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Tag: PTB
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Retour sur l’échec des majorités progressistes en Wallonie et à Bruxelles

Dirk De Block, tête de liste du PTB à Molenbeek. Photo : Jean-Marie Malgré l’importante campagne de la FGTB wallonne pour des ‘‘alliances de gauche partout où c’est possible’’, les négociations pour des majorités communales entre le PS et le PTB ont échoués. Le syndicat s’est opposé aux alliances PS-MR en défendant des ‘‘majorités progressistes’’ PS-PTB-ECOLO pour opérer un virage à 180 degrés face aux politiques d’austérité des gouvernements de droite.
Par Boris (Bruxelles)
La mascarade du PS à Liège et Charleroi
Willy Demeyer, le bourgmestre PS de Liège s’est allié au MR et a mis fin aux discussions avec le PTB en déclarant: ‘‘le PTB n’a pas été en mesure de démontrer ni la faisabilité ni le financement de ses propositions. Ses solutions étant le recours à l’endettement, la taxation massive et l’insurrection vis-à-vis des autres niveaux de pouvoir.’’ Même argument épouvantail pour Paul Magnette : le programme du PTB coûterait 2000€ de taxes supplémentaires pour chaque carolo. Pendant ce temps, de vraies négociations étaient en cours en parallèle avec ECOLO.
A Liège et à Charleroi, le PS a manœuvré pour se débarrasser du PTB. Les négociations ne visaient pas à conclure un accord mais à démontrer d’une part la prétendue incapacité du PTB ‘‘à prendre ses responsabilités’’ en montant dans une majorité et d’autre part que le programme du PTB serait ‘‘impayable’’. Cette campagne orchestrée par le PS visait à présenter tout vote favorable au PTB comme un vote gaspillé dans la perspective des élections de mai prochain. Chaque avancée sociale proposée par le PTB – même limitée – était considérée comme excessive. Dans les faits, le PS à fait le boulot de la droite en défendant le credo de cette dernière face à l’austérité : TINA ‘‘There is no Alternative’’.
Et à Molenbeek ?
En était-il de même à Molenbeek là où, contrairement à ailleurs, le PTB était indispensable pour mettre le MR dans l’opposition ? Après coup, chaque parti dénonce le manque de sincérité de celui d’en face. Il est toutefois permis d’en douter. Le PTB a finalement retiré la prise des négociations à la suite du départ d’ECOLO, principalement en raison de la répartition des postes d’échevins. C’est une erreur. La base de la discussion aurait dû être le programme. Catherine Moureaux (PS) affirme qu’elle n’avait encore refusé aucune proposition de la note de négociation présentée par le PTB.
Ce qui est certain, c’est que personne ne peut reprocher au PTB d’être allé négocier avec une note trop audacieuse. Il s’agissait d’un programme de 5,3 millions d’euros de dépenses et de recettes supplémentaires: 1000 logements sociaux supplémentaires en 6 ans (alors que 17.000 ménages figurent sur la liste d’attente du Logement Molenbeekois), un kit de rentrée scolaire gratuit, la gratuité des garderies rendues payantes par la majorité précédente MR-cdH-ECOLO, l’embauche de 20 instituteurs supplémentaires et un chèque sport et culture pour les adolescents.
L’équilibre budgétaire serait atteint d’une part par la limitation des salaires des échevins à 6.000€ bruts et par la suppression d’un poste d’échevin et, d’autre part, par une augmentation de toute une série de taxes, pas pour chaque Molenbekois bien entendu, mais sur les surfaces de bureaux, les antennes GSM, la publicité, les caisses enregistreuses des supermarchés, les logements vides, les terrains non battis ou encore les parkings des grandes surfaces et des entreprises.
Éviter le piège des négociations en coulisses
Le PTB aurait pu organiser des assemblées en y invitant les habitants et le personnel de Molenbeek pour y discuter de ce que signifie un programme d’urgence sociale dans la commune. L’approche aurait été idéale pour éviter de se laisser engluer dans un agenda de négociations secrètes et, de cette manière, préparer au mieux une mobilisation active et la construction d’un rapport de forces autour de ce programme d’urgence sociale.
A Bruxelles, le front commun syndical a élaboré un plan d’action pour le personnel des communes, des CPAS et des hôpitaux publics. Ils revendiquent entre autres une campagne de nomination du personnel, une augmentation des salaires de 10% et la réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Tous les futurs conseils communaux seront interpellés à ce sujet. Officiellement, le PS se déclare favorable à la semaine de 4 jours et au salaire minimum de 14€ de l’heure. Le 8 novembre dernier, lorsque la manifestation du front commun syndical est passée devant les locaux du PS, Laurette Onkelinx est d’ailleurs sortie affirmer son soutien aux revendications syndicales.
N’aurait-il pas été utile d’aborder à la table de négociation quelle serait l’attitude d’une majorité progressiste face aux revendications syndicales ? Dans le cas où le PS aurait accepté, cela aurait illustré à quel point le PTB peut faire une différence. Ces mesures auraient encore été insuffisantes, mais quel enthousiasme cela aurait suscité dans le mouvement des travailleurs à 6 mois des élections de mai ! Dans le cas où le PS aurait refusé, cela aurait prodigieusement exposé ce parti comme étant celui des promesses creuses.
Une fronde des villes et des communes
Ces dernières décennies, un désinvestissement inédit a frappé nos communes et les autorités des autres niveaux. Le manque de moyens sévit partout : dans le logement social, les crèches, les écoles,… Molenbeek a tout particulièrement souffert de la mise sous tutelle financière de la commune par la Région, qui a imposé une politique d’austérité drastique. Parmi le personnel communal, aucun départ (en pension ou autre) ne pouvait être remplacé. Le comportement de la Région bruxelloise envers les Molenbeekois est le miroir de celui de l’Union européenne envers le peuple grec.
Il nous faut un réinvestissement public, et un majeur ! Cela exige d’en finir avec le transfert des moyens publics vers les entreprises et les riches. Les moyens fiscaux des communes sont limités. Il faut briser les carcans budgétaires volontairement limités et construire un front de communes rebelles contre les pouvoirs subsidiaires. C’est de cette manière que nous avons tracé un chemin pour le programme de lutte défendu par Gauches Communes tout au long de sa campagne électorale dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles. Cette approche manquait à la campagne du PTB ; la population n’a pas été préparée à l’offensive de critiques qui a suivi les résultats.
A Charleroi, on retrouvait dans la note du PTB toute une série de taxes comparables à celles présentées pour Molenbeek, mais adaptées au tissu industriel carolo. On y trouvait également – et c’est une bonne chose – des éléments de rupture avec les trajectoires budgétaires imposées aux communes par les régions et le fédéral. Il y était question du fait que l’éventuelle majorité progressiste prenne la tête d’une fronde des villes et des communes pour une augmentation de 15% des subventions de la Région wallonne aux fonds des communes.
C’est un excellent élément à saisir pour une désobéissance organisée des majorités de gauche et la construction d’un rapport de forces contre les carcans budgétaires. Il n’a malheureusement pas été question de cette ‘‘insurrection vis-à-vis des autres niveaux de pouvoir’’ dans les négociations à Molenbeek et Zelzate. Etait-ce parce que, dans ces deux cas, les négociations avaient des chances d’aboutir ? La gauche ne doit pas restreindre son action à quelques mesures bienvenues mais limitées. Elle doit représenter un véritable changement.
La droite et le patronat se félicitent de l’échec des majorités progressistes. Leur campagne de calomnie qui amalgame gauche et désastre économique est lancée. En mai, nous pourrons voter pour un gouvernement de la ‘‘taxe des millionnaires’’. Son instauration provoquera la fureur des capitalistes ainsi qu’une campagne de sabotage sous forme d’une fuite des capitaux. Nous précisons d’emblée qu’y faire face exige un programme socialiste comprenant le non-paiement de la dette publique, la nationalisation du secteur financier et le recours à l’arme de la nationalisation face à la réaction patronale.
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Zelzate : pour la droite, s’éloigner de l’austérité est inacceptable

Le pont sur le canal Gand-Terneuzen à Zelzate. Photo : Wikicommons Un accord pour une majorité de gauche qui représente un pas en avant, mais aussi une occasion manquée
Après quatre semaines de négociations, un accord de majorité a été conclu entre le SP.a et le PTB dans la petite commune industrielle de Zelzate, en Flandre orientale. Il s’agit de la première fois que le PTB entre dans une majorité communale. L’organisation patronale flamande VOKA a réagi violemment et a appelé au boycott du conseil communal. De nombreux électeurs de gauche ont quant à eux salué cet accord qu’ils considèrent comme une lueur d’espoir à la suite de ces élections communales qui ont vu se constituer tellement de majorités de droite.
Par Fabian
Les présidents de la N-VA, de l’Open Vld et du CD&V ont parlé d’une même voix pour qualifier la section locale du SP.a d’irresponsable pour avoir ainsi opté en faveur d’un “conseil communal communiste”. Selon la présidente des libéraux flamands de l’Open VLD Gwendolyn Rutten, ce choix est carrément “dangereux pour la démocratie libérale”. Mais à Zelzate, ce sont des haussements d’épaules qui ont répondu aux comparaisons faites entre la commune et le Venezuela ou la Corée du Nord.
