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Tag: Changement climatique
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Pourquoi la crise climatique est une crise capitaliste

La question de la croissance économique et de sa relation avec la crise climatique est un sujet de plus en plus discuté. Nous proposons ici un point de vue marxiste sur cette question cruciale pour le mouvement environnemental.
Par Conor Payne et Chris Stewart (Irlande), article issu de la brochure « Le capitalisme assassine la planète » éditée par Alternative Socialiste Internationale.
De nombreux écologistes, activistes et universitaires soutiennent que l’obsession de la croissance économique est la cause de notre crise écologique actuelle et qu’un engagement à « décroître » l’économie est la solution.Trop souvent, cependant, cette discussion manque de contenu de classe ou anticapitaliste et les travailleurs sont accusés d’entretenir des « modèles de consommation » supposés destructeurs. Au lieu de cela, les socialistes doivent être clairs sur le fait que la cause de la crise climatique est le système capitaliste lui-même avec sa course incessante à l’accumulation de profits, et que la seule façon de résoudre la crise est de lutter pour un monde socialiste où les besoins humains, y compris une relation durable avec la nature, passent avant la cupidité privée.
Le cycle d’expansion et de récession du capitalisme
Sous le capitalisme, la force motrice de l’économie est la recherche du profit. La concurrence entre les entreprises et entre les différentes puissances capitalistes pour l’obtention des marchés et des ressources signifie que cette recherche du profit est implacable et expansive. Par conséquent, le capitalisme implique également une quête permanente de croissance économique.
Dans le même temps, ces entreprises chercheront à « externaliser » le coût de leurs activités, à le laisser à la charge de quelqu’un d’autre. L’entreprise capitaliste ne se soucie pas de savoir sur quelle base elle se développe, si ses produits sont utiles ou nuisibles, ou si ses activités sont durables sur le plan environnemental.
Le capitalisme est un système de contradictions. C’est un système basé sur les États-nations, alors que la production et les marchés sont mondiaux. Cela exclut les solutions et la planification mondiales. De plus, il repose sur la propriété privée des moyens de production et d’échange, quelques individus détenant le pouvoir sur la production, les investissements et les emplois. Les capitalistes obtiennent leurs profits en exploitant les travailleurs, ainsi que les ressources extraites de la nature dans le processus de travail. Le besoin constant d’accumuler plus de profits signifie que le capitalisme extrait de plus en plus de ressources de manière de plus en plus destructive, ce qui conduit finalement à l’épuisement des sols, des minéraux, des forêts, de la vie dans nos océans, etc.
Le capitalisme se heurte de plus en plus à la barrière écologique qui s’oppose à son développement effréné, comme en témoignent les catastrophes naturelles de plus en plus nombreuses, l’arrêt du réseau électrique au Texas en 2021 et la pandémie mondiale, tous imputables, au moins en partie, à la destruction croissante de la nature par la société capitaliste.
En outre, le capitalisme est un système qui organise principalement l’investissement à travers le chaos du marché boursier, où l’investissement est motivé uniquement par la recherche du profit. Aujourd’hui, les capitalistes choisissent de plus en plus de spéculer avec leur richesse par le biais de produits financiers complexes qui ont peu de rapport avec la valeur réelle dans la société – ce que Marx a appelé le « capital fictif ». En effet, ils peuvent y réaliser plus de profits à court terme qu’avec des investissements productifs réels.
En même temps, le désir des capitalistes de réduire la part de la richesse qui revient à la classe ouvrière signifie que les travailleurs ne sont pas en mesure d’acheter collectivement tous les biens que les capitalistes mettent sur le marché. C’est ainsi que la croissance capitaliste finit par se heurter à ses limites et plonge le système dans la crise et la récession. Le capitalisme connaît actuellement une crise économique mondiale pour la deuxième fois en un peu plus d’une décennie.
Lorsque la croissance était ancrée dans les investissements productifs, par exemple lors de l’essor économique qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, elle a souvent entraîné une augmentation du niveau de vie de la classe ouvrière, même si les gains des travailleurs étaient généralement éclipsés par ceux des entreprises et des riches. Au cours de cette période, les gouvernements capitalistes, surtout en Occident, ont accordé des réformes sociales dans l’intérêt des travailleurs, telles que les pensions, les services publics de santé et d’éducation, les protections sociales, etc. Cela n’a pas été fait par une quelconque bonté innée, mais comme un mécanisme visant à écarter les menaces révolutionnaires potentielles posées par la classe ouvrière au système capitaliste.
Cependant, au cours des dernières décennies du capitalisme néolibéral, la base de la croissance économique fut précisément la réduction de la part de la richesse allant à la classe ouvrière, plutôt que les développements de la production. Le capitalisme a diminué les salaires, privatisé les services publics et érodé la sécurité sociale. Les inégalités ont explosé à mesure que les gains de la croissance économique se sont concentrés au sommet de la société. Parallèlement, les capitalistes ont encouragé une consommation de plus en plus importante, alimentée en grande partie par la dette. Grâce à la mondialisation capitaliste, la production s’est étendue au monde entier, afin de maximiser les profits en trouvant les meilleurs endroits pour exploiter les travailleurs et l’environnement. Cela signifie qu’aujourd’hui, la croissance économique capitaliste est souvent synonyme d’absence de gains réels pour la classe ouvrière et de désastre pour l’environnement.
La reprise après la grande récession de 2008 fut en grande partie sans joie. En Irlande et ailleurs, malgré des taux de croissance nominalement positifs, la reprise n’a pas changé la réalité des bas salaires, de la précarité et des difficultés de logement. En Grande-Bretagne, l’Office of National Statistics a constaté que, malgré une décennie de « croissance », les salaires réels n’ont retrouvé leur niveau de 2008 qu’à la fin de 2019 – juste à temps pour la prochaine crise ! Parallèlement, les chiffres concernant les contrats « zéro heure » (des contrats de travail extrêmement précaires, sans minimum d’heures de travail garanties) étaient les plus élevés jamais enregistrés, avec un peu moins d’un million de travailleurs.
Le fardeau grandissant de l’effondrement écologique ne sera pas partagé équitablement, les riches cherchant à se protéger des conséquences du système économique dont ils ont profité. Alors que des températures plus basses que jamais ont provoqué des pannes de courant catastrophiques au Texas, les quartiers ouvriers et pauvres ont été les plus touchés par les coupures de courant, tandis que des gratte-ciel vides illuminaient l’horizon de la ville.
Karl Marx affirmait que sous le capitalisme : « L’accumulation de richesse à un pôle signifie donc en même temps à l’autre pôle une accumulation de misère, de torture à la tâche, d’esclavage, d’ignorance, et de dégradation morale pour la classe dont le produit propre est, d’emblée, capital. » Voilà qui résume bien l’économie capitaliste d’aujourd’hui. Dans le même temps, bien sûr, les travailleurs sont toujours susceptibles de payer le prix lorsque le système entre en récession. La réalité est qu’à aucun moment de son cycle d’expansion et de récession, l’économie capitaliste ne fonctionne dans l’intérêt de la classe ouvrière.
Une économie qui répond aux besoins, pas à la cupidité
Alors que la croissance économique actuelle fait sans aucun doute augmenter les émissions de carbone et toutes les formes de destruction de l’environnement, la contraction de l’économie capitaliste n’entraîne pas une diminution équivalente de l’intensité de celle-ci. Selon une étude portant sur 150 pays sur la période 1960-2008, une augmentation de 1 % du PIB s’est traduite par une augmentation moyenne de 0,73 % des émissions de carbone, tandis qu’une baisse de 1 % du PIB n’a entraîné qu’une diminution de 0,4 % des émissions de carbone. Cela s’explique par le fait que les biens et les infrastructures inefficaces sur le plan environnemental créés pendant une période d’expansion continuent généralement à être utilisés pendant une période de récession. La réduction de la consommation en soi ne pourra jamais entraîner la réduction radicale des émissions de carbone nécessaire. Nous avons besoin d’un changement fondamental de la production.
Cela signifie que sans une transition planifiée vers un mode de vie durable, la tendance sera à l’augmentation constante des émissions. Le débat sur la croissance et la décroissance est donc inutile s’il n’est pas lié à la nécessité de mettre fin au chaos du marché capitaliste.
Le but de l’économie capitaliste est de fournir des profits accrus aux patrons. Le but de l’économie sous le socialisme serait de satisfaire les besoins humains de manière durable. Cela signifie qu’il faut retirer les secteurs clés de l’économie des mains des grandes entreprises et les amener sous propriété publique, sous contrôle démocratique. Cela signifie que nous pouvons réorganiser l’industrie de l’énergie, les transports, l’agro-industrie et la production en général sur une base planifiée, dans l’intérêt des gens et de la planète.
Un monde de déchets
La production capitaliste est synonyme d’énorme gaspillage. Nous ne devons pas en sous-estimer l’ampleur :
- 690 millions de personnes dans le monde ont souffert de la faim en 2019, et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture prévoit que l’impact de la pandémie pourrait ajouter 132 millions de personnes supplémentaires à ce chiffre. Or, pendant la pandémie, la fermeture des restaurants et d’autres perturbations ont provoqué la mise au rebut généralisée de produits parfaitement bons. Même en temps « normal », alors que le monde produit déjà suffisamment de nourriture pour nourrir tout le monde, au moins un tiers de cette nourriture est gaspillée. Les causes sont multiples, mais le statut de la nourriture en tant que marchandise à vendre pour faire du profit est au cœur du problème. L’agro-industrie laisse les aliments pourrir dans les champs pour maintenir des prix élevés, les supermarchés jettent les aliments comestibles qu’ils ne pensent pas pouvoir vendre, de bons aliments sont même jetés parce que leur taille ou leur forme les rend « invendables ».
- En 2020, environ 569 milliards de dollars ont été dépensés en publicité, chiffre qui devrait passer à 612 milliards de dollars cette année. Vous pouvez ajouter à cela les ressources consacrées à la promotion des ventes, aux relations publiques, au « marketing direct » et à d’autres formes d’autopromotion des entreprises. La majeure partie de cet argent est gaspillée, dépensée non pas pour nous informer mais pour nous convaincre d’acheter le plus possible ou d’acheter une marque identique d’un produit plutôt qu’un autre, en exploitant souvent nos angoisses et nos insécurités afin de créer dans notre esprit de faux besoins qui peuvent être « résolus » par la consommation.
- Comme le capitalisme ne produit pas pour répondre à un besoin, mais pour faire du profit, la publicité et le marketing sont liés au processus de production lui-même. L’industrie de l’emballage est aujourd’hui la troisième plus importante au monde et la plupart des emballages ne sont pas principalement fonctionnels mais constituent une forme de promotion du produit. Les coûts d’emballage représentent entre 10 et 40 % du coût total du produit.
- L’obsolescence programmée signifie que les produits sont consciemment conçus pour ne pas être durables et doivent être fréquemment remplacés par les consommateurs. Cela inclut la mode rapide fabriquée à partir de matériaux de faible qualité et les appareils électroniques, dont les piles ne peuvent être remplacées, ce qui contribuera à la production de 500 millions de tonnes de déchets électroniques en 2019.
- Il existe une pléthore d’autres industries et produits inutiles pour les travailleurs : de l’industrie de l’armement aux produits de luxe comme les jets privés, une industrie qui a bénéficié d’un grand nombre de nouveaux clients fortunés cherchant à éviter les vols commerciaux pendant la pandémie. En raison d’une énième bulle spéculative capitaliste, la cryptomonnaie Bitcoin consomme désormais plus d’énergie que toute l’Argentine, un pays de 45 millions d’habitants.
- La concurrence entre les entreprises signifie que les efforts de recherche et de développement sont souvent dupliqués et que les brevets empêchent la diffusion de technologies utiles dans le but de maximiser le profit.
Comme nous pouvons le constater, les montagnes de déchets produites sous le capitalisme ne sont pas principalement le produit des demandes des consommateurs, mais servent plutôt les besoins du profit capitaliste. La structure de la société capitaliste elle-même conditionne aussi en partie nos besoins de consommation. Ceux qui n’habitent pas à proximité de transports publics fiables « doivent » acheter des voitures, les personnes à faibles revenus « choisissent » d’acheter du « fast fashion », etc.
Créer de plus en plus de produits qui ne sont pas nécessaires ou qui seront rapidement jetés à la décharge, ou générer de plus en plus de demandes artificielles, c’est de la « croissance » en termes capitalistes, mais ce n’est pas du progrès humain. Une économie socialiste démocratique et planifiée pourrait faire « plus avec moins » dans le cadre d’une transition écologique planifiée en réorientant les industries inutiles ou destructrices ; en éliminant le gaspillage par le double emploi, la surproduction et l’obsolescence programmée ; en se concentrant sur la satisfaction des besoins et non sur la génération de désirs artificiels et en transformant l’agriculture, le transport et la production d’énergie sur une base durable. Dans un tel système, le développement des industries, des communautés et des villes serait planifié démocratiquement. Sur cette base complètement différente, on pourrait mettre un terme à la surproduction et au gaspillage capitalistes tout en permettant une allocation plus rationnelle des ressources.
