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Tag: Social-démocratie
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[VIDEO] #KeepCorbyn Messages de solidarité du Parlement irlandais
Dans les vidéos ci-dessous, les députés du Socialist Party (section du Comité pour une internationale Ouvrière en république irlandaise et parti-frère du PSL) et de l’Anti Austerity Alliance Paul Murphy et Ruth Coppinger s’expriment contre le coup d’Etat en cours au sein du Parti Travailliste britannique de la part des Blairistes pour retirer la présidence du parti à Jeremy Corbyn. Ils s’expriment également au sujet de l’impact du Brexit.
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Le PS et le SP.a soutiennent Corbyn… uniquement lorsqu’il se soumet à la droite !
Jeremy Corbyn a récemment été élu président du Parti travailliste, le Labour, en Grande-Bretagne. Cette élection d’un candidat anti-austérité représente un véritable bouleversement dans la situation politique.
Par Jarmo (Anvers)
Le Parti travailliste britannique fut l’un des premiers partis sociaux-démocrates européens à embrasser le néolibéralisme et à bazarder toute référence au socialisme ou à une politique favorable aux travailleurs. C’est aussi le parti travailliste, sous la direction de Tony Blair, qui a décidé de partir en guerre en Irak. C’est donc des plus remarquables que c’est précisément ce parti qui, aujourd’hui, se retrouve avec un socialiste à sa tête pour la première fois depuis des décennies.
L’enthousiasme autour de la figure de Corbyn a même des conséquences en Belgique. La social-démocratie essaie ainsi d’instrumentaliser son succès dans une tentative désespérée de soutenir qu’elle reste politiquement pertinente.
L’élection de Corbyn – avec 59% des suffrages exprimés – est l’expression de la recherche croissante d’une alternative politique en Grande-Bretagne. Le même processus a déjà conduit à l’émergence de nouvelles formations de gauche comme Syriza et Podemos tandis que, dans d’autres pays, l’espoir se développe que des personnalités de gauche soient capables de reprendre les rênes d’un parti comme le Parti travailliste.
Des centaines de milliers de jeunes et de travailleurs se sont mobilisés pour la campagne de Corbyn et ont placé leurs espoirs dans son programme d’investissements massifs dans les services publics, de réhabilitation des acquis sociaux comme les pensions et le droit de grève,… et dans la fin de la vague incessante et violente d’austérité qui frappe la population de plein fouet. L’élection de Corbyn est aussi une expression de la désillusion parmi la population britannique pour la direction traditionnelle du Labour, qui reste d’ailleurs opposée au programme de Corbyn. Cette contradiction devra, plutôt tôt que tard, conduire à une scission. Corbyn doit utiliser son soutien et l’enthousiasme qu’il a suscité pour rassembler autour de lui toutes les forces de gauche dans la société afin de construire un nouvel instrument politique pour la classe des travailleurs.
Il n’y a pas de différences fondamentales entre la direction traditionnelle du Labour et celles du PS et SP.a en Belgique. Ces partis sont partisans de la casse sociale qui, après des années de participation aux gouvernements, ne voient qu’un sentier de destruction sociale lorsqu’ils regardent derrière eux. La social-démocratie belge fut par exemple à la base de la réforme des prépensions, de la privatisation et du démantèlement des services publics,… Ils ont même été les auteurs de mesures haïes comme le Pacte des Générations en 2005 et la chasse aux chômeurs. Probablement aucun jeune en Belgique ne se souvient d’un moment où ces partis ont représenté une force progressiste.
Cependant, les dirigeants sociaux-démocrates flamands et francophones sentent aussi la recherche d’une alternative politique. Les succès électoraux du PTB, particulièrement du côté francophone, sont déjà une expression partielle de cette recherche. Elio Di Rupo a donc immédiatement félicité Corbyn en disant qu’ils ont ‘‘des objectifs communs : fin à l’austérité, une société juste et plus de justice sociale’’. Kathleen Van Brempt du SP.a a écrit une carte blanche en défense de Corbyn, mais en se limitant au tournant de Corbyn qui a déclaré qu’il n’est plus en faveur d’un Brexit (la sortie de l’euro). Le fait que Corbyn maintient cependant toujours que l’Union Européenne néolibérale n’est qu’un instrument politique aux mains de la classe dirigeante pour imposer une politique d’austérité sévère n’était bien sûr pas mentionné par Van Brempt. Elle essaie, de façon pathétique, d’utiliser la popularité d’un adversaire politique pour se donner une image plus à gauche.
Van Brempt n’est pas la seule à procéder de la sorte. Paul Magnette fait pareil. Il se réfère à Corbyn, mais surtout aux points spécifiques sur lesquels il a déjà cédé à la droite de son parti. Autrement dit, Magnette défend Corbyn tant qu’il ne s’agit pas des éléments qui ont créé l’enthousiasme ! Magnette lui reproche d’ailleurs de fonctionner comme la ‘‘gauche radicale’’ : de présenter des sujets complexes d’une manière simpliste. Cela n’empêche pas Magnette de déclarer que les programmes de la gauche radicale et du PS ne sont pas trop différents : une taxe des millionnaires, une fiscalité plus juste,… En réalité Magnette montre les limites de telles propositions. Si même des représentants d’une politique d’austérité sont prêts à les défendre en paroles…
Dans la même logique Di Rupo, tout comme le président du SP.a John Crombez, a déclaré qu’il n’était pas opposé à des coalitions avec le PTB. Ce parti a aussi déclaré d’être en faveur d’une ‘coalition progressiste’ à Anvers avec SP.a et Groen. Le président du PTB Peter Mertens a ainsi affirmé : ‘‘J’espère que personne ne va s’enfermer dans ses propres points de vue et qu’ils vont comprendre que cette collaboration est plus que jamais nécessaire.’’ Tous les précédents indiquent cependant qu’une nouvelle formation de gauche doit se méfier d’une collaboration avec la ‘‘gauche’’ néolibérale.
