Tag: Russie

  • Russie : Le Président Medvedev suspend la construction de l’autoroute de Khimki

    La lutte doit continuer afin de sauver l’environnement et de défendre nos droits démocratiques !

    Comme nous l’avons rapporté sur ce site, un de nos camarades dirigeants en Russie, Igor Yassine, ainsi que deux autres membres du CIO, ont brutalement été attaqués par des malfrats le samedi 7 août, après une action de protestation pacifique dans le centre de Moscou contre le projet de construction d’une nouvelle grand’route à travers la forêt de Khimki, qui fait partie de la ceinture verte autour de Moscou. C’est Vinci, une multinationale française, qui a obtenu le contrat pour ces travaux.

    Ces trois membres du CIO ont subi des blessures, Igor s’en sortant avec une fracture du crâne. Il n’est sorti de l’hôpital qu’il y a quelques jours.

    Jeudi passé, le Président russe Dmitry Medvedev a annoncé la ‘‘suspension’’ des travaux de cette route. Comme l’écrit Igor Yassine ci-dessous, cette décision a été prise pour toute une série de raisons dont la large opposition à cette route du fait des habitants et de militants. Les actions de protestation organisées internationalement par les membres et sympathisants du CIO à la suite des attaques brutales contre Igor, d’autres membres du CIO et d’autres militants environnementaux (piquets devant les ambassades russes, actions devant les bureaux de Vinci,…) ont sans nul doute également eu un effet sur les autorités russes, ce qui illustre l’importance de telles actions de solidarité.

    Igor Yassine, CIO Moscou

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    Pour en savoir plus:

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    Jeudi soir passé, le Président russe Dmitry Medvedev a publié une annonce vidéo sur son blog dans laquelle il a annoncé la suspension de la construction de l’autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg, qui devrait traverser la forêt de Khimki, jusqu’à ce qu’il y ait un ‘‘débat public et d’experts plus approfondi sur la question.’’ Cette annonce a suivi de peu la nouvelle sensationnelle que Russie Unie (Yedinaya Rossiya), le parti dirigeant en Russie, s’était adressé au Président pour lui demander de mettre un terme à la construction de la route.

    Qu’est-ce que cela signifie pour la forêt, pour ceux qui se sont battus pour la protéger, pour le mouvement large de protestation et pour les autorités russes ?

    Il ne fait aucun doute que la décision de Medvedev marque une retraite qui lui a été forcée par ceux qui ont activement mené campagne contre la destruction de cette partie de la ceinture verte de Moscou, si nécessaire. Bien entendu, ce succès a été facilité par la participation de musiciens et militants russes connus, mais le spectacle de Yourii Shevtchouk (un des rockers les plus célèbres de Russie) sur la place Pouchkine, ou son duo avec Bono n’aurait pas remporté un tel écho s’il n’y avait pas déjà eu un tel mécontentement dans la société auparavant. La retraite du gouvernement est notre victoire ; c’est une claire victoire par les résidents et pour les militants. (1)

    A l’annonce d’une nouvelle si inattendue de la part des dirigeants du pays, la dirigeante des défenseurs de la forêt, Yevgueniya Tchirikova a déclaré à la presse qu’elle était si heureuse qu’elle allait maintenant voter pour le parti au pouvoir ou pour Medvedev lui-même. Il est toutefois bien trop tôt pour célébrer la victoire finale dans le combat pour sauver la forêt.

    Au moment même où la suspension des travaux a été annoncée, il est devenu très clair que la pression sur les antifascistes et sur les adversaires du régime allait s’intensifier. Des dizaines de militants antifascistes ont été arrêtés pour être interrogés. Près de 260 jeunes ont été détenus par la police dans la ville de Zhoukov, non loin de Moscou, pour avoir tenté de participer à un concert antifasciste. A Moscou, Lev Ponomorev, un des plus célèbres défenseurs des droits de l’homme en Russie, a été arrêté lors du concert place Pouchkine et condamné à trois jours de prison. Son crime est d’avoir porté un drapeau russe le long d’une des principales artères de Moscou, alors que c’était justement le Jour du Drapeau (2) !

    Deux jeunes antifascistes, Alekseï Gaskarov et Maksim Solovov, sont toujours détenus et font face à des accusations qui pourraient les voir emprisonnés pour plusieurs années. Ceci contraste fortement avec l’absence d’une réponse policière contre les malfrats qui ont attaqué le camp des opposants dans la forêt, ou après la violente attaque contre trois militants du CIO à Moscou quelques jours plus tard, malgré le fait que le directeur de la compagnie sous-traitante impliquée dans le chantier de la route a semblé admettre dans la presse russe qu’il avait bel et bien payé ces brutes.

    Les dirigeants s’entrechoquent

    Les zigzags du parti Russie Unie et la retraite du Président Medvedev sont un signe clair que les autorités au pouvoir ont du mal à faire tenir les choses ensemble, et s’inquiètent de leur baisse dans les sondages d’opinion. Quelques semaines plus tôt, la ‘‘Jeune Garde’’, un des groupes de jeunes sponsorisés par le Kremlin, a organisé un groupe en soutien à la nouvelle autoroute, et publié toute sortes de poisons au sujet des défenseurs de la forêt. Les ‘‘Nashi’’, un autre de ces groupes de jeunes, ont tenté d’organiser une action de provocation lors du concert à Moscou. Toutefois, la pression croissante de la base, la détermination des résidents et des militants, la récente vague de chaleur et de pollution et le caractère instable de l’économie russe ont tous contribué à convaincre des parties de l’élite russe qu’il lui fallait changer de ton.

    Le maire de Moscou, Yourii Louzhkov, tente maintenant d’affirmer qu’il a toujours été opposé à la construction de cette route à travers la forêt, bien qu’il ait ordonné à la police d’agir contre les opposants. En outre, les experts en construction impliqués dans le choix de l’itinéraire pour cette route avaient reçu en 2006 une autre option qui passait à travers le district de Molzhaninov, au nord de Moscou. Mais cette dernière proposition a été rejetée parce que, selon la presse, ce projet mettait à mal les intérêts de l’entreprise Inteko, qui appartient à la femme de Louzhkov, Yelena Batourina. Il a été récemment rapporté que Batourina est maintenant la troisième femme la plus riche au monde, ayant utilisé sa position pour remporter d’énormes contacts de construction de la part de la ville de Moscou.

    La chose la plus remarquable dans ce nouveau revirement est peut-être le fait qu’il semble que le grand ‘dirigeant national’ Vladimir Poutine n’était même pas au courant de ce qui était en train de se passer. Selon Dmitry Peskov, son attaché de presse, Poutine n’a pas été impliqué dans la prise de décision de suspendre le chantier. Qui plus est, Poutine a déclaré que s’il n’y avait pas de ‘base économique’ pour cette décision, elle tiendrait. La position de Poutine a été clarifiée plus tard : ‘‘Il est clair que la route doit être construite (…) Il est évident qu’il y a des problèmes majeurs de transport à Moscou et dans d’autres villes. La route entre Moscou et Saint-Pétersbourg est clairement nécessaire pour l’économie’’, a-t-il déclaré.

    Le désaccord entre les deux chefs d’Etat autour d’une question aussi brûlante révèle qu’il y a des problèmes dans le camp dirigeant. Poutine a vu son propre parti, Russie Unie, faire appel par-dessus sa tête directement au Président, comme si Medvedev était une sorte de juge indépendant.

    Une projet risqué

    Il y a un autre aspect important dans tout ceci. Dans le climat actuel d’instabilité économique et avec la hausse des actions de protestations, il a été clair que les institutions financières internationales, y compris la Banque Européenne, n’ont pas été très enclines à investir dans ce qui est perçu comme un projet risqué. La campagne internationale de protestation qui a eu lieu lors des dernières semaines a aussi sapé le soutien qui existait pour la poursuite du chantier autoroutier. Dans une telle situation, les autorités n’avaient pas d’autre alternative que de demander une ‘pause’, de sorte que les passions puissent se calmer, jusqu’à ce que la position financière s’améliore.

    Mais le fait que la décision de suspendre la construction ait été prise sans qu’un plein accord n’ait été obtenu à ce sujet parmi toutes les figures dirigeantes indique que les autorités ne sont plus capables d’empêcher que les discussions normalement limitées à leurs salons privés ne deviennent publiques. Ceci démontre, une fois encore, qu’au-delà des apparences, la machine d’Etat en Russie est en réalité plutôt faible, souffrant des coups non seulement des sources extérieures, mais aussi des disputes internes. Le colosse a des pieds pourris.

    Les défenseurs de la forêt ont remporté une victoire le 26 août, mais nous ne devrions pas abandonner la lutte. Il y a déjà eu des décisions de suspendre ce chantier auparavant, mais lorsque la situation a changé, la construction a repris.

