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Les crimes de guerre du gouvernement srilankais et le tardif rapport des Nations-Unies
Le rapport du groupe d’experts des Nations-Unies publié ce 25 avril après un délai considérable confirme l’analyse de Tamil Solidarity et d’autres organisations au sujet du massacre des Tamouls au Sri Lanka ces deux dernières années. Ce groupe d’experts avait été établi par le secrétaire général des Natons-Unies Ban Ki-Moon en juin 2010 afin de connaitre la situation au Sri Lanka.
Écrit par TU Senan, pour Tamil Solidarity
Le rapport confirme nos estimations selon lesquelles plus de 40 000 personnes ont été massacrées par l’armée srilankaise lors de la phase finale de la guerre qui s’est terminée en mai 2009. L’armée a constamment bombardé les hôpitaux, les écoles, les abris temporaires et les soi-disant “zones de cessez-le-feu”. L’ensemble des 400 000 réfugiés ont été ensuite déportés en masse vers des “camps de détention” sans aucune infrastructure. Toutes sortes de décès et abus scandaleux ont eu lieu au cours du transport et dans les camps. De nombreuses campagnes, y compris Tamil Solidarity et les médias tamouls, diffusent constamment de nouveaux rapports de ces horreurs.
Toutefois, il ne faut pas avoir la moindre illusion dans le fait que ce rapport de l’ONU n’apporte le moindre changement dans les conditions des victimes au Sri Lanka. Le lendemain de sa publication, le journal britannique The Guardian rapportait que le secrétaire général de l’ONU «ne désire lancer une enquête internationale que si le gouvernement srilankais est d’accord, ou si un “forum international” tel que le Conseil de sécurité des Nations-Unies appelle à une telle enquête». Il est évident pour de nombreuses personnes que le gouvernement srilankais ne permettra pas la moindre enquête internationale. En fait, la publication de ce rapport tardif a elle-même été retardée par les protestations du gouvernement srilankais. Le ministre srilankais des Affaires extérieures, GL Peiris, a qualifié ce rapport d’“absurde” et “sans fondement”.
Le président du Sri Lanka, Mahinda Rajapaksa, a appelé à une “démonstration de force” pour le Premier Mai, la journée internationale des travailleurs, pour «manifester contre l’injustice faite à notre pays» par ce rapport de l’ONU ! «Le Premier Mai ne devrait pas être confiné à exprimer la solidarité des travailleurs», disait Rajapaksa. Alors que le régime tente de récupérer à son compte la Fête du Travail pour ses propres intérêts chauvinistes, il accuse l’ONU d’être «récupérée par certains pays» ! Le gouvernement a aussi appelé tous les partis politiques du pays à exprimer leur opposition à ce rapport. Il cherche à détourner les critiques contre le gouvernement vers les “ennemis à l’étranger”.
En réponse à l’appel de Rajapaksa, le parti pseudo-marxiste qu’est le JVP (Janatha vimukthi peramuna – Front de libération populaire, un parti communautaire chauviniste pro-cingalais qui se prétend à tort “marxiste”) a attaqué les Nations-Unies pour leur ingérence dans les affaires internes du pays ! La véritable raison de l’opposition de ce parti au rapport de l’ONU provient du fait qu’il a soutenu le gouvernement pendant la guerre. Il a suivi le gouvernement dans chacun de ses pas tout au long de la guerre. Et il a été très rapide à appeler à ce que l’ex-général Sareth Fonseka, qui a dirigé la guerre, soit promu au rang de héros national.
Le JVP tente parfois de donner une image “mixte”. Il donne l’impression de se battre contre les attaques sur les droits démocratiques, de se battre pour les droits des réfugiés tamouls et pour la liberté des médias. Il fait cela uniquement pour conserver un certain soutien parmi les étudiants et certains travailleurs, qu’il mobilise sur base de revendications économiques et sociales “radicales”. Mais en mélangeant ces revendications avec le nationalisme cingalais bouddhiste, il pousse ces couches encore un peu plus vers le régime Rajapaksa. Cette méthode erronnée a été démontrée de manière très claire par l’ampleur de leurs pertes électorales. Un appel doit être fait envers tous ces étudiants et travailleurs qui cherchent une direction, afin qu’ils rompent avec le JVP et qu’ils rejoignent une véritable riposte.
Mais le JVP n’est pas le seul parti politique qui nie les affirmations des Nations-Unies. Certains membres du parti d’opposition capitaliste, l’UNP (Parti national uni), tels que P.E. Jayasuriya, déclarent encore que «Pas un civil tamoul innocent n’a été tué par l’armée durant la guerre, grâce à la bonne gestion du président Rajapaksa».
L’ironie étant (si on peut parler d’ironie dans le contexte du Sri Lanka) que Jayasuriya est également un membre de l’association internationale des droits de l’Homme ! Le vice-président de l’UNP, Karu Jayasuriya, a aussi proclamé que le parti se rangera du côté des forces de sécurité, apportant encore plus de soutien au gouvernement quant à cette question.
Le parti des moines bouddhistes fondamentalistes et racistes du JHU (Jathika hela urumaya – Parti du patrimoine national) fait “tout ce qu’il peut” pour soutenir le gouvernement. « Si Ban Ki-Moon et les Nations-Unies veulent mettre le président Rajapaksa sur la chaise électrique, il faudra alors qu’ils y mettent chacun de nous, les religieux en premier», disait le Vénérable Galagama Dhammaransi Thero, ajoutant que «Nous protégerons et bénirons toujours ce dirigeant courageux».
Pendant ce temps, la Commission de réconciliation et des leçons apprises (LLRC) mise en place par le gouvernement a déclaré qu’elle ne commentera pas ce rapport ni ne prendra la moindre action le concernant. La LLRC est une fausse commission mise en place par le président, et elle agit conformément à ses attentes.
Malgré la rhétorique anti-impérialiste utilisée par le gouvernement pour mobiliser le nationalisme cingalais, l’impérialisme occidental tout comme le régime srilankais sont bien conscients du caractère très limité des actions qui pourraient être entreprises à l’encontre du Sri Lanka.
L’hypocrisie des Nations-Unies
Malgré l’aveu du rapport lui-même selon lequel «au cours des dernières étapes de la guerre, les organes politiques des Nations-Unies ne sont pas parvenus à entreprendre la moindre action afin de prévenir la mort de civils», aucune “excuse” n’a été jusqu’ici faite par cette institution. À la place, l’ONU n’offre que l’inaction, encore et encore.
De nombreux appels à l’action ont été émis durant la guerre début 2009, afin d’arrêter la guerre et d’empêcher le massacre en masse de la population tamoulophone. Samedi 31 janvier 2009, 100 000 personnes ont défilé à Londres en opposition à cette boucherie. Des centaines de milliers de Tamouls et d’autres sont descendus dans les rues partout dans le monde. Après la guerre, ces mouvements ont continué à émettre des revendications en faveur de véritables mesures humanitaires. Dans le silence et l’inaction de l’ONU et des autres gouvernements, une horreur et un massacre sans nom ont eu lieu. Et les abus et tueries se poursuivent aujourd’hui même. Ceci ne sera pas oublié.
Avec ce rapport, les Nations-Unies tentent maintenant de se racheter quelque peu. Mais le fait reste que l’ONU n’a fait absolument aucune tentative pour empêcher la tuerie. Qui plus est, elle ne s’est même pas excusée pour avoir passé une résolution, à dix jours du début du massacre, qui consacrait l’innocence du gouvernement sri lankais. Cette résolution promulguée par le conseil des droits de l’Homme de l’ONU le 27 mai 2009 applaudissait la «conclusion des hostilités et la libération par leur gouvernement de dizaines de milliers de citoyens srilankais qui étaient tenus en ôtages contre leur volonté par les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), de même que les efforts effectués par le gouvernement afin d’assurer la sécurité de tous les Sri Lankais et d’apporter une paix permanente aux pays».
Cette résolution du 27 mai 2009 ne contient pas la moindre critique du gouvernement srilankais. Celle-ci va même encore plus loin politiquement : «Nous réaffirmons le respect pour la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance du Sri Lanka et pour son droit souverain à protéger ses citoyens et combattre le terrorisme».
En fait, la seule condamnation du rapport a été faite à l’encontre des LTTE pour avoir lancé «des attaques contre la population civile» et «utilisé des civils en tant que boucliers humains». Le récent rapport d’experts n’a pas dénoncé ni d’ailleurs fait la moindre référence à cette résolution. Il ne fait que demander au conseil des droits de l’Homme de “reconsidérer leur position” ! L’hypocrisie des Nations-Unies, comme l’a fait remarquer le professeur Noam Chomsky, «a été si profonde qu’elle en était étouffante».
On serait en droit d’espérer que ce rapport pourrait être considéré par tous les gouvernements et organes gouvernementaux comme une base minimale avant d’entamer toute relation avec le gouvernement srilankais, ou qu’il puisse servir de base à une enquête internationale quant aux crimes de guerre. Toutefois, nous ne constaterons sans doute aucune action de ce type.
Bien que l’ONU donne l’illusion d’agir en tant qu’organisation indépendante, il serait naïf d’imaginer que l’ONU entreprenne la moindre action qui aille à l’encontre des intérêts de ses constituants majeurs : les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Inde, la Chine et la Russie. Cet organe n’est pas indépendant d’aucune manière que ce soit. Il n’a pas non plus la moindre crédibilité dans le fait d’empêcher des massacres de se dérouler dans d’autres régions du monde. Les Nations-Unies n’ont pas empêché le massacre au Congo par exemple. Au Rwanda, les puissances mondiales ont observé sans broncher le génocide d’un million de gens en quelques mois.
Les Nations-Unis se placent systématiquement du côté des impérialistes. Lorsqu’elles ne le font pas, leurs actions sont bloquées par les grandes puissances qui peuvent exercer un pouvoir de véto sur leurs activités. Les masses opprimées n’ont aucune voix qui représentent leurs intérêts lors des prises de décision par l’ONU.
Le Conseil de sécurité de l’ONU est composé de pays tels que la Russie, la Chine et l’Inde, qui ont non seulement financé l’armée gouvernementale sri lankaise, mais continuent à la protéger. Après que le rapport ait été publié, le secrétaire d’État à la défense Gotabayah Rajapaksa a annoncé que le Sri Lanka «devra chercher la protection de la Russie et la Chine».
Les actions de ces gouvernements sont une extension de la manière dont ils traitent leur propre population. Ils n’accordent absolument aucun intérêt aux droits de l’Homme. Le rôle brutal de l’Inde au Cachemire et dans d’autre partis du pays est bien connu. Aucun gouvernement indien n’a jamais prêté la moindre attention à la décision des Nations-Unies d’organiser un référendum au Cachemire quant à son indépendance. Il existe beaucoup de documentation quant au massacre d’ethnies entières et de militants en leur faveur par le gouvernement indien au nom de la fameuse “opération green hunt” (récente campagne anti-terroriste lancée par l’État indien contre les milices naxalites organisées notamment par le Parti communiste d’Inde (maoïste) dans le “couloir rouge” formé par dix provinces – constituant ensemble 40% de la superficie de l’Inde – de l’est du pays –– NDT).
