Tag: Changement climatique

  • Leçons de 20 semaines de grèves pour le climat

    Le mouvement pour le climat de ces derniers mois fut historique. Dans les médias, certains disent qu’au vu des résultats limités de Groen et de la percée moins forte que prévu d’ECOLO, le mouvement n’a pas réussi. C’est n’importe quoi. Ce mouvement ne peut pas se résumer aux partis verts. De plus, la lutte contre le changement climatique peut revenir plus forte que jamais si nous tirons les leçons des premières actions et si nous nous préparons mieux.

    Par Arne (Gand)

    La lutte paie !

    Les grèves et manifestations pour le climat ont changé l’agenda politique pour des mois et des mois. L’incapacité et la réticence de l’establishment à réagir au changement climatique sont devenues plus évidentes que jamais. L’establishment a également été durement touché : la ministre flamande de l’enseignement a dû démissionner et le gouvernement flamand a été contraint d’investir 75 millions d’euros supplémentaires dans des mesures pour le climat.

    Il faudra beaucoup, beaucoup plus pour stopper le changement climatique. Des centaines de milliers de jeunes à travers le monde sont entrés en contact avec l’arme de la grève et ont participé aux manifestations. Nous nous sommes rebellés contre la politique dominante et c’est très important. Nous devons nous organiser et nous battre pour une planète viable et des conditions de travail et de rémunération décentes. Nous n’aurons rien sans nous battre.

    C’en est assez !

    Lors des premières grèves, l’establishment a fait tout ce qui était en son pouvoir pour minimiser la protestation. Nous n’étions qu’une bande d’hypocrites et, pour le président du CD&V Wouter Beke, les grèves étaient une conspiration d’extrême gauche. Le gouvernement en a rajouté en envoyant des coaches climats expliquer dans chaque école comment vraiment vivre dans le respect de l’environnement et culpabiliser les élèves. Toute notre vie, nous avons été soumis à d’énormes pressions pour vivre le plus écologiquement possible, mais l’impact de ces mesures individuelles a été presque nul. La menace écologique ne fait qu’augmenter.

    La conclusion scientifique selon laquelle un changement radical est nécessaire a forcé des millions de personnes à descendre dans la rue dans le monde entier. Le 2 décembre, la ministre de l’énergie Marghem (MR) a manifesté avec 100.000 jeunes et travailleurs et, deux jours plus tard, elle a voté contre des normes d’émission européennes plus strictes pour le secteur énergétique ! C’en était assez. La lutte devait passer à une nouvelle étape. C’est alors que Youth for Climate a appelé à partir en grève tous les jeudis.

    3.000 – 15.000 – 35.000

    Au cours des premières semaines, le nombre de grévistes pour le climat est passé de 3.000 à 35.000. Des milliers d’autres suivront au cours des 20 semaines, mais cela n’était encore qu’un aperçu de ce qu’il est possible de réunir. Le tarif des billets de train et les intimidations et sanctions des directions d’écoles en ont retenu plus d’un à l’école.

    Afin d’éviter que cela ne se produise, des comités ont été mis sur pied à quelques endroits. Ils ont organisé des actions adaptées aux conditions spécifiques de l’endroit. Là où les comités locaux étaient actifs, cela s’est reflété en de plus grandes manifestations et en grèves réussies.

    Il y avait encore un beau potentiel à exploiter, mais de nombreux comités ont malheureusement perdu leur influence lorsque Youth for Climate a attiré toute l’attention sur une manifestation nationale hebdomadaire. C’est dommage : un ancrage local plus fort aurait pu donner un énorme élan à des actions nationales bien choisies. De plus, le développement des comités locaux aurait pu conduire à des assemblées générales où des représentants élus par école ou comité local auraient pu démocratiquement décider des actions à mener pour la suite et des revendications à défendre.

    Les faux amis

    Puisque l’establishment n’est pas parvenu à éteindre les flammes de la contestation avec un discours moralisateur, il est parti à la recherche d’autres méthodes. C’est ainsi qu’a été lancé ‘‘Sign for my future’’, avec l’implication de multinationales belges, voire de banques qui investissent des milliards dans les énergies fossiles. Soudainement, ces gens-là étaient devenus des champions de l’écologie ! La plupart des grévistes pour le climat sont d’accord : ce sont de faux amis. Mais l’équipe centrale de Youth for climate a décidé de soutenir la campagne, sans que la moindre discussion ne soit organisée. Un moment douloureux. Il n’y a pas eu non plus de discussion organisée sur les revendications. Cela a permis aux politiciens de nous mettre des revendications dans la bouche, comme la taxe sur les avions et d’autres écotaxes antisociales qui sont la norme sous le capitalisme.

    Il n’a hélas pas été possible de décider par vote quelles revendications défendre et d’élaborer un programme sur cette base. Students for Climate a bien tenté de le faire, mais les réunions sont restées modestes. Les choses n’ont pas pris de la même manière parmi les étudiants du supérieur. Les comités de chaque faculté auraient pu contrarier cela en discutant des revendications et des méthodes nécessaire pour mener campagne et convaincre les étudiants d’entrer en action.

    Les défis à relever pour le mouvement

    Le plus grand défi est que le mouvement se développe de manière démocratique. Nous devons faire participer le plus grand nombre possible au débat sur les actions et les revendications. Annoncer des micros ouverts ou des comités via Facebook sont des possibilités pour lancer les choses. Cela permettra également d’indiquer clairement où se situe le problème : au sein du système. Il faut un ensemble de revendications sociales qui soit soutenu par le plus grand nombre possible de jeunes et de travailleurs.

    Un appel a été lancé aux syndicats pour qu’ils se mettent en grève pendant la journée internationale de grève du 15 mars. Cela reste un défi : les travailleurs et les jeunes ont les mêmes intérêts, mais nous avons besoin de la force économique des travailleurs pour vraiment changer les choses. Le mouvement syndical organisé peut frapper le système là où ça lui fait mal : à ses profits. Le changement doit être imposé par la lutte !

    Rise for Climate et la grève planétaire de septembre

    Le 22 septembre, il y aura une nouvelle manifestation de Rise for Climate à Bruxelles. Cinq jours plus tard, une grève de la Terre est annoncée. La campagne pour la manifestation doit être utilisée pour organiser autant de grèves que possible cinq jours plus tard, voilà qui pourrait donner une nouvelle dynamique à la lutte pour le climat.

    Nous ne devons pas nous laisser démoraliser. Ni à cause du ton pessimiste des médias, ni à cause de l’urgence de réduire nos émissions. Jeunes et travailleurs solidaires : résistance internationale à la pollution du capital !

  • C’est soit le capitalisme, soit une planète saine ! Impossible d’avoir les deux !

    En lutte pour un changement socialiste, pas un changement climatique !

    Le changement climatique menace l’avenir de l’humanité, notre avenir. Cette nouvelle inquiétante confirmée par les scientifiques a conduit des centaines de milliers de jeunes et de moins jeunes à manifester. La journée d’action du 15 mars fut historique : 1,6 million de manifestants ont occupé les rues de 2.200 villes de 120 pays ! En Belgique aussi, les grandes manifestations de milliers de jeunes n’ont pas manqué. Ce n’était qu’un début : la lutte pour notre avenir doit se poursuivre sans répit !

    Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime qu’un basculement radical s’impose pour les 11 prochaines années, faute de quoi les changements climatiques auraient des conséquences graves et imminentes. Ce que nous voyons aujourd’hui va déjà très loin : le plastique asphyxie les mers et menace notre santé et la survie d’espèces animales. Nous vivons actuellement la sixième grande vague d’extinction d’espèces. C’est la première fois que cette vague est causée par l’être humain lui-même. Pas par tout le monde bien sûr : par le système de production capitaliste qui exploite nos vies et la planète.

