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Tag: Droits des femmes
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Solidarité internationale : défendons les féministes en Chine !

Les attaques de la droite nationaliste et de l’État tentent de faire taire la vague féministe grandissante – des millions de personnes expriment leur solidarité
Déclaration de la campagne « Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong »
Les activistes des droits des femmes en Chine sont à nouveau attaqués. La dictature chinoise du Parti « communiste » chinois (PCC) se sent menacée par la radicalisation croissante des femmes, qui s’inscrit dans une tendance plus large de radicalisation de la société et des jeunes.
Les attaques suivent un schéma similaire. Tout d’abord, les féministes sont traquées par des trolls internet nationalistes pro-PCC dans le cadre d’une campagne coordonnée. Une vague d’antiféminisme en ligne est directement encouragée par l’État. Deuxièmement, les comptes de réseaux sociaux et les pages de groupe d’éminentes porte-parole sont fermés. Celles-ci sont vilipendées comme ennemies de l’État, puis réduites au silence !
Fin mars, une attaque a eu lieu dans un restaurant de la ville de Chengdu, dans le sud-ouest du pays. Deux femmes ont été agressées par un client après s’être plaintes qu’il fumait. Le fumeur enragé a jeté du liquide bouillant sur les deux femmes qui ont filmé l’agression et l’ont postée sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter. Sa remarque selon laquelle « les hommes qui ne fument pas ne sont pas de vrais hommes » n’a pas aidé son cas.
Les deux femmes en question étaient Xiao Meili et Zheng Churan, deux militantes féministes bien connues. Zheng faisait partie des Feminist Five, qui ont été arrêtées et détenues pendant un mois à la veille de la Journée internationale de lutte pour les droits des femme en 2015. Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge) à Hong Kong a organisé diverses actions de protestation pour exiger la libération des cinq dans le cadre d’une campagne mondiale qui a défendu leur cause.
Les trolls d’extrême droite
Le post de Xiao sur l’agression du restaurant de Chengdu est devenu viral sur Internet, suscitant une écrasante majorité de commentaires favorables, y compris de la part de certains comptes officiels liés au gouvernement. Le lendemain, le compte Weibo d’un important groupe nationaliste a lancé une attaque contre les femmes, en publiant des photos « historiques » de Xiao datant de 2014, dans lesquelles elle exprimait sa solidarité avec le « mouvement des parapluies » de Hong Kong (des mobilisations pro-démocratie). Les trolls ont prétendu à tort qu’elle soutenait « l’indépendance de Hong Kong ». Ce n’était pas le but du Mouvement des parapluies, mais cette étiquette est utilisée par les nationalistes chinois pour attaquer toute personne qui soutient ou montre de la sympathie pour la lutte en faveur de la démocratie à Hong Kong. Un déluge d’attaques en ligne a suivi (en Chine, il peut s’agir de 100.000 ou même de millions de messages).
Zheng a été montrée sur une autre vieille photo portant un ruban jaune, symbole des manifestations pour la démocratie à Hong Kong. Elle a été accusée d’être une « partisane de l’indépendance de Taiwan » (autre sujet tabou sous le régime du PCC). Ces deux femmes et d’autres féministes ont fait l’objet de menaces violentes et d’accusations telles que « xénocentrique », « anti-chinois » et « espionne de la CIA ». Peu après, le compte Weibo de Xiao a été fermé par l’entreprise, ce qui a provoqué les célébrations de la machine à troller.
Ces attaques s’inscrivent dans un schéma familier associant misogynie et nationalisme. Les forces nationalistes de droite à l’origine de ces attaques de trolls sont de facto des auxiliaires de l’État-PCC et bénéficient de sa protection. Leurs thèmes centraux sont le nationalisme, mais aussi le conservatisme social. Le féminisme est donc un anathème. Ils accusent les féministes d’être « corrompues » par des valeurs étrangères. Tout à leurs yeux est un complot de l’Occident pour détruire la Chine. Les nationalistes soutiennent la dictature, une Chine forte (l’impérialisme) et la suprématie des Han. Ils incitent au racisme contre les minorités comme les musulmans. Certaines de ces couches évoluent vers le fascisme. En plus de cette armée en ligne « non officielle », l’État-PCC emploie directement deux millions de policiers Internet à plein temps et 20 millions d’employés à temps partiel.
Plus de 20 comptes de féministes et de groupes de défense des droits des femmes ont depuis été fermés par Weibo avec l’explication que leur contenu est « nuisible », « illégal » ou pourrait « inciter aux antagonismes ». « Nous avons été collectivement réduites au silence par une répression à sur Internet qui a frappé comme un tsunami », a déclaré l’une de ces femmes à CNN. Il est clair que l’État-PCC se trouve derrière cette répression. La question est de savoir pourquoi.

Liang Xiaomen, à gauche, Xiao Meili et Zheng Churan font partie des nombreuses féministes chinoises attaquées et réduites au silence par des trolls nationalistes sur les réseaux sociaux (CNN). Le mouvement 6B4T
Dans un développement séparé mais lié, plus de dix groupes féministes ont été retirés de Douban, une autre plateforme en ligne. Douban est un site de critiques de livres et de films qui sert de forum de discussion pour différents groupes, principalement des jeunes. L’un des groupes de discussion féministes fermés dans le cadre de cette répression comptait 40.000 membres.
Les groupes visés étaient principalement des adeptes de la culture radicale 6B4T, encore très marginale au sein de la vague croissante de féminisme chinois, qui prône le boycott ou la « grève » des relations avec les hommes, du mariage et de la procréation. Le mouvement 6B4T a vu le jour en Corée du Sud, société confucéenne comme la Chine, où le capitalisme est profondément patriarcal et où l’oppression des femmes prend des formes extrêmes.
Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le message du mouvement 6B4T a attiré un grand nombre d’adeptes, principalement des jeunes femmes, en Chine, dans un régime capitaliste totalitaire aussi dur, où aucune forme de protestation collective, d’organisation ou de politique n’est autorisée et où de nombreuses couches de la société éprouvent un profond sentiment d’impuissance. Le PCC a ressuscité de nombreuses structures de contrôle patriarcales qui avaient partiellement disparu ou avaient été reléguées à l’arrière-plan pendant l’ère révolutionnaire des années 1950-70, avant le début de la restauration capitaliste.
Le PCC d’aujourd’hui considère les droits des femmes comme un obstacle à son pouvoir et à sa mission de grande puissance. Cette dynamique est renforcée par l’intensification de la guerre froide avec l’impérialisme américain. Plutôt que de s’ouvrir et de devenir plus démocratique, et plus tolérant à l’égard des divers courants de protestation, le régime de Xi continue de devenir de plus en plus répressif.
L’attitude du régime à l’égard du mouvement naissant des femmes et de la conscience féministe est contradictoire. C’est devenu une tendance majeure, comme en témoigne l’attention suscitée par le mouvement #MeToo en Chine, malgré les tentatives des autorités pour le limiter. Le dernier exemple en date est le licenciement, le 15 avril, d’un professeur de l’université de Wuhan qui avait harcelé sexuellement au moins 18 étudiantes. L’affaire a attiré l’attention de tout le pays sur les réseaux sociaux parce que les femmes se sont dressées contre leur agresseur et ont refusé que l’affaire soit étouffée.
Le régime a peur de lancer directement une vaste campagne de répression, avec des arrestations et des persécutions massives de féministes, car cela le mettrait en conflit avec une partie importante de l’opinion publique, qui n’est pas satisfaite de la situation actuelle des femmes. Mais en même temps, le PCC craint le soutien croissant dont bénéficie le féminisme, comme il craint tous les processus sociaux qui échappent à son contrôle. Même lorsqu’un mouvement n’est pas une force organisée, comme ce n’était pas le cas à Hong Kong en 2019, une fois que les idées entrent dans la conscience de masse, elles deviennent une menace pour toute élite dirigeante, comme c’est le cas ici avec la dictature chinoise.

Manifestations à l’université de Wuhan après la révélation des cas de harcèlement sexuel d’un professeur associé alors que les féministes sont intimidées pour être réduites au silence. La crise démographique
Un autre facteur clé qui explique les attaques contre les féministes chinoises est la chute catastrophique du taux de natalité en Chine, qui est le plus bas depuis 1949 et a encore baissé de 15 % l’année dernière. Le nombre de naissances pourrait passer sous la barre des 10 millions par an au cours des cinq prochaines années, selon Dong Yuzheng, directeur de l’Académie du développement démographique du Guangdong. Ce chiffre est à comparer aux 25 millions de naissances enregistrées en 1987 (sept ans après l’imposition de la politique de l’enfant unique).
La population chinoise entre dans une phase de déclin, ce qui devient encore plus gênant pour Xi Jinping dans le contexte de la rivalité historique entre les États-Unis et la Chine. La taille de la main-d’œuvre de « l’usine du monde » a diminué pendant huit années consécutives. Les causes du malaise démographique chinois sont complexes, en partie un héritage de la politique de l’enfant unique, qui a été abrogée en 2016 sans toutefois inverser le déclin des naissances. Cela est d’autant plus dû au coût punitif d’avoir un enfant en Chine, l’éducation, le logement et les soins de santé étant tous extrêmement chers.
Ayant réadopté une vision confucéenne dépassée, le régime de Xi promeut le mariage hétérosexuel et « l’harmonie familiale » comme un moyen de contrôle important pour assurer la « stabilité » politique et sociale. En conséquence, les femmes – tout comme les minorités nationales non han et les Hongkongais avides de démocratie – doivent être contrôlées. Le PCC, lorsqu’il était une force révolutionnaire, était militairement anti-confucéen, une idéologie qui met l’accent sur l’obéissance à l’autorité des citoyens au gouvernement et des femmes aux hommes. La restauration d’un capitalisme brutal en Chine a sapé la position des femmes au travail et à l’école et a fait renaître des idées réactionnaires et des structures sociales même précapitalistes.
Les jeunes Chinois mènent un style de vie sous haute pression et financièrement précaire, avec des niveaux d’endettement des ménages qui montent en flèche, notamment en raison du coût du logement. Cette situation dissuade de plus en plus de se marier et d’avoir des enfants. Selon les statistiques officielles, le nombre de personnes se mariant a chuté de 41 %, passant de 23,8 millions en 2013 à 13,9 millions en 2019. L’héritage de la politique de l’enfant unique et la pratique illégale mais répandue des avortements sélectifs selon le sexe ont fait que les hommes sont désormais 30 millions de plus que les femmes. Le trafic « d’épouses » importées en Chine depuis des pays plus pauvres comme le Myanmar, le Cambodge et même l’Ukraine se chiffre désormais en milliers de victimes chaque année. Ces dernières années, le régime envisage également des campagnes plus agressives pour convaincre les femmes d’avoir plus de bébés.
Le gouvernement prévoit une réforme des retraites dans le cadre du dernier plan quinquennal (2021-25) qui conférera une « égalité » en augmentant l’âge de la retraite des femmes de cinq ans. L’année dernière, le pays a adopté une nouvelle loi sur le divorce, qui impose une période de « réflexion » obligatoire de 30 jours – une politique largement critiquée par les féministes et la gauche. Cette politique rend le divorce plus difficile car si l’une des parties décide de faire marche arrière pendant la période de 30 jours, le processus doit recommencer avec une nouvelle demande.
Woment Unite !
Au moment où nous écrivons ces lignes, le blocage des plateformes féministes se poursuit. La chasse aux sorcières nationaliste contre le féminisme ne se calme pas. Certains spéculent même que cette campagne peut avoir un autre motif : le régime de Xi veut détourner l’attention alors qu’il tente de désamorcer les tensions avec les États-Unis (une démarche peu populaire chez les nationalistes chinois).
Les attaques contre les comptes féministes sur les réseaux sociaux ont attiré l’attention à grande échelle. Xianzi, une féministe très en vue qui a porté plainte pour agression sexuelle en 2018 contre une célébrité de la télévision, a déclaré sa solidarité avec les sœurs de Douban. Le hashtag “Women Unite” en protestation contre les fermetures de compte a germé sur Weibo et a été vu 50 millions de fois.
La suppression des groupements féministes est également un avertissement que le régime de Xi s’apprête à élargir sa répression contre toutes les couches d’opposition potentielles. Cela peut conduire à de nouvelles attaques contre les luttes des travailleurs, les jeunes de gauche, les minorités ethniques, les journalistes d’investigation, etc. Pour Xi, le 20e Congrès du PCC de l’année prochaine et son couronnement pour un troisième mandat (il en espère d’autres, alors qu’un 3e mandat est un événement inédit) sont les priorités absolues et sa crainte de troubles sociaux et politiques est encore plus grande. L’association de la lutte des femmes, de la défense des droits des minorités ethniques et de la construction d’un mouvement ouvrier indépendant est la clé pour changer la situation. Non pas en tant que « questions individuelles », mais en tant que mouvement uni des opprimés contre le capitalisme, le patriarcat et le totalitarisme.
