Tag: Russie

  • Révolution iranienne : vers où aller ?

    La classe des travailleurs doit rejoindre la lutte pour y jouer un rôle décisif

    Trente ans après la révolution de 1979, l’Iran a de nouveau explosé en convulsions révolutionnaires, avec des millions de personnes défilant dans les rues pour protester contre la manipulation certaine des élections présidentielles. Quelques heures seulement après la fermeture des bureaux de vote, le Président Mahmoud Ahmadinejad et ses cohortes au sein de la dictature théocratique ont annoncé leur victoire écrasante, avec 64% des voix pour un taux de participation de 85%.

    Tony Saunois, CIO

    Les manifestations de masse se poursuivent

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    • Appel à la solidarité du PSL/LSP en français et néerlandais (PDF)
    • Appel à la solidarité du PSL/LSP en anglais (PDF)
    • Appel à la solidarité du PSL/LSP en persan (PDF)
    • Protestations de masse en Iran
    • Iran 1978-79: Une révolution volée à la classe ouvrière
    • Rubrique "Asie" de socialisme.be
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      Cette seule annonce a suffi à faire surgir des centaines de milliers de personnes dans les rues – selon certaines sources, jusqu’à trois millions de personnes ont pris part à ce qui est la plus grande manifestation jamais vue à Téhéran. Les étudiants, la classe moyenne et des couches entières de la population de chômeurs, de pauvres et d’employés ont submergé les rues, exigeant qu’on leur «rende leurs votes» et qu’Ahmadinejad quitte le pouvoir. Quelle que soit la manière dont cette crise révolutionnaire se développe au cours des semaines à venir, il est clair que l’Iran ne sera jamais plus le même. Ce mouvement de masse pour le changement marque le début de la fin de la dictature en place.

      Évidemment, aucune analyse précise du résultat des élections n’est possible, mais l’étude des données avancées par le régime – effectuée par l’Université de Saint Andrews en Écosse – donne des résultats incroyables. Dans certaines zones, le taux de participation aurait été de 100%. Ahmadinejad aurait apparemment mobilisé assez de soutien pour accroître son vote de +113% par rapport à 2005. Pour que les chiffres mis en avant par le régime s’avèrent correctes, Ahmadinejad aurait dû remporter les votes de tous ceux qui n’ont pas voté en 2005, de tous ceux qui avaient alors voté pour le candidat «centriste», Rafsanjani, et 44% des voix de ceux qui avaient voté pour Karubi, un candidat plus réformiste.

      Une caractéristique frappante de ce mouvement et de la période précédant les élections a été l’apparition sur le terrain de la lutte de jeunes femmes – un événement sans précédent dans l’histoire iranienne récente. Ce facteur s’est reflété au cours de la campagne électorale: pour la première fois en Iran, la femme de Mir Hoseyn Moussavi, Zahra Rahnavard, a joué un rôle dirigeant et a attiré des foules massives, surtout composées de jeunes femmes, demandant «l’égalité».

      La censure de la presse et la restriction du droit de se rassembler n’ont pas empêché la diffusion des nouvelles de ce mouvement. La jeunesse en particulier a utilisé Facebook et Twitter pour organiser les manifestations, promouvoir la cause et rendre publique la répression utilisée contre elles. L’Iran dispose du plus grand nombre au monde de «bloggeurs» par personne.

      Les manifestations de masse qui ont inondé l’Iran à la suite de l’annonce des résultats électoraux marquent un tournant crucial. Défiant la «loi» et la répression brutale des forces de sécurité étatiques, elles illustrent le fait que les masses ont commencé à perdre leur crainte du régime et sont prêtes à le défier et à le provoquer. Ceci représente un changement décisif dans la psychologie des masses de tout mouvement dirigé contre une dictature. Confrontés au déploiement des forces paramilitaires brutales que sont les Basiji, les manifestants de Téhéran ont lancé le slogan «Tanks, fusils, Basiji: vous êtes maintenant impuissants!»

      Jusqu’à présent, il ne fait aucun doute que ce sont les étudiants et la jeunesse qui se sont trouvés à l’avant plan de ce mouvement. Les couches éduquées et cultivées de la jeunesse bouillonnent de mécontentement face à la nature étouffante et répressive du régime théocratique qui leur a ôté la liberté de choisir leur habillement, leur musique, leurs relations personnelles et leur communication. Pour les jeunes gens dans les rues, une tenue trop moulante, des cheveux trop hérissés, ou un «mauvais goût» en matière de musique suscitait la colère des matraques des Basiji. Avec une population composée selon les estimations de 60 à 70% de moins de trente ans, de telles restrictions étaient impossibles à maintenir indéfiniment. Quelle que soit l’importance de ces facteurs, ce mouvement les surpasse, réclamant tous les droits démocratiques et illustrant une soif de changement à travers l’ensemble de la société iranienne. Ceci est reflété dans la participation et dans le soutien larges en faveur de ce mouvement et qui vivent parmi les couches plus âgées de la population.

      Outre tout cela, se trouve toute la frustration et la déception accumulées par de larges couches de la population au cours des premières années de la Présidence d’Ahmadinejad. Ahmadinejad a été élu en 2005 et a conservé une base de soutien importante, en particulier parmi certaines couches dans les régions rurales et pauvres. Même au cours de ces élections, il semble y avoir une fracture entre les zones urbaines, plus larges, et les zones rurales. L’ampleur de cette division n’est pas encore complètement apparente. Par exemple, l’International Herald Tribune a publié un rapport provenant d’un petit village du nom de Bagh-e-Iman, près de la ville de Shiraz, au sud-ouest du pays. Selon ce rapport, la majorité des 850 villageois soutenaient Moussavi; pourtant c’est l’inverse qui a été déclaré lors du décompte des voix. Ceci, malgré le fait que les partisans d’Ahmadinejad y ont été hués au cours des assemblées électorales. Des convois entiers de voitures de villageois pleines à craquer se sont alors rendus à Shiraz pour y rejoindre les manifestations. Qui plus est, l’Iran dispose maintenant d’immenses centres urbains où vit aujourd’hui la majorité de la population, qui conserve des liens importants avec leur famille demeurée à la campagne. Selon des estimations récentes, près de 70% de la population habite en ville.

      Un populiste réactionnaire

      Le soutien d’Ahmadinejad parmi la population pauvre a été bâti sur base d’un populisme réactionnaire, dénonçant la corruption, la riche élite libérale et utilisant une politique nationaliste bruyante dirigée contre l’impérialisme occidental et en particulier américain.

      Lors des élections de 2005, il a repris un des slogans de la révolution de 1979, «Une République des pauvres». Après la révolution, d’importantes sections de l’économie iranienne ont été remises entre les mains de l’État, mais plutôt qu’une République des pauvres, c’est une République des riches, de l’oligarchie corrompue des Mollahs qui est apparue. En 2005, Ahmadinejad a aussi fait la promesse de redistribuer la manne pétrolière de manière plus équitable, en faveur des pauvres, et a introduit des subsides pour certains biens de consommation. Après son élection, toute une série de projets d’infrastructure ont également été entrepris. Cette rhétorique contrastait avec celle de Rafsanjani, son opposant «réformiste», lequel a été battu en 2005 sur base de son caractère corrompu et de ses liens avec les riches oligarques.

      Pourtant, la campagne populiste d’Ahmadinejad en faveur des pauvres n’a pas empêché son régime de brutalement attaquer les chauffeurs de bus de Téhéran et d’autres lorsqu’ils ont entrepris des actions de grève afin de défendre leurs intérêts.

      Toutefois, avec une inflation galopante qui s’élève à 30%, la hausse du chômage, qui aujourd’hui touche environ 25% des moins de trente ans, et le récent abandon des subsides pour l’essence et certains produits alimentaires, la frustration et la colère se sont accrues au cours de la dernière période.

      Ahmadinejad a aussi militarisé le gouvernement tant au niveau local que national, ce qui a mené à une répression accrue ainsi qu’à une hostilité croissante, surtout de la part de la jeunesse. Sur vingt-et-un postes ministériels, il en a octroyé quatorze à d’anciens officiers des Gardiens de la Révolution, comme lui. Le Basij a aussi reçu des droits d’extraction pétrolière, ce qui a mené à des allégations de corruption, alors qu’il était justement censé l’éradiquer.

      Jusqu’ici, la force du mouvement, inédit en Iran depuis la révolution de 1979, a contraint le régime à effectuer toute une série de zigzags en guise de réponse, et a ouvert des fractures et des divisions en son sein. Au départ, le Conseil des Gardiens s’est contenté d’officialiser le pseudo-résultat des urnes, et a rejeté les demandes de recomptage. Il a ensuite fait marche arrière et a concédé un recomptage partiel de certaines urnes «contestées». Très récemment, il a accepté le fait qu’un peu plus de six cents urnes contestées soient recomptées. Toutefois, même si l’on obtenait par miracle la concession d’un recomptage complet, cela ne voudrait en réalité rien dire. Après tout, qui serait chargé de contrôler les contrôleurs? Selon Robert Fisk, un journaliste anglais, une bagarre a éclaté parmi les parlementaires réactionnaires sur la réponse à donner face à la phrase d’Ahmadinejad selon qui les manifestants ne sont rien de plus que «poussière et cendres».

      Comme Trotsky l’a fait remarquer dans son œuvre monumentale qu’est «L’Histoire de la Révolution russe», l’arrivée des masses sur le terrain de la lutte avec l’ampleur que nous voyons en ce moment constitue une des caractéristiques d’une révolution. Dans ce sens, l’on peut dire que c’est une révolution qui se déroule en ce moment en Iran.

      Khamenei

      Quel type de révolution?

      Toutefois, il y a différents types de révolution. Historiquement, il y a eu les révolutions bourgeoises des 17e et 18e siècles en Europe, qui ont balayé la société féodale. Il y a également eu la révolution socialiste comme celle qui s’est par exemple déroulée en Russie en 1917, et qui a eu pour conséquence le renversement du capitalisme et du féodalisme, et la mise en place d’une démocratie ouvrière. Celle-ci a été suivie par une contre-révolution politique, lorsque le régime bureaucratique de Staline a émergé et a ôté son pouvoir politique à la classe salariée.

      Il peut également y avoir des troubles révolutionnaires qui ont pour conséquence un changement de pouvoir politique, mais qui conservent intactes les anciennes relations sociales et de propriété. En Iran pour l’instant, c’est une révolution politique qui est entrain de se produire, dans le cadre du capitalisme. Toutefois, une révolution est un processus, et au cours de ce développement peuvent émerger des questions et des revendications sociales qui l’amènent en conflit avec le système social du capitalisme. Les débats et les disputes qui se sont déroulés à la télé entre Moussavi et Ahmadinejad lors de la campagne électorale ont joué un rôle central dans l’essor de la population et surtout de la jeunesse, qui a été ensuite entraînée dans le mouvement de manière active, et est devenue une force motrice, qui conduit la lutte depuis que les soi-disant résultats des élections ont été annoncés.

      La question cruciale maintenant en Iran est de savoir comment ce mouvement va se développer, et le type du nouveau régime qui va en ressortir. A ce stade des événements, on ne peut pas dire avec certitude comment la crise actuelle va se dérouler et se développer. La classe salariée va-t-elle surgir à l’avant-garde de la lutte pour la tirer en avant? Il est toutefois clair que c’est une nouvelle ère qui s’ouvre en Iran, et que les troubles et la révolution vont se développer tout au long d’une période prolongée, avec de nombreuses crises et de nombreux revirements de situation.

      Lénine a défini quatre principales conditions pour le développement d’une révolution socialiste.

      Premièrement, des fractures et des divisions doivent s’ouvrir au sein de la classe dirigeante et de ses représentants politiques. Deuxièmement, la classe moyenne doit se trouver dans un état d’hésitation, avec une couche importante parmi elle qui soutienne la révolution. Troisièmement, la classe salariée doit être organisée et doit afficher une évidente volonté de lutte – se plaçant à la tête du processus révolutionnaire. Quatrièmement, il faut un parti socialiste révolutionnaire de masse, avec une direction décidée, et un large soutien pour ses idées parmi d’importantes couches de la population – et en particulier, le soutien des couches actives des salariés.

      Il ne fait aucun doute que les deux premières conditions sont présentes en Iran à l’heure actuelle. Cependant, il serait idiot et irresponsable de prétendre que, dans l’état actuel du mouvement en Iran, ces deux conditions y ont déjà muri. La troisième condition – la volonté de lutte de la part de la classe salariée – n’est pas clairement évidente à ce stade-ci. La classe ouvrière n’a pas encore clairement marqué ce mouvement, agissant en tant que force indépendante. La quatrième condition de Lénine – celle d’un parti de masse et d’une direction socialistes révolutionnaires – doit encore y être construite. Le degré de volonté de lutte par les travailleurs doit encore être mis à l’épreuve par des comités de lutte démocratiquement élus et des syndicats indépendants, qui sont encore inexistants.

      L’absence d’une conscience de masse chez la classe salariée quant à son rôle indépendant, et l’absence d’une direction révolutionnaire, deviennent des obstacles objectifs à la révolution. Sans une estimation précise de ces facteurs, il est impossible d’estimer correctement les perspectives pour la révolution qui commence à se dérouler en Iran.

      Fractures au sein du régime

      Il ne fait aucun doute qu’une fracture majeure s’est ouverte au sein du régime au pouvoir en Iran. Elle s’est même étendue aux forces qui soutiennent Ahmadinjad, jusqu’à y provoquer des bagarres, concentrées autour de la réaction à adopter face au mouvement de masse qui semble les avoir prises par surprise. L’arrestation de membres de la famille de l’ancien Président Rafsanjani indique la profondeur de cette fracture ouverte au sein de l’élite dirigeante.

      Le conflit entre Ahmadinejad et Moussavi représente également une division parmi les dirigeants. Tandis que les masses dans les rues se sont ralliées à Moussavi et placent de grands espoirs et illusions en lui, lui-même, ainsi que ses principaux partisans, a fait partie du régime théocratique. Moussavi, qui était Premier Ministre à l’époque de la crise des otages de 1979, a été responsable pour la répression contre les militants de gauche, et n’a rien fait pour s’opposer à la «fatwa» prononcée contre l’écrivain Salman Rushdie par le Guide Suprême de l’époque, l’Ayatollah Khomeini.

      Lors de cette campagne électorale, il a promis la réforme du système existant, une plus grande libéralisation économique, la baisse du chômage et une «plus grande égalité» entre hommes et femmes, mais tout cela au sein du régime théocratique clérical actuel. En essence, son programme consiste en un plan de réformes d’en haut pour empêcher une révolution d’en bas, afin de maintenir l’ordre existant.

