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Tag: SNCB
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Soutenons la grève des cheminots !

Ensemble pour un meilleur chemin de fer, pour le personnel et la collectivité.
L’augmentation constante de la productivité, les économies considérables, le sous-financement et la préparation à la libéralisation font que le personnel des chemins de fer est débordé. Mais nous ne sommes pas les seuls à en ressentir les conséquences. Toute la population belge en est victime : le train est de moins en moins une alternative agréable, fiable ou abordable.
Pour le nouveau protocole d’accord social, la direction propose d’affaiblir davantage le statut et de travailler avec plus de personnel contractuel. Probablement pas avec une semaine de 36 heures comme le personnel statutaire, mais avec une semaine de 38 heures. Son objectif : un système à deux vitesse pour le personnel, un bon moyen de casser les mécanismes de solidarité. C’est toute la logique de la libéralisation.
L’augmentation de 20% de la productivité et les 4 500 emplois perdus sous le gouvernement précédent se font déjà sentir. De nombreuses professions sont à genoux depuis un certain temps déjà, entraînant un déséquilibre total entre le travail et la vie privée. A cela s’ajoutent les nombreux postes vacants résultant des salaires et des conditions de travail peu attrayants que le gouvernement et le conseil d’administration ont créés. L’été dernier, c’était le droit à partir en vacances qui était menacé pour les accompagnateurs de train !
En raison d’un sous-financement structurel, beaucoup de choses doivent être rattrapées aujourd’hui, à la fois en termes d’infrastructures et d’équipements. L’entretien est insuffisant, en raison du manque d’équipement, et les investissements dans la sécurité sont reportés ou rallongés en permanence. La récente condamnation d’Infrabel et de la SNCB dans l’affaire de l’accident de Buizingen rend la responsabilité encore plus claire.
Nous avons un énorme problème d’embouteillage. Au cours de l’année écoulée, des millions de personnes sont descendues dans les rues du monde entier pour lutter contre le réchauffement climatique et pour un air plus sain. Néanmoins, la direction et le gouvernement semblent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour rendre les transports publics aussi peu attractifs que possible. Et pourtant, un investissement massif dans les transports publics est une étape nécessaire tant pour l’environnement que pour le problème de la congestion.
Le personnel et les usagers partagent les mêmes intérêts : un système de transport public bien organisé et très développé. Avec un personnel à nouveau fier de travailler pour les chemins de fer et d’offrir ainsi de meilleurs services. Ensemble, nous devons lutter contre les économies et la réduction sans cesse croissantes des services, mais en même temps, nous devons également lutter pour des investissements massifs dans des transports publics plus nombreux et de meilleure qualité.
Nous sommes à la veille d’événements importants à la SNCB. Le train restera-t-il un service public ou la libéralisation sera-t-elle mise en œuvre ? Pouvons-nous conserver ce statut ou sera-t-il encore érodé et remplacé ? Ces choses et d’autres s’approchent de nous et nous devons nous y préparer.
La seule façon d’y mettre un terme est de nous unir, au-delà des frontières syndicales et des catégories professionnelles. Nous devons parler à chaque collègue et à chaque usager, afin d’expliquer les enjeux des développements futurs et les luttes nécessaires. Nous devons élaborer un programme alternatif à propos des transports publics, où ceux-ci ne seraient pas gérés par des gestionnaires et des personnes politiquement désignées, mais bien par le personnel et les usagers. Car ceux qui font et qui utilisent les transports publics savent mieux que quiconque ce qui est nécessaire.
Des investissements massifs doivent être consentis pour que les transports publics deviennent une véritable alternative à la voiture. Les jeunes pour le climat appellent à la gratuité des transports publics. Ils ont raison : les transports publics doivent être accessibles à tous. Nous n’obtiendrons pas cela d’un seul coup. Cela s’oppose à la logique du capitalisme où seuls les profits de quelques-uns comptent et non les besoins de tous. Même pour quelque chose de parfaitement logique, de bien développé et de meilleure qualité, nous devons nous battre pour une société différente.
Il en va de même pour les 14 € de l’heure à la SNCB !
Les syndicats exigent une augmentation de salaire de 1,1%. C’est certainement nécessaire. Mais aux chemins de fer aussi il faut regarder les salaires les plus bas : même ici, il y a du personnel qui gagne moins de 2 300 euros bruts par mois. Ce n’est pas acceptable et doit aussi être combattu. Luttons pour un salaire minimum de 14 € par heure !
La politique actuelle : des agents sur le terrain en moins, des postes de direction en plus…
Entre fin 2017 et fin 2018, le nombre d’employés (en équivalent temps plein) est passé de 18 764 à 18 342. Le seul groupe qui s’est amélioré est celui des membres du conseil : de 342 à 418 !
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La SNCB et Infrabel condamnées dans le procès Buizingen : réaction d’un cheminot

Monument d’hommage aux victimes de Buizingen. Photo : Wikimedia Le jugement est tombé dans le procès Buizingen, la collision ferroviaire qui avait fait 19 morts et 162 blessés le 15 février 2010. La SNCB et Infrabel ont été reconnues comme principales responsables de l’accident pour « défaut de prévoyance » et condamnées chacune à 550 000 euros d’amende. Quant au conducteur du train, la justice a considéré qu’il était en tort tout en soulignant les difficultés auxquelles il était soumis. Familles de victimes et responsables syndicaux se sont dit soulagés du verdict.
Par un Cheminot
Les débats sur la sécurité ferroviaire se limitent trop souvent à une discussion sur la mise en place de systèmes de freinage, chargés de stopper les trains lorsqu’une erreur humaine est commise. Bien qu’ils soient cruciaux, la sécurité ferroviaire est un domaine bien plus large. Un accident résultant toujours d’une combinaison de facteurs défaillants – erreur humaine, bug technique, hasard, procédure non respectée, malentendus – une véritable « culture de la sécurité » nécessite un investissement dans la fiabilité de chacun de ses facteurs. Une formation suffisante, des conditions de travail décentes et une réflexion approfondie après chaque incident sont notamment nécessaires pour limiter drastiquement le risque d’erreur humaine. Un investissement massif dans les dernières technologies de sécurité, qui doivent équiper tant les voies que le matériel roulant, permet lui aussi d’augmenter le niveau de fiabilité.
Il a fallu plusieurs accidents tragiques sur le réseau ferroviaire belge pour que l’implémentation des systèmes d’aide à la conduite soit prise au sérieux, mais le retard n’a jamais été complètement résorbé. Une mère d’une des victimes de l’accident de Buizingen soulignait à juste titre que les conclusions judiciaires de l’accident de Pecrot (2001, 8 morts) et celles de Buizingen sont scandaleusement semblables : les entreprises ferroviaires n’avaient pas mis tout en œuvre pour assurer la sécurité des voyageurs, contrairement à leur mission.
Mais à notre avis, ce verdict sévère et justifié pour la SNCB et Infrabel ne doit pas masquer les responsabilités politiques de ces drames. La « culture de la sécurité » coûte cher, tant en moyens humains que techniques. Des coupes budgétaires successives ont été imposées au service public ferroviaire, alors même que le nombre de voyageurs était en croissance. L’augmentation du trafic est un facteur de risque qui ne peut être compensé que par une amélioration de tous les facteurs touchant à la sécurité en parallèle. Mais alors que les besoins n’ont fait que croître, les subventions publiques ont diminué (lire notre article à ce sujet).
