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  • Forbes s’insurge contre le succès d’une socialiste

    Même si les votes n’ont pas encore tous été comptés et que les campagnes pour assurer qu’ils le soient tous sont en pleine effervescence, le magazine Forbes s’insurge contre l’élection d’une socialiste au conseil municipal de Seattle. Le 11 novembre, le magazine a publié le commentaire suivant, signé par Alex Berezow : « Pourquoi autorise-t-on une socialiste à enseigner l’économie ? ». Une attaque ridicule sur les idées socialistes.

    Jesse Lessinger, 13 novembre 2013

    Si vous en avez assez de cette propagande de droite pro-capitaliste, si vous voulez donner à Fox News et à Forbes plus de raisons de s’arracher les cheveux face à une socialiste se battant pour un salaire minimum de 15$ de l’heure, pour un contrôle des loyers, et contre la mainmise des corporations sur la politique et la société, alors aidez-nous : nous devons mener une vaste campagne post-électorale pour garantir que tous les votes pour Kshama Sawant soient validés.

    Des centaines de volontaires font du porte à porte pour obtenir les signatures des électeurs et s’assurer que leurs votes soient comptabilisés. Il s’agit d’une opération supplémentaire pour remporter une course très serrée, Khsama n’ayant que 41 (un peu plus de 1000 à présent) votes d’avance sur son adversaire démocrate.

    Hystérie anti socialiste

    La diatribe imbécile et anti socialiste d’Alex Berezow dirigée contre Kshama Sawant et un symptôme de l’abrutissement général du capitalisme américain. L’article, publié à la base sur realclearscience.com, n’apporte rien de réel, de clair ou de scientifique, et l’hystérie anti rouges de Berezow est dans la droite lignée de celle de McCarthy.

    Il débute son article en admettant que l’économie est réputée comme une « science lugubre », et qu’au mieux, les économistes ne peuvent que s’approcher de « quelque chose qui ressemble à de la connaissance scientifique ». Berezow s’est-il penché sur les 5 dernières années de stagnation économique et de désordre global ?

    Les économistes traditionnels (c’est-à-dire capitalistes) n’ont aucune idée des origines ou des solutions qu’il est possible de donner à la crise actuelle du capitalisme. Ils sont restés aveugles aux tendances et aux processus qui ont mené à la plus grande crise économique depuis les années ’30. Au contraire, les économistes socialistes comme Sawant ont correctement prédit la crise économique actuelle et ont mis en avant de réelles solutions pour nous sortir de la stagnation et de la récession.

    Berezow régurgite le vieil argument selon lequel le capitalisme motive les gens à travailler. Alors pourquoi des milliers de travailleurs des fast-foods font-ils grève pour un salaire de 15$ de l’heure et le droit de se syndiquer ? N’est-il pas évident que lorsque les travailleurs comme ceux des fast-foods et autres secteurs ont un salaire de misère et n’ont droit ni à la parole et au respect sur leur lieu de travail, ils n’en ont rien à faire de leur travail ?

    Travailler plus dur ne nous fait pas gagner un centime de plus, alors où est la motivation ? La fameuse d’échelle vers le succès économique n’a qu’un échelon, un échelon brisé, et nous sommes coincés dans une fosse de désespoir économique. Pendant ce temps, les oligarques milliardaires de la finance, qui n’apportent rien à la société autre qu’un désastre économique pour lequel ils ont été remboursés, continuent à s’asseoir sur leurs énormes derrières et à regarder leurs comptes se remplir. Il y a 165 ans, l’argument selon lequel le socialisme engendrerait une paresse universelle a été contré par un étudiant de la « science lugubre » nommé Karl Marx, qui a écrit « Si cela était, il y a beau temps que la société bourgeoise aurait péri de fainéantise puisque, dans cette société, ceux qui travaillent ne gagnent pas et que ceux qui gagnent ne travaillent pas. » (Manifeste du parti communiste)

    Tout le contraire de la « vérité » de Berezow. En donnant aux travailleurs la compensation qu’ils méritent ainsi qu’un véritable pouvoir décisionnel et la propriété de leur travail, de leur communauté et de la société, nous pouvons puiser dans les énormes ressources d’énergie, de créativité et de potentiel humain dormants, et les diriger vers des besoins sociaux rationnels. Jetez un œil au travail de recherche de Dan Pink sur ce qui motive vraiment les gens à travailler : (http://www.youtube.com/watch?v=LFlvor6ZHdY)

    Berezow revendique que les dizaines de milliers de travailleurs qui ont été inspirés par la campagne de Kshama car quelqu’un parle enfin de leur lutte quotidienne et veut établir des politiques qui améliorerait vraiment leurs vies sont juste « dupés ». Non seulement pense-t-il que vous ne méritez pas 15$ de l’heure, il dit aussi que vous êtes stupides de penser que vous le méritez.

    Malgré le manque total d’approfondissement dans les propos de Berezow, nous devons les voir comme un signal : quand des socialistes et des travailleurs élèvent leurs voix contre ce système pourri et exigent un réel changement, ils font face à la sournoiserie et à la condescendance de l’élite dirigeante et de ses hommes de main. Au lieu de débattre des sujets brûlants de notre société, ils tentent de nous réduire au silence et de nous discréditer.

    Mais nous ne nous laisserons pas faire. Nous sommes à un doigt de remporter une victoire historique pour les travailleurs et nous avons besoin de votre aide. Les élections sont si proches et nous devons nous battre pour que chaque vote soit comptabilisé. Cela nécessite d’énormes ressources et plus de participants, il est donc urgent que vous fassiez un don pour notre campagne aujourd’hui.

    La vision faussée de la réalité entretenue par des commentateurs tels que Berezow n’est égalée que par la dureté et la volonté de tromper des représentants politiques de ce système en ruines vénérant le profit. Mais la campagne de Kshama représente un nouvel espoir qui prouve que nous pouvons défier des années de négligence et d’indifférence, et élever nos voix pour revendiquer ce dont nous avons besoin. Nous n’avons plus à nous asseoir en silence. Il est temps de reconstruire des mouvements sociaux issus de la population aux Etats-Unis, pour un changement réel. Rejoignez-nous !


    Article original de Berezow:

    Pourquoi autorise-t-on une socialiste à enseigner l’économie ?

    Alex Berezow, 11 novembre 2013

    Nous ne faisons pas une couverture régulière de l’économie car elle n’est pas traditionnellement considérée comme une science. De plus, elle génère trop souvent des recherches et des commentaires qui relèvent plus de l’ésotérisme qu’autre chose. C’est en grande partie pour ces raisons que l’économie est souvent considérée comme une « science lugubre » et que le président Harry Truman voulait rencontrer un économiste manchot (il disait que les économistes utilisaient toujours la formule «on one hand (…), and on the other hand (…) »).

    Cependant, l’économie peut fournir de puissants aperçus des comportements du marché. En effet, les économistes de différentes écoles ont réussi à atteindre un consensus sur de nombreuses questions majeures, nous pouvons donc dire que cette matière s’est développée pour devenir quelque chose qui ressemble à de la connaissance scientifique.

    Un de ces aperçus, c’est que les gens répondent à des stimuli. SI j’offre 50$ à un adolescent pour tondre ma pelouse, et 25$ de plus pour couper les buissons, alors je peux m’attendre à débourser 75$. J’ai juste donné à mon petit aidant un joli stimulus, et il y a de grandes chances qu’il y réponde. Cet aperçu du comportement humain est si basique et évident qu’il est listé dans les principes fondateurs de l’économie par l’économiste de Harvard Greg Mankiw dans son manuel Principes d’Economie.

    Malheureusement, les socialistes n’ont jamais appris cette leçon. Dans une économie socialiste, les stimuli ne jouent qu’un petit rôle, voire aucun. Ainsi, comme l’écrit l’économiste de l’Université de Michigan-Flint Mark J. Perry, « Parce qu’il ne met pas l’accent sur les stimuli, le socialisme est une théorie qui ignore la nature humaine, et est donc vouée à l’échec. »

    Et pourtant, aussi choquant que cela puisse paraître, on trouve régulièrement des socialistes sur les campus universitaires. Kshama Sawant, professeur d’économie au Central Community College de Seattle, embrasse ouvertement le socialisme. Elle participe aussi aux élections pour le conseil communal de Seattle, et selon les derniers retours, elle aurait obtenu 49,5% des voix. Avec tous les votes qu’il reste à comptabiliser, elle peut encore gagner.

    Par quels moyens imaginable quelqu’un qui rejette des connaissances académiques élémentaires peut-il se retrouver si près du poste de conseiller municipal ? Encore plus troublant, comment quelqu’un avec les mêmes croyances qu’elle peut être autorisé à enseigner l’économie ? Cela reviendrait à autoriser un négationniste du SIDA à enseigner la microbiologie médicale, un membre du Mouvement pour la vérité sur le 11 septembre à enseigner la politique étrangère, ou un créationniste à enseigner la théorie de l’évolution (étonnamment, la biologiste Lynn Margulis de l’UMass-Amherst réunit ces deux premières qualités !).

    A quel point le Dr. Sawant n’est-elle pas une politicienne mainstream ? Elle est en faveur de la collectivisation d’Amazon. « Collectiviser » est un joli mot employé par les socialistes pour désigner la saisie d’une entreprise et donner le contrôle des opérations au gouvernement.

    Si le fait que le Dr. Sawant est une socialiste n’était pas suffisamment mauvais en soi, elle soutient également une politique terriblement destructrice appelée « contrôle des loyers ». Cette politique peut revêtir différentes formes, mais essentiellement, les propriétaires ne sont pas autorisés à adapter les loyers de leurs appartements aux taux du marché. Cela semble une bonne chose pour les locataires, mais le docteur Mankiw, qui cite une thèse de 1992 publiée dans l’American Economic Review, affirme que 93% des économistes rejettent le contrôle des loyers car cela « réduit la quantité et la qualité des logements disponibles ». Le professeur de l’Université de Chicago Charles Wheelan, auteur de Naked Economics, approuve :

    « Si vous demandez à 10 économistes pourquoi il y a un manque de taxis et d’appartements à New York, les 10 vous répondront que les limitations du nombre de taxis et le contrôle des loyers sont ce qui restreint le nombre de ces biens et services ».

