Tag: SNCB

  • Solidarité avec Jordan et contre la repression des mouvements sociaux

    Jordan02C’est aujourd’hui que se sont déroulées les plaidoiries devant le tribunal de première instance de Bruxelles concernant le procès du cheminot Jordan Croeisaert. Ce procès a pour but de trancher en justice sur la requête unilatérale que le gestionnaire de l’infrastructure INFRABEL a introduite contre ce délégué syndical pour avoir participé à la grève des cheminots des 6 et 7 janvier derniers contre le plan Galant qui vise au démantèlement des chemins de fer (en savoir plus: entretien croisé avec Jordan).

    Derrière ce cas particulier se cache très clairement une attaque portée contre le droit de grève et contre tous les travailleurs. Comme l’a expliqué Jordan : ‘‘c’est le droit de résister de tout un chacun contre les mesures d’austérité imposées par le diktat financier et ses conséquences que l’on dénigre et qu’ils veulent anéantir. C’est la capacité du monde du travail à réagir contre l’injustice qui est attaqué.’’

    Jordan01Le 18 mars dernier, un meeting en défense du droit de grève avait déjà eu lieu à Bruxelles à l’initiative du Comité de Soutien à Jordan et contre la répression syndicale et organisé par 3 secteurs de la CGSP Bruxelles (ALR, Cheminot, Enseignement). Près de 300 personnes étaient alors venues écouter Jordan Croeisaert (délégué CGSP Cheminot, dont l’astreinte équivaut à pas moins d’un mois de salaire !), son avocat Jan Buelens, des délégués CGT de Goodyear (France) condamnés à plusieurs mois de prison et Marc Goblet Secrétaire général de la FGTB.

    Des travailleurs de Goodyear étaient à nouveau présents aujourd’hui devant le Palais de Justice afin de démontrer leur solidarité mais aussi pour dénoncer la criminalisation et la répression des syndicalistes par-delà les frontières. Une mobilisation sera d’ailleurs organisée en Belgique pour venir à leur procès en appel les 19 et 20 octobre. A leurs côtés se trouvait une petite foule de syndicalistes et de militants venus ensemble défendre Jordan et nos droits démocratiques de mener une action collective. L’avocat de Jordan, Jan Buelens, a déclaré à ce titre qu’il était important de se réunir et de venir nombreux alors que la direction d’INFRABEL tente de tirer la lutte vers les tribunaux, une arène de combat plus difficile pour les travailleurs.

    La défense des droits démocratiques et des libertés syndicales s’effectue par la mobilisation pour des cas concrets. La présence massive au meeting du 18 mars, le fait que Marc Goblet y ait partagé la tribune avec Jordan et ceux de Goodyear et qu’il s’y soit engagé à agir de son côté ainsi que le succès de la mobilisation de ce jour au Palais de Justice constituent des acquis importants. Prochain rendez-vous dans un mois pour la prochaine étape du procès.

    Pour un plan de mobilisation massif pour défendre les droits syndicaux !

    Photos : PPICS

    Solidarité avec Jordan et contre la repression des mouvements sociaux

  • Le gouvernement à l’attaque contre la mobilité et le climat

    Les transports en commun en ligne de mire

    La grève de 48 heures des cheminots de janvier a donné lieu à un flot de propagande et de clichés : le personnel du rail serait honteusement privilégié, ne devrait qu’à peine travailler, prendrait régulièrement les voyageurs en otage avec ses grèves (qui ne concerneraient que des syndicalistes francophones),… On en oublierait presque que le gouvernement veut supprimer 20 % des moyens publics de la SNCB et que 6 à 7000 emplois sont menacés.

    Un dossier de GEERT COOL, tiré de Lutte Socialiste

    Plan Galant : après des années de sape en douce, le coup de grâce

    Les moyens alloués à la SNCB n’ont pas suivi le nombre croissant de voyageurs. En une bonne dizaine d’années, 50 % voyageurs supplémentaires sont arrivés tandis qu’un quart du personnel a disparu. Transporter plus de voyageurs avec moins de personnel et du matériel vieillissant, voilà la politique qui a été suivie ces dernières années dans les transports en commun.

    Le gouvernement veut maintenant passer à la vitesse supérieure. La ministre Galant veut économiser 2,1 milliards d’euros sur la SNCB d’ici 2019, ce qui signifie plus de 600 millions d’euros par an. Avec les mesures du gouvernement précédent, il est question de réduire la dotation de 3 milliards d’euros, soit une économie de 20 %. Les mesures actuellement sur table – notamment en matière de flexibilité et de réduction du personnel – ne suffiront pas pour atteindre ce chiffre. Des années de politique de casse sociale sont donc à venir, le personnel et les voyageurs en supporteront les conséquences.

    Les salaires onéreux des dirigeants de la SNCB sont par contre épargnés. En subdivisant l’entreprise en trois (Infrabel, SNCB et HR-Rail) on a multiplié le nombre de managers et de directeurs qui reçoivent des salaires de haut vol. Mais les nombreux consultants externes ou les managers qui n’hésitent pas à dépenser des sommes extraordinaires en hôtels de luxe n’ont rien à craindre. Ce sont, en effet, des amis politiques des topmanagers désignés par le gouvernement.

    Plus de 6.000 emplois devraient disparaître chez Infrabel, à la SNCB et chez HR-Rail. Dans l’accord collectif précédent – un protocole comparable à une Convention Collective de Travail (CCT) du secteur privé – on parlait d’un effectif garanti de 38.000 travailleurs. Pour l’instant, le personnel comprend 33.000 travailleurs, dont 55% doivent partir en pension dans les dix prochaines années. Le gouvernement prévoit 1.200 engagements annuels. 18.000 pensionnés seront donc remplacés par 12.000 nouveaux collègues. Le calcul est simple. Il s’agit là d’un bain de sang social d’une ampleur presqu’identique à celle de Ford Genk où, fin 2014, presque 6.000 emplois ont été supprimés. Protester contre un nouveau Ford Genk, provoqué par le gouvernement lui-même, c’est si irresponsable que ça ?

    Que signifient ces emplois supprimés? On pense, entre autres, à une opération draconienne de fermeture de guichets, jusqu’à 600 guichets sont menacés. Cela signifie que bientôt, il n’y aura presque plus de personnel dans les gares. Qui aidera les personnes âgées? Ou les personnes à mobilité réduite? Les personnes âgées et handicapées n’ont-elles pas droit aux transports en commun ? Dans d’autres branches aussi, des économies sont envisagées, ainsi 20 % des trains n’auraient plus d’accompagnateur à bord. L’administration de la SNCB est déjà concrètement en train d’examiner les possibilités de “one-man-car” (c’est-à-dire des trains où il n’y a que le conducteur). Cela deviendra-t-il la règle sur les lignes péri-urbaines, par exemple, qui ont déjà reçu un logo spécifique et qui, ensuite, seront les premières à pouvoir être sous-traitées au privé ? Un accompagnateur de train ne fait pas que contrôler les tickets, il remplit aussi une importante fonction de sécurité, entre autres, lors des montées et descentes du train. Supprimer l’accompagnateur de train pour faire des économies signifie donc aussi économiser sur la sécurité. Le gouvernement veut aussi accroître la flexibilité du personnel, la productivité devant augmenter de 20%. Cela s’effectuera, entre autres, via des horaires plus flexibles et, parmi les propositions en présence, on retrouve l’augmentation du temps de travail sans augmentation de salaire.