La campagne « Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong » et Alternative Socialiste Internationale protestent contre les attaques contre les féministes en Chine. Nous exhortons nos sympathisants et nos lecteurs à agir. Partagez largement cet article et traduisez-le, notamment pour alerter le mouvement des femmes dans votre pays. Veuillez également montrer votre soutien par des photos et des vidéos en utilisant ces pancartes, que vous pouvez télécharger ici.
- Solidarité avec les féministes en Chine !
- Non à la persécution et à la répression des féministes sur Weibo et Douban. Nous exigeons la liberté d’expression !
- Pour une lutte unifiée contre le capitalisme et la dictature !

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Vers le 8 mars 2019, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes

Marches contre le Sexisme et la Précarité ! A Bruxelles, Liège, Gand, Anvers, à 17h. Et pourquoi pas aussi à Mons, Namur, Courtrai, Termonde, Bruges,… Le 8 mars 2019, construisons un mouvement pour mettre fin aux politiques antisociales. Aide-nous à organiser ces marches partout en Belgique.
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USA. Le féminisme socialiste et les nouveaux mouvements féministes

Un nouveau mouvement des femmes est en train d’émerger aux États-Unis et à l’échelle internationale dans un contexte de menaces majeures par les discours réactionnaires qui pèsent sur les acquis durement gagnés par les femmes.
Article de notre organisation-soeur, Socialist Alternative
La victoire électorale de Donald Trump a poussé des millions de personnes dans la rue et a radicalisé une partie de la société sur la base de la lutte contre le sexisme. Au Brésil, les femmes jouent un rôle crucial dans le mouvement #EleNao contre Jair Bolsonaro, le méprisable misogyne qui est arrivé au pouvoir en cette période de crise économique, sociale et politique dévastatrice. Les droits démocratiques des femmes, des Brésiliens noirs, de la communauté LGBTQI+, des peuples indigènes et de l’ensemble des travailleurs sont sous pression avec le gouvernement Bolsonaro.
La campagne #MeToo a mis le harcèlement sexuel et les agressions sexuelles au cœur des discussions de la société, non seulement aux États-Unis mais également au niveau international. De plus, la Grande Récession, ainsi que les attaques de la droite, ont déclenché une série de luttes explosives ces dernières années. Celles-ci ont politisé de nombreuses jeunes femmes et de travailleuses, touchées de manière disproportionnée par la crise du capitalisme. Les jeunes femmes ont également joué, en 2016, un rôle clé dans la campagne de Bernie Sanders, qui a mis en évidence un véritable défi de dénoncer le pouvoir des entreprises qui bénéficient du sexisme et du racisme. Avant même que des millions de personnes n’aient protesté contre le « prédateur en chef », l’envie de lutter contre le sexisme avait atteint un point d’ébullition. Des « Slutwalk » à Carry That Weight, en passant par #YesAllWomen, les jeunes femmes ont clairement indiqué qu’elles étaient prêtes à lutter contre le sexisme et les abus. Des millions de femmes veulent non seulement lutter contre leurs propres Weinsteins et Kavanaughs mais aussi mettre fin au sexisme endémique qui imprègne toute notre vie. Alors que la droite continue de mener des attaques contre les femmes, les LGBTQI+, les personnes de couleur, les immigrants, les syndicats et tous les travailleurs, le nouveau mouvement des femmes est confronté à des questions décisives. Comment pouvons-nous combattre la droite ? Pour qui nous battons-nous ? Et comment bâtir un mouvement qui peut à la fois vaincre ces attaques immédiates et obtenir des gains réels pour les femmes ?
#MeToo et la lutte contre Kavanaugh
La nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême est devenue le symbole de la lutte générale contre le harcèlement et les agressions sexuelles, avec presque six Américains sur dix ayant suivi de près les travaux de la Commission judiciaire du Sénat. Depuis sa création, #MeToo a fait tomber une série d’hommes puissants qui ont été exposés comme misogynes et agresseurs. Mais cette fois, aidée par la faiblesse de l’approche démocrate, la campagne des républicains a réussi … La nomination de Kavanaugh représente une menace directe pour les droits reproductifs, les droits des LGBTQI+, les droits de vote, les protections environnementales et les droits des travailleurs en général. Avant que Christine Blasey Ford ne se présente courageusement, la direction démocrate avait fondamentalement accepté qu’il s’agissait d’un accord conclu et qu’elle ne ferait qu’exprimer son opposition. Bien qu’ils aient changé d’approche une fois que l’attention de la nation s’est concentrée sur les abus passés de Kavanaugh, ils ont quand même refusé de mener le genre de bataille qui aurait pu vaincre les Républicains.
La direction démocrate aurait pu mobiliser des protestations et des actions directes pour diriger toute la force de l’indignation massive existante contre Kavanaugh, en se concentrant non seulement sur son comportement prédateur, mais en l’utilisant comme un moyen de se mobiliser contre tout l’agenda réactionnaire républicain. Mais c’est précisément ce qu’ils ne feront pas, car s’ils sont heureux d’utiliser la politique identitaire à des fins électorales, ils vivent dans la crainte de tout mouvement de masse réel dont les revendications iraient au-delà de ce qui est acceptable pour leurs donateurs corporatifs.
Le contrecoup de la nomination de Kavanaugh montre le potentiel et la nécessité de développer le nouveau mouvement des femmes en une véritable force qui donne une expression concrète à des sentiments généraux existant pour la lutte contre le sexisme et pour la défense de nos droits. En outre, le résultat montre que le mouvement ne peut pas compter sur la volonté d’actions du Parti démocrate. Le mouvement, en commençant par s’attaquer au harcèlement sur le lieu de travail, doit aussi s’attaquer à toutes les questions qui touchent les femmes de la classe des travailleurs. Il doit se battre pour la santé pour tous, l’éducation pour tous, le logement pour tous et s’attaquer sans détour à toutes les attaques contre les travailleurs/travailleuses.
Alors que des millions de personnes se sont présentées pour voter aux élections de mi-mandat de cette année et ont voté pour les démocrates afin de repousser Trump et le parti républicain, des millions d’autres voient également la nécessité d’une nouvelle force politique. En même temps, il existe un sentiment palpable dans la société pour mettre fin au sexisme, au racisme et à la profonde inégalité qui ravage nos communautés.
Leçons tirées des luttes passées
Pour mener notre lutte aujourd’hui, il est crucial que nous tirions des leçons des luttes héroïques des femmes du passé ainsi que de toutes les luttes contre l’oppression. Le mouvement des femmes des années 60 et 70 a coïncidé avec une ère de grands bouleversements sociaux, du mouvement des droits civiques au mouvement contre la guerre du Vietnam, ainsi qu’avec une énorme poussée des luttes des travailleurs. Les femmes, les personnes de couleur, les personnes LGBTQI+ et les travailleurs en général ont été encouragés à porter leur lutte contre l’oppression et l’inégalité à des niveaux supérieurs d’organisation et d’action.
En même temps, les femmes sont entrées en grand nombre sur le marché du travail dans les années ’60 et ’70 et faisaient partie d’une transformation démographique de la classe ouvrière américaine qui comprenait également de nouvelles industries et catégories d’emplois -s’ouvrant aux travailleurs noirs et autres minorités raciales. Les femmes de la classe ouvrière se sont organisées et ont lutté pour l’égalité et le respect au travail ainsi que dans leur famille et leur communauté. Cela a fait du féminisme un véritable courant dans la classe ouvrière. Ce fut le moteur de l’évolution des attitudes à l’égard des femmes au niveau , l’un des gains les plus cruciaux de cette période.
Malheureusement, les dirigeants des organisations de femmes n’ont pas réussi à tirer parti de l’élan du mouvement, en luttant sans relâche pour un programme en faveur de la classe ouvrière, qui aurait pu mobiliser des pans encore plus larges de la société. Des organisations comme NOW et NARAL ne visaient pas à affronter le capitalisme dans son ensemble et ont donc refusé de construire le type de mouvement nécessaire pour mettre fin au sexisme. Dans le but de paraître acceptable aux yeux du « courant dominant » de la société, la direction de NDT a même sciemment mis de côté les militants les plus radicaux. En conséquence, l’incapacité du mouvement à adopter un programme clair qui puisse répondre aux intérêts et aux besoins des femmes de la classe ouvrière et des femmes de couleur a limité son attrait, même si ses campagnes ont eu un impact positif sur l’opinion publique et ont permis d’importants gains.
Beaucoup de tâches historiques des luttes des années ’60 et ’70 restent à accomplir, mais les leçons de cette époque sont essentielles pour le nouveau mouvement des femmes. Les limites des mouvements de défense des droits des femmes du passé montrent que la question de la classe sociale est décisive dans la lutte. Le féminisme libéral et les organisations qu’il dirige peuvent se battre pour des réformes radicales, mais défendront en fin de compte le système qui maintient les femmes, les personnes LGBTQI+, les personnes de couleur, les immigrants et toutes les personnes de la classe ouvrière sous divers niveaux d’oppression. Une tendance féministe socialiste dans le mouvement des femmes est cruciale pour ne pas permettre au leadership du féminisme libéral et pro-capitaliste de freiner des mouvements qui ont le potentiel de remettre véritablement en question le statu quo qui existe actuellement.
Mesures de lutte contre le harcèlement sexuel sur les lieux de travail mixte
#MeToo a déclenché une discussion sur la nécessité de mettre fin au harcèlement sexuel, en particulier sur nos lieux de travail. Et bien que la première année du moment #MeToo ait été principalement exprimée par le biais de discussions en ligne et interpersonnelles, et non par des manifestations de masse, elle contenait déjà le pouvoir de faire tomber des abuseurs très en vue. Pour des millions de femmes ordinaires, cela nous a donné l’assurance que nos propres agresseurs pourraient également être confrontés et qu’un monde dans lequel Weinsteins ne pourrait atteindre un tel niveau de succès est réellement possible.
Au cours des derniers mois, les travailleurs de certaines des plus grandes entreprises mondiales ont montré la voie à suivre pour introduire #MeToo dans nos lieux de travail et la possibilité de bâtir des luttes de classe contre le sexisme. En septembre, les employés de McDonald’s ont mené la toute première grève nationale contre le harcèlement sexuel au travail dans dix villes des États-Unis, dont Chicago, San Francisco, Los Angeles et la Nouvelle-Orléans. En partie inspirés par cette grève, les travailleurs de Google ont organisé le 1er novembre une grève internationale contre le harcèlement sexuel, à laquelle 20 000 personnes ont participé.
En fait, la résistance croissante des travailleurs aux États-Unis a été dirigée par des travailleuses, notamment des infirmières et des enseignantes. La révolte des enseignants du printemps dernier était aussi une révolte contre des années d’une campagne vicieuse et essentiellement sexiste qui visait à blâmer les enseignants pour les problèmes de la société. Les enseignants de Virginie-Occidentale, d’Arizona, d’Oklahoma et de Caroline du Nord se sont levés pour se défendre, défendre leurs élèves et leurs communautés.
Une caractéristique de la grève des employés de Google a été le nombre d’hommes qui ont quitté le travail pour lutter contre le harcèlement sexuel. C’est le reflet d’un changement global de conscience, en particulier chez les jeunes. Les gens de tous les sexes, en nombre croissant, rejettent le sexisme et veulent se joindre à la lutte plus large contre les patrons. La grève des employés de Google a entraîné la fermeture, ou la fermeture partielle, de 40 bureaux dans le monde entier, ouvrant ainsi une nouvelle étape dans la lutte contre le harcèlement sexuel et représentant les premiers pas concrets vers l’auto-organisation des travailleurs du secteur des technologies.
Fin octobre, les employés municipaux de Glasgow, en Écosse, ont mené la plus grande grève pour l’égalité salariale de l’histoire britannique. Les femmes représentaient 90 % des grévistes, qui ont atteint 10 000 travailleurs le premier jour et ont inspiré une participation massive dans leurs communautés. Des piquets de grève ont été érigés devant des centaines d’écoles et de bâtiments municipaux, ce qui a permis d’obtenir encore plus de soutien massif et de solidarité. Par la suite, les travailleurs de la propreté, majoritairement masculins, ont mené une action de grève de solidarité qui a complètement fermé les services de propreté à Glasgow. Le fait d’avoir une main-d’œuvre à prédominance masculine prête à se solidariser avec les travailleuses qui luttent pour l’égalité salariale a donné un coup de fouet à la grève et à son impact politique.
