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  • Turquie/Syrie/Kurdistan. Le destin n’a rien à voir avec ça

    Erdoğan a imputé au «plan du destin» l’ampleur de la catastrophe. Bien que les séismes de lundi aient été les plus puissants dans la région depuis 1939, l’ampleur des destructions humaines et matérielles n’a rien à voir avec le destin, ni avec la nature.

    Par Serge Jordan

    Des bâtiments à plusieurs étages côtoient des bâtiments pulvérisés. Un père tenant la main de sa fille morte, alors que son corps, encore allongé sur son matelas, est coincé entre des couches de béton. De jeunes enfants sous la pluie froide pleurant leurs parents disparus. Des survivants désespérés fouillant les décombres à mains nues à la recherche de signes de vie. Les scènes des conséquences des tremblements de terre de magnitude 7,8 et 7,6 qui ont frappé de larges pans de la Turquie, de la Syrie et du Kurdistan au petit matin de lundi, aggravées par des centaines de répliques, sont déchirantes.

    À l’heure où nous écrivons ces lignes, le nombre de morts a déjà dépassé les 21.000 et augmente chaque seconde. Le bilan final risque d’être bien plus lourd, car des dizaines de milliers de personnes sont toujours portées disparues, piégées sous les décombres, et le délai pour les retrouver vivantes se rapproche. Les zones touchées en Syrie étant pour la plupart des zones de guerre partagées entre le régime de Bachar el-Assad, des groupes armés islamistes comme Hayat Tahrir al Sham, et certaines enclaves kurdes, le bilan officiel des victimes du côté syrien est également approximatif.

    Des dizaines de milliers de personnes ont été blessées et des millions d’autres se sont retrouvées sans domicile pour tenter de survivre dans des températures hivernales négatives, souvent sans accès à l’électricité, au gaz, à l’eau potable ou à la nourriture. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que pas moins de 23 millions de personnes ont été directement touchées par les tremblements de terre. Cela inclut des millions de réfugiés syriens qui ont très souvent vécu dans des conditions de logement exiguës dans les zones de la Turquie frappées par le tremblement de terre, après avoir été contraints de fuir leurs maisons en quête de sécurité.

    Outre le chagrin et le désespoir, la colère monte contre les autorités des deux côtés de la frontière pour leur responsabilité et leur réaction effroyable à la catastrophe. «Tout le monde est de plus en plus en colère», explique un habitant de Sarmada, une ville de la province syrienne d’Idlib, où les gens ont été abandonnés à leur sort. Dans la plupart des régions de Turquie, aucune équipe de secours n’est arrivée au cours des premières 24 heures critiques après les tremblements de terre. Dans certaines régions, cela semblait encore être le cas trois jours plus tard. «Les gens se sont révoltés (le mardi) matin. La police a dû intervenir», a raconté un survivant de 61 ans de la ville turque de Gaziantep, cité par l’agence de presse AFP. Des manifestations de victimes du séisme ont depuis été signalées dans certaines localités très touchées, comme à Adıyaman et à Ordu.

    Le président du pays, Recep Tayyip Erdoğan, a imputé les retards aux routes et aux aéroports endommagés, mais cela ne sert qu’à masquer la culpabilité de son régime dans cette situation. L’aéroport de Hatay, dont la piste a été scindée en deux et rendue inutilisable par les tremblements de terre, a été construit dans la plaine d’Amik, une zone tectoniquement active, en dépit des avertissements répétés des militants écologistes et des protestations de la population locale.

    Après le tremblement de terre massif qui a frappé le nord-ouest de la Turquie en 1999, une «taxe sur les tremblements de terre» a été introduite, prétendument pour développer la prévention des catastrophes et les services d’urgence et éviter des tragédies similaires à l’avenir. Mais personne ne sait vraiment où est allé cet argent, et malgré les efforts inlassables des secouristes, il est évident que l’État lui-même était terriblement mal préparé, bien que la région soit un candidat de choix pour des événements sismiques de ce type. La question «Où est l’État ?» est sur les lèvres de beaucoup de gens, car les communautés dévastées, qui vivent déjà dans certaines des régions les plus pauvres du pays, ont été laissées en difficulté sans équipement ou soutien correct. Pour ajouter l’insulte à l’injure, les personnes bénévoles, les organisations de la société civile, les groupes d’aide et l’assistance des villes dirigées par l’opposition ont également été empêchés de participer aux efforts de sauvetage en raison des obstacles bureaucratiques que leur ont imposés les responsables du gouvernement AKP.

    Erdoğan a depuis reconnu qu’il y avait eu des «lacunes» dans les étapes initiales de la réponse, ajoutant que la situation était maintenant «sous contrôle». Mais c’est précisément dans les phases initiales que la plupart des vies auraient pu être sauvées si une préparation et une planification appropriées, ainsi que des ressources adéquates, avaient été mises en place.

    Le profit des entreprises au cœur du problème

    «Dans l’étude des géorisques, nous avons un dicton qui dit que les tremblements de terre ne tuent pas vraiment les gens, ce sont les bâtiments qui le font», a déclaré Carmia Schoeman, titulaire d’une maîtrise en géologie des glissements de terrain et membre du WASP (section d’ASI en Afrique du Sud). Elle explique : «Bien que de grands tremblements de terre soient attendus dans cette région en raison de sa situation géologique sur le système de failles anatolien, l’ampleur de la tragédie que ces événements provoquent est presque entièrement due à l’homme. Depuis plusieurs décennies, la science et la technologie permettent non seulement de prédire les zones les plus touchées par de tels événements, mais aussi de minimiser les dommages causés grâce à la construction de bâtiments antisismiques».

    Les experts s’accordent en effet pour dire que des bâtiments correctement construits auraient été capables de résister au choc. Selon David Alexander, professeur de planification et de gestion des urgences à l’University College de Londres «sur les milliers de bâtiments qui se sont effondrés, la quasi-totalité ne répondait à aucun code de construction parasismique raisonnablement attendu.»

    Après la catastrophe de 1999, la Turquie a introduit de nouvelles règles de construction pour les zones sismiques. Mais ces réglementations ont été, au mieux, très peu appliquées, au pire, totalement ignorées, tandis que les bâtiments plus anciens n’ont pas été mis en conformité avec les nouvelles normes. Le boom du secteur de la construction soutenu par le régime a vu la prolifération de grands projets résidentiels, souvent réalisés avec des matériaux de qualité inférieure et sans contrôle de qualité adéquat, afin de maximiser les rendements financiers de quelques grandes sociétés immobilières étroitement liées au parti au pouvoir.

    Cette frénésie de construction, facilitée par l’énorme soutien de l’État et graissée par la corruption à grande échelle pour contourner les règles, est devenue une vache à lait pour ces entreprises liées au régime. La construction et la rénovation de nombreux bâtiments publics tels que des hôpitaux, des écoles, des bureaux de poste, des bâtiments administratifs, etc., ont également été sous-traitées à ces amis du privé par le biais d’appels d’offres publics gérés par le gouvernement AKP. Alors que ces bâtiments auraient dû assurer la sécurité de la population en cas de catastrophe, ils ont été parmi les premiers à s’effondrer, y compris le siège de l’Autorité turque de gestion des catastrophes et des urgences (AFAD) à Hatay.