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Quelle est la gravité de la situation ? La menace aiguë de la crise climatique

Dans les deux années qui ont suivi les grandes grèves mondiales pour le climat de 2019, le Covid-19 a éclipsé la catastrophe climatique à laquelle la planète est confrontée. Pourtant, le coronavirus est en soi une mise en accusation implacable du mode de production capitaliste qui détruit les écosystèmes et crée des dangers biologiques et environnementaux qui menacent le développement de toute notre biosphère : la vie sur terre.
Par Jonas Brannberg (Suède) et Blythe Serrano (États-Unis), article tiré de la brochure “Le capitalisme assassine la planète” éditée par Alternative Socialiste Internationale Les avertissements concernant la pression exercée par le mode de production capitaliste sur la capacité de la terre à gérer toutes formes de stress se succèdent à un rythme grandissant. En 2020, nous avons assisté à un nombre record de tempêtes tropicales en Amérique centrale et en Asie du Sud-Est, à des chaleurs extrêmes en Sibérie et à des incendies en Australie et sur le continent américain. L’année 2020 a été, malgré le phénomène climatique de refroidissement La Niña, l’année la plus chaude jamais enregistrée.
Tout aussi menaçantes que le changement climatique sont les menaces posées par la mort rapide des espèces, la surfertilisation et la propagation explosive du plastique et d’autres polluants. Selon les climatologues, nous avons déjà quitté la « zone de sécurité » pour quatre des neuf « frontières planétaires » qui maintiennent la Terre dans l’état climatique stable dans lequel elle se trouve depuis 11.700 ans (l’Holocène).
Marx et la faille métabolique
Lorsque Karl Marx et Friedrich Engels – les fondateurs du socialisme moderne – ont étudié le capitalisme au 19e siècle, ils étaient déjà capables de remarquer la contradiction entre le système et la nature. Marx a écrit que le capitalisme avait créé une faille métabolique entre la société humaine et la nature. Il a donné l’exemple de la manière dont les nutriments contenus dans les aliments étaient transportés de la campagne vers les villes, puis rejetés dans la mer sous forme de déchets, ce qui entraînait l’épuisement des sols.
Marx et Engels ne pouvaient cependant qu’entrevoir ce qui allait devenir une transformation complète de la relation de l’humanité à la nature. Dans la quête de profits toujours plus importants du capitalisme, les écosystèmes et les ressources naturelles de la terre ont été traités comme des ressources gratuites, où les matières premières, les produits alimentaires et les autres ressources ont été aspirés de la nature tandis que la pollution a été vomie dans le sol, la mer et l’air. Avec l’aide des combustibles fossiles, la barrière « photosynthétique » a été franchie : le capitalisme a tout simplement extrait de la nature plus de « production » qu’il n’a pu en donner.
Il n’est pas toujours facile de voir quand des changements graduels transforment la quantité en qualité (un état complètement neuf). Ce n’est qu’au cours des dernières années que les chercheurs ont pu arriver à la conclusion que la terre, au milieu des années 1900, avait déjà quitté ce qu’on appelle l’Holocène.
L’entrée dans l’Anthropocène (ou Capitalismeocène)
Nous vivons aujourd’hui dans ce que l’on appelle l’Anthropocène (l’ère de l’homme), même si « Capitalismocène » est une meilleure description. Cela signifie que nous vivons à une époque où l’humanité, sous le capitalisme, est devenue la force la plus importante dans l’évolution de la vie sur terre. L’équilibre du système terrestre – qui a utilisé l’équilibre et la rétroaction d’une variété de formes de vie pour maintenir les températures moyennes entre -5 et +2 pendant 2,6 millions d’années – est maintenant sérieusement menacé en raison du capitalisme.
Pendant la majeure partie de l’histoire de l’humanité, la terre – ou plutôt la partie de la terre sur laquelle la vie peut exister – a probablement été perçue comme plus ou moins infinie. En réalité, il s’agit d’un fragment extrêmement petit du monde naturel dans lequel nous vivons. Dans l’univers, il y a au moins deux trillions de galaxies, et dans notre propre galaxie, la Voie lactée, il y a jusqu’à 400 milliards d’étoiles. Autour d’une de ces étoiles, notre soleil, la terre tourne, avec une fine couche de vie de seulement 20 km sur et au-dessus de sa surface.
Texte de l’image : Les neuf frontières planétaires. Le vert signifie qu’il n’y a aucun risque, le jaune qu’il y a une incertitude ou un risque accru et le rouge qu’il y a un grand risque de dépasser ce qui est sûr pour l’humanité. Plusieurs zones à risque doivent encore être définies. (Graphique : J. Lokrantz/Azote d’après Steffen et al. 2015.)
Avec un système capitaliste qui s’est emballé ces dernières décennies, cette biosphère de vie a été gravement endommagée. Ce ne sont pas seulement les changements de température qui menacent de modifier radicalement l’état dans lequel notre civilisation existe. La vie sur Terre est également façonnée par la circulation dans l’atmosphère (comme les courants-jets, dont les changements ont provoqué la vague de froid extrême au Texas en février 2021), par la circulation de l’eau à travers la vapeur d’eau, les précipitations et les courants océaniques, les calottes glaciaires, le sol, la couche d’ozone, la circulation des nutriments, etc. Avec notre entrée dans l’Anthropocène, la société humaine affecte non seulement la dynamique de toute vie sur terre mais aussi l’ensemble du système terrestre : les océans, les glaces, la terre, l’atmosphère et le climat.
Perte dangereuse de la biodiversité
Jamais dans l’histoire de la planète, depuis sa création il y a 5 milliards d’années, la diversité de la vie n’a été aussi grande qu’à l’époque géologique la plus récente. Cette situation est dialectiquement liée aux conditions climatiques. Des conditions climatiques stables ont créé les conditions nécessaires au développement et à la diversification de la vie, mais la diversité de la vie a également stabilisé le système terrestre et créé une biosphère « élastique », c’est-à-dire capable de gérer le changement.
Sous le capitalisme, cette diversité a été rapidement érodée. Depuis 1970, le capitalisme a fait disparaître 60% des populations de mammifères, d’oiseaux, de poissons et de reptiles, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF). En moyenne, un animal ou une plante sur quatre ayant fait l’objet d’une étude est menacé, ce qui signifie qu’environ un million d’espèces sont menacées d’extinction.
Cette perte de biodiversité nous menace directement, par exemple par la diminution des insectes pollinisateurs qui a entraîné une réduction de la production alimentaire. Mais elle risque également d’accélérer le changement climatique et rend l’adaptation de la planète plus difficile. À cause de l’industrie agricole capitaliste, par exemple, 90 % des cultures locales, qui peuvent s’adapter au changement climatique, ont été perdues lorsque les grandes multinationales ont introduit d’autres cultures à haut rendement.
Au cours des dernières décennies, 50 % des terres de la planète ont été converties en terres agricoles, villes, routes et autres infrastructures. Aujourd’hui, l’évolution de l’utilisation des terres est responsable de 14 % des émissions de gaz à effet de serre. Un exemple en est le rapport de la « Rainforest Foundation Norway », qui a récemment déclaré que seul un tiers des forêts tropicales de la planète restait intact.
Le poids combiné de la population humaine actuelle est 10 fois supérieur à celui de tous les mammifères sauvages. Si l’on ajoute le poids du bétail reproduit pour la consommation humaine, les mammifères sauvages ne représentent que 4 % du poids total. Cependant, c’est le capitalisme qui est le problème, et non les « gens » ou l’humanité en tant que telle.
Au cours des 25 dernières années, les 1 % les plus riches ont été responsables de plus de deux fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que la moitié la plus pauvre du monde. La moitié la plus pauvre de la population mondiale n’a pratiquement pas augmenté ses émissions au cours de la même période.
Les points de basculement
Ce qui est particulièrement menaçant dans le changement climatique, c’est qu’il ne s’agira probablement pas d’un changement simplement progressif lié à l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Les scientifiques ont identifié un certain nombre de « points de basculement » critiques pour le climat qui, s’ils étaient atteints, entraîneraient des effets accélérés et potentiellement irréversibles. Certains d’entre eux sont peut-être déjà dépassés.
Dans l’article de 2019 intitulé « Climate tipping points – too risky to bet against » publié dans la revue scientifique Nature, les scientifiques ont identifié un certain nombre de points de basculement critiques du climat. Depuis lors, la communauté scientifique est de plus en plus certaine que ces points de basculement se produiront de notre vivant.
Pour ralentir les pires effets du changement climatique, il faudra prendre des mesures radicales et immédiates pour réduire les émissions de carbone. Nous devons être clairs : une action à l’échelle et dans les délais requis n’est pas possible dans le cadre du capitalisme, un système basé sur le pouvoir et les profits des grandes entreprises. Ces dernières ne renonceront jamais volontairement à leur pouvoir. La seule façon de ralentir les pires effets du changement climatique est de construire un mouvement de masse des travailleurs et des jeunes luttant pour la fin de l’extraction des combustibles fossiles, pour un Green New Deal, et lié à la lutte pour une transformation socialiste de la société. C’est ce que nous défendons tout au long de cette brochure.
Les points de non-retour
Les scientifiques avertissent depuis des décennies contre trois points de non-retour qui auront des conséquences désastreuses s’ils sont franchis.
L’un de ces points de basculement est la fonte de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental. Si la totalité de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental s’effondre, le niveau des mers s’élèverait de 3 mètres ou plus, déplaçant plus de 12 millions de personnes rien qu’aux États-Unis et submergeant la quasi-totalité de La Nouvelle-Orléans. Les effets seront similaires dans les villes côtières du monde entier, et des nations insulaires entières seront menacées.
Un autre point de basculement majeur est la transformation de la forêt amazonienne en une savane (prairie), qui pourrait se produire si 20 à 25 % de la forêt sont détruits. Environ 18 % ont déjà été défrichés. Cette situation serait dévastatrice pour les 30 millions de personnes, pour la plupart indigènes, qui dépendent des précipitations fiables produites par la forêt, et entraînerait également une perte importante de biodiversité. La transformation de l’Amazonie en prairie entraînerait davantage de sécheresse et augmenterait donc le risque d’incendies de forêt. Sa saison sèche s’est déjà allongée d’un mois au cours des 50 dernières années.
Un troisième point de basculement critique est l’effondrement potentiel du Gulf Stream (partie de l’AMOC – Atlantic Meridional Overturning Circulation), qui transporte 20 % de l’excès de chaleur qui s’accumule à l’équateur vers les régions polaires de l’hémisphère nord et joue également un rôle clé dans la détermination des régimes climatiques. Ce courant ralentit à un rythme alarmant et devrait ralentir de 45 % d’ici à 2100, alors qu’il se déplace déjà à son rythme le plus lent depuis au moins 1.600 ans. Le climatologue Tim Lenton prévient que le ralentissement continu du Gulf Stream aurait des effets dévastateurs sur les régimes climatiques de l’hémisphère nord et provoquerait une escalade des phénomènes météorologiques extrêmes, peut-être au cours de ce siècle : « L’Europe occidentale devrait essayer de s’adapter à un climat complètement différent. Les principales moussons pourraient se déplacer, de façon néfaste, par exemple en Inde et en Afrique de l’Ouest. »
D’autres points de basculement potentiels qui auraient des effets dévastateurs sur le système terrestre, et risqueraient d’accélérer le changement climatique, sont le dégel du permafrost (sol solide gelé « en permanence »), la fonte des calottes glaciaires mondiales, l’incendie des forêts boréales et les modifications du courant-jet. Le dernier rapport du GIEC conclut que l’Arctique sera libre de glace en été d’ici 2050, quoi que l’on fasse.
Récemment, un rapport inquiétant a indiqué que le dégel du pergélisol était plus rapide que prévu et qu’il entraînait d’importantes émissions de méthane, un gaz à effet de serre. Si c’est le cas, cela signifie qu’un tiers du “budget” de gaz à effet de serre qui nous permettrait de rester en dessous d’un réchauffement de 1,5 degré a déjà disparu.
Pris séparément, chacun de ces points de basculement représente une escalade alarmante de la crise climatique. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c’est la prédiction des scientifiques concernant les effets en cascade, c’est-à-dire qu’un point de basculement pourrait en déclencher d’autres. Par exemple, la forêt amazonienne sert de réservoir à 100 milliards de tonnes de carbone, dont une grande partie serait libérée directement dans l’atmosphère, ce qui augmenterait la température de la planète et risquerait de déclencher de nouveaux points de basculement. Il peut en résulter une cascade de points de basculement qui transforment notre terre en une « serre » – même si les émissions de dioxyde de carbone sont réduites. Cela prendra bien sûr du temps – peut-être des centaines d’années – mais le problème est que lorsque nous atteignons un point de basculement, nous ne savons pas s’il est possible de revenir en arrière.