Au carrefour d’un mouvement ouvrier et féministe en plein essor, ces travailleuses ont montré comment la lutte contre le harcèlement doit être menée sur le lieu de travail pour faire face au sexisme quotidien auquel nous sommes confrontés. Un mouvement de masse qui descend dans la rue et met en place une organisation efficace sur les lieux de travail. Les travailleurs ont un énorme pouvoir social potentiel s’ils prennent des mesures collectives, qui peut perturber le statu quo et remettre en question les patrons abusifs et les inégalités systémiques. En fin de compte, c’est tout le système d’exploitation et d’abus légalisés appelé capitalisme auquel il faut mettre fin.
Les socialistes pensent que pour parvenir à la libération des femmes, nous devons construire une nouvelle société. Plus important encore, nous croyons que c’est possible. Chaque lutte réussie que nous organisons contre les attaques de la droite contre les femmes, les LGBTQ, les immigrants, les personnes de couleur et les syndicats et chaque réforme que nous pouvons gagner sous le capitalisme renforce la confiance pour que les travailleurs s’unissent et luttent pour notre libération et un monde socialiste égalitariste.
Dans les villes des États-Unis, des membres de l’Alternative socialiste ont organisé des rassemblements contre la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême, y ont participé et y ont pris la parole. Nous y avons dénoncé la misogynie et la violence que Kavanaugh représentait ainsi que les menaces plus larges qu’il représentait pour tous les travailleurs par son programme de droite. Nous avons pris la parole lors de manifestations à New York, Boston, Pittsburgh, San Francisco, Cincinnati et plus encore. Vous trouverez ci-dessous des extraits de ces discours de jeunes femmes membres de Socialist Alternative.
« Tout ce procès a été un témoignage de la façon dont notre système est brisé. Le problème ne réside pas dans les agresseurs individuels, bien qu’ils méritent d’être punis. Le problème, c’est le système fondé sur l’oppression qui permet aux hommes de s’en tirer avec des crimes odieux contre les femmes. Voter pour plus de femmes au Congrès ne changera pas le fait qu’une femme sur quatre a été victime d’agression sexuelle. Un plus grand nombre de femmes PDG ne changera pas le fait que de nombreuses mères célibataires occupent plusieurs emplois et n’ont toujours pas les moyens d’acheter les produits de première nécessité. Nous devons nous éloigner du féminisme des grandes entreprises qui cherche à élever quelques femmes et à supprimer la voix du reste des femmes. Nous devons construire un mouvement féministe socialiste qui lutte pour les droits des femmes de la classe ouvrière, des femmes de couleur, des femmes sans papiers, des femmes LGBTQI+ et des femmes handicapées. Nous devons lutter pour une société socialiste qui garantisse l’accueil universel des enfants, des soins de santé gratuits de qualité pour tous, un logement pour tous, l’accès à l’éducation et aux arts. Nous nous battons contre Kavanaugh aujourd’hui, mais demain nous commencerons la lutte pour un monde meilleur. Nous devons poursuivre le mouvement #MeToo afin de pouvoir construire un nouveau système, avec une nouvelle norme pour la façon dont nous traitons les femmes. » – Mari
« Nous avons toujours la capacité de défendre les femmes et les gens de la classe ouvrière par la protestation, la grève et l’action directe. Dans un monde où un violeur peut siéger à la Cour suprême, nous devons suivre l’exemple des travailleurs de McDonald’s en grève et exiger maintenant une politique de tolérance zéro pour le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Dans un monde où le coût du logement à lui seul emprisonne des millions de femmes dans des relations de violence, il est temps de taxer les riches pour financer le logement abordable. Dans un monde où les élites blanches de l’Ivy League comme Kavanaugh grandissent en sachant que notre système de justice pénale raciste ne les touchera pas, nous devons suivre l’exemple des activistes de Black Lives Matter de Chicago et lutter pour un avenir où tous les gens seront tenus responsables de leur violence. Nous ne pouvons attendre sur aucune de ces questions. Les femmes ne devraient pas seulement avoir accès à l’avortement et à la contraception, mais aussi à des services publics de garde d’enfants gratuits et de qualité et à un congé de maternité adéquat pour gérer confortablement une famille et un emploi. Le féminisme socialiste signifie que les femmes gagnent non seulement un salaire égal à celui de leurs homologues masculins, mais aussi un véritable salaire minimum vital, de sorte qu’aucune femme n’est forcée de se prostituer pour survivre. La lutte contre Kavanaugh montre que nous avons le pouvoir de construire cet avenir pour les filles et les femmes de cette génération et de toutes celles à venir. » – Quinn
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Manifestation le 25 novembre : Stop aux violences faites aux femmes !
Le 25 novembre est la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Ce doit avant tout être une journée de lutte collective et l’occasion de mettre en avant la nécessité de s’organiser syndicalement, politiquement et dans des campagnes combatives telles que ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) pour s’attaquer aux causes de ce fléau.Par Ophélie (Bruxelles)
La nomination à vie du juge sexiste, raciste, homophobe et accusé d’agressions sexuelles Kavanaugh à la Cour Suprême des USA illustre la nécessité des mobilisations de masse pour défendre les droits des femmes !
On peut clairement tirer cette conclusion un an après le lancement de #MeToo. En Belgique, 98% des femmes déclarent avoir été victimes de harcèlement et 2/3 d’agressions. Cette violence n’a d’ailleurs pas lieu que dans la rue, mais également sur le lieu de travail ou d’étude, et même à la maison !
Il faut réagir face à cette situation, mais comment ? Croire les promesses du gouvernement pour empêcher les violences sexistes ? Plus de caméras de surveillance et de policiers dans les rues ne nous aideront pas… De plus, le gouvernement s’est félicité de la loi contre le sexisme de 2014 alors que celle-ci est inapplicable dans la pratique.
Si le gouvernement souhaitait vraiment stopper les violences faites aux femmes, il ne permettrait pas que l’espace public soit pollué par des publicités sexistes et améliorerait les services publics plutôt que faire des coupes budgétaires. Il mettrait en place des mesures favorisant l’indépendance économique des femmes plutôt que de les appauvrir !
Ce dont on peut être sûr, c’est que l’objectivation du corps des femmes dans les publicités et les médias n’arrangent rien. Cela tend à banaliser les violences et le harcèlement sexuel. Les firmes publicitaires utilisent le corps des femmes comme objets de marketing et/ou sexuels pour faire du fric. Un objet, on peut en disposer à sa guise… Pourtant, les femmes ne sont ni des bouts de viande, ni des trophées ! Ce fantasme est hélas fort intégré et est très présent, notamment au travers de la culture du viol qui voudrait rendre les femmes responsables des violences qu’elles subissent au quotidien. Une robe ‘‘trop courte’’ ou un décolleté ? Ce serait alors notre faute si on se fait agresser ? Sous les intimidations, combien de femmes vont-elles jusqu’à modifier leur apparence vestimentaire et leurs habitudes de vie en évitant certains quartiers ou de rentrer seule le soir ?
Pour l’indépendance économique des femmes
Aujourd’hui encore, beaucoup de femmes n’ont financièrement pas la possibilité de quitter leur emploi ou leur compagnon, ce qui les rend encore plus exposées aux violences. La politique d’austérité conduite par le gouvernement Michel aggrave la précarité des femmes et ouvre la porte à plus de violences envers elles. Il faut lutter contre les violences économiques d’autant plus qu’elles facilitent les autres formes de violences ! Des emplois stables correctement rémunérés de même que l’individualisation et la revalorisation des allocations sont indispensables.
Les autorités réduisent les budgets de la police locale, de la justice, des services de prévention, des centres d’accueil, du secteur social. Il manque donc du personnel formé à la gestion des agressions sexistes, de centres d’accueil,… Un refinancement public massif des services publics et sociaux est vital pour la prévention et le soutien aux victimes ! Les mesures d’austérité sont profondément sexistes en plus d’être antisociales.
L’émancipation des femmes est impossible dans un contexte de pénuries grandissantes et dans une société où les ultra-riches accaparent presque toutes les richesses. Pour lutter contre le sexisme, il faut aussi lutter contre le capitalisme, qui engendre inégalités et discriminations !
Participe à la délégation de la campagne ROSA pour promouvoir un féminisme socialiste de combat lors de la manifestation contre les violences faites aux femmes, organisées par la plateforme Mirabal, dont la campagne ROSA est signataire. Rendez-vous le dimanche 25 novembre à 13h30 Place Poelaert !
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Les travailleurs de Google en action contre le harcèlement sexuel

MeToo est entré dans le monde de la technologie lorsque des centaines, voire des milliers d’employés de Google, dirigés par des femmes, ont organisé une grève historique ce 1er novembre à 11h10 du matin. Encouragés par un article du New York Times du 25 octobre soulignant que Google « avait systématiquement permis aux cadres supérieurs accusés d’harcèlement sexuel de quitter l’entreprise avec des indemnités de départ massives », les employés ont commencé à organiser une action pour faire savoir aux dirigeants que ce comportement ne serait pas toléré et pour exiger des changements structurels pour mettre fin à la discrimination et au harcèlement des travailleuses.
Par un travailleur de Google, région de la Baie de San Francisco. Article publié le 4 novembre sur le site de nos camarades américains de Socialist Alternative
La contre-attaque devient virale
Les employés ont commencé à s’organiser le lundi 29 octobre après la publication de l’article du NY Times. En date du mercredi 31 octobre matin, 1.500 employés s’étaient joints à un groupe de discussion par courriels pour discuter des revendications et organiser la grève. Des tracts pour le débrayage ont été affichés dans différents bureaux partout aux Etats-Unis et même dans d’autres pays. Grâce à ces affiches, des collègues qui ne s’étaient jamais parlé auparavant ont commencé à discuter entre eux afin de la manière de se répartir le travail et d’obtenir plus d’affiches le plus rapidement possible. Les employés ont commencé à s’échanger des messages enthousiastes au sujet du développement du mouvement, à répandre la nouvelle et à s’encourager les uns les autres pour rejoindre la grève du jeudi.
À partir du mercredi midi, c’était devenu le seul sujet de conversation.
Les travailleurs ont commencé à modifier leurs photos de profil en soutien à la grève, à rédiger des messages automatiques à envoyer en réponse aux courriels reçus pendant la grève et à discuter de la façon de continuer à se battre pour les revendications après la grève. Un employé a modifié le fond d’écran par défaut de milliers de machines dans toute l’entreprise pour y inclure des messages sur la grève. Un autre l’a affiché sur la page principale de l’intranet de l’entreprise pour que tous et toutes puissent voir.
Tout cela s’est fait sans « demander la permission » à la direction. Il est clair qu’il existe un état d’esprit sous-jacent de riposte des travailleurs qui souhaitent s’organiser indépendamment. Des leaders locaux se sont mobilisés pour organiser la grève dans 31 bureaux, partout dans le monde, et d’autres s’y joignent encore. Zurich, Toronto, Sydney, Londres, Dublin, Munich, Tokyo ne sont que quelques-uns des bureaux internationaux participants. Aux États-Unis, des débrayages auront lieu dans tout le pays – à New York, San Francisco, Chicago, Los Angeles, Seattle, Boulder, Pittsburgh et bien d’autres.
Les revendications
Les employés se sont réunis autour d’un ensemble d’exigences qui seront présentées aux dirigeants de Google. Ils revendiquent la fin de l’arbitrage forcé sur les plaintes, un processus transparent de signalement des cas d’harcèlement sexuel, le droit pour chaque employé de faire appel à une tierce partie de son choix lorsqu’il dépose une plainte de harcèlement et que la direction divulgue les données salariales triées par genre et par origine ethnique. Non seulement les employés de Google s’attaquent au harcèlement sexuel sur leur lieu de travail, mais ils visent aussi l’égalité salariale – à travail égal, salaire égal – et la fin de l’écart de rémunération par genre et origine.
Cette grève internationale pour lutter contre le harcèlement sexuel au sein de l’entreprise de technologie la plus connue au monde souligne la croissance du mouvement mondial des femmes contre les abus sexuels que la campagne #MeToo a galvanisé. Les employés de Google suivent ceux de McDonald’s qui ont fait grève dans 10 villes américaines le 18 septembre dernier afin de forcer l’entreprise à s’attaquer sérieusement au harcèlement sexuel au travail.
Nous assistons à certaines des premières étapes concrètes vers l’auto-organisation dans le milieu du travail chez les employés du secteur de la technologie. En jetant quelques miettes aux travailleurs, les milliardaires de la technologie espéreront mettre fin à cet incroyable mouvement. L’essentiel est que les travailleurs de Google restent organisés, unis autour de revendications communes. Ce mouvement a déjà commencé à élargir ses revendications et s’est efforcé dès le début d’unir les employés directs et les travailleurs ‘‘indépendants’’.
