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  • Russie : Des partisans du CIO arrêtés à Moscou

    Ce 18 mai, deux membres du CIO à Moscou ont été arrêtés dans le cadre du mouvement permanent d’opposition contre le règne de Poutine, et qui dure à Moscou depuis le 6 mai maintenant. Un camp s’était tout d’abord installé aux “Clairs Étangs” (Tchistye Proudi) dans le centre de Moscou, jusqu’à ce qu’un juge décide de donner l’ordre d’évacuer le camp avant mercredi dernier midi. La police anti-émeute a cependant attaqué dès les 5 heures du matin, forçant les manifestants à décamper à un autre endroit, situé près du métro “Barricades” (Barrikadnaïa), sur le périphérique central.

    • Moscou : Quand la manifestation vire à la bataille rangée

    Le camp est de plus en plus organisé, une assemblée se réunissant chaque soir afin de prendre les décisions nécessaires. Il devient aussi de plus en plus politique, avec un centre d’information central qui organise des discussions et produit des tracts et autres littératures d’agitation.

    Les camarades du CIO se trouvent au centre de ce travail, ce qui n’est pas passé inaperçu aux yeux des autorités. Ce vendredi 18 mai au soir, la police est entrée dans le camp et s’est dirigée droit sur le centre d’information. Elle y a arrêté deux membres du CIO : Dmitrii (Dima) Iérokhine et Konstantin (Kostia) Zamourenko ; elle a aussi confisqué l’ensemble du matériel et de l’équipement du centre d’infos.

    Personne ne sait encore ce qui arrivera à nos deux camarades détenus. Beaucoup des manifestants arrêtés cette semaine ont été relâchés par la police aussitôt que leurs papiers d’identité avaient été vérifiés. Mais ceux qui sont considérés comme “meneurs” ont reçu des sentences de 5 à 15 jours de prison. Nous nous inquiétons dès lors du traitement qui sera réservé à nos camarades.

    Nous appelons tous les sympathisants du CIO et tous nos lecteurs à téléphoner dès que police au commissariat de police où sont détenus Dima et Kostia, afin d’exiger leur libération immédiate.

    Numéros de téléphone :

    • +7 499 256 7575
    • +7 499 256 7511
    • +7 499 259 0075

    Envoyez également des mails de protestation à l’ambassade de Russie dans votre pays. Pour la Belgique : 1180, Bruxelles, avenue de Fre, 66. Téléphone 02/374.34.00, 02/374.57.38, mailamrusbel@skynet.be


    Quelques éléments de contexte

    Article datant du 9 mai 2012

    Début mai, la manifestation place du Marais s’est terminée dans une brutale répression. De cette manière, le régime a définitivement déclaré quelle sera son attitude par rapport à l’opposition : il n’y aura pas la moindre démocratisation. Du torrent incessant de promesses qui a servi à masquer la moindre aggravation du niveau de vie pour la majorité, l’élite dirigeante est passée au dernier “argument” politique : la matraque.

    Les autorités tentent d’écraser le mécontentement par la brutalité policière. Jusqu’ici, les journalistes sont toujours autorisés à photographier les détails les plus révoltants : même ceux qui ne sont pas encore descendus dans la rue doivent savoir qu’il vaut mieux rester à la maison. Mais le mécontentement est déjà tellement présent que le déchainement policier ne fait en réalité qu’encore plus enflammer l’opposition.

    Les 7 et 8 mai, des gens se sont rassemblés à Kitaï-Gorod, aux Clairs Étangs et sur la place Pouchkine : sitôt que l’OMON (police anti-émeute) les chassait d’un point, ils se rendaient directement à un autre. Ces manifestations spontanées rassemblent à présent près de 2000 personnes. Des arrestations de masse ont commencé : les gens sont embarqués même pour le fait de porter un ruban blanc, sous prétexte d’enquête autour des événements du Marais. Certaines personnes arrêtées nous ont dit s’être vus accusés pour des faits de violation du régime de situation de crise, alors qu’aucune situation de crise n’a été déclarée.

    Après deux jours, la nouvelle tactique de l’OMON – encercler les manifestants, puis les attraper un par un – a permis de remplir les commissariats de police avec plusieurs centaines de gens. On plaisante désormais sur le fait que le “combi” serait devenu un nouveau moyen de transport en commun. Cependant, au soir du 8 mai, cette tactique a montré ses failles, lorsque deux agents ont refusé de poursuivre les arrestations : ‘‘Ce sont juste des citoyens pacifiques’’. Et les autres agents ont refusé d’arrêter ces deux-là – et le commandement s’est vu contraint de laisser les manifestants retourner au métro.

    Les opposants ne sont pas encore très bien organisés, ils passent d’un endroit à l’autre et ne peuvent offrir aucune véritable résistance à la police, mais ils accomplissent déjà des tentatives – assez fructueuses d’ailleurs – d’organiser la nourriture, la collecte des déchets, etc.

    Le mouvement ne dispose pas encore de ses propres slogans et revendications, mais on discute à présent des prochaines étapes de la lutte, et tout ce que peuvent leur dire les Navalny et les Oudaltsov est – « Nous courrons devant l’OMON jusqu’au triomphe complet de la démocratie ». Certes, mais en aucun cas de tels mots d’ordre ne sont à même de satisfaire les opposants. Il faut à présent des propositions concrètes : comment lutter, et une organisation concrète des tâches.

    L’expérience de la lutte en Égypte montre que les opposants au régime n’ont pu faire dégager Moubarak – le Poutine égyptien – que lorsqu’ils ont obtenu le soutien des masses des simples travailleurs, qui ont spontanément déclaré la grève générale qui a paralysé les grands centres : Le Caire, Alexandrie. Toutefois, l’action spontanée et inorganisée des travailleurs n’a pas destitué l’ensemble du régime, qui a laissé au pouvoir les dirigeants militaires. Pour une mobilisation capable d’en finir avec le régime, il faut des structures à la base – des comités de lutte dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les universités, qui prennent sur eux l’initiative : diffuser l’information, mener l’agitation et la propagande, élaborer les slogans et les revendications, unifier les travailleurs aux étudiants, soulever les masses dans la lutte contre le régime et sa politique, préparer la grève politique. Le régime qui nous a privé de notre droit à manifester, s’est mis à anéantir l’enseignement et les soins de santé gratuits, à faire baisser le niveau de vie de la majorité, en réduisant le budget social au profit de l’appareil militaire et répressif – et nous, les 99 %, devons dire : « Ça suffit ! »


    N’attends pas les changements : Organise-toi et agis dès aujourd’hui !

    La dispersion brutale des manifestants dans le centre de Moscou à la veille du couronnement de Poutine a démontré sans le moindre doute possible, qu’il n’y aura pas la moindre démocratisation du régime. La classe dirigeante diminue le niveau de vie de la majorité, et emploie la matraque contre les mécontents.

    Malgré la crise économique, la quantité de milliardaires en Russie s’est accrue comme jamais. Les grands propriétaires se remplissent les poches, et l’État qui se trouve sous leur contrôle réduit le budget social : il commercialise l’enseignement et les soins de santé, prévoit d’augmenter l’âge du départ à la pension. Une hausse des tarifs des transports – elle a été reportée à l’été, afin de ne pas gâcher le tableau d’avant élections.

    Le pouvoir a très bien compris que sa politique néolibérale suscite le mécontentement parmi les simples travailleurs, parmi tous ceux qui vivotent d’un salaire à l’autre. C’est pourquoi le financement de la police ces derniers temps n’a fait qu’augmenter – le régime est prêt à la lutte de classe. Après la fameuse réforme du ministère de l’Intérieur, le nombre de bavures policières n’a pas diminué. Mais grâce à elle, le pouvoir a rassemblé une meute de flics loyaux qui sont prêts à disperser la moindre action de protestation pour une hausse de salaire. La répression sanglante sur la place du Marais a encore une fois démontré que la police est là non pas pour protéger l’ordre et la loi, mais bien le pouvoir et la propriété de l’élite face aux assauts des plébéiens.

    Mais quelle que soit la détermination du régime à serrer la vis, les gens sont partis pour protester jusqu’à ce que disparaisse la cause du mécontentement. Au même moment, les “leaders” autoproclamés de l’opposition ont démontré leur complète inconsistance. Les partis de l’establishment que sont le KPRF, SR et le LDPR ont refusé de remettre leurs mandats après les élections, comme cela leur avait été demandé de la part des manifestants sur les places – les petits postes confortables et bien au chaud qui leur permette de manger dans la main du pouvoir étaient plus importants à leurs yeux. L’opposition “hors-système” répète encore et encore ses lamentations sur le fait que les élections ne se sont pas déroulées de manière honnête, mais se tait quant aux raisons sociales et économiques qui ont poussé les gens à descendre sur les places. Et comment ! Leur propre programme ne diffère nullement de celui que mènent déjà aujourd’hui Poutine et Medvedev.

    Il n’existe aujourd’hui pas la moindre force politique qui exprime nos intérêts de manière conséquente, les intérêts des 99 % – c’est à nous-mêmes et à personne d’autre qu’il revient de créer une telle force. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons arrêter les réformes néolibérales et que nous pourrons liquider l’ensemble du régime et pas uniquement changer le visage qui se trouve au sommet, ce à quoi veulent se limiter les libéraux, les nationalistes et une partie de la gauche qui parle de “révolution bourgeoise”.

    La seule chose que nous pouvons opposer à la politique du pouvoir est la solidarité et la lutte organisée des travailleurs contre les fauteurs de crise : les grands propriétaires, les banquiers, les bureaucrates et leur État. Dans diverses villes, les simples gens sont déjà passés à la vitesse supérieure, au-delà des revendications “démocratiques”, et apprennent à mener leur propre politique par-dessus la tête des leaders et guides du sommet. Les travailleurs du pétrole du Bachkortostan, les ouvriers de Benteler et de Perekrestka, sont en train de créer des syndicats de la base pour la lutte pour leurs droits au travail. Les étudiants de l’Université d’État de Moscou (MGU) et d’autres universités s’unissent en groupes d’initiatives pour s’opposer aux réformes dans l’enseignement. Les habitants de Joukovski et d’autres villes organisent des actions contre l’abattage des parcs et des forêts.

    Il nous faut suivre le même chemin : organiser des foyers d’opposition dans nos cours d’immeubles, sur notre travail, dans notre université – créer des comités de lutte qui prennent sur eux l’initiative de la lutte contre le régime et contre la politique de coupes dans le budget social. En se propageant et en tirant à soi de plus en plus de travailleurs et d’étudiants, ces groupes pourront poser la question d’une grève générale politique. C’est comme cela que ça s’est passé en Égypte : ce n’est qu’après avoir paralysé économiquement tout le Caire et en sortant massivement dans les rues que les travailleurs ont pu obtenir la démission du détesté Moubarak.

    La section russe du Comité pour une internationale ouvrière (KRI) appelle tous les travailleurs à se joindre à la lutte contre la politique de la classe dirigeante ; nous disons :

    • À bas l’ensemble du régime ! Non aux coupes dans le budget social, non à la commercialisation de l’enseignement et des soins de santé ! Pour la collectivisation de l’industrie et des banques – des ressources pour les allocations et pour la construction de logements sociaux !
    • Contrôle complet sur la police de la part de comités de résidents locaux, des syndicats et d’organisation citoyennes.
    • Créez des comités de lutte dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les écoles, dans les universités, pour la lutte contre le régime. Organisez des syndicats !
    • Fondons un parti de masse des travailleurs et des étudiants pour la lutte pour une société démocratique et socialiste, qui mettra un terme à la crise économique et qui relèvera le niveau de vie de la majorité !
  • Moscou : Quand la manifestation vire à la bataille rangée

    Ce dimanche 6 mai, le pouvoir a démontré dans la pratique que son atout le plus important en ce qui concerne les manifestations de l’opposition anti-Poutine sera son appui sur les forces de l’ordre. L’opposition s’est quant à elle, comme auparavant, révélée impuissante à mobiliser les larges couches de travailleurs. Plus précisément, l’opposition libérale et le “Front de gauche” qui se traine à sa queue n’ont même pas essayé de se tourner vers les travailleurs, et cela se reflète dans leur programme et dans leur tactique de lutte.

    Art Jeleznovski, Komitiét za rabotchi internatsional, Moscou

    La “marche des millions” annoncée par Oudaltsov (leader du “Front de gauche”) lors de la manifestation du 10 mars à Novy Arbat devait, selon la logique du comité d’organisation, être la conclusion du mouvement d’opposition débuté en décembre. Mais par quoi conclure l’“étape” en cours ? Par un véritable plan d’actions à proposer au mouvement ? Par la fondation d’une organisation politique de masse ? Par une décision d’organiser de nouveaux types d’action avec un niveau plus élevé de conscience ? Non. Il est clair que cette opposition ne peut se vanter de quoi que ce soit. Et c’est pourquoi il ne reste à utiliser que cette ressource qui est toujours traditionnellement utilisée afin de faire redescendre un mouvement – l’extension d’une action bonne à rien sur le plan politique en un “action plan” complètement absurde. Mais cette fois, à mon avis, cela s’est avéré plus difficile, et les conséquences des événements d’aujourd’hui se répercuteront certainement dans le futur. Trop de personnes nouvelles en politique ont aujourd’hui perdu leurs illusions tant en ce qui concerne l’opposition libérale qu’en ce qui concerne les autorités.

    Il y eu en gros deux chapitres dans les événements d’aujourd’hui : tout d’abord le cortège pacifique jusqu’au cinéma Oudarnik, ensuite l’opposition contre l’OMON (les forces spéciales de la police) qui s’en est suivie, jusqu’à la dispersion de l’ensemble des manifestants, qui constitue la répression la plus brutale dans l’histoire de la Nouvelle Russie, avec une énorme quantité d’arrestations (on parle à présent d’un chiffre de 500 personnes, mais selon nos observations ce chiffre doit sans doute être multiplié par deux). La surprise a été provoquée tant par le nombre de manifestants (entre 30 et 40 000 personnes selon notre estimation, bien que les autorités ne parlent que de 8000), que par les mesures de contrôle policier (ils fouillaient soigneusement tous les sacs à l’entrée, en inspectant tout le contenu, sans afficher la moindre bienveillance envers les participants, en confisquant même les bouteilles d’eau et la nourriture). Il est clair à présent que le pouvoir se préparait de cette manière à une répression rapide des manifestants, les privant de tout moyen de résistance ou de toute possibilité de lancement d’un mouvement d’occupation (ils nous ont même pris nos bouteilles d’eau !)

    De manière générale, cette manifestation de part le nombre de participants a frôlé l’ampleur des actions de l’opposition en décembre ; mais en plus, on peut maintenant constater que le nombre de militants politiques a considérablement augmenté. Tant la présence que l’influence de l’extrême-droite a aussi considérablement diminué. Tout comme auparavant, il y avait peu de travailleurs, sans parler de la moindre représentation syndicale ou autre. L’abondance de jeunes ne permet malheureusement pas de constater une hausse dans la conscience idéologique des manifestants, mais seulement que le pouvoir est en train de perdre le contrôle sur la jeunesse de manière générale.

    Pendant le cortège, les militants du Komitiét za rabotchi internatsional (KRI, section russe du Comité pour une Internationale Ouvrière) étaient, tout comme lors du 1er Mai, présents dans le bloc LGBT, écologiste et féministe. Par deux fois, nos camarades se sont vus impliqués dans des échauffourées avec un groupe d’individus portant des masques, qui nous attaquaient au nom d’une “Russie propre” ; mais ils ont été contraints de battre en retraite devant l’unité de notre bloc et notre détermination à défendre notre drapeau. Par contre, sur le front de l’opposition avec l’OMON, il se trouvait très peu de défenseurs de la “pureté de la nation russe” ; et ceux-là étaient représentés par les fameux mouvements impériaux, et non pas par d’étranges nazis portant des masques. Après quoi, le drapeau LGBT n’est pas descendu du front. Il faut dire que, vu l’ampleur de leur mobilisation et la qualité de leurs slogans, les LGBT ont devancé de très loin de nombreux habitués des manifestations, et se sont depuis longtemps déjà révélés se trouver de facto à l’avant-garde de la lutte contre le régime.

