Tag: Chine

  • Une loi d’urgence répressive adoptée à Hong Kong

    La nouvelle loi anti-masques représente une attaque fondamentale contre le droit démocratique de manifester. Une nouvelle étape dramatique a été franchie par l’État autoritaire de Hong Kong. Le gouvernement de Carrie Lam s’engage dans la tactique visant à peu à peu imposer diverses lois d’urgence (en vertu de lois datant de l’époque coloniale britannique) dans l’espoir de “faire lentement bouillir la grenouille”. Il est clair que des lois plus répressives se préparent et que la loi anti-masque a valeur de test.

    Déclaration de Socialist Action (CIO-Hong Kong)

    • La lutte contre le PCC aujourd’hui : Participez à nos réunions ouvertes consacrées au mouvement de masse à Hong Kong ! Le 10 octobre à Bruxelles (plus d’infos) et le 15 octobre à Liège (plus d’infos).

    La plupart des manifestants portent des masques pour se défendre contre la machine d’État qui possède la technologie de reconnaissance faciale la plus avancée au monde. Ces masques ne seraient pas nécessaires si la société n’était pas gouvernée par une dictature maléfique. Mais nous sommes à Hong Kong en 2019. Des travailleurs et des syndicalistes sont licenciés pour avoir participé à des grèves ou simplement pour avoir critiqué le gouvernement. Notre droit de nous défendre contre un tel Etat et un tel système est donc incontestable.

    Pourquoi le gouvernement n’interdit-il pas les gaz lacrymogènes s’il veut que les gens cessent de porter des masques ? Pourquoi ne freine-t-il pas la police ? Parce que la dictature du PCC exige de la police qu’elle recourt à une violence toujours plus dangereuse comme démonstration de force du régime chinois. Elle exige que la police ne soit jamais démasquée, ne fasse jamais l’objet d’une enquête et ne soit tenue responsable d’aucun de ses crimes. La brutalité policière sans cesse plus grave représente la vengeance de la dictature face à l’humiliation qu’elle a subie. Elle s’est révélée incapable de maîtriser des manifestations de masse qui durent maintenant depuis quatre mois.

    Le gouvernement justifie son interdiction en se servant de pays “démocratiques” comme la France où le port de masques est également interdit. Et bien honte aussi à ces gouvernements ! À Hong Kong, il est évident que cette politique vise à davantage renforcer le caractère policier d’un État hors de contrôle qui n’hésite pas à tirer à balles réelles de même qu’à affaiblir davantage le droit de manifester. Mais cette mesure n’est pas destinée à être couronnée de succès.

    Les masses doivent défier cette loi autoritaire, tout comme nous devons défier l’interdiction des manifestations par la police. La défense de nos droits démocratiques exige une action collective de masse et non des actes individuels qui dissipent la résistance. La réponse populaire devrait être : “que tout le monde se masque” !

    Le but de l’interdiction des masques est clairement de tenter de diviser le mouvement en isolant la jeunesse combattive. Pour y répondre, il faut collectivement décider d’une riposte qui soit un défi de masse. Cela démontre la nécessité d’une plus grande organisation des manifestations de masse, par le biais de comités d’action démocratiques. L’approche décentralisée et spontanée qui caractérise les protestations depuis 4 mois est compréhensible au regard de la méfiance vis-à-vis de la faiblesse des dirigeants pan-démocratiques, mais cela atteint l’impasse.

    La clé pour la victoire réside dans une meilleure organisation reposant sur une orientation envers les lieux de travail et les écoles, sur la création de comités de grève et sur la préparation d’une véritable grève générale visant à paralyser l’économie. Parallèlement, il faut lancer un appel aux masses chinoises continentales pour mener une lutte commune contre la dictature.

  • Mobilisation inédite contre la dictature chinoise à Hong Kong : entretien avec un activiste socialiste

    Le mouvement de protestation à Hong Kong dure depuis des mois. Jamais un mouvement social n’y a eu une telle ampleur. Les manifestations ont atteint jusque 2 millions de personnes et 350.000 travailleurs ont participé à deux grèves générales de 24 heures. Cette colère affronte la destruction des droits démocratiques à Hong Kong, la dictature du Parti ‘‘communiste’’ chinois et la répression policière. Les manifestants réclament des élections démocratiques au lieu du système actuel qui permet à 1.200 millionnaires et dignitaires de choisir le gouvernement. Les concessions limitées accordées par Carrie Lam, cheffe de l’exécutif de Hong Kong, n’ont pas suffi à arrêter le mouvement. Nous en avons parlé avec Simon, de Socialist Action, notre organisation-sœur à Hong Kong activement impliquée dans ces protestations.

    Propos recueillis par Sander (Termonde)

    • La lutte contre le PCC aujourd’hui : Participez à nos réunions ouvertes consacrées au mouvement de masse à Hong Kong ! Le 10 octobre à Bruxelles (plus d’infos) et le 15 octobre à Liège (plus d’infos).

    Quelle est la composition sociale du mouvement pro-démocratie à Hong Kong ? Y a-t-il beaucoup de travailleurs impliqués ? Sont-ils représentés par leurs syndicats ?

    ‘‘Le noyau actif du mouvement se compose principalement de jeunes issus de la classe ouvrière et de la classe moyenne, y compris des écoliers et des étudiants. On trouve aussi beaucoup de travailleurs âgés dans les rues pour protéger les jeunes et protester contre la répression policière brutale.

    ‘‘Malheureusement, la classe ouvrière ne participe pas au mouvement en tant que classe consciente d’elle-même. Elle n’est pas organisée sous la forme de syndicats et de partis. Le mouvement se caractérise, entre autres, par l’absence de dirigeants ou d’organisations ; en partie parce que le syndicat pro-démocratie (HKCTU) refuse d’organiser les travailleurs au sein de ce mouvement. Il y a eu deux grèves générales contre le régime autoritaire et la répression policière, mais toutes deux ont été lancées à partir des réseaux sociaux. L’ampleur du mouvement a forcé le HKCTU à finalement soutenir les grèves générales, mais la fédération syndicale n’a pas organisé la grève sur les lieux de travail. La direction syndicale n’a fait aucune distinction entre cette grève et les manifestations ordinaires. La plupart des grévistes n’étaient pas organisés en syndicat.

    ‘‘La HKCTU compte 190.000 membres, soit environ 5% de la population active. Le nombre de syndicalistes est extrêmement faible, surtout si l’on exclut la HKFTU, le «faux» syndicat pro-gouvernemental. La direction de ce dernier suit principalement la ligne politique basée sur le compromis des partis bourgeois du camp démocratique, les ‘‘pan-démocrates’’. Les ‘‘dirigeants’’ pan-démocrates craignent qu’un mouvement de masse militant ne les empêche de conclure des accords avec le régime chinois. Nous pensons que négocier des réformes démocratiques avec un régime dictatorial est inutile.’’

    La pauvreté est impressionnante à Hong Kong. Beaucoup de jeunes n’ont pas les moyens d’acheter leur propre logement, même s’il ne fait que quatre mètres carrés. Le célèbre économiste néolibéral Milton Friedman qualifiait Hong Kong ‘‘d’expérience néolibérale parfaite’’. Pourquoi donc cette économie ne peut-elle offrir aux gens un logement et des salaires décents ?

    ‘‘C’est précisément parce que Hong Kong est ‘‘parfaitement néolibéral’’ que le malaise économique est si important. Cela joue un rôle crucial dans le mouvement de masse actuel. Une petite élite d’oligarques domine l’économie de la ville. Le régime autoritaire protège et maximise les profits des grandes entreprises sur le dos de la population active, dont les conditions de travail et de vie sont de plus en plus mauvaises, comme en Chine.

    ‘‘Les prix des logements ont explosés, surtout depuis 1997, année où Hong Kong a été rétrocédée du Royaume-Uni à la Chine. L’inégalité est particulièrement grande. Le ‘‘coefficient de Gini’’ (qui mesure l’inégalité) de Hong Kong est de 0,539, au neuvième rang après les pays d’Afrique subsaharienne ou de petits pays insulaires. Le malaise à Hong Kong est bien résumé par de jeunes militants qui utilisent le slogan ‘‘pas d’argent, pas d’appartement, pas de démocratie’’.

    ‘‘L’inégalité sociale résulte d’une politique qui sert uniquement les intérêts des grandes entreprises. Ces dernières dominent le Legco, le ‘‘parlement’’ antidémocratique de Hong Kong. Malheureusement, les principaux partis d’opposition, les partis pan-démocrates, ne sont pas prêts s’opposer au capitalisme. A cela s’ajoute encore la faiblesse historique du mouvement ouvrier à Hong Kong.’’

    Les manifestations se poursuivent depuis plus de cinq ans maintenant. Des comparaisons sont régulièrement faites avec le Mouvement des parapluies de 2014. Les circonstances actuelles sont-elles différentes de celles à l’époque ? Il semble qu’il y ait une plus grande prise de conscience de la nature antidémocratique du gouvernement de Hong Kong et du fait que Pékin est le réel maître. Parallèlement, les militants ne semblent pas disposés à mieux organiser et structurer la mobilisation. Pourquoi donc ?

    ‘‘Les différences sont nombreuses entre les manifestations actuelles et le Mouvement des parapluies de 2014. L’aversion des militants envers toute forme d’organisation joue désormais un rôle encore plus important. Les expériences de 2014 et les précédentes jouent un rôle à cet égard. Les activistes s’opposent à l’utilisation de la ‘‘méthode du podium central’’, qui fait référence à la manière dont les pan-démocrates tentent de contrôler les mouvements de masse. Les pan-démocrates organisent des étapes lors des grandes journées d’action où seuls leurs porte-paroles prennent la parole. Il est normal qu’il y ait une méfiance à l’égard de ces méthodes bureaucratiques.

    ‘‘Les pan-démocrates ont largement été mis à l’écart par les activistes, ce qui explique pourquoi ce mouvement dure depuis si longtemps et est tellement massif. L’aversion à l’égard des ‘‘dirigeants’’ et des organisations ne vise pas seulement l’absence de direction, mais aussi l’organisation du mouvement lui-même. Cela crée des obstacles pour de nouveaux progrès.

    ‘‘Les révolutionnaires socialistes sont les seuls à défendre l’organisation démocratique du mouvement avec la classe ouvrière comme épine dorsale. Une direction démocratiquement élue peut donner au mouvement une orientation et un programme clairs pour arracher des victoires. La spontanéité qui a fait avancer le mouvement dans une première phase a épuisé son potentiel.

    ‘‘Contrairement à il y a cinq ans, les travailleurs ont utilisé l’arme de la grève politique. Une première en cent ans ! Et nous y avons contribué : Socialist Action a été la première organisation à défendre l’idée d’une grève politique. Ces grèves constituent un jalon dans la lutte pour la démocratie à Hong Kong, mais des difficultés restent bien entendu présentes. Les pan-démocrates, y compris la fédération syndicale HKCTU, ne sont pas parvenu à diriger le mouvement de grèves. Mais malheureusement, Socialist Action a été la seule organisation à défendre la création de comités de grève et la création de syndicats là où ils ne sont pas encore présents. De cette façon, nous pourrions construire de nouvelles grèves générales.

    ‘‘Il y a eu une répression contre les travailleurs impliqué dans ce mouvement. Par exemple, Nathan Leung, un employé de la banque HSBC, a été licencié pour avoir tenté de créer un syndicat. Une campagne internationale est actuellement en cours contre le licenciement de Nathan, par ailleurs également membre de Socialist Action, dans le cadre d’une campagne plus large contre la répression exercée contre les travailleurs impliqués dans le mouvement. Cette répression est une tactique consciente du gouvernement pour affaiblir le mouvement et, en particulier, pour empêcher le développement des syndicats.’’

    Si les mobilisations restent isolées de la Chine, la défaite menace. Qu’en est-il des tentatives d’entrer en contact avec les travailleurs chinois par le biais des médias sociaux ou d’autres canaux ?

    ‘‘Le mouvement ne peut gagner que s’il entretient des liens avec les travailleurs et les jeunes en Chine. C’est là-dessus que nous concentrons notre propagande, dans nos campagnes sur les médias sociaux et dans la rue. Début juillet, une manifestation a eu lieu dans le but d’informer les touristes chinois qui, chez eux, n’entendent que les mensonges du Parti «communiste» chinois (PCC). C’était un bon point de départ, mais malheureusement l’initiative n’a pas été prise au sérieux par de nombreux militants. C’est compréhensible : c’était la première fois que le mouvement essayait cela et la plupart des jeunes ne savent pas comment obtenir un soutien en Chine.

    ‘‘Notre organisation, Socialist Action, est active dans trois pays (Chine, Hong Kong et Taïwan). Nous comprenons l’importance de relier les luttes de masse à Hong Kong et en Chine. L’une de nos tâches principales est de sensibiliser les travailleurs et les jeunes à la manière et aux raisons pour lesquelles nous pouvons construire cette unité.’’

    • Tenez-vous au courant de la lutte de Hongkong via chinaworker.info

    Solidarité internationale contre le licenciement de Nathan Leung, envoyez une lettre de protestation !

  • La révolution chinoise a 70 ans

    Xi Jinping, l’homme fort quelque peu cabossé de la Chine, présidera une manifestation militaire grandiose pour marquer le 70e anniversaire de la Révolution chinoise ce 1er octobre 1949. A l’époque, le capitalisme et l’impérialisme ont été chassés du pays par l’armée paysanne de Mao Zedong. Mais le pouvoir politique est passé aux mains de son parti stalinien “communiste” (le PCC). Aujourd’hui, la dictature du PCC repose sur des bases de classe fondamentalement différentes de celles du régime et de l’Etat créés il y a 70 ans. La Chine est désormais une puissance impérialiste – la deuxième au monde – qui adopte un modèle capitaliste autoritaire et dirigé par un Etat.

    Vincent Kolo, de chinaworker.info, examine ce que la révolution et le régime de Mao représentaient réellement.

    • La lutte contre le PCC aujourd’hui : Participez à nos réunions ouvertes consacrées au mouvement de masse à Hong Kong ! Le 10 octobre à Bruxelles (plus d’infos) et le 15 octobre à Liège (plus d’infos).