      Pourtant, cette division importante et cruciale a ouvert la porte à travers laquelle les masses se sont déversées dans l’arène de la lutte. La détermination d’Ahmadinejad et de ses partisans à se maintenir au pouvoir coûte que coûte a encore plus élargi la fracture entre eux. Le fait que l’Ayatollah Khamenei, Guide Suprême de la nation, décide de conserver Ahmadinejad à son poste, et exige la fin des manifestations sous peine de voir la répression s’aggraver, menace de renforcer le conflit et de le porter un cran plus haut. Après avoir commencé par réclamer une réforme du système, le mouvement se trouve maintenant directement confronté à la figure de Khamenei, ce qui l’amène en collision avec l’ensemble de l’État théocratique.

      Au début de la guerre civile espagnole, Trotsky a expliqué qu’en 1931, le général Berenguer avait agit en tant que portier, ouvrant la porte à travers laquelle les masses se sont engouffrées dans la lutte. On peut aujourd’hui dire la même chose de Moussavi, lequel, ayant ouvert la porte, tente maintenant de la refermer à nouveau. Malgré ses tentatives, la pression demeurera, et risquera de la faire voler en éclats.

      Au moment où nous écrivons, il n’est pas encore très clair de savoir si les masses sont prêtes à aller encore plus loin, pour porter le mouvement vers une telle confrontation directe. Toutefois, les indications données par les personnes interviewées, de même que les rapports qui nous parviennent via Twitter et Facebook – et qui sont une caractéristique de ce mouvement – montrent que la déclaration de Khamenei a enragé une couche importante de la population. Les étudiants de l’Université de Téhéran ont déclaré une occupation permanente du campus après la déclaration du vendredi 19 juin. Ils ont appelé à une grève pour le mardi 22 juin. Cependant, confrontées à un déploiement massif des forces de sécurité, les manifestations du week-end des 20 et 21 juin ont semblé bien plus petites. Alors que les étudiants ont fait montre d’un grand héroïsme tout au long du mouvement, le niveau de la répression semble avoir intimidé d’autres couches de la population, qui préfèrent rester en-dehors du mouvement de protestation. Ceci n’aurait pas été le cas si la classe salariée avait marqué ce mouvement en tant que force indépendante et organisée.

      Il est maintenant possible que, confronté à une répression féroce, le mouvement ralentisse et s’interrompe temporairement pour une certaine période. Ceci est d’autant plus probable que la classe salariée tarde à rejoindre la lutte de manière décisive. Si une telle situation devait se produire, nous pouvons être certains que ce mouvement fera à nouveau irruption dans un futur proche.

      Toutefois, le mouvement de protestation qui s’est déroulé jusqu’ici s’est accru malgré les tentatives de démobilisation effectuées par Moussavi – qui a même appelé à l’annulation d’une manifestation de masse. Malgré cela, des centaines de milliers de gens sont descendus dans les rues, illustrant le fait que ce mouvement se développe d’en bas, malgré les tentatives de sa direction de l’empêcher. Moussavi est tout comme Ahmadinejad terrifié par le mouvement de masse – encore plus à l’idée qu’il puisse se transformer en un mouvement indépendant de la classe salariée.

      La classe des travailleurs

      La question cruciale qui se pose maintenant est de savoir si oui ou non la classe salariée est prête à rejoindre la lutte de manière décisive. Si un tel cas se produisait, alors le renversement du pouvoir d’Ahmadinejad serait clairement mis à l’ordre du jour. Bien que, selon certains rapports, les chômeurs et d’importantes couches de la population pauvre aient rejoint les manifestations à Téhéran nord (une zone plutôt habitée par des classes moyennes) et que les ouvriers du bâtiment aient acclamé la manifestation de l’opposition tandis qu’elle passait, nous n’avons encore reçu aucun rapport faisant état de travailleurs partant en grève ou formant leurs propres organes de lutte. Toutefois, certains indices montrent qu’un tel processus serait en train de se mettre en place.

      Les chauffeurs de bus de Téhéran, qui jouissent d’une longue histoire de lutte contre le régime, ont publié une déclaration soutenant le mouvement et ceux qui combattent la répression du régime. Ils ont appelé à une journée de protestation pour le vendredi 26 juin. Il semblerait également que les ouvriers de l’usine automobile de Khowdrow ont imposé une grève de 30 minutes au début de chaque pause en guise de protestation contre la répression contre les manifestants.

      En outre, les chauffeurs de bus, dont le chef Mansur Osanlu purge une peine de cinq ans de prison pour les grèves qu’il a organisées dans le passé, tout en soutenant les manifestations, ne soutiennent aucun des candidats à l’élection présidentielle, puisqu’aucun d’entre eux ne représente la classe des travailleurs. Selon d’autres rapports, des discussions quant à l’organisation d’une grève générale se déroulent en ce moment.

      La révolution est un processus vivant qui se développe d’heure en heure et de jour en jour. De nombreux mouvements révolutionnaires ont commencé par l’entrée en lutte des étudiants universitaires et de couches de la classe moyenne, qui ont ensuite été rejoints par classe salariée, laquelle porte l’ensemble de la lutte à un niveau différent et supérieur. Cela a été le cas en France en 1968, et en Iran en 1979. La question, maintenant que la répression s’intensifie, est de savoir si le mouvement est prêt à se battre jusqu’au bout et à prendre les mesures nécessaires pour défier et renverser le régime.

      Au cas où Ahmadinejad et son régime adoptent une politique encore plus répressive et brutale, causant de nombreux décès, cela pourrait mettre le feu aux poudres et lancer les travailleurs dans la lutte. Certaines sources mentionnent une douzaine de personnes tuées par les forces de sécurité le 20 juin. La déclaration de Khamenei et le déploiement de l’appareil d’État constituaient une stratégie hautement risquée. Si de plus gros combats avaient eu lieu, provoquant le décès de plusieurs centaines voire milliers de personnes, ceci aurait été le détonateur pour la classe salariée qui serait entrée en lutte de manière plus consciente et décisive.

      Beaucoup d’étudiants proviennent de familles pauvres et bénéficient de bourses et d’aides afin d’accéder à l’université. Confrontées à l’explosion de la classe salariée alliée à la jeunesse, il n’est guère assuré que les forces répressives de la machine étatique demeureraient intactes.

      Bien qu’il y ait eu des tirs et des attaques brutales sur les étudiants de l’Université de Téhéran, surtout de la part des Basiji, il y a aussi des témoignages de Basiji refusant d’attaquer les manifestants. La composition sociale des Basiji en fait une force extrêmement peu digne de confiance lorsqu’il s’agit de l’utiliser contre les manifestants. Le gouvernement prétend que ses effectifs s’élèvent à 12 millions de miliciens (sur une population totale de 70 millions d’Iraniens). Pour beaucoup d’analystes, il s’agit là d’une exagération, et les effectifs réels ne s’élèveraient qu’à la moitié de ce nombre. Le Basij est une organisation relativement facile à rejoindre, ne requiert finalement que peu d’entraînement, et n’exige pas un service à plein temps. Selon une source, son noyau dur ne s’élèverait qu’à environ 90.000 personnes. Le reste des miliciens proviennent de leurs familles, parmi lesquelles nombreuses sont les personnes qui ont participé aux manifestations d’opposition.

      Au cas où le mouvement gagnerait encore plus de force, et surtout si la classe salariée devait rejoindre la lutte de manière organisée et déterminée, alors les différentes ailes de l’appareil étatique pourraient scissionner et se fragmenter. D’importantes couches de cet appareil passeraient du côté des manifestants. C’est là sans nul doute ce que craignent les gros bonnets au sein du régime.

      Ce mouvement a mis à jour les divisions de classe et sociales massives qui existent dans la société iranienne. Si la crise devait se poursuivre et si la révolution ne prend pas les mesures décisives pour aller de l’avant et pour finalement obtenir que la classe salariée, soutenue par la classe moyenne, la jeunesse et les paysans pauvres, prenne en main la gestion de la société, alors de nouvelles divisions peuvent également commencer à apparaître.

      Il y a une forte conscience nationale iranienne. Cependant, la population est composée de toute une série de groupes ethniques. On estime qu’elle est constituée de 52% de Perses, de 24% d’Azéris, de 8% de Gilakis et de Mazandaranis, et de 7% de Kurdes. Moussavi lui-même a parlé en Azéri lors de certains rassemblements (1). C’est là un nouveau point de fission qui pourrait s’ouvrir à un certain stade.

      L’éruption du mouvement en Iran représente un point tournant dans la lutte des masses. Il n’est encore qu’à ses stades initiaux, mais va déjà plus loin que les événements de 1999 et se développe rapidement. Il reste à voir si cette crise révolutionnaire, qui comporte d’importants éléments d’une situation pré-révolutionnaire, est à comparer avec celle de Russie en 1905 ou en 1917. La révolution de 1905 a été vaincue car elle ne bénéficiait pas du soutien des paysans des zones rurales. Elle a été une anticipation de la révolution de 1917. La révolution de 1917 a été menée par la classe ouvrière, avec le soutien et l’implication actifs de la paysannerie. Cette différence entre 1905 et 1917 est peut-être également présente dans la crise qui se déroule en Iran aujourd’hui. En 1905, les masses, et en particulier la classe salariée de Saint-Pétersbourg, s’étaient mises en action. Au début, elles désiraient simplement plaider auprès du Tsar, menées par un prêtre du nom de Père Gapon. Aujourd’hui en Iran, les masses ont demandé des droits démocratiques et la réforme du système existant, et reprenaient de même des slogans religieux. Toutefois, dans la Russie de 1905, les travailleurs avaient formé leur propre organe de direction, le Soviet (conseil populaire), qui joua un rôle décisif, et qui refit surface lors des grandes révolutions de 1917. Ce genre de développement ne semble pas encore avoir pris place en Iran.

      Toutefois, la révolution de 1905 fut vaincue, et une période de contre-révolution et de répression a suivi. Pourtant, 1905 fut un précurseur décisif pour la révolution de 1917, qui eut pour conséquence finale la prise du pouvoir par la classe salariée.

      L’Iran de 2009 pourrait n’être qu’une anticipation d’un mouvement encore plus grand à venir. Si tel devait être le cas, quand bien même le régime actuel parviendrait à se maintenir pour une certaine période, la crise et les antagonismes sociaux demeureront et s’intensifieront, et mèneront certainement à de nouveaux troubles révolutionnaires. L’absence d’un véritable parti et d’une véritable direction socialistes révolutionnaires, couplée à la confusion politique qui existe assurément après trente ans de régime théocratique et à la retraite idéologique organisée internationalement quant à l’idée d’une alternative socialiste, signifie que la révolution en Iran va nécessiter un développement plus prolongé.

      Une alternative socialiste

      Le fait que Hugo Chavez, le Président “socialiste” du Venezuela, a, de manière scandaleuse, soutenu et défendu Ahmadinejad, ne peut qu’ajouter à la confusion. Ceux qui, parmi la gauche, ont de manière opportuniste décidé de garder le silence quant à la politique erronée de Chavez vis-à-vis d’Ahmadinejad et d’autres régimes et quant à d’autres enjeux n’ont pas aidé les masses iraniennes à suivre la bonne voie et à adopter l’idée d’une alternative socialiste authentique.

      La tâche cruciale qui se pose maintenant en Iran, afin de vaincre Ahmadinejad et de mener le mouvement en avant, est d’assurer que des organisations réellement démocratiques soient formées afin de diriger la lutte. Des comités de grève, impliquant la classe moyenne, doivent être élus dans chaque entreprise, chaque université et chaque quartier. Plus que tout, ces comités doivent être prêts à appeler à la grève générale et à appeler la base de l’armée, des Gardiens de la Révolution, du Basij, et des autres organisations répressives de l’État, à rejoindre le mouvement, à renverser leurs officiers et à former leurs propres comités.

      L’appel à un recomptage des voix par l’appareil étatique actuel ne résoudra pas la crise et ne peut pas remporter la confiance du peuple. Des comités de lutte élus pourraient poser la base pour l’organisation d’élections à une Assemblée constituante révolutionnaire afin de déterminer l’avenir du pays. Le comptage de toutes les voix pour une telle Assemblée doit être supervisé par des comités démocratiquement élus.

      L’édification d’un gouvernement ouvrier et paysan, sur base d’un programme socialiste révolutionnaire, visant à rompre avec le capitalisme, est la seule voie qui puisse mener à la conquête de véritables droits démocratiques et à l’égalité pour l’ensemble du peuple iranien, exploité par le système actuel et par le capitalisme.

      De telles revendications doivent inclure la liberté d’assemblée, le droit de former des partis politiques, de former des syndicats indépendants, de produire des journaux et des programmes télévisés sans censure étatique, de même que la libération de tous les prisonniers politiques et de tous ceux qui ont été arrêtés pour s’être dressés contre le régime.

      La nouvelle ère qui s’ouvre en Iran ouvre la perspective de travailleurs et de jeunes tirant les conclusions nécessaires quant à quel programme et quelle organisation sont nécessaires pour assurer une victoire durable et mettre un terme à la dictature et à la pauvreté subies sous le régime actuel. Le rôle des socialistes révolutionnaires est d’aider ces jeunes et ces travailleurs à trouver cette voie.


      (1) Musavi lui-même est natif de la province iranienne d’Azerbayjan oriental, principalement peuplée d’Azéris

      (2)En juillet 1999, les étudiants de l’Université de Tehran ont organisé une manifestation contre la fermeture d’un journal, qui fut fortement réprimée par les autorités. Les émeutes qui s’ensuivirent durèrent une semaine et se propagèrent dans les autres grandes villes iraniennes.


      Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

      Cette analyse est issue du CIO.

      Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Australie : Les lois anti-motards sont un pas en arrière pour les droits civiques

    Jusqu’il y a peu, la présomption d’innocence constituait une part intégrante du système judiciaire des Nouvelles-Galles du Sud (l’Etat de Sidney). Cette situation a changé avec l’introduction de la Loi de Contrôle des Organisations Criminelles, également connue sous le nom de loi anti-motards.

    Par Ger Hughes, Socialist Party (CIO-Australie)

    Sans aucunement soutenir des comportements violents ou antisociaux, tels que le trafic de drogue ou les fusillades, cette loi devrait préoccuper tous ceux qui désirent protéger les libertés démocratiques.

    Il n’a fallu que quelques jours pour que cette législation soit proposée, rédigée, votée dans les deux chambres du Parlement et mise en application. Cette loi constitue une réponse «réflexe» à un incident qui s’est produit à l’aéroport de Sidney, où un certain nombre d’hommes, identifiés par des témoins comme étant des «bikies» (motards), ont été impliqués dans une bagarre qui a causé la mort d’une personne et des blessures à plusieurs autres.

    La rapidité avec laquelle cette loi a été instaurée signifie qu’il n’y a eu aucune réflexion sur la nécessité d’une telle loi, aucune consultation de la collectivité, aucune évaluation de lois similaires dans d’autres juridictions. Ce procédé est éminemment antidémocratique.

    Cette loi de Nouvelles-Galles du Sud est basée sur une législation similaire d’Australie Méridionale. En Australie Méridionale, la loi contient une clause qui en exempt les partis politiques, mais qui n’est pas reprise dans la loi de Nouvelles-Galles du Sud. Dans les faits, cette loi peut donc être appliquée à tout type d’organisation. D’autres Etats, y compris le Queensland, désirent maintenant adopter le même type de mesures, et il semblerait qu’une version fédérale de cette loi est à l’ordre du jour.

    La nouvelle loi permet à la police de demander à un juge de la Cour Suprême de déclarer illégale une organisation. Ceci signifie que l’association entre les (ex-)membres de cette organisation est considérée comme une infraction. Si le juge est persuadé qu’un assez grand nombre des membres de cette organisation prévoient ou sont impliqués dans une activité criminelle sérieuse, ce groupe peut alors devenir une «organisation déclarée». Une fois cela fait, des ordres peuvent donnés afin d’empêcher tout contact entre membres, que ce soit par téléphone, email ou de visu.

    Les infractions à ces ordres peuvent être punissables par l’emprisonnement jusqu’à deux ans – cinq pour les récidivistes. Les individus peuvent également se voir interdire de travailler dans certaines industries. Ces restrictions n’ont aucune limite dans le temps, et peuvent donc demeurer jusqu’à révocation.

    Il y aussi eu d’importantes modifications aux règles concernant l’apport de preuves et la procédure requise afin de mettre en vigueur les ordres de restriction. En outre, les preuves utilisées dans le cadre du processus pour faire d’une organisation une «organisation déclarée» ou pour énoncer des ordres de contrôle peuvent être protégées et gardées secrètes vis-à-vis des personnes concernées ou du public.

    Cette loi comporte une ressemblance frappante avec les lois anti-terrorisme qui ont été implémentées après le 11 septembre et les attentats de Bali, dans le sens que c’est à l’accusé de prouver son innocence, et que des preuves secrètes peuvent être utilisées au cours du procès. Le Gouvernement de Nouvelles-Galles du Sud utilise la menace exagérée et plus ressentie que vécue de la violence perpétrée par des groupes de motards comme une excuse pour faire régresser les droits civiques.

    Alors que le Gouvernement est extrêmement impopulaire à cause de ses tentatives de privatiser l’électricité ou les services aux prisons, une partie de son objectif en exagérant la violence des motards est de détourner l’attention des véritables enjeux actuels.

    Il est clair qu’il y a déjà plus qu’assez de lois en vigueur visant à réprimer les comportements criminels. Mais cette loi-ci, bien qu’étant aujourd’hui dirigée contre les motards, va être utilisée contre d’autres organisations au cours des années à venir. Les prochaines cibles seront les syndicats, les partis politiques, et les autres organisations qui s’opposent à la politique du Gouvernement. Nous ne devons pas laisser encore reculer nos libertés démocratiques, et pour cette raison, cette loi doit être combattue.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section du CIO en Australie.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Irlande : retour sur la campagne du Socialist Party pour les élections européennes et communales

    Une victoire sensationnelle pour le Socialist Party (CIO-Irlande)

    Nous avons déjà à plusieurs reprises parlé sur ce site de l’élection de notre camarade Joe Higgins au Parlement européen. Ce moment est historique pour notre internationale, le Comité pour une Intenationale Ouvrière, qui obtient là son premier élu européen. En outre, aux élections communales qui se déroulaient au même moment, nos camarades irlandais ont décroché 6 élus. Cet article revient sur ces résultats.

    Socialist Party (CIO-Irlande)

    “Je viens de me lever. J’ai un peu plus de pêche quand je marche. C’est un beau jour pour être socialiste” (Pat, de Sligo)

    «Je viens d’entendre les infos, j’espérais que tu remporterais le siège, je suis absolument comblé, il y a une justice dans le monde. J’arrive tout simplement pas à le croire, les médias t’avaient totalement nié, quel belle matinée. Ma journée au travail va être bien plus facile après avoir entendu ta victoire éclatante. Terrible!» (Ger, de Cork)«C’est la première fois de ma vie que je vote pour un candidat socialiste, et regardez ce qu’il se passe ! Tu manquais à tout le monde au Dáil, et je suis tellement heureux que tu ailles à l’Europe. Pourris-leur la vie!» (PJ, de Dublin)

    «Bravo, M. Higgins, pas mal pour un «raté», comme t’appelait «Loo Lah Bertie». Je pense que nous savons maintenant qui est le «raté»!» (Conor)

    Ce n’est là qu’un échantillon des commentaires qui sont parvenus au bureau du Socialist Party ce matin. Le dernier commentaire fait référence à l’ancien Taoiseach Bertie Ahern, maintenant totalement discrédité, qui avait traité Joe Higgins, en plein Dáil (parlement), de «raté» à la solde d’une «idéologie ratée». Comme les choses ont changé!

    La victoire éclatante de Joe Higgins pour la circonscription éclectorale de Dublin, lui accordant 12,5% des voix de première préférence, dépassant le Sinn Fein et battant deux (ex-)parlementaires européens, était la dernière étape d’un week-end dramatique, rempli d’excellents résultats électoraux pour le Socialist Party d’Irlande.

    En plus de remporter le siège au Parlement européen, Clare Daly a été réélue au conseil de sa commune de Swords, avec 3192 voix, soit plus de 20% ; de même, Joe lui-même a remporté 3787 voix à Castleknock (28%). Le parti a reçu 2747 voix (près de 18%) à Mulhuddart ward, ce qui a permis de réélire Ruth Coppinger haut la main.

    Le parti a reçu un soutien électoral significatif dans toutes les circonscriptions, mais a obtenu des gains particulièrement importants avec l’élection de Terry Kelleher au Conseil communal de Balbriggan, et de Frank Gallagher au Conseil communal de Drogheda.

    Malheureusement, notre conseiller Mick Murphy a raté de très peu sa réélection à Tallaght Central, au sud de Dublin, à 200 voix près. Nous avons parlé dans un autre article (sur le site international : socialistworld.net) de la difficulté à se faire réélire dans cette circonscription. Les camarades ont mené une campagne extrêmement forte, et dans les quartiers où Mick et le parti sont basés, nous avons obtenu plus de 20% des voix, ce qui nous a permis d’obtenir 2159 voix de première préférence.

    En fait, Tallaght Central a été agrandi, à cause d’un redessinement des frontières communales l’été dernier. Cette expansion, conjointement à la remontée du Labour, ont rendu les élections difficiles, bien que nous soyons presque parvenus à une victoire. Ceci représente une défaite, mais c’est une défaite de laquelle nous pourrons et nous allons récupérer, en redéveloppant complètement notre position au cours des mois et des années qui viennent.

    Notre conseiller Mick Barry à Cork a été facilement réélu, remportant la majorité des suffrages avec 2096 voix (26,5%), dépassant le quota de moitié. Notre second candidat à Cork, Dave Kating, a remporté un résultat très crédible de 5,5%, et le profil du parti a été renforcé de manière importante dans la ville.

    En termes de Conseils de Comtés, nous en gagnons un à Castleknock mais en perdons un autre à Tallaght ; mais le plus important est que nous sommes parvenus à accomplir une percée dans d’importants Conseils communaux comme ceux de Balbriggan, de North Dublinet de Drogheda.

    Une lutte serrée

    Les résultats des élections européennes à Dublin ont été reportés à cause d’un recomptage. Tandis que les heures du petit matin s’égrénaient minute après minute, la tension commençait à monter. Il était clair que la bataille pour le dernier siège de Dublin tournait à l’ultime conflit entre le Socialist Party et le Fianna Fáil, le principal parti capitaliste en Irlande, au gouvernement depuis douze ans – entre Joe Higgins et Eoin Ryan, un ancien Ministre.

    Ryan disposait d’une avance de 11.000 voix. Mary Lou McDonald, parlementaire européenne du Sinn Fein, qui a été repoussée à la cinquième position par le vote populaire du Socialist Party, était éliminée d’office, et donc ses voix devaient être transférées à Ryan ou Higgins, ou pas, en fonction du vote de deuxième préférence exprimé par les électeurs.

    Des 55.429 électeurs de McDonald, Joe avait besoin d’une part bien plus importante que celle qui était attribuée à Ryan s’il devait le rattraper. Les pronostics étaient que beaucoup de ces votes ne seraient transférés ni à Joe, ni à Ryan, réduisant par conséquent le potentiel de voix grâce auxquelles Joe pourrait rattraper Ryan.

    Puis ce fut l’instant. Les voix de McDonald avaient été allouées, et le décompte était finalement terminé, nous n’avions plus qu’à attendre l’annonce. Certains membres et sympathisants du parti, de même que ceux du Fianna Fáil, se sont rassemblés autour des huissiers qui remontaient sur le podium. Ceci étant, l’équipe d’assesseurs, qui avait compté les résultats toute la journée, sortit de derrière les barrières pour rentrer chez eux, abandonnant ainsi à leur destin respectif les deux groupes de partisans avides de résultat.

    Si les transferts s’étaient déroulés comme prévus, tout les éléments auraient dû être en place pour une victoire de Joe, mais la possibilité qu’une grosse quantité de voix n’aient pas été transférés pouvait dynamiter ce scénario. Et puis, il y a toujours une possibilité d’un inattendu lors d’élections proportionnelles. L’huissier revint au podium.

    A travers les grésillements du micro, l’huissier annonça que Joe Higgins avait obtenu un transfert de 22.201 voix supplémentaires. Les gens retenaient leur souffle, étant donné que ces résultats étaient inférieurs à ceux prévus. Le transfert de McDonald à Ryan allaient-ils le propulser en avant et lui permettre de sortir gagnant? Lorsqu’il fut annoncé que Ryan n’avait obtenu que 5.426 voix de deuxième préférence, alors vint la réalisation que nous avions réussi, que Joe était élu, le tout premier membre du CIO à être élu au Parlement européen. Quand bien même 50% des voix n’étaient pas transférables, le taux de 4 contre 1 a fait en sorte que nous avons été élus avec un bon surplus de 5.410 voix.

    Les élections européennes et communales ont été un désastre pour les deux partis au pouvoir, le Fianna Fáil et les Greens, et l’administration est maintenant très bancale. Dans d’autres articles, nous nous préoccuperons de la situation politique et économique en Irlande, et de l’approche que doit avoir le Socialist Party vis-à-vis de cette situation, mais pour l’instant, nous allons fêter cette victoire historique.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section du CIO en République irlandaise.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Iran 1978-79: Une révolution volée à la classe ouvrière

    Pour comprendre la situation actuelle en Iran, il est important de savoir comment ce régime est arrivé au pouvoir. Le mouvement révolutionnaire iranien de 1978-79 a constitué une force puissante que personne n’attendait et qui a réussi à mettre fin au régime dictatorial et particulièrement répressif du Chah, monarque absolu pro-occidental. La classe ouvrière s’était soulevée, mais faute de direction politique claire, la révolution a été volée aux travailleurs par les forces religieuses conservatrices groupées autour de l’Ayatollah Khomeini, le prédécesseur de Khameini. Revenir sur les évènements révolutionnaires de 1978-79 est aussi d’un immense intérêt pour le mouvement actuel.

    Par Robin Clapp

    Aujourd’hui, l’Iran est une dictature religieuse mais, il y a maintenant 30 ans, un mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière a renversé la monarchie iranienne et aurait pu aller jusqu’à l’instauration d’une république socialiste.

    Robin Clapp (CIO-Angleterre et Pays de Galles) parcourt ici ces évènements et explique pourquoi la contre-révolution a été victorieuse (texte écrit en 2003)

    Quand les experts de la CIA ont rédigé un rapport sur la santé politique du régime monarchiste et pro-occidental iranien e septembre 1978, ils ont conclu qu’en dépit de son régime autocratique, le Chah d’Iran régnait sur une dynastie stable dont le pouvoir pouvait encore s’étendre sur au moins une autre décennie. Quatre mois plus tard seulement, le Chah était toutefois forcé de prendre la poudre d’escampette face à une révolution populaire qui a mis bas un des régimes les vicieux au monde…

    La SAVAK, la police secrète du Chah, forte de 65.000 personnes, avait infiltré chaque couche de la société, avec des méthodes empruntées à la sinistre Gestapo nazie. Ces méthodes avaient d’ailleurs été ‘améliorées’ à tel point que le dictateur chilien Augusto Pinochet avait envoyé ses tortionnaires se former à Téhéran. Mais malgré ces colossaux obstacles, les travailleurs ont renversé le Chah et ont mis en branle un processus révolutionnaire qui a terrifié tant les régimes réactionnaires du Moyen-Orient que les puissances impérialistes occidentales. De plus, et ce n’est pas le moindre, ce soulèvement populaire a également alarmé la bureaucratie stalinienne d’Union Soviétique, alors engagée dans un commerce lucratif avec l’Iran.

    Hélas, au final, les travailleurs ne devaient pas pouvoir profiter des fruits de leur révolution. Le pouvoir est passé des mains du Chah à celles des de l’Islam politique de droite dirigé par l’Ayatollah Khomeini.

    Trois ans après, toutes les lois laïques avaient été annulées et les femmes s’étaient vues imposées des codes vestimentaires tirés d’une interprétation stricte de la tradition islamique. 60.000 professeurs ont à ce moment été renvoyés et des milliers d’opposants défendant les intérêts de la classe ouvrière ont été assassinés ou emprisonnés. Le parti communiste iranien, le Toudeh (Parti des Masses d’Iran), qui avait acceuilli avec enthousiasme le retour d’exil de Khomeini en 1979, a lui-même été interdit en 1983.

    une atmosphère révolutionnaire

    Un régime totalitaire se maintient par la terreur et l’oppression, mais cela ne fonctionne que tant que les masses demeurent effrayées et inertes. Mais l’horreur éprouvée quotidiennement conduit en définitive à la révolte. Une fois que la classe ouvrière laisse sa peur du régime de côté et entre en action, la police secrète et toutes ses effroyables méthodes s’avèrent souvent impuissants.

    Entre octobre 1977 et février 1978, des manifestations de masse illégales ont déferlé sur l’Iran. Revendiquant des droits démocratiques et leur part de la richesse du pays, les étudiants, puis la classe ouvrière, ont bravé les balles et la répression en occupant les rues.

    En janvier 1978, après que des tirs mortels aient touché plusieurs centaines de manifestants dans la Ville Sainte de Qom, une grève de deux millions de travailleurs s’est étendue de Téhéran à Isphahan, Chiraz et Mashad. Les pancartes tenues par les manifestants et les grévistes clamaient: «Vengeance contre le Chah et ses amis impérialistes américains», d’autres revendiquaient «Une république socialiste basée sur l’Islam». De plus en plus, les soldats ont commencé à fraterniser avec la foule en criant: “Nous sommes avec le peuple!”.

    Même la classe capitaliste dirigée par le Front National d’Iran de Mehdi Bazargan, qui avait tout d’abord limité ses ambitions à un partage du pouvoir avec le Chah, a été forcée par le développement d’une atmosphère ‘rouge’ à adopter un programme ‘semi-socialiste’.

    La révolution iranienne avait suivi les traces de la révolution russe de 1905, mais à un plus haut degré. A l’époque, les masses avaient accordé leur confiance aux ‘démocrates’ en costume qui avaient promis qu’ils arriveraient à faire entendre raison au Tsar. En Iran, partout, on pouvait entendre des cris réclamer que le Shah soit poussé hors du pouvoir.

    Les travailleurs des services publics et des banques ont joué un rôle crucial pour exposer au grand jour la nature particulièrement pourrie du régime. Des employés de banque avaient ainsi ouvert les livres de compte pour révéler que durant les trois derniers mois de 1978 uniquement, un milliard de livres sterlings avaient été détournés du pays pour finir dans les poches de 178 membres de l’élite iranienne. D’autre part, le Chah avait sauvé une somme similaire aux USA. La réponse des masses, furieuses, a été de brûler environ 400 banques.

    Classe, parti et direction

    Quand Mohammed Reza Pahlavi, le Chah d’Iran, a honteusement quitté le pays pour la dernière fois le 16 janvier 1979, la lutte avait largement dépassé le stade de considérer son simple départ comme une victoire. Il était maintenant question de l’abolition de l’Etat absolutiste. Quelle forme devait prendre le nouvel Iran?

    La classe ouvrière avait mené la lutte contre le Chah avec détermination : manifestations de masse, grève générale de quatre mois et, finalement, insurrection (les 10 et 11 février 1979). L’ancien régime avait été abattu pour toujours. Dans cette lutte, la classe ouvrière était devenue bien consciente de son pouvoir, mais hélas pas de la façon de l’organiser pour garder le contrôle de la société en ses mains propres.

    La Révolution teste toutes les classes sociales, et la question clé pour la classe ouvrière est de savoir si elle possède une direction décisive pour être capable de passer d’une insurrection populaire à la construction d’une société socialiste.

    En Iran – malgré le grand héroïsme des travailleurs, des étudiants et de la jeunesse – il manquait une direction marxiste de même qu’un parti de masse capable de tirer les conclusions nécessaires du cours de la révolution. La tâche des marxistes était alors d’expliquer la nécessité pour la classe ouvrière, alliée aux minorités nationales et aux paysans pauvres, de prendre consciemment le pouvoir dans ses mains et de réaliser les tâches d’une révolution socialiste.

    Mais la gauche iranienne n’a pas saisi cette opportunité. Les plus grandes forces de gauche étaient à l’époque le Parti communiste (Toudeh) et les guerrillas des Fedayin du Peuple (‘marxiste’) et de l’Organisation des Moudjahiddines du peuple iranien (islamiste).

    Ces organisations avaient beaucoup de membres, jouissaient d’un grand soutien dans la population et possédaient des armes. Mais elles souffraient énormément de leur confusion programmatique. Elles n’ont pas poursuivi de politique de classe indépendante pour les travailleurs, mais se sont au contraire mises à la remorque de Khomeini malgré les tentatives du clergé intégriste d’étouffer chaque mouvement indépendant des travailleurs.

    La chute de l’autocracie avait laissé le pouvoir vide d’occupant. Mais au moment précis où les masses auraient dû prendre en main leur destinée, quand le pouvoir était à elles, le Toudeh a proposé l’instauration d’une ‘république musulmane démocratique’. En réalité, cela signifiait que le Toudeh refusait de prendre la direction de la révolution pour participer à la réalisation des objectifs poursuivis par les Mollahs.

    La montée de l’islam politique de droite

    Les relations entre le Chah et son orientation pro-occidentale et les mosquées islamiques étaient depuis longtemps très tendues. Quand le Chah avait dépossédé les mosquées de leurs terres, le clergé musulman avait furieusement réagi et s’était vertement prononcé contre ce régime athée. Le guide spirituel des chiites iraniens, l’Ayatollah Khomeini, avait d’ailleurs été poussé à l’exil en Turquie et plus tard à Paris à la suite d’une révolte contre les expropriations de terres en 1963. Des douzaines de personnes y avaient rencontré la mort du fait de la répression.

    Marx avait décrit la religion comme "le soupir de la créature opprimée". A cause de l’interdiction de toutes les organisations opposées au Chah, les adversaires du regime avaient tendance à se rassembler autour des mosquées, où étaient délivrés des sermons radicaux. De plus en plus, ces sermons étaient considérés comme une lutte contre le totalitarisme.

    Les positions de Khomeini, en exil, étaient distribuées par cassettes audio en Iran. Arrivées en nombre restreint, elles étaient ensuite reproduites et diffusées. Khomeini et les autres Mollahs parlaient de liberté et de démocracie, d’un retour à un Islam épuré, débarassé des influences occidentales et non-islamiques qui avaient, selon eux, corrompus la culture et conduit la société dans une voie sans issue.

    Dans l’Iran économiquement semi-arriéré de l’époque, avec un haut niveau d’illettrisme et environ la moitié de la population vivant dans les campagnes, les paroles des Mollahs étaient une puissante force d’attraction pour les paysans et certaines parties de la classe moyenne, même pour des travailleurs. Alors que le Front National d’Iran voulait faire des compromis avec la dynastie, Khomeini voulait la faire tomber. Quand les masses entendaient les appels pour une République Islamique, elles comprenaient une république ‘du peuple’, pas des riches, où leurs revendications auraient été prises en compte.

    Dès le triomphal retour d’exil de Khomeini le 1er février 1979, le Toudeh a immediatement accordé son soutien à la formation d’un Conseil Révolutionnaire Islamique et lui a demandé de le rejoindre dans un Front Populaire Unis.

    Revolution et contre-révolution

    Mais ce même mois de février 1979, une situation de double pouvoir s’est développée à Téhéran. Le gouvernement s’était sauvé alors que les travailleurs, qui contrôlaient les usines et les enterprises, organisaient des comités démocratiques de travailleurs et saisissaient les armes des forces armées.

    C’est toutefois Khomeini qui a bénéficié de cette vague révolutionnaire. En mélangeant des intérêts de classe contradictoires et opposés, son mouvement a réussi à obtenir le soutien des forces séculaires et non-religieuses, grâce à une rhétorique populiste radicale: une république islamique favorisant les opprimés contre les tyrans locaux et l’impérialisme américain.

    Les militants religieux ont été aptes à détourner la révolution car ils étaients la seule force dans la société qui avait un objectif politique défini ainsi qu’une organisation et une stratégie pratique pour l’atteindre.

    Le 1er avril, Khomeini a obtenu une victoire à travers tout le pays lors d’un référendum national qui demandait à faire se prononcer face à l’unique choix suivant : République islamique – Oui ou Non.

    Les derniers jours qui ont précédé le référendum, pourtant, il a néanmoins été forcé à être plus prudent. Des confrontations avaient lieu entre les Gardiens de la Révolution Islamique et les travailleurs qui voulaient garder leurs armes récemment acquises. Khomeini dénonçait ceux qui souhaitaient continuer la grève générale comme des "traîtres que nous devons frapper au visage".

    En essayant de trouver un équilibre entre les classes sociales, il a dans le même temps accordé de grandes concessions aux travailleurs. Les médicaments et les transports gratuits ont été instaurés, des factures d’eau et d’électricité ont été annulées et les produits de première nécessité ont été lourdement subsidiés pour maintenir de bas prix.

    Mais les coffres de l’Etat étaient vides et le chômage atteignait 25%. En juillet, des décrets de nationalisation ont alors été dévoilés, accompagnés de l’établissement de tribunaux spéciaux avec le pouvoir d’imposer de deux à dix ans de prison pour "tactiques perturbatrices dans les usines ou agitation ouvrière".

    Khomeini n’a cependant été capable d’instaurer la base de son pouvoir que graduellement. Puis, quand l’Irak a envahi l’Iran en 1980, début d’une guerre sanglante de huit années, les masses se sont ralliées en défense de la révolution. A ce moment déjà, les braises révolutionnaires s’étaient refroidies.

    Le Parti Républicain Islamique mis sur pied par le clergé du tout nouveau Conseil révolutionnaire était lié aux vieux petits bourgeois (les petits capitalistes) et aux marchands des bazars qui réclamaient de l’ordre et la défense de la propriété privée. Tout en défendant ces couches conservatrices, Khomeini s’attaqua à l’impérialisme occidental en nationalisant le secteur pétrolier.

    Un régime hybride

    L’Etat islamique iranien est une république capitaliste d’un type particulier – un Etat religieux capitaliste. Dès le début, deux tendances sont apparues dans le clergé.

    Un groupe, autour de Khomeini, défendait que les Imams soient au pouvoir à travers un Etat capitaliste semi-féodal avec de nombreux centres de pouvoir. A leurs yeux, l’impérialisme américain représentait le ‘Grand Satan’ et ils encourageaient l’exportation du fondamentalisme islamique à travers le monde musulman. D’autres figures dirigeantes du régime, avec une aile cléricale plus pragmatique, voulait construire un Etat capitaliste moderne et centralisé. Tout en continuant à dénoncer les USA, ils ont voulu, particulièrement dans la dernière ‘90, renforcer les liens avec les pays occidentaux.

    Les conflits entre ces deux tendances et les crises politiques périodiques qui en resultent n’ont jamais été résolus et ont été à la base des conflits entre l’Ayatollah Khamenei et le président réformiste Khatami, élu avec une grande majorité en 1997.

    Conclusions

    Les évènements d’Iran ont permis la croissance d’un islam politique militant dans le monde musulman. En surface, il s’agit d’une demonstration de la force des masses pour lutter contre l’impérialisme.

    Mais en tant que marxistes, nous devons être clairs. L’Islam n’est pas en soi plus radical ou réactionnaire que toute autre religion au monde, et le fondamentalisme islamique n’est pas un phénomène homogène.

    Les conditions qui ont permis le développement d’un Islam politique de droite ont été créées par la faillite des mouvement nationalistes arabes et par les trahisons des partis ‘communistes’ qui ont refusé de mener une politique de classe indépendante et se sont rangés derrière différentes formes de bourgeoisies nationales. Mais le développement de l’Islam politique de droite reflète également qu’en Iran et ailleurs, le capitalisme est dans une impasse dans la région. Les masses opprimées ont besoin de trouver leur propre voie de sortie.

    Les variantes plus tardives d’Islam politique n’ont qu’une partie du radicalisme que Khomeini a été force d’embrasser au cours des premiers mois de la révolution iranienne.

    Les Talibans et les méthodes terroristes d’Al-Qaïda et d’Oussama Ben Laden n’offrent pas de solution à la lutte des masses opprimées contre le capitalisme et les propriétaires terriens. Au contraire, ces méthodes divisent la classe ouvrière et l’empêchent d’avoir son identité distincte et combative.

    Aujourd’hui, 20% des Iraniens possèdent la moitié de la richesse du pays. La lutte des classes refait régulièrement son apparition. Les édits abrutissants des Imams s’opposent résolumment à la volonté des jeunes de vivre librement leur vie.

    L’avenir de l’Iran est incertain. Un nouveau parti de la classe ouvrière doit être construit sur des bases marxistes solides, un parti qui soit capable d’apprendre pourquoi la révolution a été volée aux travailleurs en 1979.

    Les revenus pétroliers du pays ont diminué de moitié depuis lors, avec de graves conséquences pour la classe ouvrière. Celle-ci reviendra sur le devant de la scène pour finir ce qui avait été initié par la dernière révolution.


    Le développement du capitalisme avant la révolution

    Avant 1979, l’impérialisme voyait l’Iran comme une ‘ligne de front’ cruciale en tant qu’Etat-tampon contre l’influence de l’Union Soviétique dans le Moyen Orient et l’Asie du Sud. De plus, ces fabuleuses réserves de pétrole étaient vitales pour les intérêts occidentaux.

    En 1953, un mouvement nationaliste radical dirigé par le Premier ministre Mossadegh et le Front National d’Iran avait cherché à nationaliser l’industrie pétrolière du pays, déclenchant des manifestations et des éléments d’insurection pupulaire. Le Chah avait été temporairement forcé de s’exiler suite à la pression du mouvement de masse.

    La réaction de l’impérialisme a été décisive. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont demandé l’arrestation de Mossadegh et ont mis en branle l’oppération Ajax en déployant des forces secrètes en Iran pour forcer l’armée iranienne à agir dans les intérêts des puissances occidentales.

    Le Chah a été réinstallé et a dirigé l’Iran d’une main de fer pendant vingt-cinq ans. Son retour a été synonyme de répression brutale de l’opposition politique organisée et des synidicats, déclarés illégaux. De soncôté, la CIA a accordé son ‘aide’ pour réorganiser les forces de sécurité.

    Après 1953, l’Iran est entré dans une ère frénétique d’industrialisation, largement sur base du programme économique du Front National capitaliste, ce qui a érodé sa popularité. L’idée était de transformer la noblesse en classe capitaliste moderne, une classe dirigeante sur le modèle occidental.

    Des réformes agraires ont été introduites, qui ont enrichi les propriétaires terriens féodaux grâce à des compensations financières énormes. Ils étaient encouragés à investir cet argent dans les nouvelles industries.


    Une rude exploitation

    Les paysans, eux, ont par contre beaucoup souffert de cette situation. Environ 1,2 million d’entre eux ont eu leurs terres volées, avec en conséquences la famine et un exode important vers les villes où ils onstituaient une main d’œuvre extrêmement bon marché pour les nouveaux capitalistes.

    Avant la révolution, 66% des travailleurs dans le secteur des tapis de la ville de Mashad étaient âgés de six à dix ans tandis qu’à Hamadam, une journée de travail était de 18 heures. En 1977, la plupart des travailleurs gagnait 40 livres sterling par an. Même s’il existait formellement un salaire minimum, 73% des travailleurs gagnaient encore moins que cela…

    Les usines iraniennes ressembaient à l’Enfer de Dante, la ressemblance avec la Russie pré-révolutionnaire était frappante. Là aussi, un processus d’industrialisation casse-cou avait été mené par une classe capitaliste très faible essayant de s’extirper elle-même d’un passé féodal en créant, selon les mots de Marx, son ‘fossoyeur’ sous la forme d’une classe ouvrière militante.

    Au fur et à mesure de l’arrivée des paysans dans les villes, la population urbaine a doublé pour atteindre 50%. Téhéran était passé de trois millions d’habitants à cinq millions entre 1968 et 1977, avec 40 bidonvilles autour de ses banlieues.

    En 1947, il n’y avait que 175 grandes entreprises employant 100.000 travailleurs. 25 ans plus tard, 2,5 millions de travailleurs étaient engagés dans les usines, un million dans l’industrie de la construction et presque le même nombre dans le transport et les autres industries.

    L’Iran était en pleine transition, à moitié industrialisée, à moitié coloniale. Une puissante classe ouvrière avait émergé en une seule génération. En Russie, la classe ouvrière avait grimpé jusqu’à 4 millions sur une population totale de 150 millions. Armée du marxisme, cette classe ouvrière avait pu engager la paysannerie derrière elle pour rompre la chaîne du capitalisme à son point le plus faible, en 1917.

    En comparaison, le poid social de la classe ouvrière iranienne était bien plus important – environ quatre millions de travailleurs sur une population de 35 millions.


    Ne jamais envahir une révolution

    L’impérialisme américain a regardé, impuissant, les derniers jours du Chah en Iran. Des voix s’étaient élevées au Pentagone pour envoyer des porte-avions et des marines dans le Golfe, mais des personnes plus avisées au sein de la classe dirigeante américaine avaient estimé :‘on n’envahit pas une révolution populaire’.

    Les Etats-Unis étaient tout juste en train de commecer à lêcher leurs plaies suite à la cuisante défaite de la guerre du Vietnam. Là-bas, la lutte sociale des paysans et des travailleurs pour se débarrasser des chaînes de l’oppression avait mis la superpuissance sur les genoux.

    Une invasion de l’Iran dirigée par les USA aurait eu d’incalculables répercussions à une échelle mondiale, particulièrement dans le monde colonial où le Chah d’Iran était aux yeux des masses considéré comme le plus pourri de tous.

    La Révolution iranienne a fait trembler les Etats-Unis. Le président américain Jimmy Carter avait été humilié quand les Ayatollahs avaient organisé des mouvements de foule contre l’embassade américaine à Téhéran, où 66 personnes avaient été prises en otage.

    En 1983, Ronald Reagan avait été forcé de retirer les troupes américaines hors du Liban en raison des pertes causées par le Hezbollah, qui avait le soutien de l’Iran.


    Economie: Un abîme croissant

    L’Iran était le second plus gros exportateur de pétrole en 1978, et le quatrième plus gros producteur. Quand les prix du pétrole ont quadruplé entre 1972 et 1975 suite à la guerre israélo-arabe, le Produit National Brut (PNB) iranien avait augmenté de 34% en une seule année. Des milliards sont alors tombés dans les poches du Chah et de sa clique.

    Mais avec 45 familles contrôlant 85% des grandes et moyennes entreprises et les 10% les plus riches de la population ayant 40% de l’argent du pays, le fossé entre les classes était chaque jour plus important.

    Environ un quart des Iraniens étaient dans une situation de pauvreté absolue. Comme pour illustrer son arrogance en tant que monarque absolu, le Chah avait declaré en 1976, mois de trois avant avant de devoir fuir du pays: "Nous n’avons pas encore demandé au peuple de faire des sacrifices. Au contraire, nous les avons comme couvert d’ouate. Les choses vont maintenant changer. Chacun devra travailler plus et être prêt à faire des sacrifices au service du progrès de la Nation."

  • Protestations de masse en Iran

    Il s’ouvre une nouvelle période de lutte

    Des protestations et des manifestations de masse se sont développées en réaction à une apparente fraude électorale de la part du régime d’Ahmedinejad. Il semblerait que la plus grande manifestation anti-gouvernement ait rassemblé plus d’un million de personnes à Téhéran, la capitale. Les rapports qui arrivent d’Iran affirment qu’il y a au moins eu une douzaine de morts suite à des affrontements avec la police et la détestée milice iranienne, une branche des gardiens de la révolution islamique. Avec la censure de la presse, très lourde, la plus grosse partie du mouvement a été coordonnée par internet – l’Iran a le plus grand nombre de ‘blogs’ par habitant.

    Comité pour une Internationale Ouvrière, texte mis en ligne sur socialistworld.net le mardi 16 juin

    Même si les choses sont loin d’être claires au moment d’écrire ce rapport, des protestations de masse semblent également se passer dans d’autres villes, comme Shiraz. L’université de Téhéran a été encerclée par la police armée et une répression brutale a frappé les étudiants dans leurs dortoirs. D’autres rapports parlent de coups de feu tires dans la capitale Durant la nuit qui a suivi les élections. Ahmedinejad, qui a annoncé sa victoire quelques heures seulement après le vote, a apparemment simplement quitté le pays et est en Russie pour des rencontres diplomatiques.

    Un point tournant

    Ces protestations de masse contre le régime de Téhéran ont pris place malgré la terrible répression et la menace d’utiliser des armes mortelles contre les protestataires. Même si la situation est encore floue, il semble bien qu’une grande partie de la population urbaine a perdu sa peur du régime et se prépare à prendre les rues d’assaut pour protester ouvertement contre lui. Cela représente un point tournant crucial dans la lutte contre la dictature. Les reportages vidéo de la BBC montrent des manifestants refusant de se disperser sous les attaques de la police militaire.

    A l’avant plan de ces protestations se trouvent les étudiants, clairement soutenus par des sections plus âgées de la population – particulièrement les travailleurs intellectuels. Le régime est divisé sur la manière d’intervenir dans ce mouvement de masse. Cela, en combinaison de mobilisations massives de la classe moyenne et des étudiants, indique clairement que des éléments de crise pré-révolutionnaire se développent. Jusqu’à présent, cependant, la classe ouvrière n’a pas encore décidé de rejoindre la lutte et la conscience politique des participants est confuse, comme l’illustrent certains slogans religieux qui sont également criés, comme “Dieu est grand”. Souvenons-nous toutefois que la première manifestation de la Révolution russe de 1905 était dirigée par un prêtre, le père Gapon.

    La manière dont ce mouvement va se développer n’est pas encore claire, mais il a déjà forcé le régime à faire volte face. Le Conseil des gardiens, face à cette opposition de masse, a été forcé de revenir sur sa décision première et d’autoriser un recompte des votes. C’est là une tentative de calmer la situation, le régime craignant que les protestations puissent aller plus loin et se développer en une insurrection contre le régime lui-même.

    Ces actions sont alimentées par le chômage de masse et les revendications sur la question des droits démocratiques, particulièrement parmi les jeunes – 60% de la population iranienne n’a pas encore trente ans. Les jeunes citadins en particulier sont en révolte contre la répression théocratique qui les oppresse. Un élément important de ce mouvement est aussi la mobilisation et la participation importante des jeunes femmes, qui revendiquent l’égalité. Cela s’est notamment reflété durant la campagne électorale dans l’énorme popularité de Zahra Rahnavard, la femme du principal candidat de l’opposition Mir Hossein Moussavi. Il n’est jamais arrivé dans de précédentes élections qu’une femme joue un tel rôle de premier plan. En même temps, alors que l’opposition de masse dans les villes s’est ralliée à Moussavi, il n’est ni socialiste, ni partisan de la défense de la classe ouvrière et des pauvres. C’est un ancien Premier ministre et son programme pro-capitaliste est limité à des réformes de l’actuel État théocratique. Cependant, la tentative de frauder les élections de la part d’Ahmedinejad peut avoir ouvert la porte à un mouvement de masse qui pourrait renverser le régime et ouvrir une nouvelle ère pour l’Iran.

    Mais des pauvres des régions rurales et de certaines des sections les plus opprimées des villes et des centres urbains ont tendance à soutenir Ahmedinejad en raison de sa rhétorique, populiste et réactionnaire de droite, contre la corruption, l’élite riche et l’impérialisme occidental.

    L’Iran a été transformé ces dernières années avec presque 70% de la population vivant dans les centres urbains avec une couche importante de jeunes avec un haut niveau d’éducation.

    La question décisive à court terme est de savoir si la classe ouvrière va rejoindre le mouvement, certains rapports font état de discussion dans les syndicats pour une grève générale, ce qui est la principale crainte du régime. Au moment où ces lignes ont été écrites, l’opposition avait appelé à annuler une protestation de masse à Téhéran pour éviter des confrontations avec les forces pro-gouvernementales. Cela illustre la peur de réformistes pro-capitalistes comme Moussavi face à des mobilisations qui peuvent facilement sortir de leur contrôle pour se diriger dans une direction plus radicale et révolutionnaire. Il est possible que Moussavi cherche à obtenir un compromis avec le régime actuel pour éviter que les rues ne sont constamment occupées par les masses. De la même manière, le régime peut être forcé d’accepter la défaite d’Ahmedinejad pour maintenir un certain contrôle de la situation. Moussavi a déjà appelé à annuler des manifestations, et ce genre de tentatives de faire baisser la pression de la rue continuera.

    Un nouvelle phase de lutte

    Le diable est sorti de sa boîte et une nouvelle phase de lutte s’ouvre en Iran. La lutte pour de véritable droits démocratiques, pour le droit de grève, pour le droit de tenir des élections libres, de constituer des syndicats libres et des partis politiques ainsi que pour l’égalité entre femmes et hommes a besoin d’être menée par tous les travailleurs, les jeunes, et les véritables socialistes. L’arrivée de la classe ouvrière dans ce mouvement peut donner la cohésion et la force nécessaires pour faire chuter le régime.

    La formation de comité de lutte démocratiquement élus dans les entreprises et les universités liés aux classes moyennes et aux citadins pauvres peut constituer la base d’une lutte unifiée.

    Un appel à une grève générale et à la formation de milices de défense au côté d’un appel de classe vers les fonctionnaires et l’armée sont des étapes cruciales pour pousser le mouvement plus loin afin de faire tomber le régime.

    De tels comités de lutte démocratiquement élus pourraient aussi convoquer des élections pour une assemblée constituante révolutionnaire qui déciderait de l’avenir de l’Iran.

    L’obtention et la garantie de droits démocratiques et des solutions pour la pauvreté de masse et le chômage ne peuvent être assurés qu’avec la formation d’un gouvernement des travailleurs et des paysans avec un programme révolutionnaire socialiste pour transformer la société et la faire fonctionner dans les intérêts de tous les travailleurs.

    (De nouvelles analyses suivront)

    Vidéos de la BBC


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Ce texte est issu du CIO.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Grande-Bretagne: No2EU : Un pas en avant vers une voix politique ouvrière

    No2EU-Yes to Democracy a été lancé il y a sept semaines à l’initiative du syndicat des travailleurs du rail – le RMT – cette alliance électorale construite à la-va-vite est parvenue à recueillir 153.236 voix lors des élections européennes de juin : 1% des votes. Le vote de gauche combiné au niveau de tout le Royaume-Uni a été de 340.805 voix, soit 2,25%

    Hannah Sell, vice-secrétaire générale du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    No2EU-Yes to Democracy a rassemblé le Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles), le Parti Communiste de Grande-Bretagne, l’Alliance pour un Socialisme Vert, certaines sections de Respect, et d’autres encore. Parmi ses candidats, on trouvait les dirigeants des luttes les plus militantes du Royaume-Uni de cette année, y compris les délégués des usines d’Enfield et de Basildon Visteon, des membres du comité de grève du chantier de Lindsey, et Rob Williams, délégué martyr de l’usine de pièces détachées automobiles de Linamar.

    Parmi beaucoup de travailleurs qui ont entendu parler de No2EU, c’était l’enthousiasme. Mais à cause de son très jeune âge, et en particulier du boycott médiatique qu’elle a subi, la liste No2EU n’a été capable d’avoir qu’un impact limité sur la conscience de la masse des travailleurs. No2EU a obtenu plus de couverture dans les médias capitalistes depuis le jour de l’élection qu’au cours de toute la campagne !

    Il est bien entendu qu’aucune nouvelle formation de gauche ne pourra instantanément gagner la confiance des travailleurs, même après avoir obtenu de la visibilité ou une certaine «reconnaissance»: les travailleurs préféreront toujours, à juste titre, tester cette formation dans l’action sur une certaine période. Le RMT est un des syndicats les plus militants de toute la Grande-Bretagne. De nombreux candidats No2EU, parmi lesquels les membres du Socialist Party ne sont pas les moindres, bénéficient d’un long curriculum de luttes dans les intérêts de la classe salariée dont ils peuvent être fiers. Toutefois, la campagne en soi était très nouvelle. Dans ce contexte, sa capacité à convaincre plus de 150.000 personne de voter pour elle indique les possibilités qui existent pour la création d’une alternative de gauche combative. Dans les régions où les candidats bénéficiaient d’un passé électoral conséquent, No2EU a reçu de meilleurs résultats, avec par exemple un score de 4,5% à Coventry.

    Étant donné le peu de temps disponible afin d’établir le profil de No2EU, le nom de la campagne était un certain désavantage par rapport à certaines personnes. Ce nom était très attractif vis-à-vis d’une couche de travailleurs mécontents de la manière dont la législation européenne est utilisée par les patrons et le gouvernement pour saper leurs salaires et leurs conditions de travail – comme ceux du chantier de Lindsey qui ont récolté 400£ pour contribuer au financement de No2EU. Cependant, il y avait d’autres travailleurs – consciemment à la recherche d’une alternative de gauche ou socialiste – qui, s’ils avaient entendu parler de No2EU, n’auraient pas réalisé ce que cela représentait. Il ne fait aucun doute que certains parmi eux ont voté pour le Socialist Labour Party d’Arthur Scargill, qui a récolté un petit peu plus de voix que No2EU.

    Bien que modeste, le vote combiné pour la gauche a été le meilleur qui ait jamais été réalisé sur une base nationale pour une élection européenne ; ce fait représente un pas en avant en direction de la construction d’une représentation politique indépendante pour la classe salariée de Grande-Bretagne.

    De nombreux travailleurs à la recherche d’une alternative à la gauche du New Labour sont déçus du fait qu’il y ait plus d’une liste de gauche qui se présente, ce qui est compréhensible. Parfois, de tels conflits seront inévitables ; malheureusement, le SLP n’a pas daigné rejoindre une campagne commune pour les élections européennes. Toutefois, le désir de créer une voix électorale pour la classe salariée qui soit la plus forte possible est entièrement correct. No2EU a été un bloc électoral qui visait justement à cela : rassembler différentes organisations autour d’un programme commun afin de maximiser son impact électoral. En conséquence, le programme de No2EU était bien entendu limité, sans toutefois être nationaliste, comme certains l’ont laissé entendre. Au contraire, il appelait à la «solidarité internationale des travailleurs».

    En même temps, les diverses organisations participantes avaient une liberté totale de produire leur propre matériel. Par exemple, le Socialist Party a produit des tracts qui mettaient en avant notre programme socialiste et qui expliquait que nos candidats, s’ils étaient élus, ne recevraient qu’un salaire de travailleur.

    Une approche similaire est nécessaire lors de l’élection générale. Nous voulons nous assurer que – dans autant de postes que possible – des militants socialistes et ouvriers soient disponibles en tant qu’alternative aux partis de l’establishment. Le Socialist party appelle tous les syndicalistes et les socialistes, y compris le SLP, qui veulent relever un tel défi à œuvrer pour créer un bloc électoral sur une échelle plus grande encore que No2EU a été capable de l’accomplir.

    Contre le BNP

    Une des principales motivations de No2EU était le désir de fournir une alternative de gauche au BNP, parti d’extrême-droite. Il est clair que, dans certaines communautés ouvrières, d’importantes couches de la population sont si dégoûtées de tous les partis traditionnels au service du grand patronat, qu’elles se sont tournées vers le BNP, qui cherche à se faire passer pour un parti de la «classe salariée blanche». A Barnsely, par exemple, qui est traditionnellement une région fortement Labour, le vote Labour s’est effondré de 45 à 25%, et le vote BNP a monté de 8 à 17%. En réalité, comme l’a montré leur opposition aux grèves dans le secteur public ou à la grève historique des mineurs, le BNP est antisyndical et antigrève, il ne remet aucunement en question la domination de la Grande-Bretagne par une minuscule bien classe capitaliste immensément riche.

    Toutefois, le BNP ne sera pas vaincu simplement en suppliant les travailleurs de ne pas voter pour lui. Il est nécessaire de commencer à créer un parti de masse qui soit véritablement en faveur des travailleurs, quelle que soit leur nationalité. No2EU a été un pas en avant vers la création d’une telle alternative. A l’annonce des résultats, Bob Crow, secrétaire général du RMT et tête de liste à Londres, a dénoncé le rôle des partis «pro-capitalistes, pro-UE» dans la responsabilité des gains du BNP, et a montré l’issue en avant :

    «Aux côtés de nos collègues du SLP et d’autres groupes de gauche, nous avons remporté presque un tiers de millions de voix. A partir de No2EU, nous avons remporté 150 000 sympathisants, malgré le blocage des médias. Ceci nous octroie une plate-forme solide sur laquelle bâtir. Nous avons maintenant de toute urgence besoin de discussions avec les partis et les campagnes politiques et avec nos collègues des autres syndicats tels que le CWU (Communication Workers Union), afin de développer une réponse politique face à cette crise.»

    Pour le Socialist Party, la prochaine étape est de construire une réponse de la classe salariée pour les élections générales face à aux partis de l’establishment. Pourtant, selon certains, No2EU n’aurait pas du se présenter aux élections européennes, surtout au Nord-Ouest, parce que si les électeurs de No2EU avaient voté Green, le BNP n’aurait pas été élu.

    La raison pour laquelle le BNP a obtenu deux parlementaires européens a été l’effondrement total du vote Labour. En conséquence, le BNP a remporté deux sièges, malgré le fait qu’ils aient obtenu moins de voix qu’en 2004, aussi bien dans le Nord-Ouest qu’au Yorkshire.

    De plus, il est faux de suggérer que No2EU devrait s’être abstenu au profit des Greens. Sur le plan national, le Green Party, n’a jamais accepté aucun accord politique avec des candidats de gauche ou socialiste, malgré les tentatives faites par le Socialist Party ou d’autres d’en discuter avec eux.

    Si No2EU ne s’était pas présenté, il est erroné de penser que l’ensemble de ses électeurs se seraient tournés vers les Greens. La majorité de ceux qui ont voté Green les ont certainement perçus comme une alternative de gauche. Bien que sur le plan local, les conseillers communaux Green ont soutenu des mesures néolibérales antisalariées, les Greens n’ont pas encore été testés sur le plan national, comme ils ont pu l’être en Allemagne et en Irlande où ils sont entrés dans des gouvernements néolibéraux, et ils sont donc toujours considérés par certains comme étant à «gauche».

    Toutefois, dans le Nord-Ouest, malgré l’effondrement du vote New Labour de plus de 240 00 voix par rapport à 2004, les Greens n’ont été capables d’accroître leurs voix que de 10 000. Dans le Yorkshire, les Greens ont gagné 14 000 voix de plus.

    Sur le plan national, le vote Green s’est accru de plus d’un demi-million, mais ce vote était concentré de manière disproportionnée dans des régions avec une grande classe moyenne urbaine. Au Yorkshire, les Greens ont remporté 104 000 voix contre 120 000 pour le BNP.

    Toutefois, le schéma n’est pas le même pour les villes ouvrières en ruine du South Yorkshire, où le BNP a réalisé sa plus grande percée. A Barnsley, où le BNP a reçu 17% des voix, les Greens ont obtenu 6%.

    Ceci reflète le fait que les Greens ne sont pas perçus par la plupart des salariés comme un parti qui défende leurs intérêts, et le fait qu’ils ne soient par conséquent pas capables d’empêcher la croissance du BNP.

    No2EU n’était qu’un pas en avant vers la création d’un parti de masse des salariés qui puisse saper le BNP, mais c’était néanmoins un pas important en ce sens.

    Pour la première fois depuis la fondation du Labour Party, un syndicat national a pris la décision de se présenter, au côté d’autres, dans des élections nationales et avec un programme de gauche.

    C’était le devoir des socialistes de soutenir une telle initiative. Le RMT a maintenant établi l’idée que le mouvement ouvrier peut présenter ses propres candidats aux élections.

    Le syndicat du service public, le PCS, discute en ce moment d’un départ vers une direction similaire. Tous ces pas en avant doivent être encouragés.

    Lorsque les salariés commencent à trouver leur propre voix politique, il est du devoir des socialistes de ne pas rester sur le côté pour critiquer, mais de s’impliquer et d’oeuvrer pour faire en sorte que ces premiers pas puissent se développer en un mouvement de masse.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section du CIO en Angleterre et Pays de Galles.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • NOUVELLES DU CIO: Allemagne: La conseillère communale du SAV réélue à Rostock

    "J’ai vraiment été impressionné que vous ayez vous-mêmes posé vos affiches électorales, Mme Lehnert", a déclaré un employé communal à Christine Lehnert tout en la félicitant pour avoir été réélue au conseil communal. Ce petit exemple illustre le fossé qui existe entre Christine Lehnert et les autres élus. Elle travaille toujours comme agent de voyage, est une représentant de la classe des travailleurs et décide de ses politiques pour et avec la classe des travailleurs sans avoir en tête de collectionner les privilèges.

    Par des correspondants du SAV (CIO-Allemagne)

    Cette réélection est une approbation de la politique d’opposition socialiste défendue au cours des cinq dernières années par Christine au conseil communal ou dans la rue, en participant aux protestations et aux mouvements sociaux. Il y a cinq ans, le SAV s’était présenté pour la première fois au conseil communal, gagnant 4.222 voix, soit 2.5% (à Rostock, vous pouvez émettre trois voix). Cette fois-ci, à première vue, la position du SAV s’est affaiblie puisque Christine n’a obtenu que 3.408 voix, soit 1.6%. Mais il ne s’agit que d’une perte de quelques centaines de voix, la participation électorale ayant été plus forte, de 43.6% contre 35.7% il y a cinq ans.

    A la base de cette baisse de suffrages favorables, il y a le fait que les conditions étaient plus difficiles qu’en 2004 pour le SAV. Pour une petite organisation marxiste, les élections sont plus difficiles qu’elles ne le sont pour les partis capitalistes établis. Les campagnes électorales sont la plupart du temps basées sur la passivité politique. Les marxistes représentent au contraire l’activité et la lutte collective et peuvent mobiliser du soutien pour les mouvements et pour des formes de démocratie directe beaucoup plus facilement que dans des campagnes électorales.

    Les élections de 2004 s’étaient déroulées dans le cadre de deux mouvements sociaux qui avaient facilité la campagne du SAV – même en tant que force petite et relativement neuve: les protestations de masse contre la politique néolibérale de l’agenda d’austérité 2010 et contre le plan de contre-réformes Hartz IV ainsi que le mouvement vers la construction d’un nouveau parti de gauche qui a conduit à la fondation du WASG en 2004, sans qu’il ne participe aux élections cette année-là. A la fois à Rostock et dans l’Etat régional de Mecklenburg-Poméranie Occidentale, le PDS (‘communiste’) était discrédité aux yeux de beaucoup de travailleurs et de jeunes en raison de sa participation à la gestion de la ville et aux gouvernements régionaux. Le SAV était vu comme une réponse toute prête.

    Ces facteurs n’existaient pas cette année. La crise capitaliste entraîne une croissance de la colère contre le système, mais celle-ci ne s’est pas encore reflétée dans une résistance sociale active et dans un soutien positif clair pour un modèle socialiste alternatif à cette société. De plus, la naissance de DIE LINKE de la fusion entre le PDS et le WASG a conduit beaucoup de gens qui étaient avant frustrés par la politique du PDS à soutenir cette nouvelle initiative, en espérant que ce sera différent avec cette nouvelle formation.

    Ce sentiment a été renforcé par le fait que DIE LINKE est maintenant dans l’opposition tant à Rostock qu’à l’Etat régional. DIE LINKE peut donc être vu comme un parti d’opposition au niveau fédéral, régional et local. Cela ne laisse pas beaucoup d’espace à gauche de DIE LINKE, au contraire du PDS en 2004. Nationalement, les membres du SAV sont actifs au sein de DIE LINKE et essayent de le construire comme un parti clairement socialiste. Avant cette campagne électorale, le SAV à Rostock a d’ailleurs fait une offre à la section locale de DIE LINKE pour présenter des membres sur sa liste en rejoignant DIE LINKE, ce qui n’a pas été accepté.

    Ces changements nationaux, régionaux et locaux depuis les dernières élections ont eu pour conséquence que DIE LINKE a gagné plus de voix que le PDS en 2004. Régionalement, c’est une augmentation de 373.697 voix à 406.900, alors qu’à Rostock même, le soutien est passé de 40.973 voix à 50.785. Un autre facteur à Rostock était que quelques nouvelles listes se présentaient et que le «vote de protestation» était divisé. Les voix reçues par le SAV cette année-ci étaient moins une simple expression de protestation qu’en 2004 : c’était un vote politique. La majorité de ceux qui ont voté pour le SAV l’ont fait consciemment au lieu de voter pour DIE LINKE ou d’autres forces.

    L’excellent retour durant cette campagne électorale a illustré un évident plus grand degré de popularité pour le SAV, beaucoup plus de personnes étaient d’ailleurs présentes à la soirée électorale du SAV pour montrer leur soutien.

    Cette réélection signifie que Christine Lehnert et le SAV à Rostock continueront à utiliser ce siège au conseil communal pour des activités plus importantes, comme le l’organisation et le soutien aux résistances contre les pertes d’emploi, les coupes dans les budget sociaux et les privatisations tout en argumentant pour une solution socialiste face à la crise capitaliste.

    Et il y a beaucoup à faire. Il n’y a pas plus de deux semaines, le renvoi de 40 éboueurs a été annoncé et le chantier naval local a fait faillite.

    Ces thèmes ont été mis à l’ordre du jour de la première rencontre du nouveau conseil communal de mercredi passé par Christine Lehnert. Toutes les résolutions pour sauver les emplois et soutenir la résistance des éboueurs et des employés du chantier naval ont été acceptées. Il y aura en plus une grève du secteur de l’éducation à Rostock ce 17 juin, activement soutenue par le SAV.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le SAV est la section du CIO en Allemagne.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Elections européennes de 2009 – Tour d’horizon

    Peu ou pas de confiance dans les gouvernements, mais pas de veritable alternative socialiste

    Ces élections européennes ont donné un instantané de l’atmosphère anxieuse et de la méfiance, ou même de l’hostilité, éprouvée face aux gouvernements. Dans certains pays, comme la Grande-Bretagne, la Grèce, l’Irlande et la Hongrie, les partis au pouvoir ont subi de dramatiques revers. Mais généralement, à quelques exceptions près, cette situation n’a pas bénéficié aux forces de gauche ou même aux verts. Le mécontentement est surtout illustré par une faible participation et un soutien accru pour les nationalistes de droite ou les formations d’extrême-droite.

    Par Robert Bechert, Comité pour une Intenationale Ouvrière

    L’Europe s’enlise dans une profonde récession, la pire depuis les années ‘30. Juste avant les élections, la Banque Centrale Européenne avait d’ailleurs encore revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les 16 pays de la zone euro : une chute de 5.1% pour 2009.

    Voilà le contexte derrière la fonte du soutien de la plupart des partis au pouvoir et la recherche, parmi les électeurs, d’une alternative. Même le faible taux de participation illustre ce rejet des partis établis, au côté d’un rejet de l’Union Européenne et de la parfaite compréhension que le soi-disant Parlement européen est impuissant.

    Mais alors que les nationalistes de droite et l’extrême-droite ont pu capter une bonne partie des voix, la victoire de Joe Higgins, le candidat du Socialist Party (CIO-Irlande), qui a remporté un des sièges d’eurodéputé de Dublin, montre de quelle manière il est possible de construire un soutien conscient de la base profondément enraciné parmi la classe ouvrière, établissant ainsi une tradition de lutte revendiquant des politiques réellement socialistes. Malheureusement, cela ne constitue pas l’expérience générale de ces élections. Seul le Bloc de Gauche au Portugal et le Mouvement des peuples contre l’UE au Danemark, quoique sur base d’un programme politique plus faible, ont remporté des succès significatifs.

    Dès le début de cette crise, il a été absolument clair qu’elle était due au marché capitaliste lui-même. À aucune moment il n’a été possible pour la classe capitaliste de blâmer la classe ouvrière, les syndicats ou le ‘socialisme’. On se serait donc attendu à ce que cela débouche un soutien pour les partis qui se sont opposés au capitalisme, ou qui au moins ont offert une vision différente de la société.

    Nous avons déjà connu des protestations à une large échelle, avec des manifestations et des journées de grève générale ou nationale, dans une série de pays européens. En France, plus particulièrement, elles ont pris le caractère d’une marée croissante d’opposition à toute tentative des capitalistes et des gouvernements de faire payer la crise aux travailleurs et à la classe moyenne. Mais d’autres pays encore, comme la Belgique, la Grèce et le Portugal, ont également connu des actions significatives.

    Cependant, presque tous les dirigeants syndicaux à travers l’Europe n’ont en rien cherché à construire un mouvement plus large sur base de ces premiers pas. Au lieu de cela, les protestations ont été réduites à des actions isolées, employées souvent tout simplement pour laisser sortir la colère, et la pression, ou encore, comme avec certaines manifestations de la Confédération Européenne des Syndicats de ce mois de mai, pour tenter de soutenir les partis sociaux-démocrates.

    L’absence d’alternative pour les travailleurs ouvre la voie à la droite

    Ce frein sur les luttes s’explique par le fait que dans la grande majorité des pays de l’Union Européenne, il n’y a actuellement aucun grand parti ou parti de masse essayant de construire une opposition sérieuse face aux effets de cette crise. Ce fait n’est pas fortuit. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO – CWI) a expliqué depuis le début des années ‘90 que la plupart des pays n’ont plus aucun parti de masse ou de parti significatif qui s’oppose au capitalisme. C’est là le résultat d’une combinaison faite de l’offensive idéologique des capitalistes qui a suivi l’effondrement de l’Union soviétique et de la transformation de la plupart des anciens partis ouvriers bourgeois (des partis avec une base de classe ouvrière et une direction pro-capitaliste) en partis complètement capitalistes.

    C’est ce qui a jusqu’ici sauvé les capitalistes et qui a fait qu’il n’y a pas encore eu de d’opposition active à une large échelle contre le capitalisme lui-même en conséquence de la crise. Dans beaucoup de pays européens, les travailleurs, la jeunesse et des sections de la classe moyenne ont clamé : "Nous ne payerons pas votre crise". Cet appel est un bon point de départ pour construire une résistance contre les pertes d’emploi, la baisse du niveau de vie et les coupes dans les budgets sociaux. Mais ce n’est seulement qu’un commencement.

    Cette crise du capitalisme pose clairement la question de l’opposition au système capitaliste lui-même et de la lutte pour une alternative socialiste. Actuellement toutefois, mis à part le CIO, il y a en Europe très peu de forces présentes dans le mouvement des travailleurs qui lient activement la lutte contre l’impact de la crise et la construction d’un soutien pour une société socialiste. Cette lacune a ouvert la voie aux succès électoraux de la droite.

    Dans un certain nombre de pays, mais pas en Belgique, les partis de centre-droit ont gagné, ou ont moins souffert que d’autres partis. Souvent, comme dans le cas de Sarkozy en France, c’était aussi le résultat d’un changement de tactique, avec des critiques contre les excès du capitalisme ou, dans le cas d’Angela Merkel en Allemagne, sous l’effet d’une extension massive des fonds du gouvernement pour le chômage partiel afin de limiter les pertes d’emploi.

    Gains pour l’extrême droite

    Mais à travers l’Union Européenne, des partis plus à droite ont progressé, en pourcentage si ce n’est en nombre de suffrage. L’immigration est devenue une question clé, des partis de droite exploitant les craintes des travailleurs envers les immigrés, qu’ils soient issus de l’intérieur ou de l’extérieur de l’UE, vis-à-vis de l’emploi ou des services publics. Le racisme, l’hostilité contre les musulmans, les gitans et, en Autriche, un antisémitisme semi-voilé, ont été des éléments significatifs dans ces élections. De plus, il n’y avait souvent que les partis d’extrême-droite pour exprimer la colère populaire ressentie contre l’UE elle-même, son essence antidémocratique et la domination des grandes puissances européennes.

    En surface, cette élection semble illustrer une droitisation de l’Europe, et même un déplacement vers l’extrême-droite dans quelques pays. L’exemple le plus saisissant est constitué par les 769.000 voix (17%) remportées par le PVV d’extrême-droite aux Pays Bas, pour sa toute première participation aux élections européennes. Il s’agit maintenant du second parti du Pays. Mais les nationalistes de droite et les partis d’extrême-droite ont également obtenu des gains significatifs en Grande-Bretagne, en Finlande, en Grèce, en Hongrie, en Italie, en Roumanie et dans d’autres pays encore.

    En Allemagne toutefois, où Die Linke, en dépit de ses faiblesses, est encore regardé comme l’adversaire principal des attaques contre le niveau de vie des travailleurs, les suffrages de l’extrême-droite ont à peine changé, malgré quelques augmentations dans certaines élections locales qui ont eu lieu simultanément.

    Les commentateurs capitalistes peuvent partiellement décrire les résultats électoraux comme un décalage vers la droite parce que les ‘socialistes officiels’, qui ont souvent enregistré des pertes, étaient les anciennes partis ouvriers. Ces formations ont appliqué les politiques néolibérales et sont de plus en plus vues comme asssez similaires au centre-droit. Là où ces partis sont au pouvoir, comme en Autriche, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Espagne, ils ont enregistré des pertes. Dans les trois premiers de ces pays, les resultats ont été des baisses record, malgré le fait qu’en Allemagne, le SPD a essayé d’adopter une image légèrement plus ‘amicale’ envers les travailleurs. Dans d’autres pays, où ces partis sont dans l’opposition, les sociaux-démocrates ont gagné, sous l’étiquette du ‘moindre mal’. Ainsi, en Suède, ils ont réussi à obtenir 24.6% et même 36.6% en Grèce. Toutefois, en France, le Parti Socialiste a souffert des souvenirs qu’il a laissé derrière lui après son passage au pouvoir. Avec 16.48%, il n’est plus que 0.20% avant les verts (Europe-Ecologie).

    Dans trois pays, les principaux partis de droite au gouvenrement sont arrivé en tête des votes. En France, Sarkozy parle d’un succès de 28% des voix, ignorant cependant que 72% des électeurs se sont opposés à lui et que l’abstention a atteint des records. En Allemagne, le CDU d’Angela Merkel a reçu 1.343.000 voix de moins qu’en 2004, mais reste n°1. Le gouvernement polonais a reçu le taux le plus élevé, 44%, mais comme seulement 24% des gens se sont déplacés pour voter, cela ne représente qu’un soutien actif de moins de 12% de l’électorat…

    Très peu de gouvernements ont maintenu leur soutien. Le gouvernement italien en fait partie, avec 45% des voix. Le nouveau PdL de Berlusconi a peu gagné comparé à il y a cinq ans, et a perdu quand on regarde les élections générales d’avril 2008, mais la ligue du Nord, d’extrême-droite, a doublé ses voix à plus de 10%. L’Italie illustre bien le thème de cette élection : la faiblesse ou l’absence d’une véritable alternative socialiste, malgré la crise économique capitaliste qui fait rage.

    La force de Berlusconi est fondamentalement basée sur la déception éprouvée avec les gouvernements de centre-gauche, comme récemment la coalition Olivier, et sur l’échec du PRC (Parti de la refondation communiste). Fondé en 1991, le PRC avait précédemment reçu un soutien important, pas simplement du point de vue électoral mais aussi dans les lieux de travail et dans la société, mais cela a été gaspillé quand les dirigeants du PRC ont rejoint les gouvernements capitalistes au lieu de combattre pour gagner du soutien en faveur de politiques socialistes. En conséquence, le PRC est proche de l’extinction. Comparé à 2004, le suffrage ‘communiste’ est tombé de 2.757.000 voix à 1.032.000 (soit de 8.47% à 3.37%), alors que le suffrage ‘gauche/vert’ (une opposition très douce…) est tombé de 1.467.000 voix à 955.000 (soit de 4.51% à 3.12%). Mais un bloc de gauche significatif existe toujours en Italie. Le RPC lui-même, en alliance avec les Communistes Italiens et la Gauche Européenne, a gagné 1.032.000 voix alors que les Travailleurs Communistes en ont remporté 166.000. Ce soutien constitue toujours une base puissante pour un parti basé sur les idées véritables du marxisme en Italie.

    Des gains pour la gauche dans quelques pays

    A contre-courant de ce contexte général, la victoire du Socialist Party (CIO-Irlande) de Joe Higgins en Irlande a été un contraste marqué face à ce qui s’est produit dans le reste de l’Europe. Le SP a gagné 50.510 voix de préférence à Dublin (12.4%), plus DU double de ses 23.218 voix de 2004. C’était un vote conscient pour le SP basé sur son programme. Le SP était en concurrence avec les parti travailliste irlandais? dans l’opposition, dont la première voix de préférence à Dublin a également monté de 54.344 à 83.741 et avec le Sinn Fein dont le soutien au député sortant est tombé de 60.395 à 47.928 voix.

    Le résultat de Joe est seulement comparable au Bloc de Gauche au Portugal, qui a plus que doublé ses voix pour en atteindre 381.000 (10.7%), rattrapant tout juste le CDU, l’alliance menée par le Parti Communiste et ses 379.500 voix. Le "Mouvement des peuples contre l’UE", au Danemark, a augmenté ses voix de 97.986 à 168.035 (7.18%).

    Nouvelles formations de gauche

    Depuis le début des années ’90, le CIO a expliqué que la transformation des anciens partis sociaux-démocrates et ‘communistes’ faisait que, en même temps que la construction des forces en défense du socialisme véritable, il fallait argumenter que des étapes seraient nécessaires par la construction de partis indépendants de la classe ouvrière. De tels partis indépendants pour les travailleurs pourraient fournir à la fois un point de ralliement pour s’opposer à l’offensive capitaliste et un endroit où les idées socialistes pourraient être discutées.

    Ces dernières années, nous avons assisté à différentes tentatives de construire de nouveaux partis de gauche. Ces élections européennes ont d’ailleurs connu le passage d’une étape importante en Grande-Bretagne quand le principal syndicat des transports a lancé une initiative électorale, "No2EU, Yes to Democracy", à laquelle ont notamment participé le Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles) et le Parti Communiste de Grande-Bretagne (PCGB). Cette liste a remporté 1% des suffrages.

    Mais plusieurs de ces nouvelles formations n’ont pas combiné une activité sérieuse et les revendications politiques claires nécessaires pour construire de vraies forces durables. C’est une véritable lutte que de construire de nouveaux partis, en particulier quand l’habitude de voter pour les anciens partis ouvriers existe toujours et quand joue l’effet du ‘moindre mal’ ou le fait que quelques petites concessions peuvent être gagnées. Toutefois, la combinaison de certains événements, d’expérience et de nouvelles activités pour ces partis peut élargir la base pour l’établissement d’une nouvelle force significative, ce que Dublin a illustré.

    Mais, de façon générale, les nouveaux partis de gauche n’ont pas connu de résultat dramatique. Les mauvais résultats peuvent s’expliquer en partie par le fait que beaucoup ont viré vers la droite, en refusant de faire campagne comme des socialistes et en ne présentant pas leur programme et leurs revendications de façon claire et déterminée.

    En Allemagne, Die Linke, en comparaison avec l’ancien PDS en 2004, a gagné 390.000 voix et a reçu un pourcentage de 7.5%, mais ce chiffre est autour de la moitié de ce qu’il avait dans les sondages d’opinion, et sous son objectif de "10 + X %". De même, en Grèce, l’alliance de gauche Syriza a obtenu 4.7%, comparé à 4.16% en 2004, mais des sondages d’opinion avaient parlé de 18% en 2008.

    Malheureusement, une situation semblable s’est développée avec le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) en France, qui a reçu 4.8% des voix, chiffre qu’il faut comparer aux 9% des sondages lors du lancement de la formation en janvier 2009. Une force clé derrière le NPA est l’ancienne LCR, et les suffrages du NPA sont une augmentation par rapport aux 2.56% gagnés en 2004 en alliance avec LO (LO a remporté 1.2% dans ces élections). Mais ces 4.8% sont une déception comparés aux 4.25% que le porte-parole du NPA, Olivier Besancenot, avaient gagné pour la LCR aux élections présidentielles de 2002, élections auxquelles LO avait reçu 5.72%.

    Une partie des ‘anciennes’ nouvelles formations stagne, comme le Socialistische Partij aux Pays Bas, dans ce cas-ci partiellement en raison du mouvement vers la droite de la direction du parti, avec une opposition de type nationaliste face à l’UE et une participation aux coalitions gouvernementales locales avec des partis capitalistes. De tels développements peuvent handicaper l’avenir de ces nouvelles formations, soit en termes d’effondrement, comme cela semble se produire avec le PRC en Italie, soit en termes de transformation en petits partis avec peu de perspective de se développer en tant que forces de masse.

    Dans quelques pays, la faiblesse de ces nouveaux partis a donné un espace pour le développement de partis ‘verts’, particulièrement en France, où Europe-Ecologie a gagné 16.2%, mais également en Grande-Bretagne, aux Pays Bas et dans la région francophone de Belgique. Les 7.1% gagnés par le parti pirate en Suède, un parti contre la surveillance d’Etat et pour le téléchargment libre d’internet, est une indication de l’atmosphère anti-éstablishment, particulièrement parmi les jeunes.

    Des opportunité à venir pour les véritables socialistes

    De façon générale, ces élections donnent une indication de l’instabilité qui se développe en Europe. La victoire du Socialist Party à Dublin et le doublement des voix du Bloc de Gauche au Portugal, avec ailleurs des augmentations plus modestes de voix à gauche, donnent une idée du potentiel qui est actuellement présent. Le résultat du SP à Dublin prouve qu’il est possible de gagner du soutien pour des idées socialistes même lorsque beaucoup de travailleurs et de jeunes votent pour le ‘moindre mal’, tandis que le résultat du Bloc de Gauche montre ce qui est possible quand un ‘moindre mal’, le Parti Socialiste Portugais dans ce cas-ci, est au pouvoir et applique des politiques capitalistes.

    Beaucoup de travailleurs européens, de jeunes et de membres de la classe moyenne craignent pour leur avenir et espèrent que cette crise économique sera bientôt terminée. Malheureusement, ce ne sera pas le cas.

    Au fur et à mesure qu’il sera compris qu’un retour des hauts taux de croissance économique n’arrivera pas, que le chômage de masse demeurera et que les capitalistes exigeront d’autres coupes dans les budgets sociaux et le niveau de vie de la majorité, la nécessité de lutter commencera à être comprise. Cela donnera l’opportunité à l’établissement de forces significatives capables de lutter pour le socialisme. Mais ce ne sera pas automatique. Cela exigera un programme clair et une stratégie consciente. Les voix pour l’extrême-droite lors de ces élections sont un avertissement : les forces réactionnaires peuvent gagner du soutien sur base de l’agitation sociale faute d’alternative pour les travailleurs.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Cette évaluation a été rédigée par le CIO.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • NOUVELLES DU CIO : Brésil – Naissance de LSR, Liberté, Socialisme et Révolution

    La lecture du poème «Vamos juntos» (Allons ensemble) de l’écrivain uruguayen Mario Benedetti, décédé récemment, a donné le ton de l’assemblée d’ouverture du Congrès d’Unification entre le Collectif Liberté Socialiste (CLS) et le groupe Socialisme Révolutionnaire (SR), qui s’est tenu au soir de vendredi 22 mai à São Paulo. L’exemple d’une unité de principe, au milieu d’un contexte de scissions et de fragmentation de la gauche, a été salué comme un important pas en avant par toutes les personnes présentes.

    André Ferrari, Comité National de LSR – Liberté, Socialisme et Révolution

    Outre les membres du SR et du CLS, de nombreux autres invités ont pris part à l’assemblée d’ouverture. Parmi les personnes représentées, se trouvait Conlutas (une organisation clé pour les mouvements sociaux et syndicaux), le PSOL («Parti pour le Socialisme et la Liberté», le nouveau parti de gauche large au Brésil), des intellectuels militants tels qu’Oswaldo Coggiola et Plínio de Arruda Sampaio Júnior (un catholique de gauche qui s’est radicalisé au cours des dernières années). D’autres courants et partis tels que le C-SOL (une scission du PSTU, qui participe au PSOL aux côtés de nos camarades), la Conspiration Socialiste et le PSTU (Parti Socialiste des Travailleurs Unifié – le parti moréniste) ont également envoyé des délégués.

    Le vieux militant Plínio l’Arruda Sampaio a fait une apparition remarquée, saluant l’unification des deux organisations. Bien que le Comité pour une Internationale Ouvrière n’ait pas pu être représenté, une vidéo de salutations de Tony Saunois, de la part du Secrétariat International, a été diffusée lors de cette assemblée. Des salutations ont également été reçue d’autres endroits dans le pays et du monde.

    Au cours des deux jours qui ont suivi l’assemblée, les membres de SR et du CLS se sont mis d’accord pour former un nouveau courant socialiste unifié, le LSR – Liberté, Socialisme et Révolution. Cette nouvelle organisation a, dès sa fondation, une présence dans huit Etats brésiliens, et intervient dans toute une série de syndicats et de mouvements sociaux, tels que ceux des sans-terre, des étudiants, des femmes et des LGBT.

    Après une large discussion, le Congrès a voté l’acceptation des documents de base, afin de constituer une nouvelle organisation : une déclaration de principes, un programme, des status et une résolution approuvant l’affiliation au Comité pour une Internationale Ouvrière, et l’établissement de la nouvelle organisation en tant que sa section brésilienne.

    Le Congrès a également réaffirmé son soutien à une participation active au sein de Conlutas, et l’effort de bâtir une nouvelle centrale syndicale unie pour les syndicats et les mouvements sociaux dans le pays. Elle a aussi adopté une politique de lutte en faveur de l’édification d’une aile de gauche révolutionnaire à l’intérieur du PSOL. Sur ces deux fronts, dans Conlutas et dans le PSOL, le LSR participera au sein du Bloc de Résistance Socialiste, qui associe divers groupes de gauche tels que l’Alternative Socialiste (AS), l’Alternative Socialiste Révolutionnaire (ARS) et la Réponse Socialiste.

    Le LSR a aussi déclaré son soutien politique à «Terre Libre», un mouvement populaire à la fois urbain et rural, et est en faveur du respect de son autonomie, tout en désirant oeuvrer pour l’aider à se renforcer.

    Les militants socialistes présents au congrès ont cherché à prendre des décisions qui reflétaient la nouvelle période historique qui a débuté, marquée par la crise capitaliste mondiale et la nécessité de réorganiser et de renforcer une nouvelle gauche socialiste cohérente, capable de répondre aux immenses défis qui se dressent devant la classe salariée et les pauvres.

    Le Congrès a été marqué par l’enthousiasme des membres par rapport à l’unification de SR et du CLS, et vis-à-vis des opportunités de croissance rapide et solide pour la nouvelle organisation.

    Une naissance au coeur des luttes

    La classe salariée brésilienne est gravement touchée par la pire crise du capitalisme international depuis 1945, en dépit des discours triomphalistes du Président Lula. La vague de licenciements de masse dans l’industrie et d’autres secteurs de l’économie qui s’est produite au cours des derniers mois est loin d’être terminée. Il suffit de voir les menaces qui pèsent sur les travailleurs du géant minier Vale pour se rendre compte de ce qui est encore à venir. Nous allons voir de nouveaux licenciements de masse, mais aussi des tentatives de réduire les salaires des travailleurs du secteur public.

    Le gouvernement et les patrons tentent à tout prix d’éviter les hausses salariales. Ils utilisent la crise comme moyen de justification. Les négociations salariales, combinées à de nouveaux licenciements et au désespoir des travailleurs qui ont été licenciésau début de l’année et qui maintenant perdent leurs allocations de chômage, peut provoquer de nouvelles mobilisations radicalisées au cours des mois qui viennent.

    Toutefois, le développement d’une conscience politique quant à la route à suivre pour sortir de la crise dépend largement du rôle et de l’intervention des socialistes conscients. Les luttes en cours, la perspective de mobilisations plus nombreuses lors du prochain semestre et les élections de 2010 seront des opportunités importantes pour renforcer une alternative ouvrière et socialiste face à la crise.

    Le LSR est directement impliqué dans ces luttes et ces processus. Le camarade de l’Etat de Goiás est arrivé au Congrès après avoir participé à la direction d’une mobilisation et d’une lutte victorieuse. Ici, des centaines de travailleurs sans-terre organisé par le mouvement «Terre Libre» ont occupé les bureaux de l’INCRA (Institut National de la Colonisation et de la Réforme Agraire) pendant cinq jours dans la capital d’Etat de Goiânia.

    Certains membres de LSR qui font partie de l’Alternative de Lutte (un courant d’opposition au sein du syndicat de l’eau et des égouts de l’Etat de São Paulo) ont immédiatement quitté le Congrès pour se rendre à leur mobilisation en cours pour leur grève du 26 mai. Ces travailleurs luttent contre les licenciements et pour une hausse des salaires.

    A l’Université de São Paulo (USP), où le personnel universitaire entrent dans leur troisième semaine de grève, les membres de LSR contribuent à la mobilisation pour la grande manifestation des universités d’Etat du 25 mai.

    Vale do Paraíba, une ville de l’Etat de São Paulo, a été le théâtre d’une lutte contre les licenciements de masse chez General Motors et Embraer (un constructeur aéronautique). C’est aussi dans cette ville que des membres de LSR préparaient lors du Congrès une nouvelle lutte contre les attaques dans l’industrie agro-alimentaire de la région, dans des usines telles que celle d’InBev (maintenant Anheuseur-Busch InBev).

    Plusieurs camarades étaient absents du Congrès à cause des mobilisations qui se déroulent dans leur région. Ceci comprenait les camarades impliqués dans la construction d’une grève des fonctionnaires dans la ville de Hortolândia (Etat de São Paulo). Dans cette ville, une nouvelle couche de travailleurs entrent en lutte pour la première fois. Ceci est un exemple de ce qui pourrait se passer dans d’autres régions, comme cela s’est déjà vu à Campinas, Limeira et Taubaté.

    Les membres de LSR dans Apeoesp (un syndicat des enseignants de l’Etat de São Paulo), dans différentes sections de leur syndicat, sont directement impliqués dans la construction et la direction d’une grève qui commencera à partir du 29 mai.

    Les membres de LSR au sein du mouvement étudiant dans plusieurs universités participent à une campagne électorale pour l’élection en juin et juillet de délégués à deux congrès étudiants nationaux différents. Dans ces deux institutions, nous défendons une politique d’opposition au gouvernement et à ses partisans au sein du mouvement étudiant. Nous revendiquons l’unité de tous les secteurs indépendants du gouvernement et dans une lutte contre la politique étudiante néolibérale.

    Construire l’unité

    Le parcours qui a mené à la formation de LSR fait partie d’un processus de réorganisation plus large de la gauche socialiste après la perte du PT (Parti des Travailleurs, le parti de Lula) en tant que parti de lutte des salariés.

    La formation du PSOL a rassemblé la plupart des groupes de gauche qui n’ont pas capitulé et qui ne se sont pas adapté au capitalisme. Toutefois, le tournant du PSOL vers une politique plus modérée, qui menait à la répétition des erreurs du PT dans le passé, a mené à de nouvelles luttes et à de nouveaux débats au sein du PSOL. Pratiquement toutes les tendances et groupes nationaux du parti ont subi des scissions, et on a vu la formation de nouveaux courants, qui ont tiré les leçons de leurs propres expériences.

    De ces expériences, ensemble avec un travail commun dans le processus de réorganisation des mouvements social et syndical, a émergé la possibilité d’un accord politique entre SR et le CLS, et le processus qui a mené à l’édification du Bloc de Résistance Socialiste.

    Après trois ans de discussions, d’initatives communes et de construction de relations communes et de confiance politique, le Congrès d’Unification de SR et du CLS a résulté dans une synthèse politique et organisationnelle supérieure à celle des deux organisations précédentes. Le LSR a le potentiel de devenir un pôle d’attraction pour de larges couches de militants de gauche au sein des mouvements social et ouvrier et qui sont à la recherche d’une bannière de lutte socialiste, démocratique qui soit cohérente et propre.

    L’unification était donc la conclusion d’une importante phase de lutte visant à bâtir une nouvelle gauche socialiste capable de tirer les leçons des erreurs du passé.

    Une solide base politique

    Les résolutions votées au Congrès donnent une solide base politique pour la constitution d’un nouveau courant uni. Le groupe LSR se présente comme une alternative socialiste et révolutionnaire, basée sur la lutte indépendante des salariés, clairement internationaliste, et qui se voue à l’édification de formations larges, afin de rebâtir les forces de notre classe.

    Toutefois, au delà de cela, le processus d’unification a montré l’engagement à construire une nouvelle culture politique qui soit démocratique, franche, honnête, et tolérante en ce qui concerne le débat politique, contrairement aux méthodes bureaucratiques et sectaires qui vivent parmi la gauche brésilienne. Le nouveau courant cherche à combattre les résidus des pratiques staliniennes qui affectent même ceux qui se rangent dans le camp antibureaucratique.

    Les status adoptés définissent le caractère de l’organisation, qui est démocratique, basée sur la base des membres actifs, et sur la lutte de classe. Les statuts soulignent l’importance de la construction et du renouvellement de cadres politiques, et d’une atmosphère saine et honnête en ce qui concerne le débat interne.

    La décision unanime d’affilier la nouvelle organisation au Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) reflète l’engagement par rapport à la pratique internationaliste et le soutien du CIO à la fois politiquement et en tant qu’outil dans la lutte stratégique pour une Internationale révolutionnaire de masse. Les différentes trajectoires du passé n’empiètent pas sur la construction d’une internationale commune dans le présent et dans le futur, où un accord politique principiel puisse être atteint.

    Le nom de la nouvelle organisation a été décidé après avoir discuté de nombreuses possibilités qui liaient entre elles les trois éléments qui exprimaient une idée du socialisme distincte du réformisme et des affreuses pratiques du stalinisme. «Liberté, Socialisme, et Révolution – LSR» a été le nom retenu par la majorité des délégués, et a été accueilli avec enthousiasme par tous les délégués et observateurs présents.

    Des plans et des objectifs ont été décidés en vue de la production d’un journal mensuel appelé Offensive socialiste, que l’on espère pouvoir commencer à partir du début de l’année prochaine. Cependant, en plus de cela, on a également établi des plans en faveur d’une offensive ambitieuse dans la communication et d’autres publications, notamment via l’internet, afin d’atteindre des couches larges.

    Les objectifs de croissance incluent la construction d’une nouvelle base forte dans le sud, le nord-est et dans la capitale Brasilia, de même que le renforcement de notre travail à São Paulo, Rio de Janiero, et dans le Minas Gerais. Le Congrès a aussi tracé un plan d’études politiques pour ses membres, y compirs une école nationale de cadre en conjonction avec la nouvelle école d’Amérique latine du CIO au début de l’année prochaine.

    Les finances de la nouvelle organisation reflètent le caractère de classe et militant de LSR. Contrairement à ce qui est une pratique commune parmi la gauche brésilienne, nos ressources proviennent des contributions des membres et des campagnes menées parmi les travailleurs.

    Le nouveau courant participera également dans la lutte politique lors du second Congrès du PSOL, à travers un document commun Placer le socialisme à l’ordre du jour – pour un PSOL capable de remplir les tâches de ce moment historique. Nous allons lutter pour un programme socialiste pour le PSOL, pour un PSOL ancré dans les luttes sociales, pour une démocratie interne et pour une politique basée sur l’indépendance de classe. De la même manière, nous allons nous efforcer de renforcer et de développer le Bloc de Résistance Socialiste, stimulant un débat stratégique quantà l’avenir du Bloc.

    Notre intervention à l’intérieur de Conlutas est basée sur la construction d’une nouvelle Centrale unie avec d’autres secteurs, qui devrait prendre place dans la première moitié de 2010. Nous défendons l’idée que cette Centrale ne devrait pas être que pour les syndicats, mais également incorporer toutes les organisations de la lutte de la classe salariée, c’est-à-dire y compris les mouvements sociaux et estudiantins qui ont une orientation vers la classe salariée.

    Tandis que les camarades concluaient le Congrès en chantant l’Internationale, il était clair qu’un important pas en avant avait été accompli, non seulemnt pour les trajectoires individuelles des militants, mais également pour la construction d’une alternative socialiste cohérente au Brésil.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Liberdade, Socialismo e Revolução – LSR est la nouvelle section brésilienne du CIO.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Les socialistes de lutte obtiennent une voix au parlement européen!

    En Irlande, le décompte des voix pour le parlement européen a été un véritable thriller. À Dublin, il a fallu compter et recompter pour définir qui était finalement le bénéficiaire du troisième siège pour l’Europe. C’est notre camarade Joe Higgins, de notre parti-frère le Socialist Party (CIO-Irlande), qui l’a emporter. Le PSL/LSP se réjouit bien entendu de cette élection, qui place au parlement européen une voix qui prendra la défense des travailleurs et des jeunes de l’Europe entière.

    Avec 50.000 voix à Dublin (soit 12,4%), Joe Higgins a obtenu un excellent score. Les libéraux au pouvoir ont reçu un coup avec cette élection, le troisième siège à Dublin n’est pas allé au libéral Fianna Fial, mais à un candidat marxiste.

    Dès le début du décompte, il était semblait bien que Joe Higgins allait l’emporter. Il a clairement obtenu plus de voix que le candidat du Sinn Fein. Les deux plus grands partis ont obtenu un siège : les chrétiens-démocrates du Fine Gael et les sociaux-démocrates du Labour.

    Ce n’est qu’à 5h15 ce matin que le résultat définitif a été connu après une attente exaspérante : Joe Higgins et le Socialist Party avaient remporter ce fameux siège. Joe Higgins a obtenu un peu plus de 22.000 voix tandis que le candidat du Fianna Fial n’a eu que 5.400 voix.

    Joe Higgins a directement déclaré qu’il défendra les intérêts des travailleurs et de leurs familles à travers l’Europe entière au sein du parlement européen. Il a affirmé que son élection constituait une mauvaise nouvelle pour les bureaucrates européens et pour les représentants des grandes entreprises.

    Avec cette élection, nous avons une voix claire et radicale au parlement européen, cela renforcera la position de la gauche en Europe.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section irlandaise du CIO.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

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