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Tag: Antisexisme
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[INTERVIEW] Résistance contre le sexisme et le racisme à Cologne
Nous avons été nombreux à avoir été choqués par les incidents du Nouvel An à Cologne, où des centaines de femmes ont été victimes de harcèlement sexuel. L’extrême droite a tenté de se profiler sur cette question avec le racisme le plus cru. Face à ça, les militants anticapitalistes et socialistes se sont mobilisés en dénonçant aussi bien le sexisme que le racisme. Nous en avons discuté avec Claus Ludwig, membre de Sozialistische Alternative (SAV), notre organisation-sœur allemande.Comment réagit la population de Cologne face à ces incidents ?
‘‘Tout le monde en parle. Les gens sont choqués que cela puisse arriver. Les médias de l’establishment et des politiciens ont déjà lancé une campagne démagogique visant à davantage limiter les droits des demandeurs d’asile. L’extrême droite a flairé l’opportunité d’accuser les réfugiés. Un raz-de-marée de haine raciste a déferlé sur internet et les réseaux sociaux. Nous en sommes arrivés au point où l’on peut être ouvertement sommé de rentrer ‘‘chez soi’’ dans la queue d’un supermarché tout simplement pour avoir une allure différente.
‘‘Le 9 janvier, une manifestation du mouvement raciste Pegida a réuni 1.500 participants, essentiellement des hooligans et des néonazis. Le lendemain, 300 racistes ont parcouru la ville à la recherche d’immigrés, soi-disant pour ‘‘protéger les femmes’’. Ils se sont physiquement attaqués aux migrants et au moins trois personnes d’origine syrienne, pakistanaise et indoue ont été blessées. Les agresseurs comprenaient des néonazis et des hooligans, mais aussi des criminels organisés dont des “Hell’s Angels”, ainsi que des videurs de boîte de nuit.
‘‘La police a déclaré qu’on ne pouvait pas faire justice soi-même, mais la question n’est pas là. Les racistes n’étaient pas à la recherche des coupables du Nouvel An. Ils chassaient n’importe qui d’apparence ‘‘étrangère’’. C’était une véritable incitation au pogrom.’’
Comment réagit la gauche ? Dans quelles manifestations et campagnes est impliqué le SAV?
‘‘Durant la première semaine de janvier, il y a eu cinq manifestations auxquelles nous avons pris part. 400 personnes ont manifesté contre un incendie criminel dans un centre de réfugiés. Nous sommes aussi actifs dans l’alliance antifasciste ‘‘Cologne contre la Droite’’ où nous avons proposé d’utiliser le slogan ‘‘Contre la violence sexiste, contre le racisme’’. Ce slogan est paru dans la couverture médiatique de la manifestation à Cologne et dans tous les médias internationaux.
‘‘Nous avons écrit le tract de l’alliance pour la manifestation contre Pegida le 9 janvier. Malgré le fait que nous n’avions eu que trois jours pour mobiliser, la manifestation a rassemblé 4.000 antifascistes. Les médias ont minimisé cette mobilisation, certains suggérant ‘‘plus de 1.300 manifestants’’. Un camarade du SAV a figuré parmi les orateurs de la manifestation et nous avons reçu beaucoup de soutien pour notre approche socialiste dans le cadre du combat contre le racisme et le sexisme.
‘‘Par ailleurs, il y a aussi eu une manifestation de gauche pour le droit des femmes qui a réuni 300 manifestants, une manifestation ‘‘Les réfugiés syriens disent non à la violence sexuelle’’ et encore d’autres actions. Nous essayons d’élargir la base de l’alliance antifasciste et d’organiser de nouvelles personnes. Nous lions la résistance au sexisme et au racisme à des thèmes sociaux comme la pénurie de logements abordables. Nous tentons de politiquement renforcer le mouvement antifasciste tout en prenant au sérieux la sécurité lors de nos activités. La montée de la violence d’extrême droite nous y force bien.’’
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Ne laissons pas les déclarations du ministre Theo Francken sans suite!
Le Racisme n’est pas une réponse au Sexisme !
Participe avec les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) et la Commission Femme du PSL-LSP BXL au rassemblement organisé par la JOC-Bruxelles : jeudi 4 février, 16h30 – Métro Arts-Loi, (rue de la Loi), devant le Ministère de Theo FranckenQuelles réponses suite aux agressions survenues à Cologne?
– A ceux qui, comme la maire de Cologne, accusent les femmes de manque de prudence : La société est contradictoire. Elle pousse les femmes à dépenser du temps et de l’argent pour être «sexy», tout en les accusant de l’avoir cherché si elles sont agressées. Non à la culture du viol et à la culpabilisation des victimes ! Pour le libre choix de chacun de s’habiller comme il le désire : en mini-jupe ou avec un voile. La séparation de l’Eglise et de l’Etat doit se faire dans le respect du pluralisme et non pas par une neutralité imposée.
– A ceux qui expulsent les migrants et stigmatisent tous les musulmans : En profitant du climat après les agressions de Cologne, Theo Francken (N-VA) a lancé l’idée, soutenue par le MR, de cours de «respect des femmes» pour les migrants. Le sexisme n’est pas lié à une ou plusieurs communautés, mais à l’ensemble de la société. L’absence de perspective d’avenir, la déshumanisation de la société et les discriminations engendrées par un capitalisme en crise favorisent la violence, le sexisme, l’homophobie et le racisme. Les violences vis-à-vis des femmes sont courantes : en Belgique, 1/3 des femmes ont déjà subi des violences domestiques. Refusons la banalisation, combattons par la solidarité toutes les agressions (au boulot, en rue, en soirée et à la maison), pas seulement celles qui sont médiatisées.
Les gouvernements allemand comme belge utilisent les évènements graves qui se sont déroulés à Cologne pour stigmatiser un pan entier de la population et se dédouaner de toutes responsabilités. Pourtant, en réalisant des coupes budgétaires, ils poussent les femmes dans la pauvreté. Résultat : de nombreuses victimes de violences conjugales n’ont pas les moyens de quitter un conjoint violent.