    Pour l’instant, seuls les politiciens de droite se plaignent de l’âge de la pension à 55 ans après 30 ans de service pour le personnel roulant (conducteurs et accompagnateurs de train). L’âge ne sera peut-être pas relevé afin que suffisamment de personnel puisse partir en pension et d’assurer la réalisation du bain de sang social par la perte de 6.000 jobs.

    Le sous-investissement dans l’infrastructure devrait aussi continuer alors que le manque de moyens dans le nouveau matériel et l’entretien du matériel obsolète est actuellement l’une des principales raisons des retards. Accroître la flexibilité du personnel, par exemple, en limitant les temps de retournement dans les gares terminus (de sorte que le même personnel puisse en théorie effectuer plus de trajets en moins de temps) provoquera également des retards. Le temps de retournement permettait en effet d’absorber les éventuels retards de sorte que le trajet suivant soit quand même à l’heure.

    Même toutes ces mesures ne permettront pas à la direction de réaliser l’économie de 2,1 milliards d’euros. La seule option qui reste est de faire payer plus cher les voyageurs. Ce n’est pas encore abordé, provisoirement, afin d’éviter la constitution d’un front uni du personnel et des voyageurs. Mais l’augmentation des tarifs est inévitable avec les projets du gouvernement, de même que la suppression de lignes et de gares, plus que probablement.

    Economiser sur les transports en commun : un choix politique conscient

    La décision du gouvernement d’économiser 2,1 milliards d’euros supplémentaires sur la SNCB est un choix politique. Tout comme la déclaration de De Wever selon laquelle “il n’y a plus que dans la sécurité sociale qu’il y a de l’argent à ramasser”. On nous présente pourtant volontiers tout ça comme le seul choix à faire. Il n’y aurait pas d’alternative, le rail serait trop cher.

    Les voitures de société coûtent chaque année 4 milliards d’euros à la collectivité, sans tenir compte des coûts environnementaux et de ceux engendrés par les embouteillages. Si la SNCB doit effectivement subir 20 % d’économies, les moyens publics totaux pour l’ensemble des transports en commun (SNCB, De Lijn, STIB et TEC) seront encore tout justes au-dessus de ces 4 milliards d’euros par an. C’est un choix politique que de dépenser autant en voitures de société qu’en transports en commun.

    Pourtant, la SNCB rapporte pas mal à l’économie. La fédération patronale FEB a mis en avant que chaque jour de grève des cheminots coûte 40 millions d’euros à l’économie. Sur base annuelle, une SNCB qui fonctionne bien pourrait donc rapporter plus de 10 milliards. Et ce, pour un investissement de l’État d’à peine 3 milliards d’euros. On a déjà vu des mesures moins efficaces pour “stimuler l’économie” ! Des transports en commun de qualité sont-ils donc un coût ou un investissement qui rapporte ?

    Le plus grand coût est attribué au problème des embouteillages, la FEB estime ce coût à 16 millions d’euros par jour. Le problème de la mobilité est en effet énorme. À tel point que les spécialistes des transports vantent l’efficacité du port d’Anvers, surtout pour le traitement des marchandises par les dockers, mais pointent les embouteillages et le manque de transport de marchandises par voie ferroviaire digne de ce nom comme des éléments négatifs. Selon la FEB, les embouteillages coûteraient 8 milliards d’euros par an à l’économie belge et ceci sans tenir compte des coûts en matière de santé. Tandis que le gouvernement de droite dépense des milliards pour les voitures de société, il veut en même temps économiser sur les soins de santé. Selon De Wever, on peut, en effet, encore trouver de l’argent dans la sécurité sociale.

    Investir dans des transports en commun de qualité serait bon pour l’économie, pour le problème de la mobilité, pour l’environnement et pour la santé de la population. Les gouvernements choisissent de ne pas le faire mais également de dépenser 4 milliards pour les voitures de société, 9 milliards pour de nouveaux avions de combat et, alors que l’Europe elle-même insiste pour que la Belgique récupère 700 millions d’euros d’avantages fiscaux injustifiés aux grandes entreprises, le ministre Van Overtveldt (N-VA) se cabre et annonce qu’il va aller en appel. Donc oui, économiser sur les transports en commun, la mobilité et l’environnement est un choix politique conscient.

    L’alternative est évidente : investir dans des transports en commun de qualité et gratuits de sorte que la part du transport individuel, tant des personnes que des marchandises, puisse drastiquement diminuer. Avec les 8 milliards d’euros que les embouteillages coûtent chaque année à notre économie, cela peut être payé sans problème. Des transports en commun décents ne sont possibles qu’avec du personnel satisfait et motivé sur le terrain. Au lieu, comme c’est le cas actuellement, de n’investir que dans des contrats lucratifs pour des conseillers “externes” et autres dirigeants à la tête des sociétés de transports en commun, il faudrait plus de personnel dans les gares, les trains, les bus,… Des transports en commun gratuits incitent les gens à les utiliser. Lorsque la capitale estonienne de Tallinn a introduit la gratuité des transports en commun pour ses habitants, l’augmentation du nombre de voyageurs fut de 10% et la diminution du nombre de voitures sur les routes de 15%.

    Une lutte unitaire est nécessaire !

    Le gouvernement veut durement attaquer le rail. L’ancienne ministre libérale Fientje Moerman a écrit, sous pseudonyme, une carte blanche au magazine flamand Knack dans lequel elle défendait l’exemple du licenciement des contrôleurs aériens en grève sous Ronald Reagan aux USA, évènement qui a constitué une première étape dans l’offensive néo-libérale qui allait s’ensuivre. Cette offensive a été préparée de longue date avec entre autres, une campagne de propagande qui a, petit à petit, été reprise par les médias accompagnée de tentatives – parfois fructueuses – de semer la division entre personnel et voyageurs, entre les différents syndicats et sur le plan communautaire. L’objectif est clair : diviser pour assurer une austérité plus dure.

    Si le personnel des chemins de fer est si durement attaqué, c’est parce qu’il connaît une tradition de combativité. Pensons à la façon dont les actions spontanées du personnel des chemins de fer de Charleroi en 1983 ont marqué le début d’un mouvement de plusieurs semaines dans tous les services publics contre le précédent gouvernement aussi ouvertement à droite ! Le gouvernement fédéral en est bien conscient. Quand le ministre Alexander De Croo (Open Vld) a proposé d’ouvrir la voie à la privatisation complète de Bpost et de Proximus, il n’a expressément pas parlé de la SNCB. De Tijd a alors souligné: “Le gouvernement a un moment envisagé d’également impliquer la SNCB, mais il y a renoncé par crainte de l’agitation sociale dans les chemins de fer.” (De Tijd, 6 mai 2015). Après les chemins de fer suivront d’autres secteurs publics et privés.

    Une lutte unifiée est nécessaire avec la solidarité d’autres secteurs. La décision de quelques responsables syndicaux de ne pas faire grève du côté néerlandophone les 6 et 7 janvier a fait entrevoir la division au sommet. Le mécontentement de la base ne suivait pourtant pas de césure communautaire. Ainsi, 30 % des trains n’ont pas roulé du côté flamand malgré le personnel supplémentaire. Il ne s’agit pas seulement de trains qui traversent la frontière linguistique, la ligne Ostende-Anvers était aussi perturbée. A la gare D’Anvers-Berchem, au début de la grève, un piquet a été tenu pour discuter de la manière de témoigner au maximum la solidarité de la Flandre. Parmi les accompagnateurs de train anversois, 31 % étaient en grève le premier jour et 42,5 % le deuxième jour. Ces chiffres illustrent la volonté de participer aux actions et la forte méfiance envers les dirigeants syndicaux qui ont appelé à ne pas faire grève. Le potentiel d’une lutte unifiée reste grand en dépit du sabotage de plusieurs dirigeants syndicaux.

