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Tag: Comité pour une Internationale Ouvrière
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Journée internationale des femmes 2014
Combattre l’austérité et l’oppression partout dans le monde
Cela fait plus d’un siècle à présent que le 8 mars est devenu la Journée internationale des femmes – une journée pour commémorer et célébrer les luttes des travailleuses et des femmes pauvres contre l’exploitation au travail, dans la société et au sein de leur foyer. Au fil des ans, cependant, le sens réel de cette journée a été déformé.
Clare Doyle (Comité pour une Internationale Ouvrière)
Dans les États staliniens qui prétendaient (à tort) être socialistes, cette date était devenue une journée prétexte à quelques beaux discours vides de sens afin de remercier la contribution que les femmes travailleuses apportaient à la société. (Les hommes étaient censés leur acheter des fleurs et faire la vaisselle pour la journée !). Dans les pays capitalistes, elle est devenue une simple opportunité commerciale, comme la Saint-Valentin ou la fête des Mères, pour faire de l’argent en vendant des cadeaux, des cartes de vœux, des vêtements, des diners romantiques,…
Autour de la date du 8 mars, les médias de différents pays rapportent quelques informations – certaines utiles, d’autres fallacieuses – sur la détresse des femmes dans la société moderne. Beaucoup parlent de l’oppression des femmes comme si celle-ci était la faute des hommes, et non le produit d’une société divisée en classes sociales et basée sur l’inégalité en termes de puissance et de richesse. Partout dans le monde, de nombreux hommes sont encore éduqués de manière à considérer leur rôle d’homme comme supérieur à celui de la femme, dans la famille comme en-dehors.
Cette année, on a un peu parlé de la “quatrième vague” du féminisme, mais sans que ne soit proposée la moindre solution par rapports aux problèmes très concrets que connaissent les travailleuses et paysannes qui constituent la moitié de la population mondiale.
Pour les socialistes, la Journée internationale des femmes doit avoir pour but de se souvenir de ce qui a changé, et de ce qui reste à faire. Via la lutte, certains des pires aspects de l’inégalité des femmes ont été atténués. Dans tous les cas, il est salutaire de se souvenir d’à quel point la route est encore longue, et de rappeler quel impact peuvent avoir les véritables socialistes dans le cadre de cette lutte.
Réformes, et manque de réformes
De grandes réformes ont été obtenues lors du 20e siècle dans de nombreux pays – droits politiques, sociaux et reproductifs, possibilité de travailler et meilleurs salaires, accès à l’enseignement, institution de soins de santé et services sociaux ciblés. Beaucoup de ces changements ont donné aux femmes une plus grande liberté de choix de vie. En même temps, on a vu le développement de toute une série d’équipements électro-ménagers à prix accessible (machines à laver, aspirateurs, etc.) qui ont eux aussi contribué à alléger le fardeau des corvées domestiques qui, dans notre société de classe, repose principalement sur leurs épaules.
Parfois, comme en Russie en 1917, ces réformes ont été le résultat direct de la révolution. Ailleurs, comme en Europe après la Deuxième Guerre mondiale, ou même en Asie, la décision des États d’organiser des programmes ciblés de soins de santé et d’enseignement pour les femmes provenait de la menace de révolution. Parfois, des avancées ont été obtenues par des mouvements efficaces – surtout les syndicats – dans lesquels hommes et femmes marchaient ensemble en menant une agitation politique spécifique et des manifestations de masse.
D’un autre côté, la vie des femmes rurales dans la plupart des régions du monde est restée inchangée depuis des siècles. Elles mènent dans leur campagne une vie de travail incessant – elle y travaillent leur terre leurs enfants sur le dos, et doivent encore s’occuper de toute la famille. Les paysannes n’ont bien souvent aucun accès à la maternité ni aux soins de santé, et perdent beaucoup de leurs enfants à la naissance ou dans les cinq premières années de leur vie. Des millions de femmes meurent elles-mêmes de maladies facilement évitables, souvent liées à l’enfantement.
Dans beaucoup de pays, les femmes sont considérées comme des citoyens de second rang et sont forcées par la tradition et par la religion d’obéir à leurs pères, à leurs maris et à leurs frères. Elles n’ont pas accès, ou alors très peu, à l’enseignement, aux loisirs ou aux soins de santé.
Parce que les possessions familiales (l’héritage) se transmettent souvent de père en fils, les filles sont considérées comme des fardeaux ; de ce fait, des millions de femmes sont “éliminées” avant même leur naissance, ou peu après. La dernière estimation du nombre de femmes “manquantes” dans la population mondiale s’élève à 117 millions (New Internationalist, octobre 2013). Trois quarts de ces petites filles “manquantes” auraient été tuées avant la naissance, un quart par infanticide ou par négligence discriminatoire avant l’âge de cinq ans. Ce phénomène est surtout répandu en Inde et en Chine, même s’il est présent sur tous les continents.
L’excision aussi d’ailleurs, reste une pratique répandue partout dans le monde. Selon une enquête récemment parue dans la presse, les campagnes menées dans les écoles afin d’encourager les jeunes filles à résister à cette pratique barbare indiquent que 140 millions de femmes dans le monde ont été “excisées”. Les campagnes menées au Royaume-Uni et en France semblent avoir un effet, mais combien de millions de femmes encore ne pourront connaitre la chance de jamais ressentir le moindre plaisir sexuel du fait de cette tradition innommable ?
Comment peut-on changer les mentalités ?
Les femmes de tous les continents sont-elles réellement condamnées à une vie d’épreuves et de dégradation perpétuelle ? Le dernier numéro du magazine d’Amnesty International donnait cette impression, avec le récit des problèmes que connaissent les femmes dans huit pays – le Bahreïn, le Zimbabwé, la Colombie, l’Afghanistan, le Sri Lanka, le Guatemala et le Cambodge.