    Il y a deux questions auxquelles je ne recevrai probablement jamais de réponse rationnelle.

    De un, comment le Central Community College de Seattle peut-il autoriser le Dr. Sawant (oui, elle a vraiment un diplôme d’Economie) à entrer en contact avec des étudiants ? De deux, je m’adresse aux habitants de Seattle, comment l’une des villes les mieux éduquées d’Amérique peut-elle être ainsi dupée ?

  • Une socialiste révolutionnaire bientôt élue à Seattle ?

    Le résultat des élections locales tenues le 5 novembre derniers aux Etats-Unis se fait toujours attendre. Ainsi, à Seattle, quelques dizaines de milliers de voix doivent encore être comptés. Lors de la première publication des résultats, notre camarade Kshama Sawant (Socialist Alternative) avait obtenu le score extraordinaire de 46%, contre 53% pour son adversaire démocrate qui lui faisait face lors du deuxième tour. Maitnenant, pour la première fois, Kshama Sawant se trouve en tête, et sera probablement élue, avec 79.751 voix, soit 49,91%.

    Un socialiste révolutionnaire remportant la moitié des voix dans une grande ville américaine, voilà qui ressemblait fort à un scénario impossible. C’est pourtant ce qui est actuellement en train de se produire à Seattle. À Seattle, un nombre limité de conseillers de ville sont élus par poste, par tous les résidents de la ville. En position 2, Kshama Sawant, de Socialist Alternative, avait déjà remporté un score remarquable au premier tour, qu’elle avait brillamment passé avec 34%. Son adversaire, le Démocrate Richard Conlin, avait alors gagné 49% des suffrages.

    Les revendications défendues par Khsama Sawant sont depuis lors devenues le coeur du débat politique. Seuls les travailleurs discutaient de la nécessité d’un salaire minimum de 15 $ de l’heure, un thème ignoré par l’establishment capitaliste. Soudain, presque tous les politiciens ont fait des déclarations à ce sujet et ont plus ou moins soutenu l’idée d’un salaire minimum. Avec humour, Sawant a déclaré qu’elle était en faveur d’un salaire minimum de 15 $ de l’heure et du droit de se syndiquer avant que ce ne soit ”cool”. Cetter campagne basée sur la défense des intérêts des travailleurs avait sa contrepartie à Minneapolis, avec la candidature de notre camarade Ty Moore, dans le district électoral 9 (là-bas, les conseillers sont élus par circonscription et non pas par position), qui a finalement reçu 42% des voix.

    La campagne de Socialist Alternative a reçu le soutien de centaines de bénévoles, de nombreux syndicats locaux et de divers groupes de campagne. La campagne fut impressionnante jusqu’au dernier moment et a réussi à convaincre les électeurs. Peu à peu, le décompte des voix est maintenant réalisé. Si les premiers électeurs avaient plus voté pour Richard Conlin, la compagne ”Vote Sawant” avait déjà déclaré le 5 novembre que tout était encore possible.

    Depuis lors, le décompte est palpitant. Les deux premiers jours, Conlin a obtenu plus de voix, mais cette tendance s’est totalement inversée depuis, et Sawant remporte toujours plus de suffrages. Lors du dernier lot de plus de 8000 voix, elle en a obtenu plus de 57%. Actuellement, Sawant est en tête avec 79.751 voix, soit 41 de plus que Conlin. La différence entre les deux candidats est inférieure à 0,5%. Il faudra encore attendre quelques semaines pour avoir le résultat final, mais si la tendance actuelle se poursuit, la victoire sera au bout du chemin, le 26 novembre. (Cet article a été écrit hier, les nouvelles du jour sont que Kshama Sawant dépasse maintenant son opposant démocrate non plus de 41 voix, mais de 402 voix avec 49,99% contre 49,75% !)

    Socialisme.be et le PSL félicitent chaleureusement Kshama Sawant ainsi que tous les bénévoles qui ont permis à cette campagne impressionnante d’être une réalité. Ils ont écrit une page de l’histoire des luttes aux Etats-Unis avec cette campagne qui est aujourd’hui devenue un thème de discussion national. De Belgique, nous avons contribué à cet effort en envoyant notre camarade Bart Vandersteene un mois durant afin d’aider le développement de la campagne. A son retour, nous organiserons des meetings dans différentes villes et Bart y prendra la parole pour aborder le contexte sur lequel ce développement important a pu prendre place ainsi que les perspectives que cela ouvre aux Etats Unis pour la lutte pour le socialisme. Plus d’informations arriveront bientôt sur ce site.

  • Les Etats-Unis en route vers la faillite ?

    Le 1e octobre dernier, date officielle à partir de laquelle le budget 2014 est d’application aux USA, plus d’un million de ménages ont eu une bien mauvaise surprise. Considérés comme ‘‘non essentiels’’ à la survie du pays par le gouvernement Obama, 800.000 fonctionnaires fédéraux se sont retrouvés en congé forcé et sans solde pour une durée indéterminée. Des centaines de milliers d’autres, plus ‘‘vitaux’’, ont quant à eux pu rester à leur poste… sans être payés. La raison de cette mise à l’arrêt de l’Etat fédéral ? Tout simplement l’absence d’un budget 2014 permettant le fonctionnement de l’administration…

    Par Baptiste (Nivelles), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    Que s’est-il passé ?

    Le budget fédéral doit être avalisé par deux entités : le Congrès, à majorité républicaine, et le Sénat, à majorité démocrate, ce qui impose, de facto, un compromis entre les deux partis du big-business américain. Or, ce nouveau budget a une particularité : l’introduction de ‘‘l’ObamaCare’’ (ou Affordable Care Act), la loi sur l’assurance maladie. Cette dernière est tout ce qui reste à Obama pour encore pouvoir justifier que ses deux mandats à la présidence des Etats-Unis aient eu, quelque part, un caractère un tant soit peu progressiste par rapport à ses prédécesseurs. Bien que sans cesse aménagée en faveur des lobbys pharmaceutiques par rapport à ce que promettait Obama lors de ses campagnes électorales, cette loi est, par la même occasion, le cheval de bataille de l’ultra-conservateur ‘‘Tea Party’’, cet horrible monstre de Frankenstein du parti républicain. La stratégie du Tea Party était dès lors simple : faire pression sur les républicains pour rentrer dans un bras-de-fer sur le nouveau budget avec l’espoir de postposer, d’année en année, l’entrée en vigueur de cette loi sur l’assurance maladie. D’où le blocage du 1e octobre dernier, qui a mis en place le shutdown, une cessation organisée des agences fédérales.

    Un blocage politique sur fond de crise économique profonde

    L’absence d’un budget pour 2014 n’était pas le seul enjeu des négociations. Les politiques de guerres et les politiques de rabattement fiscal pour les plus riches qu’Obama a menées ces dernières années, en digne successeur de Bush, ont creusé les déficits budgétaires, augmentant chaque année le plafond record atteint par la dette. Cette dernière avoisine aujourd’hui les 17.000 milliards $, soit plus de 100% du PIB des USA. Or, le plafond maximal que la dette pouvait atteindre avait été fixé à 16 700 milliards $ lors d’un vote au congrès en août 2011. Pour pouvoir continuer à emprunter sur les marchés, ce qui est indispensable pour un budget en déficit, il fallait donc voter, en même temps que le budget, un relèvement du plafond de la dette. Sans cela, le budget précédent ne pourrait même pas être reconduit puisque l’Etat ne pourrait plus rien emprunter, et donc il n’aurait plus été en mesure de répondre à ses obligations élémentaires. C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis risquaient pour la première fois de leur histoire un défaut de paiement si un accord n’était pas trouvé pour le 17 octobre.

    Ce scénario, synonyme de catastrophe financière pour tout le système capitaliste, a été écarté grâce à un accord obtenu dans les dernières heures de la nuit du 16 octobre. Tout est à présent fini ?

    Rien n’est moins sûr. Certes, un accord a bien été trouvé entre les républicains et démocrates, en échange de nouvelles concessions sur l’ObamaCare, notamment le renoncement à une taxe sur les sociétés d’assurance, mais cet accord est un compromis très minimal sur le budget et sur la dette. Le relèvement du plafond de la dette est autorisé jusqu’au 7 février et les agences fédérales fermées durant le shutdown peuvent rouvrir… jusqu’au 15 janvier ! D’ici là, un accord complet sur le budget 2014 doit être trouvé, sans quoi l’histoire recommencera de plus belle.

    Un épisode de plus dans la crise des instruments politiques de l’impérialisme…

    S’agit-il d’une étrange mise en scène calculée ? Cette situation chaotique est plutôt le reflet d’une crise des instruments politiques traditionnels de l’impérialisme américain. La façade démocratique du système s’étiole au fur et à mesure des politiques néolibérales, qui dégradent toujours un peu plus le niveau de vie de la population, et les partis du big business s’en retrouvent profondément discrédités. Face à cela, les républicains avaient cru trouver un outil miracle : le Tea Party, la droite populiste hystérique façon US, leur permettant de canaliser une partie du sentiment ‘‘anti-establishment’’ tout en tirant vers la droite les lignes politiques. Depuis, les républicains ont littéralement perdu le contrôle de leur outil populiste et se retrouvent poussés dans des stratégies aventuristes, pas forcément dans l’intérêt de la classe qu’ils représentent, à savoir les capitalistes et le big-business.

    Ce dernier épisode représente une défaite pour les républicains puisque l’ObamaCare rentrera bien en vigueur. Des règlements de compte entre les fractions ‘‘responsables’’ et les fractions ‘‘aventuristes’’ risquent fort de prendre place dans les mois qui viennent dans le camp républicain. Obama a-t-il enfin vaincu le Tea Party ? À nouveau, des concessions ont dû être réalisées, et malgré qu’il ait pris l’ascendant sur ses adversaires politiques, son impopularité restera importante tant que la crise du capitalisme nuira aux 99% de la population et que ses politiques ne feront que creuser le fossé entre riches et pauvres. En outre, l’accord actuel reste très maigre et l’essentiel devra encore être discuté en janvier prochain. La crise politique est loin d’être clôturée.