    La forêt de Khimki a déjà beaucoup souffert, mais si le chantier se poursuit, l’existence de cette zone naturelle va complètement cesser. Si finalement il est décidé de faire passer la route par un itinéraire alternatif, les dégâts déjà perpétrés à la forêt de Khimki resteront pour tous un témoin de la corruption et de l’autoritarisme qui existe en Russie, et des liens entre les autorités et l’oligarchie capitaliste.

    Ces six dernières semaines, les militants ont été traités avec de tels degrés de répression, de pression et de corruption par les bureaucrates et par les requins de la construction qu’il est difficile de croire que la décision de suspendre la construction changera quoi que ce soit pour eux.

    Les feux de forêt de cet été en Russie ont démontré à quel point l’appareil d’Etat commence à s’effondrer ; le système forestier est en ruines, et même le Ministre des Situations d’Urgence tant applaudi a été incapable d’arrêter ces incendies, de sauver les gens et de minimiser les pertes. Par conséquent, le geste d’en haut concernant la forêt de Khimki ne va pas préserver la santé de l’environnement, ni assurer nos droits et nos libertés démocratiques. Afin de remporter ces deux objectifs, nous avons besoin de poursuivre la lutte.

    La campagne de la forêt de Khimki est une partie importante de la lutte qui se développe. Mais la seule garantie d’une victoire dans cette lutte est de développer une opposition sur un front plus large, pour combattre la corruption, pour une véritable démocratie et de justes salaires et conditions de travail. Au lieu de simplement faire pression sur les autorités, il nous faut prendre les choses en nos propres mains, par l’auto-organisation et l’autogestion, le contrôle et la responsabilité à un niveau local, de sorte qu’une véritable économie planifiée puisse être développée, basée sur la propriété publique démocratique.

    Ce n’est que par un changement de système complet que nous pouvons nous assurer que l’état de l’environnement sera décidé en fonction des intérêts de la majorité, et que nous pouvons sauvegarder pour les générations futures le droit à des forêts et à un air pur.


    Notes :

    1. Deux week-ends plus tôt, l’opposition a organisé un concert sur la place Pouchkine, dans le centre de Moscou, auquel 2.000 personnes avaient participé, en guise de protestation contre le début des travaux de l’autoroute. Nonobstant les tentatives de la police d’empêcher le concert (des gens sur le chemin du concert ont été fouillés à la recherche d’instruments de musique !), il y avait trop de participants pour que cet événement puisse être interrompu. Le musicien Bono était en Russie à ce moment pour un concert de U2. Il a pris un avion spécial pour la station balnéaire de Sotchi sur la Mer Noire afin d’y rencontrer Medvedev. Les médias occidentaux ont rapporté que Bono a discuté de l’affaire de la forêt de Khimki avec Medvedev, mais il semble que Bono ait été si amical qu’il a plus tard avoué avoir oublié de soulever ce problème !
    2. Le Jour du Drapeau, célébré le 22 août, est une fête commémorant la défaite de la tentative de coup d’Etat par de vieux généraux staliniens en août 1992. A cette occasion, les dirigeants de l’opposition avaient décidé cette année d’organiser un meeting de rue autour d’un drapeau russe géant, censé représenter la ‘‘nouvelle démocratie russe’’ bafouée par Poutine et Medvedev. La police les a, comme à son habitude, arrêtés pour divers motifs administratifs quelconques.
  • Grande-Bretagne : Les protestations contre la violence et la répression brutale en Russie continuent

    Nous vous avons déjà parlé sur ce site de différentes actions qui ont eu lieu à Hong Kong, en Suède, en Belgique, en Allemagne ou encore en Israël pour protester contre la violence dont ont été victimes nos camarades russes. Des militants de la section londonienne du Socialist Party ont récemment voyagé jusqu’à Watford (au Nord de Londres) pour y délivrer une lettre de protestation à l’office régional de la multinationale Vinci.

    John Sharpe, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

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    Pour en savoir plus:

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    Arrivé sur place, la sécurité ne nous a pas laissé trop approcher du bâtiment pour donner notre lettre de protestation. Nous sommes donc restés près de l’entrée, où nous avons pu discuter avec de nombreux travailleurs durant leur pause-midi et ainsi leur expliquer la raison de notre présence. Après de nombreuses tentatives de discussion, une foule d’arguments et plusieurs appels aux responsables de la multinationale Vinci, l’un d’entre eux a daigné venir recevoir notre lettre. Après avoir tenté de nous empêcher de prendre des photos, il a appelé la police, qui lui a tout de même fait remarquer que si Vinci était embarrassée par de telles protestations, faire appel à la police ne pourrait faire qu’empirer les choses ! Les policiers ont d’ailleurs accordé un intérêt certain pour nos pancartes qui condamnaient la répression policière à l’œuvre en Russie.

    • Stop à la destruction de la ceinture verte moscovite. Vinci Construction doit immédiatement rompre le contrat de construction de l’autoroute Moscou-St Pétersbourg
    • Vinci doit rompre tous les liens commerciaux et autres avec l’entreprise OOO ‘Teplotekhnik’
    • Vinci doit faire une déclaration publique dans les médias russes et internationaux pour condamner l’usage de la violence des gros-bras et de la police contre le camp environnementaliste et les membres du CIO.
    • Vinci doit appeler la police à conduire en toute transparence une véritable enquête afin d’arrêter les coupables de ces attaques vicieuses
    • Vinci doit ouvrir ses livres de comptes concernant le contrat pour l’autoroute Moscou-St Pétersbourg afin qu’il y ait une enquête publique, menée par les syndicalistes, groupes environnementaux et autres parties intéressées

  • Russie : NON à la répression ! Action de protestation à Bruxelles

    Hier à l’appel des Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et de la campagne antifasciste néerlandophone Blokbuster, une action a eu lieu devant le centre financier de la multinationale française Vinci, à Bruxelles. Une cinquantaine de militants ont scandé des slogans et remis une lettre de protestation à un responsable de Vinci. A la base de cette action se trouve la répression dont sont victimes les militants pour l’environnement et les antifascistes à Moscou.

    Par Geert Cool, porte-parole de Blokbuster

    • Reportage photos (1)
    • Reportage photos (2)

    Nous avons déjà publié un article concernant ces évènements récents en Russie. La violence contre les militants écologistes, la violence fasciste contre les manifestants de gauche et les poursuites judiciaires contre les antifascistes sont différents exemples de la répression brutale qui sévit en Russie. Cela illustre très clairement que le régime russe, en collaboration avec ses amis entrepreneurs de la multinationale de construction Vinci, ne veut pas laisser exister la moindre opposition. La réalisation de projets de prestige, car c’est de cela dont est chargé Vinci, et les profits qui en découlent restent la priorité à leurs yeux. Et tant pis si la conséquence de ce projet est la destruction du poumon vert de Moscou. C’est bien le dernier de leurs soucis. L’élite de Moscou, qui possède des résidences secondaires, bénéficiera toujours d’air pur à la Mer Noire ou ailleurs.

    Différentes actions de protestations ont déjà eu lieu (en Allemagne, en Israël, en Suède et à Hong Kong par exemple), et nous avons décidé d’en faire une à Bruxelles également, devant le centre financier du groupe français Vinci. Cette entreprise est active dans des dizaines de pays et est aussi impliquée dans des projets dans notre pays. Différentes villes ont des parkings souterrains «Vinci», et cette multinationale participe encore à la construction du pont/tunnel dans le cadre de la liaison Oosterweel à Anvers. Ce centre financier, situé sur la très chic Avenue Louise, n’est pas bien grand et quelques personnes seulement y travaillent. Ces bureaux sont là uniquement pour bénéficier de la déduction des intérêts notionnels. Vinci utilise avidement la politique de cadeau aux grandes entreprises de notre gouvernement.

    L’action a commencé avec 35 participants. Bien sûr, en tant qu’organisateurs, nous étions présents avec un grand groupe, rejoint par des militants TSE (Travailleurs Sans Emploi) de la FGTB de Verviers et par quelques militants de la LCR, avec qui nous participons au Front des Gauches. Plus tard, un groupe de cyclistes de Vélorution (également participant au Front des Gauches), qui semblait venir d’une autre action, nous a rejoints. Finalement, une délégation de militants est encore arrivée d’une action devant l’ambassade du Danemark contre la répression qui a frappé les militants écologistes lors du sommet de Copenhague.

    Notre lettre de protestation a été remise au responsable de Vinci, qui a promis de la renvoyer au siège principal à Paris. Nous allons suivre le développement de la situation en Russie et organiser de nouvelles actions si nécessaires, nous vous inviterons bien entendu à y participer.

  • Protestations internationales contre la répression et les attaques néofascistes à Moscou

    Demain, nous allons mener une action au quartier général financier de la multinationale française Vinci, qui se trouve à Bruxelles (voir notre appel pour cette action). A la base de cette action se trouve la répression dont sont victimes les militants opposés à la destruction d’une partie de la forêt autour de Moscou, particulièrement nécessaire pour se protéger de la chaleur et du smog. Ces bois sont coupés pour faire place à une autoroute à péage pour riches construite par la multinationale Vinci. Les opposants subissent la répression et les attaques des néofascistes, comme trois de nos militants en Russie qui ont été attaqués. L’un d’eux a le crâne brisé et est toujours à l’hôpital. Ces derniers jours, différentes actions ont eu lieu entre autres en Suède, en Allemagne, à Hong Kong et en Israël.

