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Tag: Russie
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Algérie : à propos de la guerre d'indépendance 1954-1962
Colonialisme, libération nationale et lutte révolutionnaire
Il y a 50 ans, en 1962, la guerre d’Algérie, l’un des conflits anticolonialistes des plus longs et des plus sanglants, prit fin avec la victoire des combattants algériens contre l’impérialisme français. L’Algérie avait été gouvernée durant 132 ans par le règne colonial français et constituait la pierre angulaire de l’empire colonial français. Une politique de ségrégation raciale et une dépossession territoriale de masse avaient lieu au détriment des autochtones.
Par Cédric Gérôme, Comité pour une Internationale Ouvrière
La grande majorité des Algériens était conservée sous une écrasante pauvreté et souffrait systématiquement d’une discrimination salariale qui garantissait d’énormes profits pour les grandes industries françaises.
Lors de l’éruption du conflit, un million de colons européens – 79 % d’entre eux étaient nés en Algérie – coexistaient avec neuf millions d’Algériens. Il y avait également une large communauté de Juifs.
Au sommet de l’échelle des colons siégeaient les plus riches, une clique infime de gens qui exerçaient les pouvoirs politique et économique. L’écrasante majorité des colons, cependant, était pauvre. Jusque dans les années 50, leur niveau de vie moyen était de 20 % inférieur comparé au niveau de vie en France.
Après la 2ème Guerre Mondiale, le militantisme nationaliste et les luttes ont pris de l’ampleur partout dans le pays, dans le contexte de luttes indépendantistes émergeant à l’échelle internationale. Cela a coïncidé avec des vagues sans précédent de grèves de travailleurs et un désir accablant de changement social. Dans beaucoup de cas, ces conflits impliquaient des travailleurs algériens et français.
Le 1er novembre 1954, le FLN lança une série d’attaques de guérilla dans divers endroits du territoire, en visant les bases du pouvoir colonial. Le Front de Libération National était une organisation nationaliste composée d’activistes radicaux qui était excédés par le conservatisme et le réformisme grandissant des forces nationalistes traditionnelles, avait décidé d’allumer le foyer d’une révolte générale contre le règne français.
L’armée française y répondit avec une terreur systématique, en brûlant des villages, en créant des camps de concentrations, en procédant à des exécutions sommaires et en appliquant la torture à une échelle de masse. Cette violence a exposé la face brutale du capitalisme français – la prétendue "France des droits de l’homme".
L’Onde de choc
Au début de la révolte coloniale, des conflits sur les lieux de travail et des vagues de mutinerie parmi les soldats conscrits, qui refusaient d’aller se battre pour l’Algérie française, ont affecté des douzaines de villes et cités françaises. Et ce, alors que le soutien à la guerre et au régime colonial déclinait à une vitesse vertigineuse.
Les conséquences de cette guerre commencèrent à créer un déficit budgétaire qui devenait hors de contrôle. D’autre part, la sauvagerie inégalée déployée sur le sol algérien par le régime autoritaire de Charles de Gaulle – qui avait pris le pouvoir en France par un coup d’Etat parlementaire en 1958 – ne pouvait pas en finir avec la guerre.
L’offensive lancée par les troupes françaises en 1959 avait terriblement mis à mal l’ALN, l’aile armée du FLN, en tant que force combative. Mais le prix à payer, tant politiquement que socialement, affectait directement la confiance de la classe dominante française sur sa capacité à continuer la guerre.
Les manifestations massives pro-FLN de décembre 1960, les masses urbaines algériennes remplissant spontanément les rues en faveur de l’indépendance à une échelle excédant ce que le FLN avait prédit, marquèrent un tournant décisif.
De plus, en avril 1961, la masse de soldats français se rebella contre une tentative de coup d’Etat des généraux. De Gaule devait lutter désespérément pour regagner le contrôle de l’armée. A Blida (au Nord), les conscrits ont même saisi la base militaire principale, arrêté leurs officiers et arboré le drapeau rouge de la révolution!
De Gaulle savait qu’il devait agir ou risquer de totalement perdre le contrôle des évènements. A ce moment-là, la question était devenue: comment gérer une retraite ordonnée pour l’impérialisme français. C’est ce qui se passa avec la signature des Accords d’Evian entre le FLN et le gouvernement français en mars 1962, ouvrant la voie à une Algérie indépendante.
La gauche française
Le point de vue dominant sur la question algérienne dans la SFIO (section française de la 2ème internationale) peut être résumé à travers les mots d’un député du SFIO qui déclara: "nous voulons que les hommes d’Algérie soient plus libres, plus fraternels, plus égaux, c’est-à-dire plus français."
L’un des points fondamentaux sur lequel la 3ème internationale communiste s’était différenciée de la 2ème était son soutien inconditionnel aux luttes de libération nationale contre le colonialisme. Mais la dégénérescence stalinienne de la Russie soviétique avait sérieusement entamé ces principes.
Alors que dans les années ’20 le Parti Communiste français (PCF) avait pris un rôle de dirigeant en organisant l’opposition à la Guerre du Rif au Maroc, en 1959 ce parti était devenu un simple appendice à la diplomatie soviétique stalinienne, soutenant ‘ la défense nationale ‘ et les alliances avec les forces pro-capitalistes et tentant de restreindre les luttes anticoloniales des travailleurs.
Malgré l’activisme de beaucoup de ses membres et sympathisants en faveur de l’indépendance, le PCF a voté, en 1956, les pouvoirs spéciaux au gouvernement du ”socialiste” Guy Mollet, qui ont permis d’intensifier la répression en Algérie et d’envoyer des centaines de milliers de conscrits sur le champ de bataille.
Le FLN
Le manque d’un parti préconisant un programme pour l’unité de la classe des travailleurs, en France mais aussi, de façon cruciale, en Algérie est un facteur-clé. Cela aurait permis que la lutte anticoloniale ne reste pas dans une voie purement nationaliste. Le parti communiste algérien perdit de plus en plus de soutien public tandis que sa direction persévérait à défendre la politique du PCF.
Le FLN cherchait quant à lui à prendre le pouvoir par la force militaire, avec une armée essentiellement basée sur la paysannerie et la population urbaine marginalisée. Significativement, les six fondateurs du FLN venaient tous d’une élite rurale appauvrie par le colonialisme; leur monde était l’Algérie rurale et aucun n’avait eu d’interaction de longue durée avec le mouvement de la classe des travailleurs.
Au lieu d’orienter leurs efforts pour construire une lutte commune de tous les travailleurs et des pauvres, et d’essayer ainsi de diviser les colons européen sur une base de classe – avec des garanties pour les minorités européennes que leurs droits seraient respectées – la plupart des dirigeants du FLN avait une perspective purement nationaliste, et n’avait aucun programme pour développer le pays une fois l’indépendance acquise.
Leurs méthodes incluaient le bombardement des places publiques fréquentées par les travailleurs et la classe moyenne européenne. Ce type d’actions contribuait à diviser les travailleurs Algériens et non Algériens et à pousser massivement les colons dans les bras de la réaction pro-coloniale. A l’automne 1962, 99 % des colons européens avaient quitté le pays par peur de représailles, une des plus grandes migrations de population du 20ème siècle.
Aucune solution
Malgré le courage et l’héroïsme de beaucoup de combattants et sympathisants pro-FLN, leurs efforts ne conduisirent pas aux changements qu’ils avaient espéré et pour lesquels ils s’étaient battus.
Suivant l’indépendance, le régime qui prit le pouvoir en Algérie était un parti unique sous la coupe d’une machine militaire puissante. C’était un produit direct des structures militaires et des méthodes adoptées par les leaders du FLN.
En effet, l’implication démocratique de la classe des travailleurs – la seule force collective capable de renverser le capitalisme et de construire le socialisme – était considérée par la bureaucratie militaire émergente du FLN avec suspicion et comme une menace pour son propre pouvoir.
En équilibre entre le capitalisme et le stalinisme, le régime algérien a été capable, pendant un certain temps, d’opérer des nationalisations partielles qui ont aider au développement de l’infrastructure, des soins de santé et de l’éducation. Mais, suite à la chute du bloc stalinien, tout s’est déplacé vers la droite et les privatisations de masse ainsi que les contre-réformes néolibérales conduisirent à un profond désastre pour la majorité de la population.
L’Algérie aujourd’hui
Aujourd’hui, malgré leurs riches réserves de pétrole, les Algériens n’ont pas de conditions de vie décentes. Pour la majorité des algériens, avec un pays marqué par la pauvreté, la corruption et la violence, il y a à peine quoi que ce soit à célébrer pour le 50ème anniversaire de l’indépendance.
La capitale, Alger, a été classée parmi les villes les moins viables du monde. Le code de la famille, notoirement rétrograde consacre le statut des femmes comme mineur, à vie. Les élections sont falsifiées, les conditions de logement sont épouvantables et les abus de la police très répandus.
La génération post-indépendance constitue dès lors la grande majorité de la population, et ne ressent rien d’autre que de la colère envers l’élite corrompue qui est au pouvoir. En lumière des récentes luttes de masse qui ont englouti la région nord africaine, le temps est venu pour cette nouvelle génération de réapprendre les leçons de la lutte pour laquelle à peu près un million de leur ancêtres ont sacrifié leurs vies.
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Alimentation : Qu’est ce qu’on s’en fout de vos profits !
‘‘Excusez-moi Monsieur, mais je voudrais un peu plus de nourriture’’. Il n’y a pas que les orphelins des romans de Dickens qui doivent se battre pour un produit de base : la nourriture. Des milliards d’êtres humains à travers le monde souffrent soit de malnutrition, soit d’obésité. Même dans les pays capitalistes dits ‘‘développés’’, leur système basé sur les profits semble incapable d’offrir un régime alimentaire équilibré à la population. Iain Dalton, de notre parti-frère en Angleterre et au Pays de Galles le Socialist Party, observe ici les effets du capitalisme sur la nourriture et développe l’intérêt de réponses réellement socialistes.