    … dont la note est à chaque fois reportée sur le dos des travailleurs et de leurs familles

    Le précédent ‘‘clash’’ financier des Etats-Unis avait eu lieu au mois de mars dernier. Le gouvernement devait élaborer un plan drastique de diminution des dépenses publiques pour le 1e mars, cette date butoir faisant suite au relèvement du plafond de la dette voté en août 2011. Faute d’accord, des coupes automatiques ont eu lieu dans les dépenses publiques de l’ordre de 85 milliards $ en 2013 et ensuite pour 1 200 milliards $ sur 10 ans ! Ces coupes se retrouvent surtout dans les budgets de la Défense, mais également dans les budgets sociaux, comme les soins de santé, l’éducation,… Selon Standard and Poor’s, les 16 jours de shutdown d’octobre ont, quant à eux, causé une perte pour l’économie américaine d’environ 24 milliards $, ce qui équivaut à une contraction de l’économie de 0,7% durant cette période. À nouveau, les travailleurs et leurs familles auront payé la note, notamment à travers le chômage économique, et ce alors que les membres du Congrès percevront bien eux l’intégralité de leur 174 000 $ annuel !

    Il est plus que temps d’avoir un parti de masse pour représenter les intérêts des travailleurs et des pauvres. Wall Street a deux partis, les démocrates et les républicains, alors que la classe ouvrière n’en a aucun. Socialist Alternative (section du CIO aux Etats- Unis) fait campagne pour la construction d’un tel parti. Lors des dernières élections locales à Seattle en 2012, notre camarade Kshama Sawant avait obtenu 29% sur base d’un programme socialiste, illustrant le potentiel qu’ont de telles idées parmi la population.

    Le capitalisme ne fonctionne pas, le socialisme doit le remplacer

    Le capitalisme est arrivé depuis longtemps dans un stade de délabrement. Il ne propose aucun avenir pour la société. La guerre de classe, le chaos économique et les crises politiques sont ses seules perspectives. Ce système doit être remplacé par le socialisme, où les secteurs clés de l’économie sont nationalisés, permettant une planification démocratique de la production et des budgets en fonction des besoins de tous, et non en fonction des lobbys privés.

  • USA : Les campagnes électorales de Socialist Alternative ont remporté un grand succès

    C’est aujourd’hui 5 novembre que se déroulent les élections locales américaines, et les campagnes pour un siège de conseiller municipal à Minneapolis et à Seattle menées par Socalist Alternative (CIO-USA) ont bénéficié d’un puissant momentum. Des candidats de taille se sont sentis forcés de soutenir leurs adversaires de Socialist Alternative en réponse à leurs campagnes basées sur les mouvements sociaux et une foule de volontaires.

    Kai Stein, CIO

    Ty Moore pour le conseil communal de Minneapolis

    Les politiciens capitalistes et les lobbyistes nationaux des grandes entreprises, étroitement liés au secteur bancaire, ont clairement choisi leur candidate, Alondra Cano, pour la course serrée au conseil municipal du ward 9 à Minneapolis. Cela donne à la classe ouvrière une image bien plus claire du choix qui s’offre à eux, et de choisir un candidat qui sera de leur côté, Ty Moore. Ty est un militant de longue date d’Occupy Homes, qui défend les propriétaires de maisons contre les expulsions et les saisies immobilières. Il est aussi un membre de Socialist Alternative.

    A la surprise générale, l’un des principaux grands groupes lobbyistes américains, précédemment basé à Chicago, a rejoint la course. L’association nationale des Realtors (NAR), un groupe de lobbyistes du domaine de l’immobilier, soutient les démocrates et les républicains, y compris des dirigeants du Tea Party comme Michelle Bachman et Ted Cruz. Le groupe a investi 40 millions de dollars dans les élections l’année dernière. Deux semaines avant le jour des élections du 5 novembre, ce Super-PAC (comité d’action politique) a envoyé massivement et à deux reprises, à quelques jours d’intervalle, des tracts appelant à voter pour Cano.

    Ce soudain intérêt dans la politique locale à Minneapolis est une reconnaissance de l’énorme écho qu’a trouvé la campagne de Socialist Alternative, malgré un budget plus que limité. L’intervention des corporations américaines dans les quartiers du sud de Minneapolis fait partie du programme de la NAR pour faire reculer la résistance des propriétaires de maison contre les expulsions.

    Par exemple, ils poursuivent en justice la ville de Richmond, où un maire membre du Green party acquiert des bâtiments privés pour reloger des gens endettés durement touchés par les banques. Ces expropriations sont généralement utilisées pour virer les « petites gens » pour faire de la place pour les grands constructeurs immobiliers, des autoroutes, ou pour satisfaire des intérêts financiers. Richmond donne une idée de comment se servir d’outils inhabituels dans la lutte contre Wall Street.

    Occupy Homes a saisi cette idée et dit que tous les outils possibles doivent être utilisés à Minneapolis. La campagne insiste sur le fait qu’après le krach économique de Wall Street, les banques ont été sauvées, et maintenant ces mêmes banques s’en prennent à des centaines de familles dans le ward 9 à Minneapolis, et tentent de les expulser de leurs maisons. Occupy Homes a organisé avec succès la résistance contre les expulsions et a empêché les banques de saisir des maisons. C’est l’un des points principaux de la campagne de Ty Moore.

    Alors qu’Alondra Cano se présente toujours publiquement comme une militante et une organisatrice qui défend les gens contre les banques, la vérité a éclaté lorsque l’establishment local s’est mis à la soutenir après que la campagne de Ty Moore ait fait de l’ombre à la sienne avec ses distributions de tracts en porte-à-porte et ses centaines d’enseignes dans les jardins.

    Pendant que Cano serrait la main de personnes menacées d’expulsion, le maire envoyait la police pour les expulser au profit des banques. Ce même maire qui a collaboré à une campagne de don pour Cano, approuvée par le DFL (Democrats Farmer Labor Party, les démocrates du Minnesota).

    Lors de cette campagne, qui n’a pas été organisée dans le Ward 9 mais dans les quartiers les plus riches de Minneapolis, la machine du DFL était visible ; les responsables d’une subvention au propriétaire de l’équipe de football des Vikings, le milliardaire Zygi Wilf, y ont fait office de coorganisateurs.

    L’intervention non dissimulée d’énormes sommes versées par le NAR renforce encore plus l’engagement de centaines de volontaires participant à la campagne de Ty Moore. Le SEIU, l’un des plus puissants syndicats du pays, soutient sa campagne. Occupy Homes mobilise ses membres pour aider à convaincre des gens à voter pour Ty. L’appel de don national lancé l’année dernière par la candidate du Green party à la présidence, Jill Stein, par Matt Gonzales, qui a participé à la campagne présidentielle de 2008 avec Ralph Nader, et bien d’autres, a trouvé un plus large écho alors que les gens ont pu voir l’importance nationale qu’ont revêtues ces élections.

    Kshama Sawant à Seattle

    Richard Conlin détient son siège au conseil communal de Seattle depuis 16 ans. Conlin dispose d’un réseau de pouvoir et de soutien basé sur les grandes entreprises et les entreprises immobilières influentes. Cependant, le fait qu’il ait rassemblé plus d’argent pour sa réélection que tout autre candidat à Seattle ne provient pas de sa popularité. En regardant de plus près la liste de ceux qui l’ont soutenu, il est clair que les constructeurs immobiliers et les grandes entreprises sont nerveux quant à l’issue de cette course très serrée.

    Après avoir obtenu 44.000 votes aux primaires d’août, Kshama Sawant est en course pour que la classe ouvrière obtienne un représentant élu au conseil communal. 300 volontaires font du porte-à-porte. Un énorme effort dans la collecte de dons a permis à cette campagne socialiste d’envoyer des tracts dans 140.000 foyers. Kshama a défié le candidat sortant dans un débat télévisé et à de nombreux forums politiques. Cette course coudes à coudes a encouragé l’influent hebdomadaire local, The Stranger, à faire campagne pour Kshama, plongeant l’establishment de Seattle la peur.

    Conlin s’est même senti obligé à commencer une horrible compagne de diffamation. Dans le Seattle Times, le principal journal pro-establishment de la ville, Conlin s’est interrogé sur « l’engagement civique » de Kshama car elle n’a voté qu’à 3 des 4 élections auxquelles elle aurait pu voter. Conlin sembler lier engagement civique et votes, mais son attaque implicite est cependant claire : Kshama est une immigrée (elle a obtenu la nationalité américaine en 2010). Cette attaque contre une candidate de couleur venant de l’immigration a eu un effet polarisateur et a aussi mobilisé de nouveaux appuis pour la campagne Vote Sawant.

    The Stranger a donné une réponse claire aux accusations de Conlin et a conclu : « le problème de Conlin, c’est que Kshama Sawant est trop engagée. Colin devrait cesser de faire une fixette sur ses votes. Il devrait plutôt s’inquiéter de ses propres votes contre le transit, pour des autoroutes à moitié financées, contre les congés maladie, pour une loi anti-mendicité qui a violé la norme des droits civiques de la ville, et contre une amélioration de la sécurité des centres pour sans-abris, entre autres ».

    Le dernier tour des élections a déjà commencé. Les habitants de Seattle ont deux semaines pour envoyer leur vote. Près de 200.000 électeurs décideront entre un politicien capitaliste et une militante de la classe ouvrière. Une campagne organisée à la base de la population lutte contre l’influence de l’argent sur la politique, et l’issue est incertaine.

    Pour un salaire de 15$ de l’heure.

    Une des principales revendications de la campagne Vote Sawant est l’instauration d’un salaire minimum de 15$ de l’heure et le droit à une syndicalisation totale. Les t-shirts rouges portés par les partisans de la campagne qui réclament cette augmentation au lieu du minimum de 9,19$ à Seattle sont devenus la marque visuelle de la campagne.