    Israël

    Yonathan Dayan, Tnua’t Maavak Sozialisti / Harakat Nidal Eshtaraki

    “Vendredi dernier, nous nous sommes rendus à l’ambassade russe pour protester contre les attaques qu’ont dû subir nos camarades après avoir participé à une grande action de protestation contre la destruction des bois à Moscou. La multinationale Vinci veut détruire le “poumon vert” de la ville. Une trentaine de militants ont mené campagne devant l’ambassade, une lettre de protestation y a été donnée et les passants ont reçu nos tracts à ce sujet."

    Allemagne

    Nos camarades ont protesté devant l’ambassade russe à Berlin et ont distribué des tracts aux passants. Mais tant l’ambassade que le siège de Vinci ont refusé notre lettre de protestation.

    Suède

    En Suède, des actions ont été menées à Stockholm et Göteborg. Dans la capitale, l’ambassade a tout d’abord appelé la police, pensant que nous étions des manifestants géorgiens. Nous avons remis une lettre de protestation de notre conseiller communal Mattias Bernhardsson.

    Hong Kong

    Ce 9 août, des militants de Socialist Action se sont rendus au Consulat de Russie à Hong Kong. Là aussi, une lettre de protestation a été remise, en solidarité avec les actions de nos camarades.

  • Appel à des protestations internationales contre la multinationale Vinci Construction

    Stop à la destruction de la forêt de Khimkinskii ! Stop aux attaques brutales contre les socialistes et les activistes environnementaux !

    Socialistes et activistes environnementaux sont en campagne contre la construction d’une route à travers la forêt de Khimkinskii, une des plus grandes près de Moscou. Après de récentes attaques brutales contre des membres du CIO à Moscou le 7 août, ainsi que contre un camp d’activistes environnementaux, le CIO en Russie appelle les socialistes, les syndicalistes et les activistes environnementaux à travers le monde à organiser des actions de protestation contre Vinci Construction. Cette multinationale basée en France est actuellement le plus gros participant à l’extension de la nouvelle autoroute Moscou-St Pétersbourg, avec un contrat d’une valeur d’un milliard d’euros.

    Rob Jones, CIO, Moscou

    La route devrait être construite au milieu de la forêt de Khimkinskii, qui joue un rôle majeur dans l’absorption du dioxyde de carbone présent dans l’air moscovite, déjà sur-pollué. La décision de construire cette route au milieu de la forêt a été prise malgré d’autres options dont certaines étaient moins coûteuses. En Russie, on a largement la conviction que ce trajet a été choisi car il présente de l’espace disponible pour construire des centres commerciaux et des logements pour les élites le long de la route, ce qui, dans la pratique, finira par faire raser toute la forêt.

    Le projet a par ailleurs été impliqué dans des scandales de corruption concernant des personnes du ministère du transport. Une enquête menée par Transparency International a apporté des preuves, documents à l’appui, que le contrat pour ce projet autoroutier a été signé sur fond de corruption. C’est devenu un grand point d’attention pour les activistes environnementaux et politiques et pour les résidents locaux. Jusqu’au début de cette semaine, un camp a été tenu dans la forêt par des environnementalistes, qui avaient pour but d’empêcher le début des travaux.

    A partir du tout début, l’élite russe et leurs amis les grands businessmen ont monté leur détermination à rendre ce projet effectif. En 2008, Mikhail Beketov, éditeur du journal de Khimki, « Khimkinskaya Pravda », a été brutalement attaqué et a subi plusieurs opérations. Il est toujours alité. A ce jour, il n’y a eu aucune enquête policière à ce sujet.

    Cette semaine, l’ampleur de la violence a vu un tournant dramatique. Il a été clairement décidé de continuer la destruction de la forêt, même si les permis d’abattement n’ont pas été délivrés et que le financement du projet reste incertain. La Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement et la Banque d’Investissement Européenne sont sensées financer le projet mais ont été quelque peu refroidies par l’opposition croissante qu’il rencontre et n’ont pas encore signé les documents nécessaires. Fin juillet, les participants au camp et les gens qui les soutenaient se sont retrouvés face à face avec un groupe de gros-bras masqués, qui se sont introduit dans leur camp alors que la police regardait ailleurs. Onze personnes, y compris deux journalistes, ont été blessées. Plutôt que d’agir contre les abattages illégaux ou les bandits masqués, la police s’est tournée contre les manifestants. Le jour suivant, un bus transportant des personnes soutenant les environnementalistes est arrivé de Moscou ; beaucoup ont été arrêtés pour empêcher d’autres protestations d’avoir lieu.

    Les actions contre-productives d’un groupe anarchiste « d’action directe » a semé la confusion parmi les différentes manifestations, ceux-ci ayant décidé de lancer une attaque, lançant des pierres et taguant les façades de la mairie de Khmiki. N’ayant aucun contact direct avec ceux qui se battaient contre la nouvelle route, ni les résidents locaux, ils ont donné aux autorités une excuse pour accélérer la répression. Deux antifascistes renommés ont été arrêtés et des charges pèsent sur eux qui pourraient les conduire à sept ans de prison. Les documents de la police sont clairement frauduleux ; alors que la police a dit qu’ils avaient été arrêtés pendant l’attaque, il s’avère que l’un d’eux a même enregistré une interview à la radio après les faits. Plus tard, Evgenia Chirikova, leader de la campagne, a été arrêtée.

    Un tournant dans la violence

    La violence a pris un nouveau tournant samedi 7 août. Une manifestation rassemblant un grand nombre de personnes a eu lieu dans le centre de Moscou, pour revendiquer l’arrêt de la répression contre les activistes opposés à la destruction de la forêt. Malgré le fait que les organisateurs de la manifestation, une coalition de politiciens néolibéraux et d’activistes de gauche, aient essayé de la rendre « non politique » (par exemple en interdisant les symboles des partis), les évènements de la semaine passée ont montré que les activistes qui ont manifesté ne s’opposent pas seulement à l’irresponsabilité d’une entreprise de construction mais aussi à un gouvernement national. Quasiment deux heures après la fin de la manifestation, un groupe de quinze gros-bras ont attaqué trois membres du CIO qui attendaient le métro pour rentrer chez eux.

    Vinci clame sur son site web qu’il soutien le développement durable, les bonnes pratiques commerciales et assure que ses firmes et sous-traitants promeuvent la responsabilité sociale. Il clame avoir une attitude responsable face au changement climatique. Bien qu’il n’y ait pas de preuve de l’implication directe de Vinci dans ces faits de violence, un de leurs représentants, lors d’une rencontre avec le président russe Medvedev, a demandé à Poutine de régler cette affaire afin que les travaux puissent commencer. Vinci a fait la démonstration qu’au mieux, ils ont participé à une adjudication hautement suspecte, pour ne pas dire plus ; ils ont ignoré la protestation d’une partie croissante de la population contre la destruction de la « ceinture verte » moscovite, et ils ont clairement choisi d’ignorer l’emploi d’arrestations à une large échelle et la violence dont ont fait preuve l’Etat et les sous-traitants impliqués pour que les travaux puissent continuer. Le directeur du sous-traitant OOO ‘Teplotekhnik’, responsable de l’abattage, n’est autre qu’A. Semchenko, un évêque de l’Eglise baptiste (!) et ancien conseiller de Poutine aux affaires religieuses. Cet exemple à lui seul montre bien l’étroitesse des liens entretenus entre cette multinationale et l’Etat russe. Certains journaux pro-gouvernementaux en Russie ont même reconnu l’existence de tels liens entre A. Semchenko et les attaques violentes contre les environnementalistes.

    Vinci Construction est actif dans presque tous pays et a des bureaux dans beaucoup de villes. Il suffit de chercher un grand projet de construction et l’on trouvera la trace de Vinci : la rénovation de la station de Victoria et l’extension de l’autoroute des Docklands à Londres, sur des chemins de fer, routes ou ponts en Europe, en Amérique du Nord et Amérique Latine ou même la construction d’un nouveau bouclier en béton autour du site de Tchernobyl… On peut trouver la liste de beaucoup de ces projets sur le site de Vinci : http://www.vinci-construction.com/vinci-construction.nsf/en/locations.htm

    Après les tentative de destruction de la forêt de Khimkinskii et les attaques violentes contre le camp environnementaliste, et plus tard contre des membres du CIO à Moscou le 7 août, nous en appelons aux membres et soutiens du CIO et à tous les activistes internationalement à organiser des protestations devant les bureaux de l’entreprise Vinci, avec les revendications suivantes :

    • Stop à la destruction de la ceinture verte moscovite. Vinci Construction doit immédiatement rompre le contrat de construction de l’autoroute Moscou-St Pétersbourg
    • Vinci doit rompre tous les liens commerciaux et autres avec l’entreprise OOO ‘Teplotekhnik’
    • Vinci doit faire une déclaration publique dans les médias russes et internationaux pour condamner l’usage de la violence des gros-bras et de la police contre le camp environnementaliste et les membres du CIO.
    • Vinci doit appeler la police à conduire en toute transparence une véritable enquête afin d’arrêter les coupables de ces attaques vicieuses
    • Vinci doit ouvrir ses livres de comptes concernant le contrat pour l’autoroute Moscou-St Pétersbourg afin qu’il y ait une enquête publique, menée par les syndicalistes, groupes environnementaux et autres parties intéressées
  • Canicule et incendies en Russie, soif de profits et violence d’extrême-droite

    ACTION contre la multinationale VINCI mercredi 18 Août – 16h30 – Bruxelles devant le siège financier de Vinci, 149 av. Louise (M° Louise) organisé par Etudiants de Gauche Actifs et Blokbuster

    Depuis des semaines, les médias relayent partout dans le monde les conséquences dramatiques de la pire canicule « depuis mille ans » que la Russie ait connue. De multiples incendies ont alimenté le smog étouffant de Moscou. Avec des températures supérieures à 35°C, la mortalité a officiellement doublé dans la ville avec 700 décès par jour. Les autorités n’ont toutefois pas déboursé un kopeck de plus pour les services d’aides et de soins tout au long de cette crise climatologique.

    Tract en PDF

    Tract en PDF

    Stop à la destruction désastreuse de la forêt de Moscou !

    Malheureusement, on ne parle pas des nombreuses protestations en cours depuis une semaine contre le déboisement de la forêt de Khimkinskii, le poumon vert de Moscou, pour la construction d’une nouvelle autoroute par la multinationale française Vinci qui a dégoté ce contrat d’1 milliards d’€ et est pleinement soutenue par le gouvernement russe. Ce poumon vert avait précédemment été préservé afin d’éviter que Moscou ne devienne irrespirable. Mais le bien être de la population et son environnement ne comptent pas face à la soif de profits sans limite des patrons et des actionnaires. La lutte pour le droit de vivre dans un environnement sain est une lutte contre ce système capitalise, basé sur la course aux profits, qui entraine la pollution et les dérèglements climatiques.

    Stop à la violence d’extrême-droite ! Stop à la répression contre les activistes pour l’environnement et les anti-fascistes !

    Fin juillet, un camp contre la destruction de la forêt a été violement attaqué par une bande de brutes d’extrême -droite cagoulées. Au lieu de réagir contre cette violente agression, la police a fermé les yeux et a orchestré une vague de répression et d’arrestation contre de nombreux activistes les jours suivants, dont deux antifascistes russes renommés qui sont menacés de 7 ans de prison.

    Le 7 Août, une manifestation réussie a pris place à Moscou contre l’attaque violente du camp et la répression. Trois militants de l’organisation soeur du Parti Socialiste de Lutte ont alors été brutalement attaqués sur le chemin du retour par 15 néo-fascistes armés d’une batte de baseball. L’un des militants a été blessé aux yeux et un deuxième a le crâne brisé.

    Ces violences orchestrées contre les protestations en Russie font les af faires de Vinci. A une réunion en compagnie du président russe Medvedev, un représentant de Vinci aurait demandé à Poutine de régler le problème des protestations afin qu’ils puissent commencer à travailler.

    Qui est Vinci ?

    Le géant français Vinci est la plus grande multinationale de concession et de travaux publics au monde.

    Elle a dégagé un profit net de 1.6 Milliards d’€ en 2009. Son PDG, Xavier Huillard, a touché un salaire annuel de 1.6 millions d’€ en 2009 et l’on prévoit de l’augmenter de minimum 200.000 € l’année prochaine. Sur le site de l’entreprise, on peut trouver une rhétorique en faveur de la défense de l’environnement, mais la réalité est toute autre. Seul compte la maximalisation des profits.

    Cette entreprise est très active en Belgique via de nombreux projet de construction comme le tunnel du port d’Anvers et de nombreux Partenariat Public Privé, entre autres pour divers parking dans plusieurs villes. Mais la Belgique n’est pas seulement un marché important pour Vinci, c’est aussi un paradis fiscal. La société a transféré en début d’année des énormes montants d’argent de la société vers la filiale financière belge afin de profiter au maximum des intérêts notionnels que notre gouvernement leur donnera en cadeau.

    Participe à la campagne de solidarité et de protestation internationale:

    • en participant au rassemblement devant le siège financier international de Vinci à Bruxelles, ce mercredi 18 Aôut à 16h30. Adresse : 149 Avenue Louise (M° Louise)
    • en envoyant des lettres de protestations à Vinci et aux autorités russes. Ambassade de Russie (amrusbel@skynet.be), PDG de Vinci (xavier.huillard@vinci.com), Directeur financier (christian.labeyrie@vinci.com) et administrateur de la filiale belge CFE (rbentegeat@cfe.be).
    • en soutenant financièrement cette campagne via un don contre un autocollant ou via un versement au compte 001-2260393-78 avec la mention « solidarité Russie »
  • Capitalisme en crise : socialisme ou barbarie ! (1)

    Chaque jour, le capitalisme démontre l’ampleur de sa faillite : extrême pauvreté, guerres, famine, destruction de l’environnement,… Nous refusons ce constat, nous opposons résolument au capitalisme et luttons pour une société socialiste démocratique. Dans ce cadre, notre réflexion et nos actions sont basées sur le marxisme. Ce dossier vous présente nos critiques contre le capitalisme ainsi qu’un petit aperçu de ce qu’est notre vision du socialisme. Ce texte est largement basé sur le livre «Le socialisme au 21e siècle» de notre camarade britannique Hannah Sell.

    Qu’est-ce que le capitalisme?

    En 300 ans d’existence, le capitalisme a changé la face du monde à coups de voies ferrées, de lignes électriques, d’avions, d’ordinateurs,… Au cours du dernier siècle seulement, l’économie mondiale est devenue 17 fois plus grande !

    Cependant, malgré les capacités technologiques actuelles, malgré tout le potentiel aujourd’hui présent, 1,2 milliard de personnes n’ont aucun accès à l’eau potable, 841 millions de personnes sont sous-alimentées et jusqu’à 28 millions d’Africains sont infectés par le virus du SIDA. Alors que le capitalisme consacre des milliards d’euros au bombardement d’une population pauvre comme celle d’Afghanistan, au même moment, ce système n’a aucune solution pour la pauvreté, la faim ou les maladies. En fait, le capitalisme est même une menace pour l’avenir de la planète. L’avidité conduit à une production aveugle qui ne tient aucun compte de l’homme ou de l’environnement.

    Les forces productives ont amplement été développées, mais elles ne sont pas systématiquement utilisées. Seul compte le profit à court terme. De leur côté, les gouvernements et les politiciens traditionnels sont au service des intérêts du capital et c’est à cet objectif que l’appareil d’Etat ou le pouvoir judiciaire est utilisé. Le capitalisme est soi-disant un ‘‘marché libre’’ et une ‘‘démocratie’’ mais quelle participation démocratique avons-nous concernant la manière de produire ? Des milliards de personnes à travers le monde n’ont que la liberté d’être exploités ou de connaître la misère et la guerre.

    Qu’est-ce que le socialisme ?

    Une société socialiste assimilerait l’énorme potentiel des talents de chacun et de la technologie pour édifier une société et une économie au service des besoins de tous. Cela ne signifie pas que tous les problèmes seraient immédiatement résolus, loin de là, mais la suppression du profit marquerait le début de la construction d’une nouvelle société, ce qui n’est possible qu’à l’échelle internationale.

    Les marxistes sont en faveur d’une économie démocratiquement planifiée, une économie où les grandes entreprises qui dominent aujourd’hui plus de 80% de l’économie seraient mises sous le contrôle démocratique de la collectivité, ce que nous appelons le contrôle ouvrier. Cela ne signifie toutefois pas que tous les petits commerces, les boulangeries, les boucheries,… seraient nationalisés.

    Un régime socialiste nous permettrait d’avoir bien plus à dire que sous la ‘‘démocratie’’ parlementaire capitaliste, qui ne nous accorde que des élections fort médiatisées après quelques années, tout ça pour élire des représentants qui ne défendent pas nos intérêts et qui ne doivent en rien se justifier auprès de leurs électeurs. Pour les marxistes, tout le monde doit pouvoir participer au processus de prise de décision quant à la manière dont sont gérées l’économie et la société.

    Les élus devraient toujours avoir à se justifier et être révocables, à tous niveaux, par leurs électeurs. De plus, les représentants ne toucheraient que le salaire moyen d’un travailleur, afin de garder un lien concret avec le quotidien de la majorité de la population. Un parlementaire marxiste (comme notre camarade irlandais Joe Higgins au Parlement Européen) ne gagnerait ainsi que l’équivalent du salaire moyen d’un travailleur.

