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Tag: Socialisme
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Le socialisme va-t-il à l’encontre de la nature humaine ?
Le monde est dans un état lamentable. Guerre, misère et oppression font partie du quotidien de milliards de personnes à travers le monde. 1.2 milliard de personnes luttent pour survivre sur moins de 1 dollars par jour (cet article a été écrit en 2006 et ce dernier chiffre a considérablement augmenté depuis, notamment avec la crise alimentaire mondiale, NDT). Chaque jour, plus de 16.000 enfants meurent des conséquences de la faim (rapport de l’ONU sur le développement humain, 2005). Les guerres en Irak et en Afghanistan ou encore la crise environnementale ne sont que des exemples saisissants des crises auxquelles l’humanité est confrontée.
Article de Canyon Lalama
À la racine de ces douleurs se trouve le système économique, social, et politique du capitalisme. Le capitalisme a provoqué l’essors des grandes sociétés multinationales qui sont bloquées dans un système de concurrence à couteaux tirés dans lequel les sociétés ne recherchent que les profits à court terme, la puissance, et les ressources, indépendamment du coût humain.
Les entreprises et les pays impérialistes peuvent bien dominer le monde, des millions d’opprimés et de pauvres – de l’Irak au Venezuela en passant par le Mexique – reprennent la voie de la lutte. Même aux États-Unis, le mouvement pour les droits des immigrés ou le mouvement anti-guerre ont illustré la colère énorme qui s’est accumulée à la base de la société.
La plupart de ceux qui sont impliqués dans ces luttes recherchent une alternative à la misère du capitalisme, et beaucoup, particulièrement en Amérique Latine, commencent à tourner leurs regards vers le socialisme. Cependant, on rencontre souvent des arguments selon lesquels le socialisme serait peu réaliste parce qu’il va à l’encontre de la «nature humaine». Cet article est une tentative de répondre à certaines de ces questions au sujet du socialisme.
Les gens ne sont-ils pas motivés par l’argent ? Le socialisme n’étoufferait-il pas le travail et l’innovation ?
En réalité, c’est le capitalisme qui étouffe la motivation et la créativité de la majorité de la population – la classe ouvrière. Il n’y a rien de plus démotivant que d’être forcé de répéter les mêmes gestes 8 ou 12 heures par jour juste pour payer ses factures.
Comme le socialiste américain Eugene Debs l’a déclaré : «[Les gens] ne sont pas dégoûtés du travail, mais de l’esclavage. Celui qui travaille principalement pour d’autres le fait principalement sous le fait de la contrainte, et le travail ainsi effectué est l’essence même de l’esclavage.»
Après 40 heures (ou plus) de travail aliénant par semaine et avec les autres pressions communément rencontrées dans la vie de chacun, la plupart des travailleurs n’ont pas le temps de développer leurs talents créatifs et leurs qualités. Pour rendre les choses plus mauvaises encore, sous le capitalisme, les travailleurs n’ont pas l’opportunité de développer des méthodes pour rendre le travail plus efficace et agréable. Dans une économie de marché violemment basée sur la compétition, une plus grande productivité de travail conduit généralement à des licenciements et à une plus grande exploitation de la main d’oeuvre, en envoyant les profits vers le haut et les conditions de travail et de vie des travailleurs vers le bas.
Mais si les travailleurs possédaient et contrôlaient collectivement leurs lieux de travail dans une économie socialiste démocratique plutôt que d’être sous les ordres d’un patron, les travailleurs seraient beaucoup plus motivés. Chaque nouvelle innovation signifierait moins d’heures de travail ou un niveau de vie plus élevé.
Et si tous les emplois fournissaient de bons salaires, de bonnes indemnités, et une véritable sécurité, les gens poursuivraient des carrières qu’ils apprécient plutôt que de continuer à travailler juste pour obtenir une sécurité économique, ce qui rendrait chacun bien plus productif.
Les gens ne sont-ils pas trops avides et égoïstes pour que le socialisme puisse fonctionner ?
Il y a une différence notable entre l’égoïsme et l’intérêt. Il n’y a absolument aucun doute à avoir sur le fait que les êtres humains cherchent à défendre leurs intérêts, la lutte pour le socialisme est d’ailleurs complètement en conformité avec cette tendance. Les socialistes luttent pour obtenir un salaire minimum pour tous, pour un programme public et gratuit de santé publique, pour un enseignement public gratuit, pour des logements abordables et de qualité pour chacun et pour d’autres programmes qui élèveraient nettement le niveau de vie de la grande majorité de la population.
Comme l’histoire du mouvement ouvrier l’a démontré, les travailleurs ont plus de capacités à augmenter leur niveau de vie en luttant collectivement plutôt qu’en essayant désespérément de réussir individuellement dans un système qui est dirigé contre eux.
De façon assez ironique, ce sont les mêmes idéologues pro-capitalistes qui prêchent que les gens sont trop ”avide“ pour le socialisme qui se tournent vers les travailleurs en leur demandant de se «serrer la ceinture pour le bien commun» à chaque fois qu’ils veulent attaquer les salaires ou les programmes sociaux.
Mais l’intérêt personnel n’est pas la seule chose qui nous guide. Il suffit pour le constater de jetez un bref coup d’oeil à la quantité de bénévoles. Selon le bureau des statistiques de travail des USA, approximativement 65 millions d’Américains ont été bénévoles d’une manière ou d’une autre en 2005.
Après l’ouragan Katrina, toujours aux USA, la population à travers le pays ont donné 4,25 milliards de dollars pour aider les victimes, tandis que les sociétés ont donné la somme pitoyable de 400 millions de dollars (Charity Navigator, 08/08/06). Ces données illustrent les énormes sacrifices et la solidarité dont est capable la classe ouvrière.
Le socialisme n’aboutira-t-il pas à une dictature bureaucratique comme en Russie ?
Les monstrueuses dictatures bureaucratiques en Russie, en Chine, en Europe de l’Est et ailleurs étaient une négation complète du véritable socialisme démocratique. Mais il est crucial que les socialistes d’aujourd’hui étudient l’expérience de la Révolution russe afin d’expliquer les raisons derrière sa dégénérescence bureaucratique, qui trouvent ses racines dans des conditions historiques spécifiques et non dans la nature humaine.
La Révolution russe de 1917 a constitué la première fois où la classe ouvrière a renversé le capitalisme et a commencé à établir une nouvelle société socialiste. L’Union Soviétique des premiers temps était le gouvernement le plus démocratique que le monde avait jamais connu: les ouvriers et les paysans ont dirigé la société démocratiquement par l’intermédiaire des conseils ouvriers (c’est-à-dire, en russe, des soviets). C’est le premier Etat au monde à avoir donné aux femmes la totalité des droits légaux, comme le droit de vote et le droit d’avorter. L’Union Soviétique avait aussi légalisé l’homosexualité.
Les dirigeants Bolcheviks Lénine et Trotsky, ont toujours expliqués qu’il était impossible de construire le socialisme dans un seul pays, et plus particulièrement dans les conditions semi-féodales de la Russie de l’époque. Pour eux, la Révolution russe ne pouvait arriver à survivre que si elle parvenait à s’étendre aux puissants pays capitalistes d’Europe occidentale.
Les principales puissances impérialistes ont elles-mêmes reconnus que la Révolution russe n’était pas une affaire purement locale, mais que le capitalisme était menacé internationalement. Elles ont donc participé à une sanglante guerre civile du côté des capitalistes et des propriétaires terriens russes, afin de renverser le nouveau gouvernement soviétique. 21 pays, y compris les États-Unis, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, ont envahi la Russie pour soutenir la contre-révolution.
Dans la victoire des Bolcheviks au cours de la guerre civile, la vague de révolutions dans toute l’Europe et le monde a été décisive. La Révolution russe et l’appel des Bolcheviks aux travailleurs du monde entier pour qu’ils se soulèvent contre la Première Guerre Mondiale avait mis le feu aux poudres. Les soulèvements révolutionnaires en Allemagne et à travers l’Europe ont conduit la guerre à sa fin et ont forcé la classe dirigeante internationalement à retirer ses troupes hors de Russie afin d’éviter d’autres bouleversements dans les pays capitalistes.
Malheureusement, ces révolutions n’ont pas réussi à renverser le capitalisme. A la différence de la Russie, il n’existait aucun parti révolutionnaire de masse disposé à mener les révolutions jusqu’à leur terme. Au lieu de cela, les partis ouvriers de masse en Europe ont été dominés par les dirigeants réformistes qui ont joué un rôle décisif pour sauver l’économie capitaliste.
Ainsi, alors que l’Union Soviétique a réussi à défaire la contre-révolution, la jeune république Soviétique est restée dans l’isolement. La sanglante guerre civile avait laissé le pays dans un état de désordre gigantesque avec des masses épuisées, au chômage et affamées. Cela a constitué la base pour l’accession au pouvoir d’une caste bureaucratique et conservatrice. La bureaucratie, groupée autour de Staline, a concentré le pouvoir dans ses mains dans les années ’20 et ’30 et a démoli les droits démocratiques que la classe ouvrière russe avait réussi à obtenir.
Les nombreuses révolutions qui, plus tard, ont pris place dans le monde néocolonial et en Europe ont malheureusement regardé la Russie comme un exemple à suivre, et le gouvernement bureaucratique soviétique a pu exporter son modèle stalinien vers la Chine, Europe de l’Est, et ailleurs.
Le capitalisme est-il dans la nature de l’homme?
La classe dirigeante aimerait nous faire croire que le capitalisme ou la société de classes est le résultat inévitable de la nature humaine. Alors que la biologie détermine certains aspects de notre comportement, la nature humaine n’est pas une chose permanente et invariable tombée du ciel comme par magie. La manière dont nous agissons et dont les relations se construisent entre les hommes et avec le monde se développe en réponse aux conditions matérielles changeantes de la société et de notre relation avec la planète.
Pendant des millions d’années, les gens ont vécu dans des sociétés égalitaires et nomades de chasseur-cueilleurs. La nourriture et ce qui était nécessaire à la survie étaient également partagés dans toute la société. Ce n’est qu’après la révolution agricole, quand les tribus nomades se sont sédentarisées pour cultiver, qu’un excédent de richesse a pu se développer, ce qui a permis à une classe dirigeante de surgir pour la première fois dans l’histoire.
Diverses classes dirigeantes ont depuis lors proclamé que c’était ”dans la nature humaine“ qu’une personne en possède une autre comme esclave, ou qu’il y ait un monarque nommé par Dieu pour diriger au-dessus de tous.
En utilisant la technologie moderne pour pourvoir aux besoins de chacun, le socialisme créerait la base matérielle pour que la culture humaine change de la manière la plus fondamentale. Au lieu d’une société qui récompense le plus vicieux et cupide, une société socialiste développerait une nouvelle culture basée sur l’égalité et la justice.
Les décisions seraient prises démocratiquement et non pas en élisant un riche ou l’autre tous les quatre ans. Les travailleurs prendraient des décisions eux-mêmes avec des réunions de masse et des élections directes. Les élus, comme les directeurs et les représentants publics, seraient immédiatement révocables et payé au salaire moyen des personnes qu’ils représentent.
La semaine de travail serait réduite, le travail disponible partagé avec les chômeurs sans perte de salaire, et les besoins fondamentaux de chacun seraient assurés, ce qui libèrerait les femmes et les hommes pour prendre le contrôle de leurs vies et pour poursuivre toutes formes d’efforts créateurs et intellectuels, en ouvrant enfin la porte au potentiel créateur de toute l’humanité.
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Capitalisme en crise : socialisme ou barbarie !
Chaque jour, le capitalisme démontre l’ampleur de sa faillite : extrême pauvreté, guerres, famine, destruction de l’environnement,… Nous refusons ce constat, nous opposons résolument au capitalisme et luttons pour une société socialiste démocratique. Dans ce cadre, notre réflexion et nos actions sont basées sur le marxisme. Ce dossier vous présente nos critiques contre le capitalisme ainsi qu’un petit aperçu de ce qu’est notre vision du socialisme. Ce texte est largement basé sur le livre «Le socialisme au 21e siècle» de notre camarade britannique Hannah Sell.
Qu’est-ce que le capitalisme?
En 300 ans d’existence, le capitalisme a changé la face du monde à coups de voies ferrées, de lignes électriques, d’avions, d’ordinateurs,… Au cours du dernier siècle seulement, l’économie mondiale est devenue 17 fois plus grande !
Cependant, malgré les capacités technologiques actuelles, malgré tout le potentiel aujourd’hui présent, 1,2 milliard de personnes n’ont aucun accès à l’eau potable, 841 millions de personnes sont sous-alimentées et jusqu’à 28 millions d’Africains sont infectés par le virus du SIDA. Alors que le capitalisme consacre des milliards d’euros au bombardement d’une population pauvre comme celle d’Afghanistan, au même moment, ce système n’a aucune solution pour la pauvreté, la faim ou les maladies. En fait, le capitalisme est même une menace pour l’avenir de la planète. L’avidité conduit à une production aveugle qui ne tient aucun compte de l’homme ou de l’environnement.
Les forces productives ont amplement été développées, mais elles ne sont pas systématiquement utilisées. Seul compte le profit à court terme. De leur côté, les gouvernements et les politiciens traditionnels sont au service des intérêts du capital et c’est à cet objectif que l’appareil d’Etat ou le pouvoir judiciaire est utilisé. Le capitalisme est soi-disant un ‘‘marché libre’’ et une ‘‘démocratie’’ mais quelle participation démocratique avons-nous concernant la manière de produire ? Des milliards de personnes à travers le monde n’ont que la liberté d’être exploités ou de connaître la misère et la guerre.
Qu’est-ce que le socialisme ?
Une société socialiste assimilerait l’énorme potentiel des talents de chacun et de la technologie pour édifier une société et une économie au service des besoins de tous. Cela ne signifie pas que tous les problèmes seraient immédiatement résolus, loin de là, mais la suppression du profit marquerait le début de la construction d’une nouvelle société, ce qui n’est possible qu’à l’échelle internationale.
Les marxistes sont en faveur d’une économie démocratiquement planifiée, une économie où les grandes entreprises qui dominent aujourd’hui plus de 80% de l’économie seraient mises sous le contrôle démocratique de la collectivité, ce que nous appelons le contrôle ouvrier. Cela ne signifie toutefois pas que tous les petits commerces, les boulangeries, les boucheries,… seraient nationalisés.
