2,5 dans la région de Beijing-Tianjin-Hebei ont augmenté de 10 % par rapport à l’année précédente. Les effets ont été mondiaux – les émissions de gaz à effet de serre ont fortement augmenté en 2017 après deux années de stagnation, en raison du rebond de l’industrie lourde en Chine. La Société Générale estime que les mesures de protection de l’environnement coûteront à la Chine 0,25 % de son PIB annuel, et donc que lorsque de nouveaux risques de ralentissement économique se présenteront, Xi est susceptible d’assouplir à nouveau les contrôles de pollution.

    Des mesures bureaucratiques conduisant au chaos

    Dans le même temps, Xi Jinping se heurte également à la résistance des autorités locales, comme en témoigne le fait qu’il est contraint d’envoyer des équipes d’enquête au niveau local. Cependant, une telle intervention directe du gouvernement central a provoqué le chaos. De nombreux fonctionnaires cherchent à éviter les sanctions en fermant toutes les usines avant l’arrivée des équipes d’enquête, que les usines soient conformes ou non aux normes environnementales officielles. Cela a forcé le ministère de la Protection de l’environnement à intervenir et à mettre fin à cette réaction excessive.

    Pour résoudre le grave problème du brouillard hivernal, le gouvernement a interdit la combustion du charbon à Beijing et dans ses environs. Pourtant, la politique a été mise en œuvre à la hâte, de nombreuses régions n’ayant pas un approvisionnement stable en gaz naturel, laissant au moins des dizaines de milliers de familles sans chauffage pendant l’hiver rigoureux.

    La lutte contre la pollution nécessite des campagnes massives de protection de l’environnement et un contrôle démocratique de la production propre par les travailleurs sur une base socialiste. Les tentatives de Xi pour résoudre la crise environnementale par un mélange de mesures bureaucratiques et de mesures ” de marché ” n’aboutiront pas à des résultats substantiels à long terme, et déclencheront certainement une nouvelle colère massive.

    La politique du « chacun pour soi »

    En juin 2017, le président américain Donald Trump a annoncé que les États-Unis se retireraient de l’Accord de Paris, et les médias mondiaux ont surnommé la Chine le nouveau leader international dans la lutte contre le changement climatique. Pourtant, le régime chinois est l’un des plus grands obstacles à la lutte contre le changement climatique. Depuis le lancement du projet ” Belt and Road “, la Chine a construit de grandes quantités de centrales au charbon dans le monde entier et a dépassé le Japon en tant que premier exportateur mondial d’équipements de production d’électricité au charbon. Shanghai Electric, l’un des plus grands producteurs chinois de matériel électrique, a annoncé son intention de construire pour 6 285 Mégawatts de centrales électriques en Égypte, au Pakistan et en Iran, ce qui équivaut à dix fois les projets de construction chinois.

    Le régime du CCP espère utiliser le marché étranger pour alléger les pressions exercées par les mesures de réduction du carbone sur ses propres industries de l’électricité et du charbon. Ces nouvelles centrales électriques signifient que les objectifs de contrôle climatique fixés dans l’Accord de Paris seront impossibles à atteindre. La Banque mondiale a reproché à la Chine d’utiliser les pays les plus pauvres dont la réglementation en matière de protection de l’environnement est moins stricte comme « paradis de pollution », mais en même temps, la Banque mondiale a également déréglementé les limites environnementales pour concurrencer la Chine. C’est une course vers le bas au détriment du climat et de la santé des masses.

    Les socialistes s’opposent à la classe capitaliste qui recherche le profit au détriment de l’environnement et de la santé, nous nous opposons aussi aux puissances impérialistes qui exportent leur problème de pollution vers d’autres pays.

    La seule solution à la crise mondiale du climat et de la pollution est de construire un mouvement ouvrier international pour s’opposer au système capitaliste du « profit d’abord ». Nous devons nationaliser les banques et les grandes entreprises et les placer sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs, promouvoir la production propre dans le cadre d’une planification démocratique et investir davantage de capitaux et de ressources dans le développement d’énergies et de technologies propres.

  • Changement climatique et pollution. Le libre marché n’est pas la solution, c’est le problème!

    Il est plus que temps d’agir, le changement climatique est déjà un fait ! Les pires effets du changement climatique peuvent encore être évités en stoppant la hausse de la température moyenne par rapport à l’époque pré-industrielle pour la limiter à 1,5°C. C’est ce que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) affirme dans son rapport à destination du sommet climatique de décembre (la COP 24). Cependant, plus l’unanimité grandit sur l’urgence, plus il devient évident que les politiciens traditionnels restent sans réponse. Nous avons besoin de bien plus que des mesures individuelles : il nous faut des investissements publics massifs dans une planification économique écologique.

    Dossier de Michael Bouchez

    Le changement climatique et la pollution sont de plus en plus visibles et tangibles. Les phénomènes météorologiques extrêmes et les sécheresses tuent des dizaines de milliers de personnes par an et affectent des millions d’autres, obligées de fuir en raison d’ouragans, d’incendies de forêt, d’inondations ou de sécheresses dévastatrices. L’été chaud et sec de 2018 constitue un nouveau record. À l’échelle mondiale, à politique inchangée, nous sommes sur la voie d’atteindre une augmentation de 3 à 6° d’ici 2100. Les conséquences que cela représenterait pour l’homme et la nature sont incalculables.

    Les émissions de CO2 qui réchauffent la planète posent également des risques immédiats pour notre santé. Nos enfants grandissent dans les particules fines et la pollution. Selon Greenpeace, la Belgique est l’un des quatre pays les plus pollués d’Europe. Anvers est l’un des “hotspots mondiaux de l’azote”, avec Taiwan, Buenos Aires et Paris. Les particules fines et les substances toxiques que nous respirons quotidiennement causeront un afflux d’asthme, de maladies pulmonaires et de cancers. Les politiciens néolibéraux n’ont pas non plus de réponse à cette question : les émissions en Belgique ont de nouveau augmenté ces dernières années.

    Tous responsables ?

    Depuis des décennies, le problème climatique est dominé par les formules néolibérales. Ainsi, nous serions tous responsables car nous sommes tous consommateurs et pollueurs, les solutions seraient donc individuelles, liées à notre seul comportement. Beaucoup de gens font d’ailleurs de grands efforts. Nous ne constatons par contre pas du tout la même implication de la part de des réels responsables. L’empreinte écologique de l’être humain moyen est relativement faible. Mais les 10% les plus riches au monde émettent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale !

    Pendant des décennies, les consommateurs ont été mis en avant comme les vecteurs d’un changement grâce à leur comportement individuel. Les consommateurs seraient de nature à stimuler le libre marché à s’orienter vers les “entrepreneurs verts”. Cette manière de voir fut un échec.

    Les initiatives bien intentionnées qui dépassent le cadre du bête ‘‘greenwashing’’ et du capitalisme vert concernant une alimentation saine, locale et durable sont plus populaires aujourd’hui, mais elles atteignent les limites de leur marché de niche. Les prix des agriculteurs biologiques ne peuvent rivaliser avec l’agro-industrie, ce qui signifie qu’ils sont condamnés à rester dans la marge, avec des prix élevés, ou à être repris par des acteurs plus importants de l’agro-industrie qui négligent la production écologique mais savent repérer une bonne affaire. C’est ce qui s’est produit avec le fournisseur et producteur wallon d’électricité verte et de gaz naturel Lampiris, racheté par le pétrolier français Total en juin 2016.

    Les géants de l’agro-industrie, de l’énergie et de l’automobile sponsorisent les fameuses conférences des Nations Unies sur le climat. Ces conférences, comme la COP21 de Paris et la prochaine qui se tiendra en décembre à Katowice, en Pologne, doivent être saisie par le mouvement écologique comme occasion de dénoncer la mentalité de statu quo des dirigeants du monde, sans entretenir la moindre illusion envers ces dirigeants.

    Le sommet sur le climat est une occasion importante de discuter d’un programme qui rompt avec le cadre de pensée néolibéral et propose des revendications collectives pour s’attaquer aux vrais pollueurs plutôt qu’au consommateur individuel.

    Dès 1988, James Hansen, expert de la NASA, a averti qu’il existait un lien évident entre les émissions et le changement climatique. D’importantes campagnes de lobbying et des groupes de réflexion de l’industrie pétrolière et d’autres multinationales climato-sceptique ont pris des mesures pour semer le doute et mettre fin à toute forme de mesures structurelles, d’enquêtes financées par des fonds publics ou même de législation stricte. C’est le contraire qui s’est produit. Les grandes sociétés pétrolières et d’autres multinationales ont été laissées libres d’émettre du CO2 dans l’atmosphère et d’exploiter les ressources naturelles de la planète. Au lieu d’études financées par des fonds publics, les gouvernements néolibéraux ont laissé “l’initiative” au monde des affaires. Aujourd’hui, le déni du changement climatique n’est plus guère pris au sérieux dans l’opinion publique. Les efforts des partisans du statu quo visent à faire porter la responsabilité de la situation aux travailleurs et à leurs familles.

