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Tag: Environnement
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Environnement : La terrifiante pollution en Chine
La population chinoise étouffe dans le smog. L’hiver dernier, la capitale, Pékin, et d’autres villes du Nord ont souffert de la pire pollution de l’air jamais connue. A la mi-janvier, l’ambassade américaine à Pékin, qui irrite le régime chinois en publiant ses propres statistiques largement consultées, a déclaré que les niveaux de particules fines dans l’air (PM 2.5, de minuscules particules qui peuvent se loger dans les poumons et causer de graves dommages) étaient 40 fois supérieurs au niveau de sécurité fixé par l’Organisme mondial de la santé (OMS).
Sally Tang, Socialist Action (CIO-Hong Kong)
Sur une autoroute reliant Pékin à Hong Kong et Macau, il y a récemment eu 40 accidents de voitures en 9 heures causés par la visibilité réduite due au smog. Les principales causes de la pollution de l’air en Chine sont la combustion de charbon, les voitures, les chantiers de construction et l’expansion de l’industrie. La consommation de charbon chinoise a connu une croissance fulgurante, allant jusqu’à 4,05 milliards de tonnes l’année passée. La Chine brûle désormais presque autant de charbon que le reste du monde réuni. Depuis le vain sommet de Copenhague sur le climat en 2009, les émissions de carbone par la Chine ont presque doublé.
Les masques faciaux sont communs dans les villes aujourd’hui. Les purificateurs d’air sont aussi des produits importants pour ceux qui peuvent s’en offrir. Mike Murphy, chef de la direction de la compagnie suisse IQAir en Chine, déclare que les ventes de purificateurs d’air domestiques ont triplé au cours des premiers mois de cette année. Le mode de vie des enfants a également beaucoup changé ; les écoles annulent les activités en extérieur, les parents gardent leurs enfants à la maison. Les familles riches choisissent des écoles internationales qui ont dépensé de l’argent dans des système de filtrage d’air.
Les gens sont perplexes quant à la détérioration de la qualité de l’air de ces dernières années. Les améliorations promises par le gouvernement n’ont pas été matérialisées. Moins de 1% des 500 plus grandes villes chinoises remplissent les quotas de qualité d’air de l’OMS. Selon la Banque Mondiale, 750.000 personnes meurent prématurément à cause de la pollution de l’air chaque année en Chine.
Les parents sont inquiets à propos de la santé de leurs enfants. Certains compagnies parlent d’une tendance à la perte de personnes hautement qualifiées puisque de nombreux membres des classes moyennes et des classes aisées ainsi que des étrangers quittent la Chine à cause de la pollution. Mais pour la grande majorité de la population – les fermiers, les travailleurs migrants et les pauvres – il n’y a pas d’autre choix que de rester et de vivre avec.
En juin, le Premier Ministre Li Keqiang a annoncé dix nouvelles mesures destinées à améliorer la qualité de l’air, dans une tentative de freiner l’anxiété générale. Les gros pollueurs doivent divulguer une information générale détaillée au grand public, et le gouvernement a promis de réduire les émissions des entreprises les plus polluantes de plus de 30% d’ici la fin de 2017. Mais des promesses similaires ont été faites avant et les nouvelles mesures de Li contreviennent aux efforts du gouvernement de maintenir la croissance économique à 7-8%.
Le Parti ”Communiste” Chinois d’état (CCP) n’a pas de position unifiée sur ces questions. Les autorités locales poursuivent leurs propres intérêts, souvent au mépris des ordres de Pékin. Elles manipulent les statistiques et tentent de cacher les informations, y compris les manifestations contre les industries polluantes.
Plus tôt cette année, plus de 16.000 cochons morts ont été retrouvés flottant dans la rivière Huangpu, qui fournit un habitant sur cinq de Shanghai en eau potable. Les cochons ont été jeté par des agriculteurs en amont à Jiaxing, une région porcine majeure dans la province voisine de Zhejiang. Quelques semaines plus tard, la même région a assisté à l’apparition d’un nouveau virus de la grippe aviaire, H7N9, qui a, jusqu’ici tué 37 personnes. L’OMS met en garde contre celui-ci qui est ”l’un des virus les plus létaux”.
Ces deux exemples montrent les effets désastreux d’une industrie de l’élevage à but lucratif : des conditions dangereuses et de surpopulation, des abus d’antibiotiques et d’autres produits chimiques. Les chercheurs ont découvert l’utilisation abusive des antibiotiques dans les grands élevages de porcs, avec utilisation de cocktails de drogues. Certains fermiers nourrissent leurs porcs à l’arsenic organique pour leur donner une apparence rose et brillante, ce qui signifie plus de profits, malgré le fait que l’arsenic organique est cancérigène.
