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¡ Es ley ! L’avortement légal en Argentine remporté grâce à la lutte !

Le Sénat argentin vient d’approuver la loi pour l’interruption volontaire de grossesse jusqu’à 14 semaines, avec 38 voix pour, 29 contre et une abstention. Quelle victoire, l’année 2020 se termine bien ! C’est la preuve encore une fois, que seule la lutte paie !Par Celia (Bruxelles)
Cette victoire sans précédent est le résultat d’un mouvement féministe de masse phénoménal et tenace qui a accumulé les manifestations, les occupations, les grèves,… Des millions de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer de manière combative et sans compromis un avortement sûr, légal et accessible à toutes celles qui en ont besoin.
Des milliers de personnes avaient encore bravé les interdictions de rassemblement pour attendre le résultat et assurer un dernier coup de pression sur le Sénat. Ce n’est pas la première fois cette année que les masses sortent dans la rue en Argentine. Ce fut encore le cas en août dernier, contre les conséquences du confinement imposé sur la précarité, contre la crise économique et contre les réformes du système judiciaire du président Fernandez.
C’est une année importante pour tous les peuples d’Amérique latine. Ce fut une année caractérisée par la crise économique, par la crise sanitaire, par les politiques austéritaires de la classe dominante, mais aussi par les mobilisations de masse et une répression digne des dictatures latinos.
Après le referendum pour changer la Constitution gagné au Chili, après les élections remportées par le MAS en Bolivie malgré une tentative de coup d’Etat, après des manifestations de masse en Colombie et en Équateur, c’est au tour de l’Argentine de remporter une victoire importante pour toutes les femmes de la classe opprimée. En effet, en Amérique latine, l’avortement n’est réellement légal qu’à Cuba, en Uruguay, dans la ville de Mexico, dans l’Etat mexicain de Oaxaca et en Guyane… et maintenant, en Argentine !
Ce que revendiquent les féministes argentines depuis plusieurs décennies, c’est un droit fondamental mais pas seulement : « Une éducation sexuelle pour pouvoir décider, la contraception gratuite pour ne pas devoir avorter, l’avortement légal pour ne pas mourir » (1). L’avortement est un privilège de classe s’il n’est pas légal. « Selon le gouvernement, entre 370 000 et 520 000 avortements clandestins sont pratiqués chaque année dans le pays de 44 millions d’habitants, où 38 000 femmes sont hospitalisées pour complications lors de ces opérations. » (2) Nombreuses sont celles qui en meurent, qui en restent traumatisées, blessées. Mais encore plus nombreuses sont celles qui n’ont pas pu avorter.
Il y a celles qui ne voulaient pas d’enfants à ce moment-là, avec cette personne-là, mais elles n’avaient pas assez d’argent pour acheter un moyen de contraception. Il y a celles qui savaient pertinemment qu’elles n’auraient pas les moyens d’élever un enfant, qu’il grandirait dans la précarité et la misère. Il y a celles qui ont été violées mais qui n’ont pas eu le choix que de garder l’enfant.
Pouvoir élever un enfant en lui donnant ce dont il a besoin est également un privilège de classe. La volonté des féministes argentines et la nôtre, a toujours été de pouvoir réellement choisir. Choisir d’avoir un enfant ou pas, choisir quand on le veut, choisir avec qui on le veut. Quand on n’a pas l’argent pour la contraception ni pour subvenir aux besoins de l’enfant, tout devient plus compliqué, le vrai choix n’existe pas réellement.
Nous avons besoin de vraies mesures et d’investissements publics massifs : contraception gratuite ; crèches gratuites ; avortement légal et gratuit ; accès gratuit à l’enseignement ; cours sur le consentement, le genre et les relations à l’école ; augmentation des salaires et du salaire minimum ; diminution collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires,…
Nous savons déjà qu’avec la loi votée aujourd’hui « un établissement de santé pourra se déclarer “objecteur” (de conscience) mais il aura l’obligation d’orienter la patiente vers un autre établissement »(3). Il est aussi question d’un “plan des mille jours” qui « entend également “renforcer l’accès aux soins pendant la grossesse et lors des premières années de vie d’un enfant” pour les familles en situation de vulnérabilité financière »(4). Le mouvement féministe devra donc encore se battre pour que, dans la pratique, l’avortement soit accessible à toutes, réellement gratuit et en toute sécurité. Avec la pandémie qui ravage et affecte de manière disproportionnée la classe ouvrière et les pauvres, avec les discriminations contre les femmes et les violences sexistes qui s’aggravent dans ce contexte, nous avons besoin d’un féminisme qui soit résolument anticapitaliste et socialiste.
Cette lutte est exemplaire et aura un impact international. Elle montre qu’il est possible d’arracher des victoires à la droite conservatrice. Elle nous montre également comment mener la lutte pour le droit à l’avortement. C’est dans toutes les sphères de la société que s’est construit le mouvement, dans les écoles, les quartiers, dans la rue, avec des manifestations de masse depuis 30 ans, des grèves, des assemblées,… Le mouvement féministe a pris les meilleurs instruments du mouvement ouvrier pour gagner cette lutte. Après le referendum gagné en Irlande en 2018, c’est un autre pays qui nous montre qu’il s’agit d’une lutte fondamentale et internationale.
Les travailleuses étant surreprésentées en première ligne dans les soins de santé, l’éducation, le nettoyage et l’alimentation dans le monde entier, il est clair que la classe ouvrière, les jeunes, les personnes de couleur et les femmes pauvres continueront à être en première ligne de la lutte des classes et des luttes féministes dans les mois et les années à venir, comme nous l’avons vu de manière si inspirante en Argentine.
Organisons-nous dans chaque pays pour que la loi soit appliquée partout, gratuitement et jusqu’à 18 semaines. Combattons également le système capitaliste qui ne pourra jamais être féministe ! Construisons une alternative à ce système, une alternative sans discriminations, sans sexisme, sans racisme, sans profit. Une alternative socialiste !
1) Educación sexual para decidir, anticonceptivo para no aborta, aborto legal para no morir.
2) https://www.francetvinfo.fr/societe/ivg/argentine-le-congres-adopte-la-loi-legalisant-l-avortement_4238209.html
3) https://www.rtbf.be/info/monde/detail_l-argentine-legalise-l-avortement-apres-un-vote-historique?id=10663311
4) https://information.tv5monde.com/terriennes/argentine-une-loi-sur-la-legalisation-de-l-avortement-nouveau-devant-les-parlementaires -
Soulèvement de masse en Pologne en défense du droit à l’avortement – Témoignage au coeur du mouvement

Le gouvernement conservateur polonais voulait utiliser la crise sanitaire pour faire passer un projet de loi restreignant le droit – déjà très limité – à l’avortement. Mais il a déclenché un splendide mouvement de masse, le plus grand depuis la chute de la dictature stalinienne ! Nous en avons discuté avec Tiphaine, membre de ROSA-Pologne et d’Alternatywa Socjalistyczna.
Dans les médias internationaux, on a annoncé le retrait de cette attaque contre le droit à l’avortement. C’est bien vrai ?
Les médias internationaux se sont emballés un peu vite… Le 22 octobre, le tribunal constitutionnel de Pologne s’est prononcé en faveur d’une limitation de l’accès à l’avortement. Le parlement doit maintenant changer la loi existante. Mais la question n’a pas été mise à l’ordre du jour de la séance parlementaire du mercredi suivant, ce qui a été interprété comme un retrait du projet dans les médias internationaux.
Les conservateurs sont intimidés par le mouvement de masse, c’est certain. Ils attendent son essoufflement pour mettre cette discussion à l’agenda du parlement. La colère contre le gouvernement et la détermination de lutter pour le droit à l’avortement sur demande n’ont pas faibli, mais en l’absence d’une direction qui propose les bons mots d’ordre, ce potentiel pourrait être gaspillé.
OSK (Ogólnopolski Strajk Kobiet, Grève des femmes de toute la Pologne), la direction de facto du mouvement, va soumettre un projet de loi citoyen pour le droit à l’avortement, tout comme en 2018, quand les députés ont rejeté le projet sans même le discuter. Malgré le succès de la journée de « grève des femmes » et de la gigantesque manifestation qui a eu lieu à Varsovie le 30 octobre, OSK n’appelle plus à de grandes mobilisations mais à bloquer les routes en traversant les passages pour piéton ou à des manifestations en voiture, pour rester dans la légalité en cette période de confinement. Mais le début du mouvement a démontré que la répression sous prétexte du COVID était impuissante face à la détermination des masses.
