Tag: Saint-Gilles

  • Saint-Gilles : Il nous faut 850 emplois locaux !

    Pour un plan radical d’investissements publics et la semaine des 30h pour défendre la qualité de nos services publics

    Depuis 4 ans, le gouvernement Michel continue d’imposer sa politique d’austérité et de cadeaux fiscaux aux entreprises. Jobs, Jobs, Jobs ? Sur toute la législature, on constate que 74,3 % du volume d’emploi salarié créé est constitué d’emplois précaires (à temps partiels ou intérimaires)(1). En mars, il y a une diminution du nombre de chômeurs complet indemnisés de 29 % à Bruxelles sur l’année 2017. Mais les demandeurs d’emploi qui ne touchent plus une allocation ont augmenté quant à eux de 59%. Au niveau des CPAS, il y a une augmentation de 49% des demandes d’allocations sur la dernière année.(2) Voici la réalité derrière la diminution du chômage de ces derniers mois : une avalanche de contrats précaires et d’exclusions de chômeurs. Cette politique vise à exacerber la concurrence entre travailleurs dans le but d’intensifier la pression à la baisse sur l’ensemble des salaires.

    Par Pietro (Bruxelles)

    Un sous-financement public inédit

    Dans les années ‘80, la Belgique consacrait 4,5% de son PIB à l’infrastructure. En 2012, il n’était plus question que de 1,7%.(3) C’est ce manque d’investissement qui est responsable de l’effondrement récent des tunnels et des chaussées à Bruxelles. Cette politique de drastique mise à la diète des services publics n’est d’ailleurs pas seulement l’apanage des autorités fédérales et régionales. Depuis 2012, l’investissement public des communes belges a chuté de 4 à 3 milliards d’euros par an, soit une diminution de près de 30 % qui a profondément aggravé diverses pénuries sociales(4). Le sacrifice de l’emploi public par le non remplacement de l’ensemble du personnel partant en pension n’a pas seulement de conséquences pour les travailleurs du secteur qui ne parviennent plus à correctement accomplir leurs missions, mais aussi pour l’ensemble de la population avec un accès à des services publics de moindre qualité.

    Diminution du temps de travail : l’hypocrisie des partis de gauche traditionnels

    En octobre 2016, le ministre bruxellois de l’Emploi, Didier Gosuin (Défi), a mis à l’étude un projet visant à passer à la semaine de quatre jours au sein de Bruxelles Propreté. Il affirmait alors que cela serait de nature à créer entre 400 et 500 emplois supplémentaires. Aujourd’hui, deux ans plus tard, on attend toujours. A l’automne 2017, le bourgmestre de Saint-Josse, Emir Kir (PS), expliquait qu’il désirait lui aussi imposer une telle mesure : la semaine des quatre jours, payés cinq, devait être concrétisée en janvier 2018 et proposée à l’ensemble des employés de la commune. Il n’en est désormais plus question que pour les + 55 ans et il n’y a toujours rien de concret. En compétition avec le PTB pour sauvegarder son électorat, c’est surtout le PS qui a repris la revendication de la semaine de 4 jours. Mais il est évident que le PS, à l’instar des autres partis traditionnels, est excessivement frileux quant à sa réelle mise en œuvre, surtout si elle vise à affecter l’ensemble des emplois locaux.

    Pour une réduction collective du temps de travail à 30h par semaine avec embauches compensatoires

    A Saint gilles, le taux de chômage est élevé : 27%, soit 6.300 demandeurs d’emploi indemnisés, sans compter les exclus(5). Le PS de Charles Piqué, qui a choisi de gouverner avec la droite en dépit de sa majorité absolue, n’a aucune volonté de défendre l’emploi communal pour améliorer nos services et combattre le chômage.

    L’emploi local à Bruxelles (les communes, les CPAS et les zones de police) compte 30.000 équivalent temps plein (ETP)(6). Avec la semaine de 30h, il serait possible de créer 8.000 emplois par embauches compensatoires dont 300 emplois locaux à Saint-Gilles. Il faut aussi nommer le personnel contractuel et transformer les articles 60 en emplois à temps plein avec un salaire minimum de 14 euros de l’heure. Dans la commune de Saint Gilles, cela correspondrait à 300 emplois décents en plus. Pour combattre les pénuries sociales, un plan radical d’investissements publics pour la création de 4 écoles, 30 crèches et 3000 logements sociaux permettrait de créer 250 emplois décents.

    Il faut appliquer une politique fondamentalement différente

    Si les sondages favorables au PTB se confirment, la question de majorités progressistes pourrait voir le jour à la suite des élections communales d’octobre prochain. Selon nous, un accord de majorité doit reposer sur le programme : l’introduction immédiate pour tous les employés communaux d’une semaine de 30 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, la nomination de l’ensemble du personnel et le remplacement des contrats précaires par des statuts de fonctionnaire ou, au moins, des contrats à durée indéterminée avec un salaire minimum de 14 €/h, ainsi qu’un programme massif d’investissements publics pour davantage de logements sociaux, de places dans les crèches et dans les écoles. Un tel accord de majorité rentrera en confrontation directe avec les restrictions budgétaires imposées au niveau fédéral et régional par les partis traditionnels.

    Dans les années ‘80, le conseil municipal de Liverpool, en Angleterre, a défendu un vaste programme d’investissements publics et de diminution du temps de travail du personnel de la ville pour créer des emplois. Mais pour faire une réalité de ce programme, il a été nécessaire d’organiser un front de résistance d’une vingtaine de municipalités de gauche contre Margareth Thatcher et de développer un sérieux rapport de force avec tous les travailleurs.
    Nous voulons défendre nos propositions concrètes et mobiliser autour d’elles, mais également autour de la compréhension que la réalisation d’un tel programme nécessitera l’instauration de mesures socialistes. Cela comprend le non-paiement de la dette publique, la collectivisation des banques pour investir l’épargne dans les besoins sociaux et non pour spéculer, ainsi que la mise sous propriété publique et contrôle démocratique des secteurs stratégique de l’économie.

    1) http://www.plan.be/admin/uploaded/201701171620310.REP_11301.pdf
    2) http://www.onem.be/sites/default/files/assets/publications/Rapport_Annuel/2017/Presentation_Presse_2017_FR.pdf
    3) https://www.plan.be/admin/uploaded/201802201013240.REP_ICPIB2018_11646_F_print.pdf
    4) https://www.belfius.be/publicsocial/FR/Media/Lokale%20financi%C3%ABn%202017%20Brussel%20FR_tcm_30-142222.pdf
    5) http://ibsa.brussels/fichiers/publications/bru19/St-Gilles.pdf
    6) https://www.belfius.be/publicsocial/FR/Media/Lokale%20financi%C3%ABn%202017%20Brussel%20FR_tcm_30-142222.pdf

  • Des réponses locales à la double tâche des femmes

    Parmi les revendications “Des services publics pour les tâches domestiques”

    Saint-Gilles : Pour un plan radical d’investissements publics pour 30 nouvelles crèches et des repas gratuits à l’école!

    La politique d’austérité est appliquée à tous les niveaux de pouvoir. Cela a des conséquences négatives pour tous les travailleurs et les femmes en particulier. En moyenne, les femmes font 245 minutes de tâches ménagères non rémunérées par semaine. 45% des salariées dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles travaillent à temps partiel, notamment en raison de cette double tâche. Seul un plan radical d’investissements publics dans les services publics peut offrir une solution à cette double tâche des femmes. Il nous faut une politique ancrée sur les besoins de la population, pas sur les limites budgétaires, à commencer par le niveau communal.

    Par Eveline (Bruxelles)

    Accueil public des enfants pour tout le monde

    Depuis les dernières élections communales, 180 places d’accueil d’enfants ont été créées à Saint-Gilles. Mais en dépit de cela, la pénurie reste structurelle. Le nombre de places d’accueil pour enfants à Saint-Gilles est toujours inférieur à la moyenne régionale, avec un taux de couverture de moins d’une place d’accueil pour quatre enfants.

    La pénurie continue de places d’accueil organisées et financées par les autorités a laissé place au secteur privé, qui revient cher. A peu près 45% des places d’accueil à Saint-Gilles sont privées et peuvent revenir à 700 euros par mois.

