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Tag: Syrie
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Bruxelles. Action de solidarité contre l’intervention turque à Afrin
Un rassemblement a eu lieu ce samedi à Bruxelles pour dénoncer l’invasion turque à Afrin, en Syrie. Ce n’est pas la première action qu’il y a eu sur ce sujet, mais la guerre se poursuit et a passé le cap des 40 jours. L’intervention de l’Etat turc vise à le positionner pour la situation post-Daesh et à empêcher que les régions autonomes kurdes de Syrie ne puissent servir d’exemple au peuple kurde de Turqui. Avec cette guerre, le président-dictateur turc Erdogan essaye également de favoriser les sentiments nationalistes pour renforcer son assise sur la société.
Photos de Mario (Bruxelles)
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STOP à la guerre contre les Kurdes! #SolidaritéAvecAfrin

Manifestation à Londres, cette semaine. Photo : Amaliah (Socialist Party) Pour une résistance de masse !
L’État turc s’en prend aux Kurdes à Afrin au moyen de bombardements et d’une invasion terrestre. Ceci survient à la suite de l’offensive dévastatrice menée en 2016 contre les régions kurdes en Turquie. Le président Erdogan avait mis fin au “processus de paix” et déclenché une guerre, provoquant une vague de nationalisme anti-kurde en Turquie.
Ce n’est qu’en 2016 que des avions turcs ont bombardé pour la première fois les bases de Daesh en Syrie. Mais le prétexte de la prétendue “guerre contre le terrorisme” des forces occidentales a été saisi par le régime d’Erdogan pour couvrir le bombardement des régions kurdes.
Ces forces kurdes étaient celles qui combattaient Daesh sur le terrain ! Plutôt qu’une victoire kurde, l’Etat turc préférait que Daesh l’emporte.
Les Kurdes composent une nation sans Etat, divisée entre l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Turquie depuis l’accord conclu après la Première guerre mondiale entre puissances impérialistes pour découper la région.
Dans l’instabilité créée par la guerre en Irak de 2003, ils ont développé des zones autonomes en Irak et en Syrie. La lutte contre Daesh a soulevé la possibilité de faire tomber les frontières de l’impérialisme. Grâce aux progrès réalisés par les Unités de protection du peuple (YPG, branche armée du Parti de l’union démocratique, PYD, organisation de gauche syrienne) kurdes, une grande zone conjointe dans le Nord de la Syrie et en Irak est sous contrôle kurde. Le régime turc craint ce que cela pourrait signifier pour la Turquie elle-même.
Les Kurdes trahis
Les combattants kurdes ont fait preuve d’héroïsme dans leur lutte contre Daesh. Mais bon nombre de leurs gains ont été réalisés au côté d’attaques aériennes des forces russes et américaines.
Le Parti Socialiste de Lutte (PSL) et le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ont à plusieurs reprises averti que les États-Unis et la Russie n’étaient pas des amis du peuple kurde. Ils utilisent les combattants kurdes quand cela leur convient pour ensuite les abandonner tout aussi facilement.
Dès que Daesh a été repoussé, les Etats-Unis et la Russie ont permis à la Turquie de déchainer sa machine de guerre dans l’espoir de stabiliser leurs relations avec le régime turc.
Les différentes puissances impérialistes, parmi lesquelles les États-Unis et la Russie, n’ont jamais eu les intérêts des Kurdes à cœur. Ils ne s’intéressent qu’à leurs propres intérêts et ne soutiennent les forces kurdes que dans la mesure où ces derniers n’entrent pas en conflit avec eux.
C’est ce que nous avons brutalement vu se produire en 1991, lorsque George H. W. Bush a encouragé un soulèvement contre Saddam Hussein pour ensuite laisser les Kurdes être massacrés.
Ni les puissances occidentales, ni les régimes répressifs de la région ne veulent que la détermination des Kurdes à lutter pour l’indépendance dans d’autres régions ne s’accentue davantage, en raison de l’instabilité profonde qui en résulterait, dont l’éclatement potentiel de la Turquie.
Les puissances capitalistes régionales sont toutes prêtes à favoriser les divisions ethniques et nationales et à dresser les peuples les uns contre les autres – les Arabes contre les Kurdes par exemple – pour servir leurs intérêts.
Pour une résistance de masse !
Les Kurdes ont bien entendu le droit de se défendre. Le PSL défend la création de comités de défense démocratiques, non sectaires et multiethniques, capables de donner un rôle actif à la population.
Les territoires actuellement sous contrôle kurde sont peuplés d’Arabes, de Turkmènes et de Kurdes. Il est vital de faire appel à ces masses pour qu’elles s’organisent ensemble.
En défendant le droit à l’autodétermination des peuples, il serait possible de construire un mouvement qui résisterait aux attaques turques et s’adresserait aux travailleurs et aux pauvres de toute la région.
Il est également important de lancer un appel à la classe ouvrière en Turquie. Dans une situation aussi terrible, cela peut sembler éloigné. Un tel appel doit reposer sur un programme de défense des droits démocratiques, pour de bons emplois et des logements décents ainsi que pour que les vastes ressources de la région soient détenues et contrôlées démocratiquement au bénéfice de tous. Cela serait de nature à briser la peur et la haine. Les travailleurs et les pauvres en Turquie n’ont rien à gagner de l’oppression des Kurdes, qui ne fait que renforcer le gouvernement et les patrons qui les exploitent et les oppriment également.
La plus grande crainte des riches, des grands patrons et des propriétaires terriens ainsi que de leurs représentants politiques serait le rassemblement des travailleurs kurdes, irakiens, turcs, syriens et iraniens dans un mouvement qui pourrait défier les gouvernements locaux, les impérialistes et le capitalisme lui-même.
Nous soutenons le droit démocratique du peuple kurde à l’autodétermination, y compris, s’il le souhaite, jusqu’à la pleine autonomie et à l’établissement d’États indépendants ou d’un État commun à tous les Kurdes.
Une confédération socialiste volontaire du Moyen-Orient permettrait à tous les peuples de décider librement et démocratiquement de leur destin.
Les socialistes et les organisations des travailleurs doivent construire des mouvements opposés à la guerre contre les Kurdes et contre l’intervention impérialiste, et exiger des droits et des conditions décentes pour les réfugiés.
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Déclaration conjointe de SOSYALIST ALTERNATIF (CIO-Turquie) & de PATRONSUZ DUNYA
Le régime d’Erdogan a lancé une opération militaire à Afrin, une ville kurde du nord-ouest de la Syrie, avec le soutien sans réserve du parti d’opposition social-démocrate, le CHP. Les acquis et la lutte de libération du peuple kurde – peuple réparti sur un territoire partagé entre la Turquie, l’Irak, l’Iran et la Syrie – sont visés par un accord commun entre les régimes de ces quatre pays ainsi que les forces impérialistes telles que la Russie et les Etats-Unis.
Le nom même de l’opération, ‘‘Rameau d’olivier’’, exprime le commun accord contre toutes sortes de revendications fondées sur le droit à l’autodétermination des Kurdes, même si ces puissances sont en conflit les unes avec les autres. Ce nom revient à voir un dictateur offrir un rameau d’olivier à un autre alors que tous deux qualifient l’autre de ‘‘dictateur aux mains pleines de sang’’. En tant que socialistes et marxistes révolutionnaires, nous appelons tous les travailleurs et les syndicats à s’opposer à cette attaque.
Il s’agit d’une guerre contre les Kurdes. Le mobile qui la sous-tend est simple : le peuple kurde est géographiquement divisé et opprimé par quatre pays, usurpé de ses droits démocratiques nationaux les plus élémentaires. Toute conquête éventuelle que les Kurdes pourraient obtenir dans l’un de ces pays impliquera des revendications nationales en matière de droit démocratique et, par conséquent, accélérera le processus de sensibilisation pour le peuple kurde dans les trois autres pays. C’est précisément ce qui inquiète les autres pays et leurs régimes oppresseurs. Ils n’hésitent donc pas à recourir à toutes sortes de moyens, y compris la guerre et les massacres, pour éliminer ces conquêtes.
Les médias, qui agissent tel un ministère de la propagande pour le palais d’Erdogan, injectent le racisme dans la conscience des masses en présentant cette campagne d’occupation comme une opération ‘‘contre le terrorisme’’. Il s’agit d’un énorme mensonge. Le régime d’Erdogan a alimenté la guerre civile syrienne, a soutenu les organisations djihadistes-terroristes et a causé des effusions de sang non seulement en Syrie mais aussi dans d’autres pays du monde. Il a utilisé ces organisations djihadistes-terroristes pour servir sa stratégie politique. Le régime d’Erdogan a ouvertement transporté en bus des djihadistes de Turquie à Afrin pour cette campagne d’occupation, sans même essayer de le cacher. Le régime d’Erdogan était assis à la table de négociation avec les régimes russe et syrien, pour Alep et Idlib, en tant que ‘‘représentant’’ des organisations terroristes djihadistes. Cela révèle quelle est la nature des relations entre le régime d’Erdogan et les djihadistes.
D’autre part, le régime fait taire toutes les voix de l’opposition par le biais de l’état d’urgence et des décrets d’urgence. Avec cette guerre, le régime d’Erdogan tente de se renforcer. Il ajoutera ‘‘l’état de guerre’’ à ‘‘l’état d’urgence’’. Cette guerre favorisera en outre l’atmosphère nationaliste dans le pays, ce qui diminuera la marge de manœuvre de l’opposition. Le CHP (le parti kémaliste prétendument social-démocrate) est en concurrence avec la ‘‘coalition AKP-MHP’’ (l’AKP est le parti d’Erdogan, le MHP le parti d’extrême droite) dans une ‘‘course au patriotisme’’.
Le véritable ennemi n’est pas le peuple d’Afrin, c’est le régime d’Erdogan. Ce régime réprime toute revendication démocratique en utilisant toute la force de l’appareil d’Etat. Les conditions de vie de la classe des travailleurs, dont les enfants sont envoyés à la guerre, sont grandissantes. Le régime d’Erdogan utilisera la guerre contre les Kurdes pour empêcher que le mécontentement des travailleurs ne vienne menacer le régime. De cette façon, il lui sera beaucoup plus facile de stigmatiser ceux qui revendiquent leurs droits en les qualifiant de ‘‘partisans des terroristes’’.
Il est presque certain qu’il sera interdit aux travailleurs du secteur métallurgique de faire grève dans ces prochains jours. Lors d’un meeting public à Kütahya, Erdogan a élevé la voix contre les travailleurs précaires exigeants des emplois permanents en leur disant : ‘‘Vous n’écoutez pas les explications, vous ne suivez pas les choses, vous ne savez pas (…) nous l’avons déjà dit au Parlement (…) vous insistez encore pour ne pas comprendre…’’ tout cela alors qu’il annonçait le début de la campagne d’occupation. Cela illustre l’apparente confiance en lui d’Erdogan, confiance créée par son pouvoir absolu sur le pays. Nous aurons à faire face à plus encore en raison de la guerre et des divisions au sein de la classe ouvrière à cause du racisme, du nationalisme, du sectarisme et du chauvinisme.
Tous les partis d’opposition et les médias, qui sont tout à fait d’accord avec le régime d’Erdogan sur ce sujet, accordent une attention extrême à la ‘‘lutte contre le terrorisme’’ comme raison de l’opération. Ils évitent autant que possible d’utiliser le mot ‘‘kurde’’ (y compris certains groupes qui se définissent comme ‘‘socialistes’’). C’est la raison pour laquelle le nom de Rojava a été rapidement changé, passant du terme de ‘‘corridor kurde’’ jusqu’à la Méditerranée à celui de ‘‘corridor de terreur’’. Même le MHP ultra-nationaliste et raciste affirme : ‘‘On ne peut pas prétendre que le MHP est contre les Kurdes’’. Leur véritable préoccupation est la conscience nationale formée autour des Kurdes.