D’une même manière, le rôle du gouvernement russe en Tchétchénie et les maltraitances infligées par le gouvernement chinois à la population tibétaine et dans le reste de leurs pays sont tristement célèbres dans le monde entier. Ces États, qui méprisent les droits des masses de leur propre pays, n’ont pas le moindre scrupule à collaborer avec d’autres gouvernements qui commettent des crimes de guerre, tel que le régime Rajapaksa.
Les Nations-Unies et les intérêts impérialistes
Le gouvernement srilankais dépend de plus en plus du soutien de la Chine, de l’Inde, et des “États voyoux” tels que l’Arabie saoudite. Cet état de fait entre en conflit avec les intérêts de l’impérialisme occidental en Asie du sud. L’impérialisme occidental pourrait utiliser le rapport des Nations-Unies en tant que levier pour réétablir son influence dans la région.
Cependant, il y a une limite que l’Occident n’est pas prête à dépasser. Nous ne devrions pas sur-estimer le fait que ceci le mènera à défendre les intérêts des masses opprimées, ni à exiger le droit à l’auto-détermination ou toute autre solution politique.
Parmi la gauche traditionnelle en Inde, certains affirment que les rivalités inter-impérialistes peuvent être utilisées pour faire progresser les intérêts des opprimés. Cependant, sans une forte organisation indépendante des masses laborieuses et pauvres, une telle stratégie risque de faire tomber ceux qui désirent riposter dans le piège des impérialistes.
Nous avons vu comment les impérialistes se “liguent” bien souvent contre les intérêts des masses opprimées, malgré leurs différences. Les États indien et pakistanais, par exemple, ont mené ensemble campagne contre toute critique pouvant menacer le gouvernement srilankais. Bien que le Sri Lanka ne possède pas l’énorme manne pétrolière de la Libye – une des principales raisons derrière l’intervention de l’impérialisme occidental dans ce pays – sa position stratégique, y compris sa valeur aux yeux des ambitions régionales chinoises, le rend important pour les puissances occidentales. Les mesures mises en œuvre par les impérialistes au Moyen-Orient après que la vague révolutionnaire ait commencé à s’y répandre constituent à cet égard une bonne leçon.
La soi-disant “intervention humanitaire” en Libye n’est qu’une tentative de briser la vague révolutionnaire au Moyen-Orient, avec l’intention de regagner le contrôle sur les ressources naturelles. Kadhafi est pour eux un partenaire peu fiable, au contraire des régimes du Bahreïn et d’Arabie saoudite. Aucune action n’a été entreprise à l’encontre de ces régimes, malgré le fait que ces États ont utilisé la même violence meurtrière contre les manifestants pro-démocratie.
Le secrétaire aux affaires étrangères britannique, William Hague, en défendant sa visite en Syrie malgré les tueries qui y sont organisées contre les masses révoltées, a insisté sur le fait que son gouvernement est sur le point de conclure un “deal” avec le gouvernement syrien et le président Bashar al-Assad. Assad est considéré comme un “réformateur” potentiel. Ceci est en complète contradiction avec les intérêts des masses syriennes, qui exigent le renversement du régime Assad.
En outre, le rôle des puissances occidentales en Libye a été encore plus discrédité par leur rôle dans le massacre de millions de simples citoyens en Irak. Le rôle contradictoire des soi-disant “préoccupations humanitaires” dans la région démasque clairement les intérêts impérialistes des gouvernements occidentaux.
L’idée selon laquelle les masses opprimées devraient d’une manière ou d’une autre accorder leur soutien à l’intervention de l’impérialisme occidental en Libye – censé empêcher le “massacre potentiel” – est absolument erronnée. Le régime égyptien, qui a lui aussi voté le soutien à la résolution de mai 2009 sur le Sri Lanka, a été balayé par le mouvement de masse historique du peuple égyptien. C’est un mouvement comme cela, avec une telle confiance en soi, qui pourrait mettre un terme définitif à des régimes tels que celui de Kadhafi.
L’intervention impérialiste est une autre raison pour laquelle la révolution, qui est partie de Tunisie pour se propager à l’Égypte puis à Benghazi, n’a jusqu’ici pas eu le même impact à Tripoli. Kadhafi a été capable de mobiliser un certain soutien, non pas basé sur la loyauté tribale, mais aussi sur l’antagonisme anti-impérialiste des masses. La seule chose qui peut prévenir le massacre et sauver la révolution est l’action des masses unies à Tripoli, une fois qu’elles auront assez de confiance pour se dresser contre Kadhafi. La soi-disant intervention humanitaire de l’impérialisme est tout sauf ça. Qui plus est, elle a déjà causé énormément de morts.
Le régime du Sri Lanka tente de même de se baser sur l’antagonisme anti-impérialiste qui vit parmi les masses. L’ex ambassadeur sri lankais aux Nations-Unies, Dayan Jayatilleka, a attaqué les puissances impérialistes occidentales lors de la onzième session spéciale à l’UNHCR en mai 2009, afin de s’attirer un soi-disant soutien “anti-impérialiste” : «Ces gens sont les mêmes qui ont certifié que l’Irak détenait des armes de destruction massive. Je ne leur ferais pas confiance pour acheter une voiture d’occasion, encore moins en ce qui concernerait de prétendus “crimes de guerre” !» Même ce fidèle laquais a été viré par le président un peu plus tard sous le prétexte d’avoir défendu la “régionalisation” dans un journal local. Le secrétaire à la défense Gotabhaya Rajapaksa a été encore plus loin dans son “analyse”, annonçant : «Ils sont jaloux, parce qu’eux n’ont pas été capables de vaincre le terrorisme comme nous l’avons fait». Un autre loyal serviteur du régime sri lankais, et prétendu expert mondial en terrorisme, le Professeur Rohan Gunaratna, fait remarquer que : «En Irak et en Afghanistan, où plus d’un million de civils ont été tués, il n’y a pas de comité d’experts qui conseillet au secrétaire général de l’ONU de mener une enquête sur les crimes de guerre».
Le régime utilise l’hypocrisie des Nations-Unies et de l’impérialisme à son avantage, tout comme le régime Kadhafi en Libye. Nous aussi, nous nous opposons fermement aux non-respect des droits de l’Homme et à leur exploitation par les puissances occidentales, mais nous devons aussi étaler au grand jour l’hypocrisie qui se trouve derrière la pseudo-rhétorique “anti-impérialiste” du régime srilankais.
Malgré sa rhétorique, le régime sri lankais est toujours aussi coopératif vis à vis des puissances impérialistes tant régionales qu’occidentales. Le débat autour des “droits de l’Homme” est en partie dû à la concurrence entre les puissances régionales, comme la Chine et l’Inde, et les puissances occidentales qui cherchent à établir des conditions favorables afin d’obtenir un avantage sur le plan économique. Le FMI et la Banque mondiale ont donné leur plein accord concernant les prêts au gouvernement srilankais, et ont érigé le Sri Lanka au rang de “paradis pour les investisseurs”. Le gouvernement srilankais mène en ce moment une politique brutale de privatisations, attaques sur les pensions et soi-disant réformes fiscales, telle que dictée par le FMI. La pseudo rhétorique anti-impérialiste du régime Rajapaksa et son exaltation du nationalisme cingalais ont également pour but de détourner l’attention des masses laborieuses et pauvres des attaques brutales menées par Rajapaksa sur leurs conditions de vie et sur les services.
En outre, nous ne verrons pas l’annualtion des prêts du FMI ou de la Banque mondiale sur base d’un scandale de “crimes de guerre”. Même après la fuite du rapport du comité d’experts de l’ONU dans les médias, les congressistes américains ont continués à voter en faveur d’un “renforcement des liens entre le Sri Lanka et les États-Unis”. Le nouveau vice-président de la commission Sri Lanka du Congrès américain, Chris Van Hollen, qui est aussi un Démocrate, et qui défend les coupes budgétaires d’Obama, appelle l’ensemble de ses collègues à soutenir cet appel. En d’autres termes, l’impact de ce rapport pour le sauvetage des masses opprimées sera en réalité extrêmement minimal.
Le secrétaire assistant américain Robert Blake, qui a visité le Sri Lanka après que le rapport de l’ONU ait été publié, a donné son soutien indéfectible au gouvernement. Il a félicité le “progrès positif” et a affirmé que la LLRC (Commission pour la réconciliation et les leçons apprises, qui est fort critiquée dans le rapport de l’ONU) joue un “rôle important”. Dans une déclaration publiée le 4 mai, M. Blake dit que «Lors de mes rencontres officielles aujourd’hui, j’ai assuré au gouvernement sri lankais du fait que les États-Unis s’engagent à un partenariat fort et à long terme avec le Sri Lanka, et que des rumeurs concernant notre soutien à un “changement de régime” n’ont pas le moindre fondement. J’ai exprimé notre soutien pour les efforts du gouvernement visant à relever le pays après cette guerre civile dévastatrice, et ai encouragé de nouveaux pas en direction de la réconciliation et d’un Sri Lanka paisible, démocratique et uni». Il y a une très brève mention du rapport des Nations-Unies, dans laquelle il affirme que ce rapport souligne l’importance d’une “solution politique capable de forger un Sri Lanka uni”, et l’importance du “dialogue avec les Nations-Unies” de la part du Sri Lanka ! Voilà bien le genre de comportement hypocrite auquel nous devons nous attendre de la part des puissances impérialistes !
L’attaque sur la diaspora, et l’absence de solution politique
Parmi les cinq raisons citées par le rapport de l’ONU en tant qu’“obstacles à la reconnaissance”, on retrouve le “rôle de la diaspora tamoule” : «Certains ont refusé d’admettre le rôle des LTTE dans le désastre humanitaire dans le Vanni (la région du Nord du Sri Lanka), ce qui crée un obstacle supplémentaire sur le chemin de la reconnaissance et de la paix durable».
Il ne fait aucun doute que les Tamouls de la diaspora ont été les plus virulents à crier contre le massacre qui a lieu au Sri Lanka, tandis que les gouvernements de tous les autres pays ont préféré gardé le silence.
Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues pour y clamer leur dégout. L’inaction de la part des organes gouvernementaux occidentaux et internationaux a radicalisé un grand nombre de gens, surtout parmi les jeunes.
Il n’est pas exagéré de dire que les jeunes Tamouls de la diaspora sont plus politisés aujourd’hui que pendant les trente années qu’a duré la guerre civile. De nouvelles vagues de jeunes se sont impliquées dans des activités politiques. Cette politicisation a eu pour conséquence la création de toute une série d’organisations de jeunes.