    Les marxistes luttent pour la démocratie des travailleurs, ce qui implique que toute la collectivité travaillerait ensemble à la planification de la production. A tous les niveaux, sur les lieux de travail et dans les quartiers, des comités de représentants seraient organisés, sur les plans régionaux et nationaux, sous le contrôle d’assemblées générales de base. Chacun aurait ainsi la possibilité de réellement participer aux décisions et à la gestion de la société.

    Le capitalisme a développé plusieurs outils pour nous faciliter cette tâche, comme l’enseignement, qui fournit un niveau supérieur d’éducation, ou encore les nouvelles technologies, qui rendent la communication beaucoup plus facile et potentiellement bien plus accessible. La planification de l’économie n’est pas une utopie, les grandes entreprises et les multinationales fonctionnent d’ailleurs sur base d’une planification de leurs activités à grande échelle. Mais porter cela au niveau de la société signifie de s’attaquer à leur propriété.

    Le socialisme va bien au-delà du simple partage des richesses. Il s’agit également de décider de ce qui est produit et de quelle manière. Nous voulons immédiatement en finir avec le gaspillage consacré à des industries comme celle de la publicité. Nous voulons répartir le travail disponible au lieu de demander à une couche de travailleurs de travailler plus dur et plus longtemps alors qu’une autre couche (y compris beaucoup de jeunes) est au chômage.

    Mais aujourd’hui, dans le cadre d’une société où le profit est sacré et où l’humanité souffre sous ses diktats, il n’est pas possible de donner une vue complète de ce que sera une société socialiste. Nous ne pouvons que donner un léger aperçu en mettant en lumière les conditions qui permettront au potentiel existant d’être utilisé dans l’intérêt de la majorité de la population.

    Le socialisme n’aboutira-t-il pas à une dictature bureaucratique comme en Russie ?

    Les monstrueuses dictatures bureaucratiques et sanglantes de Russie, de Chine, d’Europe de l’Est et d’ailleurs étaient une négation totale du véritable socialisme démocratique. Mais il est fondamental que les marxistes d’aujourd’hui étudient l’expérience de la Révolution russe afin d’expliquer les raisons qui ont conduit à sa dégénérescence bureaucratique. En fait, ce processus trouve ses racines dans des conditions historiques spécifiques et non dans la nature humaine.

    La Révolution russe de 1917 a constitué la première fois où la classe ouvrière a renversé le capitalisme et a commencé à instaurer une nouvelle société socialiste. L’Union Soviétique des premiers temps était le gouvernement le plus démocratique que le monde ait jamais connu: ouvriers et paysans dirigeaient la société démocratiquement par l’intermédiaire de conseils ouvriers (c’est-à-dire, en russe, des soviets). C’est le premier Etat au monde à avoir donné aux femmes la totalité des droits légaux, comme le droit de vote et celui d’avorter. L’Union Soviétique avait aussi légalisé l’homosexualité.

    Les dirigeants bolcheviks Lénine et Trotsky, ont toujours expliqué qu’il était impossible d’instaurer le socialisme dans un seul pays, et plus particulièrement dans les conditions semi-féodales de la Russie de l’époque. Pour eux, la Révolution russe ne pouvait parvenir à survivre qu’en s’étendant aux puissants pays capitalistes d’Europe occidentale.

    Les principales puissances impérialistes ont elles-mêmes reconnu que la Révolution russe n’était pas une affaire purement locale et que le capitalisme était mondialement menacé. Elles ont donc participé à une sanglante guerre civile du côté des capitalistes et des propriétaires terriens russes afin de renverser le nouveau gouvernement soviétique. 21 pays ont envahi la Russie pour soutenir la contre-révolution (États-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Belgique, Japon,… ) Pour que les bolcheviks arrivent à remporter la guerre civile (1918-1921), la vague de révolutions qui a déferlé sur toute l’Europe et dans le monde a été décisive. La Révolution russe et l’appel des bolcheviks aux travailleurs du monde entier au soulèvement contre la Première Guerre Mondiale avait mis le feu aux poudres. Les soulèvements révolutionnaires en Allemagne et à travers l’Europe ont entraîné la fin de la guerre et ont forcé les classes dirigeantes à retirer leurs troupes hors de Russie afin d’éviter d’autres bouleversements dans les pays capitalistes.

    Malheureusement, ces révolutions n’ont pas réussi à renverser le capitalisme. A la différence de la Russie, il n’existait aucun parti révolutionnaire de masse disposé à mener les révolutions jusqu’à leur terme. Au lieu de cela, les partis ouvriers de masse en Europe ont été dominés par les dirigeants réformistes qui ont joué un rôle décisif pour sauver l’économie capitaliste. Ainsi, alors que l’Union Soviétique a vaincu la contre-révolution, la jeune république Soviétique est restée isolée. La première guerre mondiale puis la guerre civile avaient laissé le pays dans une situation désastreuse, les masses épuisées, au chômage et affamées. Tout cela a constitué la base pour l’accession au pouvoir d’une caste bureaucratique conservatrice. La bureaucratie, groupée autour de Staline, a concentré le pouvoir dans ses mains dans les années ’20 et ’30 et a démoli les droits démocratiques que la classe ouvrière russe avait réussi à obtenir.

    Les nombreuses révolutions qui, plus tard, ont pris place dans le monde néocolonial et en Europe ont malheureusement regardé la Russie comme le modèle à suivre, et le gouvernement bureaucratique soviétique a pu exporter son modèle stalinien vers la Chine, l’Europe de l’Est, et ailleurs.

  • Russie : Appel à la solidarité – des marxistes brutalement attaqués après une protestation environnementale

    Organisez des protestations aux ambassades russes et contre l’entreprise Vinci – envoyez des lettres de solidarité

    Après une semaine intense d’actions contre les tentatives de la compagnie française Vinci, soutenue par le gouvernement russe, de couper une partie d’une importante forêt de Moscou, un poumon vert particulièrement vital dans l’actuelle période de chaleur et de smog, un groupe de quinze fiers-à-bras, dont au moins un armé d’une batte de baseball, a attaqué trois membres du Comité pour une Internationale Ouvrière à Moscou.

    CIO, Moscou

    L’un des militants est blessé aux yeux, l’autre a été tabassé. Le troisième, Igor Yasin, un membre dirigeant du CIO, a été grièvement blessé et a le crâne brisé. Au moment d’écrire ce texte, il avait passé la nuit à l’hôpital, où les médecins n’ont pas réussis à stopper l’hémorragie et il était toujours en salle d’opération.

    Cette attaque s’est déroulée de la façon la plus lâche. Une protestation s’était déroulée avec succès au centre de Moscou contre la destruction d’une partie de la forêt. Mais les fascistes n’avaient clairement pas envie de d’attaquer un large groupe de manifestants. Deux heures après cette action, les trois camarades ont soudainement vu leur route barrée par ces brutes et, alors que Gosha et Ivan tentaient de rejoindre le métro pour s’y protéger, Igor a été vicieusement attaqué. Après cela, les fiers-à-bras s’en sont allés en criant "Russia – vpered" ("Russie, en avant").

    Des témoins ont affirmé que les agresseurs étaient habillés comme des supporters de football, tout comme ceux qui ont attaqué le camp des militants environnementaux défendant la forêt de Khimkinskii au début de la semaine. Une fois encore, les brutes d’ultra-droite ont démontré que malgré leurs discours affirmant qu’ils luttent contre le régime, ce ne sont en réalité que de pathétiques marionnettes utilisées par le régime et le Grand Capital pour tenter d’effrayer les militants politiques et sociaux. Ils n’y parviendront pas.

    La compagnie Vinci est une grande entreprise de construction française, dont le site internet est bourré de petites histoires qui présentent cette société comme une entreprise responsable, qui prend soin de la sécurité de son personnel et de l’environnement. Ces déclarations sont à mettre en parallèle avec la façon dont la police du régime de Poutine et ces brutes fascistes protègent leurs intérêts en Russie.

    Cette attaque est survenue à la fin d’une semaine d’attaques à grande échelle contre l’opposition russe. Au début de la semaine dernière, le camp des militants environnementaux de la forêt de Khininskii a été dévasté par un groupe de brutes similaire, sous le regard de la police dont le seul commentaire a été : ‘voilà ce que vous obtenez en attaquant Poutine’. 50 personnes ont par la suite été arrêtées alors qu’elles tentaient de rejoindre le camp, en solidarité. A St. Petersburg, environ 90 personnes ont été arrêtées, et une autre cinquantaine de personnes ont été arrêtées à Moscou alors qu’elles voulaient prendre part à des protestations concernant les droits démocratiques en Russie. Des arrestations individuelles ont aussi pris place contre deux jeunes antifascistes et contre le leader des militants environnementaux.

    Mais ces attaques ne seront pas suffisantes pour briser la vague de protestations attendue à l’automne lorsque les coupes budgétaires vont arriver. Au contraire, elles démontrent juste que les activistes doivent augmenter l’ampleur de leurs luttes.

