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  • Contre les nouvelles attaques une stratégie résolue va être nécessaire

    La Banque Nationale veut la modération salariale, le FMI veut en finir avec l’index, le gouvernement veut un deuxième Pacte des Générations,…

    La direction syndicale utilise les actions du 8 décembre pour faire atterrir le mouvement. La FGTB déclare qu’il n’y a pas de place pour des actions à grande échelle à cause de l’attitude de la CSC. De plus, continue la FGTB, la CSC flamande freine la FGTB flamande. Toutes les vielles divisions remontent: FGTB contre CSC, Flamands contre Wallons. Résultat ? Le potentiel de l’énorme combativité à la base est bloqué alors que de nouvelles attaques contre les travailleurs se préparent.

    Tract du MAS

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    Le patronat récolte des cadeaux

    Il était initialement prévu dans le texte original du Pacte des Générations que le patronat reçoive – entre autre – 960 millions d’EUR de diminutions de charges. Pour faire accepter les timides adaptations au Pacte, le gouvernement a offert un nouveau cadeau aux patrons en ramenant le taux moyen d’impôts pour les entreprises de 34% à 26% !

    La faiblesse provoque l’agression

    La direction syndicale clame que des concessions aux travailleurs ont été faites durant les négociations pour le Pacte des Générations. Ces concessions sont utilisées pour arrêter toute action. Après quoi, le 15 décembre, le Parlement pourra approuver le Pacte des Générations.

    Mais les attaques que les travailleurs doivent subir sur leurs salaires, leurs conditions de travail, les prépensions,… ne seront pas finies pour autant! Maintenant que la direction syndicale bat en retraite, gouvernement et patronat vont être plus confiants pour leurs prochains projets d’austérité.

    Au récent congrès du VLD, un deuxième Pacte des Générations a été annoncé, une rumeur déjà entendue dans les milieux proches du SP.a. Le Fond Monétaire International a écrit dans son rapport sur la Belgique que le Pacte des Générations, bien qu’allant dans le bon sens, ne va pas assez loin. Le FMI propose, par exemple, de s’attaquer à l’index, ce que la Banque Nationale approuve au point d’en avoir averti la presse cette semaine. Le gouverneur de la BN propose de conclure pour cela un «Pacte de Compétitivité». Gouvernement et patronat préparent ainsi dès maintenant les prochains pactes contre les travailleurs et leurs familles.

    Ils sont aidés en cela par le refus des directions syndicales de transformer l’énorme combativité à la base en un plan d’action sérieux pour en finir avec le Pacte des Générations. En lieu et place d’un tel plan, ce sont des actions régionales et sectorielles qui sont mises en avant, pour que le mouvement aille vers la défaite en ordre dispersé. C’est un scénario d’atterrissage, pas un plan d’action. L’enthousiasme pour les actions du 8 décembre est donc assez limité dans bien des secteurs. Néanmoins, cette occasion peut être utilisée pour faire entendre plus largement la nécessité d’un plan d’action sérieux.

    6,4% des travailleurs sont pauvres

    Récemment, l’Université d’Anvers a publié une étude (Annuaire sur la Pauvreté et l’Exclusion Sociale) selon laquelle 15,2% des Belges étaient pauvres en 2003, chiffre allant jusqu’à 22,6% pour les plus de 65 ans. Même parmi les gens qui travaillent, 6,4% sont pauvres.

    C’est la conséquence de la flexibilité accrue et des boulots à bas salaire. Si le gouvernement parle aujourd’hui de création d’emplois pour les jeunes, ce n’est que pour offrir de nouveaux cadeaux au patronat sous forme d’attaques sur les salaires directs et indirects.

    Selon cette étude, l’augmentation de la pauvreté est renforcée, entre autres, par le manque de logements sociaux, mais aussi par la libéralisation du marché de l’énergie.

    Le désespoir mène à des solutions individuelles

    Face à l’échec du rejet collectif des attaques sur les fins de carrières, un nombre croissant de travailleurs se tournent vers des solutions individuelles. Selon Fortis et Delta Lloyd, il y a actuellement trois fois plus de plans d’épargne-pension qu’il y a un an. On peut comprendre l’inquiétude de ces travailleurs, mais le meilleur moyen de s’assurer un avenir reste de lutter tous ensemble pour défendre la sécurité sociale et les pensions.

    De l’autre coté, certains travailleurs peuvent passer à des actions isolées comme lors du rassemblement du 2 décembre à Liège, où les sièges du PS et du MR ont été saccagés. Nous comprenons la rage envers les partis traditionnels, mais nous pensons qu’il est plutôt nécessaire de mener des actions collectives à grande échelle.

    Le gouvernement et le patronat ne vont pas arrêter le mouvement, malgré la direction syndicale Les attaques du gouvernement et du patronat réclamaient un plan d’action sérieux et pas les actions dispersées actuelles. Mais les tentatives de faire atterrir le mouvement ne suffiront pas à le briser durablement. Les grèves du 7 et 28 octobre ont démontré la force des travailleurs. Une unité combative à la base a répondu à la division dans les sommets syndicaux. Le président de la CSC Cortebeeck a été à deux reprises rappelé à l’ordre par sa base.

    Beaucoup de travailleurs et leurs familles en ont assez des attaques néolibérales ininterrompues. Les nouvelles attaques annoncées vont mener de nouveau à la résistance et les leçons à tirer des grèves contre le Pacte des Générations vont jouer un rôle crucial dans celle-ci. Après les mobilisations contre l’accord interprofessionnel (culminant en une manifestation de 50.000 travailleurs en décembre 2004), on ne tient de nouveau pas compte des positions des travailleurs. Le MAS pense qu’il est nécessaire de construire un réseau de syndicalistes combatifs pour éviter que la direction syndicale ne puisse encore freiner la lutte.

    Bloquer le scénario d’atterrissage par une initiative à la base

    La seule manière d’enterrer ce Pacte des Générations est d’intensifier la pression à la base. Le scénario que veut la direction, celui d’une mort lente de la grève, peut encore être évité.

    Les rassemblements du 2 décembre et la «manif de jeunes visible et originale» du 6 décembre annoncée par Cortebeek n’ont été que des manœuvres destinées à détourner l’attention. Pour beaucoup de militants, il est temps d’envoyer balader les directions syndicales et leurs actions hypocrites.

    Les grèves sectorielles d’aujourd’hui sont primordiales. A cette occasion, il faut répondre à Cortebeek, au gouvernement et au patronat par des grèves massives et une mise sous pression de la direction syndicale pour que les actions se poursuivent après le week-end.

    Le gouvernement, le patronat et Cortebeeck espèrent nous démotiver et nous faire reculer, pour que nous abandonnions tout espoir. Ils peuvent toujours se brosser ! Et même si, cette fois-ci encore, le gouvernement s’en sort, de nouvelles attaques nous attendent dans les semaines et les mois à venir, auxquelles il faudra réagir. C’est pourquoi le MAS invite à construire un réseau des syndicalistes combatifs.

    FGTB/ABVV et CSC/ACV: rompre avec les « partenaires privilégiés »

    IL FAUT UN NOUVEAU PARTI DES TRAVAILLEURS !

    Tous les partis traditionnels approuvent la politique actuelle d’austérité. Dans l’opposition, le CD&V et le Vlaams Belang veulent des diminutions de charges supplémentaires pour le patronat et trouvent que le Pacte des Générations ne va pas assez loin.

    Un gouvernement avec d’autres partis traditionnels va de nouveau imposer des assainissements, contre lesquelles de nouvelles actions seront nécessaires. C’est avec de telles actions que les dockers ont stoppé depuis déjà des années la libéralisation du travail dans les ports. Chaque nouvelle tentative européenne de libéralisation se heurte à leur farouche résistance. Le résultat en est que la libéralisation prévue n’est toujours pas imposée!

    Contre ces attaques à répétition, il faut un programme syndical offensif. Dans les années 1950, la FGTB mettait en avant l’idée de «réformes de structures». Pourquoi ne pas passer à l’attaque avec des revendications comme les 32 heures par semaine sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires comme réponse au chômage, un impôt sur les grosses fortunes,…

    Le journal flamand De Morgen a écrit récemment que «ce gouvernement est confronté à une opposition extraparlementaire très forte, mais ce mouvement ‘de la rue et des usines’ ne reçoit pas d’écho parlementaire». Les partis au gouvernement soutiennent le Pacte des Générations, les partis d’opposition officiels trouvent qu’il faut aller plus loin. En somme, tous défendent une politique néo-libérale dont les ouvriers et leurs familles sont les victimes.

    Le MAS pense qu’il faut présenter des travailleurs aux élections. Des travailleurs qui, de par leur participation active dans les luttes contre le Pacte des Générations, soient un relais politique aux revendications du mouvement. Des réflexions à ce sujet pourraient être lancées par une conférence sur la construction d’une liste de gauche des travailleurs. Celle-ci devrait se baser sur une structure fédératrice ouverte, permettant la participation de travailleurs et de militants tant FGTB/ABVV que CSC/ACV ainsi que de forces de gauche.

