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Tag: Bruxelles
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STIB. Tous ensemble pour faire aboutir les revendications!
Grève de la STIB du 29/10/2004
La grève réussie de tous les dépôts le 21/10, la grève de Molenbeek mercredi, celle de Haren et de Delta hier, la grève d’aujourd’hui montrent le ras-lebol de TOUS les conducteurs.
AU DÉTRIMENT DE LA SANTÉ
Les conducteurs ont raison de se révolter car le manque de personnel, les services coupés, les temps de parcours trop serrés (aggravés par la montée à l’avant), le non respect du break, la remise des horaires de roulement à la dernière minute,… tout cela se fait au détriment de la santé des conducteurs. Les deux récents accidents graves de tram (ligne 44 et 39) ont montré que cela se fait aussi au mépris de la sécurité des passagers. Et malgré tout la direction persiste! Comment expliquer cela?
GÉRER UN SERVICE PUBLIC SELON UNE LOGIQUE CAPITALISTE?
Il suffit de lire dans la presse les déclarations rageuses de Flausch contre la grève, pour comprendre. Lui, qui vient du secteur privé, estime qu’il faut gérer un service public comme la STIB selon une logique capitaliste: faire rouler le plus de trams, de bus et de métro possible… avec le moins de personnel possible. Faire de la STIB une entreprise qui rapporte de l’argent, pour avoir ensuite la possibilité de s’associer au secteur privé.
C’est pour cela que la STIB est aujourd’hui divisée en 3 modes (tram, bus, métro) qui doivent être chacun rentables. C’est la raison de l’instauration de la montée à l’avant dans les bus: augmenter la vente des billets en demandant aux chauffeurs de faire deux métiers à la fois pour un seul salaire. (N’oublions pas que dans le passé il y avait par véhicule un conducteur ET un receveur qui vendait les billets).
La logique capitaliste vise avant tout à faire de l’argent, et pas à gérer un service public. En réalité il ne faut pas seulement tenir compte du nombre de billets vendus, mais aussi du fait que les transports publics coûtent globalement moins cher à la collectivité que des centaines de milliers de voiture dans les rues de Bruxelles (bouchons, pertes de temps, accidents, pollution).
C’est pour cela qu’une partie importante des recettes de la STIB doit venir du financement par les pouvoirs publics. A la STIB, la logique capitaliste de Flaush c’est la même que celle des dirigeants de La Poste qui se préparent à un partenariat avec le privé. C’est pour cela qu’ils ont instauré le nouveau système de distribution du courrier (Géoroute) contre lequel protestent tous les facteurs.
TOUS ENSEMBLE!
Pour faire aboutir les revendications, il faut l’unité dans la grève. D’abord l’unité entre tous les travailleurs de la STIB, entre les affiliés des trois syndicats. La bonne façon de lutter, c’est la paralysie de tout le réseau par la grève. C’est la seule mesure qui a de l’effet. Le fait que des milliers d’usagers arrivent en retard au boulot exerce une forte pression sur la direction de la STIB qui doit encaisser toutes les réclamations des patrons du privé. (Les usagers qui rouspètent contre la grève sont souvent les premiers à ne pas oser réclamer devant leur patron). Les actions «tarif zéro» ont peu d’effet: rien ne change pour les abonnés, c’est impossible de vérifier si tous les conducteurs appliquent la mesure, c’est peu mobilisateur (cela ne se voit pas), cela n’a aucun effet sur les firmes privées.
Nous souhaitons que les affiliés de la CSC qui ont voté pour ce mode d’action se rallient à la grève votée par les affiliés de la CGSP.
PRÉPARONS UNE GREVE DES SERVICES PUBLICS
La lutte que les postiers mènent contre la pénurie de personnel et contre Géoroute, est la même que celle des travailleurs de la STIB: résister à la dégradation des conditions de travail provoquée par la logique capitaliste dans un service public. Or, on ne peut gagner si chacun lutte tout seul dans son coin. On ne peut gagner une grève dépôt par dépôt, bureau de poste par bureau de poste. C’est pourquoi nous proposons que les affiliés de la STIB et de La Poste demandent à leurs syndicats d’organiser des assemblées en commun (éventuellement avec d’autres services publics, comme la SNCB) pour préparer un plan d’action commun des travailleurs des services publics. Ce n’est qu’en généralisant le combat que l’on peut faire aboutir les revendications.
ON MANQUE DE PERSONNEL
à la STIB et à La Poste, mais des dizaines de milliers de jeunes sont au chômage. Depuis quelques mois le gouvernement organise une chasse aux chômeurs (en commençant par les jeunes) en vue de leur faire accepter n’importe quel emploi à n’importe quelle condition (notamment comme intérimaire). Cette chasse aux chômeurs ne vise pas seulement les chômeurs: c’est une attaque contre tous les travailleurs car ce sont les conditions de travail de tous qui vont se dégrader. C’est pourquoi, de concert avec les organisations de jeunesse des syndicats, nous avons pris l’initiative d’organiser une Marche des Jeunes pour l’Emploi le 19 mars prochain. Pour faire de cette Marche un succès, le MAS va mettre sur pied des comités locaux dans les écoles et dans les entreprises.
Pourquoi pas à la STIB? Si vous êtes intéressé, prenez contact avec nous.
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Il faut une grève nationale contre Georoute!
Pression du travail accrue? Heures sup’ non-payées? Manque de personnel?
