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Tag: Droits des femmes
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Mon corps, mon choix ? Campagne contre le sexisme
Par Emily (Namur)
Médias, clips vidéo, publicité, tous utilisent le corps des femmes pour vendre tout ce qui est possible et imaginable, depuis l’objet jusqu’à la façon de se comporter. Karl Marx disait que tout devient marchandise sous le capitalisme. Cela comprend les femmes à travers leur corps.
Nous vivons dans une société schizophrénique où, d’un côté, les filles doivent être sexy pour être considérées comme des femmes libérées et modernes, tout en ne pouvant jamais atteindre l’idéal de beauté photoshopé que nous présente la société capitaliste avec les conséquences que cela engendre en termes de santé physique et mentale. Le phénomène Miley Cyrus ou Rihanna exprime l’instrumentalisation du corps des femmes, où pour vendre davantage, elles sont placées devant un choix conditionné par l’industrie médiatique. Pour être considéré, non plus comme un enfant, mais comme une femme et pour avoir un maximum d’attention, faire tomber les vêtements devient le moyen le plus efficace. Et c’est bien sûr les patrons et les grands actionnaires de l’industrie musicale (ou autre) qui en tirent, de loin, le plus grand profit.
De l’autre côté, en cas de harcèlement, beaucoup rétorquent que si une femme s’habille avec des vêtements courts ou moulants, c’est-à-dire si elle suit la mode, c’est qu’elle a envie de se faire remarquer, et que, de ce fait, il est normal qu’elle se fasse siffler. Mais c’est l’utilisation permanente du corps des femmes comme outil de marketing et la place occupée par les femmes dans la société patriarcale qui pousse l’ensemble de la société (homme et femme) à raisonner de la sorte.
Pire, en cas de viol, la victime n’est bien souvent pas crue ou elle est accusée de l’avoir un peu cherché. En Belgique, dix plaintes pour viol sont déposées chaque jour, alors que des études prouvent que seuls 10% des victimes osent porter plainte. La docteure en psychologie et spécialiste de la question, Danièle Zucker, met en avant que le viol n’a rien de sexuel et n’a donc rien à voir avec une quelconque attirance physique. Ce n’est pas non plus un jeu sexuel qui tourne mal ou un acte lié à l’alcool. Non, le viol est un enjeu de pouvoir ! Le comportement des femmes agressées ne devrait donc pas être mis en cause. Et pourtant…Par exemple, la seule solution des autorités face à de multiples agressions sexuelles d’étudiantes à Namur a été de dispenser des cours de self défense aux filles et de recommander de ne pas porter de vêtements trop courts, ni de boire de l’alcool. Pourtant, le viol étant une question de pouvoir, rien de cela n’influe ou ne résout la cause du problème.
Au PSL, nous pensons que dans le cadre d’une société capitaliste et du patriarcat, la femme restera dans une position d’infériorité et ne sortira pas de la situation contradictoire dans laquelle est placée, où il faut être sexy, mais pas trop. Pour entamer un processus de résolution de cette vaste problématique et entraver les multiples formes d’agressions que subissent les femmes, il est nécessaire de se questionner sur les fondements de la société capitaliste.
La promotion de modèles de beauté irréelle booste l’industrie cosmétique et la presse dite féminine ; les préjugés sexistes permettent de mettre en concurrence les hommes et les femmes concernant les emplois et les salaires, etc. À chaque fois, la même classe en profite, celle des moins de 1% de la population de super-riches. Le sexisme est un outil de la classe dominante pour mieux asseoir son pouvoir, conserver et accroître ses privilèges. Le harcèlement et les agressions en sont les effets collatéraux. La lutte contre le sexisme est, dès lors, indissociable de la lutte contre le capitalisme ! Ne nous laissons pas diviser. Unissons nos forces et luttons pour une autre société.
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Nous sommes le produit de la société, et c’est donc consciemment qu’au sein du PSL nous développons une attention spécifique sur cette question. La commission femme du PSL assure une bonne représentativité des femmes dans le parti et renforce politiquement ces dernières. Mais si on y discute les campagnes contre le sexisme, elles ne sont en rien séparées du reste du travail de parti. La cause du sexisme étant l’organisation de classe de la société, c’est ensemble, femmes et hommes issus de la classe des travailleurs et de la jeunesse, que nous renverserons le système capitaliste et abolirons le patriarcat. C’est également ensemble que nous devons nous mobiliser le dimanche 30 mars pour la manifestation Pro-Choix. Nous revendiquons le droit des femmes à l’avortement réalisé dans des conditions optimales, alors qu’il est remis en question en Espagne, en Suisse, etc. Et nous exigeons des infrastructures publiques qui permettent à tous d’avoir des enfants sans sombrer dans la pauvreté.
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Manifestation : ‘‘Mon corps, mon choix, ma liberté’’
En décembre dernier, les droits des femmes ont subi une énorme attaque en Espagne, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy (Parti Populaire) réclamant une réforme de la loi relative à l’avortement qui représente concrètement un retour en arrière de 30 ans. C’est dans ce cadre que plus de 2.000 personnes ont manifesté hier à Bruxelles, de l’ambassade espagnole jusqu’au Parlement européen. Au cours des discussions que nous avons pu avoir avec les manifestants, il était frappant de voir à quel point le sentiment que les droits des femmes sont partout menacés était partagé parmi les manifestants.
