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  • Pour en finir avec la crise, les guerres, l’austérité, le chômage, la destruction de l’environnement… dégageons le capitalisme, construisons un monde socialiste!

    Combien de temps encore devra-t-on croire au refrain tant répété comme quoi le pire de la crise économique serait « derrière nous »? Les faits parlent d’eux-mêmes : partout, la classe des super-riches et les politiciens qui la servent redoublent d’efforts pour nous faire avaler sans cesse de nouvelles attaques sur nos droits et nos conditions de vie. Et partout, la colère des “99%” gronde : de Sidi Bouzid à Athènes, de Port Saïd à Sofia, de Pretoria à Moscou, de Montréal à New Delhi, la résistance de la jeunesse, des travailleurs et des masses pauvres ne faiblit pas, face aux conséquences dévastatrices de la crise historique que traverse le système capitaliste mondial.

    Tract général du Comité pour une Internationale Ouvrière distribué au Forum Social Mondial de Tunis

    «L’accumulation de richesse à un pôle signifie en même temps à l’autre pôle une accumulation de misère» (Marx)

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    Socialisme 2013. Dimanche prochain, à l’occasion du week-end "Socialisme 2013", un rapport de la situation actuelle en Tunisie sera livré par Nicolas Croes, rédacteur de socialisme.be et de notre mensuel, de retour de Tunisie.

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    Le destin tragique du jeune qui s’est immolé par le feu en plein coeur de Tunis est le cri de désespoir de toute une jeunesse qui n’en peut plus, condamnée au chômage de masse et à la misère quotidienne. La crise actuelle expose comme jamais la totale incapacité du capitalisme -un système basé sur la recherche incessante de profits pour l’infime minorité qui contrôlent les moyens de production et les décisions d’investissements- à offrir un avenir à la majorité d’entre nous.

    Selon une étude récente de ‘Futures Company’, 86% de la population mondiale estime que le monde des affaires « maximise les profits aux dépens de la communauté et des consommateurs ». Pendant que des pays entiers sont mis en coupe réglée, que le chômage atteint des records mondiaux, et que plus d’un sixième de l’humanité souffre de la faim, la concentration des richesses est devenue telle que le revenu gagné par les 100 plus grands milliardaires au monde rien qu’au cours de l’an dernier représente quatre fois la somme nécessaire pour abolir la pauvreté sur toute la planète!

    Comme d’habitude, le prix de la crise, tout le monde le paie, sauf ceux qui en sont responsables. Pour l’élite capitaliste en effet, l’année 2012 fut un “grand cru”: malgré la crise, les multinationales et les grandes banques qui contrôlent l’économie mondiale (BMW, JPMorgan Chase, Goldman Sachs, Samsung, Adidas, Ryanair,…) ont réalisé des bénéfices record.

    Comme dans un gigantesque casino, une poignée d’acteurs financiers se font des juteux profits en spéculant sur le prix des biens de première nécessité, pendant que dans l’ensemble du Maghreb, du Moyen-Orient et ailleurs, la hausse vertigineuse de ces prix, aggravée par les mesures antisociales imposées par le FMI, poussent des pans entiers de la population dans une pauvreté encore plus grande.

    Aux Etats-Unis, alors que les grandes banques annoncent toutes des nouveaux profits spectaculaires, le pouvoir d’Obama prépare l’opinion à une nouvelle cure d’austérité massive.

    Sur l’ensemble du continent européen aussi, les travailleurs sont priés de payer la note du sauvetage des banques et des spéculateurs, subissant pour cela une offensive d’austérité sans précédent, faite de centaines de milliards d’euros de coupes dans les dépenses publiques, tandis que les taux de chômage en Europe du Sud atteignent des chiffres dignes de la Grande Dépression des années ’30. En parallèle, la trésorerie accumulée par les 265 grandes sociétés européennes ayant publié leurs résultats 2012 atteint…364 milliards d’euros ; une immense montagne de liquidités que les capitalistes refusent d’investir dans l’économie, et un exemple de plus du caractère absurde, parasitaire et complètement pourri du système en place.

    Ce système craque de toutes parts. Car pour maintenir la richesse opulente d’une poignée de patrons, de banquiers et d’actionnaires, il n’a d’autre choix que de renforcer la répression contre ceux qui résistent, d’encourager la division des opprimés pour affaiblir leurs luttes, d’imposer de nouvelles souffrances, de nouveaux drames sociaux, humains et écologiques aux quatre coins du monde.

    Début mars, à l’occasion du tragique anniversaire de la catastrophe de Fukushima, des dizaines de milliers de Japonais et de Taïwanais sont descendus dans les rues pour dénoncer la politique pro-nucléaire de leurs gouvernements : encore une fois, c’est la course au profit, à travers l’avidité de la multinationale énergétique TEPCO, qui avait conduit à une des plus grosse catastrophe environnementale et humanitaire de tous les temps. Dans le contexte de crise, la compétition accrue entre grandes puissances pour les zones d’influence et le contrôle des marchés est aussi à l’origine d’un accroissement des conflits armés, dont l’intervention impérialiste au Mali n’est que le dernier exemple en date. Derrière le discours d’une France « libératrice » au Mali se cachent en effet des ambitions stratégiques dans une région riche en ressources, mais aussi un juteux business de guerre pour l’industrie militaire française.

    La lutte de masse à l’ordre du jour

    En contrepartie, ces dernières années ont vu des millions de travailleurs et de jeunes à travers le globe s’engager sur le chemin de la lutte de masse, des grèves, des manifestations, des sit-in, des occupations…

    • Le 2 mars, environ 1,5 million de personnes ont manifesté dans les rues du Portugal, sous le slogan “Que la Troïka aille se faire voir” : la plus importante mobilisation de l’histoire du pays.
    • Les 20 et 21 février, l’Inde a connu la plus grande grève de son histoire, plus de 100 millions de travailleurs paralysant l’économie du pays pour protester contre la hausse des prix, la précarité et les privatisations.
    • L’Afrique du Sud a été submergée par une déferlante de grèves sans précédent dans le secteur minier, chez les ouvriers agricoles, et dans d’autres secteurs encore, pour protester contre les bas salaires, contre les conditions de travail épouvantables, et contre le régime corrompu, anti-démocratique et pro-capitaliste de l’ANC.
    • La récente révolte dans le village de Shangpu dans le Sud de la Chine, où des paysans protestant contre la saisie de leurs terres ont tenu tête pendant plus de deux semaine aux autorités, est symptomatique de la colère et de l’agitation sociale de plus en plus audible contre la dictature du Parti “Communiste” Chinois.

    Les trois derniers exemples illustrent aussi que les pays du “BRICS” (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) n’offrent clairement pas une alternative viable pour la population de ces pays. Au contraire, là aussi, les masses se lèvent pour demander leur part d’une croissance ayant essentiellement profité aux riches.

    Une époque de révolutions et de contre-révolutions

    Tous les symptômes de bouleversements révolutionnaires majeurs sont en gestation, et cela dans quasiment toutes les parties du monde. Le seul élément manquant est une alternative politique de masse qui puisse organiser la classe ouvrière, la jeunesse et les pauvres autour d’un programme cohérent de transformation sociale. Cela est illustré par ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie et en Egypte.

    Le renversement de Ben Ali et de Mubarak avait démontré la puissance du mouvement des travailleurs lorsque celui-ci se met en action de manière unie et décidée. C’est en effet la menace de paralysie de l’économie, l’entrée en scène des travailleurs salariés dans de puissants mouvements de grève, mettant directement en péril les intérêts des capitalistes et des grands propriétaires, qui avait poussé ces dictateurs vers la porte de sortie. C’est d’ailleurs aussi en grande partie la faiblesse d’un tel mouvement s’appuyant sur la force collective et unifiée de la classe ouvrière qui est à l’origine de l’impasse croissante du conflit en Syrie.

    Cependant, les nouveaux régimes arrivés au pouvoir au Caire et à Tunis ont rapidement dévoilé leurs vrais visages: celui de la contre-révolution. Sous leur règne, la pauvreté et le chômage ont franchi de nouveaux records. La montée de l’intégrisme religieux, l’exploitation économique, le mépris des élites et la violente répression contre tous ceux et toutes celles qui aspirent à un réel changement continuent plus que jamais.

    Après les premières victoires initiales, la suite des événements a mis en évidence le fait que l’esprit de sacrifice et toute la détermination du monde ne sont pas, en soi, des ingrédients suffisants pour aboutir à une victoire décisive pour la révolution. Si dans les deux pays, le potentiel pour une nouvelle vague révolutionnaire est bien présent, encore faut-il que celle-ci soit armée d’un programme et d’une stratégie clairs, visant à en finir pour de bon avec la vieille société, et à concrétiser les aspirations de la population à une vie meilleure.

    La Grèce, devenue un symbole de la résistance héroïque des travailleurs et des jeunes face à la thérapie de choc des politiques capitalistes, a connu dans les trois dernières années pas moins de 21 grèves générales de 24h, ainsi que trois de 48h. Pourtant, l’austérité continue plus que jamais : la répétition de grèves générales fort étalées dans le temps, sans objectifs bien précis, ne s’inscrivant pas dans un plan d’action à long terme visant à renforcer les mobilisations jusqu’à renverser le système en place, contribue à semer l’épuisement et le découragement plus qu’autre chose. La stratégie timorée des directions syndicales bureaucratiques a clairement montré ses limites: à l’heure d’un offensif tout azimut de la part des capitalistes, de telles demi-mesures ont autant d’efficacité que de jeter des verres d’eau sur un bâtiment en flammes. C’est pourquoi la reconstruction de syndicats de combat, organisés démocratiquement et dont les dirigeants sont responsables devant leurs membres, est une partie essentielle du processus nécessaire pour mener une lutte efficace contre l’offensive capitaliste.

    Quelle alternative ?

    La classe des travailleurs, alliée aux masses pauvres, aux petits paysans, et au dynamisme vital de la jeunesse, a clairement le pouvoir de transformer la société. Seule les travailleurs possèdent la puissance économique (au travers des mobilisations de masse, des grèves, des occupations d’entreprise) pour bloquer tous les canaux vitaux sur lesquels reposent la puissance et les instruments de violence des possédants.

    Mais « bloquer » la société ne suffit pas : il faut que les masses laborieuses se réapproprient les leviers stratégiques de l’économie, pour la reconstruire sur des bases nouvelles. Aboutir à un tel changement nécessite la construction d’une organisation capable d’unifier les diverses couches des masses en lutte, afin de les mener résolument à l’offensive et d’arracher le pouvoir des mains des capitalistes. Au travers de comités organisés sur les lieux de travail, les universités, dans les écoles et les quartiers, coordonnés à chaque niveau, et composés de représentants démocratiquement élus, les bases pourraient être posées pour une reprise en mains collective de la société au service de ceux qui la font véritablement tourner, et non des exploiteurs actuels. Le potentiel pour un tel changement, une révolution socialiste, n’est pas une utopie: il est contenu en germes dans les luttes et les aspirations des masses qui se mettent en mouvement aux quatre coins du monde contre les horreurs du système en place.

    Le socialisme signifie une société gérée démocratiquement par les travailleurs, où la production et ses fruits sont mis sous propriété publique et planifiés rationnellement et démocratiquement, en vue de satisfaire les besoins de chacun. Toutes les techniques, cultures, sciences et capacités productives modernes seraient ainsi mises ainsi au service de l’ensemble de la population, au lieu d’être monopolisées par une minorité qui s’enrichit toujours plus sur le dos de l’immense majorité des habitants de la planète.

    • A bas la dictature des marchés!
    • L’impérialisme hors du monde néocolonial ! A bas le FMI et tous ses plans de misère ! Répudiation du paiement de toutes les dettes, sans conditions !
    • Non aux privatisations ! Non aux coupes dans les services publics, non à l’austérité !
    • Pour le partage du temps de travail entre tous et toutes!
    • Pour une éducation et une santé gratuite et de qualité, pour un revenu minimum vital pour tous et toutes!
    • Stop au racisme, au sexisme, à la discrimination religieuse, à l’homophobie…Pour une lutte unifiée des travailleurs, des jeunes et des masses pauvres contre le capitalisme et l’impérialisme!
    • Pour la nationalisation des banques et des secteurs-clés de l’économie, sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs et de la population
    • Pour un plan de production socialiste, déterminé démocratiquement en fonction des besoins sociaux, et respectueux de l’environnement !
    • Pour une société socialiste, débarrassé de l’exploitation, des guerres et de la misère !

    Qu’est-ce que le CIO ?

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) est une organisation internationale socialiste, qui lutte sans relâche pour les intérêts des travailleurs, des jeunes et des peuples opprimés à travers le monde. Nous disposons de partis, de groupes et de militants dans une cinquantaine de pays sur tous les continents, du Sri Lanka au Québec, du Kazakhstan au Chili. Le capitalisme est un système mondial; par conséquent, les travailleurs, les jeunes et les opprimés du monde entier ont besoin de s’unir à la même échelle pour le mettre à bas.

    Si vous voulez nous rejoindre ou disposer de plus d’infos: contactez nous via cwi@worldsoc.co.uk – 0021622837971 ou visitez notre site web: www.socialistworld.net – (www.socialisme.be ou www.gr-socialisme.org en francais)

  • 1933 : Hitler s’empare du pouvoir – 80 ans après : qu’est-ce que le fascisme et comment le vaincre ?

    Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler fut nommé nouveau chancelier d’Allemagne. Ce fut le début d’une sombre période, celle du terrible règne du fascisme. Evoquer simplement aujourd’hui le “populisme” des années ‘30, c’est sous-estimer ce que le terme ‘‘fascisme’’ signifiait véritablement pour la majorité de la population. 80 ans après l’accession au pouvoir d’Hitler, il reste crucial de bien comprendre comment cette situation a pu se produire et ce que le fascisme implique.

    Par Geert Cool

    Qu’est-ce que c’est le fascisme?

    Le fascisme, c’est bien plus qu’un leader charismatique et manipulateur. La base sociale du fascisme est importante, mais elle n’a pu être organisée que grâce au soutien de la bourgeoisie. Sans ce soutien des grands industriels, Hitler n’aurait jamais été capable d’organiser ce mouvement qui s’est développé au début des années 30. Toutefois, même dans ces conditions, les nazis n’auraient jamais pu conquérir le pouvoir si le mouvement ouvrier avait utilisé les tactiques correctes.

    Le fascisme mobilise surtout les couches de la petite bourgeoisie: les petits commerçants, les professions libérales, etc., pour les utiliser contre le mouvement ouvrier. Les classes fondamentales de la société capitaliste sont la bourgeoisie (les détenteurs des moyens de production) et la classe ouvrière (qui fait vivre ces moyens de production). Si la petite bourgeoisie (ou la classe moyenne) regarde la bourgeoisie avec envie, ses couches inférieures ont des conditions de vie parfois pires que celles de beaucoup de travailleurs. Cette couche de la population est fortement touchée par la crise économique, ce qui conduit à sa radicalisation. Mais la petite bourgeoisie n’a pas de projet social propre, un projet où elle pourrait prendre une position économique centrale. Afin d’avancer, la petite bourgeoisie n’a d’autre choix que de se tourner soit vers la bourgeoisie, soit vers la classe ouvrière.

    Si le mouvement ouvrier cesse d’avancer et ne démontre pas clairement, avec audace, qu’il est capable de l’emporter, il ne peut convaincre la petite bourgeoisie de se rallier à lui. De larges pans des classes moyennes, de même que des éléments de la classe ouvrière, peuvent alors être tentés par une certaine forme de “radicalité” de certains éléments de la bourgeoise. Convaincre la petite bourgeoise nécessite de la part du mouvement ouvrier de prouver qu’il dispose d’une alternative viable en laquelle il a résolument confiance. Le doute et la confusion conduisent à la défaite. Pour éviter cela, l’élément fondamental est le programme politique, c’est-à-dire non seulement la vision que l’on a sur la société et les revendications qui l’accompagnent, mais aussi la manière dont ces revendications sont utilisées.

    Le fascisme mobilise la petite bourgeoisie et sur les couches qui se sont déconnectées du mouvement ouvrier (chômeurs et éléments marginalisées dans la société) afin de les placer sous les ordres de la bourgeoisie pour complètement liquider le mouvement ouvrier. En brisant la force collective de ce dernier, la bourgeoisie peut alors régner sans concession. Atomiser le mouvement ouvrier organisé n’est cependant pas chose aisée, cela ne peut se produire qu’à la suite de défaites cruciales (la non-utilisation des possibilités révolutionnaires en Allemagne entre 1918 et 24 ou en Italie en 1919-1920). Faute de concrétisation de l’espoir révolutionnaire, la voie est ouverte au désespoir contre-révolutionnaire.

    Dans le but de mobiliser les classes moyennes, le fascisme fait appel à un amalgame d’idées dont l’imposture à déjà été démontrée par l’histoire. L’instrumentalisation d’éléments mystiques et de discours sur la grandeur d’un peuple ont pour objectif de tromper la petite bourgeoisie et de la pousser à lutter contre le mouvement ouvrier. Le nationalisme de même que le racisme et l’éthique conservatrice moralisatrice, sont favorablement accueillis dans ces milieux. Mais quand les nazis ont remarqué qu’une certaine rhétorique de gauche avait son utilité, ils n’ont pas hésité à se référer au socialisme. Mais la base de leur projet restait le ‘‘solidarisme’’, qui nie la contradiction entre le travail et le capital alors que le travail est soumis à celui-ci. Pour l’idéologue nazi Gregor Strasser, le point de départ du nazisme est ‘‘l’esprit et le contenu des guildes et des corporations du Moyen-Age.’’

    Le nationalisme et le racisme servent à dépasser le clivage entre une rhétorique anticapitaliste et la défense pratique des intérêts capitalistes. Le nationalisme est ainsi présenté comme une question de foi, quelque chose de sacré. Le nazisme a joué sur la désillusion de larges couches de la société vivant dans de pires conditions qu’auparavant et a exalté les volontés revanchardes fortement présentes parmi les vétérans de la première guerre mondiale.

    Les nazis arrivent au pouvoir

    L’Allemagne est sortie détruite de la première guerre mondiale. En 1918, un mouvement révolutionnaire pris naissance, avec la création de comités ouvriers. Le régime du Kaiser s’est effondré, et le mouvement ouvrier a pu prendre le pouvoir dans de nombreuses villes. Mais ce mouvement révolutionnaire (partie intégrante de la vague révolutionnaire internationale consécutive à la Révolution d’Octobre 1917 en Russie) n’est pas parvenu jusqu’à ses conclusions logiques. Les dirigeants du parti social-démocrate (le SPD) ont trahi le mouvement, tout en restant malgré cela le plus grand parti ouvrier du pays. Le jeune parti communiste allemand (le KPD) était encore trop petit et manquait d’expérience. Les dirigeants du SPD sont parvenus au pouvoir grâce au mouvement révolutionnaire, mais ont tout fait pour sauver le capitalisme. Le SPD a lutté contre la révolution.

    La possibilité d’une rupture révolutionnaire anticapitaliste ne fut pas utilisée. Quand, en 1923, le KPD se trouva face à la possibilité de renverser le capitalisme par un mouvement révolutionnaire, il laissa échapper le moment. Sous l’impulsion de Brandler, le dirigeant du parti, le prétexte de la menace fasciste (bien qu’inexistante à l’époque), fut utilisé pour empêcher la perspective d’une révolution.

    A la brève période de relative stabilité économique du milieu des années 1920 succéda brusquement la crise économique de 1929. Cette crise internationale eut de profondes conséquences en Allemagne. Le nombre de chômeurs passa de 1,39 millions en 1928 à 5,5 millions en 1932. Au pouvoir, le SPD ne fut capable d’offrir aucune réponse contre la crise. Hélas, le KPD, fortement renforcé entre-temps, s’obstinait ne pas faire de distinction entre la direction du SPD et sa base ouvrière qui considérait encore ce parti comme le leur.

    Le KPD a refusé chaque possibilité de front unique avec la base ouvrière du SPD. Il qualifiait les autres courants du mouvement ouvrier de ‘‘sociaux-fascistes’’, appliquant ainsi à la lettre la doctrine de l’Internationale Communiste stalinisée dite de la ‘‘Troisième Période’’ (après la première période de crise capitaliste (1918-1924) et la deuxième période de stabilité (1924-1928)). L’idée était que le capitalisme allait s’effondrer et que le mouvement ouvrier parviendrait au pouvoir. Le danger du fascisme était sous-estimé par le KPD. Le révolutionnaire Léon Trotsky comparait alors le KPD à un orchestre jouant de la musique de mariage lors d’un enterrement, et vice-versa. En bref : la musique n’était jamais la bonne.

    En 1930, les nazis ont obtenu une victoire éclatante (18,25% des suffrages), et sont passés de 12 à 107 sièges. Le SPD stagnait à 24,53% des voix tandis que le KPD avait progressé jusqu’à 13,13%. La direction du KPD était alors aveuglée par son propre score, sans constater que la dynamique était favorable aux nazis. Le fait que le KPD ait échoué à jouer son rôle de parti de l’espoir révolutionnaire a offert plus d’espace au fascisme en tant que ‘‘mouvement de masse du désespoir contre-révolutionnaire’’.

    Front Unique contre le fascisme

    Alors que grandissait la menace fasciste, il était crucial d’insister sur la nécessité d’un front unique ouvrier. Quand Trotsky en parlait, il n’avait pas en tête la conclusion d’accords entre directions des appareils sociaux-démocrates et communistes imposant un silence sur les divergences d’opinion. Il mettait au contraire le doigt sur l’existence d’une grande force sociale – celle des travailleurs et de leurs familles – politiquement divisée entre la social-démocratie et le parti communiste. L’objectif de la tactique du front unique était d’unifier les travailleurs dans l’action contre la menace fasciste. Comme base de départ, Trotsky prescrivait de ‘‘Marcher séparément, frapper ensemble.’’ Il poursuivait : ‘‘Se mettre d’accord uniquement sur la manière de frapper, sur qui et quand frapper!’’ sans avoir nécessairement pour cela de journaux, d’affiches ou de drapeaux communs.

    Le parti communiste refusa initialement de considérer une telle démarche unitaire. Mais après le choc de la prise du pouvoir par les nazis, il opéra un tournant, en enchaînant à nouveau les erreurs. Alors que le parti, avant 1933, affirmait que la social-démocratie était le ‘‘frère jumeau du fascisme’’, dès 1933 ils cherchèrent à conclurent de grands accords avec la direction de la social-démocratie ainsi qu’avec celle des partis ‘‘progressistes’’ bourgeois (la tactique dite du ‘‘front populaire’’).

    Pour la direction de la social-démocratie, toute l’attention était concentrée sur les institutions politiques bourgeoises. Elle soutenait le ‘‘moindre mal’’ dans l’espoir de stopper les fascistes. Au moment de la radicalisation de couches larges de la population, c’était une illusion. Quand les institutions bourgeoises entrent en crise – accompagnant la crise du système lui-même – de véritables socialistes doivent au contraire mettre en lumière les raisons fondamentales de cette crise.

    Masquer ces raisons en soutenant des partis bourgeois ‘‘démocratiques’’ a miné la crédibilité et la force de frappe de la social-démocratie (ainsi que celles des partis communistes qui faisaient partie des ‘‘Fronts Populaires’’ après 1933). Mais des millions des travailleurs étaient toujours actifs dans les organisations sociale-démocrates, il s’agissait d’une part essentielle de la résistance ouvrière contre le fascisme.

    Le fascisme au pouvoir

    Aux élections du 6 novembre 1932, sociaux-démocrates et communistes obtinrent ensemble encore plus de voix que les nazis, qui durent abandonner quelques sièges. Mais malgré cela, les nazis sont parvenus au pouvoir. Cela ne fut possible qu’à cause des erreurs commises par les directions des organisations ouvrières pour véritablement combattre le danger fasciste. Le refus de constituer un front unique et d’autres erreurs ont laissé l’espace à Hitler et aux siens pour se renforcer et ainsi prendre le pouvoir.

    La tentative du président Von Hindenburg de nommer chancelier le général ‘‘socialiste’’ Schleicher fut brève. Le 30 janvier 1933 Von Hindenburg nomma Hitler à son tour. Les nazis s’emparèrent de 3 des 11 postes de ministres. Le SPD refusa de réagir : la prise de pouvoir des nazis s’effectuant de façon ‘‘constitutionnelle’’. Le KPD était de son côté si absorbé par sa lutte contre le SPD qu’il ne s’est pas rendu compte du danger des nazis.

    Entre fin février et début mars 1933 les nazis progressèrent encore. Le 27 février, ils incendièrent le parlement en accusant les communistes et en se servant de ce prétexte pour abolir les libertés constitutionnelles et la liberté d’expression et d’organisation. Des milliers de responsables du KPD et du SPD furent alors arrêtés. Aux élections du 5 mars 1933, tous les meetings du KPD furent interdits, et leurs presses fermées. Les nazis avaient déjà commencé à appliquer leur régime de terreur. Mais même sous ses conditions, ils n’ont pas été capables d’obtenir une majorité des suffrages, même si leurs 44% dépassaient les 18% du SPD et les 12% du KPD réunis. La direction du KPD prit alors conscience du danger et appela à la grève. Trop tard…

    En Italie, Mussolini eut besoin de plus de temps pour consolider son pouvoir. Hitler atomisa au contraire très vite le mouvement ouvrier. En avril 1933, l’Internationale Communiste stalinisée misait encore sur une révolution ouvrière, alors que le KPD était liquidé. Le 1er mai les ‘‘organisations ouvrières’’ qu’Hitler avait créées manifestèrent lors de la ‘‘journée nationale du travail’’ (et non plus la Fête des travailleurs). Le succès fut utilisé pour liquider le mouvement syndical, arrêter ses dirigeants et les envoyer dans les camps de concentration.

    Les fascistes ont brisé le mouvement ouvrier et sa force d’opposition aux attaques contre les salaires et les conditions de vie. Il leur fallait tuer dans l’œuf toutes les manifestations à venir. Les travailleurs étaient forcés de s’inscrire dans des organisations soumises aux fascistes, et donc au grand capital, et qui servaient seulement à contrôler les travailleurs. Ces organisations n’étaient jamais très populaires. Lors des élections sociales partielles de mars 1933, après la prise de pouvoir par Hitler, le syndicat nazi n’obtint que 3% des voix.

    Après l’arrestation des dirigeants syndicaux et l’interdiction des syndicats existants, le droit de grève fut aboli le 16 mai 1933 et, le 1er octobre, 1934 les structures nazies qui avaient remplacé les syndicats furent également abolies. Le but n’était pas de créer un nouveau syndicat après l’élimination des anciens, mais que la structure ‘‘syndicale’’ nazie serve à éliminer les vrais syndicats.

