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  • WikiLeaks : l’empire américain dévoilé

    Ce mardi 7 décembre, Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, actuellement l’organisation fauteuse de troubles n°1, a été arrêté après s’être rendu à la police londonienne. C’était là la dernière attaque contre cette organisation, parmi toute une série d’autres. Le site internet de WikiLeaks a subi des attaques sur sa liberté d’accès, des entreprises comme Amazon ou PayPal ont interrompus tous leurs services rendus à WikiLeaks tandis que des institutions financières comme MasterCard et Visa ont gelé ses comptes. Bradley Manning, un des fauteurs de troubles de WikiLeaks, a été arrêté en mai et est maintenant confronté à la cour martiale et jusqu’à 52 de prison.

    George Martin Fell Brown et Brandon Madsen, Socialist Alternative (CIO-États-Unis)

    WikiLeaks a été lancé en 2007 et fournit des méthodes sécurisées et anonymes à tout individu qui désire révéler des informations sensibles aux journalistes, généralement sous forme de documents originaux. Ce mois de juillet, nous avons vu la publication massive et sans précédent de plus de 90.000 rapports d’incidents et d’espionnage au sujet de la guerre d’Afghanistan de 2004 à 2009. Et, le 23 octobre, a suivi la publication de près de 400.000 documents américains classifiés se référant à la guerre en Irak.

    Au total, c’est près de 500.000 documents, auxquels il faut rajouter les plus de 250.000 câbles diplomatiques américains, qui sont en train d’être publiés en ce moment. Cette “mégafuite” dépeint une image bien sombre de l’armée américaine qui, en plus de sa malhonnêteté violente, est aussi embourbée dans une crise sanglante et insoluble. Mais plutôt que de faire face à ces problèmes de manière franche, le gouvernement américain a tourné son attention vers des attaques contre WikiLeaks afin d’éviter d’autres situations embarrassantes.

    Certains politiciens va-t-en-guerre tels que Peter King et Mitch McConnell ont accusé WikiLeaks de manière fort hypocrite en disant que l’organisation met en danger les troupes américaines en révélant des secrets gouvernementaux ! Mais c’est bel et bien, et avant tout, leur soutien aux guerres impérialistes en Irak et en Afghanistan qui est la cause de toutes ces années de carnage dans ces deux pays. C’est l’administration Bush qui a lancé toutes ces fausses accusations sur la prétendue présence d’armes de destruction massives en Irak, entrainant par là des centaines de milliers de morts. Si WikiLeaks avait existé à l’époque, alors tous ces mensonges auraient été révélés au grand jour et d’innombrables vies auraient été sauvées.

    Délits sexuels et “espionnage”

    Le tout dernier rebondissement dans cette affaire a été l’arrestation de Julian Assange pour la soi-disant charge de délits sexuels qu’il aurait commis en aout 2010 en Suède. Assange affirme que ce conflit provient du fait que ces rapports sexuels ont été consentis, mais non protégés. Toutefois, la justice l’accuse d’avoir eu un rapport non protégé avec une femme qui était endormie. Il a été libéré sous caution, mais reste maintenu sous surveillance à Londres et est menacé d’extradition vers la Suède.

    Ce sont là de graves accusations, qui ne doivent pas être prises à la légère. S’il y a la moindre véracité derrière elles, il faut mener une enquête. Cependant, la manière dont l’enquête a été menée jusqu’ici ôte beaucoup de crédibilité à l’affaire… Peu de temps après que l’enquête ait commencé, le procureur général, Eva Finné, a fait annuler les accusations et retirer le mandat d’arrêt, avec pour commentaire : «Je ne pense pas qu’il y ait de raison de le soupçonner d’avoir commis un crime» (Dagens Nyheter, 03/11/10). Toutefois, l’enquête a été rouverte après l’intervention de Claes Borgström, un politicien suédois haut placé.

    De même, il n’a pas encore été condamné pour un quelconque crime, et la Suède ne l’a jusqu’à présent convoqué que pour l’interroger au sujet de cette affaire. Néanmoins, l’Organisation internationale de la police criminelle (Interpol) a émis une ‘‘notice rouge’’ contre lui, sous laquelle il a été arrêté. Interpol n’a jamais, au grand jamais, montré le moindre intérêt dans une quelconque affaire de violence envers les femmes. En considérant le nombre d’actes de violence sexuelles qui se passent chaque seconde dans le monde (dont très peu sont effectivement suivis par la police), il y a beaucoup de raisons de soupçonner Interpol d’être en train d’utiliser cette affaire en tant que prétexte pour lancer une chasse à l’homme. Tout ceci suggère que les gouvernements britannique et suédois, sous pression des États-Unis, sont plus intéressés dans le lancement d’un procès pour hérésie contre Assange et WikiLeaks que dans l’avènement d’une nouvelle politique de lutte contre la violence faite aux femmes.