Comme tous les autres peuples, les Kurdes devraient avoir le droit de vivre et de déterminer leur destin, que ce soit en Syrie, en Irak, en Iran ou en Turquie. La formation de la conscience nationale des Kurdes et leurs revendications démocratiques doit devenir une préoccupation pour toute la classe ouvrière exploitée. Il s’agit d’une condition préalable au succès en tant que force unifiée des travailleurs en Turquie. Il est nécessaire que la classe ouvrière turque défende collectivement les droits des Kurdes. Ce n’est que de cette manière qu’il sera possible de gagner la confiance puis le soutien du peuple kurde et de combiner la lutte pour les droits démocratiques nationaux à la lutte des classes.
Ni le peuple kurde, ni le peuple syrien ne sont nos ennemis. Le véritable ennemi, c’est la dictature d’Erdogan, qui protège les patrons, les voleurs, la corruption, les tueurs et les organisations terroristes djihadistes qui n’ont rien donné aux travailleurs et aux opprimés si ce n’est le chômage, la pauvreté, l’exploitation, du sang, des larmes, la guerre et la mort. Une dictature ne peut être détruite que par ses victimes. Les victimes de ce régime sont les Turcs ordinaires, les Kurdes, les Alevites, les Sunnites, c’est-à-dire la classe ouvrière et tous les peuples opprimés.
L’AKP, le CHP, le MHP et le ?Y? sont tous des partis nationalistes et chauvinistes. Ils tentent de démontrer que les travailleurs et les capitalistes ont les mêmes intérêts sous le toit d’une ‘‘nation unique’’. Ces intérêts ne se chevauchent toutefois pas, quelle que soit la nationalité, l’origine ethnique ou la religion à laquelle ils appartiennent. Ils sont plutôt opposés. C’est pourquoi il nous faut un parti des travailleurs capable d’organiser notre propre classe contre les partis nationalistes capitalistes.
Seule l’unité de la classe ouvrière peut stopper les guerres, les impérialistes et leurs collaborateurs. Par conséquent, nous appelons toutes les organisations de la classe des travailleurs, en particulier les syndicats, à s’opposer à cette guerre que l’Etat turc a déclarée contre les Kurdes, avec l’aide de des impérialismes américain et russe.
- Stop à l’occupation !
- Ne participez pas à l’occupation, dites non à l’offensive contre Afrin !
- Que les syndicats s’opposent à la guerre: grève générale !
- Unissons la lutte des métallos avec la lutte contre la guerre !
- Pour l’unité de classe contre le nationalisme et le sectarisme !
- Contre la guerre, l’exploitation, l’oppression et la pauvreté, pour une confédération socialiste volontaire du Moyen Orient !
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USA/Syrie. Trump ordonne le bombardement de la base aérienne d’Al-Chaayrate

Missile Tomahawk. Photo: Wikipédia La décision du président américain Donald Trump de lancer une attaque de missiles contre la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate a aggravé le conflit en cours en Syrie tout en alimentant dangereusement les tensions entre les États-Unis, la Russie et l’Iran d’une part, ainsi qu’avec la Corée du Nord et la Chine d’autre part. Cela augmentera également considérablement les rivalités entre les régimes sunnites et chiites au Moyen-Orient.
Par Niall Mulholland, Comité pour une Internationale Ouvrière
Trump a affirmé que cette attaque aux missiles Tomahawk avait été ordonnée contre l’aéroport d’Al-Chaayrate car ce serait depuis cette base aérienne que l’attaque chimique a été menée sur Khan Cheikhoun, où plus de 70 personnes sont mortes quelques jours plus tôt.
Ce tragique événement qui a vu la mort de dizaines de civils, parmi lesquels des enfants, a suscité répulsion et condamnation de la part des travailleurs et de la jeunesse du monde entier. Les États-Unis, soutenus par d’autres puissances occidentales, ont cyniquement instrumentalisé ce terrible événement dans le but de renforcer leur position dans le conflit syrien. Les puissances occidentales, qui veulent la chute du président Bachar el-Assad, se sont précipitées pour blâmer le régime syrien. Pour l’administration instable de Trump, cette attaque de missiles est également l’opportunité de tenter de renforcer son soutien aux Etats-Unis en déviant l’attention des promesses électorales non-tenues et de l’absence de solution face aux difficultés rencontrées par les Américains.
Trump a ordonné ce bombardement sans qu’il n’y ait eu d’enquête au sujet de l’attaque, sans rechercher de mandat de l’ONU et sans l’approbation du Congrès américain. Il a toutefois été favorablement accueilli par les gouvernements européens, notamment par ceux du Royaume-Uni, d’Allemagne et de France, de même que par ceux de Turquie et d’Israël. La milice islamiste Ahrar al-Cham opposée au régime syrien a elle aussi accueilli les «frappes chirurgicales» américaines.
Assad utilisera ce bombardement américain pour renforcer son image de prétendu ‘‘anti-impérialiste’’. Mais les socialistes ne soutiennent aucunement le régime d’Assad, qui a démontré son absence de préoccupation pour la vie de civils innocents durant la longue et sanglante guerre civile syrienne. Assad est un dictateur brutal prêt à recourir aux moyens les plus impitoyables pour s’accrocher au pouvoir. Cependant, il n’existe jusqu’à présent aucune preuve concrète pour prétendre que le régime d’Assad soit responsable de la mort de civils par utilisation de produits chimiques. Étant donné qu’Assad gagne actuellement la guerre – avec l’aide cruciale de Poutine – il semble même contre-productif de son point de vue d’avoir lancé une attaque chimique aveugle. Il était évident que cela aurait été le prétexte ouvrant la voie à une éventuelle attaque militaire des États-Unis.
Moscou a insisté sur le fait que les forces aériennes syriennes ont frappé un dépôt d’armes chimiques des rebelles qui combattent les forces gouvernementales. Günther Meyer, directeur du Centre de recherche pour le monde arabe à l’Université Johannes Gutenberg de Mayence (en Allemagne), va plus loin: ‘‘Seuls les groupes d’opposition armés pourraient tirer profit d’une attaque aux armes chimiques. Le dos au mur, ils n’ont aucune chance de l’emporter militairement contre le régime. Comme le montrent les récentes déclarations du président Trump, de telles actions permettent surtout aux groupes anti-Assad d’accroitre leur soutien’’. (Cité par le service international de diffusion de l’Allemagne, Deutsche Welle, le 6 avril).
La contre-révolution
À ce stade, la seule certitude existant au sujet des terribles événements de Khan Cheikhoun est que des dizaines de civils ont été tués. Ils viennent s’ajouter aux centaines de milliers d’autres décès liés à cette guerre. Tout cela résulte fondamentalement de la contre-révolution opérée en Syrie suite à la véritable révolte de masse dirigée contre le régime d’Assad en 2011, sous l’inspiration des mouvements révolutionnaires de Tunisie et d’Égypte. Mais en l’absence de fortes organisations ouvrières et d’une direction anticapitaliste socialiste, les forces sectaires et islamiques ont été capables de profiter de ce vide, avec le soutien des États réactionnaires du Golfe et de la Turquie de même que par les puissances occidentales, ce qui a conduit la révolte de masse à dégénérer en une sanglante guerre civile aux multiples aspects.
Ces frappes aériennes américaines ne sont-elles qu’une démonstration de force ou présument-elles une plus large intervention militaire américaine en Syrie ? Cel n’est pas encore clair. La base aérienne d’Al-Chaayrate est importante pour les opérations militaires syriennes et russes contre l’opposition armée au régime, largement islamique, et l’attaque américaine y a porté un sérieux coup. La Russie a condamné ce bombardement comme étant un «acte d’agression» et une «violation du droit international». Moscou a également annoncé suspendre son accord avec les États-Unis sur la prévention des incidents aériens (conclu en 2015 dans le but d’empêcher les incidents entre avions des deux pays dans le ciel syrien).
L’Iran, dont des milices se battent aux côtés des troupes d’Assad, a également fermement condamné l’opération américaine. Les forces iraniennes sont également en Irak, où elles se battent officiellement aux côtés des troupes du régime de Bagdad contre l’Etat Islamique, ce qui ajoute aux complications sur le terrain.
Trump a semblé ordonner cette attaque aérienne alors qu’il était en discussion avec le président chinois, Xi Jinping, en visite aux États-Unis. Cela ne fera encore qu’accroître les tensions avec le régime de Pékin. Trump avait déjà annoncé qu’il était prêt à entreprendre une action militaire ‘‘unilatérale’’ contre la Corée du Nord et a également émis des déclarations menaçantes contre la ‘‘construction d’îles’’ militaires chinoises dans la Mer de Chine méridionale. Selon le Financial Times (Londres, 07/04/17), ‘‘Liu Binjie, qui siège au comité permanent qui supervise le parlement chinois, a mis en garde contre une action unilatérale contre la Corée du Nord.’’ L’Etat entier est militarisé’’, a-t-il déclaré. ‘‘Si vous les menacez avec force, cela peut se retourner contre vous.’’
Comme l’a averti le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL/LSP est la section belge), l’avènement de l’administration Trump marque un changement des relations mondiales, vers une situation plus dangereuse et imprévisible. La classe des travailleurs et la jeunesse au Moyen-Orient, aux États-Unis et dans le reste du monde doivent développer un mouvement anti-guerre de masse avec de puissants partis reposant sur la classe des travailleurs, défendant des politiques de nature socialistes audacieuses pour en finir avec la guerre, le terrorisme et la misère liés au capitalisme et à l’impérialisme.
- Stop aux attaques de Trump contre la Syrie – Non à toute ingérence des puissances extérieures dans la région !
- Pour la fin de la guerre et de la terreur en Syrie, en Irak et au Moyen-Orient !
- Non au racisme et au traitement des migrants et réfugiés comme boucs émissaire !
- Pour l’unité des travailleurs et le socialisme !
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Syrie. La fin de la guerre est-elle en vue ?
Les nouveaux mouvements pour le changement social doivent intégrer les leçons de la tragédie syrienne
La victoire militaire du régime d’Assad et de ses alliés étrangers à Alep a été un tournant dans la guerre en Syrie. Elle a permis au gouvernement syrien de reprendre le contrôle officiel des principaux centres urbains du pays. Mais est-ce le prélude à un accord de paix qui puisse mettre fin à la litanie d’horreurs infligées au peuple syrien?
Par Serge Jordan (Comité pour une Internationale Ouvrière)
Dans les semaines et les mois qui ont suivi les soulèvements révolutionnaires en Tunisie et en Egypte en 2011, la Syrie a été le théâtre d’une révolte populaire de masse contre la dictature brutale et corrompue de Bashar El Assad. La riposte contre-révolutionnaire à ce soulèvement a initié la longue suite de tragédies qui se déroulent encore en Syrie aujourd’hui. L’absence d’organisations ouvrières indépendantes capables d’exploiter ce mouvement selon les lignes de classe et de surpasser les divisions religieuses et ethniques sur lesquelles la dynastie Assad avait consolidé son pouvoir, a créé de multiples oopportunités: Cela a permis au régime de mettre en œuvre une répression sauvage; au divers groupes sectaires d’usurper le mouvement anti-Assad; Et pour plusieurs forces capitalistes étrangères, cela a permis d’intervenir des deux côtés afin d’exploiter le conflit à leur profit. Diverses forces contre-révolutionnaires se sont entre tuées dans une guerre dévastatrice qui a déplacé plus de la moitié de la population du pays, tué des centaines de milliers de personnes et réduit ce beau pays à un gigantesque tas de ruines.
Un tournant important a eu lieu en décembre dernier, lorsque le régime et ses soutiens ont repris Alep, la ville la plus peuplée du pays avant la guerre et son bastion économique. Cela leur a permis de revenir cette année à la table de négociation avec un effet de levier beaucoup plus important que lors des négociations de paix internationales antérieures, qui avaient été en grande partie symboliques. Ces évolutions se déroulent dans le contexte de nouvelles mutations des relations de pouvoir en constante évolution au Moyen-Orient – les alliances régionales devenues encore plus volatiles après le processus de révolution et de contre-révolution au Moyen Orient et en Afrique du Nord connu sous le nom de Printemps arabe, qui a déstabilisé les arrangements politiques de longue date des élites dirigeantes.