Dans la plupart des pays, le mouvement des travailleurs n’a plus d’instrument politique. L’élection des figures de la gauche dans anciens partis du mouvement ouvrier et l’émergence de nouvelles formations d’autre part, sont des expressions de la recherche d’une alternative. Cela peut constituer des pas importants dans la bonne direction. Mais une alternative politique ne sera en dernière instance seulement possible que sur base d’une grande implication du mouvement des travailleurs. Elle exige également la reconnaissance des limites programmatiques de certains partis de gauche, ainsi que la conscience que les anciens partis sociaux-démocrates dans leur état actuel sont devenus des cadavres pourrissants pour le mouvement des travailleurs. Le PSL veut aider au développement de chaque initiative allant vers la formation d’un nouveau parti des travailleurs.
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[VIDEO] Hannah Sell concernant la victoire de Jeremy Corbyn
Avec 59,5% des voix, le candidat de gauche anti-austérité Jeremy Corbyn a remporté les élections pour la présidence du parti travailliste. Les choses ne vont pas en rester là. L'appareil du parti travailliste n'acceptera pas de nouveau cours à gauche et fera tout pour récupérer Corbyn ou pour saboter son travail. Il sera crucial de structurer le large soutien dont il a bénéficier durant sa campagne pour construire, au côté des socialistes et des syndicalistes qui ne sont pas membres du parti travailliste, un large et fort mouvement anti-austérité.
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Corbyn en Grande-Bretagne, Sanders aux USA : la percée de candidats de gauche bouscule l’élite néolibérale
A peine la poussière est-elle retombée en Grèce après le gigantesque ‘‘NON’’ à l’austérité exigée par la Troïka et le rapide retournement de veste de la direction de SYRIZA que de nouvelles migraines se présentent à l’establishment. En Grande-Bretagne, le candidat de gauche à la présidence du Parti Travailliste, Jeremy Corbyn, a créé la surprise en arrivant en tête des sondages. Ses meetings attirent des milliers de jeunes, de travailleurs et de gens ordinaires qui, jusqu’à tout récemment, ne se sentaient plus du tout concernés par le monde politique. La presse capitaliste et l’establishment sont aux abois.
Par Peter Delsing
Corbyn rejette cette idée d’une politique où ‘‘tout le monde’’ considère l’austérité néolibérale comme allant de soi. Il fait campagne sur des questions telles que la nationalisation des secteurs du rail et de l’énergie, il veut combattre les inégalités et arrêter les guerres capitalistes. Et puis, aux Etats-Unis, il y a Bernie Sanders, un candidat de gauche qui se présente aux primaires démocrates qui doivent trancher qui sera le candidat aux présidentielles de 2016. Tout d’abord ignoré par les puissants groupes de presse capitalistes, Bernie Sanders et le mouvement de gauche autour de lui ont fini par sérieusement bousculer la campagne d’Hillary Clinton, candidate naturelle des Démocrates. Sanders attire lui aussi une foule de participants à ses meetings, aucun autre candidat à la présidentielle américaine ne parvient à l’égaler. Il défend un système de soins de santé universel, un enseignement supérieur gratuit face à l’explosion des dettes étudiantes, l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure, etc. Comment expliquer ces remarquables bouleversements ?
‘‘Tout ce qui semblait solide se dissout dans l’air’’ (Marx)
De par son analyse dans le ‘‘Capital’’, Marx expliquait qu’une base rationnelle se trouve derrière l’éclatement d’une crise au sein du système. Ces 30 à 40 dernières années, nous avons constaté une baisse systématique des investissements, malgré une hausse des profits pour les capitalistes grâce aux politiques néolibérales. Alors que divers éléments de crise étaient déjà présents dans les années ‘70, nous avons connu une croissance encore plus faible ces dernières décennies, une baisse du pouvoir d’achat, une baisse des allocations sociales,… ainsi que des éléments de la notion marxiste de suraccumulation du capital au-delà de ce que le marché pouvait absorber. Cela s’est traduit par un chômage structurel de plus de 10% en Belgique et un chômage de masse en Europe du Sud. Des générations entières de jeunes et de travailleurs ne connaissent ce système que par son caractère instable et antisocial, où chaque revers économique dégrade ou balaye rapidement leur niveau de vie. Politiquement, cela a créé un vide dans lequel ont tenté de s’engouffrer les forces de droite populistes ou d’extrême droite. Mais de grandes possibilités sont également présentes pour de nouveaux mouvements de gauche.