    C’est très certainement le cas pour le gouvernement américain, qui tente d’obtenir l’extradition d’Assange vers les États-Unis pour y répondre des chefs d’espionnage liés aux révélations faites par WikiLeaks. La sénatrice Diane Feinstein (Démocrate, Californie) a émis le souhait qu’Assange soit condamné selon les termes de l’Espionage Act de 1917. Il s’agit d’une loi très floue qui a été instituée sous le président Woodrow Wilson dans le but de réprimer l’opposition à la Première Guerre mondiale. Cette loi a connu son “heure de gloire” avec l’arrestation en 1918 du militant socialiste Eugene Debs, pour avoir fait un discours anti-guerre qui aurait pu “gêner le recrutement”.

    Feinstein exige également une peine de dix ans de prison pour chaque fuite, ce qui reviendrait à une peine totale de 2.500.000 ans de prison. Erie Holder, le procureur général d’Obama, a dit que les cadres américains étaient en train de mener une «enquête très sérieuse et active, qui est de nature criminelle» autour des fuites de WikiLeaks (New York Times du 08/12/10). Les sénateurs Joe Liberman (Démocrate indépendant, Connecticut), Scott Brown (Républicain, Massachusetts) et John Ensign (Républicain, Nevada), ont introduit une loi qui rendrait criminel tout média qui publierait des documents de WikiLeaks.

    Ces mesures représentent une grave attaque à la liberté d’expression et d’information. Il faut résolument s’y opposer. Quelles que soient les motivations derrière les accusations de délits sexuels en Suède, il est honteux que le gouvernement américain soit prêt à utiliser de telles charges en tant que levier pour attaquer la liberté d’information.

    Morts de civils et torture

    L’hystérie des gouvernements américains et du monde entier dans leurs attaques sur Julian Assange et sur WikiLeaks révèle une grave hypocrisie si on considère les révélations contenues dans les fuites elles-mêmes. Malheureusement, le gouvernement et les médias américains ont été capables d’utiliser les accusations suédoises afin de détourner l’attention des crimes bien réels et bien documentés qui ont été commis en Irak et en Afghanistan.

    Une chose qui saute aux yeux presqu’instantanément est le fait que le gouvernement américain a menti du début à la fin en affirmant que les morts de civils en Irak étaient maintenues au strict minimum, et qu’ils ne savent en réalité même pas combien de civils ont été tués. Les documents estiment qu’entre 2004 et 2009, des centaines de morts violentes de civils ont été enregistrées en Afghanistan, et plus de 66.000 en Irak, mais celles-ci n’ont jamais été publiquement révélées. Il ne fait aucun doute que ces statistiques ne représentent qu’une fraction du nombre de civils qui ont réellement été tués, mais même si on se réfère au système de comptage de l’armée américaine, ce nombre équivaut à trois fois le nombre de morts “ennemies” au cours de la même période (soit 23.984).

    Ceci ne devrait guère surprendre qui que ce soit, après avoir visionné la vidéo “Meurtre collatéral” également publiée par WikiLeaks un peu plus tôt dans l’année, qui montrait un groupe d’Irakiens et ce qui s’est avéré être deux journalistes de l’agence Reuters se faire bombarder sans aucun scrupule par des hélicoptères Apache américains dans les rues de Bagdad le 12 juillet 2007. Ils sont tous décédés. Cette vidéo a été suivie par une autre, montrant le meurtre d’un groupe d’hommes désarmés, tandis que leurs enfants trainaient d’autres blessés hors de portée. Quelles que soient les intentions des soldats impliqués, ces actes constituent clairement une violation des règles d’engagement, étant donné qu’aucun des individus pris pour cible n’avait affiché le moindre comportement hostile.

    Comme Glenn Greenwald l’a fait remarqué à ce moment-là, «Il y a un véritable danger que des incidents du type de ce massacre en Irak soient exposés d’une manière fragmentaire et inhabituelle : c’est à dire, la tendance de parler de cela comme étant s’il s’agissait d’une aberration. Ce n’en est pas une. C’est en fait le contraire : cela fait partie de la procédure standard que nous suivons lors de toute guerre, invasion ou occupation.» (Salon.com, 06/04/10)

    Cette position est soutenue à la fois par de nouvelles preuves et par la vidéo elle-même, dans laquelle les soldats dans l’hélicoptère reçoivent la permission d’ouvrir le feu avant même qu’ils n’aient rapporté quoi que ce soit qui puisse indiquer que les personnes bombardées représentaient une quelconque menace immédiate.