L’envolée des prix des denrées alimentaires
Plus de 18 millions de personnes dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest sont actuellement en danger de mort car les récoltes ont été très mauvaises et les prix des denrées alimentaires n’ont cessé d’augmenter. En 2011, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture rapportait que les prix alimentaires mondiaux étaient à leur plus haut niveau depuis le début des recensements en 1990.
En 2010, la Banque Mondiale estimait qu’environ un milliard d’êtres humains sur les sept milliards que comptent la population mondiale souffraient de malnutrition. Chaque année, six millions d’enfants à travers le monde meurent de malnutrition avant d’avoir atteint l’âge de cinq ans.
En Grande-Bretagne, les mesures d’austérité sont combinées à une augmentation des prix. En 2011, un chiffre record de 129.000 personnes ont eu recours aux banques alimentaires. Cela démontre que de plus en plus de gens sont obligés de faire le choix entre manger ou se chauffer. Selon les chiffres du gouvernement, les prix des denrées alimentaires au Royaume Uni ont enregistré une hausse de 26% entre 2007 et 2011.
La sécheresse aux Etats-Unis
Un des facteurs qui explique l’explosion des prix en cette période, c’est la sécheresse qui sévit actuellement aux Etats-Unis. Dans un rapport qui fait plus penser à la situation de l’Afrique subsaharienne qu’à celle des Etats-Unis, le journal britannique The Guardian rapportait: ‘‘Certaines tiges arrivent à hauteur du menton, mais ne produisent pas d’épis de maïs. D’autres sont aussi épaisses que des ananas. Et le soja qui devrait atteindre la hauteur du genou frôle à peine le tibia.’’ Environ un tiers du territoire des Etats-Unis est désormais officiellement considéré comme une zone sinistrée. En juillet, le Centre national de données climatiques (NCDC) a découvert que 55% du territoire des Etats-Unis était frappé par une sécheresse d’un niveau moyen à extrême selon les zones. De plus, des feux sauvages se sont déclarés dans l’Utah et au Colorado.
Le gouvernement des Etats-Unis estime qu’un tiers des récoltes de maïs et de soja est en mauvais état, mais les travailleurs sur le terrain pensent que les dégâts sont bien pires. Un fermier a déclaré dans une interview à The Guardian : ‘‘Techniquement, certains aliments ne vaudront même pas la peine d’être récoltés car ils ne pourront pas être vendus au prix de la production.’’
Le 23 juillet dernier, le prix du maïs avait atteint le prix de $8 (=6,30€) le boisseau, alors qu’en 2006, son prix était de $2 (=1,50€). Cela aura un effet dévastateur sur les prix du lait et de la viande car le maïs est utilisé dans l’alimentation d’une grande partie des animaux. Certains fermiers ont même été contraints de nourrir leur bétail avec certains types de confiseries bons marché.
Le bétail est abattu car les fermiers américains ne peuvent plus se permettre les prix élevés de leur nourriture. Les refuges pour chevaux ont dû accueillir de nouveaux animaux et une baisse de 70% a été enregistrée dans la vente de tracteurs et autres machines agricoles dans certaines parties du Mid-Ouest.
La situation actuelle aux Etats-Unis est comparable à la pire sécheresse que la région de la Mer Noire en Russie ait connue en 130 ans et qui avait eu pour conséquence une escalade des prix du blé. Vu que le changement climatique conduit à de plus en plus d’évènements climatiques extrêmes tels que des sécheresses, des tsunamis et des inondations, les effets dévastateurs sur la production alimentaire s’en feront ressentir.
Avec 40% du maïs américain utilisé dans la production de l’éthanol, le débat sur la question des biocarburants fait rage. Certains Etats ont rapporté que beaucoup d’usines d’éthanol et de bio-diesel sont en train de réduire leur production ou de fermer temporairement. D’innombrables sommets ont démontré que les politiciens qui ne défendent que les grandes entreprises sont incapables de prendre des mesures nécessaires contre les puissants lobbys de l’énergie.
Spéculation
Il y a d’autres facteurs qui influencent les prix des denrées alimentaires. Lorsque les banques sont entrées en crise en 2007-2008, une vague de spéculation a déferlé sur les matières premières futures, dont des aliments comme le sucre et le bétail. Leurs valeurs totales sont passées de moins de $2 milliards (=1,5 milliard d’euros) en 2004 à $9 milliards (= 7 milliard d’euros) en 2007. Les grandes Institutions qui achètent et retiennent des biens sur de longues périodes de temps ont commencé à investir dans la bulle spéculative des matières premières, ce qui a non seulement fait augmenter les prix mais a aussi coupé les provisions, principalement dans les économies en développement.
Les spéculateurs ont de nouveau fait face à la dernière crise en date en pariant massivement sur les prix alimentaires. Leur attitude face à l’augmentation des prix est très bien résumée par un des gérants de fonds: ‘‘c’est comme si on avait ouvert un énorme robinet à argent’’ (Bloomberg 23 juillet)
Le journal The Economist a récemment déclaré à brûle-pourpoint: ‘‘les prix élevés sur la nourriture ne pèsent pas seulement sur les revenus des pauvres, mais ils mènent aussi à plus d’agitations politiques à travers les monde.’’
En 2008, des émeutes de la faim ont explosé en Afrique de l’Ouest, en Haïti, au Maroc, au Bangladesh et aux Philippines. Après la grève générale du pain qui a eu lieu dans la ville de Malhalla, en Egypte, l’armée a reçu l’ordre de cuire et de distribuer du pain subventionné afin d’empêcher de futures protestations.
Alors que la Tunisie et l’Egypte étaient en plein milieu d’une période révolutionnaire au début de l’année 2011, sous l’impulsion notamment de l’essor des prix des denrées alimentaires, l’Algérie achetait plus de 800 000 tonnes de blé et l’Indonésie 800 000 tonnes de riz. Les deux élites au pouvoir essayaient ainsi d’empêcher que la révolution ne s’étendent jusqu’à leurs frontières.
Néanmoins, cette option de conjurer les soulèvements a ses limites. Et on observe que de nombreux pays ont sévèrement réduit leurs réserves de grains ne les jugeant pas nécessaires.
Pourtant, les menaces auxquelles la production alimentaire fait face sont bien réelles, notamment celle du changement climatique. Mais la plus sérieuse, c’est la manière dont la nourriture est produite. Tant que l’industrie alimentaire sera contrôlée par des compagnies privées qui privilégient les profits et que les spéculateurs contrôleront les prix, des millions d’êtres humains continueront de mourir de faim ou de souffrir de malnutrition. En Occident, la sous-alimentation dans les familles pauvres s’aggrave pendant que des millions d’autres familles doivent faire face à d’autres types de problèmes de santé, tel que l’obésité. La raison de tout ces maux, c’est une nourriture malsaine et fortement traité mais rentable!
Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections à travers le monde, dont le Parti Socialiste de Lutte en Belgique, revendiquent que la production alimentaire, de même que les autres secteurs clés de l’économie, soient nationalisés sous le contrôle démocratique des travailleurs afin d’être intégrés dans une planification démocratique de la production. Une fois rayée la soif de profits du capitalisme, il est tout à fait possible d’éradiquer la faim dans le monde.
Nos revendications:
- Mise en place de comités populaires, avec les syndicats et les groupes de consommateurs, afin de surveiller les prix et de mesurer la réelle augmentation du prix de la vie pour les travailleurs.
- Transparence des comptes des grandes entreprises qui dominent l’industrie alimentaire et l’économie, afin de déterminer leurs coûts réels, leurs profits, les salaires et bonus des cadres, etc.
- Augmentation immédiate du salaire minimum afin qu’il atteigne £8 (=10€) de l’heure, et des augmentations régulières afin de couvrir la hausse des prix. Une augmentation substantielle des pensions et autres acquis sociaux afin que ceux-ci reflètent le coût réel de la vie. Des investissements massifs dans un programme de création d’emplois.
- Nationalisation des plus grandes compagnies agricoles, de gros, de détail et de distribution, ainsi que des banques et des institutions financières. Des compensations ne seraient octroyées que sur base de besoins prouvés.
- Investissements massifs dans la recherche et le développement de ressources d’énergies renouvelables alternatives sures, ainsi que le développement de techniques qui mettraient un terme aux techniques agricoles néfastes à l’environnement et à la santé de la population.
- Planifier la production et la distribution agricole afin d’offrir de la nourriture réellement nutritive pour tous de façon durable plutôt qu’en préconisant les profits à court terme d’une minorité au sommet.
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‘‘Pussy Riot’’, les bouc-émissaires de Poutine
Personne ne les a vu venir ces ‘‘rockeuses punks féministes de la troisième génération’’ qui se surnomment les ‘‘Pussy Riot’’ et se vêtissent de Balaklavas aux couleurs éclatantes et de bas collants de laine. Il aurait en effet été difficile de prévoir, il y a un an, qu’elles deviendraient non seulement un symbole de l’opposition grandissante au régime de Poutine mais aussi le sujet de ses colères vindicatives. Trois membres de ce groupe ont été arrêtées en février pour avoir participé à une ‘‘prière punk’’ à l’autel de la cathédrale orthodoxe principale de Moscou. Elles ont été accusées ‘‘d’hooliganisme’’ et retenues en prison depuis six mois alors que deux d’entre elles sont mères de jeunes enfants. Elles n’ont pas pu voir leurs compagnons, leurs familles ou leurs amis jusqu’à aujourd’hui.