    Aujourd’hui, nous payons le prix de l’approche néolibérale du changement climatique et de la pollution. Depuis 1988, 71 % des émissions de CO2 ont été causées par 100 entreprises. Des sources d’énergie polluantes comme les sables bitumineux, la fracturation hydraulique et l’énergie nucléaire ont bénéficié d’investissements massifs. Les partis verts traditionnels sont les héritiers de ce néolibéralisme. En Flandre, Groen est avant tout un partenaire amical des entrepreneurs qui n’encourage que les initiatives individuelles visant à réduire la pollution et les émissions. En Wallonie et à Bruxelles, ECOLO ne diffère pas fondamentalement de cette approche. La facilité avec laquelle ECOLO entre en coalition avec le MR parle d’elle-même.

    A eux les profits, à nous la facture

    Le capitalisme fait payer sa soif de profits à la collectivité et à la nature. La problématique du plastique est un des derniers exemples illustratifs de ce fait. Les océans et la biodiversité sont asphyxiés par le plastique tandis que des microparticules de plastique pénètrent dans nos aliments. Est-ce la faute des consommateurs qui jettent leurs déchets dans la rue ou à la mer ? Payons-nous le prix de la paresse de l’être humain et de sa pensée à court terme ?
    Le plastique devenant de plus en plus utilisé, les emballages jetables sont devenus très populaires auprès des fabricants enthousiastes vis-à-vis des marges bénéficiaires en jeu. Les produits emballés individuellement restent frais plus longtemps et le plastique permettait de se débarrasser du nettoyage et du recyclage des bouteilles en verre.

    Les bouteilles en plastique pouvaient être incluses dans le prix de revient très bas et ensuite balancées sans le moindre frais pour le fabricant.

    Face à la montagne de déchets plastiques qui s’est soudainement développée et a pollué les parcs et les rivières, l’Etat du Vermont (aux Etats-Unis) a adopté en 1953 une loi interdisant la vente de boissons en emballages non réutilisables ! Dans les années qui ont suivi, les législateurs d’autres régions des États-Unis ont continué à chercher des réponses à la pollution.

    Mais les géants des boissons et les lobbies considéraient qu’il s’agissait d’une attaque contre leurs profits. La même année, Coca-Cola et d’autres géants de la boisson ont fondé avec Phillip Morris l’ONG ‘‘Keep America Beautiful’’ pour mettre pression sur les législateurs et enfoncer dans le crâne du public que le problème, ce n’était pas la production et la vente, mais bien la consommation et l’utilisation. A la population de gérer ses déchets et d’apprendre à recycler ! Après quatre ans de campagne contre la législation, le Vermont a abandonné sa loi et les fabricants ont pu produire des bouteilles en plastique et faire des profits à leur guise.

    La production de plastique est passée de 2,3 millions de tonnes en 1950 à 162 millions de tonnes en 1993 et 448 millions de tonnes en 2015. La moitié de la production est utilisée pour l’emballage et seule une fraction du plastique ‘‘recyclé’’ est effectivement recyclée.

    Ce que cela nous apprend, c’est qu’avant la consommation, il y a aussi la production. En fait, le plus grand succès de Keep America Beautiful a été de transférer la responsabilité environnementale au consommateur. La forme moderne du recyclage individuel, telle que nous la connaissons, provient de la campagne Keep America Beautiful, une campagne de capitalistes qui ont tout fait pour protéger leurs intérêts. C’est un phénomène qui est également apparu dans d’autres domaines et qui a été renforcé par le néolibéralisme.

    C’est un exemple historique qui montre que la logique du profit ne recule face à rien. Les grandes entreprises sont prêtes à (littéralement) empoisonner notre environnement tant que cela leur est rentable. Pour eux, les gobelets jetables étaient une économie, pour nous, pour notre planète, c’est devenu une activité très coûteuse qui met des vies en danger. Pour le capitalisme, la nature n’est qu’une source de ressources naturelles d’une part et de l’autre un terrain vague où balancer ses déchets.

    Sans réponse collective, le capitalisme saura voir une opportunité dans la crise. Le célèbre ‘‘Ocean Cleanup’’ de l’entrepreneur Boyan Slat qui a conçu un système pour pêcher le plastique dans les océans peut maintenant utiliser la crise causée par le modèle de profit pour faire des profits lui-même. Son business plan : ‘‘D’une part, les entreprises peuvent acheter/parrainer une installation, qui prend alors son nom à des fins de marketing. D’autre part, nous voulons fournir le plastique aux producteurs qui en font des produits de consommation. Ils paient pour le plastique comme matière première, mais obtiennent une licence sur notre marque, de sorte qu’ils peuvent rendre leurs produits distinctifs parce qu’ils sont faits de plastique Ocean Cleanup.’’ Notre environnement, leur jackpot.

    Quel programme pour le mouvement climatique ? Des investissements publics contre la soif de profits du privé

    Il nous faut des changements radicaux si l’on souhaite vivre dans un monde à l’oxygène respirable. Le slogan “System change, not climate change” est devenu populaire dans le mouvement climatique. Certains parlent d’ailleurs d’une ‘‘révolution climatique’’. Ces slogans illustrent une recherche de solutions. Mais nous devons aussi oser nommer ces ‘‘systèmes’’ et développer un programme pour réaliser ce ‘‘changement de système’’.

    Il faut stopper la production polluante et inutile, s’engager dans une planification rationnelle de la production, passer le plus immédiatement possible aux énergies renouvelables, se retirer des énergies fossiles et nucléaires, prendre des mesures collectives d’économie d’énergie telles que de meilleurs transports publics gratuits, l’isolation des logements, etc.

    Ces mesures pourtant absolument nécessaires s’opposent aux intérêts de l’élite économique et politique, car elles mineraient les taux de profit. Pour le capitalisme, la pureté de l’air, la propreté des océans, la biodiversité,… ce ne sont pas des incitants économiques. La rentabilité du charbon et du pétrole est bien supérieure à la recherche de sources d’énergie renouvelables.

    L’accent est mis sur le profit privé à court terme et les coûts sociaux (et donc aussi les coûts écologiques) sont imputés à la communauté et ses conditions de vie. Ce n’est que lorsque notre air ne pourra plus être respiré qu’il pourra faire des profits en vendant de l’oxygène. Pour ceux qui peuvent se le permettre, du moins.

    Le rôle de la classe ouvrière dans le mouvement climatique

    Dans le passé, les changements radicaux n’ont jamais été mis en œuvre par l’establishment lui-même. Les élites politiques et économiques ont tout au plus fait des concessions par crainte d’un mouvement masse. C’est l’action collective du mouvement ouvrier, inspiré par un programme socialiste, qui a imposé un changement. C’est également de cette manière que les législations en matière de santé et de sécurité au travail et dans les alentours des usines ont été introduites.

    La classe ouvrière est bien sûr aujourd’hui très diversifiée, elle fait face à une multitude d’activités et de problèmes. Pour ceux qui travaillent 8 heures par jour, qui ne peuvent joindre les deux bouts à la fin du mois, qui doivent s’occuper de leurs parents parce que les maisons de repos sont trop chères et qui doivent élever leurs enfants et les amener à l’école, la question climatique ne semble pas être la plus urgente. Nous avons souvent besoin de notre voiture pour conduire les enfants à l’école et au travail. Beaucoup ne se soucient pas de l’économie du partage, des potagers collectifs ou des zones à faibles émissions qui signifient que les vieux moteurs diesel doivent être remplacés par un neuf sans compensation. Beaucoup de travailleurs d’industries polluantes n’ont pas d’alternative s’ils veulent payer leurs factures et l’éducation de leurs enfants.

    Des bouleversements sociaux majeurs se sont produits lorsque les intérêts immédiats de la classe ouvrière ont coïncidé avec la nécessité de contester le système. Si nous voulons un changement, le mouvement climatique doit donc se concentrer sur un moyen d’impliquer les larges couches des travailleurs, plutôt que de tenter d’influencer des décideurs politiques acquis au capitalisme.

    Le personnel des transports publics est un exemple évident. Les actions de grève des cheminots ou des conducteurs de bus contre les économies et pour de meilleures conditions de travail sont un élément crucial du mouvement climatique. Le mouvement pour le climat peut développer la solidarité en travaillant avec les syndicats à l’élaboration d’un programme pour des transports publics plus nombreux et gratuits, un recrutement supplémentaire et une réduction de la charge de travail.

    On ne peut revendiquer des investissements publics massifs dans l’énergie durable et une sortie de l’énergie nucléaire et des énergies polluantes sans exiger un plan de reconversion, de formation et de création d’emplois dans ce secteur. Les syndicats du personnel de ces secteurs peuvent être mobilisés pour une sortie du nucléaire et des sources d’énergies polluantes, pour un programme de formation des travailleurs et une reconversion vers des emplois verts et sains.

    Cela stimulerait le débat sur les revendications climatiques et leur financement au sein des syndicats et du mouvement ouvrier. Un tel mouvement populariserait également l’idée d’un gouvernement de gauche représentant le mouvement ouvrier et climatique.

    Le programme de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon est un bon point de départ pour un programme écologique basé sur les intérêts des travailleurs. La FI prône la planification écologique, la nationalisation du secteur énergétique, la sortie du nucléaire, la reconversion des emplois, l’isolation de 700.000 logements par an, …

    En liant les besoins directs des travailleurs et de leurs familles aux mesures écologiques d’un programme socialiste, le mouvement climatique peut s’élargir et se renforcer tout en sortant du carcan idéologique néolibéral des partis verts traditionnels.