Photo ci-contre : Navid, photos ci-dessous : MediActivista
Pour beaucoup, le choc et l’effroi ont dominé lorsqu’ils ont pris connaissance de ce projet de loi. Dans les faits, il s’agit d’une suppression de l’avortement en Espagne, à l’exception d’un danger prouvé pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme ou en cas de viol, pour autant qu’une plainte ait été déposée. Cette proposition du gouvernement doit encore passer au Parlement, mais le Parti populaire y détient la majorité absolue. Un tel retour en arrière était considéré comme impossible par de nombreuses personnes, mais cette conquête sociale n’a pas échappé à la lame de fond antisociale qui frappe l’Espagne de plein fouet.
Hier, parmi les rangs des manifestants, on pouvait trouver de nombreux membres du PSOE (parti social-démocrate espagnol) et d’autres partis traditionnels belges. Mais si ces partis clament défendre les droits des femmes dans les micros des médias dominants, ils n’en restent pas moins responsables de l’application de mesures d’austérité qui ont fait des ravages parmi la population, et parmi les femmes tout particulièrement. Comme le titrait le tract distribué par le PSL à l’occasion de cette manifestation : la position des femmes dans la société est menacée par la crise et l’austérité. ‘‘Aucun des partis établis n’est innocent du déclin subit par la majorité des travailleurs – femmes et hommes – au cours du dernier quart de siècle. Le système capitaliste qu’ils défendent n’est pas seulement responsable de cette crise qui dure depuis cinq ans déjà, mais aussi de la position inférieure systématiquement imposée aux femmes et encore de toutes les autres discriminations et inégalités qui hantent cette société !’’ Considérer ces partis en alliés équivaut à laisser entrer le loup dans la bergerie du mouvement social.
Face à ce recul et face à l’offensive généralisée que subissent nos conquêtes sociales, la seule arme que nous avons à notre disposition est celle de la mobilisation de masse et de la construction d’un rapport de forces. C’est ainsi que nous avons pu par le passé arracher de nombreux droits, mais nous voyons aujourd’hui combien ces conquêtes sont éphémères dans le système actuel. C’est pourquoi il est selon nous crucial de lier nos luttes à la défense d’un autre projet de société. Le système dans lequel nous vivons aujourd’hui est un système où 85 personnes à peine possèdent une richesse équivalente à celle des 3,5 milliards de personnes les plus pauvres ! Pas moins de 7 personnes sur 10 vivent dans des pays où l’inégalité a augmenté au cours de ces trente dernières années. Impossible d’imaginer parvenir à une égalité réelle dans un système pareil.
Une autre date de mobilisation est déjà prévue relative au droit des femmes à décider de leurs, le 30 mars prochain, à Bruxelles également. Depuis plusieurs années déjà se développe à travers l’Europe un mouvement anti-avortement prétendument ‘‘pro-life’’ ou ‘‘pro-vie’’. Comme l’exprimait une pancarte brandie hier : ‘‘Pro-life is a lie, you don’t care if women die’’ (Pro-vie, c’est un mensonge, ça ne vous fait rien si des femmes meurent). Une manifestation de la plateforme pro-choix aura lieu contre cette prétendue ‘‘Marche pour la Vie’’. Mobilisons-nous donc déjà pour ce 30 mars 2014, rendez-vous à 13h Place d’Espagne à Bruxelles. Défendons le droit à l’avortement ! Luttons contre la politique d’austérité qui limite notre choix !
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La position des femmes dans la société menacée par la crise et l’austérité
Cinq années déjà depuis le début de la crise. Sur ce laps de temps, des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi, surtout dans les secteurs industriels. Parmi les fonctionnaires, un véritable massacre social est également organisé. Quant aux années à venir, le type de ‘‘croissance’’ prévue est de celles qui ne change rien au chômage et ne fais que remplir les poches du 1% le plus riche. Pour la grande majorité de la population – ceux qui vivent de leur travail ou d’une allocation – la vie n’est devenue que plus difficile et incertaine. Salaires gelés, allocations en baisse,… Et en plus de ça, les familles doivent prendre en charge sans cesse plus de choses.
Tract du PSL
Equal Pay Day : Luttons pour des bons salaires, pour tous !
L’impact de tout cela est énorme sur la vie de la plupart des travailleurs, plus particulièrement pour les femmes. La prise en charge des soins qui tombent traditionnellement sur leurs épaules et la flexibilisation du marché du travail assurent qu’il s’en faut de peu aujourd’hui pour que la moitié des femmes travaillent à temps partiels en Belgique, la majeure partie de manière tout à fait involontaire. En moyenne, une femme doit travailler trois mois de plus par an pour parvenir au salaire d’un homme.
Cette lutte contre les salaires inférieurs des femmes n’a aucune chance de réussir en s’orientant sur la diminution des droits des travailleurs masculins. Nous voulons des ‘‘salaires d’hommes’’ et des ‘‘pensions d’hommes’’ pour tous ! Ne nous trompons pas d’ennemi : c’est le patronat qui paye de bas salaires, ce sont ses partis qui continuent à démanteler les soins de santé publics et rejettent le plus possible sur le dos des femmes sous la forme du ‘‘travail domestique’’ non-rémunéré.
Luttons ensemble pour de bons salaires pour tous et pour des services de santé publics – avec de bons salaires et conditions de travail pour tout le personnel ! C’est la seule voie pour en finir avec les salaires inférieurs des femmes. Les moyens sont là, il suffit de jeter un œil sur les chiffres record des profits des grandes entreprises. Arrachons ces moyens ! Doivent-ils disparaître dans les poches d’actionnaires super-riches pour que ces derniers puissent spéculer ou doivent-ils être utilisés pour répondre aux besoins de la majorité de la population ?
Avoir un enfant ou pas, c’est aux femmes de décider. Vraiment ?
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Manifestation de la plate-forme pro-choix contre la Marche pour la Vie
30 mars 2014, Bruxelles, 13h à la Place d’Espagne.