On ne compte plus les actions spontanées contre Georoute. Les dernières semaines ont vu des actions à Lokeren, Bruxelles, Beauraing et Zaventem. A Zaventem, la direction régionale a essayé, à la demande de quelques gros clients de La Poste, de faire distribuer le courrier par des "volontaires" via le bureau voisin de Woluwé-St-Etienne. Les grandes entreprises et leurs bénéfices pèsent apparemment plus lourd aux yeux de La Poste et du gouvernement (cfr. DHL) que l’emploi et les conditions de travail du personnel.
Modèle 9, Discussion et information pour les postiers
La direction de La Poste ne recule devant rien pour que Georoute soit partout d’application. Elle a même mis un numéro vert à la disposition des clients qui subissent des désagréments du fait de la "réorganisation" de la distribution initiée par Georoute. La vraie question est pourtant de savoir ce qu’il va advenir des milliers de facteurs et d’employés qui perdent leur tournée ou leur service, qui ne peuvent plus suivre le rythme de travail sans parler des contractuels et des intérimaires qui sont mis à la porte.
Entre-temps, les syndicats ont déposé un préavis de grève national à partir du 13 octobre. La raison officielle est le refus de l’introduction de la semaine des 36 heures. Les syndicats et la direction étaient tombés d’accord sur son principe lors des négociations de 2000, mais elle n’est toujours pas d’application.
Une semaine de travail plus courte ne peut mener à de meilleures conditions de travail qu’avec embauche compensatoire et sans perte de salaire. En outre, il faut que tous les contrats à durée déterminée et les contrats d’intérim soient convertis en contrats à durée indéterminée.
A Anvers 1, les postiers partent en grève le 25/10. La direction régionale ne tenait aucun compte des critiques des facteurs pour qui Georoute est inapplicable. Berchem, Brasschaat, Deurne et Malines 1 , où Georoute est en vigueur depuis quelques mois, se joignent aussi à la grève. En outre, des délégations de ces bureaux se rendront au quartier général de La Poste à la Place de la Monnaie pour donner plus de force à leurs revendications.
Les trois grands syndicats (CGSP, CCSP et SLFP) appellent à une grève nationale pour le 10 novembre. Nous devons veiller à ce que cet appel à la grève ne reste pas lettre morte et organiser des assemblées d’information et de mobilisation pour faire de cette action nationale un succès.
Le personnel de La Poste n’est pas tout seul: il y a un grand mécontentement dans d’autres secteurs comme le non-marchand, la SNCB, la STIB, l’enseignement,… et les appels à l’action y trouvent de plus en plus d’écho. Tous les secteurs sont confrontés aux mêmes problèmes: manque de personnel, licenciements collectifs, pression du travail accrue et manque de moyens. Des actions communes aux différents secteurs, par-delà les frontières catégorielles, auraient un bien plus grand impact.
Les syndicats doivent appeler à en finir avec cette politique de régression sociale. De plus, il faut aussi tisser des liens avec les chômeurs, les lycéens et les étudiants (dont l’avenir est assombri par les économies dans l’enseignement). Les salariés actifs, les chômeurs et leurs enfants ont tous les mêmes intérêts: la fameuse chasse aux chômeurs, qui oblige les chômeurs à accepter n’importe quel emploi contre n’importe quel salaire, est une attaque contre nous tous. Cela permettra de faire baisser l’ensemble des salaires.
C’est pourquoi le MAS, de concert avec les organisations de jeunesse des syndicats, a pris l’initiative d’organiser une Marche des Jeunes pour l’Emploi le 19 mars 2005 à Bruxelles.
Pour faire de la Marche des Jeunes pour l’Emploi un succès, le MAS va mettre sur pied des comités locaux pour la Marche des Jeunes dans les quartiers, les écoles et les entreprises.
Vous avez des remarques ou des suggestions à faire à ce Modèle 9? Vous voulez mobiliser pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi? N’hésitez pas à prendre contact avec nous. Vous pouvez aussi nous envoyer des rapports d’action ou des demandes d’info sur des actions par e-mail ou par la poste:
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Modération salariale? Semaine de 40 heures? Chasse aux chômeurs? Pas question! Il faut un plan d’action!
Modération salariale? Semaine de 40 heures? Chasse aux chômeurs? Pas question!
Non seulement pour le non-marchand, mais aussi au niveau intersectoriel!
A l’approche des négociations pour un nouvel AIP (Accord interprofessionnel: un accord entre patrons et salariés qui vaut pour tous les secteurs), le patronat et le gouvernement ont déjà dévoilé leurs projets. Si le mouvement syndical n’y réagit pas avec toute la pugnacité requise, nous risquons de nous retrouver dans un cimetière social à l’américaine bien plus tôt que nous ne l’imaginons.
