Tag: Changement climatique

  • Brésil : Sauvez l’environnement, détruisez le système !

    Depuis les élections de 2018, l’orientation que prendraient les politiques environnementales avec Jair Bolsonaro à la présidence a suscité une vive inquiétude. Ses déclarations sur l’environnement ont toujours été controversées, parce qu’elles traitent toute considération pour la préservation de la forêt ou pour les peuples autochtones comme un obstacle à la croissance économique du pays.

    Par Bruna Leão, LSR (CIO=Brésil, article initialement publié le 29 août)

    Selon l’INPE (Institut national brésilien de recherche spatiale), entre août 2018 et juillet de cette année, 6 800 km² ont été déboisés, contre 4 500 km² pour la même période entre août 2017 et juillet 2018. Cela représente une augmentation de 64,8%. Selon l’agence gouvernementale IBAMA (Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables), les amendes infligées aux contrevenants en matière d’environnement en 2019 ont diminué d’un tiers par rapport à la même période l’an dernier. La baisse du nombre de sanctions coïncide avec une augmentation du nombre de cas de déforestation et d’incendies de forêt enregistrés en 2019.

    Le chaos environnemental dans lequel nous vivons est devenu évident le 19 août 2019, lorsque le ciel de la ville de São Paulo s’est obscurci à 15 heures en raison d’un nuage de fumée dû à l’incendie qui durait déjà depuis 16 jours en Bolivie, au Paraguay et dans les États brésiliens de Rondônia et d’Acre. Le vent des couches supérieures de l’atmosphère a changé de direction avec l’entrée d’un front froid, dirigeant la fumée vers São Paulo, mais aussi vers la région sud qui comprend les Etats de Mato Grosso, de Mato Grosso do Sul et de Paraná.
    Les feux de forêt ne sont pas rares à cette période de l’année, mais jamais à cette échelle. Selon l’IPAM (Amazon Environmental Research Institute), cette année a été la moins sèche des trois dernières années, de sorte que le temps sec ne peut être blâmé pour les incendies. Cependant, il y a eu une augmentation significative des incendies illégaux, d’environ 70 %, qui a contribué à l’augmentation des flambées de feux de forêt dans la région amazonienne.

    L’avancée de la déforestation est liée à la chasse aux profits écologiquement insoutenable des agro-industries qui contrôlent aujourd’hui le gouvernement. Même avant les coupes dans le Fonds Amazone, nous avons assisté à une augmentation drastique des incendies de forêt dans la forêt amazonienne. Les données de l’imagerie satellitaire quotidienne de l’INPE montrent qu’entre le 18 et le 19 août, 1 346 nouvelles flambées ont été observées dans le pays. Depuis le 15 août, il y a eu 9 507 nouveaux points de combustion. L’administration Bolsonaro avait déjà réduit les fonds de l’IBAMA, en particulier ceux destinés aux inspections et à la surveillance. Puis vint le licenciement récent du directeur de l’INPE, qui a défié le président en défendant les données techniques et scientifiques recueillies par l’institut. Dans le cadre de ce même processus de démantèlement de la protection de l’environnement, les universités publiques qui produisent les connaissances scientifiques et les professionnels qualifiés pour faire face à la situation environnementale du pays sont victimes de coupes budgétaires.

    L’intense soif de profit à tout prix, le renforcement du bloc “ruraliste” (représentant les intérêts des grands propriétaires fonciers) au Congrès, les attaques contre les territoires indigènes et les crimes contre l’environnement comme la rupture des barrages de Brumadinho et Mariana, font du Brésil un des plus grands pays victimes de la déforestation et l’un des plus grands utilisateurs de pesticides au monde. Tout cela s’est intensifié sous le gouvernement Bolsonaro, qui a déclaré la guerre à l’environnement avec ses politiques dévastatrices.

    Grève globale pour le climat

    Les grèves climatiques sont un phénomène en pleine expansion. Ils sont marqués par des jeunes insatisfaits de l’inaction des gouvernements et inquiets pour leur propre avenir, ce qui reflète une politisation croissante chez les jeunes. Un mouvement précurseur des grèves climatiques a eu lieu avant la Conférence de Paris sur le climat en 2015. Dans plus de 100 pays, environ 50 000 personnes sont descendues dans la rue, en arborant des banderoles qui liaient la crise environnementale à la crise sociale. L’intensification de la lutte contre le changement climatique a commencé à la fin de l’année dernière. C’est une jeune Suédoise du nom de Greta Thunberg, alors âgée de 15 ans, qui en est à l’origine. En août 2018, Greta a entamé une série de manifestations qui se sont transformées par la suite en mouvement “Fridays for Future”.

    Un certain nombre de mouvements différents au Brésil ont décidé de se joindre à la construction de la Grève mondiale du climat, appelée dans des dizaines de pays pour la semaine du 20 septembre. Cette mobilisation est aussi une réponse aux attaques du gouvernement Bolsonaro contre les peuples indigènes, l’Amazonie, le Cerrado (vaste région de savane tropicale au centre du Brésil), l’agroécologie et toute initiative qui propose une nouvelle relation entre l’être humain et la nature. Il y a une forte participation, en particulier des jeunes, à la grève mondiale comme moyen d’exprimer cette indignation dans la rue.

    Luttons pour le socialisme !

    Ce moment appelle à la construction d’un nouveau pôle d’attraction pour les luttes des travailleurs et des jeunes en faveur de l’environnement. L’État de São Paulo, comme une grande partie du nord-est et du milieu du Brésil, a déjà connu des crises de gestion de l’approvisionnement en eau (dues à la sécheresse ces dernières années), et connaît actuellement de graves problèmes de santé publique liés à la qualité de l’air. La population subit les conséquences directes sur l’environnement et la qualité de vie des décisions des gouvernements qui ne pensent qu’à eux-mêmes et non au peuple.

    Il est urgent de s’engager dans la lutte pour l’environnement et le climat. Le changement climatique aura des conséquences désastreuses, en particulier pour la classe ouvrière, comme les glissements de terrain, les incendies de forêt, les mauvaises récoltes, la faim, les maladies, les pluies extrêmes, les vagues de chaleur, les inondations et la sécheresse prolongée. La priorité pour nous, à gauche, est de tenir tête à ce système économique à courte vue, un système qui ignore la nécessité de conserver les ressources naturelles et qui n’est motivé que par le profit. Dans son livre Capital, Marx affirme que “tout progrès dans l’agriculture capitaliste est un progrès dans l’art non seulement de piller l’ouvrier, mais aussi de piller le sol”.

    Le système capitaliste conduit notre monde au chaos. Nous devons renverser ce système ! Nous ne pouvons changer les choses qu’en luttant pour une transformation socialiste de la société, avec les travailleurs aux commandes celle-ci. Nous disposons déjà des moyens techniques de planifier la production en fonction de nos besoins plutôt qu’en fonction du profit, et nous pouvons établir une utilisation rationnelle de toutes les ressources de la planète. Cela signifie de lutter pour une société socialiste démocratique, avec une planification démocratique des ressources à l’échelle internationale.

    La construction d’une force de lutte socialiste est la stratégie nécessaire pour répondre aux attaques du gouvernement Bolsonaro et du capitalisme. Construisons la grève internationale du climat en septembre et allions la force de la jeunesse à celle de la classe ouvrière et de tous ceux qui luttent contre la destruction de notre planète !

  • Grève climatique mondiale. Quelle doit être la suite du mouvement ?

    Cartoon de Naor Kapulnik

    L’année scolaire 2018-2019 a été marquée par les grèves climatiques de la jeunesse qui ont ébranlé le monde. Ce mouvement a été lancé par Greta Thunberg, une élève suédoise de 15 ans, qui a séché les cours pour aller protester devant le parlement de son pays et exiger que le gouvernement traite le changement climatique comme une crise, et agisse en conséquence. La Suède venait en effet de connaitre l’été le plus chaud de son histoire, et plus de 60 incendies de forêt.

    Par Eleni Mitsou, Xekínima (CIO-Grèce)

    La grève de Greta a inspiré des centaines de milliers d’élèves dans le monde entier. Des grèves et des manifestations climatiques hebdomadaires ont éclaté de l’Australie au Canada en passant par l’Allemagne, la Belgique, l’Angleterre, etc. Au plus fort du mouvement, il y a eu les deux journées de grèves et de marches mondiales pour le climat, en mars et en mai, auxquelles ont participé plus d’un million d’élèves et de jeunes dans 128 pays du monde.

    Alors que de nouvelles grèves et marches mondiales pour le climat sont prévues entre le 20 et le 27 septembre, la question qui se pose est : comment ce mouvement peut-il avancer, se développer et atteindre ses objectifs ?

    Dans quel camp sont nos dirigeants ?

    Sous la pression du mouvement pour le climat, les gouvernements britannique, français, canadien et irlandais ont déclaré une « urgence climatique ». Cependant, ils n’ont pris aucune mesure concrète pour lutter contre le réchauffement de la planète et les changements climatiques qui en découlent. Au contraire, ils continuent de donner 28 milliards de dollars par an à l’industrie des hydrocarbures, tant au pays qu’à l’étranger, sous la forme de subventions, de réductions d’impôt et d’autres aides financières.

    Un certain nombre de directeurs de multinationales, qui ont formé un groupe appelé la « B Team », prétendent également soutenir les grèves pour le climat et travailler sur des solutions et politiques durables dans leurs entreprises. Cependant, si l’on examine de plus près les propositions et les politiques « durables » de ces grands patrons, on s’aperçoit qu’il s’agit soit de pseudo-solutions, soit d’un simple « greenwashing ».

    Par exemple, Sir Richard Branson, le cofondateur de la « B Team » et propriétaire du groupe Virgin, a déclaré que Virgin Airlines utilise des biocarburants dans un certain nombre de vols. Cependant, les biocarburants ne sont ni une solution écologique, ni une solution durable. Il y a un an, le même Sir Branson célébrait l’utilisation sur un vol commercial d’un autre type de kérosène prétendument « durable ». Encore une fois, le carburant ne provenait pas de sources d’énergie renouvelables, de la technologie de l’hydrogène ou de toute autre technologie écologique, mais de « gaz industriels recyclés riches en carbone ». Virgin affirme que le carburant produit par le recyclage des gaz industriels émet beaucoup moins de gaz à effet de serre. Bien que cela reste à prouver par des scientifiques qui ne travaillent pas pour Virgin, il est clair qu’il est toujours question de combustible fossile, que le processus de « recyclage » ne rend pas plus « vert ».

    On ne peut pas faire confiance aux grands patrons et aux politiciens des partis pro-capitalistes qui prétendent être du côté du mouvement. Depuis le début des années 1960, les scientifiques mettent en garde contre les effets des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Cependant, le premier sommet sur le climat, à Genève, n’a eu lieu que près de 20 ans plus tard, en 1979 ! C’est à peu près au même moment que les grandes entreprises pétrolières comme Exxon sont arrivées à la conclusion que la combustion de combustibles fossiles affecte le climat de la Terre et que dans les décennies à venir, la température allait augmenter de +1 à +2 °C. Quarante ans plus tard, les gouvernements du monde entier n’ont toujours pas pris la moindre mesure substantielle pour arrêter ou du moins ralentir le réchauffement planétaire et le changement climatique.