    Cette revendication soulevée par les travailleurs des fast food l’année dernière s’est répandue dans tout le pays, réveillant les aspirations de millions de travailleurs à bas salaires. Elle résonne parmi les couches les plus pauvres de la classe ouvrière américaine, mais a gagné un soutien bien plus large.

    Au cours de la campagne de Seattle, poussés par Kshama Sawant et ses supporters, même les deux candidats au poste de maire en commencé à approuver cette revendication, mais en termes vagues. Si les travailleurs ne peuvent pas compter sur ces deux candidats démocrates, cela montre tout de même l’impact d’une campagne acharnée.

    Toutes sortes d’attaques ont été lancées contre la revendication de hausse du salaire minimum de la campagne de Kshama. Ceux qui bénéficient le plus de la surexploitation des travailleurs sont des entreprises comme McDonald’s, Walmart et la chaîne de supermarchés Target. L’argument qui est sans cesse ressorti est que les petites entreprises ne tiendraient pas le coup.

    Cependant, il est évident qu’un salaire de 15$ de l’heure ne serait qu’un premier pas pour gagner suffisamment avec un emploi à temps plein pour nourrir une famille. Et ces fameuses petites entreprises sont déjà coulées à cause de la pauvreté, des expropriations et de l’économie brisée basée sur la sur-accumulation de capital sans investissement alors que des familles de travailleurs souffrent. La correction de cette situation qui plonge depuis trop longtemps des familles dans la pauvreté sera une première étape pour réparer toute l’économie.

    A Minneapolis, la campagne de Ty Moore pour le poste de conseiller communal a aussi trouvé un grand écho avec la revendication d’un salaire minimum de 15$ de l’heure, y compris dans une manifestation pour les droits des immigrés début octobre. Le conseiller actuel du ward 9 a déclaré être « tout à fait sûr » que la ville ne peut imposer une telle législation. Le Minneapolis Star Tribune cite Gerry Schiff dans un article sur un forum des candidats (auquel ce dernier n’était même pas présent): « Ce n’est qu’un leurre que Ty Moore agite et qui montre qu’il ne comprend rien au poste pour lequel il se présente ».

    Sans surprise, le conseil communal n’a eu aucun problème à contourner la loi pour offrir un cadeau de 150 millions de dollars à un milliardaire en l’attribuant au stade des Vikings, évitant ainsi un référendum obligatoire de la population de la ville.

    La loi qui empêche Minneapolis de décider d’un salaire minimum est injuste et n’a même jamais été attaquée en justice, une mesure que le conseil communal pourrait immédiatement prendre en implémentant cette augmentation de salaire. L’ordonnance d’un salaire minimum peut forcer immédiatement tous les contractants de la ville à appliquer cette mesure d’un salaire minimum de 15$ de l’heure. Des victoires comme le mariage pour les couples de même sexe n’ont pas été remportées par des politiciens qui disaient qu’ils en étaient incapables, mais par des mouvements avec des dirigeants qui ont montré le chemin en défendant les intérêts de la classe ouvrière.

    Le combat pour un salaire de 15$ ne prendra bien sûr pas fin le jour des élections, le 5 novembre. Les efforts de dizaines de milliers de travailleurs des fast foods, du SEIU, d’autres syndicats et de nombreux militants communautaires ont montré le potentiel d’un soulèvement des parties les plus pauvres de la classe ouvrière des Etats-Unis.

    Ouverture politique

    La force des deux campagnes de Socialist Alternative à Minneapolis et à Seattle réside dans le fait qu’elles dérivent d’un programme pour défendre la classe ouvrière contre Wall Street. Ce programme est basé sur la bonne compréhension de la colère née lors du mouvement Occupy en 2011, qui n’a pas disparu, et qui reste une source pour de futurs grands mouvements et de grandes secousses politiques.

    Des millions d’Américains sont aliénés par les deux partis du grand capital et recherchent une alternative. Mais plus que ça, malgré la petite croissance économique, le système politique et économique est brisé et de nombreux Américains le réalisent. Des tensions sociales montent.

    Les populistes de droite et les libertariens (lobbyistes ultralibéraux, pro marché) tentent de combler le vide politique. Mais tous les indicateurs pointent vers le développement lors des prochaines années de la recherche d’une nouvelle alternative de gauche, peut-être populiste au départ, mais qui affirmera au fur et à mesure son caractère de classe. Le potentiel s’ouvre pour une coalition des militants et des candidats travaillistes, socialistes et du Green party pour offrir une alternative aux politiques capitalistes.

    Malgré d’énormes tâches et des forces réduites, Socalist Alternative est extrêmement bien positionnée pour contribuer à ces développements pour aider la riposte contre la soif de profits, et pour la lutte pour un futur socialiste.

  • États-Unis : après le “shutdown” – Soupirs de soulagement, mais l'austérité va continuer

    C’est avec un grand soulagement que la population des États-Unis d’Amérique, simples travailleurs comme grands patrons, a appris la fin du “shutdown” de l’administration. 800 000 employés du gouvernement retournent au travail ; la plupart seront payés pour ces deux semaines sans travail.Malgré le fait que ces évènements soient perçus à juste titre comme une défaite pour le Tea Party, les Démocrates tout autant que les Républicains prévoient de lancer de grandes attaques sur les programmes d’aide sociale tels que Medicare, Medicaid et la sécurité sociale, dans le cadre de leurs négociations “bipartisanes” quant au nouveau budget fédéral, qui doivent commencer en décembre.

    Par Bryan Koulouris, Socialist Alternative (CIO-USA)

    Pour Robert Reich, qui était secrétaire au Travail sous le président Bill Clinton, « Obama a déjà proposé une méthode pour réduire les futures dépenses de la sécurité sociale, en modifiant la manière dont les montants à payer sont ajustés en fonction de la hausse du cout de la vie – en utilisant un indice des prix au consommateur “en chaine”, ce qui veut dire que lorsque les prix augmentent, les gens sont censés économiser en se tournant vers des alternatives meilleur marché. Mais cela n’a aucun sens si l’on parle des personnes âgées, qui dépensent déjà une part énorme de leurs revenus en médicaments, soins à domicile, et appareils médicaux dont les prix augmentent plus vite que l’inflation. »

    Ces propositions de coupes budgétaires ne feront qu’encore saper l’autorité déjà mise à mal de notre système politique foireux. Qui plus est, nous devons déjà nous attendre à connaitre une crise similaire en janvier et février 2014. Un sondage Gallup effectué durant le shutdown a révélé que 60 % de la population trouve qu’il faut créer un nouveau parti aux USA – un record ! –, tandis que 26 % seulement pense que le système à deux partis fonctionne correctement. Voilà qui révèle une polarisation profonde au sein de la société américaine. L’immense vide à gauche se reflète directement par le succès des campagnes électorales locales menées par notre section américaine, Socialist Alternative.

    La droite se retrouve isolée

    Les politiciens du “Tea Party” (fraction de droite populiste à l’intérieur du parti républicain) et même certains de leurs riches sponsors avaient planifié ce shutdown gouvernemental longtemps à l’avance. Ils pensaient que c’était là leur dernière chance de battre le “Obamacare”, partie intégrale de leur bataille pour une politique ultra-austérité tout en activant leur base de droite en vue des élections de mi-mandat qui se dérouleront l’année prochaine. Au lieu de cela, ils n’ont fait que révéler au grand jour les énormes divisions au sein du parti républicain et démontrer l’ampleur de la crise politique apparemment permanente qui traverse la classe dirigeante américaine.

    Le Tea Party est une invention de vieux républicains visant à créer une organisation faussement militante et “populaire” en se servant de l’énorme colère contre les renflouements bancaires et de la grande déception envers Obama. Ils ont reçu un certain écho dans un pays fort polarisé, et ont pu organiser de grands meetings qui rassemblaient des participants essentiellement blancs, âgés, vivant à la campagne ou dans les faubourgs résidentiels (suburbs) et de “classe moyenne”. L’idéologie du Tea Party colle à celle de ces personnes qui sont déçues du déclin relatif de la puissance américaine dans le monde et se sentent souvent mal à l’aise du fait d’avoir un président noir. Cette base a dans beaucoup d’endroits fortement ébranlé les primaires républicaines (élections au sein du parti), ce qui a poussé les candidats et députés républicains à se radicaliser et à refuser tout consensus bipartisan avec le reste de la classe dirigeante.

    Le Tea Party a reçu beaucoup de publicité de la part des médias capitalistes, qui l’ont utilisé pour orienter le débat vers la droite et pour faire passer le programme d’austérité. Mais aujourd’hui, ils sont fortement discrédités. Chaque nouveau sondage montre à quel point le Tea Party est déconnecté de la réalité et du point de vue de la grande majorité de la population concernant la plupart des enjeux de société. Le mouvement Occupy a complètement bouleversé le débat quant à la crise, en accusant les véritables responsables, qui sont non pas l’intervention gouvernementale dans l’économie, mais la classe dirigeante dans son ensemble, et les inégalités au sein de la société.

    La rhétorique du Tea Party a peut-être aidé les républicains lors des primaires dans les quartiers résidentiels, mais ce n’est pas une stratégie durable ni pour le parti républicain, ni pour ses riches mécènes. Même les frères Koch, des milliardaires ultra-conservateurs, ont fini par publier une déclaration dans laquelle ils se distancient du Tea Party et de son rôle dans le shutdown gouvernemental. Idem en ce qui concerne le célèbre pasteur de droite Pat Robertson.

    Le dernier jour avant le début du shutdown, plusieurs très grands patrons sont intervenus auprès de John Boehner et de politiciens Tea Party pour tenter de les convaincre d’arrêter leurs menaces, qui revenaient à pointer un revolver sur la tempe de l’économie américaine. D’autres membres du Tea Party ont averti à Boehner que tout geste de soumission de sa part reviendrait à mettre un terme à sa carrière politique. Mais à présent, ils tentent de contenir le conflit au sein du parti républicain, qui est passé de la “guerre froide” à la “guerre de tranchées”. On s’attend encore à de grandes batailles lors des primaires républicaines pour les élections de mi-mandat, sans doute alimentées par les nouvelles divisions qui émergeront peut-être concernant la question du budget d’État en janvier et février prochains.

