Tag: Antisexisme

  • STOP au racisme, au sexisme et à l'homophobie

    LS2013_versoEn cinq ans, le nombre de dossiers sur l’islamophobie a quadruplé en Belgique, passant de 55 à 201. En juin, la terreur homophobe a fait 49 morts à Orlando. Pendant ce temps, le sexisme est accepté et légitimé par une partie de l’establishment. La lutte contre le racisme, le sexisme et l’homophobie est loin d’être terminée.

    Tout le monde a été choqué par l’attaque d’un nightclub gay à Orlando. Elle a conduit à une vague de protestation et d’indignation. Mais aussi à des actions scandaleuses de groupes religieux extrémistes qui voulaient perturber les funérailles des victimes par des manifestations homophobes. Dans leur haine, les extrémistes conservateurs de toutes sortes se retrouvent côte-à-côte. Le populiste de droite et sexiste notoire Donald Trump a aussi essayé d’avoir sa part du gâteau, sans dénoncer l’homophobie et en propageant le racisme. On ne répond pas à la haine par plus de haine, mais par la solidarité de l’ensemble de la population. Cette solidarité, nous l’avons une fois de plus vue après la tuerie d’Orlando dans de nombreuses veillées et manifestations. Les défilés de la Pride aux États-Unis ont ainsi été particulièrement forts cette année.

    Chez nous aussi, le racisme et le sexisme se développent. Celui qui pensait que l’égalité des droits obtenue s’est trompé. Les femmes gagnent toujours moins que les hommes et sont reléguées au rang d’objets sexuels dans les médias dominants. Après le harcèlement sexuel à grande échelle survenu à Cologne la veille du Nouvel An, les politiciens de droite ont prétendu que le sexisme est un problème lié aux migrants et aux demandeurs d’asile. Mais les demandeurs d’asile et les migrants sont eux aussi victimes du sexisme inhérent au capitalisme. Les femmes d’origine immigrée ont particulièrement difficile : en raison de leur sort incertain et de leur position faible dans la société, elles ont peu de moyens pour s’opposer à la violence sexuelle et à l’oppression.

    Il est remarquable que les politiciens de droite qui, après Cologne, ont réclamé que la lutte contre le sexisme soit la priorité, ont été très silencieux lorsque l’entrepreneur néolibéral extrémiste Fernand Huts a avancé le fait que les femmes modernes ne permettent pas à leurs hommes d’entreprendre parce qu’ils doivent coopérer aux tâches ménagères. Ou lorsqu’un scandale a éclaté à l’Université de Gand autour d’un professeur qui a suivi de manière très intime des étudiantes. Lorsque le conseiller communal N-VA Carl Huybrechts était encore un présentateur sportif à la télévision, il n’y a eu aucun commentateur féminin dans son émission. Il aurait alors dit : ‘‘Pas de bonne femme dans mon show’’. Le sexisme est omniprésent et doit être combattu à tous les niveaux. Cela ne se fera pas avec seulement des discours contre le sexisme qui serviraient un autre agenda, celui du racisme.

    Le racisme connait une progression. En Autriche, un candidat d’extrême-droite à la présidence a failli être élu ; en France le FN de Marine Le Pen est bien placé dans les sondages ; et aussi chez nous, l’extrême-droite du Vlaams Belang est de retour. Et en même temps, il y a une augmentation du nombre de violences racistes. Le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme a reçu 55 plaintes d’islamophobie en 2010. L’année dernière, il y avait déjà 201. Entre autres : des femmes musulmanes dont le foulard a été déchiré dans la rue ou des cas de vandalisme contre les mosquées. Suite aux attentats de Bruxelles, une discussion est née sur le racisme dans la police à Malines qui aurait égaré un indice sur les terroristes des attaques à Bruxelles, indice qui aurait potentiellement pu sauver des vies.

    Avec les Étudiants de Gauche Actifs (EGA), nous menons activement campagne contre le racisme, le sexisme et l’homophobie. Tout ce qui nous divise, nous affaiblit. La discrimination est une composante logique d’un système inégalitaire. Le petit groupe de capitalistes – rappelons-nous des 62 super-riches qui possèdent autant que la moitié la plus pauvre du monde – a beaucoup à gagner des discriminations et des préjugés. Cela pose un obstacle à la lutte unitaire des 99% de la population pour une société différente. Ils cachent la contradiction fondamentale dans cette société : celle entre les 1% super-riches et les 99% d’autres.

    Un capitalisme sans racisme, sexisme ni homophobie est impossible. Si des étapes importantes ont été franchies, c’est parce que nous avons activement combattu avec le mouvement des travailleurs. Mais tout pas en avant n’est jamais permanent dans ce système perpétuellement à la recherche de nouvelles manières pour assurer la domination d’une petite élite. Participez à notre campagne pour une société différente, un système socialiste où l’oppression et la discrimination seront définitivement dans les poubelles de l’histoire !

  • Non à la dictature des multinationales ! EGA en campagne durant l'été

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    Cet été, les Étudiants de Gauche Actifs mèneront campagne en rue, aux festivals,… afin de préparer leurs activités de rentrée. Voici ci-dessous le tract qui présente ces dernières. // Tract en version PDF

    20 SEPTEMBRE : MANIFESTONS CONTRE LA DICTATURE DES MULTINATIONALES !

    Bien que le contenu du TTIP ne soit pas encore connu totalement, ses grandes lignes sont claires : tout le pouvoir aux actionnaires ! Notre génération est déjà confrontée à toutes les conséquences de ce système : chômage de masse, terrorisme, guerre, misère… Le TTIP est une (grosse) attaque en plus contre les conditions des vies de la majorité.

    Ils ont l’argent, on a le nombre

    Il n’y a pas de fatalité. En renversant le rapport de force, nous pouvons changer les choses. En manifestant, nous montrerons que les jeunes et les travailleurs refusent ce traité. Une manif ne sera pas suffisante. Mais utilisons chacune d’entre elles pour construire le mouvement contre le TTIP.

    Dans ton école, ton unif…

    Discute autour de toi pour convaincre une ou plusieurs personnes de participer. Organise des rendez-vous pour discuter du TTIP, fabriquer un calicot ou des pancartes… Bref : regarder comment on peut construire le mouvement autour de nous. Tu peux aussi nous contacter pour voir comment t’impliquer dans la lutte.

    L’utopiste, c’est celui qui croit en l’avenir du capitalisme !

    S’opposer au TTIP, c’est aussi s’opposer au système qui permet à une minorité d’accaparer les richesses : le capitalisme. EGA lutte pour une société où les grandes entreprises seraient placées sous le contrôle démocratique de la collectivité. La production de richesses ne doit pas servir à remplir les portefeuilles des plus riches, mais à combler les besoins de chacun. Une société qui assure l’émancipation de tous, c’est ce que nous appelons socialisme démocratique.

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    Envie de poulet au chlore dans ton assiette ?

    Le TTIP projette de créer la plus vaste zone de libre-échange au monde (UE+USA). Cela prendra le pire des législations de chaque continent en matière de salaires, santé, environnement… et les imposera à l’autre. Des tribunaux spéciaux seront même créés dans les cas où un État prendrait des mesures pouvant diminuer les profits d’une multinationale. Pour l’Europe, ça veut dire : levée de l’interdiction sur les OGM ou le “nettoyage” du poulet au chlore, arrêt des taxes antipollution… Mais aussi arrêt total de toute réglementation du secteur financier. Bref, les actionnaires auront légalement plus de droits que nos votes. La dictature des multinationales est officialisée.

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    MOBILISONS-NOUS POUR FAIRE CHUTER CE GOUVERNEMENT DE MALHEUR ET TOUTE L’AUSTÉRITÉ !

    La réforme de la loi travail, en quoi consiste-t-elle ?

    C’est un ensemble de mesures qui flexibilisent nos conditions de travail. Elles seront désormais négociées individuellement. Seul face à son patron, le travailleur est faible et devra tout accepter sans contrepartie. De plus, les 100 premières heures supplémentaires seront prestées sans sur-salaire ni récups ; bonjour la semaine des 45h ! Des contrats d’intérim longue durée seront possibles avec la perspective de bonds quotidiens d’un lieu de travail ou d’une mission à l’autre. Et pour couronner le tout, les horaires pourront désormais être communiqués seulement 24 h à l’avance.

    En quoi cette réforme concerne-t-elle les jeunes ?

    Actuellement, 70 % des intérimaires ont moins de 30 ans et 36 % sont étudiants. Le gouvernement souhaite nous mettre en concurrence les uns avec les autres, coincés dans un statut précaire et avec pour seul rôle de satisfaire les besoins du marché. La restriction de l’accès aux différentes allocations et le sous-emploi chronique aggravent la situation. À Bruxelles, on compte en moyenne 1 emploi disponible pour 17 demandeurs. Et tout cela, sans parler des mesures d’austérité dans l’enseignement qui s’élèveront à près d’un milliard d’euros sur l’ensemble de la législation et en réduiront la qualité tout comme l’accessibilité.

    Quelle alternative ?

    Contre ce projet patronal, nous devons défendre les intérêts de notre classe sur une base collective. Cela signifie lutter pour des services publics de qualité et accessibles à tous, ainsi que pour un partage équitable du temps de travail, sans réduction de salaire et avec embauche compensatoire.

    Au-delà de ça, ce n’est qu’en sortant de ce système capitaliste au service d’une minorité d’actionnaires et de gros patrons que nous pourrons contrer définitivement le détricotage de nos conditions de vie et de travail. Nous devons construire une société où les besoins prennent le pas sur les profits, ce qui ne pourra être assuré qu’en étendant la démocratie bien au-delà des parlements et en mettant les secteurs clefs de l’économie sous contrôle collectif.

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    Nous sommes dans la m…

    Beaucoup ne connaissent pas l’ampleur des mesures d’austérité qui nous attendent ; il est essentiel d’en discuter le plus possible autour de nous et d’utiliser tous les canaux d’information (journal militant, réseaux sociaux, etc.) . Il est essentiel d’organiser des discussions collectives à ce sujet dans les écoles et sur les campus ! Profitons du temps de midi pour improviser de telles discussions où chacun pourra poser ses questions et émettre des propositions d’action.

    Organisons-nous

    Une telle AG improvisée peut alors déboucher sur la construction d’un Comité d’Action contre l’austérité au sein duquel tous peuvent s’impliquer davantage. Celui-ci peut, sur base de la discussion, mettre sur pied une action, collecter le matériel nécessaire à sa réalisation (banderole…) et écrire un tract afin de mobiliser pour celle-ci. On peut mettre en avant des slogans ou même réécrire des chansons.

    Passons à l’action

    Les actions possibles sont très diverses : proposer aux jeunes de signer la banderole en soutien, mobiliser vers les actions syndicales, pourquoi pas à l’aide de capsules vidéos illustrant notre combat, participer activement (calicots, banderoles, slogans…) aux actions syndicals. Il est important que chaque action puisse se finir par une AG et qu’à chacune, on discute de l’action suivante et du message à faire passer pour progressivement nous renforcer démocratiquement.

    Tous ensemble vers la manif du 29 septembre et la grève générale du 7 octobre

    Le Comité d’Action et les AG ne doivent pas se limiter aux jeunes. Nous sommes tous concernés par les mesures de casse sociale : unissons-nous dans la lutte ! Contactons les délégations syndicales de l’ensemble du personnel. Pourquoi ne pas écrire un tract commun, partir ensemble en manif et faire des piquets de grève communs : étudiants et travailleurs ?

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    REJOINS LES ÉCOLIERS ET ÉTUDIANTS DE GAUCHE ACTIFS !

    Le capitalisme – confronté à une crise économique, sociale, écologique et migratoire – n’a aucune réponse à nous apporter. Il n’engendre que guerre et misère. Une autre société est donc nécessaire ! Se baser sur le sentiment d’indignation et de frustration n’est pas suffisant. Pour changer la société, nous devons la comprendre et l’analyser, mais aussi tirer les leçons du passé. Pour cela, nous nous basons sur le marxisme. Ce n’est pas un dogme rigide, mais une méthode d’analyse flexible dans le but de changer le monde.

    Étudiants de Gauche Actifs (ALS, Actief Linkse Studenten en Flandre) est l’organisation de jeunesse du Parti Socialiste de Lutte (PSL). Nous défendons une alternative anticapitaliste basée sur le contrôle démocratique de l’économie par la collectivité, orientée vers les besoins de la majorité de la population. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique.

    Ensemble, construisons cette société ! Contacte-nous pour être tenu au courant de nos activités, pour prendre rendez-vous avec un militant pour en savoir plus sur EGA ou pour devenir membre : carte de membre à 5 € (avec 3 numéros de notre journal Lutte Socialiste offert).
    FACEBOOK.COM/GAUCHE.BE – INFO@GAUCHE.BE – 0474/35 30 36 (Emily)

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    STOP au RACISME, au SEXISME, à l’HOMOPHOBIE – TOUT CE QUI NOUS DIVISE NOUS AFFAIBLIT

    Stop au racisme

    La violence policière contre les Noirs aux USA, les contrôles au faciès encore renforcés depuis les attentats, la politique migratoire européenne, l’exploitation des sans-papiers,… Tant d’exemples qui illustrent à quel point la société capitaliste est rongée par le racisme et les discriminations.

    Stop au sexisme

    La marchandisation du corps des femmes et son utilisation comme outil marketing pour faire du fric n’est pas sans conséquence : banalisation du harcèlement et justice en défaut avec des suspensions du prononcé pour des violeurs (tel que pour un animateur radio gantois) banalisant leurs actes et en culpabilisant les victimes. En festival ou ailleurs le sexisme reste ancré dans notre quotidien.

    Stop à l’homophobie

    L’égalité tant juridique que dans les faits pour les personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le)s, Transgenres, Queers, Intersexes et autres (LGBTQI) est loin d’être acquise. Le refus de plusieurs dirigeants de parler d’attentats à caractère homophobe à Orlando l’illustre. En Belgique, toute personne trans voulant la reconnaissance légale de son genre doit passer par une psychiatrisation, une stérilisation forcée et autres traitements indignes qui doivent être abolis. La famille traditionnelle sert à pallier le manque de services publics, c’est pourquoi la marginalisation des LGBTQI et le sexisme s’aggravent parallèlement aux attaques contre nos conquêtes sociales.

    Ensemble contre les discriminations et l’exploitation

    Diviser la masse des opprimés, exacerber les préjugés permet de détourner notre attention des véritables responsables des problèmes économiques, sociaux et environnementaux. Toutes les discriminations représentent un frein à notre combat pour une vie digne. Organisons une opposition active et politique conséquente contre toutes tentatives de division. Chacun mérite d’avoir un véritable avenir et d’être respecté indépendamment de son origine, de sa religion, de son genre ou de son orientation sexuelle. Ce n’est qu’uni que l’on y parviendra.

    Que faisons-nous ?

    Nous organisons des actions non violentes à chaque tentative de l’extrême droite (NSV, Pegida, FN français, Nation…) et de groupes réactionnaires (contre le droit à l’avortement, contre les droits des LGBTQI…) de diffuser haine et division. Systématiquement, nous répondons par un message de solidarité et de résistance sociale. Pour nous, la lutte contre les discriminations est, de plus, indissociable de la lutte contre l’austérité qui nécessite l’unité et l’implication de tous. Alors, n’hésite plus, rejoins-nous !