HYPERTENSION, Publication de militants CSC et FGTB du MAS dans le non-marchand
Le non-marchand n’est pas tout seul: il y a un grand mécontentement dans d’autres secteurs comme La Poste, la SNCB, la STIB, l’enseignement,… où les personnels sont de plus en plus tentés de passer à l’action. Il serait donc totalement insensé de passer à l’action en ordre dispersé alors que les problèmes et les revendications sont les mêmes dans les différents secteurs. Des actions en commun, par-delà les frontières des différents secteurs, auront un impact d’une toute autre ampleur; le patronat et le gouvernement pourront les ignorer moins facilement. Dans tous les secteurs, nous sommes confrontés à
- un problème de personnel (trop peu de personnel ou des menaces de licenciements collectifs qui augmentent la pression du travail)
- un manque structurel de moyens qui empêche de garantir un service de qualité
- la nécessité de hausses salariales pour maintenir notre pouvoir d’achat. C’est d’autant plus le cas dans le non-marchand où notre important retard salarial (11% de moins) par rapport aux autres secteurs menace de s’aggraver suite au niet radical du gouvernement d’augmenter notre pouvoir d’achat
- le refus catégorique, comme dans le non-marchand, ou le report, comme à La Poste, de l’introduction immédiate de la semaine des 36 heures
C’est la tâche du mouvement syndical de s’opposer avec force à ce train fou d’austérité. La résistance ne doit pourtant pas se limiter au monde syndical classique, mais doit aussi être étroitement liée aux chômeurs, aux lycéens et aux étudiants (dont l’avenir est plombé par les économies dans l’enseignement; il suffit d’évoquer l’application des Accords de Bologne). Les salariés actifs, les chômeurs et leurs enfants ont tous les mêmes intérêts: la désormais fameuse chasse aux chômeurs, qui vide le droit au chômage de tout contenu, va enclencher une spirale descendante pour les conditions de travail et les salaires des travailleurs vu que les chômeurs seront contraints d’accepter les emplois les plus mal payés et les plus précaires. Tout ce qui nous divise nous affaiblit!
C’est dans cet esprit que le MAS a engagé des négociations avec les syndicats pour organiser une Marche des Jeunes pour l’Emploi. Un accord de principe s’en est dégagé pour organiser une marche des jeunes le 19 mars 2005 à Bruxelles. Cette marche des jeunes doit servir à forger une unité d’action dans la résistance contre les mesures d’austérité entre les salariés actifs, les chômeurs et les jeunes (lycéens et étudiants). Dans les entreprises, la marche des jeunes peut être l’occasion d’impliquer les jeunes dans le travail syndical (qui risque de plus en plus de reposer sur les épaules de quelques "vétérans"). Pour faire de la Marche des Jeunes pour l’Emploi un succès, le MAS va entreprendre la mise sur pied de comités locaux de mobilisation pour la marche des jeunes dans les villes, mais aussi, là où c’est possible, des comités d’entreprise de telle sorte que les jeunes militants syndicaux puissent agir sur leur lieu de travail en dépassant les clivages syndicaux. Il faut voir la marche des jeunes, non pas comme un but en soi afin de relâcher un peu "la vapeur", mais bien comme un moyen de construire un véritable rapport de force dans les écoles, les quartiers et les lieux de travail, qui puisse stopper cette politique brutale de régression sociale.
Un plan d’action doit s’inscrire dans la durée
Une mobilisation ne peut se maintenir durablement que si les directions syndicales élaborent un plan d’action qui s’étale sur plusieurs mois vu qu’il semble bien que le non-marchand soit engagé dans un combat de longue haleine. Pour pouvoir mobiliser nos collègues pour une longue période, nous devons leur indiquer clairement où nous voulons aller. Il faut que des discussions ouvertes et honnêtes s’ouvrent entre les différents syndicats, à la base comme au sommet. Dans nombre d’institutions, le front commun syndical est davantage une forme de courtoisie qu’une convergence de forces réelle.
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Sortie de route pour Verhofstadt 2?
Le gouvernement Verhofstadt II était sorti affaibli des élections régionales du 13 juin. Il est maintenant miné par les dissensions entre libéraux et socialistes et par les tensions communautaires. Il est de plus en plus douteux qu’il arrive au terme de la législature.
Thierry Pierret
La formation de coalitions différentes aux gouvernements fédéral, wallon, flamand et bruxellois au lendemain des élections régionales du 13 juin a rendu le pays ingouvernable. Cela contribue à pourrir l’ambiance entre libéraux et socialistes au gouvernement fédéral. L’ambiance est d’autant plus électrique que les deux familles politiques divergent sur la manière de faire payer la crise aux travailleurs et à leurs familles: les libéraux optent pour de nouvelles baisses de charges et d’impôts pour les entreprises, les socialistes pour une cotisation sociale généralisée (CSG) qui touchera tous les revenus – donc y compris ceux du travail! – pour compenser les baisses de charges sociales précédentes.
Guy Verhofstadt se faisait fort d’anticiper la rentrée politique en prononçant son discours de politique générale devant le Parlement 3 semaines à l’avance. Il devait y annoncer de nouvelles mesures d’austérité pour combler son retard sur les gouvernements voisins en terme de casse des acquis sociaux. Il a dû y renoncer piteusement. Son incapacité à trouver un compromis entre partis flamands et francophones sur la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) y a certainement joué un rôle. Mais c’est surtout l’irruption de DHL sur la scène politique qui aura mis le feu aux poudres. Verhofstadt n’a pas pu donner une réponse en temps voulu à l’entreprise de courrier-express quant à ses projets d’extension à Bruxelles-National. Il s’est heurté à la mauvaise volonté des régions bruxelloise et flamande qui veulent toutes deux s’accaparer les emplois et se rejeter les nuisances l’une sur l’autre. Cela promet pour le Forum institutionnel qui devra discuter de questions autrement plus explosives comme la communautarisation des soins de santé ou la régionalisation partielle de la justice… Tout semble converger vers une crise du régime politique de la bourgeoisie belge.
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“Adieu, la prospérité!”
