Tag: Changement climatique

  • Le capitalisme chinois et la crise climatique

    Allemagne, Canada, Chine,… inondations et méga-feux annoncent une nouvelle ère de catastrophes climatiques

    Depuis le 20 juillet, 302 personnes sont mortes dans les inondations de Zhengzhou, la capitale de la province du Henan. La dictature chinoise du Parti « Communiste » chinois parle d’une inondation “qui se produit une fois par millénaire”. Mais la vérité est claire et nette : la crise climatique s’est installée pour durer.

    Par Hong Liuxing, chinaworker.info

    • Bruxelles, mardi 21 septembre, 19h, meeting des Etudiants de Gauche Actifs : Capitalism kills! Luttons pour un changement de système (ULB Solbosch, Auditoire H2213)
    • Liège, jeudi 23 septembre, 18h30, à l’ULG, meeting des Etudiants de Gauche Actifs : Capitalism kills! Luttons pour un changement de systèmeplace du XX Août (salle Wittert)

    Avec l’élévation des températures et du niveau de la mer, la côte orientale de Chine, densément peuplée, est sérieusement menacée de se retrouver sous l’eau. On estime que 43 millions de personnes en Chine vivent sur des terres qui pourraient être submergées si les températures moyennes mondiales augmentent de 2°C. Pire, des projets d’infrastructure massifs comme le barrage des Trois Gorges pourraient être menacés par l’augmentation des précipitations et la fonte du permafrost.

    L’essor frénétique de l’énergie au charbon

    La Chine est le plus grand émetteur de gaz à effet de serre, avec 27 % du total mondial. Xi Jinping vante le projet de la Chine de devenir neutre en carbone d’ici 2060. Les médias d’État ne cessent de souligner que la Chine était le premier producteur mondial d’énergies renouvelables. Mais rien de ce que le régime du PCC prévoit ne permet d’atteindre ces objectifs, et encore moins la diminution de carbone requise d’ici 2025 pour éviter les “points de basculement climatique” majeurs, qui pourraient accélérer le processus et laisser des impacts irréversibles pour la vie humaine sur terre. En fait, d’après une étude de 2020 coordonnée par l’Université du Maryland et la Fondation chinoise pour l’énergie, la Chine doit atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

    Malgré tous les objectifs climatiques proclamés haut et fort, le 14e plan quinquennal du PCC ne donne pas d’objectifs spécifiques en matière d’énergies renouvelables et ne prévoit pas de plafonner les émissions de carbone. En 2020, la Chine a construit plus de trois fois plus de capacités de production d’électricité au charbon que le reste du monde réuni. Des centaines de nouvelles centrales à charbon vont être “autorisées” par l’Administration nationale de l’énergie. Plus de 66 % de l’électricité chinoise provient du charbon. Cela s’explique en partie par le fait que les sociétés à but lucratif State Grid et China Electricity Council ont réussi à faire pression pour la construction de centaines de nouvelles centrales à charbon dans le cadre du 14e plan quinquennal en défendant le mythe du charbon “propre et efficace”.

    Ceci est révélateur de la structure de gouvernance de type « chambre de commerce » capitaliste du PCC, où de puissantes sociétés d’énergie publiques à but lucratif utilisent l’État pour amasser des milliards de dollars de bénéfices. Mais c’est aussi parce que la position de Xi sur la scène mondiale et au sein du parti-État a été sérieusement menacée par la nouvelle guerre froide et la stagnation économique consécutive à la pandémie. Avec son plan 2022 visant à s’assurer un pouvoir à vie, les tentatives de Xi pour relancer l’économie nationale l’ont conduit à s’appuyer sur le charbon sale, qui emploie des millions de personnes et dont l’offre est abondante en Chine, contrairement au gaz naturel, au pétrole ou au lithium (pour les énergies renouvelables) qui doivent être importés d’ailleurs.

    En outre, les chiffres relatifs aux dépenses en énergies renouvelables sont “tout simplement impossibles”, selon Jonathan Luan Dong, analyste de BloombergNEF basé à Pékin. Si le gouvernement déclare avoir installé 120 gigawatts d’énergie éolienne et solaire en 2020, il n’y a guère de preuves à l’appui, car on ne trouve aucun impact ultérieur sur les chaînes d’approvisionnement. L’Administration nationale de l’énergie a également choisi de ne pas fournir de chiffres concernant les installations éoliennes pour 2020. La falsification des données pour impressionner les investisseurs et les potentiels alliés dans la nouvelle guerre froide impérialiste provoquera la destruction mutuelle des puissances capitalistes concurrentes lorsque l’écosystème de la planète commencera à s’effondrer.

    Le problème, c’est l’économie de marché

    L’élan de la Chine vers les énergies renouvelables est en grande partie déterminé par le marché. La Chine possède désormais le deuxième plus grand marché de “finance verte”, où la classe capitaliste chinoise pourrait engranger des bénéfices massifs. Cependant, à mesure que les énergies renouvelables se développent, le prix de l’énergie solaire ou éolienne commence à baisser jusqu’à ce qu’il ne soit plus rentable de déployer de nouvelles centrales électriques renouvelables. Cette logique de profit empêche en fin de compte le capitalisme d’effectuer une transition complète vers une économie neutre en carbone et c’est pourquoi une économie planifiée démocratiquement est le seul moyen de lutter contre le changement climatique.

    Le deuxième mécanisme que le PCC a introduit est un marché national du carbone, qui deviendra le plus grand marché du carbone au monde. Le soi-disant marché du carbone impose des plafonds d’émission de carbone aux usines, les obligeant à acheter des “permis de pollution par le carbone” sur le marché pour émettre davantage de pollution. Cette politique présente de sérieuses limites, avec une “amnistie de la pollution” en place pour tous les pollueurs qui rend le marché entièrement spéculatif. Des modèles similaires et plus restrictifs existent déjà ailleurs, comme dans l’UE, et ont été appliqués pendant 15 ans sans que les émissions n’aient diminué.

    La raison intrinsèque pour laquelle les marchés du carbone ne fonctionnent pas est qu’il s’agit essentiellement d’une tactique de diversion qui permet aux grands pollueurs de tirer encore plus de profit de leurs clients. Ils permettront à des entreprises comme Sinopec (la plus grande compagnie pétrolière et gazière de Chine) de justifier l’augmentation des coûts des produits de base, engrangeant des milliards de bénéfices supplémentaires alors que les combustibles fossiles continuent d’être extraits du sol.

    Début août, Sinopec a acheté 100.000 tonnes de quotas d’émission de carbone tout en annonçant une augmentation de 60 % de sa production de gaz naturel d’ici 2025. Bien que la compagnie affirme qu’il s’agit d’une réduction nette des émissions comparé au charbon et au pétrole, le gaz naturel est souvent plus polluant que les autres combustibles fossiles en raison des fuites lors du processus d’extraction. Pire encore, la raison de l’augmentation de la production de gaz naturel de Sinopec est directement liée aux énormes nouveaux flux de gaz découverts au Xinjiang l’année dernière, ouvrant la voie à davantage de dépossession et d’exploitation coloniale dans cette région occidentale rétive.

    Le rêve de Xi : la capture du carbone

    Jusqu’à présent, aucun plan réel n’a été annoncé ou mis en œuvre pour atteindre l’objectif d’une Chine neutre en carbone en 2060. Les modèles de mix énergétique de l’université de Tsinghua prévoient que même en 2060, le mix énergétique idéal sera composé de 16 % de la consommation d’électricité provenant encore de combustibles fossiles. Prévoyant un doublement global de la consommation d’énergie, le PCC prévoit de “compenser” d’énormes quantités d’émissions de carbone grâce à la technologie de capture du carbone.

    Comme beaucoup parmi la classe des pollueurs du monde entier, le PCC considère la capture du carbone comme la “grâce salvatrice” du capitalisme et de l’écosystème de la planète, censée permettre et “compenser” la poursuite de la croissance économique dans les industries d’extraction des combustibles fossiles, qui représentent des milliards de dollars. Toutefois, les systèmes de capture du carbone existants ne permettent actuellement de capturer que 0,1 % des émissions mondiales, et le développement de cette technologie s’annonce extrêmement difficile. Ce taux minuscule s’explique en partie par l’absence de marché pour le carbone recapté, car il est en concurrence avec le carbone naturel.

    Là encore, la logique du capitalisme a fait que presque tous les grands investissements dans la capture du carbone ont été réalisés par d’énormes sociétés pétrolières, d’Exxon Mobil à la société chinoise Sinopec, qui vient de lancer un “projet de capture du carbone à l’échelle de la mégatonne”. En effet, 81 % des systèmes de captage du carbone sont en fait utilisés pour raffiner le pétrole brut, ce qui montre que le captage du carbone n’est qu’un moyen pour les pollueurs d’extraire davantage de combustibles fossiles du sol. Que ce soit dans une dictature de milliardaires ou dans une “démocratie” capitaliste, les intérêts de milliers de milliards de dollars des entreprises de combustibles fossiles sont intimement liés à leurs systèmes politiques et économiques, ce qui freine la toujours insaisissable “volonté politique” de lutter contre le changement climatique.

    Même si les gouvernements capitalistes devaient mettre en place des systèmes de capture massive du carbone, on estime que cela nécessiterait une masse terrestre égale à toutes les terres cultivées actuellement dans le monde. Cela donnerait lieu à des réquisitions massives de terres et à des déplacements de populations pauvres et indigènes dans le monde entier, réduisant le niveau de vie des travailleurs pendant que la classe capitaliste poursuit ses activités habituelles.

    Le capitalisme et les dommages environnementaux

    Jusqu’à présent, le régime du PCC a justifié les dommages environnementaux massifs par la nécessité d’une croissance économique rapide. Bien que nous sachions que les gains réels ont été très faibles pour les travailleurs, la majeure partie allant au nombre croissant de milliardaires chinois (plus de 1 000 selon la liste Hurun de 2021), la prise en compte des coûts de nettoyage de l’environnement dans l’équation atténue encore ce récit.

    Selon le ministère de la Protection de l’environnement du PCC en 2015, le coût de la dépollution de l’air, de l’eau et du sol s’élèvera à 6 000 milliards de yuans (960 milliards de dollars). Dans un rapport de l’ONU de 2018, la croissance du PIB par habitant de la Chine entre 1990 et 2015 était de 58,4 %. Toutefois, si l’on tient compte de la perte de ressources naturelles et de la déstabilisation des écosystèmes, l’indice de “richesse inclusive” de l’ONU montre que le PIB chinois par habitant n’a augmenté que de 10,2 %. Le capitalisme d’État du PCC, bien qu’il soit capable de mobiliser des ressources économiques comparativement énormes, souffre toujours de la course aveugle aux profits à court terme qui infligent des dommages irrévocables à notre environnement.