    Ce sous-investissement contribue à la situation socio-économique plus précaire et vulnérable des femmes. Cette situation force les femmes à organiser elles-mêmes l’accueil, puisque la prise en charge par le privé est souvent impayable. C’est généralement la personne au salaire le plus bas (souvent la femme) au sein du couple qui s’adapte.

    Nous estimons qu’il faut 30 nouvelles crèches publiques à Saint-Gilles pour s’en prendre efficacement au manque de places et limiter les prix.

    Pour des soins abordables et de qualité pour les ainés

    Ces cinq dernières années, la résidence en maisons de repos en Belgique est devenue presque 10% plus cher.

    Un nombre important des aînés de plus de 65 ans à Saint-Gilles vit dans des situations socio-économiques précaires et vulnérables (au-delà de la moyenne régionale).

    Il n’existe de lit dans leur commune que pour 8% des plus de 65 ans. Seuls 54,39% de ces lits sont organisés par la commune (CPAS).

    Pour un enseignement gratuit et de qualité

    4 enfants sur 10 à Bruxelles naissent sous le seuil de pauvreté. La pauvreté, cela signifie malnutrition ainsi que trop peu de stimulation et de soutien émotionnel, ce qui a une influence pour leurs soins de santé et leur enseignement, de même que des conséquences négatives sur leur développement cognitif et physique.

    Un repas chaud dans les écoles primaires à Saint-Gilles revient à 3,20 euros. La commune n’intervient pas dans le financement. De plus, ces repas sont sous-traités, tant dans les écoles communales que dans la maison de repos du CPAS, à l’entreprise privée Sodexo qui n’a qu’un objectif c.à.d. faire du profit. Cette sous-traitance a une influence sur la qualité des repas, souvent sans goût, déséquilibrés, gras et sans les vitamines nécessaires. Beaucoup d’enfants et d’aînés ne reçoivent ainsi pas le repas chaud sain dont ils ont besoin.

    La Commune doit elle-même assurer des repas gratuits dans toutes les écoles. Cette tâche ne peut être sous-traitée, mais doit être accomplie par du personnel communal.

    Pour une politique orientée vers les besoins de la population, pas vers les limites budgétaires

    Le gouvernement actuel a clairement illustré que des réponses structurelles à ces problèmes ne figurent pas parmi ses priorités. Au contraire, le gouvernement applique l’austérité à un rythme effréné sur les services publics, parmi lesquels l’enseignement et les soins.

    Il faudrait aujourd’hui en première instance assurer des repas gratuits et de qualité à chacun, dans les écoles, les maisons de repos et les crèches. Ces services publics doivent être arrachés des mains du secteur privé. Cela signifierait que chacun recevrait au moins un repas chaud de qualité par jour, ce qui serait très positif pour la santé. De plus, cela allègerait les tâches familiales et adoucirait la double tâche des femmes tout en permettant à celles-ci de trouver un meilleur équilibre entre famille, boulot et épanouissement personnel.

    Il n’y a rien qui retient les autorités locales de faire ces investissements. Ce n’est pas parce que les Régions ou les Communautés ne prennent pas leur responsabilité que la commune doit suivre cette voie. Un tel exemple s’est réalisé à Barcelone, où la maire Ada Colau a entamé la lutte contre la malnutrition des enfants en libérant trois fois plus d’argent pour des repas gratuits aux écoles. Elle a aussi réussi à réduire le coût de l’accueil des enfants de 62%. (Pour une analyse plus complète : voir l’article La gauche au pouvoir. L’expérience de Barcelone dans notre édition d’octobre).

    Il nous faut un plan massif d’investissements publics pour rendre les services publics accessibles, gratuits et de qualité. Seul un tel programme de lutte permettra une réelle émancipation des femmes.

  • Tous ensemble dans la rue le 29 septembre!

    Deux années de gouvernement Michel: Il nous écrase pour arroser le s entreprises de cadeaux

    Dégageons le gouvernement et toute la politique d’austérité

    VoSaintGilles_septembre2016us l’aurez remarqué dans votre portefeuille, les prix à la consommation explosent pour les aliments, les télécommunications, l’électricité… L’inflation en Belgique est de 1,6 %, le taux le plus élevé d’Europe. Le ministre de l’emploi et de l’économie Kris Peeters botte en touche en commandant une étude pour en déterminer les causes.

    Tract du PSL distribué à Saint Gilles (Bruxelles)

    Pourtant, ce renchérissement du coût de la vie est la conséquence de la politique de hausse de la TVA, des accises et des taxes pour la population. Ces hausses dépassent largement la petite augmentation de salaire net annoncée avec grand fracas. Le plus frappant est la hausse des factures d’électricité de 40,6 % au deuxième trimestre à cause de l’augmentation de la TVA à 21%, des tarifs de distribution et des taxes pour les certificats verts en Flandre.

    L’année dernière, les entreprises du Bel 20 ont reversé dix milliards d’euros en dividendes aux actionnaires. La diminution de nos salaires et allocations avec la perte de 2 % due au saut d’index et le blocage salarial ne leur suffisent pas. Le soi-disant “handicap salarial” n’existe plus selon la Banque nationale. Ainsi, nos salaires évoluent moins vite que les pays voisins malgré la productivité record des travailleurs belges. Mais le gouvernement, à la solde du Bel 20, veut encore revoir la “loi de 96 sur les salaires” pour mettre nos salaires à la diète pendant les 10 prochaines années.

    L’autre projet de loi de Kris Peeters, comparable à la loi “travail” en France, qui devait initialement rendre le travail soutenable pour accompagner l’augmentation de l’âge de départ à la pension à 67 ans, vise aujourd’hui à le rendre insoutenable en mettant fin à la semaine de 38h. L’annualisation du temps de travail (calcul à l’année) permettra des semaines de 45h et des journées de 9h. Celles-ci pourront encore être allongées à respectivement 50h et 11h avec le bonus de cent heures supplémentaires mis gratuitement à disposition des patrons.

    De l’autre côté, le gouvernement arrose les entreprises pour 12 milliards d’euros de cadeaux fiscaux divers. La Belgique est un paradis fiscal pour les multinationales, au point que même certaines des techniques pour éluder l’impôt, jugées les plus déloyales par l’OCDE et la Commission Européenne (comme les excess profit ruling et les intérêts notionnels) devront être revues. Mais pas question pour le gouvernement de faire contribuer les plus riches. Il envisage de diminuer l’impôt des sociétés jusqu’à un taux de 20 % tout en continuant la politique d’austérité pour 2,4 milliards d’euros d’ici fin 2017 avec probablement le mécanisme de solidarité qu’est la Sécurité Sociale dans le viseur.

    Construire une mobilisation de masse Dans le cadre du nouveau plan d’action syndical, le front commun des syndicats organise une nouvelle manifestation nationale le 29 septembre à Bruxelles à l’occasion des deux ans du gouvernement de droite et en prélude à la grève générale nationale du 7 octobre prochain. La vague de grèves en juin avec en premier lieu les agents pénitenciers et les cheminots illustre la combativité présente à la base. Cela ne changera rien ? Si nous sommes peu nombreux, le gouvernement se sentira en confiance pour continuer ses attaques. Si au contraire nous mobilisons encore une fois plus de 100.000 personnes, il baissera d’un ton et nous pourrons instaurer un climat propice pour engager encore plus de personnes dans la grève générale du 7 octobre et construire ainsi la pression nécessaire pour continuer ensuite.

    Ne restez pas au bord de la route et participez y vous-même ! Beaucoup de choses sont possibles. Sur votre lieu de travail, parlez-en à vos collègues et demandez à votre délégation syndicale d’organiser une assemblée du personnel si ce n’est pas déjà prévu. Proposez à l’un ou l’autre ami ou proche d’y participer à vos côtés. Accrochez une affiche à votre fenêtre ou chez les commerçants chez qui vous avez l’habitude de vous rendre. A l’école, un petit comité de mobilisation peut aider à faire participer les jeunes. Les étudiants peuvent prendre contact avec les délégués syndicaux du personnel pour aller à la manifestation ensemble.

    Une alternative à l’austérité est possible Le gouvernement Michel n’est en rien très solide. Sa raison d’être, changer radicalement le relations de force pour une société sans entraves pour le patronat, ferme la porte à la possibilité d’obtenir des accords acceptables pour les travailleurs et leur famille. Le mouvement des travailleurs a la capacité de le faire tomber.