  • Combattre l'oppression : Un point de vue marxiste sur le féminisme

    womensRightsSymbol628x356Une analyse matérialiste de l’origine et de la nature de l’oppression des femmes

    Le marxisme est une philosophie et un point de vue sur le monde qui cherche à analyser la réalité concrète à partir de faits matériels. Bien qu’il n’était pas possible pour Marx et Engels, à eux seul, de se pencher de façon adéquate sur l’ensemble des questions liées à l’oppression (tout comme ils n’ont pas pu se pencher dans leurs écrits spécifiquement sur d’autres thèmes importants), ils ont tout de même beaucoup écrit sur l’oppression des femmes, sur l’oppression raciale – liée à l’esclavage et à l’impérialisme – et sur l’oppression des minorités nationales, comme celle de la nation irlandaise dans le cadre de l’Empire britannique. Alors que bien souvent, le marxisme est présenté de façon réductrice par certains groupes politiques ou intellectuels qui le réduisent à un déterminisme économique simpliste, cette interprétation est complètement à l’opposé du vrai marxisme. En effet, ce sont les outils du marxisme qui nous permettent aujourd’hui de développer une analyse complexe et scientifique qui prend en compte tous les aspects d’un même problème, par exemple lorsqu’on analyse la nature et l’origine des différentes formes d’oppression qui existent au sein de la société capitaliste moderne. Ce sont aussi les outils du marxisme qui nous donnent les moyens d’organiser la lutte et finalement d’en finir avec les rapports de forces sociaux qui génèrent la victimisation, la discrimination et l’oppression.

    Par Laura Fitzgerald

    En ce qui concerne l’oppression des femmes, Engels a apporté une contribution autant inestimable que révolutionnaire avec son ouvrage « L’Origine de la famille, de l’État et de la propriété privée ». La conclusion la plus importante de ce travail est que l’oppression des femmes, bien qu’elle existe depuis des milliers d’années, n’est pas quelque chose d’inévitable, d’immuable, ordonnée par Dieu ou découlant de la nature des hommes. Engels parle notamment de l’existence de sociétés primitives dans lesquelles les femmes sont tenues en haute estime, où les classes sociales n’existent pas, dans lesquelles tout membre est essentiel à la survie et à la prospérité du groupe tout entier. Il y décrit le lien qui existe entre l’institution de l’oppression systématique et séculaire des femmes et la société de classes. En effet, le développement de l’agriculture a permis de libérer une petite partie de la population du travail productif, qui s’est ensuite constituée en élite au sommet de la société. Petit à petit, la perpétuation de cette division du travail en classes sociales s’est retrouvée liée à la transmission de la propriété privée via la lignée mâle, qui ne pouvait être garantie que par l’assujettissement des femmes.

    Ce développement tire son origine de la division genrée du travail, qui était souvent une caractéristique des sociétés de chasseurs-cueilleurs, bien que cette division n’était pas forcément hiérarchisée. Mais à partir du moment où la propriété privée (des outils, de la terre, etc.) a commencé à être transmise en suivant la lignée mâle, il est apparu nécessaire d’instaurer des contrôles sur la sexualité des femmes : c’est le modèle de famille patriarcale qui s’est imposé, car il convenait le mieux à cette fin. Contrairement donc à la théorie de la “patriarchie” anhistorique (qui fait abstraction du passé) selon laquelle les hommes auraient “naturellement” pris le pouvoir sur les femmes, les marxistes ont une vision plus positive de cette question. Ils placent ces discussions dans le contexte de la lutte pour une société socialiste, sans classes sociales. Celle-ci doit, par nature, constituer une lutte pour une société libérée de toute forme de division et ainsi faire disparaitre la base économique de l’oppression des femmes (et donc, graduellement, les expressions culturelles de cette oppression).

    Lorsque Marx et Engels se sont penchés pour la première fois sur la question de la famille nucléaire sous le capitalisme, ils l’ont perçue comme un élément crucial à la transmission de la propriété privée pour la classe dominante. À l’époque de Marx, les femmes qui travaillaient dans les usines souffraient tellement de leur travail pendant leur grossesse, après l’accouchement et pendant l’allaitement, que cela nuisait à la santé et à la productivité de l’ensemble de la force de travail. Dans ces circonstances, même la classe ouvrière s’opposait à la dissolution de la famille nucléaire puisque cette institution permettait, en l’absence de toute couverture sociale, aux femmes de bénéficier du revenu de leur mari aux moments où elles étaient trop vulnérables pour pouvoir elles-mêmes travailler. Tout ceci a donc encouragé la promotion de la famille nucléaire par la classe dirigeante afin d’assurer, du point de vue des patrons, que les femmes jouent un rôle dans la reproduction et l’éducation d’une main d’œuvre vigoureuse et en bonne santé, ingrédient essentiel pour le maintien de leurs profits.

    Ce rôle de “reproduction sociale” pour le capitalisme demeure une des principales bases économiques de l’oppression des femmes aujourd’hui, puisque nous voyons que de nos jours encore, sur tous les continents, ce sont les femmes qui accomplissent la grande majorité du travail domestique non payé. Ce rôle a également été utilisé par le capitalisme en tant qu’outil de contrôle social et continue à être utilisé en tant que moyen de promotion des fonctions genrées les plus arriérées tout en assurant l’assujettissement des femmes.

    En Irlande, l’État capitaliste, qui reste faible, s’est reposé, dès sa fondation, sur la puissance et l’autorité de l’Église catholique. Aujourd’hui, cette alliance réactionnaire entre Église et État n’est toujours pas brisée. L’idéologie religieuse joue un rôle parfois extrême dans tout ce qui touche aux soins de santé et à la loi, comme on le voit avec l’interdiction constitutionnelle de l’avortement ou l’affirmation – même par un responsable des Nations-Unies – qu’au regard de la loi, les femmes ne sont rien de plus que des “incubateurs”. Le modèle de la famille nucléaire “traditionnelle” est cependant grandement remis en question puisqu’on voit que la majorité de la population participe en réalité à d’innombrables types d’arrangements familiaux divers et variés. Les couches les plus clairvoyantes de la classe dirigeante tolèrent cet état de fait, tant que le rôle de “reproduction sociale” par l’institution familiale est assuré. Mais avec la politique d’austérité appliquée par l’élite dirigeante à travers toute l’Europe, favorisant un démantèlement et une privatisation croissante des services publics, le poids du rôle de reproduction sociale au sein des familles empire pour les femmes et l’ensemble de la classe ouvrière.

    L’entrée massive des femmes dans la force de travail a été un immense facteur de progrès, qui a contribué à élever la confiance et les attentes des femmes. Aux États-Unis, durant la période d’après-guerre, les médias et notamment la publicité ont consciemment œuvré à promouvoir le modèle de la famille nucléaire et le rôle de la femme au foyer, financièrement dépendante de son mari et qui avait la charge de nourrir la famille. Aujourd’hui, les médias et l’immense industrie du sexe misent plutôt sur l’objectification sexiste du corps féminin. Au cours des années ’50 aux États-Unis, il s’agissait d’une contre-attaque idéologique à la suite du progrès accompli par les femmes en tant que partie prenante de la force de travail au cours de la guerre. Aujourd’hui, l’objectification des femmes est un sous-produit de la soif de profits de la majeure partie de la grande industrie. Cela n’est forcément pas sans conséquence sur la position des femmes dans la société. Dans ces deux cas, malgré leurs différences, le même résultat est obtenu : la promotion d’idées sexistes qui contribuent à l’oppression et à la violence contre les femmes.

    Les théories de l’identité politique

    Les théories de l’“intersectionnalité” et du “privilège” (expliquées ci-dessous) peuvent être considérées comme faisant partie de toute la panoplie d’arguments qui constituent la théorie de l’“identité politique”. Cela fait à peu près vingt ans que cette théorie vit au sein d’une partie (relativement isolée) de la gauche américaine et, via les deux concepts susmentionnés qui sont aujourd’hui particulièrement populaires, parmi la nouvelle génération de militants irlandais actifs dans le mouvement pour le droit à l’avortement et dans de nombreux pays où grandit une résistance contre le sexisme sous ses diverses formes comme le sexisme médiatique, le harcèlement de rue, la violence sexuelle et conjugale. On la retrouve également régulièrement dans le mouvement LGBTQI.

    La théorie de l’identité politique peut être définie comme une analyse qui considère la société comme étant composée de différents “groupes d’intérêts”. Parfois, ces groupes d’intérêts se croisent ou se chevauchent les uns les autres, mais il manque un cadre global qui permette d’analyser la société dans son ensemble. L’utilisation généralisée des réseaux sociaux, notamment par toutes celles et ceux qui veulent combattre l’inégalité et l’oppression, permet d’expliquer que, pour la plupart des femmes politisées ou actives contre le sexisme, ces théories ont déjà été vues et entendues sous une forme ou sous une autre.

    Les théories de l’intersectionnalité et du privilège proviennent généralement de la “troisième vague du féminisme” (ou “postféminisme”) des années ’80 et ‘ 90. Ces mouvements se sont davantage concentrés sur la féminisation de l’élite dirigeante plutôt que sur les luttes des mouvements pour les droits des femmes. Il s’agissait ainsi d’un important recul provenant de l’illusion selon laquelle le système capitaliste serait capable d’apporter l’égalité et la liberté pour les femmes. À cette époque, la crise du capitalisme des années ’70 et ’80 avait révélé la faillite du réformisme de la direction syndicale et de la direction du Parti travailliste. Ces derniers se sont positionnés aux côtés du système, ce qui a mené à des défaites et des reculs. Cela coïncide avec l’émergence de la doctrine néolibérale du capitalisme, avec l’effondrement du stalinisme et avec l’affirmation des capitalistes selon laquelle la “fin de l’Histoire” – c’est-à-dire la fin de la lutte des classes – était arrivée.

    Cette période de défaites a mené à un recul très important de la conscience de classe et de l’autorité du mouvement ouvrier. Le néolibéralisme était seul maitre à bord, que ce soit sur le plan économique ou politique. D’importantes attaques ont été menées contre les syndicats en même temps que déferlaient privatisations, contrats à court terme, emplois sous-payés, désindustrialisation et un grand panel de mesures supprimant tout obstacle au profit. C’est à cette époque également qu’est apparu le petit cousin idéologique du néolibéralisme : le postmodernisme.

    Le Postmodernisme

    Le postmodernisme est le rejet de tous les “grands récits”, de toute tentative de développement d’une analyse et d’un point de vue global. Selon le postmodernisme, on ne peut réellement connaitre et analyser la réalité objective dans sa totalité. Il s’agit d’une analyse de l’oppression se basant sur un idéalisme majoritairement personnel et subjectif. Bien entendu, les opinions et les expériences personnelles de tous les opprimés sont extrêmement importantes. Mais afin d’avoir un aperçu correct de la nature et des causes de l’oppression, en plus d’être à l’écoute de la voix des opprimés, il faut une analyse matérialiste des forces sociales à l’œuvre, qui sont à la source de cette oppression. Ainsi, nous avons besoin d’une vision claire, c’est-à-dire d’un programme et de méthodes justes pour lutter et parvenir à vaincre l’oppression sexiste.

    Il est vrai que la plupart des courants “d’identité” rejettent consciemment le féminisme libéral ou bourgeois – c’est-à-dire un féminisme entièrement cautionné par le capitalisme, qui ne cherche à obtenir des changements que s’ils s’insèrent dans le cadre donné par ce système, qui porte surtout une attention à la féminisation de l’élite dirigeante, qui veut plus de patrons et de politiciennes femmes tout en se maintenant dans ce système de profits, qui est pourtant la cause de l’inégalité et de l’oppression. Néanmoins, cette attention portée sur le caractère individuel, voire personnel du problème – également inhérent à la politique d’identité, bien que d’une autre manière – ne remet pas en question le statu quo. Dans le rejet des “grands récits”, il n’y a aucune critique globale de la manière dont le système perpétue le racisme, le sexisme et l’homophobie.

    Nancy Fraser – une intellectuelle féministe de gauche qui dénonce la manière dont le mouvement féministe est à ses yeux devenu la “bonniche du capitalisme” – déplore cette transition “identitaire”. Nancy Fraser exagère sans doute l’ampleur de la politique socialiste et de l’idée de lutte des classes dans le mouvement féministe des années ’60 et ’70 – bien qu’il soit certain que cette vision des choses ait joué un grand rôle dans ce mouvement. Néanmoins, les critiques exprimées par celle-ci sur ce qui est advenu de ce mouvement féministe sont extrêmement éclairantes :

    « Tandis que la génération de ’68 espérait, entre autres, restructurer l’économie politique de sorte à abolir la division genrée du travail, les féministes qui ont succédé ont formulé d’autres buts moins matériels. Certaines cherchaient, par exemple, à obtenir une reconnaissance de la différence sexuelle, tandis que d’autres préféraient déconstruire l’opposition catégorique entre masculin et féminin. Le résultat a été un déplacement du centre de gravité du mouvement féministe. Alors qu’il se concentrait sur le travail et sur la violence, les luttes féministes aujourd’hui parlent de plus en plus d’identité et de représentation… Le tournant dans le mouvement féministe en faveur de la “reconnaissance” va clairement de pair avec l’hégémonie du néolibéralisme, qui veut avant tout faire disparaitre tout souvenir de l’idéal socialiste. » (Les Fortunes du féminisme : du capitalisme d’État à la crise néolibérale, 2013)

    Nancy Fraser oppose cette approche à son propre modèle de reconnaissance / redistribution : la remise en question des aspects économiques de l’oppression des femmes et celle de ses aspects culturels (tels que le manque de reconnaissance) doivent inextricablement être liées afin de pouvoir combattre efficacement l’oppression des femmes. Pour les marxistes, cela constitue le b.a.-ba de la lutte pour l’émancipation des femmes et il est positif qu’une féministe célèbre aille dans ce sens. Prenons un exemple. En Irlande, la lutte pour les droits reproductifs ne peut pas être complète si elle se concentre uniquement sur les aspects légaux. On ne peut oublier le fait que le système des soins de santé est non seulement entre les mains de l’establishment catholique avec sa vision arriérée des femmes et de la reproduction, mais qu’il est également gravement sous-financé, ce qui fait que son personnel est clairement dépassé par le nombre de patients, causant des souffrances inutiles à celles qui accouchent dans les hôpitaux publics.

    La lutte pour les droits à la reproduction doit donc être liée à la lutte pour un service public de soins de santé progressiste, laïc, moderne et totalement gratuit. Vu la faiblesse du capitalisme irlandais (celui-ci étant très fortement axé sur le néo-libéralisme à l’anglo-saxonne), la politique d’austérité actuelle, ainsi qu’une tendance continue vers un modèle privatisé des soins de santé et l’inexistence totale d’un véritable service public de ces soins pour sa population, il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de lutter pour une alternative à ce système. Cela veut dire remettre en question la propriété privée des moyens de production et des capitaux afin de placer ces ressources au service de la population sous contrôle démocratique des travailleurs. Cela permettra de développer un service de santé public démocratique et accessible à tous.

    Une approche de classe

    Un enjeu important pour les théories de l’identité politique est de pouvoir définir et caractériser l’oppression et, dans le cas de l’intersectionnalité, d’analyser la manière dont les différents types d’oppressions interagissent entre eux. Il est vrai que nous pouvons tirer beaucoup de précieuses informations de cette réflexion afin d’étayer et d’enrichir notre analyse socialiste. À ce sujet, on caricature souvent les marxistes et les socialistes en les représentant comme obsédés par la question des classes sociales. Il est clair que pour les socialistes, la division de la société en classes sociales est cruciale et est la clé de toute analyse de la société.

    Il existe en effet une classe dirigeante, qu’on appelle souvent aujourd’hui celle des « 1 % ». C’est un tout petit groupe de gens qui détient la majorité des richesses et des moyens de production, grâce auxquels ils réalisent leurs profits.
    Et puis, il y a l’autre grande classe dans la société, celle des travailleurs (ou classe prolétaire). La définition large de cette classe est qu’elle regroupe l’ensemble des “esclaves salariés”, c’est-à-dire toutes les personnes contraintes à vendre leur force de travail pour pouvoir vivre. Leurs familles, qui dépendent de leur salaire, les pensionnés et les chômeurs font également partie de cette classe sociale.