Il faut donner des cours de respect des femmes au gouvernement pour qu’il comprenne que sans emplois décents, sans individualisation des droits sociaux et sans des services publics de qualité et accessibles à tous (crèches, centres d’accueil, soins de santé, …) qui permettent réellement de mener la vie que l’on choisit, le sexisme continuera à se développer!
Refusons la division sexiste comme raciste! Unissons-nous et luttons ensemble pour une société qui réponde à nos besoins, plutôt qu’à ceux des super-riches, une société socialiste démocratique. Alors nous pourrons définitivement mettre fin au racisme, à l’homophobie et au sexisme.
Le Racisme n’est pas une réponse au Sexisme ! Ne laissons pas les déclarations du ministre Theo Francken sans suite ! Contre les violences et la haine : la solidarité !
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Journée de lutte contre le harcèlement de rue
Ce samedi 19 septembre, une journée de lutte contre le harcèlement de rue était organisée à l’initiative des JOC-Liège (Jeunes Organisés et Combattifs), avec le soutien du PSL, du groupe des femmes JOC-Liège, du Collectif contre les Violences Familiales et l’Exclusion (CVFE), de Vie Féminine et du Collectif “Et ta soeur”.
Le centre liégeois du Beau-Mur a accueilli l’évènement, qui a commencé par une petite exposition sur le thème « Par-delà les frontières, regard sur les initiatives de lutte contre le harcèlement ». La suite de la journée s’est articulée autour d’un jeu de rôle consacré à l’autodéfense et à la violence de genre et d’un jeu de questions/réponses « Trivial sexiste » qui ont ensuite cédé la place pour la présentation des diverses campagnes antisexsites des organisations participantes et de discussions sur la loi contre le harcèlement (qui a désormais un an d’existence), entre autres.
Le temps a hélas manqué pour que la totalité du programme prévu puisse être abordé, mais d’autres rendez-vous sont prévus pour poursuivre la dynamique, notamment concernant le lien entre la lutte pour les droits des femmes et le combat contre la politique d’austérité.
Reportage-photos : Yana
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Julien Blanc : Coach en séduction ou culture du viol ?
Julien Blanc avait à l’origine annoncé trois dates en Belgique, à Liège, Bruxelles et Anvers. Très rapidement, seule celle d’Anvers a subsisté et les Etudiants de Gauche Actifs d’Anvers avaient décidé de mobiliser pour un rassemblement de protestation. Depuis hier soir, la date d’Anvers a elle aussi disparu de son site… Ces dernières années, nous avons vu apparaître, surtout sur internet, une nouvelle génération de ‘‘coachs’’ en séduction. Ce business ciblant essentiellement des jeunes hommes, repose uniquement sur le sexisme ambiant, la manipulation et la discrimination. Ce n’est pas un hasard si ce marché est, actuellement, en plein essor : le sexisme est très vendeur ! Ajoutons à cela la pression capitaliste qui pousse les jeunes adultes à fonder le plus rapidement possible une famille, unité économique de base des systèmes de classe permettant à l’État de réaliser d’importantes économies.
Par Julie N. (Liège), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste
Le 18 septembre, la Belgique aura le ‘‘plaisir’’ d’accueillir un de ces conférenciers, Julien Blanc. Ce Suisse se qualifie lui-même d’expert en séduction. En plus de se servir du sexisme, de la contrainte et de la manipulation pour ‘‘séduire’’ des femmes, ce ‘‘charmant individu’’ use et abuse également de nombreuses autres discriminations, dont le racisme. Aucun cliché ni stéréotype n’est laissé de côté. Il affirme ainsi que le ‘‘non’’ d’une femme n’est rien d’autre qu’un ‘‘oui’’ non avoué et qu’au fond les femmes aiment être prises en chasse, se sentir forcées, contraintes ou encore humiliées.
Le sexisme comme fonds de commerce
Julien Blanc est un produit de plus de l’oppression et des discriminations subies par les femmes dans la société capitaliste actuelle. Donner des conférences au sujet des agressions sexuelles qu’il commet et le fait que ces dernières restent impunies illustre, une fois de plus, que certains artistes n’hésitent pas à faire du sexisme leurs fonds de commerce. Ce phénomène surfe sur la marchandisation de la femme et de son corps sous toutes ses formes. J. Blanc utilise la culture du viol pour augmenter le nombre de vues de ces vidéos sur YouTube ou pour vendre plus d’entrées pour ses séminaires, tout comme le monde de la publicité utilise un corps féminin nu pour vendre une voiture. Quel est le rapport entre une voiture et une femme nue outrageusement retouchée par Photoshop ?! On peut voir J. Blanc mimer, dans des vidéos, une fellation avec des jeunes femmes japonaises ou embrasser une caissière sans son consentement. Cet individu pousse également au racisme : dans cette même vidéo, il affirme que les hommes peuvent imposer totalement leurs volontés aux Japonaises, car celles-ci sont éduquées de sorte qu’elles ne se défendent jamais et ne disent jamais non.
La résistance s’organise
Grâce à des protestations en tous genres comme des manifestations et des pétitions massives, la population de plusieurs pays – tels que l’Australie, le Japon, le Brésil et le Canada – a pu obtenir l’interdiction de salle pour Julien Blanc. Actuellement, en France, en Grande-Bretagne et en Belgique, le combat pour l’interdiction de séjour de cet ‘‘expert en drague’’ se poursuit. Les mobilisations contre Julien Blanc et ses dangereuses pratiques sexistes montrent le potentiel qu’il existe pour un mouvement plus étendu et plus général. Beaucoup de mouvements féministes se sont développés en réaction à la montée de ce personnage. Toutefois, la plupart ne parviennent pas à identifier les causes du sexisme et à tracer une alternative, pourtant indispensable pour porter cette lutte. Ces mouvements risquent de ne pas grandir et d’être amenés à disparaître lorsque l’affaire Julien Blanc se tassera. Malgré leur combat, un autre pick-up artist agressera des passantes et cette culture du viol continuera à imprégner les rues.
Comment venir à bout du sexisme ?