    Nous ne pouvons pas attendre de solutions du capitalisme. Depuis la signature des Accords de Paris sur le climat en 2015, 33 banques ont investi pas moins de 1,9 billion de dollars dans les énergies fossiles. Plus de 70% des émissions de gaz à effet de serre depuis 1988 sont le fruit de seulement 100 grandes entreprises. Pas moins d’un cinquième des émissions mondiales de carbone dans l’industrie sont subventionnées par des investissements publics. Les grandes entreprises polluent parce qu’elles en tirent des profits record. Les gouvernements parlent de plans climatiques, mais entre-temps ils continuent de dépenser l’argent de la collectivité au bénéfice des grands pollueurs.

    Ces faits sont importants : pour s’attaquer au problème, nous devons nous attaquer aux grands pollueurs. Nous ne sommes pas les responsables, mêmes si nous mettons parfois un steak sur le barbecue ou si nous voyageons en avion après un an de dur labeur. Non, les grands pollueurs qui font la différence en matière d’émissions de carbone sont les grandes entreprises et leurs propriétaires. Ce sont les capitalistes ultra-riches qui veulent seulement faire plus de profit, même si c’est au détriment de la santé de la population et de la planète. Le capitalisme et une planète saine ne vont pas de pair : il faut changer le système !

    Aujourd’hui, la collectivité ne contrôle pas ce qui est produit et la manière de le faire. Ce sont les actionnaires qui décident de tout, alors que les seules sources de richesse sont les travailleurs et la nature. Toutes deux sont exploitées par le capitalisme. C’est là que réside la force capable de tout changer : les travailleurs. Ils peuvent faire grève, occuper leurs entreprises et prendre la production en main afin que les profits soient investis dans la production d’énergie sans CO2 sans perdre d’emplois.

    La lutte contre le réchauffement climatique doit nous conduire à maîtriser les secteurs-clés de l’économie, où se situent la pollution et la solution au problème climatique. La production doit être planifiée démocratiquement et écologiquement dans l’intérêt des êtres humains et de la planète. Aujourd’hui, la majorité de la population – les travailleurs et les jeunes – font face aux ultra-riches pollueurs. Pour remporter la bataille du climat, nous devons organiser cette masse opprimée pour combattre le système capitaliste qui étouffe la planète et le renverser. Une économie socialiste rationnellement planifiée partirait des besoins des humains et de la planète.

    Le combat pour un tel type de changement de société n’est pas fini. Les actions de masse de ce premier semestre n’étaient qu’un début. Cet automne, une nouvelle journée internationale de grève pour le climat

    aura lieu le 20 septembre et un sommet sur le climat prendra place au Chili du 11 au 21 novembre : la COP 25. Comme l’a dit Greta Thunberg : ‘‘Pour tout changer, nous avons besoin de tous. Nous devons nous engager dans une résistance massive – nous avons montré que l’action collective fonctionne.’’ Rejoignez-nous !

  • L’extrême droite n’est pas une solution ne laissons aucun espace à ses mensonges

    Luttons pour des emplois décents, des logements et un enseignement gratuit & de qualité

    Tract d’été des Etudiants de Gauche Actifs et de la Campagne ROSA // Tract en version PDF

    Pour un plan d’action antifasciste

    Les racistes, homophobes et sexistes du Vlaams Belang ont fait une entrée massive aux Parlements. Deux jours après, beaucoup ont exprimé leur colère avec des mobilisations qui ont pris place à Gand, Bruxelles et Liège. Avant les grandes vacances, Blokbuster a pris l’initiative d’une nouvelle manifestation le 23 juin contre l’extrême droite, la haine et pour une politique sociale à Gand qui a rassemblé 500 participants.

    Construis avec nous les prochaines actions !

    MARS 2020 : manif anti NSV – ANVERS

    “L’organisation officieuse des jeunes du VB (le NSV) organisera sa manifestation raciste à Anvers. Comme chaque année, Blokbuster organise une contre-manifestation plus grande contre l’offensive de l’extrême droite. Contacte-nous pour mobiliser autour de toi.
    Lorsque le VB dit “Notre peuple d’abord”, il intrumentalise le manque de logements sociaux, de crèches, d’emplois pour nous diviser. Plutôt que de voter en faveur d’un salaire minimum plus élevé, le VB attaque, y compris physiquement, les militants syndicaux qui défendent cette revendication. Les moyens existent pour offrir une vie décente à chacun, mais pas dans la poche des immigrés : dans celles des capitalistes. La lutte antifasciste et celle contre les politiques antisociales doivent être une seule et même lutte !” Els, de la campagne Blokbuster, manif à Liège le 28 mai 2019.

    Contre l’extrême droite, luttons contre le manque d’emplois, de logements et de services publics de qualité. Ces pénuries causées par les partis traditionnels alimentent l’extrême droite.

    Luttons pour un salaire minimum de 14 euros de l’heure,

    • une pension de 1500 € minimum,
    • un enseignement gratuit et de qualité.

    En 2014, Dries Van Langenhove, jeune élu du VB cette année, défendait encore une augmentation du minerval pour assurer que l’enseignement supérieur soit réservé à l’élite !

    Ce ne sont pas les victimes qu’ils faut viser mais le système capitaliste qui engendre misère, haine et division pour satisfaire la cupidité de la classe dominante !

    “Organisons-nous pour que les racistes n’aient pas la confiance d’attaquer les migrants. Côté francophone, bien qu’il n’y ai pas de grand parti d’extrême droite, le racisme, le sexisme, la LGBTQI+phobie sont bien présents. Théo Francken est d’ailleurs un des politiciens les plus populaires en Wallonie. Le même terreau fertile – la colère sociale – est présent. C’est tous ensemble – jeunes et travailleurs peu importe notre origine, notre région, notre genre – que nous ferons reculer ces idées nauséabondes !” Jérémiah, des Etudiants de Gauche Actifs

    Sauvons notre planète du capitalisme

    Aux quatre coins du globe, les activistes climatiques ont crié ‘‘System change not climate change’’. Depuis le milieu du 18e siècle, 2/3 des émissions de gaz à effet de serre ont été émises par 90 entreprises. La “logique de marché” est d’investir là où se trouve le profit et uniquement dans l’optique de faire du profit. Les 5 entreprises les plus rentables du secteur énergétique au monde ont ainsi réalisé 114 milliards € de profits en 2012.

    Il est de plus en plus clair qu’une élite sacrifie tout pour continuer à s’enrichir. Le mouvement historique pour le climat a illustré la colère face à l’urgence climatique et environnementale. La lutte collective de masse – la grève – a été mis brillamment à l’agenda pour faire bouger les choses.

    Il faut maintenant que le mouvement se développe de manière démocratique. Nous devons faire participer le plus grand nombre aux débats sur les actions et les revendications. Au travers de comités locaux dans les écoles, cela peut se concrétiser !

    • Pour des transports publics gratuits, de qualité et bien desservis.
    • Pour un secteur énergétique sous contrôle et gestion démocratiques permettant des investissements publics massifs dans le renouvelable et la recherche scientifique.
    • Pour une planification démocratique de l’économie dans le respect de l’environnement.

    22 sept. Manifestation Rise for Climate – BXL
    27 sept. Grève mondiale pour le climat

    EGA, une organisation marxiste : comprendre le monde pour le changer

    Les crises ne sont pas résolues et sont toujours plus profondes. Les plus faibles sont sacrifiés, la haine et le racisme devraient dicter nos comportements. L’humanité est-elle vouée à fonctionner sur base de la compétition ? L’humain est-il égoïste par nature ?
    Le marxisme n’est pas un dogme rigide et dépassé. Il s’agit d’une philosophie qui nous permet de comprendre le monde qui nous entoure et les processus qui composent la réalité. Comment s’articule l’exploitation des travailleurs, de la nature, comment les changements peuvent prendre place ?

    Rejoins-nous pour discuter cette société qu’il nous faut renverser et de l’alternative que nous pouvons construire.

