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Tag: Droits des femmes
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Combattre le sexisme, la violence et le capitalisme – une lutte internationale
L’exécutif international du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, l’organisation internationale dont le PSL/LSP est la section belge) s’est déroulé du 27 novembre au 2 décembre en Belgique. Une partie importante des discussions qui ont eu lieu tout au long de cette semaine concernait les luttes des femmes à travers le monde et le rôle du CIO dans celles-ci. Dans cet article, quatre membres du CIO nous parlent de ces combats qui se développent dans leurs pays respectifs.
Laura, Irlande: “Il s’agit de rompre avec la répression du passé”

Photo : ROSA Irlande En Irlande, une lutte cruciale est actuellement en cours contre le huitième amendement de la Constitution, l’interdiction constitutionnelle de l’avortement.
Depuis sa création, la république irlandaise est liée à l’Église catholique, ce qui a conduit à d’effroyables crimes contre les femmes et les enfants. La classe ouvrière et les pauvres ont été les plus touchés – par exemple, avec les blanchisseries Madeleine (Magdalene Laundries), des institutions catholiques destinée à la « rééducation de femmes perdues » qui étaient synonymes d’esclavage des femmes pauvres.
Cette lutte contre le 8e amendement est une lutte déterminante, qui vise à rompre avec la répression du passé et à instaurer à la place le type de société que les jeunes, les femmes et les travailleurs veulent et désirent.
Il y a cinq ans, Savita Halappanavar, une Indienne vivant et travaillant en Irlande, est décédée à cause de ce huitième amendement. Elle est morte lors d’une fausse couche, après avoir demandé à plusieurs reprises un avortement, ce qui aurait pu lui sauver la vie. Cela lui a été refusé à cause du battement de cœur du fœtus lors de la fausse couche. Un nouveau mouvement a explosé dans ce contexte.
Deux choses très importantes sont arrivées cette année. Lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, les jeunes sont descendus en masse dans les rues. Le centre-ville de Dublin a été bloqué des heures durant. 10.000 jeunes ont marché en direction du Parlement. L’atmosphère était très radicale.
En avril, une Assemblée de citoyens a été convoquée par le gouvernement en sélectionnant 100 personnes au hasard. Le gouvernement a tout fait pour que les recommandations issues de cette assemblées n’apportent qu’un changement très limité. Mais, après avoir étudié le sujet, l’Assemblée de citoyens s’est montrée favorable au mouvement ‘‘pro-choix’’ (selon lequel les femmes devraient avoir le contrôle de leur grossesse et de leur fertilité). Les conclusions de cette assemblée sont actuellement à l’étude au sein d’une commission parlementaire dont est membre Ruth Coppinger (députée membre du Socialist Party et de Solidarity).
Malheureusement, beaucoup d’autres porte-parole du mouvement pour le droit à l’avortement se limitent à l’abrogation du huitième amendement. Se limiter à cela ne signifie pas nécessairement de disposer d’une législation pro-choix. Ceci pourrait être synonyme d’opportunité gâchée. Mais la jeunesse déclare : «Nous voulons une autonomie corporelle, nous voulons l’égalité, nous voulons des lois qui séparent l’Etat de l’Eglise».
Malheureusement, certains dans le mouvement ne savent pas à quel point les choses ont changé et n’ont pas confiance dans le fait que la majorité de la population soutient le droit à l’avortement. Il s’agirait de plus de 60% selon un récent sondage. Si nous obtenons effectivement un référendum sur l’abrogation en 2018, la participation sera incroyable et sera le thème d’une révolte sociale.
Il y a cinq ans, la campagne ROSA (for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity) a été créée en tant que mouvement féministe socialiste. Cette campagne est très attractive pour la jeunesse en révolte contre une société en crise. Derrière la crise écologique, on trouve la soit de profits des entreprises. Il en va de même pour la crise des réfugiés. D’énormes attaques contre le niveau de vie des travailleurs en Irlande et dans le monde sont causées par la politique d’austérité qui vise à satisfaire la même avidité.
Ces jeunes ne veulent pas que seules les femmes de l’élite disposent de la liberté de choix (en ayant les moyens de partir à l’étranger pratiquer un avortement). Ils veulent des même droits pour tous, et en finir avec toutes les discriminations qui frappent les femmes de couleur, les femmes trans, les femmes pauvres et ouvrières. Ils veulent que tout le monde soit libre.
En Irlande, le Socialist Party a joué un rôle important dans la construction d’un puissant pôle anticapitaliste dans le mouvement féministe et des LGBTQI+ en s’investissant dans la campagne ROSA, qui représente une force socialiste féministe composée de centaines de jeunes militantes et militants.
Jane, Brésil: “12 femmes sont tuées chaque jour”

Photo : Jane Barros Nous assistons à la pire crise sociale et économique de l’histoire du Brésil. Elle a un impact plus brutal encore sur les femmes.
Les femmes, en particulier les femmes noires et ouvrières, ont souffert de l’austérité dans les soins de santé et l’enseignement ainsi que de l’augmentation de la violence au cours des dernières années. Chaque jour, 12 femmes sont tuées – l’un des taux les plus élevés de meurtres de femmes en Amérique latine. Et chaque jour, dix femmes sont victimes de viols en bande.
Des éléments de barbarie sont toujours présents dans la société brésilienne. Les femmes ont d’ailleurs subi une nouvelle attaque au parlement récemment : une loi a été proposée pour empêcher la possibilité d’avorter aux femmes dont la grossesse résulte d’un viol.
La riposte a été très intéressante et très rapide. Trois jours de grandes manifestations ont suivi – 10.000 femmes manifestant notamment à São Paulo pendant que des cortèges investissaient les rues de toutes les capitales des différents États du pays. Ces mobilisations sont nées d’un appel lancé par une campagne féministe à laquelle nous participons, le Front féministe de gauche. D’autres campagnes et organisations se sont jointes au mouvement.
Le chef du parlement national a été contraint de dire qu’il ne souhaitait pas que cette loi soit adoptée. Il existe donc une énorme opposition dans la rue et partout ailleurs. Il est possible que le mouvement puisse vaincre cette loi.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière a joué un rôle important dans les grandes villes. Nous nous sommes retrouvés en premières lignes de l’organisation de ces manifestations à São Paulo par exemple – une ville de 16 millions de personnes – et nous avons été la force principale derrière les manifestations féministes.
Nous combattons cette nouvelle attaque, mais nous lions ce thème à d’autres. Nous voulons aller plus loin pour en finir avec la criminalisation de l’avortement. Ce combat nécessite d’être lié à d’autres luttes sociales telles que l’opposition à la réforme du travail et la réforme des retraites ainsi que contre les coupes budgétaires. Nous nous nous revendiquons clairement d’un féminisme ouvrier et socialiste.
Carla, Mexique: “Pour mettre fin à cette oppression, nous devons transformer la société”

Action menée dans le cadre de la journée internationale contre la violence contre les femmes (novembre 2017). Au Mexique, il y a une forte crise des droits humains et une crise économique qui encourage également le recul social. Cela a des conséquences immédiates sur l’oppression des femmes et de tous les groupes vulnérables dans la société. Le durcissement de la crise voit s’aiguiser tous les problèmes sociaux (comme le sexisme).
Au Mexique comme ailleurs, l’incorporation des femmes sur le marché de l’emploi leur a donné une certaine indépendance et a brisé l’isolement du foyer. Mais, parallèlement, cela a alourdi le fardeau des femmes puisqu’elles continuent à s’occuper de tout le travail ménager alors qu’elles travaillent. Beaucoup de femmes subissent également les abus de leur partenaire. Chaque jour, au Mexique, sept femmes sont tuées, la plupart par leurs maris.
Il existe des cas terribles comme celui des travailleuses de Juarez. Dans cette ville, le nombre de femmes tuées est très élevé. Les femmes incorporées dans la population active souffrent également de violences sexuelles.
A Mexico, la corruption est très répandue, de même que le trafic de drogue et d’êtres humains. L’État de Mexico comporte le plus grand nombre de féminicides du Mexique. Cela a d’ailleurs atteint des proportions particulièrement extrême tout dernièrement, ce qui a conduit à un sursaut de révolte. Ce constat, en combinaison de l’entrée des femmes sur le marché de l’emploi, a augmenté la conscience sociale sur cette question ainsi que sur la possibilité de protester.
Le mouvement a adopté diverses revendications radicales, certaines anticapitalistes, qui soulignent par ailleurs la nécessité de lutter côte à côte avec les hommes issus de la classe ouvrière. Il y en a toutefois qui ne sont pas d’accord avec cette approche.
Nous soulignons que l’oppression de genre provient du système social, de la société de classe et du capitalisme. Pour mettre fin à cette oppression, nous devons lutter pour transformer la société et construire une société socialiste démocratique. Cela ne signifie bien entendu pas que nous ne luttons pas pour des améliorations immédiates des conditions des femmes, y compris contre le sexisme au sein du mouvement ouvrier et de ses organisations.
Nous avons lancé la plateforme féministe Libres y Combativas qui a eu beaucoup de succès, notamment dans les écoles. Beaucoup de jeunes femmes sont très conscientes de la situation politique actuelle et veulent s’organiser pour lutter. Cette plateforme est née il y a quelques mois à peine, mais nous avons déjà eu beaucoup de succès et nous voulons continuer à contribuer à la lutte pour les droits des femmes.
Emily, Belgique: “les femmes gagnent 20-25% de moins que les hommes”

Manifestation du 6 mars 2017 à Gand. Photo : ROSA En Belgique, si vous êtes au chômage et que vous vivez avec votre partenaire, vous ne recevez que la moitié des allocations de chômage. En moyenne, les femmes gagnent 20-25% de moins que les hommes.
La plupart des femmes travaillent à temps partiel parce que les emplois dans lesquels travaillent beaucoup d’entre elles n’existent pas à temps plein, et aussi parce qu’il n’y a pas assez de services publics pour les crèches, les soins aux malades et aux handicapés, etc.Pour les jeunes femmes, un autre gros problème est l’utilisation du corps des femmes dans la publicité. La société utilise le corps des femmes comme un objet. Et quand une femme porte une jupe, elle peut être harcelée pour cela.
Il n’existe pas encore de grand mouvement féministe en Belgique, mais il y a eu des actions de protestation. Les réactions s’expriment jusqu’ici essentiellement sur les médias sociaux et dans les discussions aux écoles, aux universités et sur les lieux de travail.
Les actions ont toutefois été plus importantes que les années précédentes. Nous avons pris l’initiative d’une manifestation le 8 mars à Gand, avec 600 jeunes, la plus importante mobilisation de ce type depuis de nombreuses années. Par la suite, en septembre, une manifestation en faveur du droit à l’avortement a réuni 2-3000 personnes alors que ce type de manifestation ne réunit généralement que quelques centaines de personnes.
Quand Donald Trump a est venu à Bruxelles le 25 mai, il y a eu une manifestation de 10.000 personnes. De nombreuses questions ont été soulevées, comme le racisme et l’environnement, mais la question du féminisme était probablement celle qui dominait le plus.
Nous nous sommes opposés à la politique de Trump et aux politiciens qui représentent la même chose en Belgique, ainsi qu’à la division qu’ils essaient de créer au sein de la classe des travailleurs.
ROSA est synonyme de Résistance contre l’oppression, le sexisme et l’austérité. Nous avons lancé cette campagne il y a neuf mois. La question que nous soulevons avec celle-ci est: qui profite du sexisme? Les hommes ou le capitalisme ?
Par le passé, les luttes féministes sont parvenues à arracher une certaine libération sexuelle. Mais cela a été récupéré par la suite pour instrumentaliser le corps des femmes comme marchandise dans la publicité, la pornographie, etc.
Le système capitaliste utilise également les stéréotypes de genre pour justifier des mesures d’économies dans les services publics. Certains défendent ainsi que ‘‘les femmes sont si bien à la maison, elles devraient y être davantage pour aider les enfants, nous n’avons dès lors pas besoin de nous occuper des crèches, etc.’’, ou encore que les femmes disposent de «compétences humaines» naturelles et qu’il n’est pas nécessaire de gagner de l’argent pour acquérir des compétences naturelles. Des idées telles que celles-ci servent de prétexte aux bas salaires dans les soins de santé et l’enseignement. Notre message principal concerne la situation économique des femmes. Changer cela, c’est la clé pour commencer à en finir avec le sexisme.
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La place des femmes… est dans la lutte !

Il est crucial de descendre dans la rue, comme aujourd’hui, pour construire un mouvement contre les violences faites aux femmes !
Tract de la campagne ROSA distribué lors de la manifestation du 25 novembre contre la violence contre les femmes
Les hashtags #meetoo, #balancetonporc sont très importants pour clarifier que ça suffit, qu’on n’accepte plus cette violence. Mais la lutte contre la violence et l’intimidation ne doit pas s’arrêter là. Elles ne sont pas séparées de la position secondaire de la femme dans cette société. Une réelle émancipation est impossible dans un désert social. C’est pourquoi ROSA considère que la lutte contre le sexisme et celle contre l’austérité sont un seul et même combat.
Les mesures d’austérité des différents gouvernements détricotent nos services publics et augmentent la charge de travail domestique ; elles obligent les travailleuses et les travailleurs à accepter des emplois toujours plus précaires ; tout cela mène à une position extrêmement vulnérable des femmes dans la société. De cette manière, des entreprises comme Rich meets beautiful ont un boulevard pour pousser des étudiantes, par exemple, à se prostituer pour financer leurs études. A chaque fois, les femmes sont les plus touchées par le néoliberalisme. Notre corps est devenu une marchandise (pub, porno,…) pour leurs profits.
Enfin, le sexisme, comme le racisme et la LGBTQI+phobie sont des instruments de division pour mieux imposer un système reposant sur l’exploitation et les inégalités.
8 MARS : Journée internationale de lutte pour les droits des femmes ORGANISONS DES ACTIONS DANS UN MAXIMUM DE VILLES CONTRE LE SEXISME ET L’AUSTÉRITÉ !
STOP AUX VIOLENCES & À LA PRÉCARITÉ
Stop à la marchandisation du corps des femmes !
• Stop à la banalisation des violences faites aux femmes dans les médias (pubs, pornos, séries,…) !
• Stop à l’utilisation de nos corps comme objets pour augmenter les profits des entreprises !
• Pour l’utilisation des espaces publicitaires à des fins sociales (prévention, culture,…) !
• Pour le droit de s’habiller comme on le souhaite : Stop à la culpabilisation des victimes de viol !L’austérité est une violence économique.Défendons nos services publics !
• Pour un refinancement public du secteur social afin d’offrir un accompagnement correct aux victimes, mais également de faire un réel travail de prévention et de conscientisation !
• Pour un refinancement public de l’enseignement, afin notamment d’assurer que l’éducation sexuelle et affective des jeunes ne se fasse pas principalement par internet et le porno !