Par Rob Jones, Moscou
Désormais, les ‘‘Pussy Riot’’ représentent plus un mouvement politique qu’un groupe musical. Elles ont de nombreux membres qui agissent sous les pseudonymes de Blondie, Terminator, Garage, Séraphin, Le chat, Schumacher et qui échangent leurs noms dès que nécessaire afin de conserver l’anonymat. Des dizaines de personnes soutiennent leurs actions multiples qui peuvent aller de la simple satyre à la pure provocation. Au départ, des membres ont pris part à des actions organisées par le groupe ‘‘Voina’’. Par exemple, ils ont peint un organe génital masculin sur l’un des ponts tournants de Saint-Pétersbourg. Quand le pont était levé la nuit, ceux qui travaillaient dans les bureaux de la police politique (FSB) en face, se sont retrouvés à contempler ce commentaire pictural représentant ce que de nombreuses personnes pensent de leurs activités. Mais les actions sont devenues de plus en plus politiquement explicites au fur et à mesure que l’opposition au régime de Poutine grandissait dans les manifestations de masse. Les termes utilisés dans leurs ‘‘prières punks’’ sont clairement anti-Poutine et contre la hiérarchie cléricale.
Leur participation à la ‘‘prière punk’’ dans la ‘‘Cathédrale du Christ-Sauveur’’ à Moscou a enragé l’élite au pouvoir. Ils ont pratiquement unanimement demandé à ce que des actions fermes soient prises à l’encontre de ces femmes. La cathédrale symbolise à elle seule toute la pourriture de la nouvelle Russie capitaliste, construite (ou plutôt reconstruite sur le site de l’ancienne cathédrale commémorative de la victoire russe face à Napoléon) dans la moitié des années ’90, elle est minée par des scandales de corruption. Pendant le pic de la dépression économique qui a suivi l’effondrement de l’Union Soviétique, le régime d’Eltsine a dépensé des millions de roubles afin de construire cette église. Ses dômes ont été plaqués avec 50 kilogrammes d’or, offert par un nouveau banquier oligarque à la réputation criminelle. Aujourd’hui, seulement 7% de la cathédrale est utilisée pour les services religieux, le reste accueille toute sorte d’activités commerciales. Mais tout cela importe peu aux yeux de l’Eglise Orthodoxe Russe, l’une des Eglises les plus réactionnaires au monde. Au contraire, les portes paroles de l’Eglise Orthodoxe russe ont défilé les uns après les autres pour littéralement diaboliser les ‘‘Pussy Riot’’. Selon l’avocat de l’Eglise, les ‘‘Pussy Riot’’ représentent une forme de ‘‘pouvoir supérieur tentant détruire l’Eglise Orthodoxe Russe. Il s’agit de la même force qui est à l’origine des actes terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis : Satan !’’
Vsevolod Chaplin, le porte-parole officiel de l’Eglise blâme en premier lieu le ‘‘groupe diabolique’’ et en second lieu le ‘‘gouvernement mondial’’ (dans l’histoire de la Russie, il s’agit d’un synonyme pour parler d’une conspiration juive). Il a expliqué que ces groupes étaient étroitement liés à Satan. Il croit que les rockeuses-punks sont des pêcheuses qui devraient être sévèrement punies. Quand on lui demande de justifier cela, il dit que c’est ‘‘Dieu’’ qui le lui a dit !
Chaplin est connu pour ses croyances réactionnaires et violentes. Plus tôt cette année, il a exigé que les travaux de Lénine et de Trotsky soient jugés ‘‘extrémistes’’ et retirés de circulation. Il a continué en déclarant qu’il croyait qu’il s’agissait d’un devoir moral pour tous les chrétiens du monde de tuer autant de bolchéviques que possible. Ce n’est pas étonnant de voir que l’Eglise orthodoxe soit souvent vue aux côtés des fascistes lors des manifestations contre le droit à l’avortement, contre les droits des femmes ou encore contre la communauté LGBT.
Aucun des partis officiels parlementaire ne s’est opposé à la campagne vicieuse menée à l’encontre des ‘‘Pussy Riot’’. Au début du dernier procès, Genaddy Zyuganov, le leader du parti ‘‘communiste’’ russe a publié un communiqué de presse dans lequel il ‘‘rejette fermement la dernière provocation anti orthodoxe’’. Lors d’une interview à la radio, il a même été plus loin. Il s’est plaint de l’influence grandissante de l’Occident et de l’OTAN et a prévenu que le ‘‘Printemps Arabe aurait des conséquences tragiques sur les Chrétiens’’. Il a expliqué que le Parti Communiste ‘‘est à une large échelle le représentant de l’Eglise Orthodoxe en politique. J’ai toujours défendu et défendrai toujours les intérêts des croyants… Nous sommes prêts à utiliser toute notre influence pour défendre la réputation et l’autorité des prêcheurs qui ont souffert du ridicule, des calomnies et de la diffamation.’’
Les ‘‘Pussy Riot n’ont pas bénéficié d’un procès équitable. Le juge n’a pas arrêté de faire des commentaires contre elles, l’avocat général des chefs d’accusation a soumis plus de 200 pages de preuves sans laisser le temps aux avocats de la défense de les lire. De plus, les témoins qui désirent parler en faveur du groupe sont rejetés par le juge.
Il est assez perturbant de voir que le juge a demandé l’avis d’un expert-psychiatre, tout comme Staline utilisait les hôpitaux psychiatriques afin de punir les dissidents. Cet expert a déclaré que les trois femmes souffraient de troubles de la personnalité, qu’il a décrit dans un cas comme ‘‘voulant une position sociale active et un désir d’autoréalisation’’ et pour les autres comme ‘‘une tendance aux activités d’opposition’’ ! Apparemment entendre la ‘‘voix de Dieu’’ et appeler ‘‘au meurtre d’autant de Bolchéviques que possible’’ n’est pas considéré comme un trouble de la personnalité !
Néanmoins l’affaire des ‘‘Pussy Riot’’ n’est pas un cas isolé. Elle s’est accompagnée d’une vague d’autres arrestations associées à une croissance du mouvement de l’opposition. Le bureau du procureur se confronte à de nombreux leaders connus tel que le blogger de droite Aleksei Navalniy. Les accusations les plus récentes datent du temps où il agissait en tant que conseiller du gouverneur régional de Kirov, quand il a préconisé un contrat de vente sur le bois de construction de la région, ce qui a conduit à des pertes financières significatives, si pas, comme le procureur le dit, à la mauvaise utilisation de fortes sommes d’argent. Cette accusation est particulièrement ironique compte tenu du fait que Navalny a mené une campagne contre la corruption nommée ‘‘Pilrus’’ basée sur le mot commun utilisé pour désigner la corruption ‘‘scier l’argent’’. Il risque jusqu’à dix ans d’emprisonnement pour ces accusations.
Cependant, parallèlement à ces cas célèbres, 16 autres activistes ont été arrêtés et attendent leurs procès pour des accusations qui pourraient bien en laisser certains en prison pour plusieurs années.
Mais le régime se trouve dans l’impasse avec ces arrestations. Les arrestations des ‘‘Pussy Riot’’ ont conduit à d’énormes contestations à l’échelle internationale. Peter Gabriel, Sting, Steven Fry, Danny de Vito, Terry Gilliam et Pete Townsend font partie de ceux qui soutiennent publiquement le groupe. Des groupes internationaux qui jouent des concerts en Russie montrent de plus en plus de solidarité envers les ‘‘Pussy Riot’’ en portant des tee-shirts ou en donnant aux autres membres du groupe du temps pour jouer. C’est le cas par exemple de Franz Ferdinand, des Beastie Boys, de Patti Smith, de Faith No More et des Red Hot Chilli Peppers. Même si de nombreux artistes russes continuent à soutenir le régime en place, en sachant bien que s’ils s’y opposent, ils perdront leur temps d’antenne, il est significatif de voir que plus de 100 artistes en vogue, nombres d’entre eux étaient encore récemment pro-Poutine, se soient exprimés contre le régime.
Mais ce qui est bien plus inquiétant pour le régime, c’est que la population toute entière commence à changer de point de vue brusquement. Dans les semaines qui ont suivi l’action, la vaste majorité de la société russe soutenait les actions du gouvernement contre le groupe, vu la condamnation sans appel de tous les officiels ainsi que des hauts responsables de toutes les croyances russes confondues. Néanmoins, les dernières enquêtes d’opinion montrent que plus de 20% des Russes (cela représente environ 30 millions de personnes) sont prêts à protester activement contre le gouvernement.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière en Russie appelle à la libération immédiate des ‘‘Pussy Riot’’ mais aussi de tous les autres opposants arrêtés lors des récentes manifestations d’opposition. Toutes ces accusations doivent être levées. Il doit y avoir une séparation immédiate entre l’Eglise Orthodoxe Russe et l’Etat à tous les niveaux. Une réelle liberté d’expression – avec le droit de critiquer l’Etat, le Président et l’Eglise – doit être instaurée à tous les niveaux. Le régime de Poutine doit se diriger vers la création d’une assemblée constituante démocratique formée par des représentants des lieux de travail, des institutions de l’éducation et des zones résidentielles afin de décider quelles sont les meilleures formes de gouvernement pour la Russie. Un parti de masse des travailleurs avec un programme socialiste prêt à se battre pour le pouvoir politique doit être construit et il est impératif de construire une nouvelle société socialiste libre du capitalisme, des bureaucrates et des prêtres.