Il nous faut des instruments indépendants de l’establishment capitaliste
L’irruption de Corbyn et Sanders sur le devant de la scène politique en Grande- Bretagne et aux États-Unis renverse toute la sagesse conventionnelle. A l’occasion de la défaite du Parti Travailliste aux dernières élections britanniques, tous les commentateurs bourgeois – et les partisans de droite de Tony Blair – étaient unanime à dire que la campagne de Miliband était axée ‘‘trop à gauche’’ et se concentrait trop sur les inégalités. Le sentiment dominant parmi la majorité des travailleurs et des jeunes en Grande-Bretagne, basée sur leur expérience concrète, est que le Parti Travailliste est lui aussi un parti néolibéral, mais qui applique l’austérité à un rythme différent de celui des conservateurs Tories. Dans les faits, les Tories n’ont ‘‘remporté’’ qu’avec le soutien de 24% de l’électorat. La force d’attraction du Parti Travailliste avait souffert de son programme de cogestion du capitalisme. Jeremy Corbyn et le mouvement qu’il a spontanément provoqué illustrent que des positions de gauche plus radicales ne repoussent absolument pas les électeurs, bien au contraire. Il faut investir dans les services publics et l’emploi, c’est vrai. Le succès de Corbyn – et Sanders aux États-Unis – donne un aperçu du potentiel d’un mouvement socialiste indépendant en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et ailleurs.
Sanders a réuni 28.000 personnes à Portland (Oregon) pour un meeting. À Los Angeles, 27.000 se sont retrouvées dans un stade, avec peut-être bien autant de personnes à l’extérieur. Sanders, à l’instar de Corbyn, développe de véritables problématiques : l’enseignement, les salaires, les investissements sociaux,… C’est un sérieux pas en avant qui contraste considérablement avec la rhétorique des candidats de l’establishment. Plus les Américains entendent parler de la campagne de Sanders, plus ce dernier grimpe dans les sondages. Dans l’Etat du New Hampshire, Sanders a même dépassé Hillary Clinton dans un sondage (44% contre 37%) et ce n’est pas le seul sondage qui démontre qu’il pourrait bien l’emporter. Sanders pourrait même obtenir des fonds capables de rivaliser avec ceux de Jeb Bush ou Scott Walker (des candidats républicains), mais uniquement sur base de donations de gens ordinaires et pas de multinationales.
Nos organisations-soeurs aux États- Unis, en Angleterre et au Pays de Galles, en Ecosse et en Irlande du Nord sont en dialogue avec ces nouveaux mouvements ‘‘socialistes’’. Mais les campagnes de Sanders et Corbyn comportent tout de même une contradiction majeure. Aux Etats-Unis, le Parti Démocrate représente un parti du Capital avec un appareil de parti entièrement pro-capitaliste. En dépit de l’afflux récent de membres qui veulent voter pour Corbyn, les structures du Parti Travailliste ne représentent aucunement un forum pour le débat et l’exercice d’idées et de campagnes de gauche. L’aile droite hostile à Corbyn contrôle le groupe parlementaire et tout l’appareil du parti. Soit ils saboteront Corbyn, soit une scission se produira au sein du parti. Même si Corbyn est toléré en tant que président, les parlementaires de droite feront tout leur possible pour saper ses propositions et le combattre en interne.
Mettre sur pied une toute nouvelle structure démocratique et inclusive s’impose pour obtenir un véritable parti de lutte. Le Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles, le Socialist Party écossais et le Socialist Party d’Irlande du Nord (nos partis-frères en Grande- Bretagne) appellent Corbyn à lancer un tel parti des travailleurs et des jeunes à partir d’une grande conférence réunissant la gauche et tous ceux qui veulent se battre contre l’austérité. Nous appelons également Sanders à faire face à une éventuelle défaite contre Clinton aux primaires démocrates en se préparant à lancer une campagne présidentielle indépendante et socialiste. Aucun soutien ne doit être accordé à un candidat démocrate du Big Business. Le potentiel présent doit être exploité pour donner naissance à un large mouvement de la classe des travailleurs indépendant de Wall Street.
L’avertissement de la capitulation de SYRIZA
Nous soutenons le virage à gauche exprimé par ces mouvements, tout comme notre organisation-soeur grecque qui avait soutenu de manière critique SYRIZA. Nous avons prévenu dès le départ que Tsipras et la direction du parti s’orientaient vers le centre – autour de la dette nationale et de la propriété publique de l’économie notamment – et qu’un gouvernement de gauche devrait rompre avec le capitalisme s’il était désireux d’appliquer une politique sociale. Même avant le référendum, il était clair que Tsipras ne disposait d’aucune alternative sérieuse face au système capitaliste. C’est cela qui l’a conduit à capituler face à l’Union européenne, au néolibéralisme et à l’austérité.
Jeremy Corbyn dit qu’il est prêt à faire tourner la planche à billets pour investir dans les services publics et les emplois. Il est certain que ces investissements sont nécessaires. Mais sur base capitaliste, une telle création de monnaie à partir de rien ne conduira pas aux nouveaux investissements espérés. Comme à la fin des années ’70 avec les mesures keynésiennes, cela peut donner naissance à une inflation ou à une stagflation (forte inflation des prix et stagnation économique). C’est l’échec des solutions réformistes de type keynésiennes qui a ouvert la voie aux politiques néolibérales.
Un gouvernement de gauche subirait l’offensive de l’appareil d’Etat capitaliste (hauts fonctionnaires, managers,…). Les marchés menaceraient d’organiser la fuite des capitaux et les grandes entreprises le sabotage de l’économie. Le capital ne ménagerait pas ses efforts pour dépeindre un gouvernement de gauche comme une bande d’aventuriers. Nous aurons besoin d’un mouvement de masse dans les rues et dans les entreprises armé de ses propres instruments politiques et d’un programme visant à la nationaliser sous contrôle et gestions démocratiques des secteurs clés de l’économie, non pas de manière bureaucratique mais sous l’autorité d’organes démocratiquement élus sur les lieux de travail, dans les écoles et dans les quartiers.