Les dernières coupes budgétaires du gouvernement Michel ainsi que le projet européen de libéralisation du rail ont une nouvelle fois mis une énorme pression sur la SNCB et Infrabel. Les patrons du rail ne cessent de répéter que « la productivité doit encore augmenter » et souhaitent négocier de nouvelles réformes pour accroître la flexibilité des cheminots. Alors que le rapport de la commission d’enquête parlementaire mise en place après l’accident de Buizingen recommandait que les journées de travail ne puissent pas dépasser les 8h pour des raisons de sécurité, Infrabel souhaite aujourd’hui mettre en place des shifts de 12h dans les cabines de signalisation. Le président de cette commission était l’actuel ministre des transports en affaires courantes, François Bellot.
Pour un transport public ferroviaire sûr et efficace, cheminots et usagers doivent exiger un plan d’investissement public massif, développé dans l’intérêt collectif et non dans une perspective de rentabilité.
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Chemins de fer : la modernisation ou le grand bond en arrière?

Assiste-on à une prise de conscience tardive ou un changement de stratégie ? En octobre 2017, la patronne de la SNCB expliquait aux parlementaires qu’elle ne réclamait « pas de moyens supplémentaires ». Deux ans plus tard, elle dénonce un « gap de 1,3 milliards d’euros » à venir, tandis que le CEO d’Infrabel prévient : « le citron de la productivité a été entièrement pressé ». Dans le même temps, de nouvelles attaques sur les conditions de travail des cheminots se précisent. Après 40 ans de gestion néolibérale, la politique de la mobilité marche sur la tête.
Réaction d’un cheminot
Les besoins ont augmenté, les moyens ont baissé
Dans les années 1930, le réseau belge comprenait 5 125 km de lignes ferroviaires, près de 1 500 gares réparties sur le territoire, et employait 100 000 cheminots. Après la deuxième guerre mondiale, l’expansion du transport ferroviaire souffre d’abord de la concurrence du secteur automobile puis de l’aviation, en pleine expansion. Son développement continue, mais principalement en matière de qualité, et à un rythme ralenti. Au milieu des années 1980, les plans IC/IR (1984) puis Star 21 (1989) ont ajusté l’offre à la demande. L’organisation du rail est sans doute plus « efficace », mais la logique de rentabilité a commencé à percer. Le train est devenu plus confortable et plus rapide, mais 1 500 km de ligne et près d’un millier de gares ont disparu au fil des ans. Les plans d’économies entraînent une hausse généralisée des prix, une série de mouvements sociaux historiques, et une baisse du nombre de voyageurs de près de 8%.
Pourtant, dès le milieu des années 1990, la courbe s’inverse. Les routes sont saturées, l’automobile montre ses limites, et les besoins en mobilité augmentent encore. Le nombre de voyageurs que transporte la SNCB va suivre une croissance constante. Il augmente de moitié entre le milieu des années ’90 et le début des années 2010. La prise de conscience écologique est aussi passée par là, et la croissance de la fréquentation ne démord pas : chaque année, nos trains continuent à transporter 3 à 4% de voyageurs supplémentaires. La qualité du service ne s’est pourtant pas fondamentalement améliorée, mais les besoins sociaux en mobilité sont tels que cette évolution est irrésistible.
La nécessité d’augmenter à nouveau l’offre, la capacité et l’entretien du réseau est progressivement devenue flagrante. Mais alors que les voyageurs sont revenus en masse, le financement public, lui, est resté désespérément en-deçà des nécessités (à l’exception de l’un ou l’autre projet de prestige, comme celui du tunnel vers l’aéroport). Les gouvernements enchaînent coupes budgétaires et mesures d’austérité, malgré les signaux d’alarme tirés par les syndicats. En 2005 puis en 2014, la scission entre Infrabel et la SNCB crée du gaspillage, accroît la confusion et « saucissonne » les responsabilités. Le gouvernement Michel impose 2,1 milliards d’euros d’économies supplémentaires.
Moderniser ou désinvestir, il faut choisir
Ce contexte d’augmentation du nombre de voyageurs couplé à un sous-investissement structurel a créé un énorme fossé qui devient difficile à combler. Le 20 novembre dernier à la Chambre, le patron d’Infrabel expliquait : « 22% des aiguillages, 12% des rails, 23% des revêtements des passages à niveau, 20% des caténaires et 3.000 km de câbles de fibre optique arrivent en fin de vie économique ». Avant d’expliquer que sans investissements supplémentaires, il ne sera plus possible de maintenir en vie les « petites lignes ». Des travaux énormes doivent être entrepris sur de nombreuses lignes, entraînant des coupures dans le service de trains et des retards. Le public paie ainsi le retard structurel d’investissement accumulé sur la dernière période. Même le journal pro-patronat l’Echo précise : « […] il semble que le gouvernement va devoir payer la facture de plusieurs années d’économies sur le rail belge » (l’Echo, 21/11/2019).
La productivité du personnel a augmenté de 20% sur les 5 dernières années. Pas suffisant, selon la direction des chemins de fer qui réclame de nouvelles mesures d’augmentation de productivité. Insupportable ? « C’est ce que veulent les politiques », répond-elle. Les négociations autour de la prochaine convention collective tournent mal : augmentation du temps de travail, flexibilité accrue, statut sur la sellette. Les services de réserve permettant de remplacer un agent malade en dernière minute sont menacés. Ici aussi, l’argent manque pour donner aux cheminots les moyens d’offrir un service de qualité.
Après des années d’efforts, le personnel en a ras-le-bol. Ce 21 novembre, le front commun syndical CGSP-CSC avertit : « Nous donnons encore une semaine à la direction pour répondre à nos revendications ». Après l’accident de Buizingen, qui avait fait 19 morts et 162 blessés en 2010, la commission d’enquête parlementaire recommandait que les journées de travail ne puissent pas dépasser les 8h pour des raisons de sécurité. Les patrons du chemin de fer proposent aujourd’hui des « shifts » de 12h dans les cabines de signalisation. Les syndicats, eux, réclament qu’on arrête de presser le personnel et qu’on engage des effectifs en suffisance.
Stop à la libéralisation, luttons pour un service public de qualité !
Alors qu’il n’est même pas formé, le prochain gouvernement est déjà sous pression. Jamais la nécessité d’un service public ferroviaire fort et de qualité n’a été aussi grande. Des investissements massifs dans le chemin de fer sont plus que jamais nécessaires, tant pour le maintenir que pour le développer, tant pour les usagers que pour les cheminots.
Le projet européen de libéralisation du rail est avant tout une occasion pour la classe dominante de faire du commerce. Les libéralisations et privatisations se sont succédées dans l’Union Européenne néolibérale. Les capitalistes veulent ouvrir au marché des secteurs qui étaient traditionnellement gérés par les pouvoirs publics pour gagner de nouvelles occasions de faire plus de profits. De riches actionnaires pourraient ainsi faire de l’argent en exploitant uniquement une ligne commerciale rentable, tout en délaissant les coûts de l’infrastructure et des lignes non rentables à l’état. Comme l’a montré une étude de chercheurs de l’ULB en ce début d’année, cela entraînerait une dégradation des conditions de travail, une grille tarifaire incompréhensible pour les usagers, et ne coûterait pas moins cher au contribuable. L’état belge dispose de nombreux outils pour refuser la libéralisation du service public, mais les décisions les plus importantes n’ont toujours pas été prises : nos dirigeants ont beau jeu de brandir la menace de la libéralisation pour justifier leur politique de coupe budgétaire.