    Le CIO en Russie réclame:

    • La fin des persécutions des protestataires et des antifascistes
    • La fin du recours de l’Etat et du Grand Capital à des brutes violentes contre des manifestants non-violents
    • La fin de la destruction des forêts russes causée pour satisfaire les intérêts du Grand Capital et de l’élite.
    • Une conférence ouverte des groupes environnementaux, des organisations ouvrières, et des habitants pour décider d’un plan capable de résoudre les crises de l’environnement et du transport dans les intérêts des travailleurs et de leurs familles et non du Grand Capital.
    • La fin de l’Etat policier de Poutine-Medvedev, qui doit être remplacé par un gouvernement démocratiquement élu par les travailleurs, avec un programme socialiste.

      Organisez des protestations aux ambassades russes et, là où cela est possible, contre la compagnie Vinci. Envoyez des copies de vos lettres de solidarité à Igor et autres camarades : iasineigor@gmail.com et à robert.cwi@gmail.com

  • Kirghizistan : après le soulèvement révolutionnaire d’avril, l’explosion du conflit ethnique

    En avril dernier, le soulèvement des masses avait fait tomber en 24 heures le pouvoir du président Bakiyev. Mis au pouvoir en 2005 suite à un précédent soulèvement populaire contre la politique néolibérale du précédent gouvernement, Bakiyev n’avait jamais lutté contre la pauvreté et la corruption. Au contraire, sous son « règne » de corruption et d’autoritarisme, la pauvreté n’avait fait que s’accroître, les privatisations aux profits de l’élite du Kirghizistan et des capitalistes des pays impérialistes ainsi que les mesures impopulaires s’étaient multipliées. La dernière en date : le doublement du prix de l’électricité.

    Par Yann Venier, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    Aujourd’hui, Bakiyev est remplacé par un gouvernement provisoire qui a promis la mise en place d’une politique radicale. Mais pour l’instant, la seule mesure réalisée est la réduction du prix de l’électricité, du gaz et de l’eau. Alors que le soulèvement d’avril réclamait la nationalisation des secteurs clés de l’économie, le gouvernement provisoire n’a nationalisé que deux banques aux mains du clan Bakiyev.

    Le soulèvement d’avril dernier avait donc suscité beaucoup d’espoir. Mais il aura suffit de deux mois pour que le gouvernement provisoire engendre tout autant de déception, d’autant que la crise s’approfondit de jour en jour : le blocus imposé à la fois par l’Ouzbékistan et le Kazakhstan a entraîné une diminution de 15% du BIP depuis avril. Refusant de s’attaquer frontalement aux intérêts des capitalistes au Kirghizistan, le gouvernement provisoire est incapable de répondre à la situation des travailleurs et paysans de ce pays.

    C’est dans ce contexte que se sont développés en juin les pogromes kirghiz contre les populations ouzbeks du sud du pays (dans la région d’Osh et de Jilalabad), région où les soutiens à Bakiyev sont encore forts et où les travailleurs kirghizs expulsés de Russie depuis le début de la crise économique mondiale vivent le chômage et la misère. Ce lumpenprolétariat a grossi la masse des nervis s’en prenant aux Ouzbeks. D’autant que ces derniers quant à eux, exclus durant cinq ans des quelques avantages octroyés aux régions du sud par le pouvoir ont eu tendance à soutenir le renversement de Bakiyev.

    A ce jour, officiellement, il y aurait environ170 victimes (les ONG comme la Croix-Rouge parlent de plusieurs centaines de morts), des centaines de blessés et 700.000 Ouzbeks, réfugiés en Ouzbékistan avant que ce pays ne ferment ses frontières, des milliers de commerces, voitures, maisons appartenant à des Ouzbeks incendiés… Face à cela, le gouvernement provisoire a décrété la mobilisation de tous les hommes de moins de cinquante ans et ordonné à la police et à l’armée de tirer pour tuer afin de « rétablir l’ordre ». Cependant, les témoignages sur des policiers ou des militaires participants aux pogromes sont nombreux.

    Il est clair que les forces du président déchu Bakiyev, sont à l’origine de ces pogromes afin de déstabiliser le pays et chercher ainsi à reprendre la main. Mais les bureaucrates et les hommes d’affaires du clan Bakiyev, dont les intérêts sont menacés par le renversement du pouvoir ne sont pas seuls ; les barons de la drogue – Osh est la plaque tournante du trafic de drogue d’Asie central à destination de l’Europe – se sont alliés aux soutiens de Bakiyev afin de protéger leurs intérêts qu’ils estiment menacés par le nouveau régime.

    Le gouvernement provisoire, dépassé par les évènements, a fait appel aux forces armées de Russie, qui ne manqueront pas de s’installer durablement dans la région et de protéger les intérêts des capitalistes russes et donc la stabilité capitaliste du pays, contre le peuple et par la force s’il le faut. De plus cette intervention est pas du goût ni des Chinois, qui possèdent une frontière avec le Kirghizistan, ni par les forces armées internationales qui occupent militairement l’Afghanistan.

    Le gouvernement provisoire a donc refusé de se reposer sur la classe ouvrière et paysanne du pays pour régler la situation. Pourtant des exemples de fraternisation entre Kirghizes et Ouzbeks se sont multipliés durant les pogromes : Kirghizes défendant les Ouzbeks ou défendant ensemble leurs biens contre les émeutiers, etc. Le Comité pour une Internationale ouvrière, au contraire, appelle les travailleurs, les pauvres et les paysans du Kirghizistan, qu’ils soient Kirghizes ou Ouzbeks, à construire leur propre organisation indépendante des capitalistes, avec un véritable programme révolutionnaire et socialiste, et à construire ensemble dès maintenant une force commune de défense face à tous ceux qui commettent ces pogromes où qui les fomentent.

  • Ecole d’été 2010 – Crise économique: aucune solution sur base capitaliste

    Aujourd’hui, nous ne parlons pas seulement d’une crise économique, notre environnement est également en jeu. Et si nous analysons les développements actuels, c’est pour nous préparer pour le futur, pour nous préparer à intervenir. Il est vrai qu’il est difficile de déterminer exactement la façon dont les choses peuvent se dérouler, mais il est très clair qu’un certain nombre de pays font face à l’imminence d’une explosion sociale. La crise a déjà entraîné une diminution du niveau de vie de millions de personnes et des dizaines de millions connaissent l’insécurité, la peur du lendemain.

    Vers une plus grande instabilité

    La crise économique mondiale est parfaitement illustrée par la crise que traverse l’Europe. Newsweek et Times (deux magasines américains) ont consacré tous les deux et au même moment leur première page à l’Europe. Il y était notamment dit que le grand secret de l’Europe était que son secteur bancaire était plus touché que Wall Street et que les banques européennes sont tout aussi voraces que les américaines quand il s’agit de jouer avec des actifs toxiques.

    Les commentateurs bourgeois ne peuvent plus maintenant se permettre de parler d’un éventuel progrès, ils ne parlent que d’assainissements. La perte de confiance des classes dirigeantes et de leurs partisans, un peu partout dans le monde, est un élément important qui dans un certain sens exprime le cul-de-sac dans lequel se trouve le capitalisme. Toutefois, nous savons que le système capitaliste ne disparaitra pas de lui même, cela ne pourra arriver que par l’intervention consciente de la classe des travailleurs. Mais la division au sein même des élites dirigeantes est un élément important. Les tensions augmentent (comme les tensions commerciales entre différents pays ou encore les tensions entre différents niveaux de pouvoir). Au niveau international, de façon générale, nous allons vers une période caractérisée par de plus en plus d’instabilité.

    En 1938, Trotsky a publié le ‘‘Programme de transition, L’agonie du capitalisme et les tâches de la IVe Internationale’’ dans lequel il disait notamment que la bourgeoisie ferait tout pour éviter la déroute. C’est encore tout à fait vrai aujourd’hui, et on peut d’ailleurs le voir à la façon dont la bourgeoisie se défend.

    Le pouvoir le plus puissant que le monde ait jamais connu – l’impérialisme américain – est embourbé depuis 10 ans en Afghanistan. Ce que l’impérialisme américain espère, c’est de gagner assez de traitres à ses côtés pour pouvoir aboutir à une situation de ‘calme’ comme en Irak mais, même là, il n’est pas question de victoire. Tout comme Tacite le disait de l’empire romain, c’est une paix de désolations (‘‘ils firent un désert et le nommèrent paix’’). En Irak, la guerre civile a été temporairement gagnée par les chiites. Le pays est divisé sur base communautaire, mais ces délimitations peuvent voler en éclat à tout moment. Au lieu d’un Saddam Hussein, on peut en voir émerger une dizaine.