Il faut prendre conscience que nous ne pourrons jamais en finir avec le sexisme tant qu’il existera une société de classe. L’austérité a contribué à la dégradation générale des conditions de vie de la large majorité de la population, mais plus particulièrement des femmes. Les coupes dans les services publics (soins de santé, crèche, maison de retraite,…) aggravent encore davantage la double journée de travail des femmes dont, rappelons-le, le rôle naturel n’est pas les soins aux personnes âgées et aux enfants comme la société voudrait nous le faire admettre. De plus, l’égalité salariale est encore loin d’être acquise.
Lorsque nous aurons renversé le système capitalisme qui maintient les femmes dans une position de vulnérabilité, nous pourrons enfin poser des bases matérielles pour en finir avec le sexisme, à travers des services publics étendus, gratuits et de qualité pour tous, des salaires décents et une réduction collective du temps de travail, par exemple. Puisque le sexisme et la culture du viol ne sont que la suite logique de la société de classes et que l’austérité précarise les femmes dans tous les domaines possibles, une société socialiste est, par conséquent, le seul système capable de répondre aux problèmes sous-jacents du sexisme.
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Keep Julien Blanc out of Belgium #takedownjulienblanc
Action de protestation ce 18 septembre à Anvers, à 19h. (Plus d’informations précises quant au lieu arriveront sous peu).
Julien Blanc est un “coach en séduction” qui donne des séminaires sur “comment séduire les femmes”. Il est très contesté. Pourquoi? Parce que ses trucs et astuces ne sont pas seulement ultra-sexistes (et racistes), mais ils incitent les hommes à “passer outre le consentement” des femmes, autrement dit, forcer les femmes qui disent non. Vous voulez un exemple? Il y a quelque temps, il a posté un “graphique” sur le net qui montre comment les femmes victimes de violence conjugale peuvent être manipulées pour qu’elles restent malgré tout. Blanc explique qu’il doit être “Utilisé comme une checklist” #howtomakeherstay (comment la forcer à rester).C’est intolérable qu’un tel personnage ait l’opportunité de diffuser de telles idées en Belgique. En automne 2014, une campagne en ligne #takedownjulienblanc avait été mise sur pied par l’américaine Jennifer Li. Puis, dans d’autres pays, Blanc a été mis à la porte sur base d’une résistance largement soutenu et à l’aide de pétitions.
Il est clair que le sexisme n’a pas encore disparu. Les récents débats menés en Flandre autour de #nousnexagéronspas (#wijoverdrijvenniet) illustrent que les exemples choquant d’exploitations et d’abus ne manquent pas. La discussion qui a éclaté suite au suicide de Steve Stevaert (ancien homme fort du Sp.a) concernant une affaire de viol et le documentaire “femme de la rue” en sont d’autres exemples.
Nous ne pouvons pas compter sur les gouvernements pour empêcher des types comme Blanc de nuire. En effet, ce gouvernement applique des mesures d’austérité massives sur les allocations familiales, la prime de rentrée scolaire, contre les services publics, etc. Ces mesures poussent les femmes dans une position encore plus vulnérable. De plus, en moyenne le salaire des femmes reste inférieur à celui des hommes. Elles sont souvent réduites au rang d’objet à des fins commerciales. Nous devons répondre à ces attaques qui nous divisent par une résistance collective et unifiée.
Les femmes ne peuvent pas servir d’objet pour la chasse au profit des entreprises.
Refuser une audience à Julien Blanc est un début. La construction d’une lutte unifiée, large, depuis la base, des hommes et des femmes ensemble, de toutes origines, pour l’égalité et l’émancipation sociale constitue l’étape suivante.
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Sexisme et festivals. Jusqu’où peut aller la fête?
La fin d’année académique et l’été sont, comme à l’accoutumée, marqués par un certain nombre de festivités : des bals de fin d’année aux nombreux festivals, les occasions ne manquent pas. Et s’il faut bien entendu en profiter, soulevons que ces fêtes riment trop souvent avec un sexisme rampant voir explicite.Par Emily (Namur)
Le sexisme, un outil pour rameuter la foule et le fric
Sur les réseaux sociaux comme en rue, il n’est pas rare de tomber sur l’affiche d’une soirée ouvertement sexiste. Une question peut alors venir à l’esprit : quel est le lien entre l’évènement et l’affiche ? Souvent, il n’y en a pas, si ce n’est qu’il s’agit d’un outil de vente efficace pour maximiser les profits des organisateurs. Le nom choisi pour certaines soirées a également de quoi interloquer, comme pour celle fin juin intitulée ‘‘F*** me, I’m student’’(1). Si chacun doit pouvoir se vêtir comme il l’entend et mener la vie sexuelle qu’il souhaite dans le respect de son/sa/ses partenaire(s), ces allusions au sexe semblent trop souvent se transformer en un sentiment d’obligation, voir une contrainte physique.
Heureusement, tous les évènements ne fondent pas leur promotion sur le sexisme via une hypersexualisation. Pourtant, le sexisme y reste présent. Sur les festivals, les chanteurs/euses comme les sponsors le véhiculent bien souvent. Pour les premiers, l’aliénation est parfois si forte que ce moyen est envisagé comme la seule manière d’être reconnu ou comme une étant issue du libre arbitre. Cependant, le poids de la société de classe qui marchandise le corps des femmes et les considère comme subalterne est bien là. Pour les seconds, le sexisme est instrumentalisé. Lorsque sur les festivals, les publicistes engagent des jeunes femmes aux mensurations se rapprochant de la poupée Barbie pour vous brumiser lors des fortes chaleurs et vous proposer des massages entre deux concerts, les corps de ces femmes sont utilisés comme instruments de marketing sexy afin que le produit promu leur soit associé et que les ventes s’en retrouvent augmentées. Notons que les sites pornos tentent également leur entrée comme sponsor de festival comme de club de foot. Tout cela renforce les stéréotypes et l’image de la femme-objet – voir objet sexuel – dans la culture dominante.
Luttons ensemble contre la culture du viol
Le sexisme et l’hypersexualisation ne sont pas sans conséquence. Avec des soirées estampillées ‘‘F*** me, I’m student’’, comment être surpris du manque de clarté concernant le consentement pour des relations sexuelles? Un flou est observé chez beaucoup, hommes comme femmes. Aliénés par la société capitaliste qui marchandise tout (et tous !), certains sont amenés à assimiler une mini-jupe à un ‘‘je suis open’’, alors même que la personne exprime le contraire (ou n’a rien eu le temps de dire du tout).