C’EST LE titre d’un article de l’hebdomadaire Knack du 25 août sur l’Allemagne. Le plan d’austérité de Schröder est un bain de sang social. Les chômeurs de longue durée vont par exemple se retrouver avec une allocation de moins de 350 euros par mois dès janvier!
Anja Deschoemacker
Et la Belgique va suivre la même voie. La bourgeoisie a mis toutes ses cartes sur la table: les patrons ont mis en avant une liste impressionnante de revendications afin que le gouvernement tente d’imposer des restructurations sociales très dures. Celles-ci n’ont qu’un but: accroître les profits, au détriment des travailleurs et de ceux qui vivent d’une allocation.
En Belgique si ceux qui siègent au gouvernement étaient d’authentiques représentants des travailleurs ils auraient mis en avant un plan d’action sérieux sur base des informations parues dans la presse au cours des dernières semaines. Ils s’apercevraient à juste titre que dans un des pays les plus riches du monde, plus de 2/3 des pensionnés (66,32%) vivent avec moins de 1.000 euros par mois, et 39,11% avec moins de 750 euros par mois. Et que la pension minimale est de 34% inférieure à la moyenne européenne. Il feraient tout pour résoudre ces problèmes, en commençant par mettre le holà à la politique de diminution des charges patronales qui vide les caisses de sécurité sociale.
Mais ce ne sont pas des représentants des travailleurs au gouvernement. Ce sont des arrivistes qui vivent dans un milieu «particulier». Bruno Tobback, par exemple, dit qu’il n’y a pas vraiment de problème concernant les pensions, mis à part le fait que «dans l’avenir» les pensionnés ne vont «plus» pouvoir passer de somptueuses vacances en Afrique. De quels pensionnés parletil? Ou plutôt: sur quelle planète vitil?
Il y a énormément de problèmes à résoudre. Cependant, si on suit les médias, le vrai problème en Belgique reste un problème communautaire. Il est donc probable que le gouvernement va en arriver à la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, ou de quelque chose dans ce goût-là. Par contre tous les partis des deux cotés de la frontière linguistique s’accordent (même si certains parviennent à mieux l’emballer que d’autres) sur la nécessité d’une offensive contre la réglementation du travail, les services publics et la sécurité sociale. Quoiqu’il advienne, une chose est sûre: si les travailleurs ne descendent pas dans la rue pour défendre leurs acquis d’après-guerre, ceux-ci vont disparaître.
Nous espérons que les travailleurs de notre pays ne se laisserons pas détourner par les querelles communautaires. Si Vandenbroucke affirme qu’il ne pouvait aller plus loin dans ses mesures d’austérité et ses attaques contre les chômeurs flamands, c’est parce qu’il espère gagner cette offensive en Flandre pour l’imposer plus tard sur le plan national. Cette politique de chantage aide les partis francophones à vendre leur politique d’austérité, «parce qu’ils y sont contraints».
Et pendant que la question nationale est poussée à l’avant-plan par les médias, on peut retrouver derrière l’écran le patronat et leurs gouvernements main dans la main, en accord total sur le fait que l’état providence est devenu ingérable et qu’il doit donc être démantelé. Bref, si nous ne suivons pas l’exemple de résistance dont ont fait preuve les travailleurs français, espagnols, italiens et maintenant aussi allemands, les patrons l’emporteront!
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Appel pour une nouvelle Marche des Jeunes pour l’Emploi
Actuellement, selon l’ONEm il y a officiellement 536.662 demandeur d’emploi en Belgique, parmi lesquels 426.071 chômeurs complets indemnisés. Si on y ajoute les nombreux chômeurs à temps partiel, les prépensionnés, et tous ceux qui ont un statut Aprécaire, on dépasse le million.
Nikei De Pooter
1 jeune sur 5 est officiellement au chômage
En 2003, le gouvernement violet avait promis la création de 200.000 emplois d’ici 2007 et de s’attaquer au chômage des jeunes…beaucoup de bruit pour rien, à l’image des plans d’embauche des jeunes des 10 dernières années. Les chiffres du chômage des jeunes ne cessent de grimper d’année en année. En décembre 2003, près d’un jeune sur cinq était officiellement au chômage; une hausse de 4501 unités par rapport à décembre 2002, soit +13 % en Flandre, + 8 % en Wallonie et +9 % à Bruxelles. Dans certaines villes de Wallonie, plus de 30% des jeunes qui sortent de l’école atterrissent au chômage. A Charleroi, ce chiffre grimpe à 43 % chez les jeunes filles!
En réponse à l’augmentation du chômage, le gouvernement a créé toutes sortes d’emplois précaires couplés à des baisses de charges supplémentaires pour les entreprises. Citons par exemple la carte-emploi du Ministre flamand de l’Emploi Renaat Landuyt. Cette carte donne droit à une soi-disant formation dans une entreprise, c’est-à-dire que le jeune travaille 6 mois dans une entreprise.
Entre-temps, il continue de toucher ses allocations de chômage, la différence avec le salaire net réel étant compensée par l’ONEM. Un autre exemple, ce sont les plans Rosetta successifs dont Laurette Onkelinx a exécuté la troisième version. Avec tous ces plans d’embauche, l’emploi des jeunes est largement subsidié par les pouvoirs publics. Aucun patron ne va recruter des jeunes chômeurs s’il n’a pas besoin de main d’oeuvre. Ce n’est donc rien d’autre qu’un cadeau aux entreprises. La stratégie du gouvernement est de faire en sorte que les travailleurs âgés puissent être licenciés le plus vite possible, car ils coûtent plus cher du fait de leur ancienneté. On dresse ainsi les travailleurs âgés contre les plus jeunes. Le patronat va utiliser les jeunes pour faire pression sur les conditions de travail et les salaires de l’ensemble des travailleurs.