    Quant à la catastrophe de BP, où l’actionnariat est majoritairement américain, elle constitue une parfaite illustration de l’incapacité du capitalisme à gérer l’environnement. La détérioration de la planète est inévitable dans le système capitaliste. Les problèmes ne vont faire qu’empirer, y compris en termes de guerre. Si ce système continue ses méfaits, nous connaîtrons d’autres guerres pour les ressources, comme la guerre pour le pétrole au Moyen-Orient. Déjà aujourd’hui, il y a de plus en plus de conflits autour de l’approvisionnement en eau potable. On estime actuellement à 50 millions le nombre de réfugiés sur la question de l’eau, et ils seraient issus de 27 pays. Dans ce cadre, le sommet de l’ONU au sujet des changements climatiques de Copenhague a été un échec total.

    D’une politique de stimulants à une politique d’austérité

    L’incapacité du capitalisme à faire la moindre mesure progressive peut se voir concernant la crise économique. Dans un premier temps, on a tenté de se limiter à des plans de relance mais, puisque ces programmes de sauvetage n’ont plus d’effet, dans un deuxième temps, on passe maintenant à des plans d’austérité, à des attaques contre les travailleurs. Lors du dernier G20 à Toronto, les partisans des plans de relance étaient minoritaires, l’optique générale est maintenant de passer à des plans d’austérité très durs. Après ce sommet, seul Obama était en faveur de plans de relance. S’il n’avait pas adopté cette position, il aurait eu des problèmes et se serait retrouvé en minorité, y compris au sein de son parti. Mais le fait même qu’il ait été mis en minorité à Toronto illustre que l’impérialisme américain a perdu sa capacité d’imposer sa volonté.

    A certains moments les assainissements sont très brutaux, comme en Roumanie, à d’autre c’est plus léger. Le gouvernement britannique veut par exemple réduire le déficit budgétaire de 40 à 50% dans les 5 prochaines années. Les conséquences de ce genre de politique ont été illustrées, en Irlande notamment. Il y a quelques semaines, des milliers de personnes y ont manifesté: des parents d’handicapés mentaux qui s’occupent de leur enfant déficient à la maison. Ils avaient une institution où ils pouvaient déposer leur enfant une ou deux nuits pour souffler un peu, et une des premières conséquences des coupes budgétaires était, entre autres, la suppression de cette institution. Angela Merkel a déclaré que l’Allemagne devait donner l’exemple pour le reste de l’Union Européenne avec son plan d’austérité. Ces assainissements vont très certainement empirer la situation dans les autres pays, et pas seulement en Allemagne.

    Essai après essai, les entreprises veulent augmenter leur profitabilité, avec l’aide des gouvernements. Dans les environs de Venise, une commune a été jusqu’à interdire de faire des châteaux de sable. La raison est toute simple: les amendes rapportent de l’argent. Cela indique à quel point de désespoir se retrouvent parfois confrontées les autorités. Ce n’est certes pas un élément de ce type qui va déclencher une révolution, mais il suffit parfois d’une étincelle, aussi absurde soit-elle. Le doute qui subsiste dans l’esprit de la bourgeoisie est de savoir jusqu’où elle sera capable d’attaquer les travailleurs sous l’argument "Vous êtes obligés d’accepter les coupes, sinon c’est la Grèce qui vous attend". Cette menace est même utilisée aux Etats-Unis.

    La Grèce est le maillon faible du capitalisme européen. La situation qui s’y développe est un test pour la bourgeoisie et pour la classe ouvrière, mais aussi pour le CIO: comment une de ses sections peut-elle réagir et adapter son intervention dans une telle situation. La grève du 5 mai était la plus grande depuis 25 ans, de même que la taille des manifestations. L’attaque du Parlement avait été le fait de travailleurs du service public. Il y a aussi eu des mouvements de masse dans les secteurs de l’enseignement, des hôpitaux,… En fait, tous les secteurs les plus importants, du privé ou du public, ce sont mis en action durant cette période. A Athènes, il y a eu des mobilisations contre le gouvernement chaque semaine. Nous sommes dans une phase où les commentateurs ont peur que l’expérience grecque rate son coup à cause d’une trop grande mobilisation. Les jeunes, les travailleurs et les commentateurs font le parallèle avec l’Argentine du début de ce siècle. Mais le gouvernement tient bon, parce que les directions syndicales n’ont aucune idée de la manière de réagir, aucune réelle stratégie ni alternative.

    Nos slogans sont "abolition de la dette – nationalisation du secteur financier", tout en appelant à des actions communes pour rassembler les grévistes. La lutte est actuellement en pause, mais le sentiment général est que les luttes recommenceront en septembre. Nous devons aussi renforcer la revendication de nationalisation sous le contrôle démocratique de la population du secteur financier. C’est une revendication qui avait suscité un grand enthousiasme quand Joe Higgins en avait parlé lors d’un grand meeting de la formation large de gauche grecque Syriza. Nous sommes les seuls à accorder autant d’attention à cela. Une banque publique ou des mesures visant à rester dans le cadre de la compétition entre banques sont des mesures insuffisantes.

    De sombres perspectives économiques

    Tous ces budgets d’austérité seront incapables de solutionner quoi que ce soit. Les capitalistes se réfèrent à la Suède ou au Canada au début des années ‘90, et ils caricaturent ce qui y a été réalisé. A l’époque, le capitalisme était en croissance, différence fondamentale avec aujourd’hui. Les éléments actuels de rémission du capitalisme sont avant tout circonstanciels et non structurels, on ne parle pas de croissance des moyens de productions.

    De toute façon, avant même de discuter de cette soi-disant reprise économique, de sa nature et de sa durée, il faut bien se rendre compte que, pour l’écrasante majorité des travailleurs et des jeunes, la reprise économique n’a pas ouvert de meilleures perspectives d’avenir. Cela est tout au plus considéré comme un évènement temporaire. Même dans les pays où la reprise a été plus importante, quand on regarde les chiffres, on se rend compte qu’il s’agit pour beaucoup d’un écran de fumée. Ainsi, dans les médias, on s’est moqué de la reprise économique allemande comme d’un conte de fée. Cette année sera certes un record en termes d’exportations des automobiles allemandes, mais les ventes au sein même du pays vont reculer de 30% pour cette année. La fragilité de la reprise est notamment illustrée par l’utilisation de la capacité de production de l’économie allemande, qui se situe sous les 80% alors que la moyenne était précédemment de 84%. De plus, aucune certitude n’existe quant à la durée de cette reprise économique. Nous devons regarder tous ces chiffres avec beaucoup de prudence. Par exemple, selon les chiffres, le pays qui a connu la plus forte progression de sa production industrielle est Singapour (+64% en une année), mais ce n’est que le reflet de l’ampleur de la chute connue l’année d’avant! Aucun commentateur bourgeois n’a en fait de réelle confiance dans le système. Le dernier rapport du FMI a d’ailleurs revu à la baisse ses prévisions économiques.

    Le mieux auquel s’attendre, c’est une stagnation avec un chômage de masse. Mais nous nous dirigeons vers une nouvelle récession, et très probablement vers une nouvelle crise bancaire. Les Etats réinterviendront encore avec l’argent de la collectivité (comme ils l’ont déjà fait), mais une nouvelle crise bancaire combinée à une récession aurait un grand effet. Le résultat serait une nouvelle dégradation importante du niveau de vie des masses, mais l’impact politique serait également énorme. Ce serait une défaite gigantesque pour la classe capitaliste et cela provoquerait une remise en question encore plus grande du système capitaliste, avec la recherche d’une alternative.

    La dette publique a remplacé la crise des dettes financières. Mais quelle classe sociale est responsable de cette dette publique? D’un pays à l’autre, les conditions sont différentes, mais c’est généralement une conséquence du renflouement des banques. C’est encore une conséquence du fait que l’Etat a dû garantir la faillite financière et immobilière. Nous devons expliquer que la crise n’est pas provoquée par les pensionnés grecs ou par les travailleurs des services publics. Il y a 3 ans, en 2007, tous les Etats avaient un déficit d’à peine plus de 1%. Depuis lors, la moyenne est montée de 1.7% à plus de 8%, malgré l’absence d’augmentation des pensions par exemple.

    Les plans d’austérité vont encore aggraver les conséquences de la crise. Les keynésiens classiques ont raison de dire que le problème fondamental, c’est la demande insuffisante. Le prix Nobel d’économie Paul Krugman a raison d’affirmer que les capitalistes sont repartis vers la politique de Hoover en 1929: liquider les acquis des travailleurs. Il a aussi raison quand il indique que les politiques actuelles vont poser les bases d’une seconde crise, beaucoup plus profonde.

    En cas d’augmentation des dépenses publiques: qui va payer ? Si on fait payer les bourgeois, ils vont se retirer et arrêter d’investir. L’idée générale est de s’en prendre aux travailleurs et à leurs familles, mais il faut s’attendre à ce qu’un tsunami de résistance accompagne le tsunami d’austérité. De plus, malgré toutes les coupes, les déficits des budgets des Etats seront encore plus profonds à la fin de l’année qu’au début et les milliards retirés de l’économie par les plans d’austérité vont peser sur elle. La Chine est le seul pays à avoir connu une bonne reprise sur base des investissements d’Etat, mais cette reprise se place dans le contexte d’une grosse surchauffe de l’économie.