Nous n’avons rien à gagner avec la libéralisation : nous avons besoin de moyens pour l’infrastructure, le matériel, le service et le personnel à la hauteur des enjeux sociétaux. Nous avons besoin d’une convention collective correctement financée pour permettre au personnel d’assurer un service de qualité dans des conditions dignes.
Mais un plan d’action mené uniquement par le personnel risque de souffrir de l’isolement. Nous avons besoin que les grands syndicats élargissent le front commun – aux petits syndicats, mais aussi aux associations de voyageurs. Par exemple en allant vers les usagers avec une campagne d’information et de mobilisation pour des revendications qui lient les problèmes des navetteurs et du personnel. Malgré les désaccords, nous pourrions organiser des meetings communs pour faire vivre ce débat. Un plan large et ambitieux est nécessaire. Un nouveau rapport de force avec la direction des chemins de fer et le (futur) gouvernement pourrait ainsi être créé pour la défense du chemin de fer public.
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Entretien avec Joachim Permentier, secrétaire général du Syndicat Indépendant pour Cheminots

Les accompagnateurs de train ont droit à leurs congés !
Un mouvement de grève a touché le rail ces 27 juillet et 17 août à l’initiative du Syndicat Indépendant pour Cheminots (SIC), sans le soutien des autres syndicats. Les actions ont toutefois trouvé un certain écho parmi l’ensemble du personnel et beaucoup d’accompagnateurs de train se sont mis en grève, signe de la profondeur de la colère. Nous en avons parlé avec Joachim Permentier, secrétaire général du SIC.
Propos recueillis par Thomas
Quelles sont les raisons de la colère ?
‘‘La cause immédiate, c’est l’incapacité de prendre congé pour les accompagnateurs de train. La pénurie de personnel sévit depuis plus de dix ans. La direction prétend que personne n’est intéressé par un emploi statutaire dans les chemins de fer tant que des emplois mieux rémunérés existent. C’est n’importe quoi. Tout d’abord, les exigences médicales, psychologiques et linguistiques élevées jouent un rôle important. Mais n’oublions pas non plus l’incertitude qui règne quant à l’avenir de la SNCB. Les conditions de travail et de salaire n’aident pas à convaincre quelqu’un de commencer cette carrière ou de la poursuivre. La SNCB recherche maintenant du personnel de manière plus intensive et alloue davantage de moyens aux campagnes de recrutement. Mais, au même moment, de nouvelles économies sont réalisées sur le dos du personnel !
‘‘La revendication centrale des grèves était qu’au moins 15% du personnel de chaque dépôt puisse quotidiennement être en congé. C’est en deçà de la marge habituelle, mais ça offre tout de même un peu de sécurité. Aujourd’hui, dans certains dépôts, à peine 10 % du cadre effectif est atteint, même pendant les périodes de vacances où les trains circulent moins. La SNCB veut apporter une solution partielle, mais essaie directement d’en profiter. Une partie du cadre connaît une flexibilité accrue avec l’argument que, dans les petits dépôts, la marge n’est pas atteinte en cas d’absence. On parle de ‘‘papillons’’, envoyés dans des dépôts éloignés sur base d’une planification de dernière minute sans grande certitude quant au moment où il faudra travailler.
‘‘La pénurie de personnel continue de s’aggraver. Nous ne défendons aucune suppression de trains, mais on ne peut en faire circuler autant qu’avec suffisamment de personnel. L’initiative est aux mains du gouvernement et de la direction : sans ressources suffisantes, il n’y a pas assez de personnel avec de bonnes conditions de travail, ce qui rend le travail moins attractif et renforce la pénurie de personnel. La direction renvoie la patate chaude au personnel sous prétexte que le contrat de gestion doit être rempli et que la mission consiste à transporter des passagers. C’est du chantage. Bien sûr, les syndicats approuvent la mission d’organiser les transports publics collectifs de la meilleure manière possible, et mieux qu’aujourd’hui. Mais cela exige des moyens pour le personnel.’’
Pourquoi la grève a-t-elle éclaté à ce moment-là ?
‘‘Nous devons augmenter la pression sur la direction pour l’obliger à faire des concessions. Après avoir gentiment demandé ces dix dernières années sans succès, cela s’impose. Pour une garantie minimale de congé, les agents de train doivent attendre un an de plus, et même là, il y a un risque de flexibilisation importante d’une partie du personnel. Il faut que les choses changent.’’
Comment les actions ont-elles été structurées ?
‘‘Les représentants élus de tous les syndicats du CPPT (Comité pour la prévention et la protection au travail) se sont réunis pour élaborer une stratégie visant à répondre à la pénurie de personnel. Des campagnes de sensibilisation et d’information ont été lancées au niveau local. Une pétition a suivi, qui a reçu beaucoup de soutien. Les collègues ont pris conscience que des mesures pourraient être prises par la suite.
‘‘Le personnel voulait remettre la pétition à la directrice générale Sophie Dutordoir le 16 mai, mais elle ne l’a pas acceptée. On nous a dit qu’il fallait suivre les voies habituelles et que la pénurie de personnel relevait de la Commission paritaire nationale. C’est une réaction compréhensible, mais c’était trop peu pour les accompagnateurs de train.
‘‘Les accompagnateurs ont ensuite soulevé à nouveau la question dans leurs syndicats. Le SIC a au départ également réagi prudemment, avant de déclencher des grèves. La question a été soulevée à plusieurs reprises, sans aucune menace. Ce n’est qu’après la menace via la procédure de la sonnette d’alarme que le minimum garanti en matière de congés est prévu, mais elle a été immédiatement renvoyée vers les groupes de travail pour gagner du temps et assouplir les exigences.
‘‘Nous avons pris nos responsabilités en tant que syndicat et nous nous sommes engagés à faire grève. Cela a contraint HR-Rail à s’asseoir, bon gré mal gré, avec nous à la table de négociation. Après tout, pour eux, un ‘‘partenaire social acceptable’’ ne fait pas grève. Et refuser une réunion qu’ils qualifient ‘‘d’extrêmement constructive’’, c’est aussi inacceptable. La grève était donc inévitable.
‘‘Et ce fut un succès : la moitié des trains n’ont pas roulé. Après cela, nous avons repris contact avec la direction. L’annonce d’un nouveau préavis de grève a cependant été nécessaire pour que la direction accepte de revenir à la table de négociation. Il subsistait une différence fondamentale, à savoir que la direction ne veut pas reconnaître la norme des 15 % comme une garantie, mais seulement comme un objectif conditionnel. C’est pourquoi la deuxième grève était nécessaire.’’
Quelle sera la prochaine étape ?
‘‘Nous devons maintenir la pression et ne pas exclure de nouvelles actions, qui devront être au moins aussi puissantes et de préférence encore mieux suivies. L’attitude des autres syndicats est également importante. Jusqu’à présent, ils ont préféré la négociation à la grève. Mais la direction exige une plus grande flexibilité de la part du personnel tout en considérant la garantie minimale de congé comme étant seulement conditionnelle.