    Les politiques criminelles du gouvernement en la matière sont allées jusqu’à accorder périodiquement des «amnisties de construction», c’est-à-dire une couverture légale rétroactive accordée en échange d’une redevance pour les structures qui ont été construites sans les licences de sécurité requises. Quelques jours seulement avant les derniers tremblements de terre, un nouveau projet de loi était même en attente d’approbation au Parlement pour accorder une nouvelle amnistie concernant des travaux de construction récents. En bref, alors que des millions de personnes étaient sur le point de voir leur vie brisée, le gouvernement turc était occupé à fournir à ses amis milliardaires ce qui équivaut en fait à un permis de tuer pour le profit.

    Le régime impose le silence aux voix critiques

    En plus de ne pas fournir une réponse compétente à la catastrophe, le régime d’Erdoğan dépense des ressources publiques précieuses, du temps et des efforts pour réprimer ceux qui critiquent sa gestion de la crise. La nervosité s’empare du régime à la perspective que la colère de la population – déjà à bout de souffle en raison d’une crise économique galopante et de l’un des niveaux d’inflation les plus élevés au monde – se cristallise en quelque chose qui pourrait le renverser, alors que le pays se rapproche des élections présidentielles et parlementaires prévues le 14 mai. Dans ces conditions, les séismes pourraient être utilisés comme prétexte pour reporter la tenue du suffrage ou même l’annuler.

    Mardi, le président a annoncé un état d’urgence de trois mois dans dix villes touchées par les tremblements de terre. Cette mesure donne des pouvoirs étendus à la police et permet d’interdire les rassemblements publics et les manifestations. Plusieurs rapports font état d’arrestations et d’intimidations à l’encontre de journalistes indépendants qui couvrent les conséquences de la catastrophe, notamment lorsqu’ils rendent compte du manque de secouristes. Un procureur de l’État d’Istanbul a ouvert une enquête pénale à l’encontre de deux journalistes qui ont critiqué la réaction de l’État. L’accès à Twitter a également été restreint en raison de l’indignation des internautes. La police turque a reconnu que de nombreuses arrestations avaient été effectuées à la suite de «messages provocateurs» sur les réseaux sociaux à propos des tremblements de terre.

    Cette nouvelle série d’attaques contre les droits démocratiques s’inscrit dans la lignée des politiques autoritaires menées par le régime avant le tremblement de terre, qui ont elles-mêmes contribué à paralyser la capacité du pays à gérer une catastrophe humanitaire d’une telle ampleur. Par exemple, les médecins et leurs syndicats, qui ont un rôle vital à jouer dans la situation actuelle, ont fait l’objet d’une chasse aux sorcières politique de la part du régime ces dernières années, notamment pour leur rôle dans la dénonciation des opérations militaires de l’Etat contre la population kurde de Syrie.

    Syrie : les effets du séisme amplifiés par la guerre et les affrontements géopolitiques

    Mais l’insensibilité et le cynisme des classes dirigeantes ne s’arrêtent pas là. Le 7 février, les forces armées turques ont bombardé des maisons dans le quartier à majorité kurde et touché par le tremblement de terre de Tel Rifaat, dans le nord de la Syrie, avant même que les habitants aient pu s’occuper des débris causés par les séismes. L’armée syrienne a également bombardé les zones touchées par les tremblements de terre tenues par l’opposition, quelques heures à peine après la catastrophe.

    Douze années de guerre en Syrie, alimentées par le régime d’Assad ainsi que par des interventions impérialistes multiformes, avaient déjà laissé les infrastructures du pays et les conditions de logement de la population en lambeaux. Selon un rapport de 2017 de la Banque mondiale, près d’un tiers des logements à Alep et Idlib avaient déjà été endommagés ou détruits par la guerre. 70 % de la population avait besoin d’aide et 2,9 millions de personnes risquaient de mourir de faim dans tout le pays, avant même que les tremblements de terre n’aggravent de manière irréfutable une situation déjà horrible. Des millions de Syriens ont été déplacés plusieurs fois par la guerre et maintenant, beaucoup d’autres seront déplacés par cette catastrophe.

    Presque immédiatement après les tremblements de terre, plusieurs gouvernements occidentaux ont mobilisé des équipes d’aide et de secours en Turquie, mais ils n’ont rien offert ou presque à la Syrie, en raison de leurs relations conflictuelles avec le régime d’Assad. Les victimes des tremblements de terre paient le prix de la lutte de pouvoir en cours entre l’impérialisme occidental et la dictature syrienne ; tous deux jouent avec la vie des gens pour renforcer leur pouvoir et leur prestige. Les sanctions économiques imposées par les États-Unis empêchent l’acheminement de l’aide vers les zones touchées, tandis que le régime lui-même retient l’aide vers les zones contrôlées par les rebelles. La corruption systémique et les prix abusifs dans tous les domaines réduisent encore les chances d’une aide humanitaire significative, une raison supplémentaire pour laquelle la collecte et la distribution de l’aide d’urgence ne peuvent être laissées aux mains des forces réactionnaires et des partis corrompus ; en élisant leurs propres comités, les gens pourraient s’efforcer d’assumer et de coordonner ces tâches eux-mêmes, en fonction des besoins réels.

    Une catastrophe en cascade

    Une nouvelle couche de désastre va maintenant s’ajouter de manière prévisible aux effets immédiats des tremblements de terre. Les personnes qui ne sont pas mortes d’être coincées sous les décombres sont menacées par le froid, la faim et la propagation potentielle de maladies. En outre, comme l’a illustré l’effondrement d’un barrage dans la province syrienne d’Idlib jeudi, d’autres désastres ne manqueront pas de se développer à partir de la situation actuelle.

    «Malheureusement, il est fort probable que nous assistions à de nombreux autres événements dévastateurs dans les prochains jours déclenchés par ces tremblements de terre, notamment des glissements de terrain, des dolines, plusieurs répliques sismiques et des tsunamis. Ces phénomènes peuvent à leur tour causer des dommages importants aux infrastructures, aux habitations et aux moyens de subsistance», explique Carmia.

    «L’US Geological Survey, par exemple, a établi une carte qui prédit les zones les plus susceptibles de subir des glissements de terrain après ce séisme, et les services d’urgence devraient donc veiller à ce que les personnes qui y vivent soient évacuées. Mais la capacité à prévoir et à réagir à ces événements est gravement compromise par le manque de financement des systèmes d’intervention d’urgence de base d’une part, et par le besoin insatiable du capitalisme de développer des biens immobiliers rentables d’autre part. Alors que les gouvernements laissent le logement aux mains du secteur privé, qui rogne constamment sur la qualité de la construction et le respect des codes du bâtiment, la classe ouvrière est contrainte de vivre à l’étroit dans les centres urbains afin de trouver un emploi pour survivre. En l’absence de planification dans la perspective des inévitables événements naturels tels que les tremblements de terre, nous nous retrouvons avec des scènes tragiques et chaotiques de dévastation absolue. La science de la prévision des effets des géorisques comme les tremblements de terre n’est tout simplement pas rentable à court terme, pas plus que les investissements dans les systèmes d’intervention d’urgence.»

    Cette tragédie incarne la nature totalement dysfonctionnelle et barbare du capitalisme à de multiples niveaux. Comme c’est toujours le cas dans ce type de méga-catastrophes, les grandes entreprises se frottent les mains avec avidité en envisageant les possibilités de tirer profit de la misère et de la mort des gens – des cimenteries qui ont vu leurs actions bondir à la bourse juste après les tremblements de terre à certaines banques occidentales qui surtaxent les clients pour transférer de l’argent en Turquie.