Dans les grandes villes chaotiques d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, des dizaines de millions de femmes travaillent de longues heures dans des ateliers répugnants ou sur les marchés, risquant leur vie ou à tout le moins, des blessures graves. Les porteuses du marché d’Accra, au Ghana, dorment par terre la nuit, en groupe pour être protégées. Les femmes Dalit en Inde sont forcées de nettoyer les toilettes avec leurs mains, ou fouillent dans les décharges pour trouver de quoi survivre. Lors d’une campagne pour visant à briser les liens entre profession et caste, les femmes de Patna ont haussé le ton, ont jeté leurs paniers dans des brasiers et ont refusé de poursuivre ce travail. Les campagnes autour des nombreux problèmes des femmes a mené à toute une série de réformes, mais la seule manière d’obtenir de réelles améliorations est par l’action de masse et la lutte politique.
Après le désastre de Rana Plaza en avril l’an dernier au Bangladesh (l’effondrement du bâtiment d’une grande usine textile, au cours duquel plus de 1100 personnes ont perdu la vie, et 4000 autres ont été blessées et ont perdu leur travail), les travailleurs – surtout des femmes – ont organisé des manifestations sonores et très efficaces afin d’exiger des compensations et de nouveaux emplois. Leur action a attiré l’attention sur les immenses profits que se font des compagnies telles que Benetton, Walmart, Primark, Matala et Bon Marché dans une industrie qui pèse 48 milliards de dollars à l’échelle mondiale.
Pour les opprimés d’Afrique et d’ailleurs, le développement du Workers and Socialist Party (WASP) d’Afrique du Sud est comme un phare dans la tempête. Ce nouveau parti a inscrit sur son étendard des revendications de base pour “un enseignement gratuit et financé par l’État, de la crèche à l’université” et “des soins de santé gratuits, accessibles à tous”, en plus de la nationalisation des mines, des plantations, des banques et des grandes entreprises sous le contrôle démocratique des travailleurs.
Les campagnes contre la multitude d’injustices infligées aux femmes et à leurs enfants sont cruciales. Les articles parus sur les sites du CIO, comme sur notre site socialistworld.net, ont révélé le scandale de l’esclavage domestique et la riposte des femmes indonésiennes et philippines à Hong Kong, des femmes et de leurs enfants au Pakistan. D’autres de nos articles ont attiré l’attention sur des femmes travaillant dans les écoles et les hôpitaux et faisant preuve d’une grande détermination dans leur riposte contre les coupes budgétaires.
Même dans les pays “développés”, les femmes – surtout les femmes issues de communautés immigrées – ont tendance à constituer le gros de la main d’œuvre employée pour des tâches ingrates et parfois dangereuses : ateliers, usines d’assemblage électroniques, nettoyage et services domestiques. Cette surexploitation dans nos sociétés ne peut être combattue que par l’organisation par les syndicats de campagnes spécifiques et de luttes industrielles. Les victoires, modestes certes, mais bien réelles, obtenues par les nettoyeurs de Londres l’an dernier ont démontré que la lutte paie.
Retour en arrière
Aujourd’hui, la crise mondiale du système capitaliste frappe durement l’ensemble des travailleurs et des pauvres du monde entier. Ce sont eux qui sont censés, selon nos “dirigeants”, payer le prix de la crise dans la souffrance de l’austérité, tandis que les 1 % des personnes les plus riches du monde, qui possèdent tout autant que les 50 % les plus pauvres, deviennent tous les jours de plus en plus riches. L’austérité et le ralentissement économique ont surtout un impact sur les femmes dans leur vie de tous les jours.
Partout dans le monde, les revenus, les opportunités d’emploi et le financement des programmes sociaux sont à la baisse – pour les femmes comme pour les familles dont elles ont la charge. Les contrats “zéro-heures” et les emplois à temps partiel sont désormais bien souvent le meilleur que puisse offrir le système capitaliste à des millions de femmes et de jeunes qui ont le risque de ne jamais pouvoir trouver un emploi. L’histoire semble régresser, tandis que chaque nouvelle génération de travailleurs et de pauvres connait à présent une situation pire que celle que connaissait ses parents.
Non seulement en Grèce, mais aussi en Europe et aux États-Unis, des millions de gens dépendent de l’aide alimentaire, de “restaurants du cœur” et d’œuvres de charité. L’Espagne, la Grèce et l’Irlande ont connu une nette réduction de leur taux de natalité depuis le début de la crise, vu que de plus en plus de couples décident qu’un enfant est une dépense qu’ils ne peuvent se permettre. Les histoires de bébés que des parents pauvres en Grèce sont obligés de donner en adoption, sont autant de condamnations révoltantes des programmes d’austérité exigés par les banquiers et par les riches politiciens. Des millions d’enfants, même dans les pays dits modernes et développés, sont aujourd’hui confrontés à la pauvreté et à la faim.
Même en Suède, une tempête de privatisations a ruiné le légendaire “État-providence”. Les maisons de repos, les cliniques et les écoles sont rachetés et revendus en tant qu’entreprises devant faire du profit. On s’attend maintenant à des attaques sur les droits de maternité et de paternité, aux côtés d’autres soi-disant réformes dans le but de baisser les taxes sur les riches.
La crise sociale et économique a été accompagnée par de nouvelles attaques sur les droits à l’avortement dans divers pays. Des manifestations de masse en Espagne contre les tentatives d’annuler des lois progressistes, comme la loi sur l’avortement dans les 14 premières semaines, ont révélé la profonde colère et l’empressement des jeunes femmes à se battre. En Irlande, les socialistes vrais ont joué un important rôle dans la mise sous pression du gouvernement pour obtenir des réformes légales, après la mort de la jeune Savita Halappanavar fin 2012, décédée parce que son médecin refusait de l’avorter alors qu’elle était en danger de mort.