L’accord de majorité contient des mesures sympathiques qui seront bien accueillies par les Zelzaténiens : il n’y aura plus de coupures d’électricité ou d’eau dans la commune, des panneaux solaires seront installés sur les bâtiments communaux, un travailleur est engagé à mi-temps pour la culture et un autre pour le travail social, le budget pour réparer les sentiers sera augmenté de 50%, le transport par bus sera gratuit pour les personnes les moins mobiles, les indépendants et petites entreprises paieront moins de taxes, certaines grandes entreprises en paieront davantage, la taxe environnementale qui va disparaître pour les riverains et 100.000 euros seront économisés par la suppression de deux échevins afin de consacrer cet argent à la lutte contre la pauvreté. En outre, un certain nombre d’autres mesures doivent encore être examinées mais il est peu probable que les moyens nécessaires à leur réalisation soient trouvées.
“Un “changement de système” tel que celui que le PTB avait en tête pour Molenbeek ou Liège n’est pas à l’ordre du jour à Zelzate pour l’instant”, a écrit Karel Verhoeven dans les pages du quotidien De Standaard. Alors pourquoi les partis classiques réagissent-ils si furieusement ? Parce que même si les mesures de l’accord sont très modestes, elles représentent tout de même un petit pas de côté. Pour les partis de droite, toute possibilité de mesure progressiste est exclue. Leur seule politique “acceptable” est de réduire les budgets des dépenses sociales. Si des communes désirent des moyens supplémentaires, elles n’ont qu’à se tourner vers le citymarketing néolibéral. Il est insupportable à la droite qu’un grand village d’un peu plus de 12.000 habitants souhaite fonctionner “autrement”. Qui sait, les habitants d’autres communes pourraient s’en inspirer.
Un petit village qui résiste courageusement
Zelzate est un village ouvrier à l’ombre de l’aciérie Sidmar, coupé en deux par le canal Gand-Terneuzen et situé à un important nœud routier régional. Le PTB y est présent depuis les années ’70 par le biais de son cabinet médical “Médecine pour le peuple” auquel se rendent aujourd’hui pas moins de 3.000 Zelzatiens. Aux élections communales de 2006, le parti a connu une percée en remportant 21,67 % des voix. En 2012, le parti a gagné 22% et, cette année, 22,8%. La coalition de droite VLD-SD, CD&V et N-VA – la première ne comprenant pas le SP.a depuis 80 ans – a été sanctionnée par les électeurs pour sa politique antisociale.
Les problèmes sociaux rencontrés à Zelzate ne diffèrent pas de ceux que l’on connait ailleurs dans le pays. La commune compte 450 chômeurs et un taux de chômage de 19 % parmi les jeunes. Plus de 300 familles figurent sur la liste d’attente d’un logement social. Il n’y a que 23 places en garderie pour 100 enfants de l’âge de 0 à 2 ans. L’accord de majorité ne comprend rien concernant ces problèmes. Cela pourrait donner l’impression que rien n’existe pour y remédier à l’échelon communal.
Dans les endroits où le PTB n’avait pas l’ambition de participer à la majorité, le programme électoral s’est construit autour de revendications telles que la gratuité des transports en commun et la construction d’un nombre considérable de logements sociaux. A Zelzate, ce n’était pas le cas. Cependant, la gratuité des transports en commun peut également constituer un levier dans une petite commune pour négocier avec De Lijn afin d’augmenter l’offre dans la commune. Dans le projet d’accord négocié en 2000 entre le VLD, le CD&V et le PTB – et qui a finalement été balayé suite à une intervention de Guy Verhofstadt – se trouvait d’ailleurs l’introduction des transports publics gratuits sur le territoire de Zelzate. Pourquoi donc ne trouvait-on pas de revendications offensives dans le programme électoral du PTB à Zelzate ?
Outre l’ambition de réaliser une percée dans les grandes villes, le PTB avait apparemment aussi l’intention de devenir un partenaire politique responsable dans quelques communes. Cela permet d’ailleurs de comprendre la communication du PTB relative à l’accord de majorité, qui n’a cessé de souligner l’absence de mesures radicales dans ce dernier.
N’y avait-il pas moyen d’aller plus loin ?
Il n’est pas facile pour un parti de gauche cohérent de se mêler à la gestion politique. Les autorités supérieures ont mis les villes et les communes au pain sec et à l’eau tandis que les réglementations européennes rendent quasiment impossible de lancer un programme d’investissements publics.
Une bonne manière de juger de la pertinence d’un accord de majorité est de vérifier à quel point les mesures énumérées peuvent répondre aux besoins de la commune. Que dire aux centaines de familles sur liste d’attente pour un logement social ou une place dans une garderie ? Que dire aux jeunes qui ne trouvent pas de travail ? Désolé, mais on ne peut rien faire ? Accepterions-nous que le gouvernement flamand utilise cet argument parce que les principaux instruments pour augmenter la contribution fiscale des grands capitalistes sont des compétences fédérales ? Ou si le gouvernement fédéral soutient pour sa part qu’un tel changement ne survenir qu’à partir du niveau européen ?
Lorsque la gauche conséquente dispose de la relation de force nécessaire pour s’engager dans une coalition progressiste, cela doit bien entendu être sérieusement envisagé. Laisser la droite au pouvoir signifie plus d’austérité et plus de casse sociale contre les conditions de vie des travailleurs et de leurs familles. Ce débat revêt ici une importance toute particulière dans a mesure où le PTB estime que Zelzate est un modèle pour de futures coalitions. “Zelzate est une expérience pilote. Une première expérience de la façon dont nous gouvernons une commune, en nous appuyant sur le peuple. La démocratie d’en bas est cruciale pour nous. Nous voulons montrer qu’il existe une politique progressiste alternative à la politique de démolition sociale de la droite.”
Le point de départ du PTB à Zelzate est le cadre formel dans lequel on place la politique, avec le respect des contraintes budgétaires. L’un des objectifs du VOKA et de la pression des partis traditionnels est d’assurer que le PTB respecte cette approche. Mais cela ne leur est pas encore suffisant : ils feront tout pour faire échouer chaque changement progressiste à Zelzate.
Le confrontation viendra de toute manière
L’approche que nous défendons consiste à partir des besoins et d’élaborer un programme à partir de cela. Dans une commune comme Zelzate, cela comprendrait notamment la construction de plusieurs centaines de logements sociaux ou l’introduction de transports publics gratuits. L’introduction d’une réduction du temps de travail à 30 heures par semaine, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire, pour le personnel communal serait soutenue par tous les syndicalistes combattifs du pays. La commune pourrait encore lutter activement pour l’émancipation des femmes grâce à la mise à disposition de suffisamment de structures d’accueil pour les enfants et à l’instauration de cantines scolaires gratuites.
Le principal argument contre une telle approche est son coût. Si cela ne dépendait que des patrons et de leurs politiciens, rien ne serait jamais abordable pour nous ! Les moyens que cette politique exige, il faut aller les chercher là où ils sont. Jouer sur la fiscalité locale peut être une manière de faire, mais la mobilisation de la population locale est crucaile pour forcer les autorités supérieures à accorder davantage de ressources. La majorité progressiste de Zelzate et la population recevraient le soutien actif des travailleurs de tout le pays pour un tel combat. Ce serait un modèle de combativité enthousiasmant qui arracherait la réalisation de revendications offensives, un modèle préférable à celui des modestes petits pas.
La section locale du SP.a serait-elle d’accord ? A tout le moins, le SP.a devrait être placé devant le choix : participer ou préférer rejoindre les libéraux.
Les conseils de de quartier mentionnés dans l’accord de majorité seraient des endroits idéaux pour permettre l’implication de la population dans la lutte. Dans le passé, les conseils locaux de la population sont trop souvent devenus des instruments où la population ne pouvait décider que de la répartition des déficits. Si 100.000 euros sont disponibles alors qu’un million d’euros est nécessaire, la population ne peut que décider de ce qui obtient une miette et de ce qui n’obtient rien. La méthode permet juste de couvrir la politique d’austérité d’un vernis démocratique. Ce n’est évidemment pas ainsi que la gauche doit envisager les choses. Mais cela nous ramène à la question des ressources nécessaires.
Le PTB fait face à un défi majeur à Zelzate. La commune est considéré à juste titre scrutée sous tous les angles. De puissantes forces ne veulent rien d’autre qu’un échec. Elles n’hésiteront pas à passer à l’offensive, de manière brutale s’il le faut. Pour y faire face, être doux, modeste et constructif ne suffira pas. Tout abandon des politiques d’austérité est inacceptable pour les capitalistes et leurs marionnettes politiques.
Nous devons nous préparer à ce combat. Pourquoi ne pas commencer par une manifestation le jour du premier conseil communal ? Pour organiser le soutien actif à Zelzate et la solidarité dans le reste du pays, un programme socialiste offensif sera nécessaire. Cela correspond aux besoins concrets en matière de pauvreté, de chômage, de logement abordable, d’emploi décent et d’autres questions sociales.
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Comment des majorités progressistes peuvent-elles être synonymes de vrais changements ?