    Stop aux violences sexistes – Construis avec nous la manif du 24 novembre contre les violences faites aux femmes à l’initiative de la plateforme Mirabal

    En festival, 1/6 des femmes sont harcelées sexuellement. 98% des femmes en sont victimes que ça soit en soirée, dans le bus, au travail ou à la maison. La vague de dénonciation #MeToo a illustré l’omniprésence du sexisme. Prochaine étape : le combattre à la source.

    Nous devons pouvoir danser, travailler et nous déplacer en sécurité.

    • Pour un refinancement public de l’enseignement, afin que l’éducation sexuelle et affective ne se fasse pas principalement par le porno.
    • Pour plus de transports en commun avec plus de personnel d’accompagnement formé à la prévention et gestion des agressions sexistes.

    Nous ne sommes pas des objets, ni des machines à fric.

    • Pub, merchandising, clips, porno : non à la marchandisation du corps des femmes.

    La lutte contre les violences sexistes passe par l’indépendance économique des femmes.

    • Pour un salaire horaire minimum de 14€ brut et une pension mensuelle de 1500€ net.
    • Pour des allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté.

    Les 1% les plus riches possèdent davantage de richesses que les 99% restant. Dans une société aussi inégalitaire aucune égalité de genre n’est possible. Il nous faut construire une société débarrassée du capitalisme et où les moyens sont disponibles pour offrir une vie décente à toutes et tous.

    Depuis 3 ans, la campagne ROSA refait de la journée internationale des droits des femmes du 8 mars une journée de lutte

  • Luxembourg : les jeunes en mode rébellion pour le climat

    Ils étaient près de 15000, le 15 mars, à manifester sous la pluie pour le climat. Les jeunes luxembourgeois ont signé à cette occasion un record national et mondial dans la mobilisation pour le climat, si l’on rapporte le nombre de manifestants à la population du Grand-Duché.

    Par Jean (Luxembourg)

    Après un tel succès, ils ne voulaient pas en rester là. Et ce ne sont certainement pas les réponses du monde politique qui auraient pu les inciter à rentrer chez eux. Que du contraire, puisque les Verts qui font partie du gouvernement se sont distingués en votant CONTRE une résolution décrétant l’urgence climatique déposée par Déi Lenk (gauche radicale).

    Bref, le 24 mai était une journée d’action internationale et les jeunes luxembourgeois comptaient bien y participer. Et depuis le 15 mars, il y avait de la radicalisation dans l’air, d’une part grâce à l’exemple donné par Extinction Rebellion et d’autre part, par la dynamique du mouvement en elle-même. Résultat : les jeunes ont décidé d’organiser une occupation sans demander la permission ni à leurs écoles, ni au ministère de l’éducation ni à la police. Un mode transgressif qui a également permis aux syndicats des enseignants de se profiler en soutenant leurs élèves et en appelant leurs professeurs à les rejoindre, ou du moins à ne pas les sanctionner.

    Quel était le plan ? Tout simplement occuper LE point stratégique majeur qui relie le centre-ville au quartier d’affaires du Kirchberg, à savoir le Pont Rouge où se trouvent également les institutions européennes. Il était clair dès le départ qu’on ne pourrait pas mobiliser autant de monde que le 15 mars, vu le caractère transgressif de la manifestation. Quelques jours avant l’action, on se disait que 500 serait déjà très honorable.

    Au final, ce furent 1500 jeunes (et pas mal de moins jeunes). Le tout dans une ambiance à la fois joyeuse et radicale, avec des slogans visant directement les responsables politiques du désastre annoncé et notamment les institutions européennes voisines. La formule de blocage filtrant a permis au message de d’être diffusé parmi les automobilistes qui passaient au compte-goutte sur le pont. Entre slogans, mini-concerts improvisés et chorégraphies diverses, le temps s’est arrêté sur le Pont Rouge habitué à un balais incessant de véhicules et de gens pressés. Avant de lever le camp vers 18 heures, les jeunes ont même réussi à imposer un blocage complet du pont, pendant 15 minutes, après tractations avec la police.

    La « rébellion négociée » est un concept typiquement luxembourgeois. Il peut paraître étrange, mais ce jour-là, il a bien fonctionné… Il faut dire que depuis la 1ère manifestation pour le climat au mois d’octobre 2018, le rapport de force a sensiblement changé au Grand-Duché.

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  • Le cri d’alarme de ‘‘Nous sommes le climat’’

    ‘‘Vous nous dites que nous devons ranger notre chambre et vous espérez que nous étudierons beaucoup, que nous deviendrons tous de brillants scientifiques et que nous tenterons tous de résoudre votre problème planétaire. Du moins : s’il est encore temps pour cela. Parce qu’en attendant, le temps presse. Nous entendons le tic-tac.’’

    Par Geert Cool

    Dans leur livre ‘‘Nous sommes le climat’’, Anuna De Wever et Kyra Gantois appellent à l’adoption de mesures sérieuses pour le climat. L’urgence est au centre du petit livre : nous entendons tous résonner le tic-tac du temps qui passe. C’est précisément ce sentiment d’urgence qui, depuis des semaines, mobilise des dizaines de milliers de jeunes dans un mouvement qui a rendu célèbres Anuna et Kyra. Ce mouvement montre quelle est la force de la mobilisation : la colère et la peur ont été transformées en détermination.

    Cette lettre ouverte dénonce l’inaction alors que les scientifiques indiquent clairement que le temps nous manque. Sans changement fondamental au cours des dix à douze prochaines années, un changement climatique irréversible et auto-renforçant menace. Les deux jeunes tracent un parallèle intéressant avec les plans d’évacuation en cas d’incendie qui existent pour chaque école. ‘‘Nous le pratiquons trois fois par an, en laissant tout en place, en fermant les fenêtres, en courant en rangées et en nous réunissant dans la petite place derrière l’école. La planète est en feu, mais il n’y a pas de plan.’’

    Le livre reste plus hésitant au sujet des alternatives et des solutions. La nécessité d’augmenter les moyens pour les transports en commun est précisée et les auteurs ont raison de souligner que des milliards sont consacrés aux combustibles fossiles actuellement ou encore que les milliards n’ont pas manqué il y a dix ans afin de sauver les banques. Pourquoi est-ce impossible pour le climat ? Ces observations ne sont pas neuves : elles remettent directement en question le fonctionnement du système actuel et ouvrent le débat sur l’alternative à lui opposer.

    Répondre que nous sommes tous sur le même bateau et que nous devons écouter les recommandations des experts est hélas insuffisant. Anuna et Kyra soutiennent que le climat n’est ni de gauche ni de droite et que tout le monde devrait se battre pour l’avenir de la Terre-Mère. Mais pourquoi donc les choses tournent-elles aussi mal s’il en est ainsi ? Est-ce la faute de nos aînés qui n’ont pas compris le problème à temps ou à cause des politiciens qui se disputent trop entre eux au lieu de s’en prendre aux problèmes ? Cela peut jouer un rôle, mais la racine du problème est beaucoup plus profonde : le système – et appelons-le par son nom : le capitalisme – ne repose que sur la recherche de profits pour une infime élite, il exploite toutes les sources de richesse, tant le travail que la nature. Accepter ce constat est un fait politique et idéologique.

    Le capitalisme s’oppose à nos intérêts. Anuna et Kyra indiquent à juste titre qu’une planification rationnelle de l’utilisation des ressources disponibles est nécessaire. Des solutions très logiques sont également proposées comme le transfert des milliards de dollars de subventions aux combustibles fossiles vers les transports publics. Nous pourrions réunir des milliers d’autres experts qui confirmeraient les avantages de cette mesure, mais ce ne sera pas suffisant pour en faire une réalité. Pour y arriver, nous ne pourrons pas faire l’économie d’une lutte de masse. Même les mesures les plus évidentes pour préserver notre avenir exigeront une lutte acharnée contre les intérêts des utlra-riches, en développant nos revendications dans le contexte plus large d’un ambitieux projet de société alternative. Sans toutefois parler de socialisme, le livre ouvre la discussion sur cette alternative. Passons d’une pensée utopique à une vision scientifique de la société et de notre alternative à la barbarie du capitalisme.

