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Tag: Changement climatique
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COP21 : dirigeants et multinationales à Paris, le reste au ban
Paris et Bruxelles tournent au ralenti. De très nombreux évènements et manifestations ont été interdits. Le Sommet climatique de Paris a toutefois été maintenu, mais pas dans son entièreté. Les mobilisations massives sont, elles, annulées en France comme en Belgique. Pourtant, la gravité de la situation environnementale nécessite une mobilisation d’ampleur !
Par Emily (Namur)
À partir du 29 novembre, 147 chefs d’États et de gouvernements, des milliers de représentants politiques et de scientifiques se retrouvent à Paris pour deux semaines de négociations. Le but affiché est de déboucher sur un accord limitant le réchauffement climatique à 2 °C – soit une réduction de minimum 40 % des gaz à effet de serre – et remplaçant le Protocole de Kyoto dès 2020.
Toutefois, les textes sur lesquels se basent les négociations manquent cruellement d’ambition : absence d’objectifs intermédiaires de limitation des émissions de gaz à effet de serre, aucune mention d’une réduction des extractions de matière première fossile, etc. De beaux discours ne peuvent pas rencontrer les défis historiques auxquels nous devons faire face en la matière. Les scientifiques nous annoncent déjà que nous sommes en passe de franchir les 2 °C ce qui mettra davantage de pression sur la sécurité alimentaire, accroitra le nombre d’évènements climatiques extrêmes, élèvera le niveau des mers, etc. On observe déjà une augmentation de la température de 0,85 °C par rapport à la période pré-industrielle. Si aucun changement d’ampleur n’est opéré, elle s’élèvera de 4,6 °C d’ici la fin du siècle. Nous parlons de catastrophes qui entraineront des centaines de millions de déplacés et des dizaines de millions de morts.
Au vu de l’urgence de la situation, l’interdiction de manifester à Paris à l’occasion de la COP21 est consternante. Nous n’avions déjà aucune illusion vis-à-vis de ce sommet, mais les choix opérés par les gouvernements sur ce qu’ils interdisent et autorisent illustrent leurs priorités. Les plus impactés par le réchauffement climatique – notre classe, celle des travailleurs, des jeunes et des pauvres – n’ont pas voix au chapitre. Seuls ceux responsables de celui-ci – les grandes entreprises – sont conviés, aux côtés des États qui les protègent, pour y défendre leurs intérêts et empêcher qu’un accord ne rogne leurs profits. L’interdiction des manifestations est une excellente nouvelle pour les grandes entreprises – telles qu’EDF (dont Electrabel est une filiale), BNP Paribas, BMW, etc. – présentes à Paris à travers le sponsoring du sommet, mais également grâce aux lobbys et aux gouvernements qui les y représentent.
On ne peut pas laisser une minorité discuter de l’avenir de l’humanité. Nous avons plus que jamais besoin d’un mouvement autonome des jeunes, des travailleurs et des pauvres qui construise un rapport de force vers un changement de système, plutôt qu’un système qui exploite les deux seules sources de richesse : le travail humain et la nature. Nous devons utiliser chaque opportunité pour nous mobiliser, en liant les luttes sociales et environnementales, vers un contrôle et une gestion démocratique des ressources naturelles, du secteur énergétique et de la recherche, comme de tous les secteurs clés de l’économie, ainsi qu’une planification socialiste contre les immondes gaspillages et pénuries du système capitaliste.
Socialist change, not climate change – Democratic planning, not private profit !
=> 10.000 Belges à Ostende !
Nous appelons tout le monde à venir à Ostende et faire entendre sa voix pour une accord ambitieux et socialement juste sur le climat !
Manifestation de dimanche 6 décembre, à midi, rassemblement à la gare. A l’initative de Climate Express et de la Coalition Climat.
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785.000 personnes manifestent contre le changement climatique
La plus grande mobilisation jamais vue785.000 personnes ont manifesté dans 2.300 villes de 175 pays contre le changement climatique ce dimanche 29 novembre, la veille du commencement du sommet sur le climat de Paris, selon l’organisation 350.org. Ce fut la plus grande mobilisation climatique jamais vue. Si la manifestation de Paris n’avait pas été interdite, le total aurait été de plus d’un million.
Elin Gauffin, Offensiv, hebdommadaire de Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)
Ce 29 novembre a illustré une demande massive pour un avenir vert et un soleil qui brille dans un monde dominé par les guerres et le terrorisme, et où les émissions dangereuses de gaz à effet de serre et la température de la planète sont en constante augmentation.
En Australie, 140.000 personnes ont manifesté, dont 60.000 à Melbourne uniquement. 33.000 personnes ont défilé en Nouvelle-Zélande, 140.000 en Inde et 50.000 à Londres. 20.000 personnes ont défilé à Rome et à Madrid, 10.000 à Copenhague, 5000 à Genève, etc. En Suède, 4.000 personnes ont défilé à Stockholm et Göteborg, et 1.200 à Malmö, sous une pluie abondante. A Stockholm, Rättvisepartiet Socialisterna (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Suède) a organisé un bloc anticapitaliste de la manifestation.
Les manifestations ont été interdites dans toute la France. La manifestation de Paris visait à l’origine à accueillir au moins 400.000 personnes. Pourtant, 10.000 personnes ont manifesté à Paris et formé une chaîne humaine de 3 km de long. 20.000 paires de chaussures avaient été installées sur une place en signe de protestation symbolique. La police anti-émeute a attaqué la manifestation pacifique avec des gaz lacrymogènes et des sprays au poivre. 200 personnes ont été arrêtées.
Cela marque le début des manifestations qui prennent place durant la conférence sur le climat à Paris. Nicolas Haeringer, porte-parole français de l’association 350.org, a fait la déclaration suivante: “la chaîne humaine d’aujourd’hui ouvre la voie à des façons créatives et puissantes dans lesquelles la société civile continuera à mobiliser tout au long des prochaines semaines alors que les négociations sur le climat se déroulent à Paris. Nous allons nous défendre contre toute tentative des autorités françaises d’utiliser l’incident de cet après-midi pour instaurer une répression inutile contre les droits démocratiques et défendre ce genre de manifestations qui sont au cœur de la démocratie et du processus climatique “.
Cette même semaine, le service météo britannique et l’Organisation météorologique mondiale ont rapporté de sombres nouvelles : le monde aurait franchi le seuil d’une augmentation des températures de 1 degré Celsius depuis le début de l’ère industrielle. L’augmentation de température a cette année été renforcée par un El Nino (un phénomène météorologique qui se produit tous les trois à cinq ans) exceptionnellement puissant. Mais le fait que la concentration de dioxyde de carbone dans l’air a pour la première atteint la valeur moyenne globale de 400 ppm n’est pas un phénomène météorologique.
Le climat en d’autres termes, envoie un avertissement clair au sommet de Paris, et c’est également le cas du mouvement climatique.
=> Quel programme et quelle méthode face aux sommets climatiques?
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Quel programme et quelle méthode face aux sommets climatiques?
Si nous voulons obtenir un changement fondamental dans la façon dont l’humanité et la société se comportent envers les ressources naturelles et l’environnement, nous n’aurons pas seulement besoin d’un programme qui casse avec la logique de profit mais aussi d’une méthode pour imposer un tel programme.
Un dossier de Michael Bouchez, responsable jeunes national du PSL. Cet article est tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste et a donc été écrit avant ls attentats de Paris et l’interdiction des marches climatiques à Paris en marge du sommet de l’ONU.
Comme le scandale de VW l’illustre, même le plus mince effort pour réduire les émissions de CO2 se heurte aux lois du capitalisme. Même la ministre flamande de l’environnement Joke Schauvlieghe a ouvertement démontré dans la discussion autour du bois d’Essers que la politique néolibérale ne sert que la soif de profit au détriment de la qualité de notre environnement. Même à plus grande échelle et dans le secteur de l’énergie, les brevets et la recherche sont gardés sous clef puisque cela met en péril les bénéfices des multinationales.
Comme nous le défendons ailleurs dans ce journal, seul le contrôle démocratique de la production et des richesses naturelles par la communauté permettra de faire les investissements nécessaires dans les transports en commun et l’énergie renouvelable afin de parvenir à la diminution drastique de 95 % des émissions de CO2 pour 2050. Un tel programme demande évidemment l’expropriation des géants du pétrole et des secteurs énergétiques de sorte que ces leviers économiques passent aux mains de la communauté. C’est dans l’intérêt de la majorité de la population mais cela va précisément à l’encontre de ceux du secteur privé et des multinationales.
Avoir confiance dans le capitalisme vert et les dirigeants du monde ?
Devons-nous nous soumettre à la domination du libre marché et nous contenter de nous plaindre, de dire que tout est perdu ? Non ! Les nombreuses manifestations, actions et mobilisations ne laissent planer aucun doute : des millions de personnes sont prêtes à lutter pour une solution. En 2009, à Copenhague, 100.000 manifestants ont défilé à l’occasion du sommet sur le climat. Ce qui manque souvent, cependant, c’est d’une part la conscience que les solutions ne viendront pas de l’élite capitaliste et, d’autre part, l’orientation pour construire une force capable de véritablement rompre avec les intérêts du capitalisme.La vingtaine de sommets précédents sur le climat ont déjà démontré que les leaders mondiaux n’ont rien à offrir. Plutôt que de mettre la “pression” sur ces dirigeants ou de mendier leur attention, il vaut mieux nous orienter vers le mouvement des travailleurs afin de construire, via des manifestations et des grèves, un rapport de force grâce auquel nous mettrons en avant une alternative au capitalisme. Sans travailleurs, il n’y a pas de production et donc pas de bénéfices.