La FGTB en action à Liège lors de la rencontre entre le PS et le MR. Photo : Julien Dohet La FGTB wallonne s’était déjà prononcée en faveur d’une majorité progressiste PS-PTB-ECOLO au parlement wallon en 2019. Le même appel est également lancé aujourd’hui au niveau communal. Nous en avons discuté avec Boris, responsable de Gauches Communes à Saint-Gilles (Bruxelles).
‘‘La FGTB wallonne a en effet lancé un appel à des alliances de gauche partout où c’est possible. Elle a condamné les ‘‘alliances contre nature’’ PS-MR conclues au lendemain des élections, comme à Verviers. Le syndicat a d’ailleurs mené une action à Liège pour soutenir sa revendication. La FGTB explique qu’il y a un déplacement politique vers la gauche en Wallonie, qui était prévisible, et que la composition d’alliances PS-PTB-ECOLO est la seule manière d’opérer un virage à 180 degrés contre les politiques d’austérité du gouvernement Michel.
‘‘Le PTB a eu raison de vouloir prendre du temps pour en débattre au sein de ses structures et consulter ses membres. Au soir des élections, on a vu les partis traditionnels former immédiatement des ‘‘accords au coin d’une table’’, en se répartissant les postes. La gauche doit toutefois prendre garde à ne pas se laisser piéger dans des négociations secrètes. La constitution de coalitions progressistes doit être ancrée dans un large débat public au sein du mouvement des travailleurs sur la manière de mettre sur pieds une politique de rupture anti-austérité.’’
Que penses-tu des rencontres PS, PTB, ECOLO dans plusieurs communes ?
‘‘La situation n’est pas la même dans les différentes villes où des rencontres ont lieu entre PS et PTB. Tant à Charleroi qu’à Herstal, le PS a une majorité absolue. A Liège, une coalition avec le PTB n’est pas la seule option possible. Mais à Molenbeek, envoyer le MR dans l’opposition passe obligatoirement par un accord PS / PTB. Catherine Moureaux déclare vouloir y parvenir, que les points de convergence sont nombreux et qu’il faut une majorité de progrès pour une ‘‘rencontre de l’urgence sociale’’.
‘‘Pour arriver à une majorité, le point de départ doit être le programme. Que signifie un programme d’urgence sociale pour Molenbeek ? A Bruxelles, le personnel des services locaux et régionaux a mené de premières importantes mobilisations pour de meilleures conditions de travail. Cette majorité de gauche feraient-elles siennes les revendications des syndicats ? Cela signifierait de mener une campagne de statutarisation du personnel, de s’en prendre aux bas salaires et d’instaurer une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Prenons le PS au mot : il s’est déclaré en faveur d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure et de la semaine des quatre jours. Le PS se contentera-t-il de d’en faire des promesses aux élections de mai prochain pour les remettre ensuite au placard ou va-t-il les concrétiser au niveau local ?’’
‘‘Et puis il y a surtout le gigantesque désinvestissement public source de nombreuses pénuries sociales, y compris au niveau local. Un virage à 180 degrés implique de stopper le transfert des moyens publics vers les profits des grandes entreprises et les riches pour rattraper le retard en investissements publics dans les besoins sociaux, c’est-à-dire en augmentant significativement le nombre d’écoles, de crèches communales et de logements sociaux publics pour répondre aux nécessités. C’est à partir d’un tel programme de lutte que la gauche peut avancer.
‘‘Le PS mène une certaine campagne pour affirmer que le PTB est un parti voué à l’opposition, avec lequel on ne peut pas nouer d’accords. A Charleroi, Paul Magnette l’a invité à discuter, mais il explique parallèlement que le programme local du PTB signifierait une augmentation de 30% du budget annuel, ce qui, selon lui, serait infinançable et irréaliste. Il préparait ainsi le rejet de la responsabilité d’un non-accord sur le PTB.’’
Que répondre à ceux qui disent qu’un programme de gauche est impayable ?
‘‘A Saint-Gilles, avec Gauches Communes (initiative ayant impliqué le PSL, le Parti Humaniste et la campagne ROSA), nous avons défendu un programme qui veut s’en prendre aux besoins sociaux – un plan radical d’investissements publics pour 4 écoles, 30 crèches, 3000 logements sociaux et 850 emplois décents – sans toutefois nous limiter à ça. Nous avons aussi expliqué qu’il est absolument nécessaire que des majorités de gauche brisent les carcans budgétaires existants. Impossible sans cela d’appliquer un programme qui représente un vrai changement et ne se limite pas à des mesures symboliques dans la marge.
‘‘Un conseil communal de gauche qui opère un virage à 180 degrés contre l’austérité sera nécessairement une majorité de désobéissance. Elle sera rapidement soumise par la région à une trajectoire budgétaire faite de coupes budgétaires contre les services publics et le personnel. Si elle s’y oppose, la région pourrait carrément suspendre le conseil et prendre le contrôle de toute la commune : un coup de force contre le mandat des électeurs. La région et le fédéral se comportent de la même manière envers les communes que la commission européenne envers les Etats nationaux ou comme les créanciers se sont comportés envers la Grèce.
‘‘Cette campagne de Gauches Communes peut sembler plus difficile à mener, mais elle préparait le débat aux attaques venant de la droite, pour qui une politique de rupture anti-austérité serait ‘‘impayable’’. Le PTB est confronté aujourd’hui à la difficulté de ne pas avoir mené cette campagne, de ne pas avoir préparé ses militants et ses électeurs à faire face à cette offensive. Il aurait fallu clarifier la nécessité de construire un réseau de villes rebelles qui stimule la mobilisation active de la population et du mouvement des travailleurs pour rompre avec la camisole de force budgétaire. Avec Gauches Communes, nous avons défendu ce modèle de gauche qui, aujourd’hui, a toute son importance dans le débat sur des majorités de gauche.
‘‘En mai prochain, nous pourrons voter pour un gouvernement ‘‘taxe des millionnaires’’. Mais pour pouvoir appliquer celle-ci, la gauche devra se doter d’un programme de mesures socialistes, incluant le non-paiement de la dette, la nationalisation des banques et le recours à l’arme des nationalisations face à l’inévitable contre-offensive patronale.’’
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Contrecarrer la politique d’austérité de la droite – Propositions pour renforcer la percée du PTB

1er mai à Liège. Photo : socialisme.be Le but de ces élections est clair. Une victoire des partis au pouvoir sera interprétée comme un feu vert pour plus de casse sociale, plus de répression et encore moins de bienveillance à l’égard des plus démunis. Mais la gauche traditionnelle – les sociaux-démocrates et les verts – n’a pas de solution. Tout au plus leur programme est-il une version édulcorée de celui de la droite. Quant à leurs politiciens, ils ont parfois adopté un style de vie et une arrogance semblables. Leur argument massue, le ‘‘moindre mal’’, est de plus en plus absurde. Dans l’ensemble, seul le PTB est en faveur d’un véritable revirement politique. Au plus sa percée sera importante, au plus les travailleurs et les jeunes auront confiance en eux pour résister et riposter.
Par Eric Byl
C’est en raison de cette constatation objective que le PSL, à l’exception de Saint-Gilles, appelle partout à voter en faveur des listes du PTB quand elles existent. Cela ne signifie pas pour autant que nous renonçons à nos différends avec le PTB, ni que nous n’avons aucun commentaire à faire quant à son programme et ses tactiques. Facile de critiquer depuis le banc de touche ? Ce n’est certainement pas notre choix d’y être. Nous avons proposé à maintes reprises au PTB d’examiner ensemble la meilleure façon de renforcer sa campagne, y compris avec des candidats du PSL. Étant donné que le PTB est aujourd’hui le seul barrage crédible pour l’ensemble du mouvement ouvrier et la gauche contre la politique de droite, nous estimons qu’il aurait mieux valu que cette situation trouve sa réflexion sur les listes du PTB. La présence d’une force organisée telle que le PSL aurait été beaucoup plus convaincante que de se limiter à quelques candidats d’ouverture.
Au moment où ont éclaté les scandales autour de Publifin, du Samusocial, etc. le PTB aurait pu prendre une excellente longueur d’avance à cet égard. Dans les sondages, il était en progression constante. C’est le seul parti dont les parlementaires gagnent l’équivalent du salaire d’un travailleur. Au côté des mouvements sociaux, des syndicats et de la gauche radicale, il aurait pu faire le tour du pays pour expliquer ce principe et tout ce que cela implique lors de meetings locaux de masse et même l’y soumettre au vote. Réduire de moitié le salaire des bourgmestres de Charleroi ou de Liège ? Pourquoi pas. Mais si les entreprises et les plus nantis continuent de s’enrichir, ce ne sera tout au plus que de l’ordre du symbolique électoral que la droite contournera. Il aurait été préférable de bâtir un mouvement autour de l’engagement des représentants des travailleurs à ne pas gagner plus que l’équivalent du salaire moyen d’un ouvrier qualifié.
Le PTB aurait pu utiliser l’appel pour une coalition de gauche de la FGTB wallonne pour défendre un plan d’action d’investissements publics massifs dans le logement social, les écoles, les crèches et l’emploi via une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et réduction des cadences. Il aurait pu appeler à la formation de conseils communaux rebelles pour constituer un front de lutte contre la camisole de force budgétaire dans laquelle les autorités fédérales et régionales maintiennent nos communes. De cette manière, il aurait pu construire un front à partir de la base pour faire de la coalition progressiste proposée par la FGTB le véritable représentant du mouvement des travailleurs, de la jeunesse et des mouvements sociaux. Nous sommes conscients que ces propositions ne seront plus mises en œuvre avant les élections du 14 octobre, mais la même méthode peut également être utilisée dans la période précédant les élections du 26 mai prochain.
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Une gauche ‘‘rhinocéros’’ plutôt qu’une gauche ‘‘respectable’’ !

Avec l’accord d’été du gouvernement fédéral, Charles Michel et sa bande ont persévéré dans leur impitoyable politique de hold-up social. Uniquement dans les services publics fédéraux, 10.000 équivalents temps plein ont été perdus depuis 2015, soit 13% du personnel.
Edito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste, par Nicolas Croes
La société a véritablement été saignée à blanc par la politique d’austérité, alors qu’il était déjà difficile de citer un secteur épargné par le sous-investissement chronique. Depuis que le gouvernement ‘‘papillon’’ de Di Rupo a lancé les hostilités en décembre 2011 – après 541 jours de crise de formation du gouvernement – le montant des ‘‘efforts’’ d’austérité a dépassé les 50 milliards d’euros en 6 ans !
Depuis 2012, l’avalanche de mesures antisociales n’a pas cessé, et ce à un rythme infernal avec le gouvernement Michel, sous prétexte d’assainir les finances publiques, de réduire la dette et de retrouver la croissance. Pour quel résultat ?
Dès le premier contrôle budgétaire, en mars 2012, le compte n’y était pas. L’équilibre budgétaire prévu pour 2015 a été repoussé. De nouvelles économies ont été imposées. Encore. Et encore. Aujourd’hui, l’idée est d’atteindre cet objectif en 2020. Et devinez quoi ? À peine le budget 2019 a-t-il été décidé fin juillet que le Bureau fédéral du plan a averti que le déficit budgétaire en 2019 s’élèvera à 5 milliards d’euros de plus qu’indiqué par le gouvernement. Soit un trou de 8,2 milliards ! On connaît tous la chanson, c’est dans nos poches qu’il y aura un trou si on les laisse faire !
Assez de la politique pour les riches !
Il ne faut y voir aucune incompétence. Toute cette politique a bénéficié au grand capital. Les dividendes versés aux actionnaires explosent ! Les politiques fédérales ont permis aux dividendes de passer d’une ponction moyenne sur les bénéfices des entreprises belges de l’ordre de 50% avant la crise de 2008, à quelque 75% aujourd’hui (chiffres du CEPAG).
Et, à côté des mesures fiscales pro-patronales, de nombreuses réformes ont visé à détruire les conquêtes sociales et changer le rapport de force en faveur des patrons et des grandes entreprises sur le long terme : remise au travail forcé des malades, loi travail, etc.
Le patronat ne va pas arrêter d’imposer ses revendications à ses partenaires politiques. Si les syndicats prennent au sérieux leurs propres revendications, ils doivent chercher de véritables partenaires politiques, renforcer ceux qui construisent leur programme politique autour des intérêts du monde du travail et rompre avec ceux n’y sont pas prêts, ou qui trahissent leur programme à la moindre occasion.
Ceux qui ressentent l’urgence de mettre fin à la casse sociale et qui aspirent à un changement fondamental de politique ne manquent pas. C’est ce que le secrétaire régional de la FGTB Thierry Bodson a exprimé en appelant à la constitution de futures majorités de gauche, appel réitéré à la rentrée. ‘‘Nous ne nous positionnons pas en tant que formateur mais si au lendemain des élections une majorité entre le PS, le PTB et Ecolo est mathématiquement possible, cela doit être la priorité des priorités pour ces trois partis.’’ Les élections locales du 14 octobre constitueront un bon premier test.
Le PS s’est toujours plaint d’être l’otage de la droite lorsqu’il est au pouvoir. Mais la réaction d’Elio Di Rupo est aujourd’hui de préférer entrer en coalition avec Ecolo et DéFi (le seul parti qui avait ouvertement défendu l’âge de la pension à 67 ans avant les élections de 2014) plutôt qu’avec le PTB. Du côté d’Ecolo, le silence est assourdissant…
De l’audace !
Les mobilisations syndicales de cette rentrée permettent d’imposer les thématiques sociales dans le débat politique et de donner confiance afin que la colère s’exprime également dans les urnes, à destination d’une gauche conséquente. Nous espérons que le PTB remportera des dizaines de conseillers communaux ce 14 octobre. Mais nous souhaitons surtout qu’il ne se contente pas de ce résultat et saisisse l’opportunité pour aller de l’avant.
Cela exigera de transformer ces succès électoraux en larges mouvements de résistance, à l’image de ce qu’a fait la France Insoumise au travers de ses diverses initiatives pour soutenir la lutte contre Macron en France. Si la France Insoumise est devenue le principal adversaire de Macron et de La République En Marche, en reléguant le PS français dans les limbes, c’est en étant audacieux et en démontrant dans la pratique que son opposition à la droite ne se limite pas à des discours au Parlement, mais se fait en organisant des manifestations de masse en soutien aux luttes syndicales, etc. La France Insoumise a su démontrer que, en dépit de certaines faiblesses, elle était actuellement le meilleur véhicule pour la résistance sociale.
En reposant sur la mobilisation active des travailleurs, le PTB pourrait, dès le lendemain des élections, appeler à construire un véritable front de la résistance sociale, en invitant toutes les personnes désireuses de lutter contre l’austérité à le rejoindre, dans le respect de leurs spécificités. Cela répondrait à l’aspiration de nombreux militants et activistes qui ne se retrouvent pas au PTB et cela forcerait la main au PS et à Ecolo pour qu’ils se prononcent clairement en faveur de la lutte contre l’austérité.
Il est aussi possible que le PTB entre dans des majorités progressistes communales. Mais, pour appliquer un véritable programme visant à répondre aux besoins de la population, celles-ci seront obligées d’entrer en collision frontale avec la camisole financière dans laquelle les gouvernements régionaux et le fédéral maintiennent les communes. Dans les années 80’, le conseil municipal de Liverpool a trouvé la parade pour lancer son vaste programme d’investissements publics : il a construit un front de résistance d’une vingtaine de municipalités de gauche. Via des grèves et des manifestations de masse, il a forcé le gouvernement Thatcher à céder un refinancement de la ville. Pourquoi ne pas envisager cela aujourd’hui en Belgique ?
Margaret Thatcher avait été surnommée la Dame de fer, ou encore le rhinocéros, en raison de son entêtement. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’une gauche de combat, une gauche rhinocéros, qui utilise chaque ouverture dans le débat public pour faire avancer la défense des intérêts des travailleurs tout en défendant ouvertement l’absolue nécessité de rompre avec ce système capitaliste pour construire une société alternative, une société socialiste démocratique. C’est tout à fait possible. Et nous n’avons de toute manière pas d’autre choix.
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>> Rubrique de ce site consacrée aux élections communales
Le PSL participera aux prochaines élections communales. Nous voulons utiliser cette période pour mener une campagne offensive pour un refinancement des communes et pour une politique socialiste au niveau local, mais aussi pour avancer la nécessité de rompre avec la politique d’austérité et de défendre un autre type de société.
Notre campagne dans la plupart des villes et communes sera axée autour du mot d’ordre : ‘‘Votez pour le PTB, rejoignez le PSL’’.
>> Le 14 octobre, votez PTB! Vous voulez rejoindre la lutte ? Rejoignez le PSL!
Nous nous présenterons tout de même dans deux communes sur des listes de gauche large.
À Keerbergen (Brabant flamand), nous nous présenterons sur la liste Consequent Links (‘‘Gauche conséquente’’). Nous jouissons là d’une position spécifique : nous sommes la seule liste à gauche présente aux élections, et nous avons construit une couche large de sympathisants qui participent à nos activités et seront actifs avec nous durant la campagne électorale.
À Saint-Gilles (Bruxelles), nous nous présenterons sur la liste Gauches Communes, une alliance de gauche inclusive avec le Parti Humaniste (PH) et des individus intéressés à s’unir avec un respect mutuel de la spécificité de chacun autour d’un programme. Avec cette campagne, nous voulons nous enrichir d’une expérience importante d’implantation locale et promouvoir l’idée qu’une élue véritablement socialiste pourrait prendre des initiatives visant à renforcer la mobilisation sociale et le rapport de force en faveur des travailleurs et de leurs familles, pour briser les carcans financiers et législatifs du fédéral et des régions qui imposent l’austérité dans les communes.
>> Nous vous invitons à vous rendre sur le site de Gauches Communes !
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Elections communales : notre appel de vote pour stopper la casse sociale

- Votez PTB dans tout le pays, votez Gauches Communes à Saint-Gilles !
- Et rejoignez le PSL !
Beaucoup se reconnaîtront dans le slogan anarchiste : “si les élections pouvaient changer quelque chose, elles auraient été abolies il y a longtemps”. C’est parce que ce slogan contient un certain degré de vérité. A l’approche des élections communales et provinciales du 14 octobre, nous serons submergés de publicité. Les mêmes politiciens hypocrites auront des débats interminables à la télévision et à la radio pour finir par dire plus ou moins la même chose. Leur dilemme ? Faire des promesses qu’ils n’honoreront pas dès que le patronat les rappellera à l’ordre ou, au contraire, se présenter sur le marché comme l’évidence pour appliquer la même politique patronale.
Par Eric Byl
La presse écrite sera pleine d’interviews et d’analyses. A cela s’ajoute le combat inégal pour les panneaux publicitaires, les tracts, les affiches aux fenêtres et dans les jardins et, parfois, sur les rares panneaux officiels, du moins là où ils n’ont pas encore été abolis, qui visent à donner une impression d’impartialité. Tant de discours pour ne résoudre aucun des déficits fondamentaux fera exploser le nombre de votes blancs et nuls ainsi que pour les candidats anti-establishment, qu’ils soient sincères ou hypocrites.
Parallèlement toutefois, l’attention portée à la politique augmentera. Cela offre au PSL et à ses sympathisants l’occasion d’entrer en débat avec la famille, les amis, les collègues ou des gens encore inconnus. Nous proposerons de briser l’étau budgétaire impitoyable dans lequel les gouvernements du fédéral et des régions enserrent les villes et les communes afin de mettre en œuvre un plan massif d’investissements publics dans le logement social, l’infrastructure, la garde d’enfants, l’enseignement et les emplois décents. Une véritable autorité communale de gauche refuserait de rembourser les dettes et, avec d’autres autorités communales de gauche, constituerait un front de résistance pour réclamer ce que les autorités supérieures ont volé ces dernières années. Ce serait unique. Toutes les communes, quelle que soit leur composition, acceptent la contrainte budgétaire. Elles essaient de rétablir leurs revenus par le marketing urbain afin d’attirer les investisseurs privés. Leur politique de logement vise à attirer des couches intermédiaires mieux nanties et à chasser les résidents les plus pauvres. Les seuls gagnants sont les grands promoteurs.
Les élections communales seront également un test pour les élections régionales, fédérales et européennes du 26 mai 2019. Les partis au pouvoir, en particulier la NV-A, saisiront l’occasion d’un bon résultat pour imposer une casse sociale encore plus agressive. Sur leur liste de souhaits : la limitation dans le temps des allocations de chômage, des négociations salariales individuelles au lieu des négociations collectives, la restriction du droit de grève et, selon certaines informations, le contrôle des fonds de grève et la personnalité juridique pour les syndicats de même que le retrait de la gestion des allocations de chômage et de maladie par les syndicats et les mutuelles.
Nous ne prétendons pas que le PS, le SPa, Groen et Ecolo auraient fait les choses aussi brutalement. Mais jusqu’à présent, nous devons constater qu’ils n’ont pas de réponse face à la droite. Leur opposition porte principalement sur la forme et le rythme, jamais sur le contenu. Leur faiblesse fait la force de Michel, qui se réfère toujours à des gouvernements “socialistes” pour cautionner la politique d’austérité. Tant que cela représentera la seule alternative, les élections n’entraîneront en effet aucun changement fondamental, seulement de la frustration au grand plaisir de toutes sortes de populistes.
Mais, tout comme ailleurs, une nouvelle force de gauche a le vent en poupe en Belgique : le PTB. Le PSL a d’importantes divergences d’opinion avec le PTB et ce dernier adopte une attitude condescendante à notre égard. Après avoir demandé comment nous pouvions contribuer à sa campagne et être restés sans réponse pendant 11 mois, nous avons sèchement dû essuyer un refus. La présence de parlementaires du PTB à la Chambre est néanmoins déjà inestimable. Elle assure à ce que les points de vue du mouvement ouvrier soient, pour la première fois depuis longtemps, entendus de temps à autre, tout particulièrement en Wallonie et à Bruxelles. Renforcer cette voix et la faire entendre en Flandre est le défi des prochaines élections.
C’est précisément pour cette raison que l’appel de vote du PSL pour les élections communales est principalement en faveur du PTB. Nous estimons par ailleurs que les dirigeants syndicaux commettent une grave erreur en se liant exclusivement et trop étroitement avec le PS et le SPa pour la FGTB ou, pire encore, au CD&V pour la CSC. Ces partis sont en partie responsables de l’effondrement social et ont perdu toute crédibilité. Leurs résultats électoraux démontrent que les mots d’ordre politiques des dirigeants syndicaux sont dépassés. La base refuse de suivre et un changement de stratégie politique s’impose. Un appel de vote ouvert et incluant le PTB est la moindre des choses que les dirigeants syndicaux doivent faire.
Nous espérons que le PTB remportera des dizaines de conseillers communaux, mais aussi qu’il se rendra compte que faire du bruit dans la marge ne suffira pas. Sa participation avec Groen et le SPa au conseil de district de Borgerhout (Anvers) a été carrément décevante. Sa grande réalisation, c’est ‘les patrons de place’, des jeunes nommés pour désamorcer des conflits et améliorer ainsi la qualité de vie dans le quartier. Ce n’est pas une mauvaise initiative mais, au lieu de former et de recruter ces jeunes en tant que travailleurs rémunérés, on a opté pour le volontariat dans un secteur qui, faute de ressources, doit de plus en plus compter sur celui-ci.
A Keerbergen, où le PTB ne se présente pas, nous avons nous-mêmes pris l’initiative pour une liste de gauche conséquente. A Saint-Gilles (Bruxelles), le PSL dispose d’une véritable implantation, mais notre proposition de disposer de candidats sur la liste du PTB a également essuyé un refus. Avec le Parti Humaniste, un petit parti de gauche radicale, nous constituons le noyau dur de Gauches Communes, qui a obtenu 3,6% lors des précédentes élections communales. Gauches Communes défend une version détaillée du programme expliqué ci-dessus. Cela n’empêchera pas le PTB de remporter un ou plusieurs élus, mais un bon résultat pour Gauches Communes augmentera la pression sur lui afin qu’il ne se contente pas de ne faire que du bruit à la marge. Ailleurs en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles, là où ni le PTB ni le PSL ne sont présents, nous appelons à voter en faveur de candidats ouvriers de gauche sur les listes du PS, du SPa, d’Ecolo ou de Groen ; s’ils existent.
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Liège. Il nous faut un réseau de villes et communes rebelles !

Liège vue de la Citadelle. Photo : Wikimedia Que l’on parle de logements sociaux, de services publics, d’emplois locaux, d’assistance aux démunis, de crèches, d’enseignement, etc., le constat est identique : Liège, tout comme les autres villes et communes du pays, est victime de la tyrannie néolibérale. Les listes d’attente s’allongent partout. Comme ailleurs, la priorité a été donnée aux coûteux projets de prestige. A Liège, les choses ont encore été empirées par la disparition de l’industrie traditionnelle. Le taux de chômage y figure parmi les plus élevés de Wallonie.
Tract du PSL // Plus d’infos sur l’approche du PSL en relation avec les prochaines élections communales
Le tissu économique et social a été sans cesse plus désintégré pour faire place à la jungle capitaliste, jusque dans les intercommunales. Le petit monde bien tranquille des politiciens établis est aujourd’hui visible pour ce qu’il est : un microcosme qui repose sur la cupidité et la soif de pouvoir.
Le scandale Publifin éclate après des années où la population a dû se serrer la ceinture et avaler les mesures d’austérité les plus ignobles sous le prétexte que les caisses de la collectivité sont vides. Quand un travailleur commet une faute qualifiée de ‘‘grave’’, il peut être licencié et perdre ses droits aux allocations de chômage. Et tous ceux-là qui se sont servis sur notre dos ? Pour beaucoup d’électeurs, le mois d’octobre offrira une occasion de sanctionner ce système où l’avidité caractéristique des grandes entreprises privées a envahi la gestion des biens et services publics.
Un programme audacieux
Cette campagne est l’occasion de défendre un programme de claire rupture avec le néolibéralisme. Ce que le PSL défend, c’est un programme comprenant la nomination des travailleurs communaux, l’application immédiate de la réduction collective du temps de travail à 30 heures/semaine avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, un plan radical d’investissements publics pour les crèches, les logements sociaux, les écoles,… Un programme qui s’en prenne sérieusement à la pénurie de logements sociaux, non seulement par la rénovation et la construction, mais aussi en recourant à la Loi Onkelinx qui permet la réquisition de logements vides pour y loger des sans-abris.
Il faut saisir la colère qui gronde parmi la population pour la mobiliser en défense de nos services publics, de même que pour imposer une véritable transparence via l’implication centrale des travailleurs et de leurs organisations dans la gestion et le contrôle des services publics. Qui mieux que ces derniers peuvent mettre un terme au gaspillage et à la gestion toxique importés du privé tout en assurant la primauté des intérêts des usagers et du personnel ?
Pour satisfaire un tel programme, il est notamment nécessaire de remettre en question le remboursement de la dette historique de la Ville et de refuser de la payer, sauf sur base de besoins prouvés. C’est le pillage néolibéral qui en est responsable ! Une camisole de force financière a été érigée pour les autorités locales, à l’image de l’attitude de l’Union européenne sur les États membres. Pour que les intérêts de la population soient prioritaires, une administration locale doit briser le carcan budgétaire. Il nous faut des élus qui soient prêts à casser le dogme de l’austérité et à déclarer Liège « ville rebelle » en créant un front de communes rebelles refusant de sabrer dans les budgets sociaux, où les représentants élus agiraient en tant que représentants loyaux de la population. Tout serait possible, notamment mener campagne à l’échelle nationale pour arracher la nationalisation du secteur financier et jeter aux orties la dette des communes en la déclarant illégitime.
Cela signifierait-il d’en revenir à la mise sous tutelle de la ville ?
A Liège comme ailleurs, la dette publique et la réduction des déficits budgétaires sont utilisés pour justifier la mise en œuvre de mesures qui détériorent les conditions de vie de la population. Mais ce n’est pas une fatalité !
Cela a été illustré en 1982 quand la ville de Liège, comme celle d’Anvers, s’est retrouvée au bord de la faillite en raison d’une crise liée à sa dette et s’est déclarée un temps en cessation de payement. Les salaires des travailleurs communaux n’étaient versés que partiellement ou avec retard. La ville fut alors contrainte par le gouvernement à appliquer un plan d’austérité drastique comprenant un gel des salaires et des promotions, la suppression de primes et indemnités ainsi que le non-remplacement des travailleurs partants a la pension.
Au lieu de mener la lutte pour arracher les moyens nécessaires aux autorités régionales et nationales, la majorité communale d’alors – PS-Ecolo – s’est docilement couchée après des protestations de pure forme. Pourtant, l’énergie et la volonté de combattre ne manquait pas ! De nombreuses grèves des travailleurs communaux ont eu lieu d’avril 1982 à juillet 1983, les pompiers ont initié une grève de la faim et ont été rejoints par d’autres services, des actions de blocage ont entravé les principales entrées de la ville, l’Hôtel de Ville a été encerclé par des immondices, des groupes de femmes allaient se présenter de manière organisée avec leurs courses aux grands magasins en déclarant ne pas pouvoir ni ne vouloir payer,…
Malheureusement les directions syndicales ont privilégié une forme de front commun avec les autorités communales et ont refusé de lier leur lutte avec les travailleurs communaux anversois ! La crise venait à peine de commencer, nombreux étaient ceux qui estimaient qu’elle n’était que temporaire et qu’il suffisait suffit de tenir le coup jusqu’à l’arrivée de jours meilleurs. Le résultat est visible aujourd’hui : des services publics communaux asphyxiés, aux travailleurs surchargés et qui comblent bien mal les besoins sociaux de la population. Mais la situation politique est également différente à l’heure actuelle et la chape de plomb que pouvait encore imposer la direction du PS sur le mouvement social n’est plus qu’une fine couche de glace.
Un séisme politique à Liège ?
En octobre 2017, la presse titrait ‘‘séisme à Liège’’ : un sondage plaçait le PTB à 28,3%, comme première formation politique de la Cité Ardente. Mouillés jusqu’au cou dans l’affaire Publifin, le PS, le MR et le CDH buvaient la tasse. Imaginons ce qu’il en aurait été si le PTB avait saisi l’occasion pour partir à l’offensive sous un slogan du type de celui de Mélenchon en 2012 : ‘‘Prenez le pouvoir !’’ Hélas, Raoul Hedebouw a commenté à l’époque ‘‘Ce n’est pas mon ambition d’être bourgmestre de Liège’’.
L’occasion était pourtant belle de démontrer dans la pratique ce que pourrait faire une ville ou une commune rebelle en refusant de rembourser sa dette sauf sur base de besoins prouvés, en investissant massivement dans les secteurs publics, en réduisant le temps de travail du personnel sans diminuer son salaire, etc. Liège aurait pu être la première d’un futur réseau de villes et communes à se soulever contre la camisole de force néolibérale qui étouffe nos villes ! A Seraing, d’ailleurs, certains sondages beaucoup plus récents placent le PTB devant le PS, qui perdrait ainsi sa majorité absolue historique.
Nombreux sont ceux qui ressentent l’urgence de mettre fin à la casse sociale et aspirent à un changement fondamental de politique. C’est ce que Thierry Bodson (secrétaire régional de la FGTB) a exprimé en appelant à la constitution de futures majorités de gauche. Le PTB pourrait prendre la tête de ce processus et, en reposant sur la mobilisation active des travailleurs, imposer un programme réellement socialiste.
Nous espérons que le PTB remportera des dizaines de conseillers communaux, mais aussi qu’il saisira cette opportunité pour construire un véritable front de la résistance sociale, en invitant toutes les personnes désireuses de lutter contre l’austérité à le rejoindre.
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L’exemple de Liverpool : mieux vaut briser la loi que s’en prendre aux pauvres
Entre 1983 et 1987, la ville de Liverpool a été gouvernée par les travaillistes, sous une direction de gauche. En 1983, 47% des électeurs ont voté pour le Labour et 57% en 1987. Liverpool est un exemple vivant de ce qui est permis par la lutte de classe dès lors qu’elle est sérieusement menée. A cette époque déjà, les autorités locales étouffaient dans une camisole de force budgétaire imposée par les autorités supérieures, économies budgétaires et privatisations à la clé. Le néolibéralisme avant l’heure.
A Liverpool, les choses étaient différentes. Le programme, la stratégie et les tactiques qui ont prévalu au cours de la lutte avaient été largement déterminées par la position du groupe Militant (le précurseur de notre parti-frère) au conseil municipal et plus généralement à l’intérieur du labour, dont il constituait l’aile marxiste.
Les 2.000 licenciements de personnel municipal de l’ancienne administration libérale ont été annulés. Un plan ambitieux a été élaboré pour construire 5.000 logements sociaux en quatre ans. Plus de logements sociaux ont été construits à Liverpool à cette époque que dans toutes les autres municipalités du pays réunies. Il y a eu six nouvelles crèches, cinq nouveaux centres sportifs et 17 nouvelles écoles primaires. Cela a créé 12.000 emplois dans le secteur de la construction, développement bienvenu face à un taux de chômage de 25% chez les hommes. Les loyers ont été gelés durant cinq ans. Le salaire minimum du personnel municipal a été augmenté, ce qui a touché 4.000 travailleurs. Le temps de travail a été réduit de 39 à 35 heures, sans perte de salaire.
Depuis 1979, les économies imposées par Thatcher avaient coûté 34 millions de livres sterling à la ville. Les dirigeants syndicaux nationaux s’y étaient opposés en paroles, sans rien faire. A Liverpool, ce fut différent. Le conseil municipal a fait l’objet d’une campagne rageuse, le gouvernement a même menacé d’envoyer l’armée. Le soutien de la classe ouvrière de Liverpool était solide.
La bataille s’est aussi déroulée dans la rue, sur les lieux de travail et dans les quartiers. Ce n’est qu’en mobilisant la classe ouvrière que Thatcher a pu être contrainte à faire des concessions. Une grève générale locale de 24 heures a eu lieu le 29 mars 1984, le jour du vote du budget, l’une des plus imposantes à l’échelle d’une ville. 50.000 manifestants ont soutenu le conseil communal. Le 9 juin, Thatcher a cédé : 16 millions de livres supplémentaires ont été libérés pour Liverpool !

Photo : Philip Gordon -
Vaincre ‘‘l’hégémonie culturelle de droite’’ par l’audace et la confiance autour d’un programme socialiste

‘‘Il y a une hégémonie culturelle de droite, et si l’on veut pouvoir résister à la finance, au monde bancaire, à la Commission européenne, ça prendra du temps.’’ C’est ainsi que s’est exprimé Raoul Heddebouw dans les pages du Soir en juin dernier. Que la droite soit omniprésente dans le débat public, c’est une évidence. Et elle a un effet. Nous craignons que cette ‘‘hégémonie culturelle’’ ne soit utilisée par le PTB afin de repousser à un avenir lointain la perspective d’une transformation socialiste de la société pour se restreindre à un programme pragmatique de réformes limitées dans son activité quotidienne. On ne trouve aucun pont entre les réformes et le changement fondamental de société nécessaire à leur maintien.
Dossier de Nicolas Croes
En plus de posséder les moyens de production et d’échange – les secteurs-clés de l’économie – la classe capitaliste est parvenue à distiller son idéologie bien au-delà de sa propre classe sociale grâce à sa domination économique (l’argent), politique (le pouvoir) et légale (la contrainte). Le contrôle des médias, des programmes scolaires,… a donné de nombreux outils à la classe dominante pour développer le fatalisme chez les victimes de l’exploitation et des discriminations inhérentes au système capitaliste. Voire même pour les convaincre qu’il est dans leur intérêt que les choses restent en l’état.
Comme le disaient Marx et Engels au 19e siècle : ‘‘Les pensées de la classe dominante sont aussi les pensées dominantes de chaque époque, autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle.’’ (L’idéologie allemande) Ainsi, on nous fait accepter que le capitalisme est la meilleure manière d’organiser la société, que toute alternative est impossible. On nous fait croire que l’Histoire est le fait de personnalités remarquables de l’élite et, surtout, que les travailleurs et la jeunesse n’ont aucun pouvoir de changer la société si ce n’est en s’en remettant béatement à ces dernières.
‘‘Les faits sont têtus’’
Les idées de la classe dirigeante ont beau être dominantes, elles sont pourtant constamment remises en cause par d’autres. Le discours officiel vient systématiquement buter sur la réalité de la vie quotidienne. Comme le disait Lénine, ‘‘les faits sont têtus’’. Cela ne signifie toutefois pas que la population peut s’extraire tout simplement de l’emprise de l’idéologie dominante mais, à certains moments, les frustrations et les incompréhensions accumulées durant une période parfois longue peuvent soudainement exploser et s’exprimer de manière tout à fait inattendue.
Il n’est pas rare d’entendre que la Flandre est irrémédiablement ‘‘de droite et conservatrice’’. Il est d’ailleurs déplorable que cette idée soit défendue par certains à gauche, parfois en raison d’un honnête défaitisme, parfois pour justifier cyniquement qu’il ne sert à rien d’organiser des actions. Et pourtant…
Pourtant, en décembre 2014, une enquête menée par le bureau iVox pour le magazine Knack et la chaîne VTM révélait que 85% des Flamands étaient favorables à l’instauration d’un impôt sur les fortunes à partir d’1 million d’euros. 85% ! L’idée d’une taxation sur les gains du capital était également bien accueillie : 57% des sondés affirmaient alors vouloir taxer tous les revenus du capital, tandis que 65% se prononçaient en faveur d’une taxe sur les gains des transactions financières.
Les résultats de cette étude ne sont pas tombés du ciel : ils exprimaient l’effet d’entraînement qu’avait eu sur la société le plan d’action musclé du front commun syndical de l’automne 2014. Après une concentration de militants en septembre, une gigantesque manifestation avait été appelée et a réuni 150.000 personnes dans les rues de Bruxelles le 6 novembre 2014, dans la perspective d’une tournée de grèves provinciales qui fut un succès dans tout le pays, au Nord comme au Sud, et d’une grève générale nationale qui a paralysé l’ensemble du pays le 15 décembre. Chaque action donnait de l’élan pour la suivante. La colère sociale était devenue un véritable torrent qui a déferlé sur le pays.
En dépit du battage médiatique intense contre les ‘‘grévistes preneurs d’otages’’ et de la quasi-unanimité du paysage politique flamand, 55% des sondés flamands soutenaient les actions syndicales, dont 32% des électeurs de la N-VA. Ce n’était pas compliqué à comprendre : 80% des répondants s’estimaient personnellement touchés par les mesures d’économie et 78% constataient qu’elles n’étaient pas réparties équitablement.
Hélas, l’accent qu’ont ensuite mis les directions syndicales sur la ‘‘concertation sociale’’ ainsi que la désorganisation de la lutte a laissé le gouvernement se ressaisir. C’est ce qui lui a permis de continuer de faire des ravages, avec cette fois une attention toute particulière sur le sécuritaire et la question migratoire utilisés pour semer la division.
Bien plus qu’une simple bataille d’idées
La lutte d’idées reflète la lutte entre les classes sociales à l’œuvre dans la société. L’opposition à l’idéologie dominante de la classe dirigeante est le reflet des intérêts matériels des autres classes. En parlant de la Révolution russe, le révolutionnaire Léon Trotsky faisait remarquer que plus la classe des travailleurs agit ‘‘résolument et avec assurance, et plus elle a la possibilité d’entraîner les couches intermédiaires, plus la couche dominante est isolée, plus sa démoralisation s’accentue ; et en revanche, la désagrégation des couches dirigeantes apporte de l’eau au moulin de la classe révolutionnaire.’’
C’est ce que l’on a pu voir au cours du plan d’action de 2014 : derrière la classe des travailleurs en action se sont groupés la jeunesse, le monde culturel (ce qui a notamment donné naissance à Tout Autre Chose),… On a même vu nombre de petits commerçants fermer symboliquement leur boutique ou leur café le jour des grèves pour montrer leur solidarité.
Ce que cet exemple démontre, c’est que, sans remettre en question la nécessité de faire un intense travail de sensibilisation et d’information au jour le jour, c’est avant tout en entrant en action collectivement que la population passe à travers des sauts de conscience. La rapidité, l’ampleur, le caractère et la durée de ceux-ci sont déterminés par la manière dont elle peut être orientée au cours de son évolution. C’est là tout l’intérêt de construire des organisations politiques qui visent à accompagner cet apprentissage sur base de l’expérience concrète de la lutte.
C’est ce que défendaient Marx et Engels dans le Manifeste du Parti Communiste. Selon eux, le rôle des communistes ne consiste pas à se contenter de prêcher la vérité au peuple par leur propagande en espérant que cela suffise à changer les mentalités. Il est de participer étroitement à la lutte des classes, en aidant les travailleurs à trouver le chemin vers une alternative.
Un autre monde à gagner
Vaincre définitivement ‘’l’hégémonie culturelle de la droite’’ exige de formuler des revendications et un programme qui repose sur les inquiétudes quotidiennes de la population pour faire un pont vers la nécessité d’un affrontement global avec le système capitaliste. Ainsi, sur base du sentiment général qui existe en faveur d’un impôt sur la fortune, il faut souligner que la seule manière d’éviter une fuite des riches et de leurs capitaux et de saisir en mains publiques la totalité du secteur financier. Ce qui permettrait de libérer les richesses dont nous avons besoin pour un vaste programme d’investissements massifs dans les infrastructures, les services publics,… Sur base d’une préoccupation largement ressentie, il est ainsi possible de donner un aperçu d’une organisation différente de l’économie et de la société : le socialisme.
Trotsky disait à ce sujet : “La “possibilité” ou ‘‘l’impossibilité” de réaliser les revendications est, dans le cas présent, une question de rapport des forces, qui ne peut être résolue que par la lutte.’’ Allant un peu plus loin, il a ajouté que : “Les révolutionnaires considèrent toujours que les réformes et acquisitions ne sont qu’un sous-produit de la lutte révolutionnaire. Si nous disons que nous n’allons demander que ce qu’ils peuvent donner […] alors la classe dirigeante ne donnera qu’un dixième ou rien de ce que nous demandons. Le plus étendu et le plus militant sera l’esprit des travailleurs, le plus sera revendiqué et remporté.’’
La classe des travailleurs a toujours le pouvoir de renverser le système capitaliste et de créer une société qui abolisse l’exploitation de classe, une société qui combine démocratie, égalité et liberté, surtout au vu des avancées économiques, scientifiques et technologiques modernes. Comme l’a expliqué le célèbre marxiste américain James Cannon, le rôle des socialistes authentiques est ‘‘de préparer les travailleurs pour cela, de les convaincre qu’une telle société est souhaitable et d’essayer de les organiser pour accélérer sa venue et pour y parvenir de la façon la plus efficace et la plus économique.’’ C’est l’approche défendue par le PSL.
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Participer aux élections ? Oui, mais pour construire une relation de force contre l’austérité !

Peter Mertens, président du PTB, lors du premier mai. Photo : Liesbeth. Tutelles régionales sur le budget des communes, contrats précaires et pénurie de personnel dans les services communaux, listes d’attentes pour les crèches, manque de place dans les écoles du fondamental, nombre incroyablement insuffisant de logements sociaux,… l’austérité touche tous les niveaux de pouvoir. Nos communes sont loin d’être épargnées. Les élections communales sont l’occasion de défendre un programme de rupture avec le néolibéralisme. Il est crucial que la colère puisse trouver son prolongement dans un programme mais, pour qu’il devienne réalité, il nous faut une mobilisation active des travailleurs et de la population. Le programme et l’obtention d’élus véritablement à gauche doivent en premier lieu servir à consolider notre rapport de force contre l’austérité.
Par Nicolas Menoux, membre du Bureau Exécutif du PSL
Seattle & la lutte pour les 15$/h
Aux USA, le thème du salaire minimum s’est imposée à l’agenda politique sous l’impulsion des travailleurs des fast-foods. En 2013, notre camarade Kshama Sawant (Socialist Alternative) a été élue parmi les 9 conseillers de la ville de Seattle. Le programme de Socialist Alternative défendait notamment l’augmentation du salaire minimum à 15$/h (alors que le salaire minimum fédéral de l’époque était de 7,25$) relayant ainsi les attentes de millions de travailleurs à travers le pays. Ce siège remporté à Seattle allait alors être utilisé comme porte-voix pour les mobilisations sociales, et de là est née la campagne ‘‘15 NOW’’. Des groupes d’action ont été lancés dans les quartiers pour affermir la mobilisation, organiser des réunions locales et des meetings publics,… pour impliquer les habitants et les faire descendre dans la rue. Ces groupes ont offert aux gens de pouvoir eux-mêmes mener leur lutte pour les 15$.
La position de Kshama Sawant a été utilisée pour contrer le discours et les attaques de la classe dominante, ses politiciens et ses médias. Avec les groupes locaux et le mouvement syndical, une pression suffisante a été exercée pour arracher la revendication des 15$ minimum de l’heure, une réalisation historique aux USA ! A partir de cette victoire, le thème est devenu un enjeu national (et même jusqu’au Canada et au Québec) tandis que la campagne ‘‘15 NOW’’ s’est essaimée dans d’autres villes.