Les pourparlers de paix sur la Syrie qui ont eu lieu récemment à Astana, la capitale du Kazakhstan, visaient à établir un cessez-le-feu à l’échelle nationale, reflétent les nouveaux réalignements. Organisés sous le parrainage de la Russie, de la Turquie et de l’Iran, ils témoignent du déclin récent de l’influence de l’impérialisme américain sur le Moyen-Orient et du rôle géopolitique plus affirmé de la Russie. Comme l’a décrit le journaliste Erika Solomon dans le Financial Times, «les envoyés occidentaux se retrouvent relégués avec des journalistes dans le pub irlandais lambrissé d’un hôtel au Kazakhstan».
Erdogan et Poutine rabibochés
Alors que les États-Unis demeurent la plus grande puissance militaire mondiale, leur domination incontestée sur les affaires mondiales a disparu depuis longtemps. Cela a conduit à une situation dans laquelle diverses autres puissances régionales et internationales sont déterminées à imposer leurs propres règles. L’un des axes pivots d’un tel développement se retrouve dans le rapprochement provisoire, depuis l’été dernier, entre deux camps opposés de la guerre en Syrie: la Russie, un allié de longue date du régime d’Assad et la Turquie, partenaire historique de l’impérialisme américain et Pilier de l’OTAN, qui avait équipé et financé un éventail de forces islamistes de droite dans l’espoir d’affaiblir le régime syrien.
Les raisons de ce tournant diplomatique sont multiples. Au-delà de l’importance du marché russe pour une économie turque qui se contracte, il existe un calcul plus simple et plus pragmatique: l’intervention militaire puissante de Poutine en Syrie depuis l’automne 2015 a contribué à renverser l’équilibre et, ce qui est assez important, Assad et son régime. Les bombardements impitoyables de la Russie ont tué de nombreux civils, détruit des infrastructures et des installations médicales, et réduit les quartiers entiers en ruines, étendant la tactique de la punition collective déjà pratiquée par l’armée syrienne et ses milices affiliées. Elle a également imposé de lourdes pertes militaires aux rebelles armés et aux guerriers djihadistes soutenus par la Turquie (ainsi que par l’Arabie saoudite et le Qatar) et balayé la possibilité immédiate d’une débâcle militaire pour les forces d’Assad.
Dans ces conditions, l’option du président turc Erdogan pour un «changement de régime» à Damas a été mise au placard. En soutenant les djihadistes, le gouvernement turc a joué avec le feu et a subit un retour de flammes colossal. Victimes d’une violence terroriste croissante, les travailleurs ordinaires paient de leur sang le prix de la mauvaise politique étrangère de leur gouvernement. Ce facteur a par exemple joué un certain rôle dans la colère d’une partie de l’armée turque, nourrissant la tentative de coup d’état contre Erdogan en août 2016.
Les Kurdes: le prix de la négociation
Outre l’armée d’Assad, la principale cible des djihadistes soutenus par l’état turc était les combattants kurdes des YPG / YPJ (Unités de Protection du Peuple / Unités de Protection des Femmes). Par l’intermédiaire de leur bras politique, le Parti Démocratique de l’Union (PYD, branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan, ou PKK), ils avaient réussi, à l’été 2012, à s’emparer du pouvoir dans le nord de la Syrie après le retrait de l’armée d’Assad.
Malgré les nombreuses faiblesses des méthodes politiques du PYD (comme une administration du haut vers le bas et une stratégie militaire à court terme basée sur des accords avec les forces impérialistes), les Kurdes qui vivent dans la région ont obtenu des droits qui avaient disparu pendant des décennies durant le règne d’Assad ? Cela a aidé à relancer la lutte du peuple kurde contre l’oppression en Turquie et ailleurs.
La tentative d’Erdogan d’utiliser l’EI et d’autres combattants djihadistes pour affaiblir le mouvement kurde dans le nord de la Syrie s’est largement transformée en un fiasco: loin de diminuer, les combattants kurdes ont acquis une réputation internationale en tant qu’ennemi le plus farouche des assassins de l’EI. L’année passée, ils étaient à deux doigts faire la jonction entre la partie orientale de Cirize et Kobane avec le canton isolé d’Afrin à l’ouest, confrontant les dirigeants turcs à la perspective d’avoir un groupe lié au PKK contrôlant une bande de terre contiguë à leur frontière.
En définitive, Erdogan a été contraint de réajuster ses priorités. En août dernier, l’armée turque est intervenue directement pour la première fois sur le territoire syrien, une campagne dénommée “Opération Euphrates Shield”, dont l’objectif principal était d’empêcher les YPG / YPJ et leurs combattants alliés des Forces démocratiques syriennes (SDF) de traverser l’Euphrate et de connecter les zones sous leur contrôle.
L’absence de toute réaction forte contre une invasion terrestre de la Syrie par la Turquie, la Russie ou l’Iran est révélatrice de la volatilité des relations entre les puissances impliquées. Les dirigeants baasistes de la Syrie et les religieux réactionnaires au pouvoir en Iran partagent avec Erdogan un vif désir de remettre les Kurdes à leur place. Un membre de premier plan du parti au pouvoir en Turquie (AKP) a déclaré l’été dernier au sujet de l’autonomie kurde, “Nous ne pouvons pas nous aimer, mais sur ce sujet nous soutenons la même politique”. Ce que l’on sait des discussions secrètes tenues en Algérie entre des responsables syriens et turcs suggèrent que le gouvernement turc a probablement reçu une certaine garantie sur cette question qui a facilité un accord selon lequel la Turquie abandonnerait ses vues sur Alep en échange d’un «corridor de sécurité» dans le nord de la Syrie qui pourrait empêcher l’unification des zones kurdes.
Alep repris par Assad
La Turquie a renforcé sa frontière avec la Syrie, longtemps utilisée pour le ravitaillement des groupes armés extrémistes sunnites. Les États du Golfe, confrontés à des problèmes économiques endogènes et incapables d’en sortir, ont également réduit leur flux d’approvisionnements vers leurs milices sectaires respectives sur le terrain. Les rebelles islamistes de droite ont vu leurs sources de financement se tarir, ont été privés de missiles antiaériens ou d’une force aérienne capable de concurrencer la campagne de bombardement intensif des armées syrienne et russe, dont la supériorité militaire est évidente.
Au cours des derniers mois, le sort de l’Est d’Alep, jusqu’alors le dernier grand fief urbain des rebelles armés, a été ainsi scellé. La zone a été affamée par un siège qui a aussi stoppé les renforts militaires en plus des livraisons de nourriture et de fournitures médicales. Des dizaines de milliers de civils ont été pris dans le feu croisé des unités combattantes.
Sur le plan politique, les rebelles armés, entrés à Alep en 2012, sont tombés, victimes de leurs propres méthodes de gouvernement qui ont détourné des sections importantes de la population locale – un fait négligé par certaines sections de la gauche, louant sans scrupule la gloire d’une “révolution” qui a malheureusement tourné court.
Certaines zones de résistance populaire, des réseaux souterrains de militants communautaires et les débris des comités locaux autrefois nombreux, qui avaient émergé en 2011 dans la lutte contre le régime d’Assad, continuent d’exister. Mais la nature globale du conflit a évolué en un champs de bataille dominé par les forces réactionnaires, un conflit au sein duquel les exigences originales de la révolution sont devenues de plus en plus difficiles à entendre.
Partout dans le pays, l’influence grandissante des groupes sectaires sunnites a incontestablement contraint certaines couches importantes de la population, en particulier parmi les minorités religieuses, à soutenir le régime d’Assad par crainte que quelque chose de pire le remplace. Dans l’est d’Alep, les exactions de ces milices, qui incluent des pillages et des massacres sectaires, expliquent pourquoi elles n’ont pas réussi à assurer une base de soutien populaire.
Beaucoup d’habitants, las de la répression du régime, ont découvert que la corruption et les conditions de vie dans les soi-disant «zones libérées» ne constituaient pas une alternative digne de mourir. Les morts civils résultant de bombardements effectués par les rebelles sur l’ouest d’Alep ont également aidé les forces d’Assad à obtenir une approbation du siège dans l’autre partie de la ville.
Certains commentateurs de gauche ont fait grand cas de l’Armée syrienne libre (FSA) en la présentant comme une structure complètement différente des milices religieuses. Cela reste cependant peu convaincant. La FSA n’a jamais été plus qu’un simple nom, sans commandement central, derrière lequel on trouve une myriade de factions armées disparates, dont beaucoup ont coopéré et combattu aux côtés des djihadistes. Par exemple, dans le nord de la Syrie, la FSA est composée pour la plupart de combattants islamistes de droite qui apportent une aide directe aux plans de guerre de la Turquie visant à établir une zone tampon contre les Kurdes.
Une victoire à la Pyrrhus?
Après Alep, les opérations de guerre se déplacent maintenant vers la province du nord d’Idlib, dont une grande partie est encore contrôlée par le Jabhat Fatah al Sham (anciennement dénommé front Al Nusra) et les Salafistes d’Ahrar al-Sham ainsi que par diverses autres factions armées qui se sont récemment associées à ces deux groupes. Sur la défensive après leur défaite à Alep, ces groupes ont commencé à se tourner l’un contre l’autre. Le contrôle des fiefs locaux, des fournitures d’armes et des prélèvements fiscaux est devenu primordial pour leur survie. Le camp d’Assad pourrait intensifier ses opérations militaires dans ces régions; Mais il pourrait aussi bien se contenter de regarder l’opposition se battre pour le contrôle de zones stratégiquement moins importantes de la Syrie.
Le régime syrien a en effet un intérêt à maintenir un faible niveau de présence djihadiste dans le pays comme épouvantail qui l’aide à garder le contrôle sur sa population et pour légitimer ses méthodes de répression comme une arme justifiée dans la «guerre contre la terreur “. Cette tactique explique pourquoi jusqu’à ce jour la majorité des bombes syriennes et russes sont tombées loin des zones contrôlées par l’EI. Il est intéressant de constater que le ministère russe de la Défense a récemment parlé d’Ahrar al-Sham comme d’une «opposition modérée», montrant qu’en fin de compte, la classe dirigeante russe n’a pas davantage de problème de principe pour légitimer les milices sectaires violentes que ses homologues occidentaux.
Après tout, le régime et ses partisans étrangers partagent avec les groupes armés djihadistes un intérêt commun à empêcher qu’un mouvement véritablement progressiste et populaire pour la justice sociale et les droits démocratiques ne ressurgisse. Cette vérité dérangeante pour la gauche pro-Assad, explique pourquoi le régime syrien a méthodiquement supprimé, torturé et tué de nombreux militants pacifiques et laïques au cours des dernières années, alors qu’il a libéré des centaines de jihadistes dangereux de prison en 2011 et 2012, dont certains occupent aujourd’hui des positions dirigeantes dans des groupes tels que Ahrar Al-Sham, Jaysh al-Islam et d’autres.
L’EI, pour sa part, est encore enracinée dans certaines parties des provinces du nord et de l’est de la Syrie. Au cours des dernières étapes de la bataille d’Alep, le groupe a réussi à reconquérir la ville désertée de Palmyre, quelques mois seulement après que son théâtre romain ait été le lieu d’un concert triomphal célébrant sa reprise par les forces gouvernementales syriennes grâce au soutien de l’armée russe.