    La Chine se classe aujourd’hui à la deuxième place concernant le nombre de milliardaires en dollars présents dans le pays. Il y en a actuellement 476, soit quasiment l’équivalant du double du nombre de l’année 2012, lorsque Xi Jinping est arrivé au pouvoir. L’augmentation est donc beaucoup plus marquée qu’aux États-Unis, où ce nombre est passé de 425 à 585 durant les années Obama et Trump sur la même période. En dépit du “miracle” économique tant attendu et des progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté, 577 millions de Chinois vivant dans les zones rurales avaient l’an dernier un revenu disponible moyen par habitant de 14.617 yuans (soit 2.052 dollars). Cela revient à 5,60 dollars par jour, soit un peu moins que les 5,50 dollars qui servent de seuil à la Banque mondiale pour mesurer la pauvreté dans les ‘‘pays à revenu moyen supérieur’’.

    Quand les commentateurs expliquent que Xi Jinping s’inspire du régime de Mao Zedong, ils font référence au renforcement du pouvoir autocratique et à la répression et non aux politiques économiques. Celles de Xi Jinping sont pro-riches et anti-travailleurs. Au lieu de vanter la révolution de 1949, les célébrations officielles de l’anniversaire de la Chine seront axées sur le nationalisme et des thèmes tels que le rôle mondial et la force militaire du pays, la menace croissante des “forces étrangères” (c’est-à-dire les États-Unis) et pourquoi la Chine serait désespérément perdue si la dictature du PCC ne contrôlait pas tout.

    Des changements révolutionnaires

    Le PCC n’est pas arrivé au pouvoir à la tête du mouvement ouvrier. Sa perspective et ses méthodes staliniennes l’avaient poussé à défendre initialement un programme relativement limité visant à l’instauration d’une “nouvelle démocratie” ayant conservé l’économie capitaliste. Mais, presque malgré lui, le PCC a été propulsé par l’une des vagues révolutionnaires les plus puissantes de l’histoire mondiale. C’est cette ferveur révolutionnaire des masses, dans le contexte international qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale, qui a poussé le régime de Mao à introduire des changements qui ont profondément transformé la Chine.

    La Chine était connue depuis longtemps comme “l’homme malade de l’Asie”, un pays dévasté par la pauvreté, même selon les critères de l’Asie de l’époque. Avec son immense population (475 millions d’habitants en 1949), la Chine était depuis un siècle le plus grand “État en faillite” au monde. De 1911 à 1949, le pays fut déchiré par la rivalité des seigneurs de guerre. Le gouvernement central était corrompu et sans cesse intimidée par les puissances étrangères. La fin de l’humiliation des frais de douanes étrangers et de la présence des armées impérialistes sur le sol chinois n’était que l’un des nombreux avantages de la révolution. Le régime de Mao a également introduit l’une des réformes agraires les plus ambitieuses de l’histoire mondiale. Elle n’était pas aussi ambitieuse que celle qui a suivi la révolution russe mais elle a englobé une population rurale quatre fois plus importante.

    Cette révolution agraire, comme le souligne l’historien Maurice Meisner, “a détruit la noblesse chinoise en tant que classe sociale, éliminant ainsi finalement la classe dirigeante la plus ancienne de l’histoire mondiale, une classe qui avait longtemps constitué un obstacle majeur à la résurrection et à la modernisation de la Chine”. En 1950, le gouvernement de Mao a promulgué une loi sur le mariage interdisant les mariages arrangés, le concubinage et la bigamie tout en facilitant le divorce pour les deux sexes. C’était alors l’une des secousses gouvernementales les plus fortes jamais tentées dans le domaine des relations conjugales et familiales.

    Lorsque le PCC a pris le pouvoir, les quatre cinquièmes de la population étaient analphabètes. Ce pourcentage a été ramené à environ 35 % en 1976, lorsque Mao est décédé. Reflet de son retard écrasant, il n’y avait que 83 bibliothèques publiques dans toute la Chine avant 1949 et seulement 80.000 lits d’hôpital. En 1975, il y avait 1.250 bibliothèques et 1,6 million de lits d’hôpitaux.

    L’espérance de vie moyenne n’était que de 35 ans en 1949. Elle fut portée à 65 ans au cours de la même période. Les innovations en matière de santé publique et d’éducation, la réforme (c’est-à-dire la simplification) de l’alphabet écrit et, plus tard, le réseau des “médecins aux pieds nus ” qui couvrait la plupart des villages, ont transformé la situation des pauvres en milieu rural. Ces résultats furent obtenus alors que la Chine était beaucoup plus pauvre qu’aujourd’hui. Ce constat tranche fortement avec la crise actuelle des soins de santé et de l’éducation dans le pays, qui résulte directement de la commercialisation et de la privatisation de ces secteurs.

    L’abolition du féodalisme et du contrôle impérialiste sur le pays était une condition préalable cruciale pour lancer la Chine sur la voie du développement industriel moderne. Au début, le régime de Mao espérait s’allier avec certaines catégories de capitalistes. D’importantes sections de l’économie avaient donc été laissées aux mains du privé. Au milieu des années 1950, cependant, le régime avait été forcée d’aller jusqu’au bout en expropriant même les “capitalistes patriotes”. Leurs entreprises ont été incorporées dans un plan d’État calqué sur le système bureaucratique de planification qui prévalait en Union soviétique. En comparaison d’un régime de véritable démocratie ouvrière, le plan maoïste-stalinien était un instrument brutal. Mais il s’agissait tout de même d’un instrument incomparablement plus vital que le capitalisme chinois affaibli et corrompu.

    L’économie chinoise était particulièrement arriérée au début de ce processus. En raison de cela, l’industrialisation réalisée au cours de sa phase d’économie planifiée fut vraiment étonnante. De 1952 à 1978, la part de l’industrie dans le PIB est passée de 10% à 35% (selon les données de l’OCDE de 1999).

    C’est l’un des taux d’industrialisation les plus rapides jamais atteints, supérieur même à celui de Grande-Bretagne pour la période 1801-1841 ou celui du Japon en 1882-1927. Au cours de cette période, la Chine a créé à partir de rien ses industries aéronautique, nucléaire, marine, automobile et de machinerie lourde. Le PIB mesuré en parités de pouvoir d’achat a augmenté de 200 %, tandis que le revenu par habitant a augmenté de 80 %. Comme Meisner l’affirme : “C’est à l’époque de Mao que les bases essentielles de la révolution industrielle chinoise ont été jetées. Sans elles, les réformateurs de l’après-Mao n’auraient pas eu grand-chose à réformer”.

    Les deux grandes révolutions du siècle dernier, la révolution russe (1917) et la révolution chinoise (1949), ont contribué davantage à façonner le monde dans lequel nous vivons que tout autre événement de l’histoire humaine. Tous deux sont le résultat de l’incapacité totale du capitalisme et de l’impérialisme à résoudre les problèmes fondamentaux de l’humanité. Tous deux étaient également des mouvements de masse à une échelle épique, et non des coups d’État militaires comme le prétendent de nombreux politiciens et historiens capitalistes. Cela dit, des différences fondamentales et décisives existent entre ces révolutions.

    Le stalinisme

    Le système social établi par Mao était un système stalinien plutôt que socialiste. L’isolement de la Révolution russe après la défaite des mouvements révolutionnaires en Europe et ailleurs dans les années 1920 et 1930 a conduit à l’émergence d’une bureaucratie conservatrice personnifiée par Staline. Cette bureaucratie reposait sur l’économie d’Etat de laquelle elle retirait ses pouvoirs et privilèges. Tous les éléments de la démocratie ouvrière – la gestion et le contrôle par les représentants élus et l’abolition des privilèges – avaient été écrasés.

    Comme l’a expliqué Léon Trotsky, une économie planifiée a besoin du contrôle démocratique des travailleurs de la même manière qu’un corps humain a besoin d’oxygène. Sans cela, tout le potentiel d’une économie planifiée peut être gaspillé par un régime de dictature bureaucratique. En fin de compte, cela menace directement de destruction l’édifice entier de la société, comme cela a été démontré il y a trois décennies.

    C’est pourtant ce modèle stalinien que le PCC a adopté lorsqu’il a pris le pouvoir en 1949. On était fort loin du socialisme authentique, mais l’existence d’un système économique alternatif au capitalisme ainsi que les gains visibles que cela impliquait pour la masse de la population ont exercé un puissant effet de radicalisation sur la politique mondiale. La Chine et la Russie, en vertu de leurs économies étatiques, ont joué un rôle pour forcer le capitalisme et l’impérialisme à faire des concessions, en particulier en Europe et en Asie.

    La révolution chinoise a accru la pression sur les impérialistes européens pour qu’ils quittent leurs colonies de l’hémisphère sud. Elle a également poussé l’impérialisme américain à parrainer une industrialisation rapide du Japon, de Taïwan, de Hong Kong et de Corée du Sud afin d’utiliser ces États comme tampons par crainte de la propagation de la révolution. Comme Marx l’a expliqué, la réforme est souvent un sous-produit de la révolution. Ce fut le cas de la réforme agraire et de la destruction du féodalisme menée par les régimes militaires asiatiques dans la sphère de contrôle américaine dans les années 1950, ce qui est à l’origine de la croissance rapide du capitalisme asiatique à partir là.

    Différentes classes et différents programmes

    Alors que les révolutions russe et chinoise étaient dirigées par des partis communistes de masse, des différences fondamentales existaient entre eux en termes de programme, de méthodes et surtout de base de classe. C’est toute la différence entre le marxisme authentique et sa caricature stalinienne perverse.

    La Révolution russe de 1917 avait un caractère prolétarien, c’est-à-dire reposant sur la classe ouvrière. Ce facteur est d’importance décisive. Cela lui a donné l’indépendance politique et l’audace historique de se lancer sur une voie jamais explorée auparavant. Les dirigeants de cette révolution, surtout Lénine et Trotsky, étaient internationalistes et considéraient la révolution russe comme la porte ouverte vers une révolution socialiste mondiale.

    En revanche, la plupart des dirigeants du PCC étaient en réalité des nationalistes avec un mince vernis d’internationalisme. Cela provient de la base paysanne de la révolution chinoise. Lénine avait fait remarquer que la paysannerie est la moins internationale de toutes les classes. Ses conditions de vie dispersées et isolées lui confèrent une perspective paroissiale, qui la bloque même dans de nombreux cas pour disposer d’une perspective nationale. Le discours de Lénine proclamant la formation du gouvernement soviétique le 25 octobre 1917 se termina par ces mots : “Vive la révolution socialiste mondiale !” Le discours de Mao le 1er octobre 1949 ne mentionnait pas la classe ouvrière, mais soulignait que les Chinois s’étaient levés, faisant même référence aux “Chinois d’outre-mer et autres éléments patriotiques”.

    La Révolution chinoise était de caractère paysan ou petit bourgeois. En Chine, la prise du pouvoir a été opérée par l’Armée populaire de libération (APL) au lieu du mouvement ouvrier à l’aide de conseils ouvriers élus (les soviets) – les forces motrices de la révolution russe – et d’un parti ouvrier marxiste démocratique, celui des bolcheviks. En Chine, la classe ouvrière n’a joué aucun rôle indépendant et a même reçu l’ordre de ne pas entrer en grève ou de manifester mais d’attendre l’arrivée du l’APL dans les villes.

    La paysannerie est capable d’un grand héroïsme révolutionnaire, comme l’a démontré l’histoire de la lutte de l’Armée rouge/APL contre le Japon et le régime dictatorial de Chiang Kai-shek. Mais elle est incapable de jouer un rôle indépendant. Tout comme les villages s’inspirent des villes, politiquement, la paysannerie soutient l’une ou l’autre des classes urbaines : la classe ouvrière ou les capitalistes. En Chine, ce ne sont pas les villes qui ont mis les campagnes en mouvement. Le PCC est arrivé au pouvoir en s’attirant une masse de paysans et en occupant ensuite des villes largement passives et lasses de la guerre. La base de classe de cette révolution signifiait qu’elle pouvait imiter un modèle de société existant, mais pas en créer un neuf.

    L’orientation paysanne du PCC est née de la terrible défaite de la révolution de 1925-1927, causée par la théorie des étapes de l’Internationale communiste dirigée par Staline. Ce dernier soutenait que puisque la Chine n’était qu’au stade de la révolution bourgeoise, les communistes devaient être prêts à soutenir et à servir le Parti nationaliste bourgeois de Chiang Kai-shek (le Kuomintang). La jeune et impressionnante base ouvrière du PCC a été brutalement écrasée en raison de cette erreur.

    Mais alors qu’une importante minorité trotskyste s’est formée peu après cette défaite, en tirant la conclusion correcte que c’est à la classe ouvrière et non aux capitalistes de diriger la révolution chinoise, la majorité des dirigeants du PCC s’en sont tenus au concept stalinien de la révolution par étapes. Ironiquement, ces derniers ont toutefois rompu avec cette idée dans la pratique après avoir pris le pouvoir en 1949.

    C’est ainsi qu’à la fin des années 1920, le principal groupe de cadres du PCC, issus pour la plupart de l’intelligentsia, est parti vers les campagnes avec ces idées pseudo-marxistes erronées afin d’y mener une lutte de guérilla. Chen Duxiu, fondateur du PCC, puis partisan de Trotsky, a averti que le PCC risquait de dégénérer en “conscience paysanne”. Le jugement s’est avéré prophétique. En 1930, seulement 1,6 % des membres du parti étaient des travailleurs, comparativement à 58 % en 1927. Cette composition de classe est restée pratiquement inchangée jusqu’à l’arrivée au pouvoir du parti en 1949, conséquence automatique de l’accent mis par la direction sur la paysannerie et sur le rejet des centres urbains comme principal théâtre de la lutte.

    Parallèlement, le parti s’est bureaucratisé. Le débat interne et la démocratie y ont été remplacés par un régime autoritaire, par les purges et par le culte de la personnalité de Mao. Tout cela était copié de Staline. Un milieu paysan et une lutte essentiellement militaire sont beaucoup plus propices à l’émergence d’une bureaucratie qu’un parti plongé dans les luttes ouvrières de masse. Ainsi, alors que la Révolution russe a dégénéré dans des conditions historiques défavorables, la Révolution chinoise a été bureaucratiquement défigurée dès ses origines. Cela explique la nature contradictoire du maoïsme : des gains sociaux importants aux côtés d’une répression brutale et d’un régime dictatorial.