‘‘Le SIC n’a jamais eu l’intention de tirer la couverture à soi. Coopérer est vital pour gagner la bataille. Cela ne s’applique pas seulement au niveau syndical, mais aussi au niveau politique et nous allons écrire aux partis progressistes et au ministre responsable.’’
Un protocole d’accord devrait être conclu en septembre. Qu’en attendez-vous ?
‘‘Des économies ont été réalisées pendant des années et aucun investissement n’a été fait. Le gouvernement et la direction veulent nous préparer à la libéralisation. Les exigences de la direction doivent être considérées dans ce contexte. L’objectif est d’abolir le statut et de ne plus avoir que du recrutement contractuel. La combinaison d’agents contractuels et d’agents statutaires sur le même plan de travail crée de l’espace pour la division, ce sur quoi compte la direction. Je n’ai pas besoin d’expliquer que cela rend encore plus difficile la lutte pour de meilleures conditions de travail pour le personnel statutaire. Le SIC veut travailler avec les autres syndicats pour protéger les acquis statutaires et, bien sûr, obtenir des améliorations. Il ne suffit pas de limiter la casse : nous devons exiger des améliorations.
‘‘Le personnel hésite à faire la grève. Ils veulent un bon service et de bonnes conditions de travail en font partie. Mais si la direction et le gouvernement mènent invariablement des attaques, ils ne nous laissent aucun choix. Avec le personnel, nous sommes les premiers témoins de la destruction de l’entreprise. Ils essaient de monter le personnel et les passagers les uns contre les autres et font appel au sens des responsabilités des cheminots envers les usagers. Mais nous prenons nos responsabilités en défendant une entreprise ferroviaire qui fonctionne correctement. Les attaques constantes contre le personnel et l’absence d’investissements dans le matériel sont les facteurs qui détruisent la SNCB. Le personnel et les passagers doivent s’y opposer.’’
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Premières élections sociales à la SNCB : votez pour des candidats combatifs
Début décembre se tiennent les premières élections sociales de l’histoire des Chemins de fer belges. Le personnel y élit 561 représentants pour 88 comités et sous-comités Prévention et protection au travail (CPPT), 3 comités d’entreprise pour la prévention et la protection au travail et 5 commissions paritaires régionales (CPR, similaire à un comité d’entreprise au niveau local). Ces élections ne concernent pas la Commission paritaire nationale ; l’argument de la ‘‘démocratisation’’ ne s’applique visiblement pas au principal organe consultatif. Six organisations syndicales présentent des listes.
L’agenda politique du gouvernement
Il aurait été logique que ces élections sociales se tiennent en 2020, au même moment que dans les entreprises du privé et certaines du public (comme la société de transports en commun flamande De Lijn). Mais puisque le gouvernement souhaitait que cela survienne avant les élections fédérales de 2019, l’événement a été organisé au pas de course, avec trop peu de bureaux de vote, une campagne trop courte et vraisemblablement une faible participation. Les premiers élus ne siégeront pas pendant quatre ans, mais pendant six ans, jusqu’en 2024.
L’objectif de la N-VA était clair dès le départ : ‘‘L’attitude irresponsable des syndicats wallons détruit progressivement mais sûrement l’entreprise. Chaque grève coûte des millions d’euros. C’est pourquoi la N-VA veut introduire des élections sociales dans les Chemins de fer, tout comme dans les entreprises privées.’’ Le gouvernement espère saper la position historique de l’ACOD/CGSP en ne déterminant plus la représentativité des travailleurs via le nombre d’affiliés mais via des élections sociales.
Tout a été fait pour donner plus d’ancrage au petit syndicat libéral (SLFP), y compris en l’incluant dans la Commission paritaire nationale où il est le seul petit syndicat. Heureusement, la tentative de museler les autres petits syndicats avec la loi Bellot de 2016 a été balayée par la plainte déposée par le Syndicat indépendant des cheminots (SIC) à la Cour constitutionnelle. L’argumentation démocratique du gouvernement comporte une bonne dose de cynisme : il tente d’exclure les syndicats par des mesures antidémocratiques et ne tolère pas d’élections au principal organe consultatif !
Le gouvernement refuse d’investir dans le personnel et le service : 663 millions d’euros de moins pour la SNCB
A côté des vieux routards expérimentés des syndicats, des militants plus récents veulent jouer un rôle plus actif dans la défense de leurs collègues. Des débats plus approfondis ont eu lieu sur l’importance du syndicat, mais aussi sur l’utilité des organes de consultation sociale et leurs limites. La poursuite de cette discussion ne peut que renforcer les syndicats.
Nous connaissions quels gadgets (comme des bics) allaient être offerts avant même que les programmes ne soient prêts. Les petits cadeaux sont amusants, mais ce n’est pas ça qui va combler le manque de personnel et répondre aux besoins du service. Les affiches et les tracts des syndicats étaient généralement assez vagues et avec un contenu fort limité. Les défis à relever ne sont pourtant pas des moindres.
Les économies budgétaires et tout ce qui ouvre la voie à la libéralisation exercent une énorme pression sur le personnel. En 2018, le nombre d’équivalents temps plein est tombé en dessous des 30.000. Nous étions pourtant plus de 40.000 en 2004 ! Sur le même laps de temps, le nombre de passagers a augmenté de 40 %. Des collègues ne parviennent plus à obtenir leurs jours de congé, la charge de travail augmente et des gares sont vidées de leur personnel. Une augmentation de la productivité de 4% est encore prévue jusqu’en 2019. Et comme si cela ne suffisait pas, la direction exige d’accroitre la productivité à chaque fois que le personnel reçoit une miette (revalorisation des conducteurs, jours de crédit,…).
Il suffit de prendre le train une seule fois pour se rendre compte que les moyens manquent, mais les subsides de l’Etat belge à la SNCB et à Infrabel ont été réduits de 20% par ce gouvernement. En 2019, cette dotation sera inférieure de 663 millions d’euros à celle de 2014 !
Votez pour des candidats combattifs !
Les pressions exercées par le gouvernement et la direction exposent les limites du syndicalisme de concertation. L’offensive vient de tous les côtés et adopte les formes les plus diverses. Les dossiers sont unilatéralement poussés à un rythme de malade pour contourner les syndicats. L’absence de riposte ferme a causé beaucoup d’insatisfaction envers les dirigeants syndicaux. Nous devons utiliser ces élections sociales pour nous renforcer et démocratiser le syndicalisme. La force des syndicats réside dans leur capacité à rassembler le personnel dans la lutte pour la défense de nos intérêts.
Les syndicats se contentent souvent de se plaindre de ce qui pose problème, mais chaque collègue en fait l’expérience au quotidien. Les solutions proposées restent trop générales. Nous savons tous que la pénurie de personnel sera résolue avec plus de personnel. Qui peut s’opposer à la revendication du travail faisable et de plus de sécurité ? Comment ce travail faisable sera-t-il organisé ? Comment défendre nos pensions ? Comment stopper les économies qui menacent la sécurité ? Des différences existent entre les syndicats et entre les lieux de travail, notamment à l’initiative des militants. Nous serons plus forts là où seront élus des militants partisans d’un syndicalisme de combat.