L’alternative politique
Avant cette dernière crise très profonde, qui a révélé l’incapacité du capitalisme à satisfaire même les besoins de base de l’immense majorité de la société, il y avait une période de triomphalisme et de jubilation par rapport à la soi-disant absence d’alternative à ce système pourri. C’est ce qui avait suivi l’effondrement des économies planifiées staliniennes. « Il n’y a pas d’alternative », tel était la devise de Margaret Thatcher à son heure de gloire. Quand elle est décédée l’an dernier, beaucoup de personnes se sont réjouies de la mort de cet ennemie des travailleurs, mais cela n’empêche pas que depuis lors, le mouvement ouvrier n’a toujours pas acquis une très grande confiance dans sa capacité à changer les choses de manière radicale.
L’affaiblissement distinct des traditions combatives des syndicats et la dégénérescence des partis que les travailleurs soutenaient traditionnellement (partis “socialistes” français, allemand, espagnol…), a eu un effet sur la société dans beaucoup de pays. Les premières luttes féministes telles que l’égalité de salaire, le droit à l’avortement, les droits des LGBT, la lutte contre la violence domestique, etc. avaient permis d’obtenir de nombreuses avancées. Les représentations sexistes dans les médias ou dans la publicité, qui rabaissaient les femmes et approuvaient la violence envers les femmes, étaient moins tolérées. Aujourd’hui, l’histoire semble régresser sur ces thèmes également. Sur la question LGBT par exemple, les avancées dans certains pays sont aujourd’hui contrebalancés par de véritables attaques dans d’autres.
En même temps que le reste des coupes dans les budgets publics, on a eu une diminution de l’aide aux personnes qui souffrent de violence domestique, alors que l’on rapporte une hausse de ces violences dans de nombreux pays. Les socialistes ont été à la pointe de la lutte contre cette tendance, en mettant en avant le problème de la violence domestique et en convaincant d’autres personnes, comme les syndicats, de reprendre ce thème dans leurs campagnes. On a également vu à quel point la lutte de classe peut changer la conscience des femmes et l’attitude envers les femmes lors de la grève des mineurs au Royaume-Uni il y a 40 ans (voir prochains articles sur le site de notre section anglaise à ce sujet).
Le logement
Les scandales du logement, dans un pays après l’autre, affectent des millions de femmes qui tentent de s’en sortir tout en gardant un toit au-dessus de la tête de leurs familles. Les spéculateurs et les riches laissent des millions de maisons à l’abandon, tandis que de plus en plus de familles se voient jetées à la rue, en Amérique comme ailleurs, parce qu’elles n’ont pas de quoi payer le loyer ou l’emprunt à la banque.
On a vu plusieurs mouvements anti-expulsion se produire, dans lesquels participent souvent des femmes très courageuses. Au Kazakhstan, les manifestants étaient prêts à se battre jusqu’au bout, en organisant des manifestations de masse et des grèves de la faim. Ce désespoir leur venait du fait qu’ils ont vu les grandes banques se faire renflouer par l’État, au même moment où on leur dit que leurs maisons leur seront enlevées. En Espagne, les huissiers ont été chassés par les manifestants (dont de nombreuses femmes) au moment où ils s’apprêtaient à expulser des familles de leurs maisons ou appartements. Alors que dans ce pays, tout comme en Irlande, des centaines de milliers de nouvelles maisons récemment construites restent vides !
Aux États-Unis aussi, des foyers ont été sauvés par des campagnes telles que celle organisée dans la ville de Minneapolis par nos camarades de Socialist Alternative. En Écosse, l’injuste taxe “de la chambre vide” (Bedroom tax) a été vaincue par une campagne de masse dirigée par les socialistes. Les mouvements des “paysans sans terre” et des “sans abris” du Brésil sont eux aussi soutenus par des milliers de femmes. Ces mouvements ont regagné une nouvelle dynamique dans un contexte ou des milliards de dollars sont dépensés pour la construction de stades et d’hôtels de luxe en vue de la Coupe du monde de football qui s’y déroulera cette année.
Des guerres et des révolutions
Les femmes sont en général plus nombreuses que les hommes dans la plupart des camps de réfugiés – victimes de conflits ou de guerres civiles. De la Syrie à l’Irak, du Soudan à la Somalie, les personnes qui fuient les conflits ne possèdent rien – ni vêtements, ni nourriture, ni abri pour eux et pour leurs enfants. Les viols de masse sont monnaie courante dans les camps de réfugiés, tout comme ils sont utilisés en tant qu’arme de guerre. Les ONG, les organisations charitables et les Nations-Unies ne sont pas capables de s’en prendre aux causes de ces catastrophes. Parfois, elles font elle-mêmes partie du problème ! Les guerres sont des phénomènes qui font inévitablement partie de la vie sous le capitalisme.
La lutte pour le socialisme est une question de vie ou de mort. La construction de forces qui puissent mener à la transformation victorieuse de la société commence dans certains pays, vu que de plus en plus de gens y sont maintenant en train de tirer les conclusions nécessaires concernant le capitalisme. Nous avons vu, l’année passée, des mouvements de masse atteindre des proportions révolutionnaires, avec de nombreuses femmes dans les rues participant aux combats – en Turquie, en Thaïlande, en Ukraine… Elles luttaient pour chasser du pouvoir des régimes discrédités et corrompus, mais sans une alternative claire par rapport au règne des patrons, des banquiers et de leurs représentants politiques, leurs sacrifices seront en vain.
Dans beaucoup de pays où des avancées pour les femmes ont été obtenues précédemment, des gouvernements réactionnaires sont maintenant en train de tenter de revenir plusieurs siècles en arrière – au moyen-âge ! Dans d’autres pays, comme en Russie sous le régime de Vladimir Poutine, qui est maintenant en train de préparer l’invasion de l’Ukraine, on utilise des méthodes qui rappellent celles du stalinisme, voir du tsarisme. Nadejda Tolokonnikova, une des “Pussy Riot” emprisonnées pour avoir chanté une “prière punk” dans une cathédrale du centre de Moscou, a été placée en cellule d’isolement après sa grève de la faim visant à dénoncer le “régime d’esclavage”en vigueur dans sa prison. Les prisonniers doivent travailler 17 heures par jour et subir des punitions d’inspiration “goulag” pour la moindre “incartade” – forcés d’aller s’exercer dehors alors que le temps ne le permet clairement pas, privés de toilette pendant une journée, etc.