    La haine du Kuomintang

    Lorsque la guerre d’occupation japonaise a pris fin en 1945, l’impérialisme américain n’a pas pu imposer directement sa propre solution à la Chine. La pression était trop forte pour “ramener les troupes à la maison”. Par conséquent, les Etats-Unis n’avaient d’autre choix que de soutenir le régime corrompu et incroyablement incompétent de Chiang Kai-shek en lui fournissant de l’aide et des armes pour une valeur totale de six milliards de dollars.

    Quelques années plus tard, le président Truman a illustré la confiance de Washington envers le gouvernement du Kuomintang : “Ce sont des voleurs, chacun d’entre eux. Ils ont volé 750 millions de dollars sur les milliards que nous avons envoyés à Chiang. Ils ont volé cet argent, qui a été investi dans l’immobilier à Sao Paulo et ici même à New York”.

    Pour les masses, le régime nationaliste fut un désastre absolu. Dans les dernières années du régime du Kuomintang, plusieurs villes ont fait état de “personnes affamées, sans soins et mourantes dans la rue”. Des usines et des ateliers ont fermé leurs portes par manque d’approvisionnement ou parce que les travailleurs étaient trop affaiblis par la faim pour travailler. Les exécutions sommaires et la criminalité endémique des triades étaient la norme dans les grandes villes.

    Parallèlement à la réforme agraire introduite dans les zones libérées, le principal atout du PCC était la haine éprouvée envers le Kuomintang. Des soldats ont déserté en masse pour rejoindre l’Armée rouge/APL. A partir de l’automne 1948, les armées de Mao ont remporté des victoires écrasantes dans plusieurs grandes batailles. Dans toutes les villes du pays, les forces du Kuomintang se rendaient, désertaient ou organisaient des rébellions pour rejoindre l’APL. Le régime de Chiang s’est décomposé de l’intérieur. Le PCC a pu jouir de circonstances exceptionnellement favorables. Mais les mouvements de guérilla maoïste qui ont par la suite tenté de reproduire l’expérience en Malaisie, aux Philippines, au Pérou et au Népal n’ont pas eu cette chance.

    En appliquant une politique reposant véritablement sur le marxisme, le renversement du Kuomintang aurait très certainement pu s’opérer plus rapidement et moins douloureusement. De septembre 1945, à la suite de l’effondrement de l’armée japonaise, jusqu’à la fin de 1946, les travailleurs de toutes les grandes villes ont déclenché une magnifique vague de grève. A Shanghai, ce sont 200.000 personnes qui se sont mises en grève ! De leur côté, les étudiants se sont déversés dans les rue en masse dans tout le pays. Cela reflétait la radicalisation des couches moyennes de la société.

    Les étudiants revendiquaient la démocratie et s’opposaient à la conscription militaire pour se battre contre le PCC au côté du Kuomintang. Les travailleurs exigeaient des droits syndicaux et la fin du gel des salaires. Au lieu de donner une nouvelle impulsion à ce mouvement, le PCC l’a freiné. Il a poussé les masses à éviter les “extrêmes” dans leur lutte. A ce stade, Mao était encore gagné à la perspective d’un “front unique” avec la bourgeoisie “nationale”. Il ne fallait donc pas à ses yeux effrayer cette dernière en raison du militantisme de la classe ouvrière.

    Les étudiants n’ont été utilisés que comme monnaie d’échange par le PCC pour faire pression sur Chiang afin qu’il entame des pourparlers de paix. Le PCC a fait tout son possible pour que les luttes des étudiants restent séparées de celles des travailleurs. Les lois inévitables de la lutte de classe sont telles que cette limitation du mouvement a produit la défaite et la démoralisation. Beaucoup d’étudiants et d’activistes ouvriers ont été emportés par la vague de répression du Kuomintang qui a suivi. Certains ont été exécutés. Une occasion historique a été manquée, ce qui a prolongé la vie de la dictature de Chiang et a laissé les masses largement passives dans les villes pour le reste de la guerre civile.

    La théorie des étapes

    Conformément à la théorie stalinienne des étapes, Mao écrivait en 1940 : “La révolution chinoise dans sa phase actuelle n’est pas encore une révolution socialiste pour le renversement du capitalisme mais une révolution bourgeoise-démocratique, sa tâche centrale étant principalement de combattre l’impérialisme étranger et le féodalisme intérieur” (Mao Zedong, La Démocratie Nouvelle, janvier 1940).

    Afin de créer un bloc avec les capitalistes “progressistes” ou “patriotiques”, Mao a limité la réforme agraire (jusqu’à l’automne 1950, elle n’avait été menée que dans un tiers de la Chine). En outre, alors que les entreprises des “capitalistes bureaucratiques” – les copains et les fonctionnaires du Kuomintang – ont été immédiatement nationalisées, les capitalistes privés ont conservé leur contrôle et, en 1953, ils représentaient 37% du PIB.

    La guerre de Corée, qui a éclaté en juin 1950, a constitué une épreuve décisive. Cela a entraîné une escalade massive de la pression américaine, des sanctions économiques et même la menace d’une attaque nucléaire contre la Chine. La guerre et la situation mondiale fortement polarisée qui l’accompagnait (la “guerre froide” entre l’Union soviétique et les Etats-Unis) signifiait que le régime de Mao, pour rester au pouvoir, n’avait d’autre choix que de parachever la transformation sociale, d’accélérer la réforme agraire et d’étendre son contrôle sur l’économie tout entière.

    La révolution chinoise était donc une révolution paradoxale, inachevée, qui a livré un progrès social monumental mais créé parallèlement une dictature bureaucratique monstrueuse dont le pouvoir et les privilèges sapaient de plus en plus le potentiel de l’économie planifiée. A la mort de Mao, le régime était profondément divisé et en crise. Il craignait les bouleversements de masse qui pourraient le renverser.

    Aujourd’hui, en Chine, certains sont devenus des anticommunistes endurcis qui soutiennent le capitalisme mondial en croyant qu’il s’agit d’une alternative au régime actuel. D’autres se sont tournés vers l’héritage de Mao, qu’ils estiment avoir été complètement trahi par ses successeurs. Dans ce contexte de turbulences sociales et politiques croissantes, de véritables marxistes organisés au sein du Comité pour une Internationale Ouvrière en Chine, à Hong Kong et à Taïwan, font campagne à travers le site chinaworker.info et d’autres publications pour défendre que le socialisme démocratique mondial est la seule issue.

  • Hong Kong : Quelle voie le mouvement de masse doit-il suivre ?

    Ce dimanche 21 juillet, une autre grande manifestation a été organisée par le Front des droits humains civils dans le cadre de la lutte de masse qui se poursuit contre le gouvernement de Carrie Lam. Socialist Action (CIO – Hong Kong) a diffusé ce tract durant cette manifestation.

    • Non aux interdictions de manifestation ! Luttons contre la “loi martiale” rampante !
    • Intensifions la lutte de masse et étendons-là à la Chine !
    • Non à la dictature du PCC (Parti soi-disant communiste) et aux riches !

    Le gouvernement de Carrie Lam est plus “mort” que son projet de loi d’extradition. Mais le PCC ne permettra pas au gouvernement de tomber parce qu’il craint que cela soit perçu comme une défaite pour l’empereur Xi Jinping et que cela puisse permettre à la lutte de masse de s’étendre en Chine. Le choix d’un nouveau chef de l’exécutif ouvrirait les vannes des revendications de masse en faveur d’une véritable démocratie à Hong Kong contre le système autoritaire dominé par les milliardaires.

    Le sol sous notre lutte de masse s’est donc déplacé. Ce n’est pas seulement une lutte contre le “fantôme” de Carrie Lam. Il s’agit maintenant principalement d’une lutte directe contre la dictature du PCC – le vice-premier ministre Han Zheng serait assis à Shenzhen pour diriger les actions quotidiennes du gouvernement et de la police de Hong Kong, qui sont maintenant le principal outil de la politique du PCC à Hong Kong.

    La police et le camp de l’establishment pro-Pékin s’efforcent de provoquer des “émeutes” comme prétexte à une répression. La folle et dangereuse violence policière au Sha Tin New Town Plaza Mall (le dimanche 14 juillet, plus de 20 personnes ont été hospitalisées et deux sont dans un état critique) a montré la nouvelle “stratégie” de la police qui consiste à piéger et provoquer les jeunes dans des batailles. Cette stratégie policière est si imprudente qu’elle pourrait entraîner des morts !

    Ils veulent se servir de cette excuse pour interdire les manifestations. Le gouvernement teste actuellement la possibilité d’une éventuelle “loi martiale” de facto dans certains districts. Si cela réussit, ils essaieront de l’étendre à l’ensemble de Hong Kong. Notre mouvement doit refuser d’accepter toute interdiction – si la police refuse la permission, nous manifesterons quand même ! Nous défendrons notre liberté de réunion comme un droit sacré !

    Pour gagner contre cette stratégie de la police du PCC et de Hong Kong, le mouvement de masse doit s’intensifier. Cette escalade comporte trois volets, qui sont tous essentiels au succès.

    1) Nous devons étendre la révolution à la Chine. Pour une lutte de masse unie des peuples de Hong Kong et de Chine contre la dictature du PCC ! La Chine et Hong Kong sont toutes deux confrontées à un régime autoritaire, à la répression policière, à des inégalités anciennes et de plus en plus graves, au manque de logements abordables, aux emplois sans avenir pour les jeunes et à la dictature des magnats.

    2) Nous devons élever la lutte au-delà des “5 revendications “* immédiates pour appeler à la fin du système capitaliste autoritaire à Hong Kong, à l’instauration d’un véritable suffrage universel pour tous à partir de 16 ans, au remplacement du Legco (conseil législatif de Hong Kong) truqué par une Assemblée populaire pleinement démocratique et à l’extension du contrôle démocratique sur l’économie afin de briser l’emprise des magnats sur le secteur immobilier, les banques et les grandes entreprises, ce qui est source de pauvreté, d’heures de travail excessives et de crise immobilière.

    3) Nous devons sérieusement organiser une grève générale d’une journée pour faire tomber le gouvernement – cela signifie que nous devons commencer dès maintenant à créer des comités de grève et des organisations syndicales dans tous les lieux de travail et dans les établissements scolaires.

    Notre mouvement a déjà ébranlé la dictature de Xi et donné au PCC sa crise la plus grave depuis trente ans. Mais bien sûr, cela signifie qu’ils se préparent sérieusement à riposter. La lutte de masse a besoin d’une organisation de masse – par le biais de comités démocratiques de base dans tous les domaines – pour unir la lutte, prévenir la fragmentation et décider démocratiquement quelles sont les prochaines actions à entreprendre.

    L’extension de la lutte de masse à la Chine sera une question de vie ou de mort – si nous restons un mouvement de masse à Hong Kong seulement alors, comme en 2014, le régime peut attendre et vaincre le mouvement. Une lutte aussi avancée, transfrontalière, impliquant de nombreux secteurs, ne peut se faire sans une véritable organisation et des structures démocratiques. Des réseaux lâches et des actions “spontanées” ne suffisent pas ! C’est pourquoi Socialist Action est favorable à la création d’un nouveau parti de masse des travailleurs et pour des syndicats combattifs, qui seraient les véhicules d’une lutte organisée capable de vaincre la dictature et la classe capitaliste dont elle protège le pouvoir économique.

    Si Hong Kong parvient à organiser une véritable grève politique d’une journée, cela exercera directement une pression sans précédent sur le gouvernement de Hong Kong et le PCC. En même temps, cela attirera une attention massive et augmentera l’importance de notre lutte aux yeux des masses en Chine et dans le monde, augmentant ainsi la confiance et la volonté de lutter de Hong Kong et du peuple chinois.

    Socialist action revendique :

    • Nous voulons une démocratie entière et immédiate à Hong Kong et en Chine !
    • Pour l’organisation d’une grève générale d’une journée à Hong Kong comme prochaine action majeure du mouvement de masse ; établissement de comités de grève et création de syndicats de lutte puissants pour empêcher les employeurs de persécuter et licencier les grévistes.
    • Non à la dictature du PCC et des riches. Virez les magnats capitalistes !
    • Pour la construction d’un nouveau parti de la classe ouvrière qui lie la lutte pour une véritable démocratie aux conditions de vie misérables des travailleurs. Nous sommes opposés au système actuel contrôlé par les capitalistes, qui comptent sur le gouvernement autoritaire violent pour protéger leurs milliards. Par conséquent, nous prônons le socialisme et un contrôle démocratique total sur le gouvernement et l’économie !

    *Les 5 revendications du mouvement de la loi contre l’extradition sont le retrait formel du projet de loi, la démission de Carrie Lam en tant que directrice générale, le retrait de l’accusation d’”émeute” contre les manifestants arrêtés, la libération de tous les manifestants arrêtés et une enquête publique indépendante sur les violences policières contre des manifestants non armés.

  • Chine : 30 ans après le massacre de Tiananmen

    Ce 4 juin établira un record de participation à la veillée de Hong Kong commémorant le massacre de Pékin

    Aujourd’hui marque le 30e anniversaire de l’horrible massacre perpétré à Pékin par l’Armée populaire de libération (APL) sur ordre des principaux dirigeants chinois. La Chine était alors en proie à un mouvement de masse révolutionnaire. Les manifestations de masse qui ont éclaté en avril 1989 ont paralysé Pékin pendant sept semaines et se sont étendues à plus de 300 villes. Une multitude de ‘‘mini-Tiananmens’’ ont également eu lieu ailleurs, d’énormes mouvements de contestation ont saisi des villes telles que Chengdu et Xian, dont les principales places ont également été occupées par des centaines de milliers de manifestants.

    Par Dikang, chinaworker.info

    Suite à la répression du 4 juin à Pékin, on estime généralement qu’un millier de personnes ont été tuées, voire beaucoup plus. S’ajoute à cela encore davantage de morts, de blessés et d’arrestations dans plusieurs villes du pays.

    Dans la nuit du 3 au 4 juin, des chars et des convois blindés de l’APL ont commencé à tirer dans la capitale chinoise depuis quatre directions. La résistance de masse fut héroïque de la part des travailleurs et des citoyens ordinaires de Pékin, notamment des jeunes.