    Si les syndicats cassaient leurs liens avec les partenaires politiques traditionnels et prenaient une initiative audacieuse en s’ouvrant aux nouveaux mouvements sociaux comme Tout Autre Chose ou Nuit Debout, ainsi qu’aux organisations de la gauche radicale comme le PTB et le PSL, ils pourraient redessiner la carte politique du pays en quelques mois. Le PSL apporterait sa pierre à l’édifice tout en continuant de promouvoir un socialisme démocratique et moderne où les connaissances et les ressources disponibles bénéficieraient à tous.

    14/10 Soirée-Débat : Angleterre : La réélection de Jeremy Corbyn et la guerre civile au sein du Parti travailliste

    19h au Pianofabriek, 35 rue du Fort à Saint-Gilles

    Avec Roger Bannister, syndicaliste anglais d’UNISON et militant de la campagne de soutien à Corbyn. Participant à la révolte de la ville de Liverpool contre Thatcher dans les années 80.

    Il y a un an, l’élection de Jeremy Corbyn sur un programme anti-austérité à la tête du parti travailliste en Angleterre fut accueillie avec effroi par l’establishment et avec enthousiasme par de larges couches de la population. Depuis, des dizaines de milliers de jeunes et travailleurs ont rejoint le parti. Il est aujourd’hui littéralement divisé en deux avec un camp pro-néo-libéral composé de la majorité des parlementaires blairistes d’une part, et de l’autre le camp des travailleurs. La droite blairiste a tenté de mener un coup d’état au sein du parti pour se débarrasser de Corbyn, ce qui a entrainé une vague massive de soutien sans précédent qui devrait lui permettre de regagner les élections contre le candidat de la droite. Le Socialist Party, parti frère du PSL en Angleterre, participe activement à la campagne de masse de soutien à Corbyn. La cohabitation avec les néo-libéraux est impossible. Une scission du parti pourrait engendrer un nouveau parti de masse des travailleurs en Angleterre.

    28/9: Journée d’action internationale pour le droit à l’avortement en Irlande ! 18h30 Ambassade d’Irlande, 180 Ch. d’Etterbeek

    anja_saintgilles« Le 28 septembre, la discussion commence dans le parlement irlandais sur la proposition de loi de Ruth Coppinger, élue du Socialist Party et figure de proue du mouvement femme socialiste Rosa, d’abolir l’interdiction de l’avortement. Les sondages montrent qu’une large majorité de la population soutient cela. Toutefois, les partis établis veulent gagner du temps dans l’espoir que le mouvement s’affaiblisse. »

    « Ce sont surtout les femmes à bas revenus qui sont lourdement touchées par l’interdiction. Malgré un coût d’à peu près 1500 livres pour le voyage et l’intervention non couverte par l’assurance santé, au moins 9 femmes vont avorter au Royaume-Uni chaque jour. En même temps, la politique d’austérité a mis beaucoup de gens, et certainement les femmes, dans une situation précaire. C’est pourquoi il faut se battre sur les deux plans : pour le droit à l’avortement et contre l’austérité. »

    « Le 28 septembre, à l’appel de Rosa, il va y avoir des actions de solidarité dans plusieurs villes. Participe au rendez-vous de Bruxelles, à 18h30 devant l’ambassade d’Irlande»

  • Bruxelles. Piquet de grève au CPAS de Saint Gilles

    saintgilles01saintgilles02Ce mardi 7 juin, la section de Saint Gilles de la CGSP ALR (Administrations Locales et Régionales) a organisé une journée de grève qui a commencé par un piquet devant le CPAS de Saint Gilles où s’est réunie une trentaine de personnes. Parmi les gros sujets du jour: la réforme des pensions et la loi Peeters. En effet, l’objectif à long terme du gouvernement est de baisser les pensions publiques pour les “harmoniser” avec le privé, une notion très perverse d’harmonisation. Le résultat sera que les travailleurs du public devront travailler plus pour avoir 300€ de pension en moins ! La loi Peeters est d’autre part un catalogue des horreurs qui toucherait tout le monde. L’ensemble de ces mesures vise à libéraliser le marché du travail et à supprimer toute contrainte pour l’employeur, et ça sera écrit dans la loi ! Le travailleur qui se plaindra sera menacé de licenciement !

    Par Marisa (Bruxelles)

    Le prochain arrêt de la journée était le CAFA (Centre d’Accompagnement et Formation pour Adultes) où quelques travailleurs sont sortis pour rejoindre l’action de sensibilisation. Fin de matinée, une assemblée générale du personnel a pris place au Home Le Tilleuls RLT, pour organiser la grève du 24 juin, avec participation des travailleurs de différents sites et services. Le choix de faire une action sur Saint Gilles est symbolique, car la pression faite aux travailleurs ne vient pas seulement du gouvernement fédéral, elle est exercée à tous les niveaux de pouvoir, le régional et le local aussi. Les travailleurs des administrations locales constatent le manque d’informations et leur rétention de la part de l’employeur. Il y a aussi des problèmes vis-à-vis de la prévention au travail: manque des places dans les bureaux, températures inadéquates sur les lieux de travail, manque de formation pour les membres du CPPT,… Dans ce même Home, le personnel a été exposé à des fibres d’amiante pendant des années et cela a pris 3 ans pour changer l’installation !

    saintgilles05L’ensemble de cette action est une première depuis des années. C’est une initiative très réussite pour commencer à restaurer des habitudes syndicales dans la commune, pour se rassembler et prendre de décisions collectives quand quelque chose ne va pas.

    Les services publics ne vont pas bien, c’est certain. Les missions des services publics sont menacées à cause de la privatisation (en cours dans le nettoyage, la cuisine et les services techniques) et par des années de sous-investissement et de coups budgétaires, également du fait du gouvernement Di Rupo. Plus que jamais, nous devons les défendre. La seule solution est de se manifester, de construire le rapport de forces en étant nombreux et déterminés lors de la grève du 24 juin. Reprenons ce qui nous appartient !

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  • La manifestation des femmes sans papiers dimanche se terminera bien à Saint Gilles!

    Femmes_SP_06MARSIl y a quelques jours, nous avions publié sur ce site le communiqué de presse du comité des femmes Sans-Papiers et de la Coordination des Sans Papiers de Belgique concernant le blocage du bourgmestre de Saint-Gilles, Picqué, en relation avec la manifestation visant à dénoncer ce dimanche 6 mars le sexisme que subissent des femmes en Belgique et dans le monde, et plus particulièrement les femmes sans-papier et de leurs enfants.

    Nous sommes heureux de pouvoir annoncer que la commune de Saint-Gilles a fini par autoriser que cette marche se clôture sur le carré Moscou, à côté du parvis de Saint Gilles, au centre de la commune.

    Les femmes sans-papiers sont extrêmement vulnérables : en plus d’une précarité économique souvent extrême, elles n’ont aucun recours possible lorsqu’elles sont sujettes à de la violence. Leur seul perspective pour un avenir, c’est de participer à la construction d’une lutte la plus unie possible pour un changement de société.

    Nous appelons donc à être le plus nombreux possible ce dimanche 6 mars pour participer à cette manifestation organisée par le Comité des Femmes Sans-Papier, notamment pour exiger la régularisation de tous les sans-papiers.

    Contre les tentatives de division, toujours plus agressives, nous devons opposer une lutte et un combat unitaires : hommes et femmes, avec ou sans papiers, jeunes et travailleurs avec ou sans emploi,… Nous avons tous droit au logement, à l’éducation, aux soins,… à la dignité.

    Ce dimanche 6 mars à 13h, à partir de la Gare Centrale à Bruxelles.

     

  • Anja Deschoemacker interpelle le Conseil Communal de Saint-Gilles

    Anja Deschoemacker, porte-parole de Gauches Communes, a interpelé hier le conseil communal de Saint-Gilles pour proposer une commune sans Sanctions Administratives Communales et demander de répondre aux problèmes sociaux des jeunes et des Saint-Gillois au lieu de durcir la règlementation communale.