Ces dernières années, les climatologues sont devenus de plus en plus certains que ces points de basculement se produiront, et bientôt. Tim Lenton affirme que « le temps d’intervention restant pour empêcher le basculement pourrait déjà s’être réduit à zéro, alors que le temps de réaction pour atteindre des émissions nettes nulles est de 30 ans au mieux. » Bien que cela puisse être catastrophique, certaines recherches récentes suggèrent qu’il serait possible de dépasser temporairement ces points de basculement sans causer de dommages permanents. Toutefois, si des mesures drastiques ne sont pas prises rapidement, la catastrophe reste inévitable.
Une partie des crises du capitalisme
La crise climatique ne peut être considérée séparément des autres crises du capitalisme, qu’elles soient économiques, sociales ou politiques. Elles témoignent toutes d’un système en décomposition dont les contradictions sont de plus en plus fortes et qui crée des crises qui interagissent entre elles.
Par exemple, le changement climatique alimente des conflits qui peuvent conduire à la guerre et, avec le changement climatique lui-même, obliger des millions de personnes à quitter leur foyer. Selon Oxfam, 20 millions de personnes ont été contraintes de fuir chaque année au cours de la dernière décennie en raison du changement climatique. Si la société ne change pas de cap, l’avenir sera bien pire. En fonction des différents scénarios de croissance démographique et de réchauffement, on estime que dans 50 ans, 1 à 3 milliards de personnes pourraient connaître des conditions similaires à celles du Sahara. Aujourd’hui déjà, le changement climatique, tout comme la pandémie de Covid et d’autres crises, entraîne une augmentation des inégalités entre les classes et les genres.
Bien que les confinements liés à la pandémie aient entraîné une réduction des émissions climatiques d’environ 7 % en 2020, rien n’indique qu’il s’agisse du début d’un changement durable. Au contraire, les sommes que les États ont versées aux capitalistes pour maintenir l’économie à flot sont allées dans une bien plus large mesure à l’industrie des combustibles fossiles qu’aux énergies renouvelables. Juste avant le sommet du G7 en juin 2021, le magazine britannique The Guardian a révélé que les pays du G7 avaient donné 189 milliards de dollars à l’industrie des combustibles fossiles pendant la pandémie, bien plus que les 147 milliards donnés aux alternatives plus vertes. Les chiffres pour les pays du G20 sont encore pires.
La prise de conscience de la gravité de la situation et de la menace existentielle à laquelle nous sommes confrontés, de la profondeur de la « faille métabolique » dont Marx n’avait vu que le début, permet de comprendre que le problème ne peut pas être résolu en passant « simplement » aux voitures électriques, en installant des panneaux solaires, ou en adoptant des habitudes individuelles comme manger moins ou pas de viande. Ces mesures sont loin d’apporter le changement crucialement nécessaire.
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Contre la crise climatique : luttons pour le socialisme

Pas moins de 70.000 personnes ont manifesté pour le climat dans les rues de Bruxelles le 10 octobre. L’ampleur de la mobilisation a surpris tout le monde. Nous étions aux premières loges avec le Parti Socialiste de Lutte, la Campagne ROSA et les Etudiants de Gauche Actifs. Ce qui nous a permis d’observer un changement frappant par rapport à l’époque des grèves scolaires pour le climat en 2019 : la compréhension qu’il nous faut un changement radical de société est beaucoup plus répandue.
Par Jeremy (Namur)
Il ne faut pas aller chercher bien loin pour en comprendre l’origine. Les effets du dérèglement climatique sont devenus une réalité concrète pour de très nombreuses personnes partout dans le monde y compris en Belgique. Pensons simplement aux inondations de cet été.
Autre chose désormais plus évidente pour plus de monde : l’incapacité des gouvernements à prendre les mesures qui s’imposent puisqu’ils refusent de toucher aux profits des capitalistes. La gestion calamiteuse de la crise du coronavirus en a donné la preuve éclatante : les soins de santé souffrent toujours d’un dramatique sous-financement tandis que les géants pharmaceutiques ont pu dicter leur loi pour enrichir leurs actionnaires !Respecter la dictature des marchés, cela condamne aux belles promesses. En septembre, le président du PS, Paul Magnette, déclarait que son parti voulait la gratuité de tous les transports en commun. Quand on sait que le transport routier représente à lui seul 12 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et pas moins de 22 % à l’échelle du pays, une telle mesure s’impose évidemment comme une nécessité. Cela exige un refinancement public massif des transports publics pour en augmenter l’offre et embaucher suffisamment de personnel avec augmentation de salaire pour faire face au sous-effectif.
Il n’a pas fallu longtemps pour que Magnette n’évoque la gratuité de la SNCB uniquement et seulement pour les moins de 24 ans et les plus de 65 ans. Comme si ces catégories d’âge étaient celles qui prenaient le plus la voiture pour aller travailler… Et dans le budget fédéral ? Plus un mot. Trop cher.
Pourtant, l’argent ne manque pas ! L’affaire des Pandora papers l’a une nouvelle fois démontré. Et ça n’est que la toute petite partie émergée de l’iceberg. Le monde n’a jamais porté autant de richesses. Le seul paradoxe c’est que ces richesses sont le produit du travail combiné de l’immense majorité de la population, mais qu’elles sont accaparées par une infime minorité de capitalistes.
Il y a deux ans, les jeunes menaient des grèves pour le climat. Depuis lors, la pandémie et les confinements ont illustré que ce sont les travailleuses et les travailleurs qui font tourner le monde, pas les actionnaires ! La classe travailleuse peut faire grève et bloquer toute l’économie, elle peut aussi très bien la faire tourner pour elle-même en étant débarrassée des patrons et actionnaires !
De cette façon, il serait possible d’organiser la planification démocratique de l’économie dans le respect de l’environnement afin de répondre aux besoins de l’ensemble de la population plutôt qu’à la soif de profits d’une poignée de milliardaires capitalistes qui n’ont rien de mieux à faire que polluer la planète en se faisant la course à l’espace.Comment faire de cet objectif une réalité ? Venez en discuter avec nous lors de notre journée « Socialisme » du 4 décembre prochain.
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La planète se dirige vers un point de non-retour, nous devons changer de système !

La crise climatique qui menace notre existence n’a jamais été aussi évidente et urgente. Le rapport du GIEC a confirmé que nous sommes en proie à une crise climatique dévastatrice causée par l’activité humaine, ou plus précisément, par l’activité humaine dans l’intérêt de l’élite dirigeante du système capitaliste.
Par Keishia Taylor (Irlande), article issu de la brochure “Le capitalisme assassine la planète” éditée par Alternative Socialiste Internationale.
Notre planète est brutalement dévastée sous nos yeux, avec de violents incendies et des inondations meurtrières. Il n’a jamais fait aussi chaud depuis 100.000 ans et les catastrophes climatiques extrêmes liées au climat ont augmenté de 83 % au niveau mondial au cours des 20 dernières années, tuant 1,23 million de personnes. Les grandes inondations ont doublé et les tempêtes violentes ont augmenté de 40 %.Des mesures immédiates sont nécessaires. Il existe une multitude de mesures que les gouvernements pourraient prendre dès maintenant s’ils voulaient sérieusement s’attaquer au changement climatique. Par exemple, ils pourraient immédiatement mettre fin à toutes les subventions publiques ainsi qu’à tous les investissements dans les projets de combustibles fossiles et développer à la place des infrastructures efficaces pour des énergies véritablement renouvelables. Cela pourrait procurer des emplois à toutes celles et ceux qui travaillent actuellement dans des industries polluantes de même qu’à des millions d’autres. Ils refusent même la simple étape minimale consistant à investir massivement dans les transports publics de manière à ce qu’ils soient gratuits, fiables et en suffisance.
Mais comme nous l’avons vu, les gouvernements capitalistes ne prendront que les mesures les moins perturbatrices pour le statu quo, et seulement lorsqu’ils y seront contraints. Ils sont à mille lieues de faire ce qui est nécessaire. Au lieu de mettre en œuvre les changements qui s’imposent, ils blâment et punissent la classe ouvrière. Ils présentent cyniquement nos droits, nos emplois et nos conditions de vie comme étant d’une certaine manière opposés à la protection des vies humaines contre la crise climatique. Tout cela pour pouvoir exploiter davantage les travailleurs.
Le « capitalisme vert » est un mensonge !
Alors qu’aujourd’hui, les grandes entreprises promeuvent cyniquement une image « verte », elles sont fondamentalement à l’origine de cette crise et se moquent de la résoudre. L’élévation du niveau de gaz à effet de serre dans notre atmosphère remonte à la révolution industrielle et à la montée en puissance du capitalisme. Au fur et à mesure de son expansion, le capitalisme, avide de ressources, a répandu la combustion de combustibles fossiles dans le monde entier et a décimé de plus en plus l’environnement au nom de la course aux profits. Depuis 250 ans, la majorité des émissions de gaz à effet de serre provient directement des entreprises, et une centaine d’entreprises seulement sont à l’origine de plus de 70 % des émissions industrielles mondiales depuis 1988. Entre 2015 et 2021, les 60 plus grandes banques du monde ont investi 3.800 milliards de dollars dans des sociétés pétrolières. Celles-ci continueront à extraire et à brûler des combustibles fossiles tant que cela sera plus rentable que les alternatives renouvelables. Il leur est beaucoup moins cher d’investir dans la communication pour disposer d’une image publique « verte » que d’opérer de véritables changements.
Dans un système capitaliste, la nature est traitée comme une source inépuisable de richesse et les conséquences de l’épuisement des ressources naturelles, de la pollution des écosystèmes et de la perturbation des processus essentiels au maintien de la biosphère sont délibérément exclues de la formule de rentabilité. Et ce, en dépit du fait que toute richesse provient des ressources brutes de la terre et du travail effectué par les travailleurs pour les extraire et les transformer. Selon un récent rapport des Nations unies, si une entreprise devait payer le coût de ses dommages environnementaux, aucune d’entre elles ne serait réellement rentable.
La société fonctionne dans un contexte de grave déficit climatique (elle prend plus au climat qu’elle ne lui donne) depuis des siècles, mais le système économique et politique a ignoré ce fait, car vivre de manière durable est fondamentalement contradictoire avec le besoin constant du capitalisme de s’étendre, de réduire les coûts et de maximiser les profits.
Nous ne pouvons pas faire confiance au capitalisme « vert ». Quelle que soit sa forme, le capitalisme est incapable de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre la crise climatique. Nous devons plutôt taxer les super riches, fermer les paradis fiscaux et faire en sorte que les banques et les entreprises du secteur de l’énergie deviennent des propriétés publiques démocratiques afin de financer des investissements dans les technologies et les énergies vertes et de mettre en place un programme massif d’emplois verts. Cela pourrait entamer un processus de changement réel du système, en établissant une démocratie socialiste des travailleurs qui donne la priorité aux gens et à la planète.
Nous nous opposons aux mesures d’”éco-austérité” telles que les taxes sur l’eau et les taxes sur le carbone qui pénalisent les travailleurs. Il s’agit de tentatives pour faire porter la responsabilité de la crise et son coût à la classe ouvrière, et cela ne réduira pas les émissions ou les déchets. L’éco-austérité n’est pas une solution à une crise qui commence avec la production capitaliste elle-même.
Crime de l’humanité ou contre l’humanité ?
Soyons clairs : la crise climatique n’est pas un « crime de l’humanité ». C’est un crime contre l’humanité. La plupart des émissions de carbone et de la pollution proviennent d’un nombre infime de sociétés sur lesquelles nous n’avons aucun droit de propriété ou de contrôle. La grande majorité de la population mondiale est responsable de très peu de choses en termes d’émissions de carbone. Un récent rapport des Nations unies montre qu’à l’échelle mondiale, les 1 % de personnes gagnant le plus d’argent sont responsables d’une moyenne annuelle par habitant de 74 tonnes de CO2 par an. En revanche, pour les 50 % de personnes gagnant le moins, ce chiffre est de 0,7 tonne.
En outre, de nombreuses personnes issues de la classe ouvrière, même dans les pays les plus riches, vivent dans la pauvreté ou ont du mal à garder la tête hors de l’eau, n’ont pas accès à un logement décent ou aux soins de santé, ou n’ont aucune sécurité économique pour l’avenir, ce qui est totalement injustifiable dans un monde d’abondance incroyable.