    De même, le scandale des actes de torture dans la prison d’Abu Ghraib en 2004 était un autre cas que l’armée a tenté de décrire comme un acte perpétré par “quelques individus pourris”. Il semble que des actes de torture aussi malsains que ceux-ci ou pire encore ont pu se poursuivre en Irak sous la supervision de l’armée américaine, tant qu’ils étaient effectués par les autorités ou par les forces de sécurité irakiennes. Un ordre fragmentaire (ou “frago” – un ordre qui altère un ordre existant) a bien clarifié le fait que les cas d’“abus d’Irakiens par des Irakiens” ne nécessitait “aucune enquête plus approfondie”. Les incidents d’actes de torture auxquels il est fait allusion dans les documents incluent l’électrocution, des foreuses électriques, et de temps à autre l’exécution de détenus. (bbc.co.uk 23/10/10)

    La réaction des autorités

    Le contrecoup politique qui a suivi ces fuites a été profond : l’ensemble de l’establishment politique a condamné en vrac toutes les fuites et a menacé de répliquer lourdement par des procès contre toutes les personnes impliquées. Certains conservateurs aux États-Unis ont été encore plus loin, comme le commentateur de Fox News qui a appelé à ce que l’éditeur en chef de WikiLeaks Julian Assange soit traité comme un “prisonnier de guerre”. Christian Whiton, un ancien cadre du département d’État, a déclaré que l’ensemble du personnel de WikiLeaks doit être classifié en tant que “combattants ennemis”, et a vigoureusement défendu le fait que des “actions non-judiciaires” soient utilisées contre eux. Un éditorial du Washington Times a dit que le gouvernement américain devrait ‘‘mener la guerre contre la présence sur internet de WikiLeaks’’, et d’autres déclarations similaires sont apparues sur le site de l’American Enterprise Institute (AEI). (The Independent, 27/10/10)

    Le soldat de première classe Bradley E. Manning, âgé de 22 ans – et qui est déjà accusé en tant que premier suspect dans le cadre de la publication de la vidéo “Meurtre collatéral” de même que de la vidéo d’un autre raid aérien et de la dernière fuite des 250.000 câbles diplomatiques américains – a lui aussi été classifié comme étant une “personne d’intérêt” en ce qui concerne les carnets de la guerre d’Afghanistan. Rien que sur la base des chefs d’accusation retenus contre lui, il pourrait être condamné à 52 ans de prison !

    Tandis que ces attaques contre les responsables des fuites sont en cours, l’administration Obama a en même temps tenté de dénigrer la portée de ces documents, utilisant l’argument éhonté selon lequel ceux-ci ne couvrent que la période qui a précédé la nouvelle offensive, alors que selon eux, la guerre se déroule à présent fort bien. Elle a aussi reçu une petite couverture de la part du Times de Londres, qui a résumé toute l’affaire en disant que «Après tout, les documents ne contredisent pas les rapports officiels de la guerre». Un peu plus récemment, Obama, dans une déclaration commune avec le Président mexicain Felipe Calderón, a condamné «les actes déplorables perpétrés par WikiLeaks» concernant les nouvelles fuites au sujet de la guerre contre la drogue. (New York Times, 11/12/10)

    Les efforts frénétiques réalisés pour contenir ces fuites et leur portée vont à l’encontre de toutes les promesses de “transparence” de l’administration Obama. La vérité est plutôt que le gouvernement se base sur le secret en tant qu’outil crucial avec lequel revigorer le soutien en faveur de la guerre, et c’est pourquoi il est tellement prompt à poursuivre les personnes responsables de la fuite de ces documents.

    D’ailleurs, cela aussi est confirmé par des documents en provenance de l’armée américaine et de la CIA qui ont été publiés précédemment par WikiLeaks, et qui mentionnent la nécessité de détruire WikiLeaks et comment susciter artificiellement un soutien en faveur de la guerre d’Afghanistan en France et en Allemagne. Ces documents comportent des chapitres aux titres tels que “L’apathie du public permet aux dirigeants d’ignorer les électeurs”. Dans un autre document de cette série, intitulé “Pourquoi compter uniquement sur l’apathie pourrait ne pas être suffisant”, la CIA esquisse d’autres stratégies cruciales pour assurer le soutien à la guerre, tels que l’utilisation de femmes afghanes pour faire des déclarations pro-guerre, afin de jouer sur la sympathie des français envers les réfugiés afghans. Elle souligne aussi l’utilité de Barack Obama en tant que belle gueule pour la guerre, et comme étant quelqu’un à qui la plupart des populations européennes à accorderont plus facilement leur confiance. (Glenn Greenwald, Salon.com 27/03/10)