    Un parti révolutionnaire

    Cependant, nous ne devons pas nous leurrer. Un gouvernement de gauche qui tente de mettre en œuvre un tel programme et qui défie le système entrera immédiatement en conflit avec la bourgeoisie nationale, l’establishment européen, le FMI et les multinationales. Ils feront tout leur possible pour saboter une véritable transition écologique structurelle et collective, car elle affecterait fondamentalement leurs intérêts. C’est la leçon la plus importante de l’expérience de Syriza en Grèce : à leurs yeux, la démocratie ne doit jamais être en décalage avec le système capitaliste.

    C’est pourquoi, en plus d’un tel programme, un parti révolutionnaire est également nécessaire. En l’absence d’une direction révolutionnaire dotée d’un programme de lutte contre le chantage et le sabotage, les bonnes intentions d’un gouvernement de gauche risquent d’être balayées. C’est ainsi que Tsipras et Syriza ont finalement mis en œuvre le plus important plan d’austérité de Grèce, malgré la volonté du peuple grec de lutter contre ces mesures antisociales.

    Pour permettre une planification et une transition écologiques, une rupture avec le capitalisme est inévitable. Ici aussi, la classe ouvrière est la force sociale qui peut faire changer le système. Elle peut retirer les ressources naturelles et les moyens de production des mains de ceux qui causent les changements climatiques.

    En nationalisant également le secteur financier et d’autres secteurs-clés de l’économie et en les plaçant sous le contrôle démocratique et la gestion de la classe ouvrière, les ressources peuvent être générées pour faire les investissements dont nous avons besoin. Une économie socialiste et planifiée garantirait donc que les décisions soient prises en fonction des besoins de l’humanité et des coûts sociaux (et donc de la nature), plutôt qu’en fonction du profit.

    La recherche nécessaire mais coûteuse de nouveaux développements technologiques, les grands travaux d’infrastructure pour la production et la distribution d’énergie verte, les solutions inclusives et collectives pour nos transports,…. Bref, un plan d’urgence écologique ne donne rien d’un point de vue capitaliste. Combinés à un changement socialiste dans la société, ce sont des investissements démocratiques qui constituent un atout inestimable et une valeur ajoutée pour l’humanité, son environnement et les générations futures.

    Le programme du PSL

    • La mobilisation des activistes, des syndicats et des jeunes dans un mouvement de masse contre les investissements destructeurs soutenus par l’establishment politique.
    • Des transports publics plus nombreux, meilleurs et gratuits, seule véritable alternative aux bouchons et aux particules fines.
    • Une conversion rapide aux sources d’énergie véritablement renouvelables : énergie éolienne, houlomotrice et solaire, …
    • La mise en œuvre de mesures collectives sur base d’un financement public pour économiser de l’énergie, notamment pour rendre les maisons basse énergie.
    • Un programme à grande échelle de reconversion en emplois verts et décents pour parvenir à une reconversion énergétique.
    • Solidarité avec la lutte des populations locales victimes de la sécheresse, des inondations, …
    • Pour une politique d’asile digne et humaine qui ne fasse aucune distinction entre réfugiés politiques, économiques et climatiques.
    • L’expropriation et la nationalisation de la production et de la distribution énergétique sous contrôle démocratique. Combiné à la nationalisation du secteur financier et de la recherche scientifique, les investissements énormes mais nécessaires pourraient être réalisés en peu de temps.
    • Une production socialiste planifiée démocratiquement et basée sur les besoins de la population qui tienne compte de la protection de notre environnement.

  • 27/01 : Sauvons notre planète du capitalisme !

    Ce dimanche 27 janvier 2019, 14h, Rond-Point Robert Schuman

    Les Étudiants de Gauche Actif rejoignent avec enthousiasme l’appel en faveur d’une nouvelle marche pour le climat le 27 janvier prochain, deux mois à peine après la marche historique de 100.000 personnes du 2 décembre. Notre gouvernement a tout simplement ignoré la colère des jeunes, des travailleurs, des syndicats et des militants. La Belgique n’a même pas signé la coalition symbolique pour une hausse des ambitions climatique de Katowice. Comme l’a dit l’écolière suédoise Greta Thunberg : ils nous privent de notre avenir alors que nous le revendiquons. Une nouvelle mobilisation de masse montrera à quel point nous sommes sérieux.

    Ce discours audacieux de l’écolière suédoise Greta Thunberg lors de la COP24 est devenu viral sur les réseaux sociaux. Elle accuse les politiciens de s’en prendre au changement climatique avec les recettes qui sont précisément à l’origine du problème. Notre planète, dit-elle, est ‘‘sacrifiée pour qu’un très petit groupe de personnes puisse faire d’énormes profits’’. Elle conclut en expliquant que ‘‘s’il n’y a pas de solutions dans le cadre du système, nous devrions peut-être changer le système lui-même’’.

    La Belgique ne fait pas exception. Partout dans le monde, la soif de profits est prioritaire, au détriment de notre planète et de notre avenir. Les politiciens néolibéraux défendent les intérêts des actionnaires des compagnies pétrolières, du secteur énergétique et des multinationales.

    Des solutions collectives qui réduiraient les émissions de manière drastique sont inenvisageables pour ces politiciens, car elles constitueraient une attaque frontale contre le capitalisme. Tout comme ‘‘Rise for Climate’’, les organisateurs de la marche, nous prônons la gratuité des transports publics comme alternative à la voiture. Nous exigeons également une recherche scientifique sur fonds publics plutôt que la logique de brevets privés, des investissements publics massifs pour des alternatives énergétiques et des emplois verts,…

    Il y a assez d’argent et de richesse pour cela. ‘‘Rise for Climate’’ exige à juste titre d’utiliser l’argent qui dort dans les paradis fiscaux pour financer ces mesures.

    Sous le capitalisme, cependant, la richesse n’est utilisée qu’au profit des capitalistes. Par conséquent, l’appel en faveur d’un véritable changement de système ne doit pas rester vague. Le capitalisme doit être remplacé par une planification écologique et une gestion démocratique des ressources naturelles et des principaux secteurs économiques. Un secteur de l’énergie nationalisé et géré démocratiquement permettrait de développer la recherche et d’orienter la production en fonction des intérêts de la majorité de la population et de la planète.

    Un tel changement de société ne tombera pas du ciel. Nous ne pouvons certainement pas compter sur les politiciens néolibéraux. Sous la pression du mouvement, ils prendront tout au plus un certain nombre de mesures superficielles. Un véritable changement ne peut naître que de la lutte organisée de la classe des travailleurs, seule force sociale capable de placer les entreprises sous contrôle démocratique des travailleurs. C’est pourquoi les Étudiants de la Gauche Actif plaident également pour un rôle actif du mouvement organisé des travailleurs et des syndicats dans le mouvement climatique.

  • Canicules, inondations, feux de forêt : changeons le système, pas le climat!

    Près 90 personnes sont mortes au Québec en raison de la canicule de juin et juillet 2018. Cette vague de chaleur extrême est la pire depuis 2010. La population du Québec a vécu un autre phénomène exceptionnel l’an dernier lors des inondations printanières. L’été 2018 est aussi celui où les feux de forêt en Colombie-Britannique et en Californie ont été les plus dévastateurs. Ces crises environnementales sont des symptômes locaux d’un réchauffement climatique global. De la Sibérie jusqu’en Algérie, on enregistre des records de chaleur partout sur la planète.

    Par Julien D., Alternative Socialiste (section québécoise du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Le marché est incapable de résoudre la crise environnementale

    Aucune personne sensée ne peut nier le rôle que joue le secteur des combustibles fossiles, axé sur le profit, dans la crise environnementale actuelle: 90 sociétés sont à l’origine de 2/3 des changements climatiques d’origine humaine! Les profits très élevés qui proviennent de l’exploitation des mines et des combustibles fossiles agissent comme un frein dans la recherche et le développement de sources d’énergie alternatives. Pourquoi ces compagnies qui, dans la pratique, dictent la marche des politiques énergétiques nuiraient-elles à leur profitabilité en développement des énergies vertes?!

    Certaines le font tout de même. Or, si l’investissement dans les énergies renouvelables paraît profitable pour certaines entreprises, le développement de ces énergies ne s’est pas accompagné d’une baisse des émissions de CO2. Selon le Global Carbon Project, ces émissions ont plutôt augmenté de 2% en 2017, après une période de stabilisation de trois ans due en partie au ralentissement de l’économie chinoise. Si la situation actuelle perdure, plusieurs équipes de scientifiques prédisent que la Terre pourrait franchir un point de rupture. Elle se transformerait en « étuve » incontrôlable d’ici quelques décennies.

    Pourquoi sommes-nous incapables de régler ce problème? Parce que le capitalisme et l’économie de marché constituent les véritables obstacles à la réduction des émissions de CO2 et à la lutte aux changements climatiques.

    La majorité écope

    Qui écope le plus des changements climatiques? Qui doit migrer parce que leur coin de pays devient invivable? Qui ingèrent ou respirent les produits chimiques que rejette l’usine en face de chez eux? Qui décède davantage durant les canicules? Qui se retrouvent à tout perdre tout lors d’inondations ou de feux de forêt? Les travailleurs, les travailleuses et les personnes les plus vulnérables.