Le ministre de l’environnement a admit pour la première fois, dans un rapport sorti en février de cette année, l’existence de ”villages cancérigènes” en Chine – avec des taux de cancers bien au dessus de la moyenne nationale. Ce phénomène a été reconnu depuis 1998 mais est renié par les autorité du Parti Communiste. Mais ce rapport a été dénoncé comme ”inapproprié” par les officiels de la santé au meeting de mars du Congrès National du Peuple (le faut parlement chinois). Des instructions ont été envoyées aux média locaux pour éviter d’utiliser le terme de ”villages cancérigènes”.
La pollution industrielle de l’eau potable, généralement par les usines construites en amont, est la principale cause des villages cancérigènes. Les usines déversent des eaux usées non traitées, contenant des niveaux élevés de métaux lourds et d’autres substances toxiques, entraînant des cancers. Il y a maintenant 459 villages cancérigènes en Chine, tandis que le taux de mortalité national dû au cancer a augmenté de 80% au cours des 30 dernières années, causant 2,7 millions de morts chaque année.
La Chine rurale a également connu des flambées d’empoisonnement au plomb en raison des usines et des fonderies qui déversent leurs déchets dans les rivières et les décharges. Ces empoisonnements causent des dommages au cerveau, aux reins, au foie et des lésions nerveuses. Les enfants y sont particulièrement sensibles. Au cours des dernières années, des milliers de cas particuliers ont été recensés dans, au moins, 9 provinces. Un rapport des Droits de l’Homme en 2011 a accusé les représentants du gouvernement de ”limiter arbitrairement les analyses du plomb et d’éventuellement manipuler les résultats des tests, refusant un traitement approprié aux enfants et aux adultes et essayant de faire taire les parents et les militants.”
Le boom économique chinois de ces 30 dernières années a produit une crise écologique aiguë. Le pays est aux prises avec de l’air, de l’eau, des sols et de la nourritures gravement pollués. Selon un rapport de 2013, sur les dix villes les plus polluées du monde, la Chine en compte sept, y compris Pékin.
La crise des aliments contaminés – le riz, le lait en poudre, les huiles de cuisson, les légumes, les fruits, … – ne laisse personne indifférent. De nouveaux rapports en mai ont révélé que près de la moitié du riz vendu à Guangdong, la province la plus riche de Chine, contenait des niveaux dangereux de cadmium, qui provoque le cancer.
Le gouvernement a des centaines de fermes spéciales qui fournissent des cultures sures à l’élite. Cela renforce le cercle vicieux de l’inaction du gouvernement sur la pollution ajoutée à la répression contre les victimes. En 2008, un scandale quant à du lait en poudre toxique a causé la mort de six bébés et a entraîné des dizaines de milliers d’enfants à contracter une maladie rénale. Le gouvernement a utilisé la répression pour faire taire les groupes de parents qui voulaient découvrir la vérité derrière l’affaire. Zhao Linhai, dont le propre enfant a été une victime, a été condamné à deux ans et demi de prison en raison de son activisme sur cette question.
Un rapport officiel a montré que 90% de l’ensemble des manifestations environnementales étaient liées à la pollution de l’eau. Il a constaté que 57,3% des eaux souterraines dans 198 villes en 2012 étaient « mauvaises » ou « extrêmement mauvaises ». Un tiers des rivières et 75% des lacs sont sérieusement pollués, et près de 1000 lacs ont disparu. L’eau non potable est utilisée par 320 millions de personnes et 190 millions de personnes sont malades chaque année à cause de la pollution de l’eau.
Ces deux dernières années, les protestations environnementales en Chine ont augmenté. Dans des villes comme Dalian, Tianjin, Xiamen et Kunming, des milliers de personnes ont manifesté contre la construction ou le fonctionnement d’usines chimiques. La ré-émergence du capitalisme en Chine combine les pires aspects du capitalisme néolibéral avec la dictature répressive d’un parti unique. Cela signifie le chaos et l’absence de contrôles démocratiques, même minimes.
La Chine mène désormais le monde dans la production de cellules photovoltaïques solaires et d’éoliennes, mais près de deux tiers de la capacité des ses parcs éoliens sont gaspillés puisque le réseau électrique n’est pas équipé. L’industrie solaire, principalement destinée à l’exportation, est en surcapacité et est également un grand consommateur d’énergie au charbon. Une solution socialiste est nécessaire afin de résoudre cette situation chaotique et sauver des millions de personnes – pour l’abolition du capitalisme et le contrôle public démocratique sur l’économie.