Les jeunes sont de plus en plus considérés comme une main d’oeuvre flexible et sous-payée. Aujourd’hui, plus d’un jeune sur cinq trouve son premier emploi dans une agence d’intérim. Ces emplois intérimaires dépendent particulièrement de la conjoncture: quand l’économie entre en crise, ce sont ceux-là qui disparaissent en premier lieu. Cela ne va pas s’améliorer avec la proposition de Frank Vandenbroucke (SP.a) de créer 25.000 “emplois” par le truchement des titresservices. D’après Vandenbrouke, les agences d’intérim devraient pouvoir en fournir également. C’est la négation de toute idée d’emploi fixe avec un salaire digne de ce nom.
Les allocations ont également été soumises à forte pression ces 20 dernières années. Alors que les allocations de chômage représentaient 42 % du salaire moyen il y a 20 ans, ce n’est plus que 28 % aujourd’hui. L’allocation d’invalidité est tombée de 44% à 33 % du dernier salaire.
Le gouvernement veut exclure 30.000 chômeurs
Les mesures d’austérité du gouvernement signifient des profits plus élevés pour les entreprises, des salaires plus bas et des conditions de travail plus flexibles pour les jeunes. Ceux qui ne sont pas disposés à fonctionner dans cette logique sont sanctionnés. Le journal De Tijd a publié des notes internes de plusieurs cabinets qui font état du projet de radier 30.000 chômeurs d’ici 2007. En outre, le gouvernement a per-mis à l’ONEm d’accéder aux données des organismes de placement régionaux, ce qui constitue une sérieuse rupture avec le passé. Cela ne va pas servir à “accompagner” les chômeurs, mais bien à mettre en oeuvre un mécanisme d’exclusion et de suspension pour des dizaines de milliers de chômeurs. Ce genre de mesures va acculer à la pauvreté une couche encore plus large de la population. En 2003, 19.000 jeunes entre 18 et 25 ans ont demandé un revenu d’intégration au CPAS. C’est quatre fois plus par rapport à 1990!
Le gouvernement a annoncé ces mesures avant les élections de juin. Cela doit nous faire craindre le début d’une offensive plus générale contre les acquis de la classe ouvrière. Le gouvernement a maintenu son budget en équilibre par le bradage de son «argenterie» et par la reprise du fonds de pension de Belgacom. Nous nous attendons à ce que le gouvernement lance après les élections un plan d’austérité comparable à ceux des Pays-Bas, de France et d’Allemagne.
La privatisation des services publics est également à l’agenda. La Poste se transforme en une “entreprise rentable, compétitive”, ce qui implique la perte de 10.000 emplois. La SNCB est désormais scindée en deux parties, ce qui ouvre la voie à la privatisation du transport de marchandises et du transport international de voyageurs. Ici aussi on parle de milliers de pertes d’emploi. La privatisation des services publics signifie qu’ils ne seront plus des services à la population: le profit passe avant tout. Cela se fera aux dépens des conditions de travail et de la qualité du service à la population.
Les acquis de la classe ouvrière sont clairement dans la ligne de mire du gouvernement. Pour résoudre fondamentalement le problème du chômage, il faut des mesures structurelles. Il faut s’en prendre au chômage et non aux chômeurs ! Cela ne peut se faire qu’en luttant contre la politique néo-libérale : pour une semaine de travail de 32 heures sans perte de salaire avec embauches compensatoires, pour que l’emploi disponible soit réparti parmi tous les travailleurs. De cette façon le progrès scientifique et technique ne mène plus à une augmentation du chômage et à plus de profits pour les entreprises, mais à garantir plus de temps libre et un revenu décent pour tout le monde. Si une même quantité de richesse peut être produite en moins de temps de travail, il n’y a aucune raison d’échanger ce temps de travail gagné par des salaires plus bas.
Fait campagne avec nous pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi.
Si nous voulons empêcher les mesures du gouvernement et apporter de vraies solutions au chômage galopant, nous devons construire un rapport de force.
En ’82 et ’84, il y a eu des marches de jeunes pour l’emploi contre les plans anti-sociaux du gouvernement. La dernière marche des jeunes a eu lieu le 24 octobre 1993. Blokbuster avait pris pour cela l’initiative de contacter une série d’organisations, en tenant compte des expériences des années ’80. 10.000 jeunes avaient alors manifesté pour l’emploi et contre le racisme. Le FAF, les jeunes-FGTB flamands et les Jeunes Socialistes flamands avaient participé à l’organisation de cette marche des jeunes.
En 1993, il y avait officiellement 107.000 jeunes de moins de 25 ans au chômage et le gouvernement avait lancé une attaque contre les chômeurs. L’article 80 avait été introduit, qui permettait de suspendre les chômeurs cohabitants de longue durée. Durant la première moitié de l’année 1993, 67.000 chômeurs furent privés d’allocation. Ce sont surtout des jeunes et des femmes qui en furent les victimes. En 10 ans, pas moins de 193.000 femmes ont perdu leurs allocations. A l’apogée du mouvement anti-raciste, nous pensions qu’il était nécessaire de combiner la lutte contre le racisme avec la lutte pour des emplois stables et un revenu décent pour tous. Nous ne voulions pas nous laisser diviser sur base de la crise économique.