Défendons le droit à l’avortement ! Luttons contre la politique d’austérité qui limite notre choix !
Plus d’infos : page Facebook
[/box]Dans les pays du Sud de l’Europe, les données concernant le chômage parmi la jeunesse sont effrayantes ! Toute une génération a vu son avenir volé par la crise et la politique d’austérité. Toutes les images des protestations massives qui y ont pris place montraient de jeunes femmes en lutte, qui témoignaient de la manière dont elles devaient tout retarder dans leur vie, y compris le fait d’avoir des enfants… En Belgique également, des familles décident de ne pas avoir de deuxième ou troisième enfant simplement parce que c’est intenable financièrement au vu de l’accès actuel aux soins de santé et aux structure d’accueil, plus certainement encore si un enfant nécessite des soins spéciaux. En Belgique aussi, certaines femmes avortent parce que leurs moyens ne suffiront pas pour assurer une bonne éducation.
De plus, le droit de choisir – mon corps, mon choix – est sous pression. Partout en Europe naissent ou se développent des groupes prétendument ‘‘pro-vie’’ menant campagne pour l’abolition du droit à l’avortement. L’Espagne illustre à quel point un gouvernement conservateur peut en un rien de temps limiter le droit à l’avortement si ce droit n’est pas activement défendu par des actions de masse. En Suisse, le remboursement par l’assurance-maladie des frais liés à un avortement est aujourd’hui remis en cause par référendum.
En Belgique, ces groupes réactionnaires et conservateurs sont encore relativement petits, en dépit des personnalités qui les soutiennent au premier rang desquelles l’archevêque Léonard. Ils organisent tout de même chaque année une manifestation ‘‘pro-vie’’ et organisent régulièrement des piquets devant le centre d’avortement de Gand. En France la gauche officielle a laissé se développer ces actions ‘‘parce qu’ils sont de toute façon incapables de gagner un soutien large’’, mais nous avons vu l’an dernier le milieu conservateur dont font partie les ‘‘pro-vies’’ parvenir à mobiliser des centaines de milliers de personnes contre le mariage homosexuel ! Ne commettons pas la même erreur ! Il faut se battre contre ces ‘‘pro-vies’’ qui, avec leurs idées, ne conduiraient surtout qu’à de nombreux décès au cours d’avortements non-accompagnés. Bloquons leur la route avant qu’ils ne puissent trouver un écho parmi les couches larges de la population sur base de l’instrumentalisation de la colère qui vit face aux pénuries dans la société, notamment au niveau des soins de santé. Le PSL appelle donc à mobiliser pour la contre-action contre la ‘‘Marche pour la Vie’’, contre-action organisée par la plateforme Pro-choix. Cette action défend le droit de pouvoir faire un véritable choix en défense du droit à l’avortement et du droit d’avoir des enfants sans pour autant s’appauvrir.
Ce n’est pas de plus de patrons ou de ministres féminins dont nous avons besoin, mais d’une société sans discrimination et sans oppression!
Au cours des élections à venir, les politiciennes des partis établis vont à nouveau chercher à s’attirer le vote des femmes. Mais avant de leur accorder, il faut bien regarder dans leur programme s’il s’y trouve effectivement matière à conduire à progrès réel pour les femmes ! Aucun des partis établis n’est innocent du déclin subit par la majorité des travailleurs – femmes et hommes – au cours du dernier quart de siècle. Le système capitaliste qu’ils défendent n’est pas seulement responsable de cette crise qui dure depuis cinq ans déjà, mais aussi de la position inférieure systématiquement imposée aux femmes et encore de toutes les autres discriminations et inégalités qui hantent cette société !
Le PSL est convaincu que seul un changement radical de société peut entraîner la disparition des discriminations et des inégalités, par la construction d’une une société démocratique et socialiste en finissant avec l’exploitation de l’homme par l’homme. Ce changement de société, il faudra nous battre pour l’obtenir, ceux qui s’agrippent au pouvoir – et à leurs fortunes réalisées sur le dos des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement – ne l’abandonneront jamais volontairement. Ce combat nécessite de réunir la force du monde du travail, des allocataires sociaux et de la jeunesse, du point de vue syndical mais également politique. Le PSL appelle à la construction d’un nouveau parti des travailleurs qui prenne en charge la défense des droits et des intérêts de tous les travailleurs, sans distinction de sexe, de nationalité, d’orientation sexuelle, d’âge, de religion,…
Nous soutenons dès lors le courageux appel de la FGTB de Charleroi pour rassembler toutes les forces de gauche afin de construire une formation capable de mener la lutte contre la crise et la politique d’austérité dans les entreprises, dans les quartiers, dans la rue et aux parlements. Luttons pour transformer en réalité le pouvoir potentiel des travailleurs et de la majorité de la population qui souffre de la politique au service des riches ! Et oui, cette lutte peut connaître des défaites, mais c’est une certitude que nous perdrons tout sans riposter ! Les femmes doivent revendiquer leur place dans ce combat et dans les organisations de lutte existantes, dans les syndicats et dans de nouveaux partis à construire !
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La reforme de l’avortement en Espagne est un crime contre la liberté, la santé et la vie des femmes
Pour un avortement libre, public et gratuit
Le 20 décembre dernier, le gouvernement espagnol a donné son feu vert à une nouvelle loi sur l’avortement qui se trouve parmi les plus restrictives d’Europe. Le ministre de la Justice Alberto Ruiz-Gallardón a fait reculer l’Espagne de 30 ans, avec un système encore plus restrictif que celui en vigueur entre 1985 et 2010.