Si une fille danse et boit de l’alcool et qu’elle se retrouve agressée sexuellement, beaucoup diront qu’elle a cherché les problèmes, voir qu’elle le voulait. Refusons cette culture du viol où la victime est placée comme responsable de ce qui lui est arrivé! Refusons la banalisation des agressions (harcèlement, mains baladeuses, viol,…)! Ce n’est pas parce qu’elles sont courantes – 46% des Belges (hommes et femmes) estiment avoir été victimes de violence sexuelle grave au cours de leur vie – qu’elles en sont moins graves. Pourtant, 24,4% des femmes victimes de violences sexuelles graves finissent par les banaliser(2). Rien de surprenant dans un contexte où les violences conjugales ne sont désormais plus considérées comme une priorité par la police(3) en raison des restrictions budgétaires. La question de ce qu’est un consentement doit pouvoir être discutée sereinement, entre autres dans un cours d’éducation affective et sexuelle. Si une personne dit ne pas vouloir de sexe, c’est qu’elle n’en veut pas, et ce y compris si elle a dit le contraire plus tôt et que cela peut paraitre frustrant ou encore dans le cadre d’un couple. Et si l’alcool ou la drogue empêche une personne de s’exprimer sur ce qu’elle veut ou non, il faut alors considérer cela comme un non catégorique.
Abattons le système capitaliste qui cultive le sexisme
L’industrie du divertissement et du spectacle ainsi que celles de leurs sponsors sont gérées dans le but de rapporter un maximum d’argent à leurs actionnaires. Pour cela, l’utilisation du corps de la femme comme objet-sexuel ou de marketing ne leur pose aucun problème. Donnons-nous les moyens de débarrasser notre société du sexisme! Cela n’est possible qu’en nous renversant le système capitaliste pour mettre en place les bases matérielles pour venir à bout du sexisme, en prenant collectivement le contrôle de l’industrie du divertissement de même que des secteurs clés de l’économie, pour que l’ensemble des travailleurs et des usagers puisse les gérer démocratiquement. C’est un combat de longue haleine, que nous mènerons entre autres sur les festivals cet été.
(1) https://www.facebook.com/events/882311141791458/
Plus de 5000 participants sur FB et 24.000 invités pour cette soirée du 21 juin à Braine-l’Alleud.
(2) Amnesty Belgique : http://www.amnesty.be/doc/agir-2099/nos-campagnes/le-viol-en-belgique/article/belgique-1-femme-sur-4-violee-par
(3) http://www.lalibre.be/actu/belgique/la-violence-conjugale-fait-debat-5543ba5235704bb01c115073 -
Tract de campagne d'été des Etudiants de Gauche Actifs
Tout comme chaque année, les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) poursuivrons leurs activités durant l'été. Vous pourrez les retrouver en campagne en rue, sur les festivals,… Le tracts ci-dessous dévoile les principaux thèmes sur base desquels ils engageront la discussion. Bonne lecture!

Soutiens notre campagne et la participation du plus grand nombre de jeunes à la manif de Paris ! (Autocollant à prix libre)! Changeons le système, pas le climat! Sauvons la planète du capitalisme!
Le changement climatique a déjà un impact catastrophique sur la production alimentaire et les conditions de vie à travers le monde. En 2013, 22 millions de “réfugiés climatiques” ont dû fuir leur région. Sans changement de cap majeur, cela ne va faire qu’empirer.
Sommes-nous chacun responsable au même titre? Non. Une étude de Richard Heede (revue scientifique ‘‘Climatic Change’’) estime que 61% des émissions de gaz à effet de serre émises depuis le début de l’ère industrielle (1750) proviennent de… 90 multinationales (principalement ces dernières décennies)! Celles-ci possèdent les ressources et la technologie nécessaires pour une transition énergétique écologiquement responsable. Mais pour les multinationales, notre environnement peut être sacrifié pour protéger leurs montagnes de pognon!Les vingt sommets climatiques de l’ONU ont systématiquement souligné le péril environnemental qui nous fait face, sans jamais remettre en cause l’immonde gaspillage du système de production capitaliste. Fin 2015, un nouveau sommet climatique aura lieu à Paris. La dernière fois, plus de 300.000 personnes ont manifesté à New-York.
Opposons à la folie du gaspillage capitaliste une gestion rationnelle des ressources et de la production, basée sur la collectivisation de secteurs fondamentaux comme l’énergie (production et distribution) et des multinationales telles que Monsanto. À partir de là, nous aurons les moyens de démocratiquement planifier la transition écologique et la sortie du nucléaire et de l’énergie fossile, avec des investissements publics massifs dans les énergies renouvelables, dans les transports en commun, dans l’isolation des bâtiments, dans le recyclage de masse,…
C’est ce changement de société radical que les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) défendront à la manifestation ‘‘Climat’’ de Paris le 29 novembre, au côté de la Coalition Climat qui vise à mobiliser 10.000 Belges. Prends la route de Paris avec nous !
Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère… De cette société-là, on n’en veut pas !
Chômage de masse, jobs précaires,… la vie après les études, c’était déjà la jungle. Mais Michel et sa clique en ont rajouté une couche en augmentant l’âge de la pension à 67 ans (idée splendide pour encore plus boucher aux jeunes l’accès à un emploi) et en refusant à ceux qui finissent leurs études après 24 ans d’avoir une allocation de chômage. Ils veulent aussi diminuer le salaire minimum des jeunes (personne n’avait remarqué qu’il était trop élevé…). Au final, il n’y aura pas le moindre emploi en plus, mais la concurrence entre travailleurs (âgés, jeunes,…) aura été augmentée. Au bénéfice de qui ?Ce gouvernement des riches veut livrer au monde des patrons et des actionnaires une masse de travailleurs hyper-flexibles, corvéables à merci et aux salaires tellement bas qu’ils empêchent de se construire sérieusement un avenir. T’es pas content de ton job? Tant pis. D’autres seront forcés de l’accepter.