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De Rostock à Aube Dorée
La violence raciste est de retour, sans avoir jamais véritablement disparu
Vingt ans après les émeutes racistes de Rostock, en Allemagne, les images d’attaques physiques contre les immigrés et ceux qui n’ont pas la ‘‘bonne couleur’’ sont de retour. Le championnat d’Europe de foot ne restera pas dans les mémoires que pour le sport, mais également pour ces images de hooligans néonazis. En Grèce, le parti néonazi Aube Dorée a obtenu 6,9% des voix, ce qui a renforcé la confiance de ses militants, avec à la clé une augmentation de leurs faits de violence.
Article par Geert Cool
Rostock. Violence d’extrême droite et protestations de masse
En août, nous commémorerons le triste 20e anniversaire des émeutes racistes de Rostock, en ex-RDA. Du 22 au 26 août 1992, plusieurs centaines de militants d’extrême-droite avaient attaqué la ‘‘résidence des tournesols’’ où habitaient des demandeurs d’asile à coup de pierres et de cocktails Molotov. Tout ce temps durant, le voisinage et la police n’avaient pas réagi, ou à peine.
Début des années ’90, les néonazis ont pu compter sur un soutien croissant parmi la jeunesse qui, suite aux diverses mesures néolibérales, voyaient leur avenir s’assombrir terriblement. En ex-Allemagne de l’Est, la restauration du capitalisme signifiait qu’une infime élite s’enrichissait à grande vitesse tandis qu’une portion grandissante de la population était confrontée au chômage et à la misère. C’était un terrain fertile pour le développement du racisme et des partis d’extrême droite, qui ont pu électoralement croître et être plus actifs dans la rue.
Les évènements de Rostock ont choqué. Il s’agissait de la pire agression raciste connue en Allemagne depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Auparavant, c’est à peine s’il y avait des réactions suite aux actes de violence racistes, mais l’horreur de Rostock a tout changé. Des milliers de jeunes et de travailleurs sont descendus dans les rues pour participer à des mobilisations antiracistes. Dans toute l’Europe, les sections du Comité pour une Internationale Ouvrière ont réagi par une large campagne antiraciste qui s’est notamment exprimée par une manifestation internationale, à l’initiative de notre campagne antifasciste flamande Blokbuster, en octobre 1992. Environ 40.000 personnes ont participé à cette manifestation des ‘‘Jeunes contre le racisme en Europe’’ dans les rues de Bruxelles.
Dans le cadre de ces protestations antiracistes, nous avons constamment souligné la nécessité de se baser sur une mobilisation active contre l’extrême droite, sur le terrain, afin de ne pas lui laisser d’espace d’activité, tout en défendant un programme social capable de s’en prendre au terreau sur lequel ces idées nauséabondes se développent. Cette approche est résumée dans le slogan ‘‘des emplois, pas de racisme’’. Ces 20 dernières années, chaque grand rassemblement néonazi en Allemagne a eu à faire face à une riposte antifasciste active. D’autre part, le développement du parti de gauche ‘‘Die Linke’’ a rendu plus difficile aux partis d’extrême-droite de se construire en détournant la colère de la population contre la politique antisociale des partis traditionnels.
Le duo de la mobilisation et de l’alternative politique
Les dramatiques évènements de Rostock se sont déroulés au moment où l’ancien Vlaams Belang, le Vlaams Blok, connaissait sa percée électorale en Flandre. D’importants enseignements peuvent être tirés des débats et actions de cette époque.
Sur base de mobilisations de masse, il a été possible de stopper les pires excès de la violence raciste de l’extrême droite. En Belgique aussi il était nécessaire de se battre sur ce terrain. Ainsi, dans les années 1996-97, à Bruges, les antifascistes et d’autres ont dû faire face aux agressions physiques de l’extrême-droite. Les mobilisations de masse ont brisé leur confiance, car ils n’ont même pas pu trouver de soutien parmi les électeurs d’extrême-droite pour leur ligne politique violente.
La progression électorale de l’extrême-droite est instable. En Allemagne, plusieurs partis de la droite radicale ont en grande partie disparu de la scène politique en raison de l’existence de ‘‘Die Linke’’, vers où s’exprime l’opposition à la politique de l’establishment. Mais si la gauche échoue à livrer une opposition cohérente tout en défendant une alternative crédible face à la faillite du capitalisme, l’extrême-droite restera une menace.
Europe de l’Est : La violence n’a pas disparu
En Allemagne de l’Est, le nombre d’agression a diminué. Les statistiques officielles parlent de 750 cas de violence fasciste en Allemagne en 2010, soit 15% de moins qu’en 2009. C’est tout de même encore deux incidents par jour! Le terreau sur lequel la violence et le racisme peuvent se développer existe encore, tout comme c’est le cas en dans le reste de l’Europe de l’Est.
A l’occasion du championnat d’Europe de foot, les groupes de hooligans néonazis polonais et ukrainiens ont fait parler d’eux. Les joueurs de couleur ont été hués, ce qui n’est pas une surprise au vu d’images de précédents évènements durant lesquels ces hooligans effectuaient le salut nazi ou agressaient des immigrés. La violence néonazie frappe d’ailleurs également la communauté LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres). Dans cette région, il est quasiment impossible d’organiser une Gay Pride. En Russie, ‘‘promouvoir’’ l’homosexualité, c’est même s’exposer à des sanctions.
En raison de la mauvaise réputation des supporters polonais et ukrainien, certains ont défendu que le Championnat se déroule ailleurs. Faire l’Autruche ne fait pourtant jamais disparaître un problème. Ce championnat aurait pu être l’occasion d’un débat sur le racisme parmi les supporters. Dans ce débat, les arguments moralisateurs ne sont d’aucun secours : on ne combat pas le symptôme d’un système pourri en condamnant la pourriture avec de belles paroles. Une campagne antiraciste basée sur l’explication que le racisme sert avant tout l’élite pour diviser la population qu’elle exploite aurait trouvé un bon écho.
Avertissements de Grèce
La profonde crise qui a happé la Grèce a ouvert des possibilités au parti ‘‘Aube Dorée’’ qui, le 17 juin, a réalisé un score de 6,9% et obtenu 18 parlementaires (une perte de trois sièges comparativement aux élections de mai). Ce parti a vu son soutien quelque peu faiblir après le mois de mai en raison de déclarations abominables et suite à diverses agressions physiques. Le dirigeant du parti, Mihaloliakos Nikos, a nié l’existence de l’Holocauste face aux caméras tandis que son collègue le parlementaire Iliad Kasidiaris a frappé ses contradicteurs de gauche lors d’un débat télévisé. Au port de Patras, un groupe d’immigrés a été attaqué à coups de cocktails Molotov par Aube Dorée.
Malgré ces incidents, le soutient électoral d’Aube Dorée est resté relativement stable. Son noyau actif est en plein essors et dispose d’un grand soutien parmi la police malgré les menaces ouvertes à l’encontre des immigrés, des homosexuels et des militants de gauche. Juste avant les élections, le porte-parole d’Aube Dorée a déclaré : ‘‘Si Aube Dorée est au Parlement, nous allons nous en prendre aux hôpitaux et aux crèches pour foutre dehors les immigrés et leurs enfants afin de libérer la place pour les Grecs.’’ Ils ne remettent donc pas réellement en cause la logique d’austérité et préfèrent affronter les déficits budgétaires en privant les immigrés de leurs droits.
Ce danger doit être pris au sérieux. La large participation aux campagnes de Syriza ainsi que l’opposition active à la politique d’austérité doit être couplée à l’organisation de la défense du mouvement contre la violence d’extrême-droite. La gauche et les syndicalistes doivent constituer des comités antifascistes dans les quartiers et sur les lieux de travail afin de riposter contre la violence fasciste tout en participant à l’organisation de la lutte contre l’austérité.
Et chez nous, quel est le danger ?
L’extrême-droite est actuellement dans une position plus défensive en Belgique, très certainement dans le cas du Vlaams Belang, mais le rapide retour du Front National sur le devant de la scène en France illustre que cela peut n’être que temporaire. Et tout progrès de l’extrême-droite aux élections renforce inévitablement, dans le pays-même et ailleurs, la confiance des néo-fascistes qui veulent aller plus loin pour imposer leur vision par la violence. Le groupuscule néonazi francophone Nation ne l’a pas caché dans son article consacré au succès d’Aube Dorée et intitulé ‘‘La radicalité, ça paie !’’
Si la colère contre les politiciens et leur politique antisociale ne s’exprime pas par une résistance active avec manifestations, campagnes de terrain, grèves,… ainsi qu’avec le développement d’un prolongement politique large et démocratique, alors la frustration peut être instrumentalisée par l’extrême-droite. L’austérité, c’est encore moins d’emplois, de logements sociaux, de services publics,… Répondre à cette situation signifie de lutter ensemble, que l’on soit ou non d’origine immigrée, pour arracher les moyens nécessaires des mains de l’establishment capitaliste.
C’est pourquoi nos campagnes antiracistes ne se limitent pas au rejet du racisme. L’infime minorité capitaliste à la tête de la société a besoin de diviser la majorité qu’elle exploite sur base de racisme, de sexisme, d’homophobie,… au besoin par la violence. Il nous faut une alternative au capitalisme, ce qui selon nous ne peut être que le socialisme démocratique, une économie où la satisfaction des besoins de tous seront centraux et non la soif de profits d’une élite de parasites.