    Le résultat fut terrible pour le mouvement ouvrier. Dépouillés de leurs organisations, les travailleurs étaient sans protection. Les salaires italiens diminuèrent de 50% entre 1927 et 1932, et continuèrent de baisser par la suite. En Allemagne, entre 1933 et 1935, la baisse était de l’ordre de 25% à 40%. Les chômeurs étaient forcés de travailler pour l’Etat, sans recevoir rien de plus que leurs allocations. Göring annonça dans un speech, le 13 mai 1938 : ‘‘Nous devons travailler deux fois plus dur pour sauver l’Empire de la honte, de l’incurie, de l’ignorance et de la pauvreté. Huit heures par jour ce n’est pas assez. Nous devons travailler plus !’’ La journée de travail fut allongée à 10 heures ou plus. Toute la rhétorique de la ‘‘collaboration de classe’’ fut balayée une fois les organisations ouvrières brisées. Le fascisme dévoilait ainsi son véritable visage : la répression et les camps de concentration en tant qu’armes pour imposer l’agenda patronal.

    Peut-on pertinemment faire une comparaison entre les années 30 et aujourd’hui ?

    Il existe en effet quelques similitudes. En période de crise profonde, les institutions dominantes sont minées, de même que les partis traditionnels. La méfiance et l’instabilité politique se développent. Cette méfiance n’est pas toujours généralisée. Par exemple, l’impact des médias de masse reste intact dans beaucoup de pays. Il y a, comme dans les années 30, une radicalisation de la classe moyenne qui est utilisée par plusieurs formations. C’est ce que fait notamment la NVA de De Wever.

    La croissance de différents populistes ainsi que l’instabilité obligent la bourgeoisie du sud de l’Europe à installer, aujourd’hui encore, des régimes instables de technocrates qui semblent être au-delà des préoccupations du quotidien et des différences de classes. Dans le passé, quand cela n’a plus fonctionné, de larges couches de la bourgeoisie ont fait appel au fascisme. Des parties importantes de l’establishment, comme l’ancien roi belge Leopold III, étaient séduits par cette approche.

    Mais des différences existent également. Aujourd’hui, aucune grande force fasciste ne possède de force mobilisatrice de masse. Même si des néofascistes peuvent obtenir des scores électoraux stables (à l’instar du Vlaams Belang), ils n’ont pas de base de masse active. En Grèce, Aube Dorée essaie de changer cette situation, mais n’y parvient pas de manière stable. La base traditionnelle pour une politique de terreur de rue fasciste est aujourd’hui bien plus faible que dans les années ‘30.

    La différence la plus importante avec les années ‘30 est que le mouvement ouvrier est potentiellement plus fort, même si cette force n’est pas utilisée par sa direction. Le mouvement ouvrier actuel n’en est pas à panser ses plaies, mais montre au contraire le potentiel qui est le sien pour une croissance des luttes. Le fait que des couches des directions syndicales et des anciens partis ouvriers ont accepté la logique du système actuel rend toutefois l’organisation des luttes plus difficile. Mais le potentiel est toujours présent.

    Le mouvement ouvrier peut faire beaucoup, même s’il est ralenti par sa direction. Ainsi, c’est l’impact de la révolution russe en 1917 et son aura internationale qui, entre autres, a mis fin à la Première Guerre Mondiale avec la révolution allemande. Pour utiliser ce potentiel historique, la question d’un programme socialiste et révolutionnaire est primordiale.

  • Les droits des LGBT en ligne de mire en Russie et en France

    Les conservateurs et les fondamentalistes religieux relèvent la tête

    Une manifestation monstre (dans tous les sens du terme) a eu lieu en France en opposition au mariage pour tous : la police a parlé de 340.000 manifestants. Droite, extrême droite et fondamentalistes religieux étaient main dans la main dans la rue contre les droits des LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres). De l’autre côte de l’Europe, en Russie, les militants LGBT subissent une répression brutale tandis que des lois homophobes sont présentées au Parlement.

    Par Stéphane P., article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste

    Russie : Répression et tentative de dévier l’attention des masses

    Les autorités russes tentent de faire voter une loi homophobe qui interdira ‘‘la propagande homosexuelle parmi les jeunes’’. Cette loi prend place dans une série de lois visant à ‘‘protéger les enfants’’, ce qui fait un amalgame honteux entre homosexualité et pédophilie. Le gouvernement de Poutine doit faire face à un mécontentement d’une grande couche de la population russe massivement sortie dans les rues durant cette dernière période afin de manifester son désaccord face aux grandes contradictions sociales qui prévalent dans la société russe. Dans le cadre de ses efforts visant à étouffer les mouvements de protestation, Poutine et ses amis détournent l’attention des vrais problèmes en votant une série de lois antisociales et antidémocratiques, notamment celle interdisant l’adoption d’orphelins russes par des familles américaines.

    C’est dans ce même contexte de répression que les Pussy Riot se sont vues infliger une peine de 2 ans de prison pour avoir manifesté pacifiquement dans une cathédrale ! La classe dirigeante russe instrumentalise les nombreux préjugés homophobes qui existent en Russie pour faire passer cette loi et elle renforce les partis d’extrême droite qui redoublent de violence contre les militants LGBT. Ce mardi 22 janvier, une vingtaine d’activistes LGBT russes ont été tabassés, jusqu’au sang pour certains, par des gros-bras réactionnaires.

    La police reçoit d’ailleurs des injonctions claires des autorités locales pour laisser les défenseurs des droits LGBT se faire frapper par des groupes d’extrême droite. Nos camarades russes du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ne baissent toutefois pas les bras et interviennent dans les protestations contre la loi homophobe avec des slogans tels que “Nous n’avons pas besoin de lois homophobes, mais des crèches, des écoles et des hôpitaux gratuits”. Par deux fois, la Douma d’État a dû repousser la discussion du projet de loi. La lutte paie, mais l’isolement fut fatal, la loi vient d’être adoptée.

    France : La droite dans la rue

    Plus près de chez nous, en France, ce sont les forces les plus réactionnaires de la société qui se mobilisent en force pour s’opposer au mariage pour tous. Ils étaient plus de 340.000 selon la police, 800.000 selon les organisateurs, à déverser leur haine homophobe dans les rues de Paris le 13 janvier dernier. On pouvait voir l’UMP et l’extrême droite côte à côte avec les intégristes catholiques. Les homophobes français utilisent les mêmes arguments que les autorités russes en invoquant la soi-disant protection de l’enfant. Mais ce qui gêne les opposants au mariage pour tous en France c’est la présomption de parentalité.

    Face à cette vague réactionnaire, nos camarades de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France) – aux côtés de nombreuses autres organisations – appellent à se mobiliser en faveur du mariage pour tous en élargissant les revendications comme l’égalité dans la parentalité, l’accès à la procréation médicalement assistée pour tous, la présomption de parentalité au sein d’un couple marié homosexuel et ces mêmes droits à tous les résidents français ou étrangers.

    Gagner l’égalité réelle par la lutte !

    Nous ne devons entretenir aucune illusion dans les partis au pouvoir quant à leur capacité à combattre l’homophobie et à élargir les droits des minorités de genre (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres). En effet, ces derniers croient que c’est en inscrivant l’égalité dans la loi que l’homophobie disparaitra, mais nous voyons bien qu’en Belgique où l’égalité des droits entre hétéros et LGBT est acquise sur papier, il n’en est rien dans la vie de tous les jours.

    Nous devons nous unir – femmes et hommes, hétéros et LGBT, travailleurs et chômeurs, belges et immigrés, sanspapiers… – pour défendre les droits et l’égalité de tous pour de vrais emplois, de bons logements publics, des services publics de qualité. C’est dans la lutte pour de tels droits sociaux fondamentaux que nous viendrons à bout de toutes ces discriminations qui nous divisent. C’est aussi dans cette unité de classe que nous pourrons barrer la route aux forces les plus réactionnaires de la société.

    Le 24 mars prochain, la commission LGBT du PSL/LSP appelle à se mobiliser pour le choix de femmes à avorter et contre les intégristes catholiques et l’extrême droite qui manifesteront ce même jour pour interdire le droit à l’avortement.

    Rejoignez le mouvement pro-choix via le lien Internet suivant.

  • A propos du parti – Nouvelles du PSL

    Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprend donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.


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    A Noter dans votre agenda

    • Ven. 7 déc. Bruxelles. Manifestation des fonctionnaires fédéraux.
    • Lun. 11 fév. 11h Ixelles. Action de protestation de la communauté cachemirie.
    • Sa. 16 fév. Liège. Journée de discussion pour un syndicalisme de lutte.
    • Lu. 18 fév. Bruxelles. Action de protestations contre la répression des manifestants contre le "banquet des riches", 18h, face à l’Hôtel de Ville de Bruxelles (Grand Place)
    • Jeu. 21 fév. Action syndicale contre l’austérité.
    • Jeu. 7 mars. Louvain. Manifestation antifasciste contre le NSV.
    • Di. 10 mars. Manifestation antinuléaire à Huy.
    • Ven. 15 mars. Bruxelles. Manifestation contre la répression.
    • Di. 24 mars. Bruxelles. Action pro-choix contre la manifestation anti-avortement.
    • 13-14 avril 2013: Week-end Socialisme 2013.

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    10 Mars : Manifestation antinucléaire à Huy

    Après la catastrophe de Fukushima et la découverte de fissures dans des réacteurs des centrales de Tihange et de Doel en Belgique, le danger nucléaire a été une fois de plus clairement mis en lumière. Le 10 mars prochain se déroulera une manifestation antinucléaire à Huy, aux portes de la centrale nucléaire de Tihange.

    Nous soutenons cette protestation et revendiquons notamment que le secteur de l’énergie soit sous propriété et contrôle public, afin d’avoir les moyens de développer une énergie sûre, respectueuse de l’environnement et abordable.

    Rendez-vous : le 10 mars, à 14h, à la Grand-Place de Huy.


    Première réunion publique des Etudiants de Gauche Actifs – secondaires à Namur

    Thomas

    Ce mardi 29 janvier se tenait à Namur la première réunion publique des étudiants de gauche actifs secondaire. Sur le sujet "Socialisme ou chaos capitaliste ; quel avenir pour la démocratie ?", deux jeunes militants ont expérimenté pour la première fois le difficile exercice de l’introduction politique devant une assemblée plus large.

    Ce fut une soirée réussie, trois participants ont déjà opté pour une introduction politique avec un membre, pour aller plus en avant sur le programme qu’EGA et le PSL défendent. La priorité de cette année pour la section namuroise est de construire une section d’Etudiants de Gauche Actifs dans le secondaire et aussi dans le supérieur. Les campagne menées dans cette optique ont porté leurs fruits. Aujourd’hui, il est surtout question de soutenir la formation politique de membres plus jeunes, disposant d’un temps libre plus important, et de les organiser face à l’état désastreux de l’enseignement et dans la perspective de la lutte contre l’austérité budgétaire.


    Assemblée générale à Liège

    Ce mardi soir, juste au retour de la manifestation des métallos à Namur, les camarades de la section de Liège se sont réunis pour une assemblée générale particulière: celle qui devait finaliser la division de leur section. Nous favorisons le travail en plus petits groupes de manière à laisser un espace à chacun pour prendre la parole dans les réunions et pour faire porter la construction du parti par plus de personnes. Les deux nouvelles sections qui sont sorties de cette assemblée ont de nouveaux responsables qui sont pour la plupart des camarades ayant rejoint le parti au cours des deux dernières années et qui sont très enthousiastes pour participer activement au projet de construction du parti.

    Cette assemblée a aussi été très importante pour le travail de notre commission femmes. Notre camarade Mandy a ainsi présenté l’introduction politique de l’assemblée, en prenant pour base la lutte des femmes de la Fabrique Nationale à Herstal en 1966 afin d’aborder le rôle de la classe ouvrière dans la libération des femmes, l’importance de la démocratie syndicale mais aussi les combats qui restent face à nous aujourd’hui et comment nous y préparer.


    Réunion nationale des responsables du recrutement

    Jeroen

    Vendredi dernier, les responsables du recrutement des sections du PSL/LSP se sont réunis pour discuter de la construction de notre parti. Avec la crise mondiale du capitalisme, l’autorité du système est gravement compromise. Le bureau d’étude The Futures Company estime que le groupe des "globalement furieux", c’est-à-dire "ceux qui sont scandalisés par les banques, les entreprises et les gouvernements" à 28% de la population mondiale. L’ouverture est croissante dans la société pour les idées révolutionnaires et pour discuter de l’alternative à opposer au capitalisme. Les résultats obtenus aux États-Unis par notre camarade Sawant Kshama expriment cela : elle a dernièrement remporté 29% des suffrages à Seattle. Cette ouverture croissante pour les idées socialistes, nous l’avons également remarquée en Belgique.

    La crise met la classe ouvrière face à d’énormes défis. Souvent, les travailleurs n’ont pas le soutien de leurs dirigeants syndicaux dans leur lutte contre l’austérité et les pertes d’emplois, à l’instar des travailleurs des sous-traitants de Ford Genk. Et sur le plan politique, la classe des travailleurs est toujours orpheline d’un relais politique large.

    Même si les autorités font tout leur possible pour éviter une confrontation frontale, les attaques contre la classe des travailleurs ne font qu’augmenter, de même que la pression pour riposter. Le défi qui nous fait face est de mettre en avant correctement les tactiques qui peuvent renforcer les revendications du mouvement et de populariser la nécessité d’un parti de lutte. D’autre part, nous voulons engager de plus larges couches dans le débat sur la nécessité d’un parti révolutionnaire et démontrer dans la pratique la nécessité d’un système socialiste.


    Édition de Février de "Lutte Socialiste”

    L’édition de février de Lutte Socialiste accorde une grande attention aux conflits sociaux qui prennent actuellement place. La politique d’austérité et la crise nous conduisent droit dans le mur. L’avalanche de pertes d’emplois doit être stoppée. Nous défendons la nationalisation sous le contrôle démocratique des travailleurs des entreprises qui opèrent des licenciements collectifs. Il nous faut un plan d’action démocratiquement élaboré qui mobilise et construit un rapport de force en cette direction.

    Le dossier de ce mois-ci est consacré à la prise du pouvoir des nazis en Allemagne, il y a 80 ans, à ce que cela a signifié et à la manière de combattre le fascisme. D’autres articles abordent la guerre au mali, la défense des droits des LGBT, la lutte contre les Sanctions Administratives Communales,…

    Aperçu du contenu de ce journal :

    1. Stoppons l’avalanche de pertes d’emplois !
    2. Capitalisme : la fête est finie || La Dendre : Laboratoire de la N-VA et du Vlaams Belang… mais aussi de la résistance!
    3. Reprise économique : Le pire derrière nous ? Qui peut le croire ? || L’agenda d’austérité masqué derrière les disputes sur le confédéralisme || Ce qui se dit
    4. Interview de Salvatore, au sujet de la lutte des sous-traitants de Ford || Soirée à Louvain consacrée à la lutte des sous-traitants de Ford || Eux & Nous
    5. La nouvelle structure de la SNCB prépare la libéralisation || Bogaert à l’offensive contre les fonctionnaires fédéraux
    6. Un militant tamoul obtient l’asile politique || Anvers : Big Brother is watching you || Appel à l’action contre la ‘‘Marche pou r la vie’’ du 24 mars 2013
    7. ArcelorMittal : Nationalisation sous contrôle ouvrier !
    8. 80 ans après : qu’est-ce que le fascisme et comment le vaincre ?
    9. Peut-on pertinemment faire une comparaison entre les années 30 et aujourd’hui ?
    10. Les droits des LGBT en ligne de mire en Russie et en France || Protestations massives contre les viols en Inde
    11. Mali. Guerre "humanitaire" ou impérialiste ? || Afrique du Sud. Lancement du Workers and Socialist Party
    12. Lincoln et l’esclavage
    13. Nouvelles du parti
    14. Jeunes en lutte pour l’emploi || En flamand ou en français, il n’y a pas de langue pour combattre l’extrême-droite !|| 10 mars : manifestation à Tihange
    15. Non aux SAC !
    16. 7 mars : manifestation anti-NSV à Louvain
  • Action de solidarité contre la loi homophobe en Russie

    Une centaine de personnes se sont rassemblées ce mardi 22 janvier en face de l’Ambassade de Russie à Bruxelles. Ces derniers ont manifesté leur solidarité avec les LGBT russes et leurs sympathisants qui s’opposent à un projet de loi visant à interdire ”la propagande homosexuelle parmi les jeunes”. Le PSL/LSP est intervenu avec une équipe de membres portant des pancartes où l’on pouvait lire, entre autres, ”Solidarité internationale contre l’homophobie et les répressions politiques en Russie”.

    Rapport de Stéphane, photos de Nico M (Bruxelles)

    De nombreuses associations LGBT de toute la Belgique et des organisations politiques ont aussi fait le déplacement. Notons notamment la présence de membres de la cellule diversité de la FGTB-Bruxelles qui a lancé en mai dernier une campagne de sensibilisation contre l’homophobie dans le milieu du travail.

    Des parlementaires belges et un eurodéputé anglais du Labour Party ont pris la parole pour soutenir la lutte des droits des LGBT en Russie et ailleurs. Mais nous devons comprendre leur discours avec une certaine critique. En effet, ces derniers sont membres de partis politiques, en Belgique et en Europe, qui mènent des plans d’austérité les uns après les autres.

    Au lieu de mettre en place des plans d’actions pour créer des emplois décents, pour construire de bons logements publics et pour maintenir des services publics gratuits et de qualité, ces ”défenseurs des droits des LGBT” mettent en place un appauvrissement généralisé d’une très grande majorité des travailleurs et de leur famille et installent ainsi les conditions propices qui créent des tensions entre les travailleurs, tensions qui s’expriment par du racisme, du sexisme et/ou de l’homophobie. Démolir les conditions de travail et de vie des travailleurs d’un côté et défendre les droits LGBT de l’autre, ce sont deux choses contradictoires.

    La commission LGBT du PSL pense que c’est en se battant pour des emplois pour tous, des logements pour tous et des services publics gratuits pour tous que l’on pourra réellement commencer à lutter contre l’homophobie et toutes les discriminations qui divisent les travailleurs.

  • Solidarité internationale contre une nouvelle loi homophobe en Russie

    Le PSL/LSP appelle à se rassembler ce mardi 22 janvier à 12h devant l’Ambassade de la Fédération de Russie à Bruxelles contre un projet de loi qui vise à interdire la prétendue “propagande homosexuelle parmi le jeunes”. De nombreuses associations LGBT belges ainsi que la FGTB-Bruxelles soutiennent l’initiative.

    La crise économique et ses conséquences désastreuses pour une très grande majorité de Russes ont poussé ces derniers à manifester en masse contre le régime de Poutine durant la dernière période qui s’est écoulée. Pour maintenir sa position au pouvoir, les autorités en place cherchent des boucs-émissaires afin de dévier l’attention des Russes des vrais problèmes : salaires de misère, manque de logements, de crèches, d’hôpitaux publics… sans parler des multiples affaires de corruption qui touchent le gouvernement et la hiérarchie de l’Eglise orthodoxe russe.

    Le régime de Poutine fait passer cette nouvelle loi homophobe en même temps que d’autres lois antidémocratiques et antisociales. La Douma a voté une loi interdisant l’adoption d’orphelins russes par des familles américaines. C’est aussi dans ce contexte que les membres du groupe de rock Pussy Riot ont été condamnées à 2 ans de prison pour avoir manifester pacifiquement dans une cathédrale.

    Cette loi homophobe existe déjà dans 8 régions russes et notamment à Saint-Pétersbourg où le parlement local a voté cette loi il y a un an. Depuis lors, les agressions contre des personnes LGBT y ont fortement augmenté selon les organisations de défenses des droits de l’homme. La loi contre ”la propagande homosexuelle parmi les jeunes” prend place dans une série de lois visant à ”protéger les jeunes”. Cette loi assimile de manière très malsaine et honteuse l’homosexualité et la transsexualité à la pédophilie.

    Les autorités politiques profitent de nombreux préjugés existant dans la société russe pour faire accepter cette loi auprès de l’opinion publique. Une fois que la loi sera votée, le simple fait de parler des diversités sexuelles en bien pourra être sanctionné par des amendes allant jusqu’à 12.000 euros et par des peines de prison. Cette loi ne vise pas que les personnes LGBT mais toutes les personnes qui en parleront en bien. Le côté pervers de cette loi est qu’il sera tout à fait autorisé de parler d’homosexualité ou de transsexualité comme quelque chose de malsain, de nuisible, de dangereux. Il faut donc bien comprendre que restreindre les droits d’une minorité, c’est restreindre les droits de tous !

    Venez manifester votre solidarité contre ce projet de loi homophobe et transphobe! Toute protestation pour les droits LGBT en Russie est systématiquement réprimée dans la violence, la police étant souvent très complaisante avec des groupes d’intégristes orthodoxes et d’extrême-droite qui attaquent physiquement les activistes LGBT dont nos camarades russes du CIO (voir notre article).

    Rendez-vous devant l’Ambassade de Russie à Bruxelles avenue de Fré 66 1180 Bruxelles (Uccle) à 12h. Pour y aller : tram 4, 92 (arrêt Héros), bus 38, 41, 43 (arrêt Statuaires ou Zeecrabbe).

  • Russie : Nouvelles attaques contre la communauté LGBT

    Solidarité contre l’homophobie – les droits de la communauté LGBT et les droits des travailleurs sont menacés

    Igor Yashin, membre du CIO et militant pour les droits LGBT, a été arrêté et mis en prison ainsi que d’autres manifestants alors qu’ils protestaient contre les lois anti-LGBT adoptées par le parlement russe en novembre dernier. Igor, libéré depuis lors, décrit dans le texte ci-dessous ce que lui et d’autres manifestants ont vécu ce 19 novembre, et aborde également les questions plus larges autour de cette nouvelle législation répressive.

    Par Igor Yashin, CIO-Moscou

    Une quinzaine de personnes avaient été arrêtées à l’extérieur de la Douma d’Etat (le parlement russe) à Moscou le 19 novembre 2012, le jour où le parlement tenait la première lecture d’une loi qui vise à interdire la prétendue ‘‘propagande homosexuelle parmi les mineurs d’âge.’’ Cette loi, en réalité, restreindra les droits et libertés de la communauté LGBT, conduira à la menace de la croissance des préjugés homophobes et créera des difficultés réelles pour les adolescents LGBT.

    La Russie détient un des plus hauts niveaux de violence domestique et de suicides d’adolescents au monde. Il est déjà connu que, dans les pays occidentaux, le taux de suicide parmi les adolescents LGBT est de 3 à 4 fois supérieur à celui des jeunes hétéros. Mais en Russie, aucune étude n’a été lancée pour disposer de cette information. Sous couvert du prétexte de la ‘‘moralité’’, la Douma frauduleusement élue essaye d’exploiter les préjugés répandus dans la société afin de servir ses propres intérêts politiques. En agissant ainsi, elle ignore complètement le bien-être des enfants et des adolescents.

    Au moment même de l’adoption de cette nouvelle loi, la Douma vote une autre loi interdisant l’adoption d’orphelins russes par des familles américaines. En Russie, les orphelins souffrent d’un sort peu enviable, mais les législateurs trouvent nécessaire de prendre une ‘‘revanche’’ contre les USA qui ont promulgué la ‘‘loi Magnistkii’’ qui sanctionne les bureaucrates russes impliqués dans des affaires de corruption. Ces orphelins sont donc utilisés comme des pions dans le conflit entre Poutine et l’Occident. Les ‘‘patriotes’’ du Parti Communiste russe ont presque tous voté pour ces nouvelles lois !

    Le régime de Poutine fait passer cette nouvelle loi homophobe en même temps que d’autres lois antidémocratiques et antisociales. L’élite dirigeante tente de maintenir sa position au pouvoir face aux protestations de masse.

    Au niveau régional, de telles lois ont été votées avant les élections parlementaires de décembre 2011 et avant le début des protestations de masse. Sentant que sa position dans la société s’affaiblit, le parti au pouvoir, Russie Unie, a décidé d’exploiter ces préjugés pour ses propres objectifs politiques.

    Il n’est pas anodin que la loi homophobe ait été discutée par le pouvoir législatif régional à Saint-Pétersbourg en même temps que d’autres lois concernant la ‘‘protection’’ des enfants. Mais après les élections, le gouvernement régional a rejeté toutes ces lois sauf celle limitant les droits des LGBT.

    Des attaques réactionnaires

    Les autorités n’arrêtent pas leurs attaques réactionnaires. Les membres du groupe rock Pussy Riot ont été condamnés à 2 ans de prison pour une manifestation pacifique dans une cathédrale ; le gouvernement réfléchit actuellement à une nouvelle loi qui protégerait ‘‘les droits des croyants’’. Les autorités politiques mette en place une censure sur le net pendant que les scandales de corruption dans le gouvernement et au sommet de la hiérarchie de l’église continuent.

    Les effets négatifs de ces nouvelles lois se font déjà sentir dans de nombreuses régions. Les lois elles-mêmes ont tellement été mal écrites qu’elles sont pratiquement impossibles à exécuter, mais leur existence même crée des difficultés énormes pour les organisations LGBT. Les gens ont tout simplement peur de soutenir des actions LGBT ou de parler ouvertement des droits LGBT par crainte de représailles. Il y a eu aussi ouvertement des attaques physiques contre des militants LGBT et contre différents évènements culturels et sociaux sur des thématiques LGBT.

    Même à Moscou, où, jusqu’à ce jour, aucune loi anti-LGBT concrète n’a été votée, les autorités refusent aux militants LGBT l’autorisation d’organiser des protestations contre la nouvelle loi en discussion. Pour se justifier, elles déclarent que les manifestations ‘‘causeront une réaction négative dans la société’’ et qu’elles ‘‘sont provocantes, nuisent aux enfants et aux adolescents, offensent les sensibilités religieuses et morales et font du tort à la sensibilité humaine des citoyens.’’

    Le mercredi 19 décembre 2012, des militants du CIO ont rejoins des activistes LGBT dans une ‘‘manifestation individuelle’’ devant la Douma d’Etat (une ‘‘manifestation individuelle’’ est la seule forme de protestation qui ne demande pas d’autorisation de l’Etat, cela consiste à une seule personne tenant une pancarte). On pouvait lire sur nos pancartes ‘‘On n’a pas besoin de lois homophobes, mais des crèches, écoles et hôpitaux gratuits’’ et ‘‘L’homophobie est l’ennemi des travailleurs – unité contre la division, pour des droits démocratiques et sociaux.’’ Nous sommes restés là pendant une heure et demie dans le froid glacial en tentant de transformer cette manifestation individuelle en manifestation collective.

    Vers midi, une trentaine d’activistes et de sympathisants de la cause LGBT se sont rassemblés et, pour exprimer leur protestation, ils ont décidé d’organiser un flash-mob en s’embrassant sur les marches de la Douma d’Etat. Cependant, au même moment, les ‘‘activistes russes orthodoxes’’ pro-gouvernementaux ont commencé à lancer des œufs pourris sur les manifestants. Au début, les policiers n’ont pas réagi et puis ils se sont avancés vers nous. J’ai été arrêté par la police juste parce que je me suis plaint auprès d’eux qu’ils ne faisaient rien contre les agresseurs. Cela s’est terminé par l’arrestation – pendant plusieurs heures – de 10 militants LGBT et de 5 agresseurs.

    ‘‘Hooliganisme’’

    Nous avons été détenus 30 heures dans les cellules de la police. Malgré une puissante campagne de protestation contre notre arrestation, peu de personnes seulement ont été relâchées après quelques heures. Ils nous ont dit que nous étions accusés de ‘‘hooliganisme’’ et menacés de 15 jours de prisons. Ce n’est que le soir suivant notre arrestation que nous avons été autorisés à voir le document relatant notre arrestation, qui stipulait que nous nous étions battus en hurlant !

    Les policiers eux-mêmes étaient mal à l’aise avec cette situation et ont ouvertement admis qu’ils ne voulaient pas nous garder en détention. Un coup de téléphone ‘‘d’en-haut’’ leur a toutefois fait changé d’avis. Ce n’est qu’à l’aube que la police a relâché l’une d’entre nous, la journaliste Elena Kostyuchenko, notamment connue pour son courage et son reportage concernant le massacre de Jhanaozen, au Kazakhstan. Le 16 décembre 2012, cette journaliste russe a pris la parole lors de la manifestation moscovite de commémoration des victimes de ce massacre.

    Le jour après notre arrestation, ils nous ont attaqués en justice mais nos avocats et nous mêmes avions réussi à rassembler plus de 10 témoins oculaires ainsi qu’une vidéo pour assurer notre défense. La Juge Borovkova, célèbre pour son enthousiasme à envoyer des opposants en prison, a simplement refusé d’entendre notre cas parce que la police avait commis des erreurs dans la feuille de charge. Nous avons été renvoyés vers le commissariat de police. Finalement, nos avocats sont parvenus à un accord avec la police qui a bien voulu nous relâcher. Nous avons dû payer chacun une amende de 500 roubles (12 euros) pour ‘‘hooliganisme’’ et, après 30 heures, nous avons enfin été libérés.

    Le 22 janvier prochain, la première lecture du projet de loi se poursuivra. Des militants LGBT et leurs sympathisants seront encore une fois dans l’opposition. Pour beaucoup de militants LGBT, il est devenu clair que la politique homophobe des autorités est complètement liée à la crise politique et économique du pays. Il est donc nécessaire de chercher la solidarité avec d’autres groupes qui luttent en ce moment.

    Maintenant, plus de militants LGBT se tournent vers diverses protestations sociales et de défenses d’autres droits démocratiques. Cette année, lors du défilé du 1er Mai, des douzaines d’activistes LGBT et féministes ont rejoint la délégation du Comité pour une Internationale Ouvrière qui portait des banderoles avec des slogans sociaux et des revendications pour l’égalité des droits.

    Nikolai Kavkazskii – plusieurs mois dans les geôles de la police

    La répression contre l’opposition frappe les militants LGBT. Un des militants les plus connus des droits LGBT, Nikolai Kavkazskii, a déjà passé plusieurs mois dans les geôles de la police suite à des arrestations liées à la manifestation de masse du 6 mai, laquelle a été brutalement attaquée par la police. Il a été arrêté juste après son retour de l’école d’été du Comité pour une Internationale Ouvrière. Un autre activiste LGBT a été forcé de fuir en Europe après qu’il soit devenu clair que son arrestation était imminente.

    Malheureusement, les préjugés anti-LGBT sont répandus parmi la Gauche russe et dans les mouvements de protestations. Cela freine leur développement. Le 7 novembre (le Jour de la révolution) un nombre de ‘‘militants de gauche’’ ont attaqué un des militants qui portait un drapeau arc-en-ciel, criant que ‘‘le mouvement LGBT est bourgeois’’. Ironiquement, l’activiste qui a été attaqué, un sympathisant du CIO, était un jeune ouvrier électricien qui avait tout juste quitté l’extrême-est de la Russie pour Moscou à la recherche de travail. Mais alors que ces ‘‘militants de gauche’’ s’inquiètent de la présence de militants LGBT, ils ne se plaignent pas de la présence d’un grand nombre de nationalistes d’extrême-droite dans les mêmes défilés !

    Cet incident a néanmoins provoqué une discussion à large échelle sur les préjugés homophobes et nationalistes sans les partis de gauches traditionnels. Des représentants des syndicats indépendants ont approchés les LGBT pour proposer une lutte commune pour l’égalité des droits.

    Aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les droits des LGBT qui sont menacés mais les droits et libertés de la majorité – les travailleurs, les étudiants et les retraités. Aujourd’hui, comme jamais auparavant, nous devons dépasser les vieux préjugés pour être unis dans une lutte commune afin d’obtenir nos droits.

    Nous appelons donc toutes les organisations LGBT, les militants et les sympathisants à manifester des actes de solidarité le 22 janvier en soutien de la lutte en Russie.

  • Russie : la police arrête les activistes qui s’opposent aux lois homophobes

    Dix personnes ont été arrêtées, dont notre camarade Igor Yasin et la journaliste Elena Kostyuchenko

    Dix personnes ont été arrêtées ce mercredi à Moscou à la suite d’une protestation organisée contre les dernières tentatives de faire passer des lois anti-LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres). Ils sont toujours détenus au commissariat de police. Parmi eux figure l’un des dirigeants de la section russe du Comité pour une Internationale Ouvrière, Igor Yasin, ainsi qu’Elena Kostyuchenko, la première journaliste étrangère à s’être rendue à Jhanaozen, à l’Ouest du Kazakhstan, après le massacre commis en décembre 2012 par les forces de l’ordre. Après avoir recueilli les informations relatives à ce bain de sang, elle a beaucoup fait pour faire connaître ce qui s’était déroulé.

    Par des correspondants du CIO à Moscou

    Les dix militants arêtes ont été déférés devant la Cour hier et accuses de “hooliganisme”, ce qui pourrait justifier leur emprisonnement durant 15 jours. Ils passeraient donc le Nouvel An en prison. Malgré le fait que le juge ait déclaré que le protocole d’arrestation n’avait pas été rempli correctement par la police, les dix militants sont restés détenus.

    La protestation non-violente organisée ce mercredi a dû subir les assauts d’un groupe d’extrême-droite russe orthodoxe. Une vidéo utilisée comme pièce à conviction démontre très clairement que ce sont les militants des droits des LGBT qui ont été attaqués et qu’ils ont simplement tenté de se défendre.

    S’il vous plait, envoyez des mails de protestation aux ambassades de Russie, dénoncez cette arrestation injustifiée et exigez la libération immédiate de ces militants !

    Ambassade de Russi en Belgique : Avenue de Fré 66, 1180, Bruxelles – Fax: 02/374-26-13 – e-mail: amrusbel@skynet.be

  • Perspectives mondiales : ‘‘L’ère de l’austérité’’ prépare des convulsions sociales sismiques

    Nous vivons une des périodes les plus dramatiques de l’Histoire

    Les travailleurs grecs, suivis par les portugais et les espagnols, sont à l’avant-garde du mouvement contre cette interminable austérité. Plus personne ne peut aujourd’hui affirmer que la classe ouvrière reste passive face aux attaques du système capitaliste malade et pourrissant. Sa résistance s’est exprimée par une série de grèves générales épiques, mais elle a encore à créer un parti de masse ainsi qu’une direction dignes d’elle pour cette bataille entre travail et capital qui va dominer le début du 21ème siècle. La tâche du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), grâce à la clarté théorique de ses idées liée à un programme orienté vers l’action, est d’aider à créer cette nouvelle direction, une direction capable d’assurer la victoire de la classe ouvrière.

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    Ce texte est un résumé du projet de document sur les perspectives mondiales discuté lors de la dernière réunion du Comité Exécutif International (CEI) du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) qui a eu lieu en décembre. Le document final est disponible, en anglais, sur le lien suivant.
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    Le caractère instable des relations mondiales (qui peuvent entraîner l’éclatement d’un conflit dans de nombreux endroits du monde et à n’importe quel moment) s’est illustré lors des récents affrontements entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Ils se sont limités à un échange de roquettes et de missiles et un accord de cessez-le-feu a été atteint, mais la guerre pourrait reprendre et un assaut d’Israël sur la Bande de Gaza n’est pas à exclure. En retour, des troubles auraient lieu dans le Moyen-Orient.

    D’autre part, une ou plusieurs guerres régionales sont toujours de l’ordre du possible. La Syrie représente un véritable baril de poudre avec le régime de Bachar el-Assad assiégé et menacé d’être renversé, mais avec une opposition divisée sur des lignes sectaires. Les véritables socialistes ne peuvent soutenir ni Assad ni l’opposition, mais doivent s’orienter vers les masses que nous pouvons atteindre avec une voie clairement indépendante basée sur un programme et des perspectives de classe.

    Certaines minorités du pays recherchent encore la protection d’Assad par craintes des conséquences d’une victoire de l’opposition, laquelle bénéficie clairement d’un soutien prédominant de la part de la majorité sunnite de la population, avec une influence grandissante significative d’organisations du type d’Al-Qaïda. De plus, l’intervention de la Turquie contre le régime a augmenté la tension entre les deux pays. Des affrontements armés pourraient avoir lieu entre eux, ce qui pourrait devenir hors de contrôle. Une intervention de l’Iran dominé par les chiites pour soutenir les chiites en Syrie n’est pas non plus à exclure. Pareillement, le conflit pourrait déborder au Liban avec l’éclatement de conflits sectaires. Cela en retour pourrait conduire Israël à saisir l’opportunité de lancer des attaques aériennes contre les supposées infrastructures nucléaires iraniennes, avec sans doute en riposte des salves de missiles et de roquettes de la part de l’Iran et du Hezbollah contre les villes et infrastructures israéliennes.

    Au cours du récent conflit, le régime israélien et la population, plus largement, ont été pris de court par la capacité des roquettes du Hamas de frapper au cœur même de Tel Aviv. Le CIO s’oppose aux prétendues ‘‘frappes chirurgicales’’ d’Israël (qui ne sont en rien chirurgicales) qui ont tué au moins 160 Palestiniens. Mais nous ne soutenons pas pour autant les méthodes du Hamas, qui a lancé des roquettes à l’aveugle contre les villes les plus peuplées d’Israël. Cela a uniquement servi à jeter la population d’Israël dans les bras de Netanyahou, dont les actions punitives seraient soutenues par 85% de la population tandis que 35% soutiendraient maintenant une invasion de Gaza, opération qui verrait des centaines et des milliers de Palestiniens tués ou mutilés, de même que des Israéliens. Le peuple palestinien a le droit de résister aux méthodes terroristes de l’Etat Israélien, mais cette tâche peut être mieux accomplie par des mouvements de masse dans but de faire séparer la classe ouvrière d’Israël du régime vicieux de Netanyahou. En cas d’invasion de Gaza ou d’un autre territoire occupé, le peuple palestinien a tous les droits de résister, avec des armes si nécessaire, contre les envahisseurs.

    Les mineurs sud-africains montrent la voie

    Nonobstant l’influence des facteurs géopolitiques comme les guerres sur le cours des évènements (ce qui peut, sous certaines circonstances, sérieusement altérer nos perspectives), les principales caractéristiques de la situation présente sont l’approfondissement de la crise du capitalisme mondiale et la réponse combattive des la classe ouvrière et des pauvres.

    Cela est symbolisé par le magnifique réveil de la classe ouvrière sud-africaine à la suite des mineurs. Ces grèves héroïques, à l’instar des révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ont inspiré la classe ouvrière des pays industriels avancés. Un élément ‘‘d’Afrique du Sud’’ pourrait lui aussi être exporté en Europe avec un mouvement similaire au sein des syndicats afin de renverser les dirigeants qui refusent d’organiser la classe ouvrière pour sérieusement résister aux attaques du capitalisme.

    A la suite des mineurs, d’autres pans de la classe ouvrière d’Afrique du Sud sont eux aussi entrés en action dans cette grève qui est en ce moment la plus grande et la plus sanglante au monde.

    Cette lutte a également été caractérisé par un haut degré de conscience de la classe ouvrière (un héritage qui a su être préservé après les révolutions avortées des années 1980, avant la fin du régime de l’apartheid). Cela s’exprime par l’aspiration à la construction de nouveaux syndicats combattifs pour les mineurs afin de remplacer le syndicat officiel des mineurs, complètement corrompu, le NUM. Confrontés à l’ANC tout aussi corrompue, les mineurs (avec l’aide du Democratic Socialist Movement, le DSM, section du CIO en Afrique du Sud) ont lancé un appel pour un nouveau parti de masse des travailleurs. Cela ne peut que renforcer les revendications du même type portant sur la question de la représentation indépendante de la classe ouvrière dans tous les pays (c’est-à-dire la majorité) où la masse des travailleurs n’a pas de parti, pas même un capable de les représenter ne fut-ce que partiellement.

    Même le magazine The Economist, la voix du grand capital, a déclaré : ‘‘le meilleur espoir pour le pays dans les années à venir est une scission réelle dans l’ANC entre la gauche populiste et la droite afin d’offrir un vrai choix aux électeurs.’’ C’est surprenant, sinon incroyable, au premier abord. Aucun journal capitaliste ne propose cela pour la Grande Bretagne ! Mais ce qui alarme The Economist, c’est que face au discrédit de l’ANC (un fossé de la taille du Grand Canyon existe à présent entre les seigneurs, chefs et rois de l’ANC et la classe ouvrière), les masses appauvries ont commencé à se tourner brusquement vers la gauche, vers les véritables militants pour le socialisme, les membres du DSM. Ils vont donc remuer ciel et terre pour essayer d’empêcher les masses d’aller dans notre direction, même si cela signifie de mettre en place une alternative ‘‘populiste’’ pour bloquer le développement d’un vrai parti de masse des travailleurs.

    Les élections américaines

    Le plus important évènement de cette période, au moins dans l’Ouest capitaliste, a été la réélection d’Obama aux USA. Il a été le premier président à être réélu depuis 1945 avec un taux de chômage supérieur à 7,5% dans le pays. Certains stratèges du capital (ou certains imaginant l’être) ont tiré des conclusions complètement fausses hors du résultat de cette élection. Ils affirment que la principale raison pour laquelle Obama a été élu, c’est que le peuple américain blâmait Bush, l’ancien président, pour les catastrophes économiques actuelles. Cela a sans doute été un facteur, certes, mais ce n’était ni le seul, ni le plus décisif. Une grande polarisation a pris place dans la société américaine avec les électeurs d’Obama (malgré leur déception face à son bilan) se rendant massivement au bureau de vote pour empêcher le candidat des 0,01% des riches et des plutocrates, Romney, de remporter les élections.

    Il y avait une réelle peur de ce que signifierait une victoire de Romney, qui aurait fait tourner à l’envers la roue de l’histoire, briser les aides sociales et les réformes limitées dans la santé, etc. Cela a fait accroître la participation électorale qui, même si elle n’était pas aussi élevée qu’en 2008, était néanmoins d’un niveau historique. Le vote populaire a été serré, Obama l’emportant par 50,8% contre 47,5%. Mais il est crucial que la majorité des femmes l’aient soutenu, avec une majorité encore plus forte concernant les jeunes femmes. Il a aussi gagné 80% du vote des minorités (Latinos et Afro-Américains), bien sûr, et des sections significatives de travailleurs syndiqués (dans l’automobile par exemple) ont milité pour lui et l’ont soutenu. Dans cette élection, ce n’était pas seulement une question de victoire du ‘‘moindre mal’’ pour Obama pour ‘‘arranger l’économie’’. Bien sûr, il ne sera pas capable de le faire, à cause du caractère de la crise économique.

    Le magnifique résultat de la candidate de Socialist Alternative aux élections de la chambre des représentants de l’Etat de Washington (un splendide 28% des suffrages) a été un triomphe non seulement pour nos camarades Américains mais pour l’ensemble du CIO.

    C’était la confirmation du fait que présenter des candidats des travailleurs indépendants peut conduire au succès, et à un nouveau parti de masse des travailleurs. De plus, cela s’est produit au cœur même de la plus grande puissance capitaliste au monde. Cette élection est un avant-goût de ce à quoi nous pouvons nous attendre ailleurs dans la prochaine période, en particulier en Afrique du Sud et en Europe, et cela montre le potentiel qui existe dialectiquement aux USA pour les idées et le programme du socialisme.

    L’héritage des trahisons social-démocrates et staliniennes n’existe pas aux USA, ce qui en fait un terrain encore plus favorable pour les vraies idées du socialisme en comparaison de nombreux endroits d’Europe et d’ailleurs à ce stade. De notre point de vue, il en va de même pour la victoire d’Obama. Son deuxième mandat pourrait préparer la voie à la création d’un troisième parti, mais d’un parti de la classe ouvrière cette fois, socialiste, radical et populaire. Bien sûr, toutes les perspectives sont conditionnées par la façon dont l’économie se développera aux USA et dans le monde entier.

    L’économie mondiale fait face à une série de crises

    L’économie américaine (l’une des seules à ré-atteindre le niveau de production d’avant 2008) a ralenti pour atteindre son rythme le plus faible depuis 2009, avec une croissance de moins de 2% alors que, simultanément, toutes les plus grandes économies mondiales ont perdu de la vitesse. Si les Républicains refusent un accord avec Obama, si les USA échouent face à la falaise fiscale, cela pourrait presque automatiquement plonger l’économie mondiale (fondamentalement stagnante) dans une nouvelle dépression encore plus profonde. Les intérêts des capitalistes devraient logiquement forcer les Républicains à chercher un accord avec Obama. Mais le système politique des USA, conçu à l’origine pour une population prédominée par les petits fermiers au XVIIIème siècle, est maintenant complètement dysfonctionnel, de même que le Parti Républicain.

    En 2009, lors de l’un de ses discours parmi les plus révélateurs devant les banquiers américains, Obama a déclaré : ‘‘Mon administration est tout ce qu’il y a entre vous et les fourches.’’ Mais lors des élections, cela ne lui a pas pour autant apporté le soutien de la bourgeoisie américaine dans son ensemble, qui a en général préféré Romney. Cela tend à montrer qu’une classe ne reconnait pas toujours ce qui est dans son meilleur intérêt ! Ce sont les stratèges et les penseurs de la classe dominante, parfois en opposition avec ceux qu’ils sont sensés représenter, qui sont préparés à défendre les meilleurs intérêts des capitalistes et à planifier le chemin à suivre. Aujourd’hui, le problème pour eux est que les différentes routes qui mènent toutes le capitalisme à la ruine.

    Leur perte de confiance est visible dans leur refus d’investir ainsi que dans les avertissements des institutions sacrées du capitalisme : le FMI, la Banque Mondiale, etc. Leurs perspectives de sortie rapide hors de la crise actuelle ont toutes été balayées. Dorénavant, ils sont plongés dans un pessimisme total. Le premier ministre britannique David Cameron et le Gouverneur de la Bank of England ont averti que la crise peut durer encore une décennie, et c’est le même son de cloche au FMI. Le thème des ‘‘banques zombies’’, d’abord employé au Japon, est à présent utilisé pour décrire non seulement les banques mais aussi les économies de l’Amérique, de l’Europe et du Japon. Comme dans le cas du Japon, les économistes bourgeois prédisent une ‘‘décennie perdue’’ pour certains pays et pour l’ensemble de l’Europe. Ils comparent cela à la dépression de 1873 à 1896, au moins en ce qui concerne l’Europe. Martin Wolf, du Financial Times, réfléchit ainsi : ‘‘l’âge de la croissance illimitée est-il terminé ?’’ en citant beaucoup une nouvelle étude ‘‘La Croissance Economique des USA Est-Elle Terminée ? L’Innovation Hésitante Confronte Les Six Vents Contraires’’. (NBER Working Paper no 18315)

    Cela a posé la question essentielle du rôle de l’innovation dans le développement du capitalisme, et en particulier dans l’amélioration de la productivité au travail. Les auteurs de l’étude mentionnée ci-dessus ont conclu qu’il y avait eu ‘‘trois révolutions industrielles’’ depuis 1750 qui ont été cruciales pour le développement du capitalisme.

    La première s’est située entre 1750 et 1830, a vu la création des machines à vapeur, du filage du coton, des chemins de fer, etc. La deuxième était la plus importante des trois avec ses trois inventions principales : l’électricité, le moteur à combustion interne et l’eau courante avec la plomberie, dans une période relativement courte, de 1870 à 1900. Ces deux révolutions ont pris à peu près 100 ans pour que leurs effets se répandent complètement dans l’économie. Après 1970, l’augmentation de la productivité a nettement ralenti, pour un certain nombre de raisons. La révolution informatique et internet (décrits par les auteurs comme la révolution industrielle n°3) ont atteint leur apogée à l’ère d’internet, fin des années 1990. Selon cette étude, son principal impact sur l’économie s’est altéré au cours des 8 dernières années. Les chercheurs en concluent que, depuis les années 2000, l’invention a largement été concentrées dans les appareils de loisir et de communication qui sont plus petits, plus smart et ont plus de capacités, mais ne changent pas fondamentalement la productivité du travail ou le niveau de vie de la même manière que la lumière électrique, les voitures à moteur et la plomberie. Cela ne veut pas dire que la science et la technique n’ont pas le potentiel de considérablement rehausser la productivité, mais le problème est posé par l’état actuel du capitalisme en déclin, incapable de développer pleinement le potentiel de ses forces productives. La baisse tendancielle du taux de profit (et les baisses réelles de rentabilité) décourage les capitalistes d’adopter des innovations qui pourraient développer les forces productives.

    Il y a ensuite le problème de la ‘‘demande’’ qui en retour a conduit à ‘‘une grève de l’investissement’’, avec un minimum de 2000 milliards de dollars de ‘‘capital au chômage’’ dans la trésorerie des entreprises américaines. Et le problème du surendettement par-dessus tout. Styajit Das, du Financial Times, admoneste la bourgeoisie américaine qui ‘‘parait incapable d’accepter la vérité : la perspective d’une croissance économique faible ou nulle pour une longue période. (…) Le maintien de la croissance nécessite toujours plus d’emprunts. En 2008, aux USA, 4 ou 5 dollars de dettes étaient nécessaires pour créer 1 dollar de croissance, contre 1 ou 2 dollars dans les années 1950. A présent, la Chine a besoin de 6 ou 8 dollars de crédit pour générer 1 dollar de croissance, une augmentation de 1 à 2 dollars par rapport à il y a 15 ou 20 ans.’’

    Le capitalisme ne fait pas face à une crise, mais à une série de crises. Ses partisans essaient de faire accepter à la classe ouvrière la perspective d’une croissance faible, voire de pas de croissance du tout, et ainsi qu’elle soit plus encline à accepter de voir ses conditions de vie se réduire drastiquement, comme en Grèce. Nous devons contrer cela par notre programme et en mettant en avant les possibilités illimitées (évidentes même aujourd’hui) qui sont présentes pour autant que la société soit organisée de façon rationnelle et planifiée, c’est-à-dire grâce à l’instauration du socialisme.

    L’insoluble crise de l’Europe

    La crise économique en Europe est la crise la plus sérieuse à laquelle fait face le système capitaliste. Cette crise parait insoluble avec la politique d’austérité qui ne fonctionne clairement pas, l’éclatement de conflits et la mise en garde du FMI contre ‘‘l’austérité excessive’’ appliquée par les gouvernements nationaux en Europe avec la bénédiction des autorités de l’UE et de la Banque Centrale Européenne (BCE). La BCE a d’un côté cherché à implanter, comme l’US Federal Reserve et la Bank of England, une forme de keynesianisme par l’achat d’obligations d’Etat ainsi qu’en accordant des prêts meilleurs marché à certaines banques et pays. Mais de l’autre, ces mêmes autorités (la ‘‘Troïka’’) ont été l’instrument des politiques d’austérité. Pourtant le FMI critique ‘‘l’effet multiplicateur’’ négatif qui s’opère quand une austérité drastique est appliquée (coupes dans les dépenses d’Etat, pertes d’emplois, etc.) car cela réduit les revenus de l’Etat. La BCE et les gouvernements nationaux rétorquent avec l’argument de ‘‘l’absolue nécessité’’ de faire des coupes dans les dépenses d’Etat, accompagnées de toutes les autres mesures d’austérité, de privatisation, etc. Mais en dépit de toutes les attentes, l’austérité a eu pour effet d’éteindre les braises économiques qui subsistaient encore durant la crise.

    Il est vrai que les politiques keynésiennes ont échoué à générer la croissance. Dans la situation actuelle, cela revient à ‘‘pousser un objet avec une corde’’. Cela a conduit les nouveaux keynésiens, comme l’ancien monétariste thatchérien Samuel Brittan, à faire pression pour des mesures plus audacieuses ; il défend ce qui revient à une ‘‘chasse au trésor’’ géante, dans une tentative désespérée de faire bouger l’économie. Il suggère, en plaisantant seulement à moitié, d’enterrer des montagnes de cash, et que les aventuriers qui les découvriraient aillent les dépenser ! Il n’y a pas d’indication que cela se produise, cependant. Les largesses qui ont été distribuées jusqu’ici ont été utilisées pour payer les dettes, pas pour augmenter les dépenses. C’est une indication du désespoir de la classe dominante pour une amélioration, à ce stade. Le keynésianisme a été partiellement essayé et a échoué, mais cela ne signifie pas que, face à une explosion révolutionnaire, les capitalistes ne vont pas recourir à des mesures keynésiennes de grande ampleur. Des concessions peuvent être accordées, et par la suite les capitalistes vont tenter de les reprendre par le biais de l’inflation.

    Même à présent, les autorités européennes tentent d’éviter que la Grèce soit en défaut de paiement en suggérant que plus de temps lui soit donné pour payer. Cela ne va pas empêcher les attaques sauvages contre la classe ouvrière grecque, qui sont appliquées sans état d’âme par l’UE. Cela ne va pas non plus résoudre les problèmes de base de la Grèce, qui vont encore s’accumuler avec la dette colossale. Un défaut de la Grèce est donc toujours probable, ce qui aura d’énormes répercussions dans toute l’Europe, dont en Allemagne, lourdement endettée envers les banques d’autres pays. Il est même possible que l’Allemagne elle-même prenne l’initiative de quitter la zone euro, telle est l’opposition politique intérieure contre la politique de renflouement. Même la proposition de donner à la Grèce plus de temps pour payer ses dettes rencontre une opposition de la part des capitalistes allemands parce que cela signifierait d’effacer une petite partie de leur dette. Il est possible que, en ce qui concerne l’Espagne et certains autres pays, ‘‘la canette soit envoyée plus loin’’. Mais, en fait, la canette va devenir trop grosse pour pouvoir être envoyée au loin ! Par conséquent, une rupture de la zone euro reste en jeu.