En novembre/décembre dernier, pas mal de jeunes ont participé aux actions syndicales. Lors de la manifestation-monstre du 6 novembre (environ 150.000 personnes dans les rues de Bruxelles…), la tête du cortège était constituée d’un bloc déterminé de jeunes. Parmi eux, un bon groupe d’élèves du secondaire de Gand qui avaient eux-mêmes organisé des sit-ins, des manifestations et une grève dans leur ville contre les coupes budgétaires dans l’enseignement.
Malheureusement, après la grève générale nationale du 15 décembre, les directions syndicales ont refusé de poursuivre la construction du mouvement avec une stratégie audacieuse. Michel & Co ont donc pu poursuivre leur politique de démolition sociale sauvage.
EGA veut assurer que la jeunesse soit activement présente au côté des travailleurs. Le 7 octobre prochain, une nouvelle manifestation syndicale de masse aura lieu. Assurons que ce soit un succès et qu’un nouveau plan d’action audacieux arrive, jusqu’à la chute de ce gouvernement des riches!
Stop au racisme et au sexisme – Ils veulent nous diviser pour mieux régner – Non à l’austérité !

Autocollant à prix libre. Pour Dewever et la N-Va, le racisme, ça n’existe pas vraiment, ce serait juste un prétexte que des personnes d’origine immigrée utilisent pour justifier leur échec personnel. Mais le massacre de Charleston et la violence policière contre les Noirs aux USA, la politique migratoire européenne, l’exploitation des sans-papiers,… illustrent à quel point la société capitaliste est pourrie, rongée par le racisme et les discriminations.
Ce n’est pas un accident. La meilleure stratégie pour assurer la domination d’une infime minorité, c’est de diviser la masse des opprimés, d’exacerber les préjugés pour nous monter les uns contre les autres et détourner ainsi l’attention des véritables responsables des problèmes sociaux, économiques, environnementaux,…
Le sexisme est ainsi si ancré dans notre quotidien qu’il en vient à être considéré comme quasiment ‘‘naturel’’. C’est vraiment flagrant sur la plupart des festivals. Combien d’entreprises font leur pub en considérant le corps des femmes comme un vulgaire objet de promotion ? Avec quelles conséquences sur les comportements ? En Flandre, de nombreuses jeunes filles ont décidé de livrer sur les réseaux sociaux leurs témoignages sur le harcèlement de rue, les viols et le sexisme quotidien sous le hashtag #wijoverdrijvenniet (nous n’exagérons pas).
Racisme, sexisme et homophobie sont autant de barrières qui freinent le combat que nous devons mener ensemble pour la satisfaction des nécessités sociales les plus élémentaires. Chacun mérite d’avoir un véritable avenir et d’être respecté indépendamment de son origine, de son genre ou de son orientation sexuelle. La meilleure riposte, c’est l’organisation d’une opposition active et politique conséquente contre toute tentative de diviser la résistance sociale. De la sorte, en Allemagne, ce sont les manifestations de masse qui ont brisé la progression du mouvement islamophobe Pegida.Soutiens nos campagnes: EGA et ses campagnes antifascistes (Résistance Internationale (FR) et Blokbuster (NL)) organisent chaque année une manifestation contre la marche de la haine de la NSV (organisation étudiante officieuse des néofascistes du Vlaams Belang). Nous jouons aussi un rôle moteur contre les réactionnaires qui veulent abolir le droit à l’avortement, renvoyer les femmes au foyer, revenir sur les conquêtes des Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le)s, Transgenres, Queers et Intersexes.
NO TTIP! Un avenir où on nettoie le poulet au chlore ? Bombardé d’OGM ? Où la moindre protection sociale est une ‘‘atteinte à la liberté d’entreprise’’ ? Bienvenue dans le monde que nous prépare le Traité transatlantique (TTIP) que nous concoctent les chefs d’État européens et les autorités américaines : la plus vaste zone de libre-échange au monde. Les multinationales sont les seules à applaudir… EGA participera à l’encerclement du sommet européen du 15 octobre prochain (initiative de l’Alliance D19-20).
MARX AVAIT RAISON! REJOINS EGA!
Nous voulons lutter contre le capitalisme, c’est certain, mais pas n’importe comment. Être efficace signifie d’avoir une grille d’analyse pour bien comprendre la situation présente, d’où elle provient, quelles sont ses contradictions internes, comment elle peut se modifier,… Parfois, de grands événements peuvent survenir de façon très abrupte, mais ce n’est pas pour autant que rien ne les annonçait !Il faut aussi tirer les leçons du passé pour mieux renforcer les luttes d’aujourd’hui. Le combat contre l’exploitation capitaliste a déjà une riche histoire derrière lui concernant le programme, la stratégie et les tactiques nécessaires pour aller vers une société débarrassée de la guerre, de la misère et de l’oppression.
EGA, Étudiants de Gauche Actifs (ALS, Actief Linkse Studenten en Flandre) est l’organisation de jeunesse du Parti Socialiste de Lutte (PSL). Elle se revendique du marxisme. Contrairement à ce qu’en a fait le totalitarisme stalinien, il ne s’agit pas d’un dogme rigide, mais au contraire d’une méthode flexible pour comprendre le monde afin de le changer. Nous défendons une alternative anticapitaliste basée sur le contrôle démocratique de l’économie par la collectivité. Nous voulons une société orientée vers les besoins de la majorité de la population plutôt que vers les profits des super-riches. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique.
Rejoins-nous et construisons ensemble cette société !
Voici le nouveau T-shirt et le nouveau sweat des Étudiants de Gauche Actifs! Ils reviennent à 12 euros pour le T-shirt (modèle homme et femme) et à 25 euros pour le sweat (+ 3 euros pour les frais de port). Vous pouvez passer commande auprès de nos militants ou via info@gauche.be.
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[DOSSIER] Les lois contre le sexisme sont-elles suffisantes ?
La société occidentale aime à présenter l’égalité entre femmes et hommes comme une de ses principales réalisations. Nous grandissons avec l’idée que les hommes et les femmes sont égaux. Les femmes peuvent voter et accéder à l’enseignement, il existe des lois contre le harcèlement sexuel, des femmes occupent des postes à responsabilité, le principe de l’égalité salariale est reconnu,… Et il est vrai que la vision qu’ont les jeunes filles de leur avenir ne se limite plus aux tâches ménagères et à s’occuper des enfants.