    Le gouvernement n’est pas prêt à mener des négociations sérieuses. La Ministre Galant n’a laissé planer aucun doute : “Les grandes lignes sont fixées mais on peut discuter des modalités et du timing.” (De Standaard 7 janvier). Les syndicats ne peuvent négocier que de la manière dont les économies drastiques de 20 % des moyens publics seront menées. Est-ce cela qu’on appelle négocier ?

    Il faudra donc se battre. Et renforcer l’unité de la base. Le gouvernement frappe fort, des actions symboliques ou équivoques du personnel seront réprimées de manière implacable. Pour y répondre, une implication plus forte de la base est nécessaire. Des assemblées du personnel dans toutes les équipes et sur chaque lieu de travail non seulement pour expliquer les propositions du gouvernement et de la direction mais aussi pour discuter des actions et les voter pourraient jouer un grand rôle. Si le personnel a l’impression que les actions ne sont décidées que par quelques dirigeants, comme cela se passe souvent aujourd’hui, il ne verra pas la nécessité des assemblées du personnel ou ne les verront que comme de simples séances d’information. Une plus grande implication des membres du personnel qui prennent l’initiative de leur propre lutte est la condition pour que ce personnel aille vers les voyageurs pour les impliquer. C’est aussi nécessaire pour rendre impossibles les infractions au droit d’action par les huissiers de justice et la police.

    Les voyageurs peuvent être impliqués sur base d’une campagne offensive pour des investissements publics dans plus de services de meilleure qualité. Les inquiétudes concernant le climat et l’environnement mais aussi l’insatisfaction croissante par rapport aux embouteillages peuvent être utilisées dans le cadre d’une campagne audacieuse pour une alternative via des transports en commun de qualité et gratuits. Cela peut jouer un rôle crucial dans notre lutte pour mettre fin à ce gouvernement de droite et à toute la politique d’austérité.


     

    Un cheminot : “travailler 170 jours par an ? Je signe où ?”

    Selon l’administrateur délégué, Jo Cornu, le personnel du rail ne travaillerait que 160 jours par an. Ce ne serait quand même pas un drame de relever cette moyenne à 170, ajoute-t-il. Il confond probablement avec son propre temps de travail, ce qui expliquerait pourquoi il avait, jusqu’à il y a peu, du temps pour un petit job complémentaire comme administrateur chez KBC et Belgacom, entre autres.

    Un cheminot nous déclare : “Cornu dit qu’il veut nous faire travailler 170 jours par an au lieu de 160. Où pouvons-nous signer ? Je travaille 210 à 220 jours par an et j’ai encore 50 jours de récupération que je n’arrive pas à prendre.”

    Faisons le calcul nous-mêmes:
    * Point de départ : 52 semaines de 5 jours de travail = 260 jours de travail
    * Jours de vacances: 24 jours (pour les plus anciens, cela peut monter à 26) + 10 jours fériés légaux + 3 jours fériés extra-légaux (comme la fête du roi) qui valent pour tous les fonctionnaires = 37 à 39 jours de vacances
    * Cela nous donne 220 jours de travail par an

    Comment Cornu obtient-il un chiffre tellement inférieur ? Peut-être compte-t-il les jours de compensation comme des jours de vacances. Mais il s’agit d’une compensation pour les heures supplémentaires prestées sur base hebdomadaire. Le temps de travail à la SNCB est passé de 40 heures par semaine à 38 et, ensuite, à 36. Cette dernière réduction du temps de travail s’est accompagnée d’une réduction de salaire. Mais même en tenant compte de ces jours compensatoires et de crédit (26 par an au total), on arrive toujours à presque 200 jours de travail par an. Cornu n’est pas à même d’expliquer cette différence.

    Détail qui n’est pas sans importance : beaucoup de jours de compensation, de crédit et de vacances ne peuvent être pris à cause du sous-effectif. En juin 2014, il y a eu un jour de grève pour protester contre le fait que le nombre total de jours encore à prendre avait dépassé le million pour l’ensemble du personnel !


     

    Démantèlement du transport de marchandises : une catastrophe sociale et environnementale

    La SNCB Logistics a, au fil du temps, été dépouillée et pour une grande part bradée au privé pour un prix dérisoire. La perte de vitesse du transport de marchandises par voie ferroviaire est une conséquence de cette opération de libéralisation et de privatisation, même si la crise économique a évidemment également joué un rôle. Alors que le rail représentait 10 % du transport de marchandises en 2010, il ne s’agissait plus que de 8 % en 2012. Même la navigation intérieure a perdu du terrain, le transport routier passant ainsi de 75 % à 79 % (*). Investir dans le transport de marchandises par voie ferroviaire et fluviale signifierait des centaines de camions en moins sur les routes. Au lieu d’organiser un transport de marchandises polluant avec du personnel souvent victime de dumping social, nous pourrions favoriser disposer de transports plus écologiques avec du personnel bien payé et au statut décent.

    (*) Voir : http://www.milieurapport.be/nl/feitencijfers/sectoren/transport/activiteiten-van-transport/tonkilometers-van-goederenvervoer/


     

    Encore plus de flexibilité ? “Peut-être que les ministres devraient passer une semaine à notre place…”

    La direction veut accroitre la flexibilité du personnel, notamment en chipotant sur les heures de début et de fin de service, le temps de travail maximal journalier, la distance domicile-lieu de travail, le temps de pause minimal entre deux shifts,… Le personnel des chemins de fer ne serait-il pas déjà extrêmement flexible actuellement ? Nous avons rencontré une jeune accompagnatrice de train qui, après deux ans de service, a déjà un arriéré de 25 jours de compensation et de crédit à récupérer. Elle nous a notamment expliqué avec récemment presté 56 heures en 7 jours. Au cours de la semaine en question, elle était n’était pas rattachée à une équipe fixe, ce qui, de plus, faisait qu’elle ne prenait connaissance de son horaire qu’un jour à l’avance. “Peut-être que les ministres devraient passer une semaine à notre place”, nous dit-elle.


     

    Le modèle britannique de privatisation

    Lors de la grève du rail début janvier, le Werkbond, une initiative anti-grève lancée sur internet par les jeunes de l’Open-VLD, a défendu la privatisation du rail. Selon les jeunes libéraux, cela favoriserait la ponctualité.

    Ce qu’ils oublient de mentionner, ce sont les tarifs. Nous avons examiné quelques prix des compagnies de chemin de fer britanniques pour un aller simple aux heures de pointe pour des distances identiques :
    • 25 kilomètres de distance. Londres-Dagenham: 8 euros. Bruxelles-Alost: 5,3 euros
    • 45 kilomètres de distance. Chelmsford-Londres: 20 euros. Anvers-Bruxelles: 7,3 euros.
    • 160 kilomètres de distance. Doncaster-Liverpool: 45 euros. Gand-Liège: 21,1 euros. Avec un railpass, le trajet coûte 7,6 euros par voyage.