Ce sont les travailleurs qui, dans les secteurs de l’automobile et de l’énergie, détiennent le savoir-faire et les connaissances nécessaires pour trouver un processus de production respectueux de l’environnement. Aujourd’hui, ils n’ont cependant rien à dire sur l’installation de programmes frauduleux ou le déversement de produits chimiques. Sous le capitalisme, soit ils sont tenus à l’écart soit ils sont menacés de faillite et la pollution semble être la seule manière de maintenir l’entreprise en activité et donc d’offrir des emplois.
Dans un secteur démocratiquement nationalisé non basé sur le profit mais sur les besoins de la population et donc aussi des travailleurs et des consommateurs, les travailleurs pourraient décider avec l’Etat et les consommateurs des investissements à réaliser et de la manière de parvenir à une production respectueuse de l’environnement. Une décision démocratique logique serait de ne plus investir dans les énergies fossiles ou dans le nucléaire mais dans des alternatives. Un secteur de l’énergie public investirait des moyens dans la recherche et le développement de ces alternatives. Cela marquerait la fin du gaspillage scandaleux provoqué par l’obsolescence programmée, un principe nécessaire au capitalisme selon lequel des produits sont fabriqués pour tomber en panne après quelques années. Le gaspillage programmé pour rehausser les bénéfices d’une petite minorité serait remplacé par une planification socialiste démocratique dont l’axe central serait l’intérêt de la majorité de la population et donc l’environnement.
Quel est le rôle de la classe ouvrière ?
C’est pourquoi les Etudiants de Gauche Actifs et le PSL appellent à défendre à Paris, des revendications et un programme socialiste basé sur la distinction entre deux intérêts opposés dans cette société : ceux du 1% les plus riches et ceux des autres 99%.Les travailleurs organisés en classe constituent la seule force capable de mettre sous pression la méthode de production nuisible à l’environnement du capitalisme.
Tous les acquis de l’Etat-providence ont été obtenus grâce à des actions et à la lutte de la classe ouvrière. C’est via des comités sur les lieux de travail que des travailleurs ont été convaincus du rôle qu’ils pouvaient jouer dans la suppression du travail des enfants, la pression pour obtenir les congés payés, la sécurité sociale,… C’est par de longues et dures grèves que la journée des 12 heures a été réduite. La même chose vaudra pour les revendications climatiques. Nous le constatons déjà au niveau des entreprises via des mesures en matière de sécurité, d’hygiène et de protection au travail. Le mouvement environnemental devra s’organiser autour d’un programme qui défend les intérêts des 99% et qui place clairement la responsabilité auprès du 1% les plus riches.
Le rôle des syndicats
L’intérêt d’un tel programme est illustré par le rôle que jouent les syndicats aujourd’hui dans la discussion sur l’énergie nucléaire. Il est exact qu’une sortie du nucléaire dans le cadre du libre marché signifierait des pertes d’emplois ou de nouveaux emplois sous un statut inférieur et à de moins bonnes conditions. Il n’est pas étonnant que la délégation CGSP de la centrale nucléaire de Doel ou le syndicat français CGT s’opposent à la sortie du nucléaire.
Si nous ne lions pas la sortie du nucléaire à la revendication d’une nationalisation du secteur de l’énergie basée sur le développement d’énergies alternatives soucieuses de l’environnement avec les emplois en découlant, les travailleurs du secteur ne nous suivront pas. Sans de telles revendications, une sortie du nucléaire revient tout simplement pour eux à des pertes d’emplois. Un programme socialiste unifie et peut faire en sorte que les travailleurs du secteur jouent un rôle important dans la construction d’un rapport de force pour faire passer le secteur en mains publiques.
Leçons du passé. Quel rapport de force construire ?
Il y a eu différentes occasions de construire un mouvement environnemental fort lié au mouvement ouvrier. Suite au sommet de Copenhague, le président bolivien Evo Morales a tenu un sommet alternatif sur le climat à Cochabamba, en 2010, avec des syndicalistes, des écologistes radicaux, des communautés indigènes,… Chavez, le président vénézuelien de l’époque, entre autres, y a souligné le rôle du capitalisme, la passivité complice des dirigeants du monde et l’urgence des problèmes. Les positions prises à ce sommet étaient un soulagement mais n’ont pas mené à la construction d’un réel mouvement. Les choses en sont restées à une déclaration commune.
Il était possible de construire un rapport de force à partir de ce sommet alternatif sur le climat via un plan d’action organisant les jeunes, les syndicats, les organisations environnementales,… sur base d’un programme anticapitaliste. De cette manière, le sommet alternatif sur le climat aurait pu être le début d’un mouvement de masse. Il aurait pu appeler, par exemple, à la tenue d’une journée de lutte internationale, à l’image du Premier mai, où se tiendraient à travers le monde des assemblées du personnel dans les entreprises, à des conférences, des manifestations et des grèves dans l’objectif de la collectivisation démocratique des secteurs clé de l’économie.
Un plan d’action démocratiquement organisé
Le manque de perspective d’une alternative, d’un programme clair et d’une méthode qui organise les gens autour d’intérêts communs peut entrainer frustration, impatience et méthodes d’action confuses. Ainsi, pendant diverses manifestations internationales, on remarque des méthodes similaires à celles des “black blocs”. Ce sont des groupes qui se revendiquent le plus souvent de l’anarchisme et pensent qu’il faut surtout s’en prendre avec violence aux services d’ordre ou aux symboles du pouvoir capitaliste (banques,…). Cette méthode ne repose pas sur la lutte collective et la tentative de créer l’unité la plus large possible sur base d’un programme de rupture anticapitaliste clair.
En réalité, de telles actions violentes sont utilisées par le capitalisme pour mettre en marche la répression et criminaliser l’ensemble du mouvement, quand elles ne sont pas directement l’œuvre de flics déguisés jouant ainsi un rôle provocateur. Cela peut repousser des couches plus larges qui peuvent regarder le mouvement avec sympathie mais qu’il faut encore convaincre de rejoindre concrètement la lutte. Les manifestations doivent servir à discuter avec un public plus large, à construire le soutien. Plutôt que de donner des arguments à ceux qui veulent isoler les activistes, nous devons défendre un plan d’action capable de faire vaciller le système.
Les méthodes de la classe des travailleurs sont basées sur la lutte collective démocratiquement organisée, sur la force du nombre en action afin de créer un rapport de force pour arracher un changement fondamental de société grâce à des outils tels que la grève générale et le blocage de l’économie capitaliste. Cela signifie de mettre fin au système de gaspillage qui nuit à l’environnement pour laisser place à une société socialiste démocratique.
Mettons l’énergie aux mains du public !
En Flandre, après avoir octroyé des subsides pendant des années à des entreprises telles que Katoen Natie et ING pour les hectares de panneaux solaires qu’ils installaient, l’addition est maintenant présentée à la population. La montagne de dettes totales pour les certificats d‘énergie verte monte à presque 2 milliards d’euros. La Ministre de la région flamande Turtelboom (Open Vld) veut ainsi faire débourser 100 euros supplémentaires par an à chaque famille en Flandre pour payer cette dette.
La Turteltaxe est une taxe qui fait payer la même chose aux pauvres et aux riches, aux petits consommateurs comme aux gros : 100 euros par raccordement. Les frais de prélèvement sont fixés par tranche, ce qui fait qu’une famille paie comparativement 50 fois plus qu’une grande entreprise. Des exonérations sont d’ailleurs prévues pour les entreprises.A qui ont profité les subsides de la région flamande que nous devons payer maintenant ? Les 3.386 grands parcs de panneaux solaires reçoivent chaque année 231 millions d’euros de subsides, une entreprise comme Katoen Natie reçoit 13,4 millions d’euros de subsides par an. Les 100 euros que nous devrons payer doivent rapporter presque 500 millions d’euros par an. En conclusion, nous payons le subside qui a directement disparu dans les poches de ces entreprises.
En Belgique, la privatisation du secteur énergétique a entraîné des bénéfices supplémentaires pour les entreprises comme Electrabel et sa maison-mère GDF Suez. Ces bénéfices ne sont pas investis dans la production, tout retourne tranquillement chez les actionnaires. Lorsqu’en 2011, il a été décidé de garder les centrales nucléaires ouvertes, il a été chiffré que cela rapporterait 27 milliards d’euros supplémentaires à Electrabel (selon Trends/Tendance). Electrabel a fait au moins 20 milliards d’euros de bénéfices au cours des 10 premières années de ce siècle qui n’ont pour ainsi dire pas été imposés. Ces dernières années, les chiffres ont été embellis, des opérations comptables font en sorte que la part du lion des bénéfices retourne directement à la maison-mère GDF Suez.