• Défendons le droit à l’avortement ET le droit d’avoir des enfants sans risquer de tomber dans la pauvreté !
• Pour la formation des travailleurs de terrain (police locale, éducateurs, accompagnateurs de bus et trains, …) à la prévention et à la gestion des agressions !
• Pour plus de transports publics avec plus de personnel d’accompagnement !Contre les violences, luttons pour l’indépendance économique des femmes !
• Pour des emplois de qualité avec de bons salaires pour toutes et tous !
• Pour la fin du statut de cohabitant et une revalorisation des allocations sociales !
• Contre le harcèlement et les agressions sexuelles au travail, syndiquons-nous pour être partie prenante de la lutte pour un travail sécurisé !Luttons contre le système qui engendre le sexisme !
• Le sexisme, ce n’est pas un problème individuel, mais de société !
• Le sexisme existera aussi longtemps que les inégalités seront présentes !
• C’est pourquoi ROSA lutte aussi contre le système qui engendre inégalités et discriminations – le capitalisme – et veut participer à la construction d’une société socialiste !REJOINS LA CAMPAGNE ROSA !
La campagne ROSA a été initiée le 8 mars 2017 par le PSL (Parti Socialiste de Lutte) et EGA (Etudiants de Gauche Actifs). Depuis, des comités ROSA se développent dans plusieurs villes. La campagne ROSA se veut un instrument de lutte ouvert à toutes et tous. Avec ROSA, nous organisons des débats et des actions dans les quartiers, sur les campus et les écoles contre le sexisme quotidien, la culture du viol, les coupes budgétaires dans le non-marchand et ailleurs,… et contre toutes les formes de discrimination et d’exploitation.
Nous participons aux mouvements féministes en défendant la nécessité de combattre parallèlement l’austérité qui détériore encore plus la condition des femmes. Nous soutenons la syndicalisation des femmes pour que le mouvement syndical défende aussi la nécessité de lutter contre le sexisme, car l’unité des (futurs) travailleuses et travailleurs est nécessaire pour obtenir des victoires. Partout, nous voulons défendre la nécessité de combattre le capitalisme et notre volonté de construire une société socialiste qui offre les bases matérielles nécessaires à l’émancipation des femmes pour en finir avec les discriminations et l’exploitation.
8 mars : journée d’action contre le sexisme et l’austérité
Participe avec la campagne ROSA à l’organisation d’actions le jeudi 8 mars dans ta ville (rassemblement, manifestation, action pour sensibiliser les jeunes de ton campus,…). Construisons ensemble un mouvement de Résistance contre l’Oppression le Sexisme et l’Austérité.
Prends contact avec nous pour participer au comité ROSA de ta ville et organiser une telle action! Nous avons des comités ROSA dans une série de villes et d’autres sont en construction. S’il n’y a pas encore un comité ROSA près de chez toi, des membres de ROSA seront ravis de venir t’aider à en mettre un sur pied.
31 mars : conférence nationale de ROSA à Bruxelles – Quel programme pour venir à bout du sexisme ?
Le samedi 31 mars, nous organiserons une conférence ROSA nationale un an après le lancement de cette campagne. Différents ateliers prendront place au sujet de la lutte contre le sexisme dans les écoles et unifs ainsi que sur les lieux de travail. Nous pourrons y discuter du lien entre racisme et sexisme,… Nous voulons également y aborder les expériences de lutte à l’étranger, comme le combat victorieux de ROSA-Irlande pour l’organisation d’un référendum en faveur du droit à l’avortement.
Cette conférence sera également l’occasion d’évaluer la première année d’existence de la campagne ROSA et de partager les différentes expériences des comités ROSA pour faciliter leur développement et la constitution d’autres.
Cette journée permettra aussi de réfléchir aux thèmes que nous voulons développer à l’avenir et aux initiatives que l’on voudrait mettre sur pied. Cette journée, c’est aussi la tienne ! Participe à son organisation !
- Tu souhaites rejoindre la campagne ROSA ? (cotisation = 5€, avec la brochure de présentation)
- Tu veux participer à la mise sur pied d’une action le 8 mars près de chez toi ou aider à organiser la conférence ROSA ?
- Tu voudrais en savoir plus sur la campagne ROSA, discuter de notre brochure de présentation avec une membre ?
Alors, prends contact avec nous !
0496 83 02 56 – WWW.CAMPAGNEROSA.BE – CONTACT@CAMPAGNEROSA.BE
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‘‘La servante écarlate’’ : une série bouleversante

Les nombreux éloges faits à ‘‘la servante écarlate’’ sont tout à fait justifiés. La série télévisée (à voir sur Netflix) est une adaptation bouleversante du livre du même nom écrit par Margaret Atwood en 1985 (réédité sous le titre ‘‘l’histoire de la servante’’), avec de bons acteurs et une brillante réalisation.
Par Eleanor Malone (Socialist Party, CIO-Irlande). Attention, cet article comprend des spoils.
La série débute avec June, le personnage principal, qui essaie d’échapper avec sa fille à un groupe paramilitaire d’hommes armés. Ils lui arrachent sa fille des bras, la frappent jusqu’à ce qu’elle tombe inconsciente et la chargent dans un fourgon. À la fin du premier épisode, nous découvrons que ce même groupe paramilitaire a renversé le gouvernement américain pour le remplacer par un régime théocratique. Le monde a été ravagé par un fléau à la suite duquel la plupart des personnes ne sont plus capables de se reproduire. Les femmes pouvant encore enfanter sont arrêtées et offertes en cadeau aux nouvelles familles dirigeantes où elles sont violées et utilisées comme mères porteuses. Ainsi, June fait partie d’un groupe de femmes désignées sous le nom de ‘‘Servantes’’, des femmes pour qui la vie et en particulier la reproduction sont strictement contrôlées. Chaque mois, lors de la ‘‘cérémonie’’, elles sont violées par le chef de la famille dans le but ‘‘d’offrir’’ un enfant au couple.
Dans la république réactionnaire de Gilead, les femmes sont divisées en groupes spécialisés : les Tantes qui torturent et lavent le cerveau des Servantes jusqu’à ce qu’elles soient dociles, les Marthas qui travaillent en tant que cuisinières et femmes de ménage pour les familles riches et les épouses des commandants. À côté des Servantes, des Tantes, des Marthas et des femmes de l’élite, une cinquième catégorie existe sans être reconnue : les femmes contraintes à la prostitution. Ces groupes représentent les archétypes répressifs des femmes.
Un élément remarquable de la série se situe dans les monologues intérieurs de June qui sont à la fois une expression de résistance et d’affirmation de son humanité. Le scénario de cette série est extrêmement dystopique, mais on devient mal à l’aise en réalisant que la vie à Gilead n’est en réalité qu’une amplification des maux de la société actuelle. En effet, une adolescente irlandaise enceinte a, cette année encore, été placée par son psychologue dans une institution de soins psychiatriques car elle souhaitait avorter. Le gouvernement américain de Trump veut permettre aux États de ne plus financer les institutions pratiquant l’avortement. Ce sont là des exemples de la façon dont les régimes capitalistes, souvent main dans la main avec les instances religieuses, exercent un contrôle sévère sur la procréation. Au Maryland, il est possible pour les victimes de viol de devoir négocier avec leur violeur la garde de leur enfant. Et ça, c’est encore sans avoir parlé des États théocratiques pouvant être comparés sans exagération avec Gilead.
A Gilead, les femmes doivent renoncer à leur identité précédente. June devient ‘‘Defred’’, un dérivé du nom de son maitre : Fred. Qu’elle s’appelle ‘‘de Fred’’ souligne son appartenance à l’homme. Dans la série, on nous confronte constamment avec la déshumanisation des Servantes. Selon l’idéologie de la famille ‘‘traditionnelle’’, toujours fortement d’actualité, les jeunes filles reçoivent depuis des siècles le nom de famille de leur père à la naissance et ensuite celui de l’homme qu’elles épousent.
Dans le livre d’Atwood, la république de Gilead n’est pas seulement sexiste, mais également raciste. La série télévisée ne s’avance pas sur cette question d’oppression raciale qui est présente dans chaque coup d’État de droite. Gilead est en cela aussi une société de classes. À un certain moment, on entend dans le monologue intérieur de Defred que le chauffeur du commandant à un ‘‘statut inférieur’’. On l’apprend, car il ‘‘ne peut pas encore se voir assigner une femme’’. Les rapports entre classes dans la série sont présents dans la répartition des femmes et dans les interactions entre les femmes des différentes classes.
Tandis qu’aucune femme ne peut occuper de fonction dirigeante ou posséder de biens, ni même lire, les femmes de l’élite sont relativement mieux loties et n’ont pas la propension à souhaiter des changements fondamentaux. Elles soutiennent l’oppression des Servantes, renforçant encore de par ce fait l’oppression générale. Cette trahison est mise en exergue par la maitresse de Defred : Madame Waterford, ancienne ‘‘féministe’’ influente devenue religieuse fondamentaliste et qui a du mal à supporter de ne pas pouvoir jouer de rôle politique. Cela fait immédiatement penser à ces ‘‘féministes’’ de la classe dominante, du genre d’Hillary Clinton, dont la politique de démantèlement social a des répercussions néfastes pour les femmes qui n’appartiennent pas à l’élite.
Des conservateurs ont rapidement catégorisé cette série comme une histoire consacrée à l’extrémisme islamiste. Ils cherchent volontairement à éviter toute autre similitude. Tim Stanley, chroniqueur au Telegraph, écrivait ainsi : ‘‘Certains voient dans cette série une critique de Trump et de la droite religieuse américaine. C’est petit. L’idée que l’Amérique chrétienne conservatrice se transforme en un parc à thème du Moyen-âge est absurde’’. Le magazine Salon a réagi à cette argumentation : ‘‘Regardez comme ces conservateurs réalisent une gymnastique mentale pour se convaincre eux-mêmes que La servante écarlate ne parle pas d’eux.’’
La première saison s’achève avec le message prometteur que même à l’encontre du régime le plus répressif, la résistance est possible à travers la solidarité. Les Servantes commencent également à comprendre que le système est totalement dépendant de leur rôle reproducteur. Un peu comme le capitalisme aujourd’hui est totalement dépendant du travail des travailleurs.
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USA. Les femmes en ligne de mire, mais aussi en première ligne de la résistance

25 mai, manifestation “Trump not welcome” à Bruxelles. Photo: socialisme.be Avant même qu’il ne devienne président, de très nombreuses femmes (mais pas que!) se sont inquiétées de la teneur des propos misogynes de Donald Trump, mais aussi des mesures socio-économiques et des coupes budgétaires dans les quelques aides sociales existantes qu’il projetait. Si la peur peut figer, elle peut aussi mettre en mouvement les masses et favoriser les discussions sur le type de lutte et d’alternatives dont nous avons besoin pour faire face aux politiques orientées vers la classe des milliardaires qui utilise les divisions (le racisme, le sexisme,…) pour se maintenir au pouvoir. Le 21 janvier, lendemain de l’investiture de Trump, pas moins de 3,5 millions de personnes sont descendues dans les rues lors des Women’s march : du jamais vu aux USA ! Et, depuis, le mouvement de contestation se poursuit et se construit !
Par Emily (Namur), article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste
Trump ne se contente pas de politiques sexistes, il use et abuse de propos à caractère misogyne. L’enregistrement dans lequel il a affirmé ‘‘Grab’em by the pussy’’ (‘‘attrapez-les par la chatte’’ – traduction libre) a fait grand bruit. En plus de dénoncer ces mots, les manifestations contre la politique de Trump se sont réapproprié ces propos en les retournant : de nombreuses personnes se définissent comme des ‘‘pussy grabber’’ et revêtent un bonnet rose aux oreilles de chat comme symbole de protestation.
A nous de choisir !
Trump a demandé aux femmes de son administration ‘‘de s’habiller comme des femmes’’, en jupe et talons hauts. Les dictats vestimentaires, en particulier vis-à-vis des femmes, sont courants. La municipalité de Dadeville en Alabama souhaite, elle, interdire aux femmes de porter jupe, robe et short court ! Au coeur de la culture du viol, ces injonctions voudraient rendre les femmes victimes d’une agression responsables de cette dernière parce que, en tant que femmes, elles n’auraient pas à se trouver à tel endroit à telle heure ou à se vêtir comme elles le souhaitent.
Nous ne sommes pas en reste de ce côté-ci de l’Atlantique avec le Forem qui dispense des cours sur la manière de s’habiller et de se maquiller pour décrocher un emploi. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) autorise quant à elle depuis mi-mars les entreprises à interdire le port du voile à leurs salariées. La CJUE argumente que si cette volonté de neutralité s’applique à tous, elle n’est en rien discriminatoire vis-à-vis des musulmanes. Et pourtant, ce sont bien elles qui sont ciblées ! Décrocher un emploi leur deviendra encore plus difficile.
A l’image des lycéennes de Valence (France) qui protestent pour pouvoir s’habiller comme elles le souhaitent, nous devons poursuivre la lutte pour le droit de chaque personne à s’habiller comme elle l’entend ; à elle de choisir pantalon ou jupe, la longueur de cette dernière ainsi que ce qu’elle porte sur la tête sans que des pressions extérieures ne soient exercées, par la famille comme par l’école ou l’employeur.
Le droit de choisir, les femmes doivent également l’avoir en matière de santé sexuelle et reproductive. Trump est farouchement opposé à cela et, n’ayant pas la compétence d’interdire l’avortement (compétences des Etats), il a supprimé les subsides à toute organisation internationale qui pratique l’IVG ou qui renseigne à ce sujet. Il met en exemple le Texas qui autorise désormais les médecins à mentir sur l’état de santé de l’embryon pour éviter qu’une femme décide de mettre fin à une grossesse dans un contexte où il n’existe pratiquement pas d’aide sociale pour les personnes malades ou handicapées !
Trump a également nommé un farouche opposant à la santé sexuelle et reproductive comme nouveau juge à la Cour suprême. En plus de s’opposer à l’avortement, il juge que des entreprises ont le droit, pour raisons religieuses, de refuser de donner à leurs employées une couverture santé qui rembourse la contraception. Nombreux sont celles et ceux qui, dès l’élection de Trump, sont descendus dans les rues pour s’opposer à cette politique. La lutte victorieuse des Polonaises contre le projet de loi interdisant totalement le recours à l’avortement (dont nous avons déjà parlé dans une précédente édition de ce journal) illustre que la lutte paie !
Pour des soins de santé accessibles et de qualité
Trump a finalement réussi à faire passer son Affordable Health Care Act (AHCA) à la Chambre des représentants qui exclura de toute possibilité de couverture santé pour 24 millions d’Américains. Les Etats ne sont désormais plus obligés de couvrir les ‘‘frais de santé essentiels’’ comme les soins obstétriques ou le soutien psychologique, y compris pour les personnes victimes de violences. Il permet également d’exclure d’une assurance maladie toute personne ayant une ‘‘maladie préexistante’’, c’est-à-dire toute maladie déclarée avant l’inscription chez l’assureur.