    Ces tarifs britanniques sont ceux d’internet. Acheter un billet au guichet revient encore plus cher. Avec de tels tarifs, on ne paierait plus 136 € pour un abonnement mensuel Anvers-Bruxelles mais 500 €.
    De plus, aujourd’hui, en Grande-Bretagne, on consacre plus de moyens publics pour les entreprises ferroviaires privées qu’auparavant quand le rail était public ! Une large majorité des Britanniques souhaitent la renationalisation du rail.

  • Un cheminot frappé de 1.700 € d’astreinte pour exercice du droit de grève

    Jor_sncb

    Un syndicaliste de la CGSP-Cheminots à Bruxelles a reçu une lettre recommandée d’un huissier de justice l’informant qu’il doit s’acquitter d’une astreinte pour sa participation à la grève de 48h des travailleurs du rail des 6 et 7 janvier derniers. Il s’agit d’une nouvelle étape franchie dans l’offensive du gouvernement et du patronat contre nos droits syndicaux.

    Au début de la grève, environ 300 personnes étaient présentes au piquet à Bruxelles, sous le regard de la police et des huissiers. Mais ces derniers n’ont pas levé le petit doigt à ce moment-là et n’ont commencé à s’activer qu’à partir du moment où la participation au piquet était plus limitée. Quelques semaines plus tard, un cheminot a reçu une astreinte qui revient à 1700 euros avec les frais. Cette astreinte n’a de plus pas été assignée sur place et aucun policier n’a relevé l’identité du gréviste… Ce syndicaliste n’a fait qu’exercer son droit à l’action collective, un droit qui comprend la constitution de piquets de grève.

    Philippe Dubois, secrétaire régional de la CGSP-Cheminots à Bruxelles, a déclaré à la presse : « C’est une première dans l’histoire des actions sociales dans le groupe SNCB. C’est une atteinte au droit de grève et au droit d’organiser des piquets. C’est pour faire peur aux cheminots. Mais ce n’est pas très intelligent de la part des dirigeants d’Infrabel à l’heure où le fil du dialogue social vient d’être renoué dans le groupe. Il est clair qu’on ne va pas se laisser faire. »

    Il faut riposter contre ce genre de mesure. Si faire appel en justice peut être utile, se limiter à cela serait une erreur. Un vaste mouvement de solidarité doit être pris en charge par les syndicats pour repousser les attaques contre notre droit à l’action collective. Aujourd’hui, ce sont les cheminots qui sont en ligne de mire, mais il est certain que tous les travailleurs suivront ensuite. Sans résistance active, il ne nous restera plus rien comme droit à nous défendre contre la politique antisociale.

  • Grève des cheminots: des syndicats qui "déraillent" pour défendre des "privilèges"?

    berchem2Les médias dominants n’ont pas manqué de critiques contre la grève des cheminots de ces 6 et 7 janvier. «Une action caricaturale» (Le Soir), à l’initiative de véritables preneurs d’otage,… qui fait même le jeu de Bart De Wever et de la N-VA selon Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef du Soir ! Quant aux conquêtes sociales des cheminots, ce ne seraient que des privilèges à laisser tomber sur la voie de la «modernisation» du rail – un mot qui cache mal leurs intentions de privatisation.

    «Les travailleurs de la SNCB disposent de privilèges, comme la noblesse d’avant la Révolution Française de 1789!» (Bruno Wattenbergh, Bel RTL)

    Là, le chroniqueur économique de Bel RTL a fait très fort… Ceux qui font penser à la noblesse, ce sont les cadres supérieurs d’Infrabel et de la SNCB qui touchent à peu près 300 000 euros par an ! Officiellement, la semaine de travail est bien de 36 heures chez les cheminots, une mesure adoptée à la fin des années 90, avec une réduction des salaires, afin d’éviter plus de pertes d’emplois. Dans la pratique, les travailleurs prestent plus d’heures. C’est pour cela qu’il existe des jours de compensation. Sauf que le personnel a bien du mal à les prendre. En juin 2014, une grève a éclaté sur ce sujet : les travailleurs cumulaient ensemble plus d’un million de jours de compensation de retard!

    Dans la pratique, les cheminots travaillent donc plus que 36 heures, sans qu’il n’y ait eu d’augmentation de salaire. Se plaindre que le personnel dispose de beaucoup de congés alors que ce n’est le cas qu’en théorie pour de nombreux travailleurs, cela revient à les insulter.

    La productivité des cheminots a explosé ces dernières années. En 1990, ils étaient 45.000 pour transporter 130 millions de voyageurs annuellement. En 2014, ils n’étaient plus que 33.000 alors que le nombre de voyageurs est monté à 235 millions !

    Après avoir sauvagement coupé dans le niveau de vie de la population; les autorités, le patronat et leurs relais politiques et médiatiques montrent du doigt les travailleurs les mieux organisés en baptisant leurs droits «privilèges». Si nous les laissons faire, ils pourraient bien nous proposer d’abroger le CDI pour mettre fin aux «faveurs» dont disposent ses bénéficiaires par rapport au CDD! La recette est toujours la même: organiser le nivellement par le bas des droits sociaux en jouant sur les frustrations qu’ils ont eux-mêmes créés.

    Cette grève est une «action caricaturale» (Le Soir), «les syndicats déraillent» (Etienne Dujardin, juriste, dans une carte blanche sur LeVif.be)

    Le gouvernement veut économiser 3 milliards d’euros entre 2016 et 2019. Cela ferait disparaître plus de 6.000 emplois chez Infrabel, à la SNCB et chez HR Rail. Un train sur cinq devrait se passer d’accompagnateur et 600 guichets devraient très probablement fermer. La productivité devrait augmenter de 20%! Un personnel moindre devrait donc supporter plus de charge de travail. Cela implique une réduction des services et des normes de sécurité, des suppressions de petites lignes et encore plus de retards de trains (notamment à cause du sous-financement dans les infrastructures).

    A l’époque des bains de sang sociaux à Ford Genk ou ArcelorMittal, où des milliers d’emplois ont été perdus, la colère était grande chez les travailleurs et dans la population. Au point même que les autorités avaient condamné les pertes d’emplois. Aujourd’hui, c’est le gouvernement lui-même qui organise un bain de sang social de cette ampleur. Mais s’y opposer serait devenu scandaleux? Avec la suppression d’un cinquième du financement public, c’est le gouvernement qui déraille.

    «C’est le grand paradoxe de ce qui se déroule sous nos yeux : les nationalistes flamands ont obtenu une scission hautement symbolique» (Béatrice Delvaux, Le Soir)

    Le préavis de grève a toujours été national, et le personnel du nord du pays est tout autant protégé que celui du sud durant cette grève. Si la grève est moins suivie, c’est parce que les dirigeants de la CSC Transcom et de la CGSP cheminot flamands ont décidé de ne plus soutenir le mouvement, contrairement à ce qui avait été démocratiquement voté au sein de leur organisation. Malgré cela, une partie du personnel flamand est en grève. A Gand et à Ostende, des piquets ont été installé. A Anvers Berchem, des dizaines de cheminots se sont rassemblé dès mardi soir. Une assemblée générale avait eu lieu d’abord. Les plans du gouvernement ont été discutés brièvement, mais l’objet de la discussion était surtout de savoir que faire pour construire la résistance. Le manque d’implication de la base dans la prise de décision des directions syndicales de ne pas soutenir la grève y a été largement dénoncée. Il faut s’organiser afin de renforcer la solidarité et de clarifier à partir de la base syndicale que le mécontentement parmi le personnel ne connaît ni division communautaire, ni frontière de couleur syndicale.