    Le MAS veut populariser cette discussion et y travaille notamment avec une pétition pour un nouveau parti des travailleurs (voir : www.partidestravaileurs.be). Cette pétition est un instrument pour mener la discussion sur les lieux de travail et dans le mouvement syndical. Nous voulons ainsi proposer une orientation claire à tous ceux qui commencent à chercher un prolongement politique aux actions.

  • 700 manifestants contre le congrès économique du Vlaams Belang

    Environ 700 manifestants ont bravé le froid et la neige ce samedi 26 novembre pour manifester dans les rues de Gand contre le congrès économique du Vlaams Belang. Avec cette manifestation, nous avons montré que le programme économique du VB est un programme néoliberal et antisocial, qui n’a comme intention que de continuer à détruire les aquis sociaux des travailleurs et de leurs familles.

    Geert Cool

    Pendant que le VB prétend défendre les intérêts de ‘l’homme de la rue’, on voit en réalité que son programme veut surtout contenter les patrons. Dans la perspective d’une probable rupture du cordon sanitaire après les élections communales de 2006, le parti veut montrer au patronat qu’il est prêt à défendre ses intérêts. La contre-manifestation était donc aussi importante pour orienter la résistance contre le Pacte des Générations, contre la politique néolibérale actuelle et contre tous ceux qui trouvent que ce Pacte ne va pas assez loin. Blokbuster a appelé pendant des mois pour une contremanifestation et a reçu le support de differentes organisations, dont les syndicats. À la manif, Blokbuster et le MAS avaient donc aussi la plus grande délégation avec quelques centaines de personnes présentes.

    Au départ de la manifestation, Mil Kooyman de l’ABVV-Scheldeland a parlé. Il mettait en garde sur le fait que le Vlaams Belang n’est pas le parti n’est pas celui qu’il prétend être. Ensuite, Jo Coulier de l’ACOD-VUB, cofondateur de Blokbuster en 1991. a pris la parole. Il expliquait notamment les positions très dures que cache le VB par rapport aux syndicats. La manif a traversé quelques quartiers populaires, mais le parcours fut réduit à cause du mauvais temps. Nous avons terminé la manif avec deux discours, Boris Van Acker au nom de Blokbuster et Bart Vandersteene au nom du MAS. L’accent était mis sur le fait que le mouvement anti-raciste est maintenant, 14 ans après le premier Dimanche Noir (le 24 novembre de 1991, quand le Vlaams Blok a connu sa première percée électorale) devant un nouveau défi important. Dans le cadre d’une lutte ouvrière active, il est possible de pousser l’extrême droite à l’arrière-plan.

    Pour cette résistance active contre la politique néoliberale, il est nécessaire de construire une alternative politique qui est capable de donner aux travailleurs et leurs familles un instrument pour se battre. C’est pourquoi Blokbuster et le MAS trouvent l’appel pour un nouveau parti des travailleurs particulièrement crucial. En Allemagne, on a montré comment une nouvelle formation de gauche peut regagner une frange importante de l’électorat de l’extrême-droite. En Belgique, ce potentiel est également présent.

    La manif contre le congrès économique était un succès, et ce malgré les conditions pratiques qui faisaient que surtout des gens organisés y ont participé.Il est nécessaire de continuer sur ce succès pour redonner une nouvelle dynamique au mouvement anti-raciste.

  • Le mouvement ouvrier orphelin d’un prolongement politique. Pour un nouveau parti des travailleurs!

    Patronat et actionnaires ont soif de profits, et disposent d’un large choix pour relayer leurs désirs au gouvernement et au parlement afin de l’imposer aux travailleurs et leurs familles. S’il subsiste encore quelques différences entre les divers partis traditionnels, ce ne sont cependant que des nuances sur la méthode et la manière d’appliquer la volonté de la bourgeoisie. Pour les travailleurs par contre, de choix il ne reste guère, et s’il est nécessaire de trouver un relais politique aux luttes de la population, ce dernier est encore à construire. Le Mouvement pour une Alternative Socialiste / Linkse Socialistische Partij appelle à la formation d’un tel parti.

    Nicolas Croes

    Les grèves des 7 et 28 octobre ont démontré l’ampleur du mécontentement face au néolibéralisme. Bien loin d’être uniquement basées sur la thématique des fins de carrière, les discussions aux piquets de grève, lors de la manifestation du 28 à Bruxelles, ou encore durant les assemblées générales des syndicats ont clairement exprimé le ras-le-bol qui existe chez les travailleurs.

    C’est le résultat de vingt-cinq années où se sont accumulées les mesures de récession sociale mises en œuvre par des gouvernements de différentes coalitions mais dans lesquels les partis socialistes ont été présents pendant 17 ans! La même situation se retrouve dans les autres pays européens où les socialistes au pouvoir ont mené une politique d’austérité qui ne diffère guère de celle des partis de droite. Un peu partout ces dernières années, les travailleurs ont montré leur opposition à ces politiques au travers de manifestations et de grèves massives, et les PS ont perdu une grande partie de leur crédit.

    Un vide à gauche loin d’être unique à la Belgique

    Que se soit en Belgique, en Europe ou dans le reste du monde, la question de l’alternative politique face à l’impressionnant virage à droite des partis traditionnels de gauche est présente.

    Ainsi, en France, le désaveu du gouvernement PS-PC de Jospin s’est traduit aux élections présidentielles de 2002 par un vote de plus de 10% pour les candidats d’extrême-gauche (LO-Lutte Ouvrière et LCR-Ligue Communiste Révolutionnaire). Cette année, la victoire du NON au référendum sur le projet de Constitution européenne est largement dû à la campagne commune du Parti Communiste, de la LCR, de la gauche du PS, de syndicalistes et d’altermondialistes tandis que la direction et la majorité du PS appellaient à voter pour ce projet.

    Plus récement, ce 4 octobre, il y eu en France également une journée de grève générale, troisième journée d’actions nationales depuis janvier. Plus d’un million de travailleurs sont à cette occasion descendus dans les rues, chiffre impressionnant, mais qui n’a pas réussi à faire reculer le gouvernement. Comment expliquer cela si ce n’est en remarquant que si la revendication de la chute du gouvernement actuel ne pose aucun problème, celle de l’alternative à mettre en avant reste elle sans réponse. La combativité du Parti Socialiste est là aussi depuis longtemps un sujet de plaisanterie, dont on rirait de bon cœur s’il n’y avait autant de conséquences catastrophiques. Et l’absence d’une force politique unie à gauche du PS ne permet pas d’offrir une alternative à ceux qui veulent lutter, mais sont dégoûtés du PS.

    Lutte, solidarité et socialisme!

    Durant des décennies, les partis sociaux-démocrates, bien qu’ayant une direction clairement ralliée à la sauvegarde du système capitaliste, restaient tout de même autant de pôles d’attraction pour la majorité des travailleurs combatifs. Ceux-ci voyaient dans les PS, malgré leurs limites, l’outil pour gagner de nouvelles réformes et de nouveaux acquis. L’offensive néo-libérale entamée dès le début des années ’80 et accélérée par l’effondrement des régimes staliniens d’Europe de l’Est changea la donne, et ce fut de manière constamment plus ouverte que les partis socialistes se mirent à défendre les différents programmes d’austérité de la bourgeoisie « au nom de la raison ». Ce processus a pris évidemment des rythmes et des formes variables en fonction des différentes situations rencontrées dans chaque pays, voire même à l’intérieur de ceux-ci. Il est clair, par exemple, que le PS francophone n’a pas encore été aussi loin dans cette direction que le SP.a en Flandres.

    L’impact de cette orientation se fit sentir dans la composition des adhérents à la social démocratie. Alors que pour des travailleurs en lutte et cherchant un relais politique pour défendre leurs positions, il était jadis assez naturel de se diriger vers la social-démocratie, tel n’est plus le cas aujourd’hui. Pour ces travailleurs, seule reste la solution de créer eux même un nouveau prolongement politique.

    Pour les révolutionnaires, cette question de l’endroit vers où les travailleurs les plus conscients vont se diriger revêt une importance primordiale. Ainsi, nous avons longtemps travaillé au niveau international à l’intérieur des partis socialistes, jusqu’au début des années ‘90, dans le but non pas de redresser ces partis que nous savions irrécupérables mais dans celui de gagner à un programme marxiste révolutionnaire les représentants les plus avancés du mouvement ouvrier.