Ainsi, une personne ayant bénéficié d’un suivi post-traumatique ou d’un traitement anti-MST suite à un viol pourrait ne plus bénéficier d’une couverture santé ! Du point de vue de Trump et de ses amis assureurs, une victime de viol est une personne à risque. L’AHCA correspond à une coupe de 880 milliards de dollars dans la santé (dont la couverture était déjà plus que médiocre). Ces économies permettront à Trump de financer les réductions fiscales qu’il veut offrir aux plus riches. Pour les familles, c’est une catastrophe sans nom.
En Belgique, si on peut se targuer d’avoir une bien meilleure couverture santé, les 902 millions d’euros d’économie dans le secteur font mal. Les plus précaires doivent choisir entre se soigner ou se nourrir et se loger correctement. La santé des femmes est directement attaquée avec une restriction des budgets des plannings familiaux, des examens gynécologiques moins remboursés ou encore la diminution du nombre de jours en maternité. Les conditions de travail se détériorent pour les travailleurs, qui sont dans le secteur majoritairement des femmes. Ces derniers mois, le non-marchand est régulièrement descendu dans les rues pour protester contre les mesures d’économies et la charge excessive de travail. Cette lutte essentielle est aussi le plus grand mouvement de femmes et pour les droits des femmes actuellement en Belgique. La syndicalisation des femmes, certainement dans les secteurs où elles sont majoritaires, est importante pour construire un mouvement fort et uni pour des conditions de travail décentes et une augmentation de notre pouvoir d’achat.
La lutte contre Trump et les politiques pro-riches s’organisent aux États-Unis, les femmes y jouent un rôle clé. Manifestons en solidarité avec les luttes outre-Atlantique, mais également pour ne plus subir les politiques pro-riches ici.
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Action contre l’accès de l’Arabie saoudite à la commission femmes de l’ONU
Le PSL et la campagne ROSA étaient présents ce vendredi 5 mai à l’action de l’Observatoire Européen pour la Démocratie et la Paix (EODP) ; une action d’une vingtaine de personnes Place de la Monnaie à Bruxelles qui visait à dénoncer le vote récent du cabinet de Didier Reynders sur l’accès de l’Arabie saoudite à la commission femmes de l’ONU.Par Brune (Bruxelles)
Comme l’a rappelé Rachid de l’EODP, cette décision est hautement hypocrite de la part du gouvernement belge et surtout du MR, sachant les conditions de vie des femmes dans ce pays et les constantes leçons de morales sur les fameuses valeurs occidentales de respect des droits de la femme que nous servent nos dirigeants. Les représentants de la délégation belge à l’ONU et le Ministre des Affaires Étrangères se sont en effet prononcés en faveur de l’intégration de l’Arabie Saoudite à la Commission du Droit des Femmes de l’ONU, le 22 avril dernier mais, rappelons-le, en Arabie Saoudite, les femmes n’ont pas le droit de conduire ou même d’être accompagnées par une autre personne que le conjoint ou un parent proche dans une voiture ! Elles n’ont pas non plus le droit d’ouvrir un compte en banque ou de se trouver seules dans la même pièce qu’un homme.
L’Arabie saoudite est classée 141 sur 144 à l’index sur l’égalité des genres selon le Forum économique mondial de 2016, alors pourquoi Didier Reynders s’est-il aventuré dans un tel vote ? En vérité, tout cela a été réalisé dans le but d’échange de bons procédés avec l’Arabie saoudite pour faciliter l’élection de la Belgique au Conseil de sécurité de l’ONU.
Lors de l’action plusieurs intervenants ont pris la parole, dont Emily, coordinatrice de la campagne ROSA à Bruxelles, qui a rappelé l’importance de lutter pour les droits des femmes, que ce soit en Arabie Saoudite ou ailleurs ; elle a notamment rappelé les nombreuses attaques récentes de Trump sur l’avortement et les plannings familiaux aux Etats-Unis. Elle a aussi appelé à participer à la manifestation du 24 mai dans le cadre de la venue de celui-ci à Bruxelles. Dans cette manifestation, avec le bloc ROSA, les femmes auront l’occasion de rappeler qu’en Belgique et ailleurs il est primordial de reconstruire un féminisme combattif afin de faire poids face aux attaques des populistes de droite comme Trump, Le Pen, Wilders…Et ici en Belgique nous ne sommes pas non plus en reste, surtout lorsque l’on voit sur qui l’on doit compter pour défendre les droits des femmes (Reynders, Francken et co.) !
Rendez-vous le 24 mai gare du Nord à 17 h, départ en groupe avec les membres ROSA vers la manifestation.
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En défense d’un féminisme socialiste
À la lumière d’une nouvelle génération qui cherche des réponses dans leur lutte contre le sexisme, Laura Fitzgerald défend la nécessité d’un mouvement féministe reposant sur les idées socialistes. Ce texte initialement été publié durant l’été 2016 sur le site rosa.ie.
Par Laura Fitzgerald, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en république irlandaise)
‘‘Et enfin, aux filles du monde entier, je suis avec vous. Les nuits où vous vous sentez seules, je suis avec vous. Quand les gens vous remettent en question ou vous ignorent, je suis avec vous. Je me suis battue tous les jours pour vous. Alors n’arrêtez jamais de vous battre. Je vous crois. Les phares ne courent pas partout sur une île à la recherche de bateaux à sauver; ils se tiennent là, brillants. Bien que je ne puisse pas sauver tous les bateaux, en parlant aujourd’hui, j’espère que vous avez absorbé une petite quantité de lumière, une petite quantité de reconnaissance que la justice a été rendue, une petite assurance que nous arrivons quelque part, et une grande, grande conscience que vous êtes importantes, incontestablement, que vous êtes intouchables, que vous êtes belles, que vous devez être appréciées, respectées, indéniablement, chaque minute de chaque jour, et que vous êtes puissantes et personne ne peut vous enlever cela. Aux filles du monde entier, je suis avec vous. Merci.’’ (1)
Ce texte est devenu viral sur internet. Il s’agit de la conclusion de la déclaration d’une américaine de 23 ans victime d’un viol. Son texte a été lu en entier sur une chaîne nationale américaine. Son agresseur, Brock Turner, était un étudiant de l’université de Stanford qu’elle ne connaissait pas et qui l’a emmenée dans une zone isolée après une soirée étudiante où elle l’avait rencontré. Elle était enivrée et inconsciente lorsqu’il l’a agressée sexuellement. Deux jeunes hommes en bicyclette, des étudiants suédois, ont interrompu l’attaque et ont poursuivi et rattrapé Turner. La victime a expliqué avec émotion qu’elle dort dorénavant avec une photo de deux bicyclettes au-dessus de son lit pour lui rappeler de toujours rester optimiste.
Dans sa déclaration de 7.000 mots, elle a vivement dénoncé le système judiciaire et les médias qui ont minimisé le crime dont elle a été victime, un crime qui, explique-t-elle, a eu un impact catastrophique sur sa santé et sa vie en général. Brock Turner, un jeune étudiant blanc de Stanford nageur de compétition – comme les médias et ses avocats n’ont cessé de le répéter – a été condamné à six mois de prison à peine dans un pays qui condamne systématiquement les jeunes de couleur à une décennie de prison voir plus pour des charges liées à la possession de drogues sans violence.
Une nouvelle vague féministe?
L’affaire du viol de Stanford jugée en juin 2016 a eu un écho colossal à travers le monde. Ce n’est pas étonnant : dans le monde, un tiers des femmes subit des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie (2).
C’est aussi en raison de l’essor d’un nouveau mouvement féministe à travers le globe. La persistance de l’oppression des femmes et des personnes LGBTQI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers, intersexués) radicalise une nouvelle génération de jeunes femmes qui s’identifient comme féministes et, dans certains cas, s’engagent dans l’action politique. Elles ont combattu pour les droits reproductifs, en Irlande, en Pologne, dans l’État espagnol et ailleurs. Elles ont défié la culture de culpabilisation des victimes de violence masculine et sexuelle (femmes et enfants), y compris sur les campus universitaires américains. Elles ont activement participé aux mobilisations qui ont éclaté en Amérique latine ainsi qu’aux protestations explosives en Inde en 2013 (‘‘Rage Against Rape’’).
Les commentateurs estiment qu’il s’agit d’une nouvelle vague féministe. Cette vague accepte les LGBTQI et rejette les normes rigides de genre socialement imposées dans la société capitaliste. Elle rejette toute essentialisation de la féminité, typique de certaines théories qui ont émané de la deuxième vague de féminisme, à la fin des années 1960 et au début des années 1970. De ce fait, elle inclut très activement et consciemment les transgenres. Les réseaux sociaux, centraux dans la vie de nombreux jeunes, permettent la diffusion de ces idées dans de nombreuses régions du monde. Bien qu’à ce stade, elles se soient surtout répandues en Europe et aux États-Unis, elles se sont propagées bien au-delà.
Dans de nombreuses régions du monde, l’attitude est plus ouverte à l’égard de la sexualité et du genre parmi une certaine couche de la jeunesse. En Grande-Bretagne, par exemple, 49% des 18-24 ans ne se décrivent pas comme hétérosexuels, selon un sondage de YouGov, un site d’étude de marché, réalisé à partir d’août 2015. (3) Il est intéressant de noter qu’un autre sondage de YouGov indique aussi que seuls 2% des hommes âgés de 18 à 24 ans se décrivent comme complètement masculins. Cela illustre que, parmi les jeunes hommes, la masculinité n’est pas nécessairement considérée positivement; c’est peut-être une conséquence concrète de la nouvelle conscience anti-macho et pro-LGBTQI chez les jeunes. (4)
Combattre le ‘‘machisme’’ et le ‘‘féminicide’’
En Amérique latine, la nécessité urgente de contester le ‘‘machisme’’ et ce que les militants appellent le ‘‘féminicide’’ a provoqué de grandes manifestations au Brésil, au Mexique, en Argentine, en Colombie et en Bolivie au cours de ces 12 derniers mois (5).
En juin 2016, un nouveau cas a provoqué une explosion de mobilisations massives, furieuses et chargées émotionnellement : une jeune fille de 16 ans a été violée à Rio de Janeiro par un groupe de 33 hommes. Quand elle est allée rapporter l’incident, les policiers l’ont ridiculisée. À leurs yeux, cette jeune fille, qui vivait dans une favela, méritait de subir un crime aussi horrible. L’événement a été filmé et mis en ligne par certains de ses agresseurs, qui ont reçu de nombreux ‘‘partages’’ et ‘‘likes’’ sur les réseaux sociaux.
La réaction massive de la rue a coïncidé avec le coup d’État ‘‘non-violent’’ de droite contre le gouvernement du Parti des travailleurs (PT) de Dilma Rousseff. La nouvelle administration qui remplace Dilma est 100% blanche et masculine – un symbole qui n’est pas passé inaperçu parmi les femmes et dans la classe ouvrière, majoritairement de couleur au Brésil. De cette façon, la gauche du PSOL et du PTSU (des organisations de gauche radicale) a une réelle possibilité de travailler en coalition avec la mobilisation des femmes contre le viol et la violence masculine, de défier le gouvernement illégitime et totalement réactionnaire de Temer, mais aussi de construire une contestation par la gauche de toutes les institutions – y compris le PT – qui ont déçu la majorité des travailleurs, des pauvres, et des femmes, mais qui continuent à subsister dans une société ignoblement inégalitaire et dans un État raciste et violent.
Les grandes lignes d’un nouveau mouvement féministe apparaissent quatre décennies après la ‘‘deuxième vague’’ du féminisme, au cours de laquelle les mouvements de femmes et de travailleurs ont arraché d’énormes avancées pour celles-ci, y compris l’égalité juridique dans de nombreux pays. Il est utile de revenir en arrière et d’analyser les points positifs de cette période : notamment les exemplaires luttes et mouvements de masse par en bas qui ont obtenu, entre autres, les lois sur l’égalité salariale, sur la contraception et le droit à l’avortement dans de nombreux États. C’est à ce moment que nous avons également vu la première vague de centres contre les viols et de maisons de refuge pour femmes.
Les points développés ci-après se concentreront toutefois sur ce que nous devons faire différemment aujourd’hui pour tenter de construire un mouvement qui pourra en finir définitivement avec l’oppression et les inégalités.
Le Néolibéralisme et le profit du sexisme
Hester Eisenstein a écrit que : ‘‘(…) le mouvement des femmes a créé une ‘révolution bourgeoise’ victorieuse pour les femmes (…) Il a fallu aux mouvements des femmes le XIXe et le XXe siècle pour revendiquer leurs droits en tant que citoyennes à part entière. Cette révolution inachevée semblait maintenant complète: les femmes, en particulier les femmes de la classe moyenne, pouvaient échapper au sort de n’être ‘‘seulement’’ que femmes et mères de famille, en entrant dans le monde du marché concurrentiel et individualiste.’’ (6) Elle a poursuit en soutenant que la ‘‘révolution féministe’’ des années 1960 et 1970 était assistée par la demande de main d’œuvre féminine de l’économie capitaliste. (7)
Les années 1970 ont été marquées par une crise de profitabilité pour le capitalisme, ce qui a nécessité un tournant majeur et l’arrivée du capitalisme néolibéral personnifié par Margaret Thatcher et Ronald Reagan. Ce néolibéralisme peut être résumé à l’élimination de tous les obstacles à la course au profit. Il se caractérise par le recul du mouvement syndical organisé, par des attaques contre les salaires et les conditions de travail, par la déréglementation, par les privatisations, par la ‘‘financiarisation’’ du capitalisme ainsi que par les délocalisations.
Eisenstein aborde également divers changements indicatifs qui ont eu lieu sur le marché du travail aux États-Unis. De 1940 à 1960, la forte augmentation de la main-d’œuvre féminine a été majoritairement canalisée dans des emplois manuels et de petit secrétariat. Par contre, plus de la moitié de l’augmentation de la main-d’œuvre féminine de 1960 à 1990 a été dirigée vers des postes de direction managériale ou de secrétariat. (8)
L’égalité juridique a permis la progression d’une élite féminine. Nous connaissons aujourd’hui des femmes dirigeantes de grosses entreprises (même si les ‘‘maîtres de l’univers’’ de l’élite capitaliste restent encore principalement des hommes). La candidature d’Hillary Clinton aux élections présidentielles de 2016 est une autre expression de cette progression. Les femmes de l’élite occupant des postes de pouvoir peuvent être utilisées comme symboles par la classe capitaliste pour tenter de justifier son système.