    En revanche, partout dans le monde, des dizaines de bénévoles se sont précipités pour aider à extraire des personnes des décombres, faire des dons de sang ou collecter des produits de première nécessité afin d’aider les survivants. Cette solidarité instinctive de la part de la classe ouvrière fournit les graines à partir desquelles, au-delà de l’aide urgente requise pour sauver des vies, un mouvement pourrait se développer afin d’exiger justice pour les nombreuses victimes de ce désastre, victimes qui par ailleurs auraient pu être évitées. De là peut également germer la lutte pour une nouvelle société, une société qui place la vie et la sécurité des gens au centre de ses préoccupations plutôt que l’accumulation de profits pour une infime minorité. C’est de cette façon que nous pourrons nous assurer que de telles horreurs ne se reproduisent plus jamais.

    Les revendications d’Alternative Socialiste Internationale :

    • Réquisition des hôtels, bâtiments publics et propriétés inoccupés, après vérification de sécurité, pour abriter chaque personne sans abri ;
    • Evacuation immédiate des communautés dans les zones identifiées comme présentant un risque élevé de répliques sismiques et de glissements de terrain ;
    • Mise à disposition d’un logement public et d’une indemnisation décente pour toutes les victimes de la catastrophe ;
    • Levée de toutes les sanctions contre la Syrie, arrêt immédiat des bombardements et rapatriement de toutes les troupes turques ;
    • Ouverture de tous les postes frontières vers la Syrie pour faciliter les convois humanitaires ;
    • Formation de comités locaux de secours et d’aide, contrôlés démocratiquement par les travailleurs et les résidents locaux, afin de garantir la fourniture démocratique et coordonnée des produits de première nécessité, l’organisation des efforts de secours et d’empêcher la corruption ;
    • Divulgation complète de l’utilisation des fonds collectés par la «taxe sur les tremblements de terre» en Turquie ;
    • Expropriation immédiate, sous contrôle démocratique des travailleurs, du “Gang des Cinq”, c’est-à-dire des cinq entreprises de construction turques qui ont remporté la quasi-totalité des grands appels d’offres publics sous le régime de l’AKP et ont réalisé des montagnes de profits en jouant avec la vie et la sécurité des gens. Leur richesse doit être utilisée pour financer l’aide aux millions de personnes dans le besoin dans les zones touchées ;
    • Enquête indépendante sur la catastrophe afin d’identifier tous les responsables, dans les structures d’État et dans le secteur privé, afin de les rendre responsables de leurs crimes. Cette enquête pourrait être menée par des représentants des familles des victimes, des habitants, des scientifiques et des syndicats de travailleurs ;
    • Aucune grande entreprise ne doit profiter de la catastrophe. L’approvisionnement en nourriture, en eau et en énergie doit être placé sous contrôle public. Il faut un plan public d’urgence de reconstruction des maisons qui repose sur des techniques antisismiques respectueuses de l’environnement et qui soit supervisé démocratiquement par des scientifiques, des travailleurs et des résidents des communautés touchées ;
    • Erdoğan et Assad ont du sang sur les mains, ils doivent dégager ! Pour la construction de l’unité du mouvement ouvrier et d’une alternative socialiste à la dictature, à la guerre et au capitalisme.
  • [VIDEO] Dix ans depuis les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient

    Aujourd’hui, c’est le dixième anniversaire du déclenchement de la révolution tunisienne, le 17 décembre 2010, qui a conduit à l’éviction de Ben Ali le 14 janvier 2011. Cette vidéo reprend l’introduction de Cédric Gérôme qui a servi de base à un meeting intitulé ” 10 ans après les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, la force du mouvement de masse hier et aujourd’hui”.

    Cédric est permanent pour Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge). Il a tout particulièrement suivi les développements en Tunisie et est actuellement en train d’écrire un livre sur cette expérience révolutionnaire.

  • Manifestation contre l’invasion du Rojava à Bruxelles : construisons un mouvement anti-guerre de masse!

    Des centaines de Kurdes et d’opposants à l’agression militaire de l’Etat turc contre le Rojava ont manifesté cet après-midi à Bruxelles. Le cortège est parti du rond-point Schuman pour rejoindre le Parlement européen, avec un arrêt et deux minutes de silence à la station de métro de Maelbeek à la mémoire des victimes du terrorisme. Au podium, notre camarade Nicolas Croes a pu exprimer la solidarité du PSL / LSP et de son internationale le Comité pour une Internationale Ouvrière.

    Il a notamment défendu la construction d’un mouvement antiguerre international de masse qui défendra notamment le droit à l’autodétermination des Kurdes et de tous les groupes opprimés. Ce serait également l’opportunité de débattre du type d’Etat et de société dont nous avons besoin : une société socialiste démocratique débarrassée des guerres, de la misère et de l’exploitation.

    PDF de notre tract

     

  • Motion de solidarité de la CGSP-ALR avec la population du Rojava

    Nous publions ci-dessous une importante motion de solidarité de la part de la CGSP-ALR. La CGSP-ALR n’en est pas à sa première déclaration de ce type, qu’elle considère à juste titre dans la “fidèle tradition de la solidarité internationale entre travailleurs”. Nous vous invitons à en prendre connaissance et, pourquoi pas, à restaurer cette tradition auprès de votre délégation syndicale.

    Soutien à la population du Rojava : Stop à l’agression militaire dans le nord-est Syrien !

    Avec le feu vert de l’administration Trump, le gouvernement turc d’Erdogan a mis en œuvre ses menaces d’intervention militaire dans le nord-est syrien. Il agit ainsi comme sous-traitant des puissances étrangères qui cherchent à nourrir une guerre sans fin, faisant suite aux interventions en Afghanistan, Irak, Syrie, Yémen, etc (et demain en Iran ou en Palestine).

    Considérant le projet politique construit par le peuple kurde et leurs alliés dans la région comme un danger pour son pouvoir, Erdogan a décidé de tout mettre en œuvre pour semer la destruction dans la région. La guerre d’Erdogan est une guerre contre le peuple kurde, contre tous les peuples de la région et finalement en premier lieu une guerre contre le peuple turc.

    L’ensemble du mouvement social et du mouvement syndical doit exprimer son rejet de la guerre et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, en rejetant toute subordination aux intérêts des groupes financiers internationaux qui visent surtout à mettre la main sur les ressources de la région.

    Si cette intervention continue, les victimes pourraient se compter par milliers et cette situation est, pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses, inacceptable.

    Nous, militants de la CGSP-ALR de Bruxelles, nous engageons à soutenir l’ensemble des initiatives qui viseront à empêcher la continuation de cette offensive militaire. Se taire, c’est se rendre complice !

    Guerre à la guerre, voici notre mot d’ordre !

    CGSP-ALR Bruxelles

    Bruxelles, le 11 octobre 2019

  • Rojava : Non à l’invasion turque !

    Une nouvelle étape a été franchie dans la guerre en Syrie après que le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé que les troupes turques sont prêtes à attaquer et occuper la région kurde de Rojava au nord de la Syrie. La première vague de troupes a traversé la frontière accompagnée de lourdes frappes aériennes. Pour la population de la région, c’est la panique. Cela survient trois jours à peine après un coup de fil entre Erdogan et Donald Trump au cours duquel ce dernier a promis que les troupes américaines seraient retirées du nord-est de la Syrie.

    Par Claus Ludwig, SAV (CIO-Allemagne).