    En arrivant au cinéma Oudarnik, le cortège s’est subitement arrêté. On a alors appris qu’Oudaltsov et ses compagnons du Front de gauche avaient arrangé un sit-in près de l’entrée de la place du Marais, revendiquant que l’on les laisse traverser le Grand pont en pierre (Bolchoï Kamenny most) qui mène au Kremlin. Tentant de conserver leur autorité politique vu l’absence de slogans de lutte clairs, et sans aucune mobilisation conséquente des autres participants à l’action, de telles actions non concertées ne peuvent être estimées que comme une provocation. De même en ce qui concerne la tentative de dresser un camp d’occupation : vu la désorganisation des manifestants, il ne s’est écoulé en tout qu’une demi-heure entre l’édification de quelques tentes sur la place du Marais et leur démolition par l’OMON.

    En réponse à l’action d’Oudaltsov, les autorités ont instantanément déclaré prohibé le meeting qui venait de commencer (c’est tout juste si l’on a entendu une chanson des hauts-parleurs), ont encerclé la foule, et ont déclenché la répression totale. Il semble que les autorités étaient au courant des plans d’Oudaltsov, mais ne faisant aucun pronostic à l’avance d’actions si massives, s’étaient déjà préparées à organiser la débâcle physique de tous ceux qui s’étaient rassemblés là. Mais ici aussi, la rigidité de la mentalité des bureaucrates fonctionne comme un mécanisme enrouillé. La suppression d’une action si massive, même en prenant en compte la désorganisation plus complète de ses participants, à la veille de l’intronisation de Poutine, est une action dont les conséquences se retourneront bientôt contre le pouvoir lui-même.

    Vu le grand nombre de manifestants, la répression s’est prolongée pendant des heures, accompagnée de toute une série d’âpres combats, au cours desquels les manifestants ont tenté de tenir la défensive, et sont même plusieurs fois passés à l’offensive, arrosant les policiers de pierres et tentant de les frapper à l’aide de leurs drapeaux et d’armes improvisées. Il y a eu des tentatives de dresser des barricades, mais à bien y regarder, il n’y avait sous la main rien sur base de quoi les construire (mis à part des containers à poubelles et des cabines WC). Il est intéressant de remarquer que les gens ont eux-mêmes tenté d’organiser la défense ; on en a même vus qui ont tenté d’arranger une formation de combat qui a été capable de résister de manière efficace à l’OMON ; d’autres ont mené la mobilisation au cœur même de la masse des manifestants qui se trouvaient à l’arrière et avaient du mal à comprendre ce qui se passait au juste. Bref, l’OMON a tout simplement nettoyé l’ensemble du territoire, et l’ensemble des manifestants, ou en tous cas une grande majorité d’entre eux, a succombé sous l’averse des coups de matraques. Quittant le lieu des combats avec une épaule cassée et une oreille fracassée par les matraques de l’OMON, l’auteur de ces lignes ne pouvait s’empêcher de constater qu’il devient de plus en plus difficile d’intimider la population. Malgré la brutalité de l’OMON – pourtant qualifiée de trop molle par Peskov, le secrétaire de presse de Poutine -, malgré la folie des bureaucrates qui ont arrangé en plein centre de Moscou une grande offensive sur une foule de gens désarmés qui souhaitaient tout seulement se rendre à un meeting afin d’y exprimer leur opposition au régime, malgré tout cela donc, l’effet d’intimidation n’a clairement pas fonctionné.

    Vu le manque d’organisation et la faiblesse politique des manifestants, ce combat était perdu d’avance ; cependant, les gens montraient les dents, les affrontements ont repris encore et encore, et la foule a commencé à scander des slogans de plus en plus politiques. Nombre d’entre ceux qui sont tombés aujourd’hui dans ce hachoir ont sans doute perdu leur crainte des combats, et sauteront au contraire frénétiquement sur la moindre raison de protester encore plus. Et apporter aux manifestations un vecteur social, les remplir d’un sens politique, y entrainer la classe ouvrière, fonder des comités de lutte pour la mobilisation – voilà la tâche prioritaire des socialistes.

  • Russie : Du résultat des élections, des erreurs tactiques et de l'avenir de l'opposition

    Ce n’est pas Poutine qui a triomphé, mais le régime. Cette victoire a été organisée non seulement par la Commission électorale centrale et par les “ressources administratives”, mais aussi par les interventions inoffensives et dénuées de tout contenu de l’opposition non-parlementaire, et par sa tactique au fond complètement erronée. Cette victoire a été organisée par les partis officiels qui ont détourné les manifestants les plus actifs vers le mouvement absurde des observateurs électoraux. Chacun a apporté sa pierre au spectacle avec le résultat couru d’avance que nous constatons aujourd’hui. Cependant, cette farce a elle aussi connu ses propres surprises : la chute de Mironov (le candidat “social-démocrate), et la brusque envolée de Prokhorov. Que signifie tout cela, et que faire après les élections ?

    Denis Razoumovski et Lev Sosnovski, KRI, Moscou

    Une tactique erronée

    L’union de l’opposition des libéraux, des nationalistes et de la “gauche” a adopté une tactique du “vote pour n’importe qui sauf Poutine”, que la “gauche” a ensuite concrétisé par son slogan du vote “contre Poutine et la droite”, espérant ainsi répéter le succès des élections parlementaires. Leur analyse se basait sur une simple analogie, se disant que si les gens en avaient marre de Russie unie, alors c’est qu’ils en avaient marre de Poutine. Mais Poutine n’est pas Russie unie. Et les élections présidentielles ne sont pas les élections parlementaires. Quelle est la différence ?

    Les élections au parlement se déroulent sur base de listes régionales, sur lesquelles se présentent des candidats connus localement et qui ont une crédibilité bien définie. Par exemple, les travailleurs de la province de Léningrad étaient prêts à soutenir Alekseï Etmanov en tant que célèbre militant syndical qui avait mené la grève à l’usine Ford. Etmanov, à son tour, a utilisé la confiance que lui accordaient les travailleurs afin d’appuyer la liste de Juste Russie. Ainsi, lors des élections parlementaires, il y a toujours eu des candidats au niveau régional capables de recueillir les votes de protestation afin de punir Russie unie, avec qui le simple citoyen se heurte chaque jour en la personne des bureaucrates ou de ses patrons. Les gens utilisaient la “tactique Navalny” uniquement tant qu’ils voyaient une réelle alternative autour d’eux, ou simplement de nouvelles têtes. Mais les élections présidentielles sont une toute autre affaire.

    Appeler à voter contre Poutine signifie appeler à voter pour d’autres candidats, mais pour lesquels ? Pour le clown de droite populiste Jirinovski ? Pour l’ex-bureaucrate soviétique Ziouganov ? Pour Mironov, qui ne se lasse pourtant pas de répéter que son programme est à 90 % identique à celui de Poutine ? Ou pour Prokhorov, le Monsieur-12-heures-de-travail-par-jour ? On voit ces gens tous les jours, et la confiance en eux, la certitude qu’ils sont capables d’accomplir un réel changement, est quelque peu inférieure à celle que l’on peut placer en Poutine. Il suffit de comparer les huit millions de voix que Juste Russie a reçu aux élections parlementaires, aux seulement deux millions en faveur de Mironov aux présidentielles. La seule exception est Prokhorov, qui a reçu la deuxième place dans trois des plus grandes villes, du fait que beaucoup le considéraient comme une “figure fraiche”. Lorsqu’on discutait avec les gens lors de l’action du “Cercle blanc”, on pouvait les entendre dire que la destruction du budget social ne leur plaisait pas, c’est pourquoi ils s’apprêtaient à voter pour Prokhorov, dont le programme semblait être fait d’une coupe plus rapide du budget et de réformes plus vives que celles de Poutine. Le vote de protestation auquel s’attendait le régime est parti en direction de Prokhorov ; son image d’“homme d’affaires à succès” a été un atout supplémentaire comparé aux autres populistes sur scène.

    Ziouganov a reçu son plus bas niveau de soutien de toute sa carrière politique (2012 : 12 millions de votes, 2008 : 13 millions, 2000 : 21 millions, 1996 : 30 millions) – le juste paiement de son soutien constant au régime et de son mépris affiché pour le mouvement de protestation. Juste Russie a perdu 6 millions de votes, et il est peu probable qu’il puisse jamais se remettre de cette chute.

    Le vainqueur est en réalité le candidat “boycott”. Si l’on compare le résultat des élections avec 2004 et 2008, le régime a perdu environ 10 % de voix. Plus de 40 % des électeurs ont soit refusé d’aller voter, soit déchiré leur bulletin. C’est 5 % de plus que lors des élections précédentes, c’est 10 % de plus que le vote pour Poutine. Ces gens expriment aujourd’hui de manière passive leur méfiance envers le système. Si seulement une campagne de boycott actif avait été organisée de manière aussi large que les appels à participer au cirque électoral, elle aurait pu inciter ces gens à aller voter dans la rue : par des manifestations, par des occupations de places, et par des grèves contre le régime. On aurait pu bloquer le travail du parlement tout de suite après les élections de décembre – n’est-il pas illégitime ?

    Tous les candidats et partis existants sont d’une manière ou d’une autre des piliers du système poutine ; ils ont plus d’une fois exprimé leur soutien à son égard. Dans ces conditions, aucun changement n’est à attendre de la part des élections, même en cas d’élections transparentes et honnêtes, quelle que soit la tactique électorale choisie. Les libéraux, les nationalistes et la “gauche” à la Oudaltsov ne sont pas capables de se détacher des élections bourgeoises, de se tourner vers les masses avec une tactique de boycott actif qui place la question d’une assemblée constituante. Le démantèlement de l’ensemble du régime n’est pas dans leur intérêt ; ils ne veulent que le placer sous leur propre contrôle.

    La désillusion des observateurs aux élections mérite une mention à part. Dans de nombreux bureaux de vote, à la grande surprise des observateurs indépendants, tout s’est déroulé de manière parfaitement honnête. Supposant que le soutien à Poutine n’était pas aussi grand que le proclament les médias pro-gouvernementaux, de nombreuses personnes avaient décidé que le fait de s’inscrire en tant qu’observateur indépendant afin de veiller à l’honnêteté des élections amènerait en soi à la chute du régime ; mais il en a été tout autrement. Poutine a réellement, sans besoin de la moindre fraude, obtenu en moyenne plus de 50 % dans tout le pays. Voici par exemple le témoignage extrêmement intéressant d’un de ces observateurs : « J’ai gardé l’urne comme un cerbère, j’ai parcouru à fond tous les documents dans les moindres détails, j’ai observé attentivement chaque bulletin qui était placé dans l’urne, j’ai décortiqué les registres, et une fois tous les votes étalés devant moi, je n’ai pas pu en croire mes yeux – j’ai tout revérifié, autant que possible, mais cela n’a rien changé … Dans notre bureau de vote, Poutine avait obtenu 58,2 % des voix. Les gens étaient venus et avaient voté. … Je crains que cela soit la véritable expression de la volonté de ce quartier dépressif de la ville de Perm. Pas que cela ait été pour moi complètement inattendu, mais… Mais si c’est vraiment partout comme ça, alors ce pays n’a aucun avenir – il est vraiment temps de se casser d’ici. » De cette manière, au lieu de donner une réponse politique au questionnement de la majorité, de proposer une auto-organisation dans la lutte contre le régime, l’opposition a appelé à participer en masse aux élections en tant qu’observateur indépendant, dont le seul résultat a été de confirmer la victoire de Poutine.

    Unité imaginaire – frein à la lutte

    Nous avons maintes et maintes fois entendu les discours sur la nécessité de l’unité de toutes les forces d’opposition. Cette unité s’est spontanément formée après le tout premier meeting aux Clairs Étangs : les libéraux, les nationalistes et la gauche ont formé un comité d’organisation qui a par la suite organisé pratiquement toutes les actions. Mais, en réalité, cette unité est devenue un frein au développement du mouvement. Comme si les travailleurs du Caucase allaient soutenir des actions auxquelles des nationalistes cachés et des nazis déclarés appelaient de la tribune à « un pouvoir rousski » ! Alors que c’est justement au Caucase que l’on a vu la plus grande proportion de votes en faveur de Poutine : 90 %. Il est certain que ce chiffre est falsifié, mais pour pouvoir chasser les barons locaux à la solde du Kremlin qui livrent les statistiques de vote requises au gouvernement, les travailleurs du Caucase doivent se lier à la lutte commune. La xénophobie et le nationalisme sont un des freins les plus puissants pour la diffusion du mouvement à l’échelle de tout le pays.

    Les libéraux sont incapables de proposer quoi que ce soit qui soit différent du programme de Poutine (lisez par exemple la “Feuille de route” du groupe “Solidarnost”!), ils ne pourront jamais un soutien de masse. Tout le monde sait qu’ils ne sont en réalité rien d’autre que des éléments déchus du régime poutinien, chair de la chair de ce régime.

    La gauche non-officielle, qui à la première occasion s’est alignée derrière Ziouganov, a dans les faits démontré ce que valent toutes ses phrases radicales sur son opposition au capitalisme. Une véritable lutte et une juste tactique, qui se fonde sur une analyse des forces de classe, demandent un effort minutieux dans la vie de tous les jours – et non pas incendier des poubelles lors des manifestations ou jeter de la merde sur l’ambassade américaine. La chute de la direction de gauche est d’autant plus profonde que son discours parle de compromis et de collaboration avec les libéraux et les nationalistes, pour la création d’un gouvernement de coalition : « Aucune force de l’opposition aujourd’hui n’a de perspectives d’arriver au pouvoir, seule un gouvernement de coalition pourrait dans un futur proche remplacer l’autocratie des “Saints-Pétersbourgeois”. Ainsi en effets les places mêmes ont déjà formé une coalition, une série de structures autogérées, horizontales, comme on aime à le dire, qui montrent bien que la démocratie est tout à fait possible – pas comme l’imitation qui en est faite par la Douma, mais en tant que processus de recherche de compromis en-dehors des structures artificiellement créées par le pouvoir. Et ici justement est représenté l’ensemble du spectre politique, des libéraux les plus à droite aux radicaux de gauche, en passant par les nationalistes. Le résultat le plus important de ces actions de protestation contre la fraude électorale, est le réveil de toutes les forces politiques et leur saine concurrence dans le processus de collaboration » (Interview d’Oudaltsov dans “Russie littéraire”). Mais quel compromis est-il possible entre la défense de la gratuité de l’enseignement et des soins de santé, et les coupes budgétaires ? Entre la journée des 7 heures et la journée des 12 heures ? À quoi bon pareille tactique ? Elle ne sert qu’à ce qu’en arrivant au pouvoir main dans la main avec l’ennemi de classe, une telle gauche se verra incapable d’accomplir en réalité même cet embryon de programme minimum qu’elle prétend défendre.

    Aussi paradoxal que cela paraisse, en vue d’une réelle unité, ce qu’il faut au mouvement du Marais aujourd’hui est justement des délimitations – une discussion politique sur le programme, les méthodes, la stratégie et la tactique dans la lutte. Sans cela, le mouvement est d’avance condamné à aller droit au mur.

    Après les élections

    Il y a bel et bien eu fraude lors des ces élections. La pratique du carrousel est un fait bien établi. Bien que celle-ci ait été moins présente que lors des élections parlementaires. Elle était nécessaire au régime afin d’accroitre l’ampleur de sa victoire, et de s’assurer d’obtenir une majorité même dans les villes les plus contestataires (Moscou, Saint-Pétersbourg), afin que le niveau de soutien au régime paraisse homogène dans tout le pays.