Il est inévitable, dans le cadre du capitalisme, que les élites dirigeantes tentent de faire porter aux classes populaires ordinaires le poids de la crise climatique qu’elles ont elles-mêmes provoquée. Toutes les attaques contre les conditions de vie de la classe ouvrière, même celles introduites sous un vernis écolo, doivent être combattues par le mouvement climatique, car elles sont à la fois injustes et inefficaces : faisons payer les vrais pollueurs !
Un autre mythe dangereux est que la crise climatique est due à la surpopulation et qu’il y a trop de gens sur la planète. Cela serait la source de la catastrophe climatique, des pénuries alimentaires et de l’effondrement de la société. Bien sûr, il existe d’innombrables exemples de consommation non durable, d’épuisement des sols, de pollution, etc., mais cela ne prouve pas qu’il y a trop de gens, seulement que les systèmes en place sont inutilement gaspilleurs, irrationnels et absurdes. En fait, il est amplement prouvé que le monde peut subvenir aux besoins de toutes celles et ceux qui l’habitent pour peu que l’on mette en place un système qui repose sur la satisfaction des besoins des gens et de la planète.
Le nombre de gens est bien moins important que la manière dont ceux-ci sont organisés. Ce système capitaliste est destructeur, inefficace et imprudent car son objectif est le profit privé et non le bien public. Les partisans du socialisme comprennent que la cause de la crise climatique est le système capitaliste et sa course incessante à l’accumulation de profits. La seule façon de résoudre la crise est de lutter pour un monde socialiste où les besoins humains, y compris leur relation durable avec la nature, passent avant la cupidité privée.
Luttons pour notre planète et nos emplois !
Nous devons contester le mensonge capitaliste selon lequel les emplois s’opposeraient au climat et veiller à ce que les droits des travailleurs soient protégés. Nous avons besoin d’un plan d’action socialiste pour le climat qui définisse une transition juste pour les travailleurs. Cela impliquerait un programme massif d’emplois verts et de travaux publics pour construire de nouvelles industries vertes afin d’effectuer une transition vers une économie durable.
Une économie publique et planifiée avec un réel contrôle démocratique effectué par les travailleurs pourrait créer des millions d’emplois durables, avec de bons salaires et de bonnes conditions de travail, pour construire de nouvelles industries publiques écologiques. Les travailleurs des industries nuisibles à l’environnement pourraient reconvertir leur travail pour le rendre durable, l’orienter vers des projets bénéfiques pour la société et la planète, ou se réorienter eux-mêmes dans de nouvelles industries publiques vertes.
Par exemple, des entreprises de construction publique doivent être créées pour construire des millions de logements, d’écoles, d’hôpitaux, de crèches et de centres communautaires publics, tous construits selon les normes les plus élevées en matière d’efficacité énergétique et avec la plus petite empreinte écologique possible. En outre, les logements et les bâtiments publics et commerciaux existants devraient être modernisés pour répondre aux mêmes normes.
Tous les services publics devraient être détenus par le secteur public, comme la collecte et le recyclage des déchets, l’approvisionnement en eau, les transports publics, l’éducation, les soins de santé et, bien sûr, l’énergie. Les parcs nationaux seraient considérablement étendus, en complément d’un vaste programme de reforestation et de boisement, avec des emplois à temps plein pour planter et entretenir les forêts de manière durable.
Pas un seul travailleur ne doit y perdre. La seule véritable « transition juste » est celle où les travailleurs sont au centre des décisions, où ils contrôlent leurs lieux de travail, leurs communautés et l’économie dans son ensemble.
Reprenons les terres
Nous ne pouvons jamais oublier que la lutte contre la destruction de l’environnement n’est pas seulement menée par le mouvement international de grève pour le climat, mais aussi par les luttes de millions de communautés indigènes et opprimées, notamment en Amérique et en Afrique, contre les projets impérialistes destructeurs et polluants des multinationales occidentales et chinoises. Notre mouvement doit être pleinement solidaire de chacune d’entre elles et s’efforcer de construire la plus grande unité possible.
Les projets de pipelines, la déforestation et l’exploitation impérialiste des ressources naturelles doivent être arrêtés immédiatement et il faut s’opposer à tout contrôle des entreprises privées sur la production d’énergie. Nous avons besoin de la propriété et du contrôle démocratiques des ressources naturelles par les travailleurs et les communautés locales afin de protéger le niveau de vie des autochtones et de tous, y compris les travailleurs qui dépendent financièrement de l’industrie des combustibles fossiles.
De même, nous devons transformer nos systèmes alimentaires, dont nous dépendons tous pour survivre, en abandonnant les pratiques agricoles et d’exploitation intensive des terres par les grandes entreprises agroalimentaires, qui menacent à la fois la santé environnementale et publique et les travailleurs eux-mêmes. Les grandes entreprises qui nuisent à notre environnement et à nos systèmes alimentaires devraient passer sous le contrôle démocratique du public. Cela nous permettrait alors de combiner les pratiques agricoles durables avec les nouvelles technologies, une étape clé sur la voie d’une agriculture durable à grande échelle et à haut rendement.
Dans le cadre de la transition écologique de l’agriculture, il faut mettre fin à la domination de l’industrie capitaliste sur la viande et les produits laitiers, principaux responsables des émissions de carbone. Sur base d’une planification socialiste démocratique, cela peut être effectué d’une manière qui protège les moyens de subsistance des petits et moyens agriculteurs et des ouvriers agricoles.
Non au chaos du marché, oui à la planification démocratique
Les défis auxquels nous sommes confrontés prennent des proportions historiques. Rien de comparable à ce qui est nécessaire, en termes d’échelle ou d’urgence, n’a jamais été entrepris et encore moins accompli. Le type de transformation fondamentale – de la production, de la distribution, de la consommation, de l’énergie, des déplacements – nécessaire pour parvenir à un monde véritablement durable ne serait rien de moins que révolutionnaire. Une grande partie de la technologie et des connaissances nécessaires à la transition vers une économie sans carbone existe déjà, mais les intérêts privés et la concurrence du marché s’y opposent. Il est inconcevable que le marché capitaliste, la concurrence, le chaos et l’intérêt personnel puissent être les moteurs de ce changement.
La structure de la société capitaliste conditionne en partie nos besoins en tant que consommateurs. Ceux qui ne vivent pas à proximité de transports publics fiables et abordables « choisissent » de conduire des voitures, les personnes qui travaillent de longues heures « choisissent » des plats préparés préemballés, les personnes à faibles revenus « choisissent » d’acheter des vêtements « fast fashion » (moins chers et moins respectueux du climat). Aucun choix de consommation « écologique », souvent inabordable pour la plupart des gens issus de la classe ouvrière, ne peut apporter le changement dont nous avons besoin.
Nous ne pouvons pas contrôler ce que nous ne possédons pas. La prise en charge publique et démocratique des secteurs clés de l’économie permettrait de mettre en place un plan économique global à l’échelle mondiale, qui pourrait mobiliser toutes les ressources de la société pour faire face à cette crise.
Il s’agirait, par exemple, d’un plan mondial visant à reconstruire complètement les réseaux énergétiques pour qu’ils reposent à 100 % sur les énergies renouvelables dans un délai d’une décennie ; à mettre fin à la production de voitures fonctionnant au pétrole ; à augmenter la production de véhicules électriques et à développer massivement les transports en commun ; à éliminer complètement la dépendance aux combustibles fossiles ; à rénover et à construire de nouveaux logements et infrastructures écologiques pour résister aux conditions climatiques extrêmes et accueillir les réfugiés climatiques ; à reboiser la planète et refondre notre système alimentaire de fond en comble en remplaçant les monocultures de masse par des alternatives locales et biologiques ; et à investir à un niveau historique dans des technologies encore inconnues qui peuvent aider à faire face à la crise de la contamination et des pénuries d’eau, aux maladies infectieuses, à l’effondrement des récifs coralliens et des populations de pollinisateurs, et bien plus encore.
Dans le cadre d’une transition écologique planifiée, une économie planifiée démocratiquement pourrait faire « plus avec moins » en réorientant à des fins constructives les industries inutiles et nuisibles telles que la fabrication et la commercialisation d’armes ; en éliminant le gaspillage par le double emploi, la surproduction et l’obsolescence planifiée ; en se concentrant sur la satisfaction des besoins et non sur la création de désirs artificiels ; et en transformant l’agriculture, le transport et la production d’énergie sur une base durable. Dans un tel système, des industries, des communautés et des villes entières seraient planifiées démocratiquement, mettant fin au gaspillage capitaliste et permettant une allocation plus rationnelle des ressources. Dans un système socialiste, le but de l’économie ne serait plus de faire du profit pour une petite élite, mais de satisfaire les besoins humains de manière durable.
Luttons ensemble – Reconstruisons un mouvement de lutte pour le climat
Non seulement la classe ouvrière subit les pires effets du changement climatique, mais elle dispose également d’un pouvoir énorme. Les travailleurs font fonctionner la société – partout, des écoles aux usines – et en faisant grève, ils peuvent mettre ce système à l’arrêt. Le mouvement pour l’action climatique n’a pas d’alliés réels ou cohérents dans la classe dirigeante capitaliste. Ce n’est qu’en se basant sur les méthodes de la lutte sociale et ouvrière qu’il pourra lutter efficacement pour arracher les changements nécessaires.
Nous devons nous organiser et reconstruire un mouvement de lutte pour le climat qui soit lié à un mouvement de lutte des travailleurs et des syndicats. Une telle lutte unitaire pourrait lier, par exemple, le besoin de transports publics gratuits à la revendication de salaires plus élevés, ou le besoin de développer des technologies vertes au besoin d’emplois de qualité pour les jeunes. Dans toutes nos revendications, nous devrions cibler les gouvernements, les accapareurs de richesses et les grands pollueurs – ceux qui ont le pouvoir – et non les travailleurs.
Les grèves explosives et militantes de la jeunesse ont montré que les jeunes ouvriront la voie. Mais si les grèves écolières et les actions des jeunes ont fait pression sur les gouvernements pour qu’ils déclarent de belles paroles, ce n’est pas suffisant pour obtenir des changements significatifs. Pour que de vraies mesures soient adoptées, nous devons construire un mouvement de masse et organiser des comités de base dans les écoles secondaires, les universités et hautes écoles, les lieux de travail et les communautés locales pour construire des grèves économiques qui paralysent l’économie.
Généralement, les directions syndicales bureaucratiques bloquent la lutte. Nous ne pouvons pas reposer sur elles et devons plutôt construire le mouvement parmi les travailleurs et les affiliés de base des syndicats, et lutter en faveur de nouvelles directions syndicales prêtes à se battre. Toutes les tactiques de campagne efficaces doivent être utilisées, depuis les pétitions, les actions de protestations, les boycotts, les débrayages, les occupations, les blocages et bien sûr les grèves de durée et d’intensité variables.
Enfin, la lutte pour l’action climatique doit être inextricablement liée à toutes les luttes de la classe ouvrière contre l’oppression et les inégalités de toutes sortes. Il doit s’agir d’une lutte pour et par la classe ouvrière en faveur d’un système qui lui appartienne. Le capitalisme, le système des riches, est à l’origine de leur paupérisation et de la destruction des écosystèmes de la planète.
Non à la rivalité impérialiste, oui à la solidarité internationale des travailleurs
En raison de l’immense inégalité mondiale, les pays les plus pauvres sont actuellement les plus touchés par la crise climatique. Pour faire les premiers pas contre cette énorme injustice, toutes les dettes publiques doivent être annulées, et les brevets sur les technologies et connaissances cruciales supprimés. Dans un système capitaliste, les profits, la propriété privée, les brevets et la « propriété intellectuelle » sont prioritaires par rapport aux besoins de l’humanité et de notre planète. Cela a été clairement souligné lors de la pandémie de Covid-19, lorsque les grandes entreprises pharmaceutiques spéculaient sur les vaccins tout en acceptant la mort de millions de personnes. Les technologies vertes, ainsi que les connaissances et les technologies médicales et pharmaceutiques, doivent être partagées librement entre les travailleurs de tous les pays sur la base de la solidarité internationale et de la coopération entre la classe ouvrière et les plus pauvres.
Le capitalisme est un système incapable d’une véritable coopération mondiale. Aujourd’hui, alors qu’une action mondiale pour sauver la planète est plus nécessaire que jamais, le capitalisme et l’impérialisme ne font que diviser davantage le monde. La crise climatique est déjà utilisée comme arme dans la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Chine dans leur rivalité de grandes puissances.
Ce n’est qu’en débarrassant le monde de la concurrence nationale et de la rivalité inter-impérialiste et en les remplaçant par une coopération mondiale que nous pouvons créer les conditions nécessaires pour mettre fin à la crise climatique. Cela ne peut se faire que par une action coordonnée de la classe ouvrière internationale et des plus pauvres pour un changement révolutionnaire mondial, contre les classes capitalistes nationales et internationales qui défendent leurs propres intérêts.