    Aujourd’hui, les militants syndicaux et les jeunes les plus combatifs se détournent de plus en plus du PS, mais nous ne pouvons espérer les gagner directement à nos idées socialistes révolutionnaires. L’offensive néolibérale initiée au début des années ‘80 continue, plus difficilement cependant, et a laissé de fortes traces. Est ainsi voilé actuellement et mieux que jamais ce qui fait la force du mouvement ouvrier: son nombre et son potentiel une fois uni. Bien au-delà de l’alternative socialiste à la société d’exploitation dans laquelle nous sommes, ce sont des notions élémentaires de solidarité qui sont maintenant considérées comme dépassées. Les travailleurs sans emploi sont isolés comme jamais auparavant, même à l’intérieur des syndicats, l’idée “chômeur= profiteur” est largement répandue, et le sexisme ainsi que le racisme continuent à diviser les travailleurs.

    Pour repopulariser ces notions de lutte, de solidarité et de socialisme, nous ne pouvons compter sur les médias bourgeois, plus que jamais omniprésents dans la vie de tous. Les révolutionnaires ne sont bien évidemment pas subventionnés par de grosses entreprises ou de riches exploiteurs comme le sont les partis traditionnels, et ce n’est pas par des campagnes de sensibilisation et de publicité que nous auront les moyens d’inverser la vapeur.

    Par quels moyens?

    Lors des mobilisations dans lesquelles les couches larges de la population sont investies, il est aisé de remarquer à quel point la réflexion sur cette société qui nous oppresse peut aller loin, et résister aux assauts des médias et des patrons, comme l’ont montré les campagnes contre la constitution européenne en France ou aux Pays-Bas. Alors que l’ensemble du patronat, des directions des partis traditionnels et de l’establishment étaient unis sous la bannière de l’Europe néolibérale, ils n’ont pas pu, malgré leur contrôle des médias, endiguer la contestation, et la constitution européenne a été rejetée. La différence s’est faite grâce aux mobilisations continues qui ont pris place en cette période, mais qui, hélas, sont retombées ensuite faute d’avoir un projet politique cohérent.

    C’est par ce biais que les travailleurs, en reprenant confiance en eux, peuvent le plus aboutir à la conclusion de la nécessité de renverser la société capitaliste. Les révolutionnaires ont un rôle essentiel à jouer, pour transmettre l’expérience des luttes passées, à travers leur analyse des erreurs et réussites commises auparavant, et ce que l’on peut en tirer pour les luttes du moment. Un parti révolutionnaire n’est en ce sens qu’un outil à prendre en main pour bâtir un monde débarassé de l’exploitation. Si un mouvement ouvrier en lutte se reconnaît ainsi dans un programme clairement socialiste, il devient alors une formidable force capable de recevoir enfin son dû.

    C’est pour cela que nous sommes présent sur le terrain des luttes, et pour cela aussi que nous voulons être partie intégrante des nouveaux partis des travailleurs qui émergent. Nous y défendons notre programme afin qu’il devienne celui de ces formations, qui, pour réellement défendre les intérêts des exploités, ne peuvent que changer de société.

    Un processus déjà en marche

    Dans plusieurs pays déjà, ce problème a été pris à bras le corps, parfois de manière fort différentes.

    Aux Pays-Bas, c’est sous la forme d’un ancien parti maoïste que cette initiative est née. Fin des années 80’, le SP abandonna ses thèses erronées sur Mao et Staline, et devint peu à peu un petit parti de masse, à l’intérieur duquel commençèrent à affluer une bonne partie des travailleurs les plus combatifs, et également d’autres organisations politiques défendant leurs positions respectives au sein de cette structure large. Hélas, la direction du SP a jeté le bébé avec l’eau du bain, et le socialisme et l’idéal révolutionnaire ont été progressivement abandonnés. Mais le SP reste un point de ralliement à gauche de la gauche traditionnelle hollandaise.

    Pour rester dans nos pays voisins, on peut encore parler de l’Allemagne, où le Linkspartei est issu des mouvements de protestation contre les plans d’austérités de Schröder. Ce nouveau parti a reçu plus de 4 millions de votes (8,7%) aux dernières élections de septembre pour sa première participation. Et ce dans un pays où la social-démocratie semblait plus forte que partout ailleurs.

    En Ecosse, le Scottish Socialist Party a attiré des milliers de jeunes et de syndicalistes tandis qu’en Angleterre également se développent discussions et initiatives pour créer quelque chose de semblable. Et l’on pourrait encore parler de Refondation Communiste en Italie, du Bloc de Gauche au Portugal, ou encore de l’Amérique Latine! Mais la création d’un nouveau parti des travailleurs n’est pas la garantie de son succès futur, et le travail de nos camarades allemands, hollandais, anglais ou brésilien est âpre, et se mène bien souvent contre les tentatives bureaucratiques de limiter le droit d’expression à l’intérieur de ces formations.

    Et en Belgique?

    Finalement, la seule chose qui explique encore le retard de la Belgique dans ce processus est son taux élevé de syndicalisation (de 69,2% en 2000) et concentré dans les deux principaux syndicats CSC et FGTB. S’en prendre aux travailleurs est donc potentiellement beaucoup plus dangereux, ce qui explique les difficultés qu’éprouve la bourgeoisie belge à appliquer son programme d’austérité à la rapidité et avec la violence que lui dictent les bourgeoisies étrangères. Dans ces conditions, le manque d’un relais politique pour le mouvement ouvrier commence à peine à se faire sentir chez les travailleurs.

    Mais les liens étroits qu’entretiennent les directions syndicales avec les partis sociaux-démocrates et sociaux-chrétiens ne peuvent être qu’un gigantesque frein pour l’avancée des luttes et la défense des intérêts des travailleurs.

    C’est pourquoi nous appelons les syndicalistes combatifs et tous ceux qui rejettent la politique du PS à s’unir pour exiger que les syndicats rompent avec ces représentants à peine déguisés du patronat et pour, ensemble, avancer vers la création d’un nouveau parti de gauche pour que celui-ci ne soit pas pris en main par des bureaucrates et des carriéristes mais qu’il soit démocratiquement construit par les travailleurs et les jeunes.

    Signez la pétition pour un nouveau parti des travailleurs

    www.partidestravailleurs.be

  • Plus de richesses…et plus de pauvres! Le mirage de l’économie de marché prend l’eau en Belgique également

    De Morgen titrait à la une du 18 octobre « Le fossé entre et riches et pauvres s’agrandit en Belgique » et de citer quelques chiffres : 15 % des belges vivent sous le seuil de pauvreté* et 7 % se trouvent dans la pauvreté pendant une longue période**. Selon le même article, ce taux de pauvreté était de 13 % en 2001. 32 % d’entre eux seraient des chômeurs. Mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’il ressort d’une autre étude – de la KBC cette fois – que la richesse des ménages a crû de 35% entre 2000 et 2004.

    Vincent Devaux

    Si cette dernière reste muette sur la répartition de cette richesse, un rapport réalisé en 1998 démontre que 30 % des Belges les plus riches détiennent 70 % du total des richesses.

    Conclusion : de l’argent il y en a, mais dans les poches d’une minorité! La bourgeoisie et le gouvernement violet n’en ont cure. Afin de préserver ses profits, elle n’hésite pas à s’attaquer à notre sécurité sociale.

    Le droitier Alain Minc résume bien la pensée de la bourgeoisie quand il dit sur RTL que le relèvement de l’âge de la pension est « absolument inévitable » et que « L’Europe a inventé l’économie sociale de marché ; pour qu’elle perdure, il faut qu’elle ne soit pas trop sociale ». En fait il veut dire pas du tout sociale! Car ce qui nous reste est du domaine de l’indigence. Et de faire l’apologie du ‘modèle scandinave’ – ‘la flexisécurité’- modèle également repris par l’Establishment. Ce qui entraînera d’un côté une explosion de ‘working poors’ (travailleurs pauvres) et d’un autre côté conduira directement les travailleurs de l’usine à la tombe.

    Dans un pays, la Belgique, où la sauvegarde d’une partie de la sécu ne s’est faite par le passé qu’au prix d’une atroce augmentation de la flexibilité. Mais pour une couche de plus en plus large de travailleurs et de jeunes, les mensonges du crédo néo-libéral ne passent plus. Au fur et à mesure que la bourgeoisie détricote « le côté social du système », que le pouvoir d’achat est raboté et que l’exclusion sociale explose ; de plus en plus de voix critiquent l’économie de marché. Cette critique qui a amené les « Non à la constitution » de nos voisins français et hollandais se traduit en Belgique par les importantes mobilisations de ces dernières semaines à l’occasion des grèves contre les réformes des fins de carrières. L’importance de ces mobilisations révèle un changement d’attitude chez les travailleurs, qui ne peut que se renforcer dans le futur.

    Le patronat le sait, en a peur et c’est pour cela que la FEB et d’autres organisations patronales ont usé de tous les artifices – y compris les huissiers – pour diaboliser les grèves. Nous ne sommes qu’au début de la reprise de confiance dans la lutte collective. Du défaitisme et du fatalisme caractéristiques de ces quinze dernières années en Belgique, nous nous acheminons vers une reprise des luttes revendicatives de masse. De plus en plus, l’idée d’une rupture avec le capitalisme va imprégner de larges couches; de plus en plus, les voix qui en appellent à un outil pour opérer cette rupture vont trouver un écho favorable.