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Secteur agro-alimentaire : La faim comme arme du capital
Le 25 mai dernier, deux millions de personnes ont manifesté leur colère contre la multinationale Monsanto dans une quarantaine de pays, une mobilisation massive à peine mentionnée dans les médias dominants. Il y a pourtant pas mal de choses à dire sur cette multinationale, ses méthodes de lobbying et de falsification de résultats scientifiques et ses produits, nocifs tant pour la santé que pour l’écosystème.
Par Yves (Liège)
Monsanto est particulièrement connu aujourd’hui pour avoir développé les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) dès le début des années ’80. Avant cela, l’entreprise avait déjà fait parler d’elle en développant le sinistre Agent Orange, une arme chimique massivement utilisée par l’armée américaine dans la guerre du Vietnam, et qui cause toujours des cancers aujourd’hui. Plus récemment, Monsanto a tenté d’instrumentaliser le tremblement de terre qui a ravagé Haïti en 2010 pour s’ouvrir un nouveau marché. Des milliers de paysans haïtiens avaient manifesté pour dénoncer sa volonté de détruire l’agriculture paysanne et de rendre la population dépendante de ses produits.
Des décisions sanitaires basées sur le lobbying
Depuis de nombreuses années, Monsanto & Co plaident pour une déréglementation des lois sur les OGMs et une diminution des ‘‘entraves bureaucratiques’’ que sont les procédures de contrôle sanitaire. Pour parvenir à leurs fins, certains cadres des multinationales agro-alimentaires participent à un jeu de chaise musicale entre entreprises privées et agences sanitaires publiques partout dans le monde, une pratique particulièrement développée entre le monde de la finance et celui de la politique. Ainsi, Diana Banati a dû quitter en 2012 son poste de présidente du conseil d’administration de l’Agence européenne de sécurité des aliments (AESA) pour conflit d’intérêt. Elle était notamment membre du conseil d’administration de l’Ilsi, une organisation regroupant des entreprises comme Monsanto, Basf, Bayer,… alors que l’AESA est justement chargée de contrôler les risques liés aux OGM ! Elle a ensuite rejoint un lobby international pro-OGM.
Le 26 mars 2013, le président américain Obama a signé le ‘‘Monsanto Protection Act’’, surnom donné à une clause qui rend impossible aux tribunaux américains de s’opposer à la vente ou à la plantation d’OGM, même si le processus officiel n’a pas été respecté. Monsanto sera aux premières loges pour profiter de l’aubain puisque la multinationale contrôle 93% de la production américaine de soja, 88% de celle du coton et 86% de celle du maïs. Le sénateur républicain à l’origine de cet amendement a eu sa carrière politique financièrement soutenue par Monsanto dès ses débuts…
Les mesures extrêmement favorables aux géants de l’agro-alimentaire sont légions, comme le principe d’équivalence en substance appliqué aux USA et au Canada, qui voudrait qu’il n’y ait pas de différence entre une plante qui a évolué, s’est adaptée à l’environnement, à laquelle nous nous sommes adaptés et une plante issue de plantes génétiquement modifiées. Des OGM arrivent ainsi dans nos assiettes ou comme nourriture animale sans contrôle, contrairement aux médicaments qui ne sont commercialisé qu’après 10 ans d’études. Résistance !
La culture d’OGM nuit à tous et ne profitent qu’à très peu, certains petits producteurs en Inde sont forcés d’acheter des semences à Monsanto puis de payer des royalties après récolte car les OGM rentrent dans le cadre de la loi sur les brevets. Au Mexique, les récoltes traditionnelles sont contaminées par des OGM arrivés on ne sait comment. Outres ces problèmes de société, la nocivité de ces produits est toujours en débat. L’an passé, le professeur Gilles Eric Seralini a publié une étude démontrait un taux de mortalité et de tumeurs bien plus élevé chez des rats ayant été nourris avec du maïs génétiquement modifié de Monsanto qui a la particularité de produire une protéine lui permettant de se défendre contre un herbicide également vendu par Monsanto.
Comment justifier qu’un secteur aussi important que celui de l’alimentation soit laissé aux mains du privé et soumis à la dictature des marchés ? La seule manière d’assurer le contrôle de nos assiettes, c’est d’exproprier et de nationaliser sous contrôle et gestion démocratique les multinationales telles que Monsanto. La crise économique a déjà illustré la faillite de ce système, le cas particulier de l’alimentation et de Monsanto est un argument de plus en faveur de la lutte pour une autre société. Comme Marx le disait déjà, le capitalisme ‘‘détruit les deux seules sources de toute richesse : la terre et le travailleur.’’