     

  • 24 mai: Grève mondiale pour le climat

    Développer nous-mêmes le mouvement pour s’en prendre aux grands pollueurs

    “Demain, je veux voir les ouragans à la télé, pas dans par la fenêtre’’, voilà le slogan que l’on retrouve sur l’affiche distribuée par Sign For My Future, une initiative de grandes entreprises et de certaines organisations de la ‘‘société civile’’ pour encadrer le mouvement pour le climat. Elle illustre clairement le danger qui existe si les jeunes et les travailleurs ne prennent pas en main l’initiative. Les patrons (que l’on trouve en nombre dans Sign For My Future) sortent alors des slogans cyniques conçus par des agences de publicité qui ne correspondent pas du tout à ce que de nombreux jeunes et leurs (grands) parents ont défendu en manifestant. C’est un changement global de système que nous voulons !

    Le changement climatique causé par l’être humain est désastreux. 40% des événements climatiques extrêmes supplémentaires survenus entre 1980 et aujourd’hui sont attribuées au réchauffement de la planète. En 2018, 5.000 personnes sont mortes des suites directes de catastrophes naturelles. Si l’on tient compte de la sécheresse, des canicules, de la famine, des maladies, etc., le nombre de décès grimpe à 300.000. De plus, en 2018, 29 millions de personnes ont été déplacées en raison du changement climatique. Les groupes les plus vulnérables vivent en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et du Sud-Est, en Amérique latine, dans les États insulaires et en Arctique. On estime que le nombre de décès dus au changement climatique atteindra les 500.000 d’ici 2030. Sign For My Future a perdu ça de vue lorsqu’ils ont conçu leur affiche.

    Ce n’est pas une omission accidentelle, mais une conséquence logique du caractère de Sign For My Future. Pour les grandes entreprises, le véritable défi n’est pas de trouver des solutions de fond, mais de faire du greenwashing et de nous faire porter la responsabilité du changement climatique. Les capitalistes se moquent de la misère, de la destruction et de la pauvreté que le changement climatique cause à des millions de personnes. Leurs collègues millionnaires dans les zones à risques cycloniques peuvent se permettre de déménager dans des zones plus sûres ou de construire des bunkers. Ce n’est pas le cas de la population ordinaire.

    Nous ne pouvons abandonner notre mouvement à de telles acrobaties publicitaires contre-productives et cyniques. Sign For My Future tente de se positionner comme partenaire des étudiants et des travailleurs mais vise à éviter que le mouvement climatique ne se retourne contre les grands pollueurs. La meilleure façon de riposter est de défendre notre propre programme et de nous unir au mouvement des travailleurs. Ce n’est qu’en s’attaquant aux grands pollueurs et en se concentrant sur les intérêts des travailleurs et de leurs familles, au travers de solutions collectives, que nous pourrons parvenir à un véritable changement de système ! Ne perdons plus de temps à attendre une transition écologique volontaire de la part du monde des affaires. Le capitalisme et la concurrence sont irréconciliables avec la planète !

    Nouvelle grève mondiale pour le climat

    Après la grève mondiale pour le climat du 15 mars, le 24 mai a été lancé comme nouvelle date internationale. La date est symbolique: deux jours avant les élections européennes, qui coïncident en Belgique avec les élections régionales et fédérales. Cela permet d’orienter le mouvement durant les examens et de bénéficier d’un temps fort avant les vacances d’été.
    La meilleure façon de faire du 24 mai un succès est de l’organiser nous-mêmes. Cela peut se faire en réunissant les jeunes et les travailleurs par le biais d’Assemblées générales dans les écoles et sur les lieux de travail, afin de mettre en place la mobilisation et d’élaborer des slogans. Cela permettrait de discuter de la manière dont l’appel pour le 24 mai pourrait saisi tant par les élèves que par les enseignants, mais aussi par les syndicats. Un certain nombre de structures syndicales ont à nouveau signé l’appel à la grève.

    Les partis politiques traditionnels se présentent tous comme des écologistes durant cette campagne électorale. La grève mondiale du 24 mai peut donner une idée de ce qui arrivera quand ces partis qui font de nombreuses promesses les trahiront.
    Ils espèrent que leurs promesses électorales, nos examens et les vacances d’été vont nous calmer. Pour maintenir le cap, nous devons mettre en place des comités de mobilisation efficace pour le 24 mai, mais aussi pour préparer les vacances d’été. À partir du mois de septembre, ces comités de mobilisation devront à nouveau se réunir pour reconstruire le mouvement avec des manifestations et des actions locales dans les écoles. Nous aurons également besoin d’un plan d’action plus large vers de grandes grèves dans le cadre du Sommet international sur le climat (COP26) annuel qui se tiendra début décembre au Chili.

  • Climat. Relancer le mouvement de masse

    Ces derniers mois les mobilisations pour le climat ont dominé l’actualité. L’adoption de la méthode de grève et l’ampleur du mouvement des jeunes ont été décisives à cet égard. Elles ont eu un impact impossible à atteindre seulement par des actions symboliques, des actions au sein des écoles ou même des manifestations du week-end. Le caractère massif des mobilisations représente un changement qualitatif. Cela a fait comprendre aux jeunes qu’ils ne sont pas seuls, que leurs inquiétudes et leur colère sont partagées par des milliers, des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers d’autres..

    Par Michael Bouchez

    La détermination des jeunes a été renforcée, le monde politique a été mis sous pression et ces manifestations ont été répercutées sur le plan international. Le fossé entre les jeunes manifestants et le monde politique est béant. Tous les politiciens n’ont pas qualifié ces grèves d’»irresponsables, contrairement à De Wever, Schauvlieghe ou Jinnih Beels. Mais cela a tout de même montré que le débat de société dépasse ce que les médias ou la politique en font en temps ‘‘normal’’. Ce n’est que sous la pression des actions de la jeunesse que les partis traditionnels ont dû mettre de côté leur train-train habituel pour se prononcer sur la question climatique.

    Reconstruire l’action de masse

    Depuis le 15 mars, le nombre de grévistes et de manifestants du jeudi est moins élevé. Il est bien sûr impossible de faire croître continuellement un mouvement de masse ou de mobiliser le même nombre de grévistes et de manifestants semaine après semaine. Cela ne signifie pas pour autant que de nouvelles mobilisations de masse sont exclues. Lorsque le mouvement faiblit, il faut s’interroger sur la manière de relancer un nouveau plan d’action constructif et massif.

    Beaucoup de jeunes sont conscients des obstacles à la poursuite du mouvement : vacances, examens, pression scolaire, pression à la maison ou de la direction. Et si le monde politique reste sourd, notre mouvement aura-t-il été vain ? Comment les mettre vraiment sous pression ? Les élections vont-elles résoudre quelque chose ? Comment continuer après les élections ? Allons-nous continuer à nous battre ? À niveau local ou national ? Ces questions restent sans réponse pour beaucoup de jeunes.

    L’action Occupy For Climate rue de la Loi était une nouvelle forme d’action, porteuse d’un message direct et justifié : le monde politique est responsable de l’immobilisme et refuse de faire quoi que ce soit. Cette occupation et le ‘‘camping’’ rue de la Loi, puis place du Trône a défié le monde politique, taxé de laxisme. Les médias et réseaux sociaux ont largement répercuté ces événements, cela aurait pu donner un nouvel élan au mouvement. Une telle action alternative et sa répercussion médiatique étaient l’occasion de lancer un appel aux comités étudiants pour organiser des actions locales partout à travers le pays et construire une nouvelle grève nationale d’ampleur.