Cependant, l’afflux de travailleuses à l’échelle mondiale au cours des dernières décennies – une source de main-d’œuvre à temps partiel, souple, non syndicale et bon marché – a été utilisé par le capitalisme dans son élan néolibéral. Alors que le féminisme bourgeois s’est concentré sur la féminisation de l’élite, l’exploitation des travailleuses a augmenté. En Occident, les femmes travaillent majoritairement dans des emplois peu rémunérés dans le secteur des services. En Orient, les filles et les femmes de couleur travaillent dans certains des emplois les plus difficiles et les moins bien rémunérés au monde, dans des usines massives. Ce phénomène est caractérisé par l’exemple de l’industrie textile au Bangladesh et par l’incendie de Dhaka de 2012, où 117 personnes ont péri dans une usine qui produisait des vêtements destinés à l’Occident.
Le capitalisme est un système opportuniste qui saisit toute possibilité de réaliser un profit à mesure qu’il évolue. Une caractéristique déterminante du féminisme de la deuxième vague est qu’il s’est déclaré hardiment en faveur de la liberté sexuelle des femmes et de l’autonomie corporelle. Cela a également été instrumentalisé par le capitalisme, qui utilise le corps féminin et diverses parties de son corps dans des publicités qui relient le sexe au consumérisme, qui réduisent les femmes à l’état d’objet et qui promeuvent l’idée dangereuse selon laquelle les femmes peuvent être considérées comme des possessions.
Cela s’inscrit dans la prolifération massive de l’industrie du sexe, l’une des plus grandes industries de la planète, qui utilise malicieusement le langage de la libération sexuelle pour justifier une activité qui continue essentiellement à promouvoir une vision patriarcale du sexe et de la sexualité, où les femmes sont l’objet des désirs et des ‘‘besoins’’ sexuels des hommes à la place d’être des êtres sexuels disposant de leur propre liberté et de leur propres désirs, qui peuvent être aussi forts, aussi divers et aussi importants que ceux des hommes.
Travail domestique non rémunéré
L’ère du néolibéralisme a été synonyme d’assaut gigantesque contre l’Etat-providence là où il existait. Le sous-financement et la privatisation des services publics se sont généralisés. Ce processus a encore gagné en ampleur dans de nombreux pays après la crise économique mondiale de 2008.
L’idéologie reposant sur une image de la famille où le mari est le chef de famille incontesté avec une épouse servile est rejetée par la grande majorité des gens ordinaires, de tous les genres, en Irlande de même que dans beaucoup d’autres pays. Même la classe capitaliste n’a pas tendance à ouvertement promouvoir cette approche des choses. Une grande partie de la classe dirigeante soutient maintenant le mariage égalitaire (entre personne de même sexe), mais uniquement grâce à l’énorme pression de la base exercée par le mouvement LGBTQI.
La réalité signifie toutefois qu’en dépit de certains changements positifs survenus dans les comportements et dans la participation des hommes au travail à la maison grâce à l’arrivée massive des femmes dans la population active, l’érosion des services publics signifie que la majorité du travail non rémunéré (le travail ménager et le travail d’assistance aux enfants et aux proches malades et âgés) reste supporté par les femmes. La famille traditionnelle peut être affaiblie, mais le ‘‘travail reproductif’’ des femmes persiste car leur travail non rémunéré est crucial pour élever et nourrir, affectivement et physiquement, une nouvelle main-d’œuvre pour le capitalisme.
L’impasse du féminisme bourgeois
L’égalité juridique a beau existé depuis plusieurs décennies dans de nombreux États, les femmes qui y vivent ne bénéficient toujours pas d’une réelle égalité, tout particulièrement dès lors qu’il s’agit des femmes issues de la classe ouvrière et des pauvres. Le capitalisme profite du travail peu rémunéré et non rémunéré des femmes. Les industries telles que le marché cosmétique mondial qui était d’une valeur de 460 milliards de dollars en 2014 (10) et l’industrie mondiale de la chirurgie esthétique qui sera d’une valeur de 27 milliards de dollars d’ici 2019 (11) profitent de la faible estime de soi et de la mauvaise santé mentale des filles et des femmes. En fait, dans le monde, les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de souffrir de troubles unipolaires (12). Il est ainsi impératif de placer l’anticapitalisme au cœur de tout mouvement féministe.
Une idée inhérente à l’anticapitalisme est d’être activement antiraciste et anti-impérialiste. À Cologne, en Allemagne, une vague d’agressions sexuelles horribles commises sur les femmes autour de la ville à la veille de la Saint-Sylvestre en 2015 a été dédaigneusement utilisée par les médias et l’establishment politique pour tenter de diffuser l’islamophobie et les sentiments anti-réfugiés. Les socialistes ont appelé à des manifestations contre le harcèlement sexuel et la violence sexuelle, mais aussi contre le racisme, l’islamophobie et les tentatives d’instrumentaliser les réfugiés comme bouc-émissaires. Ces manifestants ont souligné à juste titre l’existence répandue et systématique de la violence domestique en Allemagne, un pays qui n’est pas en reste en matière de sexisme.
De même, Hillary Clinton, l’apothéose du féminisme pro-capitaliste, a voté en faveur de la guerre en Irak de 2003 qui a tué des centaines de milliers d’Irakiens (13) et a été soutenue dans sa candidature à la présidence par l’Organisation Nationale des Femmes (NOW) aux Etats-Unis. NOW est la principale organisation américaine du féminisme bourgeois qui émane du mouvement des femmes initié à la fin des années 1960.
Ce qui frappe cependant, c’est en réalité le rejet conscient du féminisme bourgeois par les jeunes femmes les plus politisées aux États-Unis, en dépit des propos de Gloria Steinem, vénérable figure de proue du féminisme de la deuxième vague, qui a réprimandé les jeunes femmes pour leur manque de soutien à la candidature de Clinton en disant : ‘‘Quand vous êtes jeunes, vous pensez: ‘‘Où sont les garçons?’’ Et les garçons sont avec Bernie [Sanders, le challenger de Clinton durant les primaires démocrates, au profil de gauche]’’ (14). En fait, cela a provoqué l’indignation et même quelques marches pro-Sanders de protestation ont été appelées sous le slogan : ‘‘Nous ne sommes pas ici pour les garçons’’.
Elma Relihan, une militante de Socialist Alternative à New York a été interrogée lors d’une de ces manifestations par Democracy Now : ‘‘La marche d’aujourd’hui est ‘‘Not Here for Boys’’, qui répond aux commentaires de Gloria Steinem, des commentaires très insultants, qui affirmaient que les femmes étaient ici juste pour les garçons. En fait, la campagne de Bernie et le programme de Bernie répondent à beaucoup de besoins fondamentaux des travailleuses actuelles. Le système de santé Médicare, le salaire minimum de 15 $ de l’heure, l’enseignement gratuit, etc. sont des choses qui trouvent vraiment une résonance chez les jeunes, les jeunes femmes,…’’ (15)
Les jeunes femmes ont été une force motrice clé dans le mouvement de masse en soutien à la candidature de Bernie Sanders, qui appelait à une ‘‘révolution politique contre la classe des milliardaires’’. Elles n’ont pas été séduites par la perspective d’avoir pour la première fois une femme à la présidence des États-Unis. Hillary Clinton représentait le contraire de leurs aspirations radicales. Clinton, candidate favorables à la guerre, financée par Wall Street et représentante des intérêts des grandes entreprises, a elle-même provoqué le mouvement #BernieOrBust (Bernie ou rien). L’activisme de masse que nous avons vu pourrait être canalisé vers la construction d’une troisième force politique aux Etats-Unis, une force en faveur des travailleurs, des femmes, des personnes de couleur et des jeunes qui serait indépendante du monde de Wall Street.
Lutter contre l’oppression et le capitalisme
Ce développement d’un nouveau mouvement féministe dans le monde se produit à un moment de profonde crise économique et politique pour le capitalisme. La conscience des jeunes femmes en Irlande, qui se sont politisées en réaction à l’interdiction de l’avortement et à l’interdiction du mariage égalitaire en Irlande du Nord, a également été façonnée de façon indélébile par la politique d’austérité connue au cours de cette dernière décennie, une politique qui a détruit les conditions de vie de la majorité de la population à seule fin de sauvegarder les intérêts des entreprises et des banques.
En fait, toutes les luttes pour un renforcement des droits des femmes sont accentuées par une perspective anticapitaliste et socialiste. Par exemple, notre lutte pour abroger le huitième amendement de la constitution (l’interdiction constitutionnelle de l’avortement) est inextricablement liée à la lutte pour séparer complètement l’Église et l’État afin que nous puissions être certains que les hôpitaux publics pourront effectuer des avortements et que personne ne dépende des coûteuses cliniques privées contre son gré. Aucun des partis de l’establishment politique, ni le Sinn Féin d’ailleurs, ne sont prêts à véritablement assumer le rôle qui est encore celui de l’Église en matière de santé et d’éducation. Seule la lutte pour un véritable gouvernement de gauche pourra nous offrir cette victoire.
Un autre exemple est le fait que la crise du logement exacerbe les dangers de la violence masculine contre les femmes dans la société. Sans accès au logement, les femmes et les enfants pourront rester emprisonnés dans des situations potentiellement mortelles. La violence verbale, physique et sexuelle est l’expression d’un pouvoir conçu pour briser l’estime de soi et l’autodétermination. Par conséquent, il est toujours difficile de partir d’une relation abusive. La crise du logement, en particulier pour les femmes pauvres et les femmes de la classe ouvrière, rend cela impossible. La résolution de la crise du logement est liée à la remise en cause de la propriété privée de la richesse et des ressources, à l’annulation des bénéfices et du profit qui a provoqué un tsunami de sans-abris et à l’utilisation de la richesse et des ressources existants pour construire des logements publics afin de répondre aux besoins de tous.
Nous avons besoin d’un mouvement capable de défier l’idéologie, les attitudes et les comportements qui conduisent à la violence machiste contre les femmes. Comme nous pouvons le voir, un tel mouvement devrait également chercher à contester le système de profit actuellement en place.
Cela signifie de défendre la propriété publique démocratique des médias de masse, car le contrôle de ces derniers par l’élite est un instrument qui sert à promouvoir les idées sexistes et racistes dangereuses pour perpétuer le règne de l’élite capitaliste.
Il nous faut systématiquement être anticapitalistes et placer la perspective d’une alternative socialiste au centre de notre approche du changement à obtenir. L’égalité est impossible à arracher dans un monde où les êtres humains les plus riches possèdent plus de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale (16) et où 60 millions de personnes sont des réfugiés ou déplacés à l’intérieur des pays en raison de conflits issus de l’héritage impérialiste du capitalisme et des catastrophes environnementales liées au pillage de la planète par le système de profit. (17)
Mouvement de la solidarité ouvrière
La classe capitaliste détient un énorme pouvoir économique et politique à l’échelle mondiale. Pour construire un monde socialiste dans lequel la richesse et les ressources sont détenues, contrôlées et utilisées dans l’intérêt de la majorité, il doit y avoir une opposition socialiste au système, fondée sur la solidarité, par toute la classe ouvrière de tous les sexes; un mouvement qui peut aussi transcender les divisions raciales et religieuses.Les femmes ont intérêt à contribuer à la construction d’un tel mouvement et à lier leurs revendications et leurs aspirations: en tant que femmes, surreprésentées dans les secteurs à faibles revenus; en tant que jeunes femmes qui veulent la liberté sexuelle ; ou comme les personnes LGBTQI qui souhaitent mettre fin à la culture hétéronormative et aux rôles rigides des sexes; comme des femmes de couleur qui veulent défier le racisme d’État et l’Europe-Forteresse.
Le refus du bipartisme traditionnel et de l’establishment politique par de grandes couches de la classe ouvrière et de grandes sections de la classe moyenne en Irlande et à travers l’Europe illustre le potentiel de construction sur une révolte ouvrière qui mettrait l’Europe et le monde socialistes à l’ordre du jour.
Simultanément, il illustre le potentiel pour la croissance d’un populisme de droite bigot et dangereux. L’ascendance de forces comme Donald Trump, ou d’extrême-droite et de partis racistes en Autriche, en France et en Grande-Bretagne – des forces rétrogrades et des vues traditionnelles sur le rôle des femmes de retour à la maison – représentent une menace sérieuse pour les gains et réformes importantes que les femmes ont gagnées.
C’est précisément pourquoi il est impératif que l’anticapitalisme et le socialisme occupent une place centrale dans toute lutte pour les droits et libertés des femmes !
=> Lancement de la campagne ROSA : Infos pratiques
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Notes
1. Katie Baker, 3 juin 2016, «Voici la puissante lettre que la victime de Stanford a lu à son agresseur», Buzzfeed, buzzfeed.com
2. OMS et autres, Estimations mondiales et régionales de la violence faite aux femmes, p.2
3. 16 juin 2016, «1 à 2 jeunes disent qu’ils ne sont pas 100% hétérosexuels», YouGov.co.uk
4. 13 mai 2016, “Seulement 2% des jeunes hommes se sentent complètement masculins”, YouGov.co.uk
5. Uki Goni et Jonathan Watts, 3 juin 2016, «Le Brésil et l’Argentine s’unissent pour protester contre la culture de la violence sexuelle», The Guardian, theguardian.com
6. Hester Eisenstien, 2009, Le féminisme séduit: comment les élites mondiales utilisent le travail et les idées des femmes pour exploiter le monde, paradigme, p. 64
7. Ibid, p. 48
8. Ibid, p. 52
9. Lise Vogel, 2013, Le marxisme et l’oppression des femmes: Vers une théorie unitaire, Haymarket Books
10. www.businesswire.com
11. mars 2015, «Global Cosmetic Surgery and Service Market Report», Kelly Scientific Publications, bharatbook.com
12. OMS, «Genre et santé mentale des femmes», who.int
13. www.iraqbodycount.org
14. Alan Rappeport, 7 février 2016, «Gloria Steinem et Madeleine Albright réprimandent les jeunes femmes qui soutiennent Sanders», New York Times, nytimes.com
15. 29 février 2016, «Les partisans de Sanders se rassemblent à New York, disent qu’ils ne sont« pas ici pour les garçons »», democracynow.org
16. Larry Elliot, 18 janvier 2016, «62 personnes aussi riches que la moitié de la population mondiale, dit Oxfam», The Guardian, theguardian.com
17. L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, «Les chiffres en bref, tendances mondiales 2015», unhcr.org -
Journée de lutte pour les droits des femmes. 1917-2017: un siècle depuis la Révolution russe!
Les manifestations autour du monde seront gonflées par la colère contre Trump
La journée internationale de lutte pour les droits des femmes, ce 8 mars, est fêtée avec un enthousiasme tout spécial par les membres des partis et organisations affiliés au Comité pour une Internationale Ouvrière. Cela fait cent ans que les femmes de Petrograd ont choisi ce jour pour démarrer la lutte qui a déclenchée la grande Révolution russe. C’est également le jour pendant lequel des millions de gens, partout dans le monde, seront dans la rue pour dénoncer les vues réactionnaires du nouveau président des États-Unis, particulièrement à l’encontre des femmes.