La lutte contre l’exploitation capitaliste
Les véritables socialistes se battent contre toute injustice dans la société, concentrent leur lutte autour de slogans qui démontrent la putréfaction du système capitaliste et de tous ses “représentants”. Notre programme par rapport aux questions concernant les travailleuses et les femmes pauvres est défini dans de nombreux tracts, brochures, journaux et livres.
Un des principaux principes du socialisme est que toutes les femmes doivent avoir le droit de décider elles-mêmes si elles veulent des enfants ou non, sans que ne soit prise en compte la moindre contrainte financière ou autre. Ceci signifie : l’accès à la contraception et à l’avortement mais aussi aux centres de fertilité pour tous, gratuitement et sur simple demande, ainsi que des allocations familiales pour chaque enfant, qui représentent réellement le coût de l’éducation d’un enfant. Il est scandaleux qu’aujourd’hui au contraire, des services telles que l’aide à la conception et les soins de grossesse sont perçus comme autant de moyens de gagner de l’argent.
Les politiciennes
Il faut bien garder à l’esprit que le fait d’avoir plus de femmes en politique ou plus de femmes élues au gouvernement n’est en rien une garantie que l’on aura une politique qui sera plus en faveur des intérêts des femmes. Au Rwanda, il y a deux femmes politiciennes pour chaque député masculin, la majorité des députés sont des femmes ; pourtant le Rwanda reste un des pays d’Afrique où les femmes ont le plus de risques de violence domestique ou de violence liée au genre. Il faudra plus que veiller à l’équilibre dans les institutions représentatives du pays ou même à la tête du pays pour mener la lutte contre la subordination des femmes dans la société. Demandez au Allemandes ce qu’elles pensent d’Angela Merkel, aux Brésiliennes ce qu’elles pensent de Dilma Roussef, aux Chiliennes ce qu’elles pensent de Michelle Bachelet.
En Inde, où plusieurs femmes se sont déjà retrouvées à la tête du gouvernement au niveau régional ou national, très peu de choses ont changé et les femmes continuent à être traitées comme des citoyens de seconde classe. On a récemment beaucoup parlé du trafic de petites filles nées dans les plantations de thé de l’Assam qui sont vendues comme domestiques pour des femmes riches ou nobles, qui trouvent cela normal car “chez nous c’est comme ça”. Le nombre de viols rapportés à la police à Delhi et à Mumbai a doublé depuis qu’a éclaté un scandale par rapport à deux cas particulièrement horribles qui ont été repris par les médias internationaux. Depuis, les campagnes publiques et les manifestations de masse ont donné aux femmes indiennes le courage d’aller se plaindre à la police, même si ce genre de crimes est encore présent partout dans la société.
Les attitudes réactionnaires envers les femmes dans la société, l’interdiction de livres, comme on l’a vu dernièrement avec un livre sur l’histoire de l’hindouïsme, en plus des restes du système de castes, devront être combattus plus vigoureusement encore si le parti chauvin de droite Parti du peuple indien (BJP – Bharatiya Janata Party) dirigé par Narendra Modi devait arriver au pouvoir lors des élections du mois de mai.
Bien que la vision politique et le programme des candidats soient plus importants que leur genre si nous parlons de la lutte de la moitié de la population mondiale pour un meilleur traitement, les travailleuses et femmes pauvres sont certainement encouragées par la victoire de quelqu’un tel que notre camarade Kshama Sawant lors des récentes élections de Seattle – où elle a gagné son siège malgré le fait qu’elle soit une femme immigrée et socialiste.
Kshama a attiré une large attention des médias pour ses puissants discours contre le capitalisme, contre les banquiers et contre les 1 % de riches, et pour la nationalisation des grandes banques, de l’industrie et pour une planification démocratique de l’économie. Le slogan central de sa campagne – un salaire minimum à 15 $ de l’heure pour tous – a suscité un grand écho parmi les travailleurs. Pour les femmes qui sont souvent moins bien payées, la pleine entrée en vigueur de ce nouveau salaire permettrait de réparer une des plus grandes injustices auxquelles ces femmes sont confrontées tous les jours. Pour un travail égal, leurs salaires seraient augmentés en plus d’être remis à niveau avec le salaire de leurs collègues masculins (qui augmenterait lui aussi).
L’hostilité affichée par les patrons et par les politiciens qui mangent avec eux envers la revendication d’un salaire minimum expose toute la corruption de l’ensemble du système de profits. La lutte contre toute forme de répression et d’oppression revient à mener la lutte au finish dans le cadre de batailles politiques et syndicales.
La seule manière d’obtenir la transformation complète de la vie que connaissent les femmes, en même temps que l’éradication de toutes les formes d’exploitation, est de lutter pour une alternative au capitalisme. Lutter ensemble pour l’objectif commun d’une société socialiste qui rassemblerait hommes et femmes dans le but commun d’une émancipation de l’ensemble de la classe des travailleurs.
Au fur et à mesure que le capitalisme se retrouve embourbé dans une série de crises économiques et sociales de plus en plus grandes, des centaines, des milliers et des millions de gens seront petit à petit convaincus, par leur propre expérience et par l’agitation des socialistes vrais, de la nécessité d’en finir avec ce système injuste. Le soutien affiché envers des candidats tels que Kshama Sawant, le WASP sud-africain, et les idées et le programme du Comité pour une Internationale Ouvrière, ne feront que s’accroitre au fur et à mesure que s’approfondira la crise. Le socialisme représente la clé pour mettre fin à toute forme d’exploitation ; c’est la seule manière de développer une société harmonieuse, libérée de la guerre, de la misère, de l’injustice et de toute forme de discrimination et d’inégalité.