    Lors du conseil communal d’octobre, le bourgmestre Charles Picqué avait déjà été interpelé quant à sa vision des SAC à Saint-Gilles. Le bourgmestre avait répondu qu’il est lui-même un des pionniers des SAC et est particulièrement content que le gouvernement ait décidé d’en élargir les possibilités d’application de ces amendes ! Par ailleurs, il a expliqué n’avoir aucun problème de donner des SAC à des jeunes de 14 ans, car, selon lui, la loi prévoit assez de garanties contre l’utilisation arbitraire des SAC. Il appelait d’ailleurs la fraction cdH à demander à leur ministre Milquet de publier les Arrêtés Royaux au plus vite possible pour cette loi, afin qu’il puisse durcir la loi à Saint-Gilles également !

    Pour Gauches Communes, la criminalisation n’est pas la solution. Il faut avant tout des réponses sociales pour les problèmes sociaux. Il est illusoire de penser pouvoir résoudre la situation des dépôts de déchets illégaux quand on continue à couper dans le budget des services de ramassage de poubelles, en diminuant la fréquence des récoltes, en fermant des parcs containers et en augmentant le prix des sacs poubelles!

    Gauches Communes réclame l’instauration d’un plan massif d’investissements publics. Un tel plan pourrait fournir à la population, des services publics gratuits et de qualité avec notamment un service de propreté plus régulier et efficace, des logements sociaux et des quartiers de qualité et agréables à vivre, des emplois décents pour les jeunes et un enseignement gratuit, de qualité et adapté à chacun !

    C’est possible, en en finissant avec la politique d’austérité qui détruit l’économie et nos vies, en refusant le paiement de la dette et en nationalisant les banques et les secteurs vitaux de l’économie sous contrôle démocratique.

    Photos : PPICS – Banque d’images

  • STOP aux SAC et à l’AUSTERITE !

    Non à la répression – Luttons pour une politique sociale !

    Par Gauches Communes

    26 octobre 2013, 2000 jeunes sont dans la rue contre la nouvelle loi du gouvernement et contre l’ensemble du système des Sanctions Administratives Communales (SAC). 85 organisations de jeunesse ont ainsi répondu à l’appel des campagnes StopSAC.be et TegenGAS.be d’opposer aux amendes administratives données par les communes, une politique sociale pour résoudre le problème des incivilités. Avec la nouvelle loi, les SAC pourront aller jusqu’à 350 €, et être données dès l’âge de 14 ans (contre 16 jusqu’ici).

    Ces amendes sont le plus souvent utilisées pour sanctionner le fait de mettre son sac poubelle dehors au mauvais moment ou jeter son mégot de cigarette par terre. L’arbitraire règne totalement car les bourgmestres sont juge et partie. On a ainsi affaire à une véritable justice de “shérif” qui entraîne inévitablement son lot d’absurdités et d’injustices : une SAC a, par exemple, été donnée à une dame pour avoir décoré d’un pot de fleurs le bas de sa porte à Schaerbeek. Elles sont aussi utilisées pour limiter la liberté d’expression. Par exemple, le bourgmestre de Bruxelles les a utilisées contre une manifestation pacifique qui dénonçait l’austérité en Europe. (…)

    Suite sur le site de Gauches Communes

     

  • Bruxelles : Une région marquée par les pénuries et les inégalités (5)

    Les finances des communes et des régions sont dans un état catastrophique. A Bruxelles, de nombreux niveaux d’autorité sont représentés, mais ils ont tous en commun de mener une politique d’assainissements et d’austérité. A ces sévères économies antisociales, il convient de répondre par une résistance sociale conséquente. Cela nécessite un programme reposant, au-delà de l’opposition à la politique actuelle, sur une alternative claire. Cet article est la dernière partie de notre dossier sur Bruxelles, avec les conclusions qui s’imposent selon nous.

    Les finances communales boivent la tasse, aux travailleurs et à leur famille de payer la note…

    Selon l’analyse des budgets communaux réalisée par Belfius, 13 des 19 communes bruxelloises sont en déficit pour 2013. Ces chiffres sont de loin plus mauvais que pour les autres régions de Belgique. Après une législature 2000-2006 marquée par une dégradation des finances communales, Charles Picqué, également Ministre de tutelle des pouvoirs locaux à la région, annonçait pourtant une « stabilisation financière » des communes « grâce à l’action de la région et une gestion parcimonieuse des communes » pour 2006-2012.

    Par « action de la région », Picqué réfère surtout à l’injection chaque année depuis 2007 de 30 millions € supplémentaires pour l’équilibre budgétaire des communes. Sans cette aide, une seule commune ne serait pas en déficit chaque année. Picqué a conditionné cela à la présentation et au respect d’un plan financier trisannuel par les communes, devançant ainsi les nouvelles directives européennes contenues dans le Six-Pack et traduisant la volonté du bon plombier institutionnel qu’il est de développer la gestion de l’austérité et des pénuries au niveau des communes. Par « gestion parcimonieuse », Picqué réfère à la politique d’assainissement des autorités locales, par laquelle la croissance des dépenses par habitant a été inférieure à l’inflation, aggravant les pénuries. Et cela malgré une croissance annuelle des dotations aux zones de police de 5% et des dotations aux CPAS de 5,5%.

    Comme nous l’avons déjà vu, le rendement du PRI varie fortement d’une commune à l’autre. De son côté, la part de l’IPP dans les recettes des communes tend à diminuer (de 15% en 2006 à 11% en 2012) du fait de l’appauvrissement de la population. Les recettes dues à l’intervention régionale croissent quant à elles annuellement de 5% et représentent aujourd’hui 22,5% des revenus des communes. Les subsides du fédéral, des communautés et de la Cocof correspondent pour leur part à 13,5% des revenus.

    Les recettes sur les produits financiers ont quant à elles enregistré un important recul depuis 2005 suite à la libéralisation du secteur de l’énergie (pertes des dividendes des intercommunales) et depuis 2009 avec la liquidation du Holding Communal (suppression des dividendes via Dexia). Les recettes de dette (à la fois sur les intérêts créditeurs et sur les dividendes des participations aux intercommunales dont Sibelga, HydroBru et Brutélé) ne représentent plus que 3,7% des sources de revenus des communes en 2012 contre 8,5% dix an plus tôt.

    Dans le secteur de l’énergie, qui générait autrefois d’importants dividendes, les communes se concentrent désormais sur l’activité du gestionnaire de réseau. Les pertes liées à la fourniture a été compensé à Bruxelles par une redevance voirie (électricité et gaz) qui atteint un rendement budgétaire actuellement de 30 millions €. Les dividendes sur le gaz et l’électricité sont passé de 70 millions € par an en 2002 à 55 millions € à partir de 2005 et à 50 millions € depuis 2011. Interfin (bras financier des communes dans Sibelga) a toutefois versé un dividende exceptionnel de 32 millions € aux communes en 2010, qui provient du surcoût de la distribution tarifé aux consommateurs. Les communes ont décidé ces dernières années d’obtenir de plus en plus de revenus de Sibelga. Alors que le bénéfice de 2012 de Sibelga a encore augmenté à 87,3 millions € par rapport à 66,5 millions € en 2011, les dividendes versés s’élèvent à 79,6 millions € (à 75% pour les communes et à 25% pour Electrabel).

    Les mesures du gouvernement fédéral pour limiter les prix excessifs des fournisseurs sont arrivées trop tard et sont trop limitées. De plus, la CREG (la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz) avait sonné l’alarme dans son rapport de janvier 2012, expliquant que les tarifs de distribution pratiqués par les communes sont beaucoup trop élevés par rapport aux pays voisins. De fait, sur l’ensemble de la facture d’énergie, ce sont surtout les coûts de la distribution qui ont le plus augmenté depuis 2008 : ils correspondent à environ 40% de la facture de gaz et d’électricité soit en moyenne 600 € pour un ménage ! Paradoxalement, le coût de la distribution à Bruxelles est le plus élevés qu’en Flandre et en Wallonie alors que le territoire et donc le réseau est pourtant nettement moins vaste.

    Entre 2008 et 2012, la commune de Saint-Gilles a doublé ses revenus annuels sur le gaz et l’électricité de 2,6 millions € à 5,3 millions €. Ces augmentations de revenus (redevance voirie, obligation service public, dividendes et la « revente exceptionnelle » en 2011 de patrimoine communal à Sibelga) sont à leur tour transférés sur la note des usagers. En moyenne, cela représente 110 € de taxe cachée chaque année pour chaque Saint-Gillois. Ce qui équivaut au coût de la perte de Dexia.