La prochaine étape sera probablement vers des revendications économiques. Pour que les travailleurs de Google réussissent, ils devront former une organisation permanente, indépendante de la direction, pour façonner démocratiquement ce mouvement en développement, comme l’ont fait les générations précédentes de travailleurs lorsqu’ils ont syndiqué de nouvelles industries.
- Soutien aux travailleurs de Google !
- Mettons fin au harcèlement sexuel sur nos lieux de travail !
- Pas de représailles contre les grévistes !
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Angleterre : les femmes dans la première guerre mondiale
Manifestations, grèves, et égalité
Par Jane James et Jim Horton, Socialist Party (CIO en Angleterre & Pays de Galles)
La Première Guerre mondiale a entraîné le massacre horrible de millions de travailleurs qui ont d’abord été encouragés, puis enrôlés dans les horreurs sanglantes de la guerre des tranchées. Les femmes aussi ont été « cajolées » à faire leur part pour ” la guerre qui mettra fin à toutes les guerres ” en remplaçant les hommes envoyés au front dans les usines et les lieux de travail à travers la Grande-Bretagne et ailleurs en Europe.Mais en cette année anniversaire, il est peu probable que l’on accorde beaucoup d’attention aux luttes militantes des femmes de la classe ouvrière au cours de ces quatre années de conflit brutal, où les divisions de classe sont restées une caractéristique de la vie quotidienne.
Les historiens se réfèrent souvent à la façon dont la Première Guerre mondiale a transformé la vie et les attitudes envers les femmes et prétendent que les femmes ont été récompensées pour leurs sacrifices en temps de guerre par l’extension du droit de vote à la fin des hostilités.
La réalité était cependant très différente puisque les femmes de la classe ouvrière -abandonnées par les dirigeants nationaux des syndicats et du mouvement pour le suffrage (les « suffragettes »)- ont mené leurs propres batailles pour l’égalité de salaire et les droits des femmes.
Il est vrai qu’au cours de la guerre, des centaines de milliers de femmes se sont retrouvées dans des emplois qui étaient auparavant réservés aux hommes. Mais si les anciennes notions de travail masculin et féminin ont été contestées dans une certaine mesure, quoique temporairement, les salaires sont restés inégaux.
L’extension du droit de vote après la guerre n’a pas été appliquée de manière égale. Tous les hommes de plus de 21 ans ont eu le droit de vote, tandis que pour les femmes, il était limité à celles qui étaient chefs de ménage et âgées de plus de 30 ans, excluant de nombreuses femmes de la classe ouvrière.
De nombreux portraits de femmes pendant la guerre ont tendance à se concentrer sur les volontaires du Voluntary Aid Detachment (VAD), comme dans la récente série dramatique de la BBC1 ” The Crimson Field ” et l’Armée de terre des femmes (WLA), qui comptait 20 000 membres en 1918.
Mais pour la première fois, les femmes ont également occupé des postes dans les chemins de fer, les bus et les trams, ainsi que dans les bureaux de poste, les banques, le commerce de détail et la fonction publique. Les femmes sont devenues des laveuses de vitres, des ramoneuses, des livreuses de charbon, des balayeuses de rues, des électriciennes et des pompiers.
L’afflux de femmes dans les usines de munitions a également captivé l’imagination des commentateurs. Les peintures représentant des ouvrières d’usine par des artistes féminines comme Anna Airy et Flora Lion témoignent des profonds changements culturels de l’époque.
Le sentiment de « dislocation sociale » a été capturé dans le poème de 1918 de Nina MacDonald, « Sing a Song of Wartime » (sur l’air de « Sing a Song of Sixpence »), qui se termine par le verset :
Ev’ry body’s doing
Something for the War,
Girls are doing things
They’ve never done before,
Go as ’bus conductors,
Drive a car or van,
All the world is topsy-turvy
Since the War began.Tout le monde fait
Quelque chose pour la guerre,
Les filles font des choses
Qu’elles n’ont jamais fait auparavant,
Travailler en tant que conductrices de bus,
De voiture ou camion,
Le monde est à l’envers
Depuis le début de la guerre.L’impression générale selon laquelle les femmes étaient absentes du lieu de travail avant la guerre est erronée : Environ quatre millions de femmes (en Angleterre), soit un quart de la population féminine, travaillaient déjà à l’extérieur de la maison.
Le début de la guerre a d’abord entraîné un déclin dramatique de l’emploi féminin, les industries traditionnelles employant des femmes telles que la couture se sont pratiquement effondrées, les femmes plus riches achetant moins d’articles de luxe.
L’industrie du coton a également été affectée par la fermeture de la mer du Nord au transport maritime. En septembre 1914, près de la moitié des femmes étaient au chômage.La guerre a finalement abouti à l’arrivée d’un million et demi de femmes sur le marché du travail pour la première fois. Cela a été facilité par la création de crèches, une mesure progressive qui a été inversée à la fin de la guerre, l’establishment politique cherchant à ramener les femmes dans leurs rôles traditionnels d’avant-guerre.
L’intégration des femmes dans la force de travail ne s’est pas faite sans ressentiment et sans une certaine résistance de la part de nombreux membres des syndicats des métiers d’artisanat notamment, la plupart des professions masculines restant fermées aux femmes pendant toute la guerre.
Mais les divisions au sein de la société ne se limitaient pas au genre. Les types d’emplois occupés par les femmes étaient fortement influencés par leur classe sociale.
La WLA (armée de terre des femmes) se composait principalement de femmes de la classe supérieure et de la classe moyenne. Les femmes de la classe ouvrière ont été jugées inaptes au motif qu’elles n’avaient pas la ” fibre morale élevée ” nécessaire.
Ce sont aussi des femmes de la classe supérieure et de la classe moyenne qui s’enrôlaient avec VAD (travail volontaire). Beaucoup ont sacrifiées leur vie en travaillant comme infirmières sur le front, mais un grand nombre d’entre elles faisaient plutôt des missions ponctuelles et temporaires dans les hôpitaux locaux pendant que des domestiques nettoyaient leur maison.
En revanche, les femmes de la classe ouvrière ont travaillé pendant la guerre par nécessité. Cependant, pour beaucoup, la guerre a changé la nature de leur travail, leur donnant la possibilité d’échapper à l’exploitation comme dans le service domestique et le travail manuel.
Conditions d’usine
On estime que 800 000 femmes sont finalement devenues employées dans tous les secteurs de l’industrie d’armement. Les trois quarts d’entre elles travaillaient sous l’égide directe du Ministère de l’Armement, en fait le contrôle de l’Etat et la planification nationale des fabricants de munitions suite aux échecs de l’industrie privée au début de la guerre.
Les conditions de travail dans les usines de munitions étaient difficiles. Les heures étaient longues, et avec l’assouplissement des règles de santé et de sécurité, les conditions de travail étaient dangereuses. Elle a eu un impact désastreux sur la santé des femmes.
L’empoisonnement par le produit chimique TNT était courant, entraînant le jaunissement de la peau, ce qui a valu aux ouvrières le surnom de ” Canary Girls ” (les filles canari)
Pourtant, la jaunisse toxique était grave. Des milliers de femmes et d’hommes ont inhalé et ingéré de la poussière. Ils souffraient de maux d’estomac, de vertiges, de somnolence et de gonflement des mains et des pieds.
Les premiers décès de travailleuses dues à cette maladie insidieuse ont été signalés en 1916, mais peu de mesures ont été prises.
Des accidents sont également survenus lors de la manipulation quotidienne de produits chimiques explosifs. Des centaines de travailleurs ont perdu la vie dans des explosions et des milliers de personnes se sont retrouvées sans toit.
Toute référence aux femmes de la classe ouvrière dans les programmes et articles célébrant l’anniversaire de la fin de la guerre cette année risque d’ignorer leur lien avec le mouvement syndical. Pourtant, la concentration des travailleuses dans l’industrie d’armement a encouragé une croissance rapide de leur affiliation syndicale.
The best militants, mainly socialists and Marxists, rejected the industrial truce declared by the union leaders and created new rank and file bargaining structures, which by 1917 were to result in the formation of the National Shop Stewards Movement.
Dans l’ensemble, les effectifs féminins dans les syndicats ont augmenté de 160% pendant la guerre, en particulier au sein de la Fédération nationale des travailleuses et du Syndicat des travailleurs. En 1918, ce dernier employait 20 femmes fonctionnaires à plein temps et comptait plus de 80 000 membres féminins, soit le quart des membres du syndicat.
Les femmes furent de plus en plus nombreuses à adhérer aux syndicats à une époque où les mécanismes officiels des syndicats se sont effectivement intégrés à l’État.
Les meilleurs militants, principalement socialistes et marxistes, rejetèrent cette trêve industrielle déclarée par les dirigeants syndicaux et créèrent de nouvelles structures de négociation pour la base (la majorité des membres) qui, en 1917, devaient aboutir à la formation du « Mouvement national des délégués syndicaux ».
Ce processus a commencé à Clydeside (Angleterre) où une grève des ingénieurs en février 1915 avait été organisée par le Clyde Labour Withholding Committee, le précurseur du Clyde Workers’ Committee (CWC).
Clydeside “rouge”
Neuf mois plus tard, menacés de déduire les arriérés de loyer des salaires, une grève de 15 000 travailleurs du chantier naval de Clyde a été organisée pour soutenir les grèves de loyer organisées par des femmes impliquées dans un mouvement de locataires contre les augmentations de loyer. Cela a donné un nouvel élan à la Convention sur les armes chimiques.
William Gallacher, l’un des principaux dirigeants du CWC, a commenté le rôle des femmes de la classe ouvrière à la tête de la campagne : “Mme Barbour, une femme au foyer typique de la classe ouvrière, est devenue la dirigeante du mouvement comme on n’en avait jamais vu auparavant… Réunions de rue, réunions de cour arrière, tambours, cloches, trompettes – toutes les méthodes étaient utilisées pour faire sortir les femmes et les organiser en vue de la lutte. Les avis étaient imprimés par milliers et placés dans les vitrines : partout où vous alliez, vous pouviez les voir. Une rue après l’autre, pas une fenêtre sans: “Nous ne payerons pas un loyer plus élevé.”
Des équipes de femmes se sont mobilisées contre les huissiers de justice pour prévenir les tentatives d’expulsion. Cette action communautaire et industrielle combinée de femmes et d’hommes de la classe ouvrière a forcé le gouvernement à imposer immédiatement des restrictions de loyer aux propriétaires privés.
Le principal problème auquel le CWC fut confronté était la dilution, c’est-à-dire le remplacement de la main-d’œuvre qualifiée par une main-d’œuvre non qualifiée, y compris les femmes. En temps de guerre, il était difficile de prévenir cela.
Le CWC accepta à l’époque de ne pas s’opposer à la dilution à condition que toutes les industries et les ressources nationales soient nationalisées sous le contrôle des travailleurs et que tous, y compris les femmes, soient payés au taux standard pour l’emploi.
Les comités de délégués syndicaux s’étendirent également, en particulier à Sheffield où cela a été élargi pour inclure les travailleurs et travailleuses qualifiés, semi-qualifiés et non qualifiés.
JT Murphy, l’un des dirigeants du Comité des travailleurs de Sheffield, expliqua comment l’utilisation des femmes comme main-d’œuvre bon marché avait créé un antagonisme entre les hommes et les femmes.
Murphy et le comité des délégués syndicaux de Sheffield ont cherché à surmonter ce problème en soutenant activement la lutte des travailleurs non qualifiés, hommes et femmes pour des salaires plus élevés et en encourageant les femmes dans le mouvement syndical.
Le comité des travailleurs à prédominance masculine condamna le sexisme et chercha à coopérer plus étroitement avec les syndicats représentant les travailleuses, en particulier le Syndicat des travailleurs.
Suffragettes
Les divisions de classe entre les femmes pendant la guerre se sont étendues au mouvement pour le suffrage, car les dirigeantes de la classe moyenne abandonnèrent la lutte pour le vote pour des campagnes femmes spécifiques.
Par exemple, Christabel Pankhurst a pleinement soutenu la guerre et s’est impliquée dans le mouvement patriotique pour faire pression sur les hommes pour qu’ils s’enrôlent dans les forces armées. De nombreux militaires en repos, en congé et même blessés sont devenus les cibles de ce mouvement, tout comme les hommes jugés inaptes au service militaire.