    ‘‘Tuez ceux qui doivent être tués’’

    L’invasion de la capitale par l’armée, avec 200.000 hommes (assez pour envahir tout un pays), avait été stoppée, la troupe ayant été obligée de camper en banlieue pendant quinze jours et quinze nuits en raison de la mobilisation massive de la classe ouvrière et des citoyens ordinaires de Pékin. Les hauts dirigeants avaient cru qu’une simple démonstration de force militaire suffirait à refroidir les masses et à ‘‘rétablir l’ordre’’, c’est-à-dire à restaurer leur pouvoir autoritaire ébranlé.

    L’ingéniosité et l’audace des masses avaient émoussé les premiers déploiements militaires. Les soldats ne voulaient pas attaquer le peuple. Les officiers de l’armée étaient divisés et ne savaient pas exactement quelles forces du régime étaient aux commandes à ce moment, ni d’ailleurs ce que les dirigeants voulaient vraiment. L’APL était paralysée, ce qui a engendré une crise encore plus grave au sein du régime. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles la violence a été si extrême lorsqu’elle a fini par éclater.

    Plus d’un million de personnes ont participé au ‘‘mur humain’’ de 15 jours de Pékin, comme le décrit Chen Bo dans le livre Seven Weeks that Shook the World (publié par chinaworker.info, ouvrage disponible sur leur boutique en ligne), pour bloquer et s’engager avec les unités PLA. Avec tout le respect que nous devons aux étudiants, les événements représentaient bien plus qu’un ‘‘mouvement étudiant’’. C’est une lutte révolutionnaire qui touchait toutes les couches de la société qui se déroulait alors. Des diplomates américains à Pékin se sont plaints d’avoir dû envoyer leurs voitures chercher leurs homologues chinois dans l’enceinte diplomatique du PCC parce que les chauffeurs des responsables chinois manifestaient dans la rue.

    ‘‘Tuez ceux qui doivent être tués, condamnez ceux qui doivent être condamnés’’, a déclaré Wang Zhen, un colonel loyal à Deng Xiaoping, l’architecte ultime de la répression. Deng avait dit qu’il était prêt à ordonner la mort de 20.000 personnes si cela garantissait vingt ans de stabilité en Chine.

    Ces événements sanglants ont façonné la Chine d’aujourd’hui, la deuxième économie capitaliste la plus puissante du monde dirigée par un régime nominalement “communiste” qui refuse d’accepter même les plus petites réformes démocratiques. Ce régime a plutôt renforcé la répression d’Etat et le contrôle politique pour atteindre des niveaux sans précédent, tout particulièrement ces cinq dernières années.

    Certains considèrent cette répression comme était symptomatique du mal du ‘‘communisme’’ maoïste alors qu’en fait, dans le cas de la Chine, la répression s’est accrue à mesure que le pays devenait capitaliste. Comme l’a déclaré au Washington Post (25 mai 2019) un militant marxiste de 20 ans engagé dans la lutte contre la répression de 2019 des étudiants et des militants ouvriers de gauche : ‘‘Une fois qu’on étudie le marxisme, on sait que le vrai socialisme et le soi-disant socialisme chinois aux caractéristiques chinoises sont deux choses différentes. Ils vendent le fascisme comme le socialisme, comme un vendeur de rue fait passer la viande de chien pour de l’agneau.’’

    Le rôle principal de l’Etat policier surdimensionné du PCC, qui compte pas moins de 10 millions d’espions sur Internet et un budget de sécurité équivalent au PIB de l’Egypte (193 milliards de dollars en 2017), est d’empêcher la classe ouvrière de s’organiser.

    ‘‘Au cours des 40 dernières années, le marché a été considéré comme une baguette magique en Chine’’, affirme le militant syndical Han Dongfang. ‘‘C’est ironique que les gens agitent le drapeau communiste, mais en fait, le parti est le plus grand partisan du capitalisme, du marché et de la loi de la jungle au monde.’’ [Financial Times, 24 mai 2019]

    Les syndicats indépendants

    Han a été emprisonné après le massacre du 4 juin pour son rôle de pionnier des syndicats indépendants qui ont émergé lors de la lutte de masse de 1989. Ces syndicats étaient les principales cibles de la répression effectuée ensuite par le régime. Les premiers jours du mouvement, le régime a tout fait pour essayer de nier le rôle que jouaient la classe ouvrière, les syndicats indépendants nouvellement créés et les grèves généralisées. Mais le régime du PCC a ensuite dirigé les éléments les plus redoutables de la répression contre la classe ouvrière. L’endroit de la place Tiananmen où les syndicats indépendants avaient leur siège fut l’endroit où la répression fut la plus sanglante le 4 juin.

    La poignée d’activistes étudiants les plus recherchés à Pékin en 1989 ont passé tout au plus de deux à trois ans en prison. C’était déjà de trop, bien entendu. Mais sur les 20.000 personnes arrêtées dans les mois qui ont suivi la répression, on estime que 15.000 étaient des travailleurs pour la plupart accusés d’avoir organisé des grèves (‘‘sabotage’’) et des syndicats de travailleurs clandestins (‘‘collusion avec des forces étrangères’’). Aucun étudiant n’a été exécuté, mais ce sort a touché des dizaines de travailleurs, tandis que d’autres ont été condamnés à perpétuité ou à de nombreuses années de travaux forcés.

    La plupart des reportages sur le mouvement de 1989 le décrivent comme un “mouvement étudiant”. Cela ne n’aborde qu’une partie du tableau. Les étudiants ont déclenché la lutte en marchant jusqu’à la place Tiananmen et en l’occupant par la suite. Ils fait preuve d’héroïsme et d’audace, mais ils avaient aussi plus d’illusions dans l’aile “réforme” du PCC autour du secrétaire général Zhao Ziyang. Ce dernier était favorable à une ouverture démocratique progressive et contrôlée de la Chine, contrairement aux dirigeants plus radicaux qui voulaient renforcer le régime autoritaire et estimaient que les réformes “libérales bourgeoises” de Zhao étaient allées trop loin. Zhao avait rendu possible un assouplissement très partiel du contrôle des médias et avait aboli les “cellules du parti” dans les officines gouvernementales (ces cellules étaient en réalité des groupes de surveillance et de contrôle fidèles au régime).

    L’essentiel des reportages consacrés aux événements de Tiananmen omettent de parler du rôle clé de la classe ouvrière. Les protestations étudiantes avaient déjà atteint leur paroxysme, de nombreux militants étaient épuisés par les grèves de la faim de masse qui avaient commencé en mai. Les premiers dirigeants étudiants issus des écoles les plus prestigieuses de Pékin, qui entretenaient un lien plus fort avec certaines couches de la bureaucratie du PCC, avaient été remplacées par de nouvelles couches d’étudiants venant souvent de l’extérieur de Pékin et d’un milieu ouvrier. Le poids spécifique des étudiants au sein du mouvement de masse dans son ensemble a diminué à mesure que les travailleurs, et la jeunesse ouvrière de Beijing en particulier, ont commencé à jouer un rôle plus important. Ce changement a été accéléré lorsque l’armée est entrée à Pékin le 20 mai, à la suite de la proclamation de la loi martiale.

    Les événements ont commencé comme un mouvement de contestation étudiant visant à renforcer l’aile “réformiste” du PCC et à mettre de côté les partisans les plus autoritaires de sa “vieille garde”. Mais il s’est bien vite transformé en une lutte de classe majoritairement ouvrière avec un objectif plus déterminé mais pas totalement clair : la défaite du régime dans son ensemble, sans entretenir de liens particuliers avec Zhao et ses alliés réformateurs.

    Hélas, cet objectif n’était pas servi par une stratégie claire, par un programme élaboré de revendications et par des mesures à adopter pour faire avancer ce mouvement. Alors que les dirigeants étudiants qui avaient initié la lutte rechignaient à aller “trop loin” et voulaient initialement tenir les travailleurs à l’écart des manifestations de masse (de peur de “provoquer” le gouvernement), les couches les plus fraîches et les plus prolétariennes qui remplissaient le mouvement n’avaient pas de telles réserves.

    Aux yeux de ces derniers, le mouvement est rapidement devenu une question de vie ou de mort. Le régime n’était pas prêt à faire des concessions. Mais il manquait un programme clair et une organisation politique – un parti socialiste révolutionnaire – capable de voir comment répondre aux besoins de la situation en réorientant à temps le mouvement de masse.

    La lutte pour le pouvoir au sein de l’élite

    Zhao a été vaincu de manière décisive dans la lutte pour le pouvoir qui a connu son apogée en mai 1989 autour de la controverse portant sur les concessions ou l’utilisation de l’armée pour réprimer les manifestations. Cette lutte de pouvoir fut brutale et Zhao fut assigné à résidence jusqu’à sa mort quinze ans plus tard. Cela explique aussi pourquoi Deng et ses complices ont déclenché une violence gratuite et excessive les 3 et 4 juin.

    ‘‘Il fut un temps, en mai 1989, où le gouvernement chinois fut renversé en tant que véritable autorité de contrôle’’, écrivait A. M. Rosenthal dans le New York Times du 23 mai 1989. La description est exacte. Cet auteur, il y a trente ans, a fait une autre observation très importante : ‘‘Comme aucune autorité n’est disponible pour intervenir, le gouvernement chinois sera probablement en mesure de rassembler ce qui reste de son influence et d’invoquer son autorité à diriger la nation une fois de plus.’’

    En 1989, la Chine s’est retrouvée dans une lutte à mort entre la révolution (le mouvement de masse) et la contre-révolution (le régime pro-capitaliste de Deng). Les partisans de la révolution ont échoué à présenter une autre forme de gouvernement, à demander au mouvement de masse d’aller plus loin et à construire des organes de pouvoir populaire tels que des comités démocratiques reliés à travers le pays. Ils n’ont également pas poussé les travailleurs des syndicats indépendants à prendre l’initiative pour instaurer un gouvernement démocratique des travailleurs et des pauvres. Ils ont donc perdu l’initiative.

    Le régime de Deng a réussi à retrouver son équilibre et à frapper fort. Ce faisant, il voulait faire d’une pierre deux coups. Les organisations de travailleurs ont été la cible principale, et le nettoyage des rues des manifestants avec une telle férocité qu’elles ont envoyé un signal qui a résonné à travers le pays et à travers les âges. Une autre cible de la répression sanglante était les réformateurs politiques autour de Zhao, qui avaient joué à soutenir ou à faire des concessions aux étudiants protestataires. Le message de la répression était que si toutes les ailes du PCC étaient d’accord sur la nécessité de mesures plus capitalistes, la ” réforme politique ” et une ” démocratie ” à l’occidentale n’étaient plus sur la table.

    Cela n’a pas conduit, comme certains commentateurs l’ont prétendu, à la reconsolidation d’un régime stalinien non capitaliste, un système social qui avait déjà commencé à rompre avec les réformes capitalistes significatives de la décennie précédente. La dialectique de la situation était que la répression du 4 juin, prétendument pour défendre le ” socialisme “, a été un moment décisif qui a poussé le régime chinois à achever la transition au capitalisme avec des caractéristiques chinoises plutôt uniques. 1989 a été une révolution politique vaincue, bien qu’elle n’ait pas encore pleinement articulé ses objectifs.

    Une restauration capitaliste brutale

    Sous Deng, allait continuer sur la voie du capitalisme, en particulier avec son historique tournée dans le Sud de 1992, mais sous le contrôle strict de l’Etat-PCC afin d’assurer que l’élite du parti et surtout les “princes” – la monarchie du PCC – puissent prendre en mains les morceaux les plus juteux de l’économie capitaliste tout en maintenant un contrôle politique ferme sur la classe ouvrière. C’est ainsi qu’ils envisageaient prévenir toute résistance contre le retour brutal du capital. Jusqu’à 60 millions d’emplois ont été perdus lors de la privatisation des industries publiques qui a atteint son paroxysme à la fin des années 1990. Les emplois permanents ont été remplacés par des contrats temporaires et précaires et par le travail intérimaire. Le secteur public chinois emploie aujourd’hui 60 millions de travailleurs intérimaires à des salaires et avantages sociaux inférieurs, soit plus que sa main-d’œuvre permanente.

    Les logements ont été privatisés dans le cadre d’une réforme “big bang” en 1998 similaire aux politiques de Margaret Thatcher menées à bien moindre échelle en Angleterre. Aujourd’hui, 95 % du marché immobilier chinois est composé de propriétaires, avec seulement un minuscule secteur du logement social, en comparaison de 51 % en Allemagne et de 65 % aux Etats-Unis. Le prix des maisons est devenu un fardeau énorme pour la classe ouvrière et la classe moyenne chinoise. Les prix moyens des maisons à Pékin par rapport aux revenus moyens sont parmi les plus élevés au monde, avec Shanghai et plusieurs autres villes chinoises (deux fois plus chers que Tokyo et presque quatre fois plus chers que Londres).

    C’est exactement ce que Léon Trotsky avait prédit dans son analyse du stalinisme – La Révolution trahie (1936) – si, comme ce fut le cas en Chine en 1989, une révolution politique ouvrière échouait à établir un contrôle démocratique sur l’économie étatique.

    Le capitalisme autoritaire chinois est enraciné dans sa peur des troubles de masse et dans l’insécurité de l’élite capitaliste. Celle-ci cache en grande partie ses richesses à la société grâce au contrôle des médias et à la propagande d’État. Son modèle capitaliste n’est pas la “démocratie” et le “libre marché” à l’américaine, mais plutôt le capitalisme autoritaire d’Asie de l’Est : le Taiwan de Chiang Kai-shek, Singapour de Lee Kuan Yew ou la Corée du Sud de Park Chung-hee. Il s’agissait de régimes entièrement capitalistes avec une économie capitaliste largement contrôlée par l’Etat ou une économie capitaliste d’Etat.

    De récentes fuites médiatiques crédibles suggèrent que la famille du président Xi Jinping, l’un des principaux ” princeps ” du PCC, a amassé 1 000 milliards de dollars de richesse à l’étranger. La plupart des dirigeants du Politburo chinois au pouvoir sont tout aussi incroyablement riches. Et il y a longtemps, la Chine a devancé les États-Unis au chapitre du nombre de milliardaires les plus riches en dollars, avec 819 contre 571 l’an dernier.

    Recent credible media leaks suggest the family of president Xi Jinping, one of the CCP’s top ‘princelings’, have amassed US$1 trillion of wealth in overseas assets. Most of China’s ruling Politburo are similarly mind-bogglingly rich. And China long ago outstripped the US in terms of the most dollar billionaires, with 819 against 571 last year.