    Nous avons déjà écrit de nombreux articles au sujet de la scission au sein de la classe dirigeante. L’état de siège virtuel du Kremlin, les camions chargés de soldats dans le centre-ville, la rhétorique militariste – tout cela montre une tendance à un “serrage de vis”. Poutine montre aux bourgeois de l’opposition que la véritable force, c’est lui, avec ou sans soutien passif de 30 % de la population en droit de voter. Il n’existe aucune autre force semblable dans le pays, il n’en laissera apparaitre aucune. Sans la dictature de Poutine, la classe dirigeante restera face à face avec les autres manifestants qui exigent encore l’annulation des réformes néolibérales et qui cherchent à diriger le développement du pays sur une autre voie, peu avantageuses aux intérêts des grosses entreprises. C’est pourquoi l’idée d’élections honnêtes est à oublier – la seule perspective pour eux est la reconstruction d’une dictature sur base d’un nouveau visage, afin de pouvoir mener la guerre de classe avec toutes les armes à leur disposition. Et au cas où les masses de toute la Russie ne se mettent pas bientôt à soutenir l’opposition de Moscou et de Piter, il faut s’attendre à la dispersion du mouvement. La période électorale est finie, nous pouvons revenir au travail habituel.

    En l’absence de leur propre organisation et d’une direction combative, les masses qui sont descendues dans les rues après les élections parlementaires n’ont fait que piétiner sur place. Les libéraux, les nationalistes, la “gauche” – personne d’entre eux ne possède un programme de lutte – c’est pourquoi ils sont condamnés à pourrir le mouvement, si pas aujourd’hui, alors demain. Lors de la manifestation du 5 mars, le lendemain des élections présidentielles, qui n’atteignait pas et de loin le nombre habituel de participants, on pouvait déjà constater la déception de la part d’une bonne partie des militants. Et la manifestation immédiatement prévue pour le 10 mars donnera une confirmation décisive de la baisse décisive du taux d’activité. Mais l’humeur de protestation qui existe déjà ne disparaitra pas du jour au lendemain, elle se trouvera un débouché d’une manière ou d’une autre, après une réinterprétation, une analyse des erreurs et la disparition de plusieurs illusions – car le terreau pour cette humeur contestataire n’est pas les élections, mais la politique de la classe dominante, la disparition des soins de santé, de l’enseignement, la baisse du niveau de vie. La classe dirigeante ne dispose d’aucune ressource qui lui permette d’atténuer les contradictions de classe ; à l’horizon se pointe une nouvelle récession.

    Lors de la manifestation du 5 mars, comme toujours ces derniers temps, c’est une fois de plus Alekseï Navalny qui s’est révélé le plus malin, en proposant de déployer une agitation de masse. Et c’est effectivement la seule décision valable – si le régime dirigeant a dans les faits dévoilé le fait qu’il jouit d’un soutien de masse passif, alors il est temps de commencer à travailler à cela, afin de le dépouiller de ce soutien. Et ce sont les slogans d’auto-organisation qui deviennent à présent les plus actuels. À présent, après la fin du cycle électoral, les questions sociales passent à nouveau au premier plan – les soins de santé, l’enseignement, la hausse des prix, etc.

    La politique du groupe dirigeant va bientôt éloigner d’elle même ceux qui avaient voté pour la “stabilité”. Parce qu’il n’y aura pas de stabilité. Pour l’agitation, les liens entre villes et la coordination des actions à propos de la liquidation de l’enseignement et des soins de santé, de la hausse des prix et d’autres questions sociales de la vie de tous les jours, il ne nous faut pas des “comités citoyens” – qui ne sont qu’une soupe infâme de libéraux, de nationalistes et de “gens de gauche”, mais des comités de lutte constitués de travailleurs et d’employés provenant de tout le pays. Pour que les occupations de place ne virent pas à la farce, pour que les gens participent réellement massivement et restent dans le mouvement, les masses des travailleurs et de la jeunesse doivent refuser de retourner à leurs études et à leur travail, c’est-à-dire déclarer la grève. Et pour cela, il faut en premier lieu des comités syndicaux et des comités de grève.

    Les “dirigeants” qui ont tenté de grimper sur le dos des manifestants afin de se hisser au fauteuil présidentiel ou à un poste de ministre, ont déjà révélé leur impuissance et leur faillite. La cause est maintenant la nôtre, c’est l’affaire de chacun d’entre nous. Organisons-nous ! Pour un deuxième tour – dans les rues !

  • Stop à la dictature au Kazakhstan !

    Grâce aux richesses naturelles du pays, la brutale dictature du régime de Nazarbayev est devenue un associé commercial incontournable dans la région. Une mission économique belge s’était d’ailleurs rendue au Kazakhstan en 2010, sous la conduite prestigieuse de SAR le prince Philippe. De plantureux contrats y avaient été signés, notamment par l’entreprise Solvay. Dans le rapport officiel de l’Agence pour le commerce extérieur, nulle mention du déni de démocratie et de l’absence de respect des droits des travailleurs. Un silence complice partagé par les médias, même depuis le massacre perpétré par le régime en décembre.

    Par Thomas (Namur)

    Depuis le mois de mai, une grève dans le secteur pétrolier subit une répression terrible (menaces de mort, assassinats, passage à tabac de journalistes indépendants, arrestations arbitraires, lourdes condamnations,…). L’avocate qui défendait les grévistes Natalia Sokolova, a été condamnée à six ans de prison. Mais cette lutte est en quelque sorte devenue le catalyseur de la frustration présente dans cette société où les masses vivent dans des conditions horribles sur un sol regorgeant pourtant de richesses. Petit à petit, cette lutte syndicale est devenue politique, et a posé la question du contrôle de ces richesses par les travailleurs eux-mêmes. A la revendication de nationalisation sous le contrôle des travailleurs est venue s’ajouter la nécessité de s’organiser en un parti politique indépendant et de faire chuter la dictature.

    La répression qui frappe le mouvement a pris une autre dimension le 16 décembre dernier, lorsque les forces de l’ordre ont tiré sur une foule de manifestants. Des dizaines de victimes étaient alors tombées (le chiffre de 200 a été évoqué). Pour le régime, seuls 17 ‘‘vandales’’ sont décédés. Cette violence illustre, notamment, la crainte du clan présidentiel de voir le pouvoir lui échapper. Les élections du 15 janvier dernier n’avaient été ouvertes qu’à deux partis ‘‘d’opposition’’, en réalité à la solde du régime. Entre la peste et le choléra, les ‘‘élections’’ du 15 ont massivement été boycottées.

    Une véritable chasse aux militants politique est menée par le régime. Deux dirigeants du syndicat indépendant Zhanartu et du Mouvement Socialiste du Kazakhstan (une formation large dans laquelle militent le parti-frère du PSL au Kazakhstan, Résistance Socialiste), Esenbek Ukteshbaev et Ainur Kurmanov, ont dû partir en exil en Russie. Ils sont maintenant traqués par les services secrets russes et kazakhs et vivent sous la menace d’être enlevés et jetés en prison pour leur coller la responsabilité du massacre du 16 décembre.

    Sous la pression de l’activité du député européen Paul Murphy (militant de notre parti-frère en Irlande, le Socialist Party), l’Union Européenne vient de condamner la répression et appelle à la libération des prisonniers politiques ainsi qu’au lancement d’une enquête indépendante concernant le massacre du 16 décembre. C’est un premier pas, mais cela ne suffit évidemment pas. La solidarité internationale doit se poursuivre afin d’aider le plus efficacement possible l’organisation concrète de la lutte contre la dictature au sein même du pays.

    Une campagne internationale de solidarité a démarré sur des chapeaux de roue. Nous saluons notamment les initiatives de soutien prises par les syndicats CGT-SNPE Lorraine en France, IF Mettal en Suède, RMT-Union en Grande-Bretagne,… En Belgique aussi, différentes actions ont déjà eu lieu (protestations à l’ambassade, distribution de tracts lors du match Kazakhstan-Belgique,…) et d’autres viendront encore.

    Soutenez cette campagne de solidarité ! Rendez-vous sur le site international de la campagne afin de signer la pétition : campaignkazakhstan.org, faites un don pour soutenir le travail des militants (n° de compte 001-2260393-78 avec pour mention ”campagne Kazakhstan”), contactez-nous pour participer plus activement à cette campagne !

    • Stop à la répression qui frappe les dirigeants ouvriers et tous les militants ! Nous exigeons la libération de l’avocate des grévistes, Natalia Sokolova, et l’abandon des charges retenues contre elle.
    • Nous exigeons le respect des droits démocratiques pour tous, la liberté de réunion et d’expression, le droit de s’opposer, de faire grève et de rejoindre les syndicats indépendants!

    Inscrivez-vous sur le groupe Facebook de cette campagne

  • Dépêche Etudiants de Gauche Actifs Secondaire & Supérieur – Mars 2012

    La nouvelle dépêche des Etudiants de Gauche Actifs est diffusée depuis plusieurs jours déjà dans différentes écoles, hautes écoles et universités du pays. Au programme, un bilan des activités de février et un agenda – bien chargé – pour ce mois de mars, avec manifestation anti-nucléaire, antifasciste, en solidarité avec les sans-papiers, en défense du droit des femmes,…

    MANIFESTATION ANTI-FASCISTE

    15-03 à 20h Gare de Leuven

    Le 15 Mars, le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, organise sa marche annuelle de la haine. Cette année, elle prendra place à Louvain. Le NSV a une tradition de racisme extrême, manifeste ses sympathies fascistes et n’a pas peur de recourir à la violence.

    Europe: croissance de l’extrêmedroite violente

    En Juillet dernier, le fasciste Anders Breivik a tué des dizaines de jeunes du Parti travailliste norvégien, après avoir commis un attentat à la bombe dans le centre d’Oslo. Il a motivés ses actes avec un manifeste contre les immigrés et le “marxisme culturel.” Ce manifeste a été retrouvé dans la boîte aux lettres des membres NSV de Gand et des membres du Vlaams Belang que Breivik apparemment apprécie. L’année dernière, en Allemagne, un groupe terroriste néo-nazi a commis plusieurs attaques meurtrières contre des immigrés turcs. En décembre, un militant d’extrême-droite italien a abattu à Florence 2 vendeurs ambulants sénégalais. En Hongrie, le parti néo-fasciste Jobbik a obtenu 16% des voix. Les marches fascistes de Jobik – tacitement autorisées par l’État –ciblent les Tsiganes, les Juifs et les progressistes. Un porte-parole de Jobbik, le 11 Octobre 2011, a été invité par le NSV à l’Université de Gand. Ou encore, l’ex-président du NSV Hasselt, Thierry Vanroy, a écrit sur un forum internet: “Une fois que la démocratie s’effondrera dans le chaos, j’espère qu’une main de fer fasciste prendra le relais.”

    Ils cultivent l’absence de perspective engendrée par la crise du capitalisme.

    Les groupes néo-fascistes comme le NSV peuvent bénéficier d’un climat d’assainissements durs dans les services publics, de montée du chômage, de manque de perspectives, de bas salaires … pour répandre un message de haine et de division et passer à l’acte. Blokbuster trouve irresponsable que le NSV soit de plus en plus reconnu officiellement dans les universités alors qu’il est prouvé que ces tyrans sont des racistes autoproclamés. C’est jouer avec le feu. Dans le contexte d’un système capitaliste en crise, des individus ou des groupes instables au sein de l’extrême droite reçoivent une chance de mettre en pratique leur idéologie raciste et violente. Dans la lutte contre l’allongement du stage d’attente pour les jeunes, contre l’augmentation des minervaux des universités, contre le chômage et les emplois précaires, nous devons être « tous ensemble » pour défendre nos intérêts. Ce ne sont pas les immigrés, les « Wallons » ou les « Flamands » et les syndicalistes combattifs qui sont la cause de la crise et du déclin social, mais les banques et les 1% de super-riches dont les profits passent avant tous les droits sociaux et les acquis des jeunes et du mouvement des travailleurs.

    Vers une grande manifestation anti-NSV pacifique. Des emplois, pas de racisme !

    Blokbuster et Etudiants de Gauche Actifs veulent démontrer clairement avec cela que la majorité des étudiants et des résidents à Louvain ne sont pas d’accord avec les idées et les méthodes du NSV. Nous portons un message contre le racisme et la division parmi les victimes des politiques néolibérales. Nous exigeons le retrait de la reconnaissance du NSV à la KUL et nous voulons également stimuler la discussion sur la nécessité d’un autre type de société, non pas centré sur les profits, mais sur les besoins et les intérêts de la majorité.

    Participer à la campagne Anti-NSV avec EGA? Contacte-nous par mail à: ega@gauche.be


    EGA en Action

    30/1 EGA secondaire participe à la Grève Générale

    EGA a proposé aux jeunes de l’Athénée Charles Janssens (ACJ), une école d’Ixelles, de soutenir les travailleurs en participant à la grève. Et l’action fut un franc succès! Directement, nous avons accroché notre calicot ‘‘Nous voulons des écoles, du travail, un avenir’’ sur la place de Londres, juste à côté de l’école, que nous avons #occupé, les slogans ont commencé à être scandés et nous avons aussi tenu une assemblée ou chacun pouvait prendre la parole. Aux moments les plus forts, il y avait une trentaine d’écoliers ainsi rassemblés.

    8/2 Action contre le procès du Muffinman

    EGA Secondaire – Gand a mobilisé une trentaine de lycéens pour l’action de soutien au Muffinman. Il a été acquitté par la Cour d’appel de Gand. Il avait été précédemment condamné pour avoir emporté des muffins qui avaient été jetés par un grand magasin. La direction du magasin et le tribunal de première instance avaient qualifié cela de ‘’Vol’’. Nous défendons la nécessité que le secteur alimentaire soit basé sur les besoins de la population et non pas sur la soif de profits de quelques capitalistes.

    23/2 Succès du débat à l’unif de Gand sur la grève générale

    Ce 23 février, les Etudiants de Gauche Actifs Supérieur à Gand avaient organisé un débat entre partisans et adversaires de la grève générale du 30 janvier dernier. Face à une audience d’environ 150 personnes, le débat fut agité. Marc De Vos, de l’institut libéral Itineras’est par la suite fendu d’un tweet magistral : ‘‘Karl Marx est vivant, il se trouve dans l’auditoire D.’ Oui, Marx avait tendance à être gênant, et ses idées le sont toujours. Pour beaucoup de patrons et pour tous les défenseurs du système, il reste le trouble fête par excellence.

    29/2 Action de Solidarité avec les étudiants de Valencia

    Depuis quelques semaine, à Valencia, en Espagne, des écoliers et des travailleurs sont en lutte contre l’austérité et la répression policière. A cette occasion, nous avons pris l’initiative, avec d’autres organisations (Fgtb-ULB, Attac-ULB, JAC, JOC, FEWLA) d’organiser une action de solidarité. Nous avons pu réunir une trentaine de personnes. Après l’action, nous somme parti en délégation vers la Banque Nationale, pour le rassemblement syndical pour montrer que les étudiants aussi se mobilisent contre l’austérité!


    ISR

    EGA fait partie d’une organisation de jeunes présente dans plus de 40 pays, ISR (International Socialist Resistance). Ce qui nous permet de tirer les leçons des révolutions avec des jeunes tunisiens impliqués dans les événements ou d’apprendre de nos interventions dans les mouvements de masse en Grèce, en Espagne, en Russie, au Québec,…

    125.000 étudiants en grève au Québec

    Les étudiants québecois sont en grève “indéfinie” depuis le 27 février contre la hausse des minervals à 1625$. Ce n’est pas aux étudiants de payer leur crise. Des dizaines de milliers de jeunes ont manifesté à Montréal et à Québec. Une nouvelle manifestation nationale aura lieu le 22 mars. Les étudiants “d’Alternative Socialiste” (équivalent d’EGA au Québec) joue un rôle important dans les assemblées générales et sur les piquets de grève.