De nombreux ouvriers ingénieurs qui avaient été exemptés du service militaire ont décidé de porter des insignes ” On War Service ” (en service de guerre) pour se protéger des « justiciers et justicières à plumes blanches » (ceux et celles qui faisaient pression pour que personne ne puisse échapper à l’enrôlement).
Emmeline et Christabel Pankhurst appelèrent à la conscription militaire pour les hommes et à la conscription industrielle pour les femmes. Elles mirent les fonds de leur organisation à la disposition du gouvernement. Elles organisèrent des manifestations soutenues par le gouvernement pour faire pression sur les femmes pour qu’elles acceptent des emplois dans les usines.
La nature réactionnaire de leur politique patriotique s’est manifestée par leur soutien à l’interdiction des syndicats.
Christabel Pankhurst exigea que les travailleurs non qualifiés et semi-qualifiés soient embauchés sans aucune garantie et sécurité.
Contrairement à sa mère et à sa sœur, Sylvia Pankhurst a défendu la cause de l’égalité de salaire pour un travail égal et s’est battue pour de meilleures conditions de travail pour les femmes.
La Fédération des Suffragettes de Sylvia Pankhurst, basée à Londres, a continué à militer pour le vote des femmes pendant la guerre, tout en faisant campagne pour la paix, les libertés civiles et le contrôle des loyers et des prix des denrées alimentaires contre le profit flagrant des capitalistes sur la guerre. La Fédération a également exigé la nationalisation de l’approvisionnement alimentaire et l’abolition du profit privé.
A la fin de la guerre, diverses organisations femmes ont exigé l’égalité des salaires, la réglementation des salaires dans les métiers peu rémunérés, une semaine de 48 heures, l’abolition des amendes de travail, les dispositions relatives à la maternité et le vote. Il a également été demandé que tous les syndicats soient ouverts aux travailleuses et que les femmes soient représentées dans les organes de direction des syndicats.
La classe dirigeante, cependant, voulait simplement un retour aux affaires normales. Mais avec une action industrielle de masse dépassant les chiffres d’avant la guerre et une atmosphère presque insurrectionnelle, le gouvernement a été contraint d’introduire une série de lois sur le contrôle des loyers, le logement social, les droits de maternité et la protection de l’enfance. Avec le temps, avec la défaite des luttes ouvrières, ces mesures progressistes furent annulées.
L’attitude des syndicats sur les droits des femmes n’était pas toujours progressiste. En 1918, une conférence syndicale a adopté une motion demandant que les femmes soient bannies des métiers ” inadaptés ” et que les femmes mariées soient exclues du travail.
Ces points de vue étaient encouragés par l’establishment politique qui considérait la position des femmes dans l’industrie comme une utilité en temps de guerre.
Lutter pour l’égalité
L’adoption de telles motions par les syndicats pourrait s’expliquer en partie par les conditions d’un capitalisme d’après-guerre où des millions d’hommes démobilisés ont découvert les dures réalités de la ” terre digne des héros “, mais aussi par les limites de la direction officielle du mouvement ouvrier qui n’avait pas la volonté d’affronter le capitalisme.
Ce fut aux travailleuses elles-mêmes de se battre pour obtenir de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires.
Le succès d’une grève à salaire égal la même année, la première du genre à Londres et dans le sud-est par les travailleuses du tramway et du métro, a contraint le gouvernement à mener une enquête spéciale pour déterminer si le principe de l’égalité salariale entre les hommes et les femmes devrait s’appliquer à toutes les industries.
Elle a conclu que les principes existants de détermination des salaires ne devraient pas être modifiés.
Plus de 50 ans se sont écoulés avant que l’égalité salariale ne soit inscrite dans la loi en Angleterre, et ce, uniquement en raison de la grève réussie des femmes machinistes à Ford (Dagenham).
Au milieu du carnage de la Première Guerre mondiale, des idées radicales et progressistes ont émergé sur les droits des femmes, ce qui reflète l’expérience riche du temps de guerre, y compris l’intégration des femmes dans le mouvement syndical, et le militantisme plus large des travailleurs avant et pendant la guerre.
Les meilleurs militants de la classe ouvrière, femmes et hommes, sont devenus les chefs de file des batailles industrielles de masse contre l’austérité de l’après-guerre et les attaques contre les conditions de travail des travailleurs.
Inspirés par la Révolution russe de 1917, ils ont créé le Parti communiste, qui représentait à l’époque le meilleur moyen de faire progresser les droits des femmes de la classe ouvrière.
Cent ans plus tard, nous sommes confrontés à une tâche similaire, celle de créer des organisations ouvrières indépendantes pour contester les inégalités du capitalisme, les oppressions comme le sexisme, le racisme, la LGBTQI+ phobie. Il est essentiel de pouvoir apprendre des luttes du passé pour pouvoir mieux préparer le futur.
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USA. Les leçons du mouvement de masse des femmes des années ’60 et ’70
Un nouveau mouvement des femmes émerge en réponse à l’élection du misogyne Donald Trump, à commencer par les marches des femmes de 2017 et maintenant avec la campagne #MeToo. Le pouvoir potentiel du moment #MeToo a tellement effrayé la classe politique, les PDG, les investisseurs et actionnaires, -en bref les « 1% »- que des douzaines d’abuseurs célèbres ont été licenciés ou forcés de démissionner. C’est une victoire, mais les femmes ont beaucoup plus à gagner.
Un véritable outil pour que les travailleurs et travailleuses puissent se défendre face à des patrons et des collègues abusifs, (que votre patron soit célèbre ou non) peut être gagné, mais il faudra un mouvement de masse qui prend la rue et perturbe le statu quo. Le dernier grand mouvement des femmes aux États-Unis au cours des années 1960 et 1970 a été une période de mobilisation soutenue autour des questions féminines qui a permis d’obtenir d’importantes réformes et de changer l’attitude de millions de personnes à l’égard du rôle des femmes dans la société. Elle a également montré les limites du féminisme libéral.Le mouvement des femmes des années 1960 et 1970 a émergé au cours d’une période de bouleversements sociaux massifs à l’échelle nationale et internationale. Aux États-Unis, la lutte déterminée des Afro-Américains dans le mouvement des droits civiques a eu un effet transformateur sur la conscience de millions de travailleurs et de jeunes. Le mouvement contre la guerre du Vietnam était d’une ampleur énorme, attirant environ 36 millions de personnes pour protester au cours de la seule année 1969. L’establishment était contesté de tous les côtés, et les femmes, les gens de couleur, les LGBTQI+ et les travailleurs étaient encouragés à porter leur lutte contre l’oppression et l’inégalité à des niveaux d’organisation et d’action plus élevés.
La naissance de NOW
L’Organisation nationale des femmes (NOW), fondée en 1966, a élaboré une stratégie et des tactiques pour assurer la pleine égalité juridique des femmes et des hommes. Bien que NOW ait souvent fait campagne pour des revendications qui profiteraient à toutes les femmes, les politiques de NOW étaient centrées sur les préoccupations des femmes instruites de la classe moyenne et étaient parfois en désaccord avec les intérêts des femmes de la classe ouvrière.
NOW a réussi à obtenir des réformes grâce à une avalanche de poursuites judiciaires combinées à des protestations et à des actions de masse, en particulier en matière de discrimination à l’emploi. Elle a commencé par faire pression pour que l’on mette fin à la ségrégation des listes d’emplois dans les journaux, en combinant les efforts de lobbying avec des piquets de grève et des manifestations qui ont réussi à mettre fin à cette pratique en 1968. La Commission pour l’égalité des chances en matière d’emploi, l’organisme fédéral chargé d’appliquer les règles contre la discrimination dans l’emploi, n’a commencé à appliquer la loi qu’après qu’une campagne de NOW ait forcé le changement.
Le 26 août 1970, la grève nationale des femmes a vu des dizaines de milliers de femmes faire grève dans tout le pays autour de trois revendications centrales : le droit à l’avortement, le droit à la garde d’enfants et l’égalité des chances en matière d’emploi et d’éducation. Le caractère des manifestations variait d’une ville à l’autre, mais c’est à cause de l’existence de NOW que la grève des femmes a été une action coordonnée à l’échelle nationale.
Dans la ville de New York, cinquante mille femmes ont marché sur la 5e Avenue, et une bannière a été accrochée à la Statue de la Liberté, portant l’emblème « Women of the World Unite ! ». La grève d’un jour a été un énorme succès, et le nombre de membres de NOW a augmenté de 50 % au cours des mois suivants. À son apogée en 1974, NOW pouvait revendiquer 40 000 membres, ce qui reflète le fait que le Mouvement des femmes avait vraiment acquis un caractère de masse.
Bien que NOW ait adopté un programme relativement radical, l’organisation n’a pas cherché à contester le système capitaliste, mais à obtenir une place équitable pour les femmes au sein même du système. Dans l’intérêt de paraître acceptable aux yeux du “courant dominant” de la société, les dirigeantes de NOW ont consciemment repoussé les radicaux. Cette tactique était clairement liée à une aile du Parti démocrate.
Malgré certaines campagnes sur l’inégalité raciale, NOW avait de graves lacunes dans son approche à l’égard des femmes de couleur, et l’organisation était majoritairement blanche.
Betty Friedan, la dirigeante de NOW, a qualifié de “menace lavande” la radicalisation des femmes lesbiennes ; le lesbianisme ne cadrait pas avec la politique de respectabilité de Friedan. Le refus de NOW d’adopter pleinement la diversité ethnique et de genre dans l’organisation et l’accent mis sur l’égalité juridique plutôt que sur un programme répondant aux besoins des travailleuses constituait une faiblesse importante pour l’ensemble du mouvement des femmes.
La libération des femmes
Pour beaucoup de jeunes femmes impliquées dans les mouvements anti-guerre et de défense des droits civils, le féminisme libéral incarné par NOW n’était pas suffisant. L’énorme radicalisation de cette période a incité les femmes à explorer le démantèlement complet des rôles des femmes dans les relations amoureuses, dans la famille, dans la société et dans les organisations de gauche. La naissance des groupes de libération des femmes peut être attribuée aux expériences des femmes militantes qui sont mises à l’écart politiquement, souvent sexuellement objectifiées au sein de certaines organisations de « gauche ».
C’était particulièrement vrai pour « Students for a Democratic Society », qui n’a pas réussi à s’attaquer au chauvinisme généralisé dans ses rangs. Cela a conduit un certain nombre de femmes de la SDS à une discussion plus intense sur les racines profondes de l’oppression des femmes et sur la façon de la combattre. Ce type de débats a eu lieu parmi les femmes militantes de gauche à travers le pays, y compris dans les organisations noires et latines. À l’automne 1967, des femmes radicales ont commencées à former leur propre organisation, dédiée à la libération des femmes. En 1969, il y avait des groupes de libération des femmes dans plus de 40 villes.
Les organisations de libération des femmes ont souvent commencé comme des groupes de conscientisation, où les femmes se réunissaient pour discuter de leur oppression commune et se sont développées en groupes activistes qui ont utilisé l’action directe pour faire campagne sur les droits reproductifs, le viol et l’objectivation des femmes. Les militantes ont renversé le tabou sur le fait de parler de la sexualité et de la santé reproductive des femmes, et les femmes lesbiennes ont été accueillies dans le mouvement.
Bien que le mouvement de libération des femmes ait adopté une vision plus globale des expériences des femmes que le mouvement féministe dominant, il était également dominé par les femmes blanches de la classe moyenne. Les socialistes-féministes au sein du mouvement n’ont jamais fusionné en une force unifiée qui aurait eu un impact sur la direction générale de la libération des femmes. Les idées séparatistes selon lesquelles les femmes s’organisent et même vivent séparées des hommes était une tendance au sein du mouvement de libération des femmes, ce qui donnait aux médias le moyen de le dénigrer en le qualifiant de “haine de l’homme”. L’incapacité du mouvement à adopter un programme clair qui puisse répondre aux intérêts et aux besoins des femmes de la classe ouvrière et des femmes de couleur a limité son attrait, même si ses campagnes ont eu un impact positif sur l’opinion publique.
Gagner le droit de choisir
NOW a été la première organisation nationale à exiger l’abolition de toutes les lois restreignant l’avortement et a contribué à la création de l’Association nationale pour l’abrogation des lois sur l’avortement (NARAL), qui a mené la campagne principale en faveur du droit à l’avortement.
NARAL a travaillé avec le mouvement de libération des femmes, qui connaissait alors une croissance rapide, pour organiser des événements provocateurs, tels que des conférences où les femmes témoignaient de leurs propres expériences d’avortement. Les débats contre les activistes anti-avortement étaient une autre tactique privilégiée de NARAL, et l’organisation a produit du matériel donnant des conseils sur la façon d’organiser et de gagner des débats, et comment obtenir une couverture médiatique maximale.