    Tout cela a déjà fait énormément de dégâts aux institutions dirigeantes américaines dans la perception des travailleurs américains comme aux yeux de la population mondiale.

    Une immense colère

    C’est surtout le Tea Party qui est jugé responsable du shutdown, mais la plupart des gens sont également en colère contre tous les politiciens quels qu’ils soient. Il a été largement révélé que les députés du Congrès continuaient à recevoir leurs salaires, alors même que 800 000 fonctionnaires et employés de l’État se retrouvaient de force en congés sans solde, et que la fermeture de l’ensemble des services publics (comme les urgences hospitalières) a causé un grand nombre de morts.

    Les dirigeants syndicaux n’ont pas appelé à la moindre manifestation contre le shutdown. Ce faisant, ils ont laissé passer une immense occasion de construire le soutien aux syndicats et pour un programme d’urgence pour l’emploi qui serait financé par des taxes sur les millionnaires et sur les grandes entreprises. La colère qui vit dans la société devait pourtant bien s’exprimer quelque part. Le Tea Party a tenté de mobiliser des camionneurs pour fermer les routes qui mènent à Washington DC, afin de capitaliser sur la frustration et de la diriger contre les Démocrates : cela a été un flop complet.

    Des millions de gens ont vu Dylan Ratigan, un commentateur libéral, donner à la télévision un discours de cinq minutes extrêmement radical et apparemment improvisé, venant du cœur, qui a ensuite été partagé des centaines de milliers de fois sur Facebook.

    Ratigan disait que « Des dizaines de milliers de milliards de dollars sont extraits des États-Unis d’Amérique par un système financier, un système boursier, un système de taxation, qui a été mis en place par les deux partis. Le Congrès est vendu ! Il faut arrêter affaire d’argent dans la politique ! Le système bancaire est totalement corrompu et il nous pille ! » Il n’a évidemment pas été jusqu’à dire qu’il nous faut un nouveau parti qui représente les 99 % de la population, pour installer le socialisme démocratique, mais le fait de voir ce pétage de plomb radical autant diffusé montre bien la conscience qui est en train de se développer.

    Un écran de fumée pour couvrir la boucherie

    L’adoption du budget fédéral a été renvoyé à un “comité congressionnel” qui prendra ses décisions dans les prochaines semaines. Obama et les dirigeants du parti démocrate ont déjà affirmé être prêts à attaquer tous les grands programmes sociaux qui nous viennent du “New Deal” et de la “Great Society”, qui avaient été imposés par des mouvements de masse des travailleurs, des opprimés et de la jeunesse. Obama a même été jusqu’à dire qu’il voudrait diminuer les taxes sur les grandes entreprises. Bien que beaucoup de gens sont contents de voir les politiciens “mettre leurs différences de côtés pour se mettre au travail”, le problème est que le programme des deux partis n’est pas du tout orienté vers la défense des intérêts de la population laborieuse et des pauvres. Il se base plutôt sur une approche conflictuelle qui vise à instaurer une politique pro-capitaliste. Tout accord budgétaire bipartisan s’en prendra de nouveau aux programmes essentiels que sont Medicare et la sécurité sociale, plutôt que taxer l’incroyable richesse de notre élite super-riche. Il faut donc s’attendre à voir encore grandir la déception envers les Démocrates si ces coupes budgétaires devaient être effectuées.

    Le vide politique

    Il y a d’immenses ouvertures pour le mouvement syndical et pour la gauche pour intervenir dans ce débat. Les récents sondages, les discours radicaux à la télévision, la popularité du mouvement Occupy, les luttes déterminées menées par les travailleurs à bas salaire – toutes ces éléments indiquent une ouverture massive que la gauche doit saisir fermement.

    Socialist Alternative, section américaine du CIO, a montré l’exemple avec nos campagnes électorales extrêmement politiques et dynamiques à Seattle et à Minneapolis. Il faut que d’autres militants de la classe prolétaire se dressent et se présentent aux élections de mi-mandat de 2014, au niveau local et national.

    Il nous faut des candidats qui viennent du syndicat des enseignants, en lutte contre les coupes et la privatisation de l’enseignement ; des candidats qui soient des propriétaires de maison menacés d’expulsion par les banques et les flics, en lutte contre les saisies immobilières ; des candidats qui soient des travailleurs à bas salaire, qui se présentent contre les politiciens capitalistes ; des militants anti-sexistes, anti-racistes, anti-homophobie, pour rompre avec la politique des deux partis des patrons.

    Plus que jamais, cette crise montre à quel point Wall Street a deux partis, tandis que nous n’en avons aucun. Un pas énorme dans la construction d’un parti qui soit un parti des 99 % de la population, serait de voir deux-cent candidats indépendants se présenter pour les élections de 2014. Des candidats liés aux mouvements sur le terrain, des candidats qui refusent de se voir achetés, des candidats avec un programme de lutte pour et avec les travailleurs, les jeunes et les pauvres.

  • Etats-Unis : ‘‘Désolés, nous sommes fermés’’

    Une nouvelle illustration de plus la nécessité d’un nouveau parti représentant les 99%

    Environ 800.000 travailleurs fédéraux ont été contraints de prendre un congé sans solde. Alors que leurs familles se retrouvent sans rien, les membres du Congrès, qui touchent 174.000 $ de salaire annuels n’ont pas été affectés par le ‘‘shutdown’’, le blocage du Congrès sur le budget américain débuté le 1er octobre.

    Kai Stein, Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    La majorité républicaine à la Chambre des Représentants (sous-chambre du Parlement) a bloqué toute tentative du président démocrate Barack Obama de conclure un nouveau budget fédéral ou de prolonger l’ancien. D’un côté, il s’agit d’une tentative de miner les réformes très limitées et business-friendly instaurées par Obama dans les services de santé publique, de l’autre, la classe dominante américaine est confrontée à un système politique dysfonctionnel et à un parti républicain qui l’est tout autant. Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais il a été exacerbé par la récente crise du capitalisme.

    La fraction la plus vicieuse de la classe dominante s’était auparavant ralliée au mouvement conservateur populiste le ‘‘Tea Party’’ pour sauvegarder ses privilèges. Ce monstre de Frankenstein n’est toujours pas maîtrisé par les Républicains. Par conséquent, en général, les républicains n’agissent pas dans le meilleur intérêt de la classe dominante américaine.

    Une période de crise

    Une fermeture du gouvernement pendant 3 semaines pourrait faire se contracter le PIB de 0,9% selon Goldman Sachs. Mais ce que Wallstreet craint le plus, c’est que la dette du pays atteigne son plafond aux environs du 17 octobre. Sans nouvelle législation au Congrès, l’administration ne pourrait pas emprunter plus d’argent, et les Etats-Unis seraient incapables d’honorer leurs obligations et forcés à être en défaut de paiement, pour la première fois de leur histoire. Ce défaut serait un désastre pour les plus pauvres qui seraient forcés de payer le prix de la crise.

    Mais qui est responsable de l’expansion du déficit budgétaire fédéral ? Des milliards de dollars ont été dépensés en sauvetages financiers et en mesures prises depuis 2008 pour sauver le capitalisme américain, sans compter les baisses d’impôts pour les super-riches et les entreprises, ainsi que le financement de guerres sanglantes et sans issue par les administrations précédentes.

    Pour éviter d’aggraver la situation, les Républicains les plus ‘‘modérés’’ du Congrès se sont préparés à négocier avec les Démocrates et à chercher un compromis. Cependant, cela pourrait mettre en lumière des divisions bien plus tranchées au sein du parti, et mener à sa fragmentation.

    Le conte de fées que tentent de nous faire avaler les démocrates, c’est qu’il s’agit d’une répétition de la crise de 1995/96. A l’époque, la faible administration Clinton était entrée en conflit avec le Congrès, ce qui a conduit à un shutdown de 21 jours, un conflit hors duquel Bill Clinton est sorti avec une position renforcée face aux Républicains. Certains parallèles peuvent être faits, comme l’illustrent les sondages d’opinion, qui montrent une légère hausse du soutien à Obama, mais sa cote de popularité reste mauvaise. La meilleure comparaison à faire serait plutôt l’été 2011, au cours duquel l’impasse dans laquelle se trouvaient les Démocrates et les Républicains (confrontés aux réductions budgétaires consenties pour parvenir à un compromis forcé) a été révélée au grand jour.

    Le mouvement Occupy

    A la suite des soulèvements de masse au Moyen Orient et en Afrique du Nord, des mouvements de protestation ont eu lieu en Espagne et en Grèce, puis ailleurs dans le monde et notamment aux USA, où la colère des américains contre les sauvetages financiers des grandes entreprises s’est exprimée avec le mouvement anticapitaliste ‘‘Occupy’’.

    Cette colère reste d’actualité. Les sondages d’opinion démontrent que la frustration va grandissante contre le Congrès (qui dispose d’un taux d’approbation inférieur à 10%), et tout le système politique. Même les partisans les plus enthousiastes d’Obama, qui lui sont restés fidèles après le scandale de la NSA et ses ambitions guerrières en Syrie, mettent à présent en doute la capacité de leur président à tenir tête aux Républicains.

    De plus, la situation économique n’a pas augmenté le soutien pour Obama. Il y a eu un faible redressement économique, mais unilatéralement favorable aux riches. Les 1% les plus riches ont augmenté leurs revenus de 31% de 2009 à 2012, alors que ceux des 40% les plus pauvres ont diminué de 6% (Paul Krugman, New York Times, 23 septembre 2013).

    Le potentiel est là pour le développement d’un nouveau grand mouvement comme l’était celui d’Occupy mais, cette fois-ci, avec des revendications concernant des exigences socio-économiques concrètes.