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Syrie : Le massacre de Houla augmente la crainte d’une véritable guerre civile
Le meurtre de 108 personnes près de la ville syrienne de Houla a interpelé et choqué dans le monde entier. Le meurtre de 49 enfants, dont beaucoup ont été tués à bout portant, est particulièrement odieux. Les tensions sectaires alimentées par cet acte barbare font planer la terrible menace d’un glissement vers un conflit plus large et d’une véritable guerre civile. Comme toujours, les travailleurs et les pauvres en souffriront le plus. En lutte contre le régime brutal de Bachar El Assad, la classe ouvrière doit s’opposer au sectarisme et à l’intervention impérialiste
Niall Mulholland, Comité pour une Internationale Ouvrière
Depuis 15 mois maintenant, des manifestations massives ont lieu dans beaucoup d’endroits de Syrie contre le règne dictatorial de la famille Assad, qui dure depuis plus de 40 ans. A l’origine, ces protestations se sont déroulées dans le cadre des révolutions au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Mais en l’absence d’un mouvement indépendant de la classe ouvrière dirigeant la lutte et avec de plus en plus d’intervention dans la région de la part de régimes réactionnaires tels que ceux du Qatar et d’Arabie Saoudite ainsi que l’ingérence impérialiste, le conflit syrien a de plus en plus adopté un caractère de guerre civile teinté de sectarisme.
Les puissances occidentales, en particulier les USA, la Grande Bretagne et la France, ont été rapides à condamner les atrocités de Houla. Elles ont fait reporter tout le poids de la faute sur le régime syrien du président Bachar el-Assad, qui décline de son côté toute responsabilité. Il est certain que beaucoup de témoins et de survivants accusent les forces armées syriennes et les gangs de Shabiha (qui peut se traduire par ‘‘bandits’’), qui massacrent et enlèvent régulièrement les opposants. Les investigateurs de l’ONU ont dit qu’il y a des indices que les Shabiha aient accompli au moins une partie de la tuerie des 25 et 26 mai.
Les accusations des puissances impérialistes sont toutefois profondément hypocrites et écœurantes. Des centaines de milliers de civils ont perdu la vie en Irak comme en Afghanistan du fait de l’invasion occidentale et de l’occupation. Dans le cadre de leur quête de pouvoir, d’influence et de contrôle des ressources, des attaques aériennes impérialistes de drones ont quotidiennement lieu au Pakistan, en Somalie et au Yémen. Le lendemain du massacre de Houla, une attaque de l’OTAN dans l’est de l’Afghanistan a déchiqueté les 8 membres d’une famille.
Les puissances occidentales justifient l’utilisation de la force militaire en déclarant attaquer des cibles ‘‘terroristes’’, ce qui est une rhétorique similaire à celle de la dictature de Bachar el-Assad. Dans les deux cas, ces attaques au hasard, approuvées par l’Etat, équivalent à des exécutions sommaires et à de potentiels crimes de guerre.
Environ 15.000 personnes sont mortes en Syrie, majoritairement des mains de l’armée Syrienne et des forces pro-Assad, depuis l’insurrection de mars 2011. Mais sous le mandat d’Obama, plus de 500 civils ont été tués par des attaques aériennes dans le seul Pakistan, dont 175 enfants.<p
A couteaux tirés
Les USA, appuyant l’opposition syrienne, et la Russie, soutenant le régime d’Assad, sont de plus en plus à couteaux tirés à mesure qu’empire la situation du pays. Cela se traduit par des conflits au Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la manière de traiter la dossier syrien.
La Russie et la Chine ont voté contre les résolutions anti-Assad soutenues par les USA, la Grande Bretagne et la France. Malgré cette rhétorique, les positions des USA et de la Russie n’ont rien à voir avec la situation critique du peuple Syrien. Elles sont liées aux intérêts de leurs classes dominantes respectives et à celles de leurs plus proches alliés.
Les USA, la Grande Bretagne et la France ont clairement affirmé qu’ils veulent la fin du régime d’Assad. Depuis longtemps, ils le considèrent comme un obstacle à leurs intérêts impérialistes dans la région. Ils veulent à sa place un gouvernement docile et pro-occidental. Suite aux révolutions de l’année dernière qui ont renversé deux alliés cruciaux de l’occident dans la région – Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte – les puissances impérialistes sont déterminées à s’assurer que la révolte populaire en Syrie ne dépasse pas des barrières de ‘‘l’acceptables’’ (c’est-à-dire vers une position d’indépendance de classe) et qu’elle reste à l’avantage des impérialistes.
Les USA instrumentalisent l’échec du ‘‘plan de paix’’ de Kofi Annan (émissaire conjoint de l’Organisation des Nations unies et la Ligue arabe sur la crise en Syrie ) pour menacer d’entrer en action ‘‘en dehors du plan Annan’’ et de l’autorité du Conseil de Sécurité des Nations Unies, avec le soutien des plus proches alliés dans le conflit Syrien ; la Grande Bretagne et la France. Cela rappelle l’infâme coalition militaire menée par George Bush et Tony Blair qui a envahi l’Irak en toute illégalité.
D’un autre côté, la Russie considère le régime d’Assad comme un allié crucial dans la région, un allié qui lui offre un accès à un port de Méditerranée. Le ministre russe des affaires étrangères a ainsi indiqué qu’il pourrait être préparé à mettre en œuvre ce qu’il appelle la ‘‘solution Yéménite’’, c’est-à-dire qu’Assad soit renversé alors que la plupart de la structure de son régime resterait en place. Cette solution est calquée sur un plan de la Ligue Arabe au Yémen, où le président Ali Abdullah Saleh a perdu le pouvoir en février 2012, après des mois de manifestations massives.
Le Kremlin est cependant fermement opposé à toute intervention militaire occidentale, en particulier après l’expérience amère du conflit libyen l’an dernier. La Russie soutenait une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU basée sur la constitution d’une zone d’exclusion aérienne, une ‘‘no-fly-zone’’. Mais les puissances occidentales ont utilisé cette résolution pour permettre une intervention armée de l’OTAN en Lybie, déviant la révolution de sa trajectoire, renversant le régime du Colonel Kadhafi et, selon leurs propres termes, installant un régime pro-occidental.
L’OTAN
Bachar el-Assad ne semble pas prêt de perdre le pouvoir ou d’être placé devant le risque imminent d’un coup d’Etat. Alors que la Syrie est frappée par des sanctions économiques, une part significatrice de la population dont beaucoup d’hommes d’affaires sunnites, n’ont pas encore catégoriquement rompu leurs liens avec le régime. Damas parie aussi sur le fait que l’Ouest serait incapable de mener une intervention militaire directe du type libyen.
Le ministre des affaire étrangères britannique, William Hague, a récemment menacé qu’aucune option ne puisse être écartée dans le traitement de Bachar el-Assad, laissant entendre la possibilité d’une action militaire occidentale. Mais l’attaque de l’OTAN contre la Lybie l’an dernier ne peut pas tout simplement être répétée en Syrie, un pays qui possède une population beaucoup plus élevée et dont les forces d’Etat sont, selon les experts militaires, plus puissantes, mieux entrainées et mieux équipées.
Assad a à sa disposition une armée de 250.000 personnes, en plus de 300.000 réservistes actifs. L’an dernier, l’OTAN a été capable d’envoyer des milliers de missions aériennes et de missiles sur la Lybie sans rencontrer de réelle résistance. Mais la Syrie possède plus de 80 avions de chasse, 240 batteries anti-aériennes et plus de 4000 missiles sol-air dans leur système de défense aérien. Les stratèges militaires occidentaux admettent qu’une invasion du pays demanderait un effort monumental. Leurs troupes seraient irréductiblement embourbées dans de larges zones urbaines hostiles.
Quant aux diverses propositions visant à aider la population et à affaiblir le régime Syrien sans offensive militaire directe (‘‘corridor humanitaire’’, ‘‘zone d’exclusion aérienne’’,…), elles exigent tout de même des opérations militaires offensives.
Chaque ère protégée devraient très certainement être sécurisés avec des troupes au sol, qu’il faudrait ensuite défendre contre des attaques, ce qui exigerait l’envoi de forces aériennes. Les stratèges britanniques de la défense admettent qu’une action militaire quelconque contre la Syrie ‘‘conduirait presqu’inévitablement à une guerre civile encore plus aigüe et sanglante.’’
De plus, la composition complexe de la Syrie (une majorité sunnite avec des minorités chrétienne, alaouite, druze, chiite, kurde et autres) entraîne le risque de voir l’intervention militaire occidentale déclencher une véritable explosion dans la région, sur bases de divisions ethniques et sectaires.
Même sans une intervention occidentale directe, la Syrie continue de glisser vers une guerre civile ‘‘à la libanaise’’. L’implication directe des régimes locaux de droite et des puissances mondiales qui soutiennent soit l’opposition, soit le régime, encourage cela.
Les puissances sunnites réactionnaires de la région, avec à leur tête l’Arabie Saoudite et le Qatar, utilisent la crise syrienne pour appuyer leur position contre les régimes chiites. Avec le soutien des USA et d’Israël, les régimes sunnites s’opposent à l’Iran, le plus important allié de la Syrie dans la région.
Il apparait que la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et les autres Etats du Golfe, chacun suivant son plan, acheminent des fonds et des armes à l’opposition Syrienne, avec le soutien tacite des USA. Une base de passage à la frontière existe même depuis la Turquie. Les forces d’opposition armée disent avoir tué 80 soldats syriens le weekend du début du mois de juin. En même temps, un commandant en chef des Gardiens de la Révolution en Iran a récemment admis que les forces iraniennes opèrent dans le pays pour soutenir Assad.
Patrick Cockburn, le journaliste vétéran du Moyen-Orient, a écrit que les rebelles armés ‘‘pourraient probablement commencer une campagne de bombardement et d’assassinats sélectifs sur Damas’’ (Independent, dimanche 03/06/12). Le régime d’Assad riposterait en ayant recours à des ‘‘sanctions collectives’’ encore plus sauvages. Damas serait ‘‘ victime de la même sorte de haine, de peur et de destruction qui ont ébranlé Beyrouth, Bagdad et Belfast au cours de ces 50 dernières années.’’