    A travers le Holding Communal, les communes belges détenaient 14% des parts de Dexia. Avec la faillite de la banque, les dividendes (25 millions € en 2008) ont été réduits à néant en 2009. Tous les partis traditionnels ont participé à cette orgie spéculative. Le conseil d’administration de Dexia était bourré de politiciens alors que la banque maximisait les risques pour obtenir des rendements les plus élevés possibles.

    En 2008, il a été demandé aux communes de mettre de l’argent sur la table pour sauver la banque en difficulté. Saint-Gilles augmente alors sa participation au capital de 4 millions €. Aux côtés de Saint-Gilles, Anderlecht, Bruxelles, Ixelles, et Schaerbeek participeront également un maximum. Ensuite Saint-Josse, Molenbeek, Etterbeek, Uccle et Jette augmenteront aussi fortement leur part. Picqué écrit alors, dans son rapport financier 2002-2011, que « grâce à la recapitalisation du groupe, les communes limitent la casse avec environ 8 millions € de recettes par an ». Peu de temps après, tout cet argent a disparu car la recapitalisation n’a pas empêché la débâcle. Au final, la perte annuelle se chiffre à 2 millions € pour Saint-Gilles et 4 millions € pour Ixelles. Les communes ont même contractés des prêts chez Dexia pour cela ! Par exemple, Saint-Gilles repaye encore chaque année jusqu’en 2019 500.000 € de remboursement du prêt pour la recapitalisation. Désormais, l’austérité passe également par les communes

    Pour combler les déficits communaux, les différentes majorités communales appliquent à leur niveau l’austérité notamment en augmentant diverses taxes. Cette augmentation est en moyenne de 8,7% en région bruxelloise par rapport à 2012, ce qui équivaut à un montant de 130 € par habitant en plus. Ces taxes portent principalement sur les bureaux et les chambres d’hôtels mais les plus fortes augmentations sont sur la mobilité et le stationnement. Pour les budgets 2013 des 19 communes, Belfius estime que les taxes sur le stationnement représentent une recette d’un peu plus de 51 millions €, soit 9,2 millions € de plus qu’il y a 3 ans (+ 25 %). Cela devrait encore augmenter en 2014, avec la mise en place du nouveau plan de stationnement régional dès le 1er janvier. Cette réforme du plan de stationnement régional s’accompagne de la réforme, par le fédéral cette fois, de la loi sur les sanctions administratives communales. Cette réforme prévoit notamment l’élargissement de la fonction d’agents constatateurs et l’augmentation du plafond des amendes à 350 €.

    Pour la bourgeoisie belge, les régions et les communautés sont des outils très utiles pour réaliser différents assainissements. Ses politiciens traditionnels en maîtrisent l’art. Un niveau de pouvoir n’est pas encore suffisamment utilisé à leur goût pour réaliser l’austérité : la commune. Un des objectifs du gouvernement régional est de disséminer des coupes dans les services communaux et en même temps d’utiliser ces services pour traire encore plus la population et les travailleurs.

    Ixelles a ouvert le bal de l’austérité communale 2013 en publiant en février son budget. La nouvelle majorité Ixelloise (PS-MR-Sp.a) prévoit 18 mesures, parmi lesquelles : diminution du nombre de fonctionnaires communaux (non remplacement d’un tiers des départs), fermeture de deux restaurants sociaux, suppression de la moitié des subsides aux associations, fermeture de la déchetterie communale, augmentation de 15% en moyenne des frais des services communaux et des taxes supplémentaires… Comme Picqué à la région, la commune d’Ixelles veut faire payer la crise au personnel communal et aux habitants.

    La situation de la commune de Saint-Gilles semble de son côté assez paradoxale. Près d’un an après les élections communales, la majorité n’a toujours pas publié de déclaration de politique générale. De plus, si le budget 2013 a été voté en avril (avec un déficit d’environ 3 millions €), la majorité n’a même pas soumis le plan triennal rendue à la région à l’ensemble du conseil communal, alors que ce plan est censé cadrer l’orientation des budgets communaux pour les trois prochaines années. C’est la seule commune de la région bruxelloise dans ce cas. Serait-ce lié au retour de Charles au maïorat ? Une région marquée par les pénuries et les inégalités signée Picqué

    Lors de son départ de la région, le journal « Le Soir » rendait hommage à Picqué comme le meilleur garant des intérêts de la région bruxelloise contre la Flandre. D’autant que lors de la 6e réforme de l’Etat, le « créateur » de la région a pu obtenir un refinancement à hauteur de 461 millions €. La région va-t-elle pouvoir à présent garantir les droits et besoins des différentes communautés qui vivent à Bruxelles ?

    Rien n’est moins sûr. En juillet dernier, le gouvernement bruxellois a présenté les grandes lignes du budget régional pour 2014. Au menu : 120 millions € d’assainissements, soit 4% du budget de la région. Ces premiers assainissements budgétaires signés Vervoort sont de loin supérieurs à ceux de 2013 qui étaient de 83 millions €. Le détail des réductions de budget et des augmentations de taxes n’est pas encore connu, le conclave étant planifié pour fin septembre. Il est fort probable que le traditionnel salami sera de mise pour réaliser les assainissements, en utilisant également l’échelon communal pour appliquer l’austérité.

    La 6e réforme de l’Etat prévoit parallèlement au refinancement le transfert de toute une série de nouvelles compétences aux régions relatives à l’emploi, aux soins de santé, aux allocations familiales… Ces nouvelles compétences représentent près de 25% de l’ensemble de la sécurité sociale. Il est probable que ces services rencontrent un sous-financement du même ordre que ce qui se fait déjà dans la région aujourd’hui. En outre, ces nouvelles thématiques risquent fort d’intensifier les complications communautaires et les passages par la commission communautaire commune (cocom).

    Faudra-t-il simplifier les administrations publiques à Bruxelles ? Si une telle simplification se faisait au détriment des moyens, ça ne serait pas mieux, les pénuries augmentant les conflits et discriminations. La seule véritable solution est celle qui s’attaque à la racine du problème : organiser les services et infrastructures en fonction des besoins plutôt qu’utiliser différents niveaux de pouvoir pour aménager les différentes pénuries.

    C’est pourtant cette dernière logique qui est derrière la réforme d’Etat fédéral et la réforme interne de la région. En 2010, Verdonck, Taymans et Ector, trois professeurs de centre d’études régionales bruxelloises des facultés universitaires de Saint-Louis, ont sorti une étude qui calculait un besoin de financement complémentaire à 720 millions €, basé sur les surcoûts et les manques à gagner subis par la région par rapport aux autres régions. Cependant, la somme prévue par l’accord institutionnel n’est que 461 millions €.

    Selon l’étude, la différence entre ces besoins et le refinancement obtenu dans les différents budgets est la suivante : 56 millions € nécessaires en matière de sécurité contre 30 obtenus, pour les coûts liés au bilinguisme et les structures politiques administratives c’est un besoin de 89 millions € pour 68 obtenus, dont 40 à travers les commissions communautaires. Le manque à gagner du fait de l’absence de solidarité de l’hinterland bruxellois est estimé à 430 millions €, alors que la loi de financement n’apporterait qu’au maximum 44 millions € à partir de 2015 sur base de l’importance des navetteurs. L’étude calcule un surcoût pour les CPAS dû à l’attraction de la capitale vis-à-vis des populations défavorisées à 89 millions €, or rien n’est prévu sur ce plan-là.

    Concernant la mobilité et le manque à gagner dû aux exonérations fiscales octroyées aux institutions et fonctionnaires internationaux, les moyens nécessaires sont calculés par l’étude à respectivement 122 et 127 millions €. Dans ces cas-ci, le refinancement rencontre ces montants. Mais il faut garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’une étude faite par des socialistes et basée sur les vrais besoins. Il s’agit d’une comparaison de Bruxelles avec le reste du pays (toute politique restant le même) et sur cette base-là de calculer les désavantages de la vielle et de la nouvelle loi de financement pour la région de Bruxelles. Cette étude se place dans le cadre d’une redistribution des pénuries plus « équitablement » sur tout le pays et non de résoudre les pénuries. Les besoins réels, partant de la défense du droit d’une vie décente pour chacun, demandent évidemment beaucoup plus de moyens.