    Poursuivre les taupes responsables de la diffusion de ces documents n’a rien à voir avec la protection de la population, comme de nombreux membres de l’establishment voudraient le faire croire, mais à plutôt tout à voir avec le “management de la perception” (encore une belle formule de la CIA). Pour le reste d’entre nous, ces taupes devraient être considérées comme des héros, prêts à risquer leur vie pour pouvoir livrer au public ces informations cruciales. Ces documents peuvent et doivent être diffusés aussi largement que possible afin d’exposer la brutalité et la futilité des guerres, et devraient constituer un incitant pour renouveler les efforts d’organisation dans le but d’y mettre un terme immédiatement.

    Action de protestation contre la censure de WikiLeaks par le gouvernement au siège d’Amazon.com

    Ce lundi 13 décembre, la cour du siège de Amazon.com a été inondée par une cacophonie de sifflets et de chants, tandis que 50 personnes protestaient contre la censure de WikiLeaks par le gouvernement américain. Malgré l’averse glaciale, les militants ont envoyé un message clair et sans équivoque à Amazon.com, comme quoi leur décision de censurer WikiLeaks en supprimant son site de leurs serveurs ne se fera pas sans bruit.

    Sous la pression du gouvernement américain, Amazon.com a été la première parmi toute une série d’entreprises qui sont en train de restreindre notre droit de connaitre ce que le gouvernement est en train de faire, en bloquant l’accès au site de WikiLeaks, et donc aux câbles diplomatiques américains, et en refusant de transmettre les dons comme pour PayPal, Mastercard ou Visa.

    Ceci est une attaque flagrante de notre liberté d’information, de presse et de parole – qui sont des éléments cruciaux et fondamentaux de la démocratie. Ceci représente une tentative de faire taire l’opposition croissante aux guerres impopulaires en Iraq et en Afghanistan, alors que de nombreux câbles révèlent un effort concerté de la part de l’administration Bush comme de celle d’Obama de tromper le peuple américain et le monde afin de pouvoir mener leurs guerres au Moyen-Orient.

    L’action, soutenue par Socialist Alternative, a obtenu un soutien large parmi les organisations militantes et la population. La liste des signataires inclut la Coalition de la communauté arabe américaine de l’état de Washington, les Vétérans d’Irak contre la guerre (section de Fort Lewis), les Vétérans pour la paix (chapitres 92 et 111), le Green Party du comté de Skagit, le Centre Whatcom pour la paix et la justice, le collectif Seattle uni contre la répression du FBI, Coffee Strong (une association de vétérans), les Femmes radicales, et le Parti socialiste pour la Liberté

    De concert avec les millions de personnes outragées par cette offensive inacceptable contre nos droits démocratiques, et tirant son inspiration des centaines de manifestants à Brisbane en Australie et au Royaume-Uni contre la censure de WikiLeaks, de même que des millions dans toute l’Europe qui ont décidé d’entrer en résistance contre les coupes budgétaires brutales dans les programmes sociaux, nous étions remplis d’indignation et avons scandé «Liberté de parole – sous l’attaque, que faisons-nous ? Levons-nous, ripostons !» Malheureusement, les médias de masse, malgré leurs belles promesses, n’ont pas daigné envoyer le moindre reporter, laissant aux travailleurs et aux jeunes la tâche de s’opposer au rôle perfide qui est joué par le gouvernement américain et par les corporations, et de défendre nos droits à la liberté de presse et de parole.

  • Contre le capitalisme : résistance internationale!

    Début juin, les dirigeants des 7 pays les plus riches au monde, plus la Russie, se sont réunis à Heiligendamm, en Allemagne pour discuter de la politique climatique,de la situation dans le Tiers-Monde, de l’Irak,… Contre ce rassemblement censé décider de notre avenir, des dizaines de milliers de personnes ont protesté à proximité du sommet, la plus grande manifestation attirant 80.000 participants.

    Liesje Ulburghs

    Né des actions spectaculaires contre le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Seattle en 1999, le mouvement anti-globalisation a connu son apogée lors des mobilisations contre les réunions à l’été 2001 de l’Union Européenne à Göteborg et du G8 à Gênes. Le contre-sommet de cette année a de nouveau fait fureur.