Un régime socialiste nous permettrait d’avoir bien plus à dire que sous la ‘‘démocratie’’ parlementaire capitaliste, qui ne nous accorde que des élections fort médiatisées après quelques années, tout ça pour élire des représentants qui ne défendent pas nos intérêts et qui ne doivent en rien se justifier auprès de leurs électeurs. Pour les marxistes, tout le monde doit pouvoir participer au processus de prise de décision quant à la manière dont sont gérées l’économie et la société.
Les élus devraient toujours avoir à se justifier et être révocables, à tous niveaux, par leurs électeurs. De plus, les représentants ne toucheraient que le salaire moyen d’un travailleur, afin de garder un lien concret avec le quotidien de la majorité de la population. Un parlementaire marxiste (comme notre camarade irlandais Joe Higgins au Parlement Européen) ne gagnerait ainsi que l’équivalent du salaire moyen d’un travailleur.
Les marxistes luttent pour la démocratie des travailleurs, ce qui implique que toute la collectivité travaillerait ensemble à la planification de la production. A tous les niveaux, sur les lieux de travail et dans les quartiers, des comités de représentants seraient organisés, sur les plans régionaux et nationaux, sous le contrôle d’assemblées générales de base. Chacun aurait ainsi la possibilité de réellement participer aux décisions et à la gestion de la société.
Le capitalisme a développé plusieurs outils pour nous faciliter cette tâche, comme l’enseignement, qui fournit un niveau supérieur d’éducation, ou encore les nouvelles technologies, qui rendent la communication beaucoup plus facile et potentiellement bien plus accessible. La planification de l’économie n’est pas une utopie, les grandes entreprises et les multinationales fonctionnent d’ailleurs sur base d’une planification de leurs activités à grande échelle. Mais porter cela au niveau de la société signifie de s’attaquer à leur propriété.
Le socialisme va bien au-delà du simple partage des richesses. Il s’agit également de décider de ce qui est produit et de quelle manière. Nous voulons immédiatement en finir avec le gaspillage consacré à des industries comme celle de la publicité. Nous voulons répartir le travail disponible au lieu de demander à une couche de travailleurs de travailler plus dur et plus longtemps alors qu’une autre couche (y compris beaucoup de jeunes) est au chômage.
Mais aujourd’hui, dans le cadre d’une société où le profit est sacré et où l’humanité souffre sous ses diktats, il n’est pas possible de donner une vue complète de ce que sera une société socialiste. Nous ne pouvons que donner un léger aperçu en mettant en lumière les conditions qui permettront au potentiel existant d’être utilisé dans l’intérêt de la majorité de la population.
Le socialisme n’aboutira-t-il pas à une dictature bureaucratique comme en Russie ?
Les monstrueuses dictatures bureaucratiques et sanglantes de Russie, de Chine, d’Europe de l’Est et d’ailleurs étaient une négation totale du véritable socialisme démocratique. Mais il est fondamental que les marxistes d’aujourd’hui étudient l’expérience de la Révolution russe afin d’expliquer les raisons qui ont conduit à sa dégénérescence bureaucratique. En fait, ce processus trouve ses racines dans des conditions historiques spécifiques et non dans la nature humaine.
La Révolution russe de 1917 a constitué la première fois où la classe ouvrière a renversé le capitalisme et a commencé à instaurer une nouvelle société socialiste. L’Union Soviétique des premiers temps était le gouvernement le plus démocratique que le monde ait jamais connu: ouvriers et paysans dirigeaient la société démocratiquement par l’intermédiaire de conseils ouvriers (c’est-à-dire, en russe, des soviets). C’est le premier Etat au monde à avoir donné aux femmes la totalité des droits légaux, comme le droit de vote et celui d’avorter. L’Union Soviétique avait aussi légalisé l’homosexualité.
Les dirigeants bolcheviks Lénine et Trotsky, ont toujours expliqué qu’il était impossible d’instaurer le socialisme dans un seul pays, et plus particulièrement dans les conditions semi-féodales de la Russie de l’époque. Pour eux, la Révolution russe ne pouvait parvenir à survivre qu’en s’étendant aux puissants pays capitalistes d’Europe occidentale.
Les principales puissances impérialistes ont elles-mêmes reconnu que la Révolution russe n’était pas une affaire purement locale et que le capitalisme était mondialement menacé. Elles ont donc participé à une sanglante guerre civile du côté des capitalistes et des propriétaires terriens russes afin de renverser le nouveau gouvernement soviétique. 21 pays ont envahi la Russie pour soutenir la contre-révolution (États-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Belgique, Japon,… ) Pour que les bolcheviks arrivent à remporter la guerre civile (1918-1921), la vague de révolutions qui a déferlé sur toute l’Europe et dans le monde a été décisive. La Révolution russe et l’appel des bolcheviks aux travailleurs du monde entier au soulèvement contre la Première Guerre Mondiale avait mis le feu aux poudres. Les soulèvements révolutionnaires en Allemagne et à travers l’Europe ont entraîné la fin de la guerre et ont forcé les classes dirigeantes à retirer leurs troupes hors de Russie afin d’éviter d’autres bouleversements dans les pays capitalistes.
Malheureusement, ces révolutions n’ont pas réussi à renverser le capitalisme. A la différence de la Russie, il n’existait aucun parti révolutionnaire de masse disposé à mener les révolutions jusqu’à leur terme. Au lieu de cela, les partis ouvriers de masse en Europe ont été dominés par les dirigeants réformistes qui ont joué un rôle décisif pour sauver l’économie capitaliste. Ainsi, alors que l’Union Soviétique a vaincu la contre-révolution, la jeune république Soviétique est restée isolée. La première guerre mondiale puis la guerre civile avaient laissé le pays dans une situation désastreuse, les masses épuisées, au chômage et affamées. Tout cela a constitué la base pour l’accession au pouvoir d’une caste bureaucratique conservatrice. La bureaucratie, groupée autour de Staline, a concentré le pouvoir dans ses mains dans les années ’20 et ’30 et a démoli les droits démocratiques que la classe ouvrière russe avait réussi à obtenir.
Les nombreuses révolutions qui, plus tard, ont pris place dans le monde néocolonial et en Europe ont malheureusement regardé la Russie comme le modèle à suivre, et le gouvernement bureaucratique soviétique a pu exporter son modèle stalinien vers la Chine, l’Europe de l’Est, et ailleurs.
Le capitalisme mène à la crise
Le capitalisme est un échec. Ce système est incapable d’offrir une vie décente à la grande majorité des gens et il n’y a pas que la cupidité des milliardaires ou l’échec individuel des hommes politiques à la base de cette situation. Si c’était le cas, il suffirait de combattre les excès du capitalisme et de réformer certains éléments. Mais les inégalités et la pauvreté font partie des fondations mêmes de la société capitaliste.
Il y a plus de 150 ans, Karl Marx et Friedrich Engels, ont écrit “Le Manifeste du parti communiste”. Cette brochure est l’un des textes politiques à avoir eu le plus de répercussion dans l’histoire. ‘‘Le Capital’’ de Marx a aussi été très largement diffusé. Les classiques du marxisme sont les premiers travaux qui comprennent une analyse scientifique du fonctionnement du capitalisme et qui expliquent pourquoi ce système conduit à une polarisation de la richesse. Mais ils expliquent également comment le capitalisme peut être renversé.
Aujourd’hui, Marx refait surface, y compris dans les médias ouvertement de droite. Ses idées ont beau être vieilles, elles sont exactes et restent d’actualité. Bien entendu, tout ce que Marx et Engels ont écrit au 19e siècle n’est pas tout à fait correct dans les détails, et la société d’aujourd’hui est très différente. Mais de très nombreuses choses restent extrêmement pertinentes pour la situation actuelle.
Marx et Engels ont analysé le capitalisme et ont expliqué comment ce système conduit systématiquement à une crise de surproduction. Le capitalisme est un système cyclique. Certain facteurs peuvent aboutir à une crise mais ses raisons sousjacentes sont les contradictions fondamentales du système capitaliste lui-même, comme la contradiction entre la nature collective de la production et la propriété privée des moyens de production. On peut encore parler de la contradiction entre le monde global et les limites de l’Etat-nation. La production capitaliste est basée sur le profit plutôt que sur la satisfaction des besoins sociaux. La classe des travailleurs crée une nouvelle valeur, mais n’en reçoit en retour qu’une partie à titre de salaire. Le reste de cette valeur, les capitalistes le gardent pour eux. Mais les salaires de la classe ouvrière ne lui permettent pas d’acheter tout ce qu’elle a produit.
Les capitalistes peuvent en partie résoudre ce problème en investissant une partie de la plus-value dans l’industrie, mais cela ne fait qu’accroître le problème de la surproduction. En définitive, les capitalistes sont incapables de résoudre le problème de la surproduction et le système entre en crise.
Changer le mondeMarx et Engels ne se limitaient pas analyser le capitalisme. Marx disait: ‘‘les philosophes n’ont jusqu’ici fait qu’interpréter le monde, il s’agit maintenant de le transformer.’’ Il a reconnu que le capitalisme, malgré toutes ses atrocités, a joué un rôle historique dans le développement des forces productives, que ce système représentait un pas en avant en comparaison des sociétés féodales qui l’ont précédé. Mais le capitalisme n’est pas le point final de l’évolution des sociétés humaines. Il a créé une énorme évolution technologique et scientifique qui peut servir de base pour une nouvelle étape, une société socialiste.
Sous le capitalisme, la richesse et le pouvoir sont aux mains d’une petite élite, les capitalistes. Le développement de nouvelles technologies et la production n’ont aucun fondement rationnel, ils ne sont guidés que par le profit. Tout le potentiel existant n’est pas utilisé. Aujourd’hui, il y a moins de capitalistes qu’à l’époque de Marx, mais ils sont beaucoup plus riches : il y a un phénomène de concentration croissant du capital. Ces 50 dernières années, l’écart entre les 20% plus riches et les 20% plus pauvres au monde a doublé et une centaine grandes entreprises contrôlent actuellement 70% du commerce mondial.
Pour gonfler encore leurs profits, les capitalistes veulent nous faire travailler plus longtemps et plus durement. Les travailleurs doivent vendre leur force de travail pour recevoir un salaire. Notre travail, comme tout le reste sous le capitalisme, est devenu une marchandise mais il diffère cependant des autres matières premières en ce sens que le travail crée de nouveaux produits et une nouvelle valeur. Au fil du temps, la classe ouvrière n’a pas disparu, elle est même numériquement et relativement beaucoup plus forte qu’à l’époque de Marx et Engels, même si certains anciens bastions de la classe ouvrière industrielle sont affaiblis (dans les pays occidentaux).
Ces dernières années, il est vrai que la classe ouvrière n’a pas, ou peu, eu recours à sa force. Mais il ne s’agit pas là d’une conséquence d’une baisse de son pouvoir potentiel, c’est plutôt le résultat des raisons subjectives qui peuvent être résumées en un manque de confiance temporaire consécutif aux lourdes défaites que la classe ouvrière a subies dans les années ‘80 et ‘90 ainsi qu’à l’offensive néolibérale qui a suivi.
Le capitalisme attaque la vie et les communautés de travailleurs. Cela implique que la société devient plus dure et une “baisse de moral” prend place. Le mouvement syndical sera obligé de mettre en avant la nécessité de la lutte collective pour protéger nos communautés.
Une alternative au capitalismeLa classe dirigeante voudrait bien nous convaincre que la société capitaliste ou la société de classe est le produit inévitable de la nature humaine. Si la biologie peut expliquer certains éléments de notre comportement, la nature humaine n’est en rien statique et immuable.
Pendant des millions d’années, dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs nomades, le gens vivaient de façon égalitaire. L’alimentation, le logement et tout le nécessaire de survie était égalitairement partagé dans la société. Ce n’est qu’après la révolution agricole, quand les tribus nomades se sont installées pour cultiver, qu’un surplus de richesses a été créé pour la première fois dans l’histoire et qu’une classe dirigeante a pu se développer.
Plusieurs classes dirigeantes ont depuis affirmé que la ‘‘nature humaine’’ veille à ce qu’un homme soit esclave pendant qu’un autre est roi, désigné par Dieu pour régner sur tous les autres. En fait, ce sont les conditions physiques et les processus de production qui constituent la base des relations entre les différentes classes sociales.
La classe des travailleurs d’aujourd’hui possède une force potentielle sans précédent. En raison de sa place dans le processus de production, elle est la seule force sociale capable d’obtenir des changements fondamentaux : ce sont les travailleurs qui sont à la base de toute valeur produite. En utilisant la technologie moderne d’aujourd’hui dans l’intérêt de tous les travailleurs, le socialisme créera la base pour fondamentalement changer la culture humaine. Au lieu d’une société qui récompense l’avidité et l’égoïsme, une société socialiste mettra l’égalité et la justice au centre de ses priorités.
La société dépouillée de tous les obstacles au développement du potentiel créatif et intellectuel des hommes et des femmes conduirait également à une explosion de l’immense potentiel créatif de l’humanité.
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Questions fréquemment posées sur le socialisme
Ces prochains jours, nous allons remettre à l’honneur quelques textes issus de nos archives. Le texte ci-dessous a initialement été publié sur notre site en février 2012.
Conséquence du développement du mouvement Occupy, l’opposition face au système économique et politique est devenue monnaie courante. Difficile d’imaginer que la femme au bandana sur la couverture du Time – représentation du “Manifestant”, personnalité de l’année selon le Time – puisse avoir quoi que ce soit de positif à dire au sujet du capitalisme, et l’omniprésence du masque de Guy Fawkes – popularisé par “V for Vendetta” – souligne encore plus à quel point les idées révolutionnaires sont à présent répandues.
Par Brandon Madsen, Socialist Alternative (CIO-USA)
Cependant, ce soutien croissant apporté à un changement de système n’a pas encore conduit à des discussions sérieuses quant à une quelconque alternative. Un nouveau sondage du Pew publié le 28 décembre 2011 indique que les personnes noires ou de moins de 30 ans sont majoritairement en faveur du socialisme, mais n’explique en rien ce qu’est le socialisme, ou comment un système politique et économique socialiste fonctionnerait. Nous vous offrons cet article comme base de discussion.