    Face à une crise climatique qui menace la vie sur terre telle que nous la connaissons, les gouvernements capitalistes ne sont toujours pas prêts à prendre les mesures radicales qui s’imposent pour faire face au réchauffement climatique. La raison en est qu’ils ne sont pas prêts à entrer en conflit avec certains des « membres » les plus éminents de la classe dont ils représentent les intérêts, à savoir les grandes sociétés pétrolières, gazières et charbonnières et d’autres industries qui dépendent absolument du pétrole et du gaz pour leurs produits et leurs profits, telles que l’industrie plastique.

    L’industrie des combustibles fossiles produit 86 % de l’énergie de la planète (électricité, chauffage, combustibles, etc.) et, selon l’une des dernières études du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « l’utilisation des énergies fossiles est responsable d’environ 85 % des émissions anthropiques de CO2 produites chaque année ». Il n’y a donc pas d’autre moyen d’enrayer le réchauffement de la planète et les changements climatiques que de cesser d’extraire et de bruler du pétrole, du gaz et du charbon et de se tourner vers les sources d’énergie renouvelables et d’autres technologies véritablement écologiques.

    Renforcer le mouvement de grève de la jeunesse pour le climat

    Les grèves climatiques doivent donc se poursuivre et s’amplifier, tant du point de vue du nombre de jeunes qui y participent et du nombre de pays où elles ont lieu, que du point de vue de leur extension vers des grèves des travailleurs, notamment des grèves générales capables de paralyser la production capitaliste et de menacer les profits des élites capitalistes. Et, bien sûr, ces actions de grève doivent être organisées de façon plus démocratique et plus efficace.

    Les médias sociaux et les initiatives personnelles ont largement contribué à construire ce mouvement et à organiser les journées de grève mondiale, mais ils ont aussi ouvert la voie aux « leaders » autoproclamés, qui se font souvent concurrence les uns les autres. Pareil fonctionnement empêche aussi de mener un véritable débat sur les revendications à présenter au nom du mouvement, puisque n’importe qui est libre de parler en notre nom, et laisse de la place aux représentants des multinationales et des partis pro-capitalistes, qui n’ont pas honte de se joindre à nos actions, prétendant soutenir le mouvement et sa cause.

    Si des réunions sur le climat se tenaient dans toutes les écoles chaque semaine ou chaque mois, et si chaque école élisait un comité ou un groupe de représentants pour discuter des revendications, et pour planifier et coordonner les actions de grève avec les comités des autres écoles, ce serait un grand pas vers une organisation plus efficace et plus démocratique du mouvement, pour mobiliser encore plus de monde. De plus, si les comités de jeunes se coordonnaient de la même manière avec des comités de travailleurs élus sur le lieu de travail ou dans les quartiers, on pourrait voir l’émergence d’un mouvement extrêmement puissant unissant les jeunes et la classe des travailleurs.

    Les élèves ne peuvent à eux seuls contraindre les capitalistes qui contrôlent l’économie et prennent toutes les décisions politiques à prendre les mesures radicales coordonnées qui s’imposent à l’échelle mondiale pour sauver la planète.

    Le mouvement pour le climat peut croître en nombre et en force en s’associant à d’autres mouvements et luttes pour l’environnement implantés « localement », comme la lutte contre l’extraction du lignite (charbon) en Allemagne, contre les mines d’or hyperpolluantes en Grèce, en Turquie et en Roumanie, contre l’extraction des gaz de schiste, contre le forage en haute mer, contre les nouveaux oléoducs au Canada, en Angleterre, aux Etats-Unis et ailleurs. Il est également important d’agir de concert avec les peuples autochtones des Amériques qui se battent pour préserver leurs terres et leurs réserves d’eau, ou contre la destruction de la forêt en Indonésie, au Brésil et en Afrique, comme la lutte menée contre Shell par le peuple Ogoni au Nigeria.

    Il faut également nouer des liens en vue d’actions communes avec d’autres campagnes et mouvements tels que le mouvement mondial de lutte pour les droits des femmes (qui a organisé des mobilisations incroyables ces dernières années et remporté un certain nombre d’importantes victoires), le mouvement pour les droits des LGBTQ+, et le mouvement antiraciste et antifasciste – n’oublions pas que les partis et groupes d’extrême-droite nient pratiquement tous la réalité du changement climatique ou, dans le meilleur cas, nient le fait que le changement climatique soit causé par les émissions de gaz à effet de serre provoquées par l’homme.

    Plus important encore, les grèves des jeunes pour le climat doivent être associées au mouvement des travailleurs et travailler à un mouvement unifié et consolidé des travailleurs et des jeunes. Les grèves des travailleurs ont le pouvoir de renverser les gouvernements, d’imposer des changements radicaux dans la société et, sous certaines conditions, de provoquer des révolutions. Ils ont ce pouvoir parce que les travailleurs sont ceux qui produisent tous les biens et services de la société : ce sont eux qui produisent toutes les richesses, y compris les profits qui font les riches.

    Construire un tel mouvement ne sera pas une tâche facile. À une époque où la grande majorité des dirigeants syndicaux ont atteint un nouveau niveau de bureaucratie et de dégénérescence et n’appellent même pas à faire grève pour lutter contre les licenciements, les fermetures d’entreprise, les réductions de salaires ou les mauvaises conditions de travail, il est très peu probable qu’ils appellent à une action réelle sur l’environnement. La majorité des responsables syndicaux ferment les yeux sur le mouvement de grève pour le climat et, dans les rares cas où ils le soutiennent en parole, ils ne sont pas prêts à prendre l’initiative. Par exemple, Verdi, qui est le syndicat allemand des travailleurs des services, fort de 2 millions de membres, en cherchant à se présenter comme luttant contre le changement climatique, a appelé ses membres à se joindre, s’ils le pouvaient, aux grèves pour le climat, mais tout en indiquant clairement qu’il n’appellerait pas à une grève officielle.

    Ainsi, là où les syndicats sont contrôlés par des directions bureaucratiques et dégénérées, les militants environnementaux doivent s’adresser à la base syndicale, aux délégués et aux larges fronts de gauche, pour les rallier au mouvement de grève pour le climat et essayer de créer des comités de grève dans les syndicats qui organiseront la base et feront pression sur les directions syndicales pour lutter activement contre le changement climatique. D’ailleurs, cela renforcera du même coup la capacité de résistance des travailleurs face à toutes les attaques contre leurs droits, leur salaire et leur emploi.

    Les luttes pour l’environnement et les luttes des travailleurs ne sont pas opposées l’une à l’autre. Dans de nombreux pays, les capitalistes et les bureaucrates syndicaux s’opposent à ces deux formes de lutte, en les divisant. Ils affirment qu’une politique environnementale, la transition des énergies fossiles à l’énergie verte, etc. mèneront forcément à des pertes d’emplois et à une hausse des taxes.

    Cependant, si les syndicats et les comités des travailleurs, des jeunes, des communautés locales, etc. élus démocratiquement prenaient le contrôle du processus de transition à une économie verte et durable, ils pourraient garantir qu’aucun emploi ne serait perdu, que les travailleurs seraient au besoin réorientés vers d’autres secteurs de l’économie, sans perdre leur salaire au cours de ce processus de transition. D’ailleurs, dans de nombreux cas, le passage aux technologies vertes est justement la solution idéale pour garantir l’emploi des travailleurs. Prenons l’exemple des travailleurs du chantier naval emblématique Harland & Wolff en Irlande du Nord, qui luttent pour sauver leur emploi : ces travailleurs exigent que le gouvernement nationalise le chantier naval pour sauver son avenir. Ils expliquent qu’avec leur savoir-faire et leur équipement, ils pourraient produire des éoliennes pour jouer un rôle important dans la transition de l’Irlande vers l’énergie verte et une économie verte.

    Se battre pour l’avenir

    L’ONU a averti que nous ne disposons que d’à peine dix ans pour prendre les mesures qui s’imposent pour maintenir l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle entre 2030 et 2052.

    Si nous parvenons à maintenir l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C, la prochaine génération aura encore la possibilité de revenir à « l’Holocène » – l’ère de l’homme moderne – ou du moins à une époque proche de celle-ci – l’ère où la civilisation humaine s’est développée, et qu’elle risque à présent de quitter. Certes, une hausse de température de plus de 1,5 °C ne signifiera pas la fin de la vie sur Terre. Mais elle signifiera bel et bien la fin de la vie sur Terre telle que nous la connaissons. La vie de centaines de millions, voire de milliards de personnes sera gravement menacée, des millions d’espèces vivantes seront perdues et une grande partie de notre planète deviendra inhabitable.

    Les jeunes et les travailleurs, les mouvements de lutte pour l’environnement, pour les droits des femmes, pour les droits des LGBTQ+ et antifasciste doivent lutter ensemble contre le réchauffement climatique et le changement climatique. Et nous devons être conscients qu’il s’agit d’un combat qui remet en question le système capitaliste lui-même, parce que les mesures et les actions nécessaires pour sauver la planète sont incompatibles avec le fonctionnement de ce système.

    • La consommation d’énergie fossile est responsable d’environ 85 % des émissions anthropiques de CO2 produites chaque année. Nous devons mettre fin à la combustion d’hydrocarbures pour la production d’énergie et de plastique au cours des prochaines années et nous tourner radicalement vers des technologies qui utilisent des sources d’énergie renouvelables (vent, soleil, vagues, etc.) et l’hydrogène. La technologie pour ce faire est disponible. Ce qui manque au système, c’est la volonté politique de faire la transition.
    • L’industrie des combustibles fossiles et ses produits sont responsables de 91 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre industrielles et d’environ 70 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine. Une centaine de multinationales seulement sont responsables à l’échelle mondiale d’environ 71 % des émissions industrielles de gaz à effet de serre et de la moitié des émissions sur la planète liées à l’activité humaine ! Aucune d’entre elles n’abandonnera volontiers les bases sur lesquelles ses profits prospèrent. Nous devons donc faire en sorte que ces entreprises deviennent la propriété de la collectivité pour être contrôlées par elle, en utilisant leurs richesses pour les convertir, sans perte d’emplois, en entreprises qui produiront de l’énergie et du carburant provenant de sources d’énergie renouvelables et de la technologie de l’hydrogène, et pour planifier la production énergétique en fonction des besoins sociaux et non des profits capitalistes.
    • Un très petit nombre d’entreprises contrôlent la grande majorité de la production et du commerce des denrées alimentaires dans le monde. Ces multinationales sont responsables de 75 % de la déforestation dans le monde (qui représente 15 à 20 % des émissions de CO2), de la destruction d’autres écosystèmes précieux et de l’utilisation massive de produits agrochimiques qui affectent la nature et notre santé. L’alimentation et l’agro-industrie sont également les deuxièmes plus importantes sources d’émissions d’autres gaz à effet de serre, tels que le méthane (56 %). Elles sont responsables de 19 à 29 % des émissions totales de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine. Nous devons arracher ces entreprises des mains des capitalistes, arrêter la déforestation, organiser un programme de reforestation massive à l’échelle mondiale et planifier la production alimentaire de manière durable et respectueuse de l’environnement, ce qui implique de cultiver davantage notre nourriture localement, en utilisant des variétés traditionnelles de semences et de bétail, et de (re)sensibiliser la population au problème de la consommation excessive de viande et de ses effets négatifs tant sur l’environnement que sur la santé personnelle.
    • Nous devons mettre en œuvre un plan d’investissement public de masse pour construire des logements et moderniser les logements actuels, assurer un service gratuit et efficace de recyclage et de réparation de nos biens plutôt que d’incinérer les déchets et/ou de les envoyer pourrir dans des pays pauvres. Toutes ces mesures seraient plus qu’abordables si les richesses que nous produisons tous n’étaient pas accaparées par une petite élite qui contrôle l’économie et l’élite politique.
    • Toutes ces actions, ainsi que celles qui sont nécessaires pour réparer les dommages environnementaux infligés aux écosystèmes, pourraient créer des millions de nouveaux emplois décents. Les travailleurs des industries et des secteurs touchés par la transition écologique doivent se voir garantir des emplois et une reconversion sans perte de salaire. Investir dans les énergies renouvelables crée beaucoup plus d’emplois : pour chaque emploi créé par un investissement dans les énergies fossiles, le même montant produit 5 à 7 emplois « verts ».
    • Nous avons besoin d’une forte hausse du financement public de la recherche scientifique démocratique et indépendante pour mieux comprendre et combattre le changement climatique, pour développer davantage les technologies de production et de stockage de l’énergie verte, pour développer davantage les matériaux respectueux de l’environnement (par exemple les matériaux qui remplaceront le plastique, tels que le béton écologique et autres matériaux de construction), etc. L’argent du gouvernement qui est actuellement dépensé en subventions, en allègements fiscaux et en mesures incitatives pour les entreprises de combustibles fossiles devrait être consacré à la recherche. Il n’est pas nécessaire de souligner que les résultats de cette recherche doivent appartenir à l’ensemble de la société et être utilisés pour le bien commun : ils ne devraient pas pouvoir être achetés, brevetés et utilisés à des fins lucratives par les multinationales.
    • C’est NOTRE planète : nous devons donc planifier et gérer démocratiquement l’économie, avec pour principe de base le droit de chacun à une vie exempte de pauvreté, d’oppression et de destruction ; une économie fondée sur la durabilité pour assurer que nous ayons tous un avenir sur cette planète. Combattre le capitalisme pour le remplacer par une société aspirant à satisfaire les besoins des gens et non les profits des entreprises, une société qui respecte l’environnement au lieu de le détruire, dirigée par une vraie démocratie et non par les multinationales qui contrôlent notre l’économie et notre vie politique : une société socialiste démocratique !
  • De la canicule à l’enfer sur terre ? Le vrai problème climatique, c’est le capitalisme !

    Greta Thunberg, ‘‘prêtresse climato-hystérique’’ et ‘‘gourou apocalyptique’’ ? C’est en ces termes que fut reçue la jeune militante suédoise à l’Assemblée nationale française par le petit monde politico-médiatique. Sur son blog, le philosophe français Michel Onfray se distingua par l’ignominie de ses propos en dénigrant le physique et le syndrome d’Asperger ‘‘d’une jeune fille qui a le visage, l’âge, le sexe et le corps d’un cyborg du troisième millénaire.’’

    Par Sébastien (liège)

    Si cette violence provient principalement des milieux d’extrême-droite (des nationalistes flamands ont agressé physiquement Anuna De Wever au festival Pukkelpop), plusieurs représentants de partis traditionnels ont grandement participé à propager cette haine auprès du grand public. Plusieurs mois après les mobilisations historiques de centaines de milliers de jeunes, ces agressions illustrent l’inquiétude croissante des climato-sceptiques, mais aussi de ceux qui savent pertinemment quels sont les dangers qui nous font face, mais choisissent délibérément de ne rien faire. Ou qui choisissent de limiter les réponses à apporter afin d’éviter qu’elles ne s’en prennent au système capitaliste qui joue un rôle moteur dans l’existence et l’accélération de la crise environnementale.

    Le capitalisme tue et ils le savent

    Et pour cause, ce système est responsable de la production de 1.400 milliards de tonnes de CO2 depuis le début de l’industrialisation. Depuis, la biodiversité ne cesse de décliner. Les grandes entreprises déboursent des sommes astronomiques pour nous persuader que leur production est respectueuse de l’environnement. Pourtant, la consommation de charbon continue de croître. Celle du pétrole vient pour la première fois de passer les 100 millions de barils par jour !

    Dans ‘‘L’homme a mangé la Terre’’, le documentariste Jean-Robert Viallet rappelle que la révolution industrielle, avec son cortège de pollution, ne s’est pas faite dans une inconscience modernisatrice : ‘‘Des milliers de procès sur la pollution industrielle encombrent les archives et témoignent de l’ancienneté des dommages environnementaux. Les bilans comptables des usines chimiques montrent que, chaque année, les industriels dédommageaient leurs voisins pour les récoltes perdues et pour la dégradation de leur environnement.’’ Or, les médecins des XVIIIe et XIXe siècle faisaient déjà de l’environnement le déterminant essentiel de la santé. Décennie après décennie, deux siècles durant, les alertes n’ont jamais cessé. Deux siècles durant, les lobbies industriels se sont organisés pour les étouffer.

    Plus de temps à perdre !

    Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) estime qu’il reste 11 ans pour imposer une alternative radicale afin d’éviter les effets les plus graves du changement climatique. Le cabinet indépendant Carbone 4 vient de publier une étude déclarant que l’effort individuel ne peut suffire pour s’engager sur la voie de la transition écologique. Les chercheurs expliquent que nous devons exiger une transformation radicale du système et qu’il revient à l’État et aux entreprises, en tant que principaux responsables, de fournir trois quarts de l’effort climatique.

    Ne soyons donc pas dupes : une lutte collective contre ce système est essentielle. Elle doit être orientée vers une collectivisation des moyens de production, car on ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas. Seule une prise en mains des secteurs-clés économiques sous la gestion et le contrôle démocratiques de la collectivité, une transformation socialiste de la société, pourra limiter la casse. À ce stade, ce n’est plus un slogan mais une nécessité vitale. Renforçons les différentes mobilisations prévues ce mois-ci et profitons-en pour discuter du programme et de la méthode pour contrôler et déterminer ce que nous produisons dans le respect de l’humanité et de la planète !

    • 20 septembre : Grève écolière dans le cadre de la 3e journée internationale de grève pour le climat. RDV à 13h30 gare de Bruxelles-Nord.
    • 21 septembre : ‘‘Mobilisation Historique contre le système’’ à Paris.
    • 22 septembre : Action ‘‘Rise for Climate’’ à Bruxelles.
  • Changeons le système, pas le climat – luttons pour une alternative socialiste

    Nous sommes organisés internationalement au sein du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), qui dispose de section dans plus de 35 pays. Lors des prochaines mobilisations pour le climat, nous interviendrons mondialement autour d’un programme commun dont voici les principales revendications :

    1. Pas de temps à perdre : il faut un virage radical et la fin de la combustion de combustibles fossiles pour la production d’énergie et de plastique au cours des prochaines années. Nous avons besoin d’aliments qui ne ruinent ni la planète ni notre santé. Cela exige des changements urgents et qualitatifs dans la production énergétique, industrielle, alimentaire et agricole, dans les transports et dans le logement.

    2. Les besoins des gens, pas les profits : Les solutions individuelles sont insuffisantes face à un problème global. La majorité des habitants de la planète n’ont tout simplement pas le choix. Même si nous nous comportions tous de manière extrêmement écologique, cela ne suffirait en aucun cas à résoudre le problème. Nous avons besoin d’un plan d’investissements publics massifs dans les énergies renouvelables ; dans des transports en commun publics de haute qualité, efficaces et gratuits ; dans des bâtiments et des logements écologiques pour tous ; dans le recyclage et la réparation de l’infrastructure. Tout cela est plus qu’abordable – pour autant que la richesse que nous produisons ne soit pas accaparée par une petite élite.

    3. Stoppons les 100 principaux pollueurs : Au cours des trois dernières décennies, plus de 70% des émissions industrielles de gaz à effet de serre ont été produites par 100 entreprises. Mais les grandes entreprises ignorent les recommandations ou la législation et les partis et politiciens établis sont leurs marionnettes. Nous ne pouvons contrôler que ce que nous possédons. Par conséquent, la première étape consiste à faire passer les grandes industries énergétiques ainsi que les grandes banques et les grandes entreprises de la construction, du transport et de l’agro-industrie des mains des capitalistes à celles du secteur public.

    4. Une société à notre service : Avec ces ressources, il est possible de libérer la science des limites du capitalisme et de la recherche de profits. Au lieu d’investir des milliards de dollars dans des subventions aux sociétés pétrolières, nous pourrions développer des technologies et des matériaux écologiques. Nous défendons le droit de chacun à un bon emploi et à une vie exempte de pauvreté, d’oppression, de dévastation et de destruction. Les grandes entreprises et leur puissance colossale doivent être contrôlés et gérés démocratiquement par la classe des travailleurs et la société dans son ensemble. Cela garantira qu’aucun emploi ne serait perdu, mais converti en emplois socialement utiles et sans perte de salaire.

    5. La planification, pas le chaos : Les programmes de “Green New Deal” ou de “Green Industrial Revolution” vont dans la bonne direction. Mais nous devons aller plus loin, au-delà des limites du système capitaliste. Au lieu de l’anarchie capitaliste de la production pour le profit, nous devons planifier comment utiliser durablement les ressources de la planète afin de répondre aux besoins de la majorité.

    6. Faisons grève ensemble : Ce sont les gens ordinaires qui souffrent le plus du changement climatique. Et c’est la classe des travailleurs qui a le pouvoir de changer l’histoire. Nous devons poursuivre les grèves des jeunes pour le climat et les élargir en tendant la main aux travailleurs et aux syndicats afin de nous unir dans une grève puissante : le blocage de l’économie capitaliste. Cela montre aussi notre potentiel pour prendre le pouvoir économique entre nos mains.

    7. Changeons le monde : Les êtres humains font partie de l’éco-système – le capitalisme n’en fait pas partie. Combattons le capitalisme pour le remplacer par une société reposant sur les besoins des gens et non sur les profits – une société socialiste démocratique ! Faites une réelle différence en rejoignant une alternative combative, internationaliste et socialiste !

  • Catastrophe climatique et nécessité d’une économie planifiée

    Les 20 années les plus chaudes jamais enregistrées se sont produites au cours des 22 dernières années et la hausse des températures n’est qu’un des symptômes de la catastrophe climatique que nous connaissons actuellement. 8% des espèces sont menacées d’extinction. L’État de Louisiane perd la surface d’un terrain de football toutes les 45 minutes en raison de l’élévation du niveau de la mer. Les feux de forêt ravagent l’Ouest des États-Unis et les ouragans ont ravagé la côte sud-est.

    Par Keely Mullen, Socialist Alternative (USA)

    L’humanité est à la croisée des chemins. L’un après l’autre, les rapports nous avertissent qu’à moins que des mesures décisives ne soient prises pour réduire les émissions de carbone, nous risquons d’atteindre des points de non-retour après lesquels les effets sur l’environnement ne pourront être inversés. Un rapport de Columbia Engineering prévoit que la capacité de la planète à absorber le dioxyde de carbone pourrait commencer à diminuer en 2060. Notre filet de sécurité contre l’excès de dioxyde de carbone dans l’atmosphère s’érode, accélérant considérablement les pires effets du changement climatique.

    Un autre de ces points de non-retour est la fonte de la glace polaire. La glace aux pôles agit comme un réflecteur qui renvoie une partie des rayons du soleil dans l’espace et refroidit la planète. Lorsque cette glace fond, elle révèle l’eau plus foncée qui se trouve en dessous et qui absorbe beaucoup plus de chaleur, déclenchant ainsi une boucle de réaction qui augmente de plus en plus le réchauffement. Un autre danger de la fonte des glaces est qu’elle finira par découvrir les couches de pergélisol existantes qui contiennent actuellement d’énormes quantités de méthane. Si le pergélisol fond, ce méthane – qui a un effet de réchauffement beaucoup plus important que le dioxyde de carbone – sera rejeté dans l’atmosphère.

    L’enjeu de l’aggravation de la crise climatique n’est pas seulement notre confort, mais aussi l’accès aux ressources collectives de la terre, à l’eau, à la terre et à l’air pur, ainsi que le déplacement massif de millions de personnes qui deviendront des réfugiés climatiques.

    Les climatologues sont particulièrement préoccupés par l’effet du changement climatique sur le cycle de l’eau de la planète. La hausse des températures a entraîné une augmentation de la quantité de vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère, ce qui rend la disponibilité de l’eau très difficile à prévoir. Cela peut entraîner à la fois des pluies torrentielles plus intenses et des sécheresses plus graves.

    Bien que les tempêtes tropicales, les ouragans et les pluies de mousson fassent partie du régime météorologique normal des États-Unis, l’augmentation de la fréquence et de la gravité de ces phénomènes entraînent des inondations plus intenses qui menacent la qualité générale de notre eau. En effet, les eaux d’inondation recueillent les eaux usées, les pesticides, l’huile de moteur, les eaux usées industrielles et toutes sortes de contaminants et les rejettent directement dans nos cours d’eau. En 2014, l’ouragan Sandy a inondé 10 des 14 stations d’épuration des eaux usées de la ville de New York, provoquant le rejet d’eaux usées partiellement traitées ou non traitées dans les cours d’eau locaux.

    Les entreprises sont responsables

    Quand Al Gore a sorti Une vérité qui dérange en 2006, il a eu un effet retentissant, expliquant en termes simples la science derrière le réchauffement climatique et le danger que cela représente pour l’humanité. Ce film a lancé un réel débat étant donné que pendant des décennies, les grandes entreprises se sont engagées dans une campagne déterminée pour cacher les faits sur le changement climatique afin d’éviter toute perturbation de leurs activités extrêmement rentables. Cette campagne écœurante a sans doute déjà causé la mort de milliers de personnes.

    La conclusion d’Al Gore, c’est que le ralentissement ou l’inversion des effets du changement climatique reposent sur les épaules des individus et leurs choix de consommation. Changez vos ampoules, prenez des douches plus courtes, achetez une voiture hybride, n’utilisez pas de pailles en plastique. Bien que certains de ces changements à notre consommation quotidienne pourraient avoir un impact, même si tout le monde aux États-Unis suivait chaque suggestion d’Une vérité qui dérange, les émissions de carbone aux États-Unis ne diminueraient que de 22 % ! Le consensus scientifique est qu’il doit être réduit de 75 % à l’échelle mondiale. D’où la question de savoir qui sont les véritables responsables de la crise climatique et comment les affronter ?

    Les rapports ont révélé que 100 entreprises sont à elles seules responsables de 71 % des émissions mondiales depuis 1988, la plupart d’entre elles étant des sociétés productrices de charbon et de pétrole comme Exxon, Shell et BP.

    Ce n’est ni une coïncidence ni un accident que ces entreprises soient les principaux moteurs du réchauffement climatique. Il est inhérent à la logique du capitalisme que, pour rester viables, les entreprises doivent maximiser leurs profits. Cela signifie qu’il faut rechercher tous les raccourcis possibles, toutes les dépenses qui peuvent être évitées et toutes les mesures de sécurité qui peuvent être contournées.

    Lors de l’horrible marée noire de Deepwater Horizon en 2010, 4,9 millions de barils de pétrole ont été déversés dans le golfe du Mexique. Une commission de la Maison-Blanche a confirmé qu’avant l’explosion, BP, Transocean et Halliburton ont pris une série de décisions pour réduire les coûts, qui ont finalement causé l’explosion de la plate-forme pétrolière et la mort de 11 travailleurs. Cette commission de la Maison-Blanche a elle-même confirmé que cela allait probablement se reproduire en raison de la “complaisance de l’industrie”. En d’autres termes, cela se reproduira probablement parce que le coût du nettoyage d’une catastrophe n’est rien comparé aux profits réalisés en la provoquant.

    Diverses initiatives politiques ont été proposées pour faire face à cette crise, dont la plupart n’arrivent pas à la cheville de ce qu’il est nécessaire de faire. Le Green New Deal (GND) d’Alexandria Ocasio-Cortez est celui qui va le plus loin, appelant à une transition rapide vers une énergie 100% renouvelable, à un remaniement des systèmes de transport et à une imposition progressive. Gagner le GND représenterait un énorme pas en avant vers une société durable, mais son talon d’Achille, c’est son approche de la puissance structurelle du secteur de l’énergie. Si le secteur de l’énergie reste entre les mains du secteur privé, ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour saper le GND, qui ferait passer la valeur de leurs réserves inexploitées de centaines de milliards de dollars à zéro. Les objectifs contraires des chefs d’entreprise, dont le but est de réaliser des bénéfices, et des forces qui tenteraient de mettre en œuvre le GND rendront pratiquement impossible une transition rapide vers les énergies renouvelables.

    Arguments pour la propriété publique

    Il n’est pas du tout impossible que la pression des masses conduise à des mesures qui amorcent la transition des combustibles fossiles aux énergies renouvelables, même sous le capitalisme. Toutefois, sans intégrer d’importants secteurs de l’économie (à commencer par le secteur de l’énergie) au secteur public, cette transition serait lente et largement désorganisée. Pour changer radicalement de cap et éviter les pires effets du changement climatique, nous devons nous mettre sur le pied de guerre. Cela signifie une approche rapide et organisée pour mettre le secteur de l’énergie sous propriété du secteur public et le ré-équiper sur une base renouvelable.

    Pour opérer une transition rapide vers l’abandon des combustibles fossiles – même dans le cas d’un secteur énergétique public – il faudrait également faire entrer d’autres secteurs de l’économie dans le domaine public. La reprise d’une partie importante du secteur manufacturier permettrait l’expansion rapide des voitures électriques et des transports publics. Au-delà de cela, nous avons besoin de banques publiques pour aider les familles et les petites entreprises à faire la transition vers des logements et des commerces éconergétiques. Un changement aussi profond indique une réorganisation complète de la production sur une base socialiste avec une économie démocratiquement planifiée.

    Historiquement, le capitalisme a libéré la productivité humaine à grande échelle. Cependant, les caractéristiques déterminantes du capitalisme – la propriété privée et l’État-nation – sont maintenant devenues un obstacle au développement futur de notre économie et de notre société. C’est ce qui ressort clairement de la série d’accords internationaux sur le climat qui ont eu très peu d’effet en raison de la réticence des États-nations concurrents à faire des concessions qui profiteraient à leurs rivaux.

    À l’heure actuelle, toutes les grandes décisions sur la façon d’utiliser les ressources de la société sont prises par quelques dirigeants d’entreprises extrêmement riches. Les décisions sont prises en fonction de ce qui rapporte le plus d’argent. Cela signifie souvent l’utilisation de méthodes totalement inefficaces pour produire. Par exemple, lorsqu’une voiture est en cours d’assemblage, presque toutes les pièces se rendent au Mexique, au Canada et aux États-Unis avant que les pièces ne s’assemblent pour former une voiture. La base métallique d’un volant fabriqué aux États-Unis est envoyée au Mexique pour être recouverte et cousue avant d’être renvoyée aux États-Unis. C’est simplement pour que l’entreprise puisse trouver la main-d’œuvre et les matériaux les moins chers pour fabriquer son produit final.

    L’industrie dite de la “mode rapide” est un autre exemple de production inefficace et gaspilleuse sous le capitalisme. L’industrie de la mode est le deuxième plus grand pollueur au monde. Créer des tendances qui changent si rapidement que personne ne peut les suivre garantit que les gens continuent d’acheter des vêtements jetables bon marché, de les jeter et d’en acheter d’autres. Quatre-vingts milliards de vêtements sont produits en série chaque année, presque exclusivement à partir de textiles gourmands en eau mais bon marché comme le coton. Afin d’obtenir la bonne couleur pour une paire de jeans, 10 849 litres d’eau sont utilisés !

    S’il s’agit là d’exemples choquants de gaspillage et de manque total d’innovation, c’est typique de la façon dont la société est organisée sous le capitalisme. La question est donc, quelle est l’alternative ? Comment organiser la société plus efficacement, et dans l’intérêt des personnes et de la planète plutôt que dans celui du profit ?

    Besoin d’un système planifié

    Nous avons besoin d’une économie démocratiquement planifiée dans laquelle les 500 plus grandes entreprises sont mises sous propriété publique, et où les décisions sur la façon dont une industrie donnée est gérée sont prises par des organes élus de travailleurs et de consommateurs. La crise climatique est peut-être la crise la plus existentielle à laquelle l’humanité est confrontée, mais le capitalisme engendre inévitablement des inégalités massives, la pauvreté, et le racisme structurel. Pour répondre à toutes ces questions, il faut une société où les décisions économiques clés sont prises démocratiquement par les masses populaires.

    Mettre une entreprise en propriété publique, c’est retirer ses ressources matérielles – usines, outils, réseaux de distribution, technologies, infrastructures – et ses réserves financières existantes des mains d’investisseurs fortunés et les remettre entre les mains de la société dans son ensemble. Une fois cette étape critique franchie, des conseils démocratiques peuvent remplacer les patrons capitalistes et faciliter le fonctionnement de cette entreprise ou industrie. Ces conseils devraient refléter l’expertise des travailleurs de cette industrie, qui sont intimement familiers avec la façon dont elle fonctionne, ce qu’elle produit et ce qui peut être amélioré. Afin d’empêcher le développement d’une bureaucratie, toute personne élue à un comité d’entreprise ne gagnerait pas plus d’argent que le travailleur moyen de cette industrie et serait révocable.

    Le but de ces conseils ne serait pas de maximiser la rentabilité de leur industrie, mais plutôt de maximiser la capacité de cette industrie à répondre aux besoins de la société. Cela conduirait à une augmentation substantielle du niveau de vie général de la grande majorité de la population parce qu’il n’y aurait aucune raison de maintenir des salaires bas, des semaines de travail inutilement longues, ou de sous-financer les services publics.

    La transition vers une économie planifiée peut très bien commencer dans un pays, mais pour qu’elle réussisse, elle devra s’étendre à l’échelle internationale. Nous vivons dans une économie mondiale créée par le capitalisme, mais pour en tirer pleinement parti, il faut une planification socialiste mondiale. Dans le cadre d’une économie planifiée démocratiquement, des structures internationales devraient être mises en place pour faciliter la coordination maximale des conseils ouvriers dans les différentes industries au-delà des frontières.

    Comme on l’a vu plus haut, la plupart des grandes industries du capitalisme sont pieds et poings liés par la nécessité constante de réduire les coûts. Les patrons chercheront des raccourcis pour s’assurer qu’ils obtiennent les biens et la main-d’œuvre les moins chers. La tâche des conseils démocratiquement élus pour la gestion des lieux de travail et des industries serait d’identifier les domaines où les choses peuvent être rendues plus efficaces et plus durables sur le plan environnemental. Par exemple, à l’heure actuelle, les vastes réseaux de logistique et de chaîne d’approvisionnement qui existent chez Amazon et Walmart sont complètement séparés l’un de l’autre parce qu’ils sont en concurrence directe. Une fois cette concurrence éliminée, ces réseaux incroyablement utiles peuvent être combinés et réoutillés. Le modèle de flux tendu adopté par Amazon et d’autres grands détaillants, grâce auquel un produit peut être commandé et livré en quelques jours, pourrait être d’une grande utilité pour la société s’il n’était pas motivé par le profit. La vaste entreprise de Walmart est elle-même planifiée – avec une coordination à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement. Cela jette les bases d’une transition relativement facile vers une entreprise coopérative, planifiée démocratiquement.

    Alors, comment tout cela est-il lié à la menace existentielle du changement climatique, et comment une économie planifiée pourrait-elle y répondre ?

    Planifier un avenir vert

    Le capitalisme génère des innovations importantes – mais celles-ci sont motivées par la rentabilité, pas forcément la nécessité.

    Sur la base d’une économie planifiée démocratiquement, la recherche peut se faire dans l’intérêt de la population et du climat. Nous pouvons investir dans une véritable transformation des grandes industries sur une base durable. Nous pouvons investir dans le reconversion de millions de travailleurs dans les industries actuellement polluantes et créer des millions d’emplois syndiqués bien rémunérés en exploitant l’énergie renouvelable grâce aux technologies solaire, éolienne et marémotrice. De nouvelles formes d’énergie renouvelable seront sans aucun doute découvertes, et le perfectionnement de la technologie pour exploiter cette énergie exigera la formation d’un plus grand nombre de scientifiques et d’ingénieurs, ainsi que le transfert des scientifiques qui travaillent actuellement au développement d’armes vers des travaux beaucoup plus utiles.

    Afin d’inverser certains des pires effets de la crise climatique, un projet de reboisement mondial devrait être mis en œuvre. La reforestation par la plantation de millions d’arbres endémiques réduirait considérablement la pollution de l’air et rétablirait les habitats naturels et les écosystèmes qui ont été détruits par la déforestation. Parallèlement, il faudra procéder à une réorganisation importante de l’agriculture mondiale afin de réduire la superficie des terres consacrées à l’élevage, ainsi qu’au développement de substituts sains de la viande.

    Dans la plupart des grandes villes, les transports publics s’érode complètement, pendant que les Américains passent 19 jours complets par an coincés dans les embouteillages sur le chemin du travail. Si les gens devraient avoir le choix de posséder et d’utiliser leur propre véhicule, l’expansion massive du transport en commun et son électrification totale permettraient à beaucoup plus de gens de se déplacer plus rapidement et plus facilement que la voiture. Au-delà du transport en commun local, il faut également davantage de trains longue distance. Les trains électriques à grande vitesse pourraient constituer une alternative moins coûteuse et beaucoup moins polluante que le transport aérien.

    L’expansion du transport en commun durable permettrait non seulement d’améliorer le niveau de vie de nombreuses personnes, mais aussi de faire un bond en avant dans la transformation de la société sur une base écologique.

    Une société libérée des contraintes du profit pourrait s’engager dans un certain nombre de projets révolutionnaires pour changer la société : la création de logements à haut rendement énergétique avec une isolation plus efficace, la recherche de stations de purification de l’air pollué, et le développement de routes électrifiées pour charger les véhicules électriques lorsqu’ils circulent.

    La solution à cette crise ne se fera pas par en haut, elle ne sera pas initiée par Elon Musk, elle ne résultera pas d’un simple vote tous les quatre ans. Le rééquipement de la société sur une base véritablement durable et la garantie d’un avenir pour l’humanité reposent sur la fin de la domination anarchique et chaotique du capitalisme et son remplacement par une économie planifiée véritablement démocratique.

    Quelle est la prochaine étape ?

    Gagner un changement révolutionnaire et transformer notre société sur une base socialiste exigera une confrontation historique avec les super riches qui dominent actuellement notre société. Il y a des signes très encourageants aux États-Unis et à l’échelle internationale quant à la possibilité de relever ce défi, des grèves historiques des enseignants qui ont eu lieu aux Etats-Unis au cours de la dernière année et demie et qui pourraient s’étendre à d’autres secteurs, au mouvement grandissant des jeunes pour le climat qui prévoit maintenant une journée internationale d’action le 20 septembre.

    C’est la force unie et organisée des travailleurs et des jeunes qui peut ouvrir la voie au changement socialiste. Une étape critique dans ce processus sera la construction de notre propre parti politique de masse avec un programme socialiste clair et une direction déterminée. Depuis 2015, nous avons mis l’accent sur le rôle que Bernie Sanders – et maintenant Alexandria Ocasio-Cortez – pourraient jouer dans ce processus, en utilisant leur énorme base de soutien pour une politique progressiste et ouvrière, et en lançant une nouvelle organisation de masse.

    Nous devons continuer à construire et à renforcer les organisations de la classe ouvrière en vue des luttes décisives qui nous attendent. Cela signifie construire sur nos lieux de travail des syndicats de lutte bien organisés, véritablement démocratiques, avec la participation active de tous les travailleurs et travailleuses et qui sont prêts à faire tout ce qui est nécessaire pour se défendre contre les attaques de nos patrons. Les syndicats doivent s’associer aux mouvements sociaux dynamiques qui luttent actuellement contre le changement climatique, le sexisme et le racisme, et montrer la voie à suivre sur une base ouvrière.

    Afin de prendre les mesures nécessaires pour sauver la planète de sa destruction par le profit, nous devons fondamentalement rompre avec le capitalisme et lutter pour la transformation socialiste de la société sur la base de l’innovation, la coopération et l’égalité.

  • Leur système est en faillite : faisons leur payer la casse !

    Crise politique. Menace climatique. Et une nouvelle récession ?

    Les signes inquiétants d’un ralentissement de la croissance et d’une crise se multiplient à travers le monde. On s’attend à une contraction économique pour le troisième trimestre en Allemagne, le pionnier économique de longue date de la zone euro qui constitue par ailleurs un important marché d’exportation pour la Belgique. En Italie, la troisième économie d’Europe, le capitalisme se dirige également vers une année de croissance nulle, voire de récession. Le gouvernement populiste s’est effondré. Le pays gémit sous une dette publique de 132% du Produit intérieur brut (PIB).

    Par Peter (Louvain)

    Le capitalisme mondial est embourbé dans un marécage de problèmes. Il y a le Brexit fin octobre et la guerre commerciale prolongée entre les Etats-Unis et la Chine dans un contexte de ralentissement de la croissance dans tous les secteurs de l’économie mondiale. La question fondamentale est celle-ci : les patrons parviendront-ils à nouveau à nous faire payer la crise, comme ce fut le cas après celle de 2008 ?

    La classe dirigeante tentera de transformer le ralentissement économique ou la récession en pertes d’emplois, réductions de salaire, rabotage des pensions, restriction des avantages sociaux et destruction de nos services publics pourtant essentiels. Face à elle se trouve la puissance potentielle de la classe ouvrière et des jeunes, dans la lutte pour un salaire minimum de 14 euros de l’heure, pour une pension de 1.500 euros minimum, pour la réduction du temps de travail avec maintien du salaire et embauches compensatoires, pour des investissements publics dans la mobilité et le logement social, etc. Une lutte historique pour une autre société nous attend afin que ces revendications deviennent des réalisations.

    C’est dans cette conjoncture économique morose que, selon le Bureau du Plan, le gouvernement fédéral belge devra faire face à un déficit budgétaire de 9,6 milliards d’euros l’an prochain. Dans ce contexte s’inscrit également la difficile formation de gouvernements bourgeois affaiblis au niveau régional et national, des coalitions composées de perdants.

    Une élite capitaliste déconnectée du monde et insatiable

    On manque d’argent ? Le CEO de BPost, Koen Van Gerven reçoit un ‘‘parachute doré’’ de 500.000 euros ! En plus de son salaire de 600.000 euros par an… Pour les sociétés du BEL20 (les principales entreprises belges cotées en Bourse), le salaire annuel d’un CEO est encore plus élevé : en moyenne près de 2 millions d’euros. Comparez cela à l’augmentation salariale maximale de 1,1 % pour les travailleurs comprise dans l’Accord Interprofessionnel (AIP) de cette année ! ‘‘Je n’ai aucun problème avec le fait que les personnes qui occupent des postes de direction gagnent 3 ou 4 fois plus, mais pas 50 fois plus’’, a fait remarquer à juste titre Raoul Hedebouw (PTB). Pour le PSL, un tel plafond de rémunération doit être considéré comme une étape intermédiaire dans l’objectif d’un contrôle et d’une gestion démocratiques de l’économie par les travailleurs. Nous ne pourrons en faire l’économie si l’on veut efficacement mettre un terme à la crise néolibérale.

    Au deuxième trimestre, les 1.200 sociétés les plus capitalisées au monde ont distribué un montant record de 513,8 milliards d’euros de dividendes aux actionnaires. (La Libre, 21/8/19). En 2018, les entreprises belges ont expédié pas moins de 206 milliards d’euros vers les paradis fiscaux. L’année précédente, c’était 129 milliards d’euros… Si quelqu’un cherche à combler le trou dans le budget et à améliorer notre pouvoir d’achat et le financement des services publics, c’est là qu’il faut aller ! Selon le Professeur Denis-Emmanuel Philippe (Université de Liège), la cellule ‘‘paradis fiscaux’’ du SPF Finances étudie cette fuite de capitaux avec…. 4 employés à peine ! (LL, 21/8/19)

    Cela n’a pas empêché 50 chefs d’entreprise flamands d’exiger une réduction supplémentaire de l’impôt sur les sociétés à 20% en plus d’un service communautaire pour les chômeurs. Une richesse inouïe d’un côté et une pauvreté croissante de l’autre : une telle société est malade.

    Maintenant, nous savons aussi pourquoi la N-VA et le Vlaams Belang font tout leur possible pour détourner l’attention vers les migrants. Cela leur fait office de paratonnerre pour dévier l’attention du braquage organisé par les plus riches du pays, de la pénurie d’emplois bien payés ou de logements abordables et de l’absence de perspectives d’avenir. Le Vlaams Belang a jeté tous ses slogans prétendument sociaux par la fenêtre une fois les élections passées. Aujourd’hui, le parti considère que le cadeau de départ de 500.000 euros pour le CEO de Bpost est parfaitement normal.

    En Wallonie, le MR, le partenaire choisi par le PS, propose que les mesures vertes ne ‘‘sanctionnent’’ pas les entreprises. En Flandre, à Bruxelles et en Wallonie, les listes d’attente pour les logements sociaux continueront de s’allonger. A Bruxelles, il faut attendre entre 8 et 10 ans !

    Les syndicats doivent lutter en masse contre les nouvelles autorités publiques austéritaires. Pas en ordre dispersé, mais tous ensemble. Si le capitalisme ne peut pas distribuer la richesse d’une manière équitable – une utopie dans ce système basé sur les profits et la crise – alors nous devons lutter pour une planification socialiste démocratique des immenses richesses actuelles.

  • Changements climatiques : l’équilibre fragile de l’extrême Nord

    Durant les dernières années, voire les derniers mois, différents phénomènes météorologiques inusités – que ce soit par leur force ou leur manifestation plus fréquente qu’à l’accoutumée – se sont produits. Que ce soit les tornades, les crues printanières, les canicules à répétition ou les trop nombreuses périodes de gel-dégel, tout le monde est affecté à divers degrés. Et ça, c’est juste pour le Québec. Ou plutôt, juste pour la partie la plus au sud du Québec.

    Par Alexandra L., Alternative Socialiste (CIO-Québec)

    L’extrême Nord canadien est pourtant un écosystème fragile dont nous dépendons toutes et tous. L’Inuit Nunangat est cette partie de l’Arctique canadien qui est composée de 51 collectivités réparties sur 4 territoires : l’Inuvialuit, le Nunavut, le Nunavik et le Nunatsiavut. Le mot inuit Nunangat sert à désigner la terre, l’eau et la glace. Les Inuits considèrent que leur terre natale fait partie intégrante de leur culture et de leur mode de vie.

    Un équilibre fragile

    Selon certaines sources, on évalue que dans un peu plus de 10 ans, la température annuelle moyenne du Nunangat sera proche de 2°C. La température annuelle moyenne est actuellement de -4,4°C à Kuujjuarapik. Le réchauffement climatique fait fondre des glaces éternelles causant une augmentation du niveau de la mer. Aujourd’hui, pas loin de 40% de la couverture de glace de mer a pratiquement disparu dans le Nunangat.

    Dans une région où règne l’insécurité alimentaire, la chasse et la pêche sont des moyens de subsistance essentiels à la survie des communautés. Les personnes autochtones aînées ont constaté des changements dans les vents et les nuages, rendant difficile de prévoir la météo selon l’expertise traditionnelle. Certaines routes traditionnelles sont maintenant inaccessibles. Maintenant que les lacs et les rivières fondent plus vite, les routes sont dangereuses au printemps et le dégel du pergélisol rend les déplacements en VTT plus laborieux l’été.

    L’insécurité alimentaire

    De nos jours, 7% de la population canadienne vit dans l’insécurité alimentaire contre plus de 25% des Inuits, voire jusqu’à 70% selon certaines sources. Le coût des denrées de base est souvent de deux à trois fois plus élevé que dans les grands centres urbains. Les moyens de subsistance traditionnels sont donc essentiels pour la survie des Inuits. Malheureusement, les changements climatiques affectent aussi les animaux et les plantes. Les changements dans les courants marins apportent des contaminants. Les changements dans la végétation affectent la survie du gibier.

    Le passage du Nord-Ouest

    Depuis le début de la colonisation, on rêve de ce passage du Nord-Ouest qui aurait permis aux commerçants européens d’arriver en Asie plus rapidement. Pour les États impérialistes que sont les États-Unis, la Russie et le Canada, il est essentiel d’assurer le contrôle des eaux et des terres arctiques. Que ce soit dans le but de prospecter et d’extraire des ressources naturelles ou encore d’assurer sa prédominance militaire, la région est stratégique. La délocalisation forcée de familles d’Inukjuak à Grise Fiord et à Resolute dans les années 50 témoigne de cette volonté du gouvernement canadien d’occuper ces terres nordiques.

    L’exploitation des ressources naturelles dans ces régions est potentiellement nuisible aux communautés y vivant. Elle a aussi un impact environnemental certain. Par exemple, l’exploitation par Baffinland Mining du secteur de Milne Inlet pourrait avoir un impact négatif sur les narvals qui fréquentent les lieux. L’augmentation du trafic maritime qui sera généré aura, elle aussi, un impact sur les écosystèmes de l’Arctique.

    Il ne faut pas non plus négliger l’impact social, culturel et communautaire que pourrait avoir l’arrivée massive d’entreprises capitalistes sur les territoires Inuit. Le mode de vie des peuples inuits est basé sur des traditions ancestrales, la chasse et la pêche. Les ressources alimentaires traditionnelles se font plus rares et le coût du transport de denrées provenant du sud accentue l’insécurité alimentaire de plusieurs familles.

    Dans le respect de la communauté

    Il ne faut pas refuser d’emblée tout changement dans le Nunangat et les autres régions nordiques. La création d’emplois ainsi que le développement économique écologiquement responsable peuvent être profitables à toutes les communautés, à condition que celles-ci soient impliquées démocratiquement dans les décisions et qu’elles rompent avec la logique du libre marché. Il en va du droit fondamental de ces peuples à l’autodétermination. Personne ne connaît mieux qu’eux les enjeux de leurs territoires. Personne n’est mieux placé qu’eux pour les gérer.

    Les États capitalistes comme le Canada rechignent à reconnaître le droit à l’autodétermination des peuples autochtones, car ils veulent contrôler les ressources pour les exploiter en toute impunité. Leurs profits en dépendent. Dans ce contexte, la lutte pour l’indépendance politique et économique du Nunangat est une lutte contre les intérêts des capitalistes canadiens et québécois.

  • La révolte climatique mondiale discutée au Comité exécutif international du CIO

    Un rapport accablant publié l’année dernière par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) montre que nous n’avons plus que 11 ans pour adopter des mesures afin d’éviter que la température mondiale n’augmente au-delà de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Nous ne sommes pas seulement confrontés au changement climatique, mais à une crise existentielle qui pose la question du monde dans lequel vont vivre les jeunes générations.

    Par Tom Costello, Socialist Alternative – (publication CWI en Angleterre et au Pays de Galles)

    Les effets de la crise se font déjà sentir dans le monde entier. Cette année, les climatologues ont constaté que le pergélisol de l’Arctique canadien a commencé à dégeler 70 ans plus tôt que prévu. Une nouvelle flambée mondiale d’incendies de forêt est en cours – en Californie, les feux de forêt font rage sur une superficie d’environ 500 % supérieure à celle de 1972 (NdT : la discussion et la rédaction de cet article ont pris place avant que ne commence le terrible incendie de l’Amazonie).

    Mais c’est dans le monde néocolonial que l’ampleur de la crise se révèle la plus révélatrice. 350 millions de personnes en Asie du Sud-Est et en Afrique ont connu cette année des vagues de chaleur mortelles. Des températures allant jusqu’à 48°C dans le nord et le centre de l’Inde ont déjà coûté la vie à plus de 36 personnes – le chiffre réel risque d’être encore plus élevé. Au rythme actuel, il y aura un pic énorme de réfugiés climatiques avant 2050. Des millions de personnes seront forcées de quitter leurs foyers car de vastes régions du monde seront rendues inhospitalières.

    C’est dans cette situation qu’une nouvelle génération de jeunes et de travailleurs a commencé à se demander : comment faire face à la crise ? Quel type de changement politique sera nécessaire pour y faire face ? C’est dans cette conjoncture, et dans le contexte d’une révolte climatique mondiale croissante, que le Comité exécutif international du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) s’est réuni du 12 au 16 août en Belgique. Des socialistes révolutionnaires de plus de 20 pays, représentés sur tous les continents du monde, ont discuté et débattu pour développer une réponse et un programme communs pour faire face à cette crise.

    La jeunesse montre la voie

    Face à l’indignation et à la peur grandissantes suscitées par l’urgence climatique mondiale, les politiciens sont confrontés à une pression accrue pour trouver des réponses. Leur vielle réponse – blâmer la classe ouvrière en tant que consommateurs – s’est avérée totalement insatisfaisante.

    Un produit de ce développement est observé aux États-Unis. Alexandria Ocasio-Cortez, membre de la Chambre des représentants des États-Unis et démocrate socialiste autoproclamée, a introduit l’idée d’un ‘‘New Deal vert’’ (en savoir plus à ce sujet). Elle défend qu’une hausse d’impôt pour les ultra-riches serve à financer des emplois verts et des projets d’infrastructures durables. L’idée générer une approbation massive parmi les travailleurs et la classe moyenne du pays. Un récent sondage réalisé au Marist College, à New York, a révélé que 63 % des sondés soutenaient l’idée d’un New Deal vert.

    Cela reflète une tendance sociale plus large à l’échelle internationale. Les travailleurs, les étudiants et les jeunes en particulier ont commencé à chercher des idées de plus en plus radicales, tandis que l’establishment politique et la classe dirigeante n’ont fait que de fausses promesses et des gestes creux. Il est de plus en plus reconnu que le système économique actuel est incapable de répondre aux besoins de la planète. Un récent rapport de Carbon Majors a révélé que seulement 100 entreprises dans le monde sont responsables de 71 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis 1988.

    L’insatisfaction et la colère de millions de jeunes ont trouvé leur expression dans les grèves scolaires pour le climat de #YouthStrike4Climate. Le mouvement a été lancé en août 2018 lorsqu’une étudiante de 16 ans, Greta Thunberg, a commencé manifester devant le Riksdag (parlement suédois) à Stockholm pour exiger une action immédiate afin de sauver le climat. Depuis, l’idée a fait fureur et 1,5 million de personnes dans le monde ont quitté leurs école et leurs universités le 15 mars pour le première grève internationale pour le climat. La vague suivante a été qualifiée de ‘‘grève de la terre’’ à la suite de l’appel lancé par Greta aux travailleurs pour qu’ils organisent des débrayages afin d’étendre et de développer la résistance.

    Lors d’un récent discours à la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique en Pologne, Greta Thunberg a déclaré : ‘‘Nous ne pouvons pas résoudre une crise sans la traiter comme une crise. Nous devons garder les combustibles fossiles dans le sol et nous devons mettre l’accent sur l’équité. Si les solutions au sein du système sont si impossibles à trouver, nous devrions peut-être changer le système lui-même.’’ Cela reflète l’atmosphère grandissante parmi la jeunesse. A bien des égards, la conscience évolue dans une direction anticapitaliste. Pour une large couche de la jeunesse, la course aux profits sans fin du capitalisme rend ce système totalement incompatible avec une véritable justice climatique.

    Une révolte mondiale

    Ces grèves pour le climat ont été marquées par un haut niveau de sentiment internationaliste. Le changement climatique ne peut être combattu dans un seul pays, c’est largement reconnu. Le mouvement doit donc avoir un caractère mondial, les différentes campagnes doivent être solidement liées les unes aux autres à travers les pays. Le CIO, en tant qu’organisation internationale et unie de militants marxistes, a encouragé ce processus à chaque étape et l’a intégré dans tous les aspects de son travail.

    Nous estimons qu’il est d’une importance vitale de construire une solidarité par-delà les frontières entre les jeunes grévistes pour le climat et le mouvement ouvrier organisé. En Irlande du Nord, des travailleurs ont occupé le chantier naval de Harland & Wolff à Belfast afin de contester les pertes d’emplois. Suite à une baisse de rentabilité, 130 emplois sont menacés de disparition. La logique du marché capitaliste exige que les communautés ouvrières soient abandonnées dès lors que les profits sont insuffisants. Pour la nouvelle génération qui entre sur le marché de l’emploi, la vie est de plus en plus précaire.

    Le Socialist Party (CIO-Irlande) a joué un rôle clé dans son combat grâce à l’influence qu’il a acquise au sein du mouvement syndical d’Irlande du Nord. Nos camarades ont soutenu la revendication de la nationalisation de l’entreprise sous le contrôle des travailleurs afin de sauver les emplois. Ils ont lié cette question au mouvement pour le climat en réclamant la requalification des travailleurs dans la production d’équipements d’énergie renouvelable afin d’assister la transition écologique.

    Cette orientation vers la classe ouvrière est adoptée dans toutes les sections du CIO. De l’autre côté du globe, en Australie, les grèves scolaires pour le climat ont pris pour cible le gouvernement travailliste du Queensland qui a autorisé le géant des combustibles fossiles Adani à ouvrir une nouvelle mine de charbon. Cette mine est synonyme de désastre pour les travailleurs, les populations autochtones et les nombreuses espèces en danger qui vivent autour du site.

    L’extraction du charbon dans la région affectera la qualité de l’eau dans le bassin de Galilée, fournissant de l’eau à 20.000 personnes. Le Socialist Party (CIO-Australie) est intervenu avec enthousiasme ans le mouvement en soulevant la nécessité de la nationalisation afin d’offrir une formation rémunérée et une place dans des emplois verts aux communautés qui dépendent de l’industrie des combustibles fossiles.

    Cela illustre notre approche internationaliste commune, qui sera d’ailleurs concrètement exprimée à Paris lors d’une manifestation à Paris le 21 septembre prochain. Le CIO interviendra au niveau international, tant lors de cette manifestation à Paris que lors des grèves et manifestations dans le monde entier sous la bannière : ‘‘Changeons le système, pas le climat – pour une alternative socialiste !’

    Une planification démocratique pour sauver la planète

    Comme le disait Marx, la production capitaliste ‘‘sape les sources de toute richesse – la nature et la classe ouvrière’’. Cette idée a guidé la discussion lors de la réunion du Comité Exécutif International du CIO. Nous avons réaffirmé notre approche marxiste commune de l’environnement. La destruction de la planète est liée à ce système capitaliste qui se nourrit également de l’exploitation de la classe ouvrière à travers le monde.

    Toute action que les gouvernements capitalistes seront capables d’accomplir sera trop peu, trop tard. Nous devons agir en sachant que le capitalisme n’est pas fait pour faire face à l’urgence climatique et orienter l’humanité vers un avenir propre et durable. Un programme de lutte contre la crise devra d’abord garantir des transports publics gratuits, accessibles et de qualité et reposer sur des investissements publics massifs pour garantir des logements écologiques pour tous.

    Mais cela nécessitera un changement plus large. Nous devons nous attaquer au système capitaliste lui-même. Il faudrait, dans un premier temps, retirer les entreprises du secteur de l’énergie, des transports, de l’agro-industrie et des grandes industries des mains des profiteurs. Un système de contrôle et de gestion ouvriers pourrait jeter les bases d’une planification socialiste démocratique internationale et durable de la production, pour satisfaire les besoins des peuples et de la planète et non l’avidité de l’élite qui les exploite.

  • Rassemblement à Bruxelles : Rebel for the Amazon

    Rassemblement devant l’ambassade du Brésil ce lundi à Bruxelles

    A l’initiative d’Extinction Rebellion Belgium.

    11h, devant l’ambassade d’ambassade du Brésil à Bruxelles, 350 Avenue Louise, 1050 

    La forêt amazonienne est en flammes. Elle représente 20% de la production mondiale d’oxygène et est essentielle dans la lutte contre le changement climatique !

    Sous le régime de droite dure de Bolsonaro, la déforestation industrielle est montée en flèche. Les mesures de protection ont été abolies et l’agro-industrie se frotte les mains. L’Institut national de recherche spatiale (INPE) a annoncé que 3.500 kilomètres carrés de forêt vierge avaient déjà disparu cette année. La réaction de Bolsonaro ? Démettre immédiatement de ses fonctions le directeur de l’institut.

    Depuis le début de l’année, 75.000 incendies ont été recensés, soit presque deux fois plus que l’an dernier. On peut supposer qu’il ne s’agit pas d’incendies spontanés, il y a eu trop de pluie ces derniers mois pour cela. Il s’agit d’une intervention délibérée de l’agro-industrie dans la recherche de nouveaux et plus grands profits. C’est un exemple clair de la façon dont des représentants du capitalisme comme Bolsonaro contribuent à la destruction de notre planète par de grandes entreprises. Nous avons besoin d’une alternative socialiste à ce système pourri !

  • Y’en a assez de cette société ! Réponse socialiste pour un urgent changement de système

    On n’oubliera pas de sitôt ces dizaines de milliers de jeunes grévistes pour le climat qui, des mois durant, ont notamment crié ‘‘system change, not climate change!’’ (‘‘changeons le système, pas le climat !’’) avec une colère mêlée d’espoir et d’angoisse. Nous sommes de plus en plus à en être convaincus: il n’y a plus de temps à perdre ! Le changement climatique est déjà là et nous n’avons qu’une petite fenêtre d’opportunité face à nous pour éviter la catastrophe totale. Alors il est urgent de comprendre ce que représente ce système, ce sur quoi il repose et comment il est possible de le renverser au plus vite.

    Dossier, par Nicolas Croes

    Le système capitaliste nous pousse à l’abîme

    Les rapports scientifiques et commentaires d’experts se suivent et se ressemble. S’ils divergent sur l’étendue de la gravité de la situation, ils s’accordent sur un point : les dix années à venir seront cruciales. En juin, l’ancien ministre français de l’environnement (2001-2002) Yves Cochet déclarait ‘‘L’humanité n’existera plus en tant qu’espèce en 2050’’. Au même moment, les scientifiques australiens du Breakthrough National Centre for Climate Restoration publiaient un rapport qui défend que ‘‘La planète et l’humanité auront atteint un point de non-retour à la moitié du siècle (…) sans une action radicale immédiate, nos perspectives sont faibles’’.

    En août 2018, une étude de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences indiquait encore que la Terre se trouvait proche de son ‘‘point de rupture’’, avec une température pouvant se stabiliser à 4 ou 5 degrés Celsius supplémentaires par rapport à celles de l’ère préindustrielle. À l’ouverture de la COP24, en décembre 2018, David Attenborough (la voix des documentaires Planet Earth de la BBC) déclarait : “Si nous ne faisons rien, il faut s’attendre à l’effondrement de nos civilisations et à la disparition de la nature dans sa quasi-totalité.”

    Certains nuancent. Mais même une augmentation de 3 degrés – c’est-à-dire la perspective faisant l’objet du plus large accord si la tendance actuelle se confirme – signifierait une destruction des écosystèmes de l’Arctique et de l’Amazonie. Les sécheresses que cela impliquerait soumettraient la moitié de la population mondiale à vingt jours par an de ‘‘chaleur létale’’, c’est-à-dire à des vagues de chaleur mortelles similaires à celles qui ont causé des dizaines de morts en juin dernier au Nord de l’Inde. Il est impératif de réduire drastiquement les émissions pour garder le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle et ainsi se prémunir des conséquences les plus dramatiques.

    Et s’il n’y avait que les émissions de gaz à effet de serre ! À rythme inchangé, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans en 2050! Aujourd’hui déjà, l’être humain absorbe environ cinq grammes de plastique par semaine, soit l’équivalent du poids d’une carte bancaire, selon le Fonds mondial pour la Nature (WWF). Chaque année, 600.000 tonnes de plastique sont rejetées dans la mer Méditerranée !

    L’eau est amenée à devenir un enjeu géopolitique, et nous savons très bien ce que cela signifie dans ce système où règnent les ‘‘guerres pour le pétrole’’ et le pillage néocolonial des ressources. En 2018, les guerres et les persécutions ont poussé 71 millions de personnes à fuir : jamais il n’y a eu autant de réfugiés et de déplacés à travers le monde que l’an dernier. Qu’en sera-t-il avec les profonds changements climatiques qui s’annoncent ? Si nous ne parvenons pas à inverser le cours des choses, la barbarie sera poussée jusqu’à de nouveaux sommets effroyables.

    Ni fatalité, ni résignation

    Ce futur apocalyptique n’est toutefois inévitable que si on l’accepte ! Prendre conscience qu’il faut changer les choses est un premier pas mais, sans perspective, il est facile de se laisser envahir par un profond sentiment d’impuissance (on parle aujourd’hui d’éco-anxiété) et les discours catastrophistes. Il n’est pas question d’embellir le constat, mais de l’analyser pour déterminer quelles sont les forces sociales capables de délivrer un changement concret et, sur cette base, de développer une stratégie pour arracher la victoire.

    Une chose est sûre : nous ne devons pas nous en remettre à ce qui a échoué jusqu’ici. Cela fait des décennies que les divers gouvernements se réunissent, palabrent, promettent, versent des larmes de crocodiles… et n’agissent pas, où alors pour balancer de la poudre aux yeux. Comment ne pas éclater de rage face au gouvernement canadien de Justin Trudeau qui a fait déclarer ‘‘l’urgence climatique’’ au parlement le 17 juin… et a approuvé une extension massive de l’exploitation du pétrole dans le pays le 18 juin, moins de 24 heures après ?!

    L’autorité de ces marionnettes politiques hypocrites soumises aux grandes entreprises disparaît à vue d’œil. Mais les préjugés qu’ils ont répandu des années durant ne s’évanouissent pas si facilement. Ces dernières décennies, le règne quasi sans partage de la pensée néolibérale a conduit à une forte individualisation dans la société. Si tellement de gens se sentent si mal face à l’état de l’environnement, c’est non seulement faute de stratégie globale, mais aussi parce que l’establishment – et certains écologistes aussi hélas – font tout pour les culpabiliser en accentuant que le problème, ce sont avant tout les comportements individuels.

    Quel magazine n’a pas publié de questionnaire sur l’empreinte écologique et l’impact sur la planète de nos habitudes alimentaires ou de transport? Systématiquement, cela débouche sur des recommandations personnalisées. Il n’y a aucun mal à réfléchir à sa consommation, mais un mode de vie n’est pas un mode de lutte. Il est impossible de combattre le réchauffement climatique simplement en recyclant nos déchets. Mettre l’accent sur le recyclage, c’est non seulement sous-estimer l’immensité du problème, mais également l’immensité du pouvoir que nous avons pour changer les choses.

    Le recyclage individuel tel qu’il est considéré aujourd’hui est d’ailleurs né de la campagne Keep America Beautiful lancée par Coca-Cola, d’autres géants de la boisson et Phillip Morris après le vote d’une loi interdisant la vente de boissons en emballages non réutilisables en 1953 dans le Vermont, aux Etats-Unis. L’objectif visé était de mettre pression sur les législateurs (la loi fut effectivement abrogée) et de convaincre le public que le problème, ce n’était pas la production et la vente, mais bien la consommation et l’utilisation.

    Nous sommes bien plus que des consommateurs, et le champ de nos actions dépasse de loin le cadre étroit du caddie d’un magasin. Présenter le capitalisme comme un simple choix de vie revient à culpabiliser l’individu au lieu de condamner le système, ce qui revient à faire un beau cadeau à ce dernier. Au final, tout est fait pour qu’il nous soit plus facile d’envisager l’effondrement de toute civilisation ou la fin de la planète plutôt que la fin du capitalisme.

    Un système qui repose sur le gaspillage

    En 2015, une série d’enquêtes journalistiques révélaient que les multinationales pétrolières avaient conclu que le réchauffement climatique était un risque réel à partir de 1977 déjà. Elles avaient donc décidé en toute connaissance de cause de dépenser des millions de dollars en relations publiques et lobbying pour convaincre les politiciens et le grand public que le réchauffement climatique n’existait pas ou qu’il s’agissait d’un phénomène naturel. De plus récentes études montrent que ces entreprises étaient au courant depuis 1954 au moins (date du rapport du géochimiste Harrison Brown à l’American Petroleum Institute).

    Récemment, ExxonMobil, Shell, Chevron, BP et Total ont reconnu leurs erreurs et annoncé leur soutien affiché à la maîtrise du réchauffement climatique. Mais, dans les faits, l’ONG InfluenceMap a révélé que ces géants du pétrole ont dépensé un milliard de dollars en lobbying visant à ‘‘étendre leurs opérations en matière d’énergies fossiles’’ depuis les Accords de Paris sur le Climat, en 2015 ! Ces entreprises sont capables de tout sacrifier – environnement, santé, droits des peuples indigènes,…- pour satisfaire l’avidité de leurs actionnaires.

    Ce ne serait que justice d’exproprier ces multinationales criminelles, il faut les empêcher de nuire. C’est là que se situe le problème fondamental : le capitalisme repose sur la propriété privée des moyens de production et d’échange ainsi que sur la concurrence dans le but d’accumuler du profit. C’est l’exploitation de la majorité au profit de la minorité possédante.

    Ce système entrave la technologie et ce qu’il est possible de faire pour le bien de la planète ou de l’humanité. C’est de toute évidence le cas au niveau des énergies renouvelables. Mais les moyens techniques actuels permettraient aussi, par exemple, de libérer l’être humain d’énormément de temps de travail. Au lieu d’augmenter le bien-être de chaque être humain, des masses de gens sont jetées dans la précarité. La seule manière d’assurer que le remplacement du travail manuel par la technologie puisse libérer les travailleurs sans atteindre leurs conditions de vie est la diminution du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Pour cela, il faudra posséder nous-mêmes les lieux de travail, les capitalistes n’accepteront jamais pareille atteinte à leurs bénéfices.

    Plutôt que d’être réinvesties dans la protection de l’environnement et le développement social, culturel ou technologique, les richesses sont stockées dans des paradis fiscaux et servent, par exemple, à spéculer sur le prix des denrées alimentaires ou bien dorment sur des comptes en banque pour générer des intérêts. Les investissements dans la technologie de guerre étant plus rentables que pour sauvegarder notre environnement, nous nous retrouvons avec des machines à tuer sophistiquées à la durée de vie certainement plus longue que les téléphones et autres outils du quotidien volontairement programmés pour ne fonctionner correctement qu’un court laps de temps.

    Ce fonctionnement est une pure aberration. Le fait que le résultat des recherches scientifiques faites par des entreprises privées ne soit pas collectivisé amène les entreprises concurrentes à refaire ces recherches avec le risque évident de refaire les erreurs de la première. C’est un gaspillage complet de temps, d’énergie et d’argent. Ce non-sens n’est justifiable que par la logique de profit et la concurrence du secteur privé. Cette logique agit comme un frein au progrès: retient des nouveaux brevets, refus de produire de nouveaux médicaments tant que les anciens stocks ne sont pas écoulés, production polluante car moins coûteuse, etc.

    Concentrer la colère vers les fondements du système

    Nous ne sommes pas que des consommateurs : nous sommes surtout des producteurs de richesses, c’est notre travail qui fait tourner l’économie. Cette force sociale, c’est la faiblesse du système capitaliste. La classe sociale dominante possède les moyens de production et les utilise comme bon lui semble, mais cette puissance peut être vaincue lorsque la classe des travailleurs se croise les bras et que plus rien ne tourne. Grâce à la grève, il nous est possible de bloquer l’économie toute entière. C’est une étape déterminante non seulement pour se rendre compte de notre force collective, mais aussi pour remettre en question la propriété de ces moyens de production. Les patrons ont besoin des travailleurs, mais les travailleurs n’ont pas besoin de patrons !

    Imaginons ce qu’il serait possible de faire si les secteurs stratégiques de l’économie tels que l’énergie et la finance étaient expropriés et placés dans les mains de la collectivité ! Que ne serait-il pas possible de réaliser en possédant ces moyens et en décidant démocratiquement de la manière de les gérer dans le cadre d’une planification rationnelle de la production !

    Ce système est à bout de souffle. Dix ans après la grande récession, une certaine reprise économique a eu lieu, essentiellement basée sur les ressources injectées dans l’économie par les autorités. Cela a contribué à creuser davantage le fossé entre riches et pauvres. L’élite au sommet de la société en a profité alors que la vaste majorité de la population a souffert de l’austérité. Mais aujourd’hui, l’économie mondiale est à nouveau au bord de la crise.

    Cependant, tout comme les aristocrates se sont accrochés au pouvoir alors que le féodalisme était obsolète face au nouveau système naissant, la bourgeoise – qui possède les moyens de production autant que les aristocrates possédaient les terres à l’époque – s’accroche au pouvoir malgré la preuve évidente que son système est dépassé. Des mouvements de masses menant directement à des révolutions ont été nécessaires pour arracher le pouvoir à la vieille aristocratie, il en ira de même pour arracher le pouvoir des mains des capitalistes.

    L’ère des mouvement de masse

    A la suite de la crise économique de 2007-8, des mouvements de masse exceptionnellement dynamiques ont eu lieu de par le monde, y compris de dimension révolutionnaire ou prérévolutionnaire comme ce fut le cas avec les révolutions de 2011 en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ou avec les luttes des travailleurs grecs dans la période de 2010 à 2013. Ces luttes n’ont hélas pas réussi à conduire à un changement de système.

    En Egypte, en Syrie et en Libye, les révolutions se sont transformées en contre-révolutions ouvertes en raison de l’absence d’un parti révolutionnaire de masse capable d’orienter la colère à l’aide d’une stratégie claire et d’un programme visant à renverser tout le système et non pas seulement les dictateurs. En Grèce, le parti de gauche SYRIZA a capitulé une fois arrivé au pouvoir en 2015 faute de disposer d’un programme de rupture anticapitaliste et socialiste. C’est l’absence de partis révolutionnaires de masse qui a permis à la classe dirigeante de mener une contre-offensive à l’échelle mondiale et de faire payer aux masses populaires de la planète la crise que le système capitaliste avait lui-même créée.

    Mais en dépit de ces défaites, des dizaines de millions de travailleurs et de jeunes se sont radicalisés et sont à la recherche d’idées et de méthodes de lutte. La méthode de la grève a fait son retour sur le devant de la scène. En Belgique, le plan d’action syndical de 2014 a remis au goût du jour la grève générale politique, contre un gouvernement, et a popularisé l’idée d’un plan d’action. L’outil de la grève a également été saisi par le mouvement pour le climat à travers le monde sous l’impulsion de la jeunesse ou encore par le mouvement pour l’émancipation des femmes.

    Lors de ce mois de juin uniquement, alors que les mobilisations de masse se poursuivaient en dépit de la répression en Algérie ou au Soudan, le régime de droite du président brésilien Bolsonaro a fait face à une grève générale qui a mobilisé 45 millions de travailleurs. A Hong Kong, plus de deux millions de personnes (plus d’un quart des habitants !) se sont mobilisées contre une loi répressive et contre la soumission au régime de Pékin. En Suisse, 500.000 personnes ont participé aux mobilisations dans le cadre d’une grève féministe organisée par les syndicats.

    La colère est vaste et profonde. L’ingrédient crucial qui manque est une alternative politique de masse pour organiser la classe des travailleurs, les opprimés et les pauvres à l’échelle internationale autour d’un programme cohérent de transformation socialiste de la société. Nous sommes confrontés à un choix. Soit l’infime minorité parasitaire continue à piller la planète tout en continuant à s’enrichir en ruinant la vie de la grande majorité de la population. Soit nous parvenons à une société socialiste démocratique, qui ferait en sorte que toutes les ressources, les connaissances scientifiques et les capacités productives modernes soient mises au service de la société tout entière, et dans le respect de l’environnement.

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