    La réponse du PCC à l’urgence climatique croissante a consisté en une série de mesures d’austérité, notamment les nouvelles règles de tri des déchets mises en œuvre à Shanghai en 2019. Si les déchets ménagers constituent un problème, ce n’est rien comparé à la pollution industrielle non réglementée qui continue à s’échapper des usines et des centrales électriques dans le cadre de l’”amnistie de la pollution”.

    Pourtant, les autorités de Shanghai ont décidé d’obliger les travailleurs à supporter le poids de la crise climatique, en instaurant des amendes de 200 yuans (soit 1,5 heure de travail pour le salaire moyen à Shanghai) chaque fois qu’ils ne respectent pas un système labyrinthique de tri des déchets. Les os de poulet sont des déchets humides, mais les os de porc sont des déchets secs, selon la longue liste de règles bureaucratiques dénuées de sens. Les travailleurs de l’assainissement de Shanghai sont les plus durement touchés, car ils doivent faire des heures supplémentaires pour trier les déchets, le gouvernement municipal refusant de collecter les déchets non triés. En l’absence d’incitation au profit, la classe capitaliste dirigeante en Chine n’a aucun intérêt à garantir un environnement vivable pour les masses, mais va ensuite imposer une éco-austérité brutale lorsque les coûts de la gestion des déchets deviennent trop élevés.

    L’impérialisme climatique

    La nouvelle guerre froide entre la Chine et les États-Unis définira les lignes de bataille du capitalisme mondial pour les décennies à venir. Dans ce domaine, les deux parties sont devenues de plus en plus hypocrites. La Chine a financé plus de 300 centrales à charbon étrangères, de l’Égypte aux Philippines, alors que Xi prétend que l’initiative Nouvelle Route de la Soie (Belt and Road initiative, BRI) sera “propre et durable”. Avec plus de 60 % des investissements de la BRI vers les énergies non renouvelables, l’administration Biden a accusé la Chine d’externaliser la pollution. Mais les États-Unis ne font pas mieux, puisqu’ils continuent à dépenser des milliards de dollars pour subventionner les combustibles fossiles à l’étranger. Alors que Biden a rédigé un décret visant à cesser de subventionner les centrales au charbon, les États-Unis continuent de financer des centrales au gaz naturel dont les émissions de carbone sont plus élevées que celles du charbon, créant ainsi une dépendance à l’égard d’une source de combustible que les États-Unis exportent désormais massivement.

    La concurrence pour les ressources en énergies renouvelables, comme le lithium et le cobalt, devrait également s’intensifier. La Chine a obtenu les droits d’exploitation d’une importante mine de cobalt en République démocratique du Congo, où le travail des enfants et l’esclavage sont monnaie courante et où les polluants miniers causent souvent des dommages permanents aux communautés locales.

    De même, la Chine a investi 4,2 milliards de dollars US dans des contrats de lithium en Amérique du Sud au cours des deux dernières années. Cela a alimenté la lutte des classes sur les conditions de travail et les droits fonciers des indigènes dans les Andes, les grandes entreprises d’État chinoises étant résolument du côté de la bourgeoisie locale. La demande de lithium par les deux parties, vital pour la fabrication de batteries, a été l’un des facteurs qui ont conduit au coup d’État contre le président bolivien Evo Morales en 2019, le milliardaire Elon Musk ayant tweeté : “Nous ferons un coup d’État à qui nous voulons.” Le PCC est resté largement silencieux sur l’éviction du gouvernement de Morales par les forces de droite.

    La lutte des classes pour sauver la planète

    La seule façon de sortir de la catastrophe climatique mondiale passe par le pouvoir de la classe ouvrière. Cela signifie qu’il faut renverser la dictature pourrie des milliardaires du PCC, qui fait passer les superprofits et son pouvoir incontesté avant la population et la planète. Sans une économie planifiée démocratiquement, aucune transition vers une société écologique n’est possible, car le capitalisme s’est construit sur base des combustibles fossiles et continue de s’appuyer sur eux.

    Le régime de Xi craint de plus en plus les manifestations environnementales, sachant le potentiel explosif qu’elles peuvent avoir sur la lutte et la conscience de la classe ouvrière. Les manifestations passées contre les incinérateurs et les usines chimiques polluantes ont rassemblé des dizaines de milliers d’habitants ouvriers dans des manifestations de rue vibrantes de colère, la dernière en date étant la manifestation contre l’incinérateur de Wuhan en 2019.

    L’internationalisation des mouvements de masse a commencé à s’infiltrer en Chine également, avec une couche croissante de jeunes radicalisés par les dangers du réchauffement climatique. La grève du climat de Greta Thunberg a inspiré Howey Ou, une étudiante chinoise de 16 ans incroyablement courageuse, à tenter de mener une grève scolaire similaire. Howey Ou représente une prise de conscience croissante chez les jeunes en faveur d’une approche ouvrière de la lutte pour la planète, déclarant : “La plupart des organisations environnementales s’adressent à une classe moyenne éduquée dans les villes. Mais je veux me concentrer sur ceux qui sont immédiatement touchés par le changement climatique et qui ne peuvent pas s’exprimer.”

    Le talon de la répression étatique s’est rapidement retourné contre elle, le PCC l’ayant arrêtée, interrogée et lui ayant interdit de retourner à l’école. L’”environnementalisme” de Xi Jinping s’est révélé être une imposture, et le PCC craint le jour où l’immense classe ouvrière chinoise se soulèvera contre son pillage dictatorial de la nature. Les travailleurs et les étudiants chinois doivent s’organiser, créer des syndicats indépendants et des organisations étudiantes, et lutter pour le contrôle démocratique de masse de toutes les industries des combustibles fossiles et des autres secteurs économiques dominants, afin d’assurer la transition vers une société écologique et véritablement socialiste.

  • Le capitalisme assassine l’humanité et le climat

    « Il nous est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme », expliquait cet été l’anthropologue économique Jason Hickel dans le magazine Humo. Avec la pandémie, les inondations catastrophiques, les feux de forêt en Europe du Sud et en Afrique du Nord, les incendies en Sibérie et bien d’autres phénomènes météorologiques extrêmes, beaucoup peuvent imaginer la fin de l’humanité. La fuite du rapport provisoire sur le climat réalisée par le Giec rend ces avertissements plus fort que jamais. Alors que la situation réclame à grands cris un plan mondial pour faire face à la grave crise climatique, les politiciens traditionnels ne vont pas beaucoup plus loin que de nous faire payer plus cher l’énergie et les transports. Nous n’y arriverons pas comme ça !

    Avec les phénomènes météorologiques extrêmes que nous connaissons aujourd’hui, le changement climatique n’est définitivement plus un sujet abstrait réservé aux scientifiques et spécialistes ou aux jeunes inquiets pour leur avenir. C’est bien concret, avec des conséquences terribles, notamment pour les travailleurs et leur famille. Les catastrophiques inondations en Wallonie, en Allemagne, au Luxembourg et aux Pays-Bas l’ont bien démontré. Le désastre était important et les services d’urgence n’ont pas pu faire face à la situation en raison des économies budgétaires dictées par la logique d’austérité. Les victimes ont largement été laissées à elles-mêmes. La solidarité des autres travailleurs était par contre impressionnante.

    Il est de moins en moins possible de stopper le changement climatique. Nous ne pouvons qu’essayer d’en atténuer l’impact pour ne pas atteindre de points de basculement. Il faut parallèlement déjà agir pour affronter les conséquences du changement climatique. Cette tâche ne peut être laissée précisément aux responsables de la catastrophe climatique.

    Le capitalisme crée un fossé métabolique sans précédent entre l’humanité et la nature. Ces ruptures s’aggravent et deviennent irréparables. La réponse à cette situation a été décrite à juste titre dans le mouvement pour le climat de 2019 comme un « System Change ». Nous devons toutefois préciser ce que nous entendons par là. Et c’est tout autre chose que de conclure des accords climatiques vagues et insuffisants entre responsables de la crise écologique ! Cela signifie un total changement de cap.

    Assurer que le globe terrestre soit vivable est l’un de nos besoins les plus fondamentaux. Même cela est aujourd’hui mis en péril par la course au profit capitaliste. Alors que toutes les alarmes retentissent, nous devons mobiliser tous les moyens disponibles pour y faire face. Il nous faut une planification démocratique de l’utilisation des ressources disponibles ainsi qu’un partage des connaissances technologiques et des richesses pour que tout cela serve à sauver l’humanité et la planète. Nous devons renverser le capitalisme avant que ce système ne détruise la planète.
    C’est dans les moments les plus difficiles que l’on voit sur qui on peut compter. C’était vrai pendant la pandémie et c’est vrai maintenant pour chaque catastrophe majeure. À un niveau plus fondamental, ce n’est pas différent. Les grandes entreprises ne regardent que leurs bénéfices et leurs marionnettes politiques se contentent de déclarations insignifiantes. Même les scientifiques du Giec ne savent plus où donner de la tête : leur rapport provisoire a été divulgué aux médias en désespoir de cause qu’il soit édulcoré par les décideurs politiques. La seule force capable d’imposer le changement, c’est la classe des travailleuses et des travailleurs.

    La classe des travailleuses et travailleurs doit prendre le contrôle des secteurs clés de l’économie et des industries polluantes afin de rendre possible une planification démocratique. C’est indispensable pour préserver la viabilité de la planète. Mettre un terme au capitalisme et à sa pollution ne se fera pas tout seul : nous devons nous organiser et préparer la lutte. Les actions de cet automne pour le climat, autour du sommet des Nations unies sur le climat qui se tiendra en Écosse en novembre, sont très importantes à cet égard. Nous y défendrons notre alternative socialiste de planification rationnelle démocratique comme réponse à un système capitaliste qui menace de plus en plus les personnes et la viabilité de l’environnement.

  • [COP 26] Le capitalisme détruit la planète, ne comptons pas sur lui pour la sauver

    Du 31 octobre au 12 novembre se tiendra à Glasgow la COP 26, qui réunira les représentants des États membres de l’ONU pour trouver des solutions collectives au défi sans précédent que représente le changement climatique. On peut raisonnablement douter de la capacité réelle de ces fameuses Conférences des Nations unies sur le changement climatique à faire face aux enjeux au vu de l’absence de résultats depuis le Sommet de Rio en 1992…

    Par Arno (Liège)

    Le changement climatique est déjà là, on le sait. La COP 21 (2015) qui avait donné lieu aux accords de Paris se fixait pour objectif le plus optimiste de ne pas dépasser, d’ici la fin du siècle, une augmentation des températures moyennes de 1,5 degré par rapport aux moyennes préindustrielles. Selon l’organisation météorologique mondiale, il y a 40% de chance que ce 1,5 degré soit dépassé dès 2025… Or, selon le dernier rapport du GIEC, une augmentation de 1,5 degré aurait « des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles ».