    Ce type de réunion est une excellente façon d’introduire la discussion entre collègues et de veiller à ce que la base décide elle-même de l’action à mener. En fait, toutes les actions doivent être préparées avec des réunions et assemblées du personnel. Il serait ainsi plus difficile de bloquer des actions du sommet en passant outre de la participation de la base.

    «Les journaux, les radios, les télévisions sont submergés de témoignages de citoyens qui ne supportent plus les mouvements de grève.» (LaLibre)

    Disposer de bons transports en commun au service des usagers, cela signifie d’investir pour de meilleurs services, pour plus de personnel et pour de meilleurs conditions de travail. Voilà d’où proviennent les grèves.

    La campagne de propagande contre les cheminots a sans doute assuré que de nombreux navetteurs se sont rangé du côté du gouvernement. Mais ils sont aussi nombreux ceux qui, sur base de leur propre expérience des effets de l’austérité, ont rejoint le côté du personnel. Combien de navetteurs estiment gagner trop et pensent donc que l’on doit économiser sur leurs salaires avec un saut d’index, par exemple?

    Avec la sensibilité qui s’est développée autour de la mobilité, des embouteillages et du climat d’une part et avec des revendications offensives pour l’amélioration des transports publics d’autre part, il est possible d’organiser un large front entre le personnel et la population.

    Voyager en train émet en moyenne 7 fois moins de CO2 dans l’atmosphère. C’est ce qui a fait dire à l’activiste Naomi Klein que «Les cheminots en grève sont les activistes du climat du 21e siècle». Les études indiquent que la part du rail dans les transports va continuer à augmenter dans les prochaines années. Correctement géré et financé, le train est le service public par excellente : démocratique, efficace et écologique.

    «La direction a déjà annoncé qu’elle ne veut pas parvenir à un accord social à n’importe quel prix. Le soutien pour cette approche dans l’opinion publique a sans aucun doute été renforcé. Et l’arme de la grève est émoussée. Le dialogue social et le rôle des syndicats est compromis bien au-delà de la SNCB.» (De Standaard)

    La direction a effectivement annoncé qu’elle ne désirait pas négocier. La médiation prévue par le gouvernement devait être limitée au cadre de ce qui avait déjà été décidé. Le personnel n’avait donc pas le choix, il avait été laissé à l’abandon.

    Le mécontentement croissant parmi les voyageurs concernant les insuffisances du service souligne également que l’opinion publique n’est pas exactement prête à accueillir favorablement les réformes entreprises par la direction et que cette dernière veut maintenant approfondir. En ne laissant aucune place au dialogue social, le gouvernement et la direction ont choisi un modèle de confrontation. Qui est donc responsable de la grève? Mais selon De Standaard, le refus unilatéral de la négociation collective par la direction compromet les syndicats.

    Au final…

    Les médias confondent trop souvent leurs propres points de vue avec «l’opinion publique». Si les médias voulaient vraiment renforcer leur analyse de la direction du soutien de l’opinion, ils devraient peut-être sonder la population pour savoir combien sont ceux qui désirent un service limité et plus cher dans le contexte d’une privatisation du rail… Face à eux, combien sont ceux qui seraient favorables à un investissement public massif pour des transports en commun gratuits et de qualité avec un personnel motivé et souriant ainsi qu’avec de bons équipements de même que la garantie du confort et de la ponctualité ?

    Cette dernière option n’est clairement pas celle du gouvernement et de ses amis politiques. C’est celle des cheminots et de tous ceux qui soutiennent leurs actions de grève.


     

    Il nous faut nos propres médias!

    Les médias traditionnels font tout pour présenter nos actions sous un mauvais jour. Ils se présentent en fait comme des porte-parole du gouvernement et donc de la direction. Nous avons besoin de nos propres médias. Avec le site socialisme.be et le mensuel “Lutte Socialiste” nous voulons jouer un rôle dans ce cadre, avec des rapports et analyses issus du mouvement lui-même, des proposons pour aller de l’avant, des propositions alternatives aux politiques d’austérité,…
    Ne faites pas confiance aux médias établis comme seule source d’information! Prenez un abonnement au mensuel “Lutte Socialiste” afin d’y retrouver des positions et propositions qui proviennent du personnel ! Ce mois-ci, nous disposions entre autres d’un dossier concernant le droit de grève. L’édition prochaine comprendra un dossier sur la situation des cheminots. Vous ne voulez pas manquer ce numéro ? Prenez un abonnement : 20 euros pour 12 numéro ou ordre permanent bancaire mensuel de 2 euros par mois (plus nous permet de renforcer nos publications!). N° de compte : BE 48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’.

  • SNCB : Défendons nos transports, soutenons la grève !

    SNCB_pierreDes milliers de cheminots se mobilisent ces 6 et 7 janvier pour empêcher 3 milliards d’euros de coupes budgétaires dans nos transports publics. Au pouvoir depuis un an et demi, le gouvernement Michel sait que dégrader un service aussi fondamental nécessite une campagne de propagande bien orchestrée.

    Les nouvelles réductions budgétaires sur les dotations de la SNCB sont évidemment la suite logique des plans d’austérité sans fin appliqués dans tous les services publics depuis le début de la crise. Mais l’acharnement spécifique avec lequel le gouvernement et ses relais médiatiques visent les syndicats cheminots démontre que ce n’est pas l’unique enjeu. Pour cette coalition de droite dure en période de confiance, il s’agit d’attaquer de front un bastion du mouvement syndical réputé pour sa combativité. Affaiblir durablement le rôle des syndicats du rail lui permettrait d’autant plus facilement de mener de nouvelles attaques antisociales à l’avenir, quelque soit le secteur.

    Quelques semaines après les beaux discours du sommet climatique de Paris, désinvestir dans un mode de transport qui émet en moyenne 7 fois moins de CO2 / voyageur que la voiture est devenu la priorité du gouvernement. Il sera impossible pour la SNCB d’éviter de nouvelles suppression de lignes ou augmentation de tarifs avec ce budget raboté. Pourtant le nombre de navetteurs a monté en flèche dans les dernières années, et ce malgré la qualité hasardeuse du service. Alors que les études démontrent que la part du train dans les transports devrait continuer à augmenter d’ici 2025, il y a urgence à investir massivement dans le développement du réseau, du matériel, du personnel et du service.

    Qui profite ?

    Mais pour l’establishment, tout investissement qui ne se transforme pas en bénéfices pour les actionnaires est synonyme de gaspillage. Pour décrédibiliser la résistance du personnel, ils ont mobilisé leurs communicants. On a entendu parler des nombreux jours de congé des cheminots, sans faire référence au 1 000 000 de jours « en attente » pour cause de sous-effectif. Ils ont polémiqué sur les salaires, en oubliant les réveillons travaillés et les nuits trop courtes. Ils leur ont reproché de voyager gratuitement en train, sans jamais préciser qu’aucun frais d’essence n’était remboursé. Ils ont agité les chiffres du « coût du financement des syndicats de la SNCB », alors que celui-ci est principalement composé des cotisations syndicales retenues sur le salaire des travailleurs, et qu’il est donc à leur charge.

    Mis en place à partir de 1932, le statut des cheminots fut le résultat du combat des 100 000 travailleurs du rail qui œuvraient chaque jour à faire tourner l’un des secteurs les plus vital de l’économie belge. Manœuvres, guichetiers, contrôleurs, poseurs de voie, secrétaires, mécanos,… autant de professions si différentes se sont unies pour revendiquer leurs droits. Durant la deuxième guerre mondiale les cheminots ont joué un rôle-clé dans la résistance, avant de redoubler d’effort pour reconstruire une bonne partie du matériel qu’ils avaient eux-mêmes saboté contre l’occupant.