Il faut tout de suite prendre une orientation socialiste et produire pour la satisfaction des besoins humains réels. Avec une économie et une agriculture démocratiquement planifiée et basée sur la nationalisation des secteurs-clés de l’économie sous contrôle et gestion des travailleurs, les dépenses en énergie seraient réduites, les gaspillages à tous les niveaux des maillons de production seraient évités, l’élevage et l’agriculture pourraient cohabiter limitant ainsi l’utilisation d’engrais chimiques. Sans changement de cap c’est droit dans le mur que nous allons.
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[DOSSIER] Notre avenir et notre environnement hors des mains des entreprises !
Cet été, avec 6 millions de litres de pétrole déversés chaque jour dans le Golfe du Mexique, les flammes en Russie et les dévastations gigantesques des eaux au Pakistan, l’environnement s’est brutalement imposé dans l’actualité. Au-delà des catastrophes en elles-mêmes se pose la question de l’aide et, dans ce cas aussi, le système capitaliste est un obstacle majeur.
Par Nicolas Croes
La catastrophe de BP a très clairement illustré la responsabilité des entreprises dans la pollution. L’avidité capitaliste constitue le véritable nœud de cette affaire. Pour préserver sa marge de bénéfices, la multinationale pétrolière BP a rogné sur ses coûts à hauteur de 7 à 10 millions de dollars lors du forage de la plateforme Deepwater Horizon. C’est cette course aux profits qui a poussé BP à forer à des profondeurs où aucune technologie ne pouvait à ce moment réparer un accident tel que l’explosion du conduit de forage. Ensuite, BP a menti sur l’ampleur de la fuite, tenté d’écarter les journalistes (avec l’aide des forces de police et des autorités), caché les précédents rapports faisant état de dangers,…
BP : Big Profits
Cette crise a également révélé la faillite totale de l’Etat américain, à l’instar de tous les Etats capitalistes, à agir dans l’intérêt de la population. L’assouplissement de la législation de protection de l’environnement aux Etats-Unis est à critiquer sévèrement, de même que la complicité de l’administration pour aider BP à amoindrir l’ampleur de la catastrophe dans les médias.
Comment imaginer autre chose alors que tant les démocrates que les républicains reçoivent des dizaines de millions de dollars de la part des multinationales pétrolières pour protéger leurs intérêts ? Que ce soit aux Etats-Unis ou ailleurs, les grandes entreprises et les banques achètent leurs politiciens et leur système politique. Crise des subprimes, crise économique, marée noire, pollution atmosphérique, etc. : à nous de payer les pots cassés. Demander à ces politiciens de s’en prendre aux réels responsables, c’est leur demander de mordre la main qui les nourrit.
Capitalisme et gestion des catastrophes
Fin mars, l’éruption volcanique en Islande et le nuage de cendres provoqué au nord de l’Europe avait entraîné la fermeture de l’espace aérien ainsi que l’annulation de centaines de milliers de vols. Mais ce que cet évènement a surtout révélé, c’est la totale incapacité des capitalistes à gérer collectivement une telle situation et à quel point jouent les inégalités sociales. Aucune rationalisation des retours en fonction des besoins et des urgences n’avait été faite et, une fois de plus, ceux qui avaient le plus de moyens ont pu prendre un retour plus rapide. L’économie capitaliste a un fonctionnement anarchique et quand surviennent de tels types d’évènements, c’est le chaos total.
Les pluies torrentielles qui ont touché le Pakistan sont un aperçu de notre avenir, tant en termes de catastrophes qu’en termes de gestion des conséquences sous le capitalisme. De nombreux scientifiques mettent en garde sur le fait que l’élévation de la température aura pour effet d’augmenter la fréquence des évènements climatiques extrêmes tels que les sécheresses, les inondations ou encore les ouragans. Au Pakistan, plus de vingt millions de personnes ont été victimes des destructions causées par les eaux, et plusieurs milliers de personnes sont décédées. Mais plus de deux semaines après le début de la catastrophe, certaines régions n’avaient toujours reçu aucun secours et, à d’autres endroits, les riches s’étaient accaparés les groupes électrogènes et l’aide alimentaire. Pendant ce temps, les spéculateurs stockent la nourriture et les biens de première nécessité et profitent de la pénurie de nourriture, d’eau potable, de tentes ou de médicaments pour fortement augmenter les prix et engranger de juteux bénéfices.