    L’histoire des luttes nous montre que seuls des mouvements de masse qui demandent des actions concrètes et immédiates sont en mesure d’arrêter les plans polluants des entreprises et des gouvernements qui les défendent. La résistance populaire partout au Canada, en particulier en Colombie-Britannique, contre la construction du pipeline Kinder Morgan montre comment la solidarité des militant·e·s, des syndiqué·e·s et des peuples des Premières Nations peut faire reculer les multinationales. Les libéraux de Justin Trudeau ont toutefois montré leur vrai visage – celui de la soumission aux intérêts pétroliers et du mépris des droits des peuples autochtones – en achetant le pipeline pour 4,5 milliards $ (avec un coût supplémentaire de construction estimé à 9,3 milliards $). Cet achat du gouvernement retire tous les risques pour Kinder Morgan et les transfère sur le dos des Canadiens et des Canadiennes sans leur avoir demandé leur avis.

    Tous ces milliards investis dans le réchauffement climatique ne garantiront que 90 emplois permanents. Imaginez combien d’emplois durables et de qualité un tel investissement dans les énergies renouvelables, les transports en commun, la construction de logements abordables et la rénovation écologique des habitations pourrait garantir!

    Pour un contrôle démocratique des ressources

    Les capitalistes et les gouvernements qui les défendent évitent habituellement les investissements publics pour lutter contre les émissions de CO2. Dans le meilleur des cas, ils s’appuient sur des systèmes d’échange de droits d’émission (bourse du carbone) et des incitations privées. Ils finissent néanmoins par abandonner ces mesures à l’instant où ils le peuvent, comme le gouvernement ontarien de Doug Ford vient de le faire.

    L’alternative au gaspillage et à la pollution capitaliste réside dans le contrôle public et démocratique des ressources naturelles. L’énorme richesse contrôlée par les investisseurs capitalistes ainsi que les commandes de l’industrie de l’énergie doivent être mises sous contrôle public et démocratique si nous voulons qu’elles prennent le chemin des énergies propres. Une planification socialiste est nécessaire pour orienter la production sur la base des besoins humains et non du profit. Seule une telle planification peut orienter la production sur la base des intérêts de la collectivité et non d’une poignée d’individus. De cette manière, les communautés qui dépendent des emplois dans le secteur des combustibles fossiles pourront reconvertir ces emplois selon leurs besoins.

    Pour éviter d’autres morts inutiles ou pour empêcher d’autres déversements pétroliers, bâtissons des mouvements de lutte massifs contre les projets pétroliers et pour des services publics verts, gratuits et de qualité!

  • Marche historique pour le climat à Bruxelles : Socialist change not climate change !

    L’anxiété et la colère de la population augmentent. L’avenir de notre planète est en jeu. Le rapport du GIEC nous donne 12 années supplémentaires pour éviter une catastrophe écologique irréversible. L’establishment politique ne semble néanmoins pas prendre au sérieux la gravité de la situation. La montée en puissance de la marche historique pour le climat à Bruxelles montre qu’une partie croissante de la population n’en peut plus.

    Les dizaines de milliers de manifestants ont assailli la gare de Bruxelles-Nord plusieurs heures durant. En termes de taille, cette mobilisation faisait immanquablement penser à la grande manifestation syndicale d’octobre 2014 ou la manifestation ou aux manifestations contre la guerre en Irak de 2003. La police a parlé de 65.000, mais c’était clairement une sous-estimation. Même les 75.000 participants annoncés par les organisateurs nous semblaient représenter une estimation plutôt basse. Peut-être que nous étions 100.000 !

    La pluie légère n’a pas freiné l’enthousiasme des manifestants, mais la participation aurait sans doute été encore plus imposante par beau temps. De nombreuses familles avaient toutefois fait le déplacement, avec des enfants parfois très jeunes. Le changement climatique et la lutte contre ce phénomène constituent une question de premier plan, et cela est ressenti comme tel pour une masse de gens. Toute la question est maintenant de savoir comme aller de l’avant.

    Les points de vue sont bien entendu fort différents dans une manifestation d’une telle ampleur. Certains préconisent des mesures plus individuelles, comme les taxes sur le transport aérien. Mais il est clair que la population ordinaire paye déjà trop cher, comme les protestations des Gilets Jaunes l’ont clairement illustrées ces derniers temps. Quelques-uns de ces Gilets Jaunes étaient d’ailleurs présents dans le cortège pour le climat pour illustrer par leur présence que la lutte contre les prix élevés du carburant ne signifie pas que l’on accepte la pollution. Le fait est que les investissements dans des alternatives respectueuses de l’environnement manquent : les 5,5 milliards d’euros que le gouvernement tire chaque année du carburant représentent plus que la totalité des subsides des autorités à tous les transports en commun réunis. Ce constat parle de lui-même.

    L’appel à la prise de mesures plus collective se fait plus fort. Beaucoup de gens essaient de faire leur part, mais ils remarquent bien que l’on ne remarque pas d’efforts similaires de la part de ceux qui sont vraiment responsables. Tant que les grandes entreprises domineront des secteurs comme celui de l’énergie, cela ne changera pas. Les sommets sur le climat peuvent encore donner naissance à une myriade de déclarations de bonnes intentions, ces dernières sont insuffisantes. Nous n’aurons pas de véritable changement sans moyen de contrôle sur les industries polluantes. Et l’on ne contrôle pas ce que l’on ne possède pas. Il est grand temps de placer le secteur de l’énergie dans les mains des pouvoirs publics et d’accorder des fonds publics suffisants pour la recherche scientifique et le développement d’énergies alternatives durables à grande échelle. Il est également grand temps d’investir massivement dans les transports publics, au lieu de faire des économies comme c’est le cas actuellement (la SNCB a économisé 663 millions en cinq ans, dont les conséquences se font sentir chaque jour sur le personnel et les voyageurs).

    Le “capitalisme vert” n’est pas une réponse. Cela a été tenté, en vain. La consommation ne peut être considérée isolément de la production. Auparavant, le patronat belge (par la voix de la FEB) a mis en garde contre des objectifs climatiques trop ambitieux parce que cela “ne doit pas nuire à la compétitivité”. Face au chaos du capitalisme, nous prônons une alternative socialiste : une société dans laquelle la majorité de la population décide quoi et comment produire pour que les intérêts de l’être humain et de la planète soient centraux. Mais pour y parvenir, il nous faut construire une relation de force. Cette manifestation était à ce titre un excellent pas en avant. Le changement est toujours imposé par l’organisation et la lutte, autour des travailleurs et de la jeunesse.

    La rapidité avec laquelle nous pourrons parvenir à une solution collective fondamentale dépendra du rôle du mouvement ouvrier dans le mouvement climatique. Celui-ci détient les clés de l’économie. Avec l’arme de la grève, ils peuvent retirer les ressources naturelles et les moyens de production des mains de ceux qui causent le changement climatique – les capitalistes – et construire une alternative socialiste sous leur contrôle et leur gestion démocratiques.

    Lors de la manifestation, nous avons formé une délégation combative et avons reçu une bonne réponse pour notre matériel politique. Les badges sont partis comme du pain et nous avons vendu plus de 100 exemplaires de notre mensuel en dépit de la pluie. Des dizaines de manifestants ont également laissé leurs coordonnées pour être tenus au courant de nos activités. Voulez-vous rejoindre la lutte pour une société socialiste ? Contactez-nous pour devenir membre !

    Reportage-photos, par Liesbeth :

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    Vidéo de notre délégation :

  • Plus que 12 ans pour éviter un désastre écologique irréversible

    L’écologie libérale est impuissante, la lutte pour la sauvegarde de l’environnement sera anticapitaliste ou sera vaine

    L’existence du système capitaliste représente moins de 1% de l’Histoire de l’humanité. C’est pourtant suite à son règne dévastateur que la planète pourrait être détruite. Tant et si bien que certains experts en matière d’écologie, qui parlaient jusqu’à présent d’anthropocène pour définir la responsabilité de ‘‘l’activité humaine’’ dans le réchauffement climatique, dénoncent aujourd’hui le capitalocène. Selon eux, cette modification sémantique est stratégique : il faut désormais penser la fin du capitalisme, et non la fin du monde.

    Par Sébastien (Liège)

    Ce 7 octobre, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a rendu publique son étude sur les effets d’un réchauffement de 1,5°C des températures mondiales (par rapport à l’époque préindustrielle). Ce rapport fut commandé en 2015 à Paris lors de la COP 21, durant laquelle 197 États s’étaient engagés à respecter cette limite. Le verdict des 86 auteurs principaux mobilisés pour cette étude est tombé, et il est sans équivoque : non seulement un tel réchauffement aurait des conséquences dramatiques sur la planète mais, en plus, ‘‘chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire porte en lui un risque mortel’’, affirme Emilie Both, porte-parole d’Oxfam France. La publication de ces résultats vise en fait à relever les ambitions climatiques des États en vue de la COP 24 de décembre prochain.