    Les unités turques ayant déjà envahi Afrin en 2018, la province géographiquement isolée de l’ouest de la région kurde, ont reçu le feu vert pour reprendre Rojava durant cet appel téléphonique avec Donal Trump. Cela marque le début de la prochaine phase de la guerre entre les puissances mondiales et régionales qui se déroule sur le territoire syrien à un coût terrible pour le peuple syrien.

    L’issue de l’opération est incertaine. Le président Erdogan bénéficie de la supériorité écrasante de l’armée turque, mais il s’est avéré être un piètre stratège à plusieurs reprises. Les Unités de protection du peuple (YPG) et les Unités de protection de la femme (YPJ) qui contrôlent actuellement Rojava ne disposent pas d’un potentiel militaire suffisant pour s’opposer aux tanks et à l’armée de l’air turcs. Leur héroïsme, motivé par la défense de leurs foyers, ne suffira pas à résister à la puissance de feu de la Turquie. Mais malgré cela, Erdogan ne parviendra pas à “pacifier” la région. Même s’il remporte rapidement des victoires sanglantes, il ne sera pas en mesure de faire respecter son règne sans violence supplémentaire. Les unités kurdes continueront à se battre par des opérations de guérilla, comme à Afrin.

    La zone de guerre va s’étendre avec l’augmentation de la résistance dans le sud-est de la Turquie, au nord de l’Irak et au nord de la Syrie. Plus longtemps durera l’opposition à l’invasion et les combats de guérilla, plus cela aura un impact sur le conflit kurde en Turquie. L’équilibre du pouvoir nouvellement perturbé en Syrie va gagner en confusion. En exposant les raisons du retrait de ses troupes, le gouvernement américain a déclaré qu’elles n’y sont plus nécessaires puisque que le califat de “l’Etat islamique” a été vaincu. Mais Daesh a été écrasé au sol par les unités kurdes. Des milliers de militants islamistes et leurs proches se trouvent actuellement dans des camps d’internement kurdes. L’invasion turque les libérera.

    Une défaite des forces kurdes créera instantanément un vide que les forces islamistes réactionnaires pourront combler. Par le passé, le régime d’Erdogan a utilisé les forces de Daesh pour terroriser la population. Aujourd’hui, des milices islamistes sont déployées à Afrin en tant que forces terrestres sous contrôle de l’armée turque. Mais qu’Erdogan s’appuie directement sur les islamistes ou tente de les garder sous contrôle, dans les deux cas, ils se regrouperont dans le but commun de détruire le Kurdistan.

    Si la Turquie tient sa promesse de réinstaller de nombreux réfugiés syriens – pour la plupart d’origine arabe – de Turquie dans les régions kurdes, cela préparera le terrain pour de nouvelles explosions ethniques et des massacres. Ces victimes de la guerre se verront offrir un nouveau “chez-soi” dont d’autres doivent d’abord être expulsées. Cela ouvrirait la voie aux milices islamistes et aux gangsters de toutes sortes pour prendre le contrôle de la redistribution des zones d’influence et des routes commerciales. Sur cette base, Daesh ou une organisation du même genre pourrait même être en mesure de relancer une offensive contre le régime d’Assad.

    Parallèlement, on ne peut exclure que le régime d’Assad exploite l’invasion turque et utilise ses troupes contre la région kurde pour faire d’une pierre deux coups : accélérer la chute de l’autonomie gouvernementale kurde tout en faisant en sorte que les combattants islamistes capturés par les Kurdes soient écartés de l’équation en les massacrant ou les emprisonnant.

    Les dirigeants européens sont également impliqués

    Il y a quelques jours, le président fédéral allemand Steinmeier s’est rendu en Turquie. Bien qu’il ait probablement exprimé ses “préoccupations” ou ses “inquiétudes” au sujet de l’invasion turque du nord de la Syrie, il n’a pas essayé de stopper Erdogan ni menacé de prendre des mesures quelconques. Le gouvernement fédéral a également donné son feu vert en proférant des avertissements publics mais impuissants. Les unités turques qui envahissent Rojava le font avec l’aide de la technologie allemande, avec des chars, des camions et des armes automatiques produits sous licence. Les avions allemands Tornado pilotés par les pilotes de l’armée de l’air allemande opèrent à partir de l’aéroport militaire turc d’Incirlik jusqu’à 2017. Ils surveillaient la situation dans la zone frontalière et leurs renseignements étaient recueillis pour être utilisés “contre d’autres acteurs”, “contre l’Etat islamique” et “contre le terrorisme”. La Turquie est évidemment un partenaire de l’OTAN.

    Bien que les Kurdes vivant en Europe protestent activement contre les attaques contre leur région, ils constatent souvent qu’ils ne bénéficient pas d’un soutien plus large, contre le régime d’Erdogan par exemple. Mais il est possible d’élargir les manifestations en soulignant l’implication des puissances européennes et des entreprises d’armement européennes et en assurant que la population se rende compte du profit tiré de la mort en Syrie. Si les courageuses organisations kurdes prêtes à se mobiliser en Europe lançaient un appel aux organisations de gauche, aux syndicats et aux mouvements sociaux, elles pourraient obtenir un très large soutien.

    Pendant la bataille de Kobane en 2014/15, bien que les unités kurdes du YPG et du YPJ aient été très motivées et déterminées, le soutien aérien américain a été essentiel pour assurer leur succès. En coopérant ainsi avec l’impérialisme américain, le mouvement kurde a acquis un avantage tactique, mais il s’est retrouvé dans une impasse stratégique. Cette coopération s’est effectuée au prix d’une partie de son plus grand atout, sa position de principe en faveur d’une Syrie multiethnique, multireligieuse et démocratique, renonçant aux gains territoriaux et à l’oppression.

    La réponse des Etats-Unis

    La déclaration de Trump concernant le retrait des troupes américaines fut un choc, non seulement pour le peuple kurde, mais aussi aux Etats-Unis, jusqu’au sein du Parti républicain. Des commentateurs décrivent cette mesure comme un cadeau à la Russie et à l’Iran, car cela renforcera leur alliance avec Assad. Certains affirment qu’une partie de la direction kurde attend de la Russie qu’elle négocie un accord avec Assad, ce qui signifierait le sacrifice de l’autonomie kurde pour mettre un terme à l’avancée turque.

    Mais ni les puissances régionales, ni les impérialistes américains ni la Russie de Poutine ne peuvent être de véritables alliés. Pour l’impérialisme américain, l’alliance avec les Kurdes n’était qu’une mesure tactique et non stratégique. Il était évident que, tôt ou tard, le soutien aux unités du YPG/YPJ serait abandonné pour servir les intérêts primordiaux et à long terme de l’impérialisme américain. En fin de compte, les Kurdes ne peuvent garantir leurs droits démocratiques qu’en luttant en alliance avec les opprimés et les exploités des autres nations de la région pour leurs intérêts communs et surtout contre les puissances capitalistes qui ne sont pas prêtes à garantir leurs droits politiques et économiques.

    Les années de conflit sectaire et de guerre ont grandement élargi les fractures nationales et religieuses. Il est nécessaire de commencer le travail très difficile – et parfois politiquement délicat – de surmonter ces divisions et de construire une force véritablement multiethnique dans la région.