Comment fonctionnerait une économie socialiste?
Sous le capitalisme, les institutions où d’immenses richesses sont centralisées (les grandes entreprises) dirigent l’économie, et exploitent les plus pauvres pour accroître leurs propres richesses. Le but d’une économie socialiste est de renverser la vapeur : ce serait la classe ouvrière qui serait aux commandes de l’économie, et utiliserait les richesses et la productivité de la société pour améliorer ses conditions de vie. Pour cela, il faudrait rendre publiques les ressources des banques et des grandes entreprises, et les gérer de manière démocratique.
Employer les chômeurs, redéfinir le budget et créer de l’emploi en tenant compte des priorités sociales – soins de santé, éducation, énergie propre, etc. – donnerait un énorme coup de fouet à la productivité et créerait des richesses. Une planification démocratique de l’économie permettrait à tout le monde d’avoir un travail bien rémunéré, un accès à des soins de santé de qualité, à un enseignement gratuit à tous les niveaux, et, bien sur, aux besoins vitaux tels que la nourriture et un logement. Mais cela ne se limiterait pas à ces bases; nous pourrions soutenir et encourager les musiciens, artistes, réalisateurs, designers, etc de façon à favoriser un développement culturel.
Ce système économique nécessiterait une planification réfléchie, mais c’est déjà le cas d’une certaine manière sous le capitalisme. Des multinationales plus grandes que des Etats planifient déjà leurs niveaux de production et de distribution, décident des prix, et cela sans pour autant s’effondrer, rien ne dit que les travailleurs seraient incapables de faire de même.
La différence sous le capitalisme, c’est que la planification n’est que partielle, incomplète, et antidémocratique, le but étant de maximiser les profits d’une élite. Sous le socialisme, nous pourrions décider des investissements en ayant une vue d’ensemble de l’économie mondiale, afin de subvenir aux besoins humains, de conserver un environnement sain, et de garantir à chacun le droit à une existence libre.
Un système économique socialiste devrait être intégré de par le monde. C’est déjà le cas sous le capitalisme, nous vivons en effet dans un monde d’interdépendance. La globalisation vue par le capitalisme consiste à exploiter les économies les plus faibles, et à plonger dans une misère sans cesse croissante les travailleurs de par le monde. Sous le socialisme, l’intégration d’une économie globale aurait pour but d’améliorer la vie des gens.
Une économie socialiste gérerait l’environnement de manière très différente. Tant que maintenant, les compagnies n’ont que faire des taxes environnementales, car elles peuvent les faire payer au public. Les coûts liés à la pollution de l’air et de l’eau sont réels, mais ils ne représentent pas une menace pour une entreprise comme Monsanto. Voilà pourquoi aucune corporation ne bougera le petit doigt pour l’environnement sur base des principes du marché libre.
Une économie démocratiquement planifiée empêcherait les corporation de faire des profits en externalisant les coûts liés à la pollution. Au lieu de cela, l’efficacité, la préservation de l’environnement, et la satisfaction des besoins de base de chacun seraient les critères de décision économique. Au lieu de promouvoir des mesures inadéquates telles que les ampoules économiques et la sensibilisation au recyclage, une économie socialiste investirait dans un total renouveau de la production, mettant à profit les dernières technologies vertes pour assurer la protection de l’environnement et la création de millions d’emplois.
Comment fonctionnerait une démocratie socialiste?
La « démocratie » actuelle se limite à nous faire voter une fois de temps en temps afin de décider quel riche politicien prendra les décisions pour nous. Cela n’a bien sur rien de démocratique, encore moins quand la corruption issue des corporations s’en mêle.
Au contraire, une démocratie socialiste serait une démocratie omniprésente, de semaine en semaine, présente sur tous les lieux de travail, dans toutes les écoles et communautés. Les travailleurs effectuerait une rotation des tâches, et les managers élus seraient révocables à tout moment si le besoin s’en faisait sentir. Chaque décision pourrait être réévaluée par un vote de la majorité.
Le programme et les politiques scolaires, plutôt que d’être imposées par des administrateurs incompétents et des bureaucrates, seraient discutées conjointement par les parents, les professeurs et les étudiants. Des conseils de quartier décideraient de qui peut ou ne peut avoir une forme d’autorité, et dicteraient à leurs élus comment prioriser leurs efforts..
Tout investissement et décision économique se ferait démocratiquement. Les lieux de travail et les quartiers éliraient des représentants à de massifs conseils locaux et régionaux, qui eux-mêmes éliraient des décideurs nationaux. Les représentants élus ne devraient avoir aucun privilège que ce soit comparé à leur électorat, et ils seraient révocables à tout moment.
Afin de faciliter ce processus décisionnel démocratique, les horaires de travail et d’études devraient prévoir du temps pour des conseils et des discussions quand aux décisions. Grâce aux richesses nouvellement créées, la semaine de travail serait réduite afin de prodiguer aux gens le temps et l’énergie pour s’impliquer politiquement, et se réaliser hors du travail ou du cadre scolaire.
Une élite bureaucratique ne prendrait-elle pas le dessus?
Cela va sans dire, aux prémices d’une société socialiste, une lutte contre les carriéristes et la corruption sera nécessaire. Le bagage idéologique pernicieux issu de siècles de domination de classe ne s’évaporera pas d’un claquement de doigts. Mais en faisait des ressources productives de la société un bien public, en éliminant les privilèges, et en établissant les structures d’une gestion et d’un contrôle démocratiques, les obstacles barrant la route des aspirants bureaucrates seraient immenses.
L’évènement qui fait craindre une prise de pouvoir de la bureaucratie est l’arrivée de Staline au pouvoir en Union Soviétique quelques années après la révolution russe de 1917. Cette dégénérescence tragique de la Révolution Russe a été débattue par des marxistes dans de nombreux ouvrages. La conclusion que l’on peut tirer de ces évènements après une analyse historique sérieuse, c’est que cette dégénérescence n’était ni naturelle, ni inévitable, mais juste un concours de circonstances particulières.
Au moment de la révolution, la Russie était l’un de pays les plus pauvres, et la situation ne n’est guère améliorée lorsque les capitalistes détrônés, soutenus par 21 armées étrangères, on fait usage de violence pour récupérer le pouvoir des mains des assemblées démocratiques, ce qui a conduit a une guerre civile sanglante. Bien que la révolution prenait place ailleurs également, notamment en Allemagne, tous les mouvements furent réprimés, laissant la Russie isolée.
Ce n’était pas le terrain idéal sur lequel fonder le socialisme. La base même du socialisme, c’est d’avoir suffisamment de moyens pour subsister, mais la Russie manquait de moyens. Dans ce contexte, les structures démocratiques des Soviets (les assemblées de travailleurs) ont cessé de fonctionner. Qui se soucie d’aller aux réunions politiques sans savoir s’il pourra se nourrir le soir?
C’est cette sape du pouvoir des travailleurs, aggravée par l’isolement et le déclin économique du pays, qui a permis la bureaucratisation de la société et la montée de Staline en tant que leader. Mais ce n’eût rien de naturel. Staline a eu recours à l’emprisonnement, au meurtre et à l’exil, et a forcé des millions de gens dont le seul crime était leur attachement aux principes démocratiques de la révolution de 1917 à se soumettre.
Cette expérience illustre l’importance de faire de la lutte pour le socialisme une lutte globale. A cause d’impérialistes pillant des ressources à travers le monde, certains pays pourraient manquer d’une base économique stable pour se mettre au socialisme, et auraient besoin de négocier avec des pays plus riches. Si la Russie avait pu recevoir la soutien ne serait-ce que d’un seul pays, comme l’Allemagne, l’histoire serait aujourd’hui bien différente.
Ne serait-ce pas plus facile de réformer le capitalisme?Contrairement aux récits populaires, l’histoire du capitalisme n’est pas celle d’un progrès constant vers des sommets de démocratie et de richesse. Chaque réforme a nécessité une lutte de masse, remettant souvent en doute les fondements mêmes du système.
Les réformes ne sont pas des cadeaux de politiciens au grand coeur, mais des concessions accordées dans l’unique but d’apaiser le mouvement et de faire oublier les vraies revendications. Que cela concerne les droits civils, le week-end de congé, ou le droit d’organiser uns syndicat, chacune de ces réformes a nécessité un combat constant contre la logique capitaliste, combats dans lesquels nombre d’innocents furent éliminés par les élites désireuses de mettre un terme à la lutte.
Sous le capitalisme, même ces réformes partielles ne sont pas permanentes. Comme nous avons pu le voir ces dernières décennies, les capitalistes n’hésitent pas à annuler leurs réformes quand ils pensent pouvoir se le permettre.
Les programmes sociaux pour lesquels les gens se sont battus bec et ongles par le passé se disloquent ou disparaissent sous des coupes budgétaires. Après avoir presque annihilé les syndicats dans le privé –où moins de 7% des travailleurs sont syndiqués – les politiciens se tournent maintenant vers le secteur public, dont un tiers des travailleurs n’est toujours pas syndiqué.
Une base stable pour des réformes effective demanderait que les travailleurs s’emparent du pouvoir pour le gérer eux-même – c’est à dire, rejeter le capitalisme en faveur du socialisme. C’est bien simple, lutter pour des réformes, et lutter pour le socialisme, sont deux choses identiques.
En théorie, ça sonne bien, mais en pratique?
La seule constante en histoire est le changement ininterrompu. Des anciens Etats esclavagistes aux seigneuries féodales jusqu’au système capitaliste global d’aujourd’hui, les gens n’ont cessé de rejeter les anciens systèmes dés qu’ils devenaient un frein au développement. Là où réside l’utopie, c’est dans la pensée que la guerre, la pauvreté et la destruction de l’environnement peuvent être réglés par le capitalisme.
Bien que le socialisme soit réaliste, il n’est pas inévitable. Encore et toujours, le capitalisme a conduit les opprimés et les travailleurs à se révolter. Nombreuses ont été les révolutions cette année, notamment en Egypte et en Tunisie. Mas bien que beaucoup aient réussi à détrôner le gouvernement, peu sont parvenues à un changement de régime. Le capitalisme renaîtra sans cesse, au détriment des pauvres, des jeunes et des travailleurs, si nous ne le remplaçons pas par un système meilleur.
C’est là que les socialistes entrent en scène: Nous prenons l’étude de l’histoire au sérieux, apprenant à la fois des défaites et des succès qu’ont connus les révolutions. Nous répandons cette connaissance au maximum afin d’établir le socialisme avec succès . Cela ne revient pas qu’à se plonger dans des bouquins. Cela nécessite de s’engager et construire les mouvements actuels, de mettre en avant des idées socialistes tout en apprenant des autres en lutte, construire notre avenir ensemble.
Si vous êtes d’accord avec ces idées, réfléchissez à nous rejoindre !
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Luttons pour défendre nos acquis, luttons pour le socialisme!
Patronat, FEB, gouvernement fédéral, régions, partis traditionnels, Bureau du plan, Commission Européenne, Banque Nationale, FMI, OCDE… Plus un jour ne passe sans que des politiciens ou une institution ne pointent du doigt un acquis social à démanteler. Et il ne faut pas s’attendre à autre chose du prochain gouvernement d’austérité, que ce soit avec ou sans le PS ou la NVA En contrepartie, ce système a-t-il quelque chose de radieux à nous offrir pour notre avenir ? Rien du tout !
Par Baptiste (Nivelles), article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste
Au lendemain du 25 mai, de nombreux analystes avaient caractérisé à juste titre les élections européennes ‘‘d’élections du rejet’’, tant les partis traditionnels, et les partis gouvernementaux en particulier, ont subi une défaite criante. Les résultats électoraux ont exprimé l’absence de confiance de la population envers la capacité des dirigeants à proposer des perspectives d’amélioration aussi bien sur le plan économique que social.
Comment pourrait-il en être autrement lorsque sont remis en question tous les pare-feux de l’Etat-providence, pourtant censé permettre à chacun de vivre décemment quels que soient les aléas du quotidien ? L’indexation des salaires, qui n’a pourtant comme seul effet de compenser partiellement l’augmentation du coût de la vie, serait ‘‘à supprimer’’. Le droit à des allocations décentes pour les travailleurs sans emploi seraient ‘‘à restreindre drastiquement’’. Les services, pour peu qu’ils soient encore publics, sont quant à eux ‘‘à rentabiliser, comme une entreprise privée’’… La liste est très longue, et c’est comme si nous étions condamnés à lutter sur tous les fronts pour défendre nos conditions de vie et arracher des concessions de plus en plus maigres.
Un retour à une période de ‘‘glorieuses’’ est-il encore possible ?
Nous entendons régulièrement des chroniqueurs raconter que les nouvelles générations vivront moins bien que les précédentes, elles qui ont connu des périodes de croissance permettant à chacun de gagner un peu de confort. En particulier, la référence est faite aux ‘‘30 glorieuses’’, durant lesquelles le boom économique d’après-guerre a permis l’acquisition de nombreuses avancées sociales.
Rien n’a pourtant été offert. Tous ces acquis ont été arrachés grâce à une seule force, qui est la lutte organisée des travailleurs. C’est la seule raison pour laquelle la population a pu profiter en partie de l’expansion économique pour améliorer ses conditions de vie. Les politiques ‘‘keynésiennes’’ étaient alors utilisées par la classe capitaliste pour mettre à profit cette amélioration des conditions de vie en stimulant le pouvoir d’achat pour accroître la consommation et renforcer la croissance.
De telles politiques économiques ne sont pas applicables indéfiniment car elles sont sujettes aux contradictions plus profondes du capitalisme. L’après-guerre a ouvert des possibilités d’expansion économiques justement sur base de la reconstruction d’après-guerre. Ces opportunités ne se renouvellent pas éternellement, et après chaque phase de croissance prend place une phase de stagnation, de récession, voire de dépression. Durant ces périodes de crise, la part du gâteau disponible pour les capitalistes est mise en péril, et en marge d’une bagarre de charognard qui consiste à défendre ses profits au détriment de ceux des autres, c’est en dernière instance du côté de l’autre classe sociale que se porte l’œil maladif de la bourgeoisie : du côté de la classe des travailleurs.