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Cuba : De nouvelles luttes pour de vieux défis
En décembre dernier s’est tenue une réunion du Comité Exécutif International du Comité pour une Internationale Ouvrière, dont le PSL/LSP constitue la section belge. Un représentant d’un collectif cubain, Obseratorio Critico (Observatoire critique), était également présent. Voici ci-dessous l’intervention qu’il a faite à cette réunion au sujet de la situation cubaine.
Prise de parole de Rogelio M. Díaz Moreno (Observatorio Critico) lors de la réunion internationale du CIO
Les conquêtes de la révolution
Nous savons combien il est difficile de transmettre la complexe et intéressante réalité qui y existe. La fin du soi-disant camp socialiste a coûté à Cuba plus de 80% de ses marchés et de ses subventions soviétiques. En plus de cela, l’agression impérialiste du gouvernement américain s’est accrue, le blocus économique s’est intensifié et le financement des groupes d’opposition de droite a augmenté de plusieurs millions de dollars. En outre, l’activité des groupes promouvant des actes terroristes dans mon pays est toujours tolérée sur le territoire des USA. L’ingérence impérialiste des USA a été et sera un facteur crucial dans le cas de Cuba, car elle alimente les tendances réactionnaires et conservatrices du gouvernement cubain actuel, qui utilise cela comme prétexte pour harceler les forces de gauche, socialistes et indépendantes de sa bureaucratie.
Rappelons que lors du triomphe de la Révolution, les forces victorieuses fusionnèrent dans un parti unifié sur base des mouvements qui dirigèrent la lutte. Fondamentalement, il s’agissait des mouvements interclassistes du Mouvement du 26 juillet et du Directoire révolutionnaire, ainsi que du Parti communiste de nature stalinienne, cela avec l’appui décisif de la paysannerie.
Le programme initial de ce parti n’était pas socialiste, bien que progressiste du point de vue nationaliste bourgeois. La réforme agraire était son drapeau principal. Mais la lutte de classe qui a suivi a radicalisé et polarisé la politique du moment. La réforme agraire, la nationalisation des entreprises, la campagne d’alphabétisation, l’intégration de la population dans des organes de défense de la révolution, la transition vers une économie planifiée excluant l’économie de marché, et un fort investissement social, parmi d’autres politiques, ont permis la transformation de l’État, même s’il manquait les éléments de contrôle et de démocratie ouvriers. Ainsi, ce système, assorti des subventions soviétiques, a permis de sortir de la situation de pauvreté atroce antérieure à la révolution, pour arriver à une société d’un bien plus grand développement humain. Mais c’est 30 ans plus tard, quand le Mur de Berlin est tombé, que la plus grande épreuve que le socialisme cubain a eu à traverser commença.
Après la chute du Mur de Berlin
Dans les années qui ont suivi, le gouvernement a pu continuer à s’enorgueillir de sa capacité gigantesque à pouvoir mobiliser des manifestations en sa faveur. Cependant, il y a eu recours à des moyens de pression sur les manifestants et la corruption a sévi parmi les organisateurs.
Nous ne pouvons pas non plus ignorer l’émigration d’environ un demi-million de Cubains au cours des 20 dernières années. De plus, après des décennies d’une politique qui s’est effectuée sans contrôle et sans mesures démocratiques pour participer aux prises de décisions de la politique nationale, un fossé insurmontable s’est créé entre la direction et les travailleurs. Le discrédit de l’idéologie soviétique a laissé un vide dans les rues cubaines, rapidement occupées par la philosophie symbolisée par la ville de Miami.
Cette philosophie est basée sur le fait de considérer la prospérité comme synonyme de consommation et le prestige personnel et social comme étant réduit à pouvoir montrer aux autres son haut niveau de vie. Chez beaucoup, cela a naturellement engendré une grande frustration ainsi qu’une tendance à recourir au crime pour satisfaire ces besoins. Cela a également été alimenté par les élites bureaucratiques corrompues, qui adoptent ouvertement ce mode de vie, loin des idéaux de la rigueur socialiste dont le paradigme le plus mémorable est la figure disparue d’Ernesto Che Guevara.
La politique économique du gouvernement n’a été capable que de stimuler cette mentalité de consommation, dans le cadre de sa tentative désespérée de s’attirer des devises convertibles. Les politiques sociales les plus importantes sont néanmoins restées, comme la sécurité d’emploi, le maintien de services d’enseignement, de santé et de sécurité sociale universelle. Cela a contribué à conserver le régime au pouvoir, même si, dans le même temps, les Cubains ont souffert de graves pénuries de produits alimentaires et industriels, de pannes de courant, etc.
Le modèle chinois ?
Nous pouvons aujourd’hui contempler la dérive lente, mais déterminée, vers une transition qui rappelle le modèle chinois : un système d’économie de marché sous le contrôle strict d’une force politique bureaucratique et autoritaire. Nous n’avons pas encore atteint ce point, mais l’ouverture au petit capitalisme national et au grand capital transnational qui se produit actuellement, en plus des coupes budgétaires dans les politiques sociales et dans les droits des travailleurs, nous incline à nous attendre à un tel développement.
La première fois qu’a été soulevé à Cuba le licenciement de près d’un million de travailleurs, il n’y a eu aucune résistance de la part de direction de la CTC, la centrale syndicale. Mais au niveau de la base, les travailleurs sont en ébullition. Toutefois, sans organisation consciente, le mécontentement en est resté au niveau individuel, même s’il s’agit d’une multitude d’individus. Cette colère a malgré tout convaincu le gouvernement de temporiser les choses et d’accorder des concessions.