Le « Chicago Women’s Liberation Union », un groupe socialiste-féministe dont les nombreux projets comprenaient le « Jane Collective », a organisé une action directe au congrès de l’American Medical Association, où des activistes ont infiltré l’événement et présenté une liste de revendications incluant l’avortement gratuit et légal. Le mouvement des femmes de New York a obtenu le droit à l’avortement après une lutte soutenue, y compris des actions directes en 1970. Des campagnes similaires ont éclaté dans tout le pays et 14 États ont libéralisé les lois sur l’avortement à des degrés divers avant l’affaire Roe vs. Wade.
Dans l’État de Washington, un groupe de médecins préoccupés par la menace des avortements illégaux pour la santé des femmes a réussi à faire inscrire l’avortement comme revendication sur le bulletin de vote de l’État en 1970. Deux organisations féministes de Seattle ont reformulé la question comme une question de libération des femmes et ont créé un mouvement populaire pour se battre pour chaque vote. « Women’s Liberation Seattle” a produit et vendu 10 000 exemplaires d’une brochure intitulée “One in Four of Us Have Have Had or Will Have Have an Abortion”. Des rassemblements et des réunions ont eu lieu dans tout l’État et les militants ont distribué des tracts et frappé à la porte pour faire passer le mot. En fin de compte, l’initiative a été adoptée avec 56 % des voix en faveur du droit des femmes à l’avortement.
La décision de la Cour suprême de 1973 légalisant l’avortement à l’échelle nationale, Roe vs. Wade, a été une victoire historique pour le mouvement des droits des femmes. Dans une série d’événements qui ressemble à la lutte plus récente pour l’égalité du mariage, une Cour suprême conservatrice a suivi le mouvement de masse et le changement d’attitude de la population à l’égard de l’avortement. La Cour, représentant les intérêts de la classe dirigeante, a été forcée par le mouvement à passer à l’action s’il voulait éviter une nouvelle radicalisation massive.
Les femmes et le mouvement ouvrier
Les femmes de la classe ouvrière, la plupart du temps hors des projecteurs du mouvement féministe organisé, ont tracé leur propre chemin vers la libération, et elles l’ont fait sur leur lieu de travail et dans leurs syndicats. Les femmes sont entrées en grand nombre sur le marché du travail dans les années 60 et 70, et faisaient partie d’une transformation démographique de la classe ouvrière américaine qui incluait également de nouvelles industries et catégories d’emploi s’ouvrant aux travailleurs noirs et autres minorités ethniques.
Les femmes exerçant des professions traditionnellement féminines, comme les employées de maison, de bureau, d’hôpital et d’autres travailleuses du secteur des services se sont également engagées dans la lutte, utilisant l’action collective pour lutter contre les revendications économiques, y compris contre le sexisme rampant sur le lieu de travail, présent dans de nombreux emplois à prédominance féminine dans le secteur des services. Les femmes de la classe ouvrière se sont engagées dans une lutte féministe qui correspondait à leurs propres conditions, où les normes sexistes, racistes et paternalistes qui régissaient les relations de travail ont été remises en question dans un mouvement qui a contribué de façon importante au rejet croissant des attitudes sexistes traditionnelles sur le rôle des femmes.
Par exemple, les conditions de travail des agents de bord dans les années 1960 étaient un cauchemar de l’objectivation féminine : pesée hebdomadaire avec des travailleuses qui risquaient d’être licenciées si elles dépassaient, âge maximum de travail de 32 ans et des campagnes publicitaires qui invitaient pratiquement les passagers à harceler sexuellement les travailleuses. Les agents de bords syndiquées se sont heurtées à un mur lorsqu’elles ont essayé d’obtenir de leurs dirigeants syndicaux masculins qu’ils prennent des mesures contre le sexisme au travail. Les employées de bureau étaient considérées comme des “épouses de bureau” mal payées qui devaient aller chercher du café et faire le déjeuner pour les patrons masculins. Les deux groupes de travailleuses ont créé de nouvelles organisations pour protester contre leur statut de seconde classe et souvent hypersexualisé sur le lieu de travail et tous deux ont fini par former de nouveaux syndicats.
Les hôtesses de l’air ont construit « Stewardesses for Women’s Rights » (SFWR), qui a développé une vaste campagne de protestation, de recours juridiques et de publicité avec le soutien du mouvement féministe dominant. Les employées de bureau ont mis sur pied des organisations qui ont construit des manifestations et fait pression sur le gouvernement au sujet de la discrimination fondée sur le sexe en matière d’embauche, de rémunération et de promotion. Les agents de bord ont particulièrement bien réussi à utiliser les ralentissements, les arrêts maladie et les menaces de grève en conjonction avec SFWR pour mettre fin à plusieurs des politiques déshumanisantes les plus flagrantes.
Les travailleuses domestiques, majoritairement noires, étaient confrontées à la double oppression du racisme et du sexisme au travail et fortement exploitées sans aucune protection légale du travail. Les organisations de travailleuses domestiques, comme le « Syndicat national des travailleuses domestiques », remplissaient souvent de nombreuses fonctions : faire campagne contre les bas salaires et les pratiques abusives, éduquer les travailleurs sur leurs droits, placer les travailleurs dans des emplois et régler les griefs avec les employeurs. Malgré les difficultés de syndicalisation des travailleuses très isolées, ces organisations ont contribué à obtenir certaines protections juridiques fédérales et des salaires plus élevés sur certains marchés régionaux.
Le potentiel révolutionnaire des années 1970
Le chevauchement des mouvements des femmes dans NOW, dans les groupes féministes radicaux et dans les lieux de travail a coïncidé avec une recrudescence dramatique et soutenue du militantisme de la classe ouvrière. En 1970, environ un sixième des 27 millions de travailleurs syndiqués sont partis en grève. Ces travailleurs se battaient pour obtenir plus qu’une augmentation des salaires et des avantages sociaux ; les enseignants, en grande majorité des femmes, ont fait grève pour améliorer les politiques en classe et étendre les droits à la négociation collective dans le secteur public. Les mineurs, les routiers et les travailleurs de l’automobile ont frappé en masse, tout en organisant simultanément des comités pour casser le contrôle des dirigeants de leurs syndicats et donner davantage de voix à la base. Les travailleurs de l’électricité, du téléphone et des chemins de fer ont mobilisé des centaines de milliers de personnes lors de grèves qui ont stoppé des pans entiers de l’industrie.
La révolte ouvrière, combinée aux mouvements sociaux radicaux contre le racisme et le sexisme, et la révolte au sein de l’armée américaine au Vietnam créait une situation de plus en plus ingouvernable. Le scandale du Watergate et la mise en accusation subséquente de Richard Nixon ont montré le chaos qui enveloppait la classe dirigeante américaine.
Tragiquement, cependant, le potentiel de transformation des années 1970 n’a pas été réalisé. Les travailleurs, les jeunes, les femmes, les personnes de couleur et les LGBTQI+ se révoltaient contre l’establishment, mais leurs dirigeants n’ont pas réussi à s’unir et à construire un nouveau parti politique représentant les intérêts des travailleurs et de tous les opprimés pour s’attaquer au système politique et économique dominé par le capitaliste.
L’une des premières victimes de cet échec a été le veto largement incontesté de Nixon à l’égard d’une loi qui aurait créé une puériculture universelle en 1971. Malgré l’afflux de femmes sur le marché du travail, un mouvement de masse organisé de femmes et une recrudescence de la base dans les syndicats, aucun effort commun n’a été lancé pour combattre ce veto.
A partir de 1975, des valeurs familiales émergentes de l’extrême-droite ont pris de l’ampleur, qualifiant de communistes et d’anti-américains les services de garde d’enfants, au fur et à mesure que se développait la réaction contre le mouvement des femmes. Le Parti démocrate a également commencé à se diriger vers la droite lorsque les capitalistes se sont dirigés vers des politiques néolibérales. L’élection de Ronald Reagan en 1980, et son licenciement des travailleurs en grève de la circulation aérienne un an plus tard, a marqué le début de plusieurs décennies de défaites pour les syndicats, dont le mouvement ouvrier ne s’est pas (encore) remis.
Nécessité d’un leadership marxiste
Les expériences des femmes confrontées aux attitudes régressives choquantes dans certaines sections de la « nouvelle gauche » reflétaient l’absence d’un courant marxiste authentique et significatif aux Etats-Unis, luttant pour des idées féministes socialistes.
Au mieux, la première gauche radicale américaine était en première ligne dans la lutte pour les droits des femmes, en particulier dans l’organisation de travailleuses extrêmement exploitées. Les « ouvrières industrielles du monde » (I.W.W) et les activistes socialistes comme Elizabeth Gurley Flynn, par exemple, ont joué un rôle clé dans la fameuse grève du “pain et des roses” de 1912 par les ouvrières immigrées du textile à Lawrence, Massachusetts. C’est aussi le Parti socialiste qui a organisé la première marche de la Journée des femmes en 1909 à New York et qui a inspiré l’Internationale socialiste à l’adopter comme journée internationale d’action pour les femmes de la classe ouvrière l’année suivante.
Les socialistes révolutionnaires, y compris Marx et Engels, voyaient l’oppression des femmes comme faisant partie intégrante de toute l’histoire de la société de classe. Ils ont conclu que, tout en luttant bec et ongles pour tous les gains possibles pour les femmes qui travaillent aujourd’hui, leur libération totale ne pouvait être gagnée qu’en mettant fin au règne des capitalistes.
Armées d’un véritable programme marxiste, des dizaines de milliers de combattantes et combattants pour la libération des femmes, la libération des Noirs et le pouvoir ouvrier auraient pu s’unir aux États-Unis dans les années 70 pour construire un courant révolutionnaire puissant dans un large parti ouvrier de masse. Les tâches historiques du mouvement des femmes des années 1960 et 1970 restent à accomplir : les femmes continuent de se heurter à des obstacles en matière de droits reproductifs, d’emploi, de violence sexuelle, etc. Un nouveau mouvement des femmes est nécessaire à côté d’un mouvement ouvrier de masse qui, sur la base des leçons du passé, défie le système capitaliste lui-même dans une lutte décisive pour la libération des femmes.
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Port du voile : aux femmes de décider !

Action d’étudiants anversois contre l’interdiction du port du voile en mars 2017. Photo : Liesbeth Un procès, intenté par quelques parents contre l’interdiction du port du foulard dans deux écoles de l’enseignement officiel à Maasmechelen (Limbourg) a fait rebondir la polémique. Quelques hommes politiques et autres commentateurs en ont profité pour remettre en cause la liberté de choix des femmes. Le président de la N-VA, Bart De Wever, a tweeté : ‘‘Je me convertis à la religion du monstre spaghetti volant et j’envoie mes enfants à l’école avec une passoire sur la tête. Égalité de traitement pour toutes les croyances.” Le philosophe Maarten Boudry a été jusqu’à déclarer que la liberté de culte ou de croyance est superflue et devrait être abolie.
Par Michael
La campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) défend le droit des femmes à s’habiller comme elles le désirent. Qu’il s’agisse d’une mini-jupe, d’un t-shirt troué, d’un pantalon ou d’un voile. Nous défendons le droit des femmes à librement choisir de porter ou non le voile ou le foulard. Cela signifie que nous sommes opposés aux conservateurs qui veulent interdire le port du voile, mais que nous sommes aussi opposés aux autres conservateurs qui veulent l’imposer. Le combat antisexiste est synonyme de lutte pour la liberté de choisir comment s’habiller.
Les défenseurs de l’interdiction du voile prétendent qu’elle s’applique à tout symbole religieux visible. Ils font semblant de ne pas remarquer qu’ils s’en prennent essentiellement à l’interdiction du voile. Les musulmans sont les boucs émissaires des populistes de droite, c’est connu. En mettant l’accent sur la pression sociale que les filles peuvent subir pour porter le voile, ils entretiennent l’illusion que cette interdiction serait une protection pour les jeunes musulmanes.
Cela ne signifie pourtant pas que les musulmanes non-voilées ne sont pas confrontées aux intimidations diverses, aux regards insistants ainsi qu’aux remarques racistes et islamophobes. Le choix conscient de porter un voile ne se limite généralement pas à la religion. Cela fait partie de la formation d’une identité culturelle, où joue même parfois l’élément de résistance à l’islamophobie. L’interdiction ne met d’ailleurs pas fin à la pression sociale réelle que certaines jeunes filles subissent pour porter le voile. Cela renforce juste leur isolement puisqu’elles n’ont plus accès à l’école officielle ou sont obligées de se rendre dans une école musulmane.