Kshama Sawant a obtenu 52% aux primaires à Seattle
Cette année, les 9 conseillers municipaux qui gèrent la ville de Seattle doivent être réélus (7 par district et 2 à l’échelle de toute la ville). Ces élections se passent en deux tours et Kshama vient de remporter la première manche avec 52% des voix, soit 15% de plus que son plus proche adversaire sur un panel de 5 candidats.
Kshama a joué un rôle essentiel pour arracher l’instauration d’un salaire minimum de 15 $ de l’heure, une première dans une grande ville américaine. Elle a utilisé sa position pour aider à construire un mouvement populaire, avec soutien syndical. Elle lutte aujourd’hui pour le contrôle des loyers et la construction de logements publics de qualité.
Sa campagne a engagé quelque 600 volontaires et elle a su récolter 265.000 dollars, dont pas un cent n’est issu des grandes entreprises. Elle se trouve en bonne position pour remporter les élections de novembre, mais les grandes entreprises feront tout pour la bloquer.
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Grande-Bretagne : L'insurrection Corbyn
Quel que soit le résultat des élections pour la présidence du Parti Travailliste, la campagne de Jeremy Corbyn a déjà changé la scène politique britannique. La propriété publique d’entreprises, un système d’éducation gratuite, la défense des droits syndicaux, la résistance des conseils municipaux aux coupes budgétaires : tout cela est à nouveau sur le tapis. Même si les références explicites à cela ont été réduites au silence durant la campagne, le gros mot qui commence par un S (Socialisme) lui-même est maintenant de retour dans le débat politique.Editorial de Socialism Today, Magazine du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles), édition de septembre 2015
Mais cela ne signifierait-il pas que la transformation du Labour Party (le Parti Travailliste) en New Labour, un parti capitaliste «normal» de plus, a été inversée ? D’après le parlementaire Michael Meacher (ministre du gouvernement travailliste entre 1974 et 1979 et à nouveau sous Blair de 1997 à 2003), qui soutient la campagne de Corbyn, c’est «le plus grand bouleversement non-révolutionnaire de l’ordre social dans la politique britannique moderne. Après 20 ans de fanfaronnades capitalistes, les gens ont dit «assez» et le Labour en revient maintenant à ses valeurs et principes réels.» (The Guardian, 13 août)
La transformation du Labour (dont Margaret Thatcher disait qu’il s’agissait de sa plus grande réussite) ne s’est cependant pas faite d’une fois. Ce fut un processus qui a pris place dans le contexte mondial du triomphe du capitalisme après l’effondrement des Etats staliniens de Russie et d’Europe orientale au début des années 1990. Ce processus fut tant idéologique qu’organisationnel, il a déraciné les idées socialistes et a détruit les structures démocratiques du Labour Party qui permettaient à la classe organisée des travailleurs, via les syndicats tout particulièrement, de lutter pour leur influence au sein du parti. L’insurrection de Corbyn est en effet un mouvement contre le «capitalisme fanfaron», mais le «nouvel ordre social» des deux dernières décennies qui a supprimé l’élément de représentation indépendante de la classe des travailleurs au sein du Labour Party ne va pas être renversé aussi facilement.
En 1995, Tony Blair a aboli l’engagement historique du Labour, la Clause Quatre des règles du parti, en remplaçant «la propriété commune des moyens de production, de distribution et d’échange» par une ode à la dynamique «initiative du marché et la rigueur de la concurrence». Il ne s’agissait pas là que de symbolisme. La Clause Quatre résumait les intérêts collectifs de la classe des travailleurs à lutter pour une nouvelle forme de société – le socialisme – en opposition au système de marché capitaliste.
D’un autre côté, l’affiliation syndicale (quand elle est démocratiquement exercée par les membres du syndicat) sauvegardait la capacité potentielle de la classe des travailleurs à contrôler ses représentants politiques (le Labour a été fondé par les syndicats en 1900, un syndicat peut choisir de s’affilier au parti et paye alors des cotisations, NdT). Ce sont ces caractéristiques qui définissaient le Labour Party par le passé en tant que «parti capitaliste des travailleurs», avec au sommet une direction qui reflétait invariablement la politique de la classe capitaliste mais avec une base idéologique de parti socialiste et une structure que les travailleurs pouvaient utiliser pour remettre en question la direction et menacer les intérêts des capitalistes.
Mais le rôle collectif des syndicats a aussi été systématiquement effacé, en commençant par l’introduction en 1994 des règles de «un membre, un vote» pour la sélection des candidats. Auparavant, les sections syndicales envoyaient des délégués aux sections locales du Labour Party, aux côtés des représentants locaux du parti, pour débattre, décider de la politique et choisir les candidats. C’est ainsi que des parlementaires de Militant (l’ancêtre du Socialist Party à l’époque où ses membres constituaient l’aile marxiste du parti), Dave Nellist (à présent président de la TUSC, coalition des syndicalistes et socialistes) et les regrettés Terry Fields et Pat Wall, ont pu être choisis comme candidats du Labour dans les années ‘80. Les structures démocratiques – la démocratie représentative participative – assuraient que les sections de masse du parti comme à Liverpool et Coventry étaient en effet des «parlements du mouvement ouvrier» locaux. Le New Labour, au contraire, reposait sur une base majoritairement passive.