Chaque catégorie de personnel a des préoccupations spécifiques et chaque lieu de travail a besoin de militants qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour défendre leurs collègues. Ces militants combatifs et conséquents doivent être soutenus, quel que soit le syndicat pour lequel ils sont candidats. Nous devons utiliser ces positions élues pour informer, impliquer et mobiliser davantage nos collègues. De cette façon, il est possible d’élaborer une stratégie comprise et soutenue par le plus grand nombre. C’est ainsi que nous construirons un rapport de force sur les lieux de travail pour défendre des Chemins de fer publics forts, qui respectent le personnel et les usagers.
Cet article est le fruit d’un travail collectif de cheminots du PSL de Flandre, Wallonie et Bruxelles, dont des candidats de différentes listes pour les élections sociales.
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[ENTRETIEN] SNCB. “Le fatalisme n’a pas sa place au syndicat”

Le PTB a récemment découvert et dénoncé que la SNCB engageait un ‘‘Specialist Rail Liberalization’’. Le gouvernement prépare-t-il la libéralisation du rail ? Est-il vrai de dire que cela ouvre la voie à la privatisation ? Nous en avons discuté avec un cheminot.
Que signifie la libéralisation du rail ?
La libéralisation signifie la fin du monopole public de la SNCB au profit d’un système où l’entreprise publique serait mise en concurrence avec d’autres opérateurs qui seraient tous libres de faire circuler des trains sur le réseau. C’est un principe différent de la privatisation, qui quant à elle signifierait la vente pure et simple de la SNCB à des actionnaires privés.
La privatisation n’est officiellement pas à l’ordre du jour en Belgique, mais des provocateurs de droite dure comme Alexander de Croo (Open VLD) y font régulièrement allusion. Ce qui se prépare, c’est la libéralisation du trafic voyageur intérieur à partir de 2023. C’est un processus qui a commencé dans les années 2000 au niveau européen et qui a abouti en 2005 à la scission Infrabel (qui gère le réseau et qui est destiné à rester public) / SNCB (qui est un opérateur public destiné à être mis en concurrence). C’est une obligation européenne mais qui prévoit des exceptions. Il est inutile de préciser que le gouvernement Michel n’a aucune intention d’entrer dans un rapport de force avec l’UE sur ce sujet. Le spectre de la libéralisation, tout proche, lui permet d’exercer une énorme pression sur les entreprises du rail.
Qu’est-ce que ça a comme conséquences pour les usagers et le personnel ?
La raison pour laquelle beaucoup de gens confondent « libéralisation » et « privatisation » est que la libéralisation entraîne une mise en conformité du service public avec les exigences du privé. J’ai vu ce même processus à l’œuvre dans l’hôpital public où j’ai travaillé avant d’entrer à la SNCB : la mise en concurrence d’organismes publics avec le privé fait en sorte que les services publics sont transformés pour fonctionner de la même manière qu’une entreprise privée qui cherche à faire des bénéfices. L’objectif premier n’est alors plus de fournir un service de qualité à la population, mais bien de faire « du chiffre ». C’est une sorte de privatisation larvée, qui ne dit pas son nom. Tu travailles dans un service public mais on te demande de fonctionner exactement comme le ferait le privé. En même temps, les usagers, eux, te reprochent – à raison – de ne plus respecter les règles d’équité et d’accessibilité du service public, ce qu’est encore officiellement la SNCB. Le personnel est écartelé entre des valeurs et des exigences totalement incompatibles. Le tout dans un contexte où ses droits sont sans cesse attaqués. Cela provoque énormément de frustration.
Concrètement ?
Il y a quelques mois des nouvelles statistiques de ponctualité des trains sont sorties. On y voyait que la ponctualité sur la dorsale wallonne est l’une des pires du pays. Le porte-parole de la SNCB a provoqué un petit scandale en minimisant les faits par une déclaration : « ce n’est pas sur cette ligne que nous avons la majorité de nos clients ». Certains y ont vu une bataille communautaire, c’est une grosse erreur d’analyse. S’il y a un abandon de certaines « petites » lignes en Wallonie, ce n’est certainement pas pour des raisons linguistiques. Les entreprises ferroviaires délaissent les lignes les moins fréquentées car ce n’est pas là qu’elles font leur « chiffre d’affaire ». C’est la simple application de la logique du marché.
Chaque décision d’ampleur prise aujourd’hui à la SNCB est basée sur la libéralisation à venir. C’est devenu une obsession dans le top management. En quelques années, l’usager est devenu le client. Le client est le core business. Tout le baratin managérial du privé est asséné dans chaque service. Le changement de vocabulaire a son importance car il a pour objectif d’imposer un nouveau cadre idéologique et de faire comprendre aux « anciens » qu’ils doivent « s’adapter » ou partir. C’est un processus qui peut devenir extrêmement violent. On apprend qu’en France, où le niveau d’attaque est encore supérieur à celui que nous vivons, les cas de suicides de cheminots sur leur lieu de travail se multiplient.
La ponctualité et la sécurité sont officiellement la priorité de la SNCB et d’Infrabel. Mais avec les coupes budgétaires du gouvernement Michel et la chute des effectifs, ce n’est clairement pas le cas. Le manque de personnel a des conséquences très concrètes sur la ponctualité et la qualité du service. On peut prendre pour exemple le plan stratégique « 20-20-20 » mis en place pour les guichetiers. Dans les grandes gares la SNCB ouvre volontairement trop peu de guichets par rapport à la demande, ce qui provoque des files monstre, obligeant les voyageurs à acheter leur ticket sur internet ou aux automates. Les managers présentent ensuite les chiffres de vente et expliquent qu’il est normal d’avoir moins de guichetiers puisque les voyageurs utilisent de plus en plus les canaux de vente électroniques… Ils se moquent du monde ! Mais cela fait augmenter la productivité. C’est la seule chose importante pour eux.
Depuis le début de son mandat, le ministre Bellot parle de « moderniser » le rail. Le gouvernement prévoit aussi de permettre à la SNCB de baisser ses tarifs en heures creuses. Qu’en penses-tu ?
Les négociations sur le prochain contrat de gestion sont en cours. Jo Cornu, à son époque (CEO de 2013 à 2017), réclamait déjà plus de « liberté tarifaire » pour la SNCB. L’argument principal, toujours repris aujourd’hui, est que cela permettrait de faire baisser les prix du train en heures creuses afin de mieux répartir le flux de voyageurs. Mais Jo Cornu se plaignait aussi que les tarifs de la SNCB n’avaient que très peu augmenté par rapport à ceux de Bpost, selon sa propre comparaison. Baisser les tarifs pour rendre le transport ferroviaire plus accessible serait une bonne chose. Mais ça pourrait être aussi un prétexte pour permettre à la SNCB de réguler les prix comme bon lui semble, et augmenter d’autres types de tarifs dans un second temps. La SNCF utilise par exemple depuis des années le Yeald management, une politique des prix constamment changeante en fonction de l’offre, de la demande et de contraintes internes, où le prix d’un même voyage peut passer du simple ou double en quelques heures.