    * En Belgique, être sous le seuil de pauvreté signifie avoir un revenu inférieur à 772 euros pour une personne isolée ou 1.622 euros pour une famille composée du père, de la mère et de deux enfants.

    ** c-à-d se retrouvent sous le seuil de la pauvreté 3 fois sur une période de 4 ans.

  • Redécouverte de mesures du XIXe siècle. Droit de grève en danger!

    Les semaines précédentes, patrons et politiciens se sont engagés dans une véritable offensive contre le droit de grève. Au nom de la sauvegarde du « droit au travail », on s’en prend aux piquets de grève. Le ministre de l’intérieur Dewael a déclaré que les actions de grève devaient se dérouler de façon « disciplinée », proposition approuvée par l‘ensemble des politiciens tandis que les patrons recourent à tous les moyens légaux pour casser les piquets de grève.

    Geert Cool

    Dans la semaine précédant le 28 octobre, il y eut grève chez Case New Holland à Zedelgem. Le patron de l’entreprise est allé au tribunal du travail avec une requête unilatérale et a obtenu des astreintes de mille euros par heure où un non-gréviste était empêché de passer à travers le piquet.

    Liberté de mener des actions

    La technologie juridique de pointe pour casser la grève est antidémocratique, le point de vue des syndicats n’est pris en compte dans la procédure de requête unilatérale. En outre, cela va à l’encontre de droits fondamentaux comme le droit de grève ou le droit à la libre expression qui comporte également la liberté de mener des actions.

    Plus d’une fois au cours de ces dernier mois, le droit à la libre expression fut bafoué. A Boechout, près d’Anvers, un bourgmestre libéral a décidé d’arrêter des anti-racistes parce qu’ils osaient exprimer leur opinion en public. A l’université de Gand, une campagne a été mise sur pied pour exclure les Actief Linkse Studenten (Etudiants de Gauche Actifs) parce que ceux-ci ont organisé des actions contre l’extrême-droite. Une partie de l’élite semble considérer que le droit à la libre expression s’arrête là où commence la critique de son point de vue.

    Les piquets de grève, et même les blocages de rue, font partie intégrante de la libre expression. La Cour Européenne de Justice elle-même, qui n’est pas là pour défendre des positions réellement socialistes, a stipulé que la liberté de manifestation (y compris les blocages de rue) ne peut être limitée que de façon exceptionnelle. La liberté d’expression a priorité sur la libre circulation des marchandises et des personnes, selon cette même Cour.

    L’élite politique et le patronat s’opposent à cela et la « justice » par requête unilatérale contre les piquets de grève va à l’encontre du verdict de la Cour Européenne de Justice.

    Un autre argument important est que le droit de grève est un conflit collectif qui n’est normalement pas censé être traité au tribunal, mais soumis aux pourparlers entre patrons et travailleurs. C’est la raison pour laquelle le droit de grève, dès sa reconnaissance formelle en 1919, n’a été que peut évoqué dans la législation belge.

    Le droit au travail?

    C’est justement cela que les policiens comme Rik Daems veulent remettre en cause en brandissant le « droit au travail ». Il déclare que le « droit de grève » se termine là où commence le « droit au travail ». Le « droit à la mobilité » doit aussi être respecté selon lui.

    Daems reproduit littéralement la base de la législation du XIXe siècle, c’est à dire la Loi Le Chapelier (en vigueur en Belgique durant l’occupation française fin XVIIIe), qui a même interdit l’organisation des syndicats. Selon cette loi, toute coalition de travailleurs « contre le libre exercice de l’activité industrielle » était contraire à l’ordre publique. C’est sur cette base que l’on s’attaqua aux grèves dès l’indépendance de la Belgique. Les syndicats étaient interdits, car le droit d’association se terminait là où commençait le droit au travail.

    En pratique, l’interdiction des piquets de grève signifie une interdiction de faire la grève. Et cette interdiction ouvre également la porte à une interdiction des actions collectives. Même les manifestations qui causent des « perturbations de trafic » peuvent être perçues comme obstacle au « droit à la mobilité ». L’appel de Daems, suivi par le patronat, est particulièrement dangereux et doit être combattu par tous les moyens nécessaires.

    Le droit aux actions collectives et les libertés syndicales ont été conquis par la lutte ouvrière. Les travailleurs revendiquaient le droit de se mettre en action collectivement pour construire ainsi un rapport de force. L’interdiction des actions de protestation, qui serait la conséquence directe des propositions de Daems, signifierait que toute forme d’opposition organisée serait muselée.

    Défendons le droit de grève

    Des travailleurs en grève ne peuvent faire appel ni aux politiciens des partis représentés au parlement, ni aux médias traditionnels. Ceux-ci se prononcent tous contre les revendications du mouvement. Comment, dès lors, les revendications des travailleurs, soutenues par la majorité de la population, pourraient-elles se faire connaître autrement que par le biais d’actions collectives ?

    Il faut réagir aux attaques contre le droit de grève! Une argumentation juridique peut être élaborée, mais la meilleure réponse est évidemment la solidarité. Les astreintes chez Case New Holland furent aussi en vigueur le 28 octobre, mais, comme le disait un délégué, les astreintes étaient inefficaces, tous le monde sans exception étant en grève.

    La défense du droit de grève doit être insérée dans le cahier de revendications des syndicats. A chaque attaque contre le droit de grève doivent répondre plus de grèves encore.

    Le droit de grève a été arraché par la lutte ouvrière et il perdurera aussi longtemps que nous serons résolus à le défendre!

  • Un grand succès pour les meetings sur le WASG et le Nouveau Parti des Travailleurs !

    Dans le contexte des deux grèves générales en Belgique et de la fracture de plus en plus grande entre la base syndicale d’un côté et la direction des syndicats avec les partis traditionnels de l’autre, le MAS a organisé 11 meetings à travers la Belgique sur les développements politiques en Allemagne et le WASG.

    Simon Van Haeren

    Ce nouveau parti anti-néolibéral a gagné, sur une très courte période, près de 10.000 membres et obtenu, en collaboration avec le Linkspartei (ancient PDS), 8,7% des voix. Lors de ce meeting, un orateur du SAV (section sœur du MAS en Allemagne) était présent. Il est entre autre conseiller communal pour la ville d’Aix-la-Chapelle et membre actif dans le WASG.

    L’introduction et la discussion ne se sont pas concentrées uniquement sur les points positifs de l’alliance entre l’ex-PDS et le WASG, comme la forte participation des membres (plus de 70% sont actifs) ; mais aussi les points négatifs, comme le rôle de la direction du PDS, qui a perdu une partie de la confiance des travailleurs par sa participation à des mesures d’austérité dans des conseils et gouvernements locaux. La question de la manière de construire et de renforcer un Nouveau Parti des Travailleurs, ici en Belgique, a pris une place importante dans le débat.

    A Bruxelles et ailleurs, il y eut beaucoup d’enthousiasme de la part des dizaines de participants. A la sortie des meetings, la motivation était grande pour diffuser notre pétition pour ce nouveau parti. Plusieurs militants syndicaux nous ont déjà contacté pour travailler avec cette pétition sur leur lieu de travail. Deux travailleurs de Bruxelles nous ont rejoins juste après la réunion. Il est clair que la nécessité d’une alternative aux PS et SP.a va être de plus en plus présente à l’avenir.

  • La base le demande: un plan d’action contre le pacte des générations!

    La mobilisation de ce 28 octobre a confirmé ce que la grève du 7 octobre laissait déjà penser: les travailleurs en ont assez de la politique du moindre mal qui les a obligé à avaler durant douze ans des plans d’austérité. L’arrogance du patronat, des politiciens et des journalistes sur le pacte des générations a toutefois obligé les appareils syndicaux à se mettre en branle. La base a prit cette opportunité pour pousser à aller encore plus de l’avant.

    Eric Byl

    Quelle surprise pour Verhofstadt et Co. Qui le pensait encore possible? En 1993 les travailleurs ont pris l’initiative eux-même contre le Plan Global. Mais cela se déroula dans le cadre de la chute de la monstrueuse caricature de socialisme à l’Est, le stalinisme, allant de pair avec une énorme offensive idéologique contre tout ce qui avait trait au socialisme et la lutte des classes. Cette période est maintenant derrière nous. La fable selon laquelle les efforts d’aujourd’hui vont assurer un meilleur avenir est décrédibilisée.

    Le gouvernement veut néanmoins appliquer son pacte des générations, pour " préparer le pays au vieillissement ". Sur ce phénomène circulent d’innombrables données. Apparemment le coût s’élèverait à 9 milliards d’euros vers 2030. Le gouvernement peut bien penser qu’on est tous des idiots, qu’on n’a rien compris à cause d’une mauvaise communication, que les syndicats ont menti,… mais on sait compter. Depuis 2000, les patrons ont reçu 23,3 milliards d’euros de diminutions de charges (voir le rapport n° 66 du Conseil National du Travail sur le financement de la sécurité sociale du 12 juillet 2005). Si le gouvernement, plutôt que de donner cet argent aux patrons, l’avait utilisé pour créer des emplois publics stables, les salaires de 155.000 travailleurs supplémentaires pendant 6 ans auraient été payés, et le problème du vieillissement pour la sécurité sociale aurait également été réglé.