Ironiquement en considérant ce qui se produit aujourd’hui, ce processus a culminé avec l’introduction du système d’élection de la direction du Labour actuel (des primaires dans le style américain), qui faisait partie des «réformes Collins» qu’Ed Miliband a faites passer lors d’une conférence spéciale du Labour de deux heures en mars 2014. Les syndicalistes devaient dorénavant s’inscrire comme «membres affiliés» pour voter, aux côtés d’une nouvelle catégorie de «sympathisants enregistrés».
L’ancien parlementaire Peter Hain se lamente à présent de l’aboutissement de cet «élargissement du droit de vote» (The Guardian, 12 août) avec le déferlement de partisans de Corbyn extérieurs au Labour qui s’enregistrent maintenant pour participer au vote. Pourtant, Hain est à l’origine de cette idée, dans son rapport sur la refondation du Labour en 2011, après qu’il se soit rendu compte que le parti «fonctionne à peine (…) Le militantisme parmi les membres du Labour a diminué». Judicieusement (en se demandant «trop de sections locales sont-elles moribondes?»), il a noté que «alors qu’il y avait de nombreux militants syndicalistes dans presque toutes les sections locales, ils sont maintenant très rares (…) les tâches organisationnelles effectuées auparavant par des volontaires sont maintenant faites par des parlementaires et des conseillers.»
Ces changements qualitatifs du caractère du Labour ne seront pas facilement inversés, mêmes si Jeremy Corbyn l’emporte. Il ferait face à une révolte ouverte – le temps que cela prendrait dépendrait de l’ampleur de sa victoire – de la part de la droite pro-capitaliste qui domine le groupe parlementaire du Labour, les groupes du parti dans les conseils municipaux et la machine même du Labour. Ils feront tout pour saboter sa direction.
C’est pourquoi il aurait besoin de mobiliser le maximum de soutien de la part du mouvement des travailleurs, dans le but même de retourner aux structures fondatrices du Labour Party : des partis politiques socialistes distincts se coalisant avec les syndicats et les mouvements sociaux comme le mouvement des Suffragettes. Une tâche immédiate serait d’organiser une conférence de tous ceux qui ont voté pour lui, plus les nombreux syndicats (y compris les syndicats qui ne sont pas affiliés au Labour comme le RMT, le PCS, le POA et le FBU) et les partis politiques comme ceux qui sont impliqués dans la TUSC (Coalition des socialistes et des syndicalistes), qui soutiennent un programme de lutte anti-austérité.
La TUSC a été co-fondée en 2010 par Bob Crow (dirigeant du syndicat RMT) – le Socialist Party (parti-frère du PSL en Angleterre et au Pays de Galles) y jouant un rôle dirigeant – pour défendre le développement d’un nouveau parti des travailleurs capable de combler le manque de représentation politique indépendante de la classe des travailleur, ce vide ayant été créé par la transformation du Labour Party. Son existence en elle-même a aidé Jeremy Corbyn à se présenter, par exemple, par la décision du comité exécutif national d’UNITE, un syndicat affilié au Labour Party, de nominer Jeremy Corbyn plutôt qu’Andy Burnham. Cette décision était en partie motivée par la volonté de contrer le soutien grandissant des membres de la TUSC en campagne au sein du syndicat.
Si Jeremy Corbyn remporte l’élection pour la direction du parti travailliste le 12 septembre prochain et s’il mobilise au travers d’une campagne de masse pour vaincre les forces capitalistes organisées qui dominent toujours le Labour, ce serait un pas de géant vers la création d’un nouveau parti des travailleurs à partir des cendres du New Labour. Bien sûr, la même opportunité de construire un nouveau parti existe toujours s’il perd, mais alors en-dehors des contraintes des structures sclérosées du Labour.
Sous cet angle, l’insurrection de Corbyn a démontré le potentiel qui existe pour construire une représentation de la classe des travailleurs ainsi que les forces du socialisme dans la nouvelle période mouvementée qui se trouve face à nous.
Le nombre de membres du Labour
Le nombre officiel de membres du Labour pour 2014 – communiqué par la Commission Electorale en août – est de 193.754 à la fin de l’année dernière. A la fin de l’année 2009, le nombre de membres était de 156.205, montant à 193.261 après les élections de 2010. Ainsi donc, après 4 ans d’une opposition légère à l’austérité, le Labour est entré dans l’année 2015 avec un nombre de membres tout à fait stagnant.
Cela a changé avec la campagne électorale pour l’élection de la direction. Le nombre officiel de membres, y-compris ceux qui paient le taux étudiant de 1£ par an, est monté à 299.755. A cela s’ajoutent encore 189.703 cotisants de syndicats affiliés qui se sont inscrits (gratuitement) pour l’élection de la direction en tant que «membres affiliés individuels» et 121.295 autres qui ont payé 3£ pour être «sympathisants enregistrés».
Si Jeremy Corbyn devient dirigeant du Labour, cela créera une situation complètement nouvelle dans la politique britannique. Mais s’il ne gagne pas, les changements qualificatifs du caractère du Labour ces deux dernières décennies, qui ont bloqué les voies de la participation démocratiques, rendent improbable que cet afflux de membres continue. D’une façon ou d’une autre, la tâche sera d’organiser les forces qui ont été libérées par la campagne de Corbyn pour lutter contre les politiciens capitalistes de tous les partis, y compris dans les urnes.