Faire de l’énergie la vache à lait d’entreprises telles qu’Electrabel qui refusent d’investir dans une capacité de production suffisante et respectueuse de l’environnement, c’est la suite logique de la libéralisation du secteur. Nous devrions revenir sur cette libéralisation et placer le secteur entier dans les mains du public, tant la production que la distribution. Cela permettrait d’assurer la transition énergétique vers le renouvelable. Cela permettrait de faire baisser le prix des factures parce que l’énergie ne serait plus au service des grands actionnaires mais à celui de l’ensemble de la population. Des demi-mesures ne suffisent pas, l’énergie doit être entièrement aux mains du public ! Débranchons le marché privé de l’énergie !
Les sponsors de la COP21: On ne mord pas la main de celui qui nous nourrit !
La liste des sponsors du sommet sur le climat est ahurissante… Malgré le scandale provoqué par la fraude par logiciel chez Volkswagen, le secteur automobile est bien présent : BMW est l’un des plus grands sponsors. Mais Renault/Nissan et Air France sont aussi de la partie. Les entreprises énergétiques comme EDF et Engie sont également là alors qu’elles sont responsables d’à peu près la moitié des émissions en France. Un autre sponsor est le suédois Vattenfall qui a intenté un procès à l’Etat allemand pour sa sortie du nucléaire.
Ces entreprises seront-elles moteur de changement positif pour l’environnement ? Volkswagen a levé toute illusion à ce sujet. Mais il y a plus. Beaucoup d’entreprises utilisent une image “verte” pour masquer la gravité de leur état écologique ou pour tirer des bénéfices supplémentaires. Pensons à Suez Environment, une entreprise dont la multinationale de l’énergie GDF Suez est le plus grand actionnaire et qui sponsorise le sommet sur le climat. Suez Environment est active sur le marché de l’eau. Lorsqu’un mouvement dans la capitale argentine de Buenos Aires a forcé le retrait des services des eaux des mains de Suez, un recours en justice a suivi via lequel la multinationale a obtenu un dédommagement de 405 millions d’euros. Suez Environment investit pour l’instant surtout dans le traitement des eaux usées. Entre-temps, la maison-mère GDF Suez investit dans l’extraction de charbon et la fracturation hydraulique, deux sources majeures de pollution de l’eau. Suez Environment a un intérêt direct à la poursuite de l’extraction des énergies fossiles et de la fragmentation. La recherche de profits du capitalisme “vert” ne connaît pas de limites.
Le rôle de ces multinationales ne se limite pas au sponsor. Il y a des activités parallèles comme le “Sustainable Innovation Forum” et l’occasion sera saisie pour lancer des lobbies qui feront la promotion des “solutions” proposées par les entreprises. En conclusion, le sommet sur le climat est un cirque médiatique dont les entreprises comme BNP Paribas, par exemple, entendent tirer profit. Malgré des investissements dans les énergies fossiles, le sommet offre à l’entreprise la possibilité d’avoir l’air écologique. La liste des sponsors présents nous annonce à quoi nous attendre du sommet sur le climat. On ne mord pas la main de celui qui nous nourrit
Volkswagen: les solutions vertes dans le cadre du marché ne fonctionnent pas.
Le scandale de la fraude aux tests de Volkswagen est une illustration de plus d’une société où les bénéfices priment sur l’intérêt humain. Il est un fait, certes pas neuf mais condamnable, que les entreprises ne se préoccupent guère de notre climat et de notre environnement et préfèrent jeter de la poudre aux yeux pour faire comme si elles s’en souciaient. Pour les anticapitalistes, un tel scandale n’est pas une surprise et nous estimons que le mouvement environnemental peut en tirer quelques leçons.
Pour commencer, le scandale lié à la corruption illustre le fait que les “solutions” vertes des entreprises ne sont rien de plus qu’une astuce de marketing. Il s’agit d’un label qu’ils s’approprient parce que cela peut convaincre une partie des consommateurs d’acheter chez eux. Le label “vert” a été vidé de son contenu pour devenir un outil de vente. Le fait que Martin Winterkorn, le grand patron de Volkswagen, ait dû démissionner tout en pouvant compter sur une indemnité de 28 millions d’euros, donne une petite idée des bénéfices qu’il a permis à Volkswagen d’engranger grâce, entre autres, à la fraude qui fait scandale.L’un des éléments de la logique qui se cache derrière les solutions de marché tient du fait que les subsides publics – entre autres, sous la forme d’éco-primes – sont octroyés aux entreprises pour stimuler des “produits verts”. Ces subsides sont financés par les impôts des travailleurs. Cet argent qui pourrait être utilisé pour améliorer les transports en commun est ainsi absorbé, par exemple, dans les bénéfices de Volkswagen.
Et les néolibéraux poursuivent leur malfaisance. Comme s’il ne suffisait pas que l’état octroie des subsides, des éco-primes et autres avantages pour financer de faux labels verts, le ministre Van Overtveldt (N-VA) a promis une fameuse contribution aux amendes imposées à Volkswagen. Si l’usine Audi de Forest reçoit l’autorisation de produire une voiture tout terrain électrique à partir de 2018, le gouvernement déboursera 100 millions d’euros. Les régions ont déjà promis 35 millions d’euros. Selon Einstein, faire et refaire la même chose en attendant un autre résultat, c’est la définition de la folie. On pourrait penser que les autorités encouragent délibérément à frauder !
Il est un fait que l’analyse des pertes et profits du libre marché détermine tout. S’il est, à court terme, plus avantageux de développer un programme qui fait comme si les normes environnementales étaient respectées plutôt que d’investir réellement dans la technologie verte, on choisit la première option. Hélas, ce n’est pas une question de “bonnes intentions contre mauvaises intentions” ou de bonnes et mauvaises entreprises. C’est la logique même dans laquelle toute entreprise est entraînée, c’est le fondement du capitalisme. Une entreprise qui engrange moins de bénéfices ne peut en fait plus faire partie du tourbillon de la concurrence.
Nous pouvons donc en conclure que les alternatives basées sur une logique de marché ne fonctionnent pas et sont même contreproductives. Elles nous détournent des véritables solutions et retardent les investissements dans les solutions collectives possibles. Ce que la collectivité ne détient pas elle-même ne peut être contrôlé et géré dans son intérêt. Nous pensons que les revendications écologistes doivent être orientées vers des réponses qui entrent fondamentalement en rupture avec la logique du marché libre.
Une de ces revendications est le contrôle et la gestion démocratiques des producteurs et des consommateurs sur un secteur automobile nationalisé, ce qui permettrait de décider démocratiquement quels investissements sont nécessaires pour que les besoins des gens soient au centre des préoccupations : réorienter la production vers des transports en commun gratuits et de qualité, par exemple.
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Ecologie : contre le gaspillage capitaliste, la gestion rationnelle socialiste
Commentant les études du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon déclarait : ‘‘Il sera bientôt trop tard (…) Nos modes de consommation sont incompatibles avec la santé de la planète.’’ Pour les élites économiques et politiques, aborder la problématique environnementale sous l’unique angle de la consommation est avant tout un moyen bien pratique de loger tout le monde à la même enseigne et de culpabiliser la population. Selon nous, le véritable enjeu se situe au niveau de la production. Et de ceux qui possèdent les moyens de production.Par Nicolas Croes
C’est vrai, de plus en plus de nouveaux produits sont générés chaque année tandis que les habitants des pays riches sont poussés à jeter leurs vieux produits. L’énergie qui est nécessaire à la fabrication de ces produits, par exemple, en Chine, est une des raisons pour lesquelles la demande en énergie s’est tellement accrue. Mais la demande en énergie n’est pas simplement un besoin de l’“Occident avide”. C’est le système de production dans lequel nous vivons qui conduit à un épuisement croissant des ressources primaires (sol, eau,…), à un amoncellement de déchets qui ne peuvent plus être traités parce que ça coûterait trop cher, et à un énorme gaspillage de ressources premières et d’énergie, comme dans des opérations logistiques absurdes (transport de marchandises uniquement guidé par le rendement économique,…).
Pour le journaliste français Hervé Kempf, qui s’est spécialisé dans le journalisme environnemental après la catastrophe de Tchernobyl ; ‘‘Si on raconte la question environnementale de façon attentive, on arrive au constat que le système économique actuel non seulement ne résout pas les problèmes, mais les aggrave. Or, il se trouve que le système actuel, c’est le capitalisme. Donc, un journalisme environnemental conséquent conduit à poser la question du système économique.’’(1)
Il est impossible de dissocier mode de consommation et mode de production. Un système basé sur la course au profit ne peut qu’entraîner une production de qualité médiocre et une masse de déchets ; une logique soutenue par le rythme de vie imposé par la société, par le bombardement quotidien de publicités,…
Pourquoi le socialisme ?
Le socialisme signifie avant tout d’adapter la production aux besoins réels de la population à travers une planification démocratique. Ces besoins incluent la survie de l’humanité, voilà pourquoi il nous faut une planification écologique. Rien qu’en utilisant les idées et ressources actuelles de façon optimale (maisons passives, recyclage, énergies renouvelables, développement des transports en commun,…) de grands pas en avant seraient tout de suite possibles. Aujourd’hui, nombre de méthodes ne sont accessibles qu’à une petite élite qui dispose de suffisamment de moyens et s’achète une bonne conscience par la même occasion. Sous le socialisme, les moyens actuellement détournés de notre travail vers les poches des grands patrons et gros actionnaires pourraient être saisis pour étendre l’application de ces possibilités à une échelle de masse.