    Nous avons pris l’habitude des canicules chaque année, et cette tendance risque de s’accélérer avec le temps. Les conséquences ne sont pas que des désagréments, mais également des morts. En Belgique, en août 2020, la canicule a fait plus de morts chez les personnes âgées que le COVID 19. Mais s’ajoute aux conséquences directes, les conséquences indirectes. Les zones sèches et chaudes le deviennent davantage sous l’impulsion du réchauffement climatique, cela augmente considérablement les risques d’incendie, comme ça a été le cas l’an dernier en Australie et en Californie. Résultat : 18,6 millions d’hectares de forêts brûlés en Australie, des centaines de milliers de personnes ayant perdu leur maison sans être remboursées par leurs assurances en Californie.

    Mais le dérèglement climatique n’est pas qu’un réchauffement, il favorise largement les climats extrêmes, dans un sens comme dans l’autre. L’agriculture par exemple aura à pâtir dans les années à venir d’une succession de sécheresse et de gel. Ainsi, si la hausse de température se limite à 2 degrés, 80 millions de personnes supplémentaires se retrouveront vulnérables aux famines d’ici 2050. C’est évidemment sans oublier que l’augmentation globale de la température va assécher les zones déjà sèches au profit de zone tropicale déjà humide, augmentant le risque d’événement climatique extrême, comme la tornade qui s’est abattue sur Beauraing en ce mois de juin 2021.

    Comme nous l’avons déjà dit, la COP 21 espérait ne pas dépasser 1,5 degré d’ici la fin du siècle, et il est fort probable que cette limite soit bientôt atteinte. Le G7, annulé l’année précédente, s’est réuni en Grande-Bretagne cette année avec pour sujets centraux la pandémie de COVID 19 et le changement climatique. Le fait est que derrière ces apparentes préoccupations écologiques, les nations du G7 ont accordé 42 milliards de plus à l’industrie de l’énergie fossile qu’à celles des énergies renouvelables dans leurs plans de relance.

    Que faire face à l’inaction des gouvernements ?

    Les gestes individuels resteront stériles. C’est le système capitaliste qui est coupable. Accordant à la classe capitaliste le droit de propriété sur la Nature, c’est-à-dire le droit d’en user et d’en abuser, et en mettant en concurrence les capitalistes entre eux sur base de leur profit à court terme, le capitalisme stimule tous les mécanismes conduisant à des choix de productions incompatibles avec le maintien de l’équilibre des écosystèmes dont nous dépendons pour survivre en tant qu’espèce.

    Le seul moyen d’apporter une réponse d’ampleur à cette crise est donc de dépasser ce système capitaliste, en nationalisant les secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs. Ce faisant, nous pourrons planifier l’économie en fonction de nos besoins, y compris écologiques, et non pas de la soif de profits de quelques-uns. Nous pourrons ainsi limiter au maximum le réchauffement climatique, mais il nous faudra également nous adapter aux changements irréversibles en développant des services publics de qualité et accessibles. Par exemple, dans le cas des incendies, il faudrait réinvestir massivement dans les services de pompiers. Il faudrait également des logements accessibles et adaptés aux climats extrêmes que nous risquons de subir de plus en plus.

    Les marches pour le climat illustrent la préoccupation de la jeunesse pour la question écologique, les jeunes générations craignant l’impact du réchauffement climatique sur leur avenir. Cependant, elles ont souffert d’une absence de politisation et de structuration importante, laissant le mouvement se diluer sans pouvoir mettre en avant des revendications claires. Le rôle des socialistes est de participer à ces mouvements, à leur politisation et à leur organisation, et c’est pourquoi le PSL/LSP et son internationale, Alternative Socialiste Internationale, seront présents à Glasgow en cette fin d’année : le changement climatique est mondial, la classe capitaliste est responsable, il nous faut donc une réponse internationale de la classe des travailleuses et travailleurs.

  • Le capitalisme tue la planète ! Préparons une mobilisation massive lors de la COP26 et luttons pour une alternative socialiste !

    Nous vivons une période décisive dans la lutte contre le changement climatique. Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies publié récemment indique qu’au rythme actuel, nous nous dirigeons vers un réchauffement de 3 °C, soit bien au-delà de la limite de 2 °C fixée par l’accord de Paris pour éviter une catastrophe climatique.

    Par Connor Rosoman 

    Mais cette catastrophe se déroule déjà, avec des conséquences tragiques. À Zhengzhou, en Chine, 12 personnes sont mortes après avoir été piégées dans des wagons de métro inondés à la suite de pluies extrêmes. En Allemagne et en Belgique, des dizaines de personnes ont péri dans des inondations inédites. Aux États-Unis et au Canada, les grandes vagues de chaleur ont fait des centaines de victimes. Il est plus clair que jamais que nous devons agir maintenant, et pas dans 10 ou 20 ans.

    À la lumière de cette catastrophe en cours, la COP26 de novembre à Glasgow en Écosse va poser des questions importantes sur la manière de s’attaquer sérieusement au changement climatique.

    Depuis le dernier sommet, qui n’a fait que reporter toute action à la conférence de cette année, nous avons vu que les dirigeants capitalistes comme Joe Biden sont prêts à faire de grandes promesses sous la pression de la crise que nous vivons. Joe Biden lui-même n’a pas réussi à tenir nombre de ces promesses, notamment en matière de climat. Tout en jurant de “faire progresser la justice environnementale”, il refuse d’agir contre les nouveaux oléoducs comme Line 3 et le Dakota Access Pipeline (DAPL).

    Pendant ce temps, les uns après les autres, les participants à la COP26 liés aux grandes entreprises signalent que toute forme de “changement de système” est exclue de ces discussions. Il est clair que la conférence de cette année n’apportera aucune solution sérieuse aux travailleurs et aux jeunes confrontés au pire de cette crise. Mais elle sera une occasion importante de s’organiser et de construire la lutte pour de vraies actions.

    Le mouvement pour le climat en 2021

    La Grève de la Terre de septembre 2019, qui a représenté l’apogée du mouvement international pour le climat, a vu plus de 7 millions de personnes, principalement des jeunes, descendre dans la rue dans 150 pays. Depuis lors, le mouvement a connu un certain ralentissement.

    Dans ce vide d’organisation, de nombreux jeunes ont cherché d’autres voies pour poursuivre le mouvement, vers des partis verts ou dans d’autres cas, vers des solutions individuelles, “au-delà de la politique”, avec des organisations telles que Extinction Rebellion (XR). Mais sans une idée claire du changement de système ou des forces qui peuvent le faire émerger, ce type d’action ne sera pas en mesure d’apporter le changement décisif dont nous avons besoin.

    De quel type de forces avons-nous besoin ?

    Les premières vagues de grèves scolaires pour le climat allaient reposaient sur des mobilisations de masse des jeunes. Nous avons souligné la nécessité e se lier à la classe ouvrière organisée, en particulier dans les syndicats. Lorsque les travailleurs font grève, ils peuvent mettre la société à l’arrêt. Bien que des actions à plus petite échelle puissent avoir un certain succès, pour l’emporter véritablement, le soutien du mouvement ouvrier est essentiel. Des actions de grève coordonnées entre syndicats de différents pays pour mettre à genoux le système capitaliste pourraient véritablement changer la donne dans la lutte face au changement climatique.

    Le mouvement de masse pour le climat devrait être lié à d’autres luttes des travailleurs et de la jeunesse : contre la répression de notre droit à manifester, contre l’oppression sexiste et raciste, contre les pertes d’emploi suite à la pandémie,… Cela soulignerait la responsabilité du système lui-même vis-à-vis du changement climatique. Le capitalisme est responsable des multiples crises auxquelles les gens sont confrontés en ce moment. Ce serait une étape importante non seulement dans la lutte contre le changement climatique, mais aussi pour faire de l’idée populaire de “justice climatique” une réalité.

    La survie, c’est le socialisme

    Cette devrait être liée à un programme clair de changement fondamental du système. Cela signifie de remettre en question le capitalisme et de lutter pour une société socialiste où les décisions sur ce qui est produit et comment seraient prises démocratiquement. Sous le capitalisme, où la production est basée sur la recherche sans fin de profits plus importants, l’impact écologique est traité comme une “externalité”. Cette focalisation sur le profit à court terme est une caractéristique intrinsèque du capitalisme. En conséquence, nous constatons que ce sont les grandes entreprises elles-mêmes qui contribuent largement à la destruction de notre planète, avec plus de 70 % des émissions de CO2 provenant des 100 plus grandes entreprises mondiales.

    En outre, l’industrie alimentaire représente jusqu’à 26 % du total des émissions de gaz à effet de serre. La nourriture est surproduite massivement, même si des millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. Cette situation est totalement insoutenable, mais tant qu’elle continuera à faire des profits, les entreprises agro-alimentaires poursuivront leur course destructrice.

    La technologie existe pour remplacer rapidement les combustibles fossiles par des sources d’énergie durables telles que l’eau, le vent et le soleil, et pour produire des aliments selon des principes plus durables. Mais aucune entreprise ne sacrifiera ses bénéfices pour effectuer une telle transition de son plein gré.

    Un programme socialiste sur le changement climatique impliquerait de mettre sous propriété publique et démocratique les grands pollueurs qui contribuent à l’écrasante majorité des émissions de CO2 – nous ne pouvons pas contrôler ce que nous ne possédons pas. Sur cette base, nous pourrions planifier la production d’une manière qui tienne compte de l’environnement et de la vie des travailleurs. Nous pourrions immédiatement commencer à nous attaquer aux émissions massives de gaz à effet de serre et au gaspillage généralisé du système actuel, notamment les déchets plastiques et la déforestation. Dans le même temps, nous pourrions protéger tous les emplois, en les reconvertissant et en en créant de nouveaux dans un programme massif d’emplois verts.

    Commençons à préparer des manifestations internationales massives autour de la COP26

    La crise climatique n’a pas attendu que nous nous sortions du COVID-19, mais celui-ci a montré que sous le capitalisme, la coopération internationale nécessaire pour faire face à une crise de grande ampleur n’est pas possible. Au lieu de cela, le coronavirus a pu devenir une catastrophe mondiale en raison de problèmes comme le nationalisme en matière de vaccins, les États capitalistes et les grandes entreprises privilégiant la concurrence et le profit plutôt que de faire ce qui est nécessaire pour combattre le virus. Plus généralement, la classe dirigeante a eu une approche réactive face au virus, sans aucune perspective ou planification pour le combattre efficacement.

    Le dernier sommet de la COP a été accueilli par des manifestations massives de plus d’un demi-million de personnes. Nous devons commencer à nous organiser dès maintenant pour organiser des contre-manifestations massives lors de la COP26 en novembre, ainsi que des manifestations locales dans tous les pays du monde.

    Une coalition COP26, impliquant des dizaines de groupes de campagne différents, a déjà commencé à préparer la mobilisation. Il s’agit notamment de mobiliser les travailleurs et les étudiants à grande échelle – les syndicats devront organiser leurs membres pour qu’ils se présentent en force, et les syndicats d’étudiants dans les écoles secondaires et les universités devront organiser le transport pour maximiser la participation. Cette manifestation doit être considérée comme le début d’un nouveau mouvement climatique plus fort, doté d’un programme d’action clair.