    Grève des étudiants en Angleterre le 14 mars

    Le NUS (syndicat national des étudiants) appel à une journée de grève dans l‘enseignement supérieur en Angleterre contre les coupes budgétaires. Cela faisait 90 ans que le NUS n’avait plus appelé à une grève étudiante. Socialist Students (EGA en Angleterre) mènent une campagne quotidienne sur l’ensemble des universités et des hautes écoles du pays pour faire du 14 mars une journée d’action massive.


    Agenda

    Action Stop ACTA !

    ACTA, est un accord qui menace la liberté d’Internet, qui permet de poursuivre celui qui enverrait un extrait de musique par mail et qui introduit une surveillance systématique des échanges d’information sur Internet. Les médicaments génériques pourront être interdits, tout comme l’utilisation de certaines semences qui seront protégées par des brevets. Ces mesures visent uniquement à protéger les énormes profits des industries du disque, du cinéma, pharmaceutique et agro-alimentaire.

    Samedi 10 mars – 14h à Bruxelles

    Manifestation nationale «PLUS JAMAIS DE FUKUSHIMA»

    La cathastrophe nucléaire à Fukushima a clairement illustré la responsabilité des actionnaires des grandes entreprises dans la crise environnementale. Tepco (Tokyo Power Electric Company, premier producteur privé d’énergie au monde), qui a en charge les réacteurs de Fukushima, avait falsifié une trentaine de rapports d’inspection des réacteurs nucléaires. Les capitalistes se soucient peu de notre sécurité, de notre santé, de notre environement et de nos vies. Leur soif de profit et leur avidité est sans limite.

    Dimanche 11 mars à 14h30 à la Gare du Nord – Bruxelles

    Manifestation Antifasciste contre le NSV à Louvain

    Le 15 Mars, le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, organise sa marche annuelle de la haine dans l’une des villes universitaires en flandre. En 2012, c’est au tour de Louvain. Comme chaque année, BlokBuster organise une contre-manifestation à une distance sécurisée du NSV. Nous voulons coopérer avec d’autres organisations et avec les jeunes résidant à Louvain pour exprimer dans la rue un message clair contre le racisme et le fascisme et pour une société où les vrais problèmes sociaux sont abordés.

    Jeudi 15 mar s à 20h Martelarenplein – Leuven

    Manifestation Vottem «camp de la honte, 13 ans déjà…»

    EGA participe à la manif contre le centre fermé pour sans-papiers situé à Vottem. Nous défendons la suppression des centres fermés, l’arrêt des expulsions et la régularisation des sans-papiers et le droit de chacun à avoir un emploi décent. Ce ne sont pas eux qui sont responsables de la pénurie d’emplois, c’est la soif de profit des patrons. C’est d’ailleurs cette même logique qui maintient des dictatures dans les pays du monde néocolonial. Nous disons : c’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leur victime !

    Dimanche 18 mars à 14h Parc de la Citadelle – Liège

    Manifestation «Pro-Choix» pour le droit des femmes

    Depuis 2 ans, une marche réactionnaire contre l’avortement est organisée à Bruxelles. L’archevêque Léonard, les milieux ultraconservateurs et l’extrême-droite y participent. Un rassemblement de protestation contre cette Marche est prévu contre cette Marche est prévue le 24 mars par la plateforme “Abortus Right”. Nous défendons la nécessité de construire une manifestation d’ampleur en mars prochain en allant chercher le soutien dans le mouvement syndical, le mouvement de défense des droits des femmes et des LGBT.

    Samedi 24 mars à 14h Place Poelaert – Bruxelles

    Weekend Socialisme 2012

    Socialisme 2012 est un weekend de discussion avec des orateurs belges et internationaux, dont des participants au processus révolutionaire en Tunise ou à #Occupy Wall Street,… L’occasion pour nous rencontrer dans une ambiance combattive, pour assister aux débats sur des sujets comme “Pourquoi le capitalisme mène irrémédiablement à la crise?”, “Les Jeunes en Lutte pour l’Emploi”, “L’Extrême-droite en Europe : NO PASARAN ! et bien d’autres sujets… inscrit-toi via info@socialisme.be

    28/29 avril au centre culturel ‘De Rink’ – 7 Place de la Vaillance, Anderlecht


    MANIFESTATION PRO-CHOIX

    “ABORTION RIGHT” 14h Place Poelaert – BXL

    Il y a plus de 20 ans, l’avortement a été dépénalisé en Belgique. Pourtant, depuis deux ans, des « Marches pour la Vie » sont organisées. Leurs organisateurs sont pour l’abolition du droit à l’avortement.

    Le mouvement «Pro Life» essaie de s’implanter en Belgique. Le groupe “Sinterklaas” organise des actions devant des centres de planning familial en brandissant des photos de foetus et, si ça ne leur est pas interdit, en jetant de l’eau bénite sur les patientes des centres. Nous ne pouvons pas accepter ces campagnes d’intimidation et de culpabilisation.

    Ils profitent de la crise économique et politique, pour essayer de faire accepter leurs idées réactionnaires et attaquer le droit des femmes à décider pour leur propre corps ! Dans plusieurs pays, le droit à l’avortement est déjà limité. En Espagne, le gouvernement conservateur a annoncé un durcissement de la législation : les filles mineures seront obligées de demander l’accord de leurs parents. Pourtant l’interdiction de l’avortement n’a pour conséquence qu’une augmentation des interventions dangereuses. Les femmes avortent tout de même mais en utilisant des procédés qui mettent leur vie en danger ! Voilà pourquoi partout où les mouvements « Pro-Life » manifestent nous devons leur opposer une résistance avec un programme clair !

    • Maintien du droit à l’avortement et allongement du temps durant lequel on peut légalement avorter !
    • Pour l’accès à une contraception gratuite et de qualité pour tous !
    • L’éducation sexuelle ne peut être laissée entre les mains des programmes télévisés et d’internet ! Pour un refinancement public de l’enseignement, permettant une éducation sexuelle sérieuse !

    Mais la politique de casse sociale ne laisse aucune chance au «libre choix». Beaucoup de femmes décident encore d’avorter pour des raisons financières. Nous défendons également le droit d’avoir des enfants sans que cela nous rende plus pauvre ou nous prenne tout notre temps.

    • Pour un logement et un revenu décent pour tous !
    • Nous n’avons pas besoin d’économies dans les services publics mais plutôt d’un élargissement de différents types de services qui permettent aux femmes de combiner famille, travail et loisirs.

    Organisons-nous !

    Seule une lutte collective des travailleuses et des travailleurs peut obtenir ces acquis. C’est la seule manière efficace pour lutter contre ces organisations opportunistes qui exploitent les problèmes sociaux pour imposer leurs idées réactionnaires. Dans une société dirigée par les profits d’une infime minorité, le sexisme tout comme le racisme ou l’homophobie, est utilisé pour diviser. Nous avons besoin d’un système qui répond aux besoins de la majorité, un système socialiste.

  • Les révolutions ne se font pas sans les femmes !

    8 mars : journée internationale des femmes

    Depuis plus d’un siècle, le 8 mars est la date où l’on commémore et célébre la lutte des travailleuses et des femmes révolutionnaires pour de meilleures conditions de vie et pour une société socialiste. Cette date trouve ses origines dans les luttes des femmes américaines, au XIXème siècle, pour un salaire égal à celui des hommes et des conditions de travail décentes.

    Déclaration du CIO

    Le 8 mars 1857, les travailleurs du textile de New York ont manifesté et organisé des piquets de grève pour exiger de meilleures conditions de travail et un salaire égal pour les femmes. Leurs rangs ont été brisés par la police. Cinquante-et-un an plus tard, le 8 mars 1908, leurs camarades de l’industrie textile ont manifesté à nouveau, honorant les grèves de 1857 et demandant le droit de vote ainsi que la fin des ateliers clandestins et du travail infantile. La police était là encore à cette occasion.

    En 1910, une conférence de femmes socialistes de la Deuxième internationale a adopté la proposition faite par la militante révolutionnaire Clara Zetkin, d’établir une journée internationale de la femme. Les femmes russes l’ont appliquée le dernier dimanche de février (selon le calendrier pré-révolutionnaire julien).

    En 1917, c’est aussi un 8 mars (cette fois selon le calendrier grégorien utilisé ailleurs dans le monde) que les femmes de Pétrograd ont littérelement commencé une révolution. Protestant contre les augmentations de prix et les pénuries alimentaires, elles ont envahi le centre de la ville, appelant tous les travailleurs à les rejoindre.

    « A bas la guerre et la famine ! ». La faim était responsable de la mort de milliers d’enfants et de personnes âgées, mais aussi de personnes très pauvres ou malades. La première guerre mondiale avait pris les vies de millions de paysans et de travailleurs. La Révolution de février en 1917, qui a renversé le tsarisme dans l’Empire Russe, a été le précurseur de la révolution socialiste victorieuse d’octobre cette même année.

    Sous le capitalisme : des acquis et des pertes

    Quasiment cent ans plus tard, le système dont on nous dit qu’il n’a pas d’alternative subit probablement la pire crise de son histoire. Au XXème siècle, dans beaucoup de pays européens et aux Etats-Unis, sous la pression de puissantes luttes de la classe ouvrière, le capitalisme a été forcé d’accorder l’accès à la sécurité sociale, l’éducation et à des crèches. Pendant les périodes de boom économique, les services à domicile devinrent accessibles. Mais la majorité des femmes en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, qui travaillent sans relâche, et des millions d’autres même dans les pays les plus développés, n’ont peu ou pas bénéficié de ces avancées.

    En Europe et en Amérique principalement, une couche de femmes travailleuses peut se battre pour un salaire égal, une égalité des chances et des heures de travail modulables. Au XXème siècle, les attitudes chauvinistes envers les femmes et la promotion du sexisme ont aussi été contrastées par des victoires arrachées par les luttes. Dans le système capitaliste, la « domination masculine » est partie intégrante du système : une réminiscence du passé qui constitue un moyen de maintenir la division et l’exploitation de la classe ouvrière. Mais ses pires expressions peuvent être combatues par les luttes, surtout là où elles sont liées à un mouvement unifié de la classe ouvrière contre les patrons et leur système tout entier.

    Plus durement touchées par la crise

    Aujourd’hui, dans le contexte de la crise mondiale du capitalisme, les acquis des femmes des classes ouvrière et moyenne sont attaqués. Le salaire égal à travail égal, là où il a été gagné, doit être défendu. Si les directions syndicales n’organisent pas la lutte, ce droit de base comme beaucoup d’autres seront remis en cause. Les avancées dans la classification des violences domestiques comme crime et les mesures de protection des femmes cherchant un refuge face à un compagnon violent ont aussi reculé.

    Pendant la première vague de la crise, les travailleurs (masculins) ont pu être les premiers à perdre leurs emplois face à des travailleuses dont le salaire était moindre. Mais alors que la crise s’approfondit et que les emplois publics sont massacrés, ce sont les femmes les plus durement touchées : elles peuvent perdre leur emploi rémunéré, voir leurs allocations fondre et les services sociaux atomisés. Ce n’est pas un hasard qu’elles soient en première ligne des grèves et des grèves générales en Europe notamment.

    Ce sont toujours les femmes qui s’occupent en majeure partie du foyer. Elles font la plupart des courses, de la cuisine, du ménage et ce sont elles le plus souvent qui s’occupent des autres membres de la famille. En période de crise, cela signifie cauchemar sur cauchemar sur le budget familial ; les revenus qui diminuent et les coûts qui augmentent. Alors que les services publics sont attaqués, cela veut aussi dire qu’il faut trouver plus de temps et d’énergie pour s’occuper des enfants, mais aussi des membres âgés ou malades de la famille. Le chômage de masse chez les jeunes est aussi un souci énorme : les possibilités de faire des études s’amenuisent et les aides sont inexistantes ou presque. Les jeunes sont de plus en plus dépendants de leur famille. Le poids que cela fait peser sur les familles de la classe ouvrière peut devenir insupportable, et les parents peuvent constamment avoir la peur que les adolescents chômeurs se replient sur eux-mêmes, plongent dans l’alcool, la drogue ou la petite criminalité.

    Au fil de la crise qui frappe l’Europe, des centaines de milliers de familles ont été brisées : expulsions, émigration de jeunes, suicides, ou incapacité à s’occuper des plus jeunes et des plus faibles… En Grèce, des femmes désespérées par leur incapacité matérielle à s’occuper de leurs enfants les envoient aux autorités étatiques dans l’espoir que ces derniers puissent le faire.

    Ce n’est pas un mystère si dans les manifs en Grèce, les femmes sont les plus bruyantes. Elles ne veulent pas remonter le temps, être confinées à gérer le foyer, être torturées par la pauvreté et la faim ou une nouvelle dictature militaire. Elles n’ont rien d’autre à perdre que leur futur. Un programme socialiste "Non à la dette, non à l’UE" est de plus en plus soutenu. L’idée d’un changement révolutionnaire, de l’auto-organisation, de dégager les capitalistes et les banquiers et de planifier la société selon les besoins et non la cupidité d’une poignée. Tout ceci peut attirer les femmes, les jeunes et les plus âgés. L’alternative qui consisterait à rester sous le capitalisme est un cauchemar.

    Ce sont les femmes qui souffrent le plus des guerres, guerres civiles, famines, catastrophes naturelles, saisies de terres ou dégradations environnementales. Ce sont elles qui souffrent le plus des pratiques religieuses réactionnaires comme les mariages forcés ou les mutilations génitales. Mais elles souffrent aussi le plus de l’incapacité du capitalisme à développer les économies pour le bénéfice de tous au lieu du seul bien-être d’une poignée d’ultra riches.

    Dans les pays soi-disant développés, si les longues heures de travail mettent la pression sur la vie familiale, surtout pour les femmes, dans les économies moins développées, les femmes effectuent tout le travail fatiguant dans les champs. Ce sont aussi elles qui doivent porter de l’eau sur des kilomètres à travers le pays. Elles et les enfants sont parmi les travailleurs les plus exploités et harcelés dans les usines et les mines.

    Selon l’association "Care International", 70% des plus pauvres du mondes sont des femmes et des petites filles, deux tiers des gens qui ne savent pas lire et écrire sont des femmes, et dans beaucoup de pays, plus de femmes sont susceptibles de mourir en couche que de recevoir une éducation. Dans un monde où partout les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres, le combat pour gagner des femmes socialistes à la bannière de la socialiste et de la révolution devient chaque jour plus urgent.

    Inde et Chine

    Dans des pays comme la Chine ou l’Inde, la majorité des femmes et de leurs enfants vivent dans une pauvreté absolue. Une certaine couche de la société (environ 300 millions de personnes dans ces deux pays) a pu s’élever d’une pauvreté absolue au niveau de vie moyen des classes populaires. Mais avec le choc de la crise ils commencent à s’embourber à nouveau dans la pauvreté et à se retrouver sans abri. Certains commencent à résister et à se battre sur les questions de logement et d’environnement.

    Les travailleurs (hommes et femmes) qui ont quitté les campagnes désœuvrées pour les grosses usines ont aussi commencé à lutter contre les horaires interminables et les conditions de travail dignes de l’esclavage qui leur sont imposés. En Inde, les jeunes travailleurs de Suzuki Maruti, par exemple, ont formé leur propre syndicat, se sont mis en grève et ont gagné de meilleures conditions de travail ainsi que de meilleurs salaires. Ainsi, ils peuvent nourrir, habiller et loger leur famille dans de meilleures conditions et passer plus de temps avec elle.