    Enfin, il y a les couches moyennes (la “petite-bourgeoisie”, mais aussi la paysannerie, les artisans, les petits et moyens commerçants, les indépendants, etc.) qui balancent entre ces deux grandes classes et qui participent au conflit entre les classes en se rangeant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Notons que, de manière générale, non seulement la classe des travailleurs est aujourd’hui la plus grande classe de la société à l’échelle mondiale, mais elle s’accroit constamment au fur et à mesure que les paysans chinois et indiens quittent leurs campagnes pour aller chercher du travail en ville, que les femmes du monde entier rejoignent les forces de production et que les petits commerçants et artisans cèdent la place à la grande distribution et à l’industrie.

    La classe des travailleurs est la force la plus puissante dans la société, pour peu qu’elle soit unie et consciente. Nous avons vu cela à de nombreuses reprises dans l’histoire. En effet, en cas de grève, les profits ne sont plus réalisés et la société tout entière peut se retrouver paralysée si les travailleurs le décident, car c’est eux qui occupent les positions les plus importantes dans l’économie et dans la société. Par exemple, en Égypte, après des semaines d’occupation de la place Tahrir, c’est la grève générale qui a porté le coup fatal à Moubarak. Malheureusement, l’absence d’une force socialiste et le faible niveau de la conscience de classe ont limité la portée du mouvement révolutionnaire égyptien et la contre-révolution a pris le dessus. Toutefois, le processus révolutionnaire est toujours en cours de développement et il est clair que de nouvelles luttes vont se développer. Cependant, l’Égypte illustre bien le fait que nous devons constamment organiser et bâtir la conscience et la force de notre classe sociale.

    La classe des travailleurs n’est pas homogène. Elle est composée d’une myriade d’individus dont l’expérience, l’attitude et le degré d’exploitation diffèrent largement. Il est crucial de bien comprendre la nécessité d’avoir un programme ainsi que des organisations syndicales et politiques qui unifient l’ensemble de la classe des travailleurs au-delà de ces divisions. En Irlande, c’est le manque d’unité qui a permis à la politique d’austérité de passer. Cette politique a directement aggravé les conditions de vie des femmes, qui forment la majorité des travailleurs précaires et des utilisateurs des services publics. La direction bureaucratique des syndicats n’est pas parvenue à s’opposer à la division entre travailleurs du secteur public et du privé. Celle-ci est attisée par les politiciens et les médias et leur volonté de s’engager dans un modèle de “conciliation sociale”. Mais cette dernière ne permet pas de reconnaitre les intérêts fondamentalement opposés entre la classe dirigeante et la classe des travailleurs.

    Le fait que la division en classes sociales soit pour nous la question centrale ne veut pas dire que nous refusons de reconnaitre qu’il existe d’autres formes particulières d’oppression. Mais seule une classe des travailleurs consciente, organisée et unie a la puissance de combattre le système d’oppression qu’est le capitalisme. La classe dominante doit maintenir coute que coute cette oppression parce que cela permet de diviser les travailleurs, d’empêcher leur unité dans la lutte et ainsi d’en tirer des profits. Cette lutte est la forme la plus efficace de résistance contre la classe dominante qui possède non seulement le pouvoir économique, mais aussi le pouvoir politique et idéologique. Elle a également à son service non seulement un appareil d’État, qui détient le monopole légal de la violence (police, armée, etc.), mais aussi des médias qui diffusent constamment son idéologie.

    Si on prend l’exemple d’une travailleuse confrontée à une domination abusive de son conjoint, il est probable que, de son point de vue, son oppression en tant que femme est le premier et le plus grand obstacle à son émancipation ainsi que la plus grande source de malaise dans sa vie à ce moment-là. Le fait qu’elle soit une femme de la classe des travailleurs est néanmoins tout aussi important. Par exemple, s’il s’agit d’une travailleuse disposant de faibles revenus, cela limite ses options et ses choix. Il lui sera plus difficile de quitter ce conjoint pour aller mener sa propre vie. D’un autre côté, il ne faut pas perdre de vue que travailler à l’extérieur de la maison permet de fréquenter d’autres personnes qui se trouvent dans la même position. Son travail en dehors du domicile familial peut alors accroitre son sentiment de confiance en soi. En tant que travailleuse, elle dispose d’une force potentielle qui lui permet de faire grève avec ses collègues et d’apprendre à construire une unité de classe et une solidarité, qui peut rejaillir sur sa confiance en elle et sur sa capacité à trouver les outils nécessaires pour sortir de cette relation abusive.

    Puissance, privilège et oppression

    Les socialistes reconnaissent le fait que c’est l’ensemble des femmes qui sont opprimées, y compris les femmes de classes sociales supérieures (on peut dire la même chose des personnes dites “de couleur” ou des LGBTQI). Bien sûr, la classe des travailleurs et les couches les plus pauvres de ces groupes opprimés souffrent, en général, de manière plus intense de cette oppression bien que de nombreuses femmes de la bourgeoisie sont également tuées ou violées par leurs partenaires ou ex-partenaires. On a beaucoup parlé par exemple du cas de Reeva Steenkamp, une riche femme sud-africaine, assassinée par son petit ami Pistorius. Beaucoup de gens connaissent aussi l’histoire d’Oprah Winfrey, qui est aujourd’hui une des femmes les plus riches du monde, mais qui, en tant que jeune femme noire, a souffert horriblement d’un viol, d’une grossesse précoce et d’une misère affligeante pendant toute sa jeunesse. Toute oppression doit être combattue. Mais il faut cependant bien se rendre compte que O. Winfrey, avec son salaire de 75 millions de dollars en 2013, a forcément un intérêt dans le maintien du statu quo social et a donc très peu de chances d’être convaincue de la nécessité d’une lutte radicale pour en finir avec toutes les oppressions.

    Il ne fait aucun doute que certaines couches des classes moyennes qui sont actives dans les mouvements féministes ou dans les mouvements LGBTQI peuvent être convaincues de rejoindre la lutte radicale contre le capitalisme. Mais une caractéristique primordiale de la classe sociale à laquelle l’individu appartient est le fait qu’elle contribue fortement à définir sa vision du monde. Par exemple, au Royaume-Uni, les suffragettes bourgeoises du début du XXe siècle ont fini par s’opposer au mouvement des travailleurs pour ensuite applaudir les puissances impérialistes lors de la Première Guerre mondiale. Ainsi, lorsque ce type de mouvements se retrouve confronté à une question tactique ou sociale décisive, leur positionnement reflète généralement cette fracture de classe. Dans le cas des suffragettes, leurs membres issues de la bourgeoisie ont été entrainées par la propagande guerrière diffusée par leur propre classe.

    À contrario, Sylvia Pankhurst a rompu avec le mouvement des suffragettes, dirigé par sa mère et ses sœurs, précisément sur base de cette question. Elle a alors choisi de se ranger du côté de la classe des travailleurs et contre l’élite impérialiste de son pays. L’appartenance à une classe est donc plus qu’une simple question d’identité et de discrimination sociale face à tel ou tel groupe (c’est plus que le “classisme” dont on parle souvent parmi les groupes “identitaires”). Il s’agit d’une réalité objective et d’une fracture sous-jacentes à tous les autres aspects de la société de manière fondamentale.

    Il faut également considérer le fait que les couches qui sont opprimées de la façon la plus absolue sont tellement écrasées par une myriade de choses abominables dans tous les aspects de leur vie qu’il n’est pas si évident qu’elles puissent diriger un mouvement social en vue du changement de société. On pense par exemple aux enfants victimes d’abus sexuels ou aux victimes de trafics sexuels qui sont littéralement réduites à l’esclavage dans le cadre de réseaux mafieux. Bien entendu, ces personnes représentent la section la plus opprimée au sein de la classe des travailleurs, qui est elle-même large et hétérogène.

    La grève des mineurs au Royaume-Uni

    Les exemples des puissantes luttes des travailleurs dans le passé sont souvent considérés comme des points de référence pour les couches opprimées de la société de manière générale. Lors de la grève des mineurs au Royaume-Uni, une partie extrêmement puissante et bien organisée de la classe des travailleurs a été prise pour cible par Thatcher et son gouvernement capitaliste néolibéral, ce qui a déclenché une lutte de résistance héroïque. Les mineurs ont représenté une source d’inspiration majeure par leur contre-attaque contre tout ce que Thatcher représentait, c’est-à-dire la course aux profits à tout prix des capitalistes et la destruction de toute solidarité des travailleurs ou de toute organisation capable d’y faire obstacle.

    De nombreuses femmes de la classe des travailleurs – les épouses, les mères, les sœurs et les filles des mineurs en grève – ont joué un rôle très important dans la guerre de classe épique qui s’en est suivie. Au même moment, Thatcher signait des lois homophobes qui ont poussé la communauté LGBT à se ranger derrière les mineurs, tout comme d’ailleurs les communautés noires et asiatiques. Les travailleurs en grève sont devenus la référence absolue pour tous les groupes opprimés qui ont alors uni leurs différentes luttes derrière cette bannière, plutôt que de poursuivre celles-ci de manière isolée – ce qui aurait facilité leur répression par la classe dirigeante.

    Lors de cette lutte, on a également vu un changement important de l’attitude de nombre de mineurs par rapport aux femmes, tout comme par rapport aux homosexuel-le-s, aux Noir-e-s et aux Asiatiques qui les soutenaient. Ainsi, ils voyaient sous un jour différent celles qui étaient devenues des organisatrices et des militantes de la lutte des classes, les respectant davantage, tout en comprenant mieux les difficultés auxquelles elles sont confrontées dans leur foyer. De nombreux mineurs ont donc commencé à s’occuper des tâches domestiques et de la garde des enfants tandis que les femmes organisaient des meetings et des actions de solidarité tout au long de la lutte. Ce conflit de classes a également provoqué toute une série de divorces et de séparations, vu que de nombreuses femmes, ayant gagné en confiance, attendaient désormais plus de la vie qu’une relation malheureuse.

    Le pouvoir

    L’analyse de Michel Foucault du “pouvoir” se retrouve derrière une grande partie de la théorie de l’identité politique. Foucault était un intellectuel de gauche démoralisé par la défaite de Mai 68 en France et qui a ouvert la voie à la pensée postmoderne. Selon Foucault, le pouvoir se retrouve à tous les niveaux de la société. Mais il refuse de reconnaitre que le plus grand pouvoir dans la société est celui de la classe dirigeante, issu de sa propriété privée des moyens de production : un pouvoir exprimé par l’État, par le contrôle des idées propagées dans la société, etc.

    Nous ne sommes pas d’accord non plus avec l’idéalisation de la classe des travailleurs prônée par certaines organisations de gauche radicale. Ainsi, selon l’Organisation socialiste internationale aux États-Unis (ISO) ou selon la Tendance socialiste internationale (IST, dont la section la plus connue est le SWP britannique), il n’y a pas de différence de pouvoir au sein de la classe des travailleurs elle-même. Ces organisations ont en particulier tendance à affirmer de façon franche et crue que les hommes de la classe des travailleurs ne bénéficient pas de l’oppression des femmes, mais que seule la classe dirigeante en bénéficie. Citons par exemple Paul D’Amato (de l’IST) :

    « Atomisés et séparés, incités à une concurrence violente les uns contre les autres, les travailleurs sont impuissants. Ainsi, lorsqu’un homme de la classe des travailleurs abuse de sa femme, il n’agit pas parce qu’il possède un pouvoir sur elle ; au contraire, c’est le reflet de son impuissance, de sa faiblesse. Lorsqu’un travailleur blanc agit de manière raciste envers un travailleur noir, ce qui s’exprime n’est pas le pouvoir du travailleur blanc sur le noir, mais le pouvoir du système qui les broie tous les deux. »

    Il s’agit pour nous d’une véritable sous-estimation de la situation. Est-il vraiment possible d’affirmer que lorsqu’un groupe d’hommes ‘en virée’ décide d’acheter le corps d’une femme pour en ‘disposer’ sexuellement, ils agissent par impuissance ? En réalité, ce faisant, ces hommes objectifient un être humain et soumettent sa sexualité et ses aspirations à la leur. Et en général et en moyenne, les hommes de la classe des travailleurs tirent eux aussi un certain bénéfice de l’oppression des femmes. Cela signifie pour eux non seulement plus de temps libre chaque semaine, mais aussi moins d’énergie dépensée en tâches ménagères, étant donné que ce sont, en moyenne, toujours les femmes qui accomplissent la plus grande part de ces tâches et qui sont responsables de la bonne tenue du ménage, des soins aux autres membres de la famille et de la gestion des finances.

    L’approche théorique de l’IST par rapport à l’oppression des femmes est erronée; elle découle de l’analyse de Tony Cliff, un des principaux fondateurs du SWP britannique, présentée dans son ouvrage « La lutte des classes et la libération des femmes ». Selon cette analyse, il est incorrect de « trop se concentrer sur les problèmes pour lesquels les hommes et les femmes ont des avis souvent divergents – comme les problèmes du viol, des femmes battues, d’un salaire pour les femmes au foyer, etc. – tout en ignorant ou en n’accordant pas assez d’attention aux luttes importantes pour lesquelles les femmes pourraient plus facilement obtenir le soutien des hommes : les grèves, les luttes pour les allocations, l’égalité salariale, la syndicalisation, l’avortement ».

    Mais pour construire l’unité, nous ne devons pas sous-estimer les divisions qui existent bel et bien au sein de la classe des travailleurs. Au contraire, le fait de reconnaitre que ces divisions existent, de les analyser et d’y apporter une réponse a plus de chances de nous aider à construire une unité de classe. Ainsi, Trotsky expliquait qu’il était inévitable que ressurgissent des idées antisémites en Union soviétique du fait de l’oppression mise en place par le régime bureaucratique, inefficace et générateur de misère qu’était le stalinisme, et il écrivait ceci : « Bien entendu, nous pourrions simplement fermer les yeux sur ce fait ou nous limiter à quelques vagues généralités comme quoi toutes les races sont égales et que nous sommes tous frères. Mais la politique de l’autruche ne nous fera pas progresser d’un iota. » (Thermidor et l’antisémitisme, 1937)

    Il est en fait essentiel de dire que les hommes de la classe des travailleurs n’ont aucun intérêt à maintenir en place un système qui opprime les femmes. Les mêmes forces qui poussent les femmes vers des emplois mal payés et qui diffusent une idéologie sexiste exerçant un effet délétère sur l’attitude et le comportement des hommes envers les femmes sont aussi celles qui créent le chômage, la misère, l’émigration forcée et le travail au noir qui font de plus en plus partie de la vie quotidienne des hommes et des femmes de la classe des travailleurs (surtout en ce qui concerne les jeunes) dans le cadre du capitalisme néolibéral et d’austérité. La classe dirigeante tire profit de toute division au sein de la classe des travailleurs, qu’il s’agisse d’une division de genre ou de race, car ces divisions lui permettent d’affaiblir la force de résistance de cette classe. En outre, la classe dirigeante profite directement du fait de pouvoir disposer d’une main-d’œuvre féminine ou immigrée à bon marché. De ce fait, il nous faut une analyse correcte et précise de ce qu’est l’oppression. Si l’on sous-estime ou si l’on évite de s’attaquer aux attitudes sexistes ou racistes qui vivent au sein de la classe des travailleurs, on ne pourra dès lors pas rallier les groupes opprimés à la lutte unie qui est pourtant la clé de leur libération.