    L’occasion a été manquée, car l’action visait uniquement à convaincre les partis traditionnels à voter en faveur d’une loi Climat) et pas suffisamment à impliquer les dizaines de milliers d’écoliers entrés en action ces derniers mois. L’occupation de la rue de la Loi a d’ailleurs été préparée dans le secret et il était difficile de la rejoindre. Cette forme d’action a aussi peut-être créé l’illusion qu’il n’était plus nécessaire de promouvoir et construire la participation de masse sur le terrain, avec des comités de mobilisation et de discussion. Cela s’est encore accentué dans les semaines qui ont suivi. Depuis l’action rue de la Loi, l’idée que les actions de grève de masse pourraient faire place à des actions plus restreintes à l’initiative de certaines organisations et des groupes individus a grandi.

    Le caractère de masse des premiers mois du mouvement n’est pas un détail, c’est un facteur décisif pour son impact. Il est donc important de voir comment nous pouvons reconstruire ce caractère de masse.

    Ne pas laisser l’initiative aux partis établis, mais avancer nos propres propositions

    L’enjeu des mobilisations a lui aussi évolué. Au cours des premières semaines, les écoliers ont quitté leurs classes en grand nombre pour se faire entendre, pour montrer qu’ils en avaient assez de voir que rien ne bouge. Aujourd’hui, cela ne suffit plus : les jeunes savent-ils s’ils ont été entendus même si rien n’a encore changé. Si les partis traditionnels restent sourds aux appels de la rue quel est alors l’objectif du mouvement ? Qu’exigeons-nous en tant que mouvement ?

    Le mouvement climatique doit discuter du programme. Cela doit aller au-delà d’une loi Climat et des élections. De nombreux étudiants sont en faveur de transports publics plus nombreux, de qualité et gratuits. Pourquoi ne pas en faire l’une des revendications centrales du mouvement ?

    Beaucoup savent que le secteur de l’énergie est le secteur le plus polluant. Les grandes compagnies pétrolières ne sont pas seulement les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, ce sont aussi elles qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour forer et consommer chaque goutte de pétrole. Pour ces entreprises, seul le profit compte, pas notre planète.

    Les comités d’école mis en place au cours du mouvement peuvent organiser des réunions ouvertes pour discuter des revendications. Nous pensons que le mouvement climatique serait grandement renforcé en revendiquant une gestion démocratique du secteur de l’énergie par la population, afin que le profit ne détermine pas ce qui est produit et comment on le produit, mais que cela soit géré dans l’intérêt commun de l’humanité et de la nature.

    De telles revendications s’attaquent aux grands pollueurs et apportent des solutions collectives. Elles pourraient offrir au mouvement climatique une voie à suivre et de nouvelles perspectives. En même temps, de telles revendications permettraient de contrecarrer des campagnes telles que Sign For My Future, lancées par le monde patronal, profitant de l’absence de revendications concrètes et faire croire que nous sommes tous responsables de manière égale. Nos gouvernants veulent empêcher le mouvement climatique d’entrer en conflit avec les intérêts des grands pollueurs et la logique capitaliste. Mais c’est ce qu’il faut faire : depuis 1989, 100 grandes entreprises sont responsables de 71 % des émissions de gaz à effet de serre. Le capitalisme est au cœur du réchauffement climatique. Obtenir un véritable changement signifie lutter contre ce système.

    Pour en savoir plus, commandez notre livre Socialisme ou Catastrophe écologique (108 pages, paru en janvier 2019, 8 euros – frais de port inclus).

  • Climat. Relancer le mouvement de masse

    Ces derniers mois les mobilisations pour le climat ont dominé l’actualité. L’adoption de la méthode de grève et l’ampleur du mouvement des jeunes ont été décisives à cet égard. Elles ont eu un impact impossible à atteindre seulement par des actions symboliques, des actions au sein des écoles ou même des manifestations du week-end. Le caractère massif des mobilisations représente un changement qualitatif. Cela a fait comprendre aux jeunes qu’ils ne sont pas seuls, que leurs inquiétudes et leur colère sont partagées par des milliers, des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers d’autres..

    Par Michael Bouchez

    La détermination des jeunes a été renforcée, le monde politique a été mis sous pression et ces manifestations ont été répercutées sur le plan international. Le fossé entre les jeunes manifestants et le monde politique est béant. Tous les politiciens n’ont pas qualifié ces grèves d’»irresponsables, contrairement à De Wever, Schauvlieghe ou Jinnih Beels. Mais cela a tout de même montré que le débat de société dépasse ce que les médias ou la politique en font en temps ‘‘normal’’. Ce n’est que sous la pression des actions de la jeunesse que les partis traditionnels ont dû mettre de côté leur train-train habituel pour se prononcer sur la question climatique.

    Reconstruire l’action de masse

    Depuis le 15 mars, le nombre de grévistes et de manifestants du jeudi est moins élevé. Il est bien sûr impossible de faire croître continuellement un mouvement de masse ou de mobiliser le même nombre de grévistes et de manifestants semaine après semaine. Cela ne signifie pas pour autant que de nouvelles mobilisations de masse sont exclues. Lorsque le mouvement faiblit, il faut s’interroger sur la manière de relancer un nouveau plan d’action constructif et massif.

    Beaucoup de jeunes sont conscients des obstacles à la poursuite du mouvement : vacances, examens, pression scolaire, pression à la maison ou de la direction. Et si le monde politique reste sourd, notre mouvement aura-t-il été vain ? Comment les mettre vraiment sous pression ? Les élections vont-elles résoudre quelque chose ? Comment continuer après les élections ? Allons-nous continuer à nous battre ? À niveau local ou national ? Ces questions restent sans réponse pour beaucoup de jeunes.

    L’action Occupy For Climate rue de la Loi était une nouvelle forme d’action, porteuse d’un message direct et justifié : le monde politique est responsable de l’immobilisme et refuse de faire quoi que ce soit. Cette occupation et le ‘‘camping’’ rue de la Loi, puis place du Trône a défié le monde politique, taxé de laxisme. Les médias et réseaux sociaux ont largement répercuté ces événements, cela aurait pu donner un nouvel élan au mouvement. Une telle action alternative et sa répercussion médiatique étaient l’occasion de lancer un appel aux comités étudiants pour organiser des actions locales partout à travers le pays et construire une nouvelle grève nationale d’ampleur.

    L’occasion a été manquée, car l’action visait uniquement à convaincre les partis traditionnels à voter en faveur d’une loi Climat) et pas suffisamment à impliquer les dizaines de milliers d’écoliers entrés en action ces derniers mois. L’occupation de la rue de la Loi a d’ailleurs été préparée dans le secret et il était difficile de la rejoindre. Cette forme d’action a aussi peut-être créé l’illusion qu’il n’était plus nécessaire de promouvoir et construire la participation de masse sur le terrain, avec des comités de mobilisation et de discussion. Cela s’est encore accentué dans les semaines qui ont suivi. Depuis l’action rue de la Loi, l’idée que les actions de grève de masse pourraient faire place à des actions plus restreintes à l’initiative de certaines organisations et des groupes individus a grandi.

    Le caractère de masse des premiers mois du mouvement n’est pas un détail, c’est un facteur décisif pour son impact. Il est donc important de voir comment nous pouvons reconstruire ce caractère de masse.

    Ne pas laisser l’initiative aux partis établis, mais avancer nos propres propositions.

    L’enjeu des mobilisations a lui aussi évolué. Au cours des premières semaines, les écoliers ont quitté leurs classes en grand nombre pour se faire entendre, pour montrer qu’ils en avaient assez de voir que rien ne bouge. Aujourd’hui, cela ne suffit plus : les jeunes savent-ils s’ils ont été entendus même si rien n’a encore changé. Si les partis traditionnels restent sourds aux appels de la rue quel est alors l’objectif du mouvement ? Qu’exigeons-nous en tant que mouvement ?

    Le mouvement climatique doit discuter du programme. Cela doit aller au-delà d’une loi Climat et des élections. De nombreux étudiants sont en faveur de transports publics plus nombreux, de qualité et gratuits. Pourquoi ne pas en faire l’une des revendications centrales du mouvement ?