    Au cours des prochains mois, Alternative Socialiste Internationale (dont le PSL/LSP et la section belge) va mobiliser pour les manifestations lors de la conférence, et nous organiserons également un cortège international pour mettre en avant la nécessité d’une transformation socialiste de la société. Nous sommes une organisation internationale parce que le changement climatique, comme tous les aspects du capitalisme, est une question mondiale – nous devons nous organiser au niveau international pour lutter, et il n’y a pas de temps à perdre !

    Notre programme

    1. Pas de temps à perdre : il faut un virage radical et la fin de la combustion de combustibles fossiles pour la production d’énergie et de plastique au cours des prochaines années. Nous avons besoin d’aliments qui ne ruinent ni la planète ni notre santé. Cela exige des changements urgents et qualitatifs dans la production énergétique, industrielle, alimentaire et agricole, dans les transports et dans le logement.
    2. Les besoins des gens, pas les profits : Les solutions individuelles sont insuffisantes face à un problème global. La majorité des habitants de la planète n’ont tout simplement pas le choix. Même si nous nous comportions tous de manière extrêmement écologique, cela ne suffirait en aucun cas à résoudre le problème. Nous avons besoin d’un plan d’investissements publics massifs dans les énergies renouvelables ; dans des transports en commun publics de haute qualité, efficaces et gratuits ; dans des bâtiments et des logements écologiques pour tous ; dans le recyclage et la réparation de l’infrastructure. Tout cela est plus qu’abordable – pour autant que la richesse que nous produisons ne soit pas accaparée par une petite élite.
    3. Stoppons les 100 principaux pollueurs : Au cours des trois dernières décennies, plus de 70% des émissions industrielles de gaz à effet de serre ont été produites par 100 entreprises. Mais les grandes entreprises ignorent les recommandations ou la législation et les partis et politiciens établis sont leurs marionnettes. Nous ne pouvons contrôler que ce que nous possédons. Par conséquent, la première étape consiste à faire passer les grandes industries énergétiques ainsi que les grandes banques et les grandes entreprises de la construction, du transport et de l’agro-industrie des mains des capitalistes à celles du secteur public.
    4. Une société à notre service : Avec ces ressources, il est possible de libérer la science des limites du capitalisme et de la recherche de profits. Au lieu d’investir des milliards de dollars dans des subventions aux sociétés pétrolières, nous pourrions développer des technologies et des matériaux écologiques. Nous défendons le droit de chacun à un bon emploi et à une vie exempte de pauvreté, d’oppression, de dévastation et de destruction. Les grandes entreprises et leur puissance colossale doivent être contrôlés et gérés démocratiquement par la classe des travailleurs et la société dans son ensemble. Cela garantira qu’aucun emploi ne serait perdu, mais converti en emplois socialement utiles et sans perte de salaire.
    5. La planification, pas le chaos : Les programmes de “Green New Deal” ou de “Green Industrial Revolution” vont dans la bonne direction. Mais nous devons aller plus loin, au-delà des limites du système capitaliste. Au lieu de l’anarchie capitaliste de la production pour le profit, nous devons planifier comment utiliser durablement les ressources de la planète afin de répondre aux besoins de la majorité.
    6. Faisons grève ensemble : Ce sont les gens ordinaires qui souffrent le plus du changement climatique. Et c’est la classe des travailleurs qui a le pouvoir de changer l’histoire. Nous devons poursuivre les grèves des jeunes pour le climat et les élargir en tendant la main aux travailleurs et aux syndicats afin de nous unir dans une grève puissante : le blocage de l’économie capitaliste. Cela montre aussi notre potentiel pour prendre le pouvoir économique entre nos mains.
    7. Changeons le monde : Les êtres humains font partie de l’éco-système – le capitalisme n’en fait pas partie. Combattons le capitalisme pour le remplacer par une société reposant sur les besoins des gens et non sur les profits – une société socialiste démocratique ! Faites une réelle différence en rejoignant une alternative combative, internationaliste et socialiste !
      8.
  • Le rapport du GIEC démontre que nous n’avons plus de temps à perdre : luttons pour une alternative socialiste !

    Le nouveau rapport majeur sur le climat du groupe d’experts sur le climat de l’ONU, le GIEC, est un acte d’accusation dévastateur contre les dirigeants du monde et le système capitaliste. Il fait plus chaud aujourd’hui qu’il ne l’a été depuis 100 000 ans, et les scientifiques peuvent désormais établir un lien clair entre les conditions météorologiques extrêmes de la dernière décennie et le changement climatique.

    Par Robert Bielecki, Rättvisepartiet Socialisterna – ISA-Suède

    Les changements de température suivent les modèles précédents, mais les effets depuis le précédent rapport sont beaucoup plus importants et plus graves que prévu. La nécessité d’un changement de système ne devient que plus urgente.

    Le dernier grand rapport sur le climat a été publié en 2013 et n’a pas pu, à l’époque, établir complètement un lien entre l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes et les effets du réchauffement climatique. Mais depuis 2013, nous avons assisté à des catastrophes naturelles de plus en plus graves, avec des dégâts importants sur les infrastructures, l’agriculture, les écosystèmes, les humains et toute vie sur la planète.

    En ce moment, de terribles incendies font rage en Grèce, un pays qui connaît des températures extrêmes de plus de 40 degrés depuis plus d’une semaine. Sur l’île grecque d’Evian, où d’immenses incendies font rage, 2 000 habitants ont été contraints de fuir depuis le 3 août. Reuters rapporte que le travail d’extinction des feux est difficile car l’eau qui s’évapore avant d’atteindre les flammes ! Dans la banlieue d’Athènes, des milliers de personnes ont également été contraintes de fuir les incendies qui font rage. “Nous parlons de l’apocalypse, je ne sais pas comment décrire cela autrement”, a déclaré Sotiris Danikas, qui travaille pour les garde-côtes d’Evian, à la BBC.

    Mais le monde entier a été en feu pendant l’été. Outre la Grèce, de grands incendies ont eu lieu et sont actuellement en cours en Italie, en Bosnie, en Turquie, en Russie, aux États-Unis, au Canada, en Espagne, en Finlande, en Macédoine du Nord, en Albanie, etc. Le scénario est partout le même : de gigantesques incendies provoqués par des vagues de chaleur importantes obligent des milliers de personnes à fuir.

    Le “Résumé à l’intention des décideurs” du rapport indique qu’”il est pratiquement certain que les extrêmes de chaleur (y compris les vagues de chaleur) sont devenus plus fréquents et plus intenses dans la plupart des régions terrestres depuis les années 1950″ et que “le changement climatique induit par l’homme est le principal moteur de ces changements”. Le GIEC écrit que “certaines chaleurs extrêmes récentes observées au cours de la dernière décennie auraient été extrêmement improbables sans l’influence humaine sur le système climatique”.

    Outre les vagues de chaleur, les sécheresses extrêmes et les incendies, le GIEC constate également un risque accru de précipitations intenses. Nous en avons eu des exemples clairs il y a quelques semaines, lorsque des régions d’Allemagne, de Belgique et des Pays-Bas ont été inondées après d’énormes précipitations. L’approvisionnement en denrées alimentaires est également affecté lorsque les vagues de chaleur et les inondations risquent de détruire d’énormes surfaces de terres arables et d’anéantir l’agriculture. Surtout dans les pays pauvres et néocoloniaux, où c’est déjà une triste réalité.

    Outre les effets que tout cela a sur les humains, l’ensemble de l’écosystème est, bien entendu, affecté négativement. La vie animale et végétale est anéantie par les phénomènes climatiques extrêmes. Le rapport (et la réalité) montre que les phénomènes météorologiques extrêmes ne sont pas uniquement destinés à certaines parties de la Terre, mais que des phénomènes tels que la sécheresse extrême, les vagues de chaleur les plus fortes et les pluies torrentielles sont visibles dans toutes les régions du monde.

    Le rapport du GIEC montre que les vagues de chaleur extrêmes sont 2,8 fois plus fréquentes aujourd’hui qu’elles ne le seraient en l’absence de réchauffement climatique (où les vagues de chaleur se produiraient une fois tous les dix ans, selon le rapport). Il en va de même pour les pluies torrentielles et les sécheresses qui affectent l’agriculture, qui sont respectivement 1,3 et 1,7 fois plus fréquentes.

    Les ouragans tropicaux se sont également intensifiés et multipliés au cours de la dernière décennie, ce qui a entraîné des dommages importants aux infrastructures et aux écosystèmes. Au “Dagens nyheter” du 9 août, le climatologue Markku Rummukainen, qui est également le représentant de la Suède au sein du GIEC, a déclaré que : “Les changements en cours sont très étendus et rapides au sein du système climatique. Dans de nombreux cas, ils sont sans précédent si l’on remonte très loin dans le temps. Le lien entre le changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes est beaucoup, beaucoup plus fort que dans les rapports précédents.”

    Réchauffement de la planète : la faute à la soif de profits

    La température moyenne de la planète continue d’augmenter, indique le rapport du GIEC sur le climat. Il fait plus chaud maintenant qu’il ne l’a été depuis plus de 100 000 ans !

    Depuis 2013, la température moyenne mondiale a augmenté de 0,2 degré, pour atteindre 1,1 degré Celsius par rapport au début de la révolution industrielle, au milieu des années 1700. Dans l’hémisphère nord, le réchauffement s’accélère ; en Suède, par exemple, on observe une augmentation de la température régionale d’environ 2 degrés. Et il ne fait aucun doute que ce sont les émissions de gaz à effet de serre des “humains” qui créent des changements majeurs dans le climat. Mais la faiblesse du rapport réside précisément dans le concept d’”humain”. Il devrait plutôt être décrit comme “la recherche de plus en plus intense de profits accrus par les grandes entreprises et les États”.

    On ne saurait trop insister sur le fait que c’est la recherche du profit par le système capitaliste et sa conception des ressources naturelles comme une source inépuisable de richesse qui sont à l’origine de la grave crise climatique à laquelle nous sommes tous confrontés. Les compagnies pétrolières, les autres grandes entreprises et leurs politiciens ne feront qu’augmenter les émissions. Lutter contre la menace existentielle de la crise climatique, c’est lutter contre le système économique.

    Le rapport sur le climat indique en outre qu’environ la moitié des émissions, soit 20 des 40 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par an, sont absorbées par les puits de carbone naturels, tels que les forêts et les océans. Mais l’énorme dévastation des forêts tropicales et autres forêts libère de grandes quantités de dioxyde de carbone et sa fonction de puits de carbone disparaît. Avec l’évolution actuelle, la Terre sera capable de fixer de moins en moins de dioxyde de carbone, alors qu’elle en libère de plus en plus.