    La chute d’effectif constante imposée depuis lors fut longtemps tolérée par les appareils syndicaux en échange de nouvelles avancées sociales. Mais à partir des années ’80 et l’arrivée au pouvoir des néolibéraux, des coupes budgétaires drastiques sont imposées à la SNCB. De 68 000 en 1980, les cheminots ne sont plus que 45 000 dix ans plus tard. Leur productivité a ensuite explosé : alors qu’ils transportaient 130 millions de voyageurs par an en 1990, on en dénombrait 235 millions pour 33 000 travailleurs en 2014.

    SNCB bashing

    Qu’une chronique comme celle de Bruno Wattenbergh (Bel RTL) comparant les travailleurs de la SNCB aux « nobles d’avant la Révolution Française de 1789 » ne provoque pas plus de bruit illustre l’absence de débat démocratique. Ainsi fonctionne la droite dure : après avoir sauvagement coupé dans le niveau de vie de la population, elle montre du doigt les travailleurs les mieux organisés en baptisant leurs droits « privilèges ». Si nous la laissons faire, elle pourrait nous proposer d’abroger le CDI pour mettre fin aux « faveurs » dont disposent ses bénéficiaires par rapport au CDD. Sa recette est toujours la même : organiser le nivellement par le bas des droits sociaux en jouant sur les frustrations qu’elle a elle-même créé.

    Il y a quelques semaines, l’ancienne ministre Open VLD Fientje Moerman a pris la plume (sous un autre nom…) dans un « courrier des lecteurs » de la presse écrite flamande. Elle y décrit les travailleurs de la SNCB comme un milieu de privilégiés et de profiteurs, composé à 86%… d’hommes. Le chiffre est juste. Mais elle oublie d’en préciser un autre : 60% des voyageurs de la SNCB sont des femmes. En tentant de justifier la casse du service public au nom des femmes, Moerman oublie de préciser qu’elles en sont la plupart du temps les premières bénéficiaires. Les néolibéraux ne brandissent le principe d’égalité que lorsqu’ils veulent le détruire.

    Pour un réinvestissement massif

    Alors que les dotations d’état s’amenuisent de gouvernement en gouvernement, la SNCB est d’autant plus gérée comme une entreprise privée. La « rationalisation des coûts » vise toujours le personnel et les voyageurs, tandis que se multiplient le nombre de dirigeants grassement payés, de filiales et de consultants externes. Le désinvestissement public engendre une gestion basée sur les lignes les plus rentables ou sur le transport de prestige, au détriment des zones moins peuplées, des heures creuses et des plus pauvres.

    Tristes de ne pas pouvoir confier immédiatement le rail à leurs amis banquiers, les politiciens de droite préparent la libéralisation du trafic intérieur en brisant la tâche du chemin de fer public : transporter efficacement les voyageurs à un prix accessible, partout où c’est possible et pour tous.

    Géré et financé dans ce but, le rail est un mode de transport efficace, rapide et écologique. Les dérangements engendrés par la grève pèsent peu en comparaison aux conséquences des nouveaux assainissements. Voyageurs et cheminots ont des intérêts communs : nous devons nous battre pour un plan de réinvestissement public massif dans la SNCB et Infrabel. Nous ne l’obtiendrons jamais par la passivité. Pour des transports en commun accessibles et de qualité : rendez-vous en gare, côté piquet de grève.

  • Piquet à Anvers: La grève des cheminots n'a pas été limitée au côté francophone

    berchem“Don’t mourn, organise” – Ne jetons pas l’éponge, organisons-nous!

    Mardi, gare d’Anvers Berchem, 22h. C’est traditionnellement à ce moment-là que se réunissent les militants à la gare pour lancer une grève. Même hier, quelques dizaines de personnes étaient présentes en dépit du mot d’ordre lancé par les responsables de l’ACOD (CGSP) et de l’ACV Transcom (CSC-Transcom) de ne pas faire de piquet de grève. Plus tôt dans la soirée, des réunions de militants de l’ACOD-Spoor (CGSP-Cheminots) et de l’ACV-Transcom avaient eu lieu. La colère contre les plans d’austérité qui vit parmi la base syndicale y avait été confirmée. La pression de la base pour mener des actions unitaire s’est également faite ressentir lors de ces réunions.

    Rapport de Geert, photos de Liesbeth

    Ce piquet de grève ne fut pas comme les autres. Une assemblée générale a eu lieu avec une discussion très animée. Les plans du gouvernement ont été discutés brièvement, mais l’objet de la discussion était surtout de savoir que faire pour construire la résistance.

    Le manque d’implication de la base dans la prise de décision des directions syndicales de ne pas soutenir la grève a été largement dénoncée. Un des militants qui a animé la réunion a fait référence au vieux slogan “Don’t moun, organise”, qui peut se traduire librement par “ne jetons pas l’éponge, organisons-nous”. Bien sûr, la frustration existe au sujet des dirigeants syndicaux et de leur attitude par rapport à la lutte, mais nous limiter à rester dans notre coin ne changera rien. Nous devons nous organiser afin de renforcer la solidarité et de clarifier à partir de la base syndicale que le mécontentement parmi le personnel ne connaît ni division communautaire, ni frontière de couleur syndicale. C’est ce qui est arrivé au piquet de grève de Berchem, qui a réuni des militants ACOD-Spoor, ACV-Transcom et OVS (SIC, Syndicat indépendant des cheminots). Il a également été prévu de participer aux piquets de grève des collègues de Bruxelles pour faire savoir que leurs collègues d’Anvers ont eu aussi arrêté le travail.

    Ce type de réunion est une excellente façon d’introduire la discussion entre collègues et de veiller à ce que la base décide elle-même de l’action à mener. En fait, toutes les actions doivent être préparées avec des réunions et assemblées du personnel. Il serait ainsi plus difficile de bloquer des actions du sommet en passant outre de la participation de la base. Cela nous permettrait également de développer une plateforme de revendications afin d’assurer que les syndicats ne commencent pas les négociations à partir d’une page blanche, mais en se reposant sur une plateforme d’exigences enthousiasmante pour al défense d’un transport public de qualité.

    Les participants au piquet n’ont fait part d’aucune confiance dans les négociations avec ce gouvernement. Le fait que la proposition de médiation indiquait expressément qu’elle resterait dans le cadre des plans de la ministre Galant a de suite démontré qu’il n’y aurait pas de véritable médiation. Le résultat était connu d’avance. Ce gouvernement de droite n’est pas disposé à faire des compromis, ce qui était déjà clair à la fin du plan d’action de 2014. Arrêter ces attaques antisociales exige de bloquer le gouvernement. Le plan d’action de 2014 l’avait fait vaciller. Un nouveau plan d’action crescendo et capable d’unifier à l’aide de mots d’ordre clairs jusqu’à la chute du gouvernement et en défense d’une alternative à la politique d’austérité est aujourd’hui plus que nécessaire.