Les secours organisés par les ONG ou le gouvernement sont détournés vers la famille et les amis. Les cas de corruption sont très nombreux tandis que les enfants et les plus faibles meurent de maladies ou faute de nourriture. La priorité du capitalisme est ailleurs: les USA accordent chaque année 1,5 milliard de dollars de soutien militaire au Pakistan (soit 10 fois plus que l’aide promise par les Etats-Unis).
Les problèmes posés par le mode de production capitaliste au niveau de la destruction de notre environnement ne sont pas les seuls: la nature même de ce mode de production va à l’encontre de secours efficaces contre ses conséquences.
Dénoncer le capitalisme, mais traduire la parole en pratique
Nous ne devons pas faire que dénoncer la responsabilité du capitalisme dans la destruction de la nature, mais aussi mettre en avant des méthodes de lutte et une alternative.
En avril de cette année a eu lieu en Bolivie la Conférence des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre mère, à l’initiative du président Evo Morales. Plus de 20.000 représentants de mouvements sociaux, de syndicats, d’ONG, d’organisations politiques, d’étudiants, de militants et de politiciens s’étaient ainsi réunis à Cochabamba. Contrairement au Sommet des Nations Unies sur le climat de Copenhague, la Conférence n’a pas cherché à masquer la responsabilité du système. Mais, hélas, cet évènement important n’a abouti qu’à une déclaration à destination de la prochaine conférence des Nations Unies. Une opportunité gigantesque a été gaspillée pour parvenir à un plan d’action international pour le climat, avec un agenda de manifestations internationales, de journées d’action et même de journées de grève.
De la même manière que nous avons besoin d’une résistance internationale face à la crise, nous avons besoin d’une riposte internationale contre la destruction de notre environnement. Les responsables sont d’ailleurs les mêmes, ces deux mouvements doivent se rejoindre et poser la question du retrait des moyens de production des mains des capitalistes pour les placer sous le contrôle démocratique de la population.
Seule une société réellement socialiste, basée sur le contrôle, la gestion et la planification démocratique de l’économie par les travailleurs et la population permettrait d’organiser les mesures de préventions, d’augmenter la sécurité dans les activités industrielles et de préserver l’environnement ainsi que les travailleurs tout en évitant le gaspillage énorme de ressources qui caractérise le capitalisme.
Il l’a dit :
‘‘Les pays sous-peuplés d’Afrique sont largement sous-pollués. […] Il faut encourager une migration plus importante des industries polluantes vers les pays les moins avancés […] et se préoccuper davantage d’un facteur aggravant les risques d’un cancer de la prostate dans un pays où les gens vivent assez vieux pour avoir cette maladie, que dans un autre pays où deux cents enfants sur mille meurent avant d’avoir l’âge de cinq ans. […] Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable.’’
Il s’agit de Lawrence Summers (à gauche sur le photo), actuel chef du Conseil économique national, un organe du Bureau exécutif du président Obama. Concernant ce dernier, on se souviendra du dicton ‘‘dis moi qui sont tes amis et je te dirai qui tu es’’…
Russie: Incendies, soif de profit, répression et violence
Cet été, les forêts russes ont été ravagées par les incendies allant même jusqu’à menacer des villes ou des sites nucléaires. Depuis des années, des réformes politiques ont favorisé le déboisement, le commerce du bois étant devenu extrêmement lucratif. En combinaison avec le changement climatique et les pollutions diverses, cela a conduit au désastre.
A Moscou, les militants qui voulaient protéger la forêt de Khimki n’ont rencontré qu’arrestations, intimidations et violences de l’Etat ou de bandes de brutes d’extrême-droite. Plusieurs camarades de notre section russe ont d’ailleurs été tabassés, l’un d’eux devant être hospitalisé, le crâne brisé. Ce poumon vert de la capitale est menacé par le projet d’autoroute à péage mené par l’administration de la région, l’administration fédérale et la multinationale française de construction Vinci.
En solidarité ainsi que pour dénoncer ce projet, des protestations ont été organisées dans plusieurs pays. Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections ont organisé des actions en Angleterre, en Allemagne, à Hong-Kong, en Suède, ou encore en Israël.
En Belgique, un groupe de Travailleurs-sans-emploi de la FGTB de Verviers nous a rejoints, ainsi que des militants de Vélorution et de la LCR (deux de nos partenaires du Front des Gauches) devant le siège financier de la multinationale Vinci à Bruxelles.
Pakistan : Appel à la solidarité
Nos camarades pakistanais ont lancé un Comité de Secours Ouvrier avec la Campagne pour les droits syndicaux – Pakistan et le syndicat de la Fédération Progressiste des Travailleurs.