    La combustion de combustibles fossiles – pétrole, charbon et autres – réchauffe encore plus la planète. Mais le fait est que le résumé du rapport du GIEC à destination des décideurs politiques ne mentionne pas les mots pétrole, combustibles fossiles ou entreprises, et utilise uniquement des termes tels que “émissions d’origine humaine”.

    Aucune solution n’est possible sur base du capitalisme

    Quoi qu’il en soit, les grandes entreprises du secteur de l’énergie et les États du monde entier ne prévoient pas de prendre des mesures efficaces pour réduire les émissions. Aucune mesure significative n’a été prise depuis l’Accord de Paris en 2015, seulement des engagements climatiques “volontaires” et “décidés au niveau national” très limités.

    La stratégie climatique commune de l’UE adoptée cette année est également loin d’être suffisante, et ses outils ne sont pas assez efficaces. Ils s’appuient sur des solutions de marché vouées à l’échec, comme le fait de rendre plus coûteuses les émissions de dioxyde de carbone et d’imposer des taxes plus élevées sur les combustibles fossiles, ainsi que l’accent mis sur le “commerce des émissions”. Les entreprises feront payer les familles de travailleurs et les pauvres. Le programme de l’UE vise également à avantager ses propres grandes entreprises par rapport à leurs concurrents extérieurs à l’UE.

    Jongler avec les chiffres d’émissions par le biais de l’échange de droits d’émission peut sembler bon sur le papier, mais cela ne permet pas de réduire les émissions dans la mesure requise. Les pays du G20, pour leur part, n’ont même pas pu se mettre d’accord sur l’élimination progressive de l’énergie au charbon lors de leur dernier sommet. Il ne faut pas croire que l’establishment acceptera des accords réellement efficaces et contraignants pour le climat lors de la COP26 à Glasgow.

    Le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère n’a cessé d’augmenter. Il est aujourd’hui de 410 ppm (parties par million), contre 391 ppm dans le dernier rapport sur le climat de 2013. Cette concentration est “plus élevée que jamais depuis au moins 2 millions d’années”, résume sombrement le rapport.

    Et pour avoir “67 % de chances” d’atteindre l’objectif de 1,5 degré, seuls 400 milliards de tonnes de dioxyde de carbone supplémentaires peuvent encore être émises. Toutefois, ce chiffre s’entend à partir de 2020, ce qui signifie qu’il ne reste que 7 à 8 ans au niveau actuel d’émissions avant que le “budget carbone” ne soit épuisé.

    Un autre effet du réchauffement climatique est la hausse du niveau des mers et la fonte des glaces. “Presque toutes les calottes glaciaires et tous les glaciers intérieurs fondent de plus en plus vite, selon le GIEC, et c’est aussi la principale raison pour laquelle le niveau des mers augmente à l’échelle mondiale. Par rapport aux années 1990, les calottes glaciaires et les glaciers du monde entier fondent quatre fois plus vite, et le pôle Nord risque d’être complètement libre de glace “au moins à un moment donné” avant 2050.

    Si le scénario le plus optimiste se réalise et que l’augmentation de la température moyenne mondiale n’atteint que 1,5 degré, le niveau des mers pourrait avoir augmenté d’un demi-mètre d’ici 2100. Mais les océans réagissent lentement aux changements de température ; en 2300, ils pourraient avoir augmenté de trois mètres.

    L’élévation du niveau des mers a triplé de vitesse au cours des dix dernières années, et au total, les mers se sont élevées de 20 cm entre 1901 et 2018. Les calculs du GIEC montrent que le niveau des mers augmente désormais de 3,7 mm par an.

    La seule issue est une transformation socialiste de la société

    Les émissions doivent être réduites à zéro vers 2050 pour avoir une chance, selon le GIEC. Mais nous ne pouvons pas attendre : des changements majeurs et profonds sont nécessaires – MAINTENANT. Nous sommes déjà dangereusement près de franchir plusieurs des points de basculement qui, s’ils sont dépassés, deviendront irréversibles et entraîneront un réchauffement climatique encore plus rapide, comme la fonte du pergélisol ou la déforestation de l’Amazonie.

    La semaine dernière, de nouveaux rapports alarmants ont également indiqué que le Gulf Stream risquait de s’effondrer dans les prochaines décennies. En Suède, la température chuterait alors de façon spectaculaire, sans parler des effets négatifs sur la vie marine et l’écosystème de l’Atlantique et des régions avoisinantes.

    Des scénarios cauchemardesques avec des émissions accrues, conduisant à une augmentation de 3 à 5 degrés de la température moyenne mondiale et à une élévation du niveau des mers de plusieurs mètres dans les décennies à venir, sont presque garantis à moins que le capitalisme en tant que système ne soit remplacé par un système socialiste démocratique, où la production, la distribution et l’ensemble du système économique sont planifiés en fonction des besoins des personnes et de l’environnement sous le contrôle démocratique et la gestion des travailleuses et travailleurs.

    Cela nécessite un mouvement de masse révolutionnaire contre le pouvoir économique, contre le capitalisme. Le mouvement pour le climat, les syndicats, les organisations de travailleurs et les organisations de base ont besoin d’organisations démocratiques et d’un programme socialiste.

  • Inondations inédites : la solidarité comme dernier rempart

    Photo : Gwen Schiltz

    Le changement climatique est là – Arrachons les moyens nécessaires pour y faire face

    Ce vendredi matin, le bilan provisoire des intempéries et inondations record fait état de 14 morts en Wallonie. Les images apocalyptiques se sont succédé sans discontinuer sur nos écrans. Avec une constante : les manifestations de solidarité à la base et l’héroïsme des services de secours. Hélas, le courage de ces travailleuses et travailleurs était entravé par le manque de collègues et de matériel suffisants qui sévit déjà depuis de trop nombreuses années.

    Partout, des voisins ont prêté leurs pompes pour vider les caves et se sont organisés pour bloquer les soupiraux de leurs rues tandis que les propositions d’hébergement et d’aide ont rempli les réseaux sociaux. La réponse de la population ordinaire a été très impressionnante : de nombreux foyers se sont transformés en « centres de crise » pour héberger des dizaines de personnes. Des agriculteurs ont apporté leurs tracteurs, des ouvriers du bâtiment ont apporté des engins de génie civil… D’autres des canots à moteur ou autres engins flottants.
    Ce n’est que mercredi soir que le mécanisme de solidarité européenne a été activé et que la France a commencé à fournir des moyens matériels et humains, ainsi que l’Italie et l’Autriche. Notons que nos voisins d’Allemagne, des Pays-Bas et du Luxembourg étaient également durement touchés par les inondations.

    Une chose était claire dès mercredi après-midi, nos services étaient débordés. Jeudi après-midi, les autorités de la ville de Liège demandaient à la population vivant en bord de Meuse d’évacuer les lieux. Où aller ? Comment ? Aucune réponse de leur part, hormis « Liège possède belles collines, allez-y ». Merci pour ce conseil touristique. Visiblement, quasiment rien n’avait été prévu pour protéger les habitants de la plus grande ville de Wallonie, alors qu’il n’était pas compliqué de deviner qu’avec des précipitations cumulées de plus de 100l/m2 on aurait des crues record, avec la circonstance aggravante que le barrage de l’île Monsin ne pourrait pas jouer son rôle à cause des travaux de rénovation en cours.

    Que ce soit en matière de prévention ou de réaction, il faudra demander que les autorités rendent des comptes. Dans la plupart des cas, les habitants ont été livrés à eux-mêmes, dans des situations de détresse totale, surtout pour les personnes âgées ou à mobilité réduite. Seuls la solidarité de toute la population et l’héroïsme de certains ont permis d’éviter une catastrophe humaine beaucoup plus importante.

    L’austérité tue

    Les services de secours et les pompiers ont été débordés. Les autorités auront beau se réfugier derrière l’ampleur des événements, le manque de moyens est une décision politique criminelle. Il n’y a plus aujourd’hui dans le pays que deux casernes de la Protection civile : Crisnée (en Wallonie) et Brasschaat (en Flandre). Les quatre autres ont été fermées par une décision du gouvernement Michel et du ministre de l’Intérieur Jan Jambon. Les deux tiers des casernes ont donc été fermés et le personnel réduit. Les syndicats avaient alerté du danger à l’époque : « Les 11 millions de Belges seront mal protégés suite à cette réforme », déclarait ainsi Alex Neuprez, adjudant de la protection civile à Ghlin et délégué CGSP. « Avec cette diminution de casernes, on augmente considérablement le temps de trajet des équipes pour arriver sur un lieu de catastrophe. »

    Le gouvernement avait alors tenté de rassurer en disant que les budgets alloués aux pompiers augmenteraient. Mais le budget supplémentaire a été utilisé pour faire face à l’urgence (rénovation de casernes insalubres,…) et rien n’a été consacré aux tâches précédemment dévolues à la Protection civile. Car là aussi le manque de moyens est criant. Il n’y a d’ailleurs que 5.000 pompiers professionnels pour tout le pays, le reste étant des pompiers volontaires ayant donc une activité professionnelle à côté. Il leur est donc impossible de faire face à de telles situations dramatiques et d’enchaîner plusieurs journées sur le terrain.

    Gouverner, c’est prévoir

    Gouverner, c’est prévoir. Or, il y a eu de toute évidence un problème d’anticipation et même d’aveuglement volontaire. Certains pourraient répondre qu’il s’agit d’un phénomène météorologique tout à fait exceptionnel dont l’ampleur ne pouvait pas être prévue. Oui. Mais non. La potentialité de phénomènes météorologiques extrêmes était écrite noir sur blanc dans le 1er rapport du GIEC qui date de 1990. Page 122 : « Les variations des extrêmes hydrologiques en réponse au réchauffement global pourraient bien souvent être plus marquées que celles des conditions hydrologiques moyennes. Aussi l’étude des conséquences sociales des modifications des ressources en eau devra-t-elle être axée sur les variations de la fréquence et de l’étendue des inondations et des sécheresses. »

    30 ans déjà que l’on sait. Ou que l’on devrait savoir. Bien sûr, on ne peut pas empêcher la pluie de tomber, mais on peut adapter les infrastructures, rendre les sols moins imperméables, se préparer à faire face… Qu’ont fait les gouvernements successifs depuis 30 ans sur ce terrain ? Pire que rien. On a préféré démanteler la protection civile et consacrer au même moment un budget de 3,6 milliards d’euros pour des avions de chasse F35.

    Les dirigeants politiques responsables des politiques d’austérité devraient être trainés devant les tribunaux pour mise en danger d’autrui et non-assistance à personne en danger, des délits graves. Mais la Justice que nous connaissons est une justice de classe où l’on condamne scandaleusement des syndicalistes liégeois pour le blocage d’une autoroute durant une grève contre les réductions de budget.