Le capitalisme est un système arrivé à péremption
Le capitalisme est un mode de production qui fonctionne sur l’exploitation d’une classe sociale par une autre: l’exploitation de ceux qui n’ont que leur capacité de travail à vendre par ceux qui possèdent les moyens de production. Ces derniers capitaux s’accroissent sans cesse sur base de ‘‘la plus-value’’ accumulée, qui n’est rien d’autre qu’une partie des richesses produites par le travail et qui ne retourne pas aux travailleurs sous forme de revenus mais qui est extorquée à travers les profits.
Si le capitalisme a supplanté le féodalisme et a permis le développement des industries et des capacités de production à une échelle jamais vue auparavant, ce système ne comporte pas moins des contradictions profondes en conséquence directe de la propriété privée des moyens de production. La course au profit est le credo central qui dicte le fonctionnement de l’économie, générant des pénuries dans des services insuffisamment rentables à côté de gaspillages gigantesques. Générant une surproduction et une incapacité des travailleurs à absorber les biens qu’ils ont produits. Générant des conflits entre impérialistes pour l’octroi de matières premières ou de capitaux… Bref, le capitalisme systématise inévitablement les inégalités, la pauvreté, l’instabilité et l’anarchie.
Arrivé à ses limites de développement, le capitalisme offre des périodes de stagnations et de récession toujours plus longues pour des périodes de croissance toujours plus courtes, avec des drames sociaux toujours plus violents dont en particulier l’absence colossale d’emploi et d’avenir pour les jeunes peu qualifiés dans toutes les villes en Europe et dans le monde. L’incapacité des dirigeants à mettre au profit de la société les possibilités technologiques existantes, dont beaucoup sont méconnues car étouffées sous le poids de lobbys financiers, est symptomatique de l’impossibilité du capitalisme à offrir encore ne serait-ce qu’une once de progrès à l’humanité.
Par contre, la déshumanisation de la société, l’aliénation, les burn-out, les dépressions, les suicides, la désintégration du tissu social, la violence, la guerre, le communautarisme, le sexisme, la xénophobie, les discriminations, la frustration, l’individualisme, la corruption,… gagnent en importance dans la vie de tous les jours et sont autant de maux dus à la déliquescence d’un système qui n’est plus à même de proposer un projet de société autre que la spéculation et le repli sur soi.
Nous n’avons pas besoin de fatalité, mais de combativité
Ce fonctionnement du capitalisme est la raison pour laquelle nos ‘‘acquis’’ sociaux ne sont acquis que tant que nous sommes capables de les défendre. Au moment où le rapport de force change de côté, la bourgeoisie cherchera à les démanteler en utilisant ses institutions politiques et financières, appareils idéologiques et répressifs… Bref, c’est la lutte des classes dans laquelle nous sommes aujourd’hui.
Si un keynésianisme est illusoire dans la période de crise actuelle, cela ne signifie pas pour autant que nous ne devons plus lutter pour nos conquêtes sociales ! Que du contraire, nous sommes condamnés à lutter si nous ne voulons pas foncer tête baissée vers l’abattoir social. Inutile d’illustrer à quel point une manifestation nationale ou une grève sectorielle sans lendemain comme nous en avons trop connu est démobilisatrice. Par conséquent, nous avons besoin de plans d’action et de perspectives pour mettre en route toutes les forces que possède notre classe et mettre toutes les chances de notre côté pour obtenir des victoires. De telles victoires renforcent à leur tour la confiance de la classe en sa capacité à changer le cours des choses.
Une alternative est nécessaire : le socialisme !
Mais la lutte doit plus que jamais être menée également sur le terrain idéologique. Si un système en crise ne nous propose aucun avenir, nous avons besoin de notre alternative. La précarité du capitalisme n’est pas une fatalité avec laquelle il faut s’accommoder ou se contenter d’y greffer des réformes, qu’elles soient d’ordre fiscales ou plus radicales. Le marxisme ne fournit pas seulement une grille d’analyse permettant une compréhension de la société capitaliste dans toute sa complexité et ses contradictions. Son analyse pose aussi les bases pour un changement révolutionnaire de la société. Car l’organisation même des travailleurs au sein du capitalisme a façonné une force sociale capable de changer le cours des choses une fois qu’elle rentre en action.
D’autre part, cette organisation pose aussi les bases pour le fonctionnement d’une alternative révolutionnaire, le socialisme, où l’économie est planifiée et gérée démocratiquement. Une société socialiste permettrait d’orienter l’économie et la production non plus selon les profits d’une minorité mais en fonction des besoins sociaux, environnementaux,… de la majorité de la population. Les richesses produites ne seraient plus gaspillées dans la spéculation, mais serviraient à combler les pénuries et à résorber la pauvreté. C’est seulement de cette manière que le temps de travail pourrait être diminué pour permettre à tous d’avoir un emploi décent et des projets d’avenir.
Dans l’histoire de la lutte des classes, chaque mouvement révolutionnaire a été confronté tôt ou tard à la question décisive de la prise du pouvoir pour un changement de société. S’imaginer que la classe ouvrière peut maintenir un statu quo hégémonique durable sur la bourgeoisie dans le cadre du capitalisme ou tout capitaliser sur des réformes ‘‘structurelles’’ est une illusion qui a mené à de nombreuses défaites. Tant qu’il n’est pas abattu, le capitalisme utilisera nos moindres moments de faiblesse pour mettre en place sa réaction et reprendre le terrain.
Une tâche critique pour les marxistes révolutionnaires est donc de développer la conscience de classe parmi le mouvement ouvrier à travers l’école qu’est la lutte. En d’autres mots, de construire la conscience socialiste. Car le capitalisme n’est puissant que lorsque son ennemi de classe est apathique, dispersé. Lorsque le mouvement ouvrier concentre tout son potentiel avec une direction socialiste claire, le cours de l’histoire de l’Humanité peut alors changer.
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Einstein : Pourquoi le socialisme ?
Albert Einstein est connu pour de nombreuses choses, mais pas pour ses opinions politiques. ce n’est en rien étonnant au vu de la manière dont les partisans de l’idéologie dominante s’efforcent de tordre l’Histoire pour la faire rentrer dans les cases artificielles de leur pensée. Le texte ci-dessous a été écrit par Einstein en 1949, et a été publié pour la toute première fois dans le premier numéro de Monthly Review, publication d’orientation marxiste.
Par Albert Einstein
Est-il convenable qu’un homme qui n’est pas versé dans les questions économiques et sociales exprime des opinions au sujet du socialisme ? Pour de multiples raisons je crois que oui.
Considérons d’abord la question au point de vue de la connaissance scientifique. Il pourrait paraître qu’il n’y ait pas de différences méthodologiques essentielles entre l’astronomie, par exemple, et l’économie : les savants dans les deux domaines essaient de découvrir les lois généralement acceptables d’un groupe déterminé de phénomènes, afin de rendre intelligibles, d’une manière aussi claire que possible, les relations réciproques existant entre eux. Mais en réalité de telles différences existent. La découverte de lois générales en économie est rendue difficile par la circonstance que les phénomènes économiques observés sont souvent influencés par beaucoup de facteurs qu’il est très difficile d’évaluer séparément. En outre, l’expérience accumulée depuis le commencement de la période de l’histoire humaine soi-disant civilisée a été — comme on le sait bien — largement influencée et délimitée par des causes qui n’ont nullement un caractère exclusivement économique. Par exemple, la plupart des grands États dans l’histoire doivent leur existence aux conquêtes. Les peuples conquérants se sont établis, légalement et économiquement, comme classe privilégiée du pays conquis. Ils se sont attribués le monopole de la terre et ont créé un corps de prêtres choisis dans leur propre rang. Les prêtres, qui contrôlèrent l’éducation, érigèrent la division de la société en classes en une institution permanente et créèrent un système de valeurs par lequel le peuple fut dès lors, en grande partie inconsciemment, guidé dans son comportement social.
Mais la tradition historique date pour ainsi dire d’hier ; nulle part nous n’avons dépassé ce que Thorstein Veblen appelait « la phase de rapine » du développement humain. Les faits économiques qu’on peut observer appartiennent à cette phase et les lois que nous pouvons en déduire ne sont pas applicables à d’autres phases. Puisque le but réel du socialisme est de dépasser la phase de rapine du développement humain et d’aller en avant, la science économique dans son état actuel peut projeter peu de lumière sur la société socialiste de l’avenir.
En second lieu, le socialisme est orienté vers un but éthico-social. Mais la science ne peut pas créer des buts, encore moins peut-elle les faire pénétrer dans les êtres humains ; la science peut tout au plus fournir les moyens par lesquels certains buts peuvent être atteints. Mais les buts mêmes sont conçus par des personnalités animées d’un idéal moral élevé et — si ces buts ne sont pas mort-nés, mais vivants et vigoureux — sont adoptés et portés en avant par ces innombrables êtres humains qui, à demi inconscients, déterminent la lente évolution de la société.
Pour ces raisons nous devrions prendre garde de ne pas surestimer la science et les méthodes scientifiques quand il s’agit de problèmes humains ; et nous ne devrions pas admettre que les spécialistes soient les seuls qui aient le droit de s’exprimer sur des questions qui touchent à l’organisation de la société.
D’innombrables voix ont affirmé, il n’y a pas longtemps, que la société humaine traverse une crise, que sa stabilité a été gravement troublée. Il est caractéristique d’une telle situation que des individus manifestent de l’indifférence ou, même, prennent une attitude hostile à l’égard du groupe, petit ou grand, auquel ils appartiennent. Pour illustrer mon opinion je veux évoquer ici une expérience personnelle. J’ai récemment discuté avec un homme intelligent et d’un bon naturel sur la menace d’une autre guerre, qui, à mon avis, mettrait sérieusement en danger l’existence de l’humanité, et je faisais remarquer que seule une organisation supranationale offrirait une protection contre ce danger. Là-dessus mon visiteur me dit tranquillement et froidement : « Pourquoi êtes-vous si sérieusement opposé à la disparition de la race humaine ? »
Je suis sûr que, il y a un siècle, personne n’aurait si légèrement fait une affirmation de ce genre. C’est l’affirmation d’un homme qui a vainement fait des efforts pour établir un équilibre dans son intérieur et qui a plus ou moins perdu l’espoir de réussir. C’est l’expression d’une solitude et d’un isolement pénibles dont tant de gens souffrent de nos jours. Quelle en est la cause ? Y a-t-il un moyen d’en sortir ?
Il est facile de soulever des questions pareilles, mais il est difficile d’y répondre avec tant soit peu de certitude. Je vais néanmoins essayer de le faire dans la mesure de mes forces, bien que je me rende parfaitement compte que nos sentiments et nos tendances sont souvent contradictoires et obscurs et qu’ils ne peuvent pas être exprimés dans des formules aisées et simples.
L’homme est en même temps un être solitaire et un être social. Comme être solitaire il s’efforce de protéger sa propre existence et celle des êtres qui lui sont le plus proches, de satisfaire ses désirs personnels et de développer ses facultés innées. Comme être social il cherche à gagner l’approbation et l’affection de ses semblables, de partager leurs plaisirs, de les consoler dans leurs tristesses et d’améliorer leurs conditions de vie. C’est seulement l’existence de ces tendances variées, souvent contradictoires, qui explique le caractère particulier d’un homme, et leur combinaison spécifique détermine dans quelle mesure un individu peut établir son équilibre intérieur et contribuer au bien-être de la société. Il est fort possible que la force relative de ces deux tendances soit, dans son fond, fixée par l’hérédité. Mais la personnalité qui finalement apparaît est largement formée par le milieu où elle se trouve par hasard pendant son développement, par la structure de la société dans laquelle elle grandit, par la tradition de cette société et son appréciation de certains genres de comportement. Le concept abstrait de « société » signifie pour l’individu humain la somme totale de ses relations, directes et indirectes, avec ses contemporains et les générations passées. Il est capable de penser, de sentir, de lutter et de travailler par lui-même, mais il dépend tellement de la société — dans son existence physique, intellectuelle et émotionnelle — qu’il est impossible de penser à lui ou de le comprendre en dehors du cadre de la société. C’est la « société » qui fournit à l’homme la nourriture, les vêtements, l’habitation, les instruments de travail, le langage, les formes de la pensée et la plus grande partie du contenu de la pensée ; sa vie est rendue possible par le labeur et les talents de millions d’individus du passé et du présent, qui se cachent sous ce petit mot de « société ».
Il est, par conséquent, évident que la dépendance de l’individu à la société est un fait naturel qui ne peut pas être supprimé — exactement comme dans le cas des fourmis et des abeilles. Cependant, tandis que tout le processus de la vie des fourmis et des abeilles est fixé, jusque dans ses infimes détails, par des instincts héréditaires rigides, le modèle social et les relations réciproques entre les êtres humains sont très variables et susceptibles de changement. La mémoire, la capacité de faire de nouvelles combinaisons, le don de communication orale ont rendu possibles des développements parmi les êtres humains qui ne sont pas dictés par des nécessités biologiques. De tels développements se manifestent dans les traditions, dans les institutions, dans les organisations, dans la littérature, dans la science, dans les réalisations de l’ingénieur et dans les œuvres d’art. Ceci explique comment il arrive que l’homme peut, dans un certain sens, influencer sa vie par sa propre conduite et comment, dans ce processus, la pensée et le désir conscients peuvent jouer un rôle.
L’homme possède à sa naissance, par hérédité, une constitution biologique que nous devons considérer comme fixe et immuable, y compris les impulsions naturelles qui caractérisent l’espèce humaine. De plus, pendant sa vie il acquiert une constitution culturelle qu’il reçoit de la société par la communication et par beaucoup d’autres moyens d’influence. C’est cette constitution culturelle qui, dans le cours du temps, est sujette au changement et qui détermine, à un très haut degré, les rapports entre l’individu et la société. L’anthropologie moderne nous a appris, par l’investigation des soi-disant cultures primitives, que le comportement social des êtres humains peut présenter de grandes différences, étant donné qu’il dépend des modèles de culture dominants et des types d’organisation qui prédominent dans la société. C’est là-dessus que doivent fonder leurs espérances tous ceux qui s’efforcent d’améliorer le sort de l’homme : les êtres humains ne sont pas, par suite de leur constitution biologique, condamnés à se détruire mutuellement ou à être à la merci d’un sort cruel qu’ils s’infligent eux-mêmes.