    L’Accord de Paris sur lequel a débouché la COP 21 doit toutefois être considéré comme ce qu’il est vraiment : un catalogue de vœux pieux. Depuis la signature de ce texte, les émissions mondiales de CO2 ont d’ailleurs inexorablement augmenté. A cette occasion, les gouvernements ont une fois de plus prouvé qu’ils ne peuvent aller à l’encontre des intérêts du secteur pétrolier, des lobbies nucléaires et des multinationales.

    Le capitalisme est la cause première du changement climatique

    Le système dans lequel nous vivons permet à huit personnes de posséder autant de richesse que les 50 % les plus pauvres de la population mondiale. Il fonctionne de sorte que 82% des richesses créées en 2017 ont bénéficié aux ultra-riches.

    Cette tendance à l’accumulation de la majorité des richesses par une infime minorité, au détriment de la majorité de la population, ne représente pas une faille du système capitaliste : c’est sa raison d’être. Or, cette recherche d’accumulation infinie de richesses rentre inévitablement en contradiction avec la nécessité de sauvegarder un monde aux ressources naturelles qui, elles, sont limitées. En 2015, un rapport du FMI indiquait que les subventions allouées aux énergies fossiles représentaient 10 millions de dollars par minute (4740 milliards d’euros pour cette même année), soit 4,5 % du PIB mondial : le secteur des énergies fossiles est davantage subventionné que l’ensemble des programmes de santé publique dans tous les pays de la planète !

    Pourtant, l’utilisation de ce type d’énergies continue de se faire à un coût environnemental de plus en plus élevé. Nicholas Stern, économiste et spécialiste du climat à la London School of Economics précise qu’il n’y a non seulement ‘‘aucune justification aux énormes subventions attribuées à ces combustibles fossiles’’ mais, qu’en plus, elles ‘‘nuisent aux économies, en particulier dans les pays les plus pauvres’’.

    Aujourd’hui, cette recherche de profits engendre de véritables ravages sanitaires et environnementaux. Selon l’ONG internationale Carbon Disclosure Project, plus de 70 % des émissions de gaz à effet de serre émise depuis 1988 émanent de seulement 100 entreprises, dont les 25 premières sont responsables à elles seules de la moitié des émissions globales !

    L’écologie libérale individualise les solutions

    Le constat est alarmant et quasiment plus personne ne le remet en cause. Mais le discours majoritaire repose sur le changement de nos habitudes de consommation et les pressions sur la classe politique. A aucun moment il n’est fait mention du système capitaliste. Ce n’est pas un hasard. La logique néolibérale pousse à envisager les choses sous l’angle individuel, par le pouvoir de notre portefeuille.

    Pour beaucoup de gens, cela semble être le plus accessible. Mais la solution la plus accessible n’est pas toujours la meilleure. En effet, à moins d’être l’un des frères des industries Koch (active dans le génie pétrolier et chimique, la finance, le courtage de matières premières et l’élevage) qui, à elles seules, relâchent environ 24 millions de tonnes de CO2 par an dans l’atmosphère, il y a peu de chance que nos choix individuels impactent le changement climatique. Reposer essentiellement sur le changement de consommation, c’est ce qui a été favorisé ces dernières décennies. Il faut en faire le bilan : il est urgent de changer d’approche !

    On ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas !

    Ce n’est pas tant l’individu qui est la cause du problème que l’organisation sociale et les rapports de productions. Tous les modes d’organisation de la production économique n’ont pas un impact identique sur l’environnement. Le capitalisme est un système où la production est très chaotique. Au contraire, une économie démocratiquement planifiée – où les secteurs-clés de l’économie seraient contrôlés et gérés par la collectivité – pourrait prendre en compte les besoins de toute la population dans le respect des ressources de la planète.

    Le mouvement climatique doit s’orienter vers ceux qui sont en mesure de retirer le contrôle de la société des mains des entreprises : les travailleurs. Les syndicats peuvent jouer un rôle crucial dans le mouvement environnemental en étendant au reste de la société les revendications et méthodes qu’ils ont utilisées pour la protection de la santé et de la sécurité au travail. L’organisation des travailleurs dans la lutte peut également poser les bases de comités démocratiques capables à terme de prendre en charge la gestion des entreprises.

    Toutes les grandes conquêtes sociales ont été acquises grâce aux mobilisations de masse et à l’arme de la grève. Aucune amélioration de nos conditions de vie n’a été obtenue en la demandant gentiment. Elles ont toutes été arrachées par la lutte. Il nous faut nous organiser et lutter ensemble autour d’un programme de transformation socialiste de la société.

  • 2 décembre : Marche pour le climat !

    2 décembre : Marche pour le climat !

    CLAIM THE CLIMATE – 2 DÉCEMBRE
    Manifestation pour le climat – 12h00 – Bruxelles-Nord

    Les journaux en parlent, les livres et les documentaires ne manquent pas, le monde scientifique publie des montagnes de données alarmantes qui mettent en garde face à un avenir dramatique. L’ampleur de ce qui arrive peut sembler irréelle, mais nous en faisons déjà l’expérience. 2018 est une nouvelle année record en termes de températures, de sécheresse et de catastrophes climatiques. Un constat s’impose : cela ne va faire qu’empirer.

    Les solutions font, quant à elle, moins l’unanimité. En décembre, un nouveau sommet réunira les dirigeants du monde. La COP24 a lieu à Katovice, en Pologne. Il ne faut pas nous attendre à autre chose que des phrases pompeuses et des promesses creuses. A la veille de cette rencontre, une manifestation est organisée à Bruxelles. Ce sera la plus grande mobilisation sur ce thème depuis la manifestation d’Ostende en 2015, à l’occasion de la COP21 de Paris.

    Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et le Parti Socialiste de Lutte (PSL) mobilisent pour cette importante manifestation, sans toutefois entretenir la moindre illusion envers les dirigeants du monde présents au sommet climatique. Ils défendent en premier lieu les intérêts des multinationales, pas les nôtres ni ceux de l’environnement.

    Il est urgent de débattre de ce modèle économique qui exploite et détruit notre planète. Le mouvement écologique doit adopter une approche qui vise à s’attaquer au modèle de production économique au lieu de se concentrer sur la consommation qui en découle.

    Le capitalisme est le principal responsable des problèmes climatiques et de l’absence de solution. Le chaos du marché libre et la soif insatiable de profit ne laissent aucun espace à des solutions durables. Celles-ci exigent de disposer d’un contrôle démocratique sur les ressources naturelles. En d’autres termes : il faut remplacer cette économie de la soif de profits par une planification socialiste.

  • Le capitalisme c’est la crise ! Rejoins la résistance !

    Les Étudiants de Gauche Actifs et les sections de Liège du PSL vous invitent à participer à leur meeting : Capitalisme = pauvreté, pollution, guerre, des gens qui fuient, discrimination et crise. Pourquoi le socialisme est-il nécessaire ?

    Jeudi 18 octobre, 18h30, ULg Place du XX Août, salle Petit Physique

    LE CAPITALISME, C’EST LA CRISE ! REJOIGNEZ LA RÉSISTANCE !
    D’où proviennent la pauvreté, la guerre, les discriminations, la crise écologique ? Ne pouvons-nous pas mettre un terme à tout ça ? N’y a-t-il pas assez de richesses pour répondre aux besoins de tout le monde ? 10 ans après la crise, on nous parle de relance économique. Mais 82% des richesses produites en 2017 ont été accaparées par le pourcent le plus riche, selon Oxfam. Parallèlement, les travailleurs et la jeunesse doivent continuer de supporter l’austérité budgétaire. Comment expliquer cette inégalité ? Par la nature humaine ou celle du système capitaliste ?

    DRAME ÉCOLOGIQUE
    Les effets de la crise écologique sont de plus en plus tangibles : canicules plus fréquentes, fonte des glaciers et catastrophes naturelles à répétition. On sait tous que la situation est urgente, on essaie de faire notre part, mais les gros pollueurs – les multinationales et le secteur énergétique – n’en ont que faire. Leur soif de profits passe avant tout le reste et nous en payons l’addition. Nous avons besoin de solutions collectives. Cela passe par des investissements publics massifs pour développer les énergies renouvelables et les alternatives durables. Mais comment faire quand les magnats du pétrole et du nucléaire dominent l’ensemble du marché de l’énergie ? De quelles revendications et méthodes le mouvement environnemental a-t-il besoin ? Comment construire une société où l’humanité traiterait fondamentalement autrement les ressources naturelles et son environnement ?

    GUERRE, RÉFUGIÉS ET RACISME
    Pour la guerre et l’exploitation, l’argent ne manque pas. L’OTAN a décidé en 2017 d’investir 5 % de moyens en plus dans la Défense pour sécuriser l’accès aux matières premières et à la main-d’œuvre bon marché. Les conséquences de cette politique impérialiste sont dramatiques : des millions de réfugiés fuient leurs pays dévastés à la recherche désespérée d’une vie meilleure.

    L’establishment politique et les populistes de droite comme Trump, Francken ou Orban sont responsables de ce désespoir. Leur politique internationale crée la misère et les ruines que fuient les migrants. Et ensuite, ils les rendent responsables des problèmes sociaux (emplois, logements,…) que nous connaissons ici ! Ce type de discours dans une société sans cesse plus dure, c’est du pain béni pour l’extrême droite et les idées les plus réactionnaires. Schild & Vrienden, ça vous dit quelque chose ? Diviser pour mieux régner, cela ne profite qu’aux plus riches et à la haine d’extrême droite. Le problème, c’est le banquier, pas l’immigré !