Mais, surtout, une planification démocratique de la production mettrait fin au gaspillage et à la pollution à outrance dont le capitalisme et sa logique de concurrence sont responsables. On pourrait aussi investir massivement dans la recherche d’alternatives écologiques. Une planification démocratique est nécessaire pour déterminer quels sont les besoins et les aspirations de la population, mais aussi pour donner enfin la parole aux scientifiques et aux spécialistes. De nombreuses possibilités ne sont pas utilisées aujourd’hui parce qu’elles ne sont pas rentables immédiatement, ou parce que la recherche n’est pas suffisamment financée.
Quel programme défendre ?
• Pour la mobilisation commune des organisations des travailleurs, des peuples indigènes et des militants écologistes contre tous les plans de développements désastreux (extraction des sables bitumineux, plantations de cultures à “biocarburants”,…).
• Pour le soutien des luttes des peuples des pays à basse altitude (en particulier d’Asie du Sud-Est et du Pacifique) qui seront contraints à la migration et à l’appauvrissement national à cause du changement climatique.
• Pour l’utilisation des sources d’énergie renouvelables et des investissements publics dans le développement d’énergies renouvelables et d’un plan de capture de carbone !
• Pour une recherche scientifique publiquement subsidiée et débarrassée de la concurrence et de la logique marchande !
• Pour la renationalisation du secteur de la production et de la distribution d’énergie dans sa totalité, sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et des usagers, afin de bénéficier des moyens pour sortir de l’utilisation de combustibles fossiles aussi rapidement que possible.
• Pour une expansion massive du système de transport public, en particulier des chemins de fer, afin de réduire la pollution par les routes (trafic individuel et de marchandises).
• Pour un plan public d’isolement des bâtiments, quartiers par quartier !
• Pour la nationalisation des secteurs-clés de l’économie (finance, sidérurgie, grosses entreprises agro-alimentaire, armement,…) sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs, pour rendre possible une planification démocratique et écologiquement responsable de l’économie.
• Pour la reconversion à large échelle de l’industrie de la “défense” vers la production de générateurs éoliens et solaires.
• L’économie de marché chaotique et la course aux profits sont un désastre pour l’environnement, les droits démocratiques et les droits sociaux. Pour une économie planifiée et contrôlée démocratiquement par la collectivité: pour un socialisme démocratique et moderne !Quelques chiffres :
• 1 décès sur 8 dans le monde est lié à la pollution de l’air (étude de l’Organisation mondiale de la santé, mars 2014)
• 180.000 millions de tonnes de déchets toxiques sont annuellement déversés dans les rivières, les lacs et les océans par les industries minières à travers le monde. (planetoscope.com)
• En moyenne, 55 marées noires de petite ampleur ou catastrophiques se produisent quotidiennement aux États-Unis : 20.000 marées noires par an ! (planetoscope.com)
• 5 milliards de tonnes d’eau polluée sont déversées chaque année dans la mer par des navires ou des usines. (planetoscope.com)
• Selon l’OMS, 3,4 millions de personnes décèdent chaque année en raison de la pollution de l’eau.
• En 2013, 22 millions de personnes ont dû fuir leurs foyers pour des raisons climatiques (les ‘‘réfugiés climatiques’’), selon une étude du Conseil norvégien pour les réfugiés. Le record a été atteint en 2010 : 42,4 millions de personnes déplacées.(1) Point Chaud – Il faut sortir du capitalisme (http://www.ledevoir.com/ environnement/actualites-sur-l-environnement/ 388166/il-faut-sortir-du-capitalisme).
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Changement climatique : À la recherche d’une solution bon marché
Le cyclone qui a frappé l’île de Vanuatu dans le Pacifique en mars dernier fut le plus dévastateur jamais enregistré dans la région. Il a mis en évidence une nouvelle fois le lien très probable qui existe entre les conditions météorologiques extrêmes et le réchauffement climatique.
Peter Dickenson, article paru dans le Socialism Today, mensuel du Socialist Party (section du CIO en Angleterre et au pays de Galles)
Cette catastrophe pourrait aussi remettre la question d’une « ingénierie climatique » sur le tapis, car elle semble offrir une solution technique rapide et bon marché au problème du changement climatique. La crédibilité de l’ingénierie climatique a connu un certain essor à la suite du récent appel fait par le prestigieux Conseil national de recherche des États-Unis à conduire davantage de recherches dans ce domaine.
Cette recommandation sera probablement reprise par le Congrès à majorité républicaine ainsi que par les groupes de pression d’extrême droite qui ont longtemps recommandé l’ingénierie climatique comme une solution au problème de l’élévation mondiale des températures. Ces groupes de pression n’expliquent pas, bien entendu, pourquoi ils pensent que des actions si drastiques sont nécessaires lorsqu’ils nient l’existence même d’un changement climatique provoqué par l’homme ou qu’ils minimisent son importance.
Avant d’examiner les arguments, nous devons définir ce qu’est l’ingénierie climatique – ou la géo-ingénierie comme certains l’appellent –, car il n’y a pas de position commune à ce sujet. Cette discipline comporte deux aspects : l’élimination du gaz principalement responsable du réchauffement climatique, le dioxyde de carbone, de l’atmosphère et la gestion des radiations solaires, qui consiste à refléter certaines radiations du soleil vers l’espace, permettant ainsi de réduire les températures. L’élimination du dioxyde de carbone n’est pas considérée par certains comme entrant dans la catégorie de l’ingénierie climatique, probablement parce qu’elle engendre moins de risques que la gestion des radiations solaires.
Pourtant, la majorité des techniques d’élimination du dioxyde de carbone ne sont pas exemptes de risques. L’un des gros problèmes que cette solution pose, à cause des graves dangers qu’elle représente pour la santé, est le stockage sécurisé du gaz pendant une période de temps indéfinie. Par exemple, lorsqu’accidentellement un lac d’Afrique a libéré du dioxyde de carbone – rejet dû à des causes naturelles – des milliers de personnes sont mortes asphyxiées, prises au piège par un nuage de gaz qui survolait la campagne.
Certaines des propositions qui ont été mises dans la catégorie de l’ingénierie climatique sont sans dangers. C’est le cas de la reforestation, car les arbres jouent un rôle majeur dans l’élimination du dioxyde de carbone. Toutefois, on risque ici de donner l’impression que de telles mesures peuvent résoudre le problème du changement climatique, ce qui réduirait la pression visant à diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Malheureusement, il y a bien longtemps que la reforestation à elle seule, bien que nécessaire, n’est plus capable d’apporter une amélioration à l’échelle et à la vitesse nécessaire pour avoir une réelle incidence sur le réchauffement climatique.
La gestion des radiations solaires est bien plus dangereuse que l’élimination du dioxyde de carbone et de nombreuses propositions sont mises sur la table, certaines plus risquées que d’autres. Certaines propositions, comme le « toit froid », consistent à utiliser des matériaux de toiture clairs qui réfléchiraient la chaleur du soleil plutôt que de l’absorber. Une proposition plus risquée encore serait de diffuser des particules de soufre dans l’atmosphère pour imiter les mécanismes d’une éruption volcanique et réduire les températures à l’échelle mondiale. Ce phénomène a été observé pour la première fois après l’éruption du volcan Krakatoa situé dans le sud-est de l’Asie au XIXe siècle ; il s’agit de l’éruption la plus forte jamais enregistrée.
Plus récemment, après l’éruption du Mont Pinatubo dans les Philippines en 1991, des milliers de tonnes de particules de sulfate se sont dispersées dans l’atmosphère et se sont rapidement répandues, réduisant les températures mondiales de quelques dixièmes de degré pendant plusieurs années. Cette diminution est considérable à l’échelle du réchauffement climatique, étant donné que de petits changements peuvent avoir une incidence considérable sur l’environnement. Jusqu’ici, nous avons connu une élévation des températures d’à peine 0,75 degré par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle. Pourtant, il y a de plus en plus d’éléments qui permettent de faire le lien entre cette augmentation et les événements météorologiques extrêmes tels que l’ouragan Katrina qui a dévasté la Nouvelle-Orléans et le Golfe du Mexique en 2005.
Dans leur article publié dans le journal Geophysical Research Letters, les scientifiques du Centre national de recherche atmosphérique au Colorado, États-Unis, ont étudié les effets de l’éruption du Pinatubo et ont découvert qu’elle avait provoqué une forte diminution des précipitations. Ils en ont conclu que toute tentative d’injecter des particules de sulfate dans la stratosphère pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur les cycles de l’eau de la Terre, causant des sécheresses et des famines. La diffusion de particules de sulfate dans l’atmosphère pourrait également provoquer une diminution de la couche d’ozone qui nous protège contre le cancer de la peau favorisé par les radiations solaires.