Tamil Solidarity désire rassembler le plus grand nombre possible de ces jeunes afin de mener une riposte de principe contre le régime chauviniste sri lankais, et appelle à une lutte unie avec l’ensemble des masses opprimées.
Cette politicisation n’est certainement pas un résultat favorable ni pour l’impérialisme occidental, ni pour le régime srilankais. Ces gens préfèrent les “diplomates” qui restent contrôlables, ceux qui vont faire en sorte que la société reste passive dans leurs intérêts, non pas la jeunesse qui se rebelle de colère contre l’injustice. Pendant la guerre, les ministres et députés du gouvernement Labour au Royaume-Uni ont fait toutes sortes de promesses dans une tentative de racheter la jeunesse révoltée pour pouvoir la contrôler. Ils n’ont tenu aucune de leurs promesses.
Les establishments sentent un “danger” dans la direction que pourrait prendre ce mouvement des jeunes de la diaspora. Les jeunes tirent la conclusion assez correcte du fait que l’attaque sur les Tamouls opprimés fait partie d’une lutte contre l’ensemle des masses opprimées. De plus en plus de jeunes participent de manière active à la politique locale de leurs pays respectifs contre les injustices, contre le racisme, contre les attaques sur les minorités, contre le chômage des jeunes, et contre les attaques sur les services publics.
En outre, il y a aussi une insistance naissante pour plus de démocratie, la nécessité de travailler avec les syndicats, les organisations de gauche et d’autres mouvements qui mènent campagne pour les droits et contre l’oppression.
L’establishment veut saper ce processus. Il souhaite pacifier et faire dérailler cette colère, car il comprend que cette rage est de plus en plus dirigée contre lui. Et il veut pousser ces jeunes vers la droite du spectre politique.
Le fait d’accuser la diaspora de garder le silence sur les crimes supposés des LTTE est, à ce stade, une des manières par lesquelles ils veulent atteindre leurs buts. Ils cherchent à propager un total rejet des idées des LTTE par la diaspora, et s’attendent à sa coopération dans le cadre du “développement et de la réconciliation” pour un Sri Lanka uni.
De solides groupes militants tels que Tamil Solidarity, tout en s’opposant fermement au régime srilankais, ont toujours remis en cause les méthodes utilisées par les LTTE. Nous avons attentivement expliqué les raisons pour lesquelles les LTTE ont été vaincus. Un des principaux échecs des Tigres a été leur absence d’un appel à l’ensemble des masses en lutte dans le sud du Sri Lanka, dans le Tamil Nadu (la province tamoule du sud de l’Inde, qui compte 70 millions d’habitants, y compris plusieurs grandes villes telles que Chennai (anc. Madras) – à titre de comparaison, le Sri Lanka compte 20 millions d’habitants, dont 2 millions de Tamouls –– NDT) et dans le monde.
Nous avons aussi critiqué les LTTE en ce qui concerne les tueries internes, les attaques contre la population musulmane (il y a 1 million de musulmans au Sri Lanka –– NDT) , et l’exécution de civils au cours de la dernière phase de la guerre. La majorité de la couche active de la diaspora ne nie pas ces faits non plus.
Cette analyse est importante, pas seulement pour critiquer les LTTE, mais pour pouvoir avancer dans la lutte. Cela représente une étape cruciale dans la définition d’une stratégie pour la prochaine étape de la lutte. C’est là une chose complètement différente de l’agenda des Nations-Unies qui se cache derrière son attaque sur les LTTE.
L’idée que la diaspora désire d’une certaine manière promouvoir le terrorisme est entièrement fausse. Toutefois, confrontés à l’immense violence contre la population tamoulophone du Sri Lanka, la première réponse de la jeunesse tamoule ne sera pas dirigée contre la direction des LTTE, dont tous les membres ont été assassinés par le gouvernement du pays. Au lieu de ça, ils vont certainement concentrer leur colère sur le gouvernement criminel du Sri Lanka et sur l’establishment occidental qui garde toujours le silence.
Dire à la diaspora que son premier rôle est de dénoncer les LTTE, revient à paver la voie pour la coopération des Tamouls avec l’État srilankais. Une telle collaboration pourrait ne pas se faire avec le gouvernement actuel qui est directement responsable du génocide, mais pourrait être organisée avec de futurs gouvernements srilankais avec lesquels l’Occident espérera pouvoir faire de bonnes affaires. En même temps, il est important pour les Tamouls de la diaspora de se distancier des erreurs faites par les LTTE, afin de ne laisser aucun espace à des organes droitiers tels que les Nations-Unies pour attaquer les campagnes de la diaspora.
Il suffit d’une simple compréhension du rôle de l’impérialisme et de la manière de lui résister. Construire une organisation sérieuse et indépendante, qui se batte sans aucun compromis pour les droits de masses opprimées, est la clé pour mener la lutte plus en avant. Ceci devrait se faire sur base non seulement d’une opposition au gouvernement Rajapaksa et à ses laquais, mais aussi sur base d’une opposition à toute forme d’oppression. Une fine compréhension des diverses forces de classe en action dans la société est requise afin de bâtir un mouvement capable d’amener un changement fondamental.
Ce mouvement peut être construit en regroupant les militants progressistes, les syndicalistes et les socialistes. Mais ce ne sera pas une tâche facile, car de sérieux obstacles doivent être surmontés avant que la confiance des masses puisse être gagnée. La trahison de l’ancienne organisations des masses opprimées autrefois si puissante, le Lanka Sama Samaja Party (LSSP – Parti srilankais pour l’égalité sociale, ex-membre de la Quatrième internationale, et ancien parti ouvrier de masse, qui dispose aujourd’hui d’un siège au parlement srilankais dans le cadre d’une coalition avec le parti de Rajapaksa –– NDT), est toujours fraiche dans la conscience des masses ouvrières du Sri Lanka.
C’est la décision du LSSP de rejoindre le gouvernement de droite en 1964, puis de refuser le droit des minorités dans la constitution de 1972, qui a créé les conditions pour l’afaiblissement de la classe ouvrière et une hausse des tensions ethniques. La force de la classe ouvrière avait été constamment attaquée par les gouvernemens de droite qui se sont succédé. Aujourd’hui, l’épave de ce qui reste du LSSP se trouve maintenant au gouvernement, et joue le rôle de couvrir ses crimes de guerre.
De même, la trahison des partis tamouls ne sera pas oubliée non plus. En l’absence d’une véritable organisation de masse indépendante des travailleurs et des pauvers, des partis tels que le JVP se sont embourbés de plus en plus, en mêlant marxisme et rhétorique anti-establishment, avec chauvinisme et nationalisme cingalais et bouddhiste.
Sur une telle toile de fond, il pourrait sembler impossible de regagner la confiance des masses afin de construire un mouvement combatif. Cependant, la reconstruction d’un tel mouvement est la seule manière de mettre un terme à l’oppression, à l’exploitation et à la guerre. En outre, il existe de véritables forces dans le sud du pays qui se positionnent toujours fermement du côté des masses opprimées. Le Parti socialiste uni, par exemple, n’a jamais reculé dans sa lutte cohérente contre les divers et brutaux gouvernements srilankais. Il n’a jamais non plus hésité dans son soutien pour le droit à l’auto-détermination des masses tamoulophones. Pendant la guerre, les membres de l’USP ont risqué leurs vies et ont mené une campagne virulente afin de mettre un terme à la guerre, dont a notamment beaucoup parlé dans les médias du Tamil Nadu en Inde.
Nous devons rassembler nos forces dans une telle organisation, et renforcer notre riposte. Nous devons aussi lancer un appel à l’ensemble des masses opprimées de l’Inde, et en particulier au Tamil Nadu, afin qu’elles nous rejoignent.
Il serait stupide de placer le moindre espoir dans le gouvernement srilankais, ni dans toute autre puissance extérieure, pour nous fournir une solution. Les attaques contre les minorités au Sri Lanka n’ont jamais été aussi intenses, et le gouvernement actuel a complètement mis de côté tout effort envers une solution politique.
Le président a notamment déclaré que : «Il n’y a pas de minorités dans ce pays». Ni les Nations-Unies, ni aucune puissance étatique ne propose non plus la moindre solution politique. Pour de telles puissances, le droit à l’auto-détermination est hors de question.
Certains ont même émis l’idée comme quoi le fait de nous opposer à l’impérialisme pourrait nous faire perdre le soutien de la soi-disant “communauté internationale”, des gouvernements occidentaux. Mais, sur le long terme, les masses opprimées ne vont rien gagner du tout en s’alliant avec ces oppresseurs. Au contraire, elles ont beaucoup à perdre – le soutien de tous ceux qui se battent contre eux –, et ils ne faut pas leur faire confiance pour faire quoi que ce soit qui ne rentre pas dans le cadre des intérêts de leurs propres classes capitalistes.
Par exemple, le peuple tamoul ne peut pas appeler le parti conservateur britannique (Tory) un allié, sur base d’un quelconque discours sur les droits de l’Homme fait par un de ses députés. Ceci représenterait une trahison aux yeux des millions de travailleurs au Royaume-Uni, de toutes origines, qui sont confrontés à un véritable bombardement d’attaques constantes sur les emplois, sur les services publics (comme la santé ou l’éducation) et sur les allocations de la part du gouvernement de coalition Tory/libéral-démocrate.
En s’associant avec un tel parti anti-travailleurs, les Tamouls non seulement perdraient le soutien potentiel de ceux qui se battent contre ces coupes budgétaires, mais trahiraient également les masses tamoules en leur donnant un faux espoir dans ces politiciens.
En fait, l’approche pro-monde des affaires des Tories est totalement opposée au moindre soutien à toute forme de riposte par les pauvres et par les travailleurs. Leur intérêt est purement avec les patrons et les hommes d’affaires qui cherchent à cacher le massacre qui s’est produit au Sri Lanka, et au lieu de cela, à promouvoir la création de zones de libre échange dans le Nord. Ces zones seront des sites d’exploitation intensive de la jeunesse tamoulophone. Rajapaksa a déjà promis une “main d’œuvre bon marché” en tant que moyen de “réhabilitation” des ex-Tigres ! La question des alliances est donc cruciale. Nous devons nous allier avec ceux qui se battent réellement contre l’inégalité et contre l’exploitation.
Au milieu de la crise économique monidale et des pénuries alimentaires, la lutte contre les autres gouvernements qui appliquent des coupes similaires dans les emplois et dans les services publics s’est accrue en Europe et au-delà.
À Londres, plus d’un demi-million de travailleurs ont défilé le 26 mars contre le gouvernement Con-Dem. Au Portugal et en Espagne, des centaines de milliers de gens ont manifesté pour les mêmes raisons. Des batailles de classe massives se déroulent en Grèce. Ces gouvernements, tout en attaquant les services publics, tentent aussi de fomenter le racisme et d’autres divisions dans ces pays. On voit la tentative de montrer du doigt les immigrants, sur base de la pression sur les services et les emplois limités, dans l’espoir d’en faire des boucs émissaires. Si le blâme pour les coupes budgétaires est dirigé à d’autres sections de la classe ouvrière et des pauvres, cela permet aux gouvernements de continuer leur politique au service des intérêts des riches et des grands patrons.