    REJOINS EGA
    Les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) luttent contre le racisme, le sexisme, la LGBTQI+phobie et le terreau qui leur permet de se développer : le capitalisme, ce système qui nous monte les uns contre les autres pour quelques miettes alors que les riches n’ont jamais été aussi riches. Mais ce n’est pas une fatalité ! De plus en plus de gens recherche une issue aux crises du capitalisme. Mélenchon (France), Corbyn (UK), Bernie Sanders (USA), etc. expriment cette recherche. Ça et là, les (vraies) idées du socialisme refont surface et sont une source d’inspiration.

    ON NE CONTRÔLE PAS CE QUE L’ON NE POSSÈDE PAS !
    Viens à notre rencontre et discute avec nous de ce que signifie le socialisme et de la manière de lutter pour une société où les êtres humains et la nature ne sont pas sacrifiés pour les profits d’une poignée d’ultra-riches.

  • Le marxisme et l’environnement

    Le marxisme est souvent accusé à tort de tenir l’environnement pour acquis — dans la poursuite de la croissance économique requise afin de soulager la pauvreté et le besoin. Pourtant, rien ne pourrait être plus loin de la vérité. S’inspirant des travaux de Marx et de Engels, ainsi que des expériences vécues lors des premières années de la Révolution russe, Per-Åke Westterlund (Membre de la section du CIO en Suède) remet les pendules à l’heure.

    Il y a deux accusations communes portées contre le marxisme au sujet de l’environnement, de la part de la droite et de certains militant·e·s écologistes, ainsi que d’une partie de la gauche. La première est que Karl Marx avait une vision trop positive de l’industrialisation et voyait la nature comme une source infinie à exploiter. La seconde est que le marxisme (URSS) porte la responsabilité pour quelques-unes des pires catastrophes écologiques de l’histoire.

    Contrairement à ces prétentions, la conscience et l’esprit de lutte pour l’environnement ne sont pas nouveaux pour les marxistes. En fait, Marx était un pionnier dans l’analyse et la critique des effets destructeurs de l’industrialisation capitaliste envers la nature ainsi que la société. Autant Marx que Friedrich Engels, auteurs du Manifeste communiste en 1848, ont étudié et suivi de près la science dans tous ses domaines.

    La production industrielle capitaliste, ainsi que la classe ouvrière (le prolétariat) et son travail, venaient de faire leur apparition dans les décennies précédentes, mais ont été comprises immédiatement par Marx en tant qu’éléments clés du développement de la société. Souligner le rôle central de la classe ouvrière ne voulait pas dire ignorer l’environnement et la nature.

    Curieusement, Marx voyait le travail comme étant «?un processus dans lequel l’homme et la nature participent tous les deux?». Ceci est souligné dans la Critique du programme de Gotha — le programme adopté par le congrès fondateur du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) en 1875. Marx conteste l’affirmation inscrite au programme, soit que « ?le travail est la source de toute richesse et de toute culture ». « Le travail n’est pas la source de toute richesse », écrivit Marx. « La nature est autant la source de valeurs d’usage (et c’est sûrement en cela que la richesse matérielle consiste !) que le travail, qui est lui-même la manifestation d’une force de la nature, la force de travail humaine ». L’idée erronée selon laquelle le travail serait la seule source de la richesse provenait de Ferdinand Lassalle, et non de Marx.

    Marx s’inquiétait des effets de la perturbation dans la relation entre l’humanité et la nature. Pour cette raison, il voyait l’aliénation des travailleurs et travailleuses dans la production capitaliste comme faisant partie du même processus que l’aliénation humaine de la nature. À son époque, ceci était particulièrement évident dans l’industrialisation de l’agriculture.

    La classe ouvrière était et continue d’être à la pointe des effets du capitalisme sur l’environnement. Par exemple, les compagnies énergétiques – pétrole, charbon, énergie nucléaire – posent une menace directe envers les travailleurs et travailleuses dans ces industries, ainsi qu’envers les populations et l’environnement naturel dans des régions ou des pays entiers. Les travailleurs et travailleuses dans ces industries sont souvent les plus conscient·e·s de ces dangers. La lutte pour améliorer l’environnement de travail représente une partie importante de la lutte environnementale.

    De plus, la philosophie marxiste (le matérialisme dialectique) offre les moyens d’analyser et d’expliquer la crise climatique d’aujourd’hui. Marx et Engels, au milieu du 19e siècle, ont démontré en quoi la société et la nature se développent via l’accumulation de contradictions menant à une rupture qualitative. Aujourd’hui, la recherche sur le climat fait l’écho de cette méthode en nous avertissant des points de basculement, ces moments où l’environnement passe irréversiblement d’une phase à une autre.

    Parmi ceux et celles qui blâment Marx d’avoir négligé l’environnement, plusieurs n’ont pas étudié ses œuvres, mais plutôt celles de ses prétendu.e.s « disciples » sociaux-démocrates ou staliniens. Les sociétés qu’ils et qu’elles ont construites, en les qualifiant de socialistes, contredisaient complètement Marx en ce qui concernait la démocratie ouvrière, le rôle de l’État, ainsi que le traitement de l’environnement. Par contraste, Marx avait prédit que la « science naturelle… deviendrait la base des sciences humaines, car il s’agit déjà de la base de la vie humaine » (Manuscrits de 1844).

    Marx sur la nature

    Afin de comprendre le marxisme et l’environnement, il faut d’abord comprendre la méthode : Marx considérait toujours le monde et son histoire, dans leur totalité, comme points de départ de son analyse et de son programme. Le fait que Marx voyait le capitalisme comme un système historiquement progressiste a souvent été mal compris et dénaturé. Par exemple, Michael Löwy, du Secrétariat unifié de la Quatrième Internationale, a écrit que Marx avait « une attitude plutôt non critique envers la civilisation industrielle, particulièrement sa relation destructrice avec la nature ». Löwy réclamait également que « Marx ne possède pas une perspective écologique intégrée » (For a Critical Marxism, Against the Current, novembre et décembre 1997).

    Tout d’abord, si le capitalisme avait un côté progressiste, selon Marx, c’était en comparaison au féodalisme, c’est-à-dire qu’il n’était que temporairement progressiste. La réalisation principale du capitalisme était la création de la première société qui jetait les bases non seulement de son propre anéantissement, mais également de celui de toute société de classe. La prise de pouvoir par la classe ouvrière, supportée par les paysan·ne·s pauvres, amènerait le règne de la majorité et le début d’une évolution vers une société complètement différente. Déjà, dans la Commune de Paris en 1871, où les ouvriers et ouvrières ont pris le pouvoir pendant deux mois, la perspective de Marx fut démontrée.

    Comprendre le rôle du capitalisme ne correspond pas à une défense de ce système. Marx, avant et plus que n’importe qui, voyait dans le capitalisme un système de production de profits grâce au surtravail. La science et les forces naturelles sont adaptées et exploitées à cette fin. La santé des ouvriers et ouvrières est ignorée, tout comme les effets sur la nature. Marx a vu juste et dénonçait les mesures prises afin de d’adapter la nature au capitalisme. Certain.e.s critiques disent que Marx envisageait la nature comme une chose gratuite et illimitée. Mais le point qu’il avançait était que la nature n’avait aucune valeur dans un régime capitaliste. Sa propre conclusion était que la nature non exploitée avait sa propre valeur d’usage, par exemple l’air, la forêt, les poissons.

    Marx étudia le matérialisme non-mécaniste d’Épicure (341-270 av. J.-C.) et la dialectique de GWF Hegel (1770-1831) et développa sa philosophie, le matérialisme dialectique. Ce fut une vision géniale du monde, parfaitement adaptée à son temps. L’événement majeur de l’époque, la Révolution française, était le résultat de la base matérielle – l’économie capitaliste et le dépassement du féodalisme par la société – accompagnée de l’action consciente des masses révolutionnaires.

    Les idées de Marx étaient les plus développées parmi toutes les philosophies faisant rupture avec l’antécédent religieux. Au lieu d’une Terre immuable et au centre de tout, avec l’humanité au centre de la Terre, le marxisme pose un monde mortel et en transformation perpétuelle, en ligne avec le matérialisme classique. La vie serait un produit de la Terre (la nature) et non d’un dieu. L’humanité serait intégrée à la nature, et non en opposition avec elle. De la même manière, Marx se garda de séparer l’histoire dite naturelle et celle dite sociale, les voyant comme deux parties d’un même ensemble. Les lois de la dialectique s’appliqueraient dans la nature comme dans la société, et leurs développements seraient interreliés, l’un affectant l’autre. Marx employa le terme « métabolisme » : une chaîne de processus liés en un corps.

    Marx démontra que l’écart grandissant entre la cité et la région représentait une violation de ce métabolisme, résumé par le terme « rupture du métabolisme » (metabolic rift) de John Bellamy Foster, auteur du livre Marx’s Ecology. Dans le troisième volume du Capital, publié en 1894 après la mort de Marx (1883), l’auteur décrit le capitalisme comme une rupture avec les lois naturelles de la vie : « D’un autre côté, la grande propriété foncière fait décroître la population rurale de façon constante, et la met en opposition avec une population industrielle en croissance constante et concentrée dans les grandes villes. Elle crée ainsi les conditions qui causent une rupture irréparable dans la cohérence des échanges sociaux prescrite par les lois naturelles de la vie ».