    Paradoxalement, alors que l’IST adopte une attitude de déni des différences entre hommes et femmes au sein de la classe des travailleurs, il prend une position totalement inverse en ce qui concerne la question nationale et l’opposition à l’impérialisme. Dans le cadre de ces questions, cette organisation jette par-dessus bord toute analyse marxiste pour affirmer que l’unité entre travailleurs est impossible, voire indésirable. En ce qui concerne l’Irlande du Nord par exemple, l’IST a longtemps accordé son soutien à l’IRA (Armée républicaine irlandaise, une milice nord-irlandaise indépendantiste et pro-catholique recourant régulièrement au terrorisme), jusqu’à appeler à voter pour le Sinn Féin (un parti politique nationaliste irlandais lié à l’IRA) malgré le fait que cette stratégie ne pouvait que susciter le dégout de la part des travailleurs protestants, traditionnellement anti-indépendance et pro-britanniques et souvent pris pour cibles par les attaques terroristes de l’IRA. Le soutien à l’IRA et au Sinn Féin constitue donc une entrave qui empêche toute possibilité d’unifier l’ensemble de la classe des travailleurs par-delà les divisions sectaires en une lutte commune contre le capitalisme, l’impérialisme et l’oppression. De même, en ce qui concerne Israël et la Palestine, l’approche de l’IST consiste à dénigrer les travailleurs juifs, ce qui est la conclusion logique de de leur analyse sans approche de classes sociales .

    L’intersectionnalité

    L’« intersectionnalité » est souvent expliquée comme étant la théorie de la façon dont les différentes oppressions s’entrecroisent. Beaucoup de partisans de cette théorie partagent un point de vue progressiste. Cela découle parfois d’un rejet du féminisme transphobique (c’est-à-dire un féminisme intolérant voire hostile par rapport à la communauté transgenre) ; ou bien d’un rejet du féminisme bourgeois ou libéral, qui au final ne sert que les intérêts des femmes des couches les plus privilégiées et n’entrevoit un changement que dans le cadre du système capitaliste. Cependant, l’intersectionnalité, par sa nature, ne peut nous fournir une stratégie pour la victoire et peut même s’avérer problématique dans la pratique.

    Le terme « intersectionnalité » a été défini par Kimberlé Crenshaw, une célèbre intellectuelle féministe noire américaine, professeur d’université aux États-Unis. Ce concept a des racines libérales puisqu’il a été conçu en premier lieu dans le but d’améliorer les services offerts aux femmes noires américaines, victimes de violences conjugales. Une telle grille d’analyse est évidemment utile et importante, mais il est intéressant de constater que l’idée d’intersectionnalité a été, dès le début, non pas développée dans le but d’en finir avec l’oppression, mais en tant qu’outil destiné à adoucir les effets les plus sournois de cette oppression. Même si elle fait souvent référence au texte du « Combahee River Collective Statement » (un manifeste féministe noir datant de 1977) comme constituant la racine ‘radicale’ de l’intersectionnalité, ce mot n’est pourtant pas utilisé dans ce texte. La définition qui en est donnée par Crenshaw elle-même est plutôt éloquente:

    « Je conçois l’intersectionnalité comme un concept provisoire qui ferait le lien entre la politique contemporaine et la théorie postmoderniste. En examinant les intersections de la race et du genre, je veux remettre en question l’idée préconçue selon laquelle il s’agirait de deux catégories bien distinctes ; par l’étude des intersections entre ces critères, j’espère pouvoir suggérer une méthodologie qui puisse au final détruire cette tendance à considérer la race et le genre comme des catégories exclusives et séparables. L’intersectionnalité est donc, de mon point de vue, un concept transitoire qui fait le lien entre les conceptions actuelles (avec leurs conséquences politiques) et la politique du monde réel (avec son point de vue postmoderniste)… La fonction de base de l’intersectionnalité consiste à cadrer la question suivante : comment se fait-il que l’oppression que les femmes de couleur vivent (celles-ci faisant simultanément partie d’au moins deux groupes sujets à une large subordination sociétale) soit traditionnellement perçue comme étant monocausale – attribuée soit à une discrimination de genre, soit de race ? » (“Beyond Racism & Misogyny: Black feminism & 2 Live Crew”, par Kimberlé Williams Crenshaw, dans “Feminist Social Thought: A Reader” (Routlege, 1997))

    Ainsi, Crenshaw place ouvertement l’intersectionnalité dans le cadre du postmodernisme. Elle explique que sa préoccupation principale est avant tout de pouvoir catégoriser et caractériser l’oppression, pas tant d’élaborer une stratégie pour mettre un terme à cette oppression. Son postulat selon lequel la ‘race’ et le genre ne sont pas des catégories essentiellement distinctes est erroné. Il s’agit d’une remarque non nécessaire, qui ne servira, au final, qu’à mettre de côté l’analyse correcte sur comment le racisme et le sexisme s’intersectionnent dans une oppression plus profonde présente dans la société et cet élément-là reste sans réponse. Cette erreur s’étend à d’autres aspects de son analyse. Par exemple, elle prétend que l’expérience subie par une femme de couleur dans le cadre d’une relation conflictuelle est qualitativement différente de celle subie par une femme blanche dans la même situation. Il est vrai qu’il y a plus de chances pour une femme de couleur, surtout si elle est issue d’un milieu prolétaire, de se voir accusée d’être elle-même responsable du mauvais traitement que lui fait subir son partenaire ou de se voir maltraitée par la police ou par le système judiciaire. Il est vrai aussi qu’il est important de se pencher sur cette réalité pour mieux la connaitre et l’analyser. Cependant, peut-on vraiment dire qu’il y ait une différence qualitative avec ce qu’une femme blanche – surtout si elle est elle aussi issue d’un milieu prolétaire – peut subir comme mauvais traitements de la part de son partenaire ? En réalité, si nous parlons d’une méthode destinée à combattre la violence des hommes envers les femmes, mieux vaut construire l’unité de toutes les femmes de la classe des travailleurs, et en particulier de toutes celles soumises à cette violence, par l’organisation de campagnes afin d’obtenir des services d’aide, des centres d’accueil et des logements publics où pourront vivre les femmes fuyant un partenaire violent. Il nous faut construire une lutte unifiée contre la culture sexiste et machiste engendrée par le capitalisme, qui est la source première de la violence envers toutes les femmes, toutes classes sociales confondues.

    Bien entendu, dans ce cadre, les femmes de couleur doivent pouvoir exprimer leurs problèmes et revendications spécifiques en fonction de leur expérience particulière : dans certains cas, des campagnes séparées autour de ces thèmes spécifiques pourraient être nécessaires et efficaces. Cependant, un gros problème de l’approche intersectionnelle est qu’elle se focalise davantage sur les expériences individuelles et sur la catégorisation des différentes oppressions engendrées par le capitalisme (et qui touchent toutes les couches de la société jusqu’aux plus marginalisées). De ce fait, elle risque de sous-estimer ou de renier les possibilités de construire un réseau de solidarité entre ces différents groupes opprimés.

    Plus important encore, cette approche ne propose pas de piste pour en finir avec l’oppression. En d’autres termes, elle rentre dans le cadre de la conception postmoderniste selon laquelle la lutte des classes est terminée. Elle se contente de catégoriser et de caractériser ces différents types d’oppression et ne cherche pas à conscientiser ces groupes opprimés spécifiques, en leur proposant des campagnes et des revendications qui leur soient propres. Pourtant, cela renforcerait plus que jamais le mouvement de la classe des travailleurs dirigé contre le capitalisme – un mouvement capable d’abolir un système tourné uniquement vers le profit ainsi que le règne des 1 % dont l’intérêt est de maintenir la division et d’empêcher le développement de toute résistance face à leur domination, en plus de tirer un profit direct de ces différents types d’oppression.

    En tant que féministe et intellectuelle noire, partisane et théoricienne de l’intersectionnalité, Bell Hooks a fermement critiqué le féminisme purement bourgeois ou procapitaliste – le féminisme de la PDG de Facebook, Sheryl Sandberg, qui nous suggère de « nous adapter » ou le féminisme de Beyoncé et son culte voué à la richesse et à l’individualisme qu’elle exprime dans sa musique. Dès le départ, Bell Hooks emploie un ton bien plus radical que, par exemple, les écrits de Crenshaw. Cependant, elle ne propose aucune stratégie pour atteindre son but, qui est d’en finir avec le capitalisme et le patriarcat – tout en laissant entendre qu’il s’agit là de deux luttes séparées, ce qui constitue également un problème.

    En effet, le capitalisme ne peut pas être vaincu sans la participation des femmes sur la ligne de front, surtout lorsque l’on parle des femmes issues de la classe des travailleurs, représentant la moitié de la main d’œuvre dans de nombreux pays et qui sont surreprésentées dans les secteurs les plus mal payés et où l’exploitation est la plus intense. Ainsi, aux États-Unis, la population afro-américaine continue à subir cette exploitation des plus sévères. Beaucoup d’efforts doivent être faits afin de construire un mouvement des travailleurs de toutes les origines multiracial capable de remettre en question les divisions et le racisme engendrés par la classe dirigeante qui puisse combattre le capitalisme américain et porter atteinte, voire mettre un terme, au règne des 1 %. Le mouvement « 15 Now ! »,  pour un salaire minimum à 15 $/heure, qui a obtenu plusieurs victoires dans diverses villes dont Seattle, possède ce caractère multiculturel: les travailleurs de couleur sous-payés jouent en effet un rôle d’avant-garde dans le cadre de cette lutte.

    À Fergusson, Missouri, une insurrection locale de la population noire pauvre a éclaté en aout 2014. Cette population est prise pour cible par la police raciste à dominante blanche. Ces évènements ont démontré le potentiel qui existe pour l’émergence d’un nouveau mouvement des droits civiques aux États-Unis. Un tel mouvement pourrait non seulement inspirer les travailleurs (de toutes ethnies confondues) qui sont déçus du soi-disant « rêve américain » prôné par le capitalisme américain, mais aussi tous ceux qui s’identifient aux « 99 % » auxquels s’est adressé le mouvement Occupy. Il pourrait combattre les idées racistes qui existent parmi la classe des travailleurs et servir de tremplin vers l’édification d’un mouvement anticapitaliste large. Ainsi, un tel mouvement, sur base de la lutte pour les droits civiques, pourrait à la fois s’en alimenter et renforcer la lutte. Une telle unité permettrait de dépasser le pouvoir démesuré de l’État capitaliste américain (à Ferguson, la police locale est intervenue en tenue de combat militaire et a combiné les attaques aux lacrymogènes à des descentes en tanks et hélicoptères), qui inflige violence et répression dans le but de maintenir le statu quo.

    De la sphère politique à la sphère individuelle ?

    La seconde vague du féminisme de la fin des années ’60 à ’70, surtout telle qu’elle s’est manifestée aux États-Unis, pourrait se résumer par le principe que « les problèmes personnels sont des problèmes politiques ». Les problèmes tels que la violence, le viol, le manque de contrôle sur ses propres capacités de reproduction, l’isolation et les traumatismes mentaux qui touchent entre autres les personnes condamnées à rester à la maison pour y effectuer un travail non rémunéré ont alors été analysés comme des problèmes sociaux qui ne pouvaient être résolus que par un mouvement social et une transformation sociale – ce à quoi le nouveau mouvement s’attelait. Ces problèmes n’étaient donc plus considérés comme des questions personnelles, dont la résolution revenait aux femmes au niveau individuel. En effet, tous ces obstacles prennent naissance dans le cadre d’un système politique et social donné et nécessitent par conséquent une transformation sociale et politique pour être supprimés.

    En revanche, la plus grande partie du féminisme des années ’90 a complètement retourné cette maxime pourtant très progressiste. La devise de ces féministes devenait : « Les problèmes politiques sont des problèmes personnels ». On voit cela clairement dans les ouvrages de Bell Hook, dans lesquels elle exprime sa propre rage face à l’expérience du racisme et du sexisme, une rage qui ne cherche cependant pas à développer une analyse matérialiste sur la nature de l’oppression dans la société et qui, en outre, n’est pas orientée de manière à contribuer à la construction d’un mouvement de lutte contre cette oppression. Dans Rage meurtrière : En finir avec le racisme (1995), Hooks se fait la digne représentante de cette approche « du politique vers le personnel » :

    « Il est paradoxal de constater que de nombreux Blancs qui s’étaient battus aux côtés des Noirs l’ont fait en réaction aux images de victimisation des noirs. De nombreux Blancs affirmaient être préoccupés par la souffrance de la population noire du Sud à l’époque de la ségrégation et vouloir s’engager dans cette cause. Mais si l’image des Noirs en tant que victimes était une idée admise dans la conscience de chaque Blanc, l’image des Noirs en tant qu’êtres égaux, en tant qu’individus capables d’autodétermination, ne suscitait aucune sympathie. En complicité avec l’État-nation, la seule réponse des Américains blancs aux luttes des noirs a été d’accepter passivement le démantèlement des organisations militantes noires et le massacre des dirigeants noirs. »

    Dans la pratique, Hooks rejette donc l’ensemble des efforts et sacrifices consentis par divers groupes militants, notamment par le mouvement en majorité blanc des « Voyageurs de la liberté » (Freedom Riders), constitué au début des années ’60 et qui a défié les lois Jim Crow et contribué à l’émergence du jeune mouvement des droits civiques. Les conducteurs de la liberté, dont la plupart étaient des étudiants blancs issus des classes moyennes, n’ont évidemment jamais eux-mêmes connu l’oppression subie par la population noire pauvre du sud des États-Unis. Cela ne les a pourtant pas empêchés de s’engager dans des actions dangereuses qui les amenaient à une confrontation directe avec, notamment, les attaques du Ku Klux Klan. Leur seul objectif était de contribuer à la lutte contre l’injustice et la ségrégation. Hooks adopte une position extrêmement cynique, si catégorique dans son rejet des activistes blancs, qu’elle ferme les yeux sur la complexité de la réalité et se refuse à envisager tout changement potentiel dans la conscience de ceux-ci. Oui, il est fort possible que certains des conducteurs de la liberté, en tant que dignes produits de leur environnement, fussent poussés par des préjugés comme, par exemple, l’idée que leur éducation était de meilleure qualité et qu’ils avaient une plus grande capacité à organiser et à diriger un mouvement. Mais il faut aussi tenir compte du fait que la conscience de ces jeunes gens ait ensuite pu évoluer radicalement du fait de leur participation à ce mouvement – un mouvement au cours duquel ils ont vu des militants noirs et pauvres, sans aucune éducation formelle, prendre la tête de manière courageuse, authentique et efficace pour combattre l’élite, le système et les bandes violentes du KKK.

    Il est tout aussi ridicule d’affirmer que chaque être humain à peau blanche vivant aux États-Unis n’ait pu éprouver la moindre sympathie vis-à-vis des mouvements tels que le Black Power ou les Black Panthers. Certains Blancs ont rejoint et collaboré avec les Black Panthers. Tout comme les autres organisations du Black Power, ce mouvement a constitué une source d’inspiration pour l’ensemble des jeunes, des femmes et des travailleurs les plus radicalisés du pays dans le cadre de la lutte contre l’oppression à laquelle ils étaient eux-mêmes soumis, et ce, au cours d’une période par ailleurs hautement révolutionnaire à l’échelle mondiale. Il ne fait aucun doute que la naissance de ces mouvements ait ébranlé les derniers stéréotypes, préjugés ou attitudes négatives envers la population noire qui pouvaient encore subsister dans la conscience même de ces couches les plus radicales. Hooks nie également l’existence du moindre sentiment d’empathie et de solidarité de classe que certaines couches de travailleurs blancs auraient pu ressentir envers les plus opprimés de leurs frères et sœurs de classe – une oppression et une exploitation qu’eux-mêmes pouvaient pourtant comprendre au vu de leur propre expérience en tant que travailleurs.