    Imaginons quel rôle pourrait jouer une protection civile démocratiquement organisée et financée à hauteur des défis actuels pour donner tout son poids à la solidarité spontanée de la population que nous avons si merveilleusement vue à l’œuvre ?

    Il est grand temps d’en finir avec la logique de réduction budgétaire et de se battre pour des investissements publics massifs d’urgence dans la Protection civile et les services de pompiers. Nous avons aussi besoin d’investissements publics massifs dans les infrastructures pour faire face aux conditions météorologiques extrêmes liées au changement climatique (rappelons qu’en 2020, la chaleur a tué 1400 personnes en Belgique), mais aussi dans les logements sociaux pour offrir un toit aux personnes sinistrées et à toutes celles et ceux qui en ont besoin. Nous avons besoin de revoir les réseaux d’égouts et la manière dont les rivières sont gérées. Et, bien entendu, nous devons nous attaquer au défi climatique et assurer une transition énergétique verte le plus rapidement possible, sans que le prix en soit payé par les travailleuses et travailleurs, mais en saisissant publiquement les entreprises polluantes pour que la collectivité puisse en assurer la reconversion, dans le respect de la nature et des travailleuses et travailleurs. On ne contrôle pas ce que l’on ne possède pas !

    Cet événement tragique illustre une fois de plus à quel point le capitalisme nous envoie droit dans le mur. Plus que jamais nous avons besoin d’une société débarrassée du chaos de la logique de profits, une société démocratiquement planifiée, une société socialiste.

  • Changement climatique : nous n’aurons aucun avenir sans changement de système

    Deux ans après la première grève mondiale pour le climat du 19 mars 2019, malgré l’acuité de la situation, le Covid-19 a relégué la question au second plan. Pourtant, le coronavirus est en soi une lourde accusation contre le mode de production capitaliste qui détruit les écosystèmes et crée des dangers biologiques et environnementaux menaçant le développement de toute notre biosphère.

    Par Jonas Brännberg, Rättvisepartiet Socialisterna (section suédoise d’Alternative Socialiste Internationale en Suède).

    Les avertissements concernant la pression exercée par le mode de production capitaliste sur la capacité de la terre à gérer toutes les formes de stress se sont multipliés. Au cours de l’année écoulée, nous avons vu un nombre record de tempêtes tropicales en Amérique centrale et en Asie du Sud-Est, des chaleurs extrêmes en Sibérie et des incendies en Australie et en Amérique du Nord et du Sud. 2020 a été, malgré le phénomène météorologique de refroidissement, La Niña, l’année la plus chaude jamais enregistrée. Bien que cette température ait égalé celle de 2016, le phénomène de réchauffement El Niño a alors été important.

    Le changement climatique est loin d’être le seul responsable de ces graves alertes. On peut également citer la disparition rapide d’espèces, la surfertilisation et l’explosion du plastique et d’autres polluants. Selon les climatologues, nous avons déjà quitté la zone de sécurité pour quatre des neuf “frontières planétaires” qui maintiennent la Terre dans l’état stable dans lequel elle se trouve depuis 11 700 ans, appelé Holocène.

    Les frontières planétaires

    Le concept de “frontières planétaires” est utilisé pour définir “l’espace de fonctionnement sûr pour l’humanité” – il faut y rester pour assurer le “développement durable”. Ces frontières sont le changement climatique, la perte de biodiversité, les changements biogéochimiques, l’acidification des océans, l’utilisation des terres, l’eau douce, l’appauvrissement de la couche d’ozone, l’utilisation d’aérosols et la pollution chimique.

    Lorsque Karl Marx et Friedrich Engels, les fondateurs du socialisme moderne, ont étudié le capitalisme, ils ont souligné la contradiction qui existe entre le système capitaliste et la nature. Marx l’a exprimée en disant que le capitalisme avait créé une faille métabolique entre les êtres humains et la nature. Il a donné l’exemple de la manière dont les nutriments contenus dans les aliments étaient transportés de la campagne vers les villes pour être ensuite rejetés dans la mer sous forme de déchets, avec pour conséquence l’épuisement des sols.

    Marx et Engels ne pouvaient cependant qu’entrevoir les prémices de ce qui allait devenir une transformation complète de la relation de l’homme à la nature. Dans la quête de profits toujours plus importants, les écosystèmes et les ressources naturelles de la terre ont été traités comme des ressources gratuites, où les matières premières, les produits alimentaires et autres ressources ont été aspirés de la nature tandis que la pollution a été vomie dans le sol, la mer et l’air. Avec l’aide des combustibles fossiles, la barrière photosynthétique a été brisée – le capitalisme a tout simplement produit plus hors de la nature qu’il n’a pu lui en restituer afin d’accroître son expansion et de satisfaire sa course aux profits, sans prêter la moindre attention aux graves conséquences.

    Il n’est pas toujours facile de voir quand des changements graduels transforment la quantité en qualité (en un état complètement neuf), surtout pendant que cela se produit. Ce n’est qu’au cours de ces dernières années que les chercheurs ont pu parvenir à la conclusion que la terre, au milieu des années 1900, avait déjà quitté ce que l’on appelle l’Holocène – une ère de 11.700 ans caractérisée par des conditions très stables dans les systèmes terrestres.

    Nous vivons désormais dans ce que l’on appelle l’Anthropocène (l’ère de l’homme), même si “Capitalismocène” est une meilleure description. Cela signifie que nous vivons à une époque où l’humanité, sous le règne du capitalisme, est devenue la force la plus importante dans l’évolution de la vie sur terre. L’équilibre du système terrestre, qui a utilisé l’équilibre et la rétroaction d’une variété de formes de vie pour maintenir les températures entre -5 et +2 pendant 2,6 millions d’années, est maintenant, en raison de l’industrialisation, sérieusement menacé.

    Tout au long de l’histoire de l’humanité, la terre (ou plutôt la partie de la terre où la vie peut exister) a probablement été perçue comme plus ou moins infinie. En fait, il s’agit d’un fragment extrêmement petit du monde dans lequel nous vivons. Dans l’univers, il y a au moins deux trillions de galaxies, et dans notre propre galaxie, la Voie lactée, il y a jusqu’à 400 milliards d’étoiles. Autour de l’une de ces étoiles, notre soleil, la Terre tourne, avec une fine couche de vie de seulement 20 km sur et au-dessus de sa surface.

    Avec un système capitaliste passé en mode turbo ces dernières décennies, cette biosphère a été gravement endommagée. Ce ne sont pas seulement les changements de température qui menacent de modifier radicalement l’état dans lequel notre civilisation existe. La vie sur Terre est également façonnée par la circulation dans l’atmosphère (comme les courants-jets dont les changements récents ont provoqué la vague de froid extrême au Texas), par la circulation de l’eau à travers la vapeur d’eau, les précipitations et les courants océaniques, l’étendue des calottes glaciaires, le sol, l’étendue de la couche d’ozone, la circulation des nutriments, etc. Avec notre entrée dans l’Anthropocène, la société humaine affecte non seulement la dynamique de toute vie sur terre mais aussi l’ensemble du système terrestre : les océans, la glace, la terre, l’atmosphère et le climat.

    Jamais dans l’histoire de la planète, depuis sa création il y a 5 milliards d’années, la diversité de la vie n’a été aussi grande qu’à l’époque géologique la plus récente. Ceci est dialectiquement lié aux conditions climatiques. Des conditions climatiques stables ont créé les conditions nécessaires au développement et à la diversification de la vie, mais la diversité de la vie a également stabilisé le système terrestre et créé une biosphère élastique, capable de gérer le changement et l’incertitude.

    Avec le capitalisme, cette diversité a été rapidement érodée. Depuis 1970, le capitalisme a fait disparaître 60 % des populations de mammifères, d’oiseaux, de poissons et de reptiles, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF). En moyenne, un animal et une plante sur quatre qui ont été étudiés sont menacés, ce qui signifie qu’environ un million d’espèces sont menacées d’extinction.

    Cette perte de biodiversité nous menace directement, par exemple par la diminution des insectes pollinisateurs qui a entraîné une réduction de la production alimentaire. Mais c’est aussi une menace qui risque d’accélérer le changement climatique et de rendre plus difficile l’adaptation au changement. À cause de l’industrie agricole capitaliste, par exemple, 90 % des cultures locales, qui peuvent s’adapter au changement climatique, ont été perdues lorsque les grandes multinationales ont introduit leurs cultures à haut rendement.

    La mondialisation capitaliste à laquelle nous avons assisté au cours des dernières décennies a donc non seulement créé des chaînes de production mondiales fragiles, mais a également rendu notre planète, plus imbriquée, plus fragile d’un point de vue biologique également.

    Au cours des dernières décennies, 50 % des terres de la planète ont été converties en agriculture, en villes, en routes et en autres infrastructures. Aujourd’hui, le changement d’affectation des sols est à l’origine de 14 % des émissions de gaz à effet de serre. Un récent rapport de la “Rainforest Foundation Norway” a défendu que seul un tiers des forêts tropicales du monde est encore intact.

    Pour illustrer l’importance de l’homme pour la biosphère et les écosystèmes, on peut mentionner, par exemple, que le poids de la population humaine actuelle est 10 fois supérieur à celui de tous les mammifères sauvages. Si l’on ajoute le poids du bétail destiné à la consommation humaine, les mammifères sauvages ne représentent que 4 % du poids total.

    Cependant, c’est le capitalisme qui est le problème, pas les gens ou l’humanité. Les 1 % les plus riches sont responsables de plus de deux fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que la moitié la plus pauvre du monde au cours des 25 dernières années. La moitié la plus pauvre de la population mondiale n’a pratiquement pas augmenté ses émissions au cours de la même période, désormais connue sous le nom d’ère de l’inégalité carbone. Dans le même temps, quelques grandes entreprises exploitent les ressources de la nature. Par exemple, selon le rapport intitulé “Transnational Corporations as ‘Keystone Actors’ in Marine Ecosystems”, seules 13 entreprises géantes sont responsables de 20 à 40 % de toutes les captures marines de poissons plus gros et plus précieux.

    Ce qui est particulièrement menaçant dans le changement climatique, c’est qu’il ne s’agira probablement pas d’un changement progressif avec l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Tout comme pour les protestations de masse ou les révolutions, nous verrons des points de basculement – où les écosystèmes, en raison de l’augmentation de la température, changent d’état rapidement et pour toujours.

    La fonte des glaces de l’Arctique et des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, la transformation de l’Amazonie en savane, le dégel du pergélisol ou la réduction de la circulation dans les océans du monde en sont des exemples. Récemment, un rapport inquiétant a indiqué que le dégel du pergélisol se produisait plus rapidement que prévu, entraînant d’importantes émissions de méthane, un gaz à effet de serre. Si cela est vrai, cela signifie qu’un tiers du budget de gaz à effet de serre qui nous permet de rester en dessous d’un réchauffement de 1,5 degré a déjà disparu.