Par Marisa (Bruxelles)
Le ministre nous a montré la vraie idéologie qu’anime sa réforme avec des déclarations comme ”la liberté de la maternité est aux femmes, ce qui les rend véritablement femmes.” Il s’agit d’une idéologie rétrograde et sexiste, qui ne valorise les femmes que pour leur maternité. Pour lui, les femmes ne sont pas assez mûres pour prendre des décisions concernant leur propre corps et, pour cette raison, l’Etat se présente comme juge de ces décisions. En réalité, la restriction du droit à l’avortement n’impliquera que la mise en place d’avortements de première classe, ceux pratiqués à l’étranger, à côté d’avortements clandestins de deuxième ou troisième classe, avec les conséquences fatales que cela peut entraîner.
Bureaucratie et intimidation
La nouvelle loi élimine le droit des femmes de décider librement de poursuivre leur grossesse ou avorter au cours des 14 premières semaines. De ce système, connu sous le nom de loi de délais, on va vers un autre dans lequel l’avortement est seulement autorisé dans deux cas : viol (jusqu’à 12 semaines de grossesse) ou ”risque grave pour la vie ou la santé physique ou mentale de l’enceinte” (jusqu’à 22 semaines). Il faut tenir compte du fait que plus de 90% des avortements actuels en Espagne sont des avortement non désirés, qui ne tombent pas sous cette nouvelle loi.
Dans le cas de viol, les femmes doivent présenter une dénonciation préalable et, dans le cas de risque pour la santé, elles ont besoin de deux avis médicaux différents pour prouver que leur santé est réellement en danger. Ceux-ci devront être signés par deux professionnels de la santé spécialisés dans la pathologie alléguée. Des peines de prison attendent les médecins qui pratiqueraient l’avortement autrement. Cette loi protège aussi l’objection de conscience, c’est à dire qu’elle donne plus de facilités aux médecins et au personnel qui refuseraient de pratiquer un avortement pour des raisons morales.
La réforme pénalise l’avortement pour cause d’anomalie fœtale et ne peut être justifié que dans le cas où l’anomalie est ”incompatible avec la vie du fœtus” ou si cela représente un risque psychique pour la femme. Pour prouver que ces deux conditions sont présentent, il faut disposer de deux rapports médicaux, l’un sur la santé de la femme et l’autre sur celle du fœtus. Une femme ne peut alléguer un dommage psychique que jusqu’à la 22ème semaine de grossesse seulement. Ce modèle n’offre aucune couverture pour des anomalies fœtales soit-disant ”compatibles avec la vie” mais extrêmement graves et incurables ou encore qui ont été diagnostiquées tardivement.
Encore plus humiliant, les mineures doivent obtenir le consentement de leurs parents pour avorter. Si les parents ou tuteurs ne donnent pas d’autorisation, une juge aura la décision finale. Il faut rappeler qu’on parle encore de cas très restreints, de viols ou de risques graves pour la santé. En plus, les femmes qui remplissent toutes les conditions doivent être confrontées à toute une série d’arguments sur le droit à la vie du non-né pour les faire changer d’opinion avant de subir un avortement. La loi ne précise pas qui sera responsable de délivrer ces informations. Les organisations de femmes ont déjà prévenu que cette tâche pourrait être accordée à des organisations privées, religieuses ou anti-avortement.
Hypocrisie et droit à la vie
Le nouveau projet de loi est entièrement dans la ligne du reste des ”réformes” ou restrictions des droits que le gouvernement Rajoy a réalisé depuis son arrivée au pouvoir. L’introduction de frais pour avoir accès à des droits fondamentaux tels que les services de santé et la justice ou à des médicaments, par exemple.
Depuis le mois d’août dernier, le financement des contraceptifs de dernière génération a été retiré, et un nombre croissant de contraceptifs doivent être payés, ce qui rend leur accès plus difficile pour les femmes ayant des difficultés économiques. De la même façon, le gouvernement a montré son hypocrisie en utilisant la défense du droit à la vie des personnes handicapées comme argument favorable à la nouvelle restriction dans des cas de malformation du fœtus. Cependant, ils n’ont aucune objection de conscience pour appliquer des coupes budgétaires dans la Loi de Promotion de l’Autonomie et de Prise en Charge des Personnes en Situation en Dépendance.
Ces coupes, selon des rapports récents, entraînent qu’un bénéficiaire est laissé sans surveillance toutes les 10 minutes et qu’un emploi lié à la dépendance est perdu chaque demi-heure. La plupart des travailleurs du secteur sont des femmes. Même si le nombre de bénéficiaires diminue chaque année – des nombreux bénéficiaires meurent (la plupart sont des personnes âgées) – la liste d’attente continue de s’allonger parce que les services ne sont pas remplacés.
En outre, la crise touche particulièrement les femmes dans la mesure où elles ont largement repris en main des tâches lâchées par les autorités à cause de la politique d’austérité. Les femmes ont tendance à prendre soin des personnes dépendantes dans la famille en attendant que l’aide économique ou l’assistance sociale arrivent. Ces genres de soins sont, dans la plus part de cas, incompatibles avec un emploi. Entre-temps, certains secteurs continuent à faire de grands profits malgré la crise, notamment les services de santé privés et une partie des services publics privatisés pour enrichir quelques-uns.
Une question de genre et de classe
Jusqu’à 1985, l’avortement était complétement interdit en Espagne. Ce n’est que pendant la deuxième République entre 1936 et 1938, en pleine guerre civile, que l’avortement a été permis en Catalogne. En 1985, la première loi sur l’interruption de grossesse, introduite par le gouvernement ”socialiste”, a dépénalisé l’avortement dans trois cas uniquement: risque pour la santé de la femme, viol (jusqu’à 12 semaines de grossesse) et malformation du fœtus (jusqu’à 22 semaines). Le gouvernement Zapatero a approuvé en 2010 une nouvelle loi permettant d’avorter librement dans les 14 premières semaines, jusqu’à 22 semaines en cas de risque pour la santé ou d’anomalies fœtales et à tout moment si le fœtus a une anomalie incompatible avec la vie.