Il y a un processus similaire au Sri Lanka, où le gouvernement a tenté de détourner l’attention et de diviser l’opposition par le biais du nationalisme cingalais, afin de pouvoir mettre en place sa politique brutale.
Nous, les travailleurs, les minorités ethniques, les jeunes et les pauvres, portons le fardeau de ces attaques. En tant que minorités dans ces pays, les Tamouls sont aussi la cible du racisme et d’autres formes d’abus qui sont exacerbés par les partis de droite et les médias. Il nous faut répondre à ces attaques.
Que chacun sache que où que nous soyons, nous nous dresserons contre l’oppression sous toutes ses formes, et riposterons. Cette riposte sera encore plus renforcée si nous nous faisons cause commune avec les luttes qui se déroulent en ce moment à travers toute l’Europe.
Aucun droit ne peut être obtenu sans une lutte. Ainsi, le fait que les jeunes rejoignent les marches antiracistes et les manifestations de travailleurs au Royaume-Uni et en Belgique, est un développement significatif. Le fait que les Tamoulophones aient rejoint les action du Premier Mai à travers toute l’Europe est également un important pas en avant. Et c’est une telle solidarité et unité qui sème la panique dans le cœur des oppresseurs, au Sri Lanka comme ailleurs.
S’unir pour riposter
On peut comprendre que les Tamouls au Sri Lanka attendent contre tout espoir que le rapport de l’ONU puisse constituer un pas en avant dans le soutien à la lutte pour leurs droits.
On peut comprendre que certains pauvres tamouls au Sri Lanka espèrent qu’une “force extérieure” leur vienne en aide. Mais il est inutile de créer des illusions dans le seul but de fournir un réconfort temporaire. Cependant, Tamil Solidarity exigera des Nations-Unies qu’elles prennent au moins quelques mesures afin que soient mises en vigueur les recommendations détaillées dans ce rapport. Si l’ONU s’avère incapable d’entreprendre la moindre action sérieuse contre le gouvernement srilankais, son hypocrisie n’en sera que plus dévoilée.
Mais l’Alliance nationale tamoule (TNA) tente d’utiliser les attentes de la population tamoulophone pour se créer une base électorale. Elle fait cela en créant l’espoir que les Nations-Unies, voire l’Inde, peuvent apporter leur aide. Elle tente aussi de cacher le rôle crucial qu’a joué l’Inde dans la guerre. Il est important de rappeler que le gouvernement srilankais n’aurait pas pu gagner la guerre sans le soutien de l’Inde et de la Chine.
Le fait que le gouvernement indien refuse de faire la moindre critique à l’encontre du régime srilankais actuel, même après avoir accepté le fait qu’un massacre de masse se soit déroulé pendant la guerre, ne devrait pas nous surprendre. Il serait criminel de la part de la TNA de créer des illusions en faveur des mêmes forces qui ont joué un rôle dans le massacre de masse des Tamouls, et qui persévèrent en ce moment dans leur politique d’exploitation des victimes.
La TNA, tout en devenant de plus en plus “amicale” envers le régime meurtrier actuel, sous l’argument risible qu’elle n’a pas d’autre choix, refuse de chercher un allié parmi les forces qui continuent à se battre pour les droits de la population tamoulophone.
La TNA est clairement en train de suivre la voie déjà empruntée par son prédécesseur, le Front uni de libération des Tamouls (TULF), qui avait pour habitude de baratiner les Tamouls dans ses zones d’implantation afin de gagner des votes, en même temps qu’il était main dans la main avec les oppresseurs au parlement. C’est là une des raisons qui ont fini par pousser la jeunesse tamoule à prendre les armes.
Les jeunes et les militants du Sri Lanka doivent rompre avec ce genre de politique trompeuse. Ils doivent rejoindre les véritables combattants et militants dans leur pays. Il y a beaucoup à gagner pour les masses opprimées qui s’opposeront au gouvernement sur diverses plateformes, bien plus qu’en jouant le jeu des “négociations” qui ne mèneront à rien.
Il y a des journalistes, des militants et de véritables gens de gauche dans le pays qui continuent à se battre pour le droit à l’auto-détermination des masses tamoulophones. Depuis la fin de la guerre, ils se sont vus contraints de dénoncer la loi d’urgence et l’Acte de prévention du terrorisme.
Le gouvernement prétend avoir gagné la guerre contre le “terrorisme”, mais n’a pas abrogé ces lois draconiennes. Ces campagnes doivent être renforcées. Il faut aussi soutenir l’ensemble des forces qui se battent avec courage pour la liberté des médias et pour les droits démocratiques, et cela même au péril de leurs vies.
Plus important encore, nous devons nous opposer à la création des zones de libre échange promises par le régime aux gouvernements indien, chinois et occidentaux. Ces zones ne seront pas les centres de soi-disant “réhabilitation” tels que le régime cherche à les faire passer. Elles seront au contraire des centres d’exploitation intensive, où les victimes de la guerre et les ex-membres des LTTE seront forcés de travailler pour le plus bas salaire possible.
La reconstruction de syndicats puissants est urgemment requise en tant que meilleure opposition capable de s’opposer à ces conditions cruelles. De telles organisations ouvrières pourraient aussi remettre en question dans les faits les conditions inhumains et les bas salaires qui existent déjà à l’heure actuelle. La hausse rapide des prix de la nourriture, par exemple, constituera un autre “détonateur” pour un mouvement de masse contre le gouvernement, tout comme en Tunisie.
Les “négociations” et la “coopération” avec les oppresseurs ne rapporteront jamais le moindre résultat aux pauvres et aux opprimés. Pour défendre nos droits et en gagner de nouveaux, la tâche urgente est de construire des partis indépendants des travailleurs et des pauvres, et des syndicats puissants et démocratiques.
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La “Gay pride” moscovite et la lutte pour l’égalité
Une fois de plus, comme toujours à cette époque de l’année, la une des nouvelles internationales est remplie d’images de militants LGBT en train de se faire arrêter à Moscou et confrontés à la violence de l’extrême-droite et de la police. Mais les journalistes ne montrent que rarement ce qui se passe réellement derrière les caméras. Cette année, la campagne pour les droits des LGBT à Moscou a montré que le mouvement est divisé, non seulement en ce qui concerne les tactiques, mais aussi en ce qui concerne la direction politique qui doit être prise.
22 mai – la “Marche pour l’égalité”, dirigée entre autres par les membres du CIO
Depuis son lancement, la “Gay Pride” à Moscou s’est aliénée un nombre croissant de militants LGBT par son approche, qui est basée non pas sur des tentatives de mobiliser la plus large couche de LGBT possible et de les unifier dans la lutte avec d’autres groupes qui subissent des discriminations, en particulier les femmes. À la place, ce mouvement s’est basé sur une approche qui consiste purement à “faire de la com”, marketing, en invitant des personnalités internationales bien connues pour participer à un spectacle élitiste dans le centre-ville qui, de la manière dont il est organisé, ne peut mener qu’à l’arrestation de ses participants. Il ne fait absolument rien pour rallier à soi l’opinion publique ; au lieu de ça, il se présente simplement en tant que petite minorité persécutée qui se bat contre le reste de la société. Comme un de leurs organisateurs l’a écrit sur son blog : « Mieux vaut avoir deux militants et mille journalistes, plutôt que mille militants et deux journalistes ». Leur approche élitiste et arrogante a été démontrée lors d’un talk show télévisé, quelques jours seulement avant la gay pride, lorsque leur principal organisateur Nikolaï Alekseïev a déclaré de but en blanc qu’il « chie sur ce que pense la majorité de la population ». (Toute personne qui se rend sur son blog peut aussi lire de merveilleux commentaires sur ce qu’il pense des juifs ou de Lady Gaga, de même qu’en ce qui concerne la “pute clandestine” qui aurait selon lui été utilisée pour discréditer Dominique Strauss-Kahn).
Cette année, la “Gay pride” n’a pas échappé à cette règle. Des dizaines de milliers d’euro ont été dépensé pour faire venir des gens tels que Peter Tatchell du Royaume-Uni, les militants LGBT Dan Choi et Andy Thayer, avec aussi Louis-Georges Tin qui est venu de France. Ces derniers ont été détenus par la police aux côtés de trente autres personnes, dont la moitié étaient des partisans d’extrême-droite qui avaient tenté d’attaquer la Gay pride.
La réalité est que le mouvement pour la “Gay pride” russe est en crise. Il n’a été capable de mobiliser que quelques dizaines de gens – après tout, à quoi bon venir à une manif si c’est juste pour se faire arrêter sans que cela n’émeuve le moins du monde l’opinion publique ? L’ampleur de la crise a été démontrée par le comportement de son dirigeant, Nikolaï Alekseïev, qui n’est même pas venu à la Pride, sous prétexte qu’il se serait fait mal au pied lors du talk show deux jours auparavant.
Mais ce n’est pas que son pied qui a été blessé lors de l’émission “Duel”. Sa fierté en a elle aussi pris un fameux coup. L’émission consiste à un débat entre deux orateurs debout chacun derrière une barrière, faisant participer également le public. Face à un membre dirigeant du parti de Poutine, Russie unie, et à un public composé de droitiers et de fanatiques religieux, il s’est avéré complètement incapable de mettre en avant le moindre argument. Même lorsqu’on lui a simplement demandé quel était la revendication de la Gay pride, tout ce qu’il a pu sortir a été la décision de la “Cour européenne des droits de l’Homme” qui disait que c’était mal d’interdire la marche. Confronté à des questions de plus en plus provocantes, il a craqué et s’est enfui du plateau.
26 mai – Jennia Otto lors de l’émission “Duel”
Heureusement, une membre du CIO, Jennia Otto, est parvenue à bondir sur le podium et à prendre sa place. Elle a été un véritable électrochoc. En à peine trois minutes, elle a été vue par trois millions de gens, a annoncé le fait qu’elle est membre du CIO, a rabattu leur caquet aux bigots, a expliqué que l’enjeu de la campagne n’est pas le droit des LGBT à organiser des carnavals, mais fait au contraire partie prenante de la lutte de tous les opprimés – LGBT, femmes, travailleurs, immigrés – pour leurs droits et pour l’égalité. Ce soir-là, le site web du CIO russe a quasi explosé sous l’afflux de visites, 6000 personnes tentant d’en savoir plus sur la position de Jennia et du CIO. (L’émission peut être regardée ici : http://www.youtube.com/watch?v=PvoPuswCqu0 – l’intervention de Jennia démarre après 50 minutes)
Un peu plus tard, Alekseïev a fait l’âpre commentaire suivant : « Grâce à Dieu, il n’ont pas laissé l’anticapitaliste parler pour plus de quelques minutes. Je devrais dire ici ce qui est important. Je suis un fidèle partisan du système capitaliste. Je suis contre le communisme, le socialisme, l’égalité, l’unité des travailleurs du monde entier et toutes ces conneries paranoïaques. Le capitalisme triomphera, et avec lui, la Gay pride ».