Au nom de la lutte contre le gaspillage, le top management réorganise chaque service des chemins de fer. La nouvelle philosophie est celle du flux tendu, une méthode qui vise à produire toujours plus avec toujours moins de moyens humains et techniques. Cela explique en partie pourquoi nous n’arrivons toujours pas à améliorer les chiffres de ponctualité. Lors du nouveau plan de transport de décembre 2017, le nombre de trains que la SNCB fait circuler sur le réseau a été augmenté de 5,1%. Mais les ressources et l’infrastructure ne suivent pas. Lorsqu’un train tombe en panne en pleine ligne, nous aurions besoin d’avoir du matériel roulant et du personnel de réserve pour pouvoir le remplacer rapidement sur son parcours suivant. Beaucoup de facteurs entrent en jeu pour qu’un train circule à l’heure, et ce d’autant plus en heure de pointe. La priorité devrait être l’augmentation du degré de fiabilité de chacun d’entre eux. Mais avec le flux tendu, où chaque élément n’est prévu qu’en quantité minimale, il n’y a plus de « marge » pour pallier l’imprévu.
La question du « One man car », des trains qui circuleraient sans accompagnateur, revient aussi dans l’actualité. Dutordoir prétend ne pas en vouloir, mais son argument principal est que la SNCB « n’est pas (encore) prête » pour ça. La confusion qui règne dans ce dossier illustre que des tensions existent aussi dans les hautes sphères.
Les élections sociales à la SNCB se dérouleront en décembre de cette année. C’est une première. Pourquoi ce changement et quelle est la position des militants combatifs ?
5 610 candidats se présentent pour 561 mandats syndicaux qui seront effectifs pendant 6 ans. En termes d’organisation, tant pour le management que pour les syndicats, c’est un défi. Les enjeux sont multiples. Il en va bien sûr du rapport de force entre chaque organisation (la CGSP Cheminots est historiquement le syndicat le plus important), mais aussi du taux d’abstention. Le taux de participation, s’il est élevé, renforcerait la légitimité des syndicats. A l’inverse, les directions d’entreprises pourraient profiter d’un taux de participation faible pour accélérer leurs attaques.
Les chemins de fer sont historiquement un bastion syndical. Mais en quelques années, les syndicats ont subi énormément de revers. La droite dure multiplie les attaques, qui proviennent à la fois du gouvernement – comme les pensions ou le service minimum – ou des entreprises elles-mêmes. L’obsession autour de l’augmentation de la productivité entraine une réduction du nombre de jours de repos, des changements incessants dans l’organisation du travail, une augmentation de la charge et de la pression au travail, etc.
Les dirigeants syndicaux avaient auparavant l’habitude de négocier plutôt tranquillement, ils ont été formés avec ces méthodes… Mais dans un contexte où ceux qui dirigent ne veulent même plus négocier et privilégient le passage en force, les méthodes habituelles ne fonctionnent plus.
Nous devons aller au rapport de force, mais pas sans avoir mis sur pied une stratégie solide au préalable. Il faut aller chercher le soutien des voyageurs, leur expliquer pourquoi les usagers autant que les cheminots ont besoin d’un vrai service public. Il faut discuter et rendre des comptes aux affiliés beaucoup plus que ça n’a été fait ces dernières années. Il faut organiser un plan d’action à long terme, car les grèves « one shot » ont montré leurs limites. Je pense que beaucoup de choses nécessaires ne sont pas faites actuellement. Mais cela nécessite avant tout de bien comprendre les enjeux auxquels nous faisons face.
Lorsqu’il a imposé les élections sociales aux chemins de fer, le gouvernement Michel avait probablement en tête d’affaiblir la position historique de la CGSP. Mais dans la pratique, cela pourrait avoir pour conséquence de renforcer le dynamisme dans tous les syndicats. Je pense que les militants combatifs doivent mener campagne activement en profitant de cette opportunité pour discuter avec leurs collègues de la manière de démocratiser le fonctionnement des syndicats, et d’impliquer un maximum de travailleurs dans le combat.
Mon avis est que le fatalisme n’a pas sa place dans une organisation syndicale. Nous allons travailler pour renverser le rapport de force. Nous voulons un vrai service public, fort, accessible, financé à la hauteur des enjeux sociétaux. La peur doit donc changer de camp.
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Pensions, organisation du travail, etc. C’est toute la politique de la SNCB qui est sur la mauvaise voie !
La colère est grande parmi les cheminots. Au début, on a parlé de journées de grève de la part de différents syndicats. Seule une mesure bureaucratique de la direction – qui veut de plus en plus déterminer comment le personnel peut et ne peut pas protester – a assuré que seuls les jours de grève de la CGSP ont survécu. Les membres des autres syndicats sont également en colère, et l’attaque contre les pensions n’en est pas la seule source. Le problème est plus profond et plus structurel : les politiques de la direction de la SNCB et du gouvernement sont sur une mauvaise voie.Travailler plus longtemps pour des pensions plus basses
La mobilisation largement suivie contre les réformes des pensions du gouvernement a conduit à un report du système des pensions à point. Après la manifestation particulièrement réussie du 16 mai – en partie le produit d’une vaste campagne d’information avec le Journal des pensions – ce report est tout à fait certain. Cependant, il ne s’agit pas d’un retrait : la proposition de réglementation des professions lourdes dans le secteur public est un tremplin vers la pension à point.
Les pensions constituent un point faible de ce gouvernement de droite. Début juin, une enquête de la VTM, entre autres, indiquait que 71% de la population flamande et 82% des Wallons estiment que le système de pension ne leur offrira pas de vieux jours confortables. Les deux tiers s’opposent au relèvement de l’âge de la pensions. Une majorité claire rejette la politique actuelle d’attaques contre les pensions !
Les médias établis feront tout ce qui est en leur pouvoir pour ne pas discuter des raisons de la grève de la SNCB. Il ne s’agira que de divisions entre les dirigeants syndicaux, de jeunes pénalisés pour se rendre à un camp, de service minimum, etc. Aux militants et au personnel d’expliquer et de concrétiser les raisons de l’action.
Oui, les passagers seront incommodés. Mais ces voyageurs font aussi partie de la grande majorité de la population qui n’est pas d’accord avec la politique du gouvernement en matière de pensions. Ils ne veulent pas travailler jusqu’à 67 ans pour une pension indigne ! Et soyons clairs : depuis des années, économiser sur la qualité, l’accessibilité et la ponctualité des services pour tous a été un véritable échec.
Donnons des exemples concrets : un nouvel accompagnateur de train aura jusqu’à 430 euros de moins de pension par mois et devra travailler huit ans de plus ! Tous les métiers de la SNCB seront perdants du fait de la proposition de règlement. Ne tombons pas dans le piège d’une liste dans laquelle nous nous sommes joués les uns contre les autres, mais défendons ensemble le maintien (et l’amélioration) de la réglementation actuelle !
C’est toute la politique qui est erronée
D’autres mesures s’ajoutent encore en plus de l’attaque contre les pensions. Les conditions de travail sont sous pression avec la centralisation des services, le service de 12 heures ou l’augmentation de 2% de la productivité du matériel roulant. La charge de travail est déjà élevée et la direction veut en rajouter. Tout cela fait partie d’une politique d’austérité à la SNCB.
Nous devons rejeter cette politique dans son ensemble. C’est évident, il est justifié de s’opposer à cela : ce n’est pas à la direction de déterminer comment le personnel peut (et ne peut pas) réagir. Rejeter les préavis de grève représente un dangereux précédent et il faut s’y opposer. Si le gouvernement et la direction limitent la protestation, ce n’est pas pour défendre les voyageurs, mais pour pouvoir imposer plus facilement leur propre politique d’austérité (ce qui affecte à la fois le personnel et les voyageurs).