    Les enjeux de la lutte des cheminots ne sont pas négligeables : un plan d’austérité qui se chiffre en milliards et un véritable massacre social, voilà ce que veut appliquer le gouvernement en prélude à la privatisation du rail. En cas de succès remporté contre le personnel ferroviaire, d’autres secteurs seront en ligne de mire. Défendre un transport public décent et de qualité est non seulement important pour les cheminots, mais aussi pour les voyageurs. C’est aussi une réponse au défi écologique et une manière de s’en prendre aux embouteillages. Les possibilités sont grandes pour atteindre et impliquer un public plus large dans ce combat, mais nous avons pour cela besoin de revendications et d’alternatives à l’austérité afin construire une pression en mobilisant sur l’enthousiasme.

    Spoorstaking Antwerpen Berchem / Foto's door Liesbeth

  • Grève des cheminots: Photos de Bruxelles, Liège et Namur

    A Bruxelles, quelque 300 militants se sont rendus à Bruxelles-Midi pour lancer la grève. Photos: PPICS

    Spoorstaking Brussel // Foto's: PPICS

    A Liège également le piquet fut imposant. Les applaudissements furent nourris dès lors qu’il fut connu que la grève était suivie nationalement. La nouvelle du piquet d’Anvers a reçu un très bon écho et des applaudissements enthousiastes pour lancer la grève avant de se diriger vers la gare de Liège Guillemins. Ce matin, le piquet tenait toujours bon! Quelques photos de Nico: Spoorstaking Luik

    A Namur aussi, le rail était à l’arrêt. Quelques photos d’Alain:

    Spoorstaking Namen // Foto's door Alain

  • Solidarité avec les travailleurs du rail!

    L’austérité jusqu’à ce que ça craque…[1]

    Les économies budgétaires prévues à la SNCB atteignent les 3 milliards d’euros entre 2016 et 2019. Plus de 6000 emplois devraient disparaitre chez Infrabel, à la SNCB et chez RH-Rail. Un train sur cinq devrait se passer d’accompagnateur et 600 guichets devraient très probablement fermer. La productivité devrait augmenter de 20%! [2] Un personnel moindre devrait donc supporter une plus grande charge de travail. Cela implique une réduction des services et des normes de sécurité, des suppressions de petites lignes et encore plus de retards de trains (notamment à cause du sous-financement dans les infrastructures).

    Non à la privatisation du service public!

    Les embouteillages coûtent chaque année 8 milliards d’euros à l’économie belge. [3] Les voitures de société sont subventionnées à hauteur de 4 milliards d’euros par an, soit un budget supérieur d’un quart à la subvention du gouvernement à la SNCB et quatre fois plus que les subventions publiques pour la société de transport en commun flamande De Lijn. [4] Les économies prévues à la SNCB reviennent à 20% de sa dotation totale! Assurer des transports en communs abordables et de qualité pour tous dans le respect de l’environnement est incompatible avec l’idéologie néolibérale des dirigeants actuels. Leur formule magique? Privatiser! Cela signifie:

    • Pour le personnel. Horaires irréguliers? Prestations trop longues ? Cela vous semble familier? Les primes et compensations sont maintenant qualifiées de «privilèges» qui doivent être abolis.
    • Pour les voyageurs. Des questions à poser à un guichet ? Besoin de service dans une région peu peuplée? Pas de chance.
    • Pour les contribuables. Les frais à supporter par le public seront plus élevé. Au Royaume-Uni, la majorité de la population désire renationaliser le rail en raison du coût du chemin de fer privatisé, 5X plus élevé. [5], [6]

    Alors pourquoi donc parler de privatiser le rail? Cela fait partie de la conviction idéologique profonde chère au gouvernement selon laquelle le marché reviendrait moins cher, en dépit du fait que c’est justement le contraire qui a été démontré dans la pratique. D’autre part, des investisseurs du privé trépignent d’impatience à l’idée des énormes profits que cela pourrait leur générer.

    Chaque travailleur a intérêt à être solidaire des cheminots!

    Le gouvernement et les médias dominants accusent les cheminots d’être des profiteurs et des privilégiés. Demain, ce sera au tour des enseignants, des travailleurs de la chimie, des dockers ou, à nouveau, des chômeurs. Ne nous laissons pas prendre à ce jeu ! Pourquoi ne pas inviter un cheminot venir expliquer la réalité de ses conditions de travail auprès de vos collègues, de votre délégation syndicale ou de votre entourage ?

    Le gouvernement prépare l’opinion publique afin de lancer une attaque contre le droit de grève. En cas de succès remporté contre les cheminots, cela pourrait survenir n’importe où ! Tout l’intérêt pour les autorités et le patronat est de pouvoir paralyser les travailleurs lorsque la prochaine vague de mesures d’austérité sera lancée. Chaque travailleur sera victime de la moindre limitation du droit de grève. La solidarité la plus massive est donc de mise avec les travailleurs des chemins de fer. Venez soutenir leurs piquets de grève et expliquez aux mécontents les raisons de cette lutte pour développer leur compréhension et leur soutien.

    Les enjeux derrière ce conflit sont limpides : voulons-nous une société où tout est dominé par la soif de profits d’une poignée de capitalistes ou voulons-nous à la place une société où la production est organisée de façon humaine et respectueuse de l’environnement pour satisfaire les besoins de tous ?


     

    [1] pamflet ACOD Spoor ‘Plan Galant: De afbraak van de Belgische Spoorwegen is ingezet’ (dec. 2015)
    • [2] http://www.standaard.be/cnt/dmf20151211_02017800
    • [3] http://vbo-feb.be/nl-BE/Actiedomeinen/Energie-mobiliteit-en-milieu/Mobiliteit/Infarct-van-meer-dan-8-miljard/
    • [4] http://www.socialisme.be/nl/23984/16-meer-bedrijfswagens-besparingen-op-openbaar-vervoer-regering-organiseert-fileprobleem
    • [5] http://www.dewereldmorgen.be/artikels/2012/07/20/waarom-we-ons-geen-geprivatiseerde-spoorwegen-kunnen-veroorloven
    • [6] http://campaign4publicownership.blogspot.be

  • Douche froide pour les cheminots

    united

    L’attaque majeure contre le statut du personnel des chemins de fer nécessite la résistance du personnel et des usagers contre cette menace qui pèse sur nos transports publics. Les responsables des divers problèmes qui existent dans le rail essayent de se décharger de leurs responsabilités concernant les grèves, l’équipement défectueux, les retards, la réduction du service,… en accusant le personnel. Comme tout bon mensonge, il contient une part de vérité: les grèves résultent en effet d’une mauvaise gestion, celle-là même qui provoque les autres problèmes. Il n’est pas ici question des cheminots, mais du gouvernement et de la direction, qui investissent des ressources insuffisantes pour la prestation du service. Tout comme l’establishment capitaliste fait tout pour blâmer les chômeurs concernant le chômage et les pauvres au sujet de la pauvreté, le personnel des chemins de fer est accusé d’être responsable des problèmes du rail.

    Un conducteur de train nous explique comme suit la situation du rail, à l’aide d’une petite histoire :

    «Mon fils aime prendre un bon bain chaud. En raison de la hausse des prix de l’énergie, et aussi parce que je préfère dépenser mon argent pour d’autres choses, j’ai décidé d’économiser là-dessus. J’ai expliqué à mon fils qu’une fois tous les 18 bains, il devrait prendre un bain d’eau froide. Mon fils dénonce le fait qu’il n’a pas été consulté au sujet de cette décision et pointe d’ailleurs du doigt que je viens d’acheter une nouvelle voiture de sport de luxe filant à la vitesse d’un avion de chasse F35. Je lui ai répondu que ma décision doit être respectée, que ma parole fait loi! Voilà pour les méthodes d’enseignement modernes! Notre querelle a dégénéré, il refuse désormais de se rendre à la salle de bain et a choisi de rester sale. Il a ensuite, ce qui n’est pas mauvais de sa part, demandé à un médiateur d’intervenir. Mon meilleur copain, qui aime m’accompagner dans ma nouvelle voiture, s’est présenté comme médiateur indépendant. Il a dit à mon fils : va déjà prendre un bain d’eau froide, on pourra toujours parler après.»