Si nous nous demandons comment la structure de la société et l’attitude culturelle de l’homme devraient être changées pour rendre la vie humaine aussi satisfaisante que possible, nous devons constamment tenir compte du fait qu’il y a certaines conditions que nous ne sommes pas capables de modifier. Comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, la nature biologique de l’homme n’est point, pour tous les buts pratiques, sujette au changement. De plus, les développements technologiques et démographiques de ces derniers siècles ont créé des conditions qui doivent continuer. Chez des populations relativement denses, qui possèdent les biens indispensables à leur existence, une extrême division du travail et une organisation de production très centralisée sont absolument nécessaires. Le temps, qui, vu de loin, paraît si idyllique, a pour toujours disparu où des individus ou des groupes relativement petits pouvaient se suffire complètement à eux-mêmes. On n’exagère pas beaucoup en disant que l’humanité constitue à présent une communauté planétaire de production et de consommation.
Je suis maintenant arrivé au point où je peux indiquer brièvement ce qui constitue pour moi l’essence de la crise de notre temps. Il s’agit du rapport entre l’individu et la société. L’individu est devenu plus conscient que jamais de sa dépendance à la société. Mais il n’éprouve pas cette dépendance comme un bien positif, comme une attache organique, comme une force protectrice, mais plutôt comme une menace pour ses droits naturels, ou même pour son existence économique. En outre, sa position sociale est telle que les tendances égoïstes de son être sont constamment mises en avant, tandis que ses tendances sociales qui, par nature, sont plus faibles, se dégradent progressivement. Tous les êtres humains, quelle que soit leur position sociale, souffrent de ce processus de dégradation. Prisonniers sans le savoir de leur propre égoïsme, ils se sentent en état d’insécurité, isolés et privés de la naïve, simple et pure joie de vivre. L’homme ne peut trouver de sens à la vie, qui est brève et périlleuse, qu’en se dévouant à la société.
L’anarchie économique de la société capitaliste, telle qu’elle existe aujourd’hui, est, à mon avis, la source réelle du mal. Nous voyons devant nous une immense société de producteurs dont les membres cherchent sans cesse à se priver mutuellement du fruit de leur travail collectif — non pas par la force, mais, en somme, conformément aux règles légalement établies. Sous ce rapport, il est important de se rendre compte que les moyens de la production — c’est-à-dire toute la capacité productive nécessaire pour produire les biens de consommation ainsi que, par surcroît, les biens en capital — pourraient légalement être, et sont même pour la plus grande part, la propriété privée de certains individus.
Pour des raisons de simplicité je veux, dans la discussion qui va suivre, appeler « ouvriers » tous ceux qui n’ont point part à la possession des moyens de production, bien que cela ne corresponde pas tout à fait à l’emploi ordinaire du terme. Le possesseur des moyens de production est en état d’acheter la capacité de travail de l’ouvrier. En se servant des moyens de production, l’ouvrier produit de nouveaux biens qui deviennent la propriété du capitaliste. Le point essentiel dans ce processus est le rapport entre ce que l’ouvrier produit et ce qu’il reçoit comme salaire, les deux choses étant évaluées en termes de valeur réelle. Dans la mesure où le contrat de travail est « libre », ce que l’ouvrier reçoit est déterminé, non pas par la valeur réelle des biens qu’il produit, mais par le minimum de ses besoins et par le rapport entre le nombre d’ouvriers dont le capitaliste a besoin et le nombre d’ouvriers qui sont à la recherche d’un emploi. Il faut comprendre que même en théorie le salaire de l’ouvrier n’est pas déterminé par la valeur de son produit.
Le capital privé tend à se concentrer en peu de mains, en partie à cause de la compétition entre les capitalistes, en partie parce que le développement technologique et la division croissante du travail encouragent la formation de plus grandes unités de production aux dépens des plus petites. Le résultat de ces développements est une oligarchie de capitalistes dont la formidable puissance ne peut effectivement être refrénée, pas même par une société qui a une organisation politique démocratique. Ceci est vrai, puisque les membres du corps législatif sont choisis par des partis politiques largement financés ou autrement influencés par les capitalistes privés qui, pour tous les buts pratiques, séparent le corps électoral de la législature. La conséquence en est que, dans le fait, les représentants du peuple ne protègent pas suffisamment les intérêts des moins privilégiés. De plus, dans les conditions actuelles, les capitalistes contrôlent inévitablement, d’une manière directe ou indirecte, les principales sources d’information (presse, radio, éducation). Il est ainsi extrêmement difficile pour le citoyen, et dans la plupart des cas tout à fait impossible, d’arriver à des conclusions objectives et de faire un usage intelligent de ses droits politiques.
La situation dominante dans une économie basée sur la propriété privée du capital est ainsi caractérisée par deux principes importants : premièrement, les moyens de production (le capital) sont en possession privée et les possesseurs en disposent comme ils le jugent convenable ; secondement, le contrat de travail est libre. Bien entendu, une société capitaliste pure dans ce sens n’existe pas. Il convient de noter en particulier que les ouvriers, après de longues et âpres luttes politiques, ont réussi à obtenir pour certaines catégories d’entre eux une meilleure forme de « contrat de travail libre ». Mais, prise dans son ensemble, l’économie d’aujourd’hui ne diffère pas beaucoup du capitalisme « pur ».
La production est faite en vue du profit et non pour l’utilité. Il n’y a pas moyen de prévoir que tous ceux qui sont capables et désireux de travailler pourront toujours trouver un emploi ; une « armée » de chômeurs existe déjà. L’ouvrier est constamment dans la crainte de perdre son emploi. Et puisque les chômeurs et les ouvriers mal payés sont de faibles consommateurs, la production des biens de consommation est restreinte et a pour conséquence de grands inconvénients. Le progrès technologique a souvent pour résultat un accroissement du nombre des chômeurs plutôt qu’un allégement du travail pénible pour tous. L’aiguillon du profit en conjonction avec la compétition entre les capitalistes est responsable de l’instabilité dans l’accumulation et l’utilisation du capital, qui amène des dépressions économiques de plus en plus graves. La compétition illimitée conduit à un gaspillage considérable de travail et à la mutilation de la conscience sociale des individus dont j’ai fait mention plus haut.
Je considère cette mutilation des individus comme le pire mal du capitalisme. Tout notre système d’éducation souffre de ce mal. Une attitude de compétition exagérée est inculquée à l’étudiant, qui est dressé à idolâtrer le succès de l’acquisition comme une préparation à sa carrière future.
Je suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves, à savoir, l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un système d’éducation orienté vers des buts sociaux. Dans une telle économie, les moyens de production appartiendraient à la société elle-même et seraient utilisés d’une façon planifiée. Une économie planifiée, qui adapte la production aux besoins de la société, distribuerait le travail à faire entre tous ceux qui sont capables de travailler et garantirait les moyens d’existence à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant. L’éducation de l’individu devrait favoriser le développement de ses facultés innées et lui inculquer le sens de la responsabilité envers ses semblables, au lieu de la glorification du pouvoir et du succès, comme cela se fait dans la société actuelle.
Il est cependant nécessaire de rappeler qu’une économie planifiée n’est pas encore le socialisme. Une telle économie pourrait être accompagnée d’un complet asservissement de l’individu. La réalisation du socialisme exige la solution de quelques problèmes socio-politiques extrêmement difficiles : comment serait-il possible, en face d’une centralisation extrême du pouvoir politique et économique, d’empêcher la bureaucratie de devenir toute-puissante et présomptueuse ? Comment pourrait-on protéger les droits de l’individu et assurer un contrepoids démocratique au pouvoir de la bureaucratie ?
La clarté au sujet des buts et des problèmes du socialisme est de la plus grande importance à notre époque de transition. Puisque, dans les circonstances actuelles, la discussion libre et sans entrave de ces problèmes a été soumise à un puissant tabou, je considère que la fondation de cette revue est un important service rendu au public.
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‘‘10 objectifs d’un programme anticapitaliste d’urgence’’
Nouvelle brochure de la FGTB Charleroi & Sud Hainaut
800×600
Après les “8 questions en relation avec l’appel du premier mai 2012 de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut”, cette régionale édite une nouvelle brochure à 15.000 exemplaires. ERIC BYL la passe en revue dans ce dossier. Il vous est possible de commander des exemplaires de cette brochure soit au PSL (info@socialisme.be) ou directement à la régionale de la FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut (fgtbcharleroi@fgtb.be).
Rompre avec les “amis” politiques
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La brochure précédente remettait en question la politique syndicale de ces dernières années, celle qui veillait – et veille toujours – à éviter toute confrontation directe avec les patrons en assurant une compréhension réciproque quitte à ‘‘huiler’’ la concertation sociale via l’aide de l’Etat et/ou de notre sécurité sociale. Pour ce faire, il est fait appel aux ‘‘amis’’ politiques qui essaient de négocier des compromis ‘‘honorables’’ avec les politiciens des patrons. Les mobilisations interprofessionnelles ne servent dès lors plus à imposer un rapport de forces plus favorable dans l’opposition entre travail et capital, mais juste à appuyer ces ‘‘amis’’ politiques. Il en résulte que les appareils syndicaux sont de plus en plus profondément intégrés au système qui, pourtant, recherche les conditions les plus avantageuses pour le capitalisme, paix sociale incluse.Cela peut livrer des résultats en période de croissance économique et avec des syndicats forts, même si ce n’est que de manière limitée. Mais quand la crise vient rogner les marges disponibles, cette politique d’intégration et de soutien aux amis politiques n’est plus seulement insuffisante, elle devient carrément contre-productive. La FGTB Charleroi-Sud Hainaut est la première à plaider aussi ouvertement pour une autre attitude, plus combative, pour la construction d’un réel rapport de forces et pour la rupture avec les politiciens prétendument ‘‘amis’’. Cela reflète une tendance qui vit dans d’autres régionales et centrales et cela depuis la colère ressentie face au Pacte des générations de 2005 déjà. Dans la CGSP-ALRS (Administrations Locales et Régionales) de Bruxelles, au sein de la centrale des employés de la CSC, à la Centrale Générale d’Anvers,… couvent de semblables frustrations par rapport aux partenaires politiques. Pour l’instant, la régionale de Charleroi-Sud Hainaut est encore seule, mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’il en soit autrement. Du côté patronal, certains ont d’ailleurs déjà unilatéralement fait sauter la politique de compromis. Mais la rupture de la digue sous les coups des attaques patronales est encore à venir… Ce sera le cas après les élections de mai 2014.
Une prise de position offensive est nécessaire
Les objectifs des patrons sont connus de tous. Ils sont déjà à l’offensive depuis le début des années ’80. Afin d’être compétitifs dans un capitalisme globalisé, ils réclament plus de flexibilité, un secteur à bas salaires, que l’on travaille plus longtemps et des allocations sociales plus faibles et limitées dans le temps pour accroître la concurrence entre travailleurs sur le marché du travail. Ils exigent de disposer de tout ce qui est rentable à coups de libéralisations et de privatisations. Tout ce qui ne génère pas suffisamment de bénéfices doit d’abord être assaini, puis vendu ou fermé. La voilà la stratégie de survie du patronat. Elle ne laisse pas beaucoup d’espace au compromis. Il ne peut, en effet, assurer sa survie qu’au détriment des travailleurs. Les politiciens, même les partenaires des appareils syndicaux, jouent des coudes pour prouver qu’ils sont la meilleure garantie de l’application de cette politique. Dans ces circonstances, une politique syndicale défensive est catastrophique. Du point de vue du mouvement ouvrier, les compromis sont de moins en moins ‘‘honorables’’ et de plus en plus ‘‘pourris’’.
La seule stratégie de survie capable de sauver le mouvement ouvrier dans ces circonstances est une stratégie offensive. Le point de départ ne doit pas être ‘‘comment pouvons-nous aider les patrons à être plus compétitifs face à leurs concurrents étrangers ?’’ mais au contraire ‘‘qu’est-ce qui est nécessaire pour assurer une existence humaine à tous, travailleurs compris ?’’ La régionale FGTB essaie d’y répondre en 10 chapitres. Nous n’avons pas la place de publier ici ce programme anticapitaliste d’urgence dans son intégralité, mais le lecteur peut en commander un exemplaire soit au PSL (info@socialisme.be) ou directement à la régionale (fgtbcharleroi@fgtb.be). Elle n’est pour l’instant disponible qu’en français.
Revendications centrales
Nous souhaitons dans ce dossier relever les revendications les plus importantes, ne serait-ce que pour susciter l’envie d’en savoir plus. Au chapitre concernant le chômage massif, la régionale plaide, entre autres, pour la restauration en tant que norme du contrat à durée déterminée, pour la transformation des contractuels en statutaires dans la fonction publique et pour une réduction collective du temps de travail à 32 heures par semaine sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et baisse des cadences de travail. La régionale souligne subtilement que cette diminution du temps de travail est déjà d’application maintenant – la durée de travail moyenne est en effet actuellement de 31 heures par semaine – mais sur base du travail à temps partiel involontaire et surtout via du salaire partiel. Entre ’53 et ’73, la durée du temps de travail avait également diminué, de 20%, en compensation de l’augmentation de productivité. Mais cela s’était alors fait sans perte de salaire.
Dans le chapitre “redistribuer les richesses”, la régionale revendique l’abrogation de la norme salariale et le rétablissement complet de l’index. Elle plaide pour la gratuité des nécessités de base telles que l’enseignement, l’accueil des enfants, l’eau, l’électricité et la mobilité, jusqu’à un plafond de consommation socialement déterminé, avec une tarification progressive au-delà. Elle propose de renationaliser les secteurs qui ont été privatisés comme l’énergie, les transports, la poste, la téléphonie, mais alors sous le contrôle des travailleurs et des usagers. Elle veut un refinancement massif du secteur public via une réforme fiscale d’ampleur.