    Ces points de basculement créent à leur tour des rétroactions auto-renforcées qui risquent de provoquer de nouveaux points de basculement, par exemple lorsque la fonte des calottes glaciaires cesse de réfléchir la chaleur du soleil ou lorsque les forêts en feu passent du statut de puits de carbone à celui de sources d’émissions. Il peut en résulter une cascade de points de basculement qui transforment notre terre en une “serre”, même si les émissions de dioxyde de carbone sont réduites. Cela prendra bien sûr du temps – peut-être des centaines d’années – mais le problème est que lorsque nous atteignons un point de basculement, nous ne savons pas s’il est possible de revenir en arrière.

    C’est pourquoi l’appel à rester en dessous d’une hausse de température de 1,5 degré est si important. De nouvelles recherches montrent que le risque de points de basculement est beaucoup plus proche qu’on ne le pensait auparavant. Certains sont probablement déjà passés, comme la fonte des glaces dans l’Arctique ou la mort d’au moins la moitié des récifs coralliens. Néanmoins, les niveaux d’émission actuels laissent présager une augmentation de plus de trois degrés de la température mondiale d’ici 2100.

    La capacité et la volonté de l’élite dirigeante de coopérer et de changer sont limitées par un système en crise à tous les niveaux.

    La crise climatique ne peut être considérée séparément des autres crises du capitalisme, qu’elles soient économiques, sociales ou politiques. Elles renvoient toutes à un système dont les contradictions sont de plus en plus fortes et qui crée des crises qui interagissent les unes avec les autres.

    Par exemple, le changement climatique alimente des conflits qui peuvent conduire à la guerre et aux réfugiés, tandis que le changement climatique lui-même crée des réfugiés climatiques. Selon Oxfam, 20 millions de personnes ont été contraintes de fuir chaque année au cours de la dernière décennie en raison du changement climatique. Si la société ne change pas de cap, l’avenir sera bien pire. En fonction de différents scénarios de croissance démographique et de réchauffement, on estime que dans 50 ans, 1 à 3 milliards de personnes pourraient connaître des conditions similaires à celles du Sahara – en dehors des conditions climatiques dans lesquelles les humains ont vécu jusqu’à présent. Aujourd’hui déjà, le changement climatique, tout comme la pandémie de Covid et d’autres crises, entraîne une augmentation des inégalités de classe et de genre.

    L’explosion des injustices avec la privatisation, la dérégulation et l’austérité du néolibéralisme a sapé la position de l’élite bourgeoise dans la société, et avec la crise économique, les antagonismes entre les grandes puissances du monde, notamment entre les États-Unis et la Chine, se sont accrus. Cela signifie que la capacité et la volonté de l’élite dirigeante de coopérer et de changer sont limitées par un système qui est en crise à tous les niveaux.

    Bien que les confinements résultant de la pandémie aient entraîné une réduction des émissions climatiques d’environ 7 % pour 2020, il y a très peu d’éléments indiquant qu’il s’agit du début d’un changement durable. Au contraire, le stimulus que les États ont déversé sur les capitalistes pour maintenir l’économie à flot est allé dans une bien plus large mesure à l’industrie des combustibles fossiles qu’aux énergies renouvelables. En novembre 2020, les gouvernements du G20 avaient versé 233 milliards de dollars pour soutenir les activités qui favorisent la production ou la consommation de combustibles fossiles, tandis que seulement 146 milliards de dollars étaient destinés aux énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique et aux alternatives à faibles émissions (Production Gap Report 2020). Au lieu de la nécessaire réduction de la production de combustibles fossiles de six pour cent par an, une augmentation de deux pour cent par an est prévue pour 2030.

    La prise de conscience de la menace existentielle à laquelle nous sommes confrontés, la profondeur de la faille métabolique dont Marx n’avait vu que le début, permettent de comprendre que le problème ne peut pas être résolu en passant “simplement” aux voitures électriques, en installant des panneaux solaires ou en mangeant moins ou pas de viande. C’est loin d’être le changement qui s’impose.

    Comme ils l’ont fait jusqu’à présent, les représentants du capitalisme agiront au mieux trop tard et trop peu. Un nouveau rapport intitulé “Fossil CO2 emissions in the post-COVID era” montre comment le taux de réduction des émissions doit être multiplié par dix par rapport à la période 2016-2019 pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. L’incapacité n’est pas liée à un manque de compétences ou de connaissances, mais au système capitaliste, où le profit et la croissance sont toujours prioritaires, ce qui signifie que la nature est traitée comme une ressource gratuite et infinie.

    Nous avons besoin d’une transformation complète de la société pour rester dans les limites planétaires qui maintiennent le système terrestre et la biosphère dans un état sûr pour notre avenir. Cela signifie l’arrêt immédiat de toute nouvelle extraction de pétrole et de gaz et un plan démocratique pour réduire à zéro les émissions d’ici une ou deux décennies. Cela implique une transformation de l’agriculture, de la sylviculture, de l’exploitation minière, des transports, de la production d’énergie et d’autres activités afin de protéger la biodiversité et de convertir les sources d’émissions en puits de carbone. Il s’agit également d’utiliser un minimum de ressources naturelles et, parallèlement, de redistribuer les richesses et les ressources dans le cadre d’un plan d’investissement vert.

    Tout cela n’est pas possible dans le cadre du capitalisme. L’humanité est intégrée et son avenir est lié à celui de la nature et de la biosphère qui nous entoure. Le capitalisme, en revanche, considère la nature comme une ressource externe, à consommer et à exploiter, tout comme les travailleurs. L’appât du gain qui pousse à ce développement ne peut être arrêté ni par des appels pieux ni par des lois insuffisantes de la part de politiciens qui défendent le même système. Pour un véritable changement, il faut un socialisme démocratique : que les intérêts privés de profit soient abolis par la nationalisation des grandes entreprises et des banques sous contrôle démocratique, afin de suspendre ou de réorganiser les activités nuisibles à l’environnement, tout en satisfaisant les autres besoins de la société.

    Indépendamment de l’inévitable déclin que connaît actuellement le mouvement climatique, de plus en plus de personnes, en particulier les jeunes, concluront que la lutte contre le changement climatique doit nécessairement être anticapitaliste afin de parvenir à la victoire.

    Tout comme les crises du capitalisme sont étroitement liées et interagissent les unes avec les autres, la lutte contre le système capitaliste et ses défenseurs doit être organisée et rassemblée au-delà de toutes les frontières. Le mouvement climatique doit défier le capitalisme en coopération internationale avec la lutte des travailleurs, la lutte féministe, la lutte contre le racisme et d’autres mouvements. Si le capitalisme n’est pas renversé, il menace de détruire les conditions de vie et de civilisation sur cette planète.

  • A peine élu, Joe Biden trahit les écologistes qui l’ont soutenu

    Lors de sa campagne, le démocrate Joe Biden avait promis le retour immédiat des États-Unis dans l’Accord de Paris, assorti d’un plan climatique. Après les années Trump, grand partisan des énergies fossiles et responsable de la réduction des budgets de l’United States Environmental Protection Agency (EPA), on peut comprendre celles et ceux qui ont poussé un soupir de soulagement.

    « La victoire historique de Joe Biden est la première étape pour éviter la catastrophe climatique », a ainsi commenté sur Twitter la directrice exécutive de Greenpeace, Jennifer Morgan. Elle espère qu’il sera « le champion » de la cause environnementale. Durant sa campagne, Biden a promis un plan à hauteur de 1.700 milliards de dollars pour lutter pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2035. Il a déclaré que la cause écologiste est l’une de ses principales priorités.

    Dis-moi qui sont tes amis et je te dirai qui tu es

    Il faut toutefois rester prudent vis-à-vis de ses annonces électorales conçues pour plaire aux électeurs alors qu’au cours de l’année 2019, des millions de personnes ont été évacuées et des centaines de milliers ont perdu leur maison à cause d’incendies et d’inondations. Le thème du changement climatique s’est invité de force dans le débat électoral.

    Durant la campagne électorale déjà, de nombreuses voix ont souligné l’impossibilité d’obtenir la neutralité carbone en refusant de s’en prendre à la fracturation hydraulique (méthode d’extraction de pétrole et de gaz emprisonnés dans le sous-sol en y injectant des fluides à forte pression). Biden ne souhaite pas l’arrêt de cette technique très controversée qui représente pas moins de 35% de la production énergétique des États-Unis.

    Lors d’un des débats télévisés avec Donald Trump, Biden a déclaré qu’il était pour une « transition » de l’industrie pétrolière vers des énergies renouvelables, avant de se reprendre et de dire qu’il se limiterait à empêcher que des fonds gouvernementaux soient versés à l’industrie pétrolière. « Nous n’allons pas nous débarrasser des énergies fossiles. Nous allons nous débarrasser des subventions pour les énergies fossiles », a-t-il précisé. Dire le contraire aurait signifié se retourner contre des personnes telles qu’Andrew Goldman, co-fondateur de la société de production de gaz naturel Western LNG, qui a co-organisé diverses activités de levées de fonds à la faveur du candidat démocrate.

    Autre élément inquiétant, l’une des premières personnes désignées pour faire partie de son administration est l’actuel député Cédric Richmond, qui servira de liaison entre la Maison Blanche et le mouvement pour le climat. Au cours des dix ans qu’il a passés au Congrès, Richmond a reçu environ 341.000 dollars de donateurs de l’industrie du pétrole et du gaz. Richmond est d’ailleurs connu pour avoir a rompu à plusieurs reprises avec son propre parti dès lors qu’il s’agissait de votes sur le climat et l’environnement. Il s’est ainsi joint aux républicains pour voter en faveur de l’augmentation des exportations de combustibles fossiles et de la promotion du développement des pipelines, s’est opposé à une législation démocrate visant à (très peu) limiter la pollution due à la fracturation hydraulique,…
    La nomination a un goût de trahison pour des activistes comme Varshini Prakash, directeur exécutif du mouvement écologiste Sunrise Movement qui a fait partie du groupe de travail politique de Biden durant la campagne électorale. Cette nomination est « un affront aux jeunes qui ont rendu la victoire du president-élu possible. »

    L’écologie, mauvaise pour l’emploi ?

    Les États-Unis constituent le premier producteur mondial de pétrole et de gaz. Ce secteur emploie 10 millions de personnes. Trump n’a d’ailleurs pas hésité à jouer sur les craintes de pertes d’emplois causées par une transition verte pour s’attirer les votes de travailleurs. Et il faut dire que Biden n’avait rien à répondre… Pourtant, pour chaque emploi perdu dans les énergies fossiles, une réelle transition écologique en créerait au moins 10.

    La catastrophe climatique n’arrive pas, elle est déjà là. Si les émissions de carbone continuent d’augmenter comme elles le font actuellement, dans 30 ans, un demi-million de foyers américains seront inondés chaque année. D’ici 2070, 28 millions de personnes seront touchées par des méga-feux d’une taille équivalente à Manhattan.