Un nouveau code du travail
Les inégalités et le mécontentement s’intensifient, ainsi que les tendances individualistes et aliénantes. La dernière étape de ce processus est caractérisée par l’introduction d’un nouveau projet de Code du travail qui actualise certains principes de l’ancien code devenu ‘’obsolète’’, tel que le droit et le devoir de chaque citoyen d’avoir un travail. C’en sera donc fini de la sécurité d’emploi pour les travailleurs. Ils pourront, en effet, être licenciés plus facilement avec seulement la petite promesse de chercher des alternatives à l’employé congédié. Le syndicat conservera le droit d’émettre une opinion dans certains cas.
Voilà la situation dans le domaine de l’économie publique. Dans la sphère privée, la nouvelle classe émergente de capitalistes aura d’énormes possibilités pour exploiter ses employés. Nous n’avons trouvé aucun moyen de défense efficace des travailleurs dans ce secteur, concernant les droits minimaux, tels que les heures de travail, le salaire minimum, les vacances, les droits parentaux, les contrats de négociation collective, la défense contre la discrimination sur des critères de race, de genre ou d’orientation sexuelle. (Quelques jours plus tard, le Code a été adopté et il est supposé qu’il donnera des moyens de défense, au moins en théorie. Il reste à voir comment ils seront appliqués dans la pratique, NDT).
Solidarité internationale
Il faut saisir toutes les occasions pour dénoncer la bureaucratie qui insiste pour se présenter comme de véritables partisans du socialisme et de la souveraineté nationale, tout en vendant le pays par petits morceaux aux capitalistes locaux et internationaux. Il faut continuer à rappeler à tous que chaque citoyen a le droit d’être protagoniste de ses conditions et de la transformation de sa propre vie. Il faut apprendre à récupérer l’exercice de ce droit qui se trouve aujourd’hui dans les mains d’une élite appartenant au passé.
C’est dans ce cadre que nous nous sommes rendus à cette réunion du Comité pour une Internationale Ouvrière et que nous renforçons notre courage et notre espoir. Ici, nous avons testé la force de la solidarité qui peut s’établir entre les socialistes du monde entier.
Nous exprimons notre gratitude pour l’adhésion à notre cause de l’émancipation sur tous les terrains sociaux, contre la domination qui opprime ceux qui travaillent, ceux qui ont la peau noire ou une orientation sexuelle non majoritaire, etc., pour le soutien démontré contre toutes les causes de l’injustice qui existent dans notre pays et contre lesquelles nous ne nous lasserons jamais de combattre.
Au nom de l’Observatoire critique de Cuba et de moi-même, encore une fois, je vous remercie beaucoup.
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Espagne 2014. Une reprise ? Pour qui ?
Que l’année 2014 soit celle de la grève générale politique !
Voici ci-dessous une version légèrement adaptée de l’éditorial de l’édition de février du journal La Brecha, publication de nos camarades de Socialismo Revolucionario, la section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat espagnol. Si cet article traite de la situation qui prévaut dans l’État espagnol, les leçons tirées des évènements économiques, politiques et sociaux de l’année 2013 sont extrêmement riches pour les travailleurs et les jeunes de toute l’Europe, dans le cadre de leur lutte contre l’austérité.
Pour l’État espagnol, l’année 2013 a représenté une aggravation des principaux processus mis en branle par la crise capitaliste qui a explosé il y a 5 ans de cela. Le naufrage de l’économie a continué à jeter des millions de personnes dans une extrême pauvreté au cours d’une année à nouveau marquée par des licenciements massifs, des attaques contre les salaires et des expulsions de logements. La profonde crise politique du système se poursuit avec un gouvernement en permanence dans les cordes. La crise de légitimité des institutions capitalistes et de l’Etat lui-même a connu de nouveaux épisodes, en particulier autour de la question nationale en Catalogne.
Mais nous avons également assisté à d’importantes avancées réalisées dans le processus parallèle clé qui se développe également et qui constitue une source d’inspiration dans ces moments de crise économique et sociale. Il s’agit du processus de l’activité de la classe ouvrière et de la résistance sociale, ce qui représente en soi les premières ”pousses vertes” de la lutte pour une société nouvelle. Dans l’ensemble, 2014 nous offre la promesse de puissants événements et de grandes opportunités. Tous ces processus vont se poursuivre et s’approfondir.
L’année 2014, une année de reprise ? Pour qui ?
Tout au long de l’année 2014, nous allons assister à la constante tentative de la classe dirigeante, avec la collaboration active du gouvernement et des médias dominants, ”d’élever l’atmosphère générale” dans la société. Il s’agit essentiellement d’une tentative visant à diluer la colère des masses et de la résistance en nous assurant que la reprise économique a commencé et que des temps meilleurs sont à venir. Ils promettent d’ailleurs que cette année, l’économie va croitre de… 0,6% !
Pour les marxistes et pour la classe des travailleurs, la question clé est de savoir quel sera le caractère de cette croissance. Cela va-t-il changer le cours de la crise ? Cela va-t-il provoquer une hausse de notre niveau de vie ? Si les réponses à ces questions sont négatives, nous sommes en droit de légitimement nous demander : quelle valeur peut donc bien avoir ce qu’on qualifie de croissance à nos yeux ?
Tout d’abord, nous devons expliquer que pour atténuer la brutalité de la crise – un chômage de masse qui couvre plus d’un quart de la main-d’œuvre – presque tous les économistes (même capitalistes) conviennent que la croissance doit être supérieure à 2% au moins. Aucun économiste sérieux ne prédit un tel niveau de croissance pour cette année ou celles à venir. La quantité infime d’emplois en cours de création nous donne un aperçu du type de reprise que le capitalisme espagnol nous réserve : l’extinction des contrats à durée indéterminée et des bonnes conditions de travail. Les patrons profitent de la crise pour réaliser une contre-révolution sur le marché du travail et pour imposer un nouveau modèle basé sur la précarité et des conditions de vie misérables.