    La veille de Hong Kong

    Les commémorations du 30e anniversaire des événements pourraient connaitre une affluence record à Hong Kong, la seule ville dirigée par le PCC où les manifestations et le souvenir du massacre du 4 juin sont tolérés. La veillée d’anniversaire de 2019 est d’autant plus importante que la lutte se poursuit contre la nouvelle loi sur l’extradition vers la Chine imposée au bulldozer par le gouvernement fantoche de Hong Kong. Cette loi permettra aux dissidents et aux militants politiques de Hong Kong d’être envoyés en Chine pour y être jugés dans un système judiciaire autoritaire connu pour ses aveux forcés et parfois télévisés, sa torture et son déni total des droits fondamentaux.

    Ailleurs, la répression du PCC continue de battre des records. Dans la région à majorité musulmane du Xinjiang, une population entière est terrorisée avec plus d’un million de personnes incarcérées dans des camps de concentration appelés “centres de formation professionnelle”. Toute la région, équivalente à la moitié de la superficie de l’Inde, est devenue un gigantesque banc d’essai pour un État policier numérique doté de technologies de pointe comme les systèmes de surveillance par reconnaissance faciale, le prélèvement d’ADN et les logiciels espions obligatoires dans tous les téléphones cellulaires.

    La répression des jeunes militants, étudiants et travailleurs de gauche à la suite de la lutte des travailleurs de l’entreprise Jasic dans le sud de la Chine, l’année dernière, est un exemple extrêmement important de l’aggravation de la répression sous Xi Jinping. Tout en se déguisant sous la bannière du “communisme” pour des raisons historiques qui n’affectent en rien la politique quotidienne, le régime de Xi a désigné les marxistes et les socialistes comme son ennemi public numéro un. Ceci dans un contexte de nervosité officielle accrue, non atténuée par l’anniversaire de Tiananmen, et par les avertissements de Xi au début de cette année que la Chine fait face à des “dangers inimaginables”.

    La “guerre froide” Chine-USA

    Une autre nouveauté qui accompagne le 30e anniversaire du 4 juin est l’escalade brutale du conflit impérialiste entre la Chine et les États-Unis, qui a commencé avec les politiques commerciales protectionnistes de Donald Trump et s’est rapidement étendue aux investissements, à la technologie, aux échanges universitaires, à la géopolitique et à la concurrence militaire. Il s’agit d’une nouvelle “guerre froide” entre les deux superpuissances, d’une lutte de pouvoir pour être numéro un plutôt que d’une lutte entre deux systèmes socio-économiques incompatibles comme ce fut le cas lors de la guerre froide du siècle dernier entre le “communisme” stalinien et le capitalisme.

    Dans ce contexte, sur la base d’intérêts divergents de grandes puissances, la Chine et les États-Unis ont également commencé à s’attaquer mutuellement à leur bilan en matière de “droits de l’homme”, ce que nous n’avons pas vu à un niveau significatif depuis plus de deux décennies.

    En privé, les principaux représentants du capitalisme américain ont qualifié la répression de 1989 de “nécessité” désagréable. Dans le passé, Donald Trump a exprimé son admiration pour la “démonstration de force” de la dictature du PCC en réprimant ce qu’il a appelé une “émeute”. Le gouvernement de George H. W. Bush a agi rapidement mais secrètement en juin 1989 pour envoyer le conseiller à la sécurité nationale Brent Snowcroft à Pékin afin de rassurer les dirigeants du PCC que les sanctions américaines (limitées) et les récriminations officielles concernant le massacre seraient temporaires et que Washington voulait maintenir “son engagement”. Une position similaire a été adoptée par le gouvernement Thatcher en Grande-Bretagne.

    Le régime chinois a assuré les gouvernements occidentaux qu’il ne fallait pas tenir compte des accusations publiques d’” ingérence occidentale” et d’”influences étrangères”. Ces accusations étaient nécessaires à des fins de propagande intérieure pour assurer que les politiques pro-capitalistes de la décennie précédente soient maintenues.

    Pour les dirigeants capitalistes occidentaux, les gains économiques et l’accès de leurs entreprises à la Chine étaient le plus important. Cela primait sur les nobles idéaux en matière de droits humains et de démocratie. Si ce ton est actuellement en train de changer, cela fait partie d’un jeu de propagande politique, les classes dirigeantes chinoise et américaine voulant présenter l’adversaire comme étant dangereux.

    Apprendre les leçons qui s’imposent

    Les leçons du mouvement de 1989 sont cruciales pour la construction d’une future alternative socialiste de masse au capitalisme en Chine et dans le monde. Le régime du stalinisme-maoïsme chinois, issu de la révolution déformée de 1949, s’était épuisé dans les années 1970 et avait épuisé sa capacité à développer l’économie. Avec les autres dictatures bureaucratiques staliniennes en Russie et en Europe de l’Est, elle est entrée dans une période de crise profonde où les couches supérieures de l’Etat ont vu dans le retour au capitalisme leur seule planche de salut.

    Le mouvement ouvrier naissant en Chine, également entravé par le renforcement des idées pro-capitalistes de droite et les dirigeants du mouvement ouvrier occidental, n’a pas pu s’organiser à temps pour empêcher la bureaucratie “communiste” de détruire l’économie planifiée et de convertir ses propres rangs en capitalistes.

    Le capitalisme, bien qu’il semble fournir des chiffres spectaculaires de PIB dans le cas de la Chine, a créé des problèmes sans précédent, des inégalités massives, une pollution inimaginable, de longues heures de travail et des revenus réels stagnants. Les tensions sociales en Chine sont plus extrêmes aujourd’hui qu’en 1989. Une nouvelle explosion de colère de masse s’annonce, comme en témoignent les avertissements à peine déguisés de Xi et d’autres hauts responsables du PCC.

    Comme le montrent les jeunes de gauche qui remplissent actuellement les cellules d’arrestation de Xi Jinping, un nouveau mouvement ouvrier socialiste est nécessaire et se développe progressivement en Chine. Aucune répression d’État ne peut l’empêcher malgré les terribles souffrances que le régime fait endurer. Comprendre clairement ce qui s’est mal passé en 1989 et qui a laissé les bouchers de Pékin s’en tirer à bon compte est la meilleure manière d’avancer et de construire un nouveau mouvement de masse contre l’autoritarisme, le capitalisme et l’impérialisme, avec en son cœur un parti des travailleurs.

  • 1949 – La révolution chinoise

    Dirigeant communiste s’adressant aux survivants de la Longue Marche.

    Le capitalisme et l’impérialisme ont été chassés du pays, mais le pouvoir politique est resté entre les mains d’un parti unique stalinien

    En cette année du 60e anniversaire de la République populaire de Chine (c’est article a initialement été publié en 2009), le régime du Parti communiste chinois est particulièrement nerveux. Il dépend de plus en plus de campagnes de propagande prestigieuses, du style Jeux olympiques, pour s’assurer une certaine base de soutien ; en effet, malgré des décennies de croissance économique record, il est à présent confronté au mécontentement des travailleurs, des paysans et de la jeunesse.

    Ma?o Tsé-Tou?ng (Mao Zedong), l’homme à la tête du Parti communiste chinois au moment de la fondation de la République populaire chinoise il y a 60 ans, a beau être crédité d’être le père fondateur de la nation, le point de vue officiel du régime actuel est que sa politique était une vision d’« ultragauche », qui a dû être « corrigée » par le retour à la loi du marché sous son successeur Te?ng Hsia?o-P’i?ng (Deng Xiaoping) en 1978. Pour en savoir plus sur la véritable histoire révolutionnaire de la Chine, nous devons tout d’abord nous pencher sur ses origines.

    Par Vincent Kolo du groupe « Ouvrier chinois » (section chinoise du CIO), 2009

    Le PCC (Parti communiste chinois) n’est pas arrivé au pouvoir à la tête d’un mouvement des travailleurs. Étant donné son orientation stalinienne et ses méthodes de même type, le PCC était à l’origine en faveur d’un programme limité, l’établissement d’une « nouvelle démocratie », dans le cadre d’une économie capitaliste. Mais, presque malgré lui, le PCC s’est retrouvé hissé à la tête d’une des plus puissantes vagues révolutionnaires de l’histoire mondiale.

    C’est cette véritable fièvre révolutionnaire de masse, dans le cadre du contexte international qui se mettait en place après la Seconde Guerre mondiale, qui a poussé le régime de Mao à introduire les changements qui ont transformé la Chine de fond en comble.

    Cela faisait longtemps que la Chine était connue comme « le grand malade » du continent asiatique ; c’était un pays pauvre, même par rapport au reste de l’Asie à cette époque. Avec son immense population (près de 500 millions d’habitants en 1949), la Chine était le plus grand « État failli » du monde et ce, depuis près de 50 ans.

    De 1911 à 1949, la Chine était un territoire déchiré, partagé entre différents chefs de guerre, avec un gouvernement central corrompu, à la merci des interventions des puissances étrangères. Mais mettre une terme à la domination des comptoirs coloniaux et à l’occupation par des armées impérialistes étrangères n’a été qu’un des gains de la révolution parmi d’autres. Le régime de Mao a également introduit une des réformes foncières les plus importantes de l’histoire mondiale – même si elle n’était pas aussi étendue que la réforme foncière mise en place par la révolution russe, la population rurale concernée était quatre fois plus grande.

    La révolution paysanne

    Cette révolution paysanne a, comme le disait l’historien Maurice Meisner, « annihilé la classe féodale chinoise en tant que classe sociale (en lui ôtant toutes les terres qui constituaient la base de son pouvoir), éliminant ainsi pour de bon une des classes dirigeantes qui avait eu avait eu le règne le plus long de l’histoire mondiale, une classe qui avait pendant très longtemps représenté un obstacle majeur à la modernisation et au retour de la Chine sur la scène mondiale. »

    En 1950, le gouvernement de Mao a également signé une loi sur le mariage qui interdisait les mariages arrangés, le concubinage et la polygamie, tout en facilitant l’obtention de divorces pour les hommes comme pour les femmes. C’était un des bouleversements les plus importants jamais vus dans l’histoire des relations familiales et maritales.

    Lorsque le PCC a pris le pouvoir, 80 % de la population était analphabète. En 1976, à la mort de Mao, l’analphabétisme était tombé à 10 %. En 1949, l’année où Mao a pris le pouvoir, il n’y avait que 83 bibliothèques publiques dans tout le pays, et 80.000 lits d’hôpitaux – une situation d’arriération. En 1975, on y trouvait 1250 bibliothèques et 1.600.000 lits d’hôpitaux.

    L’espérance de vie est passée de 35 ans en 1949 à 65 ans en 1975. Les innovations dans la santé publique et le système d’enseignement, la réforme de l’alphabet (simplification des caractères chinois), le réseau de « docteurs aux pieds nus » mis en place pour couvrir la plupart des villages ont en effet transformé les conditions des populations rurales pauvres. Toutes ces réalisations, à une époque où la Chine était bien plus pauvre qu’aujourd’hui, démontrent la faillite du nouveau système de marché libre et de privatisation qui a amené la crise dans les systèmes de santé et d’enseignement.

    L’abolition du féodalisme était une précondition cruciale pour le lancement de la Chine sur la voie du développement industriel moderne. Le régime de Mao avait tout d’abord espéré pouvoir conclure une alliance avec certaines sections de la classe capitaliste et a laissé des pans entiers de l’économie entre les mains du privé. Mais il s’est rapidement retrouvé contraint d’aller beaucoup plus loin qu’initialement prévu, en expropriant même les « capitalistes patriotes » pour incorporer leurs entreprises dans un plan étatique sur le modèle du système bureaucratique en vigueur en Union soviétique.

    Comparé à un véritable système de démocratie ouvrière, le plan maoïste-stalinien était un outil assez rudimentaire et brutal, mais un outil néanmoins, incomparablement plus vital que le capitalisme chinois corrompu et anémique qui l’avait précédé.

    Au vu du caractère relativement primitif de l’économie chinoise au début de la révolution, le niveau d’industrialisation obtenue tout au long de cette phase d’économie planifiée est absolument époustouflant. De 1952 à 1978, la part de l’industrie dans le produit national brut est passée de 10 % à 35 % (données de l’OCDE). Il s’agit d’un des taux d’industrialisation les plus rapides jamais vus, supérieur au taux d’industrialisation du Royaume-Uni à l’ère de la révolution industrielle de 1801-1841 ou à celui du Japon lors de sa période de transition au capitalisme de 1882 à 1927 (ères Meiji et Taïsh?). Au cours de cette période, la Chine a bâti des industries nucléaires, aéronautiques, maritimes, automobiles et de machinerie. Le PIB mesuré en pouvoir d’achat s’est augmenté de 200 %, tandis que le revenu par habitant augmentait de 80 %.

    Une révolution n’est pas l’autre

    Les deux grandes révolutions du 20e siècle, la révolution russe de 1917 et la révolution chinoise de 1949, ont plus contribué à changer le monde que n’importe quel autre évènement au cours de l’histoire mondiale. L’une comme l’autre ont été la conséquence de l’incapacité du capitalisme et de l’impérialisme à résoudre les problèmes fondamentaux de l’humanité. L’une comme l’autre ont été des mouvements de masse d’une ampleur épique, et non pas de simples coups d’État militaires comme les politiciens bourgeois aiment le raconter. Ayant dit ceci, il faut cependant noter des différences fondamentales et cruciales entre ces deux révolutions.

    Le système social établi par Mao n’était pas le socialisme, mais le stalinisme. C’est l’isolement de la révolution russe à la suite de la défaite des mouvements révolutionnaires en Europe et ailleurs au cours des années 1920 et 1930 qui a fait arriver au pouvoir une bureaucratie conservatrice en Russie sous Staline, qui tirait son pouvoir et ses privilèges de l’économie étatique.

    Tous les éléments de démocratie ouvrière – la gestion et le contrôle de l’économie et de la politique par des représentants élus et dépourvus de privilèges – avaient été anéantis.

    Cependant, comme l’a expliqué Léon Trotsky, une économie planifiée a tout autant besoin de démocratie pour vivre que le corps humain a besoin d’oxygène. Sans cela, sous un régime de dictature bureaucratique, le potentiel de l’économie planifiée peut être dilapidé et au final, comme cela a été démontré il y a maintenant un peu plus de vingt ans, l’ensemble de l’édifice se voit menacé de destruction.