    À partir d’une discussion à propos de la dégradation à long terme du sol, suite à l’utilisation d’engrais chimiques dans l’agriculture, Marx écrit que « tout le progrès dans l’agriculture capitaliste est un progrès dans l’art, non seulement de l’exploitation de l’ouvrier, mais aussi de l’exploitation du sol ; tout progrès dans l’amélioration de la fertilité du sol pour un temps donné est une progression vers la ruine des sources durables de cette fertilité ».

    Il expliqua : « La production capitaliste, en concentrant la population dans de grands centres… perturbe la circulation de la matière entre l’Homme et le sol, c’est-à-dire qu’elle empêche le retour au sol de ses éléments consommés par l’Homme dans la forme de nourriture et de vêtements ; elle entre ainsi en violation des conditions nécessaires à la fertilité durable du sol ». Mais encore : « La production capitaliste, ainsi, développe la technologie, et la combinaison de plusieurs processus dans un tout social, et ce en sapant les sources originales de la richesse – le sol et le travailleur ». (Capital, Volume I, 1867) Faisant une prédiction à long terme, Marx signala que la modernisation constante du capitalisme accélérerait ce « processus de destruction ».

    Engels résuma ce besoin d’apprendre de la nature et notre dépendance par rapport à elle ainsi : « à chaque nouvelle étape nous sommes rappelés que nous ne sommes en aucun cas maîtres de la nature tel un conquérant d’un peuple étranger, telle une personne à l’écart de la nature – mais que nous appartenons, notre chair, notre sang et notre cerveau, à la nature, que nous existons en elle, et que toute notre maîtrise d’elle consiste en notre avantage vis-à-vis des autres créatures d’être en mesure d’apprendre ses lois et de les appliquer correctement ». (Le Rôle du travail dans la transformation du singe en Homme, 1876)

    Marx sur le socialisme

    Marx est également critiqué par certains pour ne pas avoir donné un plan plus précis d’une future société socialiste. Ces critiques croient que, chez Marx, la production et le traitement de l’environnement seraient essentiellement identiques à ce qui existait sous le capitalisme. C’est vrai que Marx et Engels se différenciaient des socialistes utopistes qui dessinaient des plans détaillés de la société idéale. Cependant, cela ne signifie aucunement que leurs œuvres soient dépourvues de descriptions de la différence entre le capitalisme et le socialisme.

    Marx et Engels ont pris note du coût immense de la production capitaliste, coût assumé par les travailleurs , les travailleuses, les paysan·ne·s, la nature et la société. Ils ont milité pour un changement complet de la production, le remplaçant par ce que Marx appelait la production coopérative. L’anarchie du système capitaliste serait remplacée par un contrôle social et une possession des moyens de production et de distribution. Le tout serait organisé dans un plan social.

    Que dire des prédictions de Marx selon lesquelles le socialisme représenterait une société avec une production améliorée et une abondance de ressources ? Cela impliquerait-il davantage de catastrophes environnementales ? Premièrement, à l’époque de Marx, tout comme aujourd’hui, il y a un besoin urgent d’offrir une vie décente à tous. Ceci sera le résultat d’une production améliorée de la nourriture, de l’accès au logement, aux soins de santé et à l’éducation, et d’une meilleure diffusion de la technique moderne. Dans les années 1800, la production de telles nécessités aurait été rendue possible aux dépens de la production d’armes, de produits de luxe, etc. Aujourd’hui, c’est d’autant plus le cas avec la quantité énorme de ressources dilapidées par les dépenses militaires et la consommation luxueuse du 1%.

    Dans sa Critique du programme de Gotha, et dans le Capital, Marx discuta du besoin d’équilibrer les ressources entre la consommation individuelle et l’augmentation nécessaire de la consommation sociale, tout en épargnant des ressources à des fins d’investissement et pour constituer une réserve sociale. Ceci inclut également un équilibre entre le temps de travail, qui serait vraisemblablement moindre, et le temps libre. Dans une telle société, tout le monde travaillerait, tout le monde pourrait développer ses propres compétences et son éducation, et tout le monde aurait la possibilité de participer à l’administration de la société.

    Une société socialiste briserait l’aliénation et permettrait à tous et à toutes un développement libéré des contraintes du salariat et du capital. Cela impliquerait également « l’unité complète entre l’Homme et la nature – la véritable résurrection de la nature – le naturalisme cohérent de l’Homme et le naturalisme cohérent de la nature » (Manuscrits de 1844). Une révolution socialiste libérerait non seulement les travailleurs, les travailleuses et l’humanité, mais également la nature. Avec la possession socialisée de la terre, la nature ne serait plus un simple produit d’où l’on retirerait des profits.

    Au sein du programme proposé dans le Manifeste communiste, quelques-unes des mesures clés sont tout aussi importantes aujourd’hui au sujet de l’environnement. La mesure no. 1 stipule : « Expropriation de la propriété foncière et affectation de la rente foncière aux dépenses de I’État ». Ceci s’applique à la contestation de l’exploitation minière dangereuse, des champs de pétrole et de la fracturation hydraulique, par exemple. La seconde partie de cette mesure indique que les revenus issus de la terre alimenteraient le secteur public. La mesure no. 6 traite du transport : « Centralisation entre les mains de l’État de tous les moyens de transport ».

    La mesure no. 7 a également de fortes implications pour l’environnement : « Multiplication des usines nationales et des instruments de production ; défrichement et amélioration des terres selon un plan collectif ». Le programme commun serait basé sur la propriété commune au lieu de l’exploitation privée, afin de prendre soin et d’améliorer la terre. En résumé : le changement de direction de la société, incluant son traitement de la nature, serait une question de propriété, de pouvoir et de contrôle.

    Les bolcheviques et l’environnement

    La classe ouvrière russe et les nations opprimées par le tsar ont pris le pouvoir au mois d’octobre 1917. Contrairement aux propos calomnieux contemporains adressés contre le gouvernement bolchevique, celui-ci révolutionna la politique dans tous les domaines de la société. Il s’agit du premier pays à avoir banni le racisme et l’antisémitisme, et à avoir légalisé le droit à l’avortement et au divorce, ainsi que l’homosexualité. D’une façon semblable, les bolcheviques sous Lénine et Léon Trotski ont été des pionniers en matière de politiques environnementales radicales.

    Avant la révolution, la Russie était, dans ce domaine comme dans plusieurs autres, un pays économiquement arriéré. « Les scientifiques de la dynastie Romanov ont été incapables de convaincre les représentants du gouvernement, les gens d’affaires et même leurs propres collègues d’adopter des techniques modernes de gestion scientifique afin de protéger les ressources et de garantir leur disponibilité pour les générations présentes et futures (préservation)… la plupart des projets ont dû attendre la Révolution russe, car le gouvernement du tsar les considérait trop coûteux et croyait possiblement qu’ils étaient inutiles ». (An Environmental History of Russia, Cambridge University Press, 2013)

    Sous la direction des bolcheviques, la classe ouvrière prit le pouvoir dans un pays dévasté par la Première Guerre mondiale, pour ensuite se retrouver face aux agressions militaires des armées envahissantes et des anciens généraux tsaristes. Malgré tout, le gouvernement soviétique agit immédiatement sur les questions environnementales. Deux jours après la prise de pouvoir, le décret « Sur la terre » nationalisa toutes les forêts, les minéraux et l’eau. Une demi-année plus tard, en mai 1918, un autre décret, « Sur les forêts », établit le contrôle centralisé du reboisement et de la protection forestière. Les forêts furent divisées en deux catégories, l’une d’entre elles étant à l’abri de l’exploitation. Ceci fut un sujet important étant donné que plusieurs forêts avaient été coupées à blanc sous le règne tsariste. D’une façon semblable, la chasse fut réglementée et permise seulement durant certaines saisons. « Étonnamment, la Révolution russe permit l’établissement de recherches portant sur l’océanographie et la pêche continentale. » (An Environmental History) Ces décisions furent prises dans une période de turbulences extrêmes. « Au cours de la tourmente de la guerre civile et du communisme de guerre, le gouvernement bolchevique arriva à soutenir les scientifiques, incluant certains œuvrant sur des sujets de préoccupation environnementale. Et les scientifiques, avec ce soutien, ont répandu leurs activités environnementales ». En 1920, Lénine était impliqué dans l’établissement de la première réserve naturelle dans le monde qui était financé par un État et destinée exclusivement à la recherche scientifique, la Il’menskii. En 1924, il existait quatre réserves de ce genre (zapovedniks). Plusieurs nouvelles institutions de recherche furent établies, les scientifiques russes étaient perçu·e·s comme des écologistes de première ligne, et des cours d’écologie furent donnés à l’Université de Moscou. Le scientifique Vladimir Vernadsky devint une célébrité mondiale pour son concept de la « noosphère » : « un nouvel état de la biosphère dans lequel les humains jouent un rôle actif dans le changement qui est basé sur la reconnaissance de l’interconnexion des hommes et des femmes avec la nature » (An Environmental History).