Ensuite, cette situation cauchemardesque est combinée avec toute une vague d’attaques contre nos conquêtes sociales et nos droits démocratiques, la classe dirigeante tirant également parti de la crise pour éliminer les conquêtes historiques du mouvement ouvrier, comme le droit de manifester et de faire grève, ou encore de librement décider de son propre corps et de sa maternité. Cette réalité – qui comprend également la destruction de l’État-providence et des services publics – dévoile la base dont ils ont besoin pour leur prétendue ”reprise” : une destruction constante de notre niveau de vie pour finalement imposer en Espagne et au continent des normes issues du “tiers monde”.
Pour une année 2014 combative avec une lutte constante et généralisée ! Pour une grève générale politique !
Le prix du plus grand obstacle au développement de la lutte en 2013 doit être accordé aux dirigeants des principaux syndicats. Comme nous l’avons expliqué à plusieurs reprises dans les pages de La Brecha, ils ont joué un rôle-clé dans le maintien en place du gouvernement, malgré les crises profondes dans lesquelles il est empêtré.
Mais malgré ce rôle de frein qu’ils ont joué, nous avons pu voir tout au long de l’année 2013 que les travailleurs ont continué leur lutte et l’ont intensifiée, en recourant à des méthodes de plus en plus militantes. 2013 a été l’année de la grève illimitée, à partir du secteur de l’éducation dans la région des Baléares jusqu’à la grève héroïque de plus de 100 jours de l’usine Panrico. Ces exemples se distinguent très nettement de la politique que les dirigeants syndicaux continuent à défendre, faite de grèves purement symboliques et insuffisantes d’une journée, sans intensification de la lutte et sans la moindre continuité, ce qu’exige pourtant la situation actuelle.
Ce fut encore l’année de victoires importantes, en particulier celle des nettoyeurs de rue de Madrid [qui sont parvenus à repousser les menaces de licenciement et de réduction de leurs salaires de 40% grâce à l’action de la grève illimitée, NDLR] qui ont ainsi montré la voie que doit prendre l’ensemble des travailleurs. Une fois de plus cependant, le rôle de frein joué par les dirigeants syndicaux a empêché pareils exemples de militantisme d’obtenir une expression généralisée au niveau de l’État.
Le récent mouvement de lutte qui s’est développé dans le quartier de Gamonal, à Burgos [où des mobilisations de masse répétées ont attiré l’attention à l’échelle nationale et ont paralysé un important projet spéculatif, NDLR] est un autre exemple de la façon dont la lutte peut obtenir des résultats pour peu qu’elle soit menée de façon déterminée et militante et qu’elle soit basée sur un soutien de masse.
Dans la perspective des nouvelles attaques auxquelles les travailleurs, les jeunes et les pauvres auront à faire face en 2014 – notamment avec les contre-réformes sur les retraites et sur le droit à l’avortement – il est essentiel que ce militantisme soit exprimé à une échelle toujours plus grande. Il est urgent de mettre sur table la question d’une action généralisée, et en particulier de l’unification de la force et des luttes de la classe des travailleurs au sein d’une nouvelle grève générale.
Cependant, il est tout aussi essentiel que les grèves générales qui seront nécessaires en 2014 se différencient fondamentalement de celles établies sous le modèle des dirigeants syndicaux en 2012, c’est-à-dire uniquement organisées sous une pression insupportable de la base, de façon symbolique et isolée, seulement suivies de longues périodes de démobilisation.
Nous avons besoin d’une nouvelle grève générale capable d’unir les luttes et d’élever l’atmosphère de combativité et la confiance de la classe ouvrière au sens large. Nous n’avons pas besoin d’une simple grève de protestation, il nous faut une grève générale avec des revendications et des objectifs capables d’unifier les luttes de la classe ouvrière autour de la lutte pour une solution générale aux problèmes qui les provoquent, en commençant par assurer la chute du gouvernement et en initiant la lutte pour une alternative politique favorable aux travailleurs.
Pour l’unité de la classe des travailleurs dans leur lutte pour la liberté de tous les peuples nationaux
En ce qui concerne la question nationale, nous assistons à un nouveau tournant, en particulier en Catalogne (bien que cette question devienne de plus en plus importante également au pays basque).
D’une part, le PP (et le parti social-démocrate PSOE avant lui) ne se lassent pas de parler de“l’unité indiscutable de la patrie”, mais ce politiciens semblent perdre leur ferveur patriotique dès lors qu’il s’agit de s’agenouiller devant les exigences de la troïka. D’autre part, en Catalogne, les partis CiU et ERC prétendent défendre la cause de la lutte pour l’autodétermination et les intérêts du ”peuple”, mais ils n’ont aucun problème à saigner le ”peuple” avec leur politique d’austérité. Ils ont promis la tenue d’un référendum concernant l’indépendance catalane, mais ont admis n’avoir aucune stratégie (ni même de volonté) pour répondre à l’inévitable interdiction de celui-ci par le gouvernement du PP, avec le soutien du PSOE.
La seule force sociale capable de lutter de manière conséquente pour les droits de tous les peuples de la nation afin qu’ils puissent décider de leur propre avenir, c’est la classe des travailleurs. Il s’agit de la seule classe capable de libérer la Catalogne, et la société espagnole, de la misère de la crise du capitalisme. C’est dans la lutte de classe contre les gouvernements soumis au marché, unis au niveau de l’État et au niveau international, que la base d’une véritable solution à la question nationale pourra être trouvée, ce pour quoi le système capitaliste a maintes fois démontré son incapacité.
Cette solution est celle de la lutte pour une confédération libre et volontaire des peuples ibériques, construite sur le ciment du droit universel à l’autodétermination, y compris le droit à l’indépendance. Une telle lutte ne peut être gagnée qu’en menant le combat pour société socialiste, fondée sur la propriété publique démocratique des richesses et des secteurs-clés de l’économie .
Ceci souligne la nécessité de forger et de renforcer l’unité de la classe des travailleurs et de ses organisations, en commençant par un front uni de la gauche, du mouvement ouvrier et des mouvements sociaux, dans la lutte pour faire tomber le PP et disposer enfin d’un gouvernement des travailleurs.