    Mais c’est le modèle stalinien qui a été adopté par le PCC lorsqu’il a pris le pouvoir en 1949. Car même si l’URSS stalinienne était loin d’être un véritable système socialiste, l’existence d’un système économique alternatif au capitalisme et les gains visibles que cela représentait pour la grande masse de la population exerçaient un puissant pouvoir d’attraction et de radicalisation dans la politique mondiale.

    La Chine et la Russie, en raison de leurs économies étatiques, ont joué un rôle important dans la politique mondiale en contraignant le capitalisme et l’impérialisme à faire toute une série de concessions, notamment en Europe et en Asie.

    La révolution chinoise a accru la pression sur les impérialistes européens qui ont fini par évacuer leurs colonies dans l’hémisphère sud. Elle a aussi contraint l’impérialisme états-unien, craignant de voir ces pays suivre l’exemple chinois, à financer la reconstruction et l’industrialisation rapides du Japon, de Taïwan, de Hong Kong et de la Corée du Sud afin de pouvoir utiliser ces États en tant que satellites et zones-tampons pour contrer l’influence de la révolution chinoise.

    Si tant la révolution chinoise que la révolution russe étaient dirigées par des partis communistes de masse, il existait des différences fondamentales entre ces deux partis tant en terme de programme que de méthode et avant tout en terme de base sociale. La révolution russe de 1917, dirigée par le parti bolchévique, avait un caractère avant tout ouvrier, un facteur d’une importance cruciale. C’est ce facteur qui a doté la révolution russe d’une indépendance politique et d’une audace historique qui a permis à tout un pays de s’engager sur une route qui n’avait jamais été ouverte auparavant. Les dirigeants de cette révolution, notamment Lénine et Trotsky, étaient des internationalistes qui considéraient leur révolution comme le début de la révolution socialiste mondiale.

    Au contraire, les dirigeants du PCC étaient en réalité des nationalistes avec seulement un fin vernis d’internationalisme. Cela correspondait à la base paysanne de la révolution chinoise. Lénine a toujours dit que la paysannerie est la moins internationaliste de toutes les classes sociales. Ses conditions de vie, son isolement et sa dispersion, lui donnent une mentalité de village qui lui rend bien souvent difficile même le développement d’une perspective nationale.

    Plutôt qu’un mouvement ouvrier de masse basé sur des conseils avec des dirigeants élus par la base (ces conseils, appelés en russe « soviets », étant le véritable moteur de la révolution russe) dirigé par un parti prolétarien marxiste démocratique (le parti bolchévique), en Chine, le pouvoir a été pris par une armée, l’Armée de libération du peuple chinois (ALP). La classe ouvrière n’a pas joué le moindre rôle dans la révolution chinoise – au contraire, elle a même reçu des ordres pendant la révolution de ne pas faire grève ni manifester mais d’attendre l’arrivée de l’ALP dans les villes.

    La paysannerie est capable d’un grand héroïsme révolutionnaire, comme toute l’histoire de lutte de l’Armée rouge en Russie ou de l’Armée de libération du peuple en Chine l’a montré, que ce soit dans la lutte contre le Japon ou contre le régime dictatorial de Tchang Kaï-chek (Jiang Jieshi). Cependant, elle est incapable de jouer le moindre rôle politique indépendant. Tout comme les villages suivent toujours la ville, la paysannerie, sur le plan politique, est condamnée à toujours suivre l’une ou l’autre des classes urbaines : soit la classe prolétaire, soit la classe capitaliste.

    En Chine, au lieu de voir les villes se tourner vers la campagne, le PCC est arrivé au pouvoir en construisant une base de masse parmi la paysannerie avant d’occuper les villes qui étaient essentiellement passives, fatiguées par des années de guerre. La base sociale de la révolution a eu pour résultat qu’elle a pu copier un modèle social existant (celui de l’URSS), mais pas en créer un nouveau.

    La théorie de la « révolution par étapes »

    L’orientation du PCC envers la paysannerie a été élaborée à la suite de la terrible défaite de la révolution chinoise de 1925-1927, une défaite causée par la théorie de la « révolution par étapes » promue par l’Internationale communiste sous la direction de Staline. Selon cette théorie, la Chine n’était encore qu’à l’étape « nationaliste-bourgeoise » de la révolution (avec un territoire national sous la coupe de différents chefs de guerre), et donc les communistes devaient soutenir et servir le Parti nationaliste (le Kouoo-mi?n tang / Guomin dang) bourgeois de Tchang Kaï-chek. L’impressionnante base jeune et ouvrière du PCC a été brutalement massacrée lors de la prise du pouvoir par le Parti nationaliste.

    Mais si une importante minorité trotskiste s’est formée peu après cette défaite, tirant à juste titre la conclusion que la révolution chinoise devait être guidée par la classe ouvrière et non pas par les bourgeois, la majorité des dirigeants du PCC s’en sont tenus à la conception stalinienne de la « révolution par étapes », même si, ironiquement, ils ont eux-mêmes fini par comprendre qu’il fallait abandonner cette idée après leur prise du pouvoir en 1949.

    Par conséquent, à la fin des années 1920, le principal groupe de cadres du PCC (pour la plupart issus de la petite-bourgeoisie intellectuelle), conservant ces idées erronées et pseudo-marxistes, est passé à la conception d’une lutte armée à partir du village. Tch’e?n Tou?-hsie?ou (Chen Duxiu), le fondateur du PCC, qui deviendra plus tard trotskiste et sera chassé du parti pour cette raison, avait averti du fait que le PCC risquait de dégénérer au rang de la « conscience paysanne », un jugement qu’on peut qualifier de prophétique. Alors que le parti comptait 58 % d’ouvriers en 1927, il n’en comptait plus que 2 % en 1930.

    Cette composition de classe est restée pratiquement inchangée jusqu’à la prise de pouvoir en 1949, étant donné que la direction ne se focalisait plus que sur la paysannerie et rejetait les villes en tant que centres de la lutte.

    On assistait en même temps à une bureaucratisation croissante du parti, au remplacement du débat et de la démocratie internes par un régime de décrets et de purges, avec le culte de la personnalité autour de Mao – toutes ces méthodes étant copiées de celles de Staline.

    Un environnement paysan, une lutte principalement militaire, sont beaucoup plus enclins à donner naissance à une bureaucratie qu’un parti immergé dans les luttes du prolétariat. Par conséquent, alors que la révolution russe a dégénéré en raison d’un contexte historique défavorable, la révolution chinoise était bureaucratiquement déformée dès le début. C’est ce qui explique la nature contradictoire du maoïsme, d’importants gans sociaux accompagnés d’une féroce répression et d’un régime dictatorial.

    La guerre d’occupation

    Lorsque la guerre d’occupation japonaise a pris fin en 1945, l’impérialisme états-unien a été incapable d’imposer de façon directe sa propre solution pour la Chine. L’opinion publique avait en effet un fort désir de voir les soldats rentrer au pays. Les États-Unis n’ont donc pas eu d’autre option que de soutenir le régime corrompu et incroyablement incompétent de Tchang Kaï-chek en lui envoyant des quantités massives d’armement et de soutien financier.

    Les États-Unis n’avaient cependant que peu de confiance dans le régime du Parti nationaliste chinois, comme l’exprimait le président Truman quelques années plus tard : « Ce sont des voleurs, il n’y en a pas un pour racheter l’autre. Sur les milliards que nous avons envoyé à Tchang, ils en ont volé 750 millions ».

    Pour les masses, le régime « nationaliste » a été une véritable catastrophe. Ce fait est en grande partie oublié aujourd’hui, sans quoi nous n’assisterions pas au phénomène grotesque du regain de popularité de ce parti aujourd’hui en Chine parmi la jeunesse et les classes moyennes.

    Au cours des dernières années du règne du Parti nationaliste, plusieurs villes étaient réputées être remplies de « personnes en train de mourir de faim dans les rues et abandonnées là ». Les usines et les ateliers fermaient en raison du manque de matières premières ou parce que leurs travailleurs étaient trop faibles pour pouvoir accomplir leur travail, tant ils avaient faim. Les exécutions sommaires par les agents du gouvernement, le crime omniprésent sous la tutelle des gangs mafieux, tout cela était la norme dans les grandes villes.

    En plus de la redistribution des terres qu’il opérait dans les zones qu’il avait libérées, la plus grande force du Parti communiste était la haine de la population pour le Parti nationaliste. C’est également ce facteur qui a favorisé des désertions massives des soldats de Tchang Kaï-chek qui passaient à l’Armée de libération du peuple. À partir de l’automne 1948, à quelques exceptions près, les armées de Mao avançaient la plupart du temps sans aucune opposition sérieuse.

    Dans une ville après l’autre, partout dans le pays, les forces du Parti nationaliste se rendaient, désertaient, ou se mutinaient pour rejoindre l’ALP. Dans les faits, le régime de Tchang qui pourrissait de l’intérieur présentait au Parti communiste des circonstances extrêmement favorables. Les autres mouvements de guérilla maoïste qui ont tenté de reproduire chez eux la victoire de Mao (en Malaisie, aux Philippines, au Pérou, au Népal) n’ont pas eu autant de chance que lui.

    Les grèves des travailleurs

    Avec une véritable stratégie marxiste, le Parti nationaliste aurait certainement pu être dégagé beaucoup plus rapidement et à bien moindres frais.

    Dès septembre 1945, à la suite de la débandade militaire du Japon, jusqu’à la fin 1946, les travailleurs de toutes les grandes villes ont organisé une vague de grèves splendide, avec 200.000 grévistes rien qu’à Shanghaï. Les étudiants marchaient en masse dans les rues, dans le cadre d’un mouvement de masse qui reflétait la radicalisation des couches moyennes de la société.

    Les étudiants exigeaient la démocratie et rejetaient la mobilisation militaire du Parti nationaliste dans le cadre de la guerre civile contre le Parti communiste. Les travailleurs exigeaient des droits syndicaux et des hausses de salaire après des années de blocage salarial.

    Au lieu de donner une direction à ce mouvement prolétarien, le PCC a cherché à le freiner, appelant les masses à ne pas recourir à des « extrémités » dans le cadre de leur lutte. À ce moment-là, Mao était toujours convaincu de la nécessité d’un « front uni » avec la bourgeoisie nationale, qu’il ne fallait pas effrayer en soutenant les mouvements des travailleurs.

    Les étudiants ont été utilisés par le PCC en tant qu’objet de marchandage afin de faire pression sur Tchang Kaï-chek, pour le convaincre de se rendre à la table des négociations. Le PCC a tout fait pour maintenir séparées les luttes des étudiants et les luttes des travailleurs.

    Les lois inévitables de la lutte de classe sont ainsi faites qu’en s’efforçant de limiter ce mouvement, le PCC a automatiquement entrainé sa défaite et sa démoralisation. De nombreux militants étudiants et travailleurs se sont retrouvés pris par la vague de répression qui a ensuite été lancée par le régime nationaliste. Bon nombre ont été exécutés.

    Une occasion en or a été ratée, ce qui a permis à la dictature du Kouo-min tang de prolonger sa vie d’autant d’années, tout en rendant les masses urbaines passives, simples spectatrices de la guerre civile qui se jouait dans le pays.

    Après la révolution

    Toujours aussi fidèle à la théorie stalinienne de la « révolution par étapes », Mao écrivait ceci en 1940 : « La révolution chinoise à son étape actuelle n’est pas encore une révolution socialiste pour le renversement du capitalisme mais une révolution démocratique bourgeoise, dont la tâche centrale est de combattre l’impérialisme étranger et le féodalisme national » (Mao Zedong, De la Nouvelle Démocratie, janvier 1940).

    Afin d’accomplir ce bloc avec les capitalistes « progressistes » ou « patriotes », Mao a tout d’abord limité sa redistribution des terres (en automne 1950, elle ne concernait encore qu’un tiers du pays). De même, alors que les entreprises appartenant aux « capitalistes bureaucratiques » (les cadres du Parti nationaliste) avaient été nationalisées directement, les capitalistes privés ont conservé le contrôle de leurs entreprises, lesquelles, en 1953, comptaient toujours pour 37 % du PIB.

    La situation a beaucoup changé avec le début de la guerre de Corée qui a éclaté en juin 1950. Cette guerre, qui s’est soldée par la division de la Corée entre une Corée du Nord, « communiste » (stalinienne) et une Corée du Sud capitaliste (sous protectorat états-unien), a fortement intensifié la pression des États-Unis, avec toute une série de sanctions économiques et même la menace d’un bombardement nucléaire sur la Chine.

    Cette guerre, et la brusque intensification de la situation mondiale qui l’a accompagnée (c’était le début de la « guerre froide » entre l’Union soviétique et les États-Unis) a eu pour conséquence que le régime de Mao, pour pouvoir rester au pouvoir, n’a pas eu d’autre choix que d’accomplir la transformation complète de la société, accélérant le repartage des terres et étendant son contrôle sur l’ensemble de l’économie.

    La révolution chinoise a donc été une révolution paradoxale, en partie inachevée, qui a permis d’obtenir d’énormes avancées sociales mais tout en créant une dictature bureaucratique monstrueuse dont le pouvoir et les privilèges ont de plus en plus sapé le potentiel de l’économie planifiée.

    Au moment de la mort de Mao, le régime était profondément divisé et en crise, craignant que de nouveaux troubles de masse ne lui fassent perdre le pouvoir.

    Un mécontentement grandissant face aux successeurs de Mao

    Lorsque les dirigeants actuels de la Chine contemplent la gigantesque parade militaire du 1er octobre, sans doute pensent-ils en même temps aux problèmes croissants auxquels ils sont confrontés au fur et à mesure que la crise du capitalisme mondial s’approfondit. Les centres d’analyses du gouvernement ont déclaré que le pays a perdu 41 millions d’emplois en 2008 en raison de la baisse des exportations (-23 % cette année). En même temps, le nombre de grève se serait accru de 30 %.