    Dans les usines chinoises, les jeunes femmes travaillent parfois jusqu’à 12 heures par jour. Elles ont récemment été impliquées dans d’importantes grèves. Dans l’entreprise Foxcon qui emploie un million de personnes en Chine, principalement des femmes, le suicide apparait comme la seule issue. Cependant, les grèves de l’année dernière ont permis une légère amélioration. Des menaces de suicides collectifs ont encore fait les gros titres, mais l’idée de luttes de masse progresse à nouveau. Le potentiel pour des soulèvements révolutionnaires est ancré dans la situation actuelle de la Chine dans lesquelles de nombreuses femmes joueront un rôle important pour qu’ils soient victorieux.

    Un fort ressentiment monte aussi en Chine contre la politique rigide de l’enfant unique. Elle crée de grandes souffrances émotionnelles et matérielles, surtout pour les femmes. Celles qui peuvent trouver l’argent nécessaire vont à Hong Kong pour contourner la loi et accoucher là bas. Mais elles doivent faire face, non seulement à la possibilité de sanctions à leur retour chez elles, mais aussi des tentatives racistes de faire monter l’hostilité contre les chinois du continent. Les membres du CIO à Hong Kong se battent résolument pour les droits de femmes et aussi contre toutes les expressions du racisme.

    Droits des femmes

    Les femmes doivent avoir le droit de décider si, quand et combien elles veulent d’enfants. Elles peuvent grandement souffrir de la décision d’avoir ou de ne pas avoir d’enfant. Les vrais socialistes défendent le droit de choisir de mettre fin à une grossesse non désirée dans des conditions de sécurité satisfaisantes. Les membres du CIO mènent campagne, partout dans le monde, contre les religieux et autres réactionnaires qui refusent le droit à un avortement libre, dans des conditions satisfaisantes de sécurité et de délais. Cela doit être considéré comme un droit et non comme les militants hypocrites des mouvements nativistes l’appellent, un « infanticide » ! En Irlande, la députée du Socialist Party, Clare Daly, est intervenue au parlement pour défendre le droit à l’avortement.

    Avec l’approfondissement des crises, il sera de plus en plus difficile pour les femmes (seules ou avec leur conjoints) de nourrir et habiller leurs enfants. Si elles veulent ou doivent limiter le nombre d’enfants qu’elles ont (ou ne pas en avoir du tout), elles ne doivent pas en être empéchées par des restrictions religieuses, étatiques ou financières sur la contraception ou l’avortement. Les femmes doivent pouvoir profiter des plaisirs sexuels sans peur d’une grossesse non désirée. Elles doivent aussi, d’autre part, être aidées dans les problèmes d’infertilité, avec toute l’aide nécessaire de la part de l’Etat.

    Les militants pour le socialisme doivent mener des campagnes contre les mariages forcés, le viol, la circoncision, avec toute la sensibilité nécessaire quant à ces questions délicates. La religion est importante pour beaucoup de personnes qui doivent pouvoir la pratiquer tant que cela n’affecte pas les droits fondamentaux des autres. Cela inclu donc le port du hijab ou même de la burka. Ce droit ne doit pas être refusé aux femmes ni leur être imposé.

    Révolution

    L’année dernière, les révolutions étaient à l’agenda. A travers l’Histoire, en France en 1789 ou en Russie en 1917, ou plus récemment dans les rues de Tunis ou du Caire, les révolutions ont montré qu’elles peuvent éclater sur des revendications basiques comme celle du pain. Et elles peuvent finir par dégager des rois, des tsars ou des dictateurs.

    Dans les révolutions d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, les femmes ont joué un rôle important dans les batailles de rue et dans les grèves qui ont mené à la victoire. Elles ont surtout montré une grande détermination à gagner une société différente de celle prescrite par les dictateurs et par les religieux fondamentalistes réactionnaires.

    Cependant, l’ampleur de la tâche qui reste dans les pays comme la Tunisie et l’Egypte s’est illustrée dans les attaques brutales contre les femmes, même sur la place Tahrir – le centre de la révolution. Les femmes ont organisé des manifestations importantes contre cela. En Tunisie, des membres de la secte extrême des Salafistes ont attaqué des femmes relativement « libérées » qui travaillent dans les universités parce qu’elles choisissent de ne pas porter le voile.

    Aussi longtemps que survivra le capitalisme, l’exploitation et l’oppression des femmes continueront. L’une de ses pires expressions est le trafic d’êtres humains, notamment dans le but de vendre des femmes et des filles pour les forcer à se prostituer. Les campagnes contre toutes les formes d’exploitations et d’oppression dans la société actuelle, et contre toutes les formes de discrimination sur la base du sexe, de la nationalité, des croyances ou de l’orientation sexuelle, ont besoin de l’appui total du mouvement ouvrier organisé.

    Les femmes doivent être à l’avant-garde dans toutes les luttes pour les réformes aussi bien que pour la révolution. Le CIO fait tout ce qui est en son pouvoir pour cela. Les livres, pamphlets et tracts sur les questions qui affectent le plus les femmes sont d’une aide énorme. Les meetings et manifestations sur des questions particulières (fermetures de crèches, de maternités… ) peuvent attirer des femmes à la lutte socialiste. Elles jouent déjà un rôle crucial dans les campagnes pour l’emploi des jeunes, tout comme contre les coupes et l’austérité dans les grèves d’enseignants, de fonctionnaires ou de corps médical.

    Au Sri Lanka, les travailleuses des Zones Franches ont mené une grève contre la réforme des retraites de la dictature de Rajapakse et ont gagné! Au Pakistan une grève importante d’infirmières a été victorieuse. Dans la province de Sindh l’année dernière, les femmes du CIO ont organisé une marche impressionnante et bruyante sous la bannière de l’ « Association des Travailleuses de la Santé Progressive » (voire la vidéo). Au Kazakhstan, les femmes jouent un rôle primordial dans la lutte contre les expulsions de logement. Aux USA et partout, les mouvements « Occupy » ont vu des femmes exprimer leur colère contre les banquiers et les 1% de privilégiés qui dominent la société sous le capitalisme. La façon d’écrire ‘indignad@s’ en Espagne – combinant la terminaison féminine “a” avec la terminaison masculine “o” – indique une certaine conscience de l’importance de ce que les femmes soient traitées en égales.

    A l’occasion de la Journée Internationale des Femmes de 2012, le CIO salue les courageuses femmes pionnières du socialisme. On voit s’ouvrir une période de soulèvements révolutionnaires dans laquelle le CIO sera enrichi par le recrutement de femmes combattantes, sans peur.

    Les bolcheviks qui sont arrivés au pouvoir sous la direction de Lénine et Trotski ont immédiatement ouvert la porte à une “Nouvelle Vie” pour les femmes, comme le disait une célèbre affiche de propagande de l’époque. Sur la base d’une économie nationalisée, gérée par les représentants élus des travailleurs, et d’une extension de la révolution aux économies les plus avancées où l’industrie pourrait se développer plus rapidement, le rêve d’une vie sans corvée à la maison ni au travail, pourrait rapidement se réaliser.

    La montée de Staline, l’écrasement de l’internationalisme socialiste authentique, a fermé cette porte. Sous le dictateur, la vie des femmes est devenue de plus en plus dure – supportant à nouveau le double fardeau des longues heures à l’usine et le manque de crèches, de laveries, de restaurants et de loisirs.

    Dans le monde d’aujourd’hui, les révolutions prennent place dans un contexte complètement différent. Elles feront tache d’huile d’un pays à l’autre de la même façon que l’année dernière. Les gouvernements ouvriers, établis par une lutte massive, auront la tâche de réorganiser et de développer la société sur base d’un niveau plus élevé de technologies et de sciences.

    Les travailleurs – hommes et femmes – qui feront les révolutions socialistes du XXIème siècle se battront obstinément pour empêcher les anciens dirigeants de s’accrocher au pouvoir. Ils se battront aussi becs et ongles pour empêcher un personnage comme Staline, ou une clique de privilégiés, de leur voler leur révolution. Sur la base de nationalisations sous le contrôle et la gestion par les travailleurs, des perspectives s’ouvriront pour une nouvelle société – basée sur la satisfaction des besoins et des aspirations plutôt que sur la cupidité et l’exploitation, de telle façon que personne n’acceptera de revenir en arrière.

    Nous, au CIO, luttons sans cesse pour que le socialisme soit atteint dans le monde entier. Une telle société, réalisée par la propriété publique, le contrôle et la planification démocratiques, sera finalement capable d’utiliser harmonieusement et co-opérativement les talents de chaque être humain et les ressources naturelles de la planètes pour le plus grand bénéfice de la société humaine.

  • Une révolution socialiste peut-elle être pacifique ?

    La question de la violence est souvent posée aux militants marxistes : pouvons-nous changer le monde par des moyens pacifiques ? Les gens sont généralement rebutés par l’idée du conflit et peuvent trouver choquant de parler de révolution. Cela évoque pour eux des images de lutte armée, de guerre civile et de chaos, choses que toute personne saine d’esprit trouvera désagréable.

    Comment les socialistes authentiques peuvent-ils expliquer cette question ? Quelle approche adopter ? Tout d’abord, comprendre le rôle de la violence dans les changements sociaux exige une compréhension des forces qui existent dans la société capitaliste. Le capitalisme est un mode de production qui n’a pas toujours existé. Comme tout système social, il est né du développement des forces de production de la société précédente (le féodalisme dans ce cas-ci) et a renversé celle-ci. Tout comme les conditions sociales et économiques avaient jeté les bases du capitalisme, le capitalisme a posé celles du socialisme.

    Les contradictions internes au capitalisme (développement d’une classe ouvrière majoritaire, le prolétariat exploitée; impossibilité de continuer à faire croître les forces productives sur base de la propriété privée des moyens de production; recherche effrénée de nouveaux marchés où vendre les produits du travail, ce qui créé perpétuellement des guerres) sont précisément les facteurs qui ont créés d’eux-mêmes les bases nécessaire à la construction d’une nouvelle société.

    Comme l’a expliqué le célèbre marxiste américain James Cannon, le rôle des socialistes authentiques est ”de préparer les travailleurs pour cela, de les convaincre qu’une telle société est souhaitable et d’essayer de les organiser pour accélérer sa venue et pour y parvenir de la façon la plus efficace et la plus économique.”

    C’est le facteur subjectif qui décide si une société va aller de l’avant sur base du socialisme ou si les mouvements révolutionnaires vont être brutalement défaits. L’histoire enseigne que la classe dominante qui a fait son temps ne cède pas tout simplement sa place de bonne volonté. Elle se bat avec énergie et recourt à tout ce qui est à sa disposition afin de se maintenir au pouvoir. C’est à ce moment qu’apparait réellement l’intérêt de cette question portant sur l’utilisation de la violence.

    Beaucoup de gens nous demandent ”pourquoi ne pourrions-nous pas parvenir pacifiquement au socialisme par la voie parlementaire ?” Nous devons patiemment leur expliquer que, bien entendu, nous préférerions largement que cela se passe de cette façon, et que nous tenterons d’ailleurs d’emprunter la voie pacifique aussi loin qu’elle pourra nous conduire. Mais la classe dominante, elle, ne permettra pas qu’il en soit ainsi. Elle aura recours à la violence contre le mouvement pour le changement. Il nous faudra alors nous défendre, nous-mêmes ainsi que le droit de la majorité de la population de faire progresser la société. Voici expliqué en termes généraux quelle a de tous temps été la position des marxistes véritables.

    L’approche marxiste

    La première formulation de la position marxiste concernant la question de la révolution pacifique est apparue chez Engels dans les ”Principes du communisme” (1847). En réponse à la question : ”Sera-t-il possible d’obtenir l’abolition de la propriété privée par des méthodes pacifiques ?”, Engels répondait : ”Il serait souhaitable que cela se produise ainsi et les communistes seraient sans doute les derniers à résister à cela…Mais ils voient aussi que le développement du prolétariat dans presque tous les pays civilisés a été arrêté par la force. Si, à la fin, le prolétariat oppressé doit être poussé à la révolution, nous communistes nous défendrons la cause des prolétaires par les actes aussi bien que nous le faisons maintenant en paroles.”

    Ce qu’Engels voulait dire, aux premier temps de la publication des idées du socialisme, c’est que nous préférons évidement opérer une transition pacifique vers une autre société, mais que nous ne pouvons pas la garantir du fait de l’opposition irréductible des capitalistes. Face à leur volonté de s’accrocher à leurs privilèges, qui dépendent du système capitaliste, nous devons nous préparer et nous tenir prêts à nous défendre, nous-mêmes ainsi que notre projet politique alternatif.

    Dans la même réponse, il a également expliqué que : ”Les communistes savent trop bien que toute conspiration est non seulement vaine mais aussi nuisible. Ils ne savent que trop bien que les révolutions ne sont pas provoquées délibérément ou arbitrairement, mais qu’en tout temps et en tout lieu, elles ont surgi de circonstances absolument indépendantes de la volonté et du leadership de partis et de classes sociales.”

    Engels mettait ce point en relation avec la question de la violence. Les marxistes ne sont pas partisans d’une insurrection provoquée par une minorité. La révolution socialiste, au contraire des révolution précédentes, requiert la participation active et consciente d’une vaste majorité de la population agissant dans son propre intérêt.

    Le mouvement pour le socialisme est un mouvement démocratique visant à l’instauration d’une société démocratique. Son programme ne peut être réalisé qu’avec le soutien actif de la majorité. Dans ces conditions, la question de la violence devient donc en fait la question du refus de la minorité capitaliste de se soumettre à la volonté de la majorité.

    Cela fut très précisément le cas lors de la révolution russe de 1917. Au contraire de ce qu’on peut trouver dans de nombreux livres d’histoire et commentaires d’historiens bourgeois, les bolcheviques ont patiemment attendu et fait de l’agitation jusqu’à ce que leur programme obtienne le soutien de la majorité de la population. Ce n’est qu’alors que s’est concrètement posé la question de la prise du pouvoir. La violence survenue par la suite fut orchestrée par une minorité contre-révolutionnaire.

    La révolution russe de 1917

    Après la révolution de février 1917, qui avait renversé le Tsar de Russie Nicolas II, les bolcheviques constituaient une petite minorité dans la société. Ils avaient compris que, dans la perspective de changer la société vers le socialisme, il n’est pas suffisant d’avoir le soutien des seuls travailleurs avancés. Il est nécessaire de gagner la majorité des travailleurs, des couches des forces armées et, dans le cas de la Russie de l’époque, une large part de la paysannerie.

    Ils avaient bien compris que 90% du travail pour la révolution socialiste vise à gagner les masses par l’explication et l’organisation. Sans le soutien d’une majorité aux idées du socialisme, tout mot d’ordre de guerre civile et d’insurrection est irresponsable et contreproductif, et ne conduit pas au socialisme. Les idées du socialisme authentique sont totalement opposées à celles du terrorisme individuel, qui n’ont pas du tout comme objectif de gagner les masses au socialisme

    Tout au long de l’année 1917, Lénine a souvent dû démentir la thèse selon laquelle les bolcheviques étaient favorables à la violence. Il a toujours pointé du doigt la responsabilité de la classe dirigeante pour la violence. Même le fameux slogan ”tout le pouvoir aux soviets” a été accusé d’être en réalité un appel à la violence.

    Lénine a catégoriquement réfuté cela en disant: ”apparemment, tous les partisans du slogan ”tout le pouvoir aux soviets” n’ont pas donné une bonne idée du fait qu’il s’agissait d’un slogan pour la progression pacifique de la révolution. Pacifique dans le sens où personne, aucune classe, aucune force d’une quelconque importance ne pourrait résister ou empêcher le transfert du pouvoir aux soviets. Ce n’est pas tout. Le développement pacifique pourrait être possible même au sens où la lutte des classes et des partis à l’intérieur des soviets pourrait revêtir une forme plus pacifique et plus douce, à condition que l’entièreté du pouvoir d’Etat passe aux soviets en temps et en heure.” Trotsky a résumé cette position dans ”L’Histoire de la révolution russe” en écrivant: ”Tous les efforts du parti depuis avril jusque juillet ont étés dirigés vers la possibilité d’un développement pacifique de la révolution au travers des soviets.”