    Les services d’incendie et de secours en général ainsi que de protection de la nature nécessitent de toute urgence une injection massive de personnel. Pour répondre à la crise du logement aux États-Unis et assurer que les infrastructures puissent résister aux conditions climatiques extrêmes qui deviennent hélas la norme, il faut un programme public massif de construction et de rénovation. Des millions d’emplois verts, socialement utiles et bien payés pourraient être créés ainsi. La reconversion des travailleuses et travailleurs des entreprises polluantes ne pose aucun problème.

    Mais on ne contrôle pas ce que l’on ne possède pas. Un véritable plan pour le climat devra s’appuyer sur l’expropriation des multinationales pétrolières afin de les empêcher de nuire et d’utiliser leurs fonds dans la réparation des dégâts qu’elles ont causés. La seule issue qui nous permettra d’échapper à l’enfer sur terre est la planification écologique socialiste.

  • Les 10 % des citoyens européens les plus riches responsables d’autant d’émissions de CO2 que les 50 % les plus pauvres

    Quand les inégalités creusent le fossé économique et écologique entre les classes

    Selon une récente analyse publiée par OXFAM, les émissions de CO2 ont diminué d’environ 12 % pour l’ensemble des 27 pays membres de l’UE entre 1990 et 2015. L’étude révèle également que l’essentiel de ces réductions a été assumé par les classes les plus pauvres de l’Union. La consommation des plus riches demeure, quant à elle, en nette hausse.

    Par Jeremy (Namur)

    On aimerait pouvoir se réjouir sans réserve devant la diminution affichée des émissions nettes de CO2 liées à la consommation – c’est-à-dire corrigées pour tenir compte des émissions induites dans d’autres pays par la production de biens et de services destinés à être consommés en Europe. Pourtant, à y regarder de plus près, on constate que cette diminution n’a pas été supportée également par toutes les tranches de la population.

    L’étude réalisée en collaboration avec l’Institut de l’Environnement de Stockholm (SEI) révèle que les 10 % des citoyens européens les plus riches sont responsables de 27 % des émissions de toute l’UE. C’est autant que les 50 % des habitants les plus pauvres réunis. Parmi eux, le 1 % des plus riches émettent, à eux seuls, 7 % de la quantité totale de CO2. L’étude révèle également que, alors que la part des émissions des classes les plus pauvres a diminué : -25 % chez la moitié la plus pauvre de la population et -13 % chez les 40 % disposant d’un revenu intermédiaire, la consommation des 10 % les plus riches a augmenté de 3 % quand la part – déjà très haute ! – du 1 % des plus fortunés a crû de 5 %.

    Sur base de cette étude, OXFAM appelle l’UE à lutter contre les inégalités si elle veut se donner les moyens de réduire ses émissions à la hauteur des engagements pris lors de l’accord de Paris (2015). Nous sommes, bien entendu, d’accord sur la nécessité de s’attaquer aux inégalités, mais il est nécessaire d’aller beaucoup plus loin.

    Tout d’abord, il faut poser la question de la force susceptible de mener cette lutte contre les inégalités. Or, si les dernières décennies d’austérité ont montré une chose, c’est bien la détermination de la classe dominante à œuvrer dans le sens contraire. Un constat qui fut encore exacerbé en Europe au cours des dix dernières années suivant la crise de la zone euro. Et ce constat est vrai partout : que dire de la prédation de valeur par les grands capitalistes mondiaux au cours de la pandémie de COVID-19 ? En vérité, une diminution des inégalités ne sera possible que grâce à la mobilisation de la classe des travailleuses et des travailleurs.

    Il est également absolument essentiel de remarquer l’ampleur de la réduction nécessaire. Pour rester sous le seuil de +1,5 °C à l’horizon 2100 (une limite par ailleurs déjà potentiellement fort dangereuse), les émissions devront chuter de pas moins de 60 % d’ici à 2030. Ce simple fait illustre à quel point une lutte efficace contre le réchauffement climatique nécessitera bien plus qu’un transfert de revenu qui laisserait le système inchangé par ailleurs.

    À plus forte raison, la croyance dans l’idée que cela pourrait suffire reviendrait à jouer le jeu de la classe capitaliste. De son point de vue, en effet, les inégalités en UE ont explosé en même temps que les émissions totales ont diminué, pourquoi ne pas continuer dans la même voie et se contenter de verdir, éventuellement, quelque peu le capitalisme ? La raison est très simple : le capitalisme vert est un mirage qui ne résout rien et qui n’est certainement pas à la hauteur des enjeux que nous connaissons. Pour y faire face, il ne nous faut rien de moins qu’une rupture avec ce mode de production anarchique et irrationnel pour laisser place à la planification et à la gestion démocratique de la production.

    L’analyse reprise plus haut montre, enfin, que la transformation socialiste de la société capable de maitriser le dérèglement climatique ne saurait être efficace qu’à l’échelle internationale. Premièrement parce que les inégalités y sont encore plus importantes qu’au sein de l’UE, enfin parce qu’une réorganisation de la production au bénéfice de tous n’est envisageable qu’à cette échelle.

  • No es fuego es capitalismo! Le capitalisme met le feu à la planète, seul le socialisme peut éteindre l’incendie

    Le matin du 10 septembre dernier, les Californiens de la région de San Francisco et alentours se sont réveillés dans une atmosphère aux allures d’apocalypse. Tout l’air de la ville semblait avoir pris une teinte orangeâtre. La cause : les nombreux incendies de forêt qui ont ravagé la région depuis la fin du mois d’août. Toujours non contenus entièrement au moment d’écrire ces lignes, cinq de ces incendies sont déjà classés dans le top 10 des plus grands incendies de toute l’Histoire de la Californie, pourtant habituée aux feux de forêt à cette période de l’année.

    Par Jeremy (Namur)

    Plusieurs millions d’hectares sont partis en fumée, du jamais vu ! Mais les Californiens ne sont pas les seuls à avoir souffert du feu : leurs voisins des États de l’Oregon et de Washington au nord, ont aussi dû faire face à d’importants incendies tout au long du mois de septembre, contraignant plusieurs milliers de personnes à évacuer leurs maisons.

    Une nouvelle norme

    Malheureusement, de tels évènements sont loin d’être marginaux, et encore moins surprenants. Depuis plus de 50 ans, les scientifiques accumulent les données démontrant la réalité du réchauffement climatique et la gravité de ses conséquences comme l’augmentation de la fréquence des incendies de forêt. Les immenses feux survenus en Australie en janvier dernier en sont un autre exemple frappant et qui ne fut occulté de l’information que par la crise du covid-19, dans laquelle de nombreux experts voient également un symptôme de l’exploitation sauvage de la nature pour alimenter le mode de production capitaliste.

    C’est un cercle vicieux : la concentration de gaz à effet de serre (CO2, méthane, etc.) augmente, ce qui fait monter la température, cause des incendies et accroît encore la quantité de CO2 dans l’atmosphère en supprimant la couverture forestière qui l’en extrayait. Et il faut encore ajouter à ça les incendies provoqués directement pour faire de la place pour l’agriculture ou l’élevage industriels intensifs (principales sources de méthane dans l’atmosphère) par les compagnies privées en Amazonie n’hésitant pas à s’approprier criminellement la terre des paysans pauvres pour en tirer toujours plus de profits.

    L’impasse du capitalisme vert et le Green New Deal

    Depuis peu, les avertissements des scientifiques reçoivent un nouvel écho un peu partout dans le monde, en particulier parmi les jeunes qui sont les plus sensibles à l’ampleur de la catastrophe climatique qui s’annonce. Certains politiciens bourgeois opportunistes y ont vu un créneau porteur pour leurs propres carrières. Inféodés aux intérêts économiques des grands groupes capitalistes, ils n’ont souvent rien d’autre à proposer que des solutions illusoires, comme la finance verte. Ils ne font rien pour entraver la libre circulation du capital absolument nécessaire pour exercer une pression à la baisse sur les salaires en dépit de la pollution causée par la délocalisation généralisée de la production. Tout ça, bien sûr, quand ils ne se servent pas directement de la nécessaire transition écologique comme d’un prétexte pour distribuer des aides publiques à de grands groupes privés en difficulté selon la formule bien connue : « Collectivisation des pertes, privatisation des profits ».

    Le “capitalisme vert” s’adresse principalement aux travailleurs et à leurs familles. Cependant, l’idée que la modification des comportements de consommation individuelle puisse stopper le changement climatique a été réfutée lors de la pandémie de Covid-19. Malgré l’arrêt presque complet du trafic aérien et une réduction substantielle du trafic automobile, la réduction des émissions de CO2 n’a pas été suffisante pour rester en dessous de la limite de 1,5 degré de réchauffement climatique.

    Aux États-Unis, des représentants politiques situés à la gauche du parti démocrate mettent en avant l’idée d’un Green New Deal, proposée initialement par la très populaire Alexandria Ocasio-Cortez. Cette proposition – qui fait référence au programme d’intervention de l’État dans l’économie de Roosevelt sous la pression des luttes ouvrièreaux États-Unis dans les années ’30 – va dans le bon sens. Sa réalisation serait un grand pas en avant en comparaison de la situation actuelle sous la présidence de Donald Trump, notoirement climato-négationniste. Ce projet reste cependant critiquable sous deux rapports. Premièrement, le New Deal de Roosevelt ne fut pas imposé par « en haut », mais bien par les mobilisations massives de la classe ouvrière paupérisée par la crise et par la crainte que ces mobilisations ne menacent le système capitaliste lui-même. De plus, il ne permit jamais de relancer tout à fait l’économie qui ne sortit de l’ornière que « grâce » à la reconstruction d’après-guerre. Deuxièmement, un Green New Deal ne cherchant qu’à opérer à l’intérieur du système capitaliste existant serait rapidement mis en échec par les mécanismes du marché.

    Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à observer la situation à l’origine des incendies californiens Camp Fire et Wine Fire de 2018 causés par la négligence de la compagnie Pacific Gas & Electric Company (PG&E). Celle-ci n’avait alors pas jugé utile de remplacer certaines de ses lignes à haute tension (vieilles de plus de 100 ans !) pour ne pas empiéter sur ses profits alors même qu’elle connaissait les risques depuis plusieurs dizaines d’années. En plus de la destruction de leurs conditions de vie, les habitants de la région ont, depuis, également dû subir les coupures de courant planifiées en périodes de sécheresse pour éviter à la compagnie de s’endetter. Le surcoût pour les compagnies d’assurance a finalement été compensé par une augmentation du montant des primes pour les particuliers.

    Cet exemple montre qu’il n’y a rien à espérer des compagnies privées soumises aux impératifs de concurrence, de rentabilité et de profit pour aborder sérieusement le problème du réchauffement climatique et ses conséquences. Pour ça nous avons besoin d’une planification démocratique de la production et de la répartition des richesses ajustées aux besoins réels de la population.

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