Ce débat sur le port du voile masque de vrais problèmes de discrimination et de manques de moyens, dans le domaine de l’éducation par exemple. Nous défendons un enseignement accessible à toutes et tous, un enseignement qui tienne compte des différents milieux et qui dispose du personnel qualifié en suffisance pour faire face aux discriminations au sein de l’établissement, qu’il s’agisse de la pression des pairs ou du racisme. Ce sont des conditions préalables au développement personnel de toute une génération issue de l’immigration. Aujourd’hui, notre système éducatif reproduit les inégalités fondées sur l’origine. De Wever ne tweet pas à ce sujet, investir plus de fonds publics dans l’éducation ne figure pas dans son agenda.
Pour que le libre choix soit possible, la position sociale des femmes est importante de même que des perspectives d’avenir décentes. Cela suppose des emplois de qualité et des salaires correspondants, indépendamment du sexe, de la religion ou de l’apparence. Ce n’est qu’alors qu’il sera possible de prendre ses propres décisions et de fonder sa propre indépendance financière. Nos actions militantes à l’occasion de la Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes ont été chaleureusement accueillies par les jeunes musulmanes, avec ou sans voile, pour qui la lutte contre le sexisme est liée à la lutte contre le racisme et à la prise de conscience que nous devons agir ensemble contre les politiques antisociales.
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8 mars 2018 : Le capitalisme oppresse les femmes – luttons pour une société socialiste !

Déclaration du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) dans le cadre de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Par Hannah Sell, du Secrétariat international du CIO.
Au début de ce 21e siècle, aux Etats-Unis comme en Europe, il a été dit aux femmes que l’égalité était à portée de mains. Il leur a été dit qu’elles n’avaient plus besoin du féminisme puisque que le capitalisme leur offrait un futur étincelant, reposant sur la prospérité grandissante et l’égalité des genres.
Cette illusion est aujourd’hui détruite. Partout dans le monde, le mythe du progrès capitaliste – qui verrait la jeunesse disposer de meilleures opportunités que leurs parents – a été réduit à néant par la crise économique de 2008 et ses conséquences. Les jeunes de la classe ouvrière et de la classe moyenne font face à un monde qui ne répond pas à leurs attentes, un monde dominé par le chômage de masse, les emplois instables et sous-payés, les coupes budgétaires dans les services publics et les logements hors de prix. Les guerres et les conflits sont en augmentation, forçant des millions de personnes à risquer leur vie en fuyant leur pays. Pour les femmes, tout cela se combine aux discriminations de genre, qui restent ancrées dans la société. Dans un monde marqué par le travail sous-payé, les femmes gagnent en moyenne entre 10 et 30% de moins que les hommes.
Dans le monde néocolonial, où la plupart des salaires sont anormalement bas, les femmes sont surexploitées. Elles travaillent parfois 12 heures ou plus par jour dans les champs, les marchés et les usines textiles. En de nombreux endroits, les femmes et leurs enfants travaillent comme des esclaves des temps modernes.
Loin de mettre une fin automatique et progressive à la discrimination sexuelle, les gouvernements agissent pour l’exacerber dans un certain nombre de pays. En Russie, par exemple, où une femme meurt de violence domestique toutes les 40 minutes en moyenne, la violence domestique a été partiellement décriminalisée. L’austérité a directement impacté l’importance de la violence et des harcèlements auxquels les femmes font face, tout comme leur capacité à se défendre. En Angleterre, plus de 30 refuges pour femmes battues ont été fermé en raison du manque de moyens tandis que beaucoup d’autres encore risquent de subir le même sort ou, dans le meilleur des cas, de sévères réductions de leurs budgets. De plus, la pénurie de logements abordables laisse les femmes sans endroits où se rendre lorsqu’elles décident de fuir une situation violente. En Angleterre toujours, 9 femmes sur 10 travaillant dans les bars, les restaurants ou les hôtels ont reporté avoir été victimes d’abus sexuels de la part d’employés, de membres de la direction ou de clients. Ces femmes s’entendent répondre que ‘‘ça fait partie du job’’ et qu’elles devraient s’estimer heureuses d’avoir du travail. Aujourd’hui tout comme hier, et pas moins, l’émancipation des femmes ne tombera pas du ciel, elle sera uniquement le fruit des luttes collectives.
La Journée internationale de lutte pour les droits des femmes est plus importante que jamais
Plus d’un siècle après avoir été initiée aux États-Unis, la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes est plus importante que jamais. Les tentatives de la réduire à une simple opportunité de profits pour les grandes entreprises (où il n’est question que d’offrir un cadeau à la femme de votre vie pour le 8 mars) commencent à être repoussées : le 8 mars devient un événement important dans la lutte naissante contre l’oppression des femmes à travers le monde.
Cette année, les jeunes femmes de l’État espagnol montreront la voie ce 8 mars. Des millions de jeunes femmes et hommes prendront part aux actions de grève appelées par le Sindicato de Estudiantes (syndicat des étudiants), dans lequel Izquierda Revolucionaria (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’État espagnol) joue un rôle de premier plan.
Le dernier coup de pied dans le conte de fée du progrès vers l’égalité a été l’élection du misogyne Donald Trump comme président des Etats-Unis. Cependant, dès son élection, sa présence à la Maison Blanche a eu un effet de rassemblement contre le racisme et toutes les formes d’oppression, tout particulièrement pour l’émancipation des femmes. A la suite de la Women’s March de l’année dernière (la plus grosse journée de mobilisation de l’histoire des Etats-Unis et la plus grosse internationalement depuis 2003 et la guerre en Irak), les marches de 2018 ont réuni 2,5 millions de personnes dans plusieurs Etats et villes des Etats-Unis.
L’Etat espagnol et les Etats-Unis ne sont pas isolés. Dans beaucoup de pays à travers le monde, de nouveaux mouvements féministes se sont développés ou sont en développement.
Certains de ces mouvements répondent à une oppression longtemps subie par les femmes, à l’image du mouvement qui se poursuit contre les viols en Inde et du mouvement ‘Ni une de menos’ (pas une de moins) qui a rassemblé des centaines de milliers de personnes en Argentine et dans d’autres pays contre la violence de genre. D’autres mouvements ont émergé pour riposter contre de nouvelles attaques contre les droits des femmes, comme le mouvement partiellement victorieux qui s’est développé en Pologne en 2016 contre une tentative du gouvernement de complètement bannir l’avortement. Certains tentent d’aller plus loin que la défense des conquêtes sociales et en exigent d’autres. Cela fut notamment le cas de la Pologne, où des manifestations ont eu lieu au début de cette année pour que l’avortement soit possible jusqu’à 12 semaines de grossesse.
En République irlandaise, l’Etat – intrinsèquement lié à l’Eglise catholique – a adopté une attitude extrêmement réactionnaire à l’égard du droit des femmes de disposer de leur propre corps, l’avortement y est par exemple totalement interdit. Après l’épouvantable mort de Savita Halappanavar en 2012 (décès qui aurait pu être évité par un avortement), une lame de fond s’est développée en faveur du changement. Le Socialist Party irlandais (section irlandaise du CIO) a joué un rôle central dans la mobilisation et l’organisation de ce mouvement, aux côtés de la campagne féministe socialiste initiée par les membres du Socialist Party : ROSA. Aujourd’hui, les politiciens capitalistes irlandais ont été partiellement forcés à changer de ton suite à l’impact du mouvement. Une commission parlementaire a recommandé un accès illimité à l’avortement jusqu’à 12 semaines de grossesse tandis qu’un référendum sur l’abrogation de l’interdiction existante aura lieu le 25 mai prochain.
#metoo
2017 a été l’année de #metoo. Ce qui a commencé à Hollywood – avec des actrices dénonçant les agressions sexuelles et les harcèlements dont elles ont été victimes de la part du magnat du cinéma Harvey Weinstein et d’autres – s’est répandu comme une traînée de poudra dans le reste du monde. Pratiquement toutes les institutions capitalistes – qu’il s’agisse des médias, des grandes entreprises, des parlements ou encore des organisations caritatives – ont été atteintes par une avalanche d’accusations. Cet afflux, en grande partie par le biais des réseaux sociaux, est une indication à la fois du caractère persistant et omniprésent du harcèlement sexuel ainsi que des agressions sexuelles et d’une confiance accrue dans la lutte contre ce fléau.
Nous ne donnons aucun crédit à ceux qui tentent de dire que ce phénomène a ‘‘exagéré’’ l’ampleur du harcèlement et des abus sexuels. Il n’a au contraire révélé qu’une petite partie du quotidien d’innombrables femmes, surtout parmi les couches les plus opprimées, y compris les moins bien payées, celles qui n’ont pas d’emploi stable et les travailleuses des minorités ethniques. Cela ne signifie bien évidemment pas que toutes les accusations portées par #metoo peuvent être considérées comme prouvées; tous les individus doivent avoir droit à un procès équitable avant d’être jugés coupables. Peu importe la culpabilité ou l’innocence de certains individus, cependant, #metoo a clairement révélé la culpabilité du système capitaliste qui permet à des millions de personnes de souffrir d’abus sexistes.
Il n’est pas surprenant que tant d’accusations soient portées contre des hommes en position de pouvoir sur leurs victimes. Le capitalisme repose sur une petite minorité de la société – la classe capitaliste, les milliardaires propriétaires des grandes entreprises et des banques – qui dispose d’un pouvoir énorme pour exploiter la majorité de la population. Nous vivons dans un monde où les huit personnes les plus riches possèdent plus que la moitié de la population mondiale. Inévitablement, dans une telle société, parmi ceux qui détiennent le pouvoir, il y aura des gens qui tenteront d’utiliser leur statut pour abuser ou harceler sexuellement des femmes et des hommes qui ont moins de pouvoir, dont leurs employés. Cela ne signifie pas toutefois pas, bien entendu, que les hommes issus de la classe des travailleurs soient exemptés de tels comportements. Le sexisme est intimement imbriqué dans le tissu du capitalisme. Il touche toutes les couches de la société.
Il ne fait aucun doute que l’année 2018 verra le développement de nouveaux mouvements pour défendre et étendre les droits des femmes. C’est le résultat inévitable des attentes des femmes et de la propagande pour l’égalité d’une partie de la classe capitaliste, qui s’oppose à la réalité sexiste du capitalisme. C’est l’inévitable résultat produit par la confrontation entre la réalité sexiste du capitalisme d’une part et les aspirations des femmes ainsi que la propagande pour l’égalité d’une partie de la classe capitaliste d’autre part.
La domination masculine liée à la société de classe
L’oppression sexuelle est profondément enracinée, mais elle n’est pas innée ou immuable. Au cours de la majorité de l’histoire humaine, elle n’existait pas. La domination masculine (le patriarcat), tant dans son origine que dans sa forme actuelle, est intrinsèquement liée aux structures et aux inégalités de la société divisée en classes sociales qui a vu le jour il y a environ 10.000 ans. L’essor de la domination masculine est lié au développement de la famille en tant qu’institution visant à maintenir les divisions de classes et de propriété de même que la discipline.
Aujourd’hui comme par le passé, les familles sont souvent composées de personnes qui se sentent les plus proches et en sécurité les unes avec les autres, il n’en demeure pas moins que l’institution de la famille, sous différentes formes, est un important agent de contrôle social pour toutes les sociétés de classes. La nature hiérarchique de la société s’est répercutée dans la structure même de la famille traditionnelle avec l’homme comme chef de famille et les femmes et les enfants obéissant à lui.
Bien que maintenant plus que jamais, l’institution capitaliste de la famille ait une emprise de plus plus faible sur la classe ouvrière, des millions de femmes à travers le monde restent encore “les esclaves des esclaves” et l’idée est encore profondément ancrée que les femmes sont la propriété d’hommes qui doivent être loyales et obéissantes à leurs partenaires. Toute la société est imprégnée de propagande qui ne cesse de revaloriser le ‘’rôle premier” des femmes, en tant que ménagères, mères, objets sexuels, etc.
Le fardeau de la famille
Pour le capitalisme, l’un des rôles importants de la famille est de porter le fardeau central d’élever la prochaine génération et de prendre soin des malades et des personnes âgées. Dans la seconde moitié du XXe siècle, du moins dans certains pays européens, cette situation a en partie été atténuée par les conquêtes obtenues par la classe des travailleurs (soins de santé gratuits ou bon marché, crèches, soins aux personnes âgées, etc.).