Nous pensons qu’aujourd’hui il est nécessaire de renouer avec ces traditions comme premier pas vers la construction d’un rapport de force. C’est dans ce cadre que nous avons écrit une lettre aux organisations jeunes des syndicats. En ce moment nous attendons leur réponse…mais dès maintenant, nous appelons toutes les personnes intéressées à nous donner leurs coordonnées pour pouvoir commencer la campagne à pleins tubes dès que nous aurons reçu le feu vert.
Aidez-nous à faire de cette marche des jeunes une réussite !
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Le MAS sort renforcé des élections
Le score électoral du MAS/ LSP est petit comparé à celui des partis traditionnels. Nous n’avions cependant pas d’autres ambitions que celle de nous faire connaître et nous renforcer. En Flandre, en Wallonie et à Bruxelles, nous gagnons des membres.
Eric Byl
En Belgique francophone, 5.675 personnes ont choisi le MAS pour sa première participation électorale. Mais la priorité était le renforcement de nos sections de Bruxelles, Liège et Mons et la possibilité de voir émerger d’autres sections à Ixelles, Wavre, Tubize et Verviers. De plus, à Tournai, La Louvière et Charleroi, bien des gens ont pris contact avec le MAS. Enfin, notre travail étudiant à l’ULB et à l’ULG s’élargi avec une section à l’UCL.
En Belgique néerlandophone, le LSP a obtenu 14.166 voix, bien plus qu’aux élections législatives de 2003 où c’était notre première participation sous ce nom. Nous avons bien progressé en nombre de membres, surtout à Anvers et à Ostende. A Beveren-Waas nous avons dorénavant une section à part entière. Nous voulions également essayer de nous implanter au Limbourg, et sommes près d’y arriver.
En Flandre Orientale notre liste aux élections régionales récolte 2.509 voix, contre 3.751 voix pour les européennes. En 2003 nous avions obtenu 2.843 voix au Sénat et 2.929 à la Chambre. Cette différence pour l’Europe et le Conseil régional flamand est partiellement expliquée par la campagne «Groen! est nécessaire» qui a eu un certain écho dans les milieux progressistes, au contraire des quartiers populaires. C’était notre deuxième participation électorale et notre électorat n’est pas vraiment stabilisé. Il «flotte» donc plus, par exemple, que celui du PTB qui a derrière lui 30 ans de participations électorales.
Cette fois encore le MAS/LSP a fait une campagne avec un petit budget: une affiche centrale, un dépliant et un programme. Nous avons dépensé 6.000 euros: une paille en comparaison des 5 millions d’euros que les partis traditionnels dépensent aux élections, et même comparé au PTB qui a dépensé 31.000 euros. Pour les élections européennes, chaque voix a coûté 0,30 euro au MAS/ LSP. Pour les partis traditionnels et le Blok, cela fait de 4 à 7 euros par voix et pour le PTB 1,50 euro par voix.
Un vote pour le MAS/LSP était-il un vote perdu? Ni le cordon sanitaire, ni la condamnation du Vlaams Blok n’ont endigué la progression électorale du Vlaams Blok. Et ce n’est pas la poursuite de la politique néo-libérale qui fera reculer le Blok.
Il faut une politique qui parte des besoins de la population. Compter sur les Verts ou sur le PS/SP.a pour appliquer une telle politique est illusoire. Le MAS a fait le choix de construire patiemment une organisation de cadres.
A court terme, c’est moins spectaculaire que de constamment réinventer des illusions électorales. A long terme, c’est la seule garantie pour une politique différente. Dans les années 70 les marginaux d’extrême droite du Vlaams Blok n’étaient pas pris au sérieux. Ils ont patiemment construit leur parti, qui est devenu le plus grand de Flandre. Même dans l’opposition le Blok parvient à faire partiellement appliquer son programme réactionnaire par les autres partis. Certains à gauche voudraient atteindre des scores électoraux importants sans faire cet effort et ironisent sur les résultats de la «petite» gauche. Nous pensons qu’ils ont tort. Loins de ces illusions, nous appelons nos lecteurs à rejoindre le MAS et à construire avec nous une réelle alternative de gauche.
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La politique néo-libérale repose sur du sable
Elections du 13 juin
Les élections ont signifié en Flandre une victoire pour la droite et surtout pour l’extrême droite, mais cette dernière gagne également du terrain à Bruxelles et en Wallonie. Ce sont de tristes nouvelles pour tous les gens de gauche qui voient les choses en termes de solidarité, d’égalité et de bien commun. La radicalisation de la droite a triomphé – notre peuple d’abord, nos entreprises surtout, moi d’abord, le reste après. Normalement cela devrait être une excellente nouvelle pour le patronat. La victoire de la droite lui laisse pourtant un arrière-goût amer. Le pays devient comme ingouvernable alors que le patronat désire actuellement un fort plan d’austérité.