Par Emilie (Gand)
Discrimination et sexisme n’ont pas disparu
Toutes ces réalisations ne doivent cependant pas cacher le fait que les discriminations et le sexisme sont toujours bien vivants. Mains baladeuses, regards insistants, gestes vulgaires, commentaires obscènes, utilisation du corps de la femme à des fins commerciales, intimidation, harcèlement, agression, viol : le sexisme est partout. Cette situation a récemment été remise en pleine lumière en Flandre avec le hashtag #wijoverdrijvenniet (nous n’exagérons pas) et tout le débat public qui a surgi autour de la question du viol en raison du suicide de l’ancien président du SP.a Steve Stevaert (accusé de viol et d’attentat à la pudeur).
La blogueuse Yasmine Schillebeeckx a mis en branle cette vague d’indignation avec un article consacré à son expérience du harcèlement de rue publié dans le quotidien De Morgen le 8 mars – Journée internationale des femmes -et intitulé ‘‘Je ne m’appelle pas Hey Sexy’’. Les réactions furent vives, notamment de la part des chroniqueurs Guido Everaert et Marc Didden dans les colonnes du même journal. Pour eux, il s’agit d’une ‘‘geignarde’ étiquetée de ‘‘Jeffrouw Truttebol’’ (que l’on pourrait approximativement traduire par ‘‘Mademoiselle peau de vache’’) qui ‘‘devrait apprendre à faire face à des compliments’’. Afin de montrer qu’elle était loin d’être isolée, Yasmine Schillebeeckx a appelé à partager des témoignages de sexisme ordinaire sur les médias sociaux en utilisant le hashtag #wijoverdrijvenniet. Il fut utilisé 18.000 fois en quelques jours à peine!
Et la loi contre le sexisme ?
En 2013, les médias avaient également accordé une large attention au harcèlement de rue en réaction au documentaire controversé ‘‘Femme de la rue’’ dans lequel une jeune femme filmait en caméra cachée le harcèlement constant dont elle était victime en rue avec insultes, pressions diverses,… La ministre de l’égalité des chances de l’époque, Joëlle Milquet, avait alors promis de réprimer les discriminations à l’encontre des femmes. C’est ainsi qu’entra en vigueur la loi contre le sexisme, le 3 août 2014, visant : ‘‘Tout geste ou comportement verbal ou autre, qui a manifestement pour objet d’exprimer un mépris à l’égard d’une per-sonne, en raison de son appartenance sexuelle, ou de la considérer comme inférieure ou de la réduire essen-tiellement à sa dimension sexuelle, ce qui porte une atteinte grave à sa dignité’’ à l’aide d’une Sanction Administrative Communale (SAC).
Joëlle Milquet a donc réduit le sexisme au rang de nuisance dont sont censés se charger les SAC tout en individualisant ce qui est fondamentalement un problème social. La loi contre le sexisme considère que la responsabilité de l’acte repose essentiellement sur l’individu. Les agences publicitaires, qui répandent à travers le monde le sexisme et l’image du corps des femmes en tant qu’objet, peuvent donc continuer à vaquer tranquillement à leurs occupations.
Pourtant, les agences publicitaires sont un vecteur majeur de la conception des femmes en tant qu’objets sexuels. Pour chaque produit (des voitures aux soirées étudiantes), le corps féminin est utilisé pour stimuler les ventes. Notre opposition à l’utilisation du corps des femmes dans la publicité n’a rien à voir avec la pudeur. En tant que marxistes, nous défendons les acquis de la lutte émancipatrice pour la liberté sexuelle menée par les générations précédentes de féministes. Mais nous nous opposons à l’utilisation du corps féminin (et masculin) à des fins commerciales.
Nous sommes quotidiennement confrontés au corps (souvent nu) de la ‘‘femme idéale’’, source pénible de complexes physiques. Des études illustrent qu’en Europe, seul 1% des jeunes filles se déclarent entièrement satisfaites de leur corps. La moitié des filles de 6 ans au Royaume-Uni se trouve trop grosse. En plus de favoriser des maladies telles que l’anorexie et la boulimie, qui peuvent être mortelles, la confrontation quotidienne à cette représentation ‘‘idéale’’ assure que les femmes se considèrent avant tout comme des objets sexuels et seulement ensuite comme des êtres humains doués de pensée.
De la sorte, les femmes sont ainsi mises sous pression pour accepter des comportements sexuels qui ne répondent pas à leurs besoins et désirs. Nous défendons la liberté sexuelle, mais cette liberté implique aussi le droit de dire ‘‘non’’ et d’attendre que ce refus soit respecté.
La mort de l’ancien président du SP.a, Steve Stevaert, et les propos tenus par le doyen de la faculté de psychologie de la VUB, William Elias, dans ce cadre (‘‘en cas de viol, on se rend directement à la police, ou, si nécessaire le jour suivant. Pas trois ans après’’) ont fait ressurgir le débat sur le viol et la violence à l’encontre des femmes. En moyenne, 8 viols sont rapportés par jour en Belgique. Entre 2009 et 2011, il y a eu une augmentation de 20% des plaintes, alors que l’on estime que 9 victimes de viol sur 10 ne portent pas plainte. On essaye trop souvent de démêler les causes des viols de la société en général et de ces relations sociales. Notamment en disant que les filles ivres sont plus susceptibles d’être victimes de violences sexuelles, ce qui place la responsabilité du crime sur les victimes elles-mêmes, à l’instar de cet autre ‘‘argument’’ selon lequel porter moins de jupes courtes entrainerait moins de commentaires sexistes dans la rue. Toutefois, la majorité des viols s’effectue toutefois au sein du cercle familial.
Les mesures proposées aujourd’hui sont du même tonneau qu’au temps de Joëlle Milquet en 2013. La secrétaire d’État à l’Égalité des chances, Elke Sleurs, veut promouvoir de meilleures équipes de soutien psychologique et une formation spécifique pour les policiers et les enseignants. Ces propositions sont bien entendu les bienvenues, mais elles ont pour point commun d’être axées sur les cas individuels. Tout comme la loi contre le sexisme de Milquet, cette approche est de s’en prendre aux symptômes sans s’attaquer aux causes.