Cet épisode montre que le régime d’Assad n’est pas aussi fort qu’il le prétend, et que gagner des batailles locales ne signifie pas qu’il puisse se maintenir sur le terrain regagné. Le régime est maintenant confronté à la nécessité de rétablir l’autorité de l’État sur de grandes zones où la population lui reste hostile. Ce ne sera pas une tâche facile, puisque l’armée syrienne est maintenant épuisée et diminuée par les morts et les défections – au point que même des hommes de plus de cinquante ans sont recrutés dans ses rangs, en dépit d’une limite d’âge réglementaire de 42 ans. Le régime est fragmenté en une multitude de forces locales, de cliques, et soutenu par un éventail de milices étrangères ou domestiques qui ont leurs agendas propres. Une grande partie des derniers combats a été menée par les paramilitaires chiites d’Iran et d’Irak et par le Hezbollah libanais, avec le soutien de l’aviation russe. Tous ces gens voudront leur part du butin, jetant les bases d’un pays extrêmement difficile à administrer, déchiré par des luttes intestines et par une guerre civile continue, bien que de basse intensité.
Aussi, à moins qu’un mouvement n’émerge pour reconstruire une lutte unifiée par delà les communautés, le ressentiment général contre le régime meurtrier d’Assad pourrait bien se traduire en de nouvelles effusions de sang et d’attaques terroristes dans des régions qu’il contrôle. Le désespoir et l’oppression des couches pauvres de la population sunnite, qui avait été à l’origine de la chute d’Assad, continuera à fournir aux groupes armés extrémistes un outil de recrutement pour poursuivre leurs activités.
Même parmi les gens qui soutiennent ou tolèrent le régime, le ressentiment est probablement répandu et la peur entre pour une bonne part dans leur position . Beaucoup de leurs parents sont morts alors qu’Assad, sa famille et ses amis d’affaires sont encore dans leurs palais et sont devenus encore plus riches pendant la guerre. Le pays est en ruines et le régime est également accablé par la nécessité de prévoir la survie et l’alimentation de plusieurs centaines de milliers de réfugiés internes. Cela et la reconstruction du pays nécessiteront d’énormes ressources, ce que la Russie et l’Iran seront probablement moins enclins à fournir que l’assistance militaire, à moins, bien sûr,qu’ils n’y voient des profits pour leurs entreprises respectives, un facteur qui pourrait pousser la Syrie dans une position d’état vassal de puissances étrangères. En définitive, la victoire d’Assad à Alep peut encore se révéler une victoire à la Pyrhus.
Quel avenir pour la Syrie?
Les puissances impérialistes occidentales ont été largement en marge des discussions sur l’avenir de la Syrie, leur diplomatie étant en grande partie réduite à des gesticulations symboliques. Malgré les obsessions de la gauche assadiste à propos de l’idée d’un “changement de régime” parrainé par les impérialistes, les déclarations incendiaires contre Assad ont été abandonnées il y a longtemps. Comme l’a signalé le New York Times, «les Européens, à un moment féroces adversaires de M. Assad, ont été en grande partie muet alors qu’il rayait Alep de la carte». Bien qu’une course à l’influence a sans doute fait rage pendant des années entre les impérialismes américains et russes, une intervention militaire à grande échelle pour changer le régime n’a en fait jamais été considérée comme une option réalisable par les stratèges les plus influents de l’Amérique.
Cette tendance semble renforcée par l’élection de Donald Trump, qui pousse à prioriser la lutte contre l’EI. Le secrétaire américain aux affaires étrangères, Boris Johnson, a récemment annoncé que “Bachar al-Assad devrait être autorisé à se présenter aux élections en cas de paix en Syrie”. Bien sûr, ce genre de déclarations ne doit pas être considéré comme une fin aux tensions inter-impérialistes, dont la Syrie n’est qu’un point de mire. La concurrence féroce pour les marchés et les zones stratégiques est une tendance incontournable en temps de crise capitaliste mondiale.
De plus, les positions de Trump sont marquées du sceau de l’imprévisibilité. Ses appels récents à créer des «zones de sécurité» en Syrie illustrent cela, même si cela ne pourrait pas être réalisé à moins de provoquer une guerre plus large et diviser ses propres forces armées.
L’équilibre militaire sur le terrain implique que pour l’instant, le régime d’Assad et l’impérialisme russe ont le dessus sur le champ de bataille, et que les puissances occidentales ont été forcées de s’acclimater à cette réalité. La proposition présentée par la commissaire européenne aux Affaires étrangères Federica Mogherini d’un nouveau “Plan B pour la Syrie” suit cette logique. Il implique un soutien financier de l’UE en échange d’un accord de partage du pouvoir, où les insurgés dits «modérés» seraient autorisés à rejoindre un gouvernement, certes recomposé avec l’appareil du régime despotique actuel.
De nouveaux mouvements de la classe ouvrière
Ceci montre une fois de plus l’hypocrisie totale des puissances impérialistes, pour laquelle il n’y a qu’une seule règle qui prévale: «Pas d’amis permanents ni d’ennemis; Seulement des intérêts “.
Les Kurdes, entre tous les peuples, ont appris cette leçon de la manière dure qui soit plusieurs fois dans leur histoire. À l’heure actuelle, les impérialismes russe et américain doivent compter avec le YPG / YPJ et le FDS, car ces groupes se dirigent vers la ville syrienne de Raqqa dans leur campagne contre l’EI. À ce stade, il est également clair que l’armée d’Assad n’est pas assez forte pour déclencher une nouvelle guerre d’affaiblissement contre les Kurdes. Pourtant, le rétablissement d’un équilibre de pouvoir dans la région au profit des régimes capitalistes pourraient bien être réalisé aux dépens du peuple kurde ordinaire; Soit grâce à la coercition par des moyens militaires, soit par la domestication de leurs dirigeants via les liens étroits établis entre le régime turc d’Erdogan et le gouvernement conservateur et pro-capitaliste du Kurdistan irakien. Épouser un programme qui se dresse contre l’ingérence impérialiste dans les affaires de la région sera essentiel pour le mouvement kurde afin de trouver des oreilles attentives parmi les classes ouvrières et les communautés pauvres du reste de la Syrie et de la région. De même, le droit légitime à l’autodétermination des Kurdes doit être intégré aux revendications du mouvement ouvrier et de la gauche – afin de cimenter la communauté d’intérêts qui existe entre tous les travailleurs et les pauvres, contre tous les intérêts capitalistes et impérialistes.
Les prochains mouvements pour le changement social devront s’armer des leçons de la tragédie syrienne. Un parti politique puissant, armé d’idées socialistes, visant à transférer la richesse de la région vers la propriété collective et à la réaffecter à une planification démocratique, à défendre les droits démocratiques de toutes les composantes ethniques et religieuses de la société et à tisser des liens avec le mouvement syndical de la région, aurait pu réunir les travailleurs et les pauvres dans une lutte révolutionnaire contre la dictature, le sectarisme et l’impérialisme. L’absence d’une telle alternative a permis que la lutte des masses soit détournée et écrasée par diverses forces contre-révolutionnaires.
Des milices concurrentes et des régimes capitalistes corrompus ont fait entrer la Syrie dans un processus de fragmentation avancée, impliquant des massacres sectaires, des déplacements internes massifs et des changements démographiques forcés. Dans ces conditions, il est évident que «l’ancienne Syrie» ne sera jamais reconstituée. Les résultats finaux des pourparlers de «paix» sont susceptibles d’ancrer une «libanisation» de facto du pays, les différentes forces assises autour de la table pour décider comment se partager le gâteau.
Cependant, chaque fois que les canons se sont tus, des manifestations, quoique limitées, ont réapparu dans diverses parties de la Syrie, contre le régime, contre les fondamentalistes, contre l’intervention étrangère. Même parmi les populations alaouites situées le long de la côte occidentale de la Syrie, qui constituent le principal soutien du régime d’Assad, des manifestations ont parfois été organisées, bravant la répression étatique, s’élevant contre le gouvernement à cause des hausses de prix, de la conscription forcée de leurs fils ou pour revendiquer la levée du siège sur certaines villes.
Bien que cette résilience dans des situations extrêmement défavorables ne doit pas donner lieu à du romantisme, ces exemples demeurent un signe encourageant que les rivières de sang répandues durant les six dernières années n’ont pas été en mesure de calmer la soif de changement des masses .
Dans un article intitulé «La tragédie syrienne signe la fin des révolutions arabes», le journaliste de guerre vétéran Robert Fisk écrit: «De même que l’invasion anglo-américaine catastrophique de l’Irak a mis fin aux aventures militaires occidentales au Moyen-Orient, la tragédie en Syrie garantit qu’il n’y aura plus de révolutions arabes. »C’est une grave erreur de jugement. Alors que les masses syriennes ont connu une défaite critique, la situation dans l’ensemble du Moyen-Orient entraînera inexorablement de nouveaux bouleversements révolutionnaires qui offriront de nouvelles opportunités pour changer le cours de l’histoire et guérir les plaies ouvertes de la catastrophe syrienne.
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Syrie : L’horreur à Alep
La Syrie subit une terrible guerre civile causant d’innombrables souffrances humaines depuis cinq années. Il s’agit partiellement d’un conflit sectaire alimenté par les puissances européennes, américaines et russes, toutes en compétition pour gagner en influence dans la région. A cela s’ajoute encore l’intervention de puissances régionales, à l’instar de l’Iran et ses alliés du Hezbollah du côté du régime d’Assad. L’Arabie Saoudite et la Turquie interviennent quant à elles du côté des factions rebelles majoritairement sunnites.
Par Sami El-Sayed. Article initialement publié en octobre de cette année sur socialistworld.net
Le nombre de décès va croissant
A ce jour, le nombre de morts est estimé à plus de 400.000 personnes, des pertes essentiellement civiles tombées en conséquence des impitoyables tactiques du régime d’Assad soutenues par la puissance militaire russe, des frappes des puissances occidentales et des exactions des forces islamistes réactionnaires, dont l’État islamique. L’attention médiatique internationale concentrée sur les exécutions massives et les tactiques terroristes de l’Etat islamique évite de mentionner le soutien financier et logistique fourni aux groupes terroristes islamiques par le gouvernement turc d’Erdo?an de même que leur financement et leur armement par l’Arabie saoudite et d’autres États du Golfe.
La guerre syrienne, qui a débordé dans l’Irak voisin, de même que l’incapacité des États-Unis à s’imposer chez ses alliés de Turquie et d’Arabie saoudite illustrent l’affaiblissement croissant de l’impérialisme américain. Les rebelles prétendument «modérés» soutenus par l’impérialisme américain n’ont pas réussi à s’imposer. Il n’a fallu que peu de temps après le déclenchement de la guerre pour que le Front al-Nosra (organisation liée à Al-Quaïda) et l’Etat Islamique parviennent à poser le pied en Syrie et en Irak.
L’histoire selon laquelle l’effondrement du régime d’Assad était imminent a vécu. L’intervention militaire directe de la Russie a beaucoup contribué à soutenir le régime et à consolider la position de l’armée syrienne, ce qui lui a donné du temps. Cela a donné plus de marge à la possibilité qu’Assad reste au pouvoir, sous une forme ou l’autre, dans le nouvel ordre qui émergera. Certains continuent à louer la nature dite «laïque» du régime d’Assad. Mais ce dernier a simplement continué la tactique utilisée par l’impérialisme français avant lui, celle de «diviser pour régner», en s’appuyant sur les minorités religieuses contre la majorité sunnite.
La destruction d’Alep
Rien ne dépeint la brutalité de la guerre autant que l’offensive actuelle du régime d’Assad contre les forces rebelles à l’est d’Alep. Actuellement, le régime a l’avantage militaire grâce au soutien de l’armée de l’air russe qui appuie ses propres attaques aériennes. Cela a conduit au bombardement d’écoles, d’hôpitaux et d’autres cibles civiles afin d’affaiblir le moral des défenseurs. Selon l’ONU, près de 400 civils ont été tués dans l’offensive d’Assad en septembre uniquement. La contre-offensive des rebelles pour soulager les forces assiégées à l’est de la ville a largement cessé. On s’attend à une sérieuse offensive contre les rebelles, bien que ce ne soit pas la première fois que de telles prédictions aient été faites sans par la suite être confirmées par les événements.