    Les bolcheviques ont donné le pouvoir aux chefs de file réformistes qui avaient la majorité dans les soviets des ouvriers paysans et soldats dans le but de gagner démocratiquement la majorité à l’intérieur de ces structures. Ils considéraient cela comme la voie la plus pacifique vers la révolution. Même lorsqu’ils étaient en minorité dans ces structures, Lénine et Trotsky ont argumenté afin d’éviter une confrontation prématurée avec l’Etat. Mais comme les dirigeants réformistes continuaient à se démasquer et à montrer leur véritable nature au grand jour, les bolcheviques ont finalement remporté la majorité des suffrages au sein des soviets.

    Mais ayant emporté la majorité, une divergence d’opinion existait entre Lénine et Trotsky à propos du moment auquel prendre le pouvoir. Lénine voulait directement profiter des divisions du pouvoir en septembre, quand ils étaient certains d’obtenir la majorité dans les soviets. Trotsky, par contre, était d’avis de postposer l’insurrection jusqu’au Congrès des soviets, le vote donnant aux bolcheviques un mandat clair pour prendre le pouvoir. C’était un facteur décisif pour achever le transfert pacifique du pouvoir. L’élément essentiel n’était pas la force militaire ou l”aptitude à prendre le pouvoir, mais la légitimité politique découlant du soutien des masses.

    Le jour du Congrès des soviets, le Comité Militaire Révolutionnaire, un organe élu des soviets maintenant sous influence bolchevique, déclencha l’insurrection d’octobre. Les bolcheviques ont pris cette décision pour défendre les acquis du mouvement révolutionnaire et les protéger de la contre-révolution, pour défendre le droit des masses à développer une société basée sur la satisfaction de leurs propres intérêts. Comme ils étaient bien préparés et qu’ils avaient gagné la majorité à leurs vues, le transfert du pouvoir qui eu lieu à Petrograd se fit sans grande violence.

    La tactique des bolcheviques était de poursuivre sur la voie la plus pacifique vers la révolution et, ayant gagné la majorité, de prendre le pouvoir afin d’éviter que le mouvement ne soit noyé dans le sang. Leur patient travail de préparation fut aussi nécessaire afin de mobiliser les masses en défense du gouvernement des travailleurs contre les forces contre-révolutionnaires et les armées d’invasion durant la guerre civile qui suivit.

    De nombreuses conditions défavorables qui existaient du temps de la révolution russe n’existent plus aujourd’hui. Le développement des forces productives a partout donné un poids gigantesque à la classe ouvrière. Contrairement à l’époque de la révolution russe, la classe ouvrière constitue une majorité décisive dans chaque pays capitaliste avancé. Parallèlement, la base de la contre-révolution, particulièrement la paysannerie, a diminué. Ce changement dans la situation objective aura d’énormes conséquences sur les futures possibilités de révolution socialiste.

    Mai 1968

    Le plus grand potentiel pour une transformation plus pacifique de la société a été illustré par l’expérience de mai ’68 en France.

    En mai ’68, la France était en pleine révolution. En l’espace de quelques jours, à partir d’une grève générale de 24 heures en solidarité avec les protestations étudiantes, dix millions de travailleurs sont partis en grève. Trotsky expliquait qu’une révolution survient quand les masses commencent à participer activement à la vie de la société. Elles deviennent alors conscientes de leur propre force et du fait qu’elles détiennent leur avenir dans leurs mains. C’est ce qui s’est produit en France en 1968.

    La classe dirigeante française et ses alliés avaient espéré qu’une grève générale de 24 heures serait suffisante pour faire retomber la pression et éviter d’autres actions. Mais les travailleurs en avaient décidé autrement et ont spontanément suivi l’exemple donné par les travailleurs de Sud Aviation. Le lendemain de la grève générale, ils sont retournés à leur usine… pour l’occuper. Ils ont enfermé leurs patrons, ont organisé un comité d’action et se sont rendus dans les usines avoisinantes et les lieux de travail pour diffuser leur idée. A partir de ce moment, la grève révolutionnaire a pris de l’élan. En un week-end, deux millions de travailleurs se sont mis en grève. Le 20 mai, ils étaient six millions et le 24 mai, ils étaient dix millions.

    Avec tous les secteurs de la société influencés par la grève, un des plus puissant gouvernement du monde développé était en crise. La classe dirigeante française était divisée et affaiblie. Aucune des nombreuses mesures répressives, aucun hurlement, aucune concession ne semblait capable d’enrayer le mouvement. La classe moyenne était non seulement acquise à l’idée de la grève, mais aussi très impliquée dans le mouvement. La police était en grève, les marins se mutinaient et les conscrits déclaraient qu’ils ne voulaient pas être utilisés contre leurs frères et leurs s?urs grévistes. La classe ouvrière avait instantanément rendu obsolètes les institutions du capitalisme et même le rôle du président.

    Le 27 mai, les représentants syndicaux obtinrent des concessions économiques importantes de la part du gouvernement et des patrons. Mais quand ils revinrent vers les travailleurs pour faire approuver ces acquis, ceux-ci les rejetèrent assemblée après assemblée. Ces réformes ne concernaient pas les demandes les plus fondamentales des travailleurs: leur désir d’avoir une économie, un système politique et une société en général contrôlée par eux-mêmes.

    A ce moment, dans une situation sans espoir, le Général De Gaulle s’envola pour l’Allemagne. A ce point, le mouvement avait complètement déstabilisé le régime et aurait pu, avec une direction révolutionnaire consciente, mettre fin au capitalisme et installer un gouvernement des travailleurs. Malheureusement, il n’y avait pas de parti capable de diriger avec succès un transfert relativement pacifique du pouvoir vers la classe ouvrière. Ainsi, rassuré par l’incapacité des dirigeants ouvriers à prendre le pouvoir, De Gaulle retourna à Paris. Il annonça la dissolution du parlement, de nouvelles élections et une campagne contre le communisme.

    Les travailleurs étaient amenés par le gouvernement et les leaders syndicaux à reprendre le travail. On leur disait de se concentrer sur les élections. Des charges de police furent nécessaires pour mettre fin aux occupations d’usines et en expulser les travailleurs. Le gouvernement et le patronat se vengeaient après avoir repris confiance.

    Malgré la défaite, ce que l’expérience de mai 68 a démontré, c’est qu’une transformation socialiste de la société peut se produire relativement pacifiquement si cette idée est présente dans chaque couche de la société et que les travailleurs sont convaincus de la nécessité de prendre la direction de la société dans leurs propres mains. Ce qui a manqué en France, c’était une direction révolutionnaire prête à les guider.

    Les violences qui ont eu lieu sont survenues précisément à cause du fait que les travailleurs ont échoué à prendre le pouvoir. C’est d’ailleurs la leçon de plusieurs autres révolutions. Si le mouvement ne parvient pas à prendre le pouvoir des mains capitalistes et à démanteler l’Etat capitaliste, les capitalistes restaure leur autorité en ayant recourt à la force.

    La révolution aujourd’hui

    Aujourd’hui, une révolution dans n’importe quel pays capitaliste avancé serait sûrement similaire à ce qui s’est déroulé en France à l’époque. S’il est vrai que l’état capitaliste est fort du nombre de ses policiers, de ses soldats et de ses ressources militaires, ce n’est pas un facteur déterminant. Un soulèvement socialiste révolutionnaire ne peut pas être compris qu’en termes de forces militaires. C’est d’abord une question de relations de forces dans la société.

    La force dont dispose la classe ouvrière dans la société capitaliste découle de son rôle dans la production et dans le fonctionnement de tous les aspects de la société. Si les travailleurs stoppent le travail, tout doit s’arrêter. S’ils construisent leurs propres structures de distribution et de décision, alors l’ordre ancien vole en éclat.

    Lorsque les travailleurs s’engagent dans une lutte de masse, se démontrant à eux-même qu’ils représentent une force importante dans la société, ils peuvent rapidement gagner le soutien de la classe moyenne exploitée, qui partage plus d’intérêts en commun avec eux qu’avec les banques et les monopoles capitalistes.

    Si les travailleurs peuvent gagner le soutien d’autres secteurs de la société comme ils l’ont fait en France et en appeler aux soldats et aux policiers sur une base de classe, ils peuvent miner la base sur laquelle la classe dirigeante peut mobiliser contre eux. Sans armée pour se battre pour eux, les capitalistes seront bien forcés de se retirer.

    Voilà quelles sont les forces qui existent dans le monde capitaliste aujourd’hui. Pour cette raison, la possibilité d’une transition vers le socialisme largement pacifique est plus grande aujourd’hui qu’à l’époque de la révolution russe.

    Quel est le principal obstacle aujourd’hui?

    Le principal problème auquel nous devons faire face aujourd’hui est que la classe ouvrière n’est pas pleinement consciente du pouvoir collectif qu’elle représente. Les réformistes du mouvement ouvrier international prennent du temps à convaincre les travailleurs qu’ils sont faibles et que l’Etat capitaliste est le plus fort. Une part de leur boniment est consacré à faire peur aux travailleurs avec l’idée que la révolution signifie inévitablement la violence et la guerre civile.

    Les socialistes authentiques ne doivent entretenir aucune illusion sur le fait que la classe capitaliste se battra avec tous les moyens à sa disposition pour conserver son pouvoir et son assise. Mais ses capacités de le faire dépendent des moyens dont cette classe dispose. Et cela dépend, pour une large part, de la capacité d’un parti révolutionnaire et de la classe ouvrière à en appeler à tous les secteurs de la société et à gagner le plus grand nombre à la cause de la révolution.

    Si les marxistes ne sont pas des partisans de l’idée de la violence, nous ne sommes pas non plus des pacifistes. Nous comprenons le rôle de l’état capitaliste et le désespoir avec lequel la classe capitaliste s’accroche au pouvoir. Cependant, nous considérons la question de la violence comme une question politique où le meilleur moyen d’assurer une voie pacifique vers la révolution est de mobiliser les masses afin de miner les bases matérielles de la contre-révolution, pour miner le soutien à la classe capitaliste.

    Avec le large soutien des masses, la classe ouvrière pourrait prendre pacifiquement le pouvoir, comme elle aurait pu le faire en France en 1968. En fait, un peuple qui a commencé à lutter doit continuer à le faire avec une orientation socialiste, c’est la seule façon envisageable d’éviter la violence.

  • Une nouvelle manifestation de 100.000 personnes à Moscou contre Poutine : comment continuer ?

    Le 4 février à Moscou, par des températures proches de -20ºC, a eu lieu une nouvelle manifestation massive, regroupant sans doute plus de 100.000 personnes, afin de protester contre la fraude lors des élections parlementaires de décembre en Russie, et contre la victoire déjà annoncée de Vladimir Vladimirovitch Poutine aux présidentielles du 4 mars. Des manifestations semblables, bien que plus petites, se sont déroulées dans d’autres villes un peu partout en Russie. Pendant ce temps, à Moscou, Poutine et ses partisans ont organisé une contre-manifestation. Jennia Otto, de la section moscovite du Komitiét za rabotchi internatsional (KRI, CIO-Russie), décrit dans cet article ce qu’elle a vu pendant la manif de l’opposition.

    Jennia Otto, Komitiét za rabotchi internatsional (CIO-Russie)

    La manifestation du 4 février était très organisée. Elle était menée par une foule de “sans-partis”, qui composait plus de la moitié du cortège. Puis, suivaient les partis politiques. Les libéraux en tête, suivis des nationalistes et des fascistes, puis, tout au fond, la “coalition de gauche” et le “bloc rouge et noir” (anarchistes). Les organisateurs ont de la sorte isolé les militants de gauche – avec le consentement de beaucoup de ces mêmes militants – du gros des manifestants.

    Le KRI était présent à la manifestation du bloc de gauche, avec des pancartes sur lesquelles étaient écrites : ‘‘À bas le président : pour une assemblée constitutionnelle de tous les travailleurs !’’, ‘‘Aucune confiance dans les candidats du patronat et de la bureaucratie – pour un boycott actif des élections !’’, et ‘‘Non au nazisme et à la xénophobie – pour l’unité de tous les travailleurs !’’ Nous essayons de trouver des gens qui soient d’accord avec notre position, selon laquelle dans les élections présidentielles du 4 mars, il est nécessaire d’organiser un boycott actif, plutôt que de soutenir la “gauche” officielle existante que déclarent être le très chauviniste Parti communiste (KPRF) et le candidat pro-Kremlin du parti “Juste Russie” (SR).

    Mais la principale raison pour laquelle nous sommes venus à la manifestation était que nous voulions dialoguer avec les militants sociaux, les simples gens qui étaient venus sur la place pour connaitre leur position politique et pour discuter de comment porter le mouvement de l’avant. Par conséquent, la majorité de nos militants se trouvait dans le gros de la manifestation, dans sa partie “civile”, avec nos banderoles et nos tracts. Il y avait là toutes sortes de gens : des étudiants de l’université de Moscou, des petits actionnaires floués, des écologistes, et autres militants citoyens. Bon nombre d’entre eux portait simplement des ballons blancs. Nos banderoles disaient : ‘‘Faisons payer la crise au patronat – non aux coupes budgétaires ! – Nationalisation de l’industrie et des banques’’, ‘‘Le pouvoir aux millions, pas aux millionnaires !’’, et ‘‘Ils sont tous d’accord. Boycottons les élections ! Votons par la grève’’. C’est cette dernière banderole qui a obtenu le plus d’attention. Des jeunes sont venus pour dire qu’il n’y avait personne pour qui ils voulaient voter dans ces élections ; beaucoup ont ensuite commencé à parler de l’Égypte. Les manifestants plus âgés n’étaient pas aussi chauds ; ils se disaient prêts à voter pour n’importe qui sauf Poutine.

    La revendication de la nationalisation a provoqué des discussions. Certaines personnes disaient que ‘‘S’il n’y a pas de patron, les gens ne travailleront pas’’. Ils ont même tenté de nous convaincre que cela avait été scientifiquement prouvé. Nos militants ont répondu en disant que lorsqu’un patron capitaliste décide d’investir pour répondre à un besoin social, c’est toujours dans le but d’augmenter ses profits. Nous avons aussi discuté de la différence entre le contrôle bureaucratique de l’industrie et de la société qui existait du temps de l’Union soviétique et la nécessité d’une nationalisation sous contrôle et gestion démocratique par les travailleurs. Par contre, il était amusant de constater que nombre de personnes qui se disaient contre l’idée de nationalisation acceptaient par contre l’idée de réquisitionner les palais de Poutine pour en faire des orphelinats ou des écoles – donc le problème n’est pas l’expropriation.

    ‘‘Poutine – vor !’’

    Parmi la foule des militants sociaux, certains slogans naissaient pour mourir aussitôt. D’autres étaient rapidement repris en chœur. Le plus populaire de ces slogans reste de loin ‘‘Poutine – vor !’’ (Poutine – voleur !). Lorsqu’on discutait de ce slogan avec les gens, il était clair qu’ils étaient conscients que Poutine n’est pas le seul voleur dans le pays, ni le seul responsable de la crise. Personne n’était chaud pour soutenir les autres candidats lors des prochaines élections. Nos slogans les plus populaires étaient ‘‘Narod – nié skot ! vyboram boïkot !’’, et ‘‘Vlast – millionam ! a nié millioniéram !’’ (‘‘Le peuple n’est pas un troupeau – boycottons les élections’’ ; ‘‘Le pouvoir aux millions, pas aux millionnaires’’).