Si la gestion des radiations solaires était utilisée pendant une longue période, alors que les émissions de gaz à effet de serre continuaient de croître, et qu’elle était ensuite arrêtée soudainement, cela pourrait provoquer une très rapide élévation des températures, causant encore plus de dommages qu’un changement climatique progressif. Par ailleurs, l’acidification des océans, liée à l’évolution des concentrations de dioxyde de carbone, ne serait absolument pas prise en compte dans le cadre d’une approche de ce type, ce qui pourrait endommager encore davantage la vie sous-marine et l’écologie et détruire les barrières de corail.
Une autre approche proposée concernant la gestion des radiations solaires consiste à construire des miroirs dans l’espace afin de refléter les radiations solaires. Même s’il y a moins de risques que cette proposition soit mise en œuvre compte tenu des coûts qu’elle engendrerait, elle présente les mêmes inconvénients que l’usage de particules aérosol de sulfate, dans la mesure où elle est employée pour masquer une augmentation des émissions de dioxyde de carbone. Si les miroirs venaient à être détruits pour n’importe quelle raison (problème technique, attentat terroriste, manque de ressources financières pour les maintenir en place, etc.) nous pourrions assister à une élévation très rapide et destructrice des températures.
Le risque commun à toutes les techniques de gestion des radiations solaires est qu’elles pourraient coïncider avec une éruption volcanique naturelle qui ne pourrait être prévue par aucun modèle informatique. Le résultat d’un tel évènement serait une combinaison entre le refroidissement provoqué par les techniques d’ingénierie climatique et la chute des températures causée par les cendres volcaniques, ce qui aurait des conséquences catastrophiques.
L’un des attraits principaux de l’ingénierie climatique aux yeux des capitalistes est son coût relativement peu élevé. Le coût que représente la réduction des émissions à un niveau tolérable a été estimé par le rapport Stern, commandé par le dernier gouvernement travailliste en Grande-Bretagne, à 1% de la production économique par an pendant 40 ans (Nicholas Stern, Report on the Economics of Climate Change, 2006). À l’échelle mondiale, cela représenterait à peu près 400 milliards de dollars par an. Les estimations des coûts de la gestion des radiations solaires représentent une fraction de ce chiffre, quelques centaines de millions de dollars par an. Ce qui est effrayant, c’est que cela en fait un objectif à la portée de certains milliardaires irresponsables et obstinés. Bill Gates et Richard Branson ont déjà financé la recherche dans ce domaine. En Russie le conseiller principal du gouvernement qui ne croit pas au changement climatique a effectué des expériences en diffusant des particules de soufre depuis un hélicoptère.
Aucun organisme scientifique sérieux n’a recommandé l’ingénierie climatique comme une alternative à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ceux qui préconisent d’approfondir la recherche dans ce domaine, comme la Royal Society en Grande Bretagne ou le Conseil national de recherche aux États-Unis, voient cette discipline comme un moyen de gagner du temps pendant que des actions sont mises en œuvre pour s’attaquer aux causes fondamentales du réchauffement climatique. Le danger de cette approche, c’est que les gouvernements capitalistes, qui sont déjà très réticents à l’idée de dépenser de grosses sommes d’argent pour atténuer le réchauffement climatique, s’empressent d’embrasser l’ingénierie climatique comme une alternative bon marché. Emprunter cette voie pourrait être aussi dangereux que le réchauffement climatique lui-même. Pour régler les causes fondamentales du problème, il faut passer par la suppression du système de marché capitaliste basé sur les profits. Plus cette tâche est reportée et pires seront les perspectives de l’environnement.
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Les forces du marché freinent l'énergie renouvelable
Les gouvernements capitalistes à travers le monde ont-ils finalement ouvert les yeux sur le danger du réchauffement climatique ?
La part de l’énergie renouvelable dans la capacité totale de production d’électricité est passée de 7,8% à 8,5% entre 2012 et 2013 (Programme des Nations Unies pour l’Environnement, Global Trends in Energy Investment, 2014). Plus impressionnant : 43,6% de la nouvelle capacité d’énergie était renouvelable. Une telle hausse de l’utilisation de méthodes de production d’énergie non-polluantes est bien sûr bienvenue, mais cela signifie-t-il vraiment que les gouvernements du monde entier ont finalement ouvert les yeux sur le danger du réchauffement climatique ? Le système du marché nous a-t-il mis sur la voie d’un futur sans émission de carbone ?
Par Pete Dickinson, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)
Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de regarder les données plus en détail. Nous devons décomposer l’investissement par pays, et regarder les tendances des dépenses et ce qui les motive. Ensuite, le montant total de l’investissement doit être comparé à celui requis pour maintenir l’augmentation de température à moins de 2°C au dessus du niveau pré-industriel, au-delà de quoi les effets du réchauffement climatique se déchaîneront. Et il est crucial de prendre en considération le délai dans lequel il faut parvenir à ce résultat.
Mondialement, l’investissement dans les énergies renouvelables a atteint un record de 257 milliards $ en 2011, mais a baissé de 23% depuis, l’austérité de l’Union Européenne ayant un fort impact sur cela. Les dépenses ont baissé de 56% en 2013 par rapport à l’année précédente en Allemagne, et d’un énorme 75% en Italie (Bloomberg New Energy Finance, 2014). L’Allemagne était auparavant en tête des pays européens pour l’énergie verte. La baisse mondiale de 23% est, en fait, bien pire qu’il n’y parait quand on prend en compte la situation au Japon. Là, il y a eu une augmentation de 80% des investissements dans le renouvelable en 2013 par rapport à 2012, mettant le Japon en 3ème position mondiale après les USA et la Chine. Même si d’après la tendance actuelle, le Japon est bien parti pour devenir numéro 1 en 2015, cette « répercussion » du désastre nucléaire de Fukusima en 2011 ne va pas aider à freiner le réchauffement climatique.
Le gouvernement japonais a dû supprimer une grande quantité de puissance nucléaire, étant forcé de fermer les centrales après le tremblement de terre et le tsunami qui ont détruit les réacteurs à Fukushima. Cela a créé une pénurie d’énergie qui, pensait le gouvernement, demandait des mesures d’urgence pour maintenir l’approvisionnement en électricité. La réponse a été d’intensifier l’utilisation d’énergie fossile et de promouvoir les énergies renouvelables. Le résultat global de cela, cependant, ne sera pas une réduction des émissions de gaz à effet de serre, puisque la source d’énergie qui est remplacée, le nucléaire, ne produit pas des quantités significative de gaz qui causent le réchauffement climatique. (Le nucléaire, bien sûr, n’est pas une source d’énergie écologique puisqu’il produit inévitablement de grandes quantités de déchets toxiques.)
Il y a des tableaux contradictoires similaires aux USA et en Chine. Malgré leurs positions de tête dans le classement de l’investissement renouvelable, leurs émissions de gaz à effet de serre ont continué à enfler. Poussé par son but stratégique d’accroitre son indépendance énergétique, les USA ont vu une augmentation massive dans la fracturation hydraulique au cours des 10 dernières années, une technologie qui produit du gaz et du pétrole, qui émettent du gaz à effet de serre quand ils sont consumés.
Quand la croissance économique chinoise était de 10 à 12% par an, il y avait une pénurie d’énergie qui a mené le gouvernement à promouvoir les énergies renouvelables, à côté des énergies fossiles et nucléaire, pour boucher le trou. Les entreprises chinoises voulaient aussi devenir les leaders mondiaux de l’industrie d’énergie solaire. Ils ont réussi dans une grande mesure grâce à leur accès facile aux emprunts soutenus par l’État et au marché intérieur protégé. Cependant, tout en produisant de la technologie écologique, la Chine a continué de remplir la plus grande part de ses besoins énergétiques par le charbon, la plus polluantes des énergies fossiles. Le résultat net pour les USA comme pour la Chine est que les investissements dans le renouvelable ont sont submergés par les technologies qui utilisent les énergies fossiles.
Un développement intéressant révélé par le rapport de l’UNEP est que le coût unitaire des panneaux solaires a chuté de façon significative, à tel point que même si l’investissement a baissé dans ce secteur, le nombre de panneaux installés a augmenté. A première vue, cette nouvelle situation pourrait promouvoir l’utilisation du solaire, et encourager ceux qui pensent qu’un point de basculement a été atteint et que les économies d’échelles dans les énergies renouvelables vont faire pencher la balance du marché en défaveur des technologies polluantes.
L’augmentation de la capacité de l’industrie solaire est due à plusieurs facteurs. Le soutien gouvernemental et les subventions, qu’ils soient ouverts comme en Europe, ou masqués comme en Chine, ont joué un grand rôle dans l’augmentation de la production. (cela donne un aperçu des possibilités si les forces du marché étaient écartées). La grande récession de 2008, suivie par l’austérité, ont aussi fait baisser les prix à mesure que la demande d’énergie chutait. En même temps, les prix historiquement hauts du pétrole, beaucoup appuyés par l’instabilité géopolitique et le cartel de l’OPEC, a temporairement rendu le solaire plus attractif.