    Tous les politiciens, au moins ceux qui sont représentés au parlement, sont bloqués dans une logique d’austérité néolibérale. Il n’est pas totalement exclu que le gouvernement fasse quelques concessions afin de sauver son pacte, mais cela ne peut servir qu’à diviser et à affaiblir le mouvement. Les syndicats ne peuvent pas se laisser prendre au piège. La base est claire: retrait du pacte des générations. Pour cela, il faut un plan d’actions de grèves régionales et provinciales, avec à une grève générale nationale de 48 heures, à commencer le 23 novembre quand le gouvernement va traduire son pacte en loi.

    Les syndicats vont devoir se confronter à leurs partenaires politiques "privilégiés", CD&V et CDh pour l’ACV-CSC et PS et SP.a pour la FGTB-ABVV. Le Setca Bruxelles-Hal-Vilvorde a déjà appelé la FGTB à retirer ses représentants de la direction du PS et du SP.a. La délégation FGTB de Agfa appelle la FGTB à couper les liens avec le SP.a. Dans bien d’autres endroits cette même discussion est relayée. Cela supprimera un énorme frein à l’action, mais ne suffira pas. Les syndicats doivent proposer leur propre alternative au pacte des générations. En 1954 et 1956, la FGTB proposa des réformes de structure irréversibles comme alternative à la politique du patronat. C’est d’une telle alternative qu’il faut discuter aussi aujourd’hui.

    De toute façon, les travailleurs ont besoin d’un parti qui traduit leurs revendications sur le plan politique. Certains mènent un combat d’arrière-garde dans l’espoir de faire changer d’esprit le PS et le SP.a. C’est l’énième tentative honorable, mais ils se trompent. Le MAS n’est pas seul à regarder au dehors des frontières de la Belgique, et tous peuvent voir comment de nouvelles formations politiques commencent à remplir le vide à gauche. Selon nous, il faut marcher sur ce chemin ici aussi.

    Si la FGTB et la CSC lançaient une telle initiative en commun, cela aurait immédiatement un énorme impact. Pour stimuler ce débat, le MAS a lancé une pétition pour un nouveau parti des travailleurs, à coté de la construction d’un réseau syndical. Un tel parti serait évidemment un reflet de la conscience générale du mouvement ouvrier. Un programme socialiste révolutionnaire comme celui du MAS ne pourrait en ce moment qu’en toucher une minorité. Un tel parti serait toutefois un forum pour l’action et le débat politique, et vu que la conscience politique est formée d’actions, cela pourrait élargir considérablement l’intérêt envers notre programme. Un nouveau parti des travailleurs répond aux besoins actuels des travailleurs et de leurs familles. Contrairement à ce que colportent certains, ce n’est pas un concurrent pour les organisations socialistes révolutionnaires existantes, mais justement un instrument qui peut nous offrir l’audience qui nous a manqué durant des années.

  • Belgacom. Une santé prise sur celle des travailleurs.

    Secouée par une grève ce mardi 11 octobre, l’entreprise cultive depuis longtemps le mépris des travailleurs…

    La crise est là, bien là, et cause de tout les maux que doivent subir les travailleurs. C’est du moins se qu’assènent sans relâche patronat, médias et politiciens. On en appelle ainsi à la raison de la population, ou plutôt à sa résignation, afin de sauver une économie nationale malade de l’infâme concurrence des autres pays, et parmi eux tout particulièrement les pays « en voie de développement ». Ces mêmes chevaliers du système passent d’ailleurs allègrement sur le fait que si effectivement développement il y a dans le monde néo-colonial, c’est avant tout celui de la misère et de l’exploitation.

    Nicolas Croes

    Pourtant, cette crise dont on nous parle tant, cette crise qui « oblige » les laquais du capitalisme qui nous servent de gouvernant à aller toujours plus loin dans la chasse aux acquis des travailleurs, cette crise-prétexte, ne touche pas tout le monde. Elle est même assez sélective. Solvay, InBev, Mobistar, Belgacom et autres entreprises phares de la Belgique ont cumulés de juteux bénéfices. Fortis a ainsi augmenté son bénéfice de 53% entre 2003 et 2004… Pas de raison de s’en prendre aux travailleurs, donc. Pourtant, la réalité est aussi éloignée de ce raisonnement que ne l’est la démocratie de la société actuelle.

    Un cadeau aux actionnaires privés payé par l’argent de la collectivité

    Prenons l’exemple révélateur de Belgacom.

    Bien loin de connaître la situation déficitaire de France Télécom ou de KPN, les télécommunications hollandaises, Belgacom a réalisé en 2004 un bénéfice de 922 millions d’euros, augmentation de quelques 636% ( !) comparée à l’année précédente. Que peut faire une entreprise avec autant d’argent ? Augmenter le salaire des travailleurs ? Leur bien-être au travail ? Que nenni ! Il est bien plus utile de reverser 75% de cette somme, soit à peu près 700 millions d’euros, à la poignée de charognards que l’on appelle pudiquement des actionnaires. Ceux-ci n’ont pourtant pas dû attendre tout ce temps pour être récompensés de leurs « efforts » (qui ne consistent en définitive qu’à investir, en étant plus qu’assurés du zèle que la direction emploiera à les remercier).

    Fin 1995, Elio Di Rupo entreprit une « consolidation stratégique » de Belgacom, et offrit au privé la moitié du capital de l’entreprise. Mais l’Etat sut être encore plus généreux. Toujours prompt à vouloir appliquer les réformes européennes quand elles touchent les travailleurs, le gouvernement eut par contre plus d’un an de retard pour appliquer la réforme du marché des télécommunications, c’est à dire l’entrée en lice de concurrents face au monopole de Belgacom, qui put ainsi mieux se préparer. Quant à la privatisation de l’entreprise, afin d’avoir les mains libres pour l’effectuer, le gouvernement « arc en ciel » (socialistes, libéraux et écologistes) fit passer une loi lui permettant de l’organiser sans aucun contrôle parlementaire. Rien de mieux pour démontrer, si besoin était encore, qu’aucune illusion ne peut exister quant à l’utilité d’un parlement bourgeois pour défendre les intérêts de la population.

    De son côté, la direction de Belgacom, afin d’augmenter les bénéfices et donc les dividendes versées aux actionnaires, décida de réduire les coûts salariaux. Cependant, la plus grande partie du personnel était statutaire. Encore actuellement, après toute l’énergie déployée pour se débarrasser du plus grand nombre possible, 70% des employés sont toujours dans ce cas. Ces travailleurs ne pouvaient que s’attirer la hargne des dirigeants de Belgacom, car à leurs yeux, les défauts des statutaires ne sont pas des moindres. Non seulement leur salaire est plus élevé que celui des contractuels, mais de plus ne peuvent ils être licenciés que pour faute grave. Raison pour laquelle, par exemple, aucun statutaire ne fut engagé à Liège depuis 1980. Ceux qui restent ont donc en plus une prime d’ancienneté non négligeable. Que demander de plus pour les prendre en grippe quand on est actionnaire et uniquement motivé par la soif de profit ?

    Max Jadot, Managing Director Investment Banking à la Fortis Banque, à propos et à l’époque de l’entrée en Bourse de Belgacom :« Il y a toujours des cycles positifs et des cycles négatifs. La bourse n’a cessé de baisser depuis trois ans. Les cycles positifs vont revenir un jour. Mais je ne peux pas dire quand la tendance sera à nouveau fondamentalement positive pour les marchés ».Qui mieux qu’un expert pouvait nous expliquer aussi clairement à quel point le capitalisme est imprévisible et incontrôlable? On nous demande donc un acte de foi pendant que les travailleurs trinquent et servent de fusibles…

    D’autant plus que se profilait alors la tant attendue entrée en Bourse de Belgacom. Celle-ci fut effectuée en 2004, avec le soutien énergique du ministre Vande Lanotte. Rappelons que ce dernier se réclamait, et se réclame toujours encore, du socialisme, et est depuis devenu président des soi-disant « socialistes » flamands. Tout comme Elio Di Rupo du côté francophone. Cela prêterait à rire s’il n’y avaient eu autant de sacrifiés à l’engraissement de quelques méprisables. Des 25.000 travailleurs en 1996, appelés « collaborateurs » dans le jargon (comme si ces derniers avait un quelconque mot à dire), il n’en reste plus aujourd’hui que 16.300.

    Pour précipiter le départ des travailleurs, tout les moyens sont bons.