    La tribune jouait de la musique, alternant entre des chansons romantiques et de la musique pop. Les organisateurs prenaient de temps en temps le micro pour demander aux gens d’attendre que la fin de la manif arrive. La musique a en tout duré une heure. Un des manifestants a crié : ‘‘A politika boudiét ?’’ (La politique c’est pour quand ?). Puis, lorsque les politiciens sont finalement arrivés sur la tribune, ils ont eux aussi mis la patience des manifestants à rude épreuve. Aucun d’entre eux n’a de nouveau tenté de donner la moindre ébauche de plan d’actions.

    La majorité des discours suivaient le même schéma : les orateurs remerciaient les gens d’être passés, ont raconté une ou deux histoires sur la manière dont les élections ont été truquées, et ont critiqué les autorités pour le manque de liberté politique. Puis, ils ont demandé des nouvelles élections, et la démission de Tchourov, le chef de la commission électorale centrale. Ils ont appelé les gens à ne pas voter pour Poutine, mais de s’enregistrer en tant qu’observateurs le jour des élections pour contrôler le comptage des votes. Ils ont demandé la libération des prisonniers politiques, non seulement pour ceux qui ont été arrêtés lors des manifestations, mais aussi de toute une série d’hommes d’affaires qui sont en prison pour diverses raisons. Les problèmes sociaux, tels que la hausse du prix de l’électricité et la commercialisation des services d’État, n’ont été mentionnés qu’une seule fois – dans la chanson “Chute libre” chantée sur la tribune par un groupe de soldats. Les personnalités politiques ont complètement ignoré toutes ces questions. De plus, deux personnes qui étaient pourtant sur la liste des intervenants votée lors du “forum d’organisation” avant la manifestation se sont finalement vu refuser l’accès au podium ; il s’agissait des représentants du syndicat indépendant de l’enseignement “Outchitel” (“Instit”) et de l’organisation “Grajdanine izbiratel” (“Citoyen électeur”).

    Les discours de l’intelligentsia pro-capitaliste ne méritent pas le moindre commentaire – ils étaient dégoulinants de bon sentiments, mais sans aucun contenu. L’écrivain Loudmila Oulitskaïa a limité son intervention au commentaire suivant ‘‘Aujourd’hui, c’est une nouvelle, très bonne histoire qui commence’’. La journaliste Irina Iassina a appelé les manifestants à être attentifs à développer leur propre honnêteté et conscience, de sorte que nous puissions avoir au pouvoir des gens avec de hautes valeurs morales. Le journaliste de la télévision Léonid Parfionov a profité de l’occasion pour faire la publicité de son projet de “télévision sociale”, concluant par un appel du type ‘‘Réveillez-vous !’’

    Les personnes présentes sur la place ont réservé un accueil plutôt froid à tous ces orateurs. Une des premières personnes à parler était le meneur d’extrême-droite Aleksandr Biélov. Il a essayé de chauffer la foule en criant ‘‘Rossiya biez Poutina !’’ et ‘‘Kto obvoroval Rossiyou ?’’ (‘‘Russie sans Poutine’’, ‘‘Qui a dévalisé la Russie ?’’), mais la foule a simplement répondu ‘‘Dégage !’’. Le représentant de “Juste Russie” (le parti pseudo-social-démocrate pro-Kremlin) a tenté de nous dire qu’il faudrait une Russie démocratique et que les autorités devraient être contrôlées par la population. Mais lorsqu’il a crié ‘‘La Russie sera libre !’’ (‘‘Rossiya boudiét svobodnoï !’’) , il s’est vu rétorquer ‘‘Rends ton mandat !’’ et ‘‘À bas tous !’’ (‘‘Doloï ikh vsiekh !’’).

    Ilia Iachine du mouvement “Solidarnost” (Solidarité) s’est émerveillé de l’unité de la plate-forme de l’opposition. ‘‘L’essence de nos revendications est simple : à bas l’autocratie, vive la république, rendez au peuple ses élections !’’ Il a aussi appelé les enseignants à ne pas céder à la pression du gouvernement et à ne pas participer à la falsification des élections ni aux meetings pro-gouvernement (auxquels ils sont souvent obligés d’aller par ordre de leur direction). Cependant, tant que les fonctionnaires et autres travailleurs ne possèdent pas leur propre parti politique, alors leur intransigeance, dans le meilleur des cas ne fera que contribuer aux querelles entre les divers secteurs de la bourgeoisie. Mais 99% des gens resteront comme avant dépourvus de leur propre voix.

    Le dirigeant du parti libéral “Iabloko”, Grigori Iavlinski, a déclaré que : ‘‘Ils veulent nous tous nous écarter des élections’’. Selon toute apparence, sous “nous tous”, il voulait dire lui-même. Le libéral a répété encore le même discours sur l’unité : ‘‘Malgré que toutes les personnes ici présentes soient différentes, nous sommes tous d’une seule couleur – celle du drapeau tricolore russe’’. Mais en parlant de la création ‘‘d’une réelle unité politique’’, il a promis de ne pas rendre le pouvoir ‘‘Ni aux voleurs, ni aux fascistes, ni aux stalinistes et autres parasites’’. La base de la politique pour lui, doit être l’éthique et la morale.

    Le “dirigeant des forces de gauche”, Sergueï Oudaltsov, a vivement critiqué le pouvoir pour ses “mensonges et ses provocations” : « Ils nous accusent du fait que nous agirions en réalité dans l’intérêt des États-Unis », a-t-il déclaré, avant de s’écrier que lui-même avait personnellement été « lancer de la merde sur l’ambassade américaine » en 1999, et même « jusqu’au quatrième étage ». Mais où étaient Poutine et Medvedev ce jour-là ? s’est-il demandé. Après cela, il a récusé l’argument comme quoi nous faisons partie d’une “révolution des manteaux de vison” – à ce qu’il dit, lui-même porte le même blouson depuis déjà trois ans. ‘‘C’est chez vous au Kremlin qu’on voit toutes ces fourrures, ces milliards, ces villas. Mais nous sommes ici dans les intérêts de la majorité, qui aujourd’hui est indignée, humiliée, et vit dans la misère’’. Mais son seul conseil pour les élections du 4 mars était d’aller se faire inscrire comme observateur et de demander les résultats des comptages à chaque commission électorale. En conclusion, Oudaltsov a “symboliquement” déchiré un portrait de Poutine en scandant à nouveau ‘‘Rossiya biez Poutina !’’

    Les “forces de gauche”

    Le fait que ce “dirigeant des forces de gauche” ait reçu la parole n’était pas un accident. La majorité des organisations de gauche de Moscou se sont unies en un “Front de Gauche”, qui a donné à Oudaltsov le droit de parler en son nom. C’est exactement ce que les libéraux désiraient – être capables de s’appuyer sur la gauche pour gagner encore plus de légitimité pour la direction du mouvement. Oudaltsov venait de signer un accord avec Guénnadi Ziouganov, le dirigeant du soi-disant Parti “communiste”. Ainsi, non seulement il n’a pas appelé au boycott des élections, mais il n’a rien dit du fait que c’est le système capitaliste et non pas Poutine qui est responsable de la crise, et n’a rien dit au sujet de supprimer la position présidentielle en tant qu’institution.

    Bien sûr, afin de maintenir l’“unité” du comité d’organisation, Oudaltsov n’a pas dit le moindre mot contre la xénophobie, appelant à l’“unité” (dans les faits, des travailleurs avec les patrons et leurs politiciens fantoches), tandis que l’extrême-droite se promenait parmi la foule avec ses slogans pour diviser la population sur base de nationalité, de genre, et d’orientation sexuelle, afin d’empêcher tout développement d’une réelle solidarité. Ce “dirigeant de la gauche” a également évité de soulever la moindre revendication sociale, de peur de se faire mal voir des libéraux. Un discours contre la commercialisation de l’éducation et pour la nationalisation des banques et de l’industrie aurait été contraire aux droits à la propriété privée et au libre marché tels que propagés par les libéraux. Le programme d’Oudaltsov est aujourd’hui à peine différent de celui des libéraux. Le seul élément de “gauche” dans son discours a été la référence à sa propre pauvreté.

    Pas un des candidats enregistrés pour les élections présidentielles n’est venu parler, démontrant une fois de plus à quel point ils sont liés au Kremlin. Il est donc impossible de comprendre pourquoi la gauche s’est unie pour soutenir la candidature des Communistes ou de Juste Russie. Enfin, nous devons nous corriger – la coalition de gauche à Moscou, afin d’échapper aux critiques, a mis sur pied d’habiles formulations du type : ‘‘Aucun vote pour Poutine ni pour la droite’’. D’autres militants se justifient même en disant que le KPRF ou SR sont tout aussi à droite, mais cela signifie que ce slogan ne peut être interprété qu’en tant que non-appel au boycott. Les militants de province, qui ne sont, eux, pas experts en matière de technique moderne d’herméneutique, ont tout compris de travers, ajoutant entre parenthèses, sur le tract qui leur était venu de la capitale, la précision : ‘‘Pour le KPRF ou pour Juste Russie’’.

    Dans la foule, on entendait la blague ‘‘Et si on foutait le feu à la place ?’’ Vu la réaction froide face aux interventions des orateurs, il faut entendre par-là un sous-entendu politique. À la fin du meeting, les organisateurs ont appelé les gens à revenir. Mais plus tard, sur les blogs on a vu partout reprise la photo d’une des pancartes d’un des manifestants : ‘‘Bon voilà on est venus, et après ?’’

    Des élections illégitimes

    Les élections présidentielles sont prévues pour le 4 mars. Elles ne seront pas plus légitimes que celles des élections parlementaires de décembre. Il n’y a que cinq candidats : Poutine, Ziouganov (le “communiste”, de plus en plus nationaliste de droite), Mironov (le dirigeant du parti “social-démocrate” Juste Russie, un parti monté de toutes pièces par les politologues du Kremlin pour tenter de neutraliser l’opposition), Prokhorov (un oligarque néolibéral, dont la revendication la plus célèbre est son appel à la semaine des 60 heures, là aussi calculé pour donner une image de “gauche” à Russie unie), et Jirinovski, le clown de droite nationaliste. Même Grigori Iavlinski, libéral plutôt “sage” et qui n’aurait de toute façon eu aucune chance de gagner, s’est vu refuser sa candidature. Les même méthodes de fixation de quotas de votes et de fraude qui ont été utilisées en décembre sont aujourd’hui en train d’être préparées pour les présidentielles de mars. Des ordres ont déjà été envoyés aux dirigeants régionaux pour leur communiquer quel est le pourcentage de voix pour Poutine qu’ils doivent obtenir. Une nouvelle manifestation est d’ores et déjà prévue pour le 5 mars.

    Le KRI, section russe du CIO, appelle à un boycott des élections présidentielles. Ceci ne signifie pas rester sans rien faire, mais au contraire, nous trouvons que l’opposition devrait mobiliser ses partisans pour mener une campagne active dans les entreprises, dans les établissements d’enseignement, dans les cités, avec des tracts, meetings, etc., pour organiser de véritables comités d’action en opposition à la fraude. Les députés de la soi-disant “opposition”, qu’ils soient “communistes” ou “socio-démocrates”, qui ont élus à la suite des élections frauduleuses de décembre, ne boycottent pas le travail de la Douma, mais ont à la place reconnu la “légitimité” des élections. Le CIO appelle à l’abolition du poste de Président de la Fédération, pas seulement pour établir une “république parlementaire”, mais afin de permettre la convocation d’une assemblée constituante véritablement démocratique à laquelle la classe ouvrière et les opprimés pourrait envoyer leurs représentants afin de décider de la manière dont la société devrait être organisée. Outre cela, le CIO appelle la classe ouvrière à s’organiser en syndicats indépendants et à fonder un parti des travailleurs véritablement de gauche et capable de remettre en question l’hégémonie des hommes d’affaires et de leurs représentants au Kremlin, ainsi que de lutter pour la formation d’un gouvernement qui représente les travailleurs et les masses opprimées, avec un programme socialiste audacieux.

  • Les Etudiants de Gauche Actifs en campagne !

    Ça y est, les examens sont vraiment finis pour tous le monde, et les Etudiants de gauche Actifs sont déjà sur le pied de guerre depuis un moment! Après une première partie de l’année académique qui a vu se succéder les campagnes sur la gratuité des études, les meetings sur les protestations étudiantes au Chili, la campagne pour la manifestation nationale pour le climat de décembre,… Voici le tract de campagne qui présente les moments forts de la seconde partie de l’année, qui a déjà bien débuté avec nos interventions aux piquets lors de la grève générale du 30 janvier !

    Tract de campagne des Etudiants de Gauche Actifs (EGA)

    Tract en version PDF

    Manifeste avec EGA le 11 Mars à Bruxelles

    "1 an après, Plus jamais de Fukushima – 14h30 Gare du Nord à Bruxelles

    Le séisme, le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima ont causé 27.000 morts, il y a un an le 11 mars. L’impact à long terme des radiations sur la santé et l’environnement sera désastreux. Aucune mesure sérieuse n’a été prise par rapport au risque nucléaire dans le monde.

    Pourtant, certains continuent à présenter le nucléaire comme l’alternative énergétique à faire valoir face au pétrole, affirmant haut et fort que les dangers sont écartés comme le forum nucléaire en Belgique, un lobby d’actionnaires super-riches.

    “Fukushima” a illustré la responsabilité des actionnaires des grandes entreprises dans la crise environnementale.

    Le tsunami qui a frappé le Japon n’a fait qu’exacerber des problèmes fondamentaux liés à l’industrie nucléaire, et qui étaient connus ! L’Agence de sécurité nucléaire japonaise avait fait état de problèmes dans plus de la moitié des réacteurs du pays !

    Quant à Tepco, l’agence réclamait des inspections supplémentaires dans quatorze des dix-sept réacteurs exploités par le géant énergétique… Il s’est avéré que la centrale de Fukushima avait déjà connu une longue liste d’incidents. Tepco avait falsifié une trentaine de rapports d’inspection. Dans ce domaine, le Japon n’est pas une exception.

    C’était l’un des pays où le nucléaire était réputé le plus sûr. Cette catastrophe démontre une fois de plus que le privé sacrifie la sécurité pour réaliser plus de profits sans se soucier des conséquences pour nos vies, notre santé et notre environnement.

    L’opération Hiver 2012 de la RTBF a montré ce que cela signifie l’énorme pauvreté qui touche déjà 15% de la population. Quel contraste entre la solidarité présente dans la population et l’avidité sans limite des requins d’Electrabel. Chaque ménage participe à hauteur de 800€ au bénéfice d’Electrabel. Les prix de l’énergie sont 30% plus élevés que chez nos voisins.

    Le gouvernement au lieu de s’en prendre à ces profiteurs qui ne payent presque pas d’impôts a choisi de faire payer la crise aux jeunes et aux travailleurs aggravant ainsi la pauvreté et le désarroi avec ses plans d’austérité.

    Il est primordial de prendre l’énergie aux mains du public et de la placer sous le contrôle démocratique de la collectivité, dans le cadre d’une société démocratiquement planifiée, seule à même de promouvoir les énergies renouvelables et de gérer les ressources de façon responsable.

    Le 11 mars, le réseau stop au nucléaire organise une manifestation nationale à Bruxelles. Participe à cette manifestation avec EGA et sa campagne « détruire le capitalisme, avant qu’il ne détruise la planète » !


    29/02 Journée européenne d’action contre le sommet de l’UE

    L’Union Européenne, la Banque Centrale Européenne et le Fonds Monétaire International (= la troïka) essayent de forcer les jeunes et les travailleurs à accepter une diminution très forte de leur niveau de vie au lieu de s’en prendre aux vrais responsables de la crise. Partout en Europe, les gouvernements ont sauvé les énormes profits des banques et des multinationales et mènent une politique d’austérité qui approfondit la récession et augmente la pauvreté. EGA appel les jeunes a participer à cette journée d’action des syndicats.

    Plus d’informations dès que les syndicats en donneront.