Nous vous invitons à soutenir cette campagne de secours organisée par les travailleurs, pour les travailleurs. Vous pouvez envoyer vos dons au n° de compte du PSL 001-2260393-78 avec mention ‘‘Pakistan’’. ==> Plus d’informations.
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Critique: ‘Comment les riches détruisent la planète’, par Hervé Kempf
Le lecteur de www.socialisme.be pourrait penser qu’avec un titre pareil, ce petit livre de 125 pages aura fait notre bonheur. En un sens oui, car il part d’un constat correct, celui d’associer la crise sociale et la crise écologique en pointant directement le capitalisme comme responsable. Mais Hervé Kempf reste toutefois très fortement marqué par les délires de l’idéologie dominante concernant la ‘nature humaine’ compétitive par essence ou encore ‘l’idéal d’universalité de l’Europe’.
Par Nicolas Croes
Comme le dit l’auteur, le constat est brutal: «Si rien ne bouge alors que nous entrons dans une crise écologique d’une gravité historique, c’est parce que les puissants de ce monde le veulent». Il dit encore qu’il est nécessaire de «comprendre que crise écologique et crise sociale sont les deux facettes d’un même désastre. Et que ce désastre est mis en œuvre par un système de pouvoir qui n’a pour fin que le maintien des privilèges des classes dirigeantes.»
Nous rejoignons Hervé Kempf dans le constat, fort étaillé, qu’il tire du monde inégalitaire dans lequel nous vivons. Un monde où le pourcent le plus riche possède 183 fois ce que possèdent les 20% les plus pauvres. Un monde où un milliard de citadins (un tiers de la population urbaine mondiale) vit dans des bidonvilles. Un monde où un revenu de moins d’un million de dollars fait de vous «le plancton à la base de la chaîne alimentaire», pour reprendre les termes du Financial Times.
Une grille d’analyse farfelue, des solutions qui le sont tout autant
Mais notre accord s’arrête à ce constat – pour lequel il ne suffit du reste que de savoir ouvrir les yeux honnêtement. En guise d’analyse, pour expliquer comment nous en sommes arrivés à une pareille situation, Hervé Kempf se base essentiellement sur les travaux d’un économiste de la fin du XIXe siècle, Thorstein Veblen. Pour ce dernier, l’économie est dominée par un principe fondamental: «La tendance à rivaliser – à se comparer à autrui pour le rabaisser – est d’origine immémoriale : c’est un des traits les plus indélébiles de la nature humaine». Pour Vleben, donc, le principal moteur de la vie sociale est une rivalité ostentatoire, une concurrence basée sur l’exhibition d’une prospérité supérieure à celle de son entourage directement sortie des profondeurs de la nature humaine.
Depuis lors, de nombreuses recherches anthropologiques ont permis de tordre le cou à de nombreuses conceptions de la prétendue ‘nature humaine’, de la pensée de Vleben au darwinisme social.
On connait ainsi bien mieux maintenant la manière dont les humains étaient organisés et ont pu vivre pendant des millions d’années. Les sociétés nomades de chasseurs-cueilleurs égalitaires primitives étaient basées sur la coopération et non sur la compétition. Ce n’est qu’après la révolution agraire, une fois les nomades devenus cultivateurs, qu’un surplus de richesse est apparu, base matérielle pour l’émergence d’une classe dirigeante et pour une modification profonde des rapports sociaux. Toujours est-il que des millions d’années durant, les êtres humains seraient allés à l’encontre de leur ‘nature humaine’…
Dans beaucoup de sociétés, la notion de compétion existait à peine. Par exemple, aux Etats-Unis, quand des chercheurs ont voulu faire passer des tests de QI à des Sioux, les Amérindiens n’arrivaient pas à comprendre pour quelle raison ils ne devaient pas s’entraider pour répondre aux questions. Leur société était basée sur une intense coopération.