Organisons-nous maintenant pour lutter pour le socialisme international
Les défenseurs du capitalisme affirment parfois que leur système est inévitable, « qu’il n’y a pas d’alternative ». À toutes celles et ceux qui veulent éviter une catastrophe climatique et construire un avenir juste et durable, nous disons qu’il n’y a plus d’autre alternative que de se battre pour mettre fin à la domination du système capitaliste. Nous devons arracher les richesses et les ressources du monde à la classe des milliardaires et les utiliser pour reconstruire la société sur la base du contrôle démocratique et de la solidarité afin de répondre durablement aux besoins humains.
Mais l’élite riche n’abandonnera jamais son pouvoir volontairement : nous devons nous organiser pour lutter pour un changement révolutionnaire. Nous avons besoin d’un mouvement de masse, mais aussi d’une organisation révolutionnaire avec un programme clair pour lier les luttes entre elles, combattre le capitalisme et transformer la société.
Pour obtenir un changement de système à l’échelle mondiale, une telle organisation doit être construite au niveau international. C’est pourquoi Alternative Socialiste Internationale (ASI), une organisation de travailleurs et de jeunes, lutte activement pour le changement socialiste dans plus de 30 pays. Pour gagner le changement révolutionnaire nécessaire pour mettre fin au capitalisme, à la destruction de notre planète et à toutes les formes d’oppression, rejoignez ASI !
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La COP26 a commencé. Intensifions la mobilisations pour faire face à la crise climatique !

La COP 26 réunit des dirigeants du monde entier et 30.000 décideurs politiques, hommes d’affaires, banquiers, “investisseurs verts”, “lobbyistes verts” et bien d’autres. Ils se réuniront à Glasgow cette semaine à l’occasion d’un événement parrainé par une série de multinationales des secteurs de l’énergie, de l’automobile, de la chimie ou encore de l’informatique. Ces personnes devraient donc veiller à ce que les mesures nécessaires pour lutter contre la crise climatique soient adoptées et mises en œuvre. Cela ne présage rien de bon.
Le président chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine n’y assisteront pas, bien que leurs pays soient respectivement deuxième et troisième en termes d’émissions de CO2 dans l’atmosphère depuis 1990, juste après les États-Unis.
Jusqu’à présent, les différents pays ont eu du mal à atteindre l’objectif annoncé de 100 milliards de dollars pour la lutte contre le changement climatique. Il s’agit pourtant d’une somme dérisoire : moins que ce que le monde dépense en armement chaque année. L’ONU estime que les pays en développement auront besoin de 5.900 milliards de dollars d’ici à 2030 pour atteindre leurs objectifs climatiques. Selon la campagne Jubilee Debt, 34 des pays les plus pauvres du monde dépensent près de 30 milliards de dollars par an au service de la dette envers les banques (y compris sans doute certaines qui parrainent la COP 26) mais n’ont que 5,4 milliards de dollars à consacrer aux mesures visant à lutter contre la crise climatique.
L’objectif initial de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,50°C n’est plus considéré comme réalisable. Les scientifiques estiment désormais que l’augmentation de la température sera de 2,70°C au rythme actuel.
Comme l’a dit Greta Thunberg, tout ce que nous pouvons attendre de ce sommet, c’est du bla-bla. Nous sommes d’accord avec elle pour dire que la COP 26, dans sa forme actuelle, ne changera rien, à moins “d’une pression importante et massive de l’extérieur”. Mais nous devons aller plus loin. Nous devons nous débarrasser des banquiers, qui, selon elle, “financent notre chute”. Avec eux doivent disparaître les multinationales, les politiciens corrompus et le commerce des armes. En d’autres termes, le capitalisme doit disparaître et être remplacé par un monde socialiste démocratique.
Pour construire une telle alternative, Alternative Socialiste Internationale (ASI) participera activement aux protestations autour de la COP 26. Cette semaine, nous reviendrons régulièrement sur différents aspects de la lutte contre le changement climatique. Vendredi et samedi, nous ferons campagne pour nos propositions socialistes à Glasgow et Edimbourg. Samedi soir, il y aura une réunion d’ASI à Glasgow.
Nouvelle manifestation à Bruxelles hier
Une nouvelle action a eu lieu à Bruxelles pour marquer le début de la COP26. Après la manifestation massive du 10 octobre, la manifestation était bien sûr plus modeste en termes de participation, mais il n’était donc pas moins important de faire descendre la protestation dans la rue dès le début de la COP26. Ci-dessous une série de photos prises par Liesbeth.
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Pourquoi la crise climatique a plus d’impact sur les femmes ?

Mais pourquoi la crise climatique a plus d’impact sur les femmes ? Une plus grande proportion de femmes vit dans la pauvreté ; elles n’ont pas autant accès à leur droits ; elles vivent des violences structurelles. Elles ont ainsi moins de possibilités pour s’adapter au changement climatique.
Par Odile (Liège)
Le réchauffement climatique n’est plus un scénario catastrophique lointain, il est présent, urgent et mondial. Le rapport du GIEC l’a montré, tout comme que les catastrophes telles que les immenses feux de forêts en Sibérie et Europe du Sud, les records de chaleur au Canada et les inondations de cet été en Belgique et en Allemagne. Il est indéniable que la lutte pour le réchauffement climatique est primordiale. Ce combat ne fonctionnera que s’il prend en compte les oppressions, couplé au changement climatique, que le capitalisme provoque. Focus sur l’impact de ces crises sur les femmes.
L’adaptation agricole au dérèglement climatique précarise plus durement les femmes
Tout le monde n’est pas touché de la même manière par les crises : elles touchent les personnes les plus précarisées de manière plus forte. Pendant la pandémie, aux USA, les personnes noires et hispaniques ont été les plus impactées. Au Royaume-Uni, pendant la première vague, une femme avait deux fois plus de risque de perdre son emploi qu’un homme.Mais pourquoi la crise climatique a plus d’impact sur les femmes ? Une plus grande proportion de femmes vit dans la pauvreté ; elles n’ont pas autant accès à leur droits ; elles vivent des violences structurelles. Elles ont ainsi moins de possibilités pour s’adapter au changement climatique.
Prenons par exemple l’agriculture qui est le secteur le plus touché par le dérèglement climatique. Adapter ses cultures nécessite des moyens financiers que tout le monde n’a pas. Par exemple, au Népal, les paysans qui font face à un appauvrissement de leurs terres ont, quand ils en avaient la capacité, changé de culture au profit du sarrasin qui pousse bien sur un sol pauvre. Cette flexibilité n’est possible qu’avec des moyens ! Un autre problème s’ajoute : les techniques agricoles nécessite elles aussi d’être adaptée, mais encore faut-il les connaître. Or, les femmes ont moins accès à l’éducation et aux informations en générales.
Dans les sociétés divisées en classes sociales (comme le système capitaliste), il y a une division genrée du travail au sein de la famille. Les hommes y ont plus souvent une place de décideurs, tandis que les femmes prennent sur leurs épaules le travail supplémentaire de soin à la famille. Ce travail domestique tant à augmenter avec les dérèglements climatique qui peuvent par exemple tarir les sources d’eau. Ainsi, les femmes ont moins de temps et de possibilités pour acquérir une indépendantes financièrement. La dépendances envers leur partenaire occasionne plus de vulnérabilité.
Les femmes plus victimes de catastrophes naturelles
Les femmes sont aussi beaucoup plus touchées pendant les catastrophes naturelles qui sont pour elles trois fois plus meurtrières que pour les hommes. Une des principales raisons est la position secondaire de la femme dans la société. Ça s’est par exemple illustré lors de cyclones et d’inondations au Bangladesh. Les femmes ne sont pas associées à la prise de décision concernant l’évacuation et ne peuvent donc y réagir aussi rapidement. Souvent, elles n’entendent pas l’ordre d’évacuation, car elles sont beaucoup moins dans l’espace public. Et même dans ce cas, elles n’ont pas la possibilité de partir sans l’aval de leur mari / père (manque d’indépendance financière, injonction sociale à rester au foyer…). Et puis, elles sont conscientes qu’après l’évacuation, le risque d’agression sexuelle dans les refuges est très élevé. Souvent, il n’y a pas d’endroit privé où elles peuvent se changer, aller au toilette.
Une fois la catastrophe passée, les femmes sont toujours en charge de leur foyer et donc de la nécessité de le reconstruire. Elles ont ainsi moins de temps pour se rétablir elles-mêmes.
Ce ne sont pas tant les hommes qui ont trop de facilités pour faire face aux événements inattendu. Mais la surexposition des femmes aux catastrophes climatique illustre l’absolue nécessité de continuer la lutte pour que chacun.e puisse rencontrer ses besoins et être en sécurité que ce soit avant, pendant et après la catastrophe.
Impact des inondations sur les femmes
Les inondations de cet été ont montré à tout le monde que le réchauffement climatique est présent. On pourrait croire, intuitivement, qu’une rivière en crue touche de manière indiscriminée les pauvres et les riches. Mais dans les faits, les zones inondables sont celles où les populations les plus précarisées doivent habiter, faute de moyens. Les loyers y sont les plus bas, là où les logements sont construits en zones inondables, moins bien localisées et en moins bon état. Il sera beaucoup plus difficile pour la population la plus pauvre de se rétablir. Combien de personnes sans-papiers ont tout perdu lors de ces inondations ? Combien de mères célibataires (dont 80 % d’entre-elles sont sous le seuil de pauvreté) ? Et même des inondations « minimes », comme la perte de son lave-linge, peuvent avoir des conséquences pratiques importante lorsqu’on n’a pas de réserve et qu’il faut attendre des mois avant d’avoir une indemnisation pour pouvoir le remplacer. Et puis, de plus en plus de personnes n’ont pas les moyens de payer les primes d’assurance (de plus en plus chères) et ne sont donc pas assurées. Ça doit changer ! Nous ne voulons pas d’assureurs privé dont nos primes vont dans les poches des actionnaires et qui rechignent à nous indemniser lorsque c’est nécessaire. Les assurances devraient être un service publique contrôlé et gérer démocratiquement par la population!
Et la responsabilité individuelle dans tout ça ?
Nous entendons partout qu’il faut que tout le monde fasse attention à sa consommation. Il faut acheter bio, local, diminuer son empreinte carbone, arrêter de manger de la viande, passer au zéro déchet1,… Si on apprécie fabriquer sa propre lessive, etc., il ne faut surtout pas s’en priver, mais ces injonctions à améliorer notre consommation individuelles renforcent la division genrée du travail et sont insuffisantes pour faire face au défi climatique. En effet ; cinq entreprises en Belgique émettent autant de gaz à effet de serre que tous les ménages du pays. C’est par elle qu’il faut commencer si l’on veut un réel changement.
Et puis, cela demande du temps, de chercher les bons ingrédients, d’utiliser des cotons et serviettes réutilisables (et donc à laver), de faire plusieurs magasins plutôt qu’un seule supermarché, de remplacer les produits transformés par des faits main. Cette revalorisation des arts ménagers liée aux injonctions à avoir une consommation plus « verte » renferme les femmes dans les rôles de mère nourricière, dévouée à son foyer. Devoir faire tous ces efforts augmente la double journée de travail des femmes (rémunéré au boulot puis gratuit à la maison) et la charge mentale.
N’oublions-pas que les autorités vont utiliser cette mentalité pour pouvoir justifier des politiques d’austérité. Dans de nombreuses commune, les poubelles à puces voient le jour, les ménages doivent désormais payer leurs déchets au poids. Et lorsque des mères se plaignent que cette taxe est un surcout important pour les ménages avec des enfants en bas-âges, vu le poids des langes, on leur a répondu « passez aux langes lavables ». Facile à dire ! Pour que tout le monde puisse passer aux langes lavables, il faudrait établir un service public qui ramasserait les langes sales pour les nettoyer à haute température ensemble et en rapporterait des propres. Il existe déjà des compagnies privées qui font déjà cela. Aujourd’hui, pour être écologique, il faut en avoir les moyens ! De plus, il n’est pas possible de passer aux langes lavables si les crèches (en ce compris les crèches communal de celles qui disent « vous n’avez qu’à passer au lavable) n’acceptent que les langes jetables, plus rapide à mettre. Pour que les crèches acceptent les réutilisables, il est important d’avoir plus de plus de personnel dans les crèches…
Si les femmes ont en moyenne une emprunte carbone inférieur à celle des hommes, c’est parce qu’elles sont en moyenne plus pauvres et n’ont donc simplement pas la possibilité de partir en vacances, etc. Mais contrairement à ce qu’on essaye de nous faire croire, changer ses comportement individuel nécessite un minimum de moyens financier et un filet de sécurité derrière. Et surtout, pour faire face à l’ampleur du dérèglement climatique, c’est la société entière qui doit changer. Il est nécessaire de contrôler pour gérer démocratiquement les secteurs clés et polluant tel que la production d’électricité, d’investir massivement dans les transport public aussi pour les parents (qui en ont la possibilité) ne doivent pas se transformer en taxi le mercredi après-midi. Il est aussi important d’avoir une prise en charge collective des tâches ménagères se qui permettrai de s’attaquer à la fois au problème environnemental et à la double journée de travail des femmes, avec par exemple des laveries et des cantines publiques qui propose des produits sains et durables, des écoles et crèches de qualités et correctement isolées.