Le fait est qu’il y a un mouvement croissant de militants LGBT qui lient leur lutte à la campagne pour l’égalité et qui cherchent la victoire via l’unité avec les autres couches opprimées dans une lutte commune contre le capitalisme. À peine quelques jours avant la Gay pride, une formidable “Marche pour l’égalité” a rassemblé plus de 80 militants LGBT, féministes et socialistes, qui sont parvenus à descendre toute une rue du centre de Moscou. Le CIO a joué un rôle crucial dans l’organisation de cet événement.
Les autorités avaient refusé d’accorder l’autorisation pour cette marche, sous prétexte qu’elle « provoquerait une réponse hostile dans la société » et qu’elle « pourrait avoir un effet négatif sur la santé psychologique des enfants et des adolescents ». De telles considérations, évidemment, n’empêchent pas les autorités d’autoriser des marches fascistes destinées à renforcer les sentiments homophobes. Mais au contraire de la Gay pride, la Marche pour l’égalité n’avait pas pour objectif l’arrestation de ses participants. Ceux-ci s’étaient donné rendez-vous à un endroit secret ; certains membres avaient été envoyés en reconnaissance afin de détecter toute présence policière le long de l’itinéraire ; puis, lorsque la police est arrivée, un plan de dispersion maintes fois répété a été mis en œuvre.
Tout en défilant, les manifestants ont entre autres scandé : « Non à la discrimination sur base du sexe ou de l’orientation ! », « Non à la discrimination, oui à l’émancipation ! », « À bas le fascisme, l’homophobie et le sexisme ! », « Mon corps m’appartient ! », « Égalité sans compromis ! », « Les travailleurs sont unis, ne laissons pas les racistes les diviser ! », « Tout comme deux et deux font quatre, seule la lutte nous permet de gagner des droits ! », « À bas le capitalisme ! ».
Clairement, alors que la Gay pride devient de plus en plus isolée, le soutien croit pour des événements tels que la Marche pour l’égalité, qui en est à sa deuxième édition cette année. Les membres du CIO jouent un rôle crucial dans cette marche, afin de garantir le fait que les idées socialistes y soient clairement mises en avant. Ils ne limitent pas la lutte pour les droits des LGBT à un événement médiatique qui se déroule une fois par an, mais mènent campagne toute l’année contre toutes les formes de discriminations, de répression et d’exploitation en montrant au cours de ce processus que dans le cadre d’une lutte commune, les travailleurs perdent leurs préjugés et leurs stéréotypes. Au contraire d’Alekseïev pour qui “le capitalisme vaincra”, de nombreux jeunes militants LGBT voient bien que la discrimination exercée à leur encontre est liée aux injustices dans l’ensemble de la société, et en tirent des conclusions socialistes. Le CIO en Russie, en liant la lutte pour l’égalité à la lutte contre le capitalisme et pour le socialisme, est convaincu que c’est uniquement par cette stratégie que le mouvement peut être construit et qu’une victoire peut être obtenue.
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Russie : Violente répression de la Gay Pride
Samedi 28 mai au soir, tous les européens ont découvert au même moment sur leur écran de télévision les visages ensanglantés des militants LGBT venus pacifiquement manifester à Moscou afin de défendre leurs droits et surtout de lutter contre l’homophobie violente qui règne en Russie.
- Rubrique LGBT de ce site
Comme chaque année, la Gay Pride a tout bonnement été interdite par les autorités politiques de Moscou, appuyées par la grande majorité de politiciens, tous unis derrière le parti de Poutine. Ces homophobes se cachent derrière un pseudo-argument selon lequel la Pride s’attaquerait à l’ordre et à la morale publique… comme si les LGBT, au même titre que les autres minorités opprimées étaient l’ennemi public numéro un du peuple russe.
Bravant l’interdiction, les militants LGBT sont fièrement descendus sur la place rouge. C’était sans compter la présence de néo-nazis bavant de rage et d’intégristes orthodoxes munis de crucifix et prêts à en découdre. ‘‘Dieu a brûlé Sodome et Gomors, il brûlera aussi Moscou si nous laissons faire !’’ hurlait un fondamentaliste, Léonid Simonvicht-Nikchitel. Ces derniers ont pu violemment les attaquer sous l’œil complice de la police qui avait de toute évidence reçu des consignes claires émanant des autorités moscovites et russes. Après avoir été passés à tabac, 34 militants ont été interpelés sans ménagement, plaqués au sol malgré leurs blessures, puis trainés jusqu’à un bus devant les caméras du monde entier, venues témoigner de l’horreur que vivent quotidiennement tous les LGBT sans exception aux quatre coins de la Russie.
La classe politique russe n’hésite pas une seconde à s’associer à ces groupuscules au crâne rasé et aux intégristes religieux pour en découdre avec les LGBT qui scandaient ‘‘La Russie sans homophobie’’. Cela est d’autant plus choquant que les militants LGBT avaient choisi ce lieu de rassemblement cette année précisément pour déposer une gerbe de fleur en mémoire de toutes les victimes LGBT exterminées en masse par les nazis. Rappelons aussi au passage que Staline et la bureaucratie soviétique en leur temps n’ont pas hésité une seconde à envoyer au goulag de nombreux LGBT…
La Cour Européenne des Droits de l’Homme a condamné l’interdiction de la Gay Pride en octobre 2010. Au même moment, un tribunal russe a déterminé pour la première fois que l’interdiction de la marche des fiertés dans cette ville était illégale. Malgré ces avancées, l’homophobie n’a fait que progresser en Russie. Depuis 2006, les homosexuels russes n’ont jamais obtenu le droit de manifester à Moscou.
Les homophobes n’attaquent pas seulement une fois par an, à Moscou et partout ailleurs, ces agressions sont quotidiennes. Selon un récent sondage, 74% des russes sont convaincus que les gays et les lesbiennes sont ‘‘dépravés et qu’ils souffrent de troubles de la personnalité’’. 39% estime qu’ils doivent être soigné de force, 18% veulent les mettre à l‘écart de la société et 4% sont favorables à leur ‘‘élimination’’.
Cet été déjà, le militant gay le plus célèbre de Russie, Nikolai Alexeyev, avait été drogué et enlevé par la police puis placé en détention dans un lieu tenu secret. Son GSM avait été confisqué et la police avait envoyé des textos à ses amis disant qu’il avait demandé l’asile politique en Biélorussie (sic!) et qu’il arrêtait définitivement son combat en faveur des LGBT en Russie. Cette tentative de briser le mouvement de libération homosexuel en s’en prenant physiquement à son leader est parfaitement scandaleuse. Les autorités russes semblent vouloir rester inflexible sur les questions LGBT.
Les homosexuels ne sont en rien responsables des problèmes qui touchent les travailleurs russes et leurs familles (chômage, explosion de la précarité, déni de la liberté d’expression, misère…). Les patrons et les politiciens, à la base de ces problèmes, veulent détourner l’attention sur des boucs émissaires, ils veulent diviser pour régner et recourent pour cela au racisme, à l’homophobie,… La lutte doit se poursuivre, contre l’homophobie, mais aussi contre les causes de sa croissance et du développement des idées réactionnaires : contre le capitalisme, pour une société socialiste démocratique.
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Le G8 à Deauville : Festival de l’hypocrisie impérialiste 2011, 37e édition
Ces 26 et 27 mai, 8 des plus grandes puissances économiques de la planète (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Canada, Etats-Unis, Japon, Russie) se réuniront de manière informelle à Deauville, en France. Que peut-on attendre de ce sommet annuel ?
Par Baptiste (Wavre)
Ce rendez-vous annuel se donne pour objectif d’avoir des directives communes aux grandes puissances en vue de ‘‘régler’’ des problèmes majeurs dans la situation mondiale. Historiquement, les premières réunions furent ainsi convoquées en réponse au pic pétrolier des années ’70. Depuis le sommet de Pittsburgh en 2009, le G8 précise ses préoccupations : ‘‘les enjeux géopolitiques et de sécurité, les partenariats avec l’Afrique au niveau politique et économique, et les sujets d’intérêt commun aux pays du G8.’’
10 ans après le sommet de Gênes
De la fin des années ’90 au début des années 2000, le G8 était devenu le symbole de la mondialisation, ce processus économique ultralibéral qui semblait tout dévaster sur son passage. Après une décennie d’idéologie dominante sans partage à la suite de la chute de l’URSS, le mouvement antimondialisation remit à l’ordre du jour le rejet du système dans la jeunesse, bien que l’expression eut une certaine confusion.
Le sommet du G8 de Gênes en 2001 fut l’apogée de cette radicalisation dans la jeunesse avec des manifestations importantes contre le sommet. La répression scandaleuse des manifestants s’est soldée par 600 blessés et la mort par balle de Carlo Giuliani. Amnesty International a d’ailleurs qualifié cet épisode comme ‘‘la plus grave atteinte aux droits démocratiques dans un pays occidental depuis la fin de la seconde guerre mondiale.’’
‘‘Régler les problèmes’’, c’est beaucoup dire. En conclusion du sommet de l’an dernier, le communiqué final se targuait ainsi d’avoir acquis une régulation financière, aussi bien à l’égard de la spéculation aveugle des Hedge founds et aux bonus des tout aussi borgnes traders. Rien n’est plus évident, au vu des nouveaux bénéfices monstres dans la finance, des bonus tout aussi gigantesques qui vont de pair, pour récompenser une spéculation qui a retrouvé toute sa fougue dans les matières premières, les monnaies, l’immobilier et les dettes publiques, entre autre.
Derrière ‘‘régler les problèmes’’, il s’agit surtout pour ces dirigeants d’envoyer de la poudre aux yeux de la population pendant qu’ils tentent en réalité de défendre les intérêts de leurs capitalistes. La coopération minimum pour des profits individuels maximum. On peut dès lors facilement comprendre que depuis la stagflation des ’70, ce G8 fut régulièrement derrière l’impulsion de politiques néolibérales. Ces politiques néolibérales qui n’ont précisément rien réglé aux problèmes des travailleurs et leurs familles, mais qui ont juste permis aux capitalistes d’accumuler le plus de profits possible.
Cette année, le G8 se réunit dans un contexte de crise mondiale pour le capitalisme, avec une accélération des bouleversements à tous les niveaux, comme le reconnaît Sarkozy, le président hôte du sommet : économie mondiale, crise des dettes publiques, tensions entre économies et changements des rapports de force, inflation sur fond de spéculation sur les matières premières, problème du nucléaire et de l’énergie, chômage, augmentation de la pauvreté, mouvements révolutionnaires en Afrique du Nord et Moyen-Orient, etc.