Le PSOE (parti social-démocrate espagnol) a essayé de convertir la question de l’avortement dans une simple question de genre et a promis que s’il retournait au pouvoir, on en reviendrait à une loi de délais. On ne peut néanmoins pas attendre les prochaines élections pour abolir cette loi, ni faire confiance au ”moindre mal” social-démocrate. Le gouvernement de Zapatero avait coupé 15.000 millions d’euros des budgets des services publics. Pendant l’année 2012, les coups dans le secteur des soins étaient de 13% du budget et de 21% dans l’éducation. Comme nous l’avons déjà vu, ces coupes affectent les femmes de façon double: d’un côté, les femmes reprennent la surcharge de travail et, de l’autre, il y a une grande perte des postes de travail dans ces secteurs, lesquels sont très féminisés.
Dans le passé, quelques revendications féministes ont été acquises, mais la situation actuelle montre que le fond de la question n’a pas été résolu. Nous ne pouvons pas permettre une attaque idéologique pareille contre les femmes. Mais nous ne pouvons pas non plus permettre que les femmes doivent avorter pour des raisons financières ou parce que réussir à concilier vie professionnelle et maternité dépasse leurs forces. Pour avoir un vrai choix, nous avons besoin:
- d’un avortement libre, gratuit, public et sans risque;
- d’un accès gratuit aux contraceptifs à travers d’un système de soins de santé public;
- d’une liberté complète pour les femmes de décider de comment et quand avoir un enfant, si elles veulent en avoir;
- d’une lutte soutenue contre les partis et les groupes qui plaident pour la fin de l’avortement, avec les organisations syndicales;
- de la fin de toutes le coupes budgétaires dans la Santé, l’Education, la loi de Dépendance, le Chômage, l’Accueil d’Enfants;
- d’un investissement massif dans tous les services qui permettent de concilier vie privée et vie professionnelle;
- d’allocations familiales couvrant les coûts réels d’une naissance et de l’éducation d’un enfant;
- de revenus stables et suffisants pour mener une vie digne;
- de la nationalisation des banques et de secteurs clé de l’économie, comme ceux de l’énergie et du transport, pour ainsi disposer des ressources nécessaire pour les investissements dont nous avons besoin.
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Une approche marxiste de la prostitution et de l’industrie du sexe
L’industrie du sexe, y compris la prostitution, constitue l’un des plus grands secteurs économiques au monde. Ce dossier aborde cette question sur base de l’oppression fondée sur le sexe et la classe ainsi qu’à partir des inégalités inhérentes au capitalisme. Cet article est une version raccourcie d’un dossier de notre camarade irlandaise Laura Fitzgerald (Socialist Party, République irlandaise).
Une inégalité profondément enracinée
Ce sont surtout des femmes qui vendent des services sexuels et surtout des hommes qui y recourent. Dans ce contexte de crise capitaliste mondiale, la disparité entre riches et pauvres augmente sans cesse, de même que celle entre hommes et femmes. Une illustration de cela a été livrée par la Banque Mondiale, selon laquelle une contraction économique de 1% entraîne une augmentation du taux de mortalité infantile de 7,4 décès pour 1.000 filles par rapport à 1,5 pour 1.000 garçons. La crise a également entraîné une chute du nombre de filles à terminer leur scolarité primaire de 29% à travers le globe, comparativement à 22% pour les garçons.
L’oppression des femmes existe depuis des milliers d’années. La sexualité des femmes a été réprimée par le mariage, avec l’objectif de transmettre la propriété privée par la voie des descendants masculins, ce qui a offert de nombreux avantages à l’élite dominante. Le capitalisme a eu pour effet que l’inégalité profondément enracinée a été renforcée par l’idéologie de la famille patriarcale avec le mari comme chef de famille et l’épouse en tant que fournisseur de soins pour la famille, un travail non-rémunéré effectué par les femmes.
La lutte des femmes et, plus généralement, la lutte du mouvement des travailleurs a assuré que l’idée de la subordination des femmes vis-à-vis des hommes soit considérée comme inacceptable, du moins dans le monde capitaliste développé. Cela n’a toutefois pas signifié la disparition de l’inégalité. Les femmes gagnent toujours en moyenne moins que les hommes pour un emploi similaire et la violence conjugale continue d’être un problème gigantesque, renforcé par la crise sociale.
La faillite du post-féminisme
Au cours de ces dernières décennies s’est développée l’idée selon laquelle les femmes avaient atteint l’égalité complète. Les principales discriminations juridiques ont été éliminées, et les post-féministes en ont déduit que la bataille était terminée et qu’il était du ressort de chaque femme de saisir sa chance. Cette rhétorique s’est accompagnée d’une croissance exponentielle de l’image de la femme considérée comme un vulgaire objet de commerce dans la société. Cela n’est pas brusquement tombé du ciel, l’industrie cosmétique représente un marché de grande ampleur.
La croissance de l’industrie du sexe – tant légale qu’illégale – a totalement déformé la manière de considérer la sexualité en présentant les femmes comme des objets destinés à servir la sexualité masculine. Il suffit de regarder la place qu’a prise l’industrie pornographique. Bien entendu, les relations sexuelles librement consenties restent une affaire privée, mais la commercialisation massive de la pornographie est une expression de la nature exploiteuse du système et cela affecte notre sexualité.