    La marche commune pour la conquête de la ville sunnite de Raqqa par les YPG et les forces américaines n’a pas contribué à faire avancer cette tâche stratégique essentielle, elle a repoussé le mouvement kurde. D’un point de vue militaire, on pourrait peut-être soutenir qu’il était nécessaire de prendre le contrôle de certaines zones habitées par des Arabes pour créer une zone défensive autour de Rojava. Mais Raqqa, ville arabe nettement sunnite, est loin des zones de peuplement kurde. Une partie de la population y a salué la fin du terrorisme de Daesh, ce qui aurait pu jeter les bases d’une certaine unité avec la population kurde. Au lieu de cela, de nombreux civils sont morts pendant le bombardement de la ville par les États-Unis. De nouvelles blessures ont été faites, de nouvelles haines ont été semées. Il y a maintenant le danger que, contrairement à 2014, les unités du YPG et du YPJ ne soient pas considérées comme une force de libération, mais simplement comme une milice ethnique parmi les autres de la guerre syrienne, une milice prête à s’allier à d’autres forces en fonction de ses intérêts propres et, ce faisant, à prendre une part de la responsabilité de la mort et du terrorisme qui ravage le pays.

    La situation au Moyen-Orient ne peut changer qu’avec la construction d’un mouvement multiethnique et socialiste des opprimés de tous les pays. Le mouvement kurde peut jouer un rôle de premier plan à cet égard, en raison de sa situation géographique, de ses racines socialistes et de sa politique actuelle contre les divisions ethniques et pour l’autonomie démocratique égalitaire. Mais il a besoin d’une stratégie consciente pour trouver un écho parmi les travailleurs et les paysans turcs, arabes et iraniens. Il a besoin d’un programme qui promeuve l’unité des travailleurs et des opprimés. Pour cela, il doit être totalement indépendant de la classe capitaliste et rejeter toute alliance avec les bandits criminels des élites dirigeantes.

    Au moment-même où l’invasion turque se déroule, d’autres événements prennent place dans la région, comme les manifestations sociales de masse en Irak ou encore la grève des enseignants en Jordanie. Ces mobilisations montrent la voie vers une perspective différente pour la région. Le mouvement kurde devrait se pencher sur sa propre expérience, sur la manière dont les femmes ont lutté, sur sa défense de l’environnement et sur son soutien à la démocratie directe – et regarder au-delà de l’horizon kurde. Il doit être clairement accepté qu’il ne saurait y avoir de progrès sur base capitaliste au Moyen-Orient. La seule issue, c’est la lutte de classe commune par-delà les frontières nationales et religieuses, la lutte commune pour le renversement de tous les régimes et pour une fédération socialiste volontaire et démocratique du Moyen-Orient.

  • Comment éviter que la rhétorique martiale et la surenchère militaire ne conduisent à une confrontation directe entre grandes puissances ?

    Avril 2018 – Donald Trump: “Tiens-toi prête, Russie, car ils [les missiles] arrivent, beaux, nouveaux et intelligents!”
    Avril 1954 – Dwight Eisenhower: “Dites-moi comment tout cela va finir”

    Cela fait un an à peine que Donald Trump a été élu président des Etats-Unis mais cela ne l’a pas empêché, par deux fois déjà, d’effrayer le monde entier. En août 2017 en menaçant ‘‘l’homme aux missiles’’ nord-coréen Kim Jong-un avec ‘‘son plus grand et plus puissant bouton nucléaire’’ et une nouvelle fois en avril 2018 en avertissant la Russie que ses missiles ‘‘beaux, nouveaux et intelligents’’ arrivaient. Les grandes puissances ne sont pas tentées par une confrontation directe, l’enjeu est bien trop grand et il manque un soutien social pour pareille aventure. Il n’empêche que la tension monte, que les conflits locaux augmentent et les ripostes aussi. La seule manière de s’opposer à cela est de construire un mouvement anti-guerre international puissant.

    Par Eric Byl

    Les leaders occidentaux sont conscients du potentiel d’un tel mouvement. Ils se souviennent encore des mobilisations de masse à l’échelle mondiale contre la guerre en Irak en 2003. Cela n’a pas stoppé la guerre. Mais, nous sommes 15 ans plus tard. La démocratisation promise du pays n’est pas venue et le pays nage toujours en plein chaos, tout comme la Somalie (attaquée en 1993), l’Afghanistan (2001) et la Libye (2011). Avec cela à l’esprit, ils ont essayé de diaboliser leurs opposants dans l’opinion publique. Il faut dire que cela aide que Kim Jong-un soit un dictateur et Assad un meurtrier brutal.

    Trump, Macron et May ont vendu le tir de 105 missiles sur trois objectifs à proximité de Homs et Damas le 14 avril dernier comme des représailles suite à une attaque aux gaz toxiques la semaine précédente à Douma. Ils accusent les troupes d’Assad et voulaient, avec ces représailles, faire passer le message que l’utilisation d’armes chimiques est la ligne rouge à ne pas franchir. Ils se sont gardés de faire des victimes et surtout pas des russes. Ils prétendent avoir détruit un laboratoire où d’éventuelles armes chimiques sont développées, un bunker et un dépôt d’armes chimiques.

    Assad a déjà prouvé qu’il n’était pas très regardant quant à une attaque aux gaz toxiques. Mais il est clair aussi que les Etats-Unis, la France et le Royaume pratiquent le ‘‘deux poids, deux mesures’’. Les Etats-Unis ont eux-mêmes utilisé du phosphore blanc à Mossoul et Raqqa lors des combats contre l’Etat islamique. L’Arabie Saoudite, leur alliée, s’est livrée à un bain de sang au Yémen et a affamé la population. Au conseil de sécurité des Nations Unies, les Etats-Unis ont bloqué une condamnation pour l’implication de tireurs d’élite israéliens contre des Palestiniens désarmés à Gaza.

    Assad et ses alliés russes prétendent que les rebelles ont lancé l’attaque aux gaz toxiques. Ce ne serait pas leur premier mensonge. Mais les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ne sont pas trop émus face aux fake news eux non plus. Nous nous souvenons de l’indignation face aux troupes de Saddam Hussein qui, en 1990, lors de leur occupation du Qatar, avaient pillé une maternité. Bush Sr. s’était servi de ce prétexte, en 1991, pour lancer l’opération Tempête du Désert en Irak. Par la suite, il s’est avéré qu’il s’agissait d’une mise en scène. Est-ce à nouveau le cas ? Nous n’en savons rien. Etant donné que Douma était presque reprise, il aurait été vraiment stupide de la part d’Assad d’utiliser des armes chimiques.

    La guerre n’est qu’un prolongement de la politique par d’autres moyens

    La tentation peut être grande de déclarer la guerre en se servant de politiciens fous et sanguinaires. En réalité, la guerre est la continuité de la politique par d’autres moyens, un reflet des intérêts nationaux et des contradictions de classes tant au niveau national qu’international. Cela peut donner l’impression que les politiciens saisis de démence ou incapables de faire leur job sont remplacés par d’autres ‘‘plus appropriés’’.

    La grande récession de 2007-2009 a mené, au niveau mondial, à une énorme offensive des capitalistes contre les conditions de vie et de travail des travailleurs et des jeunes. Après un moment de paralysie, de grands mouvements sociaux ont ensuite émergé dans différents pays. Le mécontentement face à la catastrophe sociale a mené en Tunisie à la révolution du jasmin en 2011. Cela a provoqué une onde de révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient. Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte ont été forcés d’abdiquer. Le mouvement ouvrier ne disposait malheureusement pas d’un parti révolutionnaire prêt à pousser ces révolutions vers le socialisme, ce qui a permis aux anciens régimes de se restaurer après un certain temps.