La régionale se prononce contre une scission communautaire de la sécurité sociale, pour la suppression des “baisses de charges sociales” aux employeurs – qui sont en fait les salaires indirects des travailleurs -, pour l’individualisation des droits à la sécu et la suppression de l’activation des sans-emploi, ainsi que de la dégressivité des allocations de chômage. Au sujet du financement de son programme, la régionale souhaite la levée du secret bancaire, la suppression des intérêts notionnels et du précompte libératoire, un cadastre des patrimoines, une taxation des plus-values (sur la vente des placements) et les moyens techniques et humains nécessaires à la lutte contre la fraude fiscale. Elle veut toutefois surtout mettre toutes les institutions financières sous le strict contrôle de la société, par la socialisation des banques et leur fusion en un grand pôle bancaire public, sans indemnité ni rachat, sauf pour les petits actionnaires.
La régionale revendique l’annulation de la dette publique. Elle refuse les diktats de l’Union européenne et veut soutenir les peuples grec, espagnol et portugais dans leur lutte contre ceux-ci. Les traités européens doivent être abolis. Une assemblée constituante doit être élue pour fonder une autre Europe, sur base de démocratie, de justice sociale, de solidarité, d’ouverture et d’écologie. Elle veut une action syndicale européenne plutôt que du lobbying.
En matière d’environnement, elle revendique la suppression des productions inutiles et nuisibles avec reconversion sous contrôle des travailleurs afin de maintenir les acquis de ces derniers. Elle revendique aussi la création d’un service public de l’énergie, d’une entreprise publique d’isolation et de rénovation des logements, des transports en commun gratuits et de qualité et un plan public européen pour une politique énergétique efficace, 100 % renouvelable et décentralisée. Elle veut l’annulation de la dette des pays du tiers-monde, la suppression des droits de brevets dans le secteur pharmaceutique et des technologies vertes et une aide des pays développés les plus riches aux pays du Sud, pour qu’ils puissent s’adapter aux changements climatiques.La FGTB de Charleroi-Sud Hainaut déclare que le chômage de masse et la répartition inégale des richesses en Occident, ainsi que le réchauffement climatique et les catastrophes humanitaires dans le tiers-monde ne sont pas des phénomènes naturels qui nous tombent dessus par hasard. Il s’agit du résultat des caractéristiques qui fondent la société capitaliste : la soif de profit, la concurrence et le “libre” marché. ‘‘Il est illusoire de penser qu’on peut réformer le capitalisme pour qu’il devienne un ‘‘bon’’ capitalisme de relance. Il faut donc être clair : il faut une stratégie pour sortir du capitalisme et le remplacer par un autre système qui satisfait les besoins de la population et préserve notre planète”, telle est la conclusion de la brochure de la régionale.
Le PSL est d’accord avec cette conclusion anticapitaliste. Nous préférions la formulation “[supprimer le système capitaliste et] le remplacer par un système socialiste et démocratique” de la brochure précédente en comparaison du ‘‘remplacer par un autre système qui…’’ Cela pourrait en effet être considéré comme un indice du fait que cet “autre système” reste encore à être complètement inventé, comme si l’Histoire ne nous avait rien appris à ce sujet. C’est inexact. Nous pouvons discuter du nom, mais seul un système dans lequel la production est essentiellement gérée collectivement et dans lequel une large majorité – la classe ouvrière, ceux qui produisent réellement les richesses – prend le pouvoir économique et politique entre ses mains peut remplacer le capitalisme. C’est ce que nous appelons le socialisme. De plus, l’expérience du stalinisme nous a appris que des directives bureaucratiques issues du sommet ne pourront jamais remplacer la planification démocratique par la base et que le socialisme démocratique commence bien entendu quelque part, mais qu’il ne peut être consolidé qu’à l’échelle internationale.
La catastrophe économique, sociale et écologique vers laquelle fonce la société montre de quelle urgence nous parlons. Ce n’est pas pour rien que la régionale FGTB appelle son programme un ‘‘programme d’urgence’’. Quelles que soient l’insistance et la pression que la classe ouvrière et les mouvements sociaux exercent, aucun gouvernement capitaliste ne sera jamais prêt à appliquer ce programme d’urgence. La régionale essaie d’y répondre avec son appel à rassembler toutes les forces anticapitalistes à la gauche du PS et d’Écolo comme moyen de redonner espoir aux travailleurs. Le PSL soutient cet appel. Cela peut constituer un premier pas pour, à terme, populariser à nouveau l’idée d’un gouvernement qui veuille bien exécuter un tel programme, un gouvernement par et pour les travailleurs.
Comment passer d’une position défensive à l’offensive ? L’exemple de Seattle
Il semble impossible d’aller à l’encontre de l’offensive néolibérale. Ceux qui ne sont pas prêts à entrer dans la logique de la concurrence débridée passent pour des ringards, pour de dangereux utopistes, des populistes, etc. Mais, suivant cette même logique, nos enfants travailleraient toujours dans les mines dès 6 ans, le suffrage serait toujours censitaire, la durée de travail moyenne de 12 à 14 heures par jour et nous n’aurions pas de congé payé. A cette époque aussi, les patrons menaçaient de fermeture et de délocalisation. Pourtant, nos prédécesseurs ont pu inverser la tendance. Ils y sont parvenus parce qu’ils se sont mobilisés autour de quelques points centraux qu’ils ont lié à la vision d’une autre société, une société socialiste. C’est la crainte de cette société alternative qui a, alors, obligé les capitalistes à accorder de grandes concessions.
Aujourd’hui, il se passe quelque chose de semblable dans l’antre de la bête, aux Etats-Unis, à Seattle, une ville plus grande qu’Anvers, le berceau de multinationales telles que Boeing, Microsoft et Apple. Les syndicats, avec les héritiers du mouvement Occupy et la membre du conseil communal Kshama Sawant (première élue véritablement socialiste et marxiste depuis des générations, voir en page 11) mènent la lutte pour le doublement du salaire minimum jusqu’à 15$ de l’heure. Cette campagne ne connaîtrait pas autant de succès si elle n’était combinée à une critique plus générale et à une vision alternative, démocratique et socialiste de la société. Beaucoup des partisans des 15$ de l’heure sont, en effet, bien conscients du fait que les patrons reprendront si possible de la main gauche ce qu’ils auront cédé de la main droite. Mais lorsque Boeing a menacé de délocaliser son implantation, Kshama a riposté à cette terreur patronale en menaçant – en pleine assemblée générale des travailleurs – de reprendre les installations et la connaissance des travailleurs avec la collectivité. Cette approche socialiste resterait toutefois lettre morte si elle n’était pas liée à la mobilisation autour d’un ou plusieurs points centraux. Depuis lors, presque chacun des 9 élus, y compris le maire, a dû se prononcer pour un salaire minimum de 15$/heure. Sawant, Occupy et le mouvement ouvrier sont parvenus à renverser le discours sur les baisses de charge et l’austérité ! Si Seattle obtient les 15$/heure, cela deviendra un point litigieux dans l’ensemble des Etats-Unis.
Le Plan du travail et les Congrès de la FGTB de ’54 et de ’56
A l’occasion de notre dossier consacré à la précédente brochure de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut (dans l’édition de novembre 2013 de Lutte Socialiste), nous avions mis en avant la façon dont l’offensive patronale lors de la crise de ’29 avait conduit à une grève des mineurs de plusieurs mois, qui, en 1932, dans le Borinage, étaient en fait devenus les maîtres de la situation. Là non plus, il n’y avait pas de place pour le compromis.
Le POB (Parti Ouvrier Belge, ancêtre du PS) et sa commission syndicale ont dû effectuer un virage à gauche. Le jour de Noël 1933, le POB a sorti son Plan du Travail, une alternative à la crise capitaliste. Le Plan prévoyait, entre autres, la nationalisation des secteurs du crédit, des matières premières et de l’énergie, la socialisation de la grande industrie monopolistique et enfin que la production soit soumise au Plan pour orienter l’économie vers le bien-être général plutôt que vers la chasse au profit. Ce n’était pas un plan socialiste, pas même anticapitaliste, mais un plaidoyer pour beaucoup plus de contrôle public. Ce Plan a été abandonné par le POB lorsque De Man et Spaak sont entrés dans le gouvernement Van Zeeland. L’initiative a toutefois indéniablement contribué à la grande grève générale de 1936 grâce à laquelle un million et demi de travailleurs ont imposé l’obtention de 6 jours de congé payés, une augmentation salariale de 8%, un salaire minimum et la semaine des 40 heures dans plusieurs secteurs.
L’économie belge s’est relativement bien sortie de la seconde guerre mondiale. Directement après la libération, l’industrie tournait à plein régime. Mais cet avantage s’est vite transformé en inconvénient. Les patrons belges ont empoché les dividendes mais ont évité d’investir et de moderniser la production. Cinq ans après la guerre, les mines allemandes et britanniques étaient à nouveau opérationnelles et plus productives. La croissance stagnait, les entreprises capotaient et le chômage augmentait fortement. Sous l’impulsion d’André Renard, une commission FGTB travaillait à un rapport depuis ’51, “Situation économique et perspectives d’avenir”, qui a été adopté en 1954 lors d’un congrès extraordinaire. En ’56, il a été complété, de nouveau lors d’un congrès extraordinaire, par un rapport “Holdings et démocratie économique”. Les holdings financiers tiennent l’économie sous leur domination et empêchent le progrès, concluait-on. Comme dans le Plan du Travail, la FGTB voulait y remédier par une intervention publique poussée via des réformes structurelles. Les mines de charbon, le gaz et l’électricité devaient être nationalisés. Les institutions de crédit publiques comme privées devaient passer sous contrôle public. On plaidait pour une politique d’expansion afin de maintenir la demande à niveau, de sorte que l’augmentation de la production trouve des débouchés et que le plein emploi soit garanti à chaque moment. Mais il ne s’agissait à nouveau pas d’un programme anticapitaliste voire socialiste.
Le sommet de la FGTB ne l’a d’ailleurs pas pris au sérieux. En 1954 encore, la FGTB et la CSC avaient conclu un pacte avec les patrons afin de garantir la position concurrentielle de l’économie belge, renouvelée en 1959. Mais à la base, le programme de la FGTB était considéré comme un programme de réformes structurelles anticapitalistes. La nécessité d’un tel programme a, chaque fois, été confirmée par deux semaines de grève. Une première dans le bâtiment et, ensuite, une autre dans le métal en 1957. En 1959, la grève des mineurs a suivi et, en janvier 1960, la FGTB a appelé à une grève de 24 heures pour des réformes économiques structurelles et obligatoires. Avec l’opération ‘‘Vérité’’ du PSB, de la FGTB et des mutualités socialistes, cela a contribué à lancer la Grève du Siècle en ‘60 -‘61. Bien que celle-ci n’ait pu empêcher l’imposition de la Loi Unique, elle a retenti pendant longtemps et a modéré pendant deux décennies l’offensive du patronat.
Il est prématuré de supposer que le programme anticapitaliste d’urgence de la régionale FGTB Charleroi-Sud Hainaut aura un tel impact. Ce n’est, cependant, pas un hasard si les experts mandatés par le Forum Economique Mondial présentent l’inégalité croissante comme la plus grande menace pour le système au cours de la période à venir.
Ce programme d’urgence est un excellent instrument pour préparer des syndicalistes combatifs à ce tournant.
Le baromètre socio-économique de la FGTB illustre la pertinence d’un programme anticapitaliste d’urgence
Chaque année, la FGTB compile les principales données économiques dans un document qui donne une bonne vue d’ensemble et se lit facilement, son ‘‘baromètre socio-économique’’. Il ressort de celui de 2014, aussi selon l’avant-propos de la Secrétaire Générale Anne Demelenne et du Président Rudy De Leeuw, “que les politiques d’austérité menées ont saigné les populations. Il faut maintenant essayer le changement”, concluent-ils. Mais qu’est-ce que cela signifie ?
Le coût salarial par unité de produit dans l’industrie belge est plus faible qu’en France et en Allemagne. L’Etat belge consacre proportionnellement moins à la sécurité sociale que la France et l’Allemagne. Voici ce qui ressort du baromètre de 2013. Celui de 2014 nous apprend que le risque de pauvreté dans notre pays est plus élevé que dans tous les pays voisins. Il est de 38 % pour les familles monoparentales tout comme pour les chômeurs. De plus en plus de nos compatriotes reportent des soins médicaux pour raisons économiques et le nombre de mauvais payeurs atteint de records. La Belgique est pourtant un pays riche mais tandis que 20% des Belges les plus riches détiennent 61,2% de tout le patrimoine, les 20% plus pauvres n’en détiennent que 0,2%!
Le changement dont le baromètre FGTB parle ne répond malheureusement pas au diagnostic, comme si on donnait une aspirine à un cancéreux. Dans la traduction de ses remèdes à la presse, le sommet de la FGTB plaide pour “travailler sur” le relèvement du taux de remplacement des pensions légales à 75% du salaire moyen sur la carrière complète, mais elle n’est concrète que pour la suppression des avantages fiscaux pour le 3ème pilier, l’épargne-pension. Cela rapporterait 700 millions. Entre-temps, 2,7 millions de personnes ont déjà été poussées vers l’épargne-pension. Cela concerne donc non seulement 20% des plus riches mais aussi beaucoup de salariés. Une bonne occasion pour la droite d’encore diviser le mouvement ouvrier. Et ce, tandis qu’il y a de nombreuses autres mesures qui rapporteraient beaucoup plus et ne concernent qu’une couche supérieure. Et juste après, nous apprenons que la Commission européenne incite le gouvernement belge à supprimer l’avantage fiscal sur l’épargne-pension ! Nous sommes quand même en droit d’attendre bien mieux de la part de la FGTB.
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Israël/Palestine : participation record à la conférence ”Socialisme”
Un mécontentement grandissant dans la société engendre un intérêt pour les idées socialistes
Plus de 160 participants ont récemment pris part à la conférence ”Socialisme” organisée par le Mouvement Socialiste de Lutte (Socialist Struggle Movement, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Israël/palestine). Il s’agissait de la sixième année où un tel événement était organisé, et il s’agit à ce jour de la plus grande édition. Elle a réuni des militants israéliens et palestiniens, des syndicalistes et des socialistes actifs dans différents domaines. La très bonne participation à cet événement n’est qu’une des nombreuses indications illustrant qu’une couche croissante de la société est à la recherche d’une alternative à la politique raciste et pro-capitaliste du gouvernement Netanyahu. Cela ouvre la voie à un intérêt croissant pour les idées socialistes.