Les femmes aux devant de la lutte contre la crise climatique et le capitalisme
Le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles ne visent évidemment pas en soi plus les femmes que les hommes. C’est la société capitaliste – qui repose sur l’exploitation de la force de travail des humains et l’exploitation de la nature – qui provoque le dérèglement climatique. C’est aussi le capitalisme qui crée les inégalités et place les femmes et les autres populations opprimées dans des situations économiques précaires et plus exposé aux crises ! Le dérèglement de la climatique, le sexisme, le racisme et toutes les oppressions ne sont pas le propre de la nature humaine, mais le résultat du mode de production capitaliste. Le capitalisme vert est un mensonge !
Si l’on regarde le mouvement climat de 2019, les grandes figures étaient pour la plupart des femmes. Greta Thunberg internationalement, Anuna de Wever et Adélaïde Charlier en Belgique, et surtout parmi les dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté dans la rue, le nombre de femmes est impressionnant ! Les femmes étant plus durement touchées tant par la crise climatique que par la pauvreté, le sexisme, etc. , elles sont beaucoup plus nombreuses à s’impliquer dans le mouvement climatique et dans tous les mouvements contre les oppressions ! Organisons-nous pour que toutes celles et ceux qui veulent se battre pour un futur puisse se réunir autour de revendications, d’un programme claire pour une transformation socialiste de la société ! Par-là, nous voulons dire une société qui ne repose plus sur l’exploitation de l’humain et de la nature au profit des capitalistes, mais une société qui permettent à chaque personne de s’épanouir.
Nos revendications
La lutte contre le sexisme et contre le réchauffement climatique se font en commun par la lutte contre le capitalisme.
La pandémie et les inondations ont démontré la nécessité d’investir massivement dans les services publics et sociaux. Luttons pour le refinancement public des soins de santé, de la protection civile, des pompiers !
Luttons pour des transports en commun gratuits, mieux desservis et avec des accompagnateurs dans chaque bus, métro et train. Cela permettrait la diminution des déplacements en voiture, mais aussi à toutes les personnes subissant du harcèlement de rue et craignant de sortir la nuit de pouvoir compter sur des transports en commun fiables. La présence d’un accompagnateur permettrait également d’établir un climat de confiance.
Une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec une réduction des cadences permettrait à de nombreuses femmes de ne plus être obligées de travailler à temps partiel (et d’avoir un salaire partiel). Une plus grande prise en charge des tâches ménagères par les services publics renforcerait également cet aspect. De meilleurs salaires rendent les femmes économiquement moins dépendantes de leur partenaire et moins vulnérables aux crises.
Le scandale de 3M, qui laisse des déchets toxiques empoisonner l’environnement, leurs travailleurs.euses, et les habitant.e.s d’Anvers montre que les multinationales n’ont que le profit en tête, au détriment du bien commun. Cinq entreprises en Belgique émettent autant de gaz à effet de serre que tous les ménages du pays : nous devons reprendre le contrôle de ces entreprises. Exproprier les criminels climatiques est la seule solution pour qu’une transition écologique soit possible !
Le capitalisme vert est impossible : la propriété privée des moyens de production fait primer le profit à court terme plutôt que la survie de notre espèce. Les secteurs clés de l’économie doivent être sous contrôle démocratique des travailleurs.euses, pour créer ensemble une économie à l’écoute des besoins de chaque individu : une économie socialiste démocratiquement planifiée.
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Manifestation pour le climat : nous étions 70.000 à Bruxelles !

Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’était une manifestation impressionnante… la plus imposante de cette année et de l’année dernière. Ces derniers mois, les conséquences de la crise climatique sont devenues très concrètes : des inondations en Wallonie aux incendies et vagues de chaleur ailleurs. Parallèlement, la pandémie et les confinements ont largement démontré que les changements de comportement individuels sont insuffisants pour prévenir la catastrophe climatique. Nous n’avons pas de temps à perdre : il faut un changement de système !
Avec 70.000 personnes, cette manifestation pour le climat et la défense de l’environnement a une nouvelle fois placé le thème en tête de l’actualité. Mais le mouvement de 2019 nous a appris que les mobilisations de masse ne provoquent pas tout simplement le changement nécessaire. Y parvenir exige une lutte acharnée contre le capitalisme afin de renverser ce système pour le remplacer par une économie planifiée de manière démocratique et rationnelle. De cette manière, les ressources et possibilités existantes seraient mobilisées pour répondre aux besoins de la majorité de la population dans le respect de l’environnement. Voilà ce que nous entendons par “socialisme”.

Photos de Jean-Marie Versyp Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et la Campagne ROSA ont formé une délégation combative qui s’est exprimée haut et fort contre le capitalisme et en faveur d’une alternative socialiste. Nous avons également collecté des fonds pour permettre d’envoyer 100 jeunes à Glasgow en novembre prochain à l’occasion du sommet de l’ONU sur le climat. Nous y rejoindrons une délégation de notre internationale, Alternative socialiste internationale (ASI). Le capitalisme est organisé au niveau international, notre résistance doit l’être également !
Nous avons distribué un tract comprenant le programme en 10 points d’EGA et de la Campagne ROSA. A nos stands et dans les discussions menées par nos militants, nous avons pu constater une grande ouverture pour nos réponses socialistes. Nous avons vendu plus de 170 exemplaires de notre mensuel. Vous avez acheté un exemplaire ? N’hésitez pas à prendre un abonnement ! Vous êtes d’accord avec nos propositions ? Soutenez notre Fonds Glasgow, contactez-nous pour nous rejoindre !
Photos de Liesbeth:
[embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/mT3B5gqH5ZLStJ5v6]Photos de Jean-Marie Versyp:
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10.000 € pour envoyer 100 jeunes à la COP26, soutenez le Fonds Glasgow !

En 2019, nous avons manifesté et fait grève pour le climat partout dans le monde. Les inondations, les pandémies, les incendies de forêt, les vagues de chaleur,… montrent que la nécessité de lutter contre la crise climatique n’a fait qu’augmenter depuis lors. Les Étudiants de Gauche Actifs (EGA/ALS) et la Campagne ROSA sont engagés dans la lutte pour le climat, notamment avec une mobilisation internationale à Glasgow (en Écosse) pour participer aux quatre jours d’actions d’Alternative Socialiste Internationale (ASI). Vous aussi vous refusez de laisser la crise climatique se développer ? Soutenez ces jeunes pour construire un mouvement capable d’imposer un véritable changement dans la politique climatique.
Pourquoi voulons-nous aller à Glasgow et pourquoi avons-nous besoin de votre soutien financier
Les inondations en Wallonie et la pollution de la multinationale chimique 3M à Anvers démontrent que la crise climatique frappe le plus durement la classe des travailleuses et travailleurs et les pauvres. Nous nous sommes fixé le défi de nous rendre à Glasgow avec au moins 100 militants de Belgique pour y mener campagne. Nous y organiserons également des rencontres avec des activistes du monde entier pour discuter de la manière de construire un mouvement qui combine la défense des intérêts des populations et de la planète à l’aide d’un programme de transformation socialiste de la société. Nous refusons que le climat soit utilisé comme prétexte pour des mesures antisociales qui feront à nouveau payer la crise climatique aux plus pauvres.
Quand ? Du 4 au 7 novembre (eh oui, c’est pendant les vacances d’automne)
Jeudi 4 novembre au matin, nous nous rassemblerons tous très tôt à Bruxelles pour prendre nos bus à destination de Glasgow. Nous organiserons des départs collectifs de nombreuses villes du pays vers Bruxelles. Nous reviendrons en Belgique le dimanche 7 novembre au soir, afin que tout le monde soit rentré à temps pour reprendre les cours le lendemain. Les horaires exacts seront communiqués en octobre.
Qu’allons-nous y faire ?
Les Étudiants de Gauche Actifs et la Campagne ROSA participent à une mobilisation internationale d’ASI. Nous y serons environ 350 militants issus du monde entier et d’au moins quatre continents. Ceux qui souhaitent rejoindre EGA et ROSA à Glasgow pourront participer à ce programme complet. Il est prévu que nous restions ensemble en tant que groupe et que nous participions aux activités prévues.
Le jeudi sera consacré au voyage vers Glasgow et à la rencontre des premiers militants internationaux. Plusieurs activistes des Pays-Bas, d’Allemagne et de Pologne voyageront avec nous depuis Bruxelles et, dans la soirée, nous retrouverons l’ensemble du groupe en Écosse. Vendredi, une grande action aura lieu à Glasgow dans le cadre de la grève internationale pour le climat qui aura lieu ce jour-là. Samedi également, nous participerons à ce qui pourrait devenir une très grande manifestation. Le soir même, nous organiserons une réunion publique avec ASI à l’hôtel Radisson Blu de Glasgow. Nous nous lèverons tôt le dimanche matin, il faudra se lever tôt, le trajet jusqu’à Bruxelles nous prendra environ 15 heures.À combien cela reviendra-t-il ?
Aller à Glasgow reviendra à 185 euros, ce qui comprend les transports, le logement, les repas à Glasgow et du matériel pour la campagne. Bien sûr, 185 euros, c’est beaucoup d’argent, c’est pourquoi nous lançons également un « Fonds Glasgow » visant à collecter 10.000 euros et permettre ainsi à 100 jeunes militants de mener campagne à Glasgow depuis la Belgique. Le fonds Glasgow sera constitué grâce à une campagne de crowdfunding en ligne et à la vente de billets. Tous les participants pourront y faire appel s’ils ne sont pas en mesure de payer la totalité des frais de participation.
De quoi ai-je besoin ?
À partir du 1er octobre 2021, il n’est possible de rentrer au Royaume-Uni qu’avec un passeport ! Une carte d’identité normale n’est plus suffisante ! Vérifiez dès que possible si votre passeport est toujours valable. Si vous n’avez pas de passeport, vous devez en faire la demande à votre mairie communale. Un nouveau passeport coûte entre 80 et 90 euros si vous souhaitez le recevoir dans les huit jours.
Actuellement, les règles Covid sont toujours telles qu’il est obligatoire de passer un test PCR avant votre départ ainsi que le 2ème jour de votre séjour au Royaume-Uni. Ces règles peuvent encore changer, nous vous en tiendrons informés.
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Réorganiser radicalement nos déplacements pour faire face à la crise écologique, une réponse à Magnette et Gilkinet

Alors que les discussions sur la « mobilité douce » et les éternelles polémiques sur la qualité des transports en commun ponctuent le quotidien des médias, il convient d’en rappeler les enjeux. Les transports sont, avec l’industrie, les deux secteurs les plus polluants dans la société : inutile d’être ingénieur pour en conclure qu’ils doivent faire partie intégrante d’une réponse sérieuse à la crise climatique. Bien que cette idée fasse plutôt consensus, c’est l’ampleur de la tâche et les moyens d’y parvenir qui sont habituellement occultés par les effets d’annonce.
Réaction d’un cheminot
Magnette au bluff
Le dernier exemple en date nous vient du président du PS : se prononçant en faveur de la gratuité de tous les transports en commun(1), y compris le train, Paul Magnette a chiffré le coût de la mesure à 700 millions d’euros par an. Il s’agit du montant que rapporte la vente de titres de transports à la SNCB qui serait donc à compenser(2).
On ne peut qu’être favorable à cette mesure. Du moins si elle devait être financée par les 1% les plus riches(3) qui, comme Magnette le rappelle à juste titre, polluent bien plus que les plus pauvres. On est moins d’accord lorsqu’il prétend que ces 700 millions d’euros suffiraient à financer un « électrochoc » écologique. C’est en effet le coût à nombre de voyageurs équivalent, alors que ces voyages s’effectuent déjà en train : sans augmentation du nombre de passagers au détriment de la voiture, il n’y aurait donc aucune réduction des émissions de gaz à effet de serre. Si par contre l’idée est bien d’attirer un nombre important de nouveaux voyageurs, il faudra inévitablement des moyens en infrastructures et en personnel pour les accueillir, ce qui fera donc monter la facture.