Aujourd’hui, dans tous les pays, ces conquêtes sont menacées, laissant les familles – et les femmes tout particulièrement – avec une charge horrible, souvent en même temps qu’elles travaillent à plein temps ou plus, dans des emplois mal rémunérés et précaires, et peinent désespérément à joindre les deux bouts. Le féminisme socialiste lutte pour l’égalité entre les sexes. Notre rôle, cependant, n’est pas d’accepter les fardeaux impossibles que le capitalisme impose aux familles – se contentant de débattre de la question de savoir qui porte la plus grande part du fardeau – mais plutôt de mener une lutte acharnée pour des services publics universels correctement financés et des emplois bien rémunérés avec une semaine de travail courte, afin de retirer le fardeau des tâches qui pèsent sur les familles de la classe des travailleurs et donner aux gens l’opportunité de profiter de la vie, y compris de passer du temps avec leurs proches.
Cette lutte est liée au combat en faveur des droits reproductifs, car ce n’est que sur cette base que les femmes peuvent obtenir le véritable droit de choisir quand et si elles veulent avoir des enfants. Les marxistes luttent pour que les femmes disposent du contrôle de leur propre corps – pour qu’elles puissent décider si et quand elles veulent avoir des enfants – mais aussi pour que les femmes aient des logements abordables de bonne qualité, des crèches gratuites, un revenu décent et tout ce qui est nécessaire pour pouvoir librement choisir d’avoir des enfants.
La lutte pour l’émancipation des femmes fait partie intégrante de la lutte de classe. Dans celle-ci, le combat des femmes contre l’oppression qui leur est propre s’harmonise avec les combats de la classe des travailleurs en général avec l’objectif d’une restructuration fondamentale de la société afin de mettre fin à toute inégalité et à toute oppression.
Le féminisme capitaliste n’est pas une solution
Nous sommes en désaccord avec le féminisme capitaliste parce qu’il n’adopte pas une approche de classe dans la lutte pour la libération des femmes. En termes simples, les femmes de la classe des travailleurs ont plus en commun avec les hommes de leur classe qu’avec Margaret Thatcher, Theresa May en Angleterre, Hillary Clinton aux États-Unis ou Sheikh Hasina Wazed au Bangladesh. Cela ne signifie évidemment pas que seules les femmes de la classe ouvrière sont opprimées. Les femmes de toutes les couches de la société souffrent d’oppression en raison de leur genre, dont la violence domestique et le harcèlement sexuel.
Cependant, pour obtenir une véritable égalité des sexes pour les femmes – y compris pour celles de l’élite de la société – il est nécessaire de complètement renverser l’ordre existant dans tous les domaines : économique, social, familial et domestique. Le point de départ d’un tel renversement est de mettre fin au système que Thatcher, May, Clinton et autres défendent – le capitalisme – et de placer les grandes entreprises sous propriété publique afin de permettre le développement d’un plan de production socialiste et démocratique. La classe des travailleurs, majoritaire dans de nombreux pays, est la force sociale de la société capable d’effectuer un tel renversement. Cela n’empêche bien entendu pas les femmes de l’élite de la société – même les filles de la classe capitaliste – de décider que la seule façon de mettre fin au sexisme dont elles souffrent est de rompre avec leur classe sociale et de se joindre à la lutte pour le socialisme.
Le rôle du mouvement des travailleurs
Les marxistes ne suggèrent aucunement que la lutte contre le sexisme doive être reportée sous le prétexte que ce ne serait qu’après le renversement du capitalisme qu’il faudrait s’en occuper. Au contraire, il est vital que tous les aspects de l’oppression des femmes soient combattus dès maintenant, y compris le harcèlement et les abus sexuels.
Le moyen le plus efficace d’y parvenir est au travers de la lutte unifiée du mouvement des travailleurs. Récemment, à Londres, des ouvriers de ferry ont mené une grève contre leur direction et ses méthodes d’intimidations, y compris de harcèlement sexuel systématique d’une secrétaire. La main d’œuvre – majoritairement masculine – a remporté une victoire. La seule chose qui donnerait moyens de riposter aux innombrables personnes victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail dans le monde entier serait de faire partie d’une organisation collective impliquant une majorité de leurs collègues de travail – un syndicat combattif – prêt à les soutenir concrètement. A une plus grande échelle, la classe des travailleurs a besoin de partis de masse, politiquement armés d’un programme socialiste, qui placent la lutte pour l’égalité de genre au centre de leur action.
Bien sûr, le mouvement des travailleurs n’est pas à l’abri des comportements sexistes et il est vital que les marxistes luttent pour que tous ces cas soient traités, dans le cadre d’une campagne de lutte de la classe des travailleurs pour l’égalité des femmes. La classe des travailleurs a le pouvoir potentiel de mettre fin à ce système capitaliste corrompu et sexiste, mais cela ne sera possible que sur base d’une lutte unitaire des femmes et des hommes de la classe des travailleurs. On ne peut y parvenir en ignorant ou en minimisant le sexisme, mais seulement en le combattant consciemment.
Il y a cent et un ans, en Russie, à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, une grève et une manifestation de travailleuses ont déclenché des événements révolutionnaires qui ont conduit la classe ouvrière à prendre en main le pouvoir en octobre, sous la direction des bolcheviks, pour la première fois de l’Histoire. La dégénérescence stalinienne ultérieure de l’Union soviétique a écrasé la démocratie ouvrière mais aussi de nombreux gains obtenus par les femmes après la révolution. Néanmoins, ce qui a commencé en 1917 dans un pays pauvre isolé, donne un aperçu de ce que le socialisme pourrait signifier pour les femmes d’aujourd’hui si les énormes richesses, la science et la technique créées par le capitalisme seraient exploitées pour le bien de l’Humanité. L’égalité juridique pour les femmes – y compris le droit de vote ou encore le droit de se marier et de divorcer librement – a été introduite en Russie soviétique bien avant que cela ne soit le cas dans le monde capitaliste. Il en a été de même avec l’abolition de toutes les lois discriminantes à l’égard de l’homosexualité. Le droit à l’avortement a été introduit en Russie après la révolution de 1917. Des crèches, des blanchisseries et des restaurants gratuits ont commencé à être créés.
Un siècle plus tard, le mouvement grandissant pour l’émancipation des femmes sera à nouveau mêlé à la lutte pour un monde socialiste.
Ce pour quoi nous luttons :
• Non à toute discrimination raciste, sexiste, sur base de handicap, d’orientation sexuelle, d’âge et à toutes les autres formes de préjugés.
• Pour une campagne de masse, menée par le mouvement des travailleurs contre le harcèlement sexuel, la violence et toutes les formes de discrimination sexuelle.
• Pour des syndicats combattifs démocratiquement contrôlés par leurs membres.
• Pour des partis de masse de la classe des travailleurs basés sur des programmes socialistes comprenant la lutte pour l’égalité de genre.
• Pour une lutte de masse en faveur de l’égalité salariale, dans le cadre du combat pour un salaire décent pour tous, liée à une semaine de travail plus courte, sans perte de salaire.
• Non à TOUTES les coupes budgétaires. Des emplois, des salaires et un logement décents pour tous. Pour une expansion massive des services publics.
• Pour des allocations familiale qui reflètent le coût réel de l’éducation d’un enfant
• Pour le droit au congé parental payé.
• Pour la mise à disposition de structures publiques de garde d’enfants gratuites et flexibles de haute qualité, accessibles à tous les enfants.
• Pour le droit des femmes de faire un réel choix. Pour la contraception et le traitement de fertilité gratuits et de haute qualité pour tous ceux qui le souhaitent. Pour le droit à l’avortement sur demande.
• Pour la propriété publique de l’industrie pharmaceutique.
• Pour que les grandes entreprises et les grandes banques soient expropriées et placées sous propriété publique, sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs, avec compensation uniquement sur base de besoins avérés.
• Pour un plan de production socialiste démocratique reposant sur les intérêts de la majorité écrasante de la population, mis en œuvre d’une manière qui préserve l’environnement et pose les bases d’une véritable égalité pour tous dans un monde sans division des classes et sans guerre. -
2017, année de la contre-attaque pour les droits des femmes

Si la lutte pour les droits de femmes s’est intensifiée depuis plusieurs années déjà, 2017 aura marqué un point tournant. L’élection de Trump fut un électrochoc mondial. Le lendemain de son investiture, le 21 janvier, 3,5 millions d’Américains ont manifesté dans le pays. Contre son racisme, bien sûr, et contre la politique pro-riche qu’il annonçait. Mais la résistance contre le sexisme était l’élément dominant de ces ‘‘Million Womens’ Marches’’. Des dizaines de milliers de personnes ont fait de même à travers le monde. Depuis, la problématique du sexisme n’a plus quitté le devant de la scène. Des couches de plus en plus larges sont conscientes que si le sexisme est hélas courant, ce n’est pas pour autant une fatalité. Le sexisme quotidien peut être combattu, tout comme la destruction de nos conquêtes sociales (services publics, conditions de travail…) !
Par Emily, coordinatrice de ROSA
À l’aide des réseaux sociaux et des hashtags #MeToo et autres, depuis l’affaire Weinstein, le harcèlement et les violences à l’encontre des femmes sont enfin largement dénoncés. Dans une série de pays, la résistance se construit dans la rue contre les lois qui brident les droits des femmes (droit à l’avortement, accès à la contraception,…), mais aussi contre leur position économique de second rang (différences salariales, mesures d’austérité qui frappent plus durement les groupes plus précarisés tels que les femmes,…).
À l’image de Mai ’68, dont les 50 ans sont commémorés cette année, dans l’Histoire, les progrès de l’émancipation des femmes ont le plus souvent été obtenus par des périodes de luttes généralisées pour de meilleures conditions de vie plutôt que de luttes spécifiques pour les droits des femmes. Mais, pour cela, les femmes doivent faire partie intégrante de ces combats ! Les organisations du mouvement des travailleurs (politiques, syndicales,…) doivent avoir une attention spécifique à leur égard pour les y intégrer.
Montée des luttes
Aux USA, la date du 20 janvier, un an après l’investiture de Trump, a été utilisée comme étape pour poursuivre la construction de la résistance dans la rue. C’est important : ne pas limiter #MeToo aux réseaux sociaux mais le construire effectivement, en le faisant descendre dans la rue. Les actions n’étaient pas aussi spontanées et pas aussi grandes que l’année dernière, mais elles sont progressivement mieux organisées pour pouvoir être construites. La prochaine étape sera la journée du 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.
Au Brésil, comme dans d’autres pays d’Amérique latine, il y a une résistance croissante à la violence contre les femmes. La crise économique et sociale dans le pays entraîne une augmentation de la violence. Et le gouvernement de droite de Temer essaie d’abolir des droits tels que l’accès à l’avortement (actuellement, il est déjà limité aux cas de viol ou lorsque la vie de la mère est menacée). A la mi-novembre, il y a eu une première vague d’action, dont 10.000 manifestants à São Paulo.
En Pologne et en Irlande ont lieu des actions pour le droit à l’avortement. Les femmes veulent décider elles-mêmes d’avoir ou non des enfants. Les tentatives d’abolir l’accès (déjà extrêmement limité) à l’avortement en Pologne ont été considérablement affaiblies par la pression des protestations. En Irlande, le soutien large en faveur du droit à l’avortement met la pression pour des changements constitutionnels.
En Belgique, on ne peut pas encore parler de réel mouvement, mais nous avons connu les plus grandes mobilisations pour les droits des femmes depuis plusieurs décennies. Le 28 septembre, quelques 3.000 personnes se sont mobilisées pour le droit à l’avortement et un nombre similaire s’est réuni le 25 novembre pour protester contre la violence vis-à-vis des femmes. Les femmes jouent également un rôle actif dans les luttes syndicales, et notamment contre les attaques sur les pensions. La pension des femmes est en moyenne inférieure de 26% à celle des hommes. Toutes les entraves à l’obtention d’une carrière complète et à une pension décente sont encore renforcées par la réforme en cours. Quatre retraités sur dix vivent déjà en dessous du seuil de pauvreté, dont les deux tiers sont des femmes.
> 8 mars 2018 : En action contre le sexisme !
BRUXELLES: Jeudi 8 mars à 16h ULB solbosch devant le foyer – avenue Paul Héger. Pour rejoindre l’action de La Marche Mondiale des Femmes à la Gare Centrale à 17h30.
LIEGE: jeudi 8 mars à 18h Place Saint Etienne, où se tiendra un village féministe à partir de 17h30 (après une cycloparade féministe l’après-midi).
GAND: Jeudi 8 mars à 19h30 à la Hôtel de ville de Gand
ANVERS: Jeudi 8 mars à 19h00 Ossenmarkt
Mais aussi des actions à Mons le mercredi 7 mars et à Namur le samedi 10 mars. Contacte-nous!
> 31 mars : Grande conférence ROSA – From MeToo to FightBack