La coalition violette a néanmoins fait un bon calcul. En 2003 tous les partis de la coalition actuelle avaient gagné les élections fédérales avec brio. Le « renouveau », l’attention pour l’emballage, la mise en avant de ce qui en terme moderne est appelé « la perception » avait porté ses fruits. Les bureaux de communication faisaient merveille. Entre-temps, les partenaires de la coalition violette avaient plus que mouillé les verts dans le bain de la participation gouvernementale; ils les avaient presque noyés. Agalev disparaissait du parlement fédéral, Ecolo perdait plus de la moitié de ses élus. La coalition violette estimait avoir fait du bon boulot. Apporter un message positif diminue la pression sur les aspects négatifs, c’est le mode d’emploi de la coalition violette. La politique des gouvernements Verhofstadt I et II peut se résumer à ces quelques points: une politique néo-libérale de privatisations, de poursuite de la flexibilité, de baisse d’impôts pour le patronat. Cette politique a été atténuée par les revenus de la vente des biens collectifs comme les bâtiments et les entreprises publiques. Le Ministre du budget Vande Lanotte a encore pu, année après année, équilibrer les budgets par le bradage ahurissant des biens collectifs. Verhofstadt mène, a un rythme plus modéré, essentiellement la même politique que Balkenende aux Pays-Bas, Raffarin en France et les sociaux-démocrates Blair et Schröder en Grande-Bretagne et en Allemagne
La pression du patronat pour la poursuite d’une politique libérale encore plus dure a cependant eu des effets. Il s’est avéré qu’en dépit de toutes les affirmations les impôts ne diminuaient pas sous Verhofstadt; la fameuse amnistie fiscale n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau, la communauté internationale a rappelé la Belgique à l’ordre pour sa politique de mesures uniques destinées à maintenir la croissance. L’augmentation du nombre de chômeurs de 35.000 unités, soit 7.1 %, depuis mai 2003 constitue un douloureux écho à la promesse de Verhofstadt de créer 200.000 emplois. Pour redresser la situation, la coalition avait organisé les supers-conseils des ministres (les conclaves). Il en a résulté de nombreux cadeaux fiscaux pour le patronat mais également plus de contrôle des chômeurs, le FOREm et l’ORBEm devenant de véritables machine à suspendre du fait qu’ils sont désormais associés à ces contrôles. En outre, Frank Vandenbroucke a permis le retour de la journée des 10 heures en accord avec le secteur de la construction. Cela peut nous donner un avant-goût de ce qui nous attend après le 13 juin.
La « perception » peut créer un sentiment illusoire de satisfaction pendant un certain temps, mais on finit tôt ou tard par être rattrapé par la réalité. La politique traditionnelle fustige le négativisme (dénonciation que « rien ne va » dans la société), l’anti-politisme sur lequel le Vlaams Blok construit son fond de commerce. Le Blok ne pourrait pourtant pas se repaître de ce négativisme sans que ce sentiment ne trouve une base matérielle quelque part. Celle-ci n’est pas difficile à trouver : il suffit de constater l’augmentation du chômage et de la pauvreté, l’augmentation de la durée du travail, l’allongement des listes d’attentes pour des logements sociaux et des institutions de santé, la flexibilité croissante du marché du travail, l’état des bâtiments scolaires, les licenciements à La Poste et à la SNCB pour préparer l’ouverture à la concurrence, etc…
Contrairement à ce que certains espèrent et/ou affirment, la population n’est pas bête. Elle sait que les mesures prises seront drastiques pour ses conditions de travail et pour son niveau de vie. Elle sait également que ni les patrons ni les politiciens ne feront les frais de cette politique. Dans une telle situation il n’y a pas 36.000 solutions. La lutte collective devrait offrir une issue, mais avec le sommet de la FGTB qui, en la personne de Mia de Vits, s’est littéralement conduit en vassal du pouvoir gouvernemental, il semblait ne pas y avoir de solutions. S’en remettre au SP.a/Spirit pour empêcher une nouvelle détérioration n’était pas plus réaliste: les ministres SP.a sont les meilleurs gestionnaires que le patronat puisse imaginer. En Wallonie et à Bruxelles, le PS l’a emporté malgré sa participation gouvernementale et bien qu’il ne fasse qu’un avec la politique néo-libérale. Comme le PS se présente comme le seul frein aux mesures brutales d’austérité dans le gouvernement, il a pu être le seul parti de la coalition à enregistrer une forte avancée.
Groen!. C’est avec une copie de la campagne de Tobback « le SP est nécessaire » qu’il a pu se rétablir spectaculairement de sa défaite de 2003. Vera Dua et Cie sont assez réalistes pour ne pas rempiler au gouvernement. Ce n’est pas le cas d’ECOLO qui souhaite une pariticipation malgré leur défaite des législatives en 2003 et malgré qu’ils n’aient pas su rétablir leurs position autant qu’ils le voulaient (ils perdent 11 sièges au parlement wallon et 7 sièges au parlement bruxellois). Une fois que l’on a gôuté au pouvoir, il est difficile de s’en passer! Si ils participent effectivement au gouvernement régional, ils auront fort à faire pour défendre leur positions dans des formations où ils auront le moins bon rapport de force. Groen! se rend compte qu’il lui serait fatal de participer à un gouvernement qui sera de toute façon fortement instable. Imagine-t-on pour autant que Groen! va organiser la résistance contre le pillage néo-libéral ? Groen! est contraint de rester dans l’opposition. Son plus grand concurrent, le SP.a/Spirit, est en position difficile. Groen! espère ainsi se refaire une santé avant de tenter à nouveau une participation gouvernementale.