    Des groupes pour les droits des immigrés se mobilisent contre les politiques anti-immigrations. Les travailleurs des fast-foods sont entrés en lutte pour bénéficier d’un salaire minimum de 15$ de l’heure et pour obtenir le droit de se syndiquer. Des travailleurs désorganisés dans des entreprises comme Walmart, connu pour sa position antisyndicale, commencent eux aussi à se rebeller. La lutte contre les expulsions et les saisies immobilières et pour des logements abordables pour tous a obtenu certaines victoires, comme l’utilisation de la législation ‘‘eminent domain’’ (une expropriation pour cause d’utilité publique) par le maire de Richmond en Californie, membre du Green Party. A Minnéapolis et ailleurs, le mouvement Occupy Homes a prouvé que des mouvements citoyens peuvent défendre les propriétaires de maisons et mettre fin aux expulsions.

    Multiplier ces luttes sur les lieux de travail et développer ces mouvements sociaux nécessite d’outrepasser l’inertie de la bureaucratie syndicale et la faiblesse des organisations de la classe des travailleurs. Lorsque la classe ouvrière américaine aura trouvé sa voix, le monde entier l’entendra.

    Lutter pour une alternative politique pour la classe ouvrière

    Comme le montre le Shutdown, ce système politique ne fonctionne pas. Wall Street a deux partis bien à lui, les Démocrates et les Républicains. La classe ouvrière n’en a aucun. Socialist Alternative (section du CIO aux Etats-Unis) fait campagne pour la construction d’un nouveau parti de masse pour se battre en faveur des intérêts des travailleurs, des pauvres et des minorités opprimées, sur base d’un programme clairement socialiste. Socialist Alternative présente aussi des candidats lors de prochaines élections locales.

    Un énorme soutien pour une candidate marxiste à Seattle

    En termes de moyens financiers, la campagne de Kshama Sawant, candidate de Socialist Alternative à Seattle, n’atteindra pas le montant de celle du conseiller municipal en place depuis 16 ans, Richard Conlin, qui a déjà dépensé 200.000 $ pour défendre son siège. La campagne menée contre lui par Socialist Alternative n’a réuni qu’un quart de ce montant, mais c’est impressionnant pour une campagne contre la politique capitaliste. De plus, ce manque d’argent est largement compensé par la manière dont par les idées défendues par Socialist Alternative résonnent parmi une couche de plus en plus grande de la classe des travailleurs et de la jeunesse.

    Le slogan de la campagne est ‘‘15 $ de l’heure et un syndicat’’. En course dans une campagne ouvertement socialiste, Kshama Sawant a récolté 29% des votes en novembre 2012 contre le représentant de Seattle à Washington, Frank Chopp. Avec 44.000 votes obtenus lors du premier tour de ces élections locales à Seattle en août 2013, Kshama Sawant et la campagne de Socialist Alternative ont montré qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’éclat unique. Un nombre encore plus grand d’électeurs montreront leur ouverture pour une candidate socialiste combative le 5 novembre prochain à Seattle.

    Une course serrée à Minneapolis

    En tant que militant contre les expulsions et les saisies immobilières, et en défense de l’enseignement, Ty Moore peut être fier de son implication. Dans son district, il fait face à 5 autres candidats pour le poste de conseiller municipal à Minneapolis. Tous cherchent l’approbation du parti démocrate. Sans couverture médiatique et dans le contexte d’une course au siège confuse, le message de Ty de lutter pour un logement décent, pour un salaire minimum de 15$ de l’heure et contre les subsides aux grandes entreprises a dû être distribué au porte-à-porte. Mais Socalist Alternative a reçu le soutien du SEIU (l’un de plus grands syndicats américains), de nombreux porte-paroles de la communauté hispanique et de militants reconnus. Bien que l’issue soit serrée, la situation démontre le potentiel pour une victoire électorale des socialistes aux Etats-Unis.

    Ouverture aux idées socialistes

    Lors des élections de l’année prochaine, plus de candidats indépendants de gauche défieront les Républicains, les Démocrates et le système bipartite. Le parti Démocrate pourrait voir émerger des voix dissonantes et des forces populistes ‘‘de gauche’’.

    Dans cette nouvelle vague d’opposition, Socialist Alternative, en solidarité avec le CIO, se prépare à jouer un rôle majeur ; assister le mouvement des travailleurs pour lui donner sa propre voix politique, casser ses liens avec le parti démocrate, et armer une telle force avec un programme socialiste pour mettre fin au capitalisme.

  • USA : Les socialistes révolutionnaires ouvrent la voie vers une représentation politique des travailleurs indépendante du capital

    L’an dernier, les États-Unis ont été moins plongés dans la tourmente économique que l’Union Européenne. Il ne faudrait pourtant pas en conclure que des changements fondamentaux n’y sont pas à l’œuvre. Ce bon vieux ‘‘Rêve Américain’’ gît sur le sol, brisé. L’impressionnant mouvement Occupy qui a déferlé sur le pays en 2011 passera à l’Histoire comme l’une des premières manifestations de ce virage dans la société américaine.

    Par Bart Vandersteene

    L’économie sous perfusion

    L’élite américaine est parvenue à repousser une crise similaire à celle qui frappe l’Union Européenne à l’aide d’une intervention gouvernementale sans précédent. Sans cette ingérence de la part d’autorités publiques qu’ils détestent pourtant tellement, tous les grands adeptes du ‘‘libre marché’’ et du libéralisme auraient assisté, impuissants, à l’effondrement total de leur système. Sans l’intervention du gouvernement et l’instauration d’une politique monétaire basée sur l’injection permanente d’argent dans le système, le chaos économique se serait abattu sur le pays de même qu’une révolte sociale de grande ampleur.

    Avec une croissance de 2,2% en 2012, le pire semble être passé. D’ailleurs, commentateurs et politiciens bourgeois proclament l’arrivée de la fin de la crise: le déficit budgétaire US est passé de près de 10% à 4%, le Dow Jones a atteint un niveau plus élevé que celui d’avant la crise et le taux de chômage a chuté de 9,4% en 2009 à 7,4% aujourd’hui.

    Pourtant, la crise n’a pas disparu. Pas moins de 5% de la population a perdu son logement, les investissements privés sont à un niveau excessivement bas malgré des taux d’intérêts historiquement bas et les politiques d’austérité font des ravages à tous niveaux. De l’ensemble des emplois créés depuis 2010, les bas salaires en représentent… 76% ! Il s’agit d’emplois temporaires qui fondent comme neige au soleil dès que l’économie cahote à nouveau, avec des salaires qui descendent régulièrement sous les 11 $ de l’heure (soit 8,22 €). Un quart des travailleurs américains gagnent moins que le salaire minimum en vigueur en Belgique. Pour tous ceux là, le Rêve Américain a cédé la place à une longue et pénible lutte pour la survie. En 2007, 55% de la population américaine décrivait sa situation financière comme étant ‘‘bonne’’ ou ‘‘parfaite’’. Ils ne sont aujourd’hui plus que 32%. Les autorités sont toujours tenues de maintenir l’économie sous perfusion pour éviter le pire. Les moyens de la collectivité ne sont pas orientés vers l’investissement public et la création d’emplois, mais vers l’impression d’argent pour maintenir au plus bas les taux d’intérêt et ainsi donner du temps aux banques pour se nettoyer quelque peu avant l’arrivée de la nouvelle vague de la crise.

    La faillite de Detroit constitue-t-elle un précédent?

    En juillet, la faillite de la ville de Detroit, autrefois le berceau de l’Amérique industrielle moderne, fut un coup dur pour le prestige des Etats-Unis. C’est l’exemple le plus extrême de l’effondrement de la société américaine. Pendant des décennies, Detroit a constitué un réservoir à profits pour les grandes entreprises du secteur automobile. Aujourd’hui, la ville est désertée et polluée.

    Cette ville jadis synonyme de prospérité et de progrès connaît un terrifiant taux de chômage (50%) tandis que deux tiers des enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Conséquence de la désintégration du filet social suite à de nombreuses années de coupes dans les budgets des services publics et des services sociaux, la criminalité y est cinq fois plus importante que la moyenne américaine. 47% de la population est analphabète. Mais Detroit n’est que le sommet d’un iceberg titanesque. Des dizaines de petites villes sont au bord de la faillite et plusieurs États sont aux prises avec une énorme montagne de dettes. Dans la pratique, une faillite signifie que de nombreux engagements des autorités sont en péril, comme le paiement des pensions.

    ‘‘15 dollars de l’heure et un syndicat’’

    Cette année, des dizaines d’actions se sont produites sous ce slogan, sur base de la colère des travailleurs des secteurs à bas salaires (notamment dans les fast-foods). Le salaire minimum fédéral est actuellement de 7,25 $ de l’heure (5,5 euros). Si le salaire minimum de 1968 avait suivi l’inflation, il serait aujourd’hui de 16,8 dollars. Impossible de se construire une vie décente avec de tels salaires. Des millions d’Américains combinent donc plusieurs emplois pour pouvoir joindre les deux bouts, ce qui explique le soutien rencontré par les actions en faveur d’un salaire minimum de 15 $ de l’heure. Il s’agit aussi du slogan principal de Socialist Alternative à Seattle.

    Socialist Alternative : une belle percée à Seattle, et maintenant à Minneapolis?

    Démocrates et Républicains ne représentent que les deux facettes d’une même médaille : celle d’une politique aux ordres de l’élite capitaliste. Il a fallu une campagne très intelligente à Obama & Co pour réussir à faire croire en la perspective d’un ‘‘changement’’ en 2008. Mais Obama n’a rien changé, et sa popularité est très fortement retombée. Les promesses non tenues ont alimenté une grande frustration dont le danger est qu’elle soit instrumentalisée aux élections de mi-mandat de 2014 par les Républicains et, surtout, par les populistes de droite du Tea Party. Ils ne manqueront pas d’accuser des boucs émissaires tels que les immigrés, les demandeurs d’emploi, les syndicats,…

    Mais cela peut être différent. L’espace pour une alternative politique de gauche radicale est étonnamment grand. Nos camarades de Socialist Alternative, malgré leurs moyens limités, ont pu s’en rendre compte dans leurs campagnes menées pour les élections locales dans les grandes villes que sont Seattle, Minneapolis et Boston. Défendre un programme explicitement anticapitaliste et socialiste ne constitue pas un obstacle.