Ce conflit sanglant ne peut être résolu sur la seule base de la force militaire. Si l’un ou l’autre des deux camps parvient à pousser militairement l’autre à la défaite, pourra-t-il vraiment s’accrocher à son territoire? La possibilité est réelle que la guerre aboutisse à une impasse sectaire où certains territoires dominés par les chiites et d’autres groupes religieux minoritaires seraient contrôlés par le régime tandis que le reste du territoire serait contrôlé par diverses factions sunnites rebelles.
Aucune solution n’existe à ce conflit sur base de la domination de l’impérialisme, du capitalisme et du système des grands propriétaires terriens dans la région. Cet ordre économique et social ne peut que conduire à un futur conflit et à une pauvreté et une division sectaires plus profondes encore.
Une classe ouvrière puissante existe dans des pays tels que l’Iran, la Turquie et l’Egypte. Elle peut jouer un rôle décisif pour contester le règne des régimes capitalistes de la région, comme ceux d’Assad, d’Erdo?an et d’autres dictatures pourries. Allié aux pauvres et aux opprimés, un tel mouvement a la capacité de mener une lutte pour que les vastes ressources et richesses de la région soient sous propriété publique et que l’économie soit démocratiquement planifiées afin de répondre aux besoins de tous. Une forte alternative de la classe ouvrière doit être construite pour qu’une telle vision socialiste du Moyen-Orient puisse se réaliser.
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Turquie: le durcissement du régime n’amènera de stabilité durable ni à l’intérieur, ni à l’extérieur
La tentative de coup d’État ratée de la nuit du 15 juillet en Turquie, commise par une faction des forces armées, a donné lieu à une purge monumentale dans le pays. Un peu plus d’un mois plus tard, le 24 août, l’armée turque a lancé son opération la plus conséquente dans la Syrie voisine depuis le début du conflit en reprenant à l’État Islamique la ville de Djarabulus. Mais si l’EI était visé, il s’agissait aussi d’une démonstration de force contre les milices kurdes. Quelle voie s’offre aux travailleurs et à la jeunesse révolutionnaire au beau milieu de cette sanglante toile d’araignée où s’entremêlent les intérêts complexes et contradictoires de diverses puissances impérialistes et forces régionales ?
Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste
Aucun soutien ni à Erdogan, ni aux militaires
La majorité de la population et tous les partis politiques se sont opposés au retour d’un régime militaire. Du côté de l’armée, en majorité composée de conscrits, peu de soldats étaient prêts à mettre leur vie en danger pour les putschistes, des officiers uniquement intéressés par la défense de leurs privilèges. Il manquait au coup d’État une réelle base sociale et politique. Comme l’expliquaient nos camarades de Sosyalist Alternatif (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’État turc) : ‘‘Alors qu’il est de la plus haute importance de résister aux attaques d’Erdogan sur les droits sociaux et démocratiques, ce coup d’État illustre le fait que la dictature ne peut être combattue avec des méthodes dictatoriales. Un tel coup d’État implique que plus de mesures répressives imposées aux masses, en cas de victoire ou non. Le coup d’État manqué sera désormais utilisé par Erdogan pour encore plus concentrer le pouvoir entre les mains de ses proches, ainsi que pour réprimer encore plus fortement les droits démocratiques.’’
Et cela n’a pas manqué. Le gouvernement a décrété un état d’urgence de 3 mois en prévenant que le pays allait temporairement déroger à la Convention européenne des Droits de l’Homme. Au 19 août 2016, pas moins de 25.917 personnes avaient été placées en garde à vue suite à la tentative de coup d’État. 13.419 personnes avaient été mises en détention préventive tandis que les passeports de 74.562 personnes avaient été confisqués. Près de 5.000 fonctionnaires de l’État turc avaient été licenciés de leurs fonctions et 80.000 suspendus (parmi lesquels 21.738 fonctionnaires du ministère de l’Éducation). 4.262 fondations, hôpitaux, institutions éducatives, associations, médias, syndicats et entreprises avaient été fermés.
Le pays traverse une crise politique croissante dans un contexte de crise économique grandissante. Le gouvernement a utilisé le système judiciaire et l’appareil militaire pour tenter de surmonter cette impasse en imposant le silence à l’opposition à l’intérieur et à l’extérieur du Parlement et en utilisant l’armée (purgée de ses élites kémalistes entre 2007 et 2013 avec le procès Ergenekon) pour écraser dans le sang l’opposition kurde depuis de longs mois.
L’offensive turque en Syrie
En Syrie, la prise de Manbij par les milices kurdes le 12 août a sans aucun doute précipité la décision de lancer l’offensive sur Djarabulus pour éviter qu’une nouvelle ville de la région ne tombe entre leurs mains. Cette intervention turque est intervenue dans un contexte d’équilibres régionaux mouvants. Erdogan en veut aux États-Unis pour avoir privilégié leur soutien aux forces kurdes contre l’État Islamique sans tenir compte des intérêts turcs. La Turquie a commencé à normaliser ses relations avec la Russie (avec laquelle elle peut parvenir à des compromis économiques) et a multiplié les rencontres avec l’Iran (qui partage ses préoccupations sur la question kurde), mais elle reste fondamentalement opposée au régime syrien, contrairement à ces deux pays. De là, l’attitude jusqu’il y a peu (très) conciliante du régime turc envers l’État Islamique commence à tourner.
L’État Islamique est confronté à une énorme pression militaire de même qu’à un mécontentement populaire grandissant dans les territoires qu’il contrôle. Il cherche à compenser ses pertes territoriales en recourant plus systématiquement à des méthodes terroristes plus ‘‘conventionnelles’’ pour impressionner ses ennemis et tenter de consolider son soutien. Le 3 juillet, plus de 300 personnes ont été tuées à Bagdad, l’attentat le plus meurtrier depuis l’invasion de l’Irak en 2003.
Les militants kurdes au nord de la Syrie (Rojava) ont été loués pour leur héroïsme et leurs succès militaires remportés contre l’État Islamique. Cette détermination sur le champ de bataille est à n’en pas douter alimentée par leur aspiration à construire une autre société à Rojava basée sur la solidarité, l’égalité des genres et le droit du peuple kurde à déterminer lui-même son avenir après des décennies d’oppression. Il est très improbable de pouvoir y parvenir à travers le ‘‘confédéralisme démocratique’’ sans transformation socialiste de la société. Mais le rapprochement des milices kurdes YPG (liées au Parti de l’union démocratique, PYD) avec l’impérialisme américain et la Russie est un danger pour l’avenir de ce combat pour une autre société. En Turquie, dans toute la région, de même qu’ailleurs dans le monde, aucune confiance ne saurait être accordée à des forces dont le seul but est d’assurer la domination de leur élite dirigeante.
Imposer des défaites militaires à l’État Islamique et éliminer le terreau économique, social et politique sur lequel il a pu se développer sont deux choses fondamentalement différentes. Selon le département américain de la Défense, le coût des opérations militaires liées à l’État Islamique depuis le 8 août 2014 est de 8,4 milliards de dollars. Une somme si colossale pourrait être investie dans l’amélioration profonde des conditions de vie des masses dans la région au lieu d’être consacrée à la destruction. Mais cela nécessite de lutter pour une transformation socialiste de la société et pour une planification démocratique de l’économie afin de répondre aux besoins des travailleurs et des pauvres.
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Moyen-Orient: Le «califat» de Daesh en déclin
Les « solutions » de l’impérialisme ne sont pas des solutions du tout
Cela fera bientôt deux ans que les États-Unis ont lancé leur opération « Détermination absolue » contre Daesh en Irak et en Syrie. Le président des États-Unis, Barack Obama, s’est d’ailleurs récemment vanté du soi-disant succès de sa campagne. Même s’il n’y a pas vraiment moyen de vérifier les données avancées par le Pentagone et d’autres sources gouvernementales, il est indéniable que Daesh a perdu d’importants territoires de son pseudo-califat au cours de ces derniers mois, ainsi qu’un grand nombre de combattants, d’armes et d’argent.
Par Serge Jordan, Comité pour une Internationale Ouvrière
La coalition dirigée par les États-Unis a chassé Daesh de la ville syrienne de Manbij, les coupant ainsi d’une de leurs plus importantes routes d’approvisionnement. Des scènes de liesse parmi la population locale ont fait la une des médias : des hommes coupant leurs barbes, des femmes brûlant leurs niqabs. Cette nouvelle perte pour Daesh vient compléter une série de plus en plus longue de défaites imposées à ce groupe en Syrie comme en Irak.
Mais le discours d’Obama ne va certainement pas susciter l’enthousiasme parmi les très nombreux Irakiens et Syriens qui ont vu leurs familles, leurs amis ou leurs voisins perdre la vie ou être mutilés suite aux « dégâts collatéraux » de la campagne intensive de bombardements. L’hypocrisie de l’impérialisme est évidente lorsque les dirigeants occidentaux prétendent se soucier des pertes de vie infligées par les attaques de Daesh, mais imposent en même temps un mur de silence face au bilan croissant du nombre de morts civiles provoquées par les milliers de bombes qu’ils larguent au Moyen-Orient.
Bien entendu, très peu de gens regretteront la fin du régime ultra-réactionnaire de Daesh à Manbij. Mais le siège de cette ville a eu aussi des conséquences dramatiques pour la population locale. Le 19 juillet, loin des caméras, des dizaines de civils étaient tués par les bombardements étasuniens sur la ville et dans un village adjacent, avec un bilan allant jusqu’à 117 morts, selon certaines estimations.
Pendant ce temps, des centaines de gens continuent à mourir, victimes d’attaques terroristes perpétrées ou inspirées par Daesh partout dans le monde. Ce groupe bénéficie toujours en effet d’un large réseau de partisans au Moyen-Orient mais aussi en Afrique, en Asie du Sud-Est, en Europe et ailleurs. Il tente de compenser ses pertes territoriales en se reconvertissant dans des méthodes terroristes plus « conventionnelles », employant des actions particulièrement meurtrières calculées pour impressionner ses ennemis tout en renforçant sa base de sympathisants.
Le 3 juillet, plus de 300 personnes ont été tuées à Bagdad suite à l’attentat le plus meurtrier en Irak depuis 2003. En Occident aussi, les attaques terroristes ne font que s’intensifier, ce qui contredit l’argument favori des classes dirigeantes comme quoi la répression et la restriction des droits démocratiques est une méthode efficace pour résoudre le problème du terrorisme.
Ceci est particulièrement vrai lorsqu’on tient compte que cette répression s’accompagne des plans d’austérité incessants (qui sont autant d’attaques antisociales ayant pour effet d’étendre largement le champ de marginalisation sociale et économique), du soutien de l’Occident aux monarchies du Golfe (qui propagent activement l’idéologie wahhabite aux quatre coins de la planète) et des attaques militaires incessantes sur des pays à majorité musulmane (ce qui ne fait qu’accréditer le discours empoisonné de Daesh). Tout cela crée un climat qui rend la population de plus en plus vulnérable à des actes de revanche sous la forme d’attentats terroristes.
Un califat en déclin
Il était clair dès le début que Daesh aurait beaucoup de difficultés à administrer d’importants centres urbains par le seul règne de la terreur. L’image d’invincibilité que le groupe cherchait à se donner a été rapidement remise en question par l’énorme pression militaire venue de l’extérieur mais aussi du discrédit et mécontentement croissants à l’intérieur de ses frontières,. En mai 2016, un porte-parole de Daesh, Abu Muhammad al-Adnani, a déclaré que son groupe « ne combat pas pour du territoire » : le groupe cherche sans aucun doute à préparer ses partisans à accepter le fait qu’ils pourraient perdre le contrôle sur le plan géographique.
Ceci dit, vaincre Daesh militairement est une chose, mais éliminer le terreau sur lequel il pousse en est une autre. Ce n’est d’ailleurs certainement pas la première fois que des grands discours sont proclamés par l’impérialisme occidental suite à une victoire militaire imposée à un groupe d’extrême-droite islamiste, avant que l’on constate que la réalité sur le terrain est tout autre. Prenons simplement l’exemple de la soi-disant défaite des talibans en Afghanistan en 2001. Aujourd’hui, les talibans contrôlent plus de territoire dans ce pays qu’ils ne l’avaient jamais fait depuis 2001.