    Solidarité avec les cheminots!

  • SNCB “L’objectif du gouvernement est de nous désarmer pour ensuite mieux nous frapper”

    Interview d’un cheminot Anversois

    spoorstaakt-300x225 (1)Lors des grèves régionales des cheminots des 9, 19 et 20 octobre, la société gestionnaire d’infrastructure du réseau ferroviaire Infrabel a introduit des actions judiciaires et recouru aux huissiers pour empêcher des occupations de voies par les cheminots. Nous en avons discuté avec un cheminot anversois.

    Propos recueillis par Boris Malarme

    Pareille attaque de la part d’Infrabel n’était-elle pas prévisible?

    ‘‘Le vendredi 9 octobre, à Bruxelles, la requête unilatérale menaçant d’astreintes les grévistes qui occupaient les voies et ceux qui se trouvaient dans la cabine de signalisation n’était pas une surprise. Une première tentative avait eu lieu à Anvers la semaine précédente. Il y a eu dès lors des piquets volants. Cette grève a quand même eu un impact important, avec plus de 500 trains supprimés sans compter les suppressions partielles.

    ‘‘Mais cela pose directement la question suivante : ne vaudrait-il pas mieux organiser la grève au niveau national plutôt que régional ? L´idée derrière l’approche régionale était de provoquer un impact maximal avec des moyens minimaux. Tout le trafic n’a pas été stoppé, car des collègues d´autres districts pouvaient traverser Bruxelles avec leur train. A Liège, les trains ont pu être bloqués à même les quais le 19 octobre. Là-bas, la combinaison de la grève régionale des cheminots avec celle des autres secteurs de la FGTB a renforcé la position des travailleurs du rail. Ils ont ainsi pu bloquer en nombre les trains sur les quais de la gare des Guillemins.’’

    Infrabel justifie ses recours en justice par la sécurité. Qu’en est-il ?

    ‘‘Infrabel a lancé sa campagne pour la sécurité des voyageurs qui traversent les voies à même les rails. C’est un problème très sérieux. Mais on ne peut pas nous comparer aux voyageurs qui traversent dangereusement les voies. Nous avons été formés pour stopper les trains en toute sécurité. Une bonne partie d’entre nous travaille sur les rails. Seuls les cheminots sont capables de le faire.

    ‘‘Lors de la grève du 9 octobre à Bruxelles, la direction d’Infrabel a fait tourner la cabine de signalisation de Bruxelles-Nord avec seulement deux travailleurs. La grève était bien suivie puisque 13 personnes y travaillent normalement. Ils ont même été forcés de faire deux sessions de travail d´affilée. C’est la direction qui met la sécurité du rail en danger en forçant le fonctionnement des cabines de signalisation en sous-effectifs !’’

    L’ordonnance du tribunal fait référence à des ‘‘occupations temporaires de voies de chemin de fer dans un contexte de grèves politiques.’’ Qu’en penses-tu ?

    ‘‘Oui, ce sont des grèves politiques. C´est une décision politique d’appliquer une telle austérité, de couper 20% de la dotation publique de la SNCB et d’y menacer 7000 emplois. C’est une décision politique d’attaquer le droit de grève. C’est une décision politique de ne plus avoir d’accompagnateurs dans chaque train pour une partie du réseau.

    ‘‘La N-VA a présenté son projet de loi visant à limiter le droit de grève à la SNCB par l’instauration d’un service minimum. 40% des trains devraient rouler et 60% pendant les heures de pointe. Ce n’est pas la première tentative, le SP.a avait aussi proposé un service minimum en son temps. Et la ministre Galant (MR) a commandé une étude en ce sens en vue des futures négociations entre partenaires sociaux. Il faut savoir qu’un fonctionnement de 60% des trains nécessite l’activité de plus de 60% du personnel. Pour certaines catégories de cheminots, le droit de grève serait ainsi complètement supprimé. Ce n’est pas un hasard si cela arrive maintenant, l’objectif est de nous désarmer pour ensuite mieux nous frapper.’’

    A Anvers, il y a eu grève le 19 et le 20 octobre. Comment cela s’est-il déroulé?

    ‘‘C’est la première fois depuis 10 ans que nous avons tenu un piquet de grève de 48 heures à la gare de marchandises. 85% des conducteurs de marchandises étaient en grève. Entre 30 et 60 personnes étaient en permanence présentes au piquet, dans une très bonne ambiance. À Anvers, nous allons continuer à soutenir et à participer aux actions au niveau national. Il n’y a toutefois pas eu de piquet à la gare d’Anvers-Berchem, la grève n’était pas assez préparée dans le trafic de voyageurs et nous nous sommes plus concentrés sur les marchandises. Il faut dire que les actions n’avaient été confirmées que cinq jours auparavant, ce qui rendait la mobilisation difficile.’’

    Que penses-tu du fait que la CSC n’ait pas participé aux actions ?

    ‘‘Il y a un manque d’unité syndicale. La CSC ne participe pas aux actions pour l’instant. Elle veut d’abord mener une campagne d’information concernant l’impact des mesures pour le personnel et les voyageurs. Elle a produit un bon tract à cet effet. Mais informer sans partir en action, c’est insuffisant. D’un autre côté, la CGSP a plutôt la faiblesse de ne pas mener de campagne d´information convenable. Du côté flamand, seules les centrales CGSP d’Anvers et de Bruxelles ont participé aux trois jours de grèves tournantes. Ailleurs, il a été dit que le préavis de grève ne concernait que la participation aux réunions d’information puisque la CSC ne faisait pas grève. Du côté néerlandophone, c’est plus difficile de faire grève sans la CSC.’’

    ‘‘Nous devons faire des efforts pour avoir la CSC avec nous. Nous devrions participer ensemble avec la CSC à cette campagne d’information, la lier avec l’organisation d’assemblées du personnel et ainsi nous serions mieux préparés pour les actions futures.’’ Quelle a été la réaction de la FGTB suite aux requêtes unilatérales et aux huissiers?

    ‘‘La FGTB conteste ces décisions en justice. Mais réagir sur le plan juridique uniquement, c’est bien pauvre face à une telle attaque contre le droit de grève. Ils veulent briser la résistance des cheminots et par là casser l’un des secteurs les plus combatifs du mouvement des travailleurs. Briser le mouvement des travailleurs dans son ensemble, voilà la volonté de ce gouvernement de droite. L’ensemble du syndicat doit réagir pour organiser des piquets de masse et stopper l’application des décisions judiciaires.’’ Comment défendre le droit de grève à la SNCB?

    ‘‘Il faudra se donner les moyens pour impliquer le personnel le plus largement possible dans ces piquets et dans les prochaines actions de grève. Aujourd’hui, la direction syndicale décide seule du plan d’action et le communique ensuite. Pour mobiliser les collègues, le mieux est d’expliquer les attaques et de proposer un plan d’action adéquat en assemblée générale du personnel. Le plan d’action serait ainsi plus largement soutenu et porté par les cheminots.’’

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop