Tag: PTB

  • Nouveau rassemblement à Ixelles contre la politique communale d'austérité !

    Ce jeudi 21 mars, nous étions plus d’une vingtaine à nouveau réunis pour protester contre le plan d’austérité lancé par la commune d’Ixelles. La nouvelle majorité ixelloise (PS-MR-Sp.a) a prévu un plan d’austérité brutal pour 2013, avec pas moins de 18 points de coupes budgétaires et d’augmentations antisociales des recettes. La commune d’Ixelles veut faire payer la crise au personnel communal et aux habitants !

    Par Laure (Bruxelles), photos de Béa

    L’initiative avait été lancée il y a un mois par Gauches Communes, une initiative bruxelloise à laquelle participe le PSL, alors que venaient de sortir dans la presse les 18 points de coupes budgétaires souhaités par le conseil communal (voir notre article à ce sujet). Le soir-même de la manifestation syndiacle nationale contre l’austérité, nous nous étions réunis devant le conseil communal tant pour expliquer à la population ixelloise quelles sont les attaques à venir que pour montrer aux élus communaux que nous ne sommes pas dupes et que nous n’allons pas nous laisser faire. Quant au bourgmestre d’Ixelles, il a refusé ni plus ni moins que nous puissions manifester aux portes du conseil communal cette fois-ci. A cette action, les membres ixellois du PTB ont rejoint la mobilisation. Nous saluons ce soutien sur la commune et espérons poursuivre cette collaboration pour l’avenir.

    Nous comptons bien évidemment poursuivre la mobilisation, et la sensibilisation auprès de la population à travers nos stands, etc. Stoppons l’austérité et revendiquons un plan massif d’investissements publics pour construire des logements sociaux, des crèches, des écoles et des emplois décents.

    Si vous souhaitez nous aider à rendre le prochain rassemblement plus important encore, n’hésitez pas à nous contacter : info@reprenonsnoscommunes.be / 0485.643.432 (Nico).

    Nous avons vendus deux abonnements à Lutte Socialiste et pu mobiliser également pour les journées de débats et de discussions « socialisme 2013 » les 13 et 14 avril prochains.

  • Nationalisation d’ArcelorMittal sous le contrôle des travailleurs

    Sauvons l’emploi, pas les profits !

    Hier soir, c’est une véritable bombe sociale qui a explosé en région liégeoise : le groupe ArcelorMittal a annoncé la fermeture définitive de la phase à chaud liégeoise. Plus de 600 emplois directs sont concernés, sans parler des centaines de sous-traitants ou encore de l’impact destructeur sur le budget de Seraing. Pourquoi ne pas nationaliser ArcelorMittal? C’est ce qu’ont officiellement demandé les syndicats d’ArcelorMittal à Elio Di Rupo : mettre un milliard d’euros sur la table avec l’argument que la Belgique a bien pu sortir 4 milliards d’euros en un week-end pour Dexia…

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    Manifestation de solidarité avec les travailleurs d’ArcelorMittal à l’appel du front commun syndical CSC-FGTB ce mercredi 26 octobre, à 10h, place communale à Seraing, devant l’Hôtel de ville.


    ArcelorMittal : même patron, même combat !

    Comme le dénonce le communiqué de presse du Comité NPA Transfrontalier Longwy-Luxembourg (54) : ‘‘Au Luxembourg, après la délocalisation du service informatique, ArcelorMittal vient d’annoncer la fermeture ‘‘provisoire’’ de l’aciérie et de l’un des deux laminoirs de Schifflange, tandis que la production au site de Rodange passera de deux à un poste/jour. Avec la complicité du gouvernement luxembourgeois, qui est toujours actionnaire chez ArcelorMittal, 600 métallos vont se retrouver dans cette fameuse ‘‘cellule de reclassement’’ où l’État, venant en aide à ces pauvres actionnaires, paiera une grosse partie des salaires des travailleurs ! Quant aux innombrables emplois qui vont se perdre dans le secteur de la sous-traitance, on n’en parle même pas.

    En France, après l’extinction du site Gandrange, le couperet vient de tomber, sur le site de Florange-Hayange : 1.100 ouvriers vont se retrouver au chômage technique, au moins 400 intérimaires verront leur contrat résilié. (…) pour stopper la rapacité des actionnaires d’ArcelorMittal, pour contrer la ‘‘concurrence libre et non faussée’’, il faut d’autres arguments: un combat qui s’étend sur l’ensemble du groupe ! Donner une dimension internationale à l’action est nécessaire ! Les métallos doivent se donner tous les moyens de combat possible en exigeant la coopération des syndicats au-delà des frontières nationales.’’

    Solidarité internationale, pour une lutte internationale !

    ‘‘Bande d’hypocrites, vous avez donné plein d’espoirs aux travailleurs en leur disant ‘‘soyez compétitifs et ça va allez’’. Et les travailleurs ont accepté de faire des efforts et des sacrifices. Tout ça pour fermer ! Et bien si Mittal ne veut plus de l’outil, on va le reprendre.’’ Voilà ce qu’a déclaré Francis Gomez, président des métallos de la FGTB tandis qu’Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB) et Thierry Bodson (président de la FGTB Wallonne) ont été reçus aujourd’hui par le formateur Elio Di Rupo et lui ont donné le plan de nationalisation d’un milliard.

    Très nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, sont tout simplement choqués par le cynisme de la direction du groupe, par toutes les belles promesses non-tenues en échange d’une flexibilité accrue. Les travailleurs se sentent tout simplement plumés, et avec eux toute la société. Les syndicats font bien de le relever, cet évènement se produit dans un contexte bien particulier après ce qui est arrivé à Dexia.

    D’autre part, remuées par cette annonce, différentes données refont surface. Comme celles du dossier du magasine Trends-Tendances datant d’il y a un an (les ‘‘20 plus gros employeurs qui ne paient pas d’impôts’’). Dans celui-ci, ArcelorMittal figurait en bonne compagnie (Belgacom, Delhaize,…). En 2009, comme l’avait révélé le service d’étude du PTB, la filiale financière ArcelorMittal Finance & Service Belgium avait payé un impôt de 496 euros… Chiffre qu’il faut comparer au 1,3 milliard d’euros de profit de cette année. Bien peu de personnes peuvent se vanter d’avoir un taux d’imposition de 0,00038 % (le taux officiel pour les sociétés est de 33,99%). Qui a dit que les entreprises sont trop taxées en Belgique ? Selon Trends-Tendance, en 2010, les bénéfices étaient de 2,9 milliards de dollars, et de 1,1 milliard de dollars durant le seul premier trimestre de 2011. Du propre aveu d’Etienne Botton (porte-parole d’ArcelorMittal à Liège), le montant des impôts payés en 2009 est dû au système de la Déduction des Intérêts Notionnels. Rappelons que ce système avait été défendu par l’argument que la mesure visait à préserver l’emploi en Belgique… En bref : Take the money and run !

    Quel type de nationalisation ?

    Le 12 mars 2003, quand le groupe Arcelor (repris par le groupe Mittal en 2006) avait décidé la fermeture de la phase à chaud de Cockerill Liège, pas moins de 50.000 personnes avaient participé à une manifestation contestant cette décision. Ce nombre à lui seul exprime le potentiel de solidarité qui est présent : il s’agissait de la plus grande manifestation ouvrière dans la Cité Ardente depuis la grande grève générale de 1961 ! D’autres secteurs avaient débrayé et des métallos français ou allemands étaient également venus. A l’époque, nous avions écrit : ‘‘La manifestation dégageait à la fois un sentiment de force et d’impuissance. Force de la mobilisation. Impuissance de la direction politique. Les travailleurs de Cockerill suivent leurs délégués syndicaux qui suivent les secrétaires syndicaux qui suivent les politiciens locaux! Non pas que les travailleurs fassent confiance aux politiciens traditionnels (lors du meeting à la fin de la manif la seule évocation des responsables politiques provoquait une vague de huées et de sifflets). Mais faute d’alternative politique, les travailleurs suivent avec méfiance. Au meeting final, lorsqu’un responsable syndical en appelle à la nécessité de légiférer pour empêcher que cela ne reproduise plus, mon voisin, un ex-ouvrier de Continental venu par solidarité, me dit: "Tu vois, il nous a déjà laissé tomber! Il parle pour le futur!"

    2003 : Le PSL, à l’époque Mouvement pour une Alternative Socialiste, était intervenu dans les diverses manifestations et actions (ici au Grand Duché du Luxembourg) en défendant la nationalisation de Cockerill sous le contrôle des travailleurs, sans rachat ni indemnité.
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    Nous avions à l’époque distribué un tract défendant la nécessité de la nationalisation de Cockerill sans rachat ni indemnité et sous contrôle ouvrier comme seule manière de préserver l’emploi. Certains avaient alors critiqué cette revendication comme hors de portée, mais nous ne pouvons que constater aujourd’hui que la situation est arrivée à un cul-de-sac.

    La nationalisation est la seule solution, mais pas n’importe quelle nationalisation ! Les responsables de la Région wallonne sont incapables de diriger une sidérurgie. On a vu cela aux Forges de Clabecq ou encore lorsque l’État belge a racheté (à prix d’or) Cokerill-Sambre en 1981 pour ensuite transmettre l’entreprise à la Région wallonne. Quand nous parlons de nationalisation, nous ne parlons pas d’une entreprise gérée dans le cadre du capitalisme et respectant sa logique, où les moyens de la collectivité sont utilisés pour provisoirement venir ”boucher les trous” en fonction des intérêts patronaux quand un secteur n’est plus suffisamment rentable.

    Dans le cas de Cockerill-Sambre, ce processus a conduit à l’intégration dans le groupe Arcelor, la Région Wallonne restant le premier actionnaire d’un groupe essentiellement contrôlé par des fonds de pensions américains… C’est en 2006 qu’Arcelor est devenu Arcelor-Mittal suite à une OPA hostile de Mittal Steel (un rachat des actions d’une entreprise par une autre sans accord préalable), numéro un de l’acier mondial.

    La seule manière de préserver l’emploi tout en orientant l’activité vers une production écologiquement responsable et socialement utile est de procéder à une nationalisation sans rachat ni indemnité, sous le contrôle démocratique des travailleurs. Les métallos connaissent leur entreprise parfaitement et sont capables de former un collectif de direction impliquant la mobilisation de tous les travailleurs et la mise sur pied de comités de vigilance et de contrôle ouvrier qui seront les yeux et les oreilles des travailleurs sur l’entreprise. Pour voir clair dans les comptes il faut aussi la levée du secret bancaire. Sans cela, tout sera perdu à terme: le chaud, le froid, l’emploi chez les sous-traitants et dans les services. Dans d’autres pays où ArcelorMittal est implanté, la revendication de la nationalisation est aussi discutée, comme en Algérie, où une grève générale a éclaté sur cette question en mai de cette année, ou au Kazakhstan.

    A terme, un tel type de nationalisation ne saurait être viable qu’avec l’instauration d’une société où les secteurs clés de l’économie (notamment ceux de l’énergie et des banques) seraient retirés des griffes du privé pour être collectivisés dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée, c’est-à-dire totalement soustraite du chaos de l’économie capitaliste.

    Nous proposons:

    • La nationalisation sans rachat ni indemnité. Sans rachat car on ne doit pas payer une deuxième fois ce que les travailleurs ont déjà payé une première fois par leur travail et leur santé.
    • L’ouverture des livres de comptes et la levée du secret bancaire de l’entreprise et de ses filiales. Les travailleurs ont le droit de savoir où est passé l’argent et qui en a profité.
    • Afin d’assurer à chacun un emploi, le PSL défend les 32 heures, partout, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire
    • La mise sous contrôle ouvrier. Aucune confiance aux politiciens ni à la Région Wallonne pour gérer l’entreprise. Il faut élire à Cockerill dans chaque atelier et dans chaque pause des délégués à un comité de contrôle ouvrier (beaucoup plus nombreux que les délégations syndicales) pour assurer le contrôle de l’entreprise: contrôle des stocks, des produits finis, des commandes, des livraisons, des fournitures, des paiements bancaires, etc.
    • La nationalisation des secteurs clés de l’économie, dans le cadre de l’élaboration d’une planification démocratique de l’économie en fonction des intérêts de la majorité de la population.
    • L’instauration d’une société socialiste démocratique.
  • Une semaine d’action qui en veut plus !

    La discussion se poursuit au sujet de l’estimation la plus correcte du nombre de participants à la semaine d’action des syndicats. Les sous-évaluations auxquelles la presse a eu recours, parfois en mentionnant plus de participants dans l’article que dans le titre, ont disparu. Les politiciens, la presse et même les patrons n’osent plus remettre en question que le mouvement pour le pouvoir d’achat est porté par la base, plus d’ailleurs que ce qu’avaient imaginé les dirigeants syndicaux dans un premier temps.

    Même le dirigeant de la CSC Luc Cortebeeck a reconnu dans le quotidien flamand De Morgen qu’il y a eu «plus de monde qu’attendu». Jusqu’à trois ou quatre fois plus même. Les chiffres varient de 80 à 100.000. Liège et Anvers ont ouvert la danse, les gens y étaient bien conscients qu’ils allaient donner le ton pour le reste de la semaine. La semaine précédente, la délégation de GM avait précisé que seule la délégation allait manifester, mais par la suite, l’usine a été fermée sous la pression de la base. La même chose s’est passée à Atlas Copco, et dans d’autres entreprises anversoises aussi, la volonté de passer à l’action a dépassé toutes les attentes. Résultat : 7.500 participants, bien plus que toutes les prévisions.

    A Liège, il y a eu pas moins de 25.000 manifestants. Qui a prétendu que « le débat sur le pouvoir d’achat » n’était pas lancé en Wallonie ? Il est exact de dire que la vague de grève du début de cette année dans environ 70 entreprises principalement flamandes ne s’est pas étendu vers la Wallonie et Bruxelles. Cela peut partiellement s’expliquer par le haut taux de chômage dans ces deux régions, par le retard économique et par le fait que les travailleurs wallons et bruxellois ont ces dernières années été systématiquement brutalisés par la presse, les patrons et les politiciens. Toutefois, dès qu’un mot d’ordre arrive, le mouvement se généralise, les gens n’ont plus alors la responsabilité du retard de la région entière placée sur leurs épaules en tant que délégation et les traditions de lutte des travailleurs wallons ressurgissent alors pleinement.

    LES GRÈVES ET LES MANIFESTATIONS « DÉMODÉES » RAPPORTENT PLUS QUE LES ACTIONS « LUDIQUES ».

    Le Hainaut a été à la hauteur des camarades liégeois, il y avait 20.000 manifestants à Mons. Quelle différence avec les 2.500 participants à « Foodstock », à Gand. Les régions qui ont opté pour des combinaisons classiques et « démodées » de grèves et de manifestations ont eu un résultat beaucoup plus grand que les régions qui ont privilégié les actions « nouvelles et ludiques », comme en Flandre Orientale, ou pire encore avec les randonnées à bicyclette et autres actions aux grandes surfaces à Bruges et Courtrai. Qui avait auparavant participé à la manifestation de Mons avec ses 20.000 participants a dû se sentir bizarre à Courtrai au milieu de 500 participants. Nous avons beaucoup entendu des remarques sur le fait que nous ne sommes pas dans un syndicat pour faire la fête ou des excursions, mais bien pour protéger notre travail et nos salaires.

    De toute façon, le ton a été donné. À Hasselt, il y a eu 3 à 4.000 participants, dont beaucoup de délégations d’entreprises entièrement ou partiellement stoppées, entre autres le sous traitant de Ford Lear Corporations. À Namur, nous avons été 4.500, avec quelques légers débordements d’une dizaine de syndiqués, ce qui a été présenté plus tard dans la presse comme des « émeutes ». Arlon a connu sa plus grande manifestation depuis 1977, depuis la fermeture de la société métallurgique d’Athus. À Bruxelles, où les syndicats avaient dans un premier temps fixé un quota de 1000 manifestants chacun, les directions syndicales ne pouvaient pas se permettre de perdre la face au regard des autres régions. Malgré la pluie battante, nous avons été 10.000 et beaucoup d’autres sont restés dans les commerces environnants ou se sont abrités dans les métros ou les gares.

    LE NOMBRE DE JEUNES ET DE FEMMES A ETE FRAPPANT

    A chaque manifestation, le nombre de jeunes participants a été frappant. Beaucoup venaient d’être élus au cours des récentes élections sociales et ont considéré une manifestation syndicale pour le pouvoir d’achat comme le prochain pas logique de leur engagement. Un grand nombre s’est adressé à nos militants afin de demander où leur délégation se trouvait ou encore où ils pouvaient encaisser l’indemnisation de grève, indépendamment de leur couleur, rouge ou verte. À la base, la couleur ne fait souvent pas de différence, on considère soi-même et autrui avant tout comme des travailleurs qui sont dans le même bateau. Beaucoup de femmes étaient présentes également, et c’est une donnée relativement nouvelle dans ce genre de mobilisation.

    Il fallait chercher loin l’affinité avec le CDH chez beaucoup de militants CSC, ce qui est un changement remarquable en comparaison des années de la coalition violette. L’attachement de militants FGTB au PS était aussi à un point historiquement bas. Le peu de mandataires PS présents doivent aussi l’avoir senti et ils sont restés étonnamment discrets. En Flandre, SPa-Rood, qui a bénéficié d’une certaine attention des médias ces derniers mois, n’a pas été aperçu, nous n’avons même pas vu un tract.

    LES PATRONS SOUFFLENT LE CHAUD ET LE FROID

    Du côté patronal, on a eu très peur. On ne parle plus de « l’hystérie de pouvoir d’achat ». La parution d’innombrables « études » sensées nous montrer que la situation s’est améliorée pour nous tous ne prend plus. Qu’en ’83 nous devions travailler aussi longtemps qu’aujourd’hui pour acheter une voiture, cela est bien possible, mais depuis lors, sur le même laps de temps, nous produisons beaucoup plus qu’en ‘83. On sait tous que les patrons sont pour le progrès, mais qu’ils veulent exclusivement mettre dans leur propre poche tout ce que rapporte ce progrès, nous ne devons pas être d’accord avec ça.

    Il y a même eu une étude qui a comparé nos habitudes alimentaires avec celles du siècle dernier. Et devines quoi, nous avons consacré à ce moment-là une plus grande partie de notre revenu à la nourriture comparé à aujourd’hui. Nous supposons que les auteurs ne plaident pas pour envoyer à nouveau les enfants dans les puits de 8 jusqu’à 12 heures par jour, 6 jours par semaine. Quant aux vacances, nous consacrons en moyenne 2.000 euros pour les voyages. Est-ce qu’on a comparé les prix des hôtels par rapport à il y a quelques années, ou encore le prix d’un billet d’avion ou d’une assurance de voyage ? Si nous consacrerions aujourd’hui environ autant qu’en ’83 en voyages, alors nous serions tous stockés dans des tentes sur un terrain de scouts dans les Ardennes ou à la mer.

    Le président français Sarkozy, pourtant bien à droite, veut abaisser la TVA sur les combustibles. Le ministre italien des finances, tout aussi à droite, veut même instaurer une taxe à la Robin des Bois sur les bénéfices des sociétés pétrolières. En bref, ça panique du côté patronal, comme le reflètent Sarkozy & Co. Dans ce cadre, même la commission européenne s’est sentie obligée d’intervenir, et son côté néolibéral est tout de suite apparu. Au Sommet européen des ministres du travail, il a été décidé d’autoriser un temps de travail pouvant aller jusqu’à 48 heures par semaine, jusqu’à 60 heures même dans certains cas, et même jusqu’à 65 heures pour les métiers qui comprennent un temps d’attente « inactif ». Joëlle « Madame Non » Milquet a été contre, mais n’a malheureusement pas voté non et s’est abstenue. Le Sommet des ministres européens des finances veut débattre, sur proposition de Reynders, du « mécanisme d’indexation », et ce ne sera pas pour l’améliorer. La Banque Centrale Européenne risque d’augmenter les taux d’intérêt si les gouvernements européens ne tiennent pas sous contrôle leurs prix et surtout les salaires. Est-ce encore surprenant si les Irlandais, les seuls qui ont pu se prononcer via un référendum au sujet du Traité de Lisbonne, ont – heureusement – rejeté ce Traité?

    LETERME I : UN MILLIARD D’EUROS POUR LE POUVOIR D’ACHAT, 3,5 MILLIARDS D’EUROS POUR LES PATRONS

    Leterme nous « comprend », mais n’a malheureusement pas de sous. « Il n’y a aucun gouvernement au monde » prétend-il, « qui peut compenser à 100% la perte du pouvoir d’achat par la hausse des prix du pétrole ». Grâce à l’index, 1 milliard d’euros a déjà été injecté dans le pouvoir d’achat, ajoute-t-il, comme si ce à quoi nous avons droit avec l’indexation était un cadeau personnel de sa part. Avec le dépassement de l’index pivot, les salaires des fonctionnaires augmenteront de 2%, ce qui représente des coûts supplémentaires de 25 millions d’euros mensuellement, soit 300 millions d’euros par an. De plus, il y a encore 700 millions d’euros qui partiraient vers l’indexation des allocations sociales comme les retraites et les allocations familiales.

    En sachant que les 30.000 plus grandes entreprises ont de nouveau réalisé l’année précédente un bénéfice record d’au moins 77 milliards d’euros et que les entreprises du Bel 20 ont rapidement distribué 50% de leurs profits en dividendes, alors on se rend compte combien les paroles de Leterme sonnent creux. L’ancien leader étudiant de mai ’68 en Belgique et membre du PS Guy Quaden, le gouverneur de la Banque Nationale, accourt aujourd’hui à l’aide de Leterme. Il affirme vouloir partiellement réviser le mécanisme d’indexation en supprimant ou en révisant fortement l’indexation pour les hauts salaires. Bref, il donne à Leterme le moyen de s’en prendre à l’indexation sans que cela ne soit de prime abord une menace pour les bas revenus. Quaden brode en fait aujourd’hui sur base de l’idée de Caroline Ven – ancienne chef des services d’études de la FEB et du VKW (fédération patronale catholique flamande) et actuelle économiste en chef de Leterme, étiqueté « CSC » – qui a reproché aux militants syndicaux de monter aux créneaux uniquement pour les privilégiés alors que certains allocataires ont vraiment difficile. Nous nous sommes alors demandé si Caroline Ven manifestera autant de préoccupations pour eux quand le gouvernement mènera demain sa politique de suspension vis-à-vis des chômeurs et des invalides…

    PS, SPa, ECOLO : DE PETITES MESURES POUR DE PETITES INTERVENTIONS DANS LES JOURNEES D’ACTION

    Du côté de la social-démocratie, l’imagination est au pourvoir, suivant l’exemple de leur représentant à la direction de la Banque Nationale. Le SPa a ainsi trouvé des solutions qui ne coûtent pas un euro, en s’appuyant sur l’exemple de différentes mesures prisent dans des pays européens. De son marché aux mesures, le SPa est revenu avec l’idée d’instaurer un blocage des prix pour le gaz et l’électricité, de manière temporaire… en attendant une vraie libéralisation du secteur de l’énergie ! Autre proposition, donner plus de pouvoir au Creg (la Commission de régulation des prix de l’énergie) et à la commission de régulation de l’énergie. Cela ne coûte effectivement rien… Les pouvoirs étendus du service de répression à la fraude fiscale n’empêchent pas, faute de moyens et de volonté politique (et pas que de la part du parti du ministre des finances…), qu’environ 30 milliards d’euros par an (selon la CGSP-Finances) restent dans les poches des grandes entreprises plutôt que de revenir à la collectivité.

    Le Parti Socialiste revendique pour sa part une hausse des allocations, le renforcement des mécanismes de régulation et de contrôle pour empêcher les pratiques spéculatives et abusives de la part des patrons et veut aussi s’en prendre aux parachutes dorés. Plus concrètement, il affirme aussi vouloir rénover 35.000 logements par an pour les isoler énergétiquement, ce qui pourrait créer 16.000 emplois, et travaille encore à un bonus net de 1.250 euros. Enfin, le PS revendique, tout comme le PTB, la réduction de la TVA sur le gaz et l’électricité de 21% à 6%. Bien peu de choses en définitive, avec le grand avantage que ces propositions ne sont pas chiffrées pour la plupart. Du reste, elles ne font que s’ajouter à la montagne des revendications promises à être sacrifiées sur l’autel de la participation gouvernementale. Pour ne pas tomber du navire, il vaut mieux ne pas trop s’accrocher à ce que les partenaires veulent lancer par dessus bord.

    On a aussi fort peu vu le PS et le SP.a dans les mobilisations de la semaine d’action. Quelques mandataires ont bien fait leur apparition (sous les huées dans le cas du Bourgmestre Willy Demeyer à Liège) mais aucune intervention organisée n’a pu être vue. Pourtant, ces partis ont démontré que de l’argent, ils en ont (assez en tout cas pour leurs campagnes électorales), mais visiblement pas encore suffisamment assez pour participer à la construction du mouvement. Ou bien alors ne faut-il pas à leurs yeux trop développer ce mouvement pour le pouvoir d’achat qui, à chaque pas, les pousse un peu plus dans leurs contradictions. On a beaucoup parlé de la déduction des intérêts notionnels durant cette semaine, mais cette mesure n’a pas été approuvée que par la droite officielle. Comme toute la coalition violette l’a votée, PS et SPa ont accordé avec cette seule mesure entre 2,4 et 3,5 milliards d’euros (les estimations varient) aux patrons. On attend en vain quelque chose de cette ampleur aujourd’hui pour le pouvoir d’achat. Mais cela n’en étonnera pas beaucoup en souvenir du Pacte des Générations, de la chasse aux chômeurs, des différentes privatisations des services publics, des attaques dans l’enseignement,… Les attaques contre Reynders & Co sont opportunément utilisées pour masquer les responsabilités de ces partis.

    Ecolo, au contraire de Groen !, était présent à quelques manifestations avec de (très) petites délégations et de (gros) drapeaux. Mais si le parti « écologiste » a fait parlé de lui durant cette semaine, c’est surtout par l’intermédiaire de son ancien secrétaire fédéral (durant la participation électorale d’Ecolo…) et actuellement président au CPAS de Namur, Philippe Defeyt, responsable de l’étude sur le temps de travail nécessaire pour pouvoir acheter un bien aujourd’hui comparé à ‘83. Pour le reste, dans son tract, Ecolo précise qu’il veut relever les bas salaires, augmenter les allocations sociales, organiser un contrôle des prix, supprimer la redevance télé, développer les transports en commun, entre autres mesures pour favoriser l’isolement énergétique des habitations par des primes. Mais tout comme pour le PS, rien n’est précisé sur celui qui va devoir payer tout cela, ni par quels moyens Ecolo compte imposer ces mesures. Mis à part en appelant les gens à voter pour lui bien entendu.

    C’est en fait surtout là que se trouve le but des partis traditionnels, avancer des (légères, très légères) mesures, et reprocher ensuite aux électeurs de ne pas avoir assez voté pour eux. Une méthode originale pour faire retomber la responsabilité de leur soutien aux politiques néolibérales sur les électeurs. Pourtant, les partis traditionnels n’ont pas leur pareil pour faire venir la presse chez eux pour qu’elle relaye leurs propos. Pourquoi ne pas avoir utilisé leur influence sur les journalistes et leur position pour réellement relayer les positions des syndicats ? Pourquoi ne pas avoir par exemple protesté contre les mensonges que l’on a pu lire sur les « émeutes » à Namur ?

    QUE RESTE-T-IL A GAUCHE ?

    En définitive, seuls le Parti du Travail de Belgique et le Mouvement pour une Alternative Socialiste sont intervenus dans les mobilisations en nombre et en tant que force organisée en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre.

    L’intervention du PTB, dans la lignée du tournant officialisé lors de leur dernier Congrès, était particulièrement remarquable dans la mesure où elle rappelait plus celle d’un parti traditionnel que celle d’un parti de lutte. Nous avons ainsi peu vu de vendeurs du journal du PTB, Solidaire, et à certains endroits, les militants du PTB ont distribué des pommes de terre, comme lors de la manifestation du 15 décembre 2007, en référence à leur campagne dont l’illustration est composée d’une pomme de terre, d’un jerrican et d’une ampoule protégées par des préservatifs.

    Leur tract se concentrait sur trois revendications assez correctes, sous le titre «Moins de blabla, préservons notre pouvoir d’achat». Le PTB exige en premier lieu, comme le front commun syndical et le PS, la diminution de la TVA sur le gaz et l’électricité de 21% à 6%. Ce thème est à la base de la pétition initiée par le PTB qui vise à réunir 100.000 signatures et qui a été la principale activité des membres du PTB durant la semaine d’action. Nous n’avons rien contre cette revendication, mais ce n’est pas un hasard si c’est justement celle-là qui a été reprise par le PS… L’abolition pure et simple de la TVA sur les produits de première nécessité aurait été une exigence plus à la hauteur du mouvement. Le PTB revendique aussi une forte hausse des salaires, de 1 euro par heure, qui est également à la base de notre campagne, tandis que la dernière exige un contrat à durée indéterminée pour chaque travailleur qui passe plus de 60 jours chez le même employeur. Aucune indication ne figurait par contre sur la manière de construire le mouvement, de même qu’il n’y avait aucune critique à l’encontre des directions syndicales.

    POUR LA LUTTE, LA SOLIDARITE ET LE SOCIALISME

    Le MAS/LSP a pu être présent à toutes les manifestations, à l’exception de celle d’Arlon. Nos camarades y sont activement intervenus, en diffusant 448 exemplaires de notre mensuel, l’Alternative Socialiste. Le temps aurait été plus favorable lors de la dernière journée à Bruxelles, il ne fait aucun doute que nous aurions pu atteindre les 550 ou même les 600 journaux.

    Le tract que nous avons distribué a été bien reçu et est à la base, tout comme notre journal, d’innombrables discussions avec des syndicalistes de tous âges et de tous lieux. Il était axé sur la dénonciation du marché « libre », sur le soutien aux actions syndicales, mais en mettant en avant que c’est à la base de décider et qu’elle doit être impliquée dans l’élaboration d’un plan d’action. Les revendications proposées à être considérées par la base syndicale étaient consacrées à une augmentation salariale d’au moins un euro par heure, à l’introduction d’un index qui reflète réellement le coût de la vie, à l’abolition de la norme salariale pour en revenir à un seuil d’augmentation salariale et non à un plafond, au refus des accords salariaux portant sur plus de deux ans, à la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité ainsi qu’à un plan massif de construction de logements sociaux publics. Pour financer ces mesures, nous proposons d’instaurer un impôt sur les grandes fortunes et d’augmenter fortement la répression de la grande fraude fiscale. Enfin, nous avons mis en avant que les secteurs clés de l’économie ne doivent pas être laissés à la merci de la soif de profit du secteur privé, et avons donc plaidé pour la nationalisation de ces secteurs sous le contrôle démocratique du mouvement ouvrier et de toute la collectivité.

    COMMENT CONTINUER ?

    Pour la suite des actions, la volonté de lutter massivement pour notre pouvoir d’achat doit être gardée à l’esprit. C’est un rapport de force puissant qui a commencé à se construire, mais rien n’est encore garanti. Pour ne pas que la pression retombe, un bon moyen serait de lancer des différentes délégations une motion pour une journée d’action nationale à l’automne, avec un mot d’ordre de grève. Un tel outil permettrait de continuer à mobiliser dans les entreprises sur base de l’enthousiasme qui est issu de la première semaine d’action sur le pouvoir d’achat.

    Mais il reste frappant de voir que le mouvement ouvrier ne possède pas de large relais politique propre. La question qui se pose aujourd’hui est la même que celle qui s’était posée lors des luttes contre le Plan Global. Comme personne ne représente les syndicats au Parlement, le gouvernement n’a qu’à attendre que l’orage passe pour ensuite, comme au temps du Pacte des Générations, voter le tout malgré l’opposition de centaines de milliers de travailleurs. Un parti de type « syndical » serait une aide précieuse pour ne pas laisser les partis traditionnels continuer leurs petits jeux en étant seuls à occuper la scène politique. La CSC et la FGTB ont réuni pour les dernières élections sociales 115.000 candidats pour les Conseil d’Entreprises et les CPTT. Ces 115.000 personnes vont représenter les travailleurs sans recevoir un centime de plus. Ce qu’il nous faut, ce sont des représentants politiques de cette sorte. Puisons dans ces 115.000 là pour nous représenter au niveau politique de la même manière qu’ils nous représentent dans les entreprises. Payés au même salaire qu’un travailleur, le reste de leurs salaires de parlementaire pourrait être reversé à une caisse pour les actions de ceux qui sont obligés de se défendre contre les agressions patronales.

    Il faut imaginer l’impact qu’aurait eu une telle formation dans les journées précédent la semaine d’action ou durant celle-ci pour populariser les actions auprès des couches larges de la population et pour contrer l’argumentaire patronal qui est seul à s’épanouir dans la presse traditionnelle. Dans une telle situation, les ballons De Decker ou Vlaams Belang se videraient très vite. Une pétition revendiquant que les syndicats rompent leurs liens privilégiés avec la social-démocratie pour la FGTB et avec la démocratie-chrétienne pour la CSC serait un bon instrument pour continuer cette discussion.

    > Tous les rapports et reportages photo de la semaine d’action pour le pouvoir d’achat du 9 au 12 juin.

  • Quel virage au PTB?

    Lors de la séance de clôture de son 8e congrès, à la VUB le 2 mars dernier, le PTB a annoncé un virage spectaculaire. Quelques 1.300 militants ont participé à cette séance, sans compter les 200 invités, représentants d’Ecolo et de Groen, du SP.a, du PS, de diverses ambassades, des syndicats, de Chrétiens pour la Paix, du PC, de la LCR, etc. Le Mouvement pour une Alternative Socialiste / Linkse Socialistische Partij (MAS/LSP) n’a pas été invité. Nous devons par conséquent nous baser sur les comptes-rendus de la presse, sans pouvoir exclure que certains soient biaisés. Mais nous n’avons cependant relevé aucun démenti de la part du PTB.

    Si le but du PTB était de contribuer à la formation d’un nouveau parti large des travailleurs – une structure commune pour l’action et le débat dans laquelle serait la bienvenue toute personne qui veut combattre le néolibéralisme sans devoir pour autant renier ses spécificités propres – alors le MAS ne pourrait que l’acclamer. Nous défendons la construction d’un tel parti depuis des années, puisque cela renforcerait justement de façon considérable la position du mouvement ouvrier. Le MAS n’a d’ailleurs jamais pensé qu’il s’agissait d’un prétexte pour jeter son programme révolutionnaire par-dessus bord. Au contraire, nous sommes convaincus que l’expérience de lutte commune poussera de plus en plus de travailleurs et de jeunes à être réceptifs à un programme révolutionnaire et au courant qui le représente le mieux.

    Les comptes-rendus de la presse nous font supposer que ce n’est pas cela que le PTB envisage. Nous avons plutôt l’impression que le PTB est seulement prêt à considérer un parti plus « large » si cela se produit autour de lui-même. En échange, le PTB est prêt à jeter aux orties les aspects révolutionnaires et socialistes de son programme. C’est du moins de cette manière qu’il le présente vers l’extérieur, mais nous pensons qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Le MAS veut présenter une contre-proposition au PTB.

    Changement de cap au PTB?

    Ces dernières semaines, le PTB – connu notamment à travers « Médecine pour le Peuple » et les propositions du docteur Dirk Van Duppen autour des soins de santé – est apparu plusieurs fois dans les médias. Des interviews avec le nouveau président Peter Mertens et le cofondateur Kris Merckx ont pris place dans De Morgen et Peter Mertens a aussi expliqué le "renouveau " du parti dans l’émission TV flamande « Phara » et sur Radio 1. On a aussi pu lire un article plus fouillé dans l’hebdomadaire « Le Journal du Mardi », à côté d’une série d’articles dans les journaux francophones et flamands.

    Une partie au moins des médias considère que le « renouveau » de l’ancien TPO/Amada (« Tout le Pouvoir aux Ouvriers / Alle Macht Aan de Arbeiders ») est une information en soi. Pour ces observateurs, le PTB est un des derniers restes visibles des mouvements de lutte de mai ’68, très certainement au vu de l’extinction de son concurrent d’alors, la LRT (Ligue Révolutionnaire des Travailleurs, devenu ensuite le Parti Ouvrier Socialiste, puis actuellement la Ligue Communiste Révolutionnaire).

    En Belgique, le PTB reste pour le moment le plus gros représentant de ce qui est considéré comme la « gauche radicale ». Mais il est difficile de voir si le PTB se considère encore comme faisant partie de cette « gauche radicale » après sa «modernisation». Le nouveau président Peter Mertens se dit partisan d’une « révolution avec des idées », sans dire clairement ce que cela signifie pour les structures du capitalisme. La baisse du pouvoir d’achat, la pauvreté croissante, la flexibilité accrue, l’instabilité politique, la destruction de l’environnement… sont des conséquences directes de la chaotique économie de marché. Des déclarations du PTB sur son « renouveau », il n’est plus possible de distinguer si ce capitalisme doit être réformé ou s’il doit être renversé par un mouvement révolutionnaire. Cuba, la Chine, ou l’ex-URSS ne joueraient plus le rôle de modèles. Le PTB ne parle plus vers l’extérieur de la nécessité d’une société socialiste, mais seulement du besoin d’approfondir la démocratie, sans contenu de classe. Ainsi il présente, entre autres, des propositions détaillées pour adapter le fonctionnement des Nations-Unies et du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui sont pourtant des institutions mises en place pour défendre les intérêts des puissances impérialistes et du capitalisme.

    Selon Peter Mertens, le PTB défend une « société à la mesure des gens ». C’était le thème central d’une des interviews accordée à la radio. C’est malheureusement un discours creux que l’on a l’habitude d’entendre de la part des partis traditionnels. L’ancien CVP (équivalent néerlandophone du PSC, ancêtre du CDH) avait par exemple pris pour slogan électoral «Au milieu des gens» (« midden de mensen »).

    Discussion sur la stratégie, la tactique et le programme

    Le MAS a toujours été partisan de l’unité la plus large possible contre la politique néolibérale. C’est pour cette raison que nous avons activement participé en 2006 à une initiative d’élargissement comme le CAP. Nous pensons que des nouveaux mouvements de lutte pour le maintien de notre pouvoir d’achat, pour une sécurité sociale décente, contre des licenciements,… doivent inévitablement mener à un certain moment à la création d’un nouveau parti des travailleurs. Une telle formation large devrait être l’organisateur des luttes, mais aussi un forum pour le débat et pour l’échange d’expériences. Un parti large des travailleurs n’est viable que s’il fonctionne de manière complètement démocratique et si les particularités de toutes ses composantes – individus et courants – y sont respectées. Le MAS n’a jamais fui ce débat avec d’autres courants politiques. Sur base d’un échange constructif d’idées combiné avec les expériences des travailleurs dans la lutte de classes, une clarification politique peut se dégager quant au programme et aux méthodes qui sont nécessaires pour changer la société.

    Nous pensons que ce que l’on qualifie de virage du PTB pose une série de questions qui peuvent intéresser les travailleurs et les jeunes qui se radicalisent. Sur base de quel programme et de quelle approche les socialistes et les marxistes peuvent-ils aujourd’hui trouver une voie vers des couches plus larges de travailleurs? Quelles conclusions devons-nous tirer de la faillite du stalinisme et des systèmes totalitaires de parti unique dans l’ancien Bloc de l’Est et en Chine? Est-ce vrai qu’il n’y a plus de «modèle» dans la lutte pour une autre société? Ce qui se passe en Chine ou à Cuba ne nous concerne-t-il pas « parce que les conditions y sont tellement différentes »? Est-ce aussi là notre message aux travailleurs chinois, qui sont à nouveau victimes d’une exploitation capitaliste extrême?

    « Ils ont fauté. Eux, pas nous », a déclaré Peter Mertens dans le quotidien flamand De Morgen à propos de l’URSS, de la Chine, des Khmers Rouges et de Cuba. Raoul Hedebouw a, quant à lui, expliqué dans le Journal du Mardi : « S’il faut faire le bilan, c’est aux Russes, aux Chinois et aux Cubains de le faire ». Reste à savoir quels sont les Russes et les Chinois qui vont aujourd’hui établir ce bilan… En outre, pourquoi le PTB a-t-il si longtemps justifié chaque “faute” de ces régimes avec autant de ténacité ? Même si nous suivons le raisonnement de Raoul et Peter, pourquoi n’ont-ils pas saisi l’occasion de corriger au moins leurs propres fautes ? Le soutien sans critique accordé par le PTB aux dictateurs Ceausescu, Milosevic et Saddam Hussein par exemple. Le PTB est-il prêt aujourd’hui à reconnaître le droit à l’autodétermination pour le Kosovo? Ou bien estime-t-il encore que ce droit doit être réprimé? Le premier test depuis le virage du 2 mars est édifiant : le PTB reprend à son compte la version officielle de Pékin sur le Tibet, et n’hésite pas à faire référence à l’éclatement de la Yougoslavie pour refuser aux Tibétains le droit à l’autodétermination.

    Quels sont de surcroît le rôle des perspectives et d’une approche transitoire qui établit le lien entre les revendications minimales, les slogans anti-capitalistes et la nécessité d’une société socialiste? Pourquoi le MAS se fonde-t-il sur une telle approche, en opposition avec la méthode empirique des enquêtes et des consultations que le PTB a fait sienne ? Il s’agit en partie d’une discussion sur la méthode et la stratégie que le mouvement ouvrier doit utiliser pour changer fondamentalement la société.

    Quelles sont les leçons de la faillite du stalinisme ?

    C’est toujours positif qu’un message anti néolibéral bénéficie d’un éclairage médiatique, même si ce n’est que temporairement. Aux Pays-Bas (SP), en Allemagne (Die Linke), en France (LCR) et en Grèce (Syriza), des formations qui s’opposent à la politique antisociale des partis traditionnels commencent à gagner un certain soutien populaire. Il s’agit surtout de phénomènes électoraux et en grande partie passifs, notamment parce que, dans quelques cas, l’ouverture programmatique va malheureusement de pair avec un fonctionnement interne qui étouffe toute dissidence.

    En Belgique aussi, le potentiel pour un “coup à gauche” existe sans aucun doute. Il suffit de regarder la vague de grèves spontanées – et parfois moins spontanées, comme chez les fonctionnaires flamands – pour l’amélioration de notre pouvoir d’achat. Tous les partis traditionnels et bourgeois restent sourds aux revendications justifiées des travailleurs. Cela vaut également pour les anciens partis ouvriers, le PS et le SP.a. Même la direction syndicale n’est pas prête à généraliser cette lutte par un plan d’action pour un meilleur pouvoir d’achat, rivée comme elle est à sa stratégie réformiste de cogestion du capitalisme.

    Il y a par conséquent un vide politique à gauche. Le PTB essaye de le remplir avec sa modernisation, grâce à un nombre de succès électoraux que le parti a rencontré en 2006, dans un certain nombre de communes (Zelzate, Genk, Herstal…), sur base de Médecine pour le Peuple et d’autres campagnes locales.

    Vers l’extérieur, le PTB rompt visiblement avec le stalinisme et le maoïsme. « Nous ne sommes pas des staliniens », déclare ainsi Peter Mertens dans une interview à De Morgen. Selon Kris Merckx encore, « la jeunesse actuelle ne se réfère plus à Staline ou à Mao ». Le PTB n’était plus en mesure de construire son cadre actif sur base de son programme stalinien totalitaire. Cette idéologie est complètement discréditée aux yeux des travailleurs et des jeunes, surtout après la chute du stalinisme en 1989-1992.

    Pourtant, le « Journal du Mardi » note que la formation interne des cadres reste basée, jusqu’à nouvel ordre, sur un manuel qui vénère Staline, Mao et Enver Hoxha. Cette lecture n’est toutefois pas destinée aux membres de base, qui adhèrent au PTB aux conditions minimales en termes d’activité et de contribution financière.

    Le PTB n’explique pas non plus d’où proviennent les “fautes” du stalinisme. Doit-on accepter que tout cela soit arrivé par hasard? Les parodies de procès contre les opposants, le système totalitaire de parti unique, la répression de toute discussion et débat dans la population, l’interdiction des partis ouvriers en opposition au système policier de l’élite stalinienne, la poursuite des syndicats indépendants, la répression des droits des minorités nationales, etc.