Cette ‘nature humaine naturellement portée à la compétition’ sert en fait de prétexte pour ne pas chercher à modifier radicalement le système de production capitaliste. De nombreux penseurs sont tombés dans ce piège, et Hervé Kempf lui-même a sauté dedans à pieds joints. S’il fait par exemple le parallèle entre le développement des services collectifs et celui d’une société égalitaire, il refuse de pousser cette logique jusqu’au bout. Il ne parle dans son chapitre consacré aux solutions que d’un plafonnement de la consommation par une limite imposée aux revenus. Sur base de l’exemple ainsi donné par les super-riches, les autres couches de la société suivraient par mimétisme. Au-delà de cette ‘solution’ au réalisme ténu, reste encore à savoir comment plafonner ces revenus. Demander gentillement ne suffira très probablement pas…
Pour Hervé Kempf, le ‘mouvement social’ (concept plutôt vague: que représente ce spectre et sur quelles forces est-il basé?) ne pourra l’emporter seul et devra s’unir aux classes moyennes et à une partie de l’élite dirigeante qui prendrait le parti «des libertés publiques et du bien commun». Les médias, encore, ont un rôle à jouer car «la corporation des journalistes n’est pas encore totalement asservie et pourrait se réveiller autour de l’idéal de liberté». Il y a aussi «la gauche», qui devra unir la lutte contre les inégalités et pour l’écologie.
Sortir de l’idéalisme
Hervé Kempf espère qu’il arrivera un jour une prise de conscience quasiment spontannée qui toucherait une partie des classes dirigeantes et des médias. Il consacre pourtant de nombreuses pages à expliquer à quel point cela va à l’encontre de leurs intérêts. Et ce n’est pas la seule contradiction de son travail.
Alors qu’il dénonce très justement l’élargissement du fossé entre riches et pauvres et les conséquences des politiques néolibérales, notamment en Europe, il enscence un des principaux instrument et prétexte de la casse sociale dans nos pays, l’Union Européenne. Des phrases comme: «L’Europe porte encore en elle un idéal d’universalité dont elle démontre la validité par sa capacité à unir, malgré les difficultés, des Etats et des cultures très différents» ne semblent pas à leur place dans un livre qui a pour titre «Comment les riches détruisent la planète»…
On peut encore critiquer un certain anti-américainisme primaire (le qualificatif de «puissance obèse» et d’autres termes suintent l’arrogance envers un peuple américain qui souffre lui aussi de son gouvernement) et, de façon générale, l’idée de l’existence d’une forme de communauté d’intérêts au sein d’un même pays. Encore une fois, un joli paradoxe après des pages qui expliquent correctement comment la richesse des capitalistes repose uniquement sur l’exploitation des travailleurs, quelle que soit leur nationalité.
Pour critiquer ceux qui ne voient pas la responsabilité écrasante des capitalistes et le lien entre la crise écologique et la crise sociale, Hervé Kampf écrit un moment: «Si l’on veut être écologiste, il faut arrêter d’être bénêt.» Ce n’est pas faux, et nous l’invitons d’ailleurs à suivre son propre conseil.
La force fondamentale sur laquelle nous devons compter est le mouvement ouvrier organisé, seul capable à prendre les moyens de production entre ses mains pour les faire fonctionner dans le bien de tous. Tant que les leviers de l’économie restent sous le contrôle du privé, l’intérêt collectif – dont la question environnementale – restera négligeable sur les profits qui peuvent être accumulés. D’autre part, une gestion responsable des ressources de la planète nécessite d’aller au-delà d’incitant à une moindre consommation : il faut planifier centralement l’économie en fonction des ressources disponibles et pour la satisfaction des besoins de tous.
Nous pouvons bien comprendre que certains amalgament toujours le stalinisme et le socialisme, le véritable pouvoir des travailleurs. Le contrôle démocratique de la collectivité est un point fondamental pour une société planifiée, comme l’effondrement des dictatures bureaucratiques des pays de l’Est l’ont démontré. Cette lutte pour une société démocratiquement planifiée sous le contrôle des travailleurs est la seule qui soit une solution globale face aux crises écologique et sociale.
- Rubrique “Environnement” de socialisme.be
- Brochure du PSL sur la crise environnementale
- En Belgique, un tiers des espèces vivantes sont menacées de disparition
- “La crise climatique est déjà là”
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“La stratégie du choc” ou… Comment les catastrophes représentent de belles opportunités
Nombreux sont ceux qui ont vu les images magnifiques de films comme «Un jour sur terre» ou «Home». Comment peut on laisser sombrer tant de merveilles? De même, à la lecture de rapports ou d’articles consacrés à la pollution et au réchauffement climatique, on se dit qu’il faut être fou pour continuer à assister à la catastrophe en cours sans rien faire: on parle maintenant de 700 millions de réfugiés climatiques pour 2050 (1), soit environ 10% de la population mondiale fuyant les inondations, la sécheresse, etc.
Par Nicolas Croes
On peut calmer son angoisse en se disant que les autorités finiront bien par réagir. Mais c’est oublier qu’elles sont pieds et poings liés non à la sauvegarde du bien commun, mais à la préservation des intérêts d’une minorité de parasites: multinationales, grands actionnaires et gros patrons.