Nul doute que l’hyper-président ne ratera pas l’occasion d’enfiler le costume de chevalier-blanc-sauveur-desmaux- de-la-planète à la clôture du sommet, avec toutes sortes de grandes déclarations solennelles et promesses creuses pour 2020, 2030. Il a d’ailleurs déjà prévenu de l’élaboration d’un ‘‘socle de protection sociale universelle’’. Une rhétorique d’acquis social pour un contenu de course vers le fond des conditions de vie et de travail ?
Il n’y a aucune confiance à avoir en ces dirigeants impérialistes. Il est illusoire de croire que ces dirigeants avides de profits puissent régler les différents problèmes de société, tous ces problèmes sont inhérents au système qu’ils défendent bec et ongles : le capitalisme. Ce sont les mêmes qui ont stimulé la course au profit dans le nucléaire au mépris de la sécurité et de l’environnement. Ce sont les mêmes qui ont soutenu les Moubarak, Khadafi, Ben Ali, Gbagbo et autres dictateurs du monde néocolonial, et qui retournent leurs vestes pour mieux protéger leurs intérêts économiques et stratégiques. Ce sont les mêmes qui appliquent depuis des décennies les politiques néolibérales et appliquent les politiques d’austérité. Leurs intérêts sont systématiquement opposés aux nôtres !
Quel que soit le thème, ils veulent faire du business. Nous devons mener notre lutte pour défendre nos intérêts. Et cette lutte est précisément dirigée contre le système capitaliste qu’ils défendent. Seule une société socialiste permet à tous d’obtenir des conditions de vie et de travail décentes, la démocratie la plus aboutie, d’abolir la pauvreté et d’avoir une gestion du secteur énergétique en accord avec les besoins environnementaux.
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Action contre les crimes de guerre du régime Sri Lankais !
- Le régime de Rajapakse a fait 40.000 victimes de guerre dans la ‘phase finale’ de la guerre
- Solidarité internationale ! Tous ensemble contre la guerre et le racisme !
Nous appelons à une action devant le Parlement Européen à Bruxelles ce 18 mai afin de protester contre les crimes de guerre commis par le régime Sri Lankais et de commémorer les dizaines de milliers de victimes de la guerre. Le soutien des puissances régionales (la Chine et l’Inde) et l’approbation tacite de l’impérialisme occidental ont permis au régime chauviniste de Rajapakse de se diriger vers la conclusion sanglante de la guerre civile contre la population tamoule dans le pays.
Maintenant, même les Nations-Unise doivent admettre qu’il y a eu des dizaines de milliers de morts à cause des bombardements du régime Sri Lankais. L’ONU parle des crimes de guerres et demandent une enquête internationale. Le régime Sri Lankais rejette une telle enquête et s’oppose fortement aux conclusions du rapport de l’ONU. Les régimes occidentaux, mais aussi la Chine et la Russie, sont hypocrites quand ils demandent au Sri Lanka de s’expliquer au sujet des conclusions du rapport. Ils n’ont jamais réagi contre Rajapakse & Co, et leurs réactions actuelles ne se limitent qu’à des paroles.
Le rapport montre que la ‘phase finale’ de la guerre a coûté la vie à 40.000 personnes. Les chiffres précédents, y compris ceux de l’ONU, ont toujours été inférieurs. Maintenant, le rapport doit confirmer qu’il y a eu des dizaines de milliers de morts parmi les civils à cause des bombardements des troupes gouvernementales. Ces bombardements ont aussi pris place dans les prétendues ‘zones de sécurité’ où le gouvernement avait promis de pas bombarder. Les troupes gouvernementales ont commis plusieurs crimes de guerre.
La persécution systématique du peuple tamoul fait partie de la campagne du régime de Rajapakse destinée à transformer le Sri Lanka en une zone spéciale économique pour enrichir les multinationales et les dignitaires du pays eux-mêmes. Dans un tel pays, la population tamoule n’est reconnue que comme travailleurs à faible coût, dorénavant disciplinés par une défaite militaire. Si l’ONU s’attaque maintenant à la violence de la guerre, cela vient trop tard et c’est probablement surtout motivé par la crainte que les liens entre Rajapakse et la Chine ne continuent à se renforcer.
Aujourd’hui encore, il y a des disparus et il n’existe toujours aucune vue claire sur les crimes de guerre du régime. Pour protester contre cela et pour commémorer les victimes de guerre, la communauté tamoule en Belgique organise une action le 18 mai dans le cadre d’une journée d’action internationale. Nous allons protester devant le Parlement Européen entre 14h et 16h.
Mercredi 18 mai: Action devant le Parlement Européen
14h Place Schumann (devant le bâtiment Berlaymont) à Bruxelles
Plus d’infos: tamilsolidarity.org
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[DOSSIER] Hausse des prix: Une réponse socialiste
En février, nous avons payé nos achats en moyenne quasiment 3,4% plus cher que l’an dernier, la plus forte augmentation de l’inflation depuis octobre 2008. Grâce à l’indexation automatique des salaires, cela sera heureusement compensé – avec retard et de façon partielle seulement. Mais juste au moment où cette indexation doit nous protéger de la perte de pouvoir d’achat, le patronat lance son offensive. Il peut compter sur l’appui des institutions internationales. Quelle est la réponse socialiste face aux hausses des prix ?
Par Eric Byl
Comment expliquer les hausses des prix?
Souvent, on associe la crise aux hausses des prix ou à l’inflation. C’est pourtant l’inverse en général. Les crises vont de pair avec des baisses de prix, la déflation, alors que les reprises s’accompagnent d’une hausse de l’inflation. En temps de crises, lorsque les produits se vendent plus difficilement, les patrons ont tendance à baisser les prix. Ils diminuent les coûts de production, surtout les salaires, ou se contentent d’une marge de profit plus restreinte. Lors de la reprise, ils essayent alors de vendre à des prix plus élevés afin de rehausser la marge de profit. Dans un monde où l’offre et la demande s’adapteraient de façon équitable, les prix évolueraient de façon assez stable autour de la valeur réelle du produit, c.à.d. la quantité moyenne de temps de travail nécessaire pour produire la marchandise, de la matière première au produit fini.
Mais le monde réel s’accompagne de changements brusques, avec des accélérations soudaines et des ralentissements abrupts. La nature ellemême connait de nombreux caprices. De mauvaises récoltes en Russie et en Ukraine, pour cause de sécheresse, ont contribué à faire augmenter les prix de la nourriture. Un système de société peut tempérer ces caprices, les corriger, mais aussi les renforcer. Les incendies de forêts, les tempêtes de neige, les inondations, les tremblements de terres et les tsunamis s’enchaînent, avec en ce moment au Japon la menace d’une catastrophe nucléaire. Nous ne connaîtrons avec certitude la mesure exacte de l’impact humain sur le réchauffement de la planète qu’au moment où la recherche scientifique sera libérée de l’emprise étouffante des grands groupes capitalistes. Mais que la soif de profit pèse sur l’être humain et son environnement, conduit à la négligence des normes de sécurité et à des risques inacceptables, le PSL partage avec beaucoup cette conviction.
La Banque Mondiale estime que la hausse des prix de l’alimentation a, depuis juin 2010, poussé 44 millions de personnes en plus dans l’extrême pauvreté. Son index des prix de l’alimentation a gagné 15% entre octobre 2010 et janvier 2011. Diverses raisons sont citées: la croissance démographique dans les régions pauvres, la demande de biocarburants, la sécheresse, les inondations et d’autres catastrophes naturelles, la faillite de paysans africains face à la concurrence des excédents agricoles de l’occident, la spéculation qui accélère les hausses des prix. La hausse des prix de l’alimentation et la montée du coût de la vie ont constitué des éléments primordiaux dans les révolutions au Moyen- Orient et en Afrique du Nord.
Le seul système qui fonctionne?
L’establishment prétend que le capitalisme est le seul système de société qui fonctionne. La noblesse féodale et les esclavagistes avant elle prétendaient de même à leur époque concernant leurs systèmes. Chaque système fonctionne, il n’existerait pas sinon. Il répond toujours à un certain degré de développement de nos capacités productives. Dès qu’un système de société devient un frein à l’application de savoirs scientifiques et techniques, il provoque le chaos plutôt que le progrès. C’est alors que le moteur de l’histoire se déclenche; la lutte des classes.
Brûler des combustibles fossiles est un gaspillage de richesses livrées par des processus naturels qui ont pris des millions d’années, et c’est catastrophique pour notre environnement.
Nous le savons depuis plusieurs dizaines d’années. Mais depuis ce temps, la recherche scientifique concernant les sources d’énergies alternatives est sabotée par les fameuses ‘’sept soeurs’’, les sept sociétés pétrolières les plus grandes au monde. Des moteurs actionnés par hydrogène, énergie solaire et éolienne, masse bio, etc. sont trop menaçants pour leurs profits. Au lieu d’orienter la recherche vers les énergies renouvelables, elle a pratiquement été exclusivement consacrée au développement du nucléaire ‘’bon marché’’. Avec la ponctualité d’une horloge, nous sommes rappelés à la réalité des dangers de cette technologie.
Ce n’est pas une surprise si la demande d’énergie augmente. On aurait pu investir depuis longtemps pour des économies d’énergie et dans le développement de sources d’énergie renouvelables. Mais ce n’est pas ainsi que fonctionne le capitalisme.
Les investisseurs privés ne sont intéressés que s’ils peuvent récupérer à cout terme leur investissement, avec une bonne marge de profit. C’est valable pour les mesures d’économies d’énergie et pour l’énergie renouvelable tout autant que pour les combustibles fossiles plus difficiles à extraire, par exemple. Avec la spéculation, le manque d’investissements pour garantir une offre suffisante a été à la base de la forte envolée des prix du pétrole, jusqu’à atteindre 147$ le baril, il y a deux ans. La récession a fait retomber la demande et le prix, mais le problème a continué à proliférer. La perversité du capitalisme s’exprime dans la réaction des ‘‘marchés’’ face aux insurrections démocratiques contre les dictateurs corrompus au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les ‘‘marchés’’ craignent que la démocratie menace l’approvisionnement en pétrole. Au cas où la dictature en Arabie-Saoudite succomberait elle aussi, un prix de 200$ ou plus est à l’horizon pour le pétrole. Pour l’économie capitaliste mondiale, cela équivaudrait à une crise cardiaque.
Les prix de l’énergie et de l’alimentation en hausse en Belgique
Cette perversité du capitalisme échappe à ceux qui plaident pour la mise sous curatelle de l’indexation salariale en Belgique. Ils savent que les prix du pétrole et de l’alimentation sont en hausse partout dans le monde, ce qu’ils n’expliquent pas par le capitalisme, mais comme quelque chose qui nous tombe dessus tel un phénomène naturel. Ce ‘‘phénomène naturel’’ s’infiltre en Belgique. Les prix de l’énergie et de l’alimentation, surtout, ont augmenté en flèche ces derniers temps. Sans produits liés à l’énergie – le fuel, le diesel, le gaz et l’électricité – l’inflation serait plus basse de moitié.