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Magnette & le PS: tel un phénix qui renaît de ses cendres ?
La social-démocratie belge et européenne est en crise historique. C’est Paul Magnette, Ministre-Président wallon, qui le dit lui-même dans les toutes premières phrases de son livre ‘‘La gauche ne meurt jamais’’ sorti fin mai. En Belgique, il vrai, cela faisait très longtemps que le PS ne s’était plus retrouvé dans l’opposition au fédéral (1988…), attaqué à sa droite par le gouvernement Michel et à sa gauche par le PTB ainsi que par une fraction de la FGTB. Un des derniers sondages d’Ipsos montre des intentions de vote en baisse pour le PS, à 27% en Wallonie et 19% à Bruxelles(1).
Par Cécile (Liège)
Dans ce contexte, le livre de Magnette fait suite au grand ‘‘chantier des idées’’ lancé par un PS qui tente de se redéfinir et qui est secoué par des tensions internes (liées à la réélection de Di Rupo et aux critiques à propos de la bureaucratisation et à l’embourgeoisement du parti(2)). Si l’idée est, selon Di Rupo, de ‘‘redonner la parole aux militants’’, il s’agit surtout de resserrer les rangs parmi ces derniers et chez les délégués syndicaux.
Selon Magnette, la social-démocratie a besoin d’un ‘‘retour aux grandes idées’’. Selon lui, le PS n’est adepte ni de la troisième voie, ni du centre. La gauche ne doit pas courir après la droite, selon ses termes, mais ne doit pas non plus tomber dans le radicalisme. S’il accorde son soutien à Syriza en Grèce, il décrédibilise toute alternative anticapitaliste en Belgique. Il s’attaque là frontalement au PTB, qu’il dénonce comme du populisme de gauche utilisant des campagnes publicitaires et des slogans simplistes. S’il n’a peut-être pas tout à fait tort, cela est un peu court pour rejeter toute alternative à la prétendue ‘‘gauche’’ de Magnette & Co et pour décrédibiliser l’ensemble des courants politiques et des couches de la population qui veulent sortir du mode de production capitaliste.
‘‘Comment continuer à faire vivre des idées de gauche?’’ se demande Magnette. Selon lui, le contexte économique actuel n’est plus favorable aux idées progressistes que le socialisme défend comme l’égalité, la justice fiscale ou la diminution collective du temps de travail. Le hic, c’est que les politiques appliquées par le PS depuis des décennies ont elles aussi contribué à la création de ce grand contexte économique tant déploré par Magnette… Le bourgmestre de Charleroi déclare également que ‘‘l’on ne peut pas se contenter (…) de luttes contre les discriminations qui ne s’attaquent pas à l’ordre social intrinsèquement inégalitaire dont elles sont issues’’ (3) N’est-ce pas pourtant exactement la politique qui a été appliquée dans sa ville en 2013 avec le nouveau règlement de la mendicité visant à disperser les mancheurs et à interdire la mendicité le dimanche (4)? C’est là toute la différence entre des ‘‘idées’’, un discours et un programme politique fort et sérieux, qui met réellement en place les structures dans la société pour que ces idées puissent exister et se réaliser concrètement. Son livre commence par le constat d’une social-démocratie réformiste en crise. On en est encore plus convaincu après l’avoir lu.
Détail piquant; un millier de manifestants en front commun étaient dans la rue à Namur le jour même de la parution du livre, le 28 mai dernier, afin de dénoncer l’austérité dans la fonction publique de la Région wallonne. ‘‘Même si c’est Magnette qui est ici chez nous, on est quand même dans l’austérité’’ constatait un manifestant rappelant ainsi que les termes de ‘‘rigueur’’ (cher au PS) et ‘‘d’austérité’’ ont la même signification pour les travailleurs.
Ils n’ont donc pas manifesté avec le livre de Paul sous le bras…
(1) http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_sondage-le-ps-fait-la-grimace-le-mr-sourit-et-maggie-de-block-rit?id=8896349
(2) http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/di-rupo-assure-que-le-ps-se-porte-bien-54e9dad135701001a1df5084
(3) Magnette, La Gauche ne Meurt Jamais, p.44
(4) http://www.lesoir.be/250915/article/actualite/regions/hainaut/2013-05-28/charleroi-mendiants-devront-changer-commune-tous-jours -
PS et SP.a dans les cordes malgré la résistance sociale
Ne soyons pas pris en otage par l’absence d’alternative politique!
La lutte contre ce gouvernement a été impressionnante, avec un plan d’action allant crescendo à l’automne jusqu’à une grève générale nationale massive le 15 décembre. Non seulement le gouvernement mais aussi toute la politique d’austérité se sont retrouvés vigoureusement secoués. Les derniers sondages indiquent toutefois que la N-VA et le MR ne reçoivent pas de sanction sévère. Le PS et le SP.a ne bénéficient pas de l’énorme aversion qui vit des deux côtés de la frontière linguistique face à l’austérité. Comment est-ce possible?