Lutter contre les causes du sexisme
Au cours des dernières années, la colère contre le sexisme a fortement progressé. En Chine, des mobilisations se sont opposées à l’arrestation de militantes féministes. Dans des pays comme la Turquie et l’Inde, des mouvements de masse s’élèvent contre les violences commises contre les femmes. En Belgique, il y a eu la ‘‘Slutwalk’’ en 2011 : des marches de protestation dans laquelle des femmes et des jeunes filles revendiquaient le droit de s’habiller comme elles le souhaitent, sans que cela ne soit considéré comme une invitation à l’agression ou au sexisme. ‘‘Non, c’est non’’, ‘‘La rue est à toutes’’ et ‘‘Mon corps, mon choix, ma liberté’’ étaient quelques-uns des slogans portés par cette marche antisexiste.
Mais cette discussion sur le sexisme se déroule dans un contexte de politique d’austérité drastique appliquée par les gouvernements précédents et actuels.
Les nouvelles mesures mises en place par Di Rupo concernant la limitation dans le temps des allocations de chômage dites d’insertion signifient par exemple que des dizaines de milliers de personnes perdent ou vont perdre leurs allocations. Parmi elles se trouvent 65% de femmes. La limitation des allocations de chômage pour les cohabitants assure aussi que de nombreuses femmes n’obtiennent que 125 euros par mois.
La réforme des retraites du gouvernement Michel nécessite 42 ans de carrière pour bénéficier d’une pension complète. Trois femmes sur quatre n’arriveront jamais à une carrière de 42 ans, et la situation sera encore pire s’il est décidé de ne plus compter un certain nombre de périodes assimilées (congé de maternité, chômage temporaire, congé parental, …).A cela s’ajoute encore les coupes budgétaires dans les services publics. Maggie De Block, ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, veut opérer une économie de 355 millions d’euros dans le budget des soins de santé pour l’an prochain. En Flandre, le gouvernement régional veut sabrer 133 millions d’euros dans l’accueil à la petite enfance. Les longues listes d’attentes sont une réalité cruelle dans tous les aspects du secteur de la santé, même dans les dossiers les plus urgents. Concrètement, cela signifie que nombre de tâches reviennent sur les épaules des familles, et plus particulièrement sur celles des femmes. Le ménage, l’éducation des enfants et les soins aux personnes âgées ne sont souvent pas compatibles avec un travail à temps plein. Cela explique pourquoi les femmes sont surreprésentées dans les emplois à temps partiel, se fermant ainsi les portes du droit à une pension complète. Un quart des pensionnées n’ont droit qu’à une pen-sion de moins de 500 euros. Les bas salaires et l’augmentation du coût de la vie entrainent un risque accru de sombrer dans la pauvreté pour les femmes célibataires. L’indépendance financière des femmes qui s’est dé-veloppée fin des années ‘50 a rapidement été éliminée.
La lutte reste nécessaire
Si les femmes d’aujourd’hui ont atteint une plus grande émancipation, c’est le résultat de la lutte des générations précédentes qui se sont battues pour arracher l’indépendance, la liberté et l’égalité. Mais si ce combat n’est pas couplé à la lutte contre le capitalisme, ce système est capable de pervertir à son avantage le moindre progrès et d’en faire une source de profit. Nous disposons aujourd’hui d’une plus grande liberté sexuelle, mais le sexe est aussi devenu omniprésent comme produit commercial générateur de gigantesques profits (notamment dans l’industrie pornographique, les cosmétiques, la publicité,…). Le sexisme a approvisionné le capitalisme en ‘‘nouveaux marchés’’ générateurs de profits juteux tels que la chirurgie plastique, les régimes alimentaires, le maquillage,….
C’est pourquoi la lutte contre le sexisme ne peut pas être isolée de la lutte plus générale contre l’ensemble du système capitaliste qui produit le sexisme. La lutte pour les droits des femmes est inextricablement liée à la construction d’une société différente, une société où la liberté sexuelle ne serait pas utilisée à des fins commerciales, où des services publics de qualité et abordables renforceraient l’égalité entre hommes et femmes en soutenant l’indépendance financière de ces dernières, une société où le temps de travail aurait été collectivement réduit (à 30 heures par semaine) afin de résoudre le problème du chômage de masse et d’assurer à chacun de bénéficier d’un bon équilibre entre travail et vie familiale.
Les besoins des femmes sont ceux de l’ensemble de la population active: de bons salaires, des conditions de travail décentes, des services publics de qualité et accessibles reprenant une partie des tâches ménagères. Par conséquent, femmes et hommes doivent lutter ensemble pour une société socialiste.
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Bruxelles : un débat sur le sexisme couronné de succès
Viols, harcèlements, atteintes au droit à l’avortement… Lutter contre le sexisme reste nécessaire !
Le 6 mai, le PSL avait organisé un débat à Bruxelles consacré au sexisme présent dans la société ainsi qu’aux nouvelles formes de féminisme. Une trentaine des personnes ont participé à l’événement introduit par notre camarade Anja Deschoemacker. Elle a parlé des différents mouvements contre le harcèlement et le sexisme ordinaire, comme “wij overdrijven niet” en Flandre («nous n’exagérons pas», du nom d’un hashtag lancé par une blogueuse au sujet du sexisme). Aujourd’hui, le féminisme prend un nouvel élan dans le monde anglo-saxon. En Turquie et en Inde, de grandes mobilisations ont pris place contre le viol et les agressions sexuelles. Tous ces mouvements sont bienvenus et illustrent que le féminisme n’est pas une donnée isolée.Par Marisa (Bruxelles), photos de Boubaker (Bruxelles)
Au même temps, la politique d’austérité touche plus fortement les femmes. Notamment en conséquence de nombreuses années de sous-financement du secteur de l’éducation, de plus en plus d’étudiantes doivent se prostituer pour payer leurs études! Le travail dit «féminin» est de plus en plus précarisé et les chômeurs cohabitants, majoritairement des femmes, n’ont presque plus de droits.