La bourgeoisie belge préfère couper dans l’investissement pour le renouvellement de la production. Aujourd’hui, elle se trouve à la queue du peloton en termes d’investissements dans la recherche et le développement. Nos politiciens en sont le parfait miroir. Depuis des années, ils économisent sur les investissements nécessaires dans l’entretien des routes, des bâtiments scolaires, de l’infrastructure ferroviaire, etc.
Nous en subirons les conséquences des années encore. ‘’Si la politique énergétique de nos autorités ne change pas immédiatement, des coupures d’électricité se produiront, littéralement’’. C’était la conclusion d’une récente émission de Panorama. ‘’La Belgique manque d’électricité parce que nos gouvernements ont fait construire trop peu de centrales et parce que le réseau à haute tension qui devrait importer du courant supplémentaire n’a pas la capacité de répondre à la demande.’’ Mais GDF Suez, la maison mère d’Electrabel, a réalisé l’an dernier un profit record de 4,62 milliards d’euros.
Le secteur de l’énergie n’est pas le seul à manier des marges de profits indécentes. Selon le rapport annuel de l’observatoire des prix, les hausses des prix des matières premières mènent à des adaptations de prix exagérées en Belgique. En plus, cela n’est qu’à peine corrigé lorsque les prix des matières premières reculent. Toutes les chaines de supermarchés le font. Ce sont les prix des produits de base tels que les pommes de terre, les oignons, le fuel et le gaz qui haussent fortement. Des marchandises moins couramment achetées, comme les télévisions à écran 16/9e ou les PC, ont vu leur prix baisser.
Indexation des salaires, un acquis du mouvement ouvrier
Il existe des moyens de tempérer les caprices de la nature et du système capitaliste. La classe ouvrière en a arraché plusieurs durant le siècle précédent. Ainsi, après la révolution Russe de 1917 et la vague révolutionnaire qu’elle a engendrée, un index des prix à la consommation a été obtenu dès 1920 en Belgique. A l’origine, seul un nombre limité de conventions collectives avaient introduit l’indexation automatique des salaires. Mais après chaque grande grève, ce nombre s’est élargi.
Dans son Programme de Transition de 1938, Trotsky plaidait en faveur de l’échelle mobile des salaires, l’appellation contemporaine de l’adaptation automatique des salaires au coût de la vie, afin de protéger les foyers des travailleurs de la pauvreté. Parallèlement, il plaidait aussi pour l’introduction d’une échelle mobile des heures de travail, où l’emploi disponible est partagé entre tous les travailleurs disponibles, cette répartition déterminant la longueur de la semaine de travail. ‘’Le salaire moyen de chaque ouvrier reste le même qu’avec l’ancienne semaine de travail. La “possibilité” ou l’ “impossibilité” de réaliser les revendications est, dans le cas présent, une question de rapport des forces, qui ne peut être résolue que par la lutte. Sur la base de cette lutte, quels que soient ses succès pratiques immédiats, les ouvriers comprendront mieux toute la nécessité de liquider l’esclavage capitaliste.’’
Après la deuxième guerre mondiale, le rapport de forces était favorable au mouvement ouvrier. Le système a graduellement été introduit dans tous les secteurs. Mais comme toute victoire du mouvement ouvrier, cet acquis aussi a été attaqué dès que le rapport de forces a commencé à se modifier. En 1962, le ministre des affaires économiques, Antoon Spinoy (PSB !) a essayé de retirer de l’index la hausse des prix des abonnements sociaux pour le transport public. En 1965, ce même gouvernement a à nouveau essayé, cette fois-ci avec le prix du pain. En 1978, de nouveau avec le PSB, le gouvernement a réussi à remplacer les produits de marques compris dans l’index par des produits blancs. En mars 1976, la loi de redressement de Tindemans – Declercq a aboli l’indexation pour la partie du salaire supérieure à 40.250 francs belges (1.006,25 euros). Cette mesure sera retirée en décembre, suite à la résistance de la FGTB.
La victoire du néolibéralisme à la fin des années ’70 et au début des années ’80 a conduit à des attaques systématiques contre le mécanisme de l’indexation. Le gouvernement de droite des libéraux et des chrétiens-démocrates a appliqué trois sauts d’index entre 1984 et 1986. A trois reprises, donc, l’indexation des salaires n’a pas été appliquée. Ceci continue encore aujourd’hui à agir sur les salaires. En 1994, le gouvernement de chrétiens-démocrates et de sociaux-démocrates a retiré le tabac, l’alcool et l’essence de l’index ‘’santé’’. Depuis, dans divers secteurs, des accords collectifs all-in et saldo ont été introduits. Ces accords neutralisent en partie l’effet de l’indexation des salaires.
La Belgique est-il le seul pays où s’app lique l’indexation automatique des salaires ?
Dans certains secteurs de l’industrie aux États-Unis et en Grande-Bretagne, de tels accords étaient largement répandus jusqu’en 1930. En Italie, cela a été introduit dans les années ’70, mais a, depuis, été partiellement aboli. Au Brésil, au Chili, en Israël et au Mexique, l’indexation salariale a été abolie cette dernière décennie.
Aujourd’hui, l’indexation automatique des salaires ne s’applique plus qu’en Belgique et au Luxembourg. A Chypre, elle existe aussi, mais ne s’applique pas à tous les travailleurs. En Espagne, au Portugal, en Finlande, en Italie, en Pologne et en Hongrie, des mécanismes d’indexation salariale sont repris dans des accords de secteurs où dans des contrats individuels. En France, en Slovénie et à Malte, les salaires minimaux sont indexés.
D’abord produire, ensuite partager
Dans leurs attaques contre l’indexation automatique, les politiciens et les économistes bourgeois accentuent toujours qu’il faut ‘’d’abord produire les richesses avant de pouvoir les partager’’. Il faut raconter cela au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ! Tant Moubarak que ses fils Gamal et Alaa sont milliardaires. De l’ancien dictateur Tunisien Ben Ali et sa famille, il est connu qu’il dispose d’une fortune immobilière correspondant à une valeur de 3,7 milliards d’euros en France uniquement. Les barons du textile belge qui ont massivement délocalisé vers la Tunisie dans les années ’70 y sont devenus indécemment riches. Combien de richesses faut-il avant que le partage ne commence ?
Ce n’est pas de cela qu’ils parlent, mais bien des effets soi-disant pervers de l’indexation de salaires. Ainsi, l’indexation créerait selon Thomas Leysen dans Le Soir du 19 mars, une perception erronée de la marge salariale. L’économiste Geert Noels appelle cela ‘’le handicap concurrentiel automatique’’. Pour le professeur en économie Joep Konings (KULeuven) l’indexation automatique protège les habituels bien payés, mais complique l’accès aux emplois pour ceux qui n’en ont pas, puisque les entreprises seraient plus prudentes avant de recruter: ‘’Abolir l’indexation salariale automatique serait donc une mesure sociale.’’ Il rajoute qu’il faut l’accompagner de l’abolition de l’indexation des allocations sociales, au risque de voir la différence entre travailler ou ne pas travailler se réduire.
Unizo, l’organisation des petits patrons en Flandre, plaide en faveur de ‘’quelques sauts d’index’’. Le professeur Peersman (UGand) veut annuellement adapter le salaire aux objectifs de la Banque Centrale Européenne. Son collègue De Grauwe (KULeuven) veut retirer le coût de l’énergie importée de l’index. Wivina Demeester, ancienne ministre CD&V, plaide pour une indexation en chiffres absolus au lieu de pourcentages. Mais selon De Grauwe, cela rendrait le travail non qualifié relativement plus cher et aurait par conséquent un effet non souhaitable. La Banque Nationale s’en tient à mettre en garde contre une spirale salaire-prix où des hausses de prix entraineraient des augmentations salariales qui seraient compensées par de nouvelles hausses de prix et ainsi de suite. Ce n’est pas un nouvel argument. Elle veut nous faire croire que lutter pour des augmentations salariales n’a pas de sens.
Marx a déjà répondu à ces argument il y a 150 ans dans sa brochure ‘’Salaire, prix, profit’’ En réalité, le patron essaye d’empocher lui-même une partie aussi grande que possible de la valeur que nous avons produite. La peur de l’inflation n’a jamais freiné les patrons à empocher le plus de profits possibles. Avec un profit à hauteur de 16 milliards d’euros, une hausse d’un tiers comparée à 2009, les plus grandes entreprises belges disposent à notre avis de beaucoup de marge. En plus, des dividendes sont royalement versés aux actionnaires. Le producteur de lingerie Van de Velde, pour donner un exemple, a versé en 2010 quelque 70% du profit réalisé à ses actionnaires. Même en pleine crise, en 2009, les patrons des entreprises du Bel 20 s’étaient accordés en moyenne une augmentation salariale de 23%.
Contrôles des prix
Il n’y a rien à reprocher aux travailleurs en Belgique. Nous sommes toujours parmi les plus productifs du monde, loin devant nos collègues des pays voisins. Grâce à notre mécanisme d’indexation, la demande intérieure a mieux résisté à la crise de 2009 que dans d’autres pays, y compris en Allemagne. La contraction économique et le recul des investissements ont été moindres, tout comme la hausse du chômage. A l’époque, tout le monde a reconnu que c’était dû aux prétendus stabilisateurs automatiques, ce qui fait référence à la sécurité sociale et au mécanisme d’indexation.
Nos prix de l’énergie sont largement plus élevés que ceux pratiqués à l’étranger. Des profits énormes sont drainés vers les poches des actionnaires, qui ne se trouvent d’ailleurs pas tous en France. De plus, en Belgique, l’industrie est très dépendante de l’énergie, mais là aussi on investit à peine dans une utilisation rationnelle de l’énergie. Nulle part ailleurs en Europe autant de voitures d’entreprises ne sont utilisées à titre de compensation salariale afin d’éviter des charges sociales. En comparaison des pays voisins, il y a en Belgique très peu de logements sociaux. Nos bâtiments résidentiels, tout comme nos bâtiments scolaires vieillis, sont extrêmement mal isolés et souvent encore chauffés au fuel, d’où les plaidoyers pour des contrôles transparents sur les prix.
Le SP.a vise en premier lieu les prix de l’énergie. Le PS veut s’attaquer à l’inflation par des contrôles des prix d’au moins 200 produits. Nous sommes un peu étonnés que personne n’ait encore proposé d’introduire, à côté de la norme salariale, une norme des prix, où les prix ne pourraient monter plus que la moyenne pondérée des prix pratiqués dans nos pays voisins. Pour beaucoup de gens, le contrôle des prix de l’alimentation, de l’énergie et du loyer serait le bienvenu. Au Venezuela, Chavez a également introduit des contrôles des prix sur les denrées alimentaires, mais les rayons sont presque vides. Morales en Bolivie s’est heurté à une grève des employeurs lorsqu’il a voulu bloquer les prix des tickets de bus. Les propriétaires ont organisé un lock-out.