Yasha Marmer, Socialist Struggle Movement (SSM, CIO-Israël/Palestine)
Cette conférence, qui s’est tenue vers la fin de l’année 2013, a duré deux jours et comprenait plus de 10 sessions de discussion différentes, sur la lutte contre l’austérité et le coût élevé de la vie, sur l’expropriation continue des masses palestiniennes et la lutte pour une solution juste et équitable; sur le processus révolutionnaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord; sur la lutte contre le sexisme ou encore sur la crise mondiale du capitalisme et le combat pour une alternative socialiste.
L’une des caractéristiques qui rend ce type d’événement véritablement unique est d’avoir l’occasion d’entendre des orateurs de la toute première ligne de front de la lutte sociale. Cette année, ce fut tout particulièrement une réussite.
L’événement a accueilli des militants israéliens et palestiniens et des activistes membres de six syndicats différents, à côté de militants impliqués dans le combat contre le plan Prawer (un plan raciste visant les bédouins, sur lequel le gouvernement a dû provisoirement reculer), d’habitants impliqués dans la lutte contre les expulsions de maisons ou encore d’activistes de mouvements sociaux et d’initiatives antisexistes en lutte contre la ”culture du viol”. Tamar Gozhansky, un ancien député de gauche très connu de Hadash / AlJaba (Front démocratique pour la paix et l’égalité), et Daphni Leaf, figure de proue du mouvement de protestation massif de 2011 (ce mouvement avait vu un demi-million de personnes descendre dans les rues, dans le cadre des révoltes de masses qui ont suivi la révolution tunisienne, NDT), ont également pris la parole. Le dirigeant des cheminots devenu bête noire du régime, Gilla Edrai, a quant à lui envoyé ses salutations à l’assemblée.
Non aux expulsions, non à la politique du ”diviser pour régner”
La conférence a débuté avec deux discussions parallèles, l’une portant sur la lutte contre le sexisme l’autre sur lutte pour un logement décent. La seconde a été introduite par Neta Most (SSM) et a couvert à la fois la lutte pour des logements publics et contre les expulsions motivées par le profit ainsi que la lutte contre l’expropriation raciste des Bédouins arabes du Néguev/Naqab. L’un des orateurs, Amir Abu-Qvidar, est un résident du village bédouin ”non reconnu” par les autorités, il a expliqué la logique raciste qui se trouve derrière le plan Prawer qui menace d’exproprier de leurs terres et maisons entre 30 et 40.000 citoyens arabes de l’Etat d’Israël (plus sur le Plan Prawer (en anglais)). Rozin Basharat, qui participe également à cette lutte contre le plan Prawer, a parlé de son expérience sur le terrain, du rôle majeur joué par les Palestiniennes dans la lutte ainsi que de leur place dans la lutte globale contre l’expropriation et l’oppression nationale.
Yossi Cohen, porte-parole des résidents de l’un des quartiers de Tel Aviv menacé d’expulsion, a également parlé lors de cette session. Dans son cas, l’expulsion est lancée par un des plus grands magnats de l’immobilier en Israël, Itzhak Techouva, qui veut construire des logements de luxe.
La discussion a donc porté sur deux luttes différentes concernant le logement et la dignité d’existence, mais qui sont loin d’être séparées.
La discussion a mis l’accent sur les défis de la période qui nous fait face, mais aussi sur la possibilité de lier ces mobilisations entre elles – ce qui est une nécessité cruciale – et de surmonter la politique de diviser-pour-régner de l’élite capitaliste israélienne.
Une vague de syndicalisation
Plus tard dans la journée, les syndicalistes de différents lieux de travail se sont réunis pour discuter du développement sans précédent de la syndicalisation et des luttes syndicales de l’année écoulée, en parallèle avec les attaques du gouvernement contre le mouvement organisé des travailleurs. Parmi les orateurs se trouvait Shlomi Sheked-Almozalino, dirigeant syndical à l’entreprise de télécommunications Pelephone. Shlomi a raconté comment les travailleurs y ont remporté des victoires après une dure bataille pour la reconnaissance des syndicats dans l’entreprise. Ils ont ainsi pu avoir leur première convention collective de travail, qui couvre les 3000 salariés de l’entreprise. La lutte et la victoire des travailleurs de Pelephone constituent l’un des symboles de la vague actuelle de syndicalisation. Plus de 25.000 travailleurs ont rejoint les rangs syndicaux au cours de l’année 2013 uniquement.
Yasser Abu Arish du comité d’action des travailleurs de la société de crédit Leumi Card (qui regroupe 1200 travailleurs) a parlé de la lutte – toujours en cours – pour arracher une première convention collective de travail dans cette entreprise ainsi que de la façon dont la syndicalisation peut aider à combattre la discrimination raciste qui existe contre les Arabes-palestiniens sur le marché de l’emploi israélien, ce dont il a personnellement fait l’expérience.
Parmi les autres orateurs se trouvaient Naor Kapulnik, un militant du SSM qui participe également à cette lutte pour la syndicalisation des travailleurs dans une société de crédit; Anat Heyman, dirigeant d’un combat similaire à HaKameri, le plus grand théâtre de Tel-Aviv; et Hadas Zuqrat du secrétariat du syndicat des travailleurs sociaux.
Les syndicalistes réunis étaient de divers horizons, du syndicat Histadrout (principal syndicat israélien) à ”Pouvoir aux travailleurs”. C’est assez inhabituel étant donné le manque de forums de discussion et de coordination entre syndicalistes, y compris au sein d’Histadrout. Il s’agit du résultat des politiques de droite menées par la direction d’Histadrout.
L’une des propositions du SSM discutée était justement la création d’un tel forum pour que la base syndicale puisse discuter, dans le but de coordonner et de développer les luttes ainsi que pour faire pression sur les syndicats afin de résister ensemble à l’offensive des patrons et du gouvernement. Cette idée a reçu un large soutien des syndicalistes présents, tant de la tribune que du public, parmi lequel se trouvaient le dirigeant du syndicat des journalistes Maariv et Ami Vatury, de la direction de ”Pouvoir aux travailleurs”.
La conférence s’est poursuivie par une séance portant sur la lutte contre l’austérité et la cherté de la vie et d’une autre abordant la lutte contre l’occupation et pour une solution socialiste au conflit israélo-palestinien. Cette seconde session a été suivie par de nombreux jeunes et comprenait une introduction effectuée par Shahar Ben-Khorin (SSM) qui a parlé de l’incapacité des négociations en cours à satisfaire toutes les aspirations nationales ou sociales des masses palestiniennes ou à apporter une paix durable. Il a tiré quelques conclusions de l’échec des accords d’Oslo, des soulèvements palestiniens de masse – les Intifadas – et de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Shahar a parlé de la nécessité de développer des forces basées sur la classe des travailleurs autour d’un programme socialiste, des deux côtés de la division nationale, afin de mener la lutte pour l’égalité des droits et pour l’autodétermination, dans le cadre du combat pour une transformation socialiste de la société dans cette région minée par la guerre et la pauvreté.
Appel pour un nouveau front socialiste
La séance de clôture de la conférence, le lendemain, a porté sur la construction d’une alternative politique face aux partis pro-capitalistes. L’impact du profond mouvement de masse de 2011 est toujours présent et de nouveaux combats contre le gouvernement sont à venir.
Les orateurs de cette discussion étaient Or-Ly Barlev, militant des mouvements sociaux; Shelly Dvir, conseillère nouvellement élue à Tel-Aviv; Inbal Hermony, syndicaliste de premier plan du syndicat des travailleurs sociaux; Tamar Gozhansky, ancien député de Hadash / AlJaba et du Parti communiste; et Eyal Atsei Pri du Mouvement du SSM.
La session a commencé avec la projection d’une vidéo de la victoire électorale de Kshama Sawant à Seattle, aux États-Unis. Ensuite, Yasha Marmer (SSM) a introduit la discussion en demandant aux intervenants ce qui empêchait pareille victoire de ce produire dans le pays. Il a également présenté l’appel du SSM pour le lancement d’un nouveau front socialiste destiné à rassembler les travailleurs et les jeunes des deux côtés de la frontière nationale, dont beaucoup sont maintenant en lutte. Alors que la question nationale pose de grands défis pour la construction d’un mouvement qui cherche à unir les Juifs et les Arabes dans leur lutte pour une alternative socialiste, les militants du SSM et d’autres intervenants ont souligné le grand potentiel qui existe dans la société pour un tel mouvement étant donné le contexte de la région et les récents développements internationaux.
Gozhansky a exprimé son soutien à la construction d’un tel front des forces socialistes et a proposé d’engager des discussion en ce sens avec le SSM et d’autres forces. D’autres orateurs ont évoqué la nécessité de la construction d’un large mouvement de lutte pour un changement révolutionnaire. Cette session était donc un excellent point de départ pour que différentes forces de la gauche socialiste discutent de leur développement et des efforts destinés à unir la classe des travailleurs de tous les milieux dans le combat pour un changement de société.
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Succès retentissant pour une socialiste révolutionnaire à Seattle
Kshama Sawant est élue avec 95.000 voix (50,6%) ! Le socialisme contre-attaque aux USA
10 jours avant la tenue des élections locales, on pouvait lire dans le quotidien Seattle Times: “Nous pouvons déjà désigner les vainqueurs. Ce sont les socialistes. (…) Il est remarquable de constater qu’au cours de la campagne politique à Seattle de cette année, quasiment la totalité de son [Sawant] agenda a dû être repris même par les deux candidats-maires.” A ce moment-là, la majeure partie des commentateurs considéraient encore que Kshama Sawant ne remporterait pas le siège. Une fois devenu clair qu’elle avait pu réunir 95.000 voix, la presse locale n’a plus été seule à faire part de son étonnement, les médias nationaux et même internationaux se sont emparés du sujet de ce spectaculaire saut en avant.
Par Bart Vandersteene
Une éruption de mécontentement
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La politique locale aux USA
A Seattle, il n’y a pour toute la ville que 9 sièges au conseil de ville. Lors de la précédente législature, tous étaient du Parti Démocrate. Cette année, quatre de ces sièges étaient remis en jeu. Chaque habitant avait à choisir entre deux candidats pour chaque siège (après la tenue d’un premier tour en août).
Extrait d’un article du quotidien britannique The Guardian
‘‘Son élection montre qu’elle n’a pas eu peur de se profiler comme une socialiste, mais aussi que les électeurs n’ont pas craint de l’élire en tant que telle. Ce n’est pas seulement la preuve que le socialisme est devenu populaire, les gens ont conclu qu’ils étaient peut-être depuis longtemps des socialistes pour ne le réaliser que maintenant. (…) L’espoir aujourd’hui n’est pas seulement que Sawant constitue un nouveau souffle progressiste pour Seattle, mais qu’elle en inspire d’autres, elle démontre que si l’on endosse pleinement l’étiquette du socialisme, cela peut être considéré comme un compliment.’’
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La société américaine traverse actuellement une période de profonds changements. Pour une grande partie de la population, le fameux ‘‘rêve américain’’ gît brisé à leurs pieds. La crise a exposé au grand jour toutes les faiblesses du capitalisme et a ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire du pays. Le soutien pour le parlement n’est plus que de 9%, contre 45% dix ans passés. Un sondage a aussi récemment dévoilé que 60% des Américains veulent voir un troisième parti émerger pour rompre la domination du système bipartite. A la base de ces chiffres se trouve l’énorme fossé entre riches et pauvres qui va grandissant, mais aussi l’incapacité d’instaurer un système de soin de santé décent pour tous, la spectaculaire augmentation de l’endettement des étudiants, les salaires de famine (qui touchent 12% de la masse salariée…), ces millions de personnes qui ont perdu leur maison,…. La liste des raisons pour lesquelles les gens se détournent de ce système est sans fin.
Construire une voix de gauche et socialiste
Le premier mouvement à avoir exprimé cette colère fut le Tea Party, de droite et conservateur. Leur campagne hystérique contre Obama et toute leur rhétorique affirmant qu’il voulait répartir les richesses et instaurer le socialisme a toutefois suscité un grand intérêt pour les idées du socialisme.
Le président américain est pourtant loin d’être socialiste. Obama a luimême récemment précisé à ce sujet lors d’une rencontre patronale organisée par le Wall Street Journal : ‘‘Les gens disent parfois que je suis un socialiste. Mais non, allez voir ce qu’est un véritable socialiste. Vous aurez alors une idée de ce que c’est d’en être un. Je parle ici de diminution des taxes pour les entreprises. Ma réforme des soins de santé était basée sur le principe du libre marché. Et la dernière fois que j’ai regardé la Bourse, elle se portait très bien.”
L’espoir de l’arrivée d’un changement était grand au moment de son élection et de sa réélection. Aujourd’hui, c’est la déception qui domine. En paroles, Obama a su donner une certaine expression à l’aspiration pour un changement. Mais dans les actes, il a révélé sa véritable nature, celle d’un ardent défenseur des intérêts de l’élite économique. Cela a ouvert un espace à la gauche des Démocrates. Socialist Alternative, notre organisation-soeur américaine, a été parmi les premiers à percevoir ce potentiel. Notre victoire électorale est un bon exemple de ce qui s’offre à la gauche pour les années à venir. Si cette opportunité n’est pas saisie, le danger est réel que les forces électorales conservatrices et réactionnaires puissent être en mesure d’en profiter.
Construire le soutien aux idées du socialisme
La victoire de Seattle est une indication de la direction dans laquelle se dirige la société américaine. Des idées qui jusqu’à tout récemment encore étaient rejetées comme bien trop folles gagnent aujourd’hui en audience.
Juste après l’annonce de sa victoire, Kshama Sawant a pu prendre la parole lors d’une grande assemblée des travailleurs de Boeing. Pour la énième fois, cette entreprise a menacé de délocaliser sa production, un chantage qui lui a rapporté un nouveau cadeau fiscal historique de l’État de Washington : 8,7 milliards de dollars. Mais leur soif de profit est inapaisable. Les managers ont, par-dessus le marché, réclamé une révision extrêmement drastique des pensions des travailleurs ! Pour ces derniers, la coupe était pleine et ils ont voté à une large majorité contre cette proposition, même sous la menace de la délocalisation brandie par Boeing.