Notre opposition à l’industrie du sexe n’a rien de commun avec l’approche des conservateurs moralistes ou des bigots religieux. Il s’agit d’une protestation contre la commercialisation du sexe. Ce commerce est nocif pour les femmes et pour la société en général, car cela ne fait que renforcer les inégalités.
La lutte contre l’austérité requiert l’unité la plus forte parmi la classe des travailleurs. Et ces politiques antisociales affectent plus durement les femmes, à la fois au travail et à la maison, notamment par la dégradation des services publics. Lutter contre le sexisme et la division que cela entraîne est une nécessité cruciale pour renforcer l’unité et le combat de notre classe.
La prostitution
La prostitution est une partie spécifique de l’industrie du sexe, c’est l’une des pires formes d’exploitation. Les discussions sont nombreuses quant à sa réglementation mais, tout comme l’égalité juridique n’a pas stoppé l’oppression des femmes, aucune loi ne sera suffisante pour débarrasser la prostitution de l’exploitation.
Femmes, hommes et personnes transgenres tombent dans la prostitution pour des raisons différentes et leurs expériences personnelles peuvent être très variées. Limiter les causes de la prostitution à la pauvreté est trop unilatéral, même s’il faut remarquer qu’en Grèce, par exemple, l’appauvrissement rapide de la population s’est accompagné d’une forte croissance de la prostitution. La prostitution de rue (souvent effectuée par des toxicomanes), les agences d’escorts de luxe et la prostitution oeuvrant à partir d’Internet ne peuvent pas simplement être mises dans le même sac.
Le débat public sur la prostitution est souvent écarté par la notion de ‘‘choix’’. C’est un terme très relatif. Pour certains, ce n’est de toute façon pas une question de choix. La traite des femmes est toujours un problème majeur à notre époque, cet esclavage moderne connaît même une progression. Il s’agit cependant d’une situation extrême qui ne concerne pas la plupart des personnes prostituées. Mais le ‘‘choix’’ dont il est ici question est limité par la naturemême du capitalisme, particulièrement en temps de crise. On arrive généralement dans le milieu de la prostitution par manque d’alternative et donc de véritable choix.
Dans tous les pays, les médias fourmillent d’exemples de prostituées de luxe d’origine aisée et dont la vie quotidienne se situe à des kilomètres de la réalité vécue par la majorité des personnes prostituées. Ces cas sont instrumentalisés pour minimiser l’existence de l’oppression des femmes dans la société, ou même pour la nier. Cela vise à cautionner l’industrie du sexe sexiste et oppressive. Ces prostituées ne représentent qu’une infime minorité.
Certains s’opposent au fait de considérer les personnes prostituées comme des victimes. Cela présuppose que toute oppression a disparu. Il est toutefois extrêmement significatif de constater que la majorité des personnes prostituées ne veulent pas que leurs enfants se retrouvent dans la prostitution. Une étude américaine des années 1990 a montré que 82% des prostituées des rues de San Francisco avaient été attaquées physiquement, 83% menacées d’une arme et 68% violées pendant leur travail. La prostitution entraîne souvent de graves conséquences psychologiques car, suite à un instinct de survie, la personne prostituée fait parfois la distinction entre son esprit et son corps. Les personnes prostituées sont des victimes de l’oppression qui existe dans cette société.
Notre opposition à l’industrie du sexe ne signifie pas que nous sommes opposés à l’organisation des personnes prostituées et à mener par exemple campagne pour un accès libre et gratuit à la contraception. De la même manière, nous ne nous opposons pas à l’organisation des travailleurs de l’industrie nucléaire ou de l’industrie de l’armement afin qu’ils luttent pour de meilleurs salaires. Mais la nature du travail et du secteur rend difficile l’organisation des personnes prostituées.
Légaliser ou décriminaliser ?
De toute évidence, nous ne considérons comme un criminel aucune femme, aucun homme ou aucun transgenre travaillant dans la prostitution. Les initiatives législatives destinées à améliorer la sécurité et la situation des personnes prostituées peuvent compter sur notre soutien.
Mais nous nous opposons à la légalisation complète de la prostitution. Le message d’une telle décision serait qu’il soit acceptable et normal d’acheter le sexe et que le corps, essentiellement celui des femmes, soit considéré comme une marchandise. Là où la prostitution est légale, cela n’a du reste pas conduit à une diminution de la stigmatisation des personnes prostituées. Cela n’a mis fin ni à la violence, ni à la traite des êtres humains. En Allemagne, la légalisation de la prostitution a même conduit un certain nombre de chômeuses à devoir répondre à des offres d’emploi dans l’industrie du sexe afin de conserver leurs allocations.
Certains proposent de s’en prendre aux clients. Ce modèle a été introduit en Suède en 1999 sur base de l’idée que cela réduirait la demande. Il est difficile de trouver des données destinées à correctement évaluer l’impact de cette mesure qui, de plus, a été introduite dans le contexte d’un mouvement progressiste contre le sexisme, avec une large sensibilisation. Peut-être bien la demande a-t-elle pu être limitée, mais l’effet d’une telle mesure à long terme reste très incertain.
Bien sûr, nous sommes en faveur d’une meilleure prise de conscience autour de la question de l’oppression des femmes et du sexisme. La gauche doit soutenir tous les efforts visant à lutter contre l’industrie du sexe et la prostitution. Les syndicats peuvent jouer un rôle au travers de campagnes visant à mieux faire connaître la réalité du commerce du sexe, de la traite des êtres humains, de la violence et du viol dont sont victimes tant de personnes prostituées. Mais cette approche doit s’accompagner d’un mouvement de lutte contre l’austérité.