Nous ne croyons pas que cela se produirait facilement en Belgique, ni pour l’alimentation, ni pour les loyers, ni pour l’énergie. Mais la leçon à tirer est qu’il est impossible de contrôler la distribution sans que l’autorité reprenne également la production en main, en assurant que le revenu du petit producteur soit garanti. Les contrôles des prix sont en fait une forme de contrôle des profits. Les entreprises privées essayeront de restaurer leur marge de profit aux dépens des travailleurs et si cela échoue, ils menaceront de délocaliser ou de stopper les investissements prévus.
LE PSL TROUVE QUE LES TRAVAILLEURS N’ONT PLUS À PAYER LA CRISE PROVOQUÉE PAR DES SPÉCULATEURS
- Pas touche à l’indexation automatique, pour le rétablissement complet de l’index. Liaison au bien-être de toutes les allocations.
- Pas d’allongement du temps de travail, mais une semaine de travail de 32 heures, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, pour que le travail disponible soit réparti entre tous. Cela peut s’accompagner de crédit bon marché aux indépendants et de subsides salariaux sur base de coûts prouvés.
- Ouverture des livres de comptes de toutes les grandes entreprises afin de contrôler leurs véritables coûts, les profits, les salaires des directions et les bonus.
- Nationalisation du secteur énergétique sous contrôle des travailleurs et sous gestion des travailleurs eux-mêmes, pour être capables de libérer les moyens afin d’investir massivement dans l’énergie renouvelable et l’économie de l’énergie.
- Pour le monopole d’État sur les banques et le crédit sous contrôle démocratique de la communauté. Au lieu de devoir supplier les directions des banques afin d’obtenir du crédit, le public pourrait alors planifier les investissements publiques nécessaires aux besoins réels de la population.
- Pour une société socialiste démocratiquement planifiée et pour rompre avec le chaos capitaliste
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Front des Gauches : Conférence sur la sortie du Nucléaire ce mardi 26 avril
Ce 26 aura donc lieu à Liège un débat portant sur la sortie du nucléaire, avec pour orateurs Jean-Marc Pirotton (Vice Président CGSP Gazelco), Francis Taylor (“Climat et Justice sociale”) et Paul Lannoye (Ancien député européen, membre fondateur du mpOC). Le Débat sera animé par Christine Pagnoulle (Front des Gauches-Liège et Professeure à l’ULg) et laissera bien entendu la parole au public.
Tract du Front des Gauches – Liège
Les événements actuels remettent assez crûment dans l’actualité le débat sur l’utilisation du nucléaire pour produire de l’électricité. S’il est malsain d’utiliser l’émotion actuelle comme argument afin de contrer un certain retour en grâce ces dernières années du nucléaire, il est par contre légitime d’ouvrir un véritable débat citoyen avec quelques questions importantes que les événements de Fukushima permettent de voir sous un jour nouveau.
Une énergie nucléaire “sans risque” est-elle envisageable ?
La seule véritable catastrophe nucléaire d’ampleur avait jusqu’alors eu lieu dans une centrale “vieille génération” située en ex-URSS, à Tchernobyl. Fukushima montre que le “hi-tech” ne constitue en aucun cas une sécurité absolue, davantage encore lorsque joue la soif de profit des producteurs privés.
Des syndicalistes viendront nous parler de la sécurité dans “nos” centrales. Etant donné la raréfaction des énergies fossiles et le défi de réduction des émissions de CO2, l’énergie nucléaire est-elle incontournable ?
Plusieurs intervenants viendront battre en brèche cet argument et parler des potentialités réelles des énergies renouvelables.
Enfin, la question de la limitation de la consommation électrique et des économies d’énergies (négawatt)sera également abordée.
Conférence sur la sortie du Nucléaire ce mardi 26 avril, à 19h30 à l’Université de Liège place du XX août (salle R100, parcours fléché)
Ce débat se fait à l’initiative du Front des gauches – Liège, avec le soutien de la campagne "Climat et justice sociale" et du "Mouvement politique des objecteurs de croissance".
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Football : réforme de la honte en Belgique, FIFA mafia,… Le système capitaliste pervertit notre sport
Recherche effrénée de profits, concentration quasimonopolistique du pouvoir et des richesses dans les mains d’un groupe toujours plus restreint, mais aussi crise des institutions, perte de confiance de la population en cellesci, baisse des moyens publics,… Le monde du sport vit la même crise que celle de la société en général.
Par Stéphane Delcros
FIFA mafia
L’institution suprême, la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), est championne de la défense de ceux qui mettent beaucoup sur – et sous – la table. L’attribution des Coupes du Monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar ne provient pas de la volonté de promouvoir des contrées peu ou pas encore au centre de l’attention de la planète foot…
Les contrats juteux obtenus par la FIFA lui permettent d’engranger de gigantesques bénéfices. Sepp Blatter (ci-dessous), président de la FIFA, et les top-managers de l’association, se sont d’ailleurs octroyés un bonus de 40 millions d’euros après la Coupe du monde en Afrique du Sud… Mais pour le gouvernement sud-africain par exemple, la facture s’annonce beaucoup plus salée que prévu : d’après une étude récente (1), il y aurait un surplus de 1709% par rapport au budget initial (soit 4,1 milliards d’euros à la place de 240 millions). Des coupes dans les programmes sociaux combleront le gouffre financier du Mondial, dans un pays où 40% de la population vit dans la pauvreté absolue.
Par contre, les 5 plus grosses entreprises de construction sud-africaines ont augmenté leurs bénéfices : 80 millions d’euros en 2004 contre 1,1 milliards en 2009. Les salaires de leurs directeurs ont augmenté de 200% sur la même période. Les ouvriers ont dû, eux, mener 26 grèves locales et 1 grève nationale pour arracher une augmentation salariale qui couvre à peine l’augmentation du coût de la vie. Et pour construire quoi ? Des stades et des infrastructures qui sont inutilisables au lendemain de la Coupe du monde.
Comme toujours, les profits de la FIFA et de ses partenaires sont puisés dans les poches des supporters et de la population locale, face à l’augmentation du coût de la vie autour de l’évènement, mais aussi parce que l’argent public est largement mis à contribution. L’une des conditions notamment imposée aux candidats pour accueillir la Coupe du Monde est l’exonération fiscale totale, y compris pour la TVA. Les autorités politiques belges avaient accepté sans broncher toutes ces conditions pour déposer leur candidature à l’organisation du Mondial 2018.
Mécénat vs moyens publics
Et pendant ce temps souffrent les petits clubs et le financement nécessaire à la base. L’édito du magazine So Foot de novembre 2010 pointe le fait que le budget public des sports 2011 en France vient d’être diminué de 14,4% (2). Depuis 2003, cela signifie 40% de budget en moins. Et ce n’est qu’une des nombreuses mesures qui consistent, dans le milieu du sport comme ailleurs, à ‘‘Faire payer les pauvres !’’, comme le souligne le titre de l’édito. Les autorités locales vont ‘‘faire comme dans n’importe quel ménage, les coupes franches s’appliqueront d’abord sur les loisirs, autrement dit, ici, le sport’’, celui-ci devenant secondaire face à d’autres priorités. ‘‘C’est d’autant plus absurde qu’on demande dans le même temps aux associations sportives de régler la question sociale, d’occuper les jeunes futurs casseurs, de servir quasiment de crèche (…)’’.
Ce qui vaut en France vaut malheureusement partout. Et qui est censé payer l’éducation, la formation, l’encadrement de la jeunesse ? Les supporters, avec des prix exorbitants pour les abonnements, et, évidemment, le sponsoring privé. La course aux sponsors et aux investissements du privé, de la boulangerie du coin à la grosse boîte plein de thunes, voilà sur quoi repose le financement du sport, à la base comme aux niveaux les plus élevés des compétitions. Belle assurance de stabilité et de développement pour l’avenir…
Cela implique dans les faits le contrôle d’une personne ou d’un groupe très restreint sur la manière de gérer l’équipe, la formation, avec des choix de joueurs parfois portés exclusivement vers l’extérieur de la région, sans une politique de formation de jeunes locaux.
Le capitalisme : une voie sans issue
Le football, et le sport en général, ont besoin d’un projet public de financement, pour tous, à tous les échelons. Et pour cela, l’argent, en réalité, ne manque pas. Les profits récoltés sur notre dos par la FIFA et les autres institutions footballistiques et sportives le prouvent.
Les sommes folles que sont prêts à donner les gros mécènes le prouvent (pour la Coupe du Monde 2006 en Allemagne, la FIFA a perçu 750 millions d’euros rien qu’en contrats de sponsoring !). Le montant des droits télés, en Belgique et ailleurs, le prouve. Les profits annuels de Belgacom et des autres opérateurs médiatiques en général, le prouvent aussi. Il faut utiliser ces moyens pour le vrai sport, en développant les infrastructures de base et la formation, tant pour ceux qui prennent le football et le sport comme loisir que pour développer une vraie compétition, saine, dans un esprit fraternel, sans autre enjeu que le sport.
Mais il faut aussi s’assurer que la gestion et le contrôle des clubs sportifs et des fédérations soient entre nos mains : celles des sportifs, des supporters et de la population locale. Les plus grands clubs de football sont en réalité pris en otage par des capitalistes aux pouvoirs immenses.
Nombre de ceux qui possèdent et contrôlent nos clubs, nos évènements sportifs, et décident de leurs avenir, contrôlent également nos lieux de travail et l’avenir de ceux-ci. La lutte pour démocratiser notre football et notre sport doit passer par leurs reprises en mains par les jeunes et les travailleurs et doit être liée à la lutte contre les patrons sur nos lieux de travail.
Le sport doit être une institution, un évènement populaire, contrôlé par la collectivité et les supporters, qui permette d’encadrer sainement la jeunesse, de l’impliquer, épaulée par les sportifs plus expérimentés. Il doit être accessible à tous, sportifs comme supporters, à des prix démocratiques, et ne doit pas générer des salaires exorbitants pour les sportifs de haut niveau.
(1) Etude de l’OEuvre Suisse d’Entraide Ouvrière (OSEO) : « A preliminary evaluation of the impact of the 2010 FIFA World Cup : South Afrika » : www.sah.ch/ index.cfm?ID=D2A1FABA-E82D-4332- 83CD34DD6B28EF1D
(2) So Foot, n°81, novembre 2010. A lire sur le blog lié à So Foot : «Never trust a marxist in football !»: www.sofoot.com/ blogs/marxist/edito-so-foot-faire-payer-lespauvres- 133520.html