Tout cela illustre d’une part que la lutte paie et, d’autre part, que séparer arbitrairement la lutte des classes et les élections est une erreur. Refusons que la bourgeoisie occupe tout le terrain électoral, opposons-leur nos propres représentants, issus de nos syndicats, de nos quartiers, des mouvements sociaux !
Une politique de gauche sur le plan local ?
La majorité communale à Saint-Gilles (Bruxelles) a décidé courant juin de fermer un tunnel piétonnier sous les voies ferrées. Ceci a déclenché une vague de protestations sur les réseaux sociaux : les piétons et les cyclistes doivent depuis passer par un tunnel routier beaucoup plus dangereux. Mais il était évident que la majorité entendait ainsi expulser les sans-abris qui s’y réfugiaient ! En quelques jours, une manifestation a été organisée. Cela a suffi, en organisant la mobilisation, à faire reculer les politiques qui n’ont pas rouvert le tunnel mais ont dû promettre de trouver une solution pour les SDF.
Quelles leçons en retirer ? Tout cela démontre qu’une commune de gauche et des élus de gauche doivent absolument articuler leur action autour des mobilisations sociales et de la lutte concrète de la rue. Il s’agit d’une nécessité cruciale pour ne pas trahir son programme. A Barcelone, libérer le secteur de l’énergie pour le placer dans les mains de la collectivité grâce à la remunicipalisation est un enjeu impératif pour éradiquer la pauvreté énergétique. Ce n’est réalisable que grâce à la construction d’un rapport de force face aux intérêts des entreprises privées, et si les travailleurs et leurs familles s’organisent dans des comités de lutte locaux, quartiers par quartiers. La mairie de gauche devrait utiliser tout ce qui est à sa disposition pour favoriser l’essor d’un tel mouvement.
En Belgique, la percée électorale du PTB en 2014 et les sondages encourageants depuis lors ont donné un aperçu de l’espace existant pour une alternative anti-austérité, particulièrement dans ce contexte de scandales multiples pour les partis traditionnels. A la RTBF le 22 juin, Raoul Hedebouw a expliqué que ‘‘le PTB est prêt à gouverner dans les communes s’il n’est pas la 5e roue du carrosse’’. De telles discussions devraient être menées publiquement par le PTB afin de les sortir des négociations secrètes entre partis. La meilleure manière d’éviter de se voir astreindre un rôle de bouche-trou, c’est que l’accord repose fermement sur le programme. Lequel ? Pour l’ensemble du personnel communal : la reconversion des Articles 60 en vrais CDI à temps plein et une campagne de nomination des travailleurs, l’application immédiate de la réduction collective du temps de travail à 30 heures/semaine avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, un plan radical d’investissements publics pour les crèches, les logements sociaux, les écoles,… Avec un tel programme, une coalition représenterait une réelle rupture.
L’occasion est à saisir, avec des initiatives visant à insérer dans le débat électoral cette nécessité de renforcer la confiance à entrer en lutte. Le PSL a proposé de pouvoir participer à ces échéances électorales au côté du PTB. Face à leur refus, nous présenterons des candidats à Saint-Gilles sur la liste de Gauches Communes ainsi qu’à Keerbergen. Ailleurs, nous appelons à voter pour le PTB, mais aussi à discuter avec nous de nos propositions, de notre programme politique et de nos méthodes.
Mais, que cela soit avant ou après les élections, la question fondamentale reste la manière de construire une relation de force suffisante pour briser la camisole de force de l’austérité et imposer l’instauration de programmes progressistes. L’obtention d’un ou une élue réellement socialiste serait l’occasion d’illustrer concrètement cela.
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“1968 – L’année qui n’en finit pas” (Paul Goossens)
Ce livre est sorti au beau milieu de la tentative de la N-VA de revendiquer le mouvement ‘Leuven Vlaams’, 50 ans après les faits. L’auteur, Paul Goossens, fut à la tête du mouvement ‘Leuven Vlaams’ et plus tard rédacteur en chef du quotidien ‘De Morgen’. Il est le seul à recevoir un forum dans les médias flamands pour répondre à la N-VA. En décrivant le mouvement et le rôle que le Mouvement Flamand (dont la N-VA est l’héritière) n’a pas joué, Goossens va à l’encontre de la falsification historique de Bart De Wever.Par Anja Deschoemacker
Goossens montre à quel point le slogan ‘‘Walen Buiten’’ (les Wallons dehors) – systématiquement utilisé dans la presse francophone pour décrire le mouvement ‘Leuven Vlaams’ – était celui de la première phase, non massive, de la lutte. Cette dernière était à ce moment-là dominée par les étudiants et les professeurs nationalistes flamands ‘‘folkloriques’’. Ce slogan a été mis de côté par le mouvement et activement combattu pour ne plus apparaître que sporadiquement dès 1967.
Les conclusions du livre à propos de l’héritage de Mai 68 sont toutefois très limitées et – c’en est presque pénible – restent cantonnées au sein du cadre capitaliste. De plus, c’est un livre de type journalistique, pas un manifeste politique. L’écrivain est à son apogée lorsqu’il décrit avec animation comment, pour les étudiants, il était question de bien plus que d’exigences linguistiques, qu’il s’agissait, au contraire, d’une volonté de changement social profond. À ce sujet, un reportage de 2008 de la RTBF comprenant des interviews détaillés de Paul Goossens vaut également la peine. Malheureusement, la conclusion implicite semble être que cet appel au changement social était naïf et utopique.
Tandis que Ludo Martens créait avec la majorité des dirigeants du SVB (syndicat étudiant) le parti Amada, un groupe maoïste sectaire qui deviendra plus tard le PTB, Paul Goossens s’est éloigné des idées socialistes qu’il considère comme appartenant à l’idéologie totalitaire du siècle dernier. Le socialisme se limite à ses yeux à l’Union soviétique stalinienne bureaucratisée ou à la Chine. Cela fait de lui un réformiste obstiné, avec toutes les limitations qui en découlent.Son évaluation du mouvement ‘Leuven Vlaams’ et de Mai 68 se limite donc à l’idée qu’il s’agissait d’un dernier soubresaut des Lumières. Il entretient l’illusion que la véritable ‘égalité, liberté et solidarité’ serait possible sans un changement fondamental de la société, sans une révolution socialiste. Paul Goossens ne le dit pas explicitement mais, en insérant Mai 68 dans le cadre des Lumières, il reste expressément dans le carcan du capitalisme. Il s’en tient à un combat pour un capitalisme démocratique. Nous pensons au contraire que la révolte massive des années 1960 qui a duré jusqu’au milieu des années 1970 faisait partie de la lutte pour le socialisme.
C’est un mouvement qui diffère fondamentalement des vagues révolutionnaires précédentes (la Révolution russe, allemande ou espagnole, la grève générale insurrectionnelle de ‘60 -’61 en Belgique,…) en ce sens que les partis dominants de la classe ouvrière – aussi bien la social-démocratie que les partis communistes – n’avaient aucun contrôle sur le mouvement et s’y opposaient largement. La critique de ces partis par les étudiants en révolte fut donc vive, entre autres à propos de leur rôle dans le colonialisme et leur attachement aux États-Unis (dans le cas de la social-démocratie).
L’absence totale d’orientation donnée par les organisations ouvrières établies (le PSB, les syndicats et le Mouvement ouvrier chrétien) participe à expliquer que les idées des militants étudiants allaient alors dans tous les sens. La manière spécifique dont la révolution coloniale s’est déroulée, le développement de la méthode de guérilla, la Révolution culturelle en Chine,… tous ces courants avaient un attrait pour les jeunes de gauche. Amada (qui deviendra plus tard le PTB) fut l’expression organisationnelle la plus importante de Mai ‘68 en Flandre, bien qu’Agalev (l’ancêtre de Groen) puisse également être considéré comme une pousse plus tardive du mouvement.
Paul Goossens n’aborde pas la position des partis révolutionnaires de l’époque, aussi mal préparés que les étudiants et bercés d’illusions vis-à-vis de Tito, Mao et Castro. Ils avaient perdu leur orientation vers la classe ouvrière de leur propre pays. Cela ressort également de l’article du ‘Solidair’(1) dans lequel Herwig Lerouge, ayant fait partie du groupe d’origine autour de Ludo Martens et Paul Goossens à la tête du SVB, décrit le mouvement ‘Leuven Vlaams’. Le lecteur intéressé peut en savoir plus à ce sujet grâce au livre d’Eric Byl ‘‘Le PTB et le PSL, différences et points de rencontre possibles dans la construction d’une alternative politique.’’
Beaucoup de remarques donc, mais l’ouvrage permet d’appréhender ce qui s’est passé à l’époque et de s’armer pour contrer les tentatives de récupérations des événements par la N-VA. Mais, pour des leçons plus poussées, il faut chercher ailleurs.
(1) Solidair (version néerlandophone du magazine du PTB) : “Mei ’68 – De Commune van Leuven, Solidair, mai-juin 2018.