Le sectarisme s’approfondit. La minorité chrétienne craint de subir le même sort que les chrétiens d’Irak, ‘‘ethniquement purgés’’ après l’invasion américaine de 2003. Le régime d’Assad exploite et alimente cette peur pour se garder une base de soutien dans la minorité chrétienne, ainsi que chez les Alaouites, les Druzes et les Kurdes. Les USA, la Grande Bretagne, la France et l’Arabie Saoudite et leurs alliés sunnites dans la région ont utilisé sans scrupules la carte du sectarisme pour défendre un changement de régime à Damas et pour leur campagne contre l’Iran et ses alliés. Tout cela a des conséquences potentiellement très dangereuses pour les peuples des Etats frontaliers et dans toute la région.
Le conflit Syrien s’est déjà déployé au Liban frontalier, où le régime d’Assad a le soutien du Hezbollah, qui fait partie de la coalition gouvernementale. Le conflit entre les sunnites et les alaouites pro-Assad dans la ville de Tripoli au Nord du Liban a fait 15 morts en un weekend. Ces dernières semaines, le conflit s’est dangereusement exporté à Beyrouth, faisant craindre la ré-irruption d’un conflit sectaire généralisé au Liban.
La classe ouvrière de Syrie et de la région doit fermement rejeter toute forme de sectarisme et toute intervention ou interférence impérialiste.
Intervention
L’insurrection de mars 2011 en Syrie a commencé par un mouvement authentiquement populaire contre la police d’Etat d’Assad, l’érosion des aides sociales, les degrés élevés de pauvreté et de chômages et le règne de l’élite riche et corrompue.
En l’absence d’un mouvement ouvrier fort et unifié avec un programme de classe indépendant, les courageuses manifestations massives semblent avoir été occultées et dépassées par des groupes d’oppositions armés et hargneux. Alors que beaucoup de Syriens restent engagés pour un changement révolutionnaire et résistent à la provocation sectaire, de plus en plus de dirigeants de ces forces sont influencés par les régimes réactionnaires de la région et par l’impérialisme.
Les combattants islamistes de la province irakienne d’Anbar, de Lybie et d’ailleurs ont rejoint l’opposition armée libyenne. Une attaque à la voiture piégée à Damas qui a tué un nombre de personnes record en mai dernier est largement reproché aux combattants de l’opposition liés à Al-Qaeda.
Le Conseil National Syrien (CNS), un groupe d’opposition exilé, demande une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies autorisant l’usage de la force contre Assad, ce qui paverait la voie à une intervention armée, à l’instar de la Lybie.
Alors qu’une grande partie du peuple libyen est dans une situation désespérée et que certains peuvent sincèrement espérer une intervention militaire extérieure, les évènements en Lybie illustrent que l’implication de l’OTAN ne conduit ni à la paix, ni à la stabilité. Le nombre de morts a connu une percée après que l’OTAN ait commencé ses attaques aériennes sur la Lybie, se multipliant par 10 ou 15 selon les estimations. Le pays, ruiné par la guerre, est maintenant dominé par des centaines de milices en concurrence qui dirigeants des fiefs.
Environ 150 personnes sont mortes dans un conflit tribal dans le sud de la Lybie en mars, et le weekend dernier, une milice a temporairement pris le contrôle du principal aéroport du pays. La supposée administration centrale du pays (le Conseil National de Transition, non-élu et imposé par l’Occident) a sa propre milice, le Conseil Suprême de Sécurité, fort de 70.000 hommes. Les dirigeants de l’opposition bourgeoise et pro-impérialiste en Syrie cherchent sans doute à être mis au pouvoir d’une manière similaire par le pouvoir militaire occidental.
Révolutions
Cependant, la menace d’une intervention impérialiste en Syrie et l’implication de plus en plus forte des régimes réactionnaires Saoudiens et Qataris n’ont aucune raison de soutenir le régime d’Assad. Pour les socialistes, l’alternative a été clairement montrée lors des révolutions de l’année dernière en Tunisie et en Egypte, ainsi qu’aux débuts de la révolte syrienne en 2011.
Elles ont illustré que c’est le mouvement massif et unifié des la classe ouvrière et des jeunes qui est capable de renverser les despotes et leurs régimes pour engager la lutte pour un changement réel aux niveaux politique et social. La reprise du mouvement révolutionnaire en Egypte, suite à l’issue injuste du procès de Moubarak et de ses sbires, souligne que ce n’est que par un approfondissement de l’action de masse du fait de la classe ouvrière et des jeunes qu’il peut y avoir un véritable changement.
Les travailleurs de Syrie, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse, ont le droit de se défendre eux-mêmes contre la machine d’Etat d’Assad et contre toutes les milices sectaires. Les véritables socialistes, basés sur les traditions du marxisme révolutionnaire, appellent à la constitution immédiate de comités de défense indépendants, démocratiquement élus et contrôlés par les travailleurs, pour défendre les manifestations, les quartiers et les lieux de travail.
Cela doit être lié à une nouvelle initiative de la classe ouvrière en Syrie, construisant des comités d’action dans toutes les communautés et les lieux de travail, en tant que base pour un mouvement indépendant des travailleurs.
L’une de ses tâches serait d’enquêter indépendamment sur les responsables de la tuerie de Houla et de tous les autres massacres et assassinats sectaires. Cela montrerait aussi le rôle du régime d’Assad et de ses milices, ainsi que celui des puissances voisines et impérialistes.
Comme partout, les Nations Unies sont incapables, à cause de leur asservissement aux principales puissances mondiales, d’empêcher les atrocités contre les civils ou de résoudre les conflits armés dans l’intérêt de la classe ouvrière.
Suite au massacre de Houla, les grèves de ‘‘deuil’’ ont éclaté dans certains endroits de la Syrie. Les manifestations contre Assad continuent dans certaines villes, dont à Damas. Il est crucial que de telles manifestations prennent un caractère anti-sectaire et pro-classe ouvrière. Un mouvement de la classe ouvrière en Syrie développerait les manifestations de travailleurs, les occupations de lieux de travail et les grèves, dont des grèves générales, pour rompre avec le sectarisme et lutter pour le renversement du régime d’Assad. Un appel de classe aux soldats pauvres du rang à s’organiser contre leurs généraux, à se syndiquer et à rejoindre les manifestants, pourrait diviser les forces d’Etat meurtrières et les neutraliser.
Les travailleurs syriens de toutes religions et ethnies ont besoin d’un parti qui leur est propre, avec une politique socialiste indépendante. Un tel parti avec un soutien massif peut résister avec succès au sectarisme et aux politiques empoisonnées du diviser pour mieux régner d’Assad, des régimes sunnites et chiites de la région et de l’impérialisme hypocrite.
Un programme socialiste – appelant à un contrôle et une gestion démocratiques de l’économie par les travailleurs pour transformer les conditions de vie, créer des emplois avec des salaires décents et une éducation, la santé et les logements gratuits et de qualités – inspirerait les travailleurs et les jeunes à rejoindre le camp de la révolution.
Sous un drapeau authentiquement socialiste, en opposition aux forces prétendument ‘‘socialistes’’ qui soutiennent le régime dictatorial de Bachar el-Assad, la révolte populaire contre le régime syrien appellerait les travailleurs de la région à étendre la révolution.
En liant ensemble les mouvements révolutionnaires qui ont lieu en Syrie, en Tunisie, en Egypte et ailleurs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, sur base d’un programme d’orientation socialiste, où les secteurs clés de l’économie seraient aux mains des masses, la classe ouvrière pourrait dégager les tyrans et porter de puissants coups au capitalisme pourri et à l’ingérence impérialiste. Cela pourrait se transformer en une lutte pour une confédération socialiste volontaire et équitable du Moyen-Orient, dans laquelle les droits de toutes les minorités seraient garantis.
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Egypte : Le candidat aux présidentielles le plus identifié à la révolution remporte 22% des voix
Le premier tour des élections présidentielles égyptiennes (les 23 et 24 mai dernier) ont placé en tête Mohamed Morsi, le candidat du Parti de la liberté et de la justice (la vitrine politique des Frères Musulmans). Avec ses 25%, il se place un pourcent devant Ahmed Chafik, qui fut le dernier premier ministre du président déchu Hosni Moubarak. La révolution commencée le 25 janvier 2011 fait-elle marche arrière ? Les résultats illustrent au contraire qu’elle peut bien avoir dévié, mais qu’elle ira à nouveau de l’avant. Le gagnant de ces élections est en fait le principal perdant de celles-ci !
David Johnson, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de galles)
Au Caire, à Alexandrie et dans d’autres villes et villages, des manifestations de masse ont suivi l’annonce des résultats. Des centaines de personnes ont notamment pris d’assaut le QG de campagne de Chafiq au Caire afin d’y mettre le feu. Mais ces manifestations de colère n’auraient pas seulement été dirigées contre Chafik, mais également contre le candidat des Frères Musulmans.
Les Frères Musulmans (FM) ont obtenu dix millions de voix (soit 47%) à l’occasion des récentes élections législatives tenues il y a quelques mois à peine. Mais cette fois, Morsi n’a pu compter que sur un peu plus de cinq millions de votes (25%). Il était en fait le second choix des Frères Musulmans pour les représenter, puisque leur premier choix, Khairat al-Chater, a été disqualifié pour cause de condamnation sous le régime Moubarak. Al-Chater est l’un des plus riches hommes d’affaires d’Egypte, ce qui constitue en soi une excellente indication de la vision des choses adoptée par la direction des Frères Musulmans et de ce que doivent en attendre les travailleurs et les pauvres.