Poursuivre les clients ne suffit pas, cela peut même approfondir le problème en faisant tomber l’activité dans l’illégalité la plus totale. Nous avons besoin d’une riposte fondamentale contre le sexisme, avec une réelle éducation sexuelle et affective dans les écoles, une lutte contre l’industrie cosmétique et plus généralement contre la soif de profit à l’origine de la commercialisation du sexe.
Notre programme
Nous ne limitons pas notre position à une baisse de la demande. Nous n’acceptons pas les circonstances qui poussent les gens à se prostituer. Nous avons besoin d’une lutte de masse contre les politiques d’austérité avec des investissements massifs dans des emplois décents, autour d’un programme socialiste visant à retirer des mains de l’élite les richesses existantes pour les placer sous propriété publique démocratique et sous le contrôle de la population, afin d’éliminer les bases matérielles et économiques des inégalités. Le sexisme et les divisions ne sont pas inévitables. Une société socialiste fondée sur la coopération, le respect et la démocratie conduirait également au développement des relations humaines et sexuelles, sous leurs diverses formes.
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Mouvements de lutte dans le sud des Etats-Unis contre une législation réactionnaire
En 2013, l’assaut sans répit contre les droits des femmes n’a pas faibli
Depuis 2011, et dans tout le pays, les Républicains ont montré leur vive intention d’en finir avec les droits reproductifs des femmes. En 2011, 92 lois restreignant l’avortement ont été votées dans le pays, et en 2012, 43 propositions de loi anti-avortement sont entrées en vigueur. Jusqu’à présent, nous n’avons pas connu de ralentissement de cet assaut sans répit contre les droits des femmes en 2013. Cette année a été particulièrement éprouvante pour les femmes dans le sud des Etats-Unis.
Grace McGee, Mobile, Alabama
En Alabama, la TRAP Bill HB 57 est entrée en vigueur au mois d’avril, ce qui a contraint des femmes à avorter illégalement dans un hôpital local. Mais encore, la seule et unique clinique pratiquant l’avortement au Mississipi a failli être fermée à cause d’une loi similaire à la TRAP Bill, entrée en vigueur en 2012. Plus récemment, la Caroline du Nord et le Texas ont tenté d’imposer des lois anti-avortement parmi les plus restrictives de tout le pays.
“Les jeunes femmes ont besoin de savoir que le droit et l’accès à l’avortement ne sont pas des cadeaux qui peuvent être offerts ou repris par des hommes (ou des femmes) au pouvoir, comme les présidents, les juges de la Cour Suprême, les législateurs ou les lobbyistes. Ce sont des libertés gagnées par la lutte (comme toutes les libertés) de personnes qui se sont battues en leur propre nom.” -Katha Pollitt
Le mois dernier, la Sénatrice d’Etat démocrate Wendy Davis a fait la une des médias après avoir eu recours avec succès à une obstruction parlementaire à l’encontre de la loi anti-avortement texane extrêmement restrictive qui était sur le point d’être votée au Sénat. Malheureusement, ses efforts ont été réduits à néant quand le Gouverneur du Texas Rick Perry a organisé une seconde session spéciale une semaine plus tard. Les républicains texans ont d’ailleurs pris des mesures préventives pour faire passer les contestataires sous silence. Le projet de loi, que Rick Perry fera surement entrer en vigueur menace de fermer tous les centres d’avortement du Texas, sauf six. Il interdirait également tout avortement au-delà de 20 semaines de grossesse et limiterait les avortements médicamenteux.
La semaine dernière, la Chambre des Représentants de Caroline du Nord, dirigée par les républicains, s’est débrouillée pour faire passer une loi anti-avortement en la combinant à un autre texte de loi concernant la sécurité en moto. Cette loi supplémentaire forcerait les femmes à prendre la première dose de leur traitement médicamenteux en présence d’un médecin. De plus, les employées du secteur public n’auraient plus accès à une assurance couvrant les frais d’avortement. Ces restrictions sont déjà suffisamment néfastes, mais les techniques employées par les leaders républicains pour faire passer la loi sont particulièrement honteuses. Quand les républicains ont réintroduit le projet de loi étoffé au Comité judiciaire de la Chambre, ils l’ont fait sans en prévenir le public ou les membres démocrates du Comité, ce qui a grandement limité les débats et toute forme de résistance organisée. Depuis, le projet est retourné au Sénat en attendant d’être voté. Le titre du projet compte maintenant 123 mots sur l’avortement et seulement 17 sur la sécurité en moto, preuve des stratégies insidieuses que sont capables d’employer les républicains pour éviter toute opposition à leur programme sexiste.
Les récentes attaques contre les droits reproductifs des femmes, déjà déplorables en elles-mêmes, font partie d’une tendance plus large qui menace non seulement les droits des femmes, mais aussi les droits de tous les travailleurs. Rien qu’en Caroline du Nord, l’Assemblée Générale menée par les républicains a élaboré tout un programme qui va de l’adoption d’une religion d’Etat à des coupes au clair dans les assurances-chômage, en passant par le rejet de fonds fédéraux pour étendre l’assurance santé Medicaid à tous les Nord-Caroliniens non assurés, sans oublier l’instauration de lois racistes d’identification des électeurs, et ce n’est pas tout. Le Texas a longtemps été le foyer de lois contre les travailleurs, il s’agit d’ailleurs du premier Etat à avoir instauré des lois anti-grèves de « droit au travail ». Avec une législation conservatrice comme propulseur, le sud mène le pays tout entier à une course vers le fond.