    Le gouvernement est agité. Ça se voit par sa décision de limiter à 200.000 le nombre de participants à la grande parade de la Fête nationale à Pékin – il y a 20 ans encore, on s’accommodait sans difficultés d’un million de participants. Le régime a également prohibé les cérémonies et parades dans les autres villes. Pour quelle raison ? Parce qu’il est terrifié que ces évènements pourraient être exploités pour en faire des marches contre son gouvernement. Partout dans le pays, le régime fait face à une opposition massive de la part de la population, pas seulement dans les régions d’ethnies non chinoises (comme l’Ouïghouristan à majorité turco-musulmane dans l’ouest, où d’ailleurs les Ouïghours n’étaient pas les seuls à marcher contre le régime, les Chinois aussi y étaient).

    Les étudiants de deux universités de Pékin se sont mis en grève contre leur programme d’entraînement trop rigoureux qui leur est imposé avant la cérémonie du 1er octobre, certains allant même jusqu’à brûler leurs uniformes de cérémonie. Sur de nombreux réseaux, on voit les gens commenter « C’est votre anniversaire, maintenant moi j’ai quoi à voir dans ça ? ». Beaucoup de jeunes sont devenus de fervents anticommunistes, qui soutiennent le capitalisme mondial en pensant à tort qu’il s’agirait d’une alternative au régime actuel. D’autres préfèrent se tourner vers l’héritage de Mao, qui a été selon eux complètement trahi par ses héritiers politiques. Au vu de toutes les turbulences sociales et politiques dans le pays, les marxistes tentent, via leur site et leurs publications, de gagner l’adhésion de ces jeunes au socialisme démocratique mondial en tant que seule alternative viable.

  • La Chine est-elle en passe de remporter la ‘‘guerre contre la pollution’’ ?

    L’année 2017 fut celle de la plus faible amélioration de la qualité de l’air depuis le début de la ‘‘guerre contre la pollution’’ lancée par Pékin.

    Par Dikang, article publié sur chinaworker.info le 21 mai 2018

    Le nouveau ministère de l’Écologie et de l’Environnement (MEE) a été dévoilé au Congrès national du peuple (CNP) de mars 2018 dans le cadre d’un important remaniement gouvernemental. La naissance de ce super-ministère marque un renforcement de la ‘‘guerre contre la pollution’’ lancée il y a quatre ans à Pékin. C’est du moins le message que désire faire passer la dictature du PCC (le parti soi-disant communiste chinois).

    Le régime de Xi Jinping a identifié ‘‘trois batailles critiques’’ qu’il doit gagner d’ici 2020 : contre la pollution, contre le risque financier et contre la pauvreté. Pour Xi, dont la mission est d’assurer la survie de la dictature du PCC via une centralisation inédite du pouvoir et la dictature personnelle, cette trinité de dangers pourrait déclencher des troubles de masse capables de menacer le régime. Cette courte échéance de trois années à peine pour mener à bien les ‘‘trois batailles critiques’’ souligne à quel point le pays pourrait être proche d’un conflit majeur.

    La Chine est devenue une zone écologiquement sinistrée. La pollution atmosphérique y tue plus d’un million de personnes chaque année, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les rapports du gouvernement révèlent que plus de 80 % des nappes phréatiques chinoises qu’utilisent les fermes, les ménages ruraux et les usines sont impropres à la consommation. Pas moins de 19,4 % des terres agricoles chinoises sont contaminées par des polluants chimiques et des métaux. Cela représente 250.000 kilomètres carrés de sols contaminés, soit l’équivalent de l’ensemble des terres agricoles du Mexique.

    Tout résulte de décennies d’industrialisation sauvage et incontrôlée alors que les lois de protection de l’environnement étaient largement ignorées. Mais, contrairement aux dires de certains, la contamination de l’air, de l’eau, du sol et de la chaîne alimentaire n’est pas une conséquence inévitable de la modernisation économique. Cela ne devient inévitable que si ce développement économique est lui-même contaminé par le capitalisme et la recherche de profits au lieu de suivre une approche planifiée soumise au contrôle et à la gestion démocratiques de la classe ouvrière.

    Transfert de compétences

    Le nouveau MEE a obtenu un certain nombre de compétences précédemment détenues par la Commission nationale du développement et de la réforme, le Ministère des ressources en eau et le Ministère de l’agriculture. Le nouveau ministère dispose donc du contrôle des politiques relatives au climat, à l’eau et à la pollution agricole en plus des pouvoirs déjà détenus jusque-là par le Ministère de l’environnement.

    En Chine, les chiens de garde du régime en matière d’environnement ont toujours manqué de réel pouvoir. Ce n’était pas sans raison. Dans le but de réduire les coûts de production et de maximiser les profits, de puissants secteurs économiques tels que ceux de l’énergie, des mines et des transports de même que des élites régionales désireuses d’accroître leur pouvoir économique se sont opposés à l’émergence d’une puissante agence environnementale. Les tentatives répétées de renforcer la politique environnementale de la part du gouvernement central, par crainte de bouleversements politiques, s’inscrivent dans la lutte de pouvoir de Xi Jinping contre des intérêts rivaux.

    Le PCC a investi d’énormes capitaux dans la lutte anti-pollution (1.000 milliards de yuans, soit 130 millions d’euros, pour lutter contre la seule pollution des sols). Mais il reste encore à voir si le nouveau super-ministère sera à la hauteur du battage médiatique qui a accompagné sa naissance. Le South China Morning Post, un journal de Hong Kong favorable au régime de Pékin, a cité un ancien haut fonctionnaire du ministère de l’Environnement qui, s’exprimant anonymement, a avoué son scepticisme quant au fait que cela soit ‘‘suffisant’’.

    Ce journal faisait remarquer que le remaniement en profondeur des ministères gouvernementaux ‘‘n’est pas parvenu à instaurer un ministère de l’énergie tout-puissant pour superviser les vastes secteurs du charbon, du pétrole et de l’électricité du pays en dépit d’intenses attentes à ce sujet’’. A l’instar d’autres pays, le secteur des combustibles fossiles représente un bastion de puissants intérêts engagés corps et âmes dans un combat frénétique contre toute pression publique favorable à des politiques climatiques et anti-pollution capables de réduire leurs profits.

    Un bilan mitigé

    L’amélioration récente de la qualité de l’air à Pékin et dans d’autres villes du Nord au cours de l’hiver 2017-18 a été présentée par le PCC comme la preuve du bon fonctionnement de ses politiques. Si ces affirmations étaient vraies, cela représenterait un énorme changement dans la qualité de vie de dizaines de millions de personnes. La réalité n’est malheureusement pas si encourageante.

    En décembre 2017, Pékin s’est classée parmi les dix premières villes de Chine concernant la qualité de l’air (à la 9e place). Selon une analyse de Greenpeace, les niveaux moyens de particules fines PM2,5 (particules dangereuses en suspension dans l’atmosphère terrestre) ont chuté de 33,1 % à Pékin, Tianjin et dans 26 villes environnantes au cours des trois derniers mois de 2017. Mais en dépit de cela, les niveaux quotidiens moyens de PM2,5 étaient encore équivalents à plus du double du niveau considéré par l’OMS comme ‘‘dangereux’’, soit 25 microgrammes par mètre cube.

    Le régime du PCC revendique bien sûr d’avoir emporté une grande victoire grâce à ses politiques, qui comprennent notamment l’augmentation des inspections et sanctions pour violations de normes, la création de zones sans charbon, la délocalisation de certaines industries lourdes des environs de Pékin et la restriction de l’utilisation de voitures.

    Cependant, comme le souligne l’étude de Greenpeace, l’amélioration connue au cours de l’hiver est due à un ‘‘climat exceptionnellement favorable’’, les fronts froids de Sibérie apportant vents et pluies pour briser la pollution au sol. Selon Greenpeace, ce sont les conditions météorologiques qui ont permis d’abaisser les niveaux moyens de PM2,5 à Pékin d’environ 20 % en novembre et de 40 % en décembre.

    Plutôt qu’un succès retentissant, l’année 2017 a connu la plus faible amélioration de la qualité de l’air depuis le début de la ‘‘guerre contre la pollution’’ du PCC. Les niveaux moyens de PM 2,5 n’ont baissé que de 4,5 % dans l’ensemble du pays malgré des dépenses massives et la délocalisation de la production industrielle. En outre, les concentrations moyennes de PM2,5 ont augmenté dans certaines parties de l’est et du sud de la Chine, y compris dans le delta de la rivière des Perles. Les conditions météorologiques ont également joué un rôle dans ce phénomène, mais elles illustrent le déplacement de la production industrielle lourde polluante vers l’est et le sud après la répression rencontrée au nord.

    La domination capitaliste dictatoriale conduit à l’Armageddon écologie. La seule issue est de libérer le pouvoir créatif collectif du peuple en plaçant la classe ouvrière aux commandes du développement économique et politique, en éliminant le capitalisme et la bureaucratie incontrôlable et en transformant la société selon des lignes socialistes écologiquement durables.

  • La politique anti-pollution du régime chinois est vouée à l’échec

    Un mouvement environnemental de masse est nécessaire avec une production verte sous le contrôle des travailleurs

    Li Yiming, chinaworker.info

    Le mot “environnement” a été mentionné 89 fois par Xi Jinping dans son rapport du 19e Congrès du PCC, plus encore que “économie”. Il a envoyé des équipes d’enquête du gouvernement central dans les provinces pour vérifier les progrès des mesures anti-pollution. Les rapports indiquent que plus de 12 000 fonctionnaires et 18 000 entreprises ont été poursuivis.

    Les médias affirment qu’il s’agit de la plus grande campagne de protection de l’environnement de l’histoire de la Chine. Xi semble être un ardent défenseur de l’environnement, mais en fait, il est forcé d’agir face aux augmentations des protestations anti-pollution, ainsi que les énormes pertes économiques dues à la destruction de l’environnement. Cependant, la pression économique et le boycott non officiel des gouvernements locaux signifient que les politiques de Xi n’obtiendront pas de résultats substantiels.

    En octobre 2017, le périodique médical The Lancet a publié une étude selon laquelle plus de 1,8 million de Chinois ont été tués par la pollution en 2015, soit un cinquième de tous les décès en Chine. Un précédent rapport publié par l’Université de Nanjing révèle que parmi les 74 principales villes de Chine, un tiers des décès peut être attribué à la pollution par les PM2,5 (de fines particules de poussière aéroportées dangereuses).

    Qui plus est, la baisse des niveaux de PM2,5 dans le delta de la rivière des Perles et dans d’autres régions a entraîné un nouveau problème – une augmentation rapide de l’ozone troposphérique. L’ozone est produit par d’autres polluants exposés à la lumière du soleil. Elle est associée aux accidents vasculaires cérébraux et aux maladies cardiaques et a entraîné plus de 36 000 décès prématurés en Chine au cours des trois dernières années. La politique de “l’économie d’abord” de la dictature a conduit à une pollution généralisée et a fait que le régime du PCC “s’occupe d’une chose et en perd une autre de vue”.

    La pollution croissante, ainsi que l’inquiétude tout aussi croissante du public à l’égard des effets sur la santé, ont donné lieu à des manifestations antipollution de masse dans tout le pays. En novembre, la population de Zhaoqing, dans le Guangdong, est descendue dans la rue pour protester contre une troisième tentative du gouvernement local de construire un incinérateur d’ordures, le projet a été suspendu deux fois dans le passé en raison de manifestations.

    L’incapacité de résoudre ses problèmes de pollution a terni l’autorité du régime du PCC. Il est obligé de réagir, mais la campagne contre la pollution va accroître la pression sur une économie déjà fragile, ce qui signifie qu’il est peu probable que Xi la poursuive à tout prix.

    Au cours du premier semestre de 2016, le gouvernement a assoupli davantage la réglementation en matière de protection de l’environnement pour stimuler la faiblesse de l’économie, ce qui a entraîné la relance de nombreuses industries très polluantes comme l’acier, qui a aggravé le problème de la pollution atmosphérique.

    En décembre de la même année, un vaste nuage de brouillard couvrant 1,88 million de kilomètres carrés est apparu dans plus de 90 villes. Au cours des trois premiers trimestres de cette année, les concentrations de PM2,5 dans la région de Beijing-Tianjin-Hebei ont augmenté de 10 % par rapport à l’année précédente. Les effets ont été mondiaux – les émissions de gaz à effet de serre ont fortement augmenté en 2017 après deux années de stagnation, en raison du rebond de l’industrie lourde en Chine. La Société Générale estime que les mesures de protection de l’environnement coûteront à la Chine 0,25 % de son PIB annuel, et donc que lorsque de nouveaux risques de ralentissement économique se présenteront, Xi est susceptible d’assouplir à nouveau les contrôles de pollution.

    Des mesures bureaucratiques conduisant au chaos

    Dans le même temps, Xi Jinping se heurte également à la résistance des autorités locales, comme en témoigne le fait qu’il est contraint d’envoyer des équipes d’enquête au niveau local. Cependant, une telle intervention directe du gouvernement central a provoqué le chaos. De nombreux fonctionnaires cherchent à éviter les sanctions en fermant toutes les usines avant l’arrivée des équipes d’enquête, que les usines soient conformes ou non aux normes environnementales officielles. Cela a forcé le ministère de la Protection de l’environnement à intervenir et à mettre fin à cette réaction excessive.

    Pour résoudre le grave problème du brouillard hivernal, le gouvernement a interdit la combustion du charbon à Beijing et dans ses environs. Pourtant, la politique a été mise en œuvre à la hâte, de nombreuses régions n’ayant pas un approvisionnement stable en gaz naturel, laissant au moins des dizaines de milliers de familles sans chauffage pendant l’hiver rigoureux.

    La lutte contre la pollution nécessite des campagnes massives de protection de l’environnement et un contrôle démocratique de la production propre par les travailleurs sur une base socialiste. Les tentatives de Xi pour résoudre la crise environnementale par un mélange de mesures bureaucratiques et de mesures ” de marché ” n’aboutiront pas à des résultats substantiels à long terme, et déclencheront certainement une nouvelle colère massive.

    La politique du « chacun pour soi »

    En juin 2017, le président américain Donald Trump a annoncé que les États-Unis se retireraient de l’Accord de Paris, et les médias mondiaux ont surnommé la Chine le nouveau leader international dans la lutte contre le changement climatique. Pourtant, le régime chinois est l’un des plus grands obstacles à la lutte contre le changement climatique. Depuis le lancement du projet ” Belt and Road “, la Chine a construit de grandes quantités de centrales au charbon dans le monde entier et a dépassé le Japon en tant que premier exportateur mondial d’équipements de production d’électricité au charbon. Shanghai Electric, l’un des plus grands producteurs chinois de matériel électrique, a annoncé son intention de construire pour 6 285 Mégawatts de centrales électriques en Égypte, au Pakistan et en Iran, ce qui équivaut à dix fois les projets de construction chinois.