De plus, pour la première fois, il y aura un service minimum. Le système ne fonctionne pas très bien – plusieurs membres du personnel ne savaient pas s’ils avaient transmis leur choix correctement et efficacement – et il y a aussi une discrimination flagrante (ceux qui passent de la grève au travail ont plus de temps pour le faire que ceux qui vont dans la direction opposée… !!) Ici et là, les membres du personnel ont été appelés pour être interrogés quant à leur choix.
La meilleure manière de répondre aux attaques contre le droit de grève et aux divisions entre les syndicats est d’expliquer patiemment quelles sont les mesures, pourquoi elles sont désastreuses pour le personnel et les passagers et comment nous pouvons défendre des transports publics plus nombreux et de meilleure qualité. Le personnel travaille au quotidien à des horaires impossibles pour la SNCB. Il nous faut un financement public plus important pour un programme ambitieux visant à des services plus nombreux et de meilleure qualité. C’est également dans l’intérêt des passagers et c’est une réponse à la crise de la mobilité et à la pollution.
Mais des transports publics plus nombreux et de meilleure qualité, ce n’est pas le projet du gouvernement. Il veut mettre tous les services publics à sec : d’abord les étouffer et ensuite les privatiser. C’est également évident, par exemple, chez De Lijn. Nous ne serons que plus fort si nous réagissons tous ensemble : cheminots, chauffeurs de bus, agents pénitentiaires, etc. Au lieu d’actions séparées, il nous faut un plan d’action crescendo visant à une participation maximale afin de réunir la grande majorité de ceux qui rejettent la politique sur les pensions.
De cette façon, nous ripostons immédiatement aux tentatives de nous monter les uns contre les autres avec cette politique classique de diviser pour régner. Bacquelaine, Bellot et toute leur clique poussent le personnel et les passagers vers une voie sans issue, notre lutte est nécessaire pour faire tourner les aiguillages dans une autre direction !
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[box type=”shadow” ]La proposition sur les professions lourdes dans le secteur public signifie l’abolition des tantièmes préférentiels : chaque année, le fonctionnaire accumule un soixantième de sa pension, ce qui, après 45 ans, lui donne droit à 75% du revenu médian des 10 dernières années de sa carrière.
Dans le cas des tantièmes préférentiels, ce n’est pas le 60e, mais le 48e (conducteurs SNCB, postiers, pompiers, etc.), le 50e (cadre opérationnel de la police et de l’armée) ou le 55e (enseignants). Dès que 75% du bonus (préférentiel) est atteint, on a droit à une pension complète.
Le gouvernement veut s’en débarrasser et remplacer le système par une liste de professions lourdes pour lesquelles un coefficient est attribué à une année de carrière : par exemple 1,1 au lieu de 1 afin que vous puissiez prendre votre retraite plus rapidement.
Il y a, bien sûr, une tentative de dresser les professions les unes contre les autres, certaines professions lourdes la liste n’étant pas considérées comme si lourdes, au choix.
Le fait est, cependant, que 62% des fonctionnaires ont actuellement un tantième préférentiel dans le secteur public, alors que la liste des professions lourdes qui semblaient également approuvées par le gouvernement et deux syndicats réduit ce pourcentage à 50%.[/box]
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[10/10 – La parole aux grévistes] Un cheminot

La colère gronde dans l’ensemble des services publics. Des années de fonctionnement avec des moyens insuffisants ont alimenté une grande frustration, tant parmi le personnel qu’auprès des usagers. Les raisons de participer à la journée d’action du secteur public du 10 octobre sont nombreuses. Et qui pourrait expliquer cela mieux que les grévistes eux-mêmes ?
“Le rail pourrait contribuer à résoudre les problèmes de mobilité et écologiques, mais cette possibilité est balayée”
“Avec la réforme des pensions que le gouvernement prépare, la plupart des cheminots devraient travailler 4 années supplémentaires, et pour le personnel dit ‘‘roulant’’ dont je fais partie, il nous faudrait travailler 9 années supplémentaires si les projets du ministre Bacquelaine sont mis en place !
‘‘En septembre, un ouvrier d’un sous-traitant privé d’Infrabel est décédé d’un accident en gare d’Ostende. Ce genre d’accident est la conséquence d’une logique de privatisation des tâches, qui ne met l’accent que sur la réduction des coûts, au détriment de la qualité du travail et surtout de la sécurité des gens. Comme beaucoup d’autres, cet accident aurait pu être évité.
‘‘Le mécontentement est général. Quand un train roule avec du matériel datant des années 1970, quand des techniciens voient que leurs tâches sont progressivement déléguées au secteur privé, quand un guichetier se retrouve seul face à une file de 30 personnes… La colère ne vient pas seulement de la problématique du niveau de vie, mais aussi de la frustration de ne pas avoir le sentiment du ‘‘travail bien fait’’.
‘‘En 2016, beaucoup d’entre nous ont participé à une grève qui a duré 10 jours. L’élément déclencheur était l’adoption d’une mesure qui réduisait notre nombre de jours de congés, mais le champ des revendications était en fait bien plus vaste. La grève a été très difficile, et l’accord qui a ensuite été signé par les directions syndicales a été ressenti comme une défaite. Il aurait fallu, à ce moment-là, proposer à tous ceux qui avaient été impliqués dans la grève un plan d’action pour renforcer le syndicat et se mettre d’accord démocratiquement sur une stratégie de combat. Ça n’a pas été fait, et les méthodes routinières ont de nouveau été d’application. Les ressentiments envers les syndicats, la rancune et le défaitisme ont été alimentés par ce manque de perspectives. Il est pourtant nécessaire de rappeler que malgré les revers, si nous ne nous étions pas battus, nous aurions perdu encore bien plus.
‘‘Il est difficile d’estimer le succès qu’aura la grève du 10 octobre. Malgré les difficultés, il n’y a aucune raison d’être pessimiste. Depuis l’annonce du préavis de grève par le secteur cheminots, beaucoup d’autres centrales nous ont rejoints. Lorsque nous avons appris que des entreprises comme De Lijn, la VRT, ou les administrations flamandes allaient rejoindre le mouvement, cela a eu un effet fort positif, car en 2016 le patronat a énormément joué sur la division communautaire pour décrédibiliser les cheminots grévistes.”
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La SNCB réduit les heures d’ouvertures de 33 guichets. Vous avez dit “service public” ?
Dans un communiqué particulièrement cynique, la SNCB a annoncé sur son site web la réduction des heures d’ouverture des guichets dans 33 gares belges dès le mois d’octobre 2017. Au nom de la « modernisation » de l’entreprise, l’accessibilité du service public sera une nouvelle fois mise à mal.« Les voyageurs optent de plus en plus souvent pour les automates de vente […] Dans l’intérêt de ses clients, la SNCB souhaite utiliser ses ressources là où elles sont les plus utiles pour le voyageur » : voici comment la direction du rail justifie sa décision de fermer des guichets dans des gares où mbarquent pourtant plusieurs milliers de voyageurs par jour (1). Sans doute beaucoup de ressources ont-elles été utilisées pour payer des « experts » en communication. Les voyageurs, eux, subiront de nouveau une dégradation du service.