    Nier la victimisation aide le néolibéralisme

    Qui plus est, la manière dont Hooks parle des victimes pose elle aussi problème. Être victime n’est pas un trait de caractère. Il est tout simplement le propre d’une personne qui est la victime de quelqu’un ou de quelque chose. Les travailleurs du secteur public peuvent être victimes de l’austérité – ce qui ne les empêche pas de pouvoir également devenir des agents de la lutte contre cette austérité s’ils s’organisent. Les femmes victimes de relations abusives sont victimes de la violence et/ou de la domination de leur partenaire, mais peuvent aussi être syndiquées, faire partie d’une campagne anti austérité et/ou d’un mouvement contre la violence conjugale. De façon similaire, la population noire des États-Unis est victime du racisme inhérent à l’État capitaliste de tout pays, et en particulier du racisme étatique étatsunien, qui est en effet la marque de naissance du capitalisme américain.

    La féministe suédoise Kajsa Ekis Ekman a écrit que « l’ordre néolibéral déteste les victimes » et que « s’il n’y avait pas de victimes, il n’y aurait pas d’oppresseurs ». Le fait d’être victime de l’oppression est une réalité qui existe indépendamment de notre volonté. Le fait de nier la réalité de la victimisation, que cela soit fait par un agent de police raciste de Ferguson au Missouri ou par le capitalisme raciste des Etats-Unis, permet uniquement aux oppresseurs (et, de manière plus fondamentale, au système) de s’en tirer à bon compte.

    La théorie du privilège

    La théorie du privilège est une autre branche des politiques d’identité, qui gagne de plus en plus de popularité parmi les nouveaux cercles féministes, émanant elle aussi de la troisième vague du féminisme (ou postféminisme). Cette théorie a été développée par Peggy McIntosh dans un ouvrage datant de 1988, intitulé Synthèse du privilège blanc : Déballer la sacoche invisible. McIntosh y explique son idée selon laquelle les couches privilégiées comme, par exemple, les hommes blancs de la classe dirigeante porteraient en permanence sur eux une sacoche invisible remplie de toute une série d’avantages non mérités auxquels ils peuvent recourir à tout moment de leur vie pour éliminer les divers obstacles qui pourraient se dresser devant eux. Mais elle considère elle aussi, en tant que femme blanche, porter une série d’avantages non mérités par rapport à la population non blanche.

    La plupart de ceux et celles qui s’intéressent à la théorie des privilèges le font dans le but de pouvoir mieux identifier et combattre l’oppression et l’inégalité sous toutes ses formes, ce qui constitue évidemment en soi un pas important. Cependant, le principal problème de cette approche « des privilèges » est qu’elle se concentre sur des solutions individuelles pour mener ce combat. La théorie du privilège implique, en effet, l’idée qu’on pourra combattre l’oppression tout simplement en rendant les gens conscients des « avantages indus » qu’ils portent, afin de les convaincre à titre individuel de ne pas user de ceux-ci.

    « Alors qu’un changement systémique peut prendre des décennies, certaines questions me paraissent urgentes, et j’imagine qu’elles le seront aussi pour d’autres personnes si nous prenons davantage conscience au jour le jour des avantages que représente le fait d’avoir la peau blanche. Que ferons-nous avec une telle connaissance ? Comme nous le constatons en observant les hommes, il s’agit de la question de savoir si nous allons choisir d’utiliser ou non cet avantage non mérité, si nous allons utiliser une partie de ce pouvoir acquis arbitrairement afin de reconstruire les systèmes de pouvoir sur une large base » (McIntosh, Summary of White Privilege : Unpacking the Invisible Knapsack).

    En réalité, la théorie du privilège sous-estime énormément l’ampleur et l’étendue des différentes formes d’oppression, en particulier en ce qui concerne l’oppression de classe. Elle néglige l’analyse des forces sociales sous-jacentes qui mènent à cette oppression et sous-estime totalement le racisme étatique, les profits tirés de l’oppression des femmes (sur base du travail non payé ou sous-payé dans le cadre du capitalisme), etc. Le fait de dire à chaque individu qu’il ou elle est privilégié(e) par rapport à d’autres couches de la société ne constitue pas une stratégie en vue d’un changement. Il s’agit d’une approche subjective, individualiste, libérale, remplie d’illusions envers le système. On ferme les yeux sur la nature monstrueusement oppressive du capitalisme pour adopter une attitude moralisatrice qui vise à afficher sa conscience de l’oppression dans le but de pouvoir « pointer du doigt » l’ignorance des autres.

    Cela revient à vouloir tenter de créer des ilots libres de toute oppression dans l’unique cadre de petits cercles sociaux constitués de personnes « éclairées ». À cet égard, cette approche a donc des points communs avec le concept de squats ou autres mouvements visant à se détacher des normes de la société capitaliste vivant dans des collectivités « communistes » à petite échelle. Mais ce scénario ne permet pas de débarrasser l’ensemble de la société de l’oppression et des inégalités. Ces maux ne pourront être vaincus que par une intervention dynamique pour non seulement opérer un changement d’attitude, mais aussi combattre les racines de classe de l’oppression.

    À un niveau plus fondamental, la théorie du privilège sous-estime l’ampleur de la propagation des idées sexistes et racistes sous le capitalisme, et de leur impact très profond sur les attitudes des individus. Il faudra bien plus que le « refus » d’utiliser ses privilèges individuels pour véritablement transformer les comportements et les relations entre les êtres humains. Par exemple, la théorie du « privilège » n’explique pas pourquoi un grand nombre d’hommes sont violents envers les femmes. Le phénomène social de la violence masculine envers les femmes – dont toute une couche d’hommes dans la société est l’agent – dépasse le cadre d’une simple vision dans laquelle les hommes feraient usage de « privilèges immérités ». La prévalence de la violence masculine envers les femmes, tout comme les abus sexuels perpétrés sur les femmes et les enfants, doit être comprise et analysée dans le contexte d’une idéologie prônant la famille nucléaire patriarcale depuis des milliers d’années, de la soumission permanente des femmes dans la société et de la promotion des idées sexistes sous le capitalisme – un système qui, contrairement aux systèmes économiques et sociaux précédents, jouit d’une capacité sans cesse croissante de propagation de son idéologie.

    Aucune nouvelle théorie ne pourrait justifier d’éviter la lutte active contre l’oppression sous toutes ses formes ou bien contre le système capitaliste lui-même afin d’éliminer les racines matérielles de l’oppression et de l’inégalité. Nous devons construire une société socialiste, dont les fondements seront la satisfaction des besoins humains de la majorité plutôt que les profits d’une toute petite minorité ; un système dont les principes primordiaux seront la solidarité et la coopération. Une telle transformation ne pourra être obtenue et consolidée que par la lutte et l’action de masse collectives afin d’entamer l’édification d’une base sociale qui permettra d’éliminer les comportements racistes et sexistes et d’engendrer des relations humaines personnelles et sexuelles fondées sur l’égalité, le consentement, le choix et le respect.

    Une tradition marxiste

    La tradition marxiste possède une histoire aussi riche qu’instructive en ce qui concerne la lutte contre l’oppression. Déjà en 1902, Lénine, dans un de ses ouvrages fondateurs, Que faire ?, insistait sur l’importance pour les socialistes de s’appuyer sur le pouvoir dont dispose la classe ouvrière pour transformer la société et de mener au sein du mouvement des travailleurs une agitation contre toutes les formes d’oppression – y compris celles qui touchent les classes moyennes et dominantes (il mentionnait, par exemple, la répression étatique contre le clergé et les étudiants).

    Pour Lénine, non seulement il était correct pour le mouvement des travailleurs de se tenir aux côtés de tous les opprimés, mais il était également essentiel de former les travailleurs pour qu’ils acquièrent une compréhension de l’ensemble des mécanismes du système capitaliste, de sorte qu’ils ne soient pas seulement concernés par leur propre lutte quotidienne, mais disposent d’une analyse critique et approfondie de l’ensemble du système et d’une compréhension de l’importance de l’unité des travailleurs et de la lutte au-delà de toute division, afin de mettre un terme à l’oppression. « La conscience de la classe des travailleurs ne peut être une conscience politique véritable si les travailleurs ne sont pas habitués à réagir contre tous abus, toute manifestation arbitraire d’oppression, de violence, quelles que soient les classes qui en sont victimes … La conscience des masses laborieuses ne peut être une conscience de classe véritable si les ouvriers n’apprennent pas à profiter des faits et évènements politiques concrets et actuels pour observer chacune des autres classes sociales dans toutes les manifestations de leur vie intellectuelle, morale et politique … »

    Le célèbre socialiste américain James P. Cannon (1890-1974) – membre du syndicat des Travailleurs Industriels du Monde (IWW), du Parti socialiste, puis du Parti communiste américain, et qui est devenu, plus tard, un proche collaborateur de Trotsky – trouvait que le Parti socialiste américain avait adopté une approche trop globale vis-à-vis des travailleurs noirs au début du XXe siècle. Pour Eugene Debs, dirigeant du Parti socialiste américain, il suffisait d’appeler les Afro-Américains à l’ « unité prolétarienne » au sens large. Il n’y avait aucune campagne, revendication ou approche spécifique relative aux questions directement liées à l’oppression spécifique dont étaient victimes les populations noires. En réalité, de nombreux travailleurs blancs regroupés au sein du Parti socialiste se méfiaient de la nature « réformiste » des campagnes et revendications spécifiques à la communauté afro-américaine visant à l’égalité. De plus, de nombreuses idées racistes avaient cours à l’intérieur même du Parti socialiste.

    Dans son article « La révolution russe et la lutte des Noirs aux États-Unis », Cannon a expliqué la façon dont s’est opéré un revirement du tout au tout parmi la gauche à la suite de la révolution d’octobre 1917 en Russie. Les socialistes américains se sont inspirés de la théorie et de l’action de Lénine. Ce dernier défendait résolument le droit à l’autodétermination des nationalités opprimées en tant qu’outil visant à transcender les sentiments nationalistes et à activer l’unité de classe et la lutte socialiste au-delà des divisions nationales. Tirant les leçons de cette approche, le PC américain (malgré sa stalinisation), soucieux d’appeler la population noire à s’organiser dans le Parti communiste nouvellement fondé, a développé des revendications et du matériel spécifiques visant à la libération des Noirs et l’a incorporé dans son programme et dans ses activités. Grâce à cela, le PC a pu recruter des milliers d’Afro-Américains au cours des années ‘1920 à ’30, ce qui a permis au Parti de devenir une force importante et un point de référence pour la communauté noire pendant toute une période.

    Le pouvoir du mouvement des travailleurs

    Le mouvement de la classe des travailleurs en lutte a le potentiel de devenir la plus grande force de changement et, pour peu qu’il adopte un programme correct et construise l’unité, un tel mouvement peu devenir un point d’attraction pour l’ensemble des groupes opprimés qui peuvent, à leur tour, rejoindre le mouvement et y mettre en avant leurs revendications spécifiques. Durant Mai 68 en France, nous avons vu se réaliser une telle synergie. D’une part, il y a eu la lutte des étudiants sur les campus des universités françaises, frustrés par un establishment conservateur défendant une approche réactionnaire concernant les questions de genre. D’autre part, la classe des travailleurs s’est engagée dans une grève générale massive au fort potentiel révolutionnaire. La synergie de ces mouvements a créé une force sociale extrêmement puissante qui aurait pu (si la gauche avait été à la hauteur) briser le capitalisme français et jeter la base pour une transformation socialiste de la société en France et ailleurs. Nous avons également vu à l’œuvre une telle synergie lors de la grève des mineurs au Royaume-Uni en 1984-85 avec des femmes prolétaires, des groupes LGBT, des communautés noires et asiatiques qui se sont mis en mouvement.

    Les socialistes et les marxistes doivent mener une lutte contre toutes les formes d’oppression et développer des revendications et un programme complet afin de maximiser le potentiel pour forger une telle synergie. En ce qui concerne l’oppression des femmes, les socialistes doivent, par exemple, participer aux luttes pour les droits reproductifs et sexuels, contre le sexisme dans les médias et contre la violence sexuelle, tout en luttant pour l’égalité au travail et contre l’impact de l’austérité sur les femmes. Une telle approche sera cruciale pour assurer que la majorité du nouveau mouvement féministe émergeant – aux contours encore mal définis – puisse être gagné à une position socialiste et combattre de manière efficace les racines de classe de l’oppression des femmes.

    La radicalisation par rapport aux questions sociales

    En Irlande, on a récemment vu s’opérer de profonds changements à propos de questions sociales, telles que le droit à l’avortement ou la légalisation du mariage homosexuel, en particulier en Irlande du Sud. Les jeunes du Nord comme du Sud sont de plus en plus radicalisés sur ces questions-là. La recherche d’une société plus progressiste, démocratique et laïque peut de plus en plus devenir une porte d’entrée pour les jeunes, en particulier les femmes et les LGBTQI, vers les idées de la gauche anticapitaliste et socialiste. Au niveau mondial, l’arrivée d’une nouvelle génération de féministes est une évolution progressiste positive. Parmi ces couches, nombreux(ses) sont ceux et celles qui se frayent un chemin à travers les théories de l’identité, de l’intersectionnalité et des privilèges. Tout cela est le signe d’une quête sincère, admirable et radicale de réponses pour parvenir à un changement sociétal.

    Il est très important pour les socialistes d’entrer dans ce débat de manière sensible, de trouver une cause commune dans l’action et dans la lutte avec tous ceux et celles qui désirent lutter contre l’oppression. Il est également important de mener la lutte contre le système capitaliste – un système qui se caractérise par une inégalité croissante et qui porte en lui le racisme, le sexisme et l’homophobie depuis sa naissance. Un programme socialiste, qui organise la lutte des travailleurs pour que les richesses et les ressources en Irlande, en Europe et dans le monde soient dans les mains de la collectivité, sous contrôle démocratique de la population, est l’approche nécessaire si nous voulons créer les conditions qui nous permettront de mettre un terme à la pauvreté et à l’oppression.

  • Contre le sexisme, une lutte unitaire pour une autre société est nécessaire!

    luttes_femmesFemmes-objets, harcèlement, violence, précarité : Le sexisme reste une réalité…

    Il y a 10 ans encore prédominait l’idée que l’égalité homme-femme était acquise. Mais depuis lors, un nombre croissant de personnes reconnaissent que les inégalités persistent malgré l’égalité juridique et légale. Le sexisme quotidien est régulièrement abordé dans l’actualité. La crise économique joue un rôle dans ce regain d’attention, en exacerbant les inégalités et en clarifiant que l’égalité n’existe le plus souvent que sur papier. Harcèlement et violences physiques et sexuelles restent des choses bien trop courantes, tout comme la violence économique qui a gagné en importance.

    Un dossier d’EMILY BURNS

    Harcèlement sexuel : en rue comme dans les hautes sphères

    100 % des femmes se sont déjà fait harceler dans les transports en commun parisien, selon une étude publiée en avril 2015. Si de telles statistiques ne sont pas disponibles en Belgique, les articles et témoignages pleuvent concernant des cas de harcèlement dans l’espace public. Quelle femme ne s’est jamais fait accoster en rue avec insistance et entendre dire qu’elle devrait considérer cela comme un compliment ?

    Le harcèlement dans l’espace public est le plus rapporté par les médias, mais le phénomène touche toute la société avec la même ampleur, comme au boulot. Lorsqu’il est le fait d’un supérieur hiérarchique, les obstacles pour en sortir seule peuvent paraitre insurmontables. En plus du facteur psychologique, il est difficile d’accéder à des allocations de chômage complètes – en particulier en cas de démission – et de trouver un nouvel emploi dans le contexte actuel.

    Au Texas, le Président du Parlement de l’État a récemment demandé aux élues de ne porter ni jupe courte, ni décolleté pour éviter de distraire leurs collègues masculins. Comme si le harcèlement dont elles pourraient être victimes était dû à leurs tenues ! Cette attitude considère les victimes du harcèlement comme responsables de la situation, tout en induisant également que les hommes seraient conduits par un instinct bestial.

    Le harcèlement et le sexisme ne sont pas le fait d’un groupe spécifique de la population. Toutes les couches de la société sont atteintes. S’y opposer est indispensable, sans que cela ne devienne le prétexte à la stigmatisation de jeunes ou d’hommes issus de l’immigration. Quant aux médias, ils ont beau dénoncer le harcèlement dans leurs pages actu, ils continuent à véhiculer le sexisme dans leurs pages culture et ‘‘life style’’.

    Refusons la banalisation de toutes les violences à l’encontre des femmes

    Si le cas des agressions de Cologne a fait la une des jours durant, les violences vis-à-vis des femmes sont malheureusement bien plus larges. 1/3 des femmes ont subi des violences graves depuis l’âge de 15 ans. Les violences les plus courantes sont les moins visibles : 1/4 des femmes subissent ou ont subi des violences conjugales (IWEPS – février 2016).

    Ce n’est pas parce que ces violences sont omniprésentes que l’on peut accepter leur banalisation et encore moins leur normalisation. En ce sens, le résultat du procès pour viol d’une femme par un animateur radio gantois est particulièrement choquant. Malgré qu’il ait reconnu le viol, l’inculpé a bénéficié d’une suspension du prononcé. Le juge a considéré, d’une part, que le viol n’était pas agressif et même amical malgré les ‘‘non’’ répétés de la victime (ils s’étaient embrassés plus tôt dans la soirée) et, d’autre part, qu’un casier compromettrait l’avenir du violeur.

    Refusons la culture du viol ! Lorsqu’une personne déclare ne pas vouloir de relation sexuelle, c’est qu’elle n’en veut pas, et ce, y compris si elle a dit l’inverse plus tôt, quelle que soit sa tenue. Et c’est toujours valable dans le cadre d’un couple. Refusons la culpabilisation des victimes !

    Précarisation : l’austérité s’en prend aux femmes

    Les groupes les plus opprimés de la population – comme les femmes – subissent la crise économique avec plus de violence. Les mesures d’austérité prises aux différents niveaux de pouvoir jettent des dizaines de milliers de femmes dans la pauvreté. Alors que les conséquences sont catastrophiques, les médias traditionnels n’en font que peu état.

    Les mesures prises par le gouvernement Di Rupo continuent de faire des ravages. Des dizaines de milliers de personnes sont exclues des allocations de chômage dites d’insertion. Ce sont souvent des personnes ayant travaillé à temps partiel durant des années, majoritairement des femmes. La non-individualisation des allocations de chômage couplée à la dégressivité rapide de celles-ci précarise les autres. À nouveau, les femmes sont plus nombreuses dans le statut de cohabitant, nombreuses sont celles qui se retrouvent avec 125 €/mois pour vivre…

    En allongeant les carrières, le gouvernement Michel s’en prend lui aussi aux femmes. 65 % d’entre elles ne pourront pas prétendre à une pension complète, faute d’atteindre les 42 années de carrière. Cette mesure d’appauvrissement prend place alors qu’un quart des pensionnées touche actuellement moins de 500 €/mois. La minuscule compensation de 1 % de la pension légale ne touchera pas ces femmes âgées et précarisées puisque cette mesure sera réservée à ceux qui sont parvenus à une pension complète.

    Les coupes budgétaires dans les services publics ont également un impact particulier sur les femmes. Elles sont majoritaires dans la fonction publique et la diminution du nombre de postes dans le secteur a des conséquences directes sur l’emploi. Ce sont aussi les principales utilisatrices des services publics. Et, enfin, ce qui n’est plus pris en charge par la collectivité, au travers des services publics, retombe sur le dos des familles, essentiellement sur les femmes.

    À qui profite le sexisme ?

    –           Le sexisme est un instrument qui permet d’augmenter les profits de l’industrie en utilisant le corps des femmes comme outil marketing et comme objet sexuel pour vendre tout et n’importe quoi/qui.

    –           Le sexisme, par les préjugés qu’il véhicule, participe à la justification de bas salaires dans les secteurs des soins aux personnes (crèches, écoles, soins de santé, maisons de repos…) fortement féminins, par la mise en exergue des aptitudes ‘‘maternelles’’ naturelles des femmes qui ne nécessitent donc pas une rémunération sur base de compétences.

    –           Le sexisme permet au gouvernement de plus aisément couper dans les services publics en glorifiant le rôle traditionnel des femmes et en omettant la surcharge de travail domestique.

    –           Le sexisme, comme le racisme, l’homophobie et toutes les discriminations permettent de diviser les luttes pour une société qui réponde davantage aux besoins de la majorité sociale. Il s’ancre dans l’adage ‘‘diviser pour mieux régner’’.

     

    Le sexisme n’est donc pas le fait des hommes ou d’une culture spécifique. Un seul groupe de la population profite de l’oppression spécifique des femmes : les super-riches c’est-à-dire la classe dominante capitaliste.

     

    Un violeur bénéficie d’une suspension de prononcé – Quelle réponse face aux violences vis-à-vis des femmes ?

    36 % des femmes ont déjà été victimes de violence physique ou sexuelle. Face à cette situation, il est essentiel de développer des pistes de solutions. Le ‘‘néo-féminisme’’ des magazines féminins portant au rang de grande avancée pour les droits des femmes la nouvelle poupée-Barbie ‘‘plus ronde’’ n’est clairement pas à la hauteur de la tâche. Face aux violences, l’action est nécessaire. Mais sous quelle forme ? Par la répression ou par la lutte pour un changement de système ?

    Pour plusieurs mouvements femmes, la loi contre le harcèlement constitue une grande avancée symbolique (Vie Féminine – Le Soir 9 février 2016). Toutefois, son impact se révèle extrêmement ténu puisque les faits de harcèlement doivent être constatés par un agent sanctionnateur. Plusieurs communes envisagent de revenir sur le principe même de Sanction Administrative Communale (SAC), trop onéreux à mettre en place au niveau de la formation des agents. Cela rendrait de facto cette loi caduque.

    En justice, les condamnations pour faits de violences restent faibles. Seulement 7 % des plaintes pour viol aboutissent à une condamnation. Avec environ 10 % des victimes qui portent plainte, cela revient à une quasi-impunité des violences sexuelles (approximativement 7 condamnations pour 1000 cas). Toutefois, il serait simpliste d’attribuer cette relative impunité uniquement au machisme ou à la misogynie des juges. Si cela existe, bien entendu, c’est le fruit d’un système qu’il s’agit de démonter.

    Pousser les femmes à porter plainte en cas d’agression et plaider pour une politique répressive plus énergique n’est pas suffisant. Malgré qu’un quart des plaintes pour coups et blessures volontaires rapportées au parquet ont lieu au sein du couple (IWEPS – février 2016), la police n’a depuis près d’un an plus pour tâche prioritaire de s’en occuper, en raison des mesures d’austérité.

    De plus, il ne faut pas négliger la différence de traitement – tant médiatique que juridique – que peuvent recevoir des affaires d’agressions. Celles de Cologne la nuit du Nouvel An ont reçu une place retentissante dans les médias (avec également de la désinformation à la clé) et il ne faut pas douter que les peines seront lourdes. À contrario, l’animateur-radio gantois ou encore DSK ont bénéficié d’une clémence du système que l’on pourrait qualifier d’incroyable si on omet de prendre en considération pour qui roule ce système.

    Comme pour le reste des affaires judiciaires, cette justice bourgeoise protège largement les plus nantis. Nous ne devons pas placer tous nos espoirs dans ce système de justice de classe.

    Construisons une autre société

    Nous devons lutter contre les sources matérielles de l’oppression spécifique des femmes. Les industries du cosmétique, du divertissement et du spectacle ainsi que celles de leurs sponsors ont pour vocation de générer un maximum d’argent pour les actionnaires. L’instrumentalisation du corps des femmes comme objet de marketing ou sexuel ne leur pose aucun problème. Cette utilisation constante ‘‘objectivise’’ les femmes et favorise l’idée que, comme pour un objet, on peut en disposer quand et comme on le souhaite. Du point de vue des capitalistes, cette violence est un effet collatéral négligeable. Luttons pour un contrôle et une gestion démocratique de ces secteurs par les travailleurs et les usagers – de même que pour l’ensemble des secteurs clés de l’économie !

    Alors qu’un Belge sur 5 reste en couple principalement pour des raisons financières (Belga – 9 février 2016), il est clair que le manque d’indépendance financière peut prolonger le calvaire de femmes n’ayant pas les moyens financiers de quitter leurs conjoints. Cette indépendance doit passer par une lutte pour l’individualisation des allocations sociales (non au statut de cohabitant !) et pour des emplois de qualité avec des salaires décents. Une réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires est également nécessaire. Elle permettrait de mettre fin au chômage structurel et au temps partiel involontaire. Cette mesure favoriserait également un meilleur équilibre entre vies privée et professionnelle et faciliterait l’implication des travailleurs dans la gestion de leur quartier, de l’école de leurs enfants ou encore de leur entreprise.

    Des services publics accessibles et de qualité permettent quant à eux de lutter contre le travail domestique non rémunéré et la double journée de travail auxquels sont particulièrement astreintes les femmes. Des crèches aux maisons de retraite, en passant par l’enseignement, les activités extra-scolaires et les soins de santé (etc.), ce sont autant de secteurs qui doivent être pris en charge par la collectivité pour ne pas retomber sur le dos d’individus avec les complications que cela engendre. Des logements à prix abordable ainsi que des allocations familiales sont également indispensables pour que bâtir une famille ne signifie plus s’appauvrir.

    Lutter contre l’oppression spécifique des femmes passe donc par une lutte contre les bases matérielles de celle-ci. Les revendications contre l’oppression des femmes rejoignent celles du mouvement des travailleurs dans son ensemble : lutter pour une société gérée collectivement et démocratiquement pour répondre au mieux aux besoins de tous et toutes.

    Unité de genre ou de classe : Comment venir à bout de l’oppression spécifique des femmes ?

    8mars_206Le 5 mars, la LCR a pris l’initiative de lancer, tout comme l’an dernier, un appel à la tenue d’une manifestation exclusivement composée de femmes. Nous comprenons bien que l’on peut penser que ‘‘c’est aux femmes de se libérer elles-mêmes’’,… Et s’il est utile que des femmes se réunissent en tant que femmes au sein des organisations de gauche, (pour élaborer le programme à défendre dans leur parti, leur syndicat ou leur mouvement concernant les droits des femmes, etc.), nous estimons que dès lors qu’il s’agit de lutter, tout ce qui nous divise nous affaiblit. La majorité des acquis des femmes résultent des luttes du mouvement des travailleurs dans son entièreté. Une telle approche insère un élément regrettable de division dans notre combat alors que c’est ensemble que nous sommes plus forts.

    Le sexisme n’est pas le fait des hommes ou d’une culture, l’oppression des femmes n’a d’ailleurs pas toujours existé. Identifier la source de cette oppression permet d’adopter la méthode la plus efficace pour venir à bout de ce problème crucial. La présence d’hommes lors de manifestations féministes renforce justement l’idée que notre combat ne repose pas sur une opposition entre hommes et femmes mais sur une lutte de classe contre le système capitaliste et pour une société qui développera les conditions matérielles pour en finir avec toutes les discriminations, l’exploitation et les oppressions.

    L’oppression spécifique des femmes est apparue avec la notion de propriété privée et le développement de la société divisée en classes sociales. Mais pendant la plus longue partie de l’Histoire de l’humanité qui a précédé, elle n’existait pas. Dans ces temps lointains, la collaboration était indispensable à la survie de la tribu. Dans ce cadre, aucune subordination n’était possible et le concept de propriété et celui d’héritage qui en découle étaient inexistants. Le sexisme n’est donc en rien inscrit dans les gènes des hommes.

    Néanmoins, l’oppression spécifique des femmes existe depuis des millénaires à travers le monde. Ce n’est pas en un tour de baguette que l’on en viendra à bout, cela nécessitera un travail en profondeur ! Comme nous l’avons dit, c’est un des outils de la classe dominante pour accumuler toujours plus de richesse sur le dos de la majorité de la population. Les super-riches, voilà notre ennemi dans le combat contre le sexisme. À nous de mettre ce qu’il faut en œuvre pour renverser le système capitaliste.

    Qui sont nos alliés dans ce combat ?

    Le sexisme est un problème collectif, ce n’est que par une lutte collective que l’on pourra le combattre. L’unité doit se faire depuis la base entre tous ceux qui ont les mêmes intérêts : les jeunes, les allocataires sociaux et les travailleurs hommes et femmes. Refusons de rentrer dans le piège de la division et dans le raccourci que les hommes profiteraient de cette situation. L’unité dans la lutte n’est pas un choix, c’est une nécessité. Aucune avancée majeure pour l’émancipation des femmes ne pourra se faire sans l’implication de l’ensemble de la classe dominée.

    S’il est vrai que toutes les femmes sont opprimées du fait de leur genre, les femmes de la classe laborieuse le sont doublement. Contrairement à ce que voudrait faire croire Hillary Clinton, avoir une femme au pouvoir ne garantit en rien les intérêts de l’ensemble des femmes. Au contraire ! Les mesures d’austérité à l’encontre des femmes de la classe ouvrière prises par Margaret Thatcher en son temps en sont un exemple éloquent. Ainsi, une femme travaillant au service clientèle de Proximus a bien plus en commun avec son collègue masculin qu’avec Mme Dominique Leroy, PDG du groupe. Si les employés de la firme entament une lutte pour de meilleurs salaires – permettant plus aisément une indépendance financière – c’est depuis la base que l’unité se fera et non entre toutes les femmes de l’entreprise. Le seul moyen pour les femmes de la bourgeoisie de lutter contre le sexisme est de rompre avec leurs privilèges de classe, pour honnêtement combattre le capitalisme au côté de la classe ouvrière, pour enfin en finir avec le sexisme.

    Émancipation des femmes et socialisme : deux faces de la même pièce

    La lutte pour les droits des femmes est une lutte contre le système capitaliste et pour le socialisme démocratique. Un contrôle démocratique des secteurs clés de l’économie ne nécessiterait plus d’utiliser le corps des femmes comme objets, puisque le but ne serait plus de maximiser les profits, mais de répondre aux besoins de la population. Puis, grâce à une indépendance financière et des services publics accessibles et de qualité, de réels choix de vie pour les femmes deviendraient enfin possibles.

    Si mettre définitivement fin au sexisme nécessite de construire une autre société, nous ne pourrons gagner ce combat qu’en luttant parallèlement contre le sexisme dès aujourd’hui. Comme dans le reste de la société, le mouvement ouvrier est parcouru par le sexisme. Nous devons lutter contre lui au sein du mouvement ouvrier et permettre l’implication des femmes dans les luttes qui se profilent devant nous. Cela ne peut se faire largement que par une attention spécifique aux difficultés particulières qu’elles peuvent rencontrer. Poussons nos organisations syndicales à faciliter l’implication des femmes dans le mouvement (choix des heures des réunions, baby-sitting, …) pour qu’elles puissent plus aisément se présenter sur les listes dans le cadre des élections sociales, par exemple. Notre force, c’est le nombre : aucune révolution ne pourra être gagnée sans les femmes et sans une révolution, le sexisme perdurera.

    • Ce samedi 5 mars: Journée de débat et de discussion “Émancipation des femmes et socialisme: des luttes indissociables!”
    6 mars – 13h gare de Bxl Central : manifestation des Femmes Sans-Papiers

    Violence vis-à-vis des femmes sans-papiers : une lutte unie comme unique solution

    Les femmes sans-papiers sont extrêmement vulnérables : en plus d’une précarité économique souvent extrême, elles n’ont aucun recours possible lorsqu’elles sont sujettes à de la violence. Leur seul perspective pour un avenir, c’est de participer à la construction d’une lutte la plus unie possible pour un changement de société.

    En solidarité, soyons le plus nombreux possible pour participer à la manifestation organisée par le Comité des Femmes Sans-Papiers. Contre les tentatives de division, toujours plus agressives, nous devons opposer une lutte et un combat unitaires : hommes et femmes, avec ou sans papiers, jeunes et travailleurs avec ou sans emploi,… Nous avons tous droit au logement, à l’éducation, aux soins,… à la dignité.

     

  • Racisme, violence sexuelle, homophobie, petite délinquance,… ripostons avec une alternative sociale !

    autocollant_racisme_sexismeNous nous opposons au sexisme et à la violence sexuelle, de la part de qui que ce soit et de quelque façon que ce soit. La violence sexuelle n’est pas importée en Belgique : le sexisme et la violence font partie de toute société divisée en classes sociales, il n’en va pas autrement en Europe.

    L’étendue de la violence durant la nuit du Nouvel An à Cologne est choquante, mais les rues ne sont même pas l’endroit le plus dangereux pour les femmes. Le plus grand nombre d’actes de violences contre les femmes n’est pas non plus commis par des inconnus. La violence contre les femmes est, en Belgique, encore toujours principalement une violence domestique, souvent commise par le conjoint ou des membres de la famille. Une femme sur cinq y a été un jour confrontée ! 8,9 % des femmes sont victimes d’abus sexuels avant leur majorité. L’agresseur est habituellement un membre de la famille ou de l’entourage immédiat de la victime. La violence sexuelle a généralement peu à voir avec le sexe, bien plus avec le pouvoir et la domination exercés sur la victime.

    8mars_206Réduire le sexisme et la violence contre les femmes à une donnée culturelle est un raisonnement erroné. Dans les années ‘70, il n’était pas rare que des Afghanes se rendent à l’université en traversant Kaboul en minijupe. Aujourd’hui ce serait impossible ; même les écoles primaires pour filles sont réduites en cendres par les talibans. Est-ce parce que la culture afghane a profondément changé au cours des quarante dernières années et a imposé de nouvelles règles ou est-ce parce que les guerres ont détruit le pays, laissant ainsi la place aux talibans extrêmement conservateurs ? À quoi les gouvernements pensent-ils que la ‘‘culture’’ syrienne ressemblera une fois que le pays aura été détruit par les bombardements ?

    Le racisme, le sexisme, l’homophobie, mais aussi la petite délinquance se développent sur les décombres sociaux. Ceci ne peut être résolu en renforçant les divisions ou en les justifiant. Un système en crise, comme le capitalisme actuellement, fait remonter à la surface toute la misère du monde. Seule une lutte unitaire contre ce système et en défense d’une alternative peut apporter une solution.

     

    • 5 mars: journée débats anti-sexiste avec des féministes de cologne et d’irlande, Bruxelles. 10h-17h, 45 rue du jardinier (plus d’infos)
    • 6 mars: manif femmes sans-papiers, 13h, gare de Bruxelles-central (plus d’infos)
    • 9 avril: Journée Socialisme 2016 (plus d’infos)

     

  • CONTRE le sexisme – CONTRE le racisme

    ls208_versoLes malheureux événements qui se sont déroulés lors du réveillon à Cologne ont fait beaucoup de bruit. Quelques jours après le Nouvel An, il s’est avéré que quelques centaines de femmes ont été victimes de vols, d’attouchements, et dans deux cas, de viol. Comment toute cette violence a-t-elle pu avoir lieu de façon relativement inaperçue sur le moment ? Cela reste une question ouverte. Au lieu d’y répondre, toute l’attention est restée focalisée sur le débat autour des refugiés et des migrants car les auteurs étaient d’origine nord-africaine selon la police. L’extrême-droite, qui estime pourtant que les femmes devraient rester au foyer sans pouvoir disposer librement de leur corps et de leur destin, a sauté sur l’occasion.

    Par Tine (Anvers)

    Répondre au sexisme par le racisme ne fera qu’aggraver les problèmes

    L’extrême-droite n’est pas la seule à avoir tenu les réfugiés responsables des violences sexuelles. Le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration Theo Francken (N-VA) a par exemple lancé l’idée d’un “Cours de respect de la femme” pour demandeurs d’asile. Les remarques au sujet du problème plus général du sexisme, dont le sexisme quotidien, ont été balayées d’un revers de la main. Lorsqu’un programme télévisé a évoquait le cas de Pol Van Driessche (NV-A) à propos de qui plusieurs femmes ont témoigné avoir dû repousser les mains baladeuses, Bart De Wever, le président de la NV-A, a parlé d’une “mise en scène nauséabonde”. Le sexisme et les attouchements sexuels sont nauséabonds, peur importe à partir de qui.

    Mais différents activistes ont aussi adopté cette rhétorique qui considère le problème sous l’angle culturel. La militante pour les droits des femmes belgo-iranienne Darya Safai a écrit sur le site deredactie.be que le problème trouve son origine dans “l’apartheid de genre de la culture islamique”. Elle a appelé la communauté musulmane à s’exprimer contre les violences de Cologne et à accepter les “règles supérieures du droit occidental”. Selon Darya Safai, nous disposons ici d’une culture “dans laquelle les femmes sont traitées avec respect et peuvent vivre leur identité féminine et sexuelle sans limites.”

    Les exemples de délinquants sexuels ‘occidentaux’ ne manquent pourtant pas, au-delà des cas célèbres tels que DSK, Berlusconi ou encore les récents scandales liés à l’Eglise belge. L’écart salarial entre homme et femme (de 25% pour les employées et de 17% pour les ouvrières en Belgique) existe toujours. Les femmes gagnent moins et effectuent une plus grande partie du travail domestique. De plus, la politique d’austérité alourdit encore plus ce travail domestique : il suffit de penser à la question du soin aux ainés et au manque de crèches. A cela se rajoute le sexisme quotidien, illustré par ces jeunes femmes en petites tenues qui doivent stimuler les ventes du salon de l’auto.

    La culture est une expression des conditions sociales existantes. La société produit la culture, et pas l’inverse. Sous le capitalisme, cela signifie un fossé croissant entre une petite élite de super-riches et une majorité de la population qui a du mal à joindre les deux bouts ou qui vit dans la pauvreté. La course aux profits transforme les femmes en vulgaire marchandise, dans la publicité par exemple. Les pénuries sociales mènent à l’exclusion et à l’isolement, ce qui offre plus d’espace pour toutes sortes de courants conservateurs.

    Répondre au sexisme et à la violence sexuelle par du racisme, ce n’est pas une solution. Nous devons coupler la lutte pour le droit des femmes à la lutte contre les problèmes intrinsèquement liés au capitalisme et qui nous touchent tous. Le chômage structurel, les listes d’attente pour les logements sociaux, l’enseignement qui devient de plus en plus cher mais qui baisse en qualité, les banques alimentaires qui rencontrent un succès croissant, le problème climatique, etc.

    Nous voulons éradiquer le sexisme et le racisme mais on ne réussira y parvenir qu’au travers d’un programme orienté vers la création d’une société dont les bases pourraient enfin rendre chacun heureux. Cela exige une lutte collective, sans distinction d’origine, de sexe ou de religion. Le racisme et le sexisme nous divisent et affaiblissent donc notre lutte pour une autre société. Nous voulons une société socialiste démocratique qui éliminerait enfin le terreau fertile au racisme et au sexisme qu’est le système capitaliste.

    • 21 février: manif antifasciste, 11h, hôtel de ville de Gand
    • 5 mars: journée débats anti-sexiste avec des féministes de cologne et d’irlande, Bruxelles. 10h-17h, 45 rue du jardinier
    • 6 mars: manif femmes sans-papiers, 13h, gare de Bruxelles-central
    • 9 avril: Journée Socialisme 2016 (plus d’infos)
  • Les 5 et 6 mars: Stop au racisme et au sexisme!

    stopracisme_stopsexismeEn instrumentalisant le climat consécutifs aux agressions de Cologne, Theo Francken (N-VA) a lancé l’idée, soutenue par le MR, de cours de “respect des femmes” pour les migrants. Mais, quels sont les “valeurs occidentales” qu’il affirme vouloir inculquer? Les mêmes qui ont permis de suspendre la condamnation d’un violeur à Gand en estimant que sa victime avait “participé au jeu de séduction” ? Le gouvernement veut enseigner une série de normes et valeurs aux migrants. Cependant, d’autres normes et valeurs s’imposent chez nous pour culpabiliser les victimes de viol.

    Nous nous opposons à toute forme de sexisme ! Les violences vis-à-vis des femmes sont courantes, pas seulement dans la rue, mais aussi au travail et, plus encore, à la maison. En Belgique, environ 100 plaintes sont déposées chaque jour pour violence conjugale, et il ne s’agit que de la partie visible. Le sexisme n’est pas lié à une ou plusieurs communautés, mais à l’ensemble de la société capitaliste. L’absence de perspectives d’avenir, la déshumanisation de la société, l’objectification des femmes et les discriminations engendrées par un capitalisme en crise favorisent la violence, le sexisme, l’homophobie et le racisme.

    Dénonçons toute tentative de l’extrême droite, des médias ou du gouvernement de pointer du doigt les immigrés comme boucs émissaires des échecs de la politique d’austérité et de la faillite du capitalisme. Le gouvernement, en réalisant des coupes budgétaires, pousse les femmes dans la pauvreté. Ce sont les femmes qui compensent les pénuries dans les crèches, les transports, les soins, l’enseignement en assumant la majorité des tâches ménagères.

    Il nous faut lutter collectivement contre toute forme de sexisme et de racisme, pour des services publics de qualité et des emplois et des revenus décents permettant l’indépendance financière des femmes. Les symptômes ne sont pas les seuls à devoir être combattus, il faut aller jusqu’à leur cause. Une alternative à la politique d’austérité et aux oppressions nécessite une transformation socialiste de la société.

    Le 21 février à Gand, EGA participe à une contre-manifestation pour riposter à la marche de la haine de Voorpost, une organisation raciste et violente d’extrème droite. Rdv : 11h, hôtel de ville de Gand.

    Le 5 mars à Bruxelles, EGA coorganise une journée de débats anti-sexistes avec de féministes de Cologne et d’Irlande. Nous aborderons les causes réelles de l’oppression des femmes et comment construire un mouvement fort pour l’émancipation des femmes. De 10h à 17h, rue du jardinier 45, Molenbeek.

    Le lendemain, 6 mars, nous participons à la manifestation organisée par le Comité des Femmes Sans-Papiers. Contre les tentatives de division, hommes et femmes, avec ou sans papiers, jeunes et travailleurs avec ou sans emploi,… Nous avons tous droit au logement, à l’éducation, aux soins,… à la dignité.

    • 21 fév : manif antifasciste, 11h, hôtel de ville de Gand
    • 5 mars : journée débats anti-sexiste avec des féministes de cologne et d’irlande, Bruxelles. 10h-17h, 45 rue du jardinier (Evènement Facebook)
    • 6 mars : manif femmes sans-papiers, 13h, gare de Bruxelles-central (Evènement Facebook)

     

  • Pas de racisme au nom du féminisme!

    rass_francken02Le jeudi 4 février, environ 200 personnes se sont réunies devant les bureaux du secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Théo Francken, pour dénoncer son instrumentalisation raciste des agressions sexistes survenues durant la nuit du Nouvel An à Cologne, avec sa proposition de donner des cours de “respect de la femme” aux réfugiés. Nous avons signé l’appel pour cette action lancée par les JOC (Jeunes Organisés et Combattifs) et avons été présents au rassemblement avec des jeunes des Étudiants de Gauche Actifs (organisation de jeunesse du PSL) et des membres du PSL.

    Par Marisa (Bruxelles) // Un reportage-photos et un bref rapports avaient déjà été précédemment publiés (disponible ici).

    Plusieurs oratrices se sont succédées pour prendre la parole, afin de dénoncer le sexisme mais aussi son instrumentalisation raciste. Une femme du Comité des Femmes Sans-Papiers a dénoncé leur manque de protection face à des agressions physiques ou sexuelles. Une autre oratrice, représentante des JOC, a dénoncé la façon dont les viols sont généralement négligés ou banalisés et seulement médiatisés dès lors qu’il s’agit d’alimenter la haine des étrangers.

    Nous avons également pris la parole, avec une jeune membre d’EGA et une représentante de la Commission Femmes du PSL. Nous avons surtout accentué le fait que le sexisme n’est pas lié à une culture particulière, ce phénomène est inhérent au système capitaliste. Ce constat est crucial pour dénoncer l’hypocrisie sur laquelle reposent les propos de Théo Francken ainsi que les prétendues valeurs occidentales qu’il affirme vouloir inculquer.

    C’est le gouvernement avec son offensive austéritaire qui attaque les femmes. Les mesures du gouvernement concernant les pensions et la fin de carrière auront des conséquences dramatiques pour de nombreuses femmes. La diminution des dépenses dans les services publics entraine le fait que ce sont les femmes qui compensent la pénurie dans ces services au sein de la cellule familiale. De femmes sont obligées à travailler à temps partiel ou à quitter leur emploi pour parvenir à combiner vie privée et vie professionnelle. L’Allocation de Garantie de Revenus (AGR) est réduite de moitié pour les temps partiels involontaires et la plupart des exclus du chômage avec limitation des allocations d’insertion sont des femmes. Le résultat de cette politique est aussi que de nombreuses victimes de violences conjugales n’ont pas les moyens de quitter un conjoint violent. En Belgique, le plus grand nombre des violences contre les femmes sont des violences domestiques.

    Nous devons dénoncer toute tentative de l’extrême droite, des médias ou du gouvernement de pointer du doigt les immigrés comme boucs émissaires des échecs de la politique d’austérité et de la faillite du capitalisme. Il nous faut lutter collectivement pour défendre nos services publics et nos conquêtes sociales, ainsi que contre toute forme de sexisme et de racisme. Mais leurs symptômes ne sont pas les seuls à devoir être combattus, il faut aller jusqu’à leur cause. Aujourd’hui plus que jamais, une alternative à la politique d’austérité et une transformation socialiste de la société sont nécessaires.

    Parmi les signataires de l’appel à cette action se trouvaient également : Vie Féminine, Le Monde selon les Femmes, le Cercle féministe de l’ULB, Féminisme Libertaire, Feminisme-Yeah, les Femmes CSC-Bruxelles et le Comité d’action « V’là la facture ».

    8mars_206Quelques prochaines activités sur ce thème :

    • Gand. 21 février. Mobilisation contre la haine, le terrorisme, le racisme et le sexisme (plus d’infos).
    • Namur. 22 février. Réunion ouverte. Le racisme n’est pas une réponse au sexisme! (plus d’infos)
    • Bruxelles. 5 mars. Journée de formation et de débat. Émancipation des femmes et socialisme: des luttes indissociables! (plus d’infos)
    • Bruxelles. 6 mars. Manifestation des Femmes Sans-Papiers (plus d’infos).
    • Bruxelles. 9 avril. Journée “Socialisme 2016” (plus d’infos).
  • Tract de rentrée EGA : Le racisme n'est pas une réponse au sexisme!

    cologne_manifQuelles réponses suite aux agressions survenues à Cologne?