    La révolution provoqua une explosion d’organisations environnementales, un développement qui a été encouragé et adopté par les bolcheviques. Le TsBK (Bureau central pour l’Étude des Traditions Locales) avait 70 000 membres provenant de 2 270 branches. Tout aussi importante était la VOOP (Société panrusse pour la conservation de la nature). Les activistes et scientifiques produisirent des revues comme « Problèmes de l’Écologie et de la Biocénologie ». Ils tinrent également des réunions et organisèrent des groupes pour des études locales afin de stimuler l’intérêt pour la science dans les régions. Certains bolcheviques de premier plan, parmi lesquels figurait Nadezhda Krupskaya, discutèrent de comment améliorer l’environnement dans les cités et les villes, menant à un modèle de cité verte comprenant davantage de parcs et de zones vertes.

    Cependant, ces idées révolutionnaires prirent fin de façon abrupte. La contre-révolution sociale et politique vécue sous le stalinisme comportait également une contre-révolution environnementale. « Après la Révolution russe, la science écologique naissante se développa rapidement au cours des bouleversements sociaux et l’expérimentation politique des années 1920. Des représentant·e·s du gouvernement, scientifiques et ingénieur·e·s établirent un ambitieux programme d’électrification nationale… ?» Mais par la suite, lorsque Staline prit le pouvoir, sa recherche pour les supposés « démolisseurs » « inclut quelques-un·e·s des biologistes, spécialistes de la forêt et de la pêche, agronomes et écologistes les plus important·e·s » (An Environmental History).

    Stalinisme versus nature

    Quelques-unes des pires catastrophes environnementales ont eu lieu sous le régime stalinien : la destruction de la Mer d’Aral entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, l’accident nucléaire de Tchernobyl en Ukraine, et l’anéantissement de plusieurs villes par la pollution. Comment était-ce possible, et y avait-il un lien avec les bolcheviques et le socialisme ?

    En réalité,le régime de Staline est responsable du meurtre et de la destruction du parti bolchevique qui avait mené la révolution en 1917. Ceci fut possible dans un contexte de révolutions échouées dans tous les autres pays et de la situation actuelle de la Russie : économie et culture d’autant plus arriérées par la destruction de la Première Guerre mondiale et de la guerre civile.

    Lorsque le régime de Staline se retrouva bien établi, il n’avait aucune idéologie autre que celle de la conservation du pouvoir. Afin d’arriver à ce but, Staline fut contraint de retenir un accomplissement fondamental de la révolution, l’économie nationalisée, assise sur laquelle toute la bureaucratie stalinienne reposait. Or, elle n’était ni socialiste ni communiste. Staline fit un virage de 180 degrés sur le sujet de l’environnement, comme dans plusieurs autres secteurs. Son régime utilisa la force afin de collectiviser l’agriculture, abolit la protection des zapovedniks et réinitialisa les coupes à blanc.

    Les méthodes staliniennes employées contre l’opposition furent brutales : « Des arrestations, des interrogations et de la torture afin d’extorquer de faux aveux et de faux témoignages ont accompagné les accusations d’espionnage, de subversion et de diffamation de l’Union soviétique parmi ceux, incluant les scientifiques, qui semblaient s’opposer aux programmes staliniens ». VOOP et TsBK furent purgés jusqu’à leur disparition. La dictature « a rendu les activités indépendantes et raisonnables à peu près impossibles » (An Environmental History).

    Toute organisation indépendante de travailleurs, de travailleuses et d’activistes furent bannies, ce qui ouvrit la voie à la destruction de l’environnement. De nombreuses lois et règlements, formellement impeccables, ne furent jamais totalement implantées. Le gaspillage et la mauvaise gestion prirent le dessus. La science perdit sa nécessaire liberté d’expression. Trotski avait déjà constaté, dans les années 1930, que l’économie planifiée avait besoin de la démocratie ouvrière tout comme le corps a besoin d’oxygène, sans quoi elle tomberait dans la dégénérescence et la mort. L’opposition à Staline de Trotski, ainsi que son plaidoyer pour une nouvelle révolution contre le régime, fut la manifestation des idées marxistes contre le stalinisme, incluant celles sur l’environnement.

    Le régime de Staline déploya de massifs camps de travaux forcés, incluant de nombreux prisonniers et prisonnières politiques, afin de stimuler une rapide expansion de l’industrialisation. Le camp Vorkuta, où l’on avait emprisonné plusieurs trotskistes, fut fondé en 1932 dans le but d’établir des mines de charbon au nord du cercle arctique. Des millions de prisonniers et prisonnières, sous la surveillance attentive de la police secrète (NKVD), furent exploité·e·s en tant qu’esclaves dans la construction et dans l’extraction minière et forestière. La majorité des immenses projets sous le stalinisme provinrent de la direction centralisée, sans considération pour les différentes circonstances géographiques.

    Après la Deuxième Guerre mondiale, au lieu de pallier à l’énorme dévastation, voire la famine de la Russie, l’orgueil de Staline l’amena à lancer un grandiose « Plan pour la Transformation de la Nature ». Ceci inclut le détournement de rivières et la réorganisation des forêts en zones industrielles. L’idéologue derrière ce plan, Trofim Lysenko, était un charlatan prétendant avoir inventé des techniques de plantation qui, en fait, causèrent la destruction de nombreuses forêts. Sous le stalinisme et le Lyssenkisme, la nature n’avait aucune valeur en soi.

    Le stalinisme en tant que système persista après la mort de Staline en 1953. Quelques années plus tard, l’accident nucléaire de Kyshtym, dans l’Oural, fut gardé secret par le régime de Nikita Khrouchtchev. Aucune force ne pouvait contester la pollution, les grands projets et l’interdiction de tout activisme environnemental.

    Ceci étant dit, les critiques capitalistes du stalinisme – qui amalgament stalinisme et socialisme afin de décrédibiliser ce dernier – ont très peu de raisons de se féliciter. « De plusieurs manières, les démocraties occidentales ont emprunté les mêmes trajets de développement dangereux et l’utilisation éhontée des ressources naturelles, d’écosystèmes ruinés, et de lois et règlements adoptés tardivement afin de régler et de limiter les dégâts présents et futurs… Dans les années 1990, plusieurs observateurs soutenaient que le démantèlement de l’économie centralement planifiée libérerait automatiquement le développement environnemental… La réalité a prouvé être dramatiquement différente. De nouvelles menaces à la durabilité sont apparues, incluant la vente de feu des ressources, la restructuration de l’économie qui réduisit dramatiquement les ressources consacrées à la protection environnementale, et la décision du président Poutine de dissoudre l’Agence de Protection Environnementale de la Fédération russe en 2000 » (An Environmental History).

    Le marxisme aujourd’hui

    Aujourd’hui, le climat et l’environnement attirent un nombre grandissant d’activistes. Partout dans le monde, il existe de nombreuses luttes contre les grandes entreprises pétrolières, la fracturation hydraulique, les déchets industriels, les nouveaux projets spéculatifs de transport et d’exploitation minière, etc., et à cela se rajoute la lutte contre les promesses vides des politicien·ne·s Les marxistes font partie de ces luttes : des manifestations contre le pétrolier Shell à Seattle jusqu’à la lutte qui stoppa le projet East West Link à Melbourne, en Australie, aux mouvements locaux massifs contre les mines d’or en Grèce et contre la fracturation hydraulique en Irlande.

    L’anticapitalisme prend de l’ampleur parmi les activistes climatiques. Dans le livre de Naomi Klein, « This Changes Everything » – qui, et ce n’est pas par accident, porte comme sous-titre « Capitalism Versus the Climate » – l’auteure rapporte comment les activistes de droite de type Tea Party soutiennent que le changement climatique est une fiction « communiste » créée dans le but d’implanter l’économie planifiée. Cette manière de voir les choses démontre en quoi ils comprennent que le capitalisme est incapable de régler une crise aussi énorme. Le système, dans les mots de Klein, est en guerre contre toute forme de vie sur la planète, incluant la vie humaine.

    Bien sûr, le monde a changé depuis l’époque de Marx et Engels. Marx aurait sans doute suivi de près tous les rapports émis par les scientifiques de l’environnement et du changement climatique. L’inadéquation entre les fonctions interdépendantes de la planète s’est gravement empirée, et l’avilissement s’accélère. Les marxistes sont les mieux placés pour offrir une solution porteuse d’avenir dès aujourd’hui. L’amplification des crises sociales et environnementales est causée par le même système, le capitalisme, et les luttes contre lui sont interreliées.

    Les compagnies pétrolières et leurs alliés n’abandonneront jamais de façon volontaire. La seule force en mesure de résoudre la crise environnementale est la force collective la plus puissante, celle de la classe ouvrière en alliance avec les nombreux militant·e·s de l’environnement, notamment les peuples autochtones, les paysans les plus pauvres et la population rurale. Les crises et les luttes s’accumulent en voie d’une révolution sociale: l’abolition du capitalisme.

    Le climat et la crise environnementale se sont développés au point de souligner l’urgente nécessité d’agir. La seule réelle alternative est une planification démocratique et durable des ressources sur une base globale. Une telle société socialiste démocratique améliorera la qualité de vie d’une vaste majorité des gens, tout en posant la nature et l’humanité comme un seul corps interchangeable.

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