Pour ceux-là, les catastrophes ‘naturelles’ et les désastres sont des opportunités, des moments-clés à saisir pour faire passer en force des projets qui ne pourraient pas être facilement acceptés si la population n’était pas sous le choc. C’est cette réflexion qui est à la base du livre de Naomi Klein «La stratégie du choc – la montée d’un capitalisme du désastre», mais deux exemples illustrent particulièrement l’avenir qui nous est réservé dans un monde aux catastrophes naturelles croissantes qui resterait aux mains des multinationales et des super-riches.
Katrina et le tsunami : des «pages blanches» pour les investisseurs
En 2005, Katrina a déferlé sur la Nouvelle-Orléans. Officiellement, cet ouragan a fait 1.836 morts et 705 disparus. Un véritable désastre pour la population. Mais qui n’est pas vu de la même manière par le monde des affaires. L’un des promoteurs immobiliers les plus riches de la ville a ainsi déclaré: «Nous disposons maintenant d’une page blanche pour tout recommencer depuis le début. De superbes occasions se présentent à nous» (2). Il était loin d’être le seul à penser ainsi.
Le grand gourou du néolibéralisme, Milton Friedman, avait écrit au même moment dans le Wall Street Journal «La plupart des écoles de La Nouvelle-Orléans sont en ruines, au même titre que les maisons des élèves qui les fréquentaient. (…) C’est une tragédie. C’est aussi une occasion de transformer de façon radicale le système d’éducation». Le mot est faible : un an et demi plus tard, la quasi-totalité des écoles publiques avaient été remplacées par des écoles exploitées par le privé. Ces écoles privées étaient bien entendu plus chères tandis que les enseignants qui y travaillaient avaient moins de droits et des salaires moindres. Pour ces derniers, ce projet était purement et simplement de la «spéculation immobilière appliquée au monde de l’éducation».
Fin 2004, un tsunami a balayé l’Asie du Sud-Est, faisant 250.000 victimes et 2,5 millions de sans-abris dans la région. «Le tsunami qui a dévasté le littoral à la manière d’un bulldozer géant a fourni aux promoteurs des occasions inespérée, et ils n’ont pas perdu un instant pour en profiter» a écrit un journaliste dans l’International Herald Tribune. De grands et luxueux centres balnéaires ont été construits, et tant pis pour les centaines de milliers de pêcheurs qui ne pouvaient plus reconstruire leurs villages au bord de l’eau et se sont retrouvés sans-emplois et déracinés.
La soif de profits tue la planète
Dans ces deux exemples, les gouvernements ont été complices des promoteurs immobiliers et autres entreprises de construction, accordant diminutions de taxes, assouplissements de la législation du travail…. Si tout le monde doit se serrer la ceinture en cas de situation critique, nous ne sommes décidément pas tous du même monde: la population a payé avec ses impôts et ses salaires diminués tandis que les entreprises ont réalisé de si juteux bénéfices qu’elles attendent avec impatience une autre opportunité de cette taille.
Tant que nous laisserons le monde des affaires faire sa loi, la protection de l’environnement sera toujours éclipsée par les profits. Cela s’est clairement vérifié avec la crise économique: sur l’année 2008, la chute des investissements écologiques (qui ne l’étaient d’ailleurs pas vraiment tous) a été de 50%(3). Si les gouvernements investissent plus de leur côté, ces investissements sont bien souvent des aides masquées à des entreprises en difficulté (comme des subventions au secteur automobile pour produire des voitures ‘propres’).
Pour lutter contre la dégradation extrêmement rapide de notre environnement, nous devons retirer le contrôle de la société des mains du privé, nationaliser les secteurs clés de l’économie sous le contrôle de la population. La production économique doit être le résultat d’un plan concerté, discuté et élaboré par les travailleurs et les usagers pour répartir au mieux les richesses naturelles et non les gaspiller comme aujourd’hui. Ce serait aussi la seule manière d’utiliser les talents et les compétences immenses offerts par la science pour le bien de la collectivité et non pour maximaliser les profits, enrichir l’industrie de l’armement,…
(1) In search of Shelter, étude réalisée par Care-international, l’Institut pour l’environnement et la sécurité de l’Université des Nations unies (UNU-EHS) et l’Université Columbia de New York
(2) Cette citation et les suivantes sont tirées de La stratégie du Choc – La montée d’un capitalisme de désastre, par Naomi Klein, Actes Sud, 2008, 25 euros
(3) Etude réalisée par Deloriste & Touché et Clean Tech Group