Par Jarmo, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste
Une étude post-électorale dirigée par l’institut ISPO (Instituut voor Sociaal en Politiek Opinie-onderzoek) a dévoilé quelques données remarquables concernant les élections du 25 mai 2014. Il semble que seuls 6% des électeurs flamands ont déterminé leur vote sur base de considérations communautaires. En 2007 et 2010, ce chiffre était respectivement de 13,3 et 19,7%. Après 8 ans de crise, le communautaire a cédé la place à un certain nombre de problèmes socio-économiques fondamentaux : pour 43% des électeurs la création d’emplois était une priorité, pour 37% la santé et pour 32% les pensions. Ce n’est pas précisément ce sur quoi les forces de droite peuvent se baser.
Sans surprise, la social-démocratie belge n’a pas pu se démarquer sur ces thèmes. Après des années de participation au pouvoir, le PS et le SP.a sont largement responsables de la destruction des conquêtes sociales,… Dans ces conditions, il n’est pas illogique de chercher une alternative ailleurs. Sans véritable force de gauche capable de s’attirer la confiance des masses, la victoire de ce qui se présente comme ‘‘alternative’’ est inévitable. La N-VA a remporté les élections du 25 mai non pas sur ce qui fait son activité de base – le communautaire – mais sur l’absence de solution de rechange fiable face aux partis traditionnels.
Le PS et le SP.a se concentrent maintenant sur eux-mêmes. Les élections présidentielles du SP.a, qui auront lieu en juin, ne sont qu’un concours de popularité où – selon les mots de Frank Vandenbroucke lui-même – l’essentiel est de ne pas donner l’impression que l’on voudrait faire un virage à gauche. Le PS est quant à lui en plein ‘‘chantier des idées’’. Mais derrière les belles paroles (répondre aux ‘‘contraintes européennes et budgétaires’’, réfléchir sur le ‘‘capitalisme financier’’ qui gangrène l’économie, faire ‘‘contre-poids’’ à la droite et ‘‘l’idéologie néolibérale’’,…), on ne trouve aucun contenu concret ni même la moindre remise en cause de la participation enthousiaste du PS à la logique néolibérale durant les 25 années où il fut au pouvoir au niveau fédéral.
En Grande-Bretagne, les conservateurs – pourtant largement détestés – sont parvenus contre toute attente à gagner les élections après 5 ans de politique austéritaire sauvage. Ce ne fut pas tellement une victoire de la droite, mais bien une défaite du Parti travailliste, incapable de convaincre l’opinion publique qu’il représente encore une alternative au gouvernement conservateur.
Ce développement a de profondes implications pour notre combat contre l’austérité. Les dirigeants syndicaux qui se baladent la main dans la main des partis comme le PS, le SP.a ou le CD&V ne peuvent que nous conduire à l’impasse. Ils considèrent que la lutte est inutile tant que la N-VA représente un certains poids électoral et que la social-démocratie ne se développe pas dans les sondages. Ils semblent être aveugles face au formidable coup que le mouvement syndical a infligé au gouvernement à l’automne dernier. A l’époque déjà, nous avons défendu que le retour des autres partis traditionnels au gouvernement ne constituerait en rien une avancée fondamentale. Développer nos luttes nécessite de lier le combat syndical au développement d’une alternative politique prête à se jeter à corps perdu dans la bataille pour renverser ce gouvernement et représenter les intérêts du monde du travail.
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L’atterrissage brutal du modèle-PS en France
En révoquant son gouvernement, le Premier ministre Manuel Valls a fait un grand pas en avant vers la droitisation du PS français. S’il n’a pas fallu attendre cette crise politique interne au PS pour que celui-ci accepte et applique des politiques néolibérales, l’affaire a polarisé un parti socialiste pris de plus en plus dans ses propres contradictions.
Par Cécile (Bruxelles), article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
D’un côté, Valls se fait applaudir lors de l’Université d’été du MEDEF, où il tient résolument un discours pro-patronal. Il dira, notamment, qu’ ‘‘il est d’usage d’opposer la gauche et le monde de l’entreprise. Il faut sortir de ces postures’’(1). De l’autre, Arnaud Montebourg, ex-ministre de l’Economie, mis à la porte par Valls et Hollande, se présente comme le grand critique des politiques d’austérité. Cependant, la politique ‘‘de la demande’’ prônée par Montebourg, dont la réduction d’impôts sur les ménages et sur les entreprises, semble une version revisitée d’un keynésianisme très léger et sans solution à long-terme(2).
Qui profitera, de l’extrême-droite ou de la vraie gauche, de la faillite du modèle PS incarnée par la côte de popularité, sans précédent, de François Hollande (de 13 à 17% selon les sondages) ? Actuellement, s’il y a bien un parti qui ‘‘profite’’ du manque de solutions proposées par la social-démocratie face à une nouvelle crise du capitalisme, c’est bien le FN. Fort du vide laissé à gauche, le FN, contrairement à ce que la petite bourgeoisie moralisatrice prétend, ne se constitue pas uniquement via la propagation du racisme, du sexisme et d’autres idées réactionnaires. C’est bien en donnant l’impression de s’opposer au capitalisme néolibéral, et en critiquant la globalisation, la financiarisation ou l’immigration, ‘‘piliers du néolibéralisme mondial’’, que le FN grossit son électorat(3). Mais son populisme ne trompe pas : les politiques du FN sont foncièrement anti-travailleurs, anti-syndicales et à la faveur du patronat français. La responsabilité d’une gauche anticapitaliste est dès lors encore plus importante, afin d’enrayer réellement la tâche brune française.