D’après la dernière grande enquête du SPF Mobilité(4) (2019), la voiture représente en Belgique « 61 % des déplacements, contre 14 % pour la marche, 12 % pour le vélo et 11 % pour les transports en commun (train, métro, tram ou bus) ». Pourtant, les émissions en CO2 d’un trajet en train par exemple, sont 6 à 32 fois plus faibles que celles d’un trajet en voiture. L’enjeu est donc d’inverser l’utilisation des modes de transport : l’usage des transports en commun doit devenir dominant, tandis que l’utilisation de la voiture doit devenir exceptionnelle. Ce qui est désigné par « transfert modal » (modal shift). Au-delà de son utilité sociale indiscutable, la gratuité des transports en commun est une mesure qui n’est écologiquement utile qu’à la condition de pouvoir attirer de nouveaux publics.
Gratuité ou amélioration de l’offre : le faux débat
Et pour attirer de nouveaux publics, encore faut-il qu’il y ait une offre. Pour énormément de familles, il est aujourd’hui quasiment impossible de se passer d’une voiture personnelle pour aller travailler, amener les enfants à l’école et avoir des loisirs. L’offre doit être étendue tant en termes d’horaires (une fréquence plus élevée, des transports plus tôt et plus tard) qu’en termes d’espace, c’est-à-dire en ouvrant de nouvelles lignes de trains et de bus. Ce dernier point est particulièrement important pour que la mesure de la gratuité remporte l’adhésion des habitants des communes rurales, déjà privés d’accès de beaucoup de services publics alors qu’ils contribuent aux impôts comme les autres.
Même là où l’offre existe déjà partiellement, en l’état actuel des choses il est souvent moins cher pour une famille de se déplacer en voiture qu’en transports en commun. Le coût fixe de la voiture est important et doit être amorti, le transport en commun est donc vécu comme un coût supplémentaire. Mais si l’offre était suffisamment développée que pour les convaincre d’abandonner la ou les voitures familiales, la fréquentation des transports en commun connaîtrait un bond en avant énorme, formant le fameux « transfert modal ». La gratuité et le développement de l’offre sont donc les deux faces indissociables d’une même pièce.
Pendant les années 1930 – autrement dit avant l’avènement du modèle de la voiture individuelle – il existait en Belgique 5 125 km de lignes ferroviaires desservant 1 500 gares. Il y a aujourd’hui 3 600 km de lignes et 554 gares et points d’arrêts. Durant toute la deuxième moitié du 20e siècle, c’est la voiture qui a été mise au centre du développement des infrastructures. Culpabiliser ou surtaxer les automobilistes est avant tout un aveu d’impuissance des politiciens capitalistes qui n’ont pas de programme sérieux pour engager un vrai changement de cap.
Redévelopper massivement l’infrastructure en transport en commun va nécessiter des budgets colossaux que seuls les états sont capables de lever, comme ce fût d’ailleurs le cas au 19e siècle lors de la naissance de ces réseaux. Le secteur privé ne nous sera d’aucune aide si ce n’est pour grappiller des profits pour les actionnaires. Nous entendons beaucoup parler d’ « intermodalité » (faire ses trajets en utilisant plusieurs types de transports) dans la bouche des responsables politiques. Mais les logiques de privatisations et de libéralisations ne font que saucissonner l’organisation du service entre de multiples entreprises, entraînant gaspillages et dilution des responsabilités. La scission entre la SNCB et Infrabel organisée en 2005, puis en 2012 par ce même Paul Magnette, en est le meilleur exemple.
Gilkinet le défenseur du libre marché
Jamais nous n’avons eu autant besoin qu’aujourd’hui de transports publics accessibles et de qualité. Les politiciens traditionnels sont coincés entre cette augmentation des besoins et ce qu’ils appellent la « réalité budgétaire », c’est-à-dire ce qui est permis ou non dans le cadre de leur système. C’est cette contradiction grandissante qui explique certains épisodes surréalistes. Comme lorsqu’à la mi-septembre, Infrabel annonçait qu’elle allait peut-être être contrainte de fermer 5 lignes ferroviaires faute de budget(5), alors que le ministre Gilkinet continuait à répéter encore le jour-même que son objectif était d’avoir « 1 train toutes les 10 minutes dans les agglomérations, 1 train toutes les 30 minutes partout ailleurs ». Combler les besoins sociaux et répondre à la crise climatique ne sera pas possible sans rompre avec les règles du système capitaliste, un système qui marche sur la tête.
Dans L’Echo du 28 septembre(6), Georges Gilkinet rappelle le retard en investissements et la nécessité d’augmenter l’offre ferroviaire. Avant de préciser sa volonté de respecter une « trajectoire budgétaire sérieuse avec un effort annuel fixe de 0,2% du PIB ». Où faut-il donc aller chercher l’argent ? Certainement pas dans les poches du grand patronat. Gilkinet rassure ceux qui pouvaient encore en douter : « derrière moi il y a la FEB ».
Ce dont nous avons besoin
La CGSP Cheminots rappelait il y a quelques jours la réalité du terrain sur le rail(7) à l’occasion de l’échec des négociations pour un accord social : 5.000 emplois perdus en 5 ans et une hausse de productivité de 20%. Après 3 milliards d’euros de coupes budgétaires pendant les gouvernements Di Rupo et Michel, et avec un nouveau ministre de la mobilité Ecolo, on aurait pu croire que les dotations allaient enfin remonter. La dotation d’Infrabel est pourtant rabotée de 94 millions d’euros pour la période 2021 – 2024, une information dont Gilkinet s’était bien gardé de faire la publicité. Bien que certains budgets ont été débloqués pour des investissements, les dotations d’exploitation d’Infrabel et de la SNCB sont aujourd’hui bien trop faibles : non seulement elles ne permettront pas d’améliorer l’offre de transport, mais elles sont même insuffisantes pour assurer celle qui est actuellement prévue !
Cette pression financière croissante sur les transports publics a aussi mené à une organisation du travail en flux tendu, tant au niveau du personnel que du matériel, rendant difficile de palier à l’imprévu. Une panne ou du personnel bloqué dans un train en retard suffisent pour en bloquer beaucoup d’autres, car le matériel et le personnel de réserve ont été réduits au minimum. La fiabilité et la ponctualité s’en ressentent. Il faut donc sortir de cette logique pour améliorer l’offre non seulement en terme de quantité mais aussi de qualité. Il s’agit également d’assurer la présence de personnel dans les trains et dans les gares, puisque l’on sait que le sentiment s’insécurité joue aussi un grand rôle dans le choix ou non d’utiliser les transports publics(8). Et de donner à ce même personnel les moyens pour faire son travail correctement.
Pour un véritable « électrochoc face à la crise climatique » dans les transports, il n’existe pas de mesure unique. C’est d’un plan solidement pensé et financé dont nous avons besoin. Avec pour objectif que d’ici quelques années, l’écrasante majorité des trajets des gens soient faisables en transport en commun de manière sûre, fiable et confortable. Les montants nécessaires à ce projet requièrent une réorientation massive des richesses dans le développement des transports moins polluants. Et une planification rationnelle de la production qui n’a rien de compatible avec l’économie de marché. Les grandes annonces médiatiques de Magnette et de Gilkinet en sont loin.
Notes :
- https://plus.lesoir.be/396852/article/2021-09-25/mobilite-paul-magnette-veut-la-gratuite-de-tous-les-transports-en-commun
- Chiffres de 2019. Notons qu’une partie de ce montant provient des abonnements domicile-travail, eux-mêmes financés en grande partie par les employeurs.
- Paul Magnette propose de financer la mesure en augmentant la taxe sur les comptes-titres de 0,15% à 0,5%. Mais le journal L’Echo expliquait en novembre 2020 comment il est assez simple pour les millionnaires de l’éviter : https://www.lecho.be/entreprises/banques/la-nouvelle-taxe-comptes-titres-prend-deja-l-eau/10263334.html
- https://mobilit.belgium.be/sites/default/files/partie_mobilite_novembre_2019_final.pdf
- https://www.dhnet.be/actu/societe/cinq-lignes-ferroviaires-pourraient-etre-supprimees-a-l-horizon-2024-614088189978e2642a1a1d2e
- https://www.lecho.be/economie-politique/belgique/federal/georges-gilkinet-ecolo-ce-que-les-belges-attendent-c-est-une-meilleure-offre-ferroviaire/10335217.html
- https://www.facebook.com/paroledecheminots/posts/4693509127326761
- https://www.lavenir.net/cnt/dmf20210112_01544630/le-train-victime-des-agressions-sexuelles
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Crise climatique. Contre le chaos destructeur de l’économie de marché: la planification écologique et démocratique socialiste

Sans renverser le capitalisme, nous n’aurons bientôt plus rien à sauver
« La vie sur terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes, (…), l’humanité ne le peut pas. » Le verdict est angoissant. Il figure dans le résumé provisoire du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) qui a fuité via l’agence France Presse (AFP). Notre avenir immédiat est celui d’une crise climatique aux retombées « cataclysmiques ». Disons les choses telles qu’elles sont : l’inaction des gouvernements est un crime contre l’humanité.
Dossier de Nicolas Croes paru dans l’édition de septembre de Lutte Socialiste
Une fuite qui en dit beaucoup
Le rapport du Giec ne doit officiellement être publié qu’en février 2022. Il comportera environ 4.000 pages pour compiler l’ensemble des publications scientifiques relatives au climat produites en l’espace d’environ six ans (le dernier rapport ayant été publié en 2014). Il sera accompagné d’un « résumé pour les décideurs » d’une trentaine de pages dont chaque terme sera, comme à l’accoutumée, négocié par les délégations des 197 pays de la Convention cadre des Nations unies pour le changement climatique (CNUCC).
Cette fuite organisée dans la presse est un appel à l’aide autant qu’un acte d’accusation. Agir de cette façon a permis que des termes tels que « cataclysmiques » ne soient pas adoucis sous la pression des pétromonarchies du Golfe ou de puissances impérialistes de premier plan comme la France ou les États-Unis qui soutiennent toujours généreusement leurs multinationales pétrolières criminelles. Cela permet aussi au rapport de s’imposer dans les discussions autour de la 26e Conférence des Parties des Nations unies sur le changement climatique (la COP26) qui aura lieu à Glasgow du 1er au 12 novembre au lieu de sortir 3 mois après. Cette fuite est le cri désespéré d’une communauté scientifique qui ne parvient pas à peser sur des décideurs qui ont choisi leur camp : celui des grandes entreprises.
Regarder la réalité en face…
Depuis 1990, le nombre de catastrophes liées au changement climatique a triplé, forçant chaque année des millions de personnes à se déplacer. Les dix catastrophes météo les plus coûteuses de l’année 2020 ont presque atteint les 150 milliards de dollars de dommages pris en charge par les compagnies d’assurance. Ces dix catastrophes ont également fait au bas mot 3.500 morts et ont déplacé plus de 13,5 millions de personnes. Cet été, les mégafeux ont réduit en cendre des millions d’hectares de forêt, de l’Amazonie à la Sibérie, tandis que les dômes de chaleur en Amérique du Nord et les inondations en Europe, notamment en Belgique et en Allemagne, ont montré qu’aucun pays n’est à l’abri.
Ce n’est hélas qu’un léger avant-goût. Une multitude de scientifiques de premier plan estiment que les signes vitaux de la terre s’affaiblissent et s’inquiètent de l’imminence possible de certains « points de rupture » climatiques. L’objectif est clair: réduire de moitié les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2030 et atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050. C’est la seule manière de stopper le cours de la dégradation climatique et d’éventuellement l’inverser. Et nous sommes déjà en 2021.
… et exproprier les criminels climatiques
La crise climatique et écologique au sens large doit impérativement devenir la pierre angulaire sur laquelle doivent reposer les prises de décisions politiques. Les États-Unis ont annoncé vouloir réduire de 50% à 52% leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 2005. La Chine vise la neutralité carbone pour 2060. L’Union européenne a annoncé vouloir y parvenir 10 ans plus tôt. Toutes ces belles déclarations restent extrêmement floues concernant la manière d’y parvenir. Et un objectif sans un plan, ça n’est qu’un souhait.
Le rapport provisoire du Giec est le premier à démontrer hors de tout doute le lien entre les conditions météorologiques extrêmes de la dernière décennie et le changement climatique, tout en attribuant ce dernier à l’impact de l’activité humaine. Pour intervenir correctement et définir un plan d’action efficace, nous devons définir l’activité humaine dont on parle. C’est en fait la grande faiblesse de ce rapport provisoire : il reste évasif concernant le système économique responsable de l’actuelle situation de crise écologique : le capitalisme.
Nous ne sommes pas tous également responsables de la crise climatique. En 2017, un rapport de l’ONG internationale Carbon Disclosure Project a souligné que 100 entreprises sont à elles seules responsables de 71 % des émissions globales de gaz à effet de serre émises entre 1988 et 2015. Sans surprise, il s’agit essentiellement d’industries pétrolières. Comment peut-on sérieusement imaginer le moindre début de solution sans agir de toute urgence pour les empêcher de nuire ?