Dans un article publié sur le site du Comité pour une Internationale Ouvrière (socialistworld.net) en juin 2015, nous écrivions : «Nous ne pouvons bien entendu pas exclure le fait que la coalition occidentale parvienne finalement à imposer une série de défaites décisives à Daesh et à chasser les djihadistes des territoires stratégiques qui sont sous leur contrôle. Mais quand bien même cela se produirait, tant que personne ne cherchera à résoudre les nombreux problèmes sociaux et économiques sous-jacents qui ont permis l’émergence de Daesh, il faut s’attendre à ce que de nouvelles organisations tout aussi si pas plus violentes encore, émergent à sa place.»
Certaines sections de Daesh pourraient former un nouveau mouvement. Les forces sociales qui ont encouragé sa formation ne vont pas disparaitre tant qu’on n’aura pas connu une véritable transformation à la base de la société. Les observateurs les plus avertis du terrain Syrien, comme Robert Fisk, un célèbre journaliste indépendant d’origine britannique, attirent l’attention sur le groupe fondamentaliste Jabhat al-Nosra (récemment rebaptisé Jabhat Fatah, signifiant «Front de la conquête»), décrit comme «de loin supérieur à Daesh en termes de tactique, de recrues et d’armement». Ce groupe mène une contre-offensive contre les forces du régime de Bachar el-Assad à Alep, tout en bénéficiant d’un très important soutien financier et militaire de la part de l’Arabie saoudite et du Qatar (qui sont les deux plus importants acheteurs d’armes aux Américains).
Des victoires militaires sur le court terme n’empêchent donc en rien une catastrophe sur le long terme. En 2007 déjà, on avait entendu célébrer la fin d’al-Qaïda en Irak, soi-disant écrasé par le mouvement de l’« Éveil d’Anbar », une coalition de tribus arabes sunnites armées par les États-Unis pour chasser al-Qaïda de la province d’Anbar (ouest de l’Irak). Pourtant, il n’a fallu que quelques années pour voir Daesh émerger : en quelque sorte, une résurrection d’al-Qaïda sous une forme encore plus monstrueuse. Cela démontre bien que les puissances impérialistes peuvent effectivement remporter des victoires militaires, mais tant que les conditions économiques, sociales et politiques qui ont donné naissance à Daesh resteront les mêmes voire pire, tout cela ne fera que semer les graines pour de nouveaux désastres.
Compétition entre les différents puissantes impérialistes
Il ne fait aucun doute que les stratèges de l’impérialisme désirent affaiblir Daesh. Parmi les enjeux de leur point de vue, on trouve des questions de prestige, mais aussi de stabilité pour les investissements des multinationales dans la sous-région, en plus de considérations d’ordre stratégique. Le Moyen-Orient continue à jouer un rôle de premier plan dans les calculs géopolitiques des principales puissances capitalistes de la planète. Le contrôle et l’influence politique sur cette région du monde restent en effet cruciaux pour l’accès aux marchés et aux ressources énergétiques.
Derrière la lutte contre Daesh se cachent donc bel et bien de plus vastes intérêts stratégiques. C’est pour cette raison que « la lutte contre Daesh et contre le terrorisme » sert de parfait prétexte derrière lequel chaque puissance cache ses propres objectifs impérialistes. C’est pour cela que toute la soi-disant unité et coopération dans la lutte globale contre Daesh n’est en fait qu’une vue de l’esprit ; sur le terrain et en coulisses, d’innombrables agendas opposés sont à l’œuvre entre les différentes puissances, sans parler des petites rivalités entre leurs nombreux relais locaux.
Maintenant que les préparatifs s’accélèrent afin de libérer le cœur même du pseudo-califat de Daesh, centré autour de la ville irakienne de Mossoul et de la ville syrienne de Raqqa (toutes deux bombardées sans arrêt depuis des semaines par les forces russes, syriennes, américaines, britanniques, françaises et jordaniennes), on va certainement voir éclater ces contradictions au grand jour.
La course est lancée pour voir qui sera le premier à contrôler les zones desquelles les djihadistes auront été chassés. C’est ce qui explique aussi l’intensification de la présence américaine. Le président Obama a envoyé 250 « forces spéciales » dans le nord de la Syrie en avril, qui ont rejoint les cinquante soldats états-uniens déjà sur le terrain. Même si cette force reste petite, il n’en reste pas moins qu’il s’agit de la plus grande extension des forces américaines présentes en Syrie depuis le début de la guerre.
Des photos publiées récemment par la BBC suggèrent de plus que des forces spéciales britanniques seraient elles aussi secrètement impliquées dans les combats en Syrie. L’utilisation de «forces spéciales» devient de plus en plus employée par les puissances impérialistes pour envoyer des troupes à l’étranger sans devoir passer par l’approbation du parlement. La mort de trois soldats français en Libye le mois passé a elle aussi confirmé que la France accomplit en secret des opérations militaires dans ce pays depuis des mois via ses «forces spéciales».
560 soldats étatsuniens ont été déployés en Irak en juillet, officiellement pour aider à libérer Mossoul. Cela fait passer à près de 5000 le nombre de soldats américains en Irak.
Alors qu’Obama avait été élu président des États-Unis en promettant qu’il ramènerait tous les soldats au pays, il termine son mandat en renforçant les effectifs aussi bien en Syrie qu’en Irak. Même si d’importantes pertes ont été infligées à Daesh par les bombardements, les États-Unis sont bien conscients qu’ils ne pourront tirer aucun avantage de ces victoires s’ils ne disposent pas de leurs propres troupes au sol. En même temps, pour des raisons politiques, ils ne peuvent concevoir aujourd’hui de se lancer dans une véritable intervention militaire en Syrie, et encore moins en Irak.
L’Irak
En Irak, l’impérialisme américain a laissé derrière lui un héritage effroyable dont le pays ne s’est toujours pas remis. Malgré la propagande répugnante de Daesh et son déchainement de violence barbare (qui ont forcément eu un impact sur la conscience des populations en Occident), tous les sondages montrent qu’une partie très importante de la population des États-Unis reste opposée à l’envoi de troupes en Iraq et en Syrie pour combattre Daesh. La majorité de la population reste également convaincue du fait que l’invasion de l’Iraq était une erreur.
Pendant la bataille pour la recapture de Ramadi et de Falloujah, les stratèges américains ont été forcés d’accepter le fait que, bien que leurs avions apporteraient un soutien aérien, le gros des combats au sol serait essentiellement mené par des milices chiites soutenues par l’Iran. Beaucoup de ces milices chiites se sont distinguées par des atrocités perpétrées à l’encontre des populations sunnites. Plusieurs organisations des droits de l’homme ont établi des rapports crédibles faisant état de cas d’exécutions sommaires, de tortures, de bastonnades, de disparitions et de mutilations par les membres de ces groupes. Toute cette violence ne fera que renforcer les éléments de conflit intercommunautaires qui au final profitent aux groupes comme Daesh, qui se présentent comme les défenseurs des sunnites contre la persécution chiite.
En envoyant des troupes en Irak, l’impérialisme américain tente de récupérer une certaine forme de contrôle et d’influence politique sur le terrain, afin de contrebalancer la présence croissante de l’Iran ; mais tout en prenant garde à ne pas envoyer de forces telles que leur ampleur provoquerait d’importants troubles politiques, aux États-Unis comme au Moyen-Orient.
Au mois de juillet, le dirigeant chiite radical irakien Moqtada al-Sadr a appelé ses partisans à cibler les soldats américains stationnés en Iraq dans le cadre de la campagne militaire contre Daesh. Des déclarations du même genre ont été émises par d’autres milices chiites. «Ils nous détestent autant qu’ils détestent Daesh», avouait un ancien responsable des renseignements américain. Tout cela montre bien que les États-Unis sont contraints à un véritable jeu d’équilibriste.
Mais ce sont les Irakiens eux-mêmes qui paient le prix le plus lourd tribut de toute cette situation. Le remplacement des milices sunnites de Daesh par d’autres milices, chiites cette fois-ci, n’entrainera certainement pas une amélioration notable de leurs conditions de vie. Beaucoup d’Irakiens qui ont fui les zones désormais «libérées» craignent de rentrer chez eux, de peur des représailles (ou parce que leurs maisons ont été détruites durant les combats). Plusieurs rapports indiquent que l’ensemble des minorités culturelles (yézidis, turkmènes, chrétiens) ont également peur de rentrer chez elles pour les mêmes raisons. Plus de 3,3 millions d’Irakiens sont en ce moment réfugiés dans leur propre pays, et ce nombre ne va faire qu’augmenter dans les mois qui viennent. Et les Nations-Unies ont déjà prévenu que la bataille pour Mossoul engendrera des «pertes civiles en masse» et «la crise humanitaire la plus grande et la plus tragique au monde».
La Syrie
En ce qui concerne la Syrie, la plupart des tentatives des États-Unis de s’y créer une base sure en soutenant, armant et entrainant différents groupes rebelles s’y sont soldées par autant de fiascos plus embarrassants les uns que les autres. L’exception étant la coopération étroite entre les combattants kurdes des YPG (Unités de protection populaire, Yekîneyên Parastina Gel) liées au PYD (Parti de l’Union démocratique, Partiya Yekîtiya Demokrat).
Le PYD a établi une enclave kurde dans le nord de la Syrie (Rojava) et a été à juste titre acclamé pour son héroïsme et ses succès dans la lutte contre Daesh. Il ne fait aucun doute que la détermination de ses combattants est essentiellement alimentée par l’espoir de pouvoir bâtir un autre type de société au Rojava, reposant sur la solidarité, l’égalité des sexes et le droit pour les Kurdes de disposer de leur propre futur après des décennies d’oppression.
Mais son succès n’a pas échappé aux grandes puissances impérialistes, qui ont décidé de soutenir les YPG par pur opportunisme. C’est ainsi qu’ont été créées l’alliance des « Forces démocratiques syriennes » l’an passé, une large coalition soutenue par les États-Unis, regroupant diverses tribus arabes mais dans lesquelles les unités YPG constituent la colonne vertébrale. Les FDS sont la force à l’origine de la récente libération de Manbij, qui fut accompagnée d’un puissant soutien aérien de la part de la coalition américaine.
Même si des arrangements temporaires tels des échanges d’armes ou d’informations peuvent à certains moments s’avérer nécessaires pour combattre les bandes meurtrières de Daesh, le CIO est d’avis que le PYD et les YPG devraient maintenir une indépendance complète dans leur action et dans leur programme et mettre leur base en garde contre les manœuvres des forces impérialistes. Lorsque les États-Unis cherchent à influencer le mode d’action des YPG, cela a autant à voir avec la lutte contre Daesh qu’avec leur propre désir d’éliminer les aspects les plus radicaux et les plus progressistes du programme des Kurdes de Syrie.
Malheureusement, les derniers événements tendent à confirmer les premières appréhensions du CIO, selon lesquelles les troupes des YPG soient de plus en plus utilisées comme une force répondant aux objectifs de guerre tracées par l’impérialisme américain. C’est ainsi qu’on a vu au mois de mai des soldats américains se prendre en photo avec des insignes des YPG cousus sur leurs uniformes.
En même temps, les dirigeants du PYD ont aussi noué d’étroites relations avec les dirigeants russes, notamment en ouvrant un bureau à Moscou cette année et en coordonnant certaines de leurs offensives avec les bombardements russes dans le nord d’Alep. Cela malgré les effets dévastateurs des raids aériens russes sur les populations locales, qui ont engendré des centaines de morts et la destruction d’infrastructure sur une large échelle.