    Le cas d’une employée nous fut relaté. Celle-ci se distinguait par son opposition au nouveau rythme de travail imposé par le premier plan de départ « volontaire ». Un jour, alors que sa journée de travail venait de toucher à sa fin, elle croisa son responsable, qui la convoqua « pour lui poser quelques questions ». Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle se rendit compte que c’était un véritable tribunal qui l’attendait, composé de l’entièreté des petits chefs de son secteur. Ces derniers l’on littéralement assaillie de questions sur ses réflexions, celles qu’elle avait entendues de ses camarades… Elle sut partir de suite, plus rien ne l’obligeait à rester ses heures terminées. Mais le harcèlement dont elle était victime continua, elle connu par la suite une dépression et sombra dans les médicaments.

    Le bilan est lourd. En moins de dix ans, la privatisation aura fait perdre l’emploi de près de 10.000 personnes, mais aura par contre rapporté 4,25 milliards d’euros aux seuls actionnaires privés.

    Les plans PTS, BeST, ou comment maquiller un licenciement

    Cette douloureuse épreuve pour les travailleurs de belgacom commença en 1998 avec le plan BTS (People, Team & Skill). Selon celui-ci, tout qui pouvaient aligner 50 ans minimum et 20 ans d’ancienneté avait l’opportunité de partir en prépension. Mais ce plan de départ qui devait être volontaire fut appliqué à coup de pressions plus honteuses les unes que les autres (voir l’encadré, qui n’est qu’un exemple parmi tant d’autres). Certains secteurs virent leur prestation de nuit supprimée, ce qui signifia surtout une perte de prime sans compensation salariale.

    De telles pratiques ne pouvaient rester sans réactions, et en mars 1998, un mouvement de grève éclata. Mais les retouches concédées par Belgacom n’étaient que cosmétiques, et de nouvelles actions se déroulèrent à Liège dans le courant du mois de juin. Afin de sortir de leur isolement, les militants CGSP liégeois tentèrent alors de prendre contact avec les travailleurs des autres régionales pour les mobiliser également. Soudain, le président de la régionale CGSP de Liège et son vice-président furent exclus de la FGTB. En distribuant un tract à la base, chez les travailleurs, ils n’avaient pas respecté la « démocratie » interne, qui voulait que l’on s’adresse à la hiérarchie. En langage bureaucratique, un appel à la base est donc qualifié d’anti-démocratique… Et nul n’est à l’abri de représailles, aussi haut soit-il. On comprend toutefois mieux cette réaction de l’appareil syndical en sachant que le ministre en charge des télécommunications de l’époque n’était autre qu’Elio Di Rupo, appelé à devenir président du Parti « Socialiste » l’année suivante. Bel exemple de solidarité messieurs, mais dans le mauvais sens.

    4/10

    C’est le nombre de travailleurs qui connaissent des problèmes de santé liés directement (23%) ou indirectement (76%) au stress. Chiffre en deçà de la réalité de Belgacom, qui serait l’entreprise au plus haut taux d’utilisateurs de tranquillisants. Plusieurs travailleurs se sont déjà suicidés, dont l’un au sein même du siège de l’entreprise liégeoise.

    Quand au résultat de ce plan, le mieux est encore de laisser parler Belgacom : « Longuement négociée avec les trois organisations syndicales, dans un remarquable climat de sérénité sociale, l’opération a débouché sur un total succès puisque 98% des collaborateurs concernés (6.300 personnes)ont choisi d’accepter l’offre.(…) La reconnaissance des services rendus par les collaborateurs tout au long de leur carrière a été le souci permanent qui a guidé cet important projet » (souligné par nous). Tant de cynisme se passe de commentaires.

    Ce « succès » gonfla l’arrogance et la confiance de la direction, qui lança début 2001 le plan BeST (Belgacom e-business Strategic Transformation), qui avait pour but officiel de mieux préparer l’entreprise à se tourner vers le marché Internet. Face à la concurrence et à l’érosion de la téléphonie fixe, Belgacom se devait de trouver de nouveaux débouchés, de nouveaux domaines. Cela aboutit au lancement d’une télévision numérique ou encore à la tentative récente de reprise de Télindus (une société de gestion de réseaux internet et intranet).

    Ce plan ne se différenciait pas fondamentalement du précédent en terme de « départ volontaire », et à l’issue de celui-ci, 4.100 travailleurs manquaient à l’appel chez Belgacom. La direction déclara à l’époque, et nous ne pouvons qu’être d’accord avec ces paroles, que le plan BeST s’inscrivait pleinement dans la politique d’Etat social actif poursuivie par le gouvernement. Des POOL furent créés, sortes d’équipes volantes passant d’un endroit à l’autre, et composés à majorité de travailleurs statutaires dont l’ancien travail, loin d’être supprimé, était effectué par des contractuels. Les exécrables conditions de travail de ces POOL furent pour beaucoup dans le succès du plan de départ. Cet impératif de réorganisation du travail fut expliqué par le fait que « les travailleurs de belgacom sont en queue de peloton en matière d’efficacité » (Mémorandum Management de Belgacom, 2001). Ils l’avaient pourtant été assez que pour augmenter les bénéfices de l’entreprise de 11% l’année précédente, en 2000…

    La « réussite » des deux plans n’empêche pas de nouvelles attaques

    Un dizaine de milliers de « collaborateurs » en moins, donc, sans parler de l’incroyable pression subie par les travailleurs restant. Pourtant, au premier janvier 2004, après les plans BTS et BeST, Belgacom déclarait avoir encore dans ses rangs un excédent de 7 à 800 employés. L’entreprise, toujours majoritairement aux mains de l’Etat (la moitié des actions, plus une) déclara qu’elle souhaitait voir ce surplus recasé dans d’autres secteurs à la charge de l’Etat, revendication déjà ancienne de la direction.

    Un autre plan fut donc conçu, à l’origine de la grève du 11 octobre. Celui-ci vise 550 travailleurs, parmi lesquels 500 statutaires mis en « disponibilité structurelle » pour deux années, avec 75% de leur salaire. A ce propos, Michel Neufcoeur, (CSC Transcom) déclara : « C’est une formule récurrente. Quand le dossier des 500 premiers statutaires sera bouclé, Belgacom passera à d’autres. » Un bref coup d’œil sur le passé de l’entreprise ne peut que lui donner raison. Les 50 contractuels auront eux moins de « chance », il est tout simplement prévu de les licencier. Selon le TIJD, journal flamand essentiellement financier, belgacom voudrait même supprimer progressivement et par voies diverses 2000 emplois supplémentaires, soit quelques 12% des effectifs actuels. Il faut dire que les cours de la Bourse se dopent au licenciement, et la réduction des coûts salariaux est toujours bien accueillie par les actionnaires, qui voient leurs dividendes augmenter en conséquence.

    La CSC fut néanmoins le seul syndicat à claquer la porte des négociations. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi la FGTB est muette à ce sujet quand on connaît la manière dont la haute bureaucratie FGTB régla le sort des responsables liégeois CGSP lors du premier plan. L’exemple fit date. Quant au syndicat libéral, ces deux mots ont du mal à vouloir dire quelque chose mis côte à côte.

    A l’appel de la CSC Transcom, les travailleurs partirent en grève, et organisèrent des piquets, également afin d’informer les travailleurs des autres syndicats pour qu’ils puissent faire pression sur leurs bureaucraties. Ce qui, pour ce que nous avons pu en voir à Liège, eut un certain succès. Thierry Bouckaert, porte-parole de belgacom eut pour réaction de déclarer que « la grève n’a pas eu un impact considérable ». Habitué à se faire porte voix de mesures d’austérité d’une si grande ampleur, il est compréhensible qu’il en faille beaucoup pour l’impressionner… et aucun changement n’est actuellement survenu.

    La solution, seul les travailleurs la détiennent !

    La vie des travailleurs ne vaut pas grand chose dans le cadre du capitalisme. Alors que les richesses produites sont l’œuvre de NOTRE labeur, dans le meilleurs des cas ne sommes nous considérés que comme des consommateurs, justes bons à faire fructifier les bénéfices d’une infime minorité de nantis.

    L’acceptation de cet état de fait a transformé les vieilles organisations ouvrières en gestionnaires, voir en médecin du système. C’est en fonction de ses besoins que les « solutions » sont ébauchées au sein de la social-démocratie et de la bureaucratie syndicale, et non en fonction des intérêts des travailleurs.

    Malgré tout, cette situation n’est pas destinée à être éternelle. L’Allemagne montre le potentiel qu’un nouveau parti des travailleurs se basant sur les couches combatives des syndicats peut obtenir. De création récente, le Parti de gauche (Linkspartei) a néanmoins obtenu 8,7% lors des dernières élections, malgré une omniprésence séculaire du SPD (collègues du PS en Allemagne). Si le programme de la formation n’est encore qu’anti-néolibéral et non clairement socialiste et anticapitaliste, c’est une opportunité pour les travailleurs de réinvestir le terrain politique. Les « professionnels » de ce domaine, les politiciens, démontrent tout les jours suffisamment à quel point se sont eux qui devraient être licenciés, et c’est au cours de mobilisations et d’interventions que la conscience des travailleurs augmentera, en sortant chacun de son isolement. Nos camarades allemands du SAV interviennent dans ce processus avec une orientation marxiste et révolutionnaire, et nous brûlons de faire de même ici en Belgique.