Durant la discussion qui a suivi l’introduction, les questions n’ont ps manqué à propos des revendications et de la stratégie à suivre pour obtenir une véritable émancipation des femmes. Tout cela a largement été débattu. Plusieurs intervenants ont souligné que le sexisme est un problème fort large, présent dans l’ensemble de la société, mais également que les revendications féministes doivent répondre à la situation de dépendance financière des femmes, et ne pas être limitées à une question de droits légaux.
Nos meilleurs alliés dans la lutte contre le sexisme sont ceux qui luttent contre tout mauvais contrat de travail, pour la revalorisation du travail féminin, pour la défense des services publics et pour la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Le féminisme bourgeois n’ira jamais aussi loin, car ces revendications posent directement un problème aux intérêts de la classe dominante.
L’oppression de la femme n’est pas une question biologique, elle est structurellement liée à la société capitaliste. Obtenir une véritable émancipation des femmes nécessite un changement de société. C’est avec les femmes et les hommes du mouvement des travailleurs qu’on peut amener une lutte collective pour nos intérêts de classe.
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NON au sexisme, au racisme, à l'homophobie ! Tout ce qui nous divise nous affaiblit!
L’extrême droite a beau avoir perdu de sa superbe (le Vlaams Belang occupe bien moins de place aujourd’hui en Flandre tandis que ne subsistent que des groupuscules du côté francophone) et les droits légaux des personnes LGBTQI (1) ont beau avoir progressé, les discriminations racistes, sexistes ou homophobes (etc.) sont loin de s’être évanouies.Cela fut illustré par le déluge de témoignages concernant le sexisme ordinaire qui a déferlé sur la Flandre sous le hashtag #WijOverdrijvenNiet, mais aussi par les tentatives – du Vlaams Belang notamment – de développer un mouvement raciste tel que Pegida, inspiré du mouvement allemand des ‘‘Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident’’. Le 16 mai, pour la première fois depuis des années, une contre-action homophobe prendra probablement place le jour même de La Pride (ex-Gay Pride). Cette initiative provient, une fois encore, des milieux conservateurs et d’extrême droite.
Les discriminations n’épargnent aucun secteur, des agences immobilières aux entreprises les plus diverses. Des nationalistes flamands se sentent suffisamment en confiance que pour s’en prendre à des journalistes en raison de leur couleur de peau. Les scandaleuses expulsions de sans-papiers suscitent par ailleurs peu d’indignation, de même que le fait que 40% des migrants non européens vivent sous le seuil de pauvreté en Belgique. Les faits indiquent clairement que le racisme est une réalité toujours bien vivace et, contrairement à ce qu’affirme Bart De Wever sans la moindre honte, il ne s’agit pas bêtement d’une excuse évoquée pour justifier des échecs personnels.
Les propos racistes de Bart De Wever et sa stigmatisation ouverte de minorités spécifiques ont profondément choqué. Cela n’a toutefois pas suffit à ce que la N-VA et De Wever prennent leurs distances de ces remarques. Quant à ceux qui ont tenu à protester dans les rues d’Anvers, ils ont immédiatement dû faire face à la répression policière et au système des amendes SAC (Sanctions Administratives Communales).
Loin d’être exagéré
Ce débat public survient au moment même où l’étendue du sexisme ordinaire occupe à nouveau le devant de la scène médiatique flamande et où, en France, le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a dévoilé une étude indiquant que 100% des utilisatrices de transports en commun interrogées ont subi du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle au moins une fois dans leur vie! Le problème est profond, très profond, et ne se limite pas aux jeunes d’origine immigrée des rues de Bruxelles, contrairement à une fausse idée largement répandue.
Tout comme c’est le cas avec le racisme, certains essayent de faire retomber la responsabilité de la problématique sur les épaules des victimes. Dans les cas de viol on peut ainsi encore régulièrement entendre (jusque dans les milieux universitaires) que la victime avait ‘‘provoqué’’ ce qui lui est arrivé par sa tenue, son ébriété,…
Les réactionnaires contre La Pride
Pour la première fois depuis longtemps, un groupe de profonds réactionnaires de droite (sous le nom de Mars voor het gezin, Marche pour la famille) veut organiser une action homophobe dans les rues d’Anvers le 16 mai, au moment même où se déroulera La Pride à Bruxelles. Cette manifestation comprendra des revendications opposées au droit à l’avortement, pour l’interdiction de La Pride,… Cet évènement aura de quoi séduire le primat de Belgique, Monseigneur Léonard, pour qui ‘‘La loi belge dépénalisant l’avortement? C’est un drame!’’ , comme il l’a déclaré cette année dans son homélie de Pâques. Il y a quelques années, il avait encore comparé l’homosexualité à l’anorexie, reléguant ainsi clairement l’orientation sexuelle au rang de maladie.
Si cette initiative a originellement été prise par des fondamentalistes catholiques, un large spectre de réactionnaires de droite est également intéressé par la démarche, notamment le KVHV (cercle des étudiants catholique) étroitement lié à la N-VA. Le 16 mai, des militants de la N-VA se retrouveront donc à La Pride à la recherche de potentiels électeurs tandis que d’autres manifesteront à Anvers pour l’interdiction de l’évènement…
Ne nous laissons pas diviser!
Racisme, sexisme et homophobie ont pour effet de diviser la population et d’instaurer des barrières à la lutte commune que nous avons tous à mener contre les véritables responsables de la crise, du chômage et de la misère. La meilleure façon de réagir est d’organiser une opposition politique et active conséquente contre toute tentative de division de notre classe et du mouvement social. En Allemagne, c’est de cette façon que la progression du mouvement Pegida a pu être brisée.
Pareille approche ne peut qu’être renforcée en étant clairement liée au combat anti-austérité, dont l’impact néfaste accroit les tensions sociales. Opposons la solidarité à la logique de division, par la lutte pour des emplois et des logements décents et de qualité pour tous. Plus globalement, luttons pour permettre à chacun de disposer d’un véritable avenir indépendamment de son origine, de son genre ou de son orientation sexuelle. Voilà notre réponse au désespoir réactionnaire.
(1) Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenders, Queers, Intersexués