    Contrairement à Moubarak et Ben Ali, Khadafi et Assad disposaient du soutien d’une petite minorité armée jusqu’aux dents, suffisante pour faire s’enliser ces révolutions dans une guerre civile. La Libye a été bombardée par l’OTAN et livrée à des chefs militaires rivaux. Il se serait passé la même chose en Syrie si la Russie, l’Iran et le Hesbollah n’avaient pas maintenu Assad en selle. La Russie veut ainsi maintenir son dernier allié au Moyen Orient et prouver qu’elle reste une puissance militaire malgré sa faiblesse économique. L’Iran veut un corridor de Téhéran à Damas. Le Hesbollah espère se renforcer avec la proximité de son allié iranien.

    Pour les régimes sunnites autour de l’Arabie Saoudite, le renforcement de l’Iran est inacceptable, ce qui explique aussi la guerre contre les houthis au Yémen, eux aussi chiites. Un Iran plus fort ne fait pas les affaires de Netanyahu en Israël non plus. Cela lui permet, en outre, de détourner l’attention du scandale de corruption dans lequel il est impliqué. L’affaiblissement d’Assad a servi à Erdogan qui a joué un rôle ambigu dans le conflit contre l’Etat islamique. Tant que l’Etat islamique représentait un danger, les rivalités impérialistes restaient à l’arrière-plan. Même les Kurdes ont été impliqués, dans leur cas comme chair à canon.

    La fin de Daesh ne conduit pas à la paix

    Maintenant que l’ennemi commun est chassé, toutes les parties impliquées ont essayé de garantir leurs intérêts. Assad en reprenant autant de territoire possible pour devenir incontournable, avec le soutien de la Russie et de l’Iran. La Turquie en négociant le champ libre avec la Russie et Assad pour régler leur compte aux Kurdes du Rojava. Mais la France et le Royaume-Uni, anciennes puissances coloniales de la région, et l’impérialisme américain, qui a perdu en influence au Moyen Orient après la guerre en Irak, ne veulent pas non plus être en reste. Ceci aussi explique la pluie de missiles du 14 avril. De plus, tant Trump que May et Macron peuvent utiliser cet événement de politique extérieure comme diversion face aux problèmes internes dans leur pays respectif.

    Ceux qui estiment qu’une période de paix allait débuter après l’Etat islamique se trompent. Sur base capitaliste, il n’existe aucune issue à l’impasse dans la région. La population syrienne est paralysée par la contre-révolution et la guerre. Mais des pays tels que l’Iran, la Turquie et l’Egypte comptent une puissante classe ouvrière. Avec les pauvres et les opprimés de la région et le soutien indispensable du mouvement anti-guerre dans les pays occidentaux, cette force pourrait offrir une issue au cauchemar en Syrie et dans tout le Moyen Orient grâce à un programme socialiste démocratique.

  • Contre le bombardement de la Syrie, construire un mouvement anti-guerre de masse

    L’administration de Donald Trump se prépare à une autre série de frappes de missiles contre des cibles du régime syrien. Cela pourrait déclencher une chaîne explosive d’événements et conduire à une conflagration militaire plus grave entre grandes puissances internationales et régionales au Moyen-Orient. Moscou a répondu aux menaces ouvertes de Trump en disant que la Russie ciblerait les unités américaines impliquées dans toute attaque sur le sol syrien.

    Par Serge Jordan, Comité pour une Internationale Ouvrière

    Trump et la première ministre britannique, Theresa May, traversent une période de turbulences politiques et ont besoin de détourner l’attention des malheurs de leurs administrations. En Grande-Bretagne, il a été très commode pour May que l’attaque chimique présumée, sans preuve concrète, ait eu lieu pendant la période précédant cette crise. Aux côtés de la France, où le président Emmanuel Macron est aux prises avec une nouvelle vague d’action de la classe ouvrière, et de l’Arabie saoudite, qui a offert des facilités pour soutenir les trois autres, tous sont en train de renforcer leur rhétorique et de bander leurs muscles contre le régime d’Assad et ses partisans au Kremlin. A cette fin, ils utilisent cyniquement le prétexte d’une prétendue attaque chimique à Douma, la principale ville de la Ghouta orientale dans la banlieue de Damas.

    Cette attaque odieuse, qui aurait tué des dizaines de personnes, est imputée – sans aucune preuve à ce jour – au régime de Bachar el-Assad et à ses bailleurs de fonds étrangers. Certes, le régime d’Assad a défendu son pouvoir corrompu au fil des ans à travers des fleuves de sang versés par des innocents. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge, NDT) ne donne pas le moindre soutien à ce régime réactionnaire brutal, ni à ses mécènes russes et iraniens. Mais pourquoi l’armée syrienne lancerait-elle une attaque chimique maintenant, ce qui provoquerait la colère des puissances impérialistes occidentales ? Bien que ce ne soit pas à exclure, la logique tactique qui sous-tend une telle décision n’est pas évidente. La victoire militaire à la Ghouta orientale était en effet à la portée du régime, ancrant l’emprise d’Assad sur la plupart des centres urbains syriens. Certains commentateurs ont émis l’hypothèse que cette attaque récente aurait pu être initiée par les forces djihadistes “rebelles” afin d’entraîner l’impérialisme américain plus profondément dans le conflit.

    Indépendamment de la responsabilité de cette attaque, son instrumentalisation comme excuse pour une autre intervention impérialiste au Moyen-Orient doit être rejetée et il faut s’y opposer. Quinze ans après l’invasion et l’occupation de l’Irak, des millions de personnes se souviennent encore des mensonges des politiciens au pouvoir et de leurs amis des médias pro-establishment et pro-capitalistes de l’époque pour justifier cette guerre calamiteuse. De façon compréhensible, nombreux sont donc ceux qui ne sont pas prêts à avaler sans critique la version officielle des événements présentée aujourd’hui par les gouvernements occidentaux et les médias dominants. Les autres interventions occidentales en Afghanistan et en Libye ont également représenté une catastrophe pour les populations de la région. Elles n’ont fait qu’aggraver la crise.

    La guerre en Irak a précipité le déclin de l’impérialisme américain au Moyen-Orient ; la guerre en cours en Syrie l’a davantage exposé, offrant à la Russie et à l’Iran un espace ouvert pour étendre leur influence régionale. Ceci, combiné à l’évolution de l’administration de Trump vers un soutien plus direct et plus ouvert des ennemis jurés de l’Iran, Israël et l’Arabie Saoudite, a amené les tensions régionales à un niveau très élevé.

    Les tensions dans la région entre les principales puissances, maintenues précairement sous contrôle pendant la lutte contre Daesh, sont maintenant revenues au premier plan avec une intensité renouvelée, car le proto-Etat de Daesh s’est pratiquement effondré. Les développements récents ont vu une escalade dans les escarmouches militaires “interétatiques” sur le territoire syrien, avec un engagement militaire plus profond de la part d’Israël, de la Turquie, de l’Iran et d’autres pays.

    Les frappes aériennes de Trump sont susceptibles d’être une démonstration de force de durée limitée, à l’instar de ce qui s’est produit en avril 2017 lorsque la marine américaine a tiré 59 missiles de croisière Tomahawk sur une base aérienne syrienne. D’autres options, comme une guerre totale pour un “changement de régime”, risqueraient non seulement d’entraîner toute la région dans les flammes d’une guerre majeure, mais aussi de hâter des convulsions politiques et sociales majeures dans les capitales occidentales et à travers le monde. Mais la guerre a sa propre logique, et de nouvelles frappes aériennes américaines dans une telle situation combustible pourraient avoir des conséquences involontaires.