«Le PYD a soutenu la campagne russe en Syrie dès le premier jour», déclarait en février M. Adb Salam Muhammad Ali, un représentant du PYD. Cependant, les puissances impérialistes ne se sont jamais distinguées par leur gratitude envers les Kurdes. Il ne peut ainsi pas être exclu que le récent rapprochement entre Erdo?an et Poutine puisse provoquer un revirement de la politique russe envers les Kurdes, et que le Kremlin ne finisse par rompre ses liens avec le PYD en conséquence. Le 18 août, les avions du régime syrien ont attaqué la ville de Hasaka (nord-est) pour la première fois depuis le début de la guerre : c’est la première fois qu’une zone sous contrôle des YPG est ciblée ainsi par les forces d’Assad. Cela montre l’importance de tenir compte de la multiplicité des revirements en tous sens inhérente aux manœuvres militaires des différentes puissances régionales et internationales, mais aussi par la même occasion l’importance d’adopter une attitude d’indépendance de classe, sans accorder la moindre confiance aux régimes capitalistes dont les seuls intérêts sont le profit, le pouvoir et le prestige.
Les combattants des YPG doivent tout faire pour éviter d’être identifiés avec tel ou tel camp impérialiste, pour qu’il soit clair qu’ils n’ont rien à voir avec la destruction et les massacres résultant des bombardements états-uniens ou russes. Car c’est justement ce genre de crimes qui encourage les djihadistes de tout poil en leur fournissant leurs arguments et de nouvelles recrues. S’ils refusent de se distancier de l’impérialisme, les YPG risquent de voir leur soutien populaire compromis et d’être perçus comme des conquérants par les populations des territoires à majorité arabe qu’ils veulent libérer de Daesh.
Il s’agit d’une question critique, car le Rojava est encerclé de tous côtés, avec le régime turc au nord, Daesh au sud, et le gouvernement kurde-irakien pro-capitaliste à l’est, lui aussi hostile. La seule manière de briser ce siège une bonne fois pour toutes est de gagner le soutien actif de la classe ouvrière et des pauvres au-delà du Rojava, par-delà les divisions ethniques ou religieuses.
La lutte de masse
S’attirer le soutien des masses populaires ne peut se faire qu’en adoptant un programme qui garantisse les droits de tous les groupes ethniques et religieux, tout en proposant un plan pour que les vastes richesses de la région soient contrôlées démocratiquement afin de garantir la prospérité et un cadre de vie décent pour chaque citoyen.
Selon le département de la Défense des États-Unis, le cout total des opérations militaires contre Daesh depuis le 8 aout 2014 jusqu’au 15 juillet 2016 s’élevait à 8,4 milliards de dollars. Est-ce qu’on n’aurait pas pu consacrer une telle somme pour améliorer la vie des gens, plutôt que de la détruire ? Seule une planification socialiste démocratique de l’économie sur le plan international nous mettra à l’abri de gaspillages matériels aussi absurdes dans le futur.
La majorité de la population du Moyen-Orient aspire à une vie loin des conditions moyenâgeuse qui leur sont imposées par Daesh, mais elle rêve en même temps d’une vie libérée de la pauvreté, de l’exploitation, des divisions sectaires, des interventions impérialistes et de la dictature. La plupart des villes d’où Daesh a été chassé ne sont que des champs de ruines, tandis que le nombre de réfugiés atteint chaque jour de nouveaux records, sous les coups répétés des impérialistes mais aussi de l’armée d’Assad. Cela montre les coûts d’une «libération» qui se fait à coups de bombes plutôt que par une insurrection générale de la population d’Irak et de Syrie.
De plus, après que DaeshI ait été chassé, il restera à répondre à la question de « que faire maintenant ? » pour reconstruire le pays. Ni les puissances impérialistes, ni les régimes capitalistes locaux avec leurs milices sectaires ne sont le moins du monde intéressés par la mise en place d’une politique qui améliorerait les conditions de vie pour les masses dans la région. C’est-à-dire les conditions mêmes qui, en l’absence d’une alternative claire, ont donné naissance à Daesh et aux autres groupes djihadistes réactionnaires. Et bombarder les populations nuit et jour ne fera rien pour remédier à cette situation.
C’est pourquoi les zones libérées de Daesh ne peuvent être laissées entre les mains d’officiers corrompus, de conseillers militaires impérialistes, ou des diverses milices sectaires et autres mafieux qui viendront s’enrichir sur base du butin de guerre. Ces zones doivent être placées sous le contrôle démocratique des populations locales via des comités et conseils élus, composés des travailleurs et des pauvres des diverses ethnies et religions. Ces comités devront assurer l’autodéfense contre les milices réactionnaires et les armées d’occupation, et pourraient servir de levier pour reconstruire une lutte unie pour désarmer les forces féodales et capitalistes responsables de la misère et de l’enfer quotidien vécus par les peuples de la région.
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Non à la participation belge à la guerre en Syrie!
Les six F-16 belges, qui reprendront leurs frappes en Irak à partir du 1er juillet prochain verront leur mandat élargi à la Syrie selon l’accord conclu entre les partenaires de la majorité ce jeudi 12 mai en soirée. Vous trouverez ci-dessous un article publié dans l’édition de mai de Lutte Socialiste consacré à la participation belge à la guerre en Syrie.
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Début mars, le gouvernement américain a officiellement demandé à la Belgique de renouveler sa participation à l’opération de l’OTAN “Inherent Resolve” au Moyen-Orient. Partenaire loyal de l’OTAN, le gouvernement belge acceptera selon toute vraisemblance. Après une participation de neuf mois aux bombardements en Irak en 2014-2015, les F-16 belges serviront à nouveau, y compris en Syrie et peut-être même en Libye.
La ‘‘guerre contre le terrorisme’’ dure depuis déjà 15 ans, depuis les attentats du 11 septembre 2001. Le nombre de guerres a augmenté, pareil pour les attaques terroristes. Les groupes fondamentalistes religieux tels qu’Al-Qaïda et Daesh (l’Etat Islamique) sont aujourd’hui plus puissants que jamais. En Afghanistan, les Talibans n’ont pas disparu de la scène. En Libye, la destruction est générale et la guerre civile est maintenant invoquée pour promouvoir une nouvelle intervention internationale. En Irak, les autorités occidentales espéraient parvenir à une certaine stabilité en jouant sur les divisions sectaires. Mais ce fut la guerre et cette dernière a ouvert la voie au rapide essor de l’État islamique parmi les sunnites. Les opérations militaires n’entrainent que plus de chaos.
Malgré l’échec des interventions en Afghanistan, en Irak et en Libye, les mêmes tactiques sont utilisées en Syrie. La coalition américaine a, en un an, effectué 8.000 frappes aériennes sur Daesh en ne gagnant qu’à peine du terrain. Les bombardements causent d’inévitables victimes civiles qui alimentent la colère des sunnites au Moyen-Orient contre les États-Unis et aident le recrutement des groupes fondamentalistes religieux.
Toute l’argumentation selon laquelle les interventions occidentales serviraient à instaurer la démocratie, la paix et les ‘‘valeurs occidentales’’ est d’une hypocrisie sans nom. La Turquie, alliée des occidentaux, peut ainsi sans problème livrer une guerre unilatérale contre le peuple kurde tandis que le président-dictateur Erdogan place les médias sous son contrôle. L’Arabie saoudite, autre allié des puissances occidentales, peut exécuter des prisonniers politiques par pendaison ou interdire aux femmes de conduire. Pourtant, la vision profondément conservatrice de l’élite saoudienne a servi de modèle à la fois aux Talibans, à Al-Qaïda et à Daesh. L’establishment occidental a déroulé le tapis rouge aux fondamentalistes. En Belgique, la Grande Mosquée de Bruxelles a été confiée par bail à l’Arabie saoudite : le soutien au fondamentalisme religieux faisait partie du prix à payer pour le pétrole saoudien.
La destruction de la Syrie par des raids aériens ne mettra pas fin au terrorisme. Bien au contraire. Cela augmentera les risques de propagation du conflit, notamment avec la guerre du régime turc d’Erdogan contre les Kurdes. Cela menace d’encore approfondir la misère et la barbarie pour la majorité de la population de la région. La crise des réfugiés pourrait devenir encore plus dramatique qu’aujourd’hui.
La participation belge à la guerre en Syrie rend notre pays en partie responsable de la croissance des violences et des destructions mais aussi de leurs conséquences, comme le terrorisme et les flux de réfugiés. Stimuler les investissements dans l’armement et la Défense au cours des années à venir (notamment par l’achat d’avions de combat F35) est un choix politique. Pas d’argent pour la guerre mais pour combattre la misère !
L’un des rares où les groupes fondamentalistes comme Al-Qaïda & Co. ont été poussés dans la défensive fut au cours de la vague de révolutions et de soulèvements de masse qui a déferlé sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord en 2011. Ces mouvements sociaux ont clairement illustré que l’action des masses pouvait arracher un changement réel. Ces manifestations de masse ont un grand caractère unificateur qui balaie les frontières sectaires. En Irak, des manifestations conjointes de sunnites et de chiites ont eu lieu. En Afghanistan, en 2015, des manifestations de masse ont eu lieu pour dénoncer les violences dont sont victimes les Hazaras, une minorité chiite. Comme nous l’avons vu en Libye, les interventions impérialistes dans la région visent également à stopper le développement des mouvements de masse. Mais il s’agit de la seule façon de lutter efficacement contre Daesh.
Cinq ans après le début des soulèvements de masse au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, il faut retrouver le chemin de ces mobilisations et, parallèlement, en tirer les enseignements. Faire tomber les dictateurs ne suffit pas, c’est tout le système qui doit être renversé. Cela exige de construire des partis révolutionnaires armés d’un programme socialiste de rupture avec le capitalisme.
D’ici à ce que de tels mouvements émergent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, nous pouvons jouer un rôle en construisant un puissant mouvement anti-guerre. Juste avant le début de la guerre en Irak, en 2003, nous avons connu un large mouvement anti-guerre avec des millions de manifestants. La manifestation contre l’achat d’avions de chasse F35 le 24 avril dernier à Bruxelles était un excellent début pour renouer avec cette tradition.‘‘Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage’’ déclarait le socialiste français Jean Jaurès avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Pour parvenir à un monde sans guerre, nous devons lutter pour une autre société.
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Moyen-Orient : Les bombardements n'arrêteront pas l'État islamique
Pour l’unité des travailleurs contre la guerre, le terrorisme et le racismeEn Grande-Bretagne, le chancelier George Osborne (parti conservateur) a déclaré à la télévision nationale que si le parlement britannique n’autorise pas le bombardement de l’Etat Islamique (EI) en Syrie, il s’agira d’une « victoire publicitaire » pour EI. Ainsi, l’intensification du massacre en Syrie est présenté comme la seule option. Mais puisque nous savons que les missiles britanniques n’apporteront rien de nouveau par rapport à la pluie de bombardements états-uniens, russes et français, pourquoi donc une telle ferveur de la part de MM. Osborne, Cameron et compagnie ?
Éditorial de l’hebdomadaire The Socialist, Socialit Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au pays de Galles)
La réponse se trouve dans le commentaire de M. Osborne, pour qui un refus du parlement d’avaliser la volonté du gouvernement de partir bombarder la Syrie enverrait « un message terrible quant au rôle du Royaume-Uni dans le monde ». C’est-à-dire, qu’il s’agirait d’une perte de prestige pour la classe dirigeante britannique sur le plan international.
La classe dirigeante britannique exploite aussi la peur du public sur le plan national : il faut que nous donnions l’impression de défendre la population contre le terrorisme. Après les attaques de Paris, sans avoir la moindre véritable réponse sur la manière dont on pourrait éviter des attentats similaires sur le sol britannique, la mission du gouvernement est de bluffer le peuple en déclenchant une tempête en Syrie. « Le Royaume-Uni n’a jamais été un pays qui reste sur le côté et qui laisse à d’autres le soin de le défendre », dixit M. Osborne.
Le gouvernement veut aussi contrer tout effet négatif que les attaques de Paris pourraient avoir sur l’économie britannique : à la suite de ces attaques, on a vu une chute du nombre de personnes dans les rues commerciales et autour des attractions touristiques.