Par Clare Doyle, du Comité pour une Internationale Ouvrière
Petrograd
Il y a tout juste un siècle, le 23 février selon le vieux calendrier (le calendrier julien), les ouvrières du textile de Petrograd débrayèrent de leur usine, demandant « du pain et la paix », appelant les autres travailleurs à faire de même. En cinq jours de manifestations de masse, la grève générale, des batailles de rues, des appels aux soldats, la machine d’État tsariste s’effondrait et le règne tant détesté de l’autocratie des Romanov prenait fin.
Le pouvoir était vraiment dans la rue, les travailleurs pouvaient s’organiser et s’en saisir. Il semblait que leurs rêves pouvaient devenir réalité : la fin de la guerre et de la famine, une nouvelle vie pour les travailleurs et les femmes et pour les millions de paysans terrassés par la pauvretés à travers le vaste Empire russe qui se désintégrait.
Les ouvriers et ouvrières des usines de la banlieue de Petrograd, à Vyborg, discutaient depuis longtemps de la révolution : les femmes n’ont eu qu’à ouvrir les vannes ! Elles attendaient désespérément la fin du massacre de millions de personnes au front, ainsi que de pouvoir nourrir leur famille.
Toutes les conditions de la révolution, analysées par les marxistes, avaient maturé : la crise au sommet de la société, le trouble et le mécontentement dans les couches moyennes, les travailleurs en mouvement et prêts à lutter pour en découdre, et les forces d’État prêtes à basculer du côté des travailleurs. L’élément manquant était le soutien de masse à un parti révolutionnaire qui pouvait montrer aux travailleurs comment prendre le pouvoir entre leurs mains et atteindre leurs objectifs.
De nombreux dirigeants révolutionnaires, dont Lénine et Trotsky, étaient toujours en exil et cherchaient à revenir en Russie. Ils se réjouissaient de la vague d’énergie humaine qui avait déferlé dans les rues de Petrograd mais analysaient en même temps que cette vague devrait être canalisée et aboutir à de nouvelles luttes pour en finir avec le capitalisme et la propriété des terres, et propager la révolution à d’autres grandes puissances économiques en Europe ou aux États-Unis.
Mais au début de l’année 1917, les Bolcheviks étaient faibles et n’avaient qu’un soutien limité dans les Conseils de députés ouvriers et paysans (les soviets). Les autres partis, les Socialistes-Révolutionnaires et les Mencheviks qui dirigeaient les soviets, n’étaient pas prêts à mettre en avant un programme pour mettre un terme à la guerre et dégager les capitalistes et les propriétaires terriens de leurs positions dans la société. Les travailleurs et les paysans ne voulaient rien d’autre que la fin de la guerre ; mais l’expérience allait montrer la nécessité de mener la révolution à son terme. Pour l’heure, la guerre perdurait, et de plus en plus de paysans et de travailleurs en uniforme se faisaient massacrer.Cela prendrait huit mois avant que la révolution, avec un soutien majoritaire pour le Parti bolchevik dans les soviets, ne puisse aboutir – cette fois, sans qu’une goutte de sang n’ait à être versée. En octobre (selon le vieux calendrier) un gouvernement ouvrier socialiste était établi.
Ses premières déclarations concernaient les questions vitales de la paix, la terre, la journée de huit heures et les droits des femmes. Les femmes auraient désormais le plein droit de vote, l’égalité salariale et horaire au travail, le droit au mariage civil et au divorce, plus le planning familial gratuit et à l’avortement si nécessaire. De grands plans étaient formés pour fournir des crèches et gardes d’enfants, des cantines collectives, des laveries, des équipement pour le sport et les loisirs. Une célèbre affiche révolutionnaire montre une jeune femme Bolchevik ouvrant une fenêtre avec ce slogan « À bas l’esclavage de la cuisine ! Donnez-nous la nouvelle vie ! ».
Les réformes mises à l’arrêt
Avec la guerre civile, l’intervention impérialiste et la faillite des mouvements révolutionnaires ailleurs, l’économie russe, déjà faible auparavant, était tragiquement handicapée. Des efforts monumentaux continuaient pour améliorer la vie des femmes en ville et à la campagne, mais de sévères pénuries contrecarraient les plans pour la « nouvelle vie ». L’ascension au pouvoir de Staline et de sa clique virent l’annulation de nombre des gains qui avaient été acquis pour les femmes. L’effondrement de l’Union soviétique dans les années 1990 a vu des « valeurs » capitalistes, voire féodales, restaurées, avec toutes leurs atroces manifestations.
En cette année de commémoration de la Révolution russe, la propagande du président Poutine est de dire que se débarrasser du Tsar en valait probablement la peine, mais que tout a mal tourné quand les capitalistes et propriétaires terriens ont été balayés ! Ceci venant d’un ancien membre cadre du « Parti communiste » et membre des forces de sûreté de l’État ! Quelle pire indication pourrait-il y avoir de la nature réactionnaire du règne de Vladimir Poutine en Russie aujourd’hui que la quasi-levée des sanctions légales contre les violences domestiques ? Quel cruel contraste avec l’approche sensible des Bolcheviks envers les problèmes qui affectent les femmes dans la société de classe !
Journée internationale de solidarité
L’idée d’une journée spéciale pour honorer les travailleuses et leurs luttes est née aux États-Unis. En 1908, 15 000 femmes ont manifesté à New York pour demander une journée de travail plus courte, de meilleurs salaires et le droit de vote. L’année suivante, le Parti Socialiste d’Amérique a appeler les femmes à observer une « Journée nationale des femmes » à travers le pays, et dès 1910, la socialiste révolutionnaire Clara Zetkin proposait, lors d’une conférence internationale à Copenhague, d’en faire un événement mondial.
Moins d’une semaine après les manifestations de femmes de 1911, 140 ouvrières périrent dans l’incendie d’une usine new-yorkaise. Dans les années qui suivirent, le nombres de travailleuses qui manifestaient pour demander des conditions de travail décentes et une vraie législation du travail augmentait. Lors de la Journée internationale des femmes de 1914, il y a eu des manifestations de femmes à travers l’Europe contre la guerre impérialiste imminente et pour le droit de vote des femmes.
Un siècle de changements
Beaucoup de choses ont changé en bien dans ce siècle passé depuis la Révolution russe. D’énormes avancées ont été obtenues pour le quotidien des femmes, souvent à travers des grèves, des luttes et des campagnes où elles ont été impliquées. Mais même dans ce contexte de technologies et de ressources largement plus développées, à travers le monde, les femmes continuent de travailler de longues heures pour une paye inférieure aux travailleurs masculins. Les politiques d’austérité des années récentes ont annulé certaines avancées, et les services desquels les femmes et leur famille dépendent subissent de sévères coupes budgétaires. De plus, comme des études le montrent, les femmes effectuent beaucoup plus de travail non payé au sein et en dehors de leur foyer que les hommes… même dans les cultures « avancées » !
La société capitaliste continue d’encourager des attitudes et des pratiques qui refusent aux femmes l’égalité d’opportunités et la liberté de choix d’avoir, oui ou non, et quand, des enfants.
Dans de nombreux endroits du monde, peu de choses, sinon rien n’a changé. Les femmes et les filles sont toujours vues littéralement comme la propriété, sinon les esclaves des hommes. Des millions d’entre elles sont privées des éléments d’éducation même les plus basiques et n’ont pas de temps pour elles-mêmes. Dans certains pays néocoloniaux, des progrès considérables ont été faits sur des questions comme la contraception, les mutilations génitales, et les décès en couche, de nombreux aspects de la vie – même la disponibilité de nourriture ou d’eau potable – ont empiré.
Les guerres et la famine signifient que des dizaines de millions de femmes doivent migrer, sont sans abris et réfugiées. À travers le monde, elles souffrent de l’exploitation sexuelle, de viols, de la violence, de meurtres, de la part de gens qu’elles connaissent tout comme d’étrangers.
Un livre publié par la Gauche révolutionnaire (section française du CIO) et le Parti Socialiste de Lutte, « Ça n’a pas à être comme ça », par Christine Thomas, explique en détail les problèmes auxquels les femmes ont été confrontées à travers l’existence des sociétés de classe, particulièrement le capitalisme. Ce livre parle de campagnes victorieuses qui ont pu avoir lieu sur le logement, les services de santé et contre le cauchemar de la violence domestique qui ont pu faire la différence et gagner des réformes. Mais le livre se termine par les mots de Friedrich Engels, ami et collaborateur de Karl Marx, qui sont tout autant valables aujourd’hui qu’à l’époque où il les a écrits au XIXème siècle. En effet, il écrit que la base pour résoudre les problèmes auxquels les femmes sont confrontées reste « la transformation de tous les moyens de production en propriété sociale ».
En tant que socialistes, nous voyons le capitalisme comme un système pourri qui inflige à l’humanité une misère effroyable, guerre et famine. Huit personnes possèdent plus que la moitié de la population mondiale ! Un pour cent de la population vit de l’exploitation des 99 autres.
Vraiment les choses n’ont pas à être comme ça ! La coïncidence du centenaire de la Révolution russe et la colère montante contre Trump et son règne des milliardaires offre une opportunité idéale pour populariser le plus bruyamment possible une approche socialiste et révolutionnaire des droits des femmes et de la transformation de la société dans laquelle nous vivons.
Révolution
Ce n’est pas une exagération de dire qu’en réaction à l’élection de Donald Trump en novembre, un genre de révolution a lieu autour du globe. Le mot même de « révolution », tout comme celui de « socialisme », est devenu populaire aux États-Unis ! Cela est dû en partie à la campagne de Bernie Sanders dans la course à la primaire démocrate, et à sa « révolution politique ».
Mais l’élection du très misogyne et sexiste Donald Trump à la présidence des États-Unis a vu une explosion immédiate de colère, particulièrement parmi les femmes, jeunes comme moins jeunes. Aux US, le jour suivant l’annonce des résultats, plus de 40 000 personnes étaient dans la rue en manifestation, largement grâce aux initiatives de Socialist Alternative, notre organisation sœur aux US. Ceci a sans aucun doute aidé à mettre le feu aux poudres des immenses manifestations qui ont suivi. Le 21 janvier, le lendemain de la prise de fonction de Trump, près de 600 « Marches de femmes » ont eu lieu à travers les US, avec plus de 4 millions de participants – et pas seulement des femmes. Le même jour, une centaine d’actions similaires ont eu lieu à travers le monde. L’idée qu’une action à l’échelle internationale peut changer le cours de l’Histoire est extrêmement puissante… dont l’heure arrive !
Des millions de femmes et d’hommes ont manifesté pour la première fois de leur vie pour protester contre les positions racistes, anti-immigration, anti-musulmans et anti-environnementales. L’idée se répand selon laquelle sortir dans la rue peut changer le cours de l’Histoire. C’est un pas révolutionnaire fait par les gens qui n’auraient peut-être jamais eu une pensée révolutionnaire ou socialiste à l’esprit !
8 mars 1917
Autour du globe, des millions de gens sortiront dans la rue le 8 mars, dans ce qui pourrait peut être être la plus grande célébration de cette Journée internationale de lutte des femmes. La véritable histoire qui lie ce jour avec les luttes des travailleuses contre les patrons et leur système s’est effacée. Ce n’est que dans quelques pays – dont le Pakistan et la Turquie – qu’il y a des manifestations régulières le 8 mars.
Mais cette année, en partie « grâce » à Donald Trump, le 8 mars est en train de revivre comme un jour où exprimer une réelle solidarité internationale sur les questions qui affectent les femmes… et pas juste leur offrir des chocolats ou des fleurs ! C’est une journée où condamner toutes les injustices, les insultes et discriminations que les femmes doivent affronter, incarnées par l’attitude de l’occupant de la Maison blanche à Washington. Ses menaces contre la Santé et le droit à l’avortement sont seules suffisantes pour amener une masse d’hommes et de femmes en colère dans la rue.
Bien sûr, un monde sépare la Révolution russe de ce qu’il se passe cette année. Dans le monde perturbé d’aujourd’hui, dans lequel les capitaliste n’ont pas de solutions à long terme pour leur système de crises perpétuelles, il y a un vide politique énorme. Les démagogues de droite essaient de le remplir. Ce dont nous avons besoin c’est de construire un mouvement indépendant qui peut se battre pour de vraies solutions aux nombreux problèmes qui ruinent la vie de 99% de la population et particulièrement celle des femmes.
Ceux qui défendent de simples réformes du capitalisme n’ont pas la réponse. Le système des patrons n’a toujours pas guéri de la crise de 2008 et va vers de plus grands désastres. Le fait que des millions de gens sortent en masse dans la rue aux États-Unis et à travers le monde marque une nouvelle étape dans la politique mondiale.
Dans cette atmosphère de lutte, des partis des travailleurs peuvent croître très rapidement.
« Grève ! »
L’idée d’un genre de « grève » le 8 mars a fermenté depuis l’automne 2015. Le 19, un million de femmes en Argentine a répondu à un appel à l’action d’un mouvement appelé « Ni una menos » (« Pas une de moins »). Ce mouvement a des groupes partout en Amérique Latine, et fait des campagnes contre le niveau horrifiant de violences contre les femmes. En Pologne, une action de « grève » des femmes et d’autres travailleurs a forcé le gouvernement à reculer sur ses propositions réactionnaires d’une interdiction complète de l’avortement. Il y aura des manifestations dans pas moins de cinquante villes en Pologne ce 8 mars. Fin octobre l’année dernière, il y a aussi eu une forme de « grève » des femmes en Islande, contre la discrimination salariale et en commémoration d’une importante grève des femmes là-bas en 1975.
En Italie, où, en novembre dernier, 200 000 personnes ont manifesté contre les violences faites aux femmes à Rome, le mouvement « Non una di meno » a interpellé les syndicats pour qu’ils organisent une journée de grève. Le 8 mars est appelé « grève des femmes », mais les femmes ne seront pas les seules à participer (tout comme cela a été le cas dans les manifestations anti-Trump partout dans le monde). De même, ce ne seront pas seulement des grèves. Les travailleurs hommes ont pour consigne de poser les outils et d’aller aux manifestations – pour agir pour attirer l’attention sur les énormes problèmes qui persistent pour les travailleuses. Il y a un appel en France pour qu’il y ait des débrayages à 15h40 le 8 mars, afin de priver les patrons du travail gratuit dont ils bénéficient habituellement à cause de la différence salariale entre les hommes et les femmes !