    À Seattle vient de se dérouler un premier tour destiné à désigner les deux candidats du second tour du 7 novembre. La candidate de Socialist Alternative, Kshama Sawant, a obtenu le résultat impressionnant de 35% (44.458 voix). C’est un résultat sans précédent pour un tel type de campagne. Un commentateur politique en parlé en ces termes: ‘‘ce n’est rien de moins qu’un tremblement de terre. Kshama a tracé une nouvelle voie pour des candidats indépendants qui prennent directement en main la défense des intérêts et des thèmes de la classe ouvrière.’’ Des dizaines de militants et de volontaires sont maintenant sur le pied de guerre pour la dernière ligne droite vers le second tour du 7 novembre.

    Nous sommes tout aussi impatients de voir quels seront les résultats obtenus à Boston et Minneapolis. Ty Moore, candidat de Socialist Alternative à Minneapolis, y affrontera le candidat démocrate Alondra Cano dans la neuvième circonscription de cette ville de 400.000 habitants. Ty et Socialist Alternative ont acquis une certaine renommée au fil du temps grâce à leurs campagnes, notamment contre les expulsions et les saisies immobilières. Ces dernières années, des millions de familles ont été littéralement foutues à la porte de chez elles faute de pouvoir rembourser leurs hypothèques, la plupart du temps en raison de clauses scandaleuses imposées par les banques lors de la conclusion des prêts. Essentiellement sous l’impulsion de Socialist Alternative, le mouvement Occupy s’est orienté sur cette question et a lancé ‘‘Occupy Homes’’. De plus, la campagne de Ty bénéficie du soutien de la principale centrale syndicale de Minneapolis et de nombreux militants locaux. Ty a une petite mais réelle chance de se faire élire au conseil communal.

    Socialist Alternative est la seule organisation de gauche radicale américaine à avoir correctement estimé les profonds changements en cours dans la société et les possibilités que cela ouvrait sur le plan politique. Le mouvement Occupy a laissé éclater au grand jour la colère et la rage de millions de personnes. La tonalité du débat politique a été puissamment modifiée au sein de la population. La jeunesse refuse de plus en plus la logique du système qui l’étrangle avec des prêts étudiants hors de prix et des emplois aux salaires de misère tandis que les travailleurs s’opposent à l’austérité et aux attaques antisyndicales. C’est sur ce contexte que ce sont rajoutés les scandales des révélations de Bradley-Chelsea Manning sur les crimes de guerre de l’armée US et du programme de surveillance massif de l’administration Obama.

    Dans une déclaration qui a suivi le succès du premier tour à Seattle, Socialist Alternative a notamment expliqué reconnaître que ‘‘les élections ne sont pas l’endroit idéal pour faire de la politique et que c’est en soi insuffisant pour aboutir à un réel changement. Le pouvoir du Grand Capital et des médias contrôle la politique sous le capitalisme. L’histoire nous montre que chaque victoire des travailleurs a été remportée par des mouvements de masse. (…) Le développement de la lutte sociale dans les mois à venir déterminera le résultat exact des élections.

    La ‘‘faisabilité’’ se mesurera à l’aune de l’organisation des jeunes et des travailleurs ainsi qu’à l’augmentation d’actions, de grèves, etc. (…) Nos campagnes constitueront un exemple vivant de la manière dont la gauche et les travailleurs peuvent mener des campagnes indépendantes et servir de modèle pour se répandre dans tout le pays. Ce n’est que l’avant-goût de la prochaine vague de résistance qui va défier la politique des deux partis du Big Business.’’

  • USA. Notre camarade Kshama Sawant remporte 33% à Seattle

    Feu vert pour dégager Richard Conlin de l’hôtel de ville

    Les électeurs de Seattle ont envoyé un message très clair à l’establishment politique lors du premier tour des élections locales en disant qu’ils en avaient assez du cours actuel des choses et qu’ils sont à la recherche d’une alternative aux politiciens liés au monde des affaires comme le Démocrate Richard Conlin. Kshama Sawant, récemment qualifiée de ”trop à gauche pour Seattle” dans le Seattle Times, a remporté 33,67%des voix (soit 33.520 suffrages), un chiffre qui va probablement encore augmenter avec les derniers décomptes.

    Première déclaration de la campagne VoteSawant

    • Seattle. Kshama Sawant arrêtée suite à une action de protestation contre une saisie immobilière
    • USA : Trois candidatures marxistes à Boston, Minneapolis et Seattle

    Une majorité des électeurs lors de ces primaires ont voté contre le Démocrate Richard Conlin, qui occupe un siège au conseil de ville de Seattle depuis 16 ans maintenant. Ce dernier avait pourtant un avantage en termes de fonds pour sa campagne et au vu de sa notoriété, mais il n’a obtenu que 49%. Kshama Sawant et un deuxième challenger, Brian Carver, ont remporté la majorité des voix.

    “Les travailleurs à Seattle ont face à eux un choix politique clair. Si vous voulez vous battre pour une alternative au statu quo, rejoignez-nous dans la lutte pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure dans la ville, pour une une expansion majeure des transports en commun, pour une plus grande imposition des millionnaires qui habitent Seattle, pour l’augmentation des investissements publics dans le logement et pour instaurer un contrôle des loyers” a déclaré Khsama Sawant.

    Khsama Sawant a reçu le soutien du journal The Stranger (hebdomadaire culturel gratuit distribué dans la ville de Seattle, NDT), de quatre syndicats et d’activistes locaux renommés tels que Tim Harris, le fondateur de Real Change (association principalement active autour des SDF, NDT).

    Contrairement à Conlin, Sawant a refusé d’accepter les donations d’entreprises. Sa campagne populaire a recueilli 25.000 $, principalement sous la forme de petits dons de 25 $ ou moins, et a mobilisé plus de 125 bénévoles. “Nous allons marquer l’histoire en levant une armée de plus de 300 bénévoles et en effectuant une des plus grandes campagne de porte-à-porte que cette ville ait connu pour vaincre Richard Conlin” a déclaré Sawant.

    “Conlin a clairement fait savoir de quel côté il se trouve, celui des grandes entreprises et de l’establishment. En ne représentant pas la majorité des personnes qui travaillent dans cette ville, il s’est lui-même rendu obsolète.” Les deux candidats seront face à face pour le second tour en novembre.

  • Seattle. Kshama Sawant arrêtée suite à une action de protestation contre une saisie immobilière

    Actuellement, plusieurs villes américaines connaissent des campagnes électorales locales. Nos camarades de Socialist Alternative présentent trois candidats, dont notamment Kshama Sawant à Seattle. Sa campagne a pu entre autres compter sur le soutien officiel de diverses sections syndicales en raison de son engagement conséquent dans la défense des intérêts des travailleurs et de leurs familles. Avant hier, Kshama a été arrêtée de même que d’autres opposants à l’éviction d’un homme de sa maison.

    Jeremy Griffin, un ouvrier de la construction, tente depuis maintenant plusieurs mois de parvenir à un accord avec Wells Fargo pour disposer d’un nouveau règlement concernant le paiement de son hypothèque. Il a tout fait pour collaborer avec la banque afin de pouvoir garder sa maison. Il y habite depuis maintenant 8 ans et a notamment envoyé un chèque destiné à payer les 6 prochaines mensualités. Mais Wells Fargo ne veut rien savoir, estimant que la banque pourrait dégager de meilleurs bénéfices en revendant la maison à un nouveau propriétaire.

    La banque, comme elle procède dans de très nombreux cas, a envoyé des huissiers pour expulser les habitants, mais elle a fait face à la campagne ‘Stand Against Foreclosures and Evictions’ (SAFE, ‘‘Debout contre les saisies immobilière et les évictions’’), une campagne lancée à la suite du mouvement Occupy. Des dizaines de personnes, dont Kshama Sawant, s’étaient donc donnés rendez-vous devant la maison de Jeremy Griffin afin de résister contre la tentative d’expulsion. Quatre activistes ont été arrêtés : Kshama Sawant, la militante du mouvement Occupy Dorli Rainey, le porte-parole de la campagne SAFE Josh Farris et enfin Lauren Tozzi, de la campagne pour l’élection de Kshama Sawant.

    Les personnes ainsi arrêtées ont depuis lors été relâchées, mais cette répression n’en demeure pas moins une tentative d’intimidation et un message envoyé aux militants : les évictions et saies immobilières se poursuivront avec le soutien des forces de l’ordre.

    A Seattle uniquement, depuis le début de la crise, plus de 16.500 ménages ont été expulsés de chez eux. Un tiers des propriétaires ont déjà été confrontés à une période où ils étaient momentanément incapables de repayer leur hypothèque au prix du marché. Lors des prochaines élections locales, Sawant s’opposera au conseiller communal Richard Conlin qui a, tout comme les autres politiciens traditionnels, clairement choisi son camp celui des banques et des spéculateurs qui recourent à l’usage d’hypothèques impayables et de saisies immobilières pour accroître leurs profits.

    Kshama Sawant a lancé un appel à ce que “chacun qui estime que les travailleurs et leurs familles n’ont pas à voir leurs maisons sacrifiées pour les profits des banques rejoigne la lutte contre les évictions et les saisies immobilières.”

    Socialist Alternative et la campagne de Kshama Sawant soutiennent ces campagnes et revendiquent un contrôle démocratique sur les prêts par la nationalisation du secteur bancaire sous contrôle des travailleurs ainsi que le droit de chacun de disposer d’un logement décent et abordable.