    Le caractère forfaitaire des dotations complémentaires risque à terme de nécessiter une nouvelle négociation si les besoins objectifs augmentent substantiellement (ce qui est la perspective la plus probable). En plus, la moitié des dotations prévues ne peuvent pas être librement utilisées, mais sont prévues pour des matières spécifiques (« pas de chèque en blanc », comme disaient les partis flamands). L’absence de financement pour combler le manque à gagner pour la région lié au fait que les gens qui travaillent à Bruxelles payent leurs impôts dans une autre région et pour combler le surcoût dû à la forte attraction de la capitale pour des populations va pousser le gouvernement bruxellois encore plus dans sa logique d’attirer des couches plus aisés en repoussant les couches pauvres.

    A Bruxelles, la bourgeoisie belge a pu compter sur un énième plombier institutionnel à son service. Récemment, Picqué déclarait encore : « On n’a pas pu anticiper le boom démographique, c’est un facteur sur lequel nous n’avons pas de prise ». Si la croissance démographique apparaît comme étant « Le » problème de Bruxelles générant des pénuries, c’est bien parce qu’il met en évidence des décennies de sous-investissement dans les services et infrastructures collectifs, conséquence des politiques néolibérales des gouvernements Picqué. Pour faire face à ces pénuries, les « solutions » alternent entre des plans de bricolage temporaires, des taxes en augmentation, voire des sanctions. Dans tous les cas, ce sont la population bruxelloise et les travailleurs qui en payent les frais. Ces 20 années de gouvernements Picqué sont finalement très illustratives du processus de bourgeoisification de la social-démocratie.

    En même temps, une configuration de gouvernement « Olivier » a permis de faire jouer les liens privilégiés des directions syndicales avec les partis traditionnels au gouvernement, afin d’éviter un mouvement généralisé malgré la pression de la base. La rhétorique des dirigeants syndicaux qui était de conditionner toute revendication à l’obtention du refinancement de la région bruxelloise a été une expression de ce lien. Comme cela a été expliqué dans le cadre des conditions de travail des ALR, cette rhétorique était une supercherie, le refinancement n’ayant en rien été utilisé pour améliorer les acquis et inverser la tendance qui est l’accroissement des pénuries. Une rupture des liens avec ces partis traditionnels et un nouveau parti de masse défendant les intérêts des travailleurs est nécessaire.

    Les inégalités croissantes qui découlent des pénuries sont illustrées par l’évolution des revenus des 10% les plus riches à Bruxelles comparativement à l’évolution des revenus des 10% les plus pauvres, et ce de 1985 à 2007. Alors que les 10% les plus aisés ont vu leurs revenus doublés par rapport à 1985, pour les 10% les plus pauvres ces revenus sont deux fois plus faibles. Ce graphe ne tient même pas compte de la crise et de ses effets ces 5 dernières années. Cette « fracture sociale » est une illustration du résultat de 20 années de gouvernements Picqué.

    Conclusion

    Comme l’ont illustré les récents mouvements de masse en Turquie autour de la place Taksim et au Brésil lors de la coupe des confédérations, les politiques de la ville qui combinent le prestige pour une minorité et les pénuries pour une majorité peuvent avoir un effet d’étincelle sur la colère et être un point de départ pour la remise en question de tout un système. Le type de lutte comme celle des travailleurs communaux d’Ath et plus récemment ceux de Saint-Nicolas, qui ont mobilisé le soutien de la population contre l’externalisation de la récolte des déchets, se développeront également à terme dans les communes bruxelloises.

    Les travailleurs de Bruxelles-Propreté ou ceux du site Horta ont déjà illustré leur capacité à entrer en action. Les travailleurs communaux de Saint-Gilles ont recommencé à mener des actions dans la commune comme lors du 14 novembre dernier. Ils expliquaient alors qu’ils voulaient renouer avec des traditions syndicales plus combatives. Avec le PSL et les campagnes « Reprenons nos communes ! », nous voulons accompagner les syndicalistes et les habitants à Bruxelles et dans les communes où nous sommes implantés à travers ce processus.

    Le point de départ pour les budgets doivent être les besoins de la population et non les moyens limités imposés, car les richesses existent dans la société, il faut aller les prendre là où elles se trouvent, y compris au niveau communal ou régional. Un plan radical d’investissements publics massifs est nécessaire pour créer massivement des logements sociaux, des écoles, de crèches, du transport public, des soins de qualité, des emplois décents et du pouvoir d’achat.

    Cela nécessiterait d’élaborer un budget en déficit. Une majorité socialiste devrait alors mener une campagne massive dans la commune ou la ville, notamment avec les travailleurs des ALR, pour construire un plan de mobilisation large visant à soutenir ces mesures nécessaires et imposer un tel budget. Cela ouvrirait un front contre le gouvernement d’austérité Di Rupo et son successeur comme l’a illustré l’exemple de la majorité socialiste de la ville de Liverpool et ses habitants face à Thatcher dans les années ‘80.

    Ce plan radical ne peut pas être cantonné au niveau communal ou régional, mais doit être couplé à l’abolition de la dette et à la nationalisation sous contrôle démocratique des travailleurs des banques, du secteur de l’énergie et des autres secteurs clés de l’économie et à la transformation socialiste de la société.

  • Bruxelles : Une région marquée par les pénuries et les inégalités (4)

    Le problème de la mobilité à Bruxelles n’est pas connu que des habitants de la capitale… Des navetteurs jusqu’à la moindre personne désireuse de se rendre à bruxelles, chacun peut constater les conséquences de la mauvaise gestion de la problématique de la mobilité. Et les problèmes en manque de solution risquent de tout bloquer. Au sens propre comme au figuré.

    La région et les communes font payer l’absence de solution pour la mobilité à la population et aux travailleurs

    La déclaration d’investiture du gouvernement bruxellois de 2009 affichait la volonté de viser à la gratuité des transports publics et avait fait de la mobilité une priorité face aux embouteillages et à la pollution. Le plan Iris 2 devait faire diminuer de 20% la charge sur le réseau routier pour 2018. Cela ressemblait fort à une déclaration d’intention creuse, étant donné que le flou était entretenu quant aux moyens alloués pour atteindre ces objectifs. Et force est de constater à présent que c’est le chemin inverse qui a été suivi.

    Les heures de pointe s’étalent de plus en plus dans le temps et d’ici 2015, la charge sur le réseau routier devrait encore augmenter de 7% et les temps de déplacement de 45%. Au niveau des transports en communs, la Stib continue à « traire » ses clients, en lieu et place d’une gratuité. Année après année, les usagers subissent des hausses de tarifs incessantes (deux fois l’inflation en moyenne sous les deux dernières législatures Picqué) et les +65 ans se sont vus dernièrement retirer la gratuité de leur abonnement sur le réseau. Comble de l’ironie, cette dernière mesure était présentée en « solidarité des plus jeunes », car il s’agit pour la région de compenser la perte due à l’arrêt de la participation de la Communauté française à la réduction sur les abonnements scolaires.

    Cette année, la Stib estime l’utilisation de ses bus, trams et métros à 348 millions de voyageurs. Le réseau atteint à présent une saturation à l’heure de pointe, sans qu’il n’y ait une augmentation conséquente de l’offre mise en œuvre. Plus d’un tiers des ménages bruxellois n’ont pas de voiture et seuls 22% des bruxellois l’utilisent quotidiennement. Tous ces chiffres suffisent à illustrer que le plus gros problème de mobilité à Bruxelles réside dans le sous-investissement dans les transports publics.

    Ces assainissements se font non seulement aux frais des usagers, mais aussi sur le dos des conditions de travail et de sécurité du personnel. Durant la durée du nouveau contrat de gestion 2013-2017, 116 millions € d’assainissements sont à réaliser. Au menu : diminution des frais de fonctionnement, « réduction de l’absentéisme »… Parallèlement à ces assainissements, des investissements sont prévus pour un renouvellement d’une partie du matériel roulant usé, mais aucune mesure n’est prise pour augmenter l’offre de manière conséquente. A partir de 2017, un budget important sera consacré à l’automatisation du métro, en particulier la partie centrale de l’axe est-ouest. Dans la logique actuelle, nulle doute que cette automatisation se fera au détriment de l’emploi.