Kshama Sawant a stupéfait les travailleurs par son langage radical et très inspirant. ‘‘La seule réponse à donner quand la direction de Boeing menace de partir, c’est de dire que les machines restent ici. Les travailleurs qualifiés et expérimentés aussi sont ici, nous continuerons à travailler, nous n’avons aucunement besoin de managers. Ce ne sont pas eux qui font tourner l’usine, ce sont les travailleurs. Ils peuvent partir, nous reprendrons l’entreprise sous propriété publique.’’
Les forces socialistes ont dû nager à contre-courant très longtemps aux États- Unis, plus encore que dans le reste du monde. Cette percée des socialistes révolutionnaires est une source d’inspiration pour tous ceux et toutes celles qui se battent pour un autre monde, un monde socialiste.
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[INTERVIEW] USA : Victoire éclatante pour une socialiste révolutionnaire à Seattle!
Des “conséquences fracassantes” aux Etats-Unis et internationalement
Le soir du 15 novembre 2013 restera une date marquant une étape historique dans la construction d’un nouveau mouvement socialiste aux États-Unis, la plus grande puissance capitaliste au monde. Kshama Sawant, candidate de Socialist Alternative (les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) aux USA) a été capable de remporter un siège au conseil de Seattle après que son adversaire ait concédé avoir perdu. C’est la première fois depuis de nombreuses décennies qu’un socialiste révolutionnaire remporte une élection aux Etats-Unis en battant le parti Démocrate, un parti qui prétend être favorable aux travailleurs. Le décompte des voix se poursuit toujours et confirme l’avance croissante de Kshama Sawant dans cette ville. En date du 18 novembre, Kshama avait reçu le suffrage de 93.168 personnes.
Sarah Wrack, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
Pourquoi avez-vous, avec Socialist Alternative, decide de vous presenter à ces élections ?
L’an dernier, nous avions déjà mené campagne pour la Chambre des représentants de l’Etat de Washington, j’étais alors candidate contre le président de la Chambre, Frank Chopp, probablement le parlementaire le plus puissant de l’Etat (Lire notre article Socialist Alternative remporte un score historique contre le Président de la Chambre des Représentants de l’Etat de Washington).
Derrière notre décision de mener cette campagne électorale, il y a notre analyse politique des conditions qui ont émergé suite au mouvement Occupy. Ce mouvement a été très actif puis, vers fin 2011 – début 2012, il a commencé à bifurquer vers des campagnes telles que Occupy Homes au Minnesota (contre les expulsions et les saisies immobilières) et ainsi de suite. Mais dans la plupart des cas, le mouvement commençait à perdre son souffle. Le sujet le plus important à ce moment était la réélection de Barak Obama et le fait que, pour ceux qui se considèrent comme des progressistes, la priorité était d’obtenir cette réélection parce qu’il était impensable de voir le Républicain Mitt Romney arriver à la Maison Blanche.
Bien entendu, Socialist Alternative est d’accord pour dire que l’aile droite ne doit pas disposer d’une telle opportunité, mais nous avons également fait remarquer que les Démocrates ne constituent en rien une alternative et que dans l’ensemble, la classe des travailleurs n’a pas bénéficié de la politique des deux partis du Big Business, qui sont dans les faits deux ailes d’un même grand parti pro-capitaliste.
En fait, l’administration Obama est en elle-même un bon exemple de la manière dont les Américains progressistes placent leurs espoirs dans les Démocrates années après années pour ensuite devoir faire face à toute une série de trahisons. Toutes les promesses concernant les soins de santé, les détentions à Guantanamo Bay, la fin de l’occupation de l’Afghanistan et les attaques de drones,… n’ont pas été tenues. Les attaques de drones ont augmenté, la présidence d’Obama a été marquée par le plus grand nombre d’expulsions de sans-papiers et, en tant que professeur, je peux vous garantir que l’assaut contre l’enseignement public et contre les syndicats d’enseignants a été plus aigu sous Obama.
La question qui se posait à Socialist Alternative était de voir comment pouvoir poursuivre les discussions politiques et d’approfondir la clarification portant sur la nécessité de rompre avec les deux partis de Wall Street et de rompre également avec le système capitaliste lui-même. Lancer notre propre campagne et illustrer par la pratique ce qu’une campagne populaire véritablement indépendante pouvait être nous a semblé constituer une stratégie efficace.
Nous avons mené campagne en refusant l’argent des grandes entreprises et sans chercher le soutien de l’establishment du parti Démocrate.
L’an dernier, nous avons obtenu 29% des voix, un score tout à fait remarquable : plus de 20.000 personnes avaient voté pour nous. Et nous nous sommes battus pour notre droit d’avoir ‘‘Socialist Alternative Party’’ sur le bulletin de vote (et non tout simplement le nom du candidat), tout comme nous avons cette année aussi mené ouvertement campagne sous le nom de Socialist Alternative.
Comment la campagne a-t-elle été organisée?
Les premières personnes impliquées ont été les membres de Socialist Alternative. Notre objectif principal au début était de développer la plate-forme de la campagne. Le thème fut discuté et débattu dans toutes les sections locales de Socialist Alternative. Nous avons particulièrement souligné trois points, dont la revendication d’un salaire minimum de 15 $ de l’heure, ce que nous avions déjà défendu l’an dernier. Cette année, puisque nous étions impliqués dans une campagne menée à travers toute la ville, notre revendication d’un salaire minimum a été discutée dans toute la ville de Seattle. Le second point concernait le droit de disposer d’un logement abordable et d’un contrôle des loyers. Le troisième était l’instauration d’une taxe sur les millionnaires pour financer le transport en commun et l’enseignement.
Notre campagne était placée sous le slogan : ‘‘make Seattle affordable for all’’ (rendre Seattle abordable pour tous), car Seattle est une ville très riche mais profondément inégalitaire. Y vivre est inabordable pour la grande majorité des gens, et en particulier dans les rangs des travailleurs à bas salaire.
Dès le début, il était clair que ces revendications attiraient l’attention enthousiaste de la classe des travailleurs à Seattle, ce qui nous a aidé à développer notre réseau de volontaires. De nombreuses personnes se sont senties galvanisées à l’idée d’une campagne électorale tellement différente du business-as-usual des politiciens pro-capitalistes.
Le fait que nous nous sommes engagés, en cas de victoire, à ne garder que le salaire moyen d’un travailleur a particulièrement suscité l’intérêt. Un membre du conseil de Seattle (qui en comprend 9) gagne 120.000 dollars par an, un salaire très élevé qui n’est devancé qu’au conseil de Los Angeles. La plupart des gens ne savaient pas qu’il en était ainsi et nous avons bénéficié d’un large écho en affirmant que nous ne garderions que le salaire moyen d’un travailleur, en consacrant le reste à la construction des mouvements pour la justice sociale.
C’est donc à travers la politique à la base de la campagne que nous avons été capables de construire une grande base de bénévoles. Plusieurs membres de Socialist Alternative ont travaillé à temps plein pour les organiser. Nous avions un bureau de campagne où étaient organisées des réunions de travail quotidiennement, en collaboration avec la direction locale de Socialist Alternative.
Nous avons de cette manière pu être en mesure de prêter attention à tout ce qui se passait dans la ville et de profiter de toutes les opportunités pour parler de la campagne, pour la faire connaître et disposer d’espaces dans les médias, chose véritablement nécessaire puisque nous étions en lutte contre un puissant Démocrate implanté au conseil depuis 16 ans déjà. Nous avons été capables de faire fortement ressortir les conséquences néfastes de sa politique mais aussi de celle de l’administration de Seattle en général et de montrer à quel point ces politiciens sont totalement en dehors de la réalité quotidienne des travailleurs. Grâce à tous ces efforts, nous avons pu construire une base de plus de 350 bénévoles, une grande source d’énergie pour la campagne.
Dans la dernière ligne droite, ce qui a beaucoup aidé la campagne, ce fut l’organisation d’une centaine d’actions le week-end précédant le jour du scrutin. Des partisans de Socialist Alternative se sont placés avec des affiches à tous les carrefours majeurs de la ville, plusieurs bannières ont été déployées au-dessus des autoroutes autour de la revendication d’un salaire minimum.
Cela nous a vraiment aidé pour convaincre les gens d’aller voter. La politique de la ville est tellement hors de la réalité des travailleurs et de leurs familles qu’il est normal que nombre parmi eux ne fassent pas attention à la campagne électorale, qu’ils trouvent ennuyeuse. Ils considèrent les membres du conseil comme de riches blancs issus de la classe supérieure, qui ne sont pas au courant de ce qui se passe sur le terrain et ne s’en soucient pas. Le défi auquel nous avons dû faire face ne consistait donc pas seulement à influencer des électeurs, mais aussi à pousser les habituels abstentionnistes à aller voter pour cette fois.
Nous avons également désiré approfondir le dialogue avec les gens. Nous sommes marxistes, nous ne pensons pas que l’arène électorale est la plus favorable pour la construction des mouvements sociaux. Nous avons voulu montrer un exemple de la manière dont cela pouvait être fait, avec une implication active dans la campagne. Je pense que c’était là notre plus grand défi, et que nous nous en sommes plutôt bien sortis.
Mais nous ne pouvons pas tout simplement parler de notre campagne. Nous devons aussi mentionner qu’elle a été menée au même moment que la lutte des travailleurs des fast food. A Seattle tout particulièrement, ces travailleurs en lutte étaient très confiants en leurs possibilités, et nous nous sommes montrés solidaires de leur combat. Un scrutin portant sur l’instauration d’un salaire de 15 $ de l’heure a aussi été lancé à Seatac, une ville voisine de Seattle où se trouve l’aéroport international. Le thème était très précisément la question du salaire des travailleurs des aéroports. Tout cela a contribué à l’élan de la campagne.
Comment les gens ont-ils réagi au fait que vous vous êtes présentés ouvertement comme socialistes ?
Pour la plupart des gens, ce qui est surtout ressorti, c’est que nous luttions pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure.
Ce qui est vraiment attiré l’attention, c’était l’audace dont nous avons fait preuve sur cette question, contrairement à ce qui se fait généralement. Pas mal de gens qui approuvaient notre campagne et avaient l’expérience des partis bourgeois nous disaient : ‘‘vous devez baisser le ton, ne critiquez pas tellement l’administration.’’ On m’a même souvent demandé: ‘‘pourquoi devez-vous toujours commencer chaque discours en disant: ‘‘Je suis un membre de Socialist Alternative’’?’’
Ils voulaient me dissocier de Socialist Alternative parce que la politique électorale américaine est normalement centrée sur des personnes et des personnalités, pas sur des organisations collectives ou l’effort collectif. Mais nous avons complètement rejeté cela. Nous avons été plus audacieux et avons été implacables en présentant notre politique et affirmant clairement que chaque personne qui aimait cette campagne et son aspect combatif devait savoir que cela avait directement à voir avec le fait que nous sommes des socialistes révolutionnaires.
Beaucoup de gens ne se souciait du reste pas tellement de l’étiquette, ils se souciaient du fond de la campagne. Mais pour une certaine couche, cela était important. Certains disaient ‘‘Eh bien si c’est ça une campagne socialiste, et que je suis d’accord avec tout, alors peut-être bien que je suis moi-même un socialiste, peut-être que j’ai besoin d’entrer en discussion avec Socialist Alternative.’’ Des personnes ont rejoint notre organisation, où sont en discussion à cette fin, parce qu’ils ont approuvé ce que nous avons dit et que leur confiance a été renforcée par notre ardeur à nous battre pour la victoire.
Quels sont vos projets maintenant ?
Tout d’abord aujourd’hui [le 17 Novembre] nous avons un grand meeting pour réunir tous ceux qui ont participé à la campagne et pour célébrer notre victoire. Mais il sera également question de donner une idée de la voie à suivre pour l’avenir : que doit-il maintenant se passer ?
Nous ne voulons pas limiter à parler de la campagne et de ce que nous allons faire au conseil de Seattle, nous voulons aussi aborder la signification de cette victoire. Quelle est la signification de la victoire d’un socialiste révolutionnaire au conseil d’une grande ville américaine ? En de nombreux points, il s’agit d’un bouleversement pour la gauche en général, en particulier aux Etats-Unis mais aussi au niveau international. Si cela a été possible, qu’est ce qu’on peut faire d’autre ?
La raison pour laquelle nous obtenons l’attention des médias nationaux et internationaux n’est pas que nous avons gagné un siège au Conseil de Ville. Normalement, tout le monde s’en fiche. Ce qui est frappant, c’est qu’une personne ouvertement socialiste remporte un siège, que la campagne n’a pas bénéficié de l’argent des grandes entreprises et qu’elle n’a pas reposé sur l’appareil du parti Démocrate pour l’emporter. Nous avons besoin que la gauche tire parti de ces enseignements et se rende compte qu’il existe une ouverture pour construire des mouvements et construire une alternative anticapitaliste viable qui luttera pour les travailleurs, contre les deux partis de Wall Street.
Au Conseil, notre première priorité sera de pousser l’application d’un salaire minimum de 15 $ de l’heure. Nous allons rédiger une ordonnance à cette fin à destination du Conseil. Mais nous n’avons aucune illusion sur le fait que cela sera facile. Les grandes entreprises vont résister bec et ongles parce que Seattle est une ville importante, et qu’il leur faut éviter tout précédent. Cela pourrait avoir un effet domino sur d’autres villes. Nous devons donc continuer à soutenir la construction d’une mobilisation de masse autour de cette revendication.
Une des choses à laquelle nous allons maintenant œuvrer est l’organisation d’un meeting de masse, notre objectif est de réunir 10.000 personnes mais nous verrons comment ça se passe, début d’année prochaine, en soutien à cette revendication des 15 $ de l’heure.
J’ai vu beaucoup de commentaires disant qu’il y a quelque chose d’unique à Seattle. Bien sûr, il y a toujours des choses différentes d’une situation à l’autre, mais je pense qu’il est important pour la gauche de partout réaliser que, compte tenu de la crise du capitalisme (et en particulier en Europe au vu de la politique d’austérité qui y a été appliquée), il est absolument certain que de grandes possibilités existent. Si cela peut se produire dans l’antre de la bête, il n’y a aucune raison que cela ne puisse pas être fait ailleurs. Mais ce n’est pas automatique, et c’est pourquoi nous devons consciemment construire nos forces.