    Les méfaits du capitalisme se répandent comme la pire des maladies, et ses vecteurs sont nombreux. Aujourd’hui, Bernard Delvaux.

    En 2000, il se retrouva à la tête d’une division de Belgacom. 2.700 personnes ont ainsi pu profiter de ses riches idées, et reçurent des terminaux mobiles pour recevoir leurs ordres de travail de n’importe où. L’équivalent du trop tristement connu des postiers Georoutes. La productivité de la division augmenta légèrement, sans commune mesure avec le stress et le malaise au travail. Mais qu’importent à un tel personnage ce genre de considérations ?Belgacom le remercia à la hauteur de ses mérites, en lui confiant la gestion du projet de BeST, qui coûta 4.100 emplois. Il faut dire qu’il avait déjà participé au plan précédent, mais à un échelon moindre. Tout cela avant d’être chaleureusement accueilli au comité de direction de La Poste, début 2004. Depuis, la privatisation de La Poste a été annoncée. A l’époque, celui qui avait déniché la perle avait déclaré : « C’est une perte pour Belgacom, mais un gain pour La Poste ». Cela dépend évidemment de quel côté l’on se place, et celui-là n’est pas le nôtre…

  • Grève à Bruxelles. Quelques rapports

    Les membres du district de BXL-Brabant-wallon du Mouvement pour une alternative socialiste sont intervenus à différents piquets de grèves importants. En voici quelques rapports.

    Piquet à Delta

    Ce matin, nous nous sommes rendus avec 4 camarades au piquet du dépôt de la STIB à Delta. C’était un petit piquet, certainement si on le comparait avec celui de la grève du 7 octobre, seulement composé de militants de la CGSP et un militant de la CCSP, qui est venu plus tard. Selon un délégué de la CGSP, le piquet à la STIB n’était qu’une formalité, en tous cas, 95% du personnel faisait grève.

    Ce matin, maximum 5 bus sont partis entre 5 et 8h. Sur le piquet, il y avait une discussion sur le résultat attendu par cette journée d’actions. Tout le monde était d’accord que la manif ne serait pas assez pour faire changer d’avis Verhofstadt et Co, et pour faire tomber le gouvernement. En fait ces deux éléments étaient selon eux intrinsèquement liés. Tout le monde était d’accord que si le gouvernement tombe et est remplacé par une coalition rouge-romaine, le même programme d’austérité sera appliqué. Personne n’était opposé au fait que le FGTB doit casser ses liens avec le PS, même si certains n’étaient pas vraiment convaincus de ça. Certains avaient déjà entendu parlé du Linkspartei en Allemagne, et étaient d’accord de dire qu’un tel développement était également nécessaire en Belgique. Mais personne n’avait une idée concrète la-dessus.

    A Delta, le 7 octobre, la FGTB avait organisé un blocage du ring. La police avait ce jour là essayé de convaincre les militants de faire un blocage filtrant, dans le sens que filtrant pour eux était que tout le monde puisse passer. Et comme si la police voulait faire la paix après les menaces du patronat et du ministre Dewael, ils bloquaient eux-mêmes la route, suivis par la remarques des grévistes : « Est-ce qu’ils vont faire le boulot à notre place? »

    Après ça, un chef de police est venu demander si on ne voulait pas distribuer des tractes, pendant que 30 policiers réglaient la circulation. Soudainement il y eut la confusion au piquet , mais beaucoup de militants allaient quand même prendre place sur le carrefour. Très vite, les militants finir par comprendre que la police voulait en fait éviter un piquet « dur » en changeant les militants en gentils distributeurs de tracts. Après 10 minutes, la distribution était finie, et les policiers furent obligés de se promener un peu sur le trottoir pour passer le temps.

    Au moment du départ vers la Gare du Nord pour la manif, il était clair qu’il n’y aurait pas de bus ou de tram aujourd’hui. Sur le chemin, on rencontrait beaucoup de piquets, avec aussi beaucoup de chasubles vertes. Il est clair que Verhofstadt devait comprendre que ce ne sont pas les grévistes qui sont isolés dans la presse, mais lui, le patronat, et leurs représentants politiques ainsi que leurs clercs …

    VW

    Le piquet de grève sur VW Forest rassemblait une petite centaine de travailleurs affiliés aux trois syndicats. Nous y sommes intervenus vers 5h du matin. Nous avons donc pu toucher l’équipe de jour sur le piquet mais également l’équipe de nuit qui finissait son travail et allait revenir le soir pour à son tour faire grève. Nous avons distribué un tract appelant à la création d’un nouveau parti des travailleurs et nous avons pu discuter avec quelques travailleurs sur la nécessité de rompre avec les partis politiques censés représenter nos intérêts.

    STIB HAREN et ZAVENTEM

    Ce vendredi matin, nous nous sommes rendus au piquet du dépôt de la STIB à Haren. Le faible nombre de grévistes présents sur le piquet était largement compensé par une atmosphère très combative. Notre tract fut assez bien reçu et tous étaient d’accord avec le mot d’ordre de chute du gouvernement. La grogne des travailleurs était ici renforcée par les effets de la politique d’austérité menée par la direction de la STIB ; en effet, la flexibilité a considérablement augmenté ces dernières années dans l’entreprise publique et la pression mise sur les épaules des chauffeurs est devenue intenable. Un contrôleur qui sortait du dépôt nous expliquait son amertume de ne pouvoir participer à la grève, du fait que, comme tous les autres contrôleurs et comme lors de la grève du 7 octobre, ceux-ci ont été réquisitionnés par la direction pour effectuer les tâches ingrates.

    Après cela, nous nous sommes dirigés vers la zone de l’aéroport de Zaventem où beaucoup d’entreprises de transport ou de services au sol (TNT, DHL, Aviapartners,…) étaient à l’arrêt. A un carrefour, une vingtaine de travailleurs de différentes entreprises de la zone bloquaient le passage aux voitures. Tout comme à la STIB, la solidarité entre les travailleurs surplombait les divergences syndicales alimentées par leurs directions respectives. La police ne tarda pas à débarquer et à rappeler du renfort pour dégager la voie; les grévistes durent dès lors se résoudre à un barrage filtrant, le rapport de force ne jouant guère en leur faveur. La grande majorité des automobilistes manifestaient clairement des signes de sympathie avec les travailleurs en lutte et là aussi, la combativité des grévistes ne faisait pas défaut. « Le pacte des générations, c’est plus de pauvreté pour les travailleurs, et de nouveaux cadeaux pour les patrons ! », s’exclamait un délégué Setca en distribuant des tracts aux conducteurs. Voilà assez bien résumé les perspectives que nous réserve ce gouvernement…

    ULB

    Ce vendredi 28 octobre, la communauté universitaire avec les syndicats avaient décidé de bloquer l’accès à l’ULB. A 4h45, les Etudiants de Gauche Actifs ont bloqué l’entrée du bâtiment du personnel d’entretien de l’université avec le soutien de la CNE. Vers 5h30, syndicats et étudiants étaient nombreux à monter des piquets tout autour du campus. L’université a ainsi été totalement bloquée jusqu’à 10 heures du matin, heure à laquelle nous sommes partis rejoindre la manifestation nationale gare du Nord. EGA va continuer à informer et organiser les étudiants sur une base anticapitaliste, en liant les attaques que les étudiants et le personnel de l’université subissent, avec la nécessité d’une riposte unifiée du monde du travail. De plus nous sommes convaincus qu’une organisation de lutte est nécessaire, c’est pourquoi nous appelons tous ceux présents lors de la grève à nous rejoindre.

    VUB

    Des militants de la CGSP-VUB et des étudiants d’EGA et du MAS se sont rassemblés à partir de 7h30 au resto de la VUB pour annoncer la grève et les raisons de celle-ci ainsi et pour appeler à manifester. On a tenu un stand dans le resto, accroché des banderoles et des groupes de militants se rendaient aux différents services du personnel pour discuter avec (ceux qui travaillaient) sur les arguments mensongers du gouvernement concernant les pré pensions et la sécurité sociale et pour essayer de les convaincre d’arrêter le travail et de nous rejoindre pour la manifestation. On pouvait ressentir le grand soutien qu’il y avait parmi ceux qui n’étaient pas en grève pour les actions contre les plans d’austérité du gouvernement, mais tous n’étaient pas convaincus des possibilités de gagner par la lutte. Avec un groupe d’environ 25 personnes on a participé à la manif. C’étais une fois de plus très clair qu’avec un plan d’action à long terme – avec l’objectif d’arrêter les réformes intégralement et ce jusque à la chute du gouvernement, tous ensemble avec de revendications offensives – encore beaucoup plus de gens peuvent être impliquer dans le combat !