    La colère légitime des innombrables participants à la contestation s’est exprimée par un grand nombre de manifestations et d’actions directes. Ainsi, au début du sommet, 10.000 activistes ont mis en place des barrages qui, 24 heures plus tard, tenaient toujours bon et ont ainsi entraîné bien des difficultés pour les collaborateurs des dirigeants du G8 qui cherchaient à rejoindre leurs maîtres. A travers ces actions et manifestations, c’est toute une couche importante de jeunes et de travailleurs qui ont affirmé que Blair, Bush, Poutine et consors – courageusement cachés derrière 16.000 policiers et une clôture de 11 kilomètres – ne sont pas représentatifs des opinions et des intérêts de la majorité de la population.

    Et, de fait, Ils sont en effet aux ordres d’une infime élite détentrice des moyens de production et dont la richesse repose sur l’exploitation du travail du reste de la population aux quatre coins de la planète. La logique capitaliste pousse les patrons à rechercher des profits sans cesse croissants et à économiser sur les « frais de production » (nos salaires et nos conditions de travail).

    Les riches plus riches, les pauvres plus pauvres

    Les énormes richesses produites à travers le monde sont accaparées par ces parasites tandis que 30.000 enfants meurent chaque jour de faim et que la moitié de la population mondiale doit vivre avec moins de 1,5 euro par jour.

    Et cela ne fait qu’empirer ! Ces vingt dernières années, les 5% les plus pauvres de la population mondiale ont perdu 25% de leur revenu réel. Ce n’est pas perdu pour tout le monde, les 20% les plus riches ont ainsi obtenu 12% en plus. En Belgique non plus, les gens ordinaires ne profitent guère de la croissance économique. Les conditions de travail et le pouvoir d’achat souffrent, 15% des Belges vivent dans la pauvreté. Les acquis sociaux qui nous viennent des luttes du passé fondent à vue d’oeil.

    Peu de gens croient encore que des organismes comme le G8 peuvent améliorer les choses. Bush s’est par exemple prononcé dès avant le sommet contre les (faibles) propositions faites pour combattre le réchauffement climatique, aucun objectif concret n’a donc pu être déterminé. De toutes façon, on sait à quoi s’en tenir avec ses promesses Celles faites au sommet de 2005 pour lutter contre la pauvreté dans le monde n’ont toujours débouché sur rien de concret. Cette fois, les « maîtres du monde » ont dit qu’ils allaient tenir leurs engagements. Pourquoi maintenant et pas avant ? Dans ces réunions, on examine surtout comment maintenir les inégalités dans l’intérêt du capital et comment les faire avaler au monde extérieur.

    Le capitalisme remis en question

    Les années qui ont suivi la chute du Mur et l’effondrement de l’Union Soviétique ont été marquées par un reflux des luttes et de l’idée qu’il est possible de changer en profondeur la société, jusqu’à ce que la progression du mouvement anti-globalisation lancé par de jeunes radicalisés remette à nouveau en question l’impitoyable logique du capitalisme.

    Au fil des années et à l’occasion des différents sommets du G8, de l’Organisation Mondiale du Commerce ou encore de l’Union Européenne, toute une gamme d’actions ont été testées pour que les protestations puissent s’exprimer et troubler ces sommets. Mais, malgré les nombreux barrages routiers, les actions directes et les manifestations, la même politique en faveur d’une plus riches continue à être menée et les protestations sont royalement ignorées. C’est que ces actions ne touchent pas les capitalistes là où ça leur fait mal. La base économique du capitalisme – la production des travailleurs – reste à l’extérieur des stratégies de protestation. La nécessité de créer un rapport de forces reposant sur l’unité et la mobilisation des travailleurs doit être bien comprise pour pouvoir jeter bas le capitalisme .

    La résistance de la jeunesse n’est souvent que l’annonce d’une lutte plus généralisée. Cette fois-ci aussi, la montée du mouvement anti-globalisation au début des années 2000 a été suivie par une mobilisation massive à l ‘échelle mondiale contre la guerre de Bush en Irak en 2003 mais aussi par un mouvement plus large de lutte contre les conséquences de la politique de casse sociale. La montée des luttes populaires et le tournant à gauche en Amérique Latine, les luttes massives dans l’enseignement en France et en Grèce,… montrent les opportunités qui existent pour réunir les jeunes radicalisés et le mouvement ouvrier, qui seul a le pouvoir économique de provoquer un changement structurel.