En bref : la résistance collective semble en rade. Dans ces circonstances, beaucoup de gens se tournent – dans l’espoir de ne pas devenir une victime – vers de fortes figures qui tirent profit de l’offensive antisociale. Dewinter et le Vlaams Blok s’en sont fait une spécialité. Dehaene également, avec sa mine bourrue et son profil de bûcheur acharné. Si Le cartel CD&V-NV-A devient bel et bien la plus grande formation, il doit avoir le triomphe modeste. En 1999, le CVP récoltait seul 30 sièges, la Volksunie 12. Aujourd’hui le cartel doit se satisfaire de 35 sièges, dont 6 sièges pour le partenaire NV-A. Pour former une majorité, il faut 63 sièges. Seule une coalition CD&V-NV-A Vlaams Blok permettrait d’avoir une majorité avec deux formations. Le Blok devrait cependant faire beaucoup de concessions pour que le sommet du CD&V et surtout Yves Leterme, son président, se résolvent à rompre le cordon sanitaire. Vu que Groen! a fait le choix de l’opposition – à moins que, mis sous la pression, il ne retourne sa veste – il ne reste comme option qu’une tripartite classique.
Di Rupo a toute latitude de choisir entre le MR et le CDH. En guise de clin d’oeil vers le MOC (Mouvement Ouvrier Chrétien), de toute manière moins lié avec le CDH qu’en Flandre, une coalition rouge-romaine serait peut-être la meilleure option pour lui. Quoi qu’il en soit, le cartel CD&V-NVA est dans une position difficile pour manœuvrer dans les négociations communautaires comme la régionalisation d’une partie de la sécurité sociale et la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Un PS puissant va se positionner comme leader de la Communauté française. Il va argumenter que le gouvernement flamand veut imposer à la Communauté française une politique d’austérité antisociale. Si le PS est déjà d’accord avec une nouvelle réforme de l’état, il en exigera le prix fort dans les négociations. Avec de l’autre côté de la table une tripartite qui a comme seule opposition le Vlaams Blok et la petite fraction Groen!, Di Rupo sait que le gouvernement flamand ne dispose pas d’une assise solide. De plus, le patronat n’a pas non plus intérêt à voir s’installer une crise communautaire de longue durée.
Quel que soit le gouvernement qui émergera, les résultats électoraux n’offrent pas de base stable à la bourgeoisie pour prendre les mesures d’austérité qu’elle aurait souhaitées. Sa seule consolation est qu’il n’y a pas un seul parti dans le(s) parlement(s) qui soit prêt à défendre les intérêts des travailleurs et de leurs familles. Le contrôle de la base par les appareils syndicaux n’est pourtant pas total. Et cela se voit encore plus dans les faibles résultats de Mia De Vits pour le SP.a aux élections européennes. Si les travailleurs descendent massivement dans la rue, ils pourront contrarier temporairement l’offensive néo-libérale. Cependant, tant que nous n’aurons pas de nouveau un grand parti des travailleurs, l’offensive de la bourgeoisie repartira de plus belle
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Le PS et le logement. Marchands de sommeil et poudre aux yeux
LE PS SE fait fort de construire 3.000 logements sociaux par an. A Bruxelles, le Secrétaire d’Etat régional PS Alain Hutchinson cultive l’image de «Monsieur Logement social». Son Plan pour l’avenir du logement prévoit la création de 5.000 logements publics en 5 ans.
Thierry Pierret
C’est largement insuffisant pour résorber la pénurie de logements sociaux: 25.000 ménages bruxellois sont sur les listes d’attente! De plus, à y regarder de plus près, ces 5.000 logements ne seront publics que dans la mesure où ils seront bâtis sur des terrains publics que la Région mettra à la disposition du privé. Mais le privé n’acceptera de construire des logements que s’il peut en retirer des bénéfices, ce qui est incompatible avec la notion même de logement social.
Hutchinson se vante d’avoir obtenu une hausse de 12 millions d’euros pour la politique du logement en 2003. Mais de ces 12 millions d’euros, 6,9 millions seront affectés au Fonds du Logement qui accorde des prêts hypothécaires à des taux avantageux aux ménages à faibles revenus. Il est infiniment moins coûteux pour la Région d’accorder des prêts hypothécaires, fût-ce à des taux très bas, que de construire de nouveaux logements sociaux. Cette politique d’accès à la propriété n’augmente pas l’offre de logements alors que, de l’aveu même d’Hutchinson, il y a un manque criant de logements à Bruxelles. Les 5,1 millions restants ne serviront pas pour autant à construire de nouveaux logements sociaux. Le budget des Agences immobilières sociales, qui louent des logements privés pour le compte de leur propriétaire, a été quintuplé. De plus, le nouveau Code bruxellois du Logement prévoit un droit de gestion publique pour les logements laissés à l’abandon.
C’est-à-dire que la Région les met d’office en location et les rénove au besoin… aux frais du contribuable. Le loyer est versé au propriétaire indélicat qui s’en tire à bon compte. Le budget pluriannuel 2002-2005 prévoit une enveloppe de 198 millions d’euros pour la politique du logement à Bruxelles, soit une hausse de 21%. Cet argent sera versé aux Sociétés immobilières publiques (SIP) pour qu’elles rénovent leur parc de logements sociaux. En contre-partie, les SIP devront signer avec la Région un contrat de gestion où elles s’engagent notamment à atteindre l’équilibre budgétaire et à promouvoir la «mixité sociale». Cela signifie qu’elles vont rehausser le plafond de revenus pris en compte pour avoir droit à un logement social afin d’attirer des ménages plus fortunés.
Vu que l’offre globale de logements sociaux n’augmentera pas, ou si peu, cette politique ne fera que restreindre encore plus l’accès des plus pauvres au logement social. Bref, les marchands de sommeil ont encore de beaux jours devant eux.