    Hypocrisie

    Alors que les tensions inter-impérialistes augmentent au Moyen-Orient et dans le monde entier, l’hypocrisie et les doubles standards des classes dirigeantes atteignent également des proportions stupéfiantes. Accusant Assad de “mépris pour les vies humaines”, Trump, May et Macron ont récemment déroulé le tapis rouge pour le prince héritier Mohammed Bin Salman, l’architecte en chef du carnage et de la famine délibérée du Yémen, qui tue un enfant toutes les dix minutes en moyenne ! Tous sont allés jusqu’à féliciter le boucher contre-révolutionnaire al-Sissi pour sa récente ” réélection ” farfelue en Égypte ; tous ont donné un laissez-passer de facto à l’opération de nettoyage ethnique du président turc Erdogan à Afrin, ainsi qu’aux tireurs d’élite israéliens qui ont abattu librement des Palestiniens non armés à Gaza – l’impérialisme américain opposant son veto à une condamnation du Conseil de sécurité de l’ONU.

    Aucun des commentateurs scandalisés par l’utilisation d’armes chimiques qui justifient une nouvelle agression militaire en Syrie n’a levé de sourcils lorsque, l’année dernière, l’armée américaine a utilisé du phosphore blanc dans des zones fortement peuplées de Mossoul et de Raqqa dans la lutte contre Daesh. Des centaines de civils pouvaient alors apparemment périr et leurs villes être détruites au nom de la “guerre contre le terrorisme”. La même logique a été utilisée par les partisans d’Assad et de Poutine pour tenter de rationaliser les sièges meurtriers et les bombardements brutaux des populations civiles vivant dans les zones de la Syrie détenues par des groupes rebelles armés, dont la plupart sont à tendance islamiste-fondamentaliste, comme les salafistes de “Jaysh al-Islam” qui avaient jusqu’à récemment le contrôle de la Ghouta orientale.

    En réalité, le déchaînement meurtrier d’Assad et de ses alliés – à l’instar des meurtres de civils qui accompagne la “libération” impérialiste occidentale des zones contrôlées par Daesh – combiné à la pauvreté de masse et à l’aliénation de millions de personnes sont susceptibles d’agir comme agents de recrutement pour de futurs groupes armés sunnites extrémistes – à moins qu’ils ne soient contestés par une véritable alternative. Parallèlement, les actions d’impitoyables gangs armés de type salafiste et djihadiste ont aidé Assad à maintenir – par la peur – le contrôle sur des portions importantes de la population. Une nouvelle série de frappes aériennes impérialistes aurait le même effet, renforçant le discours d’Assad qui compare son régime à une forteresse assiégée par des ennemis terroristes et impérialistes intérieurs et extérieurs.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière s’oppose vigoureusement à toute attaque militaire contre la Syrie, ainsi qu’à toute intervention étrangère et à toute ingérence dans le pays. L’effusion de sang et la destruction qui se sont poursuivies presque sans relâche au cours des sept dernières années doivent être stoppées, et non pas aggravées. C’est une tâche que toutes les puissances capitalistes et impérialistes existantes impliquées dans la région – qui luttent entre elles pour le pouvoir, le prestige et le profit – se sont montrées totalement incapables de réaliser. Il ne peut tout simplement pas y avoir de solution aux horreurs auxquelles le peuple syrien est confronté sur base de ce système pourri.

    Alors que le peuple syrien supporte les coups de la contre-révolution et de la guerre, une classe ouvrière importante et puissante existe dans des pays comme l’Iran, la Turquie et l’Egypte. Une telle force – alliée aux pauvres et aux opprimés de la région ainsi qu’à un très nécessaire mouvement anti-guerre en Occident de même qu’armée de politiques socialistes démocratiques – peut montrer la voie à suivre pour sortir du cauchemar auquel sont confrontées la Syrie et le Moyen-Orient plus largement.

    • Non aux attaques de Trump sur la Syrie – retrait de toutes les forces étrangères de Syrie – non à l’ingérence de toutes les puissances extérieures dans la région.
    • Pour la construction d’un mouvement de masse international contre la guerre.
    • Pour la construction de comités de défense unitaires, multiethniques et non sectaires dans toutes les parties de la Syrie afin de défendre les travailleurs et les pauvres contre les attaques sectaires et militaires de toutes les parties.
    • Pour la construction de syndicats indépendants et de partis des travailleurs de masse, avec un programme visant à donner les terres aux masses et les entreprises aux travailleurs.
    • A bas la dictature, le capitalisme et l’impérialisme – pour l’unité des travailleurs et le socialisme.
    • Pour une confédération socialiste démocratique du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, respectant les droits de toutes les minorités.
  • Stop à l’occupation, au pillage et au nettoyage ethnique d’Afrin! Stop à l’assaut du Rojava!

    Les troupes turques et les rebelles sunnites, soutenus par la Turquie, de la prétendue Armée syrienne libre, le Front al-Nosra et autres mercenaires djihadistes ont envahi le centre d’Afrin le 18 mars dernier et ont réussi à le mettre à sac. Au cours de l’offensive de 58 jours qui a précédé, au moins 289 civils ont été tués et 150.000 habitants ont dû fuir. Le président-dictateur turc Erdogan a immédiatement annoncé qu’il poursuivrait son offensive et qu’il voulait expulser les ‘‘terroristes’’ des régions autour de Manbij, Kamychli, Kobané et Ras al-Aïn. De plus, il n’exclut pas la possibilité d’intervenir également contre les combattants kurdes dans le nord de l’Irak.

    Par Eric Byl

    Il n’est pas clair si Erdogan s’en tiendra aux accords passés avec le régime d’Assad et la Russie. L’opération ‘‘Rameau d’olivier’’, l’invasion d’Afrin, n’a été possible que parce que la Russie, qui contrôle l’espace aérien au-dessus d’Afrin, a laissé faire la Turquie. Et ceci en vertu d’un accord selon lequel la Turquie aurait le droit d’expulser les Unités de protection du peuple syro-kurdes (YPG) hors d’Afrin si elle se taisait sur l’offensive du régime d’Assad et de la Russie dans la Ghouta orientale. Cette enclave rurale dans la région de Damas est entre les mains des rebelles fondamentalistes depuis 2013. La population y est prisonnière entre la terreur des fondamentalistes et la contre-offensive des troupes de Bachar et de la Russie. Des bombes barils (engins explosifs composés d’un baril rempli d’explosifs, de gaz, de combustible et de ferraille) et des armes chimiques sont quotidiennement utilisées. Ce qui provoque de nombreuses victimes civiles.

    Compte tenu du partage du pouvoir en Syrie après l’expulsion de l’EI, l’affaiblissement des YPG arrange bien Assad. Lui-même et la Russie ne pouvaient pas tolérer le maintien des YPG car cela les aurait mis en conflit avec les États-Unis qui avaient utilisé les YPG comme forces terrestres contre l’EI. Ils ont fait le pari que la Turquie, alliée au sein de l’OTAN, s’en sortirait bien. La Maison-Blanche et les gouvernements européens ont protesté verbalement mais n’ont pas levé le petit doigt pour arrêter l’offensive turque. Jusque-là, Assad et la Russie ont soigneusement évalué la situation. Le Vice-Premier ministre turc Bekir Bozdag a annoncé que les soldats turcs quitteraient Afrin et la rendraient aux ‘‘propriétaires légitimes’’, ce qui signifie que la Turquie veut y installer ses réfugiés syriens, et donc faire d’une pierre deux coups. Cependant Erdogan annonce aussi qu’il entend par la même occasion occuper tout le Nord, ce qui a poussé la Syrie à demander, dans une lettre aux Nations Unies, que les unités turques se retirent immédiatement.