    Vers une orientation plus large

    Pour progresser, le mouvement anti-globalisation ne peut pas se replier sur lui-même et ne prêcher que des convaincus. Mais ces dernières années, les différents Forums Sociaux se sont de plus en plus tournés vers des ateliers de discussion avec des thèmes et des slogans très vagues. A tel point que les PS ont pu participer de manière de plus en plus présente à ces réflexions alors qu’ils n’hésitent pas à mettre en oeuvre cette même politique néo-libérale contestée par les Forums Sociaux. Nous n’avons pas besoin de vagues groupes de discussion pas plus que d’actions prétendument « radicales » isolées (comme celles des Black Blocks anarchistes) qui contribuent actuellement à dissuader les couches plus larges d’entrer en action. Nous avons besoin au contraire d’un programme concret et de campagnes de masse capables de forger des liens solides entre jeunes et travailleurs.

    Les récentes attaques du gouvernement d’Angela Merkel ont conduit, dans les jours précédant le sommet du G8, à une grève de Deutsche Telekom. Cette grève a même menacé l’organisation pratique du sommet. Malheureusement, il n’y a eu aucune unité entre la protestation des jeunes contre le G8 et ces actions de grève. Ce n’est pourtant que par l’intermédiaire d’actions communes autour de thèmes concrets que le mouvement anti-globalisation pourra donner suite aux slogans vagues comme “un autre monde est possible” et gagner la sympathie de larges couches de travailleurs.

  • Le monde comme ils le veulent.

    Jean-Claude Paye, sociologue, a écrit et publié en 2004 aux éditions la dispute* le résultats de ses recherches et de ses analyses des changements intervenus dans le droit et la procédure pénale ces dix dernières années dans le monde, et plus particulièrement en Occident.

    François Barzin

    Ce que cet auteur annonce dans son livre est l’avènement d’une dictature mondiale, emmenée par les Etats-Unis sous couvert de lutte contre le terrorisme. L’auteur y décrit la recomposition progressive des Etats nationaux autour d’appareils policiers auxquels les divers gouvernements donnent de plus en plus de pouvoir et de prérogatives. Ces recompositions faites à l’heure de la lutte contre le terrorisme, s’intégreraient plus largement dans une structure impériale dont les Etats-Unis auraient l’exclusivité de la direction politique.

    Si la perpective d’une superpuissance américaine doit être légèrement revue à la baisse, au vu de ses échecs en Irak et en Afghanistan, les lois liberticides inspirées et recommandées par les Etats -Unis aux pays européens n’en sont pas moins devenues une réalité.

    Le danger actuel de cette évolution, continuation d’une justice de classe, est la constitutionnalisation de cette justice de classe. Auparavant, la subjectivité de la justice reposait sur un rapport de force instauré dans le cadre d’un Etat de droit et d’une démocratie. Aujourd’hui ce qui nous est promis est l’impossibilité de modifier ces rapports de force, et donc la subjectivité politique et judiciaire, au nom de la lutte contre le terrorisme. Vouloir influencer le fonctionnement des institutions démocratiques pourra être considéré comme terroriste en soi, alors que cela est bien sûr l’enjeu même de la vie démocratique. Le droit à la défense devient impossible puisque c’est aux accusés de prouver qu’ils sont innocents sur base d’intentions qui leurs sont attribuées, leurs faits et gestes témoignant contre eux et non pas pour eux. Il n’y a pas de partie tierce, telles des victimes réelles d’un véritable attentat par exemple, mais seulement des accusés et un Etat juge et partie, inconcilablement opposés dans la défense de leurs intérêts respectifs.

    Il ne peut plus y avoir de liberté individuelle dès lors que l’Etat peut-traîner quiconque en justice sur base de ses intentions politiques.

    Qu’en est-il donc de ces lois, décisions – cadre, accords et négociations passés entre pays de l’Union, entre l’Union européenne et les Etats-Unis ? Quelle est la philosophie, la méthode et les objectifs avoués de ces lois ou de ces accords ?

    Une inversion du sens de la procédure pénale

    De manière générale la tendance est à la subordination du pouvoir judiciaire à celui de la police – et plus l’inverse comme précédemment – au renforcement du parquet sur le juge d’instruction, à la régression du droit de la défense devant des enquêtes policières secrètes et proactives sur lesquelles elle n’a plus aucun contrôle, les forces de police devenant généralement intouchables judiciairement, leur méthode de production de la preuve n’étant plus elle-même soumise à l’examen contraignant du pouvoir judiciaire. Cette redéfinition des pouvoirs respectifs de la police et de la justice va de pair avec la redéfinition des infractions incriminées et des personnes ou des groupes visés : les critères définissant une action terroriste ou une action criminelle sont élargies par des définitions purement subjectives ou spéculatives comme dit plus haut, telle la volonté d’intimider ou l’intimidation des populations, ou parties de celles-ci, la volonté d’influencer le fonctionnement d’autorités publiques, la « capture » d’infrastructures publiques ou privées, la simple intention de commettre un acte dit terroriste… A remarquer la notion de capture d’infrastructures publiques ou privées qui vise directement les organisations syndicales et altermondialistes dont ces « captures » sont les principaux moyens d’actions. Il faut savoir également que le conseil de l’Europe a instauré les accords Shengen 2 qui visent explicitement à l’échange d’informations sur des activistes politiques qui se rendent à des sommets internationaux pour permettre leur arrestations et leur emprisonnement éventuel dans tous les pays de l’Union.