Les gouvernements capitalistes font pis que ne rien faire : ils les encouragent. En 2019, le soutien public aux combustibles fossiles (surtout au pétrole) avait encore augmenté de 5 % pour atteindre la somme de 178 milliards de dollars dans cinquante pays de l’OCDE, du G20 et du Partenariat oriental de l’Union européenne (six pays d’Europe centrale du Caucase). Depuis lors, la pandémie a été saisie comme une opportunité par ces géants de la pollution. L’Italie a par exemple octroyé à l’entreprise pétrochimique Maire Tecnimont un prêt garanti par l’État de 365 millions d’euros dans le cadre de son plan de relance. La Banque centrale européenne n’a imposé aucune contrepartie environnementale à ses aides financières qui ont bénéficié à des compagnies pétrolières et gazières comme Total, Shell, ENI, Repsol et même à E.ON, une firme encore active dans le charbon.
Soyons clairs : on ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas ! Ces entreprises doivent de toute urgence être expropriées et placées sous le contrôle et la gestion démocratiques de la collectivité afin qu’elles cessent de nuire et que leurs réserves soient saisies pour être investies dans la transition verte et la reconversion des travailleurs, sans indemnisation pour les gros actionnaires. Chaque projet prétendument écologique qui reste silencieux sur cette question doit être pris pour ce qu’il est : au mieux une (mauvaise) blague, au pire une manoeuvre de diversion.
Le « capitalisme vert » est un mensonge
Les médias et le monde politiques traditionnels cherchent à nous convaincre que l’intérêt général se confond avec celui des grandes entreprises et de leurs actionnaires, caractérisés par une vision à court terme toute tendue vers l’appropriation maximale de la richesse produite. Respecter ce cadre implique équivaut à foncer droit dans le mur.
De là découlent notamment la confiance aveugle envers les hautes technologies très consommatrices d’énergie et de matières premières rares ou de plus en plus difficiles et polluantes à extraire ou encore en une « transition énergétique » reposant sur les voitures électriques au lieu des transports en commun (au grand plaisir des entreprises automobiles). Mais les matières premières rares nécessaires à la fabrication de batteries engendrent pollution et massacre des droits humains. Sans surprises, c’est l’approche que défendent les ultra-milliardaires Michael Bloomberg, Jeff Bezos et Bill Gates, tous trois à la manœuvre derrière l’entreprise minière KoBold Metals.
Le pilier de la politique environnementale de l’Union européenne est le principe pollueur-payeur (PPP) selon lequel au pollueur de supporter les coûts associés à la pollution qu’il génère. En juillet, la Cour des comptes européenne (CCE) a remis un rapport qui met à nu le mécanisme pour ce qu’il est : une vaste fumisterie au bénéfice des grandes entreprises. Les coûts non pris en charge par les industriels se chiffrent en « centaines de milliards d’euros ». Conclusion : ce sont les budgets publics – et non ceux du pollueur – qui sont utilisés pour financer les actions de dépollution. « En bout de chaîne, la facture pour les citoyens de l’Union européenne est salée », déplore la Cour. Et selon l’Agence européenne de l’environnement, la pollution de l’air est à elle seule à l’origine d’environ 400.000 décès prématurés chaque année.
Le tableau ne serait pas complet sans parler des écotaxes et de toutes les tentatives de culpabiliser la population pour son comportement de consommateur, comme si nous avions le moindre mot à dire sur la manière dont les choses sont produites aujourd’hui ! Mais dans le contexte de crise socio-économique actuel, de nouvelles taxes de ce type pourraient bien donner naissance à des mouvements de lutte capable d’éclipser l’ampleur de celui des Gilets jaunes en 2018…
Mobilisation générale pour la planification démocratique
La grande différence entre l’époque actuelle et le début des années ’90, quand le thème du climat commence à s’imposer (autour de la conférence de Rio en 1992), c’est qu’à l’époque, le néolibéralisme avait subi une forte impulsion en conséquence de l’effondrement du modèle alternatif soviétique. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans « l’ère du désordre », marquée par une crise économique profonde et le discrédit du modèle néolibéral. C’est une ère qui comporte de nombreux dangers (guerre, croissance des forces réactionnaires,…), mais aussi des opportunités en termes de révolutions et de soulèvements de masse. Voilà où repose notre issue pour en finir avec l’exploitation capitaliste des deux sources de toutes richesses : la nature et les travailleurs.
La crise sanitaire autour de Covid-19, le changement climatique désastreux, les effets de la nouvelle crise économique, etc. rendent la nécessité d’une planification démocratique et écologique de l’économie beaucoup plus claire pour une couche plus large de la société.
Pour faire face aux enjeux climatiques, nous avons besoin d’investissements publics massifs de toutes parts. Nous avons besoin de travaux d’une ampleur inédite dans l’histoire de l’humanité, des travaux qui sont impossibles à réaliser s’ils sont laissés à l’initiative individuelle. Nous avons besoin de toute urgence d’un plan d’isolation et de rénovation des bâtiments – quartier par quartier – afin de réduire drastiquement les émissions dues au chauffage. Nous devons revoir de fond en comble l’urbanisme et l’aménagement du territoire pour faire face à l’impact de la crise climatique. Pensons qu’il est possible qu’avec l’augmentation du niveau des océans, plus de 200 millions de personnes soient à déplacer d’ici la fin du siècle ! Huit des dix plus grandes villes du monde sont actuellement situées sur les littoraux !
Pour disposer d’une telle vision à long terme, nous n’avons pas d’autre choix que d’assurer que l’économie repose sur la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques de l’ensemble des secteurs-clés (finance, énergie,…) afin de mobiliser tous les moyens nécessaires pour une planification rationnelle de la production économique avec des objectifs clairs, non de rentabilité à court terme pour les actionnaires, mais de protection de la population dans le respect du climat, de la couche d’ozone, de la biodiversité, des forêts,… C’est aussi la seule manière d’en finir définitivement avec l’aberration totale que représente l’obsolescence programmée et le gaspillage généralisé de l’économie capitaliste et de l’impérialisme. Un exemple parmi d’autres : le simple déplacement des troupes militaires américaines à travers le monde en une année représente autant d’émissions que la totalité de celles d’un pays comme le Danemark…
La transition vers une économie non carbonée requiert des efforts massifs, représentés par les capitalistes comme autant de menaces de pertes d’emploi. Mais toutes les études soutiennent par exemple que la conversion à 100 % d’énergies renouvelables dans le monde entier, accompagnée d’une reconversion professionnelle, pourrait générer des millions d’emplois supplémentaires.
Le 4 septembre 2017, le quotidien Financial Times affirmait que « la révolution des big data peut ressusciter l’économie planifiée ». Il est évident que les possibilités de collecte de données et de calcul actuelles permettraient de porter la planification démocratique de l’économie à un degré d’efficacité inimaginable. Si ces techniques n’étaient pas possédées par les industries privées de la Silicon Valley, comme l’infrastructure qui les génère et les traite, et si la recherche scientifique était libérée de la camisole de force de la logique de marché, il serait possible de disposer d’une analyse centralisée des innombrables données relatives à la crise climatique ou encore à la pandémie de Covid 19.
Il ne suffira toutefois pas d’utiliser les monumentales possibilités technologiques actuelles pour faire correctement fonctionner la planification. Aucun algorithme informatique comportant un grand nombre de variables ne peut être rendu efficace sans le retour constant des travailleurs et des utilisateurs. Comme le révolutionnaire russe Léon Trotsky l’a expliqué dans La Révolution trahie : « Sous une économie nationalisée, la qualité exige une démocratie des producteurs et des consommateurs, la liberté de critique et d’initiative – des conditions incompatibles avec un régime totalitaire de peur, de mensonge et de flatterie. » Il disait encore : « Une économie planifiée a besoin de démocratie comme un corps a besoin d’oxygène ».
Ce sera une discussion démocratique de bas en haut qui décidera du type de planification et de contrôle et de gestion des travailleurs à mettre en œuvre. Aux niveaux centralisés ou plus décentralisés de la planification, la démocratie des travailleurs sera toujours cruciale. Un plan conçu de manière centralisée devra être discuté, modifié et corrigé par une démocratie des travailleurs vivante composée des travailleurs du secteur en question, des utilisateurs et des fournisseurs. C’est la différence fondamentale avec la planification autoritaire bureaucratique sur laquelle reposait les économies staliniennes, elles aussi responsables de dramatiques désastres écologiques.
Socialisme ou barbarie
Le fait que les travailleurs et la population soient aux commandes changera tout. Cela permettrait de mettre en place une action coordonnée à l’échelle mondiale en étant débarrassés du blocage lié à la concurrence entre les différentes classes capitalistes nationales. Mais au-delà de permettre une véritable transition énergétique, cela ouvrirait la voie à une répartition du travail disponible entre toutes et tous. Nous pourrions travailler moins pour vivre mieux, en gagnant largement de quoi connaître une vie épanouie, débarrassée des burn-out et de la perte de sens d’emplois qui n’ont aucune réelle utilité sociale.
Les socialistes révolutionnaires ont été sur la défensive pendant longtemps et leur nombre a été réduit à un minimum historique. Mais nous changeons de période. C’est une fenêtre d’opportunité à saisir. C’est notre seule chance. Le PSL/LSP et son internationale, Alternative Socialiste Internationale, feront tout leur possible pour orienter les luttes vers la seule issue qui s’offre à nous : une sortie des crises multiples du capitalisme par le renversement de ce système barbare et la transformation socialiste de la société. Votre place vous attend dans ce combat.
Le capitalisme tue la planète: luttons pour le socialisme international !
Le PSL/LSP est la section belge d’Alternative Socialiste Internationale (ASI), une organisation internationale de socialistes révolutionnaires présente dans une trentaine de pays à travers le monde qui luttent pour mettre un terme au capitalisme et à ses crises, dont la crise climatique et toutes les formes d’oppression.
Voici le programme en 8 points que nous défendrons dans les mobilisations autour de la COP26 de Glasgow, en Belgique comme en Écosse. Vous souhaitez participer à ces mobilisations et rejoindre notre délégation internationale à Glasgow ? Contactez-nous !
- Pas de temps à perdre – Pour des investissements publics massifs dans les services publics, les logements sociaux et les infrastructures afin de stopper les émissions de gaz à effet de serre et de nous protéger contre les catastrophes liées au climat. Nous avons besoin de plus de transports publics, de meilleure qualité et gratuits !
- Le « capitalisme vert » est un mensonge : faisons payer les vrais pollueurs – Taxons les milliardaires et les entreprises pour investir dans les technologies, les énergies renouvelables et les emplois verts.
- Protégeons la terre et les ressources naturelles de l’exploitation impérialiste et des grandes entreprises – Il faut stopper les projets de pipelines, la déforestation et l’exploitation impérialiste des ressources naturelles tout en garantissant la satisfaction des besoins et le respect des droits des communautés indigènes et locales, ainsi qu’en garantissant l’emploi des travailleurs.
- Faisons grève ensemble contre le système – reconstruisons un mouvement combatif pour le climat – Organisons des comités de base pour le climat composés de jeunes et de travailleurs, tout en poussant les syndicats à s’engager. C’est nécessaire pour construire un mouvement coordonné de protestations et de grèves qui paralyse l’économie et impose de véritables changements.
- Une planification socialiste démocratique, pas le chaos du marché – Il est impossible de faire tourner le système de profit capitaliste afin qu’il sauve la planète. Dans un premier temps, les plus grandes entreprises doivent être expropriées : seule la propriété publique combinée à une planification socialiste démocratique internationale permettra de réduire rapidement les émissions tout en garantissant une vie et un avenir décents pour toutes et tous.
- Le capitalisme détruit la planète, nos emplois et nos moyens de subsistance – Avec le renversement du système actuel et la fin de l’exploitation des êtres humains et de la nature, il sera possible de créer des millions d’emplois durables bien rémunérés et de construire une nouvelle économie verte. Ce n’est qu’en nous débarrassant du capitalisme et de l’impérialisme que nous pourrons mettre fin aux guerres et aux conflits tout en donnant une véritable solution aux personnes forcées de fuir en raison des crises climatiques.
- La solidarité internationale des travailleurs, pas la rivalité nationaliste capitaliste. – Annulons toutes les dettes étrangères et supprimons les brevets sur les technologies vertes ainsi que sur les technologies médicales et pharmaceutiques. Les connaissances, les compétences et les ressources doivent être partagées sur base de la solidarité et de la coopération internationales des travailleurs.
- Changer le monde et lutter pour le socialisme international – Afin d’obtenir le changement révolutionnaire nécessaire pour mettre fin au capitalisme, à la destruction de notre planète et à toutes les formes d’oppression, rejoignez une organisation révolutionnaire – rejoignez Alternative Socialiste Internationale dès aujourd’hui !