    Afrin était l’un des trois cantons autonomes du nord-ouest de la Syrie, le Rojava, principalement contrôlé par les Unités de protection du peuple syro-kurdes (YPG) depuis 2012. La région est isolée des territoires plus vastes de l’Est où les YPG gouvernent dans le cadre des Forces démocratiques syriennes (FDS). Elle est restée pendant des années en dehors du conflit syrien et était un asile pour de nombreux réfugiés. En dehors des Kurdes, la population, qui se compose aussi d’Arabes et de Turkmènes, a doublé en quelques années pour atteindre 4 à 500.000 personnes. La région et sa population sont aujourd’hui sacrifiées aux intérêts stratégiques des superpuissances locales et internationales, dont les appétits menacent toute la région.

    Le PSL a été activement impliqué dans les mouvements de solidarité avec Afrin ces derniers mois. Nous avons participé à plusieurs activités parmi lesquelles un rassemblement à la gare de Bruxelles-Central le 27 janvier, le camp d’Afrin pendant 5 jours (du 19 au 23 mars) au Parlement européen et la manifestation du 27 mars. Les militants syndicaux du PSL proposent aussi des motions de solidarité dans les assemblées syndicales et auprès de leurs centrales syndicales. La domination impérialiste et l’anéantissement des droits démocratiques et sociaux ont non seulement un effet catastrophique dans la région concernée, mais seront également utilisées pour réduire les droits des travailleurs et des jeunes partout dans le monde.

  • Manifestation contre l’OTAN et contre l’invasion et l’occupation d’Afrin

    Ce mardi 27 mars, quelque 2.000 personnes ont manifesté à Bruxelles contre l’invasion turque d’Afrin, au nord-ouest de la Syrie, et contre la complicité tacite des alliés de l’OTAN qui ne sont pas prêts à arrêter cette invasion. Le régime turc du président-dictator Erdogan veut conquérir Afrin et, en fait, l’ensemble du Rojava, la région à majorité kurde qui est autogérée. Son objectif est de renforcer sa position en Turquie sur une base nationaliste et, en même temps, d’accroître sa présence régionale. Parallèlement, Erdogan veut en finir avec l’exemple d’autonomie kurde afin que la population kurde turque ne s’en inspire pas.

    La manifestation s’est concentrée sur la catastrophe humanitaire causée par l’invasion turque. La conquête d’Afrin s’est accompagnée de nombreux morts et de milliers de réfugiés. Le risque de nettoyage ethnique et de pillage est grand. Beaucoup des personnes présentes avaient des membres de leur famille à Afrin ou étaient eux-mêmes originaires de cette région.

    Nous ne pouvons pas permettre aux victimes de cette guerre de lutter seules contre l’invasion et l’occupation d’Afrin ! Lors de la manifestation de Bruxelles, des Kurdes vivant en Belgique et dans les pays voisins ont démontré leur solidarité. On trouvait en outre parmi les manifestants des militants du Comité de solidarité Rojava, de l’ASBL pacifiste Vrede, du PSL et d’autres organisations. A la fin de la manifestation, Eric Byl a pris la parole au nom du PSL en exprimant notre solidarité avec la résistance à l’invasion d’Afrin. Il a défendu que les travailleurs et les jeunes prennent l’initiative, y compris ici et au-delà de la communauté kurde. Il a ainsi fait référence à la guerre du Vietnam, qui a conduit à un mouvement de masse aux Etats-Unis il y a 50 ans : les Etats-Unis ont perdu cette guerre non pas tant militairement, mais à cause de la pression de ce mouvement de masse dans leur propre pays. En nous organisant et en nouant des liens avec le mouvement des travailleurs ici en Belgique et ailleurs en Europe, nous pouvons poser des pas dans cette direction. Au nom de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), Emily Burns a souligné l’importance de la lutte pour les droits des femmes, un élément qui est également fortement souligné dans le Rojava.

    Reportage-photos de Mario :

    Betoging tegen NAVO en tegen Turkse inval in Afrin // Mario

    Reportage-photos de Liesbeth :

    Betoging tegen NAVO en tegen invasie in Afrin // Liesbeth

    Vidéo :

  • Action de sensibilisation en solidarité avec Afrin au Parlement européen

    La Plateforme Européenne de Solidarité avec Afrin lance une tente d’information devant le Parlement Européen à Bruxelles, afin de fournir des informations détaillées sur les crimes de guerre de la Turquie à Afrin ainsi que sur la crise humanitaire causée par les attaques turques dans l’enclave. L’action prendra place chaque jour du lundi 19 au vendredi 23 mars entre 11 et 15h.

    Par la Plateforme Européenne de Solidarité avec Afrin

    L’inauguration de la tente aura lieu à l’occasion d’une conférence de presse le lundi 19 mars à 13h, avec la participation des députés européens qui votèrent le jeudi 15 mars une résolution sur la Syrie appelant l’État turc à retirer ses forces du Nord de la Syrie.

    Les représentants de la Fédération Démocratique du Nord de la Syrie, de même que divers groupes politiques de Turquie et du Kurdistan ainsi que des organisations kurdes, assisteront à la conférence de presse.

    Tout au long des cinq jours durant lesquels la tente sera ouverte, les politiciens kurdes et les membres de notre plateforme fourniront des informations complètes et délivreront des fichiers concernant les crimes de guerre de la Turquie à Afrin de même que la crise humanitaire causée par le siège de la ville par la Turquie. Les membres de la plateforme rendront également visite au Parlement Belge et aux partis politiques, de même qu’à la société civile et aux organisations pour les droits humains.

    La situation à Afrin a atteint une étape critique alors que des centaines de milliers de civils se retrouvent sous les intenses bombardements des avions turcs, pendant que le centre d’Afrin fut privé d’eau et d’électricité une semaine durant à la suite du siège de la ville par la Turquie.

    La Plateforme Européenne de Solidarité avec Afrin, qui rassemble 94 organisations provenant de toute l’Europe, exhorte la communauté internationale, les Nations Unies et l’Union Européenne à briser leur silence vis-à-vis de l’agression turque sur Afrin, de même qu’à prendre des mesures urgentes pour arrêter cette attaque.

    Nous demandons également :

    • Nous appelons le Conseil de Sécurité des Nations Unies à se lever fermement en défense de la Résolution 2401, et à ne pas laisser le régime turc échapper à sa responsabilité concernant ses actions dans la région d’Afrin, en Syrie.
    • Nous exhortons la communauté internationale à imposer le cessez-le-feu du CSNU et à garantir la livraison d’une aide médicale et humanitaire aux civils qui en ont désespérément besoin, tant à Afrin que dans la Ghouta.
    • Nous insistons sur le besoin urgent d’implémenter une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la région d’Afrin dans le but de préserver les vies civiles et les zones résidentielles, l’infrastructure civile, les monuments importants et les artefacts culturels. Nous invitons la communauté internationale à aider à la mise en place de cette zone d’exclusion aérienne avec les troupes de maintien de la paix ou les délégations observatrices.
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