    La sécurité est un aspect important des conditions de travail du personnel de la Stib, comme l’a encore durement démontré le meurtre d’un superviseur à Schaerbeek en avril 2012. Suite à cet évènement, le personnel a mené une grève courageuse de 6 jours pour arracher plus de moyens pour leur sécurité au travail. Grâce à cette lutte, ils ont obtenu que les superviseurs soient à deux lors de leurs interventions, que 50 travailleurs supplémentaires soient embauchés au service de sécurité de la Stib et que la troisième voiture d’intervention soit disponible durant toutes les heures d’exploitation. Par le passé, il y avait un accompagnateur pour chaque chauffeur. Mais la course à la rentabilité des patrons de la Stib et de la région est passée par là.

    Combien couterait la gratuité de la Stib ? « C’est une décision politique » selon la Stib. Marie De Schrijver a essayé de répondre à cette question dans son article pour « Le Soir » qui couvrait notre action à Saint-Gilles : « On peut tabler sur les 165 millions € de recettes directes (2010), même si le calcul est plus nuancé. On en déduirait le prix de l’émission et la vente des titres de transports, ou encore des contrôles et portiques. Mais s’y ajouterait le coût d’une augmentation de la fréquentation. La dotation annuelle globale, qui s’élève à 400 millions €, devrait pallier cette absence de recettes ». Nous ne défendons évidemment pas l’idée selon laquelle l’introduction de la gratuité se ferait au détriment d’une partie des plus de 6.500 emplois à la Stib. Au contraire, pour nous la gratuité demandera des investissements publics massifs pour un développement gigantesque du réseau s’accompagnant de la création de nombreux emplois décents.

    En lieu et place d’un plan ambitieux pour les transports en commun, la région a concocté un plan sur le stationnement qui sera d’application dès le 1e janvier 2014. Ce plan, amené à être concrétisé par les communes, prévoit la généralisation des cartes riverains pour toutes les communes (5 € la première carte, 50 € la deuxième, etc…) permettant un stationnement dans un rayon de 1,5 km autour du domicile. Pour le reste, le plan généralise les horodateurs pour les places de stationnement en voirie tout en diminuant drastiquement le nombre de ces places. Le plan prévoit une compensation par des places « hors voirie », comme des parkings souterrains, encore plus chers, comme le parking Vinci place Flagey à Ixelles, fruit d’un PPP dans lequel la commune a investi 7 millions €.

    Initialement les horodateurs visaient à éviter les voitures « tampon » et réguler le stationnement dans les artères commerçantes. Aujourd’hui, il s’agit de véritables vaches à lait pour combler les déficits communaux, installés jusque dans les coins les plus reculés. En 2011, les horodateurs rapportaient 42 millions € au communes bruxelloises dont 15 à Bruxelles, 5 à Anderlecht et Schaerbeek, 3 à Etterbeek et 2,2 à Ixelles.

    Saint-Gilles a suivi la tendance à l’augmentation des prix à 20 € la demi-journée de stationnement et a budgétisé ainsi 4 millions € en 2012. Le PTB Saint-Gillois a mené une campagne contre ce plan parking, en revendiquant la gratuité pour la 1ere carte riverain au lieu de 5 €. Cela a été repris par le PS dans son programme électoral et appliqué dans le nouveau budget 2013. « Nous nous étions réjouis que la pression de notre campagne citoyenne ait fait plier le PS », déclarait Benjamin Pestieau au sujet du programme électoral du PS. Cela illustre pourtant les limites de la politique « des petites victoires », le PS se servant ainsi d’une revendication peu coûteuse pour emballer socialement son plan d’austérité sur le parking.

    Les revenus des taxes communales pour les 19 communes ont augmenté de près de 52 millions € entre 2009 et 2012 (pour une croissance de 17,5 millions € entre 2006 et 2009). Les revenus des horodateurs en sont la raison principale. Seul Berchem, Watermael-Boitsfort et Auderghem n’appliquent pas encore ce système de parcmètres. A défaut de résoudre structurellement les problèmes de mobilité de la capitale avec une offre en transports en commun adéquate, le gouvernement régional et les communes utilisent cette lacune pour traire un peu plus les personnes qui résident ou travaillent à Bruxelles.

    Le cynisme du gouvernement régional va jusqu’à présenter ce plan comme une avancée pour la population, puisqu’il s’agirait d’une « harmonisation », et que « tout citoyen qui cherche à se garer aura droit à un traitement juste et égal » selon les dires de Brigitte Grouwels (ministre Bruxelloise entre autre des transports, CD&V). Pour les personnes travaillant dans une commune dans laquelle ils n’habitent pas, ce traitement juste et égal consiste en un abonnement qui chiffre à 750 € l’année comme l’ont dénoncé les travailleurs de l’hôpital Brugmann en octobre 2012.

    Deux assemblées générales du personnel réunissant 400 travailleurs avaient permis de mobiliser les travailleurs du site Horta dans un plan d’action contre le plan parking de la Ville de Bruxelles. Ils ont revendiqué que le parking de l’hôpital ne soit plus réservé qu’aux cadres, qu’une carte de riverain gratuite soit mise à disposition du personnel et la gratuité pour le trajet domicile-travail via une meilleure offre en transports en commun. Malheureusement, l’absence d’initiative des directions syndicales pour élaborer un plan d’action n’a pas permis d’élargir la lutte à l’ensemble des travailleurs du service public bruxellois.

  • Bruxelles : Une région marquée par les pénuries et les inégalités (3)

    Comme cela était déjà souligné dans la première partie de ce dossier consacré à Bruxelles, la capitale connait une croissance de sa population. Le nombre d’enfants et de jeunes est croissant ce qui pose de nombreux défis pour le logement, mais aussi pour l’enseignement et l’accueil des enfants. Les pénuries sont nombreuses. Ces deux aspects sont examinés dans cette troisième partie.

    Des années de sous-investissement dans l’enseignement

    L’enseignement bruxellois est-il responsable du chômage ? Cette question a été posée par le journal Le Soir à différents politiciens au pouvoir à la région dans le cadre d’un de ses dossiers « SOS Bruxelles ». Ces politiciens ont vu dans cette question une belle échappatoire, leur permettant de se débiner de leur responsabilité vis-à-vis de l’emploi et de pointer du doigt un autre niveau de pouvoir, les communautés, comme étant le responsable des problèmes d’emploi à Bruxelles.

    En termes de précarité et de sous-investissement, il est vrai que les écoles sont dans une situation critique à Bruxelles. D’ici 2015, on estime qu’il y aura un besoin de 23.000 places dans l’enseignement, dont 18.000 dans le fondamental. Pour 2020, ce sont 27.000 places qui seront nécessaires dans le fondamental (20.000 dans le primaire, 7.000 en maternel), soit l’équivalent de 1400 classes.

    Saint-Gilles est au même titre que d’autres communes bruxelloises de la première couronne particulièrement touchée par ce problème. Actuellement, il n’y a plus aucune place en première primaire et la situation générale devrait encore s’aggraver. « C’est une centaine d’enfants que l’on ne peut pas accueillir en première primaire pour l’instant et à côté de cela, c’est près de 300 enfants que l’on ne peut pas accueillir en maternelle », indique Alain Hutchinson, échevin de l’enseignement à Saint-Gilles (PS). A nouveau, il est question du boom démographique. Ce à quoi répond à juste titre Alain Hutchinson : « Dieu sait que nous avons aujourd’hui des bureaux d’études qui nous font des statistiques, des études démographiques,… Je ne comprends pas comment on a pas vu arriver cette vague-là ». Le boom démographique est à nouveau bien utile pour donner un cache-sexe aux politiques d’assainissements du PS cette fois-ci à la Communauté française.

    En septembre, la Communauté française a annoncé la création de près de 20.000 places supplémentaires d’ici 2017 dans les écoles de Wallonie et de Bruxelles, selon une interview accordée à Sudpresse par Jean-Marc Nollet (ministre de la petite enfance, de la fonction publique, de la recherche scientifique, de la gestion immobilière et des bâtiments scolaires au Gouvernement de la Communauté française, Ecolo). Parmi ces 20.000 places, 11.447 sont promises aux écoles bruxelloises, ce qui est loin d’être suffisant par rapport aux besoins.