Lors des élections législatives, le parti des ultra-conservateurs salafistes, Al-Nour, avait recueilli 24% des voix. Leur candidat, Hazem Abu Ismail, a également été disqualifié pour les présidentielles en raison de la double nationalité américaine de sa mère. Un candidat qui avait fait défection des Frères Musulmans et s’est présenté comme un indépendant en faisant appel aux libéraux laïques, Abdel Moneim Aboul El-Fotouh, a obtenu 18% des voix – beaucoup moins que prévu dans les sondages. Il avait gagné le soutien des salafistes, ce qui lui a probablement fait perdre le soutien d’autres couches qui espéraient de lui qu’il comble le fossé entre les partisans islamistes et laïques de la révolution.
Un autre candidat avait été mis en avant dans les sondages ; l’ancien secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, qui a terminé cinquième avec 11% des suffrages. Il était l’un des favoris de l’establishment, avec juste ce qu’il fallait d’opposition pour être en mesure de prétendre soutenir la révolution du 25 janvier. Moussa et Aboul Fotouh étaient considérés comme les deux principaux candidats, jusqu’à un débat télévisé qui semble leur avoir fait perdre du soutien à tous les deux!
La croissance rapide du candidat de gauche
Les deux candidats qui ont fait mieux que prévu ont été Chafiq, un vestige de l’ancien régime, et Hamdine Sabahi. Parmi les principaux candidats, Hamdine Sabahi était le plus identifié à la révolution. Il a reçu 22% des suffrages, c’est-à-dire le double de ce que les sondages laissaient prévoir une semaine plus tôt, arrivant même en tête au Caire, à Alexandrie et à Port Saïd. Aux élections législatives de janvier dernier, son parti de la dignité (Karama) n’avait remporté que 6 des 478 sièges. Sabahi a derrière lui plus de 30 ans d’opposition à l’ancien régime de Moubarak, et a été emprisonné pour cela. Son slogan électoral – ‘‘L’un d’entre nous’’ – reflétait cela, ainsi que ses origines familiales modestes.
Sabahi défendait un programme comprenant l’augmentation du salaire minimum de 700 Livres Egyptiennes (94 euros) à 1200 Livres Egyptiennes (161 euros) par mois, l’instauration d’un salaire maximum, des allocations de chômage pour els jeunes et une subvention minimale de 500 Livres Egyptiennes (67 euros) pour quatre millions de familles pauvres. Il s’est opposé aux mesures d’austérité qui ‘‘ont un effet nocif sur les conditions de vie des citoyens et contribuent à la récession.’’ Il défendait également une forte augmentation de l’utilisation de l’énergie solaire, la création d’une banque d’Etat pour aider les agriculteurs, un enseignement gratuit et l’éradication de l’analphabétisme.
Toutes ces mesures sont bien entendu les bienvenues, mais le programme de Sabahi pour leur mise en œuvre est basé sur l’idée nassérienne d’une ‘‘économie de développement planifiée, en créant un équilibre entre les trois secteurs économiques – public, privé et coopératif.’’
Bien que Nasser ait réussi à quelques années à se maintenir en équilibre entre l’Ouest capitaliste et la Russie stalinienne (en savoir plus), l’actuelle domination mondiale du capitalisme signifie qu’il ne peut y avoir d’équilibre entre les secteurs public et privé. Seule la propriété collective de toutes les grandes entreprises, des banques et des grandes propriétés terriennes est capable de poser les bases d’une ‘‘économie de développement planifiée.’’ Cette planification doit de plus être réalisée sous le contrôle démocratique des travailleurs, des petits commerçants et des petits agriculteurs, plutôt que sous les ordres d’une élite bureaucratique de fonctionnaires et de militaires.
Le soutien du candidat de l’ancien régime
Chafiq est devenu le candidat qui a reçu le plus de soutien afin de restaurer ‘‘la loi et l’ordre’’ et pour répondre au sentiment sécuritaire de tous ceux qui se sentent menacés par les bouleversements que le pays a connu depuis le 25 janvier 2011. Beaucoup d’entre eux sont de petits commerçants, des négociants et de petits entrepreneurs qui ont perdu leur commerce (notamment dans le tourisme) pendant les troubles. D’autres se sentent fatigués après 16 mois de soulèvements révolutionnaires et contre-révolutionnaires, la classe dirigeante et l’ancien régime semblant encore s’accrocher au pouvoir. Une certaine nostalgie d’un passé apparemment plus calme se développe. Sa campagne a été financée par ce qui reste de l’ancien régime et par les grandes entreprises, qui veulent un président capable de revenir sur les acquis de la révolution.
La minorité chrétienne semble aussi également très fortement voté pour lui pour des raisons similaires ainsi qu’en raison de leurs craintes concernant l’islamisation de l’État et la menace de persécutions. Cependant, les suffrages combinés des deux principaux candidats islamistes, Morsi et Aboul Fotouh, représentent seulement 43% des votes, chiffre qu’il faut comparer aux 72% obtenus par les Frères Musulmans et Al-Nour lors des élections législatives.
Le taux de participation pour le premier tour des élections présidentielles était en baisse, et s’est situé à environ 45%, reflétant ainsi l’opinion largement répandue selon laquelle ces élections ne vont pas changer grand-chose dans la vie de la population. Une certaine déception se développe concernant le parlement. Un électeur d’Al-Nour avait déclaré aux élections de janvier : ‘‘Nous attendons beaucoup de ce parlement. Nous attendons qu’ils répondent à nos besoins et soit capable de résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté, y compris le chômage et la pénurie de gaz.’’ (Ahram, 23/01/12)
Les luttes industrielles
Les deux candidats pour le second tour, Morsi et Chafiq, représentent seulement 49% des voix exprimées au premier tour. La classe ouvrière et la jeunesse radicalisée ne pourront pas voter pour un candidat qui représente les objectifs de la révolution et lutte pour une politique favorable à la classe ouvrière et aux pauvres. Compte tenu de cela, le taux d’abstention pourrait être encore plus élevé au second tour, puisque de nombreux travailleurs et jeunes ne verront aucune raison de voter pour des candidats qui représentent les partis et les forces se dressant sur la voie du changement fondamental, c’est-à-dire un changement social, économique et politique. Les Frères Musulmans pourraient toutefois jouer le rôle de ‘‘moindre mal’’ et ramasser des votes de la classe ouvrière et des jeunes afin d’empêcher l’arrivée au pouvoir de Chafik. D’autres électeurs, en particulier les chrétiens, peuvent voter pour le candidat de l’ère Moubarak par crainte de l’arrivée à la présidence d’une force islamiste. Les vieux amis de Moubarak issu du monde des grandes entreprises feront tout pour que Chafiq l’emporte afin de pouvoir continuer à faire fortune sur la souffrance des pauvres et des travailleurs.
Quelle que soit le vainqueur, la classe ouvrière et les pauvres auront besoin de se battre pour défendre leurs intérêts contre la classe dirigeante. Une victoire de Morsi conduira à la déception des électeurs des Frères Musulmans, en clarifiant que les dirigeants des Frères ne représentent pas de changement réel pour la vie des masses. Par la suite, cela pourrait conduire à de nouveaux gains électoraux pour le parti salafiste Al-Nour si aucune alternative crédible pour les travailleurs n’est construite.
Les travailleurs ont déjà une certaine expérience d’une victoire de l’islma politique de droite. Les conducteurs de bus en grève au mois de mars avaient dû aux briseurs de grève de l’armée, tandis que les députés des Frères Musulmans et les députés salafistes avaient ignoré les revendications des grévistes, comme l’avait expliqué l’un d’eux au journal Egypt Independant le 13 mars dernier. ‘‘Ils ne défendent pas nos droits’’, avait-il ajouté.
Les Frères Musulmans déclarent vouloir construire un gouvernement de coalition avec ‘‘tous les groupes politiques, en particulier les groupes révolutionnaires’’. Un de leurs porte-parole affirme qu’il ‘‘croit en la valeur réelle d’un consensus national.’’
Chaque groupe révolutionnaire rejoignant une coalition dirigée par les Frères Musulmans pour tenir Chafiq à l’écart sera très vite entaché par la politiques antisociale. Sabahi a eu raison de refuser de participer à ces négociations (même si son parti, Karama, a rejoint le parti des Frères Musulmans au sein de ‘‘L’Alliance démocratique’’ pour quelques mois l’an dernier).
Quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, il est clair que la société égyptienne reste dans un état extrêmement mouvant. Ni la réaction, ni la révolution n’ont été en mesure de stabiliser leur soutien. Si Shafiq devient le nouveau président, il fera face à une opposition généralisée dès ses débuts au pouvoir, en particulier des travailleurs et des jeunes qui ont mené la lutte révolutionnaire. Après près de six mois de campagne électorale, l’attention commence à se tourner vers d’autres moyens pour améliorer les conditions de vie de la population. Plus grèves sont susceptibles d’arriver, et d’ainsi fournir aux nouveaux syndicats indépendants autant d’occasions de montrer que la solidarité et la lutte peuvent remporter des victoires.
Mais chaque victoire sera systématiquement sous la menace des patrons, y compris le Conseil suprême des forces armées, qui a de grands intérêts économiques. La construction d’un parti politique capable d’unir travailleurs, jeunes et pauvres autour d’un programme d’action destiné à changer la société peut remettre en cause le pouvoir de la classe dirigeante. C’est une des tâches les plus urgentes à l’heure actuelle.
Un gouvernement des travailleurs et des pauvres basé sur la réalisation d’un programme socialiste de nationalisation des grandes entreprises sous le contrôle démocratique des travailleurs pourrait mettre fin à la dictature du capitalisme et à la pauvreté, la répression et l’insécurité qu’il apporte. La lutte pour la démocratie réelle ne peut pas être distincte de la lutte pour le socialisme.