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7e École d’Été latino-américaine
La 7e école d’été du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) organisée en Amérique latine fut la plus grande édition jusqu’à ce jour. 180 personnes se sont ainsi réunies à Sao Paulo, au Brésil, du 7 au 14 janvier. Des camarades étaient présents du Brésil, du Venezuela, de Cuba mais aussi de Suède, des USA, d’Allemagne et en présence de Tony Saunois, du Secrétariat International du CIO. Malheureusement, les camarades du Chili et de Bolivie n’ont pas pu participer à l’événement en raison de problèmes de transport. Du Brésil, des camarades étaient présents de 10 Etats différents, dont Sao Paulo, Rio, Rio Grande do Norte, Pareba et Serra. Au cours de la semaine, un meeting public a été organisé avec une participation de 200 personnes environ, dont des représentants de courants de gauche au sein du P-SOL et des camarades membres d’un mouvement de sans-abris, le MTST. Deux conseillers municipaux du du PSOL, Paulo Eduardo Gomes et Renatinho, étaient aussi présents et ont chacun pu prendre la parole durant ce meeting public marqué par une grande combativité.
Par des correspondants du CIO
- Amérique latine : de retour dans l’épicentre de la lutte mondiale
L’école d’été a compris des débats et des discussions concernant la situation mondiale ainsi que la vague de luttes et la nouvelle phase de la crise qui s’ouvrent aujourd’hui en Amérique latine. Des discussions ont notamment été menées au sujet de la construction de nouveaux partis de gauche et du rôle que joue le PSOL dans ce cadre, à côté de commissions qui ont porté sur divers aspects de la théorie et de la pratique marxistes comme la question de l’Etat, la méthode transitoire, réforme ou révolution, etc. Les rapports qui ont été livrés au sujet de Cuba ainsi qu’au sujet de la récente victoire remportée aux USA par l’élection de Kshama Sawant à Seatttle ont pu compter sur un écho enthousiaste.
Inévitablement, l’enthousiasme des camarades brésiliens à la suite de l’éruption de la lutte de masse de juin dernier et dans le cadre des perspectives de luttes ultérieures a dominé cette école d’été. L’année 2014 devrait voir naître une nouvelle vague de luttes au Brésil et dans d’autres pays d’Amérique latine. Au Brésil, les protestations de masse ont totalement changé le rapport de forces et les travailleurs et les masses ont maintenant plus de confiance pour riposter contre les attaques lancées par la classe dirigeante. Cela sera notamment centré autour des protestations qui se tiendront dans le cadre de la Coupe du monde de football dans les prochaines semaines et les prochains mois.
A Sao Paulo, au cours de ces derniers mois, plus de 100 occupations ont déjà pris place, réalisées par des familles de sans-abris qui reconstruisent leur foyer sur des terrains occupés. L’occupation la plus récente a réuni plus de 30.000 personnes et s’appelle “Nouvelle Palestine”. Une autre illustration de la colère bouillonnante qui existe dans la société a été le développement de larges protestations de la jeunesse au cours de ces derniers jours. Des “Rolezinhos” ont été organisées par des milliers de jeunes dans de nombreuses villes à travers le pays. Ces actions impliquent des jeunes des régions les plus pauvres, qui entrent dans des centres commerciaux et y manifestent. Bien d’autre sont encore prévues. Ces jeunes veulent ainsi attirer l’attention sur le fait qu’ils sont dans la pratiques exclus de ces centres car ils sont incapables d’y acheter quoi que ce soit. Ces protestations ont été déclarées illégales et les jeunes qui entrent maintenant dans un centre commercial doivent montrer leur carte d’identité et sont menacés d’amendes s’ils participent à une action de protestation.
Cette répression n’a toutefois pas réussi à assombrir la combativité de la jeunesse. Suite à la crainte de nouvelles protestations, le sommet des pays ”BRIC” qui devait initialement se tenir au moment des manifestations contre la coupe du monde a d’ailleurs été reporté. La peur de ce qui peut se développer dans le cadre de cette coupe hante la classe dirigeante et le gouvernement. Ils craignent également le déclenchement de mutineries massives dans les prisons contre les conditions de vie qui y existent. Des manifestations de masse sont prévues à partir du 25 janvier. Cette nouvelle vague de lutte se combinera à la campagne électorale du PSOL, qui a la possibilité d’accroître son bloc parlementaire, ce qui souligne la nécessité pour le PSOL d’adopter un programme socialiste pour défier le gouvernement et construire une véritable alternative. Les membres de LSR (section du CIO au Brésil) sont pleinement impliqués dans cette lutte ainsi que dans les manifestations qui se développent actuellement.
Brésil : L’occupation ‘Novo Palestina’
Vidéos de membres du Comité pour une Internationale Ouvrière lors d’un meeting de masse
Une occupation massive de terres est organisées par le MTST (le “mouvement des travailleurs sans terre”) dans les environs de Sao Paolo, au brésil. ‘Novo palestina’ fait partie des plus de 100 occupations de terrains qui ont pris place à Sao Paolo au cours de ces derniers mois. Il s’agit d’une indication de la vague de lutte qui est en gestation dans le contexte de la préparation de la coupe du monde de football.
L’occupation ‘Novo Palestina’ est extrêmement bien organisée, avec des comités démocratiquement élus. 9.000 familles et plus de 30.000 personnes sont impliquées dans cette occupation. Des commissions sont élues pour organiser le camp, construire des sanitaires, organiser la défense et la sécurité,… Les propriétaires des terrains occupés réclament de la municipalité de Sao Paolo qu’elle trouve une solution.
Ci-dessous, voici des vidéos de 3 camarades du CIO – Tony Saunois du Secrétariat International du CIO avec Andre Ferrari de LSR (CIO-Brésil) et Bilbo Goransson de Rattvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède) – prenant la parole lors d’un meeting sur les lieux de l’occupation.