    Manifestation nationale «PLUS JAMAIS DE FUKUSHIMA»

    La cathastrophe nucléaire à Fukushima a clairement illustré la responsabilité des actionnaires des grandes entreprises dans la crise environnementale. Tepco (Tokyo Power Electric Company, premier producteur privé d’énergie au monde), qui a en charge les réacteurs de Fukushima, avait falsifié une trentaine de rapports d’inspection des réacteurs nucléaires. Les capitalistes se soucient peu de notre sécurité, de notre santé, de notre environement et de nos vies. Leur soif de profit et leur avidité est sans limite.

    Dimanche 11 mars à 14h30 à la Gare du Nord – Bruxelles


    Manifestation Antifaciste contre le NSV à Louvain

    Le 15 Mars, le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, organise sa marche annuelle de la haine dans l’une des villes universitaires en flandre. En 2012, c’est au tour de Louvain. Comme chaque année, BlokBuster organise une contre-manifestation à une distance sécurisée du NSV. Nous voulons coopérer avec d’autres organisations et avec les jeunes résidant à Louvain pour exprimer dans la rue un message clair contre le racisme et le fascisme et pour une société où les vrais problèmes sociaux sont abordés.

    Jeudi 15 mars à 20h Martelarenplein – Leuven


    Manifestation «Pro-Choix» pour le droit des femmes

    Depuis 2 ans, une marche réactionnaire contre l’avortement est organisée à Bruxelles. L’archevêque Léonard, les milieux ultraconservateurs et l’extrême-droite y participent. Un rassemblement de protestation contre cette Marche est prévu contre cette Marche est prévue le 24 mars par la plateforme “Abortus Right”. Nous défendons la nécessité de construire une manifestation d’ampleur en mars prochain en allant chercher le soutien dans le mouvement syndical, le mouvement de défense des droits des femmes et des LGBT.

    Samedi 24 mars à 14h Place Poelaert – Bruxelles


    Weekend Socialisme 2012 "Il est temps de riposter, il est temps pour le Socialisme !"

    Socialisme 2012 est un weekend de discussion avec des orateurs belges et internationaux, dont des participants au processus révolutionaire en Tunise ou à #Occupy Wall Street,… L’occasion pour nous rencontrer dans une ambiance combattive, pour assister aux débats sur des sujets comme “Pourquoi le capitalisme mène irrémédiablement à la crise?”, “Les Jeunes en Lutte pour l’Emploi”, “L’Extrême-droite en Europe : NO PASARAN ! “Violences croissantes à l’égard des LGBT : comment réagir?” et bien d’autres sujets… inscrit-toi via info@socialisme

    28/29 avril au centre culturel ‘De Rink’ – 7 Place de la Vaillance, Anderlecht


    Crise, misère, austérité, racisme, Sexisme, danger nucléaire, Capitalisme …

    Des Etudiants de Gauche Actifs sur ton unif ou ton Ecole ?

    Etudiant de Gauche Actifs est une organisation étudiante de gauche, par et pour les jeunes, active dans ton école, ta haute-école ou ton université. Nous nous organisons, discutons les idées, mobilisons et organisons des actions.

    Crise, sous-financement de l’enseignement, précarité, austérité, racisme, sexisme, danger nucléaire, guerre… Nous lions tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés au capitalisme, un système qui est basé sur la course au profit à court terme pour une petite élite.

    EGA est présent sur toutes les unifs et dans de nombreuses écoles et hautes-écoles en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles car nous nous opposons à la logique de surenchère communautaire des politiciens traditionnels.

    EGA fait partie d’une organisation de jeunes ISR (International Socialist Résistance) présente dans plus de 40 pays et sur tous les continents. Ce qui nous permet de tirer les leçons des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient avec des jeunes tunisiens impliqués dans les événements ou d’apprendre de nos interventions dans les mouvements de masses en Grèce, en Russie, aux Etats-Unis, au Nigéria…

    Partout, nous lions les luttes des jeunes à celles des travailleurs et de leurs organisations syndicales, car ce sont ceux qui produisent les richesses, qui détiennent la position clée pour renverser la société capitaliste.

    EGA lutte quotidiennement parmi la jeunesse pour construire un monde où la production et toute la société est démocratiquement gérée et contrôlée par les organes issus des luttes de masse des travailleurs et des jeunes même – une démocratie réelle – afin de satisfaire les besoins et l’épanouissement de tous, une société socialiste démocratique.

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  • [Interview] De réelles possibilités d’insurrection au Kazakhstan

    Depuis le mois de mai, des travailleurs du secteur pétrolier sont en grève au Kazakhstan. Ils réclament de meilleurs salaires et conditions de vie et luttent contre le régime dictatorial de Nazarbayev. Au pouvoir depuis 22 ans, le président-dictateur et sa clique appliquent une politique néolibérale très dure accompagnée d’une politique brutale sur le plan des droits sociaux et humains. Ce cocktail a conduit les travailleurs kazakhs ainsi que leur entourage à exprimer leur colère à plusieurs reprises contre le régime. Mais le mouvement actuel, qui pose également la question du pouvoir et du contrôle des richesses, fait face à la répression extrêmement brutale de Nazarbayev, le ‘meilleur élève’ de Thatcher, selon les termes de la Dame de fer elle-même.

    Nous avons rencontré Ainur Kurmanov, militant du parti-frère du PSL au Kazakhstan, ‘‘Socialist Resistance’’, qui fait partie d’une organisation large, le ‘‘Socialist Movement Kazakhstan’’.

    Par Stéphane Delcros

    Les dirigeants du syndicat indépendant Zhanartu, Esenbek Ukteshbaev et Ainur Kurmanov (dont vous pouvez lire l’interview ci-dessous) ont de bonnes raisons de craindre une arrestation ou un enlèvement dans les jours à venir. Nous devons faire le maximum pour l’éviter. Nous prenons déjà des mesures concrètes en Russie, mais une campagne internationale de soutien aux travailleurs en lutte doit s’organiser. Soutenez la lutte contre la dictature kazakhe !

    Ainur Kurmanov : ‘‘Je voudrais d’abord remercier tous les camarades du Comité pour une Internationale Ouvrière pour les campagnes de solidarité avec les grévistes du pétrole au Kazakhstan qu’ils ont menées partout dans le monde.’’

    Socialisme.be: D’où provient le mouvement de grève débuté en mai 2011 ?

    AK : ‘‘Ce mouvement a ses origines en 2008. Quatre grèves assez grandes avaient eu lieu à cette époque et les travailleurs du secteur pétrolier ont commencé à construire leur propre syndicat indépendant. Une nouvelle couche de travailleurs activistes avait donc gagné en expérience au cours de ces grèves.

    ‘‘La grève a commencé à Aktaou, la capitale régionale, à l’Ouest du Kazakhstan, au bord de la Mer Caspienne. Le conflit opposait le syndicat indépendant et les patrons. Les travailleurs voulaient que la firme se plie à une règle pourtant précédemment instaurée qui dit : ‘‘vous travaillez dans des conditions plus dures, donc vous devez être payés plus.’’ Ces conditions étaient d’ailleurs inscrites dans un accord national.

    ‘‘Cette firme appartient à hauteur de 50% à une multinationale chinoise, et les propriétaires chinois ne voulaient pas signer ces accords. Ils ont donc rompu l’accord national. Un bureau d’arbitrage a été installé pour forcer les 2 parties à s’entendre mais, subitement, un des leaders syndicaux présent à ce bureau a complètement rompu avec les revendications des travailleurs. Il était très clair que le patron l’avait soudoyé. Un autre représentant syndical a donc été élu, ce que le patron a refusé de reconnaître. Il a refusé aux travailleurs le droit de réélire leur représentant syndical et a carrément retiré au comité syndical l’ensemble de ses droits. Les dirigeants syndicaux régionaux ont ensuite décidé de ne pas poursuivre le patron et ont dans les faits choisi le camp patronal.

    ‘‘A ce moment-là, les syndicats ont commencé à organiser des actions de protestation, des manifestations et des meetings. Les travailleurs ont même entamé une grève de la faim afin de pouvoir recevoir leur paie. Le patron a finalement promis de reconnaître le syndicat indépendant, mais a refusé de livré les documents nécessaires à cette reconnaissance. Une véritable grève a donc été déclenchée. Fin mai, celle-ci a commencé à se répandre à d’autres entreprises de la région. A un certain moment, 18.000 travailleurs étaient en grève. Le mouvement a été fortement soutenu par la population locale. Sans cela, il aurait été impossible de tenir autant de mois depuis mai dernier.

    ‘‘De nombreuses arrestations ont eu lieu, dont celle de Natalia Sokolova, l’avocate des grévistes. Elle a été accusée d’avoir incité au conflit social et d’avoir organisé un meeting syndical illégal. En fait, c’est le patron chinois qui a directement demandé son arrestation. Elle a été condamnée à 6 ans de prison.’’

    Socialisme.be: Et la répression s’est intensifiée, surtout à la mi-décembre.

    AK : ‘‘Oui. Il est devenu très vite clair que les autorités étaient décidées à mener le combat jusqu’au bout. Des dirigeants des grévistes ont été arrêtés, des maisons ont été incendiées, des grévistes ou des proches ont été abattus, etc.

    ‘‘Ce qu’on a vu à Zhanaozen en décembre comportait des éléments d’une situation révolutionnaire. La répression brutale qu’on a vécu à ce moment là à l’ouest du pays a, selon nos informations, engendré la mort de pas moins de 150 personnes (17 aux dires du gouvernement). Ce jour-là, le 16 décembre, des centaines de grévistes et de citoyens pacifiques ont été victimes des tirs d’armes automatiques des soldats et des policiers suite à une provocation policière.

    ‘‘On peut comparer cet événement au dimanche noir de 1905 en Russie, un massacre qui avait représenté une nouvelle phase dans la lutte plutôt qu’un échec.’’

    Socialisme.be : Peux-tu expliquer comment le mouvement s’est développé pour que le gouvernement en arrive à ce niveau de répression ?’’

    AK : ‘‘Le conflit qui opposait, au départ, les travailleurs du pétrole et le groupe pétrolier s’est ensuite étendu pour devenir un conflit général portant sur le contrôle des richesses du pays.

    ‘‘Depuis longtemps, les travailleurs du pétrole veulent renationaliser l’ensemble du secteur. Nationaliser toute l’industrie pétrolière est devenu une revendication idéologique répétée depuis 2008, et pas seulement dans l’Ouest du Kazakhstan.

    ‘‘C’est difficile à expliquer, mais beaucoup de travailleurs se souviennent de la situation qui existait avant la privatisation. L’idée de la nationalisation est quelque chose de populaire et même l’opposition bourgeoise soutient de nationaliser les matières premières. Ceux qui sont précisément responsables de ces privatisations réclament aujourd’hui de nationaliser…

    ‘‘Certaines personnalités bourgeoises ont essayé de récupérer le mouvement et se sont opposées à nos efforts. Nous sommes intervenus dans le sens de l’unification de l’opposition au régime. Un comité de lutte nationalement unifié a vu le jour et, en novembre et décembre, les travailleurs qui y étaient investis ont toujours appuyé nos revendications. Parmi elles, trois étaient particulièrement importantes : 1) le boycott des élections présidentielles, 2) la nécessité d’un syndicat indépendant unifié, 3) la nécessité de créer un parti des travailleurs afin de représenter leurs intérêts.

    ‘‘Décision a ensuite été prise de construire une grève générale nationale, pour tout le pays. Lors de la journée de protestations du 16 décembre, à l’occasion du 20e anniversaire de l’indépendance du pays, les travailleurs du pétrole ont mis en avant la nécessité d’étendre la grève à tout le pays et de faire dégager le gouvernement. Des éléments d’insurrection étaient présents. Pour le régime, la répression devait nécessairement devenir encore plus brutale.

    ‘‘De fait, elle fut extrêmement forte. Mais les travailleurs, faisant preuve d’un grand héroïsme, sont ressortis dans les rues le lendemain. De nombreuses exploitations pétrolières ont été mises à l’arrêt afin de protester contre la répression du régime.

    ‘‘L’ensemble de l’appareil bureaucratique du régime était désorienté. Les autorités ne savaient pas comment stopper le processus. La répression était à leurs yeux nécessaire pour tenter d’empêcher d’autres travailleurs de rejoindre les grévistes.

    ‘‘Ces meurtres n’ont toutefois pas empêché la poursuite de la grève. Des éléments de guérillas ont également suivi dans cette ville. Tous ces évènements ont été très marquants, pour toute la région.’’

    Socialisme.be : Certaines forces de gauche ont adopté une attitude de soutien au régime

    AK : ‘‘Les diverses organisations de gauche ont nécessairement dû se positionner face à ces évènements. Le Parti Communiste ukrainien, par exemple, a non seulement condamné la grève des travailleurs du secteur pétrolier, mais aussi publiquement appuyé la répression du régime.

    ‘‘Certaines directions syndicales nationales ont-elles aussi publiquement condamné la grève. A Genève, les dirigeants syndicaux de l’Union Internationale des travailleurs de l’alimentation ont boycotté la grève, en affirmant que les travailleurs avaient commis une erreur en sortant du pur cadre de la lutte syndicale au cours du conflit.’’

    Socialisme.be : Nazarbayev bénéficie de nombreux soutiens sur la scène internationale

    AK : ‘‘Le régime chinois a rapidement offert ses services pour mater la révolte et le président biélorusse a été approché pour collaborer avec les autorités kazakhes. Au delà des accords économiques renforcés signés entre la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan, il y a aussi des accords sécuritaires entre ces États, avec notamment la création d’une troupe de gendarmes internationaux.

    ‘‘Nazarbayev est ouvertement soutenu par la plupart des chefs d’Etats du monde. Ainsi, après les élections présidentielles d’avril dernier, la première personne à l’avoir félicité a été Hillary Clinton.’’

    Socialisme.be : Comment le régime a-t-il préparé les élections du 15 janvier dernier ?

    AK : ‘‘En réaction à ces mouvements, le régime a essayé de renforcer son image de libéral-démocrate. Il a notamment mis fin au régime de parti unique. Mais, en même temps, le Parti Communiste a par exemple été interdit d’activités. Un seul parti d’opposition a été autorisé, et sa liste a été purgée afin d’y retirer les candidats qui ne convenaient pas au régime. Trois partis sont donc maintenant présents au parlement : le parti présidentiel, un parti de droite représentant les industries, et le Parti communiste du Peuple, un parti qui, même s’il se qualifie de "communiste" est complètement à la botte du régime.

    ‘‘Ces élections ont été marquées par une abstention gigantesque, confirmée par les statistiques officielles du régime lui-même.’’

    Socialisme.be : Quelles sont les perspectives pour la lutte et quelles sont les tâches des militants socialistes authentiques dans cette situation ?

    AK : ‘‘Il y a une réelle possibilité que nous allions droit vers une insurrection. Des actions de grève sont encore menées par les mineurs et des travailleurs d’autres secteurs.

    ‘‘Les travailleurs essaient d’aller à l’encontre de la propagande du régime. A Aktaou, par exemple, ils sortent tous les jours dans la rue pour protester. Ils avaient même publié un communiqué affirmant : "nous ne sommes pas des émeutiers ou des vandales, nous sommes dans un conflit de classe ouvert et Lénine serait fier de nous !"

    ‘‘Pour le ‘Socialist Movement Kazakhstan’, la tâche principale est de poursuivre la mise sur pied d’un parti ouvrier de masse. J’ai notamment eu une discussion avec les dirigeants syndicaux d’une des villes où la grève des travailleurs du pétrole fait rage. Ils voulaient discuter de quelles initiatives communes nous pouvions prendre pour mettre sur pied un tel parti large des travailleurs. Tous ces événements ont clairement aiguisé la conscience politique de nombreux travailleurs.

    Dans une situation révolutionnaire comme celle-ci, nous devons absolument renforcer notre parti révolutionnaire, et contribuer du mieux que nous pouvons au développement de la lutte au Kazakhstan.

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