    Beaucoup savent que le secteur de l’énergie est le secteur le plus polluant. Les grandes compagnies pétrolières ne sont pas seulement les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, ce sont aussi elles qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour forer et consommer chaque goutte de pétrole. Pour ces entreprises, seul le profit compte, pas notre planète.

    Les comités d’école mis en place au cours du mouvement peuvent organiser des réunions ouvertes pour discuter des revendications. Nous pensons que le mouvement climatique serait grandement renforcé en revendiquant une gestion démocratique du secteur de l’énergie par la population, afin que le profit ne détermine pas ce qui est produit et comment on le produit, mais que cela soit géré dans l’intérêt commun de l’humanité et de la nature.

    De telles revendications s’attaquent aux grands pollueurs et apportent des solutions collectives. Elles pourraient offrir au mouvement climatique une voie à suivre et de nouvelles perspectives. En même temps, de telles revendications permettraient de contrecarrer des campagnes telles que Sign For My Future, lancées par le monde patronal, profitant de l’absence de revendications concrètes et faire croire que nous sommes tous responsables de manière égale. Nos gouvernants veulent empêcher le mouvement climatique d’entrer en conflit avec les intérêts des grands pollueurs et la logique capitaliste. Mais c’est ce qu’il faut faire : depuis 1989, 100 grandes entreprises sont responsables de 71 % des émissions de gaz à effet de serre. Le capitalisme est au cœur du réchauffement climatique. Obtenir un véritable changement signifie lutter contre ce système.

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  • Sauver la planète exige une approche socialiste

    Comment le mouvement pour le climat peut-il continuer sur son impressionnante lancée ? Les manoeuvres n’ont pas manqué pour taire les protestations. En vain. On a accusé les grévistes du climat de ne pas savoir pourquoi ils étaient dans la rue. Ou de simplement vouloir sécher les cours: pourquoi sinon ne pas manifester le mercredi après-midi ? Une campagne de pétition/publicité a été lancée comme alternative à la campagne (‘‘Sign for my future’’). A l’école, dans les médias et ailleurs, la même question revenait sans cesse : et toi, personnellement, qu’est-ce que tu fais pour le climat ?

    Par Bart Vandersteene

    Mais les jeunes refusent d’accepter que le problème se limite aux comportements de consommation individuels. Ils exigent un changement de système et sont entrés en lutte en colère contre l’incapacité des politiciens et de l’élite économique à faire quoi que ce soit contre le changement climatique. Et quel meilleur moyen d’envoyer ce message que celui de la grève ? Comment les choses se seraient-elles produites si Greta et Anuna s’étaient contentées d’écrire une lettre aux ministres, de lancer une pétition ou d’appeler à ne plus utiliser de sacs en plastique ou de pailles ? Jamais un tel débat de société n’aurait été lancé. C’est précisément en quittant leurs cours pour manifester que les jeunes ont reçu l’attention nécessaire pour un tel débat social.

    La journée d’action du 15 mars a montré que la volonté d’agir est toujours intacte après plus de 10 semaines. De nombreux syndicalistes ont démontré qu’ils voulaient rejoindre le combat. Le 15 mars n’est pas un point final, mais un sommet provisoire pour un mouvement encore en pleine construction. Beaucoup d’actions sont encore devant nous, comme la nouvelle manifestation Rise for Climate du 31 mars et une deuxième grève pour le climat le 24 mai, deux jours avant les élections.

    A cela s’ajoutent encore les actions locales et les grèves du jeudi. Mais pour être en mesure d’atteindre de nouveaux pics, le mouvement a besoin de s’ancrer localement, de s’étendre et de se structurer. Comment utiliser ces journées d’action pour impliquer de nouveaux groupes de jeunes et de travailleurs ? Que faut-il en faveur de solutions réelles et fondamentales contre le désastre climatique ? Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) appellent tous les jeunes à s’organiser dans leurs écoles et dans leurs villes dans des comités d’action, mais aussi dans les groupes locaux d’EGA. Entrer en action est plus efficace avec une stratégie, des revendications et un programme clairs.

    Ce qu’EGA a systématiquement défendu dans ses tracts et interventions lors des manifestations, des actions ou encore de ses meetings, ce sont des revendications qui partent de ce qui est nécessaire plutôt que de ce qui est acceptable dans le cadre du capitalisme.

    Les politiciens traditionnels espèrent toujours que le mouvement s’éteindra de lui-même. Les jeunes réclament un changement de système depuis des semaines, mais l’establishment tente de limiter les revendications, d’opposer la jeune génération aux plus âgés et de réduire les solutions aux taxes antisociales. Dans la campagne électorale, tous les partis formuleront des promesses ‘‘vertes’’ dans l’espoir de nous calmer.

    Les partis au pouvoir (CD&V, Open VLD, MR) sont incapables d’élaborer des propositions sérieuses. La N-VA, qui a quitté le gouvernement il y a quelques mois, n’a que du mépris pour le mouvement. Jinnih Beels, la nouvelle figure de proue du SP.a, a déclaré avec dédain que les grèves pouvaient s’arrêter ‘‘ça y est, on a compris le message maintenant’’. ‘‘Les plus grands pollueurs, ce sont les capitalistes’’, déclare Di Rupo. Mais le PS ne propose rien de bien concret, comme si les grands pollueurs étaient intouchables.

    Un capitalisme vert?

    Beaucoup de jeunes, d’activistes pour le climat et de travailleurs regardent avec intérêt les propositions de Groen et d’ECOLO. En Flandre, Groen semble être le seul parti qui reflète les protestations de la jeunesse. Mais quant à savoir qui devra payer, le parti reste coincé dans des recettes typiquement libérales. Les jeunes grévistes pour le climat défendent pourtant dès le départ que justice climatique et justice sociale sont compatibles.

    Groen défend les taxes kilométriques et les billets d’avion plus chers. Pour s’attaquer aux grands pollueurs, aux grandes entreprises et aux multinationales, Groen propose d’introduire une taxe sur le CO2 et de supprimer les voitures de société. Mais le coût de ces mesures sera répercuté par les patrons sur les travailleurs et leurs familles. Les voitures de société sont un astucieux tour de passe-passe qui permet aux patrons de payer des salaires sans payer d’impôts ou de sécurité sociale. Pourquoi ne pas exiger que les salaires soient effectivement payés en tant que tels ? Ainsi, les travailleurs qui ont une voiture de fonction aujourd’hui ne seraient pas perdants. De plus, ce salaire pris dans sa globalité aurait une incidence positive sur le calcul des pensions. Les grandes entreprises ont suffisamment bénéficié de ce type de mesures et elles réalisent suffisamment de profits pour payer le coût de la conversion salariale des avantages en nature. Les recettes supplémentaires que cela apportera aux pouvoirs publics pourraient être utilisées pour des investissements drastiques dans l’expansion des transports publics.

    Toutes les propositions des Verts courent le risque d’être répercutées sur les travailleurs et leurs familles, puisque les grandes entreprises favoriseront leurs profits. Groen n’ose rien y faire.

    Comment réaliser une révolution climatique sociale ?

    Le programme électoral du PTB fait référence à une ‘‘révolution climatique sociale’’ et défend des investissements publics dans les transports publics, l’isolation des logements, la recherche scientifique et les énergies renouvelables. Le PTB veut, notamment, imposer des normes d’émission contraignantes aux grands pollueurs et exige 5 milliards d’euros d’investissements publics chaque année. Ce programme va dans le sens d’une approche socialiste. La question qui reste en suspens n’est pas des moindres : comment imposer des mesures à un secteur privé qui fait tout son possible pour en répercuter le coût auprès des travailleurs, en tant qu’employés ou consommateurs ? Que faire si les grands pollueurs menacent de délocaliser leur production s’ils estiment que les normes écologiques leur coûtent trop cher ? Ces normes ne peuvent être contraignantes que si l’infraction est sanctionnée de l’expropriation des sites de production.