    Même les Chinois sont alarmés par la tournure des événements en Europe. Un haut fonctionnaire Chinois, Ji Liqun, assis au sommet d’un fond souverain d’Etat de plus de 350 milliards d’euros, a averti que le public européen est à un ‘‘point de rupture’’. Auparavant, il avait argumenté que les Européens devraient travailler plus, mais il reconnait maintenant que la profondeur de la colère publique pourrait conduire à un ‘‘rejet complet’’ des programmes d’austérité. ‘‘Le fait que le public descende dans les rues et recoure à la violence montre que la tolérance du public en général a atteint ses limites’’, a-t-il commenté. ‘‘Les syndicats sont maintenant impliqués dans des protestations organisées, des manifestations et des grèves. Ca sent les années ‘30.’’ Ses préoccupations inexprimées sont que l’exemple de la classe ouvrière européenne puisse faire des vagues en Chine. Il craint d’autre part pour la sûreté des investissements chinois en Europe.

    La Grèce est la clé de la situation

    En ce moment, l’Europe est la clé de la situation mondiale : c’est là que la lutte des classes est la plus aigüe, c’est là que se trouvent les plus grandes opportunités pour une percée de la gauche et des forces révolutionnaires. Mais s’il en est ainsi, la Grèce est en conséquence la clé de la situation en Europe, suivie de près par l’Espagne et le Portugal dans la chaine des maillons faibles de l’Europe capitaliste. Comme Trotsky le disait de l’Espagne dans les années ‘30, non pas une mais 3 ou 4 révolutions auraient été possibles si les travailleurs grecs avaient une direction prévoyante et un parti de masse à sa tête. Le jour de la dernière grève générale, un programmeur informatique grec a commenté dans le journal britannique The Guardian : ‘‘Personnellement, je suis épaté qu’il n’y ait pas encore eu de révolution.’’ La télévision britannique a aussi commenté que seulement 3% de la population soutient effectivement les mesures d’austérité du gouvernement et de la Troïka. Avec tous les tourments que les Grecs sont forcés d’endurer, à la fin du programme d’austérité actuel, la dette de la Grèce sera encore de 192% du PIB ! En d’autres termes, il n’y a absolument aucune chance que cette dette soit payée. L’austérité sans fin est cependant l’avenir que le capitalisme a décrété pour le peuple grec.

    Toutes les conditions pour la révolution ne sont pas seulement mures, mais pourries. 19 jours de grève générale (parmi lesquelles quatre de 48h et le reste, de 24h) témoignent des réserves colossales d’énergie dont disposent les travailleurs grecs et de leur capacité à résister. Cependant, ils en ont conclu que, malgré une lutte magnifique, la Troïka et les capitalistes grecs n’ont pas encore capitulé. Il est donc nécessaire de se tourner vers le front politique, vers l’idée d’un gouvernement de gauche capable de montrer la voie pour sortir de la crise. Ce processus a trouvé place malgré le fait que les masses soient sceptiques vis-à-vis de Syriza et de sa direction. Des sections significatives des masses sont prêtes à soutenir Syriza, qui reçoit actuellement 30% de soutien dans certains sondages, mais ils ne sont pas prêts à rejoindre ses rangs et à s’engager activement. Il y a une part de cet élément dans beaucoup de pays. La forte déception consécutive à l’échec des partis ouvriers a entraîné un scepticisme extrême envers ceux-ci, même ceux qui sont formellement de gauche. La volonté est bien présente de soutenir les formations et partis de gauche aux élections, mais pas de leur donner du temps et de l’énergie en s’engageant dans leurs rangs et en les construisant. Les travailleurs ont été déçus dans le passé et craignent d’être à nouveau laissés tomber. Bien sûr, cet état d’esprit peut et va être modifié une fois qu’ils auront vu ces partis véritablement accomplir ce qu’ils ont promis. Cependant, au lieu d’aller vers la gauche, les partis de gauche en général – et Syriza en particulier – ont eu tendance à aller vers la droite, en baissant leur programme et en ouvrant même leurs portes à d’ex-dirigeants de la social-démocratie (comme le Pasok en Grèce) qui ont ouvertement joué un rôle de briseurs de grève dans la dernière période.

    Dans les circonstances de la Grèce, les tactiques souples employées par nos camarades grecs – tout en restant fermes sur le programme – répondent aux besoins de cette situation très complexe. Nous devons avoir l’œil non seulement sur les forces de gauche à l’intérieur de Syriza, mais aussi sur les forces importantes qui se situent à l’extérieur et qui, dans certains cas, ont revu leurs positions politiques. Nous ne pouvons pas dire à quel moment le gouvernement actuel va s’effondrer (car il va surement s’effondrer), avec la probable arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche emmené par Syriza. Mais nous devons être préparés à une telle éventualité, dans le but de pousser ce gouvernement vers la gauche, tout en aidant à créer des comités démocratiques populaires qui peuvent en même temps soutenir le gouvernement contre la droite mais aussi faire pression pour la prise de mesures en défense de la classe ouvrière. Il n’est pas impossible qu’une nouvelle force semi-massive significative émerge des tactiques dans lesquelles nous nous sommes à présent engagés.

    Cela implique non seulement une concentration sur les développements dans la gauche et dans les partis des travailleurs mais aussi contre les dangers de l’extrême-droite, et en particulier celui de la montée du parti fasciste Aube Dorée, dont le soutien est récemment monté jusqu’à 14% dans les sondages, mais qui est maintenant descendu autour des 10%. Une des raisons de cette diminution est la formation de comités de masse antifascistes, que nous avons aidé à initier et dans lesquels nous avons attiré des travailleurs, des jeunes et des réfugiés. Ce travail est d’une importance exceptionnelle et pourrait être le modèle pour le genre de situation à laquelle la classe ouvrière peut être confrontée dans beaucoup d’autres pays à l’avenir.

    Si la classe ouvrière et la gauche échouent à mener à bien une révolution socialiste, l’Histoire témoigne qu’ils devront en payer de lourdes conséquences. Les tensions sociales qui existent en Grèce ne peuvent être contenues pour toujours dans le cadre de la ‘‘démocratie’’. Il y a déjà une guerre civile voilée, avec plus de 90% de la population opposée aux ‘‘un pour cent’’ et cela peut exploser en un conflit dans le futur. Quelques éléments d’extrême-droite en Grèce ont discuté de l’idée d’une dictature, mais ce n’est pas immédiatement à l’agenda. Tout mouvement prématuré qui paraitrait imiter le coup d’état militaire de 1967 pourrait provoquer une grève générale totale, comme en Allemagne en 1920 avec le Putsch de Kapp, et entraîner une situation révolutionnaire. De plus, un coup d’Etat ne serait pas acceptable en ce moment pour l’impérialisme, la ‘‘communauté internationale’’, dans cette ère de ‘‘démocratie et de résolution des conflits’’.

    Dans un premier temps, les capitalistes vont plus probablement recourir à une forme de bonapartisme parlementaire, comme le gouvernement Monti en Italie, mais en plus autoritaire. La position économique et sociale risquée de la Grèce va demander un gouvernement plus ferme et plus à droite qu’en Italie, avec le pouvoir de renverser le parlement ‘‘en cas d’urgence’’. Si cela ne fonctionne pas, et qu’une série de gouvernements de caractère similaire est incapable de forcer l’impasse sociale, et si la classe ouvrière, faute d’un parti révolutionnaire conséquent, échoue à prendre le pouvoir, alors les capitalistes grecs pourraient passer à une dictature ouverte.

    Nous devons avertir la classe ouvrière que nous avons encore du temps en Grèce, mais nous devons utiliser ce temps pour préparer une force capable d’accomplir un changement socialiste de société. Le 14 novembre dernier, la réponse dans toute l’Europe a illustré que les luttes de la classe ouvrière sont liées entre elles. Si les travailleurs grecs brisaient les chaines du capitalisme et en appelaient aux travailleurs de l’Europe de l’Ouest, ou au moins aux travailleurs du Sud de l’Europe, il y aurait une énorme réponse pour un appel pour une confédération socialiste – qui impliquerait probablement l’Espagne, le Portugal et peut-être l’Irlande dans un premier temps, sinon l’Italie.

    La Chine à la croisée des chemins

    Comme le montre le fait que la première visite d’Obama après sa victoire électorale était en Asie, l’impérialisme américain a identifié ce continent comme une région-clé (plus importante que l’Europe, par exemple, stratégiquement et économiquement). Il s’agissait en partie de réaffirmer l’enjeu économique de l’impérialisme américain mais aussi à avertir la Chine de l’importance des intérêts stratégiques militaires des USA. Cela paraissait nécessaire à cause de la réaffirmation militaire de la Chine, qui a été révélée récemment dans les clashs de la marine chinoise avec le Japon à propos d’îles inhabitées contestées. Le Japon commence à construire ses forces militaires, seulement pour sa ‘‘défense’’ bien sûr ! Cela signifie que l’Asie va devenir un nouveau dangereux théâtre de conflits militaires, avec la montée du nationalisme et la possibilité de conflits déclarés, où les diverses puissances seront préparées à se confronter les unes aux autres, avec les armes si nécessaire, afin de renforcer leur influence, leur pouvoir et leurs enjeux économiques.

    La Chine est le colosse de l’Asie, la deuxième puissance au monde après les USA. La façon dont elle se développe va avoir un effet énorme, peut-être décisif, sur la région et le monde. Et la Chine est certainement à la croisée des chemins, comme son élite dirigeante le comprend bien. Comme beaucoup de groupes dirigeants dans l’Histoire, elle sent les tensions contradictoires monter d’en bas et est incertaine concernant la façon de les gérer. Les érudits Chinois décrivent la situation actuelle du pays à The Economist comme ‘‘instable à la base, découragée dans les couches moyenne, hors de contrôle en haut.’’ En d’autres termes, en ce moment, les ingrédients pour une révolution fermentent en Chine. Le temps des taux de croissance spectaculaires de l’ordre de 12% est révolu. La Chine est aujourd’hui telle une voiture embourbée dans la neige : les roues tournent mais le véhicule n’avance pas. La croissance s’est probablement contractée entre 5 et 7%. Le régime revendique une certaine ‘‘reprise’’ mais ne s’attend pas au retour d’une croissance à deux chiffres. Cela va automatiquement affecter les perspectives pour l’économie mondiale. Un taux de croissance de plus de 10% n’était possible que par l’injection de ressources, qui est monté jusqu’à 50% du PIB investi dans l’industrie, ce qui est énorme et sans précédent. Cela a en retour généré du mécontentement et du ressentiment contre la croissance des inégalités et la dégradation de l’environnement ainsi que contre l’accaparation illégale des terres collectives par des fonctionnaires avides.

    Cela et les conditions de surexploitations dans les usines ont généré une opposition énorme parmi les masses avec 180.000 manifestations publiques en 2010 (et ce chiffre a augmenté depuis), en comparaison à l’estimation officielle de 40.000 en 2002. Le retrait du ‘‘bol de riz en fer’’ (la sécurité sociale) et les attaques contre la santé et l’éducation ont ajouté au mécontentement. Cela a forcé la direction à réintroduire un minimum de couverture-santé. La direction chinoise est hantée par la gestion de ce volcan et par la voie économique à adopter. Le village de Wukan s’est soulevé il y a un an et a été victorieux après des batailles avec la police pour réclamer des terres qui leur avaient été volées par la bureaucratie locale. Ceci était symptomatique de ce qui se passe sous la surface en Chine : une révolte souterraine qui peut éclater à n’importe quel moment. A cette occasion, les fonctionnaires locaux ont battu en retraite mais d’un autre côté, les manifestants n’ont pas donné suite à leur mouvement. Il semble que cet incident et beaucoup d’autres sont ‘‘de petits soulèvements qui ne cessent de bouillonner à travers toute la Chine.’’ (Financial Times)

    Beaucoup de protagonistes pensent naïvement que si seulement les seigneurs de Pékin connaissaient l’échelle de la corruption, ils interviendraient pour y mettre fin. Quelque chose de similaire se produisait en Russie sous le stalinisme. Au départ, les masses tendaient à absoudre Staline de toute responsabilité dans la corruption, pour laquelle il n’aurait pas été ‘‘au courant’’. Cela était considéré comme étant le crime de la bureaucratie locale et non pas de Staline lui-même. Mais l’arrestation de Bo Xilai et le procès de sa femme ont aidé à dissiper ces illusions dans la Chine actuelle. Il a été accusé d’avoir abusé de sa position pour amasser une fortune, acceptant d’énormes pots-de-vin tout en permettant la promotion de ses amis à de hauts postes. Bo, membre du sommet de l’élite (un prince rouge, fils d’un dirigeant de la révolution chinoise) est accusé de complicité de meurtre, de corruption passive et de corruption à grande échelle. Cela pose naturellement la question de la manière dont il a pu s’en sortir si longtemps.

    En réalité, ce ne sont pas ces crimes (bien qu’ils soient probablement vrais) qui ont conduit à son arrestation et à son procès imminent. Il représentait un certain danger pour l’élite et faisait campagne pour un poste au plus élevé en évoquant, élément très dangereux pour l’élite, certaines expressions radicales du maoïsme associées à la Révolution Culturelle. En faisant cela, il aurait pu inconsciemment libérer des forces qu’il n’aurait pas été capable de contrôler, qui auraient pu aller plus loin et exiger des actions contre les injustices du régime. Qui sait comment cela se serait terminé ?