    Le régime du CCP espère utiliser le marché étranger pour alléger les pressions exercées par les mesures de réduction du carbone sur ses propres industries de l’électricité et du charbon. Ces nouvelles centrales électriques signifient que les objectifs de contrôle climatique fixés dans l’Accord de Paris seront impossibles à atteindre. La Banque mondiale a reproché à la Chine d’utiliser les pays les plus pauvres dont la réglementation en matière de protection de l’environnement est moins stricte comme « paradis de pollution », mais en même temps, la Banque mondiale a également déréglementé les limites environnementales pour concurrencer la Chine. C’est une course vers le bas au détriment du climat et de la santé des masses.

    Les socialistes s’opposent à la classe capitaliste qui recherche le profit au détriment de l’environnement et de la santé, nous nous opposons aussi aux puissances impérialistes qui exportent leur problème de pollution vers d’autres pays.

    La seule solution à la crise mondiale du climat et de la pollution est de construire un mouvement ouvrier international pour s’opposer au système capitaliste du « profit d’abord ». Nous devons nationaliser les banques et les grandes entreprises et les placer sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs, promouvoir la production propre dans le cadre d’une planification démocratique et investir davantage de capitaux et de ressources dans le développement d’énergies et de technologies propres.

  • Motion de solidarité de la CGSP-ALR Bruxelles avec les travailleurs de Jasic Technology

    Nous publions ci-dessous une importante motion de solidarité avec les travailleurs en lutte de Jasic Technology qui se situe, comme le déclare la CGSP ALR, dans la “fidèle tradition de la solidarité internationale entre travailleurs”. Nous vous invitons à faire de même et à envoyer cette déclaration à info@socialisme.be de même qu’à cwi.china@gmail.com.

    “Nous, membres de l’Assemblée Générale des Bureaux Techniques de la CGSP ALR Bruxelles déclarons :

    Notre solidarité la plus complète avec les travailleurs de Jasic Technology, une usine de Shenzhen employant 1.000 ouvriers qui s’organisent et luttent depuis plus d’un mois pour la création d’un syndicat démocratique. En Chine, cette revendication d’un syndicat indépendant du pouvoir revêt une signification très forte. Les travailleurs font depuis face à un refus et une répression brutale organisée par les autorités locales et le syndicat officiel contrôlé par l’État.

    La police a arrêté 30 travailleurs le 27 juillet, dont 14 sont toujours à ce jour en détention. Des travailleurs ont fait état de cas de torture et d’agressions physiques commis par la police. Les personnes libérées sont aujourd’hui sous surveillance policière et l’entreprise a licencié plusieurs des travailleurs impliqués dans la lutte. Le 11 août, une militante de premier plan de ce combat, Shen Mengyu, a été enlevée par des personnes non identifiées (des forces de sécurité) et son lieu de détention est toujours inconnu. Nous exigeons sa libération de même que celle des autres travailleurs détenus sans qu’aucune accusation ne soit portée contre eux.

    Dans la fidèle tradition de la solidarité internationale entre travailleurs, la CGSP ALR exige la reconnaissance immédiate du droit des travailleurs de Jasic Technology à constituer un syndicat démocratique et indépendant ainsi que la réintégration immédiate de tous les travailleurs licenciés.

    Bruxelles, le 27 août 2018″

    >> Déclaration sur le site de la CGSP ALR

  • Chine. La lutte des travailleurs de Shenzhen Jasic Technology atteint une phase cruciale

    “Continuez la lutte !”, c’est le message combatif de Shen Mengyu dans une lettre qu’elle a su faire passer hors de la cellule où elle est détenue à Shenzhen, en Chine. Les lecteurs auront le sentiment qu’elle s’adresse directement à eux et, espérons-le, auront envie de s’engager plus loin dans ce combat.

    Shen Mengyu a été violemment enlevé par des hommes non identifiés le 11 août dernier. La police a refusé d’enquêter sur sa disparition et a déclaré qu’il s’agissait d’une “dispute familiale”, comme on peut le lire sur une déclaration de la police sur les médias sociaux. La police affirme que les quatre caméras de surveillance présentes sur le lieu de l’enlèvement étaient “hors service”, ce qui signifie qu’il n’y a pas de preuve.

    Il est apparu récemment que Shen est détenue dans une maison à Shenzhen, dans un centre de détention officieux ou une “prison noire”, comme on les appelle. De pareilles méthodes de répression sont courantes en Chine. Cela permet à la police d’emprisonner quelqu’un indéfiniment, coupé de tout accès à un avocat, à sa famille ou aux médias. Huit policiers la surveillent 24 heures sur 24, même lorsqu’elle prend une douche ou se rend aux toilettes.

    Les jeunes militants de Shenzhen craignent qu’une descente de police sur leur lieu de rencontre soit imminente. Ils se préparent à résister. Ces derniers jours, la répression d’Etat a monté d’un cran, le harcèlement de la police est plus dur, la censure sur Internet est plus forte et les comptes et groupes de discussion des activistes ont été fermés sur les réseaux sociaux. “Jasic”, “Shen Mengyu” et “Pingshan” (le quartier de Shenzhen où se déroule la lutte) sont maintenant des mots interdits sur l’Internet chinois.

    Une lutte historique

    Ce combat est d’une importance historique pour le mouvement syndical émergent en Chine, où les syndicats authentiques sont interdits et où les travailleurs font face à de lourdes sanctions pour avoir essayé de s’organiser. Malgré ces menaces et ces obstacles, l’année 2018 a connu une incroyable reprise des luttes ouvrières et, plus spectaculairement encore, plusieurs “grèves multiprovinciales” ont éclaté en impliquant des grèves et des protestations simultanées de travailleurs dans au moins dix des 30 provinces chinoises !

    Cela a commencé en avril avec les grèves des grutiers et le phénomène s’est étendu à d’autres secteurs en mai, juin et juillet, comme les camionneurs et les livreurs de nourriture. Dans toutes ces luttes, la question de la création de nouveaux syndicats, distincts du syndicat jaune contrôlé par l’Etat l’ACFTU (All China Federation of Trade Unions) et sous contrôle démocratique des travailleurs, a été clairement évoquée. En fait, de nombreux travailleurs chinois appellent l’ACFTU le “syndicat noir”, ce qui est encore pire qu’un syndicat jaune – “noir” signifiant outil de répression. Les actions des travailleurs dans ces gigantesques luttes de grève ont été coordonnées en ligne par des syndicats non déclarés en cours de formation.

    La lutte des travailleurs de Jasic, qui a commencé en mai, a soulevé la question des syndicats indépendants et en a fait l’axe central. C’est ce qui rend cette lutte si importante, au-delà de l’amélioration des conditions en vigueur dans leur propre usine, que les travailleurs de Jasic assimilent à de l’esclavage. Des infractions mineures sont frappées d’amendes, les heures de travail sont excessives sans jours de congé, l’assurance sociale légale n’est pas respectée, etc. Cette lutte sera une référence importante pour les futures luttes ouvrières en Chine.

    Les procédures juridiques

    Au départ, les travailleurs de Jasic ont suivi les procédures légales pour établir une branche d’usine de l’ACFTU, le seul “syndicat” légalement autorisé. Ils ont reçu le feu vert du bureau régional de l’ACFTU, ou du moins le pensaient-ils. Ils ont commencé à recueillir des noms pour mettre sur pied la section syndicale, recueillant 90 noms en quelques jours parmi les 1.000 employés, en dépit de la tentative des patrons de dépasser les travailleurs en créant un soi-disant “congrès des travailleurs” sous contrôle de l’entreprise.

    Ensuite, la direction de Jasic a pris des mesures de répression en accusant les travailleurs d’agir illégalement. A ce stade, les responsables de l’ACFTU se sont complètement rangés du côté de la direction. Les patrons de Jasic sont liés à l’establishment local du PCC (Parti « communiste »), deux d’entre eux étant des “délégués” au Congrès du peuple de Shenzhen – un pseudo conseil municipal.

    Les syndicalistes Mi Jiuping et Liu Penghua ont été agressés par des voyous, probablement payés par l’entreprise, puis licenciés le 20 juillet. Les responsables de l’ACFTU n’ont fait aucun effort pour défendre Mi et Liu et ont publié le 23 juillet une déclaration commune avec l’entreprise selon laquelle ils “travaillent ensemble” à la création d’un syndicat. Conformément au modèle normal du “syndicalisme” de l’ACFTU, il ne s’agissait que d’une fausse section syndicale sous le contrôle de la direction de Jasic.

    La violence d’Etat

    Les travailleurs ont protesté contre le licenciement de leurs camarades et ont juré de continuer à faire campagne pour un véritable syndicat. Le 27 juillet, une manifestation à l’extérieur de l’usine a été le théâtre de violences policières contre les travailleurs et les jeunes activistes de gauche avec 30 arrestations, dont Mi et Liu. Amnesty International fait partie des nombreux groupes qui demandent leur libération (accéder à la déclaration d’Amnesty international en français). “L’arrestation de ces ouvriers et de personnes qui les soutenaient est tout à fait déplorable. Les revendications de ces ouvriers qui veulent fonder un syndicat de leur choix pour protéger leurs droits sont parfaitement légitimes”, a déclaré Patrick Poon, chargé de recherches sur la Chine à Amnesty International, Hong Kong.

    Au moment d’écrire le présent rapport, 14 de ces 30 personnes sont toujours détenues par la police, y compris Mi et Liu, tandis que d’autres arrestations de jeunes partisans, dont Shen Mengyu, ont été effectuées.

    Les travailleurs et les jeunes militants de gauche comme Shen et ses camarades de Shenzhen prennent des risques héroïques pour défendre les droits des travailleurs et construire le mouvement ouvrier en Chine, face à la dictature la plus puissante du monde et au plus grand appareil de répression sur terre. Les personnes arrêtées à Shenzhen sont victimes de coups et de torture, de privation de sommeil, de mises en situation de stress, de menaces contre leur famille et leurs amis, le tout dans le but de les pousser à “avouer”, souvent sur vidéo, et à incriminer les autres.

    Selon la journaliste de Reuters Sue-Lin Wong, sur son compte Twitter, les travailleurs de Jasic à qui elle a parlé ont mentionné l’humiliation sexuelle parmi plusieurs méthodes utilisées par la police pour obtenir des aveux signés. Ceux qui sont encore détenus pourraient bien faire face à l’accusation de “provoquer des troubles”, ce qui peut conduire à cinq ans de prison.

    La lutte des travailleurs de Jasic est un tournant important également en raison du rôle des jeunes militants de gauche, des anciens étudiants et d’autres, qui sont largement étiquetés comme des “maoïstes”. L’intervention de ces jeunes a suscité des critiques de la part de certains milieux, de certaines ONG syndicales “traditionnelles” et de certains médias libéraux à l’étranger.

    Ces couches se sentent mal à l’aise avec le fait que les luttes soient ‘‘politisées’’, pour les mêmes raisons que la dictature chinoise et les patrons capitalistes comme ceux de Jasic, de façon très ironique. De nombreuses ONG syndicales ont également été confrontées à une répression brutale de l’Etat alors qu’elles s’en tiennent strictement à une stratégie “apolitique” et “légale” qui limite souvent consciemment les luttes de la classe ouvrière.

    Chinaworker.info n’est pas d’accord que c’est le fait d’être “trop politique” qui a rendu la lutte à Shenzhen plus difficile ou l’a exposée à une plus grande répression. Les travailleurs et les jeunes militants impliqués ont fait preuve d’une bravoure exemplaire et leur attitude de recherche consciente de la solidarité internationale est un pas en avant bienvenu et nécessaire pour le mouvement ouvrier en Chine. La solidarité ouvrière au-delà des frontières devrait devenir la “nouvelle norme” malgré la propagande nationaliste du PCC accusant les manifestants d’être “manipulés par des forces étrangères”.

    Besoin urgent de solidarité !

    La lutte pour les droits syndicaux et contre la répression atteint une phase cruciale à Shenzhen et la solidarité internationale de la classe ouvrière est donc plus que jamais nécessaire. Chinaworker.info a reçu des dizaines de rapports et de photos de socialistes et de syndicalistes du monde entier. Une reconnaissance spéciale doit être faite aux membres du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) pour avoir organisé rapidement et de manière décisive la solidarité de l’Afrique du Sud à l’Inde en passant par le Mexique.

    Compte tenu de ce qui pourrait être une escalade significative de la répression étatique contre la lutte dans les jours à venir, nous demandons instamment à nos lecteurs d’intensifier leurs efforts : rendez-vous dans les ambassades et les consulats de Chine pour protester contre cette situation ! Contactez votre syndicat pour endosser la déclaration de solidarité ci-dessous ! Des usines Jasic Technology existent dans plus d’une douzaine de pays, dont la Grande-Bretagne, la France, les Etats-Unis et la Malaisie, et là où les travailleurs sont organisés, nous espérons que les syndicats déclareront leur solidarité avec leurs collègues de Chine !

    La déclaration suivante provient de députés irlandais socialistes – veuillez demander à votre organisation ou votre syndicat de publier une déclaration similaire et l’envoyer à l’adresse ci-dessous :

    “Nous, députés de Solidarity et membres du Socialist Party, déclarons notre pleine solidarité avec la lutte historique des travailleurs de Jasic Technology à Shenzhen, en Chine, pour établir un syndicat démocratique. Nous demandons la libération et l’abandon de toutes les accusations portées contre les travailleurs de Jasic et leurs jeunes sympathisants qui n’ont commis aucun autre crime que de défendre les droits des travailleurs. Nous sommes particulièrement alarmés par l’enlèvement de la militante Shen Mengyu qui a disparu le 11 août et par le refus de la police de Shenzhen d’enquêter sur ce crime. Nous saluons la bravoure de ces jeunes et de ces travailleurs face aux coups, aux mauvais traitements et à l’intimidation sexuelle de la part de certains policiers et de bandes criminelles. Travailleurs du monde, unissez-vous !”

    Mick Barry
    Ruth Coppinger
    Paul Murphy

    >> Envoyez vos rapports, photos et déclarations de solidarité à : cwi.china@gmail.com

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