    – À ceux qui, comme la maire de Cologne, accusent les femmes de manque de prudence:La société est contradictoire. Elle pousse les femmes à dépenser du temps et de l’argent pour être «sexy», tout en les accusant de l’avoir cherché si elles sont agressées. Non à la culture du viol et à la culpabilisation des victimes ! Pour le libre choix de chacun de s’habiller comme il le désire : en mini-jupe ou avec un voile. La séparation de l’Église et de l’État doit se faire dans le respect du pluralisme et non pas par une neutralité imposée.

    – À ceux qui expulsent les migrants et stigmatisent tous les musulmans :En profitant du climat après les agressions de Cologne, Theo Francken(N-VA) a lancé l’idée, soutenue par le MR, de cours de «respect des femmes»pour les migrants. Le sexisme n’est pas lié à une ou plusieurs communautés,mais à l’ensemble de la société.L’absence de perspectives d’avenir,la déshumanisation de la société et les discriminations engendrées par un capitalisme en crise favorisent la violence, le sexisme, l’homophobie et le racisme. Les violences vis-à-vis des femmes sont courantes: en Belgique, 1/3 des femmes ont déjà subi des violences domestiques.

    Refusons la banalisation, combattons par la solidarité toutes les agressions (au boulot, en rue, en soirée et à la maison), pas seulement celles qui sont médiatisées. Les gouvernements allemand comme belge utilisent les évènements graves qui se sont déroulés à Cologne pour stigmatiser un pan entier de la population et se dédouaner de toutes responsabilités.

    Pourtant, en réalisant des coupes budgétaires, ils poussent les femmes dans la pauvreté. Résultat : de nombreuses victimes de violences conjugales n’ont pas les moyens de quitter un conjoint violent.

    Il faut donner des cours de respect des femmes au gouvernement pour qu’il comprenne que sans emplois décents,sans individualisation des droits sociaux et sans des services publics de qualité et accessibles à tous (crèches,centres d’accueil, soins de santé…) qui permettent réellement de mener la vie que l’on choisit, le sexisme continuera à se développer !

    Refusons la division sexiste comme raciste! Unissons-nous et luttons ensemble pour une société qui réponde à nos besoins, plutôt qu’à ceux des super-riches, une société socialiste démocratique. Alors nous pourrons définitivement mettre fin au racisme, à l’homophobie et au sexisme.

    => Tract en version PDF

    EN FUITE FACE À LA GUERRE ET LA TERREUR : QUELLE ALTERNATIVE AUX POLITIQUES IMPÉRIALISTES ?

    Fin 2014, un élan incroyable de solidarité avec les migrants a balayé l’Europe. Il est devenu clair que les premières victimes des terroristes sont les populations du Moyen-Orient et d’Afrique.

    Les bombardements, une solution face à Daech ?

    Non. Ce serait comme frapper un os cassé en prétendant empêcher que la fracture s’agrandisse. Daech puise notamment ses racines dans les interventions militaires à répétition dans la région. L’invasion de l’Irak en 2003 fut soi-disant menée dans le but d’apporter la démocratie et la liberté. Les monstruosités d’un Saddam Hussein (ou d’un Bashar al Assad) ont été utilisées pour donner l’idée qu’il est nécessaire “d’agir au plus vite”.

    Si la dictature d’Hussein a aujourd’hui disparu, la misère croissante et l’état de dévastation de la région ont ouvert la voie au fondamentalisme. Celui-ci utilise le terrorisme comme réponse réactionnaire à la guerre dans un cadre de division (religieuse, ethnique…). Les populations sont ainsi doublement frappées : par le terrorisme et par les bombes.

    Les révolutions en Tunisie et Égypte ont montré qu’un mouvement de masse des travailleurs et des pauvres par-delà les divisions sectaires est possible. Il ne suffit pas d’être “contre la guerre”. Il faut aussi un programme qui défende les droits de chacun, quelle que soit sa religion, son genre, sa sexualité, son ethnie… pour assurer son épanouissement. Les richesses de la région doivent être récupérées des mains des puissances impérialistes et des organisations sectaires pour être placées sous le contrôle démocratique des masses et ainsi être utilisées afin de construire un avenir à tous.

    LA RÉPRESSION ET LA STIGMATISATION NE SONT PAS DES SOLUTIONS : RIPOSTONS AVEC UNE ALTERNATIVE SOCIALE !

    Suite aux évènements de Cologne, on a vu Francken repasser à l’offensive avec ses “cours de respects des femmes” pour les immigrés. Plus généralement, chaque occasion est utilisée pour stigmatiser, traquer et criminaliser les nouveaux arrivants, en Belgique et dans le reste de l’Europe.

    Plus de militaires dans les rues ne résoudra pas les questions sociales.

    Les attentats de Paris sont le résultat d’une surenchère réactionnaire. Chaque camp tente de s’imposer, clame poursuivre un idéal, mais ne cherche qu’à s’accaparer des richesses. Tant en Syrie qu’à Paris, ce sont les pauvres, les travailleurs et les jeunes qui en paient le prix. Le gouvernement utilise la peur du terrorisme pour renforcer son appareil répressif (par ex : en France, on a vu la suspension de libertés individuelles), alors qu’il faudrait casser la base même de Daech : le manque d’avenir, le racisme, la misère…

    Rajouter des militaires en rue ne peut qu’accroitre les tensions. Cela donne l’impression que “le gouvernement fait quelque chose”, mais cela ne résout rien fondamentalement. Daech utilise toutes les colères et frustrations largement présentes parmi la jeunesse pour embrigader une partie de celle-ci dans ses folies meurtrières: c’est donc à la source de ces colères et frustrations que nous devons nous en prendre.

    EGA défend le projet d’une société socialiste démocratique. Une société dans laquelle le logement, l’enseignement, l’emploi… seraient les priorités. Nous avons pour cela besoin d’un mouvement qui unisse tous les opprimés (immigrés, belges, jeunes, travailleurs…). Ainsi, par la solidarité, nous offrirons une réelle alternative à ceux qui espèrent trouver un avenir dans le fondamentalisme.

    LA LUTTE POUR LE CLIMAT EST UNE LUTTE POUR DES SERVICES PUBLICS

    socialistchange_01La COP21 a favorisé l’implication massive de dizaines de milliers de personnes à travers le monde. Mais l’espoir d’arriver à un réel plan pour le climat n’a pas été rencontré. L’accord de Paris ne consiste qu’en mesurettes qui n’ont de radical que l’apparence. En l’absence de normes contraignantes, ce sont tout au plus quelques conseils. Mais la COP21 a permis aux multinationales de revêtir une apparence “verte” bénéfique à leur comm’. Et entre-temps, la fraude à VW concernant les normes de pollution s’étend à Renault et Opel…

    Le lobby du nucléaire était aussi très présent pendant la COP21, promouvant cette énergie comme une alternative verte. Mais un mois après, de nouveaux problèmes de sécurité à Doel et Tihange étaient constatés. L’énergie nucléaire n’est pas dans l’intérêt de la majorité! Stop à l’énergie nucléaire, pour des investissements dans des alternatives sures, accessibles, sous contrôle démocratique et sans déchets nucléaires ou rejet massif de CO2 !

    La même logique de marché domine en Belgique. Le gouvernement veut couper 3 milliards € dans les chemins de fer et prépare ainsi la libéralisation du secteur. L’exemple de la Grande-Bretagne est parlant sur ce à quoi cela aboutit: des prix 5 fois plus élevés qu’en Belgique pour une qualité réduite. À contrario, les voitures d’entreprise sont subventionnées à hauteur de 4 milliards € ! Le gouvernement a fait son choix : embouteillages et moyens de transport polluants plutôt que respectueux de l’environnement… Quelqu’un peut-il y voir la logique ? Des investissements publics dans les transports en commun pourraient les rendre plus efficaces, attractifs et respectueux de l’environnement. Mais les services publics ne favorisent pas les profits pour les entreprises, ils sont donc inintéressants pour un gouvernement néolibéral.

    C’est pour cela que Naomi Klein a dit que “les cheminots en grève sont les activistes climatiques du 21e siècle.” En s’opposant aux coupes dans les services publics, ils défendent des solutions vertes. Le mouvement climatique doit soutenir la lutte du personnel de tels secteurs et inversement. EGA défend ainsi un climat durable, entre autres par la (re)construction de services réellement publics.

    AGENDA :

    • Me 17/02 :: MEETING :: 19:00 :: ULG – Place du XX Août – bât. 4 – S100 (le parcours sera fléché) – En fuite face à la guerre, en prise au racisme: la solidarité comme alternative
    • Di 21/02 :: MANIFESTATION :: 11:00 :: Hôtel de Ville de Gand (Botermarkt 1) Mobilisation antifasciste : Contre la haine, le terrorisme, le racisme et le sexisme.
    • Sa 05/03 :: DÉBAT ET FORMATION SUR LE SEXISME :: 10:00 – 17:00 :: Rue du Jardinier 45, Molenbeek – Il n’y a pas de capitalisme sans sexisme (programme complet sur Facebook: “Debate: There is no capitalism without sexism”)
    • Ma 15/03 :: MANIFESTATION :: 18:00 :: Gare du Nord à Bxl – Stop à la répression et au racisme d’État. Pour le droit de mener des actions !
    • Sa 09/04 :: SOCIALISME 2016 :: Bruxelles avec entre autre Paul Murphy (parlementaire Irlandais pour le Socialist Party);
    • Di 24/04 :: MANIFESTATION :: 14:00 :: Gare Centrale à Bxl
      Contre l’achat d’avions de chasse – Contre la guerre et l’exploitation
    • Ma 26/04 :: ACTION :: 14:00 :: devant la centrale nucléaire à Doel
      30 ans après Tchernobyl : Pour un secteur énergétique sûr et accessible.
    • CAMP D’ÉTÉ 2016 – COMPRENDRE LE MONDE POUR LE CHANGER – VENDREDI 01/07 – MERCREDI 06/07 BOKRIJK – GENK (LIMBURG) – 5 jours de formation politique et de détente
      PROGRAMME COMPLET ET INSCRIPTIONS SUR FACEBOOK: “CAMP D’ÉTÉ EGA & PSL

    MOBILISATION ANTIFASCISTE À GAND LE 21 FÉVRIER CONTRE LA HAINE, LE TERRORISME, LE RACISME ET LE SEXISME

    gentkot-300x160La Belgique a connu un élan massif de solidarité envers les réfugiés fuyant la guerre et la misère au Moyen-Orient. Alors qu’ils cherchent un endroit où (sur)vivre, les terribles attaques terroristes de Paris et les agressions dont ont été victimes de nombreuses femmes à Cologne sont instrumentalisées par l’extrême droite et la droite.Ils visent délibérément des victimes qui ont fui la terreur, pas les responsables celle-ci.

    C’est ainsi que le Voorpost – un groupe violent et raciste – a décidé d’organiser une marche de la haine le dimanche 21février prochain à Gand sous le slogan “Marre du terrorisme,renforçons les frontières”.

    Le racisme n’est pas une réponse contre le sexisme et le terrorisme

    Malgré la solidarité de la population, un contexte de pénurie d’emplois, de logements abordables et de limitation de nos services publics est un terrain fertile pour la propagande raciste du “diviser pour régner”. Combattre le racisme doit aller de pair avec une lutte contre toutes ces pénuries sociales. Les moyens existent pour permettre à chacun de vivre une vie décente !Participe à la manifestation contre la haine, le terrorisme,la guerre, le racisme et le sexisme, afin de riposter contre l’extrême droite. Ensemble, construisons une alternative à la politique d’austérité et de division du capitalisme. Bâtissons par la solidarité un avenir décent pour tous.

    REJOINS LES ÉTUDIANTS DE GAUCHE ACTIFS !

    refugeewelcomeLe capitalisme – confronté à une crise économique, sociale, écologique et migratoire – n’a aucune réponse à nous apporter. Cela n’engendre que guerre et misère. Une autre société est donc nécessaire ! Mais c’est plus facile à dire qu’à faire ! Se baser sur le sentiment d’indignation et de frustration n’est pas suffisant. Si on veut changer la société, on doit la comprendre et l’analyser. Pour cela,nous nous basons sur le marxisme. Ce n’est pas un dogme rigide, mais une méthode d’analyse flexible dans le but de changer le monde.

    Il faut aussi tirer les leçons du passé pour mieux renforcer les luttes d’aujourd’hui.Le combat contre l’exploitation capitaliste a déjà une riche histoire en matière de programme, de stratégie et de tactiques nécessaires pour aller vers une société débarrassée de la guerre,des atteintes graves à l’environnement,de la misère et de l’oppression.

    La tragédie grecque nous démontre que tous ceux qui restent dans la logique du capitalisme finissent par être obligés de défendre les intérêts des plus riches. Ainsi, le gouvernement de gauche de Syriza n’a pas marqué de rupture anticapitaliste. Il a, dès lors, été mis sous pression par l’Union européenne et les institutions de la Troïka. Syriza a fini par accepter un troisième programme de mesures d’austérité. Cet exemple illustre qu’il n’y a pas de compromis possible ! Ce n’est qu’en rompant avec ce système que nous serons capables de donner une réponse à la crise. Mais pour faire cela, il nous faut une organisation anticapitaliste avec programme socialiste conséquent.

    EGA, Étudiants de Gauche Actifs (ALS,Actief Linkse Studenten en Flandre)est l’organisation de jeunesse du Parti Socialiste de Lutte (PSL). Nous nous revendiquons du marxisme.Nous défendons une alternative anticapitaliste basée sur le contrôle démocratique de l’économie parla collectivité. Nous voulons une société orientée vers les besoins de la majorité de la population plutôt que vers les profits des super-riches. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique.

    Rejoins-nous et construisons ensemble cette société !

  • Rassemblement au cabinet de Francken: le racisme n'est pas une réponse au sexisme!

    francken8Les JOC-Bruxelles avait appelé à la tenue d’un rassemblement hier devant les bureaux du Secrétait d’Etat à l’Asile et à la Migration Theo Francken  afin de protester contre ses propos qui stigmatisent l’ensemble des réfugiés, et derrières eux les migrants de manière globale, à la suite des agressions sexistes survenues au Nouvel An à Cologne. Cette action avait reçu le soutien de nombreuses autres organisations, dont les Étudiants de Gauche Actifs (EGA), organisation de jeunesse du PSL.

    Notre tract de mobilisation pour cette action déclarait notamment :

    “Les gouvernements allemand comme belge utilisent les évènements graves qui se sont déroulés à Cologne pour stigmatiser un pan entier de la population et se dédouaner de toutes responsabilités. Pourtant, en réalisant des coupes budgétaires, ils poussent les femmes dans la pauvreté. Résultat : de nombreuses victimes de violences conjugales n’ont pas les moyens de quitter un conjoint violent.

    “Il faut donner des cours de respect des femmes au gouvernement pour qu’il comprenne que sans emplois décents, sans individualisation des droits sociaux et sans des services publics de qualité et accessibles à tous (crèches, centres d’accueil, soins de santé, …) qui permettent réellement de mener la vie que l’on choisit, le sexisme continuera à se développer!

    “Refusons la division sexiste comme raciste! Unissons-nous et luttons ensemble pour une société qui réponde à nos besoins, plutôt qu’à ceux des super-riches, une société socialiste démocratique. Alors nous pourrons définitivement mettre fin au racisme, à l’homophobie et au sexisme.”

    Reportage-photos de PPICS:

    Racisme is geen antwoord op seksisme // PPICS

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