La situation française, au final, cristallise toutes les contradictions économiques, politiques et sociales du contexte actuel. Faillite du PS ; montée de la droite ; difficultés du Front de Gauche, essoufflé, à s’affirmer comme un vrai relais politique des travailleurs sans réel plan d’actions ;… et montée des inégalités : les entreprises du cac40 ont fait 30 milliards d’euros de dividendes au premier semestre 2014(4), alors que le taux de chômage ne cesse de grimper.
La continuité des politiques d’austérité par le gouvernement Valls II a pour but de réduire toujours plus les dépenses de l’Etat dans les services publics, engendrant pénuries et privatisations. Mais ce qui caractérise aussi la situation actuelle, est une recrudescence des grèves, des manifestations et de mouvements sociaux s’opposant à la dégradation des conditions de vie, de travail, d’études, etc. Actuellement, les chauffeurs de bus de Montélibus du groupe Kéolis se déclarent en grève jusqu’au mois de décembre, tant que leurs revendications ne sont pas abouties(5). Le PSL et Gauche Révolutionnaire, notre parti-frère en France, soutenons ces actions ! Nous défendons une autre vision de la société que celle promise par les politiques pro-austérité et le diktat de la classe patronale.
Depuis l’écriture de cet article à destination de notre édition d’octobre, Nicolas Sarkozy a annoncé son retour en tant que candidat à « la présidence de [sa] famille politique » (des élections devant se tenir les 29 novembre et 6 décembre). Face au discrédit de François Hollande et du PS ainsi que de la crise de l’UMP, il s’agit d’une tentative d’avoir un “homme providentiel” pour appliquer le programme de la bourgeoisie.
Notes
1. http://www.lepoint.fr/economie/discours-de-valls-les-patrons-veulent-plus-qu-une-declaration-d-amour-27-08-2014-1857141_28.php
2. http://www.gaucherevolutionnaire.fr/?p=1387
3. http://dissidentvoice.org/2014/05/the-rise-of-the-european-right-reaction-to-the-neoliberal-right/
4. http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0203730581279-pres-de-30-milliards-deuros
5. http://www.gaucherevolutionnaire.fr/?p=1392 -
Quand des militants anti-répression s’invitent au BBQ du PS…
La fine fleur du PS bruxellois s’était donné rendez-vous ce vendredi 23 mai 2014 au “grand barbecue” de la fédération bruxelloise du PS, parc du Cinquantenaire. Mais ce rassemblement électoral a été rejoint par plusieurs dizaines de militants venus, pacifiquement, protester contre les arrestations arbitraires massives et la brutalité policière dont ont été victimes les participants à la manifestation du 15 mai dernier lors de l’European Business Summit, un sommet de patrons de multinationales.
Ce jour-là, pas moins de 281 personnes ont été arrêtées et détenues de longues heures par la police de Bruxelles alors qu’elles manifestaient pacifiquement contre l’austérité et contre les négociations concernant le traité transatlantique (qui vise à créer la plus grande zone de libre-échange au monde, entre les USA et l’Union Européenne) à l’appel de l’Alliance d19-20. Les autorités avaient clairement décidé de protéger le sommet patronal de la moindre critique.
Un appel à protester avait donc été lancé par les JOC (Jeunes Organisés et Combatifs), l’USE (Union Syndicale Etudiante), les Jeunes-FGTB, l’ACV-Jongeren, les JAC, Vonk/Révolution, les Etudiants de Gauche Actifs (EGA), le FAF, ECOLOj et le CRER. Dans leur appel, ces organisations dénonçaient : “Ce n’est pas la première fois que la ville limite le droit de manifester ou de s’exprimer au nom des puissants. Ces derniers mois, on peut citer les arrestations et les mots très durs du bourgmestre, Yvan Mayeur, suite à l’action du 19 décembre sous les ordres du conseil européen ou encore a l’action d’Amnesty International interdite pour ne pas choquer les dirigeants chinois. Aujourd’hui monsieur Mayeur prétend que la police a dépassé le cadre qu’il lui avait fixé, qu’il le prouve! Soit il désavoue le chef des opérations, le commissaire Vandersmissen, soit c’est lui qui a ordonné l’arrestation et, au minimum, il s’excuse auprès des travailleurs, étudiants, agriculteurs,… qui ont passé des heures dans des cellules froides et humides.”
Les militants – des jeunes mais aussi des syndicalistes de la CNE et de la CGSP – ont donc été interpeller le Bourgmestre de Bruxelles Yvan Mayeur, les mains sur la tête et/ou à genoux puisque, visiblement, les autorités considèrent que le débat démocratique peut se mener de cette façon… Constamment suivi par une petite foule silencieuse et déterminée sur les lieux des festivités, M. Mayeur a finalement bien dû prendre la parole quelques minutes devant les militants pour se prononcer de façon très vague au sujet de la violence policière, en cherchant à se disculper. Il a ensuite bien vite quitté les lieux…
Après cela, les militants se sont réunis à un autre endroit pour tenir une assemblée destinée à évaluer l’action qui venait d’être menée et à aborder la suite de la lutte. D’autres actions seront prévues pour défendre le droit à la liberté d’expression et le droit de manifester, ce n’est qu’un début, continuons le combat !
=> Reportage-photos du Collectif Krasnyi
Photos ci-dessous : PPICS – banque d’images