    Pour faire face à cette pénurie, la région bruxelloise avait pris l’initiative de lancer un « plan écoles d’urgence » début de l’année 2012, Picqué en profitant pour prendre une posture princière en vue des élections communales. Ce plan d’urgence était constitué d’un budget de 12 millions € octroyés à 12 communes (surtout du nord-ouest) pour 29 projets (25 préfabriqués et 4 rénovations) dont 75% sont francophones. L’objectif était d’aboutir à 3.836 places dans le fondamental pour septembre 2013 (1/3 en maternelle, 2/3 en primaire). Cela reste à nouveau loin de répondre aux 27.000 places nécessaires dans le fondamental, d’autant plus que la durée de vie des préfabriqués est limitée tout comme les conditions d’enseignement. Ces containers offrent un cadre d’enseignement précaire et leur installation des désagréments, comme l’illustre l’école Ulenspiegel à Saint-Gilles où deux « classes modulaires » ont été placées sur le terrain de foot de la cour de récré. Il n’y a donc aucune réponse structurelle à la pénurie.

    Saint-Gilles est l’une des communes où il est le plus difficile de trouver une place pour ses enfants dans une école près de chez soi. Le PS a fait des promesses électorales importantes en matière d’enseignement : 1000 nouvelles places dans le fondamental pour le réseau communal d’ici 2016 et une nouvelle école secondaire d’enseignement général. Celle-ci serait envisagée sur l’ancien site de l’ECAM, fraîchement acquis par la commune dans le cadre du contrat de quartier « Bosnie ».

    Pour le fondamental, un plan communal existe depuis 2011 et prévoit pour 2015-2017 la réaffectation de l’ancienne école rue Louis Coenen pour y accueillir les 120 élèves de l’école du Parvis et un nouveau bâtiment rue Vlogaert qui accueillerait les cours de promotion sociale. Ainsi l’école du Parvis pourrait être réaménagée et créer 320 nouvelles places dans le fondamental. Pour les 680 autres places promises d’ici 2016, tout porte à croire que les promesses pré-électorales resteront une nouvelle fois lettres mortes vu que rien n’a été fait depuis les élections et qu’un an plus tard, Saint-Gilles est la seule commune qui n’a toujours pas de déclaration de politique générale. Ou peut-être que l’on assistera à l’un ou l’autre préfabriqué et autre bricolage à la veille des élections comme en 2012 ?

    Enfin, le bilinguisme apparaît de plus en plus régulièrement comme un requis pour les emplois à Bruxelles. Le peu de travailleurs bruxellois rentrant dans ces critères en dit long sur la qualité de l’enseignement en place à Bruxelles. Sur les 163 écoles primaires en immersion de la Communauté française, seules 10 se trouvent à Bruxelles. Dans le secondaire, cette proportion est de 17 écoles sur 91. Pour contrer ce manque et alors qu’une majorité de Bruxellois sont favorables à un enseignement bilingue, beaucoup de parents ont inscrit leurs enfants dans des écoles de la Communauté flamande ces dernières années. De son côté, la Communauté flamande a mis en place une discrimination pour contrer ce phénomène, qui risquerait de mettre trop en évidence son sous-investissement : il y a désormais une priorité pour les enfants dont les deux parents sont néerlandophones. Et malgré cette priorité, il y a tout juste assez de places et des centaines d’enfants néerlandophones ne trouvent pas de place dans une école dans leur commune ou même dans l’école du réseau choisi. Par conséquent, un nombre (inconnu) d’enfants se déplacent vers la périphérie pour trouver une école. Cette question est source de dispute entre la commission communautaire flamande et le gouvernement flamand.

    Des années de sous-investissement dans l’accueil de la petite enfance

    Au niveau de la petite enfance aussi, les sous-investissements ont abouti à une pénurie de places d’accueil. La population bruxelloise des moins de 3 ans va passer à 57.615 enfants en 2020 (par rapport à 52.254 cette année). De leur côté, l’ONE et Kind & Gezin offrent une capacité d’accueil de seulement 16.424 places, soit un taux de recouvrement de 31,34% seulement. Pour ce qui est des crèches subventionnées et pratiquant une participation liée à la situation financière des parents en lien avec leurs revenus n’atteint que 18,13%. A nouveau, la pénurie s’exprime d’autant plus fort dans les communes du croissant pauvre, où on dénombre en moyenne entre 0,1 et 0,3 place par enfant de moins de 3 ans et ce alors que la croissance démographique y est la plus forte. À Saint-Gilles par exemple, le taux de recouvrement est de 23,11%, dont seulement 10% dans le secteur subventionné.

    Pour tenter de combler les pénuries criantes, la région a lancé un plan d’urgence en 2007. Ce « plan crèches » avait pour ambition de mettre en service 500 nouvelles places par an. A ce jour, ce plan n’a permis de créer que 819 places. Le plan a également ses limites au niveau institutionnel. Suite à un recours d’une ASBL flamande à la cour institutionnelle, la région a dû mettre fin à son plan en 2011, la petite enfance ne faisant pas partie de ses compétences.

    La région a malgré tout tenté de contourner l’arrêté en passant par l’octroi de subsides, avec l’objectif d’ouvrir 1934 places entre 2012 et 2015. Cependant, l’ONE ne libère pas assez d’agrégations pour les nouvelles crèches, par conséquent environ 1100 des nouvelles places créées sont en stand-by. La raison de ce retard dans les agrégations par l’ONE est simple : il n’y avait plus de programmation pour de nouvelles places depuis 2010. Bien que le gouvernement inter-francophone tente de corriger le tir avec le plan cigogne III lancé en 2013 et qui a pour but de rendre effectives 1600 places chaque année en communauté française, cela risque fort d’être insuffisant puisque ce même plan cigogne III devra déjà être réévalué dès 2014 dans le cadre de débats sur le plan Marshall.

    Les crèches communales Saint-Gilloises ont actuellement une capacité d’accueil de 327 enfants. Cela a été rendu possible avec l’ouverture de 4 nouvelles crèches en 2011 et 2012. Trois autres projets existent pour 2013 et 2014, dont une crèche de 10 places dans le cadre du contrat de quartier « Midi-Fontainas » et 2 crèches pour un total de 42 places avec le contrat de quartier « Parc-Alsemberg». Un autre projet pourrait être envisagé dans le futur bâtiment scolaire de la rue Vlogaert.

    Mais pour atteindre leur promesse électorale de minimum 200 nouvelles places, 8 autres crèches au moins devraient voir le jour. Ce qui ne répondrait toujours pas au besoin puisque plus de 750 familles sont sur les listes d’attente dans la commune. Et à en croire Cathy Marcus, il est peu probable de voir un nouveau plan crèche. Cette dernière déclarait en tant que bourgmestre faisant fonction à l’assemblée du nouveau contrat de quartier « Bosnie» qu’on avait déjà fait assez pour les crèches lors des deux précédents contrats de quartier et qu’il fallait tenir compte des réalités budgétaires. Les écoles et les crèches sont-elles coincées dans un problème institutionnel ?

    Pour les écoles comme pour les crèches, la cour constitutionnelle a donné raison aux recours de la communauté flamande contre la région, confirmant que cela ne fait pas partie des compétences régionales. Cet arrêt de la cour n’empêche toutefois pas la réalisation des plans de la région déjà actés mais rend impossible toute reconduction de ces plans. Pour éviter un discrédit total face aux pénuries dans les communes bruxelloises, l’Olivier a sorti un plan B : un prêt spécial de 60 millions € pour les communes, libre à elles d’investir dans les infrastructures collectives.

    Faut-il dès lors régionaliser l’enseignement et l’accueil de la petite enfance ? Selon Jean-Claude Marcourt (PS), la régionalisation permettrait d’assurer que les spécificités locales soient mieux rencontrées. Pourtant rien n’indique que la région bruxelloise est sous-considérée par la Communauté française : pour l’enseignement, la région bruxelloise perçoit 52% du budget sur l’encadrement différencié, 26% du budget sur les rénovations et 58% du budget sur les nouvelles écoles. Le problème se retrouve dans le montant global, le jeu de ping-pong entre entités est une mise en scène pour le camoufler. La rhétorique « c’est de la faute des communautés » est un jeu de dupes institutionnel, les mêmes partis étant présents à ces différents niveaux de pouvoir.

    Dans notre texte de congrès précédent, nous expliquions que nous n’étions pas contre des simplifications et réaménagements de compétences qui permettraient de résoudre des absurdités, tant que cela s’accompagne des moyens adéquats. La logique des partis traditionnels est justement l’inverse : aménager les compétences pour mieux répartir les assainissements.

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