    La simple appartenance à une organisation terroriste, c’est à dire politique ou syndicale notamment, ou la participation à ses activités, même légales, en connaissance ou en méconnaissance de cause peut valoir à quiconque d’être assimilé à un terroriste. D’une inculpation ou d’une suspicion à partir d’éléments objectifs, l’on va vers une inculpation à partir d’une interprétation subjective et politique du droit de chacun.

    Comme on peut le constater, le caractère vague des incriminations et leur caractère foncièrement subjectif permet de s’attaquer à n’importe qui et à n’importe quoi dès lors qu’il gène le pouvoir en place, les activistes politiques et syndicaux étant visés de façon privilégiée. Le traitement des insoumis renommés terroristes peut aller jusqu’aux gels des avoirs ou de toute les sources de revenus, sans parler de la suspension des droits civiques, des peines de prisons, amendes et autres … Les gardes à vue sont doublées, généralement, ce qui augmente les possibilités de pression de la part de la police, pour arracher des aveux, par exemple.

    La collaboration automatique

    Pour rendre effective ces différentes dispositions légales visant la répression du « terrorisme », les différentes autorités publiques des pays européens ont conclu des accords de collaborations automatiques et obligatoires entre leurs appareils policiers et judiciaires respectifs. Ainsi en est-il du Mandat d’Arrêt Européen. Ce contrat de collaboration impose l’extradition automatique de n’importe quel individu accusé de terrorisme par tout Etat requis par un autre Etat. Ce qui paraît être un gage d’efficacité contre le crime organisé, est en fait une remise en cause du droit d’asile. Le Mandat d’Arrêt Européen est basé sur le principe de reconnaissance mutuelle des législations pénales de chaque Etat par tout les autres, chacun étant supposé démocratique et respectueux des droits et libertés fondamentales de leurs concitoyens. Les problèmes à l’extradition entre Etats Membre ne se posant donc pas. Mais la France du massacre de Charonne n’était-elle pas démocratique, pas moins que la Belgique des tueries du Brabant wallon, ou que l’Italie anticommuniste et maffieuse de Berlusconi ? Que nous réserve l’avenir ? Peut-être verrons nous en France éclore les fleurs nauséabondes du Front national ?

    Mais de toute façon, en Europe, la révision générale à la baisse des critères qui donnent droit à être accusé de terrorisme, est susceptible de remettre en cause le droit d’asile de beaucoup de personnes et d’organisations militantes dans un avenir plus ou moins proche.

    L’hégémonie coulée dans le droit

    L’élaboration de toute ces lois, ainsi que la philosophie sécuritaire sont impulsées par les Etats -Unis, qui ont été les premiers à remettre en cause le régime du droit international fondé sur le respect mutuel de la souveraineté de chaque Etat, mais aussi sur le principe du respect des droits humains, dont celui du droit à la défense et à la représentation juridique. Le refus de donner aux prisonniers de Guantanamo le statut juridique de prisonniers de guerre permet à la première puissance mondiale de les détenir de façon indéfinie sans inculpation et surtout dans le secret, sans droit à la défense, sans la publicité et l’objectivité des débats. La sécurité de ces personnes ne peut être assurée par aucun moyen, sinon de loin, par le biais de la pression internationale, comme au temps de Pinochet, quand amnesty international faisait campagne pour la libération des prisonniers politiques. Cette action du gouvernement américain vis à vis des « combattants illégaux » par la procédure d’exception aboutit à la suspension du droit international – de fait – par les Etats-Unis.

    Malgré leurs hypocrites critiques de l’unilatéralisme américain, les pays européens, Conseil de l’Europe en tête, se sont empressés de répondre aux exigences antiterroristes des Etats-Unis, puisque ensuite la rhétorique sécuritaire a justifié la mise sous surveillance politique de leur propres populations.

    Ainsi, le Conseil de l’Europe concluait des accords autorisant l’extradition quasi automatique vers les Etats-Unis de tout citoyen européen suspecté de terrorisme dans un même temps qu’il travaillait au mandat d’arrêt européen et autres dispositions liberticides, dans des conditions politiques tout à fait répugnantes et suspectes (Certaines décisions cadre trop clairement liberticides ont été prises au Conseil de l’Europe en annexe de négociations portant sur le droit de la pêche par exemple, ni vu, ni connu).