    Le code génétique du capitalisme ne lui permet pas d’accepter de telles mesures sans en répercuter le coût (et même plus) sur la collectivité. Rien ne prime sur les dividendes aux actionnaires. Les multinationales réalisent des bénéfices plus que suffisants et disposent de montagnes de cash pour financer les technologies vertes. Puisque les actionnaires font la sourde oreille, il faut leur retirer le contrôle de ces entreprises. C’est cette approche, une approche socialiste, qui est nécessaire pour pouvoir sérieusement parler d’une révolution climatique sociale.

  • USA. Réaliser le ‘‘Green New Deal’’ exige de défier le capitalisme

    ‘‘La seule chose dont nous avons besoin plus que d’espoir, c’est d’action. Une fois que nous commençons à agir, l’espoir est partout. Donc, au lieu de chercher l’espoir, cherchez l’action. Alors, et seulement alors, l’espoir viendra.’’ – Greta Thunberg, activiste suédoise de 16 ans qui a aidé à lancer la récente vague de mobilisations dans le monde entier contre l’inaction face au changement climatique.

    Par Elan Axelbank, Socialist Alternative (USA)

    Espérer sans agir concernant le changement climatique n’a pas plus de sens que les ‘‘pensées et prières’’ qui accompagnent chaque tuerie de masse aux Etats-Unis. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié un rapport spécial en octobre 2018 avertissant que d’ici 2050, sans une importante correction de cap, plus de 350 millions de personnes de plus dans le monde seront exposées à des niveaux mortels de stress thermique. Aux États-Unis, les feux de forêt dans l’Ouest du pays ravageront au moins le double des surfaces forestières des années précédant 2019 et les dommages aux infrastructures publiques et au domaine côtier pourraient atteindre les mille milliards de dollars. En 2014, les États-Unis étaient responsables de 20 % de toutes les émissions mondiales de gaz à effet de serre.

    Pendant des décennies, on était considéré comme radical en défendant simplement que le changement climatique était un fait bien réel. Aujourd’hui, la réalité du changement climatique est largement acceptée, mais face à l’inaction exaspérante de l’establishment politique, ce qui est considéré comme radical, c’est de proposer une solution appropriée à ce problème aux proportions gigantesques.

    Cet écart entre l’ampleur des problèmes auxquels nous sommes confrontés et les solutions proposées par les politiciens de l’establishment peut être vu sur tous les fronts : qu’il s’agisse des inégalités économiques obscènes, du racisme et du sexisme systémiques ou de la crise climatique imminente. Cette situation constitue une force motrice centrale derrière la politisation et la radicalisation actuellement à l’œuvre à travers le monde.

    Qu’est-ce que le Green New Deal ?

    C’est dans ce contexte que le Green New Deal (en référence au New Deal de Roosvelt dans les années ’30, NdT) proposé par la députée Alexandria Ocasio-Cortez (qui se décrit comme étant une socialiste démocratique) recueille un soutien massif dans tout le pays. C’est autour de ce projet que se déroule le débat sur le type d’actions nécessaires pour combattre le changement climatique.

    Le Green New Deal proposé par Ocasio-Cortez est une résolution et non un projet de loi, ce qui signifie qu’il n’est pas contraignant. Une fois adopté, il fixerait des priorités que le Congrès serait censé atteindre en adoptant par la suite des lois et des mesures politiques concrètes.

    Le Green New Deal défend que l’alimentation électrique des Etats-Unis soit à 100 % composée d’énergie propres, renouvelables et à émissions de gaz à effet de serre nulles. La plupart des médias ont rapporté que le Green New Deal appelle à une énergie 100% renouvelable d’ici 2030. Mais la résolution elle-même ne précise pas d’année. Elle préconise une refonte totale des transports aux États-Unis afin de les rendre plus respectueux du climat de même que la modernisation de “tous les bâtiments existants aux États-Unis et la construction de nouveaux bâtiments” pour atteindre une efficacité énergétique maximale, ainsi que l’échange international de technologies, d’expertise, de produits et de financement pour aider d’autres pays à conclure un Green New Deal.

    Cette résolution est présentée comme un vaste programme de lutte contre la pauvreté au langage ferme contre les inégalités économiques et sociales. Elle appelle à la création de millions ‘‘de bons emplois [des ‘‘union jobs’’, c’est-à-dire des emplois dont le cadre de travail a été fixé en accord avec les syndicats] de qualité qui respectent les salaires en vigueur, embauchent des travailleurs locaux, offrent des possibilités de formation et d’avancement et garantissent la parité salariale et sociale pour les travailleurs touchés par la transition’’. La résolution défend également un processus démocratique et participatif qui implique les travailleurs et les communautés opprimées dans la planification, la mise en œuvre et l’administration du Green New Deal au niveau local. Il n’est toutefois pas précisé comment cela pourrait pratiquement se faire.

    Au-delà de l’environnement, le Green New Deal demande que tous les Américains aient la garantie d’un emploi avec un salaire suffisant pour subvenir aux besoins de leur famille, avec des congés familiaux et une couverture médicale adéquate, des congés payés et une sécurité de pension. Le texte appelle également à mettre fin à l’”oppression historique” des femmes, des personnes de couleur et des migrants aux États-Unis. Enfin, la résolution conclut en demandant au gouvernement fédéral de garantir à tous des soins de santé de haute qualité, des logements abordables et une sécurité économique globale.

    Les Etats-Unis représentent le pays le plus riche de l’histoire du monde, mais aucun de ces besoins fondamentaux n’est garanti pour une personne ordinaire. Répondre aux besoins fondamentaux de chacun et passer à une énergie renouvelable à 100 % coûterait bien trop cher, entend-on souvent dire. Pendant ce temps, les trois hommes les plus riches des Etats-Unis accumulent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population du pays ! 100 entreprises dans le monde sont responsables de plus de 70 % des émissions de gaz à effet de serre depuis 1988. La vérité, c’est que notre civilisation et la planète sont sacrifiées pour qu’une poignée de personnes puissent continuer à gagner des sommes énormes. Le Green New Deal cherche à renverser la vapeur.

    Que faudra-t-il pour gagner ?

    Le rapport 2018 du GIEC estime qu’il faut 900 milliards de dollars par an pour mettre en œuvre le programme qu’il juge nécessaire. Le Green New Deal s’inspire de ces propositions. M. Ocasio-Cortez propose que ce montant soit payé en partie au moyen d’un taux marginal d’imposition de 70 % sur tous les revenus supérieurs à 10 millions de dollars. Ce serait un bon début, mais qui ne serait pas suffisant pour financer l’ensemble du programme.

    Un financement supplémentaire pourrait provenir des impôts des grandes sociétés de combustibles fossiles, des grandes banques et des institutions financières. Toutefois, ces sociétés ne sautent pas de joie à l’idée d’être imposées pour lutter contre les changements climatiques. Elles sont prêtes à s’opposer par tous les moyens au Green New Deal. Cette opposition deviendra de plus en plus aigüe et visible au fur et à mesure que le mouvement qui l’appuie se développera.

    Jusqu’à présent, l’opposition s’est principalement manifestée sous la forme d’affirmations selon lesquelles le Green New Deal est un fantasme irréaliste. C’est “juste un tas d’idées qui ne fonctionnent même pas en théorie et encore moins dans le monde réel”, comme l’a déclaré le businessman Lourenco Goncalves (qui possède une fortune de 60 millions de dollars essentiellement issue des mines). Ce type de jugement à l’emporte-pièce constitue souvent la première ligne de défense de l’élite dirigeante et des politiciens lorsqu’ils sont confrontés à des idées progressistes audacieuses qui menacent leurs intérêts. Lors des élections primaires démocrates de 2016, Hillary Clinton a qualifié à maintes reprises de “promesses en l’air (pie in the sky)” bon nombre de propositions de Bernie Sanders, tout particulièrement dès lors qu’il s’agissait du projet de couverture de soins de santé Medicare for All.

    Mais aujourd’hui, trois ans après que Sanders ait commencé à populariser le projet Medicare for All, une majorité d’Américains le soutiennent, dont une majorité de républicains. Des démocrates de longue date proches des grandes entreprises tels que Corey Booker ou Kamala Harris se sentent maintenant obligés de soutenir de telles politiques du bout des lèvres pour être acceptés par la plupart des électeurs démocrates. Ce pourrait également être le cas avec le Green New Deal.

    Soyons toutefois prudents. Il y a une différence énorme entre offrir un soutien verbal au Green New Deal pendant une campagne politique et soutenir les mesures concrètes requises pour le concrétiser, sans encore parler de la construction du mouvement social qui sera nécessaire. Les déclarations publiques sont une chose, mais dans les coulisses, les lobbyistes et les puissants intérêts des entreprises exercent des pressions et donnent même des directives sur ce que les politiciens qu’ils financent peuvent et ne peuvent pas faire.

    Unir tous ceux qui veulent stopper la catastrophe imminente, cela exige un ensemble de revendications claires et audacieuses. Cela exige également une compréhension claire de la manière d’obtenir un tel changement progressiste majeur. La seule force capable de contrer l’opposition des grandes entreprises, c’est un mouvement de masse centré autour du pouvoir social et économique de la classe des travailleurs.

    Récemment, la direction du Comité Energie de la fédération syndicale AFL-CIO a envoyé une lettre ouverte aux auteurs du Green New Deal. Dans celle-ci, le syndicat convient de la nécessité de s’attaquer au changement climatique et d’investir dans les technologies renouvelables, en prenant note de l’appel du Green New Deal en faveur de l’inclusion des travailleurs et des syndicats dans ce processus. Le syndicat fait toutefois valoir que la résolution proposée “est beaucoup trop limitée en termes de solutions spécifiques concernant les emplois de nos membres et les secteurs critiques de notre économie (…) et fait des promesses qui ne sont ni réalisables ni réalistes”. Il ajoute : “Nous ne resterons pas les bras croisés et ne laisserons pas sans réponse les menaces qui pèsent sur les emplois de nos membres et sur le niveau de vie de leurs familles”.

    Il y a là un élément à remettre en question. La véritable menace pour les affiliés du syndicat et tous les travailleurs, ce n’est pas le Green New Deal. Ce sont les patrons des usines, des secteurs de la construction et de l’énergie, ainsi que l’establishment capitaliste des partis républicain et démocrate. Ce sont eux qui entretiennent la situation de bas salaires généralisés, de baisse des allocations sociales et de hausse du coût de la vie. Sans parler des effets désastreux des changements climatiques à venir.

    En fait, la résolution demande “des emplois avec droits syndicaux de haute qualité […], des possibilités de formation et d’avancement, et garantit la parité salariale et sociale pour les travailleurs touchés par la transition”. Cela pourrait être plus clair et plus spécifique, mais il est totalement faux de qualifier cela d’atteinte à l’emploi et au niveau de vie des familles de travailleurs. Il est vrai que le mouvement écologiste a souvent adopté une approche méprisant les préoccupations légitimes des travailleurs concernant leur emploi et leur niveau de vie. Ocasio-Cortez devrait accepter leur offre de poursuivre le dialogue et mettre publiquement au défi ces dirigeants syndicaux de s’asseoir à la table pour discuter d’une proposition commune que tous les travailleurs et les écologistes pourraient soutenir.

    Il existe à l’échelle nationale des syndicats favorables à une action énergique contre le changement climatique, comme Amalgamated Transit Union, Communication Workers of America et National Nurses United. De nombreuses sections locales d’autres syndicats partagent leur approche, y compris dans les métiers du bâtiment. Ces syndicats devraient activement mobiliser leur soutien en faveur d’un Green New Deal pour les travailleurs et construire une alternative aux directions syndicales conservatrices qui dominent actuellement la plupart des syndicats. Ce sont les patrons du secteur des combustibles fossiles qui doivent être laissés dans la poussière, pas les travailleurs qui ont un rôle stratégique à jouer dans la lutte pour cette transition industrielle.

    Pour assurer l’instauration d’un Green New Deal pour les travailleurs, le mouvement – y compris les travailleurs – ne doit pas considérer comme alliés les directions capitalistes des Démocrates ou des Républicains. Il doit au contraire mobiliser sa pleine puissance avec des manifestations de masse, des actions syndicales et des grèves.

    Le Green New Deal pour les travailleurs exige la propriété publique

    La raison pour laquelle nous connaissons la situation actuelle, c’est que nous vivons dans une société où les décisions politiques et économiques sont dictées par le profit des entreprises privées. Agir sérieusement nécessite de s’attaquer directement aux intérêts d’une grande partie des entreprises américaines. C’est pourquoi l’establishment politique s’oppose à toute proposition visant à passer rapidement à une énergie 100% renouvelable.

    Même en restant dans le cadre du capitalisme, un mouvement de masse suffisamment fort pourrait concrétiser certains aspects du Green New Deal. Mais pour parvenir à une transition complète vers une économie reposant sur les énergies renouvelables d’ici 2030, il faudra prendre des mesures sans précédent contre la propriété privée des secteurs clés de l’économie. Malheureusement, ni Ocasio-Cortez ni Bernie Sanders n’acceptent de sortir du cadre du capitalisme pour atteindre ces objectifs. C’est la faiblesse fondamentale de leur approche.

    Tant que les principales compagnies énergétiques appartiendront au secteur privé et seront gérées sur base de la recherche de profit et du principe de concurrence, elles lutteront contre le Green New Deal. Le financement, la planification et la coopération crucialement nécessaires pour ce projet ne pourra tout simplement pas être obtenus. Nous devons assurer que les entreprises énergétiques appartiennent au secteur public, sous contrôle démocratique des travailleurs, pour mettre en œuvre un plan d’une telle envergure, surtout dans un si court laps de temps.

    La transition devra s’accompagner d’une refonte complète de l’infrastructure, ce qui nécessitera que des secteurs clés de l’industrie manufacturière et de la construction deviennent également propriété publique. Sur base d’une planification démocratique, les transports publics pourraient être massivement développés. De nouvelles voies ferrées et de nouveaux trains à grande vitesse pourraient être construits, et l’industrie automobile pourrait enfin se séparer des grandes entreprises pétrolières et passer rapidement à la production de véhicules écologiques. L’infrastructure routière devrait s’adapter à ce changement.

    Comme nous l’avons mentionné précédemment, un plan de cette envergure coûterait environ 900 milliards de dollars par an, un chiffre énorme. Mais les ressources existent déjà pour cela. Collectivement, les quinze plus grandes banques des États-Unis détiennent à elles seules 13,5 mille milliards de dollars. Elles ne renonceront jamais volontairement à cet argent pour le bien commun. L’expropriation des grandes banques et des grandes institutions financières fait également partie de la transition.

    Étant donné que la classe des milliardaires s’opposera farouchement à ce que ces industries clés lui soient retirées, cela ne se produira qu’à la suite d’un mouvement de masse des travailleurs, uni dans une lutte consciente pour y parvenir. Dans ce combat, il est vital de construire un nouveau parti de la classe des travailleurs avec un programme clairement socialiste.

    Nous sommes tout à fait d’accord avec les objectifs du Green New Deal visant à mettre fin à la pauvreté et à l’oppression. Mais cela ne peut être atteint en restant dans le cadre de ce système. Cela exige un changement révolutionnaire. La collectivisation des principaux leviers de l’économie pour instaurer une économie démocratiquement planifiée, reposant sur les besoins humains, jetterait les bases du développement d’une société socialiste égalitaire, dans laquelle l’exploitation et toutes les formes d’oppression pourraient être éradiquées.

    Avec l’escalade de la crise climatique internationale, la nécessité pour l’humanité de passer du capitalisme au socialisme n’a jamais été posée aussi clairement. Rejoignez Socialist Alternative pour nous aider à lutter pour un Green New Deal pour ls travailleurs et en faveur du socialisme !

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