Les travailleurs et les jeunes du sud ont cependant manifesté une volonté de se révolter contre ces lois réactionnaires. En Caroline du Nord, des travailleurs et de jeunes militants ont organisé une série de manifestations hebdomadaires en avril dernier, sous le nom de « Moral Mondays » (lundis moraux). A ce jour, près de 700 personnes ont été arrêtées pour désobéissance civile liée à cette campagne menée par le Révérend Docteur William Barber, membre de l’association nationale pour les gens de couleur de Caroline du Nord. Le mouvement est issu d’années de tensions de classe croissantes en Caroline du Nord. Il a été qualifié de mouvement contre « la législation extrême » (Democracy Now!, 12/7/2013), et ses porte-paroles maintiennent que le mouvement ne s’aligne pas sur un axe démocrates contre républicains, mais moral contre immoral.
Chacun des deux projets de loi anti-avortement précités, s’ils entraient en vigueur, auront probablement affaire à la Cour Fédérale, mais il y a peu de chances que cela ralentisse les tentatives sans relâche de supprimer le droit à l’avortement sans tenter de contourner de manière visible l’arrêt Roe contre Wade (arrêt rendu par la Cour suprême des États-Unis en 1973 qui a reconnu l’avortement comme un droit constitutionnel). Les efforts des chefs d’Etats démocrates, bien qu’ils soient bien-intentionnés et même parfois méritoires, ont prouvé leur inefficacité, et continuent à prouver l’incapacité des démocrates à se battre contre les attaques de droite qui prennent pour cibles les femmes, les immigrés, les gens de couleur et les travailleurs.
La lutte qui a eu lieu au Wisconsin en 2011 et a vu des milliers de travailleurs occuper le capitole pour protester contre la législation anti-syndicale illustre clairement le danger de reléguer un tel mouvement dans les mains des démocrates. L’échec de la direction de ce mouvement à formuler des revendications claires et directes, particulièrement un appel à une grève générale d’un jour du secteur public, a mené à une récupération par les démocrates, qui ont saisi l’opportunité pour se concentrer sur l’éviction de Scott Walker, dans le seul objectif de le remplacer par un démocrate. Une tactique qui a misérablement échoué. Des mouvements comme « Moral Mondays » ne peuvent se permettre de placer leur foi dans les démocrates, qui ont à de multiples reprises prouvé qu’ils sont des alliés des 1% et qu’ils n’ont pas l’intention de franchir les étapes nécessaires pour protéger la population de la répression de droite.
Afin que les femmes, les travailleurs et la jeunesse mènent avec succès une résistance contre les programmes de droite de plus en plus réactionnaires, nous ne devrons pas nous reposer sur les démocrates. Nous avons besoin d’être préparés, d’organiser des manifestations de masse, en occupant les capitoles d’Etat s’il le faut, afin d’exprimer notre désaccord et de formuler nos revendications. Nous devons aussi organiser un troisième parti, une alternative aux deux partis de Wall Street, et monter une véritable offensive législative contre les lois réactionnaires contre les femmes et les travailleurs.
Nous devons non seulement réclamer la conservation de Roe v. Wade, mais aussi d’étendre les soins de santé de la reproduction, ce qui inclut un accès libre et gratuit à l’avortement. Nous devons aussi réclamer des congés de maternité et de paternité adéquats, ainsi que des crèches gratuites de qualité pour les travailleurs et travailleuses qui décident d’avoir des enfants. Nous devons aussi nous battre pour que ces enfants grandissent dans un monde où ils auront accès à des soins de santé, de la nourriture, un logement et des vêtements bon marché et de qualité, ainsi qu’à des emplois bien payés. Si les travailleurs, les femmes et la jeunesse s’unissent et s’organisent contre le programme de droite dans le sud et partout dans le pays, nous pourrons décrocher un meilleur monde pour les travailleuses et les travailleurs aux quatre coins du globe.
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Le sexisme est une méthode patronale de diviser-pour-régner : La lutte est la réponse des travailleurs
Ce dimanche 27 mars les forces réactionnaires de la société se mobilisent pour remettre en question un des principaux acquis des femmes, le droit à disposer de leur corps ! Y participeront probablement Monseigneur Léonard, le groupuscule « Nation » et le Vlaams Belang.
Tract de la Commission Femmes du PSL
Contre-manifestation ce 27 mars à 15h, place d’Espagne à Bruxelles
Profitant de la crise économique et politique, ces groupes rétrogrades et conservateurs peuvent gagner en importance, voilà pourquoi partout où ils manifestent nous devons leur opposer une résistance farouche et un programme clair !
- Maintien du droit à l’avortement et allongement du temps durant lequel on peut légalement se faire avorter !
L’avortement n’est bien entendu pas une partie de plaisir, et c’est pourquoi nous joignons cette revendication à d’autres :
- Avoir un enfant ne doit pas être un luxe ou un sacrifice financier. Pour un logement et un revenu décent pour tous !
- Les moyens de contraception sont encore méconnus et trop chers, pour l’accès à une contraception gratuite et de qualité pour tous !
- Le droit à avoir des enfants doit être aussi défendu : plus de moyens pour la recherche et pour la gratuité de l’assistance artificielle !
Le magnifique film « Made in Dangenham » nous montre bien que le sexisme est avant tout un moyen pour le patronat de diviser les travailleurs pour augmenter encore leurs bénéfices.
C’est seulement par une lutte courageuse et avec beaucoup de détermination que les travailleuses (et travailleurs !) ont pu mettre en échec les discriminations salariales !
Dans une société où une infime minorité exploite constamment l’écrasante majorité du peuple, des fléaux comme le sexisme, le racisme ou l ’homophobie seront toujours des moyens pour maintenir les gens dans l’ignorance et le mépris mutuel.
Le Parti S ocialiste de Lutte/Linkse Socialistische Partij se bat pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs qui lutte contre tout ce qui nous divise, contre le capitalisme, pour l’égalité, pour la justice, pour la liberté bref : pour le socialisme !