Aux USA, le pays de Trump même, Socialist Alternative a déclaré : « Confronté à une résistance record et historique, Trump ne recule pas. Il accélère même les attaques. Nous ne pouvons pas attendre les prochaines élections. Nous devons faire grandir nos actions et manifestations maintenant ! ». Ils en appellent à toutes et tous pour soutenir l’idée d’une action, dont des débrayages, « là où il est possible de le faire sans risquer de perdre son travail ou autre sanction ». Ils appellent aussi les organisations de femmes et les syndicats à utiliser cette journée comme un tremplin pour de plus amples actions le Premier mai – journée de solidarité ouvrière internationale.
Le Sindicato de Estudiantes (dirigé principalement par de jeunes femmes, membres de Izquierda Revolucionaria), a appelé les étudiants à débrayer de 12h à 13h le 8 mars. Ils appellent à des rassemblements dans les lycées et les campus universitaires. Leur message est : « Assez de la violence sexiste ! Nous nous battons pour défendre les droits des femmes ! À bas Donald Trump et tout gouvernement qui nourrit le sexisme et l’oppression ! ».
Au Brésil, des manifestations sont organisées autour de deux slogans principaux : « Non à la réforme des retraites ! » qui frappe les femmes le plus durement et « Non au féminicide ! » – un slogan du mouvement « Ni una menos » qui combat la violence croissante envers les femmes. Les professeurs de São Paolo devraient faire grève aujourd’hui.
En Irlande, un appel « Strike 4 Repeal » (« Grève pour l’abrogation »). Lycéens, étudiants et des travailleurs, débrayeront pour exiger un referendum immédiat sur l’interdiction d’avorter dans le pays. Une marche sur le Parlement est prévue ce soir. Des membres du Socialist Party, dont nombreux actifs au sein de ROSA (une campagne féministe socialiste) participeront à ces événements. En Suède, notre organisation sœur Rättvisepartiet Socialisterna a prévu de lancer une grève sur un lycée à Stockholm ainsi que quelques autres protestations dans des entreprises et services, et d’intervenir dans les manifestations.
Le CIO salue tous les appels à l’action autour du globe le 8 mars. Une « grève mondiale » ou même action n’aura pas lieu dans chaque grand pays, mais là où l’idée d’une action est mise en avant, nous encourageons une participation maximum des femmes tout comme des hommes, rejetant l’idée que seules les femmes devraient se battre pour les « problèmes des femmes ». Nous devons souligner l’importance d’un programme pour les droits des femmes qui devrait être repris pas le mouvement en entier dans le cadre de la lutte pour le socialisme.Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)
À l’échelle internationale, le CIO a été au premier plan de nombreuses luttes qui ont directement affecté et impliqué des femmes. Dont la fameuse campagne de nos camarades aux États-Unis, dirigée par la conseillère municipale Kshama Sawant de Socialist Alternative, pour un salaire minimum de 15$/h. Notre approche dans chaque campagne est de lier des revendications immédiates de la lutte au changement de la société vers une société socialiste, mais de ne jamais dire que des droits ne peuvent pas être gagnés avant la transformation de la société !
Nous n’avons jamais eu l’approche de dire que les femmes devraient attendre et ne pas se battre pour des changements dans le monde dans lequel elles vivent. Et tous ceux qui sont impliqués dans un mouvement comme le notre a besoin d’être sensible et conscient des besoins des autres.
Au sein du CIO, nous soutenons les initiatives pour mener des campagnes et des luttes sur les questions qui affectent plus particulièrement les femmes. Mais nous défendons aussi la nécessité de les lier avec le mouvement ouvrier plus largement, et pour l’unité maximale des travailleuses et des travailleurs. Ceci a pour objectif de renforcer ces luttes et de montrer la nécessité d’une force politique plus large pour une société socialiste.
Nous nous réjouissons de l’attention large qui est donnée actuellement aux challenges particulier que les femmes doivent affronter dans la société capitaliste, et des manifestations qui sont organisées partout autour du monde. Nous voulons voir une unité et une solidarité maximales le 8 mars entre tous ceux qui, à l’échelle internationale, se battent contre le sexisme et les inégalités, l’exploitation et la souffrance omniprésents sous le capitalisme. Rejoignez-nous dans la lutte pour le socialisme !
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Alexandra Kollontaï: La Journée Internationale des Femmes
Texte d’Alexandra Kollontaï paru dans Mezhdunarodnuy den’ rabotnitz, Moscou 1920.
Une fête militante
La Journée de la Femme ou la Journée de l’Ouvrière est un jour de solidarité internationale et un jour pour passer en revue la force et l’organisation des femmes prolétariennes.Mais ce n’est pas un jour spécial uniquement pour les femmes. Le 8 mars est une journée historique et mémorable pour les ouvriers et les paysans, pour tous les ouvriers russes, et pour tous les ouvriers du monde. En 1917, ce jour là, la grande Révolution de Février a éclaté [1]. Ce sont les ouvrières de Petersbourg qui ont commencé cette révolution; ce sont elles qui, en premier, ont décidé de soulever la banderole de l’opposition au tsar et à ses associés. C’est pourquoi la journée de la femme est une double fête pour nous.
Mais si c’est un jour férié général pour tout le prolétariat, pourquoi l’appelle-t-on ‘Journée de la Femme’? Pourquoi alors tenons-nous des fêtes et des réunions spéciales destinées avant tout aux ouvrières et aux paysannes? Cela ne compromet-il pas l’unité et la solidarité de la classe ouvrière? Pour répondre à ces questions, nous devons regarder en arrière et voir comment la Journée de la Femme est arrivée et pour quelle raison elle a été organisée.
Comment et pourquoi la Journée de la Femme a-t-elle été organisée?

Alexandra Kollontaï (1872-1952) est une femme politique communiste et militante féministe soviétique. Elle est la première femme de l’Histoire contemporaine à avoir été membre d’un gouvernement et ambassadrice dans un pays étranger. Il n’y a pas longtemps, en fait, il y a dix ans environ, la question de l’égalité des femmes et la question quant à savoir si les femmes pourraient prendre part au gouvernement aux côtés des hommes étaient chaudement débattues. La classe ouvrière dans tous les pays capitalistes luttait pour les droits des ouvrières: la bourgeoisie ne voulait pas accepter ces droits. Ce n’était pas dans l’intérêt de la bourgeoisie de renforcer le vote de la classe ouvrière au parlement; et dans chaque pays, elle a entravé l’adoption des lois qui donnaient ce droit aux ouvrières.
Les socialistes en Amérique du Nord ont insisté sur leurs exigences pour le droit de vote avec une particulière persistance. Le 28 février 1909, les femmes socialistes des USA ont organisé d’énormes manifestations et réunions à travers le pays, exigeant les droits politiques pour les ouvrières. C’était la première ‘Journée de la Femme’. L’initiative d’organiser une journée de la femme appartient donc aux ouvrières américaines.
En 1910, durant la Seconde Conférence Internationale des Ouvrières, Clara Zetkin [2] a mis en avant la question d’organiser une Journée Internationale de l’Ouvrière. La conférence a décidé que chaque année, dans tous les pays, on devrait célébrer le même jour une ‘Journée de la Femme’ avec le slogan ‘Le droit de vote pour les femmes unira notre force dans la lutte pour le socialisme’.
Durant ces années, la question de rendre le parlement plus démocratique, par exemple, en élargissant le droit de vote et en l’étendant au vote des femmes, était une question vitale. Même avant la première guerre mondiale, les ouvriers avaient le droit de voter dans tous les pays bourgeois, sauf en Russie [3]. Seules les femmes, ainsi que les fous, restaient sans ces droits. Cependant, la réalité discordante du capitalisme exigeait la participation des femmes dans l’économie du pays. Chaque année, il y avait une augmentation du nombre de femmes qui devaient travailler dans les usines et dans les ateliers, ou comme domestiques et femmes de ménage. Les femmes travaillaient aux côtés des hommes et la richesse du pays était créée par leurs mains. Mais les femmes restaient sans droit de vote. Mais dans les dernières années avant la guerre, l’augmentation des prix a forcé même la ménagère la plus pacifique à s’intéresser aux questions de la politique, et à manifester fortement contre l’économie de pillage de la bourgeoisie. Les ‘soulèvement des femmes au foyer’ sont devenus de plus en plus fréquents, s’intensifiant soudainement à des moments différents en Autriche, en Angleterre, en France et en Allemagne.
Les ouvrières ont compris qu’il n’était pas suffisant de détruire les étals au marché ou de menacer le commerçant singulier: elles ont compris qu’une telle action ne réduit pas le coût de la vie. Il faut changer la politique du gouvernement. Et pour réussir cela, la classe ouvrière doit voir que le droit de vote est élargi.
Il a été décidé d’avoir une Journée de la Femme dans tous les pays en tant que forme de lutte pour obtenir le droit de vote pour les ouvrières. Ce jour était destiné à être une journée de solidarité internationale dans le combat pour des objectifs communs et une journée pour passer en revue la force organisée des ouvrières sous la bannière du socialisme.
La première Journée Internationale de la Femme
La décision prise lors du Second Congrès International des Femmes Socialistes n’est pas restée sur papier. Il a été décidé de tenir la première Journée Internationale de la Femme le 19 mars 1911. Cette date n’a pas été choisie au hasard. Nos camarades allemandes ont sélectionné ce jour à cause de son importance historique pour le prolétariat allemand. Le 19 mars de l’année de la Révolution de 1848, le roi prussien a reconnu pour la première fois la force de la population armée et a cédé devant la menace d’un soulèvement prolétarien. Parmi les nombreuses promesses qu’il a faites, et qu’il a plus tard échoué à tenir, figurait l’introduction du droit de vote pour les femmes. Après le 11 janvier, des efforts ont été faits en Allemagne et en Autriche pour préparer la Journée de la Femme.
Ils ont fait connaître les projets pour une manifestation à la fois par le bouche à oreille et par la presse. Durant la semaine précédant la Journée de la Femme, deux journaux sont apparus: ‘The Vote for Women’ (Le Droit de Vote pour les Femmes) en Allemagne et ‘Women’s Day (Journée de la Femme) en Autriche. Les divers articles consacrés à la Journée de la Femme – ‘Women and Parliament’ (Femmes et Parlement), ‘The Working Women and Municipal Affairs’ (Les ouvrières et les Affaires Municipales), ‘What Has the Housewife got to do with Politics?’ (Qu’à la Femme au Foyer à voir avec la Politique?), etc – ont analysé à fond la question de l’inégalité de la femme dans le gouvernement et dans la société. Tous les articles ont souligné le même point: qu’il était absolument nécessaire de rendre le parlement plus démocratique en étendant le droit de vote aux femmes.
La première Journée Internationale de la Femme a eu lieu en 1911. Son succès a dépassé toutes les attentes. Durant cette Journée de l’Ouvrière, l’Allemagne et l’Autriche n’étaient qu’une mer de femmes grouillante et tremblante. Des meetings ont été organisés partout – dans les petites villes et même dans les villages, les salles étaient tellement remplies qu’on a du demander aux ouvriers de laisser leurs places aux femmes.
Ceci a certainement été la première démonstration de militantisme de la femme ouvrière. A cette occasion, les hommes sont restés à la maison avec leurs enfants, et leurs femmes, les femmes au foyer prisonnières, sont allées aux meetings. Durant les plus grandes manifestations dans la rue, auxquelles 30000 ont participé, la police a décidé d’enlever les calicots des manifestants: les ouvrières ont résisté. Dans la bagarre qui a suivi, le carnage n’a été empêché que grâce à l’aide des députés socialistes au parlement.
En 1913, la Journée Internationale de la Femme a été transférée au 8 mars. Ce jour est resté le jour du militantisme de l’ouvrière.
Une Journée de la Femme est-elle nécessaire?
La Journée de la Femme a eu des résultats ahurissants en Amérique du Nord et en Europe. Il est vrai que pas un seul parlement bourgeois n’a pensé à faire des concessions aux ouvriers ou à répondre aux exigences des femmes. Car à cette époque, la bourgeoisie n’était pas menacée par une révolution socialiste.
Mais la Journée de la Femme a réussi quelque chose. Elle s’est avérée par dessus tout être une excellente méthode d’agitation parmi nos sœurs prolétaires les moins politisées. Elles ne pouvaient pas aider, mais ont tourné leur attention vers les réunions, les manifestations, les affiches, les tracts et les journaux qui étaient consacrés à la Journée de la Femme. Même l’ouvrière politiquement arriérée s’est dit à elle-même «Ceci est notre journée, le festival pour les ouvrières», et s’est précipitée aux meetings et aux manifestations. Après chaque Journée Internationale de la Femme, plus de femmes rejoignent les partis socialistes et les syndicats grandissent. Les organisations se sont améliorées et la conscience politique s’est développée.
La Journée de la Femme a encore servi à une autre fonction: elle a renforcé la solidarité internationale des travailleurs. Les partis des différents pays échangent habituellement des conférenciers pour l’occasion: des camarades allemands vont en Angleterre, des camarades anglais vont en Hollande,… La cohésion internationale de la classe ouvrière est devenue solide et ferme et cela signifie que la force combattante du prolétariat en tant qu’ensemble qui a grandi.
Journée de la Femme Ouvrière en Russie
Les ouvrières russes ont pour la première fois pris par à la ‘Journée de l’Ouvrière’ en 1913. C’était une période de réaction alors que le tsarisme tenait les ouvriers et les paysans dans son étau – comme un contrôle. Il ne pouvait y avoir aucune pensée de célébrer la ‘Journée de l’Ouvrière par des manifestations au grand jour. Mais les ouvrières organisées étaient capables de marquer leur journée internationale. Les deux journaux légaux de la CLASSE ouvrière – la ‘Pravda’ bolchévique et la ‘Looch’ menchévique – ont transmis des articles à propos de la Journée Internationale de la Femme [4]: ils ont publié des articles spéciaux, des portrait de certaines de celles qui prenaient part au mouvement des ouvrières et des salutations de camarades tels qu’August Bebel et Clara Zetkin [5].
Durant ces sombres années, les meetings étaient interdits. Mais à Petrograde, à la Bourse de Kalashaïkovsky, ces ouvrières qui appartenaient au Parti (bolchévique) ont organisé une réunion publique sur ‘La Question de la Femme’. Le prix d’entrée était de cinq kopecks. C’était un meeting illégal mais la salle était absolument pleine. Les membres du parti ont parlé. Mais cette réunion ‘fermée’ animée s’est terminée péniblement quand la police, alertée par de tels débats, est intervenue et a arrêté de nombreux conférenciers.Il a été d’une grande importance pour les travailleurs du monde que les femmes en Russie, qui vivaient sous l’oppression tsariste, devraient se joindre et d’une manière ou d’une autre s’arranger pour se reconnaître dans les actions de la Journée Internationale de la Femme. C’était un signe bienvenu que la Russie se réveillait et que les prisons et les gibets tsaristes étaient impuissants pour tuer l’esprit de lutte et de protestation des travailleurs. En 1914, la Journée de l’Ouvrière en Russie a été mieux organisée. Les deux journaux des ouvriers se sont concernés eux-mêmes par la fête. Nos camarades ont mis beaucoup d’efforts dans la préparation de la Journée de l’Ouvrière. A cause de l’intervention policière, ils ne sont pas parvenus à organiser une manifestation. Ceux qui étaient impliqués dans l’organisation se sont retrouvés dans les prisons tsaristes et beaucoup ont été plus tard envoyés dans le grand nord. Car le slogan ‘pour le droit de vote des femmes’ était naturellement devenu en Russie un appel public pour le renversement de l’autocratie tsariste.