En interne, depuis plusieurs années, le « plan 3 X 20 » est d’application. Ce plan d’action vise, à terme, à réduire à 20% la part des achats effectués aux guichets. Comme le relève l’association Navetteurs.be, « c’est par obligation et pas par choix que les usagers optent pour d’autres canaux de vente» (2). La présence toujours moins nombreuse des guichetiers a obligé les utilisateurs à s’orienter vers les automates. Le syndicat CGSP Cheminots a lui aussi réagi à l’annonce des nouvelles fermetures : alors que cette décision aura un impact important sur le personnel, il n’avait même pas été tenu au courant.
En août 2016, le « Gezinsbond » (équivalent flamand de La Ligue des familles) publiait les résultats d’une étude sur « l’analphabétisme numérique » (3). Autrement dit : l’incapacité pour toute une couche de la population d’utiliser les outils informatiques, y compris les plus basiques. Ainsi, 1 personne sur 3 en Belgique n’est pas capable d’utiliser un traitement de texte. Combien d’entre elles font erreur ou évitent le train lorsqu’elles doivent embarquer dans une gare où les guichets ne sont plus disponibles ?
Cette « fracture numérique » ne touche pas simplement les personnes les plus âgées, mais aussi les plus pauvres. En tant que service public, la SNCB a le devoir de garantir un accès équitable à tous ses usagers. Mais depuis qu’elle considère les voyageurs comme des « clients », on la voit souvent agir comme une entreprise privée : l’important n’est plus de fournir un service de qualité, mais de réduire au maximum les coûts.
Souvent réticents, les voyageurs n’ont pas eu d’autres choix que d’utiliser les automates de vente. Certains voyageurs ne savent pas les utiliser correctement. D’autres font des erreurs, parfois en payant un billet trop cher, alors qu’un guichetier aurait pu les conseiller sur le tarif adéquat. Mais ce n’est pas le seul rôle du personnel de vente, qui assure aussi naturellement une surveillance humaine dans les petites gares. Il peut constater et prévenir certaines incivilités. Près de 90% des utilisatrices des transports en commun ont déjà été victime de harcèlement(4). Avoir un témoin à disposition pourrait être très utile. Et pour les autres fonctions du personnel aussi, il est plus rassurant de savoir que les gares sont gardées. En fait, nos ministres nous parlent sans cesse de sécurité, mais lorsque cela nécessite d’y investir des moyens humains, c’est silence radio.
Le gouvernement veut imposer son projet de « service minimum » sur le rail en cas de grève. Mais dans le même temps, il a considérablement réduit la dotation de la SNCB(5). La réduction des heures d’ouverture des guichets est l’une des nombreuses conséquences de cette décision. Si le gouvernement voulait vraiment améliorer le service aux voyageurs, il investirait dans les transports en commun. Ce que les voyageurs et les travailleurs veulent, c’est un service de qualité partout, avec les moyens humains et techniques nécessaires. Nous devons nous battre pour un changement radical de politique.
NOTES
- https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_le-guichetier-ne-fait-pas-que-vendre-des-tickets-denonce-la-cgsp-face-aux-reductions-annoncees?id=9697755
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https://www.facebook.com/navetteurs.be/posts/10156717118258532
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https://www.gezinsbond.be/_publicaties/Gezinspolitiek/Digitalisering/
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http://www.marieclaire.fr/,harcelement-dans-les-transports-87-des-femmes-en-sont-victimes,824798.asp
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https://www.rtbf.be/auvio/detail_sncb-erreur-ou-pas-erreur?id=1964378
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Non à la privatisation ! Les services publics sont à nous !

“La privatisation de la SNCB n’est pas exclue’’, a déclaré Johan Van Overtveldt, ministre N-VA des Finances. Le gouvernement a décidé d’examiner toutes les participations de l’État fédéral dans les entreprises et Van Overtveldt a tenu à directement donner le ton.
Charles Michel l’a rappelé à l’ordre: une privatisation de l’ensemble de la SNCB ne serait pas encore à l’ordre du jour. Peut-être le gouvernement envisage-t-il de tout d’abord diviser l’entreprise pour en vendre les parties rentables non endettées à prix d’ami… Pendant ce temps, le statut du personnel du secteur public est également progressivement éliminé pour faciliter les privatisations futures. Une privatisation immédiate de la SNCB n’est pas discutée, la vente complète de Bpost et Proximus, elle, oui !
La privatisation revient à s’attaquer aux services publics, au personnel et aux usagers. L’argument de la réduction de la dette publique par la vente de sociétés publiques ne tient pas debout : les dividendes de Bpost, Proximus, Belfius et BNP Paribas ont rapporté 890 millions d’euros au gouvernement l’année dernière. Cependant, la diminution de la dette générée par leur vente ne permettrait d’économiser que 600 millions d’intérêts. L’édito du Soir des 26 et 27 août résumait : ‘‘Quel bon père de famille vendrait dès maintenant un appartement lui rapportant 900 euros par mois au seul motif d’en économiser 600 par ailleurs?’’ Il s’agit d’un choix politique conscient visant à en finir avec les participations d’État.
Les entreprises publiques ont le potentiel de permettre à la collectivité de financer ‘‘les PME s’agissant de Belfius, les investissements dans les infrastructures s’agissant de Proximus ou le service au citoyen s’agissant de Bpost’’ (Le Soir, même édition). Mais le service aux travailleurs et à la collectivité en général n’est pas ce que le gouvernement a à cœur. Alexander De Croo (Open VLD) n’a que le mot ‘‘efficacité’’ à la bouche, dans l’esprit des libéraux c’est synonyme de rentabilité financière. Entre 2008 et 2015, 7.000 emplois sur 30.000 ont été perdus chez Bpost. Sur cette même période, la moitié des 1300 bureaux de poste a disparu. Le prix du timbre a augmenté de 0,46 à 0,79 euro depuis 2006. ‘‘Efficacité’’? Pour les actionnaires et leurs représentants politiques, certainement. Mais pas pour le personnel, les usagers et la collectivité.
Lorsque la possible privatisation totale de Bpost et de Proximus a été discutée plus tôt cette année, De Croo proposait alors d’épargner la SNCB en raison des troubles sociaux que cela causerait. Pour la droite, s’en prendre au secteur public, c’est aussi un bon moyen de s’en prendre au mouvement organisé des travailleurs. En abandonnant les cheminots à leur sort lors des actions de grève spontanées du printemps 2016, seuls et divisés sur base communautaire, les dirigeants syndicaux ont perdu une bonne partie de la confiance de la base. La droite veut saisir l’occasion pour remettre sur table le service minimum et la privatisation.
La résistance s’impose. Il faut entrer en action non seulement de manière défensive contre le manque d’investissement qui prépare la voie vers la privatisation, mais aussi de manière offensive. Les transports publics sont d’une importance cruciale contre les embouteillages et afin de disposer d’une politique de mobilité écologique. Au lieu de sacrifier tout cela pour satisfaire la soif de profits du secteur privé, il faut au contraire augmenter les moyens du secteur public. Cela exige de se battre et de défendre une alternative politique qui se base sur les intérêts de la majorité de la population et qui vise à changer de société.