Mais cette combinaison de facteurs est en train de disparaître. Le prix du baril de pétrole a chuté de 110$ à 85$ et les subventions ont été beaucoup réduites, ce qui a causé un effondrement de l’investissement dans les énergies renouvelables. En même temps, il n’y a aucun signe de remontée de la demande au niveau mondial. Une forte amélioration pourrait mener à une nouvelle augmentation de la demande d’énergie solaire en Chine, et faire remonter les prix du pétrole, rendant le solaire plus compétitif. Cependant, l’austérité est un facteur à prendre en compte pour de nombreuses années par la plupart des gouvernements capitalistes ; ce qui signifie que de nouvelles subventions sont largement exclues, tout comme la perspective d’une reprise économique forte.
Même si une combinaison de facteurs de marché favorables réapparaissait, cela ne changerait très probablement pas significativement le tableau global de la dégradation de l’environnement. Le rapport Stern sur le réchauffement climatique, rédigé à la demande du dernier gouvernement travailliste britannique mais jamais mis en œuvre, appelait à l’investissement d’1% du PIB dans les énergies renouvelables pendant 40 ans. Pourtant, il est inconcevable que des conditions de marché favorables persisteraient pendant si longtemps sans interruption, pour que cela devienne une réalité.
Mais ce n’est pas tout. Le niveau de dépenses nécessaires pour atteindre l’objectif de 1% de Stern n’a jamais été approché, même en 2011 quand l’investissement mondial en énergie verte a atteint un sommet. Cette année, il a atteint 257 millions de $. Ce n’est que 0,33% du PIB mondial mondial, évalué à 77.000 milliards de $ en 2014 par le FMI – et bien en dessous de ce pourcentage si on utilise les chiffres les plus récents des dépenses en énergies renouvelables. De plus, le chiffre de Stern est basé sur les données disponibles il y a 10 ans. Depuis, les émissions de gaz à effet de serre ont beaucoup augmenté, ce qui signifie que l’objectif de 1% est maintenant trop bas. Cependant, même s’il faut 3% du PIB chaque année, ce niveau d’investissement serait tout à fait possible sans perturber le reste de l’économie. En fait, l’investissement vert demande relativement beaucoup de main-d’œuvre et pourrait créer des millions d’emplois.
L’effet positif des subventions sur les énergies renouvelables donne un aperçu de ce qui serait possible sans la camisole de force de l’économie de marché. Cependant, les subventions dans le cadre du marché ne seront jamais à une échelle suffisante, ni maintenues assez longtemps, pour répondre à la nécessité.
Pour atteindre l’objectif de dé-carboniser l’économie, la première étape devrait être la nationalisation de l’industrie du secteur de l’énergie, y compris la production d’électricité et les énergies renouvelables. Ces industries pourraient alors être gérées sur une base démocratique, avec des représentants du gouvernement national, des consommateurs d’énergie et des travailleurs de cette industrie. Une priorité absolue du nouvel organisme nationalisé devrait être d’arrêter le réchauffement de la planète. Cela demanderait une coopération internationale qui pourrait être obtenue en supprimant les gouvernements capitalistes actuels qui sont en concurrence pour détruire l’environnement.
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Kshama Sawant : “La marche pour le climat doit marquer un tournant dans l’histoire”
Discours de Khsama lors d’un panel sur le changement climatique dans le cadre de la Marche pour le climat organisée par le site de pétitions Avazz.com. Cette manifestation a été organisée dans plusieurs villes, notamment à New York où les camarades ont essayé de mobiliser un maximum de membres. Avec plus de 675 000 manifestants à travers le monde, il s’agit de la plus grande manifestation pour le climat organisée à ce jour.
“Cette marche doit marquer un nouveau tournant dans l’Histoire, il est temps d’organiser une action collective et de revendiquer un changement radical de société. Ce changement est nécessaire si nous voulons régler la crise environnementale que nous traversons.
“Cette crise nous touche tous, activistes environnementaux, travailleurs, jeunes, etc. À Seattle, certains activistes ont commis des actes de désobéissance civile en bloquant des trains transportant du pétrole et du charbon. La menace grandissante du changement climatique est bien réelle et, qu’il s’agisse de compagnies pétrolières ou de trains transportant des matériaux polluants, les grandes compagnies productrices de combustibles fossiles n’ont qu’un seul objectif en tête : faire des profits ! Ces entreprises bénéficient du soutien des deux partis politiques traditionnels achetés à coup de pétrodollars. Une chose est sûre : il ne sera pas facile de les arrêter.
“Notre message lors de la Marche doit être clair : si vous n’êtes pas encore organisé, il est urgent de le faire et de vous impliquer. Rejoignez un groupe de protection de l’environnement, rejoignez un syndicat, rejoignez le parti Socialist Alternative, devenez actif dans la lutte. La revendication que nous posons aux soi-disant dirigeants du monde doit être catégorique : nous avons besoin de projets publics d’envergure pour mettre fin à l’exploitation de combustibles fossiles dans le cadre d’une transition rapide vers des énergies vertes et d’une expansion spectaculaire des infrastructures de transports en commun.
“Tout cela nous permettrait de créer des millions d’emplois syndiqués avec des salaires décents. Les dirigeants qui sont à la tête ce type de sommet sur le climat sont totalement redevables des compagnies productrices de combustibles fossiles et à l’aristocratie financière qui domine l’économie mondiale.
“Les cinq entreprises les plus riches du monde sont toutes des compagnies productrices de combustibles fossiles. Ces compagnies possèdent toutes les ressources et la technologie nécessaires pour mettre fin à cette économie basée sur l’exploitation des combustibles fossiles et bâtir une société mondiale à partir d’énergie verte. Dès lors, pourquoi ne l’ont-ils pas déjà fait ? Car aucune preuve scientifique ou argument raisonnable ne sera suffisant pour les convaincre de mettre fin à l’exploitation du pétrole tant qu’il restera encore une goutte enfouie dans le sol. Prenez Texon Mobile, par exemple, qui dépense des millions chaque année pour promouvoir sa vision écologique. Pourtant, récemment l’entreprise affirmait dans une lettre à ses actionnaires qu’elle vendrait tout le pétrole et le gaz découvert jusqu’à présent et tout celui qu’il lui reste encore à découvrir.
“C’est là le vrai visage du capitalisme international. C’est le produit de ce casino géant qu’est la spéculation imaginée par ces voleurs de Wall Street et ces vautours du secteur pétrolier. Au sein de ce système, le marché est un Dieu et tout le reste est sacrifié sur l’autel des profits. Nous devons bien comprendre que le prétendu marché libre ne sera pas capable de se libérer de son addiction aux combustibles fossiles par lui-même, et certainement pas à la vitesse qu’il faudrait. Il n’est pas non plus capable de mettre en œuvre le type de planification démocratique coordonnée à l’échelle mondiale qui est nécessaire.
“De nombreuses personnes sont prêtes à modifier leurs habitudes quotidiennes, et c’est important. Toutefois, je veux mettre l’accent ici sur les grandes entreprises. Pourquoi ? D’après certaines estimations, au moins deux tiers des gaz à effet de serre émis depuis le début de la révolution industrielle sont dus à 90 entreprises. Seulement 90 entreprises ! Exon, Shell, BP, vous connaissez leur nom. Pour régler le problème du changement climatique, nous devons décider de manière démocratique et rationnelle comment ces ressources qui sont actuellement concentrées dans les mains d’une petite bande d’oligarques et de spéculateurs peuvent être gérées. Afin que la société dans son ensemble puisse les utiliser dans l’intérêt de tous. Comment peut-on atteindre cet objectif si l’on ne nationalise pas ces géants du pétrole sous le contrôle des travailleurs ? Car finalement c’est assez simple : vous ne pouvez pas contrôler ce qui ne vous appartient pas !
“Dans notre lutte, nous devrons, bien entendu, mettre en œuvre de nombreuses stratégies différentes selon les conditions objectives de la société. Mais une chose doit être claire comme de l’eau de roche : nous ne pouvons pas nous limiter à ce que les politiciens de l’establishment et les grandes entreprises qu’ils servent considèrent comme « acceptable ». Notre mouvement doit être guidé par les besoins des travailleurs et l’environnement.
“Il existe des expériences tirées d’autres mouvements sociaux. Récemment à Seattle, mon organisation, le parti Socialist Alternative, a permis de mettre en avant une revendication pour un salaire minimum de 15$ de l’heure pour tous les travailleurs. Au départ, certains ont qualifié cette revendication d’irréaliste. Mais c’était une revendication qui correspondait aux besoins réels des travailleurs. Nous avons travaillé avec d’autres personnes pour mobiliser un large mouvement capable d’atteindre cet objectif. Les grands patrons ont toujours été contre cette idée, mais ils ont été forcés de céder face au soutien grandissant que ce mouvement suscitait parmi la population. Il est vrai que nous n’avons pas gagné sur tous les plans, et que les serviteurs politiques du secteur privé, qui sont par ailleurs tous des démocrates, ont réussi à trouver des failles à exploiter. Mais nous avons obtenu le salaire minimum le plus élevé du pays en le revendiquant. Ce qui est clair, c’est que nous avons obtenu bien plus que si l’on s’était limité à demander ce que les grandes entreprises comme « acceptable ».
“Pour lutter contre le changement climatique, nous devons employer la même approche. Revendiquer fermement un programme d’investissement public d’envergure dans les énergies renouvelables et les transports en commun. Il faut lier cette lutte à celle contre ce système brisé qu’est le capitalisme. C’est la manière d’obtenir le plus grand nombre d’acquis, en commençant ici et maintenant et en offrant la perspective d’une solution à long terme, d’une société plus juste et durable, d’un monde socialiste qui pourrait offrir des conditions de vie durables et décentes pour tous.
“Tout le monde s’accorde à dire qu’il est nécessaire d’agir collectivement, de lutter et de s’organiser en marge des grandes entreprises. Selon moi, toutefois, nous n’y arriverons pas tant que nous ne combattons pas la réalité appelée « la politique pour les patrons». Personne ne me contredira quand je dis qu’on ne peut pas faire confiance aux républicains de droite qui nient l’existence même du changement climatique ; mais nous ne pouvons pas nous plus nous fier aux démocrates pro-business. Sous l’administration Obama, nous avons pu observer une expansion massive, non pas d’énergies vertes, mais bien de combustibles fossiles, depuis le forage de puits de pétrole dans l’Antarctique jusqu’à l’exploitation de gaz de schiste. Cela fait plus d’une génération que l’on n’avait pas vu une telle expansion. Et cela ne concerne pas seulement Obama, c’est tout le parti démocrate de l’establishment qui nage dans les pétrodollars. Si nous abaissons nos revendications pour apaiser l’élite démocrate, elle se servira tout simplement de notre générosité pour tranquilliser ses donateurs privés. Seule une force indépendante composée des 99%, un nouveau parti des travailleurs, des jeunes, des activistes de l’environnement et des syndiqués sera capable de combattre Wall Street et les multinationales. Un parti qui luttera et sera le fervent défenseur d’une alternative à ce système en crise.
“J’ai beaucoup aimé le discours de Bernie Sanders. D’aucuns disent que Bernie va se présenter aux élections présidentielles de 2016 pour offrir aux électeurs un candidat alternatif à Hillary Clinton. Je ne suis pas toujours à 100% d’accord avec Bernie, et notamment ses positions concernant la politique étrangère à mener, MAIS imaginons pendant un instant l’incidence potentielle d’un candidat de gauche de la stature de Bernie se présentant comme un candidat alternatif aux deux partis traditionnels pro-business lors des élections 2016. Si nous avions une campagne de gauche qui refuse l’argent du privé et revendique l’imposition des grandes entreprises et des super-riches en vue de financer un programme de création d’emplois verts d’envergure, la fin des sociétés parasites, un salaire minimum de 15$ de l’heure, un système de soins de santé gratuit et l’annulation des dettes contractées par les étudiants.
“J’appelle Bernie à se présenter comme candidat indépendant lors des élections présidentielles de 2016, sans lier le moindre lien avec le parti démocrate et son programme pro-business. L’horloge écologique tourne trop rapidement pour que nous laissions la scène politique en 2016 aux mains des républicains qui nient l’existence même du changement climatique ou à celles des démocrates qui se prononcent en faveur de l’exploitation du gaz de schiste.
“Nous avons besoin d’une voix qui s’élève pour l’environnement, une alternative à ce système dysfonctionnel à deux partis. Une campagne indépendante de gauche attirerait des millions d’Américains qui en ont assez des concessions honteuses faites à Wall Street au nom d’une politique « réaliste ». D’ailleurs, un récent sondage d’opinion montre que 60% des Américains veulent un troisième parti. Une campagne de ce type pourrait donner l’exemple à des centaines de milliers de travailleurs et de jeunes qui veulent lutter, elle jetterait les bases d’un mouvement capable d’obtenir de réels acquis, et ce quelle que soit la personne qui occupera la maison blanche en 2017.
“Rosa Luxemburg a dit il y a déjà plus de 100 ans que la société de demain sera soit socialiste, soit barbare. Il est de notre devoir de garantir que notre avenir ne plonge pas dans un capitalisme barbare et ne succombe pas aux catastrophes engendrées par le changement climatique mais qu’il se construise plutôt sur des valeurs de coopération, d’humanisme, de beauté et de durabilité.”
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Ecologie : [VIDEO] Sommet sur le climat (Kshama Sawant, Naomi Klein,…)
Le 20 septembre, à la veille de la plus grande manifestation pour le climat de l’histoire, plusieurs des voix les plus proéminentes de la gauche américaine ont débattu en meeting de la manière de construire un mouvement contre le changement climatique. Notre camarade américaine Kshama Sawant, Bernie Sanders, Bill KcKibben, Naomi Klein et Chris Hedges se sont attaqués à la question centrale : comment défier le capitalisme pour le remplacer par un système politique et économique qui respecte l’environnement tout en assurant la justice sociale.
La prise de parole de Kshama commence à 1:06:30.
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Katrina est-il le seul responsable de ce désastre? Le néoliberalisme dans la tourmente
Avec des vents allant jusqu’à 225 km/h, l’ouragan Katrina a traversé la Louisiane, le Mississippi, l’Alabama et l’ouest de la Floride, dévastant une région de la taille de la Grande-Bretagne. A la désolation causée directement par le cyclone sont venues s’ajouter les innondations, et ce sont des centaines de victimes qui sont à déplorer, en plus des centaines de milliers de personnes qui ne possèdent plus rien aujourd’hui, si ce n’est leur rage et leur crainte accrue du lendemain.
Dossier par Nicolas Croes
“Jamais personne n’avait imaginé que les digues pouvaient se rompre”, tels ont étés les propos du président Bush lorsqu’il a enfin daigné se prononcer sur ces tristes évènements, plusieurs jours après le drame. Catastrophe naturelle imprévisible, donc? Rien n’est moins sûr. Depuis 50 ans, tout les rapports font états d’inquiétudes croissantes quant à la capacité des digues à supporter pareil ouragan, rapports laissés sans suites, qu’ils soient arrivés sur le bureau présidentiel ou ailleurs. Cette déclaration du cowboy de la Maison Blanche est à prendre, au mieux, comme un aveu d’illetrisme, au pire, et c’est hélas le cas, comme la preuve ultime que les préoccupations de la classe dirigeante américaine et de leur marionnette présidentielle ne sont orientées que vers leurs propres profits.
Pourtant, après le 11 septembre…
… Bush avait créé, sous les flashs des journalistes, un ministère de la sécurité intérieure, dont dépendait l’administration chargée de gérer et d’anticiper les mégacrises (la FEMA) dirigée par Michaël Brown. Celui-ci s’était précédement distingué en démontrant l’étendue de son incompétence à la tête de l’Association Internationale du Cheval Arabe, dont on se demande d’ailleurs dans quelles mesures pareil organisme a pu lui apprendre à gérer les situations de crise.
La FEMA avait comme priorité de gérer trois types de catastrophes; un attentat terroriste tel que celui du 11 septembre, un accident chimique et… une innondation de La Nouvelle Orléans, encerclée par le Mississipi, le lac Pontchartrain et construite sous le niveau de la mer. Mais la priorité était la sacro-sainte lutte contre le terrorisme. 70 millions de dollars furent donc enlevés du budget de prévention des catastrophes de La Nouvelle Orléans et celui destiné aux catastrophes naturelles a ainsi été raboté jusqu’à 187 millions de dollars par an. Somme dérisoire comparée au milliard de dollars qui est chaque semaine nécessaire à l’occupation de l’Irak…
Evacuation : Quand les égoûts des USA sortent au grand jour
Mais si l’entretien, ou plutôt l’absence d’entretiens des digues est à pointer du doigt, que dire du plan d’évacuation? Michaël Brown, à qui il était demandé de s’expliquer, n’eut pour seule réponse que de fustiger les habitants de La Nouvelle Orléans, responsables selon lui de leur situation pour n’avoir pas obéi à l’évacuation ordonnée par le maire. En effet, 100.000 habitants sont restés sur place. Folie ? Confiance excessive ? Rien de tout cela, mais plutôt l’expression concrête d’un chiffre : 30% des 485 000 habitants de la ville vivent en-deça du seuil de pauvreté. Comment dès lors quitter La Nouvelle Orléans, sans voiture, sans argent (l’ouragan étant de plus arrivé en fin de mois) et sans qu’aucune prise en charge ne soit prévue?
Cette réalité systématiquement cachée par le mirroir déformant que sont les médias bourgeois a émergé violement sur le devant de la scène. Tant aux Etats-Unis qu’à travers le monde, l’image de la super puissance US a radicalement changé. S’est ouverte sous nos yeux plus clairement que jamais une Amérique où le 1% le plus riche possède autant que les 90% les plus pauvres, une Amérique où 37 millions de personnes (soit 12,7% de la population) vivent en desous du seuil de pauvreté, bref, une Amérique dominée par des grandes entreprises engrangeant des profits gigantesques tandis que les travailleurs paient le prix lourd pour les cadeaux fiscaux et autres accordés à ces crapules au cerveau en portefeuille.