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Russie : La police relâche les membres du CIO
Les protestations internationales ont mis les autorités de Moscou sous pression
La police de Moscou a relâché nos camarades du CIO, Dmitri Ierokhine et Kostia Zamourenko après qu’ils aient été arrêtés sur le camp de l’opposition dans le centre ville. La police avait clairement ciblé les camarades du CIO qui étaient à ce moment en train d’organiser le “centre d’information” du camp, lequel était une structure cruciale dans l’organisation de ce camp.
Tous deux avaient été arrêtés, et tout le matériel ainsi que tout l’équipement du centre d’information avait été confisqué. Ils ont été détenus pour quelques heures puis relâchés, bien que la nouvelle ait mis du temps à parvenir aux membres du CIO en Russie et à l’échelle internationale, qui ont poursuivi les actions de protestations contre cette arrestation.
Dmitri et Kostia ont été jugés lundi dernier. On ne connait pas encore le montant de l’amende qu’ils devront payer. Pendant ce temps, la police a poursuivi ses tentatives de démontage du camp, ce à quoi elle est finalement parvenue vendredi soir.
Le Komitiét za rabotchi internatsional (CIO-Russie) envoie tous ses remerciements aux membres et sympathisants du CIO partout dans le monde pour la réponse rapide qui a été donnée à notre appel, qui ont eu un effet immédiat sur les autorités qui avaient arrêtés nos camarades.
Suède : Action de protestation au consulat de Russie
Par Stefan Berg et Kristofer Lundberg, Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)
Après deux jours de protestations devant la porte du consulat général de Russie à Göteborg, le consulat s’est finalement vu contraint à accepter la lettre de protestation que voulait lui remettre le Rättvisepartiet Socialisterna, même si leur première réaction avait été d’appeler la police.
Sitôt apprise la nouvelle que deux membres de la section russe du CIO avaient été arrêtés, vendredi 18 mai, les membres du Rättvisepartiet Socialisterna se sont organisés pour aller remettre une lettre de protestation au consulat, exigeant la relâche des prisonniers politiques. Le personnel du consulat a refusé, maintenant la porte fermée pendant la durée de l’action, qui s’est déroulée pendant les deux heures d’ouverture du bureau pour les demandes de visa.
Quand nous sommes revenus lundi, le personnel du consulat a tenté d’utiliser la police pour mettre fin à notre action, mais en vain. Leur argument était que ‘‘À Moscou, cela ne serait pas toléré’’, mais la police suédoise ne pouvait rien faire d’autre que rester là et surveiller que les membres de RS ne commettent aucun acte criminel pendant l’action. RS a contacté le consulat pour leur annoncer que nous continuerions notre action jusqu’à ce qu’ils acceptent de recevoir notre lettre. À 10 heures mardi matin, les membres du CIO étaient déjà là, avec slogans et pancartes à la main, au moment de l’ouverture des portes. Après trois quarts d’heure, le consulat a finalement réalisé que nous étions prêts à continuer ainsi tous les jours jusqu’à ce qu’ils acceptent notre lettre. Cela faisait déjà trois jours que personne ne pouvait rentrer ni sortir du consulat pour y recevoir un visa, et que nos slogans de ‘‘Justice pour les travailleurs russes – Justice maintenant !’’ et de ‘‘Libérez les prisonniers politiques – Libérez-les maintenant !’’ résonnaient dans les rues du riche quartier d’Örgryte.
Après avoir constaté que la police n’allait pas les aider, le personnel du consulat a tenté d’intimider les participants en prenant des photos des plaques d’immatriculation de nos voitures et en filmant l’action.
Nos deux camarades russes, Dmitri Ierokhine et Kostia Zamourenko, ont été arrêtés vendredi dernier et étaient menacés d’une peine de 15 jours de prison, simplement pour avoir organisé un camping pacifique en guise de protestation contre le régime Poutine corrompu. Le fait que la police antiémeute ait confisqué tout le matériel politique suggère que les autorités sont inquiètes de la hausse des critiques contre le régime parmi les jeunes et les travailleurs. Des camarades du CIO ont déjà été battus et arrêtés par la police dans le cadre de la Gay Pride à Moscou.
RS continuera à suivre le développement des événements en Russie et est prêt à de nouvelles actions de protestation devant le consulat général s’il le faut.
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NON à la violence homophobe ! De nouveaux incidents en Grèce et en Ukraine
En Ukraine, on s’apprêtait à célébrer la Gay Pride ce dimanche 20 mai. C’était sans compter sur la présence de 400 néonazis prêts à en découdre (voir la photo ci-contre), sans que la police ne protège les participants à la Gay Pride. Celle-ci a donc dû être annulée sous la pression de ces brutes bavant de rage. En Grèce, l’organisation néonazie Aube Dorée s’en ait physiquement pris à des immigrés et a prévenu la communauté homosexuelle : ‘‘vous êtes les suivants’’.
- Rubrique LGBT de ce site
Le 12 mai dernier, notre pays a connu une Belgian Lesbian and Gay Pride particulièrement suivie, avec des dizaines de milliers de participants. Après celles-ci, quelques critiques se sont faites entendre concernant le caractère commercial de l’évènement, ou son côté quasiment unilatéralement festif. Le PSL est intervenu à cette occasion en voulant souligner un autre aspect de la Gay Pride : celui de la lutte contre les discriminations et la violence homophobe, son aspect revendicatif. Le récent meurtre du jeune homosexuel Ihsane Jarfi à Liège a encore tout récemment clarifié que cette lute est loin d’être terminée dans notre pays également. Nous avons besoin d’un programme politique qui couple la lutte pour des droits égaux à la lutte du mouvement des travailleurs contre chaque forme de discrimination. Tout ce qui nous divise nous affaiblit ! Nous plaidons pour des manifestations combatives sur ces questions, ce qui peut en outre être un encouragement pour les luttes dans les pays où il est moins évident de défendre son orientation sexuelle.
Homophobie en Ukraine
Deux projets de lois sont actuellement en discussion en Ukraine pour interdire le travail des associations LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels) ou la publication d’articles à ce sujet dans la presse. De lourdes amendes et des peines de prison pouvant atteindre les 5 ans sanctionneront bientôt les militants LGBT.
L’homophobie reste bien ancrée en Europe de l’Est de manière générale. La Russie, la Hongrie, la Moldavie, la Lituanie, et la Lettonie ont déjà instauré des lois homophobes, poussant les LGBT à vivre dans la crainte, à vivre dans la haine. Ces lois contre la "propagande" homosexuelle empêchent tout débat public sur l’homophobie, interdisent les gay pride, et rendent illégale l’éducation sexuelle dans les écoles.
Grèce : les néonazis passent à l’action
En Grèce, dans le contexte actuelle de crise, les militants du parti néo-nazi "Aube dorée" (qui vient de faire son entrée au Parlement) ont distribué des tracts homophobes à Gazi, le quartier gay d’Athènes, sur lesquels on pouvait lire : "Après les immigrés, vous êtes les suivants!" Une menace qui inquiète sérieusement la communauté LGBT puisque le parti néo-nazi est coutumier des ratonnades, et propose par ailleurs avec beaucoup de sérieux la mise en place de champs de mines autours des frontières pour empêcher l’immigration !
La violence contre les militants de l’égalité des droits est aussi en augmentation. En Russie, à Saint-Pétersbourg, le bus des militants gays et lesbiennes qui se rendaient à la Journée Mondiale de lutte contre l’Homophobie a été sauvagement prit d’assaut par des skinheads armés de bâtons. Après avoir brisé les vitres du bus en marche, ces brutes épaisses se sont jetées sur les gays et les lesbiennes piégés à l’intérieur du véhicule. "Nous allons tous vous pendre et vous enterrer", beuglaient-ils alors (voir la vidéo sur le site du Standaard).
Dans ce cadre, le fait que le Parlement européen ait, pour la première fois de son histoire, appelé les pays européens à légaliser la cohabitation et le mariage entre personnes de même sexe est un élément positif. Mais il s’agit d’une résolution non-contraignante, qui sont très très loin de compenser les dégâts de la machine d’austérité européenne, y compris sur le plan des droits des personnes LGBT. Face à la pénurie de moyens pour satisfaire les besoins de la collectivité (en termes d’emplois, de logements, d’accès à l’enseignement,…), et faute de riposte collective face à l’austérité, des organisations d’extrême-droite peuvent se développer en pointant des boucs émissaires. L’exemple de la Grèce indique très clairement que ce danger n’est pas un fantasme.
No passaran !
Chez nous, l’homophobie est largement sous-estimée, notamment dans le monde du travail (voir le tract de la commission LGTB du PSL distribué le premier mai), mais pas seulement. L’horreur de Liège nous le rappelle cruellement (tract du PSL distribué lors de la Belgian Gay and Lesbian Pride). La marche vers l’égalité réelle est encore longue. Les discours de haine et les agressions contribuent a créer une climat de haine, d’intolérance et de violence. Nous revendiquons :
- Pour une éducation sexuelle digne de ce nom (dans les écoles et au travers des médias)
- Pour une réelle égalité des droits.
- Les injures homophobes doivent être combattues au même titre que le racisme ou le sexisme
- Pour une lutte commune des différentes minorités dans le cadre de la lutte globale du mouvement des travailleurs : tout ce qui nous divise nous affaiblit !
- Pour une alternative socialiste démocratique qui assure à chacun un bon avenir, un emploi décent, un logement abordable et des services publics conséquents et gratuits face au capitalisme et sa logique de chômage, de pauvreté, de racisme, de sexisme, d’homophobie et d’exploitation.