Pour protéger les intérêts des grands patrons et relever leur niveau de « confiance », le gouvernement tente donc de créer une illusion de sécurité en déclarant une nouvelle offensive, en plus d’allouer de nouveaux fonds à des mesures de « sécurité ».
Avec un tel contexte et une telle propagande, avancée à grands sons de trompette dans tous les médias, affirmant que la seule manière de garantir la sécurité du pays est d’aller bombarder EI, il n’est pas étonnant de constater que 71 % des Britanniques soutiennent l’idée de cette intervention, contre 67 % en juillet. Une courte majorité de la population est même en faveur de l’envoi de troupes au sol.
Cependant, le même sondage a aussi montré que 64 % de la population du Royaume-Uni sont persuadés que le pays serait plus sûr si le gouvernement Blair n’était pas parti en guerre contre l’Iraq et l’Afghanistan. De même, il est certain qu’une nouvelle intervention britannique en Syrie aujourd’hui ne fera que rendre plus probable le fait que le Royaume-Uni soit ciblé par des attaques terroristes au cours des prochaines semaines ou des prochains mois.
Mary Dejevsky, écrivant dans le journal The Guardian, rappelait à ses lecteurs que juste avant les attaques de Paris, le comité restreint des Affaires étrangères britannique avait publié un rapport s’opposant à toute intervention militaire en Syrie. « Les arguments avancés alors ont acquis encore plus de force aujourd’hui. Bombarder la Syrie va accroitre le risque d’attentats terroristes dans notre pays, affirmer cela n’est pas une question de couardise ».
Les interventions étrangères par des États occidentaux augmentent aussi le risque d’attaques sur des cibles occidentales dans d’autres pays, comme ça a été le cas avec l’attaque sur l’hôtel Radisson Blu de Bamako au Mali. Cette atrocité n’est évidemment pas non plus sans lien avec l’histoire d’interventions impérialistes de la France au Mali et ailleurs en Afrique.
La futilité des bombardements
De toutes façons, même si bombarder EI peut l’affaiblir, cela ne peut jamais l’anéantir totalement. La coalition dirigée par les États-Unis a déjà accompli plus de 8000 raids contre EI en à peine un an ; pourtant EI contrôle toujours le même territoire qu’avant.
Même une invasion au sol ne pourra détruire EI totalement, comme le montre l’exemple des talibans en Afghanistan. Comme cela s’est déjà produit dans le passé, des forces telles que EI peuvent se changer en une nouvelle organisation djihadiste. Et les forces au sol se retrouveront rapidement embourbées pendant de longues années sans aucun succès, comme on le voit à nouveau avec ce qui se passe en Iraq et en Afghanistan – c’est d’ailleurs la raison pour laquelle aucune des puissances impérialistes ne propose d’envoyer des troupes au sol en Syrie à présent.
Lors des raids aériens, les bombes touchent aussi inévitablement la population civile. Parmi les villes les plus touchées, on compte Raqqa, une ville de 350 000 habitants que l’EI cherche à empêcher de fuir. Le désastre qui frappe la vie de ces personnes ne va faire que s’ajouter encore à la colère parmi les sunnites dans tout le Moyen-Orient contre les puissances interventionnistes, ce qui va permettre aux organisations djihadistes de recruter encore plus de recrues.
De plus, vaincre EI sur le plan militaire ne revient absolument pas à le vaincre sur le plan idéologique et à ôter son pouvoir d’attraction aux yeux de ses militants. Au contraire, toute une série de jeunes musulmans du monde entier ont à présent l’impression que c’est là que se trouve le front de la résistance contre les puissances impérialistes, que l’EI n’est qu’une « victime » de leurs machinations.
De nombreux jeunes qui se sont rendus en Syrie pour rejoindre EI ont été motivés non seulement par son idéologie, mais aussi parce qu’ils perçoivent cette organisation comme la plus sérieuse dans le combat contre la dictature du régime Assad, contre la terreur et la destruction.
Le bombardement d’EI, comme les attaques sur les droits civiques en Occident – qui touchent particulièrement les musulmans d’Occident –, vont accroitre le sentiment de colère et d’aliénation de la jeunesse musulmane, ce qui fait qu’une partie de cette jeunesse va inévitablement se sentir attirée par EI et ses nombreux clones.
L’hypocrisie impérialiste
Les puissances capitalistes qui interviennent contre EI ne parviennent pas à parler d’une même voix. Par exemple, l’ancien Premier ministre français de droite, Dominique de Villepin, s’est opposé aux bombardements en disant : « Nous donnons ainsi une légitimité à leur affirmation selon laquelle nous sommes en guerre … Nous ne devons pas tomber dans ce piège d’intensification du conflit ».
Néanmoins, l’hypocrisie des gouvernements occidentaux ne connait aucune limite. Le groupe EI est lui-même un produit de la brutalité militaire qui a été infligée aux sunnites pendant l’invasion de l’Iraq dirigée par les États-Unis et l’occupation qui a suivi.
Les amis de l’impérialisme occidental au Moyen-Orient incluent les élites autocratiques des monarchies du Golfe, ainsi que le régime turc. Tous ces « amis » sont cependant très impliqués dans leur soutien aux milices sunnites en Syrie et en Iraq afin de contrer l’influence des chiites, soutenus par l’Iran.
Les atrocités régulièrement commises au Moyen-Orient par nombre de ces milices et forces sectaires, chiites ou sunnites, ne reçoivent que peu d’attention de la part des puissances occidentales. Mais lorsque des djihadistes commettent des actes terroristes sur le sol occidental ou contre les Occidentaux partout dans le monde, tout d’un coup cela devient pour eux tout autre chose.
Alors que les musulmans du Moyen-Orient souffrent grandement entre les mains de EI et des autres forces réactionnaires, les musulmans d’Occident ne sont pas en reste. Les accusations constantes à l’encontre de la communauté musulmane dans les médias de droite ont suscité une hausse de 300 % des attaques commises au Royaume-Uni contre les musulmans britanniques à la suite des attentats de Paris. La plupart des cibles de ses attaques étaient des femmes.
Les droits démocratiques attaqués en Occident
De plus, les musulmans et les réfugiés sont parmi les personnes les plus touchées par les mesures de « sécurité » renforcées qui ont été imposées en réaction aux attentats terroristes.
En France, le président Hollande a de nouveau volé le discours de la droite avec son extension de l’état d’urgence à au moins trois mois. L’état d’urgence signifie des mesures de répression qui donnent des pouvoirs accrus à l’armée dans les lieux publics, autorise la police à perquisitionner des logements sans mandat, ainsi que de bloquer l’internet et les réseaux sociaux.
Mais le plus grave est l’interdiction de tout rassemblement public, y compris les deux manifestations contre le changement climatique et les meetings électoraux à l’occasion des élections régionales de décembre.
Selon les derniers sondages réalisés en France, une majorité des gens soutiendrait ces mesures. Mais les questions sont posées de façon biaisée, en demandant par exemple aux gens s’ils sont d’accord de soutenir « des mesures qui limitent la liberté des individus afin de garantir la liberté de tous ».
En Belgique aussi, toute une série de mesures « d’urgence » ont été annoncées, y compris l’emprisonnement automatique de djihadistes présumés rentrés d’Iraq ou de Syrie, et le fichage de personnes soupçonnées d’adhérer à « l’islam radical ». Bruxelles a été fermée pendant plusieurs jours : toutes les écoles, universités, centres commerciaux et même le métro ont été fermés afin de laisser libre cours à des « opérations » policières.
De nouveaux contrôles sont imposés aux frontières des 26 pays de la zone Schengen. Cela ne va certainement pas bloquer les terroristes, mais ça va retarder toutes les autres personnes désireuses d’entrer, avec de nouveau un ciblage des musulmans et une situation encore plus catastrophique pour les réfugiés qui tentent de fuir la guerre.
Au Royaume-Uni, des milliards de livres sterling supplémentaires sont à présent donnés à l’armée et aux services de renseignement, tandis qu’on parle de déployer l’armée dans les rues. Tout cela se fera, encore une fois, aux dépens des services publics et de la démocratie.
Il est bien compréhensible que la population soutienne les mesures destinées à lutter contre le terrorisme. Le problème est qu’aucune des mesures annoncées pour le moment ne changeront quoi que ce soit. Par contre, les droits démocratiques vont être revus à la baisse, et toute cette présence policière et militaire sera utilisée contre les luttes des travailleurs à des fins économiques ou politiques.
Le police de nos pays a déjà assez d’autorité pour pouvoir arrêter n’importe quelle personne suspecte de crime. Même le Times, journal de droite, prévenait que « le problème fondamental qui ressort des attentats de Paris n’est pas tellement le manque de pouvoirs conférés à la police que l’échec et la négligence des institutions à voir un danger qui a pourtant été annoncé depuis longtemps », tout en avertissant du danger de ces mesures qui vont « éroder les libertés ».
Corbyn et le Parti travailliste
Jeremy Corbyn, le nouveau président du Parti travailliste britannique, élu par la base en opposition aux dirigeants du parti, se dit opposé au bombardement de la Syrie. Mais une critique que l’on doit lui formuler est qu’il a dit que ce qui le chiffonnait était l’idée d’une intervention militaire qui se déroulerait « sans le soutien des Nations-Unies ».
Auparavant, lorsqu’on parlait d’attaquer l’Iraq ou Assad en Syrie, les politiciens antiguerre pouvaient se cacher derrière les Nations-Unies, en sachant que la Russie et la Chine appliqueraient leur véto à toute demande d’intervention.
Mais voilà que EI a abattu un avion russe et tué un otage chinois. Du coup, l’attitude de ces deux gouvernements s’est modifiée. C’est comme ça que le conseil de sécurité des Nations-Unies a soutenu à l’unanimité la résolution française appelant à mettre en place « tous les moyens nécessaires » pour faire cesser les attaques terroristes, ce qui est pris pour un accord tacite pour les députés britanniques désireux d’aller bombarder la Syrie.
Les Nations-Unies ne sont pas un organe indépendant chargé d’arbitrer les disputes entre nations. Cette agence est avant tout dominée par les grandes puissances, elle n’agit que dans leurs intérêts. Après tout, la guerre de Corée (1952-53), par laquelle les États-Unis ont volé au secours du régime capitaliste de Corée menacé par une révolution « communiste » au nord, a été combattue sous le drapeau des Nations-Unies. Les sanctions cruelles contre l’Iraq dans les années ‘1990, qui ont causé 500 000 décès dans ce pays, ont elles aussi été adoptées par les Nations-Unies.
Mais Corbyn, ébranlé par des menaces de démissions de la part de la direction de son parti, a fait fausse route en permettant à ses députés de voter comme ils l’entendaient sur la question de l’intervention en Syrie, au lieu de donner des consignes de vote strictes en faveur du « Non ». La liberté de vote va certainement permettre au Premier ministre Cameron d’obtenir l’assentiment de la majorité du parlement.
Corbyn veut maintenir « l’unité du parti » coute que coute, plutôt que de mener une lutte décisive pour retransformer le Parti travaillistes en une force de gauche combative, conformément au mandat qui leur a été donné par les membres. Mais au lieu de ça, ils se laissent mener en bateau par les députés de droite.
La droite au sein du parti va tout faire pour chasser Corbyn et le contraindre à l’erreur. S’il veut conserver le soutien qui lui a permis d’accéder à cette position de dirigeant et l’utiliser pour avancer, Corbyn doit rester ferme et se servir de ce soutien pour renforcer sa position et faire progresser le processus de reconstruction d’une force prolétarienne de masse.
Car si l’idéologie islamiste de droite est capable aujourd’hui d’attirer à elle tellement de jeunes dans ce contexte de crise profonde de la société capitaliste, c’est uniquement en raison de l’absence de partis de masse démocratiques basés sur l’unité des travailleurs et sur la défense des intérêts du prolétariat.
Ce n’est qu’en construisant un tel parti qu’on pourra obtenir la solution pour supprimer les causes fondamentales du terrorisme et de la guerre, en mettant clairement en avant une alternative socialiste au capitalisme agonisant.