Journée de l’Ouvrière durant la guerre impérialiste
La première guerre mondiale a éclaté. La classe ouvrière de chaque PAYS était recouverte du sang de la guerre [6]. En 1915 et 1916, la Journée de l’Ouvrière à l’étranger a été une faible affaire – les femmes de l’aile gauche socialiste qui partageaient les vues du Russion Bolshevik Party (Parti Bolchévique de Russie) ont essayé de transformer le 8 mars en une manifestation des ouvrières contre la guerre. Mais ces traîtres du parti socialiste en Allemagne et dans d’autres pays ne permettraient pas aux femmes socialistes d’organiser des rassemblements; et les femmes socialistes se sont vues refuser des passeports pour aller dans des pays neutres où les ouvrières souhaiteraient tenir des réunions internationales survivait.
En 1915, il n’y a qu’en Norvège qu’elles se sont débrouillées pour organiser une Journée de la Femme en Russie, car ici, la puissance du tsarisme et de la machine militaire était effrénée.
Ensuite est arrivée la grande, grande année 1917. La faim, le froid et les épreuves de la guerre, ont brisé la patience des ouvrières et des paysannes de Russie. En 1917, le 8 mars (23 février) pour la Journée de l’Ouvrière, elles sont hardiment sorties dans les rues de Petrograd. Les femmes – certaines étaient ouvrières, certaines étaient des femmes de soldats – ont exigé du ‘Pain pour nos enfants’ et le ‘Retour de nos maris des tranchées’. A ce moment décisif, les protestations des ouvrières ont présenté une telle menace que même les forces de sécurité tsaristes n’ont pas osé prendre les mesures habituelles contre les rebelles mais ont regardé avec confusion la mer orageuse de la colère populaire.
La Journée de l’Ouvrière de 1917 est devenue mémorable dans l’histoire. Ce jour là, les femmes russes ont soulevé la torche de la révolution prolétarienne et ont mis le feu au monde. La Révolution de Février a débuté ce jour là.
Notre appel au combat
La ‘Journée de l’Ouvrière’ a été organisée pour la première fois il y a 10 ans durant la campagne pour l’égalité des femmes et pour la lutte pour le socialisme. Cet objectif a été rempli par les femmes de la classe ouvrière en Russie. En république soviétique, les femmes ouvrières et paysannes ne doivent pas se battre pour le droit de vote ou leurs droits civils. Elles ont déjà gagné ces droits. Les travailleurs russes et les femmes paysannes sont des citoyens égaux – dans leurs mains se trouve une arme puissante pour rendre la lutte pour une vie meilleure plus facile – le droit de vote, de participer aux soviets et dans toutes les organisations collectives [7].
Mais les droits seuls ne sont pas assez. Nous devons apprendre à les utiliser. Le droit de vote est une arme que nous devons apprendre à maîtriser pour notre propre bénéfice, et pour le bien de la république des ouvriers. Durant les deux années de pouvoir des soviets, la vie en elle-même n’a pas absolument changé. Nous sommes seulement dans le processus de lutte pour le communisme et nous sommes encerclés par le monde dont nous avons hérité du PASSÉ, sombre et répressif. Les entraves de la famille, du ménage, de la prostitution pèsent toujours lourdement sur la femme ouvrière. Les ouvrières et les paysannes ne peuvent se débarrasser de cette situation et obtenir l’égalité dans la vie elle-même, et pas juste dans la loi, que si elles mettent toutes leurs énergies pour faire de la Russie une vraie société communiste.
Et pour accélérer son arrivée, nous devons d’abord redresser la barre de l’économie délabrée de la Russie. Nous devons examiner la solution de nos deux tâches les plus urgentes – la création d’une force de travail bien organisée et consciente politiquement et la restauration du transport. Si notre armée du travail fonctionne bien, nous devrions bientôt avoir à nouveau des machines à vapeur; les chemins de fer recommenceront à fonctionner. Cela signifie que les ouvriers et les ouvrières recevront le pain et le bois de chauffage dont ils ont désespérément besoin.
Obtenir le retour à la normale du transport accélérera la victoire du communisme. Et avec la victoire du communisme viendra l’égalité complète et fondamentale des femmes. C’est pourquoi le MESSAGE de la ‘Journée de l’Ouvrière’ doit cette année être «Ouvrières, paysannes, mères, femmes et soeurs, tous les efforts pour aider les travailleurs et les camarades à surmonter le chaos des chemins de fer et à rétablir le transport. Tout le monde dans la lutte pour le pain, le bois de chauffage et les matières premières».
L’an dernier, le slogan de la Journée de l’Ouvrière était: «Tous pour la victoire du Front Rouge» [8]. Maintenant, nous appelons les ouvrières à rallier leur force sur un nouveau front sans effusion de sang: le front du travail! L’Armée Rouge a battu l’ennemi extérieur parce qu’elle était organisée, disciplinée et prête à l’abnégation. Avec de l’organisation, du travail dur, de l’auto-discipline et de l’abnégation, la république des travailleurs surmontera l’ennemi interne – la dislocation du transport et de l’économie, la famine, le froid et la maladie. «Tous pour la victoire du front du travail sans effusion de sang! Tous pour la victoire!»
Les nouvelles tâches de la Journée de l’Ouvrière
La Révolution d’Octobre a donné aux femmes l’égalité avec les hommes, pour autant que les droits civils sont concernés. Les femmes du prolétariat russe, qui étaient il n’y a pas si longtemps, les plus malheureuses et opprimées, sont aujourd’hui dans la République Soviétique, capables de montrer avec fierté aux camarades d’autres PAYS le chemin vers une égalité politique par l’intermédiaire de l’établissement de la dictature du prolétariat et du pouvoir des soviets.
La situation est très différente dans les pays capitalistes où les femmes sont toujours surmenées et défavorisées. Dans ces pays, la voix de l’ouvrière est faible et inanimée. Il est vrai que dans divers pays – en Norvège, en Australie, en Finlande et dans certains des états d’Amérique du Nord – les femmes ont gagné les droits civils même avant la guerre [9].
En Allemagne, après que le kaiser ait été rejeté et qu’une république bourgeoise dirigée par les ‘conciliateurs’ [10] ait été établie, 36 femmes sont entrées au parlement – mais pas une seule n’était communiste!
En 1919, en Angleterre, une femme a été élue pour la première fois en tant que membre du parlement. Mais qui était-elle? Une ‘lady’. Cela signifie une propriétaire de terres, une aristocrate [11].En France aussi, la question de l’extension du droit de vote aux femmes est apparue plus tard. Mais de quelle utilité sont ces droits pour l’ouvrière dans la structure des parlements bourgeois? Tant que le pouvoir est dans les mains des capitalistes et des propriétaires terriens, aucun droit politique n’évitera à la femme ouvrière la position traditionnelle d’esclavage dans la maison et dans la société. La bourgeoisie française est prête à envoyer une autre mouillette à la classe ouvrière, face à la croissance des idées bolchéviques parmi le prolétariat: elle est prête à donner le droit de vote aux femmes [12].
Monsieur le Bourgeois – il est trop tard!
Après l’expérience de la Révolution d’Octobre russe, il est clair pour chaque ouvrière en France, en Angleterre et dans d’autres pays, que seule la ‘dictature de la classe ouvrière’, seul ‘le pouvoir des soviets’ peuvent garantir l’égalité complète et absolue, la victoire ultime du communisme démolira les chaînes de la répression centenaires et le manque de droits. Si la tâche de la ‘Journée Internationale de l’Ouvrière’ était antérieurement de combattre pour le droit de vote des femmes face à la suprématie des parlements bourgeois, aujourd’hui, la classe ouvrière a une nouvelle tâche: organiser les ouvrières autour des slogans de combat de la Troisième Internationale. Au lieu de prendre part au fonctionnement du parlement bourgeois, écoutez l’appel de la Russie. «Ouvrières de tous les pays! Organisez un front prolétarien uni dans la lutte contre ceux qui pillent le monde! A bas le parlementarisme de la bourgeoisie! Nous accueillons le pouvoir le pouvoir des soviets! Supprimons les inégalités subies par les hommes et les femmes travailleurs! Nous nous battrons avec les ouvriers pour le triomphe du communisme mondial!»
Cet appel a été entendu pour la première fois au milieu des épreuves d’un nouvel ordre, il sera entendu dans les batailles de la guerre civile et aura une résonance dans les coeurs des ouvrières dans d’autres pays. Les ouvrières écouteront et croiront cet appel à la raison. Jusqu’à il y a peu, elles pensaient que si elle s’arrangeaient pour envoyer quelques représentantes au parlement, leurs vies seraient plus faciles et que l’oppression du capitalisme seraient plus supportables. Maintenant, elles savent le contraire.
Seul le renversement du capitalisme et l’établissement du pouvoir des soviets les sauvera du monde de souffrances, d’humiliations et d’inégalités qui rendent la vie de l’ouvrière dans les pays capitalistes si difficile. La ‘Journée de l’Ouvrière’ est passée d’une journée de lutte pour le droit de vote à une journée à une journée internationale de lutte pour la libération totale et absolue des femmes, ce qui signifie une lutte pour la victoire des soviets et pour le communisme!
A BAS LE MONDE DE LA PROPRIÉTÉ ET DU POUVOIR DU CAPITAL!
A BAS INÉGALITÉ, LE MANQUE DE DROITS ET L’OPPRESSION DES FEMMES – HÉRITAGE DU MONDE BOURGEOIS!
EN AVANT VERS L’UNITE INTERNATIONALE DES OUVRIÈRES ET DES OUVRIERS DANS LA LUTTE POUR LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT – LE PROLÉTARIAT DES DEUX SEXES!Notes:
[1] La Russie tsariste utilisait toujours le vieux calendrier ‘Julien’ du Moyen-Age qui était 13 jours derrière le calendrier ‘Grégorien’ utilisé dans la plupart du reste du monde. Ainsi, le 8 mars était le ’23 février’ dans l’ancien calendrier. C’est aussi pourquoi la révolution de mars 1917 est appelée ‘la Révolution de Février’ et celle de novembre 1917 ‘la Révolution d’Octobre’.
[2] Clara Zetkin était une dirigeante du mouvement socialiste allemand et la dirigeante principale du mouvement international des ouvrières. Kollontaï était une déléguée à la conférence internationale représentant les ouvrières du textile de St-Pétersbourg.
[3] Ceci n’est pas correct. La grande majorité des ouvriers non-qualifiés en Angleterre, en France et en Allemagne ne pouvaient pas voter. Un plus petit pourcentage des hommes de la classe ouvrières aux États-Unis ne pouvaient pas voter – en particulier les hommes immigrés. Dans le sud des USA, les hommes noirs étaient souvent empêchés de voter. Les mouvements de la classe moyenne pour le suffrage dans tous les pays européens ne se sont pas battus pour donner le droit de vote aux femmes de la classes ouvrières, ni aux hommes de la classe ouvrières.
[4] Durant son Congrès de 1903, le Russian Social Democratic Labour Party (Parti Russe Social Démocratique du Travail) s’est divisé en deux ailes, les bolchéviques (ce qui signifie ‘majorité’ en russe) et les menchéviques (ce qui signifie ‘minorité’). Dans la période entre 1903 et 1912 (quand la division est devenue permanente), les deux ailes ont travaillé ensemble, se sont unifiées pendant un moment, et puis se sont encore divisées. De nombreux socialistes, y compris l’ensemble des organisations locales, ont travaillé avec les deux ailes ou ont essayé de rester neutres dans les désaccords. Kollontaï, une socialiste active et combattante pour les droits des femmes depuis 1899, était d’abord indépendante des factions, puis est devenue menchévique pour plusieurs années. Elle a rejoint les bolchéviques en 1915 et est devenue la seule femme membre de leur comité central. Elle a également siégé comme commissaire du bien-être de la République Soviétique et comme directrice de la section féminine du Parti Bolchévique.
[5] August Bebel (1840-1913) était un dirigeant du German Social-Democratic Party (Parti Social-Démocrate Allemand). Il était un supporter bien reconnu du mouvement des femmes et l’auteur d’un ouvrage classique sur le marxisme et les femmes ‘Die Frauenfrage’, traduit en anglais ‘Woman under Socialism’ (Femme et Socialisme), qui a été traduit en de nombreuses langues.
[6] Lorsque la guerre a éclaté en 1914, il y avait une énorme scission dans le mouvement socialiste international. La majorité des sociaux-démocrates en Allemagne, en Autriche, en France et en Angleterre soutenait la guerre. D’autres socialistes, tels que Kollontaï, Lénine, le Parti Bolchévique et Leon Trotsky en Russie, Clara Zetkin et Rosa Luxemburg en Allemagne, et Eugene Debs aux Etats-Unis, pour ne nommer que quelques dirigeants, ont dénoncé les socialistes pro-guerre d’être des traitres à la classe ouvrière et au combat pour la révolution des ouvrières.
[7] Le mot ‘soviet’ signifie ‘conseil’. Les soviets, ou conseils des ouvriers, sont des corps démocratiques dans lesquels les délégués sont élus dans des réunions des usines et du voisinage et sont contrôlés par leurs frères et soeurs ouvriers. Les représentants des soviets doivent faire rapport à leur circonscription électorale et sont sujets à un rappel immédiat.
[8] Après la saisie du pouvoir par la classe ouvrière en octobre/novembre 1917, l’état ouvrier russe était confronté à deux problèmes majeurs. L’un était une invasion, y compris des États-Unis, l’autre était la résistance des éléments pro-monarchistes et pro-capitalistes en Russie. Principalement sous la direction de Léon Trotsky, les soviets ont créé une armée ‘des ouvriers et des paysans’, l’Armée Rouge’, qui a battu les forces de contre-révolution.
[9] Les femmes avaient gagné le droit de vote dans plusieurs états des États-Unis avant la Première Guerre Mondiale. Un amendement fédéral garantissant à toutes les femmes de plus de 21 ans le droit de vote a été voté le 26 août 1920. Il a fallu attendre les années 60 pour que la dernière barrière légale au vote de personnes de la classe ouvrière aux États-Unis soit abolie.
[10] Les conciliateurs auxquels Kollontaï fait référence sont les dirigeants du Parti Social-Démocrate qui formaient un nouveau gouvernement capitaliste en Allemagne après la chute du kaiser en 1918. Ils sont activement soutenu la contre-révolution après leur arrivée au pouvoir.