    Nous ne pensons pas qu’il s’agisse tout simplement de “fautes” et, pour nous, les jeunes et les travailleurs les plus conscients attendent une évaluation plus sérieuse. L’image que beaucoup de travailleurs et de jeunes ont du socialisme est encore trop souvent ternie par les dictatures staliniennes. C’est seulement en tirant les vraies leçons du stalinisme que l’on pourra gagner une nouvelle génération à un programme révolutionnaire socialiste. Pour cela, il faut remonter aux premières années de la révolution russe ainsi qu’au programme de l’Opposition de Gauche autour de Trotsky. C’est un programme de démocratie ouvrière (élections démocratiques de Conseils ouvriers dans les entreprises et les quartiers, avec des élus qui ne gagnent pas plus que le salaire moyen d’un travailleur et qui peuvent être révoqués à tout moment). Le PTB ne fait pas une telle analyse, ce qui n’est à vrai dire pas étonnant au vu de son histoire. Il lève les bras au ciel en parlant des “fautes” mais il n’est pas en état de les expliquer afin de pouvoir les éviter à l’avenir.

    L’internationalisme n’est pas une “belle pensée” pour les marxistes. La division internationale du travail n’a jamais connu un tel niveau. Les emplois sont menacés de délocalisation vers la Chine et vers l’ancien Bloc de l’Est. Les bas salaires dans ces nouvelles régions capitalistes sont utilisés comme moyen de pression contre les salaires des travailleurs occidentaux. Nous ne pouvons donc pas dire que ce qui se passe dans ces pays, comme dans la Chine encore officiellement « communiste », ne nous concerne pas. Le MAS a une approche internationale de la classe ouvrière. Les intérêts des travailleurs et des pauvres d’ici sont les mêmes que ceux des travailleurs et des pauvres d’ailleurs. Pour contourner la question des réformes capitalistes dans la Chine stalinienne, le PTB semble se retrancher sur un point de vue “national”. Le MAS, lui, construit une organisation internationale, au travers du Comité pour une Internationale Ouvrière, pour combattre le capitalisme.

    Présentation des revendications et du programme

    Le PTB affirme ne plus vouloir être aujourd’hui un « parti professoral ». Peter Mertens affirme : « Au lieu d’être professoral, nous sommes devenus un parti qui est à l’écoute. Nos programmes électoraux sont élaborés après consultation de milliers de personnes. » Kris Merckx le rejoint quand il dit : « Nous devons aller plus loin dans cette voie : des solutions concrètes pour des problèmes concrets, l’action de terrain à la place de grandes théories. » Où avons-nous encore entendu dans le passé: « le mouvement est tout, le programme n’est rien » ou sa variante plus tardive : « Toute cette discussion (au sujet des problèmes théoriques – NDLA) n’est seulement qu’une tempête dans un verre eau. » ?

    Le MAS est d’accord sur le fait que les marxistes doivent mettre en avant des «solutions concrètes pour des problèmes concrets». Ainsi nos membres ont-ils mené ces dernières années des campagnes locales contre le prix des sacs poubelles, contre la fermeture des bureaux de Poste, pour une amélioration du pouvoir d’achat, contre la démolition de notre enseignement, en faveur des logements sociaux contre l’exclusion sur base d’une soi-disant « mixité sociale »,… Nous essayons d’attirer dans l’action et dans la construction d’un rapport de forces une couche plus large de personnes au travers de slogans et d’analyses concrètes pour ainsi remporter la victoire dans une lutte. Mais qu’il s’agisse de notre pouvoir d’achat, de nos anciens services publics, de la redistribution du travail sans baisse de salaire, d’une meilleure santé publique,… même les revendications les plus modérées se heurtent à la logique de profit ou à l’assainissement des finances publiques.

    Au sein du capitalisme, il n’est plus possible de refinancer la sécurité sociale et l’enseignement, de relever sérieusement le pouvoir d’achat des retraités, des allocataires et des travailleurs, de combattre et remplacer les jobs précaires, temporaires et mal payés par de véritables emplois. Il est aussi peu réalisable de bannir de ce système le racisme, le nationalisme ou encore le sexisme. Selon nous, les vrais socialistes ne doivent pas seulement pousser de bonnes revendications, ils doivent aussi expliquer comment ils comptent les réaliser. Aucun acquis social n’est garanti sous le capitalisme, système arrivé aujourd’hui dans une grave crise économique. Pour le MAS/LSP, les revendications minimales, qui ne signifient pas en elles-même une rupture avec le capitalisme, doivent être liées à des revendications justifiées qui rompent avec la logique de ce système. Si nous ne voulons pas répandre du sable dans les yeux des travailleurs et de leurs familles, nous devons aussi argumenter en faveur de la nécessité d’une société socialiste. C’est l’unique solution possible pour résoudre les contradictions insolubles du capitalisme.

    Est-ce là une « grande théorie » qui n’intéresse pas les gens ? Pourquoi la théorie devrait-elle être le privilège de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie ? Marx, Engels, Lénine, Trotsky et d’innombrables autres socialistes n’ont-ils pas concentré les expériences pratiques de la lutte des travailleurs dans de nombreux écrits théoriques ? La théorie n’est pour les marxistes que le résumé de l’expérience de la classe ouvrière. Cela ne signifie aucunement que nous devons donner avec arrogance la leçon aux travailleurs. Nous n’avons jamais été d’accord avec ceux qui affirmaient que les intellectuels devaient « instiller » une conscience politique à la classe ouvrière, ni avec ceux qui ont envoyé des intellectuels dans les mines et les usines. Nous sommes au contraire convaincus que les travailleurs peuvent et vont par eux-mêmes arriver à une conscience politique. Nous voulons, avec les travailleurs et les jeunes, tirer de l’expérience des luttes et apprendre de celles-ci. Mais nous pensons que le marxisme est aussi la mémoire de la classe ouvrière, une compréhension des victoires et des défaites des travailleurs dans la lutte de classes. Nous ne voulons pas faire répéter les erreurs du passé. Il est nécessaire que la classe ouvrière dispose d’un programme et de perspectives qui la préparent pour sa lutte pour le pouvoir.

    Nous pensons qu’il est plus honnête d’expliquer notre objectif final – une société socialiste – aux travailleurs, plutôt que de se taire dans l’espoir de succès plus rapides. Quand on dit être uniquement un parti « qui écoute », on se déforce dans la lutte idéologique contre la bourgeoisie. Les idées dominantes sont en grande partie les idées de la classe dominante. Une enquête peut parfois être un instrument utile, mais c’est aussi la tâche des marxistes que de développer pas à pas la conscience des travailleurs, dans l’objectif d’aboutir à un changement socialiste de la société.

    La manière dont les idées politiques sont présentées n’est pas une question de second ordre. Si les revendications directes sont systématiquement détachées de l’objectif du socialisme, ce dernier devient dans les faits quelque chose qui est renvoyé à un avenir éloigné. Pour le MAS, avec la crise du capitalisme, tous les problèmes quotidiens des travailleurs sont directement liés à la préparation de la révolution socialiste. L’idée selon laquelle une distinction doit être faite entre la « stratégie à long terme » et la « stratégie à court terme » est un retour au réformisme classique, à la sociale-démocratie d’avant la Première Guerre Mondiale : marxiste en paroles, réformiste dans la pratique. Le MAS utilise par contre une approche de transition qui lie les revendications minimales à des slogans anticapitalistes, avec comme conclusion logique la nécessité d’une société socialiste.

    Qu’est-ce qu’une révolution et qu’est ce qui n’en est pas une ?

    Peter Mertens a répondu dans le quotidien flamand « De Morgen » de façon assez remarquable à la question de savoir si le PTB est oui ou non un « parti révolutionnaire »: « Je lutte contre le gouvernement Verhofstadt, mais ce n’est pas pour ça que je pense à faire exploser sa voiture, hé. » Il a encore ajouté : « Le PTB n’est pas d’extrême gauche : nous sommes contre la violence extrémiste à la CCC ou DHKP-C. » Le PTB affirme qu’un bouleversement fondamental de la société est apparemment semblable au terrorisme individuel. C’est pourtant habituellement la bourgeoisie et ses partisans qui utilisent cette analogie pour discréditer les idées révolutionnaires. Les marxistes, à commencer par Marx, se sont toujours opposés au terrorisme individuel.