    Remontée de la lutte des classes

    Quant aux travailleurs, l’impact de la crise les frappe de plein fouet. Ceux qui retrouvent un emploi après l’avoir perdu connaissent des conditions de travail bien pires. En Grèce, la possibilité d’un effondrement complet des conditions de travail n’est pas à exclure. En Espagne, 90% des emplois disparus concernaient les couches de travailleurs précaires, mais une bonne partie de la population connait ces conditions. Tous les regards se portent vers le sud de l’Europe, et l’atmosphère combative qui y existe est inspirante. En Angleterre, certains Tories (les conservateurs) ont même été jusqu’à dire qu’ils allaient faire des manifestations contre leur propre gouvernement suite à l’annonce d’attaques contre les budgets des écoles! Tout a été utilisé pour décrédibiliser le mouvement qui se développe en Grèce. Mais toute cette propagande capitaliste a ses limites. Jusqu’ici, les capitalistes se basaient beaucoup sur l’idée que les richesses se répartiraient, que ‘‘demain sera meilleur’’. Cette idée est en train d’être réduite en morceaux.

    Aujourd’hui, les protestations se généralisent. Grèce, Portugal, Espagne, France,… les luttes se développent, mais les directions syndicales jouent un rôle de frein. Lors d’une grande manifestation à Bologne, en Italie, le dirigeant syndical local a notamment dit "personne ne remet en cause qu’il doit y avoir des coupes budgétaires, mais il faut les faire autrement". Avec des dirigeants pareils, on n’est pas encore sortis de l’auberge. Quand Rosa Luxembourg décrivait le rôle des dirigeants sociaux-démocrates durant la première guerre mondiale, elle était particulièrement virulente. Mais que dirait-elle aujourd’hui? L’attitude des dirigeants syndicaux actuels est de compliquer la situation. En Belgique, cela a laissé une certaine ouverture pour approfondir la crise communautaire et aux USA cela s’exprime avec le Tea Party. En Hongrie et en Grèce, l’extrême-droite se renforce. Des questions comme l’immigration commencent à devenir des questions clés, auxquelles nous devons apporter une attention toute particulière.

    Le mouvement de résistance ne se développe pas partout de la même manière. En Grande-Bretagne par exemple, les mesures mises en avant par le gouvernement actuel sont les plus dures depuis 1922, ce qui avait jeté les bases pour la grande grève générale de 1926. Nous en sommes encore loin aujourd’hui. Le niveau de conscience des masses a fortement chuté depuis la chute du mur. Avant, une grève générale posait très rapidement la question du pouvoir et de la confrontation avec l’Etat capitaliste. D’une certaine manière, toutes les grèves générales font cela. Mais l’absence actuelle d’un facteur subjectif de masse, même sous la forme d’un parti réformiste très confus, complique les choses.

    Le capitalisme est incapable de résoudre les problèmes qu’il engendre. Il connaît sa plus grande crise, mais la conscience des masses n’est pas à la hauteur de la situation. Cela ne signifie toutefois pas dire qu’on ne peut pas vaincre la bourgeoisie, comme en France, en 1995, quand le premier ministre Alain Juppé avait connu une défaite avec son ‘‘plan Juppé’’.

    Nouveaux partis des travailleurs, ouverture pour les idées socialistes

    Un des points cruciaux pour reconstruire la conscience des masses est la création et le développement de nouvelles formations politiques larges capables d’orienter des couches larges de la population dans les luttes afin qu’elles puissent apprendre de leur expérience pratique de lutte. Mais il existe le danger de l’électoralisme. Le point le plus important est de maintenir une orientation claire vers les entreprises et le monde du travail. Ces nouvelles forces peuvent se développer très vite, mais également s’effondrer très vite, comme l’illustre l’exemple de Rifondazione Comunista en Italie. Cette formation avait un grand potentiel, qui a beaucoup souffert de sa participation au gouvernement capitaliste de Prodi ainsi qu’à des coalitions locales. Aujourd’hui, l’état général de l’opposition est tel qu’il n’est pas impossible que Berlusconi remporte d’autres victoires malgré les scandales, les conséquences de la crise économique, les attaques contre les travailleurs,…

    L’espace laissé vacant par le mouvement ouvrier se rempli d’autre chose, et nous avons eu différents exemples dans plusieurs pays. Nous pouvons comprendre ces développements au vu de la pourriture des anciens dirigeants politiques. En Italie, il y a le Mouvement Violet. Vu la chute du PRC, il est quasiment inévitable de voir même des couches syndicales développer un état d’esprit antiparti et antipolitique. On peut également voir se développer des tendances au terrorisme, comme en Grèce où l’on assiste à des attentats contre des commissariats ou des banques. L’absence de formulation d’une riposte face à la crise par les directions syndicales est à dénoncer dans ces actes. Les camarades grecs ont ainsi parlé de dirigeants syndicaux qui appelaient à faire grève, mais qui étaient incapable de participer aux actions car les travailleurs les attaquaient dès qu’ils les voyaient pour leur mollesse.

    Pour l’instant, ce sont surtout les organisations d’extrême droite ou populistes de droite qui connaissent une petite poussée. Même si des organisations de gauches de masses existaient, avec le racisme latent dans la société, ces organisations auraient de toute façon connu une poussée dans un premier temps. La question nationale refait également son apparition (Ecosse, Belgique, Pays Basque,…)

    Les choses ne se développent pas qu’en Europe. Au Moyen-Orient, face à la corruption des régimes en place, de plus en plus de travailleurs sont ouverts à nos idées. En Russie, une opposition se développe contre Poutine. Au Kazakhstan également, avec une petite organisation, nous avons pu lancer une organisation ouvrière de masse, Kazakhstan 2012. En Chine, de gigantesques usines existent, avec des conditions de travail véritablement horribles. Des filets ont par exemple été fixés sous les fenêtres d’une usine Foxconn où 12 travailleurs se sont suicidés cette année. L’Etat est bien conscient du problème et essaye de créer de nouveaux syndicats "patronaux", pour tenter d’étouffer la contestation. Mais les grèves continuent de se développer.

    Dans toute une série de pays, de grands mouvements ont déjà pris place. Plusieurs syndicats ont déjà appelé à une grève générale en septembre. Dans d’autres pays, on parle surtout de manifestation ou de journée d’action (de la part des directions syndicales), d’où l’importance de la manifestation du 29 septembre à l’appel de la Confédération Européenne des Syndicats. Il est important de voir comment nous allons intervenir dans ces évènements et comment cadrer cela dans les évènements qui forment la conscience et la combativité de la classe ouvrière. Nous ne devons pas seulement intervenir pour construire le mouvement mais aussi pour voir quel élément mettre en avant et pourquoi. Il est important de comprendre que les attaques antisociales peuvent provoquer différents types de réactions à différents moments.

    Cette crise économique et sociale a aussi son impact politique avec la chute du soutien des partis au pouvoir en Allemagne, en France, en Italie ou même au Japon. La semaine dernière, des élections se sont déroulées pour le parlement japonais. Le premier ministre, élu depuis juillet seulement, a reçu une raclée électorale de grande ampleur, parce qu’il a commencé à parler d’assainissements et du doublement d’une taxe. Quant aux conservateurs britanniques, ils avaient banni le terme "austérité" de leur vocabulaire pendant la campagne, mais ce n’était qu’une opération de communication. Dans différents pays, il y a de grands changements d’état d’esprit très rapide, et une des conséquences de ce processus est que cela mine le soutien des gouvernements en place. Du point de vue des mouvements futurs, l’intervention des camarades de Chypre était intéressante, avec un gouvernement de centre-gauche qui essaye de prendre des mesures également contre les riches, mais qui est de suite bloqué au Parlement. Ce qui est encore possible, ce sont des gouvernements élus sur base de populisme,… mais qui peuvent provoquer des mouvements sociaux importants. C’est entre autres le cas de la Grèce, où le gouvernement est en place depuis 9 mois seulement, élu sur base du moindre mal et de la promesse de ne pas appliquer l’austérité, et a suscité des mouvements sociaux de grande ampleur.

    Ce que le capitalisme nous propose, c’est un monde où chacun est en lutte contre chacun. Notre tâche est de préparer la classe ouvrière pour prendre le pouvoir et s’émanciper. En ce sens, la moindre erreur théorique se paye très cher dans la pratique. Mais nous avons réussi à démontrer ce que nous sommes capables de faire. Dans une telle période, un petit groupe avec des idées claires et qui est enraciné dans les masses peut avoir un impact énorme. A la fin des années ’80, dans des circonstances spécifiques, nous avons pu diriger un mouvement de masse contre la Poll Tax en Angleterre, un mouvement qui a rassemblé 18 millions de personnes, et nous étions à l’époque quelques milliers dans le pays. Cette école d’été a pour vocation de nous préparer à cela. A travers son expérience de lutte, la classe ouvrière va arriver à la conclusion que la seule façon de sortir de ce système, c’est la voie vers le socialisme.

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