    Dans le même ordre d’idées, les Etats-Unis ont imposés à L’Europe l’échange des informations personnelles sur les passagers ayant réservés auprès de compagnies aériennes pour les Etats-Unis, ceux-ci pouvant à leur guise déterminer qui peut ou non entrer sur leur territoire ( L’ Europe a par après pris les même dispositions pour son propre compte par rapport aux réservations transeuropéennes).

    A ce stade nous devons avoir conscience que le Patriot act s’applique aussi à nous, comme à tous les citoyens de la planête et dès lors que nous posons le pied sur le sol américain, nous pouvons être détenu de façon indéfinie et sans inculpation. Dans ces conditions, comment imaginer une rencontre altermondialiste aux Etats-Unis, comme à Seattle en 1998 ? Les ébauches d’une démocratie planétaire, les citoyens américains, européens, les démocrates des pays du Tiers monde et l’ensemble des populations sont véritablement devenus les otages du reflux réactionnaire américain.

    Il faut quand même préciser que si tout le monde peut être enlevé, extradé et emprisonné indéfiniment par les autorités américaines, a contrario, aucun citoyen américain ne peut-être traduit devant un tribunal international pour crime de guerre ou pour crime contre l’humanité, ce qui concernerait pas mal de monde dans les services de renseignements et dans les administrations américaines

    La suspension du droit et du principe de légalité lui-même iront en s’aggravant, laissant de plus en plus de monde dans une anomie juridique autorisant tous les arbitraires. Le droit, comme ensemble hiérarchisé de garanties constitutionnelles, fait aujourd’hui de la procédure d’exception l’acte constituant d’un nouveau type de régime politique, celui ou le pouvoir politique décide directement de la norme à appliquer, de comment l’appliquer, et à qui l’appliquer. Pourtant l’égalité de tous devant la loi, suppose la reconnaissance de l’objectivité des actes incriminés, la constitution de parties tierces et le droit à la défense dans le temps long et posé de la procédure judiciaire. Il faut d’ailleurs dénoncer ici les appels à la rentabilité des parquets par Madame Onckelinks, qui est une façon insupportable d’instrumentaliser le pouvoir judiciaire à des fins politiques, électoralistes.

    Toute organisation politique progressiste devrait se mobiliser contre toutes ces régressions, car c’est véritablement l’exercice de nos droits constitutionnels qui est menacé. Si nous jouons le rôle des victimes indolentes, il se pourrait bien que le crocodile vienne nous manger.


    * La fin de l’Etat de droit, Lutte antiterroriste, de l’état d’exception à la dictature, Jean-Claude Paye, éd. La Dispute, 2004.

  • Les lycéens manifestent aussi aux USA contre l’occupation de l’Irak

    Bush a de plus en plus de difficultés à trouver des jeunes pour son armée d’occupation en Irak. Pour la majorité de la population américaine, c’est clair que la situation en Irak est dangereuse. Pour le moment, il y a plus de 2000 soldats tués et quelques 10 000 bléssés. La question est: pour qui ou quoi tous ces sacrifices sont faits ? Est-ce pour les intérêts des américains ou des multinationales?

    La réponse est claire. Bush a lancé une nouvelle offensive de charme pour boucher le trou dans le recutement de jeunes soldats. Il envoie des officiers spéciaux pour convaincre les jeunes de rejoindre l’armée, en les payant. Ces officiers se concentrent sur les quartiers les plus pauvres aux USA où habitent majoritairement des noirs et des hispaniques. Pour eux, rejoindre l’armée est souvent le seul moyen d’avoir un job bien payé et sûr. Ils sont obligés de travailler dans la guerre d’un système capitaliste qui est responsable des discriminations qu’ils vivent.

    Avec leur stupide patriotisme, ils vont aux écoles secondaires et ils parlent la langue de l’argent. Dans différentes écoles, il y a des contre-actions qui sont organisées par notre organisation soeur aux USA, Youth against War and Racism. De plus en plus d’officiers sont accueillis par des actions de masse.

    A Seattle, des soldats ont dû fuir le campus quand les lycéens ont commencé à jeter des bouteilles d’eau et des autres objets contre les militaires. Dans plusieurs endroits, les activités de recrutement sont annulées parce qu’ils ont peur des contre-actions. Cela montre que la population américaine n’est pas une masse conservatrice qui est entièrement derrière Bush. Mais qu’aux USA, il y a, de plus en plus, différentes classes qui se montrent. Cela va poser un serieux problème pour le régime de Bush.

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