    WAVRE

    Les camarades de la section de Wavre sont intervenus sur les grandes surfaces de Wavre le vendredi matin avant la manifestation à Bruxelles. Les petites boîtes ne faisaient pas grève. Sur le site, où il y a une vingtaine d’entreprises différentes, seuls les travailleurs de Brico, une partie de ceux de Carrefour (50%) et les employés de Lunch Garden sont partis en grève et sont venus à la manifestation. La première rencontre que les camarades ont faite, a été une voiture de police qui vérifiait qu’il n’y avait aucun piquet bloquant. Ils nous ont averti que bloquer une entrée d’une entreprise, même en cas de grève était illégal et qu’un huissier attendait sur le parking pour intervenir en cas de piquet bloquant. Mais les travailleurs de Brico et de Lunch Garden s’étaient bien préparés aux attaques patronales contre le droit de grève. Ils ont mobilisé toute la semaine pour la grève et la manifestation à Bruxelles. Résultats : à Brico, seuls trois employés, les cadres supérieurs venaient travailler ; chez Lunch Garden, seuls une cadre est venue pour travailler. Bien qu’il n’y eu pas de piquet, les travailleurs se sont rassemblés devant leurs magasins pour prendre les cars.

    A travers tous ces piquets, en revendiquant la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs, nos militants ont été très bien reçus. Nous appelons chacun de ceux qui lisent ce rapport, qui ont discuté avec nos camarades, qui ont reçu notre tract, à se rendre à nos meetings sur la question d’un Nouveau Parti des Travailleurs afin d’en discuter sur base d’un exemple concret qui est le WASG, et ce avec un de nos camarades du SAV (section sœur du MAS en Allemagne) élu au conseil municipal d’Aix-la-Chapelle et membre du WASG.

    Informations pratiques:

    > EUPEN. Mercredi 26 octobre. Salle de Kolping 19h. Bergstrasse 124, Eupen

    > BRUXELLES. Mercredi 2 novembre. Pianofabriek 19h. Rue du Fort, 35 St-Gilles. (tram Parvis)

    > LIEGE. Mardi 8 novembre. ULg, site du 20 Août, 19h. Salle Grand Physique

  • La résistance contre le “pacte des générations” est loin d’être isolée!

    Manifestation à Bruxelles du 28 octobre

    Pour la grève de la FGTB du 7 octobre, les politiques et les médias ont clamé en coeur que la FGTB était isolée avec sa résistance contre la ‘nécessité’ de travailler plus longtemps. Aujourd’hui, ce qu’on a vu à Bruxelles montre que cette résistance n’est pas isolée dans la société. Plus de 100.000 manifestants ont répondu à l’appel du front commun et marché sur Bruxelles lors d’une des plus grandes manifestations syndicales des ces dernières années.

    Geert Cool

    Dans la manifestation, on ressentait une forte combativité. Le gouvernement peut bien se dire que la résistance n’a pas d’utilité et que Verhofstadt peut donc aller en vacances, cela ne va pas pour autant assouvir la colère des masses. Actuellement, les travailleurs en Belgique sont pressés comme des citrons, le taux de productivité se trouve en effet à un taux particulièrement haut. Et on devrait travailler encore plus longtemps? Dans la pratique, la diminution progressive de l’accès à la prépension à 58 ans est inacceptable pour des dizaines de milliers de travailleurs syndiqués. La détermination des manifestants est renforcée par l’offensive des politiciens et du patronat contre le droit de grève. Il y a eu cette semaine des astreintes contre un piquet de grève chez Case New Holland à Zedelgem. Aujourd’hui aussi, des astreintes sont tombées, mais les délégués ont déclaré que ces astreintes n’auraient pas d’impact car il n’y avait aucun non-gréviste. C’est la meilleure réponse aux attaques contre le droit de grève. Par de telles attaques, les politiciens et le patronat ne font qu’élargir la grève, et sont perdants dans leur offensive. Mais face à ces attaques, une réponse syndicale sérieuse est nécessaire; la défense du droit de grève doit faire partie d’une plate-forme de revendications pour les actions à venir. En règle générale, le sentiment dominant dans cette manifestation était que ce jour d’action n’est qu’un pas vers un mouvement plus large contre le ‘pacte des générations’ du gouvernement et du patronat. Il est dommage qu’il n’y ait pas eu la présentation d’un plan d’action durant la manifestation. La direction syndicale dit qu’il faut d’abord une évaluation de la manif et de la réaction du gouvernement avant que de nouvelles actions soient organisées. Néanmoins il était d’ores et déjà clair que la manifestation serait un gros succès et que le gouvernement resterait sourd comme un pot devant la résistance syndicale. Pourquoi doit-on attendre pour rebondir sur le succès de la manifestation ? Pour beaucoup de militants FGTB et CSC, la manifestation a été réconfortante sur le plan de l’unité syndicale. Autant la CSC que la FGTB avaient fortement mobilisé; il est même possible que la CSC avait une plus forte présence. A côté des deux grands syndicats il y avait également une représentation significative de la CGSLB. L’unité à la manifestation du 28 octobre est une réponse appropriée de la base syndicale face au tintouin de la prétendue division syndicale. Au sommet, les discussions sur la suite de la stratégie est dominée par le large mécontentement présent à la base. Il y avait de fortes délégations de l’industrie lourde, mais également des employés des services publics.

    Une représentation politique est nécessaire

    A la manifestation, on ne remarquait pas de délégations des partis traditionnels, sauf les verts qui se montrent en porte-à-faux par rapport aux propositions du gouvernement mais ont bien démontré lors de leur participation au gouvernement qu’ils étaient prêts à appliquer la politique de la bourgesoie. Le SP.a avait expliqué qu’il ferait savoir son point de vue aux travailleurs, mais est revenu sur son idée de distribuer des tracts aux portes des entreprises. Finalement le parti est resté absent à une manifestation qui était dirigée contre la politique d’un gouvernement dont il fait lui-même partie. De plus, les attaques sur les prépensions venaient surtout du sommet du SP.a : c’est en effet Freya Van Den Bossche qui s’est mise à l’avant-garde des attaques. Les partis de l’opposition comme le CD&V et le VB avaient du mal à se montrer à une manifestation pour laquelle ils n’étaient pas d’accord. Ces deux partis disent en choeur qu’il faut rallonger le temps de travail. Des membres du Vlaams Belang ont en outre la nostalgie du temps où le parti apparaissait encore ouvertement avec des slogans tel que : « Le travail produit, la grève nuit »… La rupture des syndicats d’avec les politiciens bourgeois est une de nos revendications centrales. Nous sommes intervenus avec un appel pour un nouveau parti des travailleurs, qui a été reçu positivement par un bon nombre de militants. La conscience qu’il y a un problème sur le plan de la représentation politique est en train de se développer. Dans les bus de la FGTB d’Alost, circulait à côté de notre pétition une pétition en direction du SP.a pour qu’il prenne ses distances par rapport à ses points de vues droitiers. De 100 à 150 militants du MAS étaient présents à la manifestation pour mener la campagne ou pour militer dans leur délégation syndicale. Quelques camarades allemands de notre organisation sœur ont renforcé notre intervention et avaient une motion de solidarité du WASG. Nous avons distribué 8.000 tracts, vendu notre supplément du journal sur le ‘pacte des générations’ et la grève du 7 octobre, et nous avons récolté un nombre important de signatures pour un nouveau parti des travailleurs. Nous avons vendu plus de 420 exemplaires de notre journal et récolté plus de 700 euros de soutien ! Il y avait beaucoup d’animations à nos différents stands. L’ouverture à nos idées était très claire; cela traduit sans nul doute une croissance de la radicalisation. Sur le point de la représentation politique des luttes syndicales, on ressentait encore de la confusion. Mais la plupart des travailleurs étaient d’accord sur le fait que l’on ne pouvait plus compter sur les partis traditionnels. Avec notre campagne pour un nouveau parti des travailleurs, nous voulons apporter une orientation à cette discussion. Nos calicots et nos pétitions ne passaient pas inaperçus…

    Aller de l’avant sur base de ce succès

    La manifestation du 28 octobre était un succès. 100.000 personnes à une manifestation nationale un vendredi à Bruxelles est particulièrement impressionant. Verhofstadt peut faire mine tant qu’il veut que cela ne le concerne guère, il sera tout de même bien obligé de répondre à l’énorme mécontentement de la population. De par cette manifestation, c’est l’ensemble de la politique néo-libérale du gouvernement actuel qui est rejetée. Nous devons maintenant continuer le mouvement pour mettre le pacte des générations et le gouvernement à la poubelle.

    La volonté d’action et la combativité sont clairement présentes. La direction syndicale ne doit pas attendre plus longtemps avant de mettre sur pied un plan d’action et d’approfondir le mouvement.

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