C’est ainsi que ces pauvres gens se sont retrouvés pris au piège dans une ville envahie par les eaux, regroupés parfois par milliers dans des endroits comme le Superdome de La Nouvelle Orléans (qui a ainsi hébergé plus de vingt milles personnes) sans eau, sans nourritures et sans soins, attendant les secours des jours entiers sous une chaleur accablante. Partout autour d’eux flottaient débris et corps sans vie tandis que Bush rappatriait 300 soldats d’Irak, destinés avant tout à protéger les restes de la ville des pillages avec le mot d’ordre de “tirer et tuer”. Mais si des gens ont tentés de profiter de la situation, la majorité écrasante de ces “pillages” semble bien être en fait des opérations de collecte de vivres, médicaments et autres pour faire face à l’incurie des secours…
Une économie dévastée
Le cyclone et ses destructions pourraient coûter quelques 400.000 emplois et les dégâts sont estimés actuellement à plus de 200 milliards de dollars. Bush a promis de faire face à cette situation en créant une zone économique spéciale afin d’encourager le redémarage des entreprises, mais il est plus que probable que cette initiative aura de graves répercussions sur les acquis sociaux des travailleurs et sur l’environnement.
A cela s’ajoute la déstabilisation de l’infrastructure économique, dont le cas du port de La Nouvelle Orléans est particulièrement significatif. Ce port, qui est le premier aux USA et le cinquième au monde, est le principal destinataire de la quasi-totalité de la production agricole exportable et sa destruction entraînera des conséquences jusqu’au plus profond du pays.
De plus, alors que le quart du pétrole américain provient du golfe du Mexique, c’est 95% de cette production qui a été perdue depuis le passage de Katrina et le LOOP (Louisian Offshore Oil Port) a subit de nombreux dégâts. Compte tenu du fait qu’il s’agit de la seule infrastructure pétrolière capable d’accueillir les supertankers en provenance du golfe persique, du Vénézuela, ou encore d’Afrique de l’Ouest (ce qui représente tout de même 11% des importations de pétrole vers les Etats-Unis) la crise de l’or noir n’est pas prête de finir ses ravages.
Bush sur la sellette
A la différence des attaques du 11 septembre, il y a ici absence d’un ennemi capable de détourner la colère de la population américaine du manque de préparation et des erreurs du gouvernement. Et la réponse exessivement lente de l’administration Bush est d’autant plus critiquée que la sécurité est le thème favori du champion des pétroliers. Le président a attendu une quinzaine de jours avant de reconnaître, enfin, que le gouvernement n’avait pas été à la hauteur (bel euphémisme!). Il n’a cependant pas poussé la critique jusqu’à réclamer une enquête indépendante. Mais au-delà des fautes de l’administration Bush, la population a très mal perçu le fait que leur président n’ai que survolé les lieux, et deux jours après le drame, pour ne bien vouloir se rendre sur place que quatre jours après le passsage de Katrina. Quand à son état-major, Dick Cheney est resté dans son ranch, et l’événement n’a pas été jugé suffisament important par Condolezza Rice pour qu’elle interrompe son shopping.
En conséquence de quoi, jamais encore la popularité du président n’a été si faible. Selon les derniers sondages, son soutient a chuté jusqu’à 40%. Soutient encore plus faible parmi la communauté noire, pour qui, à 76%, les choses se seraient passées autrement si la population coincée à La Nouvelle-Orléans avait été “blanche et aisée”.
Bush peut néanmoins compter sur ses parents pour le défendre, le père, ancien président lui aussi, estimant que le gouvernement avait fait tout ce qu’il fallait tandis que la mère déclarait avec morgue qu’un grande partie des sinistrés étaient de toute façon des déshérités et que donc la situation leur convenait très bien!
Derrière Bush, un système et une idéologie
Le problème n’est pas seulement Bush, loin s’en faut. Il ne fait que servir les intérêts d’une classe dominante motivée exclusivement par l’appât du gain, au même titre que ses collègues, qu’ils soient républicains ou démocrates. Son aggressivité ainsi que son arrogance ne sont que le reflet de l’assurance de la bourgeoisie. Se sentant plus à même de s’affirmer durant les années 90’ où la loi du marché était proclamée systême suprême, celle-ci n’eut de cesse de s’attaquer toujours plus violement aux acquis que les travailleurs avaient obtenu par leurs luttes. Mais cette offenssive néo-libérale, guidée par l’idée d’un dépouillement de l’Etat et d’une recherche frénétique de nouvelles sources de profits, ne pouvait être éternelle.
Les premiers signes importants d’un changement apparurent avec le mouvement altermondialiste. Mouvement ayant principalement touché la jeunesse qui a grandi durant ces années de recul des luttes, il se distinguait par un retour à une critique plus franche du capitalisme. Parallèlement, le rejet du modèle américain gagna en importance, à force de coups brutaux portés à nos conditions de vies et de travail.
Katrina est un élément primordial de ce processus dans le sens où cet ouragan apparaît clairement, comme l’a écrit un camarade de notre organisation-soeur aux USA, tel “une fenêtre sur notre futur dans le cadre du capitalisme”. Le fait que même la chaîne Fox, dévouée au Parti Républicain et à l’administration Bush, se soit indignée aussi fortement tant de la nonchalance du gouvernement que de la misère de ces américains est signe d’un changement de mentalité.
Quelle Alternative?
Le refus de la soumission totale à la loi du marché va aller grandissant et avec lui les illusions envers les possibilités d’aménager le capitalisme. Mais laisser les commandes de notre société en une infime minorité d’assoiffés de profits revient à foncer droit devant sans se soucier des icebergs qui brisent nos flancs. Le seul moyen d’assurer notre bien être est d’assurer que notre pouvoir de décision existe réellement, hors de leurs relais qui ne respectent que la loi du plus riche. L’anarchie du marché détermine la société dans laquelle nous vivons, mais dans une société où la population déciderait vraiment, personne ne ferait le choix de limiter les investissements contre les catastrophes au profit d’occupations sanglantes. Dans une telle société, l’économie serait planifiée pour le bien de tous et non pour accroître à tout prix le profit de quelques uns.
Même si aucune initiative de masse ne va pour l’instant dans cette direction aux Etats-Unis, récemment une rupture est survenue dans la fédération syndicale AFL-CIO pour rompre avec les politiciens démocrates, guère différents des républicains. L’absence d’un parti défendant réellement les intérêt des travailleurs se fait chaque jour plus durement sentir, et avec elle l’absence d’un plan d’action contre le néo-libéralisme. Mais un programme contre le néo-libéralisme ne peut être efficace que s’il pose clairement la question d’un changement de société, la question d’une société socialiste.
Les sacrifiés de l’après-11 septembre
Les suites des attentats du 11 septembre ont aussi montré à quel point le profit des grandes sociétés passe avant la santé des Américains.
Les nuages gris qui ont suivi la chute des Tours étaient très spectaculaires mais il s’agissait essentiellement de poussière comme celles des chantiers de démolition. Par contre, pendant plus de quatre mois, des débris ont continué de brûler, alimentés par les 300.000 litres de diesel stockés dans les sous-sols ainsi que par des huiles. Ces dégagements – formant un cocktail toxique de poussières d’amiante, de plomb, de ciment, de mercure et de fibre de verre – ont stagné en nuages et contaminé l’air de New York.
Au lieu de décontaminer la ville de ses poussières d’amiante et autres fumées toxiques, les autorités ont donné la priorité à une réouverture ultra-rapide de la Bourse. Résultat : des milliers de sauveteurs et d’habitants sont victimes de bronchites, sinusites, asthmes et autres difficultés respiratoires qu’ils garderont toute leur vie.
Voyage dans l’Amérique pauvre
Les images des survivants de la Nouvelle-Orléans ont montré que tous les Américains ne ressemblent pas aux personnages de « Dallas » ou des « Feux de l’Amour » – Blancs, riches et bien portant. Un livre récent le confirme.
Jean Peltier
La journaliste américaine Barbara Ehrenreich a décidé de vivre pendant quelques mois la vie d’un travailleur à bas salaire. Elle a donc été successivement serveuse en Floride, femme de ménage dans le Maine, vendeuse au Minessota. Son objectif était de voir comment les travailleurs à bas salaires s’en sortaient après la « réforme » qui a liquidé l’aide sociale en 1996 (sous le démocrate Clinton !). Et la réponse est claire : ils ne s’en sortent pas !
Alors que les autorités reconnaissent qu’un salaire décent pour un adulte ayant deux enfants à charge s’élève à 14 dollars l’heure, 60% des travailleurs américains gagnent moins que ce montant. Ehrenreich touchait 6,65 dollars comme femme de ménage et… 2,43 dollars (plus les pourboires !) comme barmaid.
La majorité des travailleurs pauvres consacrent plus de la moitié de leurs faibles revenus à leur habitation. Pour ne pas dormir à la rue, beaucoup s’entassent dans des caravanes ou des minibus. Or, pour avoir un emploi, il faut une adresse. Et, pour obtenir un logement, il faut un revenu régulier, donc un emploi sable. Résultat : un sans-abri sur cinq est un travailleur qui a un boulot !
Ehrenreich décrit aussi les conditions de travail dans tous ces boulots précaires : interdiction de s’asseoir, de parler, de manger, de boire pendant le service ; fouilles corporelles, harcèlement par les managers et les petits chefs, tests d’urine pour dépister l’utilisation de drogues,…
A lire pour en savoir plus sur le « modèle américain » qu’on veut nous imposer.
L’Amérique pauvre », format poche aux éditions 10/18, 336 pages, 10 EUR