  • USA : Trois candidatures marxistes à Boston, Minneapolis et Seattle

    L’austérité et les coupes budgétaires se multiplient et s’abattent partout aux Etats-Unis. Au niveau local, ce sont les politiciens locaux qui appliquent loyalement l’agenda néolibéral des grandes entreprises et sabrent dans les services publics. Manifester contre ces attaques n’est pas suffisant, il faut également défier ces politiciens capitalistes aux élections dans le cadre de la discussion concernant la représentation politique de la classe ouvrière. Le 6 novembre prochain se dérouleront des élections locales aux USA, et nos camarades de Socialist Alternative déposeront trois candidats.

    Par Joshua Cohen, Socialist Alternative (CIO-USA)

    Des candidats de Socalist Alternative participeront aux élections des conseils communaux de Boston, Minneapolis et Seattle. Chacun d’eux base ouvertement son programme sur le socialisme, la construction des mouvements sociaux et le soutien aux luttes, en totale indépendance des Démocrates et des Républicains. Leurs campagnes aideront à populariser l’idée d’une politique indépendante de la classe ouvrière, basée sur la défense de ses intérêts propres, à développer le soutien en faveur d’une telle politique et à instaurer une pression sur l’establishment capitaliste local.

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    En novembre dernier, notre camarade Kshama Sawant s’était présentée dans le district de Seattle, dans l’Etat de Washington, contre le Président de la Chambre des Représentants de l’Etat de Washington. Elle avait obtenu le score historique de 27%.

    Les directions syndicales, les libéraux de gauche et d’autres estiment que de telles campagnes locales auraient plus d’impact en collaborations avec les Démocrates. Ils pensent donc que se présenter comme étant ouvertement séparés du Parti Démocrate en tant que candidats de Socialist Alternative est inutile.

    Pourquoi dès lors ne pas rechercher le soutien des diverses sections locales du Parti Démocrate ? Il est vrai qu’elles sont relativement démocratiques (et souvent largement progressistes) et que leur soutien pèse beaucoup dans la balance électorale car elles peuvent mobiliser des activistes dans chaque quartier tout en bénéficiant du soutien d’électeurs qui votent régulièrement aux élections locales.

    Mais ces sections locales n’existent qu’afin de fabriquer de futurs carriéristes. Elles fonctionnent sur le modèle du népotisme ; les rejoindre ne relève pas d’un choix politique mais d’un choix de carrière. Elles ouvrent des portes. Ces gens s’opposent avant tout aux candidatures indépendantes car elles menacent leurs connexions personnelles avec les candidats qui, en retour, leur offrent un emploi, un diplôme ou d’autres avantages.

    Un outil pour les grandes entreprises

    A l’échelle nationale, Obama et les Démocrates continuent de travailler en parallèle avec leurs alliés du privé, en s’attaquant à la sécurité sociale, à la santé et à l’éducation publique, en expulsant les immigrés (plus que n’importe quel autre président auparavant), et en cherchant à faire du profit dans les soins de santé.

    Le Parti Démocrate est dominé par les intérêts capitalistes. Des organisations telles que le récemment dissout Democratic Leadership Council existent avant tout pour soutenir des candidats favorables aux grandes entreprises face à ceux qui pourraient nuire aux résultats électoraux du Parti Démocrate et donc l’empêcher de promulguer ses mesures néolibérales.

    En parallèle avec les politiciens nationaux, les gouverneurs et les maires tant républicains que Démocrates appliquent les coupes budgétaires les plus violentes et immédiates. Dans le Massachusetts (où se situe la ville de Boston, NDT), le gouverneur démocrate Deval Patrick s’est ouvertement vanté d’avoir fait accepter des baisses salariales aux syndicats (Boston Globe, 18/12/2009).

    Seattle : Kshama Sawant

    Minneapolis : Ty Moore

    Boston : Seamus Whelan

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    Au niveau local, la majorité des districts sont sous le monopole d’un seul parti. La plupart des grandes villes comme Minneapolis, Seattle et Boston sont complètement dominées par le Parti Démocrate. A Seattle, par exemple, aucun Républicain n’a été élu au conseil municipal depuis 1991 !

    Quand des syndicalistes, des activistes ou des progressistes se présentent comme candidats ou décident de défier le statuquo aux primaires démocrates, ils se heurtent à un réseau de vieux potes qui repousse tout changement et menace les nouveaux candidats : ‘‘Si vous n’acceptez pas nos règles, on ne vous fera pas de quartiers.’’

    Malgré cela, certains militants ouvriers, dont des syndicalistes et des activistes progressistes, parviennent parfois à remporter des élections locales face aux Démocrates. Bien que Socialist Alternative ne soutienne pas les Démocrates, nous cherchons à œuvrer avec tout militant authentique de la classe ouvrière. Nous en appelons donc à ces progressistes au sein du Parti Démocrate : libérez-vous du piège de ce parti qui vous traque sans cesse, et œuvrez avec nous pour construire un nouveau parti indépendant de la machine électorale capitaliste et des pots-de-vin !

    Les candidats de Socialist Alternative se présentent ouvertement en tant que socialistes et marxistes pour donner un écho à la défense des intérêts de la classe ouvrière et instaurer un maximum de pression sur l’establishment pour décrocher des avancées en faveur des travailleurs et de la jeunesse.

    Cela demande que les candidats se démarquent des Démocrates et de leur programme néolibéral. Même dans des villes comme Boston et Seattle, où une longue histoire de monopole politique a mené à des élections non-partisanes, c’est-à-dire où les affiliations aux partis ne sont pas listées sur le bulletin de vote, il est nécessaire de revendiquer clairement notre indépendance face au Parti Démocrate qui contrôle totalement ces villes dans l’intérêt des riches et des puissants.

    Si une campagne vise vraiment à construire des mouvements, elle doit être sérieuse quant à son programme et à ses organisations. A Minneapolis, notre camarade Ty Moore est un militant bien connu d’Occupy Homes, et il utilise cette campagne pour donner plus de visibilité au mouvement Occupy Homes, en luttant ouvertement contre les politiciens responsables des expulsions et des saisies.

    Boston : cas d’école d’un monopole politique

    Pendant 20 ans, le maire de Boston Thomas Menino est resté au pouvoir grâce à une stratégie simple : récompenser ses amis, et attaquer sans répit ses adversaires. En 2009, le progressiste Démocrate Sam Yoon l’a défié. A la suite de sa défaite, il a dû quitter Boston pour trouver du travail. Il était considéré comme ‘‘radioactif’’ par les employeurs locaux, qui craignaient des représailles de Menino s’ils employaient son adversaire (Boston Phoenix, 27/06/2010).

    Boston est contrôlé d’une main de fer par le Parti Démocrate. La machine du parti est divisée en quartiers et en circonscriptions, et contrôle l’argent et les ressources humaines nécessaires pour faire élire n’importe quel politicien en ville. Ce pouvoir n’est pas échu aux branches locales de l’organisation, mais bien à ses dirigeants, et ce depuis les 20 ans au pouvoir de Tom Menino.

    L’Alternative Socialiste

    Le mouvement Occupy a été l’occasion pour de nombreux jeunes de participer à leurs premières actions. Il a révélé la colère que génère l’inégalité de la société américaine et a donné un nouveau souffle au militantisme et à la lutte contre l’injustice. Des sujets tels que la dette étudiante, les saisies de domicile, la destruction de l’environnement, le déclin des écoles publiques, le sous-financement des transports publics, les bas salaires, et d’autres préoccupations de la classe ouvrière ont été exposées et combattues.

    Trois candidats de Socialist Alternative se présentent aux élections municipales en 2013. Ces campagnes sont un outil pour mettre en avant les luttes pour les revendications soulevées lors du mouvement Occupy et pour répandre les idées du socialisme parmi des milliers d’autres personnes.

    Aucun acquis social ne nous a été cédé sans que la classe ouvrière se soit battue. Les week-ends, la semaine de travail de 40 heures (constamment menacée), l’assurance-santé à charge de l’employeur, l’enseignement public, l’abrogation des lois de Jim Crow (sur la ségrégation raciale) sont autant d’héritages des luttes de masse de la jeunesse et des travailleurs. Seule une stratégie impliquant des manifestations massives, des actions de désobéissance civile, des grèves et des occupations peut protéger et améliorer nos conditions de vie au travers de la lutte.

    Présenter des candidats ayant participé à ces luttes est une tactique utile pour construire des mouvements. Utiliser les campagnes électorales et, en cas de succès, nos élus comme des plateformes peut aider à diffuser les idées du mouvement au plus grand nombre, et à le maintenir lors des périodes creuses.

    En Irlande, Joe Higgins a d’abord été élu en tant que socialiste à un poste de représentant local à la suite d’une campagne contre une taxe sur l’eau, quand le gouvernement irlandais tentait d’étouffer la population sous les taxes. Depuis, il a été élu et réélu au Dail (parlement irlandais) en tant que membre du Socialist Party (CIO-Irlande) sur base de son combat ininterrompu lors de cette campagne et de bien d’autres. Sa position et son soutien affirmé aux luttes ont apporté une énorme visibilité aux mouvements.

    Socialist Alternative se bat pour la création d’un nouveau parti basé sur les mouvements sociaux et les travailleurs, et refuse l’argent du privé. Un tel parti devrait être contrôlé démocratiquement par ses membres et accepter l’alliance en son sein de différentes tendances de gauche.

    Tant que les travailleurs et les jeunes s’intéresseront aux élections, les militants devront s’engager activement dans cette arène limitée, sur la base de la lutte pour les intérêts de la classe ouvrière et de tous ceux exploités par le capitalisme. Le Parti Démocrate détient le plus abject record d’attaques sociales, autant aux niveaux local que national, et il devrait être jeté aux ordures pour lutter contre la dictature des marchés.

    En construisant l’opposition de gauche indépendante la plus forte possible pour défier les Démocrates aux élections locales de 2013, nous pouvons aider à tracer le chemin vers la création d’un nouveau parti qui représenterait les intérêts de la classe ouvrière et de tous les ennemis du capitalisme.

    Un tel parti, aux côtés de mouvements de masse dans la rue, représenterait un énorme bond en avant pour vaincre les forces de l’austérité et du capitalisme.

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