[11] Alors que l’aristocrate Lady Astor était en effet la première femme à siéger au parlement anglais, la première femme élue au parlement a été la révolutionnaire irlandaise Constance Markievicz. Avec d’autres membres du parti Sinn Fein, elle a refusé de prendre son siège au parlement impérial.
[12] Les femmes françaises n’ont finalement pas obtenu le droit de vote avant la Deuxième Guerre Mondiale.Traduction et commentaires réalisés par le site “La Bataille Socialiste”
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Stop au racisme et au sexisme! Tout ce qui nous divise nous affaiblit!
Le rejet de l’ensemble des partis traditionnels est de plus en plus massif. Ces derniers n’ont aucune solution à nous apporter face à la crise économique, sociale, migratoire ou encore environnementale qui perdure et s’approfondit. Au contraire, les politiciens traditionnels défendent les plus riches à la tête d’un système toujours plus inégalitaire.Par Emily (Namur)
Ils nous réservent l’austérité et les coupes budgétaires tandis que les capitalistes n’en finissent plus de recevoir des cadeaux (fiscalité, réforme de la législation du travail, privatisations,…). Et s’ils peuvent mettre quelques billets dans leur poche au passage, ils ne s’en privent pas. Si c’est souvent légal, rappelons qui fait les lois…
Les récents propos de Louis Michel concernant l’idée de limiter le salaire des parlementaires à 4 800€ nets par mois illustrent bien qu’on ne vit pas dans la même réalité : ‘‘[Avec 4800€,] vous obtiendrez un Parlement coupé de la réalité, peuplé de fonctionnaires et d’enseignants.’’ Pas surprenant que beaucoup cherchent une alternative ailleurs !
La politique d’assainissements antisociale de l’establishment mène au chômage et aux pénuries. Trump (USA), Geert Wilders (Pays-Bas), Marine Le Pen (France) et bien d’autres jouent là-dessus. Ils défaussent la responsabilité sur des boucs émissaires : les immigrés, les réfugiés, les chômeurs,… Les vrais responsables – les 1% les plus riches – ne sont pas inquiétées (8 personnes les plus riches possèdent autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité !). Comment maintiennent-ils leur pouvoir? En divisant cette majorité et en montant les différents groupes les uns contre les autres : diviser pour mieux régner, c’est leur crédo.
Construisons la résistance
Le 16 mars à Anvers, se tiendra la manifestation annuelle du NSV (Nationalistische Studentenvereniging, Association des Etudiants Nationalistes – organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang). Leur manifestation attire chaque année toutes sortes d’organisations et d’individus néo-fascistes, en préparation de la ‘‘révolution conservatrice’’ à laquelle ils aspirent, selon le site du NSV. Face à cela, le jeudi 16 mars à 19h gare d’Anvers Berchem, nous organisons une marche contre le racisme et la haine du NSV, pour mettre fin aux divisions et à leur politique antisociale. Une manifestation massive est d’autant plus importante qu’elle aura lieu au lendemain des élections législatives aux Pays-Bas. Ces dernières devraient, en effet, se caractériser par une dispersion des voix mais également par la montée de l’extrême droite de Geert Wilders. Ne laissons pas de terrain à l’extrême-droite!
Tenons-nous prêt à réagir lorsque l’extrême droite et d’autres forces réactionnaires tentent de prendre du terrain. En France, la plupart des sondages placent Marine Le Pen au second tour des élections présidentielles du 23 avril. Si c’est le cas, il sera important de descendre dans la rue dès le lendemain, le 24 avril, d’organiser une action en solidarité avec la jeunesse et les travailleurs en France, mais également pour bloquer la route à l’extrême droite ici.
‘‘L’intronisation’’ de Trump a eu diverses répercussions : dès le premier jour, ce fut un déluge d’attaques antisociales, mais également une recrudescence des luttes, avec le 21 janvier la plus grande mobilisation de l’Histoire américaine : plus de 3 millions de personnes étaient dans les rues aux Etats-Unis ! Trump attaque tout le monde : les femmes, les immigrés, l’ensemble des minorités et de manière plus générale la classe des travailleurs. Si nous sommes unis, des victoires sont possibles. Ainsi, des occupations et manifestations ont bloqué une partie de sa politique anti-migratoire. Construire une résistance unitaire de l’ensemble de notre classe sociale contre l’agenda politique de Trump est essentiel car un tel personnage participe à renforcer l’ensemble des réactionnaires, et il y a en a ! Le 24 – 25 mai, Trump sera en Belgique. Sa visite doit être l’occasion d’une manifestation monstre pour faire reculer son agenda et celui de tous les «Trump’s» à travers le monde et en Belgique.
Construisons une alternative
Unifions les victimes de la politique antisociale. Avec les Etudiants de Gauche Actifs et le Parti Socialiste de Lutte, nous voulons organiser tous ceux et celles qui veulent lutter ensemble contre les coupes budgétaires, contre les discriminations et contre le système qui en est responsable : le capitalisme. Nous organisons des manifestations, des meetings et des actions et nous voulons discuter de comment construire une société socialiste démocratique et ce que cela signifie. Organise-toi et rejoins-nous !
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La Révolution russe de 1917: Les acquis féministes les plus progressistes de l’Histoire
Dans le cadre du centenaire de la révolution russe, le PSL écrit et réédite tout au long de l’année des articles sur cet événement majeur de l’histoire du mouvement ouvrier mondial, afin de lui rendre justice face aux attaques virulentes des médias dominants. Entre les accusations de coup d’État sanglant ou de complot allemand, il est un sujet auquel ces médias ne semblent pourtant pas pouvoir s’en prendre : les acquis des femmes obtenus par la Révolution russe. Ces conquêtes majeures étaient sans précédent à une époque où le droit de vote des femmes et la liberté économique de celles-ci n’étaient certainement pas envisageables, et ce même dans les pays capitalistes avancés. 100 ans plus tard, le droit au divorce, à l’avortement, la pénalisation du viol, etc. ne sont toujours pas acquis dans de nombreux pays, ou sont menacés de disparaître. Nous revenons sur ces acquis les plus progressistes de l’histoire et sur les méthodes des bolchéviques qui ont soutenu leur développent.
Par Brune (Bruxelles)
Aucun autre événement dans l’Histoire n’a été davantage détourné par l’idéologie capitaliste que la Révolution russe. Dans les cours d’histoire, le rôle des femmes n’y est d’ailleurs presque jamais mentionné, et les mesures acquises les concernant inexistantes. Le renversement complet du capitalisme et du féodalisme par la classe ouvrière russe sous la direction du parti bolchevik en 1917 a stimulé un changement radical et inédit dans la société. Les bolcheviks ont été en mesure de prendre le pouvoir, précisément parce qu’ils étaient la voix des masses opprimées, des travailleurs, des pauvres et des femmes.
Aujourd’hui, l’inégalité et l’oppression économiques n’ont jamais été aussi flagrantes: selon le rapport de 2017 d’OXFAM sur les inégalités(1), la richesse combinée des 8 personnes les plus riches au monde dépasse celle de la moitié la plus pauvre de l’humanité. Et tandis que cette inégalité continue de croître, il en est de même de l’oppression des femmes et de la communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels, trans) à travers le monde, même dans le monde occidental.
Par exemple, en Russie, aujourd’hui, la loi controversée sur la dépénalisation des violences domestiques adoptée par Vladimir Poutine(2) entend réduire à une simple amende la peine qui était auparavant de deux ans de prison pour les auteurs de ces violences domestiques. D’autres lois sexistes ont pris place en Turquie(3) ou existaient toujours comme en Tunisie(4) par exemple autour de la banalisation et de la dépénalisation du viol. Des lois qui, heureusement, ont été abandonnées grâce à une mobilisation victorieuse des femmes.
De l’autre côté de l’Atlantique sévit le ‘‘pussy-grabber’’(5) Trump. Après son attaque frontale contre le droit à l’avortement le 23 janvier dernier, son sexisme rampant continue à faire les titres : dernièrement il aurait exigé que les femmes travaillant au sein de son administration ‘‘soient habillées comme des femmes’’(6). Trump et les politiciens à la botte du capitalisme remettent en cause les acquis fondamentaux pour lesquels les femmes se sont battues tout au long du 20ème siècle.
Toutefois, les luttes historiques récentes que ce soit en Amérique latine (contre les féminicides), en Europe (la grève des femmes en Pologne et en Islande) ou aux USA, avec plus de 4 millions de participants aux Women’s March, sont l’expression de la vive recrudescence des luttes pour les droits des femmes, et de la volonté de combattre de celles-ci.
L’exemple de la révolution russe
Dans ce contexte, revenir sur les leçons du passé, et particulièrement celles de la Révolution russe, peuvent nous en apprendre beaucoup sur le rôle majeur que peut jouer la classe ouvrière dans son ensemble et les femmes en particulier pour se libérer de de leur oppression au travers des mouvements de masse. Pendant la période révolutionnaire les femmes ont joué un rôle important à la fois dans la chute du régime tsariste et dans la victoire des bolcheviks.
Lorsque des dizaines de milliers de femmes sont descendues dans les rues en février 1917, pendant les événements qui ont déclenché la révolution du même nom, elles criaient pour ‘‘la justice, la paix et le pain’’. La protestation a éclaté lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes (le 8 mars, qui tombait le 23 février selon le calendrier julien encore en usage à l’époque en Russie). Tandis que les soldats rejoignaient les rangs des manifestants, les soviets (conseils) – nés lors de la révolution manquée de 1905 et qui avaient été réprimés par le Tsar – ont ressurgi et ont contesté l’autorité du Gouvernement provisoire jusqu’en octobre 1917 et la prise du pouvoir et du palais d’Hiver.
Après la prise du pouvoir, il était clair que les femmes avaient – et allaient – joué un grand rôle. Les bolcheviks, tout en soulignant le rôle de la classe ouvrière dans une société en mutation, ont également reconnu que les femmes souffraient d’une double oppression qui puise ses racines dans l’existence même d’une société de classe. Pour les bolcheviks, la libération des femmes passait par le renversement du capitalisme et était un élément essentiel de la lutte pour une société socialiste.
Les femmes ont joué des rôles dirigeants dans le parti au niveau local et national. L’impact décisif de la révolution a transformé la conscience et la vie des femmes de la classe ouvrière comme jamais auparavant. Le 17 décembre 1917, sept semaines seulement après la formation du premier État ouvrier au monde, le mariage religieux ne fut plus obligatoire et le divorce légalisé. Le mois suivant, une loi marquant l’égalité juridique des hommes et des femmes et abolissant ‘‘l’illégitimité’’ des enfants fut intégrée au code de la famille. La définition du viol fut également changée en ‘‘rapport sexuel non consenti utilisant soit la force physique ou psychologique’’. L’avortement, quant à lui, fut légalisé en 1920.
Tout au long des années 1920, le code de la famille a été modifié, chaque changement étant automatiquement accompagné de débats et de discussions publics. Dès ses premiers jours, la propagande socialiste russe a défendu l’égalité des femmes, mais, pour les bolcheviks, le point crucial était de s’en prendre à l’asservissement des femmes dans la cellule familiale traditionnelle.
Un système de protection sociale fut instauré comprenant des maisons de maternité, des cliniques, des écoles, des crèches et des jardins d’enfants, de même que des cantines publiques sociales et des blanchisseries, toutes destinées à soulager les femmes de leurs corvées ménagères traditionnelles. Un congé de maternité payé à la fois avant et après la naissance fut aussi introduit pour les travailleuses. Des salles d’allaitement furent installées sur les lieux de travail, avec des pauses toutes les trois heures pour la nouvelle mère.
La prostitution fut quant à elle délibérément décriminalisée en 1922 et le proxénétisme interdit. L’objectif était de réduire considérablement les raisons économiques poussant des femmes à cette activité. La même année, le nombre de femmes membres du Parti communiste (le nouveau nom du parti bolchevik) dépassait désormais les 30.000.
Quant aux LGBT, après la révolution, l’homosexualité fut décriminalisée et toutes les lois anti-homosexuels furent retirées du Code criminel en 1922. Il y a également eu des cas de personnes qui ont décidé de vivre en tant que sexe opposé après la révolution. En 1926, il est devenu légal de changer de sexe sur les passeports.
Des personnes ouvertement homosexuelles ont d’ailleurs servi à des postes officiels, comme Gueorgui Tchitcherine, Commissaire du Peuple (ministre) des Affaires étrangères en 1918. Encore aujourd’hui, il parait inconcevable qu’un personnage similaire puisse obtenir une telle position dans la plupart des Etats capitalistes.
Ces importantes conquêtes ont toutefois subi le même sort que la démocratie ouvrière avec l’usurpation du pouvoir par la bureaucratie stalinienne et dégénérescence de la révolution. Elles n’en restent pas moins importantes à étudier pour les luttes d’aujourd’hui. Jamais une direction ou une force politique n’a autant tenté d’obtenir le soutien actif des femmes ou des LGBT.
Certains droits acquis suite à la Révolution russe il y a près d’un siècle, n’existent toujours pas aujourd’hui. Cet événement majeur de l’Histoire de l’humanité reste une grande source d’inspiration. Celle-ci permet de démontrer la connexion inextricable entre la lutte contre toutes les formes d’oppression et la lutte de la classe des travailleurs pour une transformation socialiste de la société La nécessité d’un mouvement large pour les droits des femmes sera discutée (ainsi que le sujet abordé ci-contre) lors de la journée de lancement de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité). Pour en savoir plus sur le sujet, prenez votre prévente et rejoignez- nous le 12 mars à Bruxelles!
Notes:
1. https://www.oxfam.org/fr/salle-de-presse/communiques/2017-01-16/huit-hommes-possedent-autant-quela-
moitie-de-la-population
2. h t t p : / / w w w. 2 0 m i n u t e s . f r / m o n d e / r u ssie/2011687-20170209-russie-depenalisation-violences-
domestiques-promulguee-vladimir-poutine
3. ht t p: //www. lepoi nt . f r /monde/ t u rquie – ret r ai t -du-sul fureux-projet-de-loi-sur-le-viol-des-mineurs-
22-11-2016-2084760_24.php
4. http://www.20minutes.fr/monde/1983399-20161219-tunisie-loi-permettant-violeur-epouser-victime-devrait-etrerevisee
5. En référence à une vidéo qui a fait scandale où Trump expliquait à un proche : ‘‘Et quand tu es une star, elles te
laissent faire. Tu fais tout ce que tu veux. Tu peux les attraper par la chatte’’ (‘‘grab them by the pussy’’ en anglais).
6. http://www.lesoir.be/1432993/article/soirmag/actu-soirmag/2017-02-04/des-femmes-repondent-nouvelle-exigence-
sexiste-donald-trump