    Passer à une société socialiste ne peut se faire que sur base d’une force sociale qui bénéficie du soutien de la majorité de la population. A la différence des révolutions bourgeoises dans lesquelles les masses manquant de conscience politique propre sont utilisées dans les intérêts de la bourgeoisie, une révolution socialiste ne peut réussir que si la classe ouvrière reprend consciemment l’organisation et l’administration de la société. Il s’agit là de l’acte politique le plus conscient de l’histoire. Le PTB fait ici un bien joli cadeau à la classe capitaliste en induisant que derrière une transformation révolutionnaire, il y a l’activité d’un petit groupe violent. Ironiquement, le marxisme s’est établi en Russie, sous la direction de Lénine, au cours d’une polémique intense contre les groupes anarchistes qui ont préconisé les fausses méthodes du terrorisme. Les marxistes y opposent la mobilisation, l’organisation et la conscientisation de la masse de la population, la classe ouvrière, dans la lutte pour une autre société, une société socialiste. Il n’y a qu’un mouvement de masse qui soit capable d’en finir avec la machine répressive de l’Etat capitaliste. Cela peut, selon nous, se faire de façon largement pacifique, à condition que la classe ouvrière soit organisée consciemment et qu’elle ne dévie pas de son but. Mais nous défendons naturellement le droit des travailleurs de se défendre contre les attaques de la minorité antidémocratique des capitalistes.

    Quelques jours après l’interview accordée par Peter Mertens au « De Morgen », Raoul Hedebouw, le porte-parole du PTB, a poursuivi cette logique dans une interview au magazine « Le Journal du mardi ». A la question « Vous êtes donc devenus réformistes ? », il a répondu « Oui », en précisant toutefois que le PTB est encore le seul parti qui a l’ambition de grandes réformes dans ce pays. On attendrait alors quelques précisions comme la nationalisation du secteur de l’énergie, la suppression de la TVA ou l’instauration d’un service de soins de santé national, mais rien de tout cela n’est venu. Raoul Hedebouw ne va pas plus loin que le maintien de la solidarité interprofessionnelle, la réduction de la TVA sur le gaz et l’électricité de 21% à 6% et la restauration des taux d’imposition de 52,5 et 55% pour les plus gros salaires.

    Un large parti des travailleurs est nécessaire mais il doit respecter les différences de point de vue

    Le PTB essaye de profiter du vide à gauche et veut, selon ses propres dires, « peser sur le débat dans la société ». Depuis la fin de l’année 2002, le PTB a rendu ses conditions d’adhésion moins exigeantes pour contourner ainsi l’obstacle de sa propre idéologie et de son organisation stalinienne. La justification de ces nouvelles normes assouplies était qu’il fallait s’adapter à l’augmentation de la pression au travail et de la flexibilité dans la société. Les membres doivent venir au minimum deux fois par an aux Assemblées Générales et ils doivent payer une cotisation annuelle de seulement 20 euros. Cela a abouti à ce que le PTB comprenne des membres moins actifs et beaucoup moins formés qui ont renforcé une tendance réformiste au sein du PTB. C’est au cours de ces Assemblées Générales qu’a été choisi le slogan électoral central « Les gens d’abord, pas le profit » avec une courte majorité seulement face au slogan « Les gens d’abord, puis le profit ». Au sein du capitalisme, cette dernière idée – placer les gens en premier lieu et les profits en second – n’est pas possible. Le soutien pour ce dernier slogan – plus de 40% – a montré que le PTB diluait de plus en plus sa conception de parti stalinien d’avant-garde se basant sur la couche la plus combative des travailleurs et des jeunes. Cela s’est fait en faveur de l’essai, selon nous précipité, de se transformer en parti large des travailleurs.

    Il n’est pas exclu que, à défaut d’un véritable parti des travailleurs, un PTB qui se montre plus « pragmatique » puisse exercer un certain attrait, sur le plan électoral par exemple. Mais parmi une couche de militants, la crainte que le PTB ne continue à utiliser ses méthodes sectaires reste grande. Beaucoup de jeunes et de travailleurs se demanderont si le PTB a vraiment rejeté le stalinisme. Ce ne serait pas la première fois qu’un parti stalinien adopte un virage vers la droite pour, à un autre stade – quand une radicalisation est présente dans la société – aller vers des positions ultra-gauches et aventuristes.

    Les statuts du PTB interdisent toujours la formation de tendances ou de fractions au sein de ce parti. Il n’est donc pas possible de discuter de façon organisée et approfondie des désaccords au sein du PTB. Nous pensons que seul un parti des travailleurs qui reflète la large gamme d’opinions de gauche présente au sein du mouvement ouvrier peut être un pôle d’attraction actif pour les couches larges de travailleurs et de jeunes. Les traditions et la structure interne du PTB sont pour cela trop staliniennes. De plus, le danger existe que le PTB soit rapidement prêt à engager la coopération avec les partis traditionnels néolibéraux. Lors des discussions qui ont suivi les élections communales, le PTB a qualifié « d’ânerie idéologique » le refus de la N-VA de participer à une coalition avec lui à Hoboken. Si le PTB effectue une petite percée électorale à l’avenir, la tendance vers le réformisme sera encore renforcée.

    Le PTB proclame une ouverture à ce qui se trouve à sa droite, mais reste sectaire de la façon la plus classique vis-à-vis de ce qui se trouve à sa gauche. Il y a presque trois ans, en mai 2005, une rencontre a eu lieu à l’invitation du MAS/LSP entre des délégations du PTB/PVDA et du MAS/LSP. Peter Mertens et Kris Hertogen étaient présents pour le PTB. Nous leur avons proposé à ce moment de faire un cartel ensemble si des élections anticipées se présentaient mais Peter Mertens et Kris Hertogen ont prétendu que le PTB ne pouvait pas se le permettre parce que la désillusion de « Resist » était encore trop fraîche dans les mémoires. Il y a eu aussi, en décembre 2006, une rencontre à l’initiative de quelques syndicalistes anversois entre une délégation du PTB et une autre du Comité pour une Autre Politique (CAP), dans laquelle se trouvait un membre du MAS, en vue de former un cartel PTB-CAP. L’initiative n’a pas abouti parce que le PTB n’était uniquement intéressé que si Jef Sleeckx poussait la liste à Anvers. Étant donné que ce dernier ne voulait pas être candidat, tout s’est arrêté.

    Nous ne pensons pas que cela fera beaucoup d’impression, mais nous voulons tout de même faire une contre-proposition au PTB. Nous avons toujours été convaincus que le stalinisme était une variante du réformisme de la social-démocratie. Dans la politique de Front Populaire des partis staliniens nous reconnaissons les coalitions de la social-démocratie avec les partis bourgeois et dans « le socialisme dans un seul pays », nous voyons le « chauvinisme national » de la social-démocratie. Au lieu d’un tournant à droite, nous voulons proposer au PTB un tournant à gauche, vers le socialisme international et vers un front unique. Sur cette base, nous invitons le PTB à lancer avec le MAS un appel pour un parti large de lutte de tous les courants qui veulent s’opposer au néolibéralisme et à y représenter la tendance révolutionnaire avec le MAS. Le premier défi serait en ce sens les élections régionales, européennes et peut-être fédérales de 2009 avec une initiative commune pour une liste anti-néolibérale.

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