    Le régime chinois est en crise. Il est assez visiblement divisé sur les prochaines étapes à accomplir (en particulier sur la question économique). Un prince rouge l’a exprimé brutalement au Financial Times : ‘‘La meilleure époque de la Chine est révolue et le système entier a besoin d’être remanié.’’ Les commentateurs bourgeois de journaux comme The Economist, le Financial Times, le New York Times, etc., ont récemment recouru à la terminologie qu’utilise le CIO, en décrivant la Chine comme ‘‘un capitalisme d’Etat’’. Ils n’ajoutent pas la clause que nous y ajoutons, ‘‘un capitalisme d’Etat avec des caractéristiques uniques’’. Cela est nécessaire pour différencier notre analyse de la position rudimentaire du Socialist Workers Party et d’autres, qui décrivent inexactement les économies planifiées du passé de cette façon. Le sens de la marche de la Chine est clair. Par le passé, le secteur capitaliste a augmenté au détriment des entreprises d’Etat. Mais récemment, et en particulier depuis le plan de relance de 2008, il y a eu une certaine recentralisation et le pouvoir économique a tendu à être plus concentré dans le secteur d’Etat, à tel point que maintenant les entreprises d’Etat pèsent maintenant 75% du PIB total. D’un autre côté, selon The Economist : ‘‘Les experts ne s’accordent pas à dire si l’Etat représente la moitié ou un tiers de la production chinoise, mais sont d’accord pour dire que cette part est plus basse qu’elle l’était il y a deux décennies. Depuis des années, depuis la fin des années 1990, les entreprises d’Etat paraissent battre en retraite. Leur nombre a décliné (à environ 114000 en 2010, une centaine d’entre elles étant des champions nationaux contrôlés centralement), et leur part dans l’emploi a chuté. Mais à présent, même alors que le nombre de compagnies privées a augmenté, la retraite de l’Etat a ralenti et, dans certaines industries, s’est inversées.’’

    Il est clair qu’une discussion féroce a lieu derrière les portes fermées de l’élite. Les ‘‘réformateurs’’ sont en faveur d’un programme déterminé de démantèlement du secteur d’Etat pour se tourner de plus en plus vers le ‘‘marché’’. Ils proposent de lever les dernières barrières à l’entrée et l’action du capital étranger. Selon la rumeur, le nouveau ‘‘dirigeant’’ Xi Jinping, malgré la rituelle rhétorique du ‘‘socialisme avec des caractéristiques chinoises’’ soutient ces réformateurs. D’un autre côté, ceux qui ont proposé l’ouverture, dans l’économie mais aussi avec des réformes ‘‘démocratiques’’ limitées, paraissent mis à l’écart. Des études ont été réalisées sur la façon dont d’anciennes dictatures comme la Corée du Sud aurait réussi une ‘‘transition froide vers la démocratie’’. Elles ont eu lieu quand l’expansion économique ne s’était pas épuisée et même alors, il s’agissait d’un contexte de mouvement de masses. La ‘‘transition’’ proposée en Chine prend place au milieu d’une crise économique massive. Il paraitrait que les dirigeants chinois étudient avidement le rôle de Gorbatchev en Russie. Il avait d’abord l’intention de ‘‘réformer’’ le système et a fini par présider son démantèlement. Dans la Chine actuelle, des réformes importantes d’en haut provoqueront une révolution d’en bas. On ne peut pas exclure qu’une période ‘‘démocratie’’ très faible (avec le pouvoir encore aux mains des anciennes forces, comme aujourd’hui en Egypte avec l’armée et les frères musulmans au pouvoir) pourrait se développer après un soulèvement révolutionnaire en Chine. Mais cela ne serait qu’un prélude à l’ouverture des vannes à un des plus grands mouvements de masse dans l’Histoire.

    Conclusions

    En quatre ou cinq ans de crise économique mondiale dévastatrice, nous pouvons conclure qu’il y a des perspectives très favorables pour la croissance du marxisme, avec toutefois certaines réserves compte tenu du fait que la conscience (la vision large de la classe ouvrière) doit encore rejoindre la situation objective, qui peut encore être décrite comme prérévolutionnaire, surtout à l’échelle mondiale.

    Les forces productives n’avancent plus, mais stagnent et déclinent. Cela a été accompagné d’une certaine désintégration sociale de certaines sections de la classe ouvrière et des pauvres. En même temps, de nouvelles couches de la classe ouvrière se créent ainsi que de parties de la classe moyenne (prolétarisées) et sont forcées d’adopter les méthodes traditionnelles de la classe ouvrière avec les grèves et les organisations syndicales. Le pouvoir potentiel de la classe ouvrière reste intact, même entravé et affaibli par les directions syndicales droitières ainsi que par la social-démocratie et les partis ‘‘communistes’’.

    Le CIO n’a pas encore fait de percée décisive dans un pays ou un continent. Cependant, nous avons maintenu notre position globale en termes de membres et, surtout, nous avons augmenté notre influence dans le mouvement ouvrier. Beaucoup de travailleurs sympathisent et regardent de notre côté, ils peuvent nous rejoindre sur base des événements et de notre militantisme. Nous devons faire face à la situation en formant et préparant nos sympathisants pour le prochaine période tumultueuse, dans laquelle de grande opportunité se présenteront de renforcer les organisations et partis du CIO et l’Internationale dans son ensemble.

  • Tandis que coût de la vie s’envole, les patrons chargent l’index

    Ces derniers mois, les patrons, les partis traditionnels et les médias dominants n’ont pas tari d’idées pour ‘‘réformer’’ le mécanisme de l’index, le mécanisme d’adaptation automatique des salaires à la hausse des prix. Ces diverses propositions ont pour objectif de créer un climat défavorable aux travailleurs dans le cadre des négociations entre syndicats et patrons portant, entre autres, sur nos salaires pour les deux prochaines années. Avec l’indexation et l’adaptation partielle des salaires aux prix, les travailleurs peuvent encore sauvegarder une partie de leur niveau de vie. Mais pour les grandes entreprises, cette protection est de trop dans une situation d’insécurité économique et de crise de l’euro.

    Par Peter Delsing

    Les propositions patronales visent à vider l’index de sa substance, alors que cet outil pour les travailleurs est déjà considérablement affaibli. Syndicats, le journal de la FGTB, a calculé que le prix des produits compris dans le panier qui sert à calculer l’index a augmenté de 15,66% entre 2005 et 2010. Cela ne tient pas compte de l’augmentation des prix de l’essence qui, depuis l’introduction de l’index-santé, n’est plus compris dans l’index, au contraire du gaz et de l’électricité. Et heureusement ! Mais l’essence, c’est quand même important pour les ménages belges : depuis début septembre, les prix battent les records. Certains à droite veulent aller plus loin et retirer tous les prix de l’énergie, donc également le gaz et l’électricité.

    Hausse des prix, instabilité, crise et nature chaotique du système

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    500 millions de livres de profits grâce à la spéculation alimentaire

    Ces deux dernières années, la banque britannique Barclays a réalisé un profit de 500 millions de livres (626 millions d’euros) grâce à la spéculation sur l’alimentation. Goldman Sachs, Morgan Stanley et Barclays forment le trio de tête de la spéculation alimentaire. Alors que, chez les gens normaux, on apprend aux enfants en bas âge à ne pas jouer avec la nourriture, les choses sont différentes pour les grands banquiers. Eux, ils jouent avec des stocks astronomiques de nourriture, poussent les prix vers le haut et réalisent de gigantesque profits en condamnant des millions de personnes à la faim.

    Les grandes banques parient sur les prix alimentaires et font de la nourriture un produit financier. La faim et la pauvreté deviennent ainsi des ‘opportunités d’affaires’. Un système peut-il être plus cynique que ça ? En 2010, Barclays a réalisé un profit de 340 millions d’euros grâce à la spéculation alimentaire, contre ‘seulement’ 189 millions en 2011, une diminution expliquée par la diminution du prix du maïs et du soja. Les prix élevés de 2010 étaient de très bonnes affaires. Depuis 2000, les institutions financières ont misé plus de 200 milliards de dollars sur le marché des “ressources agricoles”.

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    Les hausses des prix se font sentir sur plusieurs domaines. En 2011, en Belgique, l’inflation était de 3,49%, et elle sera probablement autour des 3% pour l’année 2012. Dans une période de crise, certains prix ont tendance à augmenter – à cause de pénuries consécutives à la nature non-planifiée de la production capitaliste ou à cause des quasi-monopoles tels qu’Electrabel. Mais d’autres prix ont aussi tendance à diminuer quand l’économie entre dans une récession sévère. Lors de l’année de crise 2009, l’économie belge s’est contractée de -2,7% et les prix n’ont augmenté que de 0,26% cette année-là, un chiffre historiquement faible.

    Mais aujourd’hui, alors que nous entrons dans une nouvelle phase de récession, la tendance reste à l’augmentation des prix. Le prix des logements n’a ainsi commencé que très récemment à diminuer en Belgique (-2% durant le premier trimestre de 2012 comparé au dernier trimestre de 2011). Mais d’après l’OCDE et le magazine ‘The Economist’, les prix des logements belges restent surévalués de 50% à 56%. Cette bulle n’a pu grandir qu’à cause du refus des gouvernements successifs de mener une politique sociale d’investissements dans la construction de logements sociaux abordables et convenables.

    En plus, le coût réel du logement est consciemment sous-estimé dans le calcul de l’index. Le loyer d’une maison ne compte par exemple que pour 6,23% du budget d’un ménage d’après le nouveau panier de l’index instauré en 2004. Pour beaucoup de familles, la réalité est pourtant plus proche des 25 à 30% (voire plus).

    La hausse des prix de l’énergie – électricité et gaz – a été stimulée par la politique irresponsable de libéralisation et par la cupidité d’entreprises comme Electrabel et GDF-Suez. Le gaz et l’électricité doivent être protégés de la soif de profits, cela doit être un service à la collectivité placé sous le contrôle démocratique de celle-ci. Quant à la hausse du prix de l’essence, elle résulte de la spéculation boursière et de l’instabilité provoquée au Moyen-Orient par le capitalisme sénile. L’ensemble du secteur de l’énergie doit être planifié de façon démocratique en fonction des besoins de la population et dans le respect de l’environnement.

    Depuis 2007, les marchés alimentaires ont connu deux chocs qui ont fait augmenter les prix de plus de 50% (Wired, 6 mars 2012). Dans les pays occidentaux, cela a entraîné des prix plus élevés dans les supermarchés et une grande pression sur le budget familial mais dans le monde néocolonial, il a été question de véritables famines.

    Les conditions météorologiques plus extrêmes, dans ce système capitaliste incapable de gérer la crise écologique, ont conduit à de plus fréquentes sécheresses. Cela a par exemple eu un impact sur les récoltes de maïs aux Etats-Unis et en Russie, avec en conséquence des pénuries et une hausse des prix. L’utilisation de certaines céréales pour des biocarburants a aussi contribué à ce processus. Plus fondamentalement, la situation résulte d’un système non planifié où seul domine le profit à court terme, sans prendre en considération l’homme ou l’environnement. Les hausses de prix alimentaires sont aussi stimulées par la spéculation des fonds d’investissements privés et des banques d’investissements (Goldman Sachs, Barclays,…) Le ‘soutien aux banques’ et à leurs profits ont ainsi volé le pain de la bouche de 115 millions de personnes à travers le monde néocolonial depuis 2008 (chiffre de la Banque Mondiale).

    Pas touche à l’index !

    Les propositions des patrons et de leurs politiciens pour réformer l’index sont diverses et variées. On parle notamment d’indexer uniquement le salaire net, après imposition, ce qui mine notre sécurité sociale (nos pensions, nos soins de santé, nos allocations,…). On parle aussi de n’adapter que les salaires les plus bas. Mais l’index n’est pas un instrument de redistribution des richesses, seulement un instrument d’adaptation des salaires à la hausse des prix.

    Les salaires des grands managers doivent être limités par une taxe plus élevée sur les hauts revenus, ou – pourquoi pas – en introduisant une différence maximale entre les grands salaires et les autres, sur base d’une décision politique impulsée par le mouvement syndical puisqu’on ne peut s’en remettre à l’Etat capitaliste. La Fédération des Entreprises Belges (FEB) a aussi émis l’idée de négocier sur base de l’estimation d’un taux d’inflation sur deux années, ce qui revient à être dépendants de la décision arbitraire du patronat ou de ce que ce patronat essaie de vendre aux directions syndicales tous les deux ans lors de l’Accord Interprofessionnel. Bien sûr, Karel Van Eetvelt (de la fédération patronale Unizo) n’a pas pu s’empêcher d’aller plus loin : si on ne peut pas toucher à l’index, il faut laisser les travailleurs bosser deux heures de plus par semaine, sans la moindre adaptation du salaire !

    Les travailleurs et leurs familles doivent lutter pour la restauration complète de l’index afin que les adaptations des salaires et des allocations représentent réellement l’augmentation du coût de la vie rencontrée ces 30 dernières années. Chaque bricolage de l’index doit être rejeté. Les patrons et les politiciens établis veulent essentiellement que le pouvoir d’achat et le niveau de vie des travailleurs et de leurs familles se détériore plus vite que dans les pays voisins (la ‘‘compétitivité’’). Obtenir des salaires décents et disposer d’une bonne sécurité sociale, cela se heurte au capitalisme et à sa crise sans issue. Les richesses sont pourtant suffisantes dans la société : entre 1970 et 2011, la croissance économique moyenne fut de l’ordre de 2,3%, bien que ce rythme diminue. Le capitalisme assure que cette richesse soit répartie de manière sans cesse plus inégale. Les travailleurs et les jeunes doivent s’opposer à ce système. Lutter pour la défense de droits sociaux fondamentaux comme l’index, cela signifie lutter pour une autre société, une société socialiste.

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