Comment expliquer l’ampleur de ce soulèvement ?
La restriction du droit à l’avortement a des conséquences dramatiques pour de nombreuses femmes. Il y a des cas scandaleux de femmes forcées de mettre au monde des enfants mourants ou qui se sont retrouvées en situation de handicap parce qu’on leur avait refusé l’interruption de grossesse.
Cette interdiction est une gigantesque insulte : on dit aux femmes qu’elles sont incapables de prendre des décisions pour elles-mêmes et qu’elles sont moins importantes qu’un embryon. Les médecins ont le droit de refuser de pratiquer l’avortement même s’il était légal, ils peuvent même vous refuser la contraception ! Dans le camp anti-choix, on a même entendu dire que « contrairement à l’avortement, la pédophilie n’a jamais tué personne » ! Tout cela attise la colère et pousse les indécis dans le camp pro-choix.
En 2016, le PiS (le parti conservateur au pouvoir) a déjà tenté une interdiction totale de l’avortement et a dû reculer devant le mouvement. Toute une couche de jeunes femmes était passée à l’action pour la première fois, et une partie est restée mobilisée pour les droits des femmes et des LGBTQI+ depuis. Cette expérience joue un rôle dans la mobilisation actuelle et également dans la confiance qu’il est possible de faire reculer le gouvernement.
Mais le mouvement a été freiné par sa direction libérale et n’est pas allé jusqu’au bout de ce qu’il était possible d’obtenir : le droit à l’avortement sur demande. Ici, les manifestants rejettent le « compromis » (c’est à dire, le droit d’avorter dans les trois cas prévus par la loi polonaise) et exigent le droit à disposer de son corps.
Depuis 2016, les conservateurs attendaient le moment opportun pour ressortir cette mesure. Ils ont fait passer d’autres attaques, comme de rendre la pilule du lendemain inaccessible sans prescription, histoire de tester le terrain. Cette année, ils ont cru pouvoir faire passer cette restriction du droit à l’avortement grâce au confinement, en sous-estimant la colère accumulée non seulement sur la question des droits reproductifs mais aussi concernant la mauvaise gestion de la pandémie.
A quel point le gouvernement et l’Eglise sont-ils discrédités aujourd’hui dans la société ?
L’Église a perdu énormément de terrain. Un nouveau scandale vient d’éclater : le cardinal Dziwisz, une éminence de l’Église catholique en Pologne et ancien bras droit du pape Jean-Paul II (qui reste une icône en Pologne) est soupçonné avoir participé à la couverture d’un réseau d’abus sexuels d’enfants au Mexique. D’après un sondage récent, seuls 35% des Polonais ont une opinion positive de l’Église. Les gens s’opposent à cette institution privilégiée et corrompue, et ne veulent plus de l’ingérence religieuse dans la politique et dans l’éducation.
De son côté, le gouvernement ne peut plus se reposer sur les quelques avancées sociales accordées en début de mandat. Son soutien parmi la classe ouvrière n’est plus aussi solide, notamment parce qu’il n’a pas empêché la fermetures de mines ou de grosses usines comme l’aciérie de Cracovie. Sa réponse à la crise économique provoquée par le COVID a été une réforme du code du travail en faveur des employeurs alors que de nombreux Polonais perdaient leur travail. La situation sanitaire est dramatique, avec 20.000 nouveaux cas par jour.
Au début du mouvement, le PiS a joué la carte des menaces de répression. Kaczynski, l’homme fort du PiS, a fait une allocution télévisée qui rappelait la déclaration de la loi martiale par le général Jaruzelski en 1981. Malgré cela, les gens sont descendus en masse dans les rues. Le PiS s’est donc montré affaibli et ridiculisé.Ils doivent maintenant se reposer sur une couche plus mince d’éléments les plus conservateurs, voire fascistes, de la société. Cela veut dire qu’ils vont être obligés d’aller jusqu’au bout pour soutenir cette loi et satisfaire cette couche. Ils sont dans une impasse.
Comment le mouvement peut -il faire face à cette détermination désespérée des autorités ?
Pour porter un coup décisif au gouvernement, il faut une grève générale : la possibilité de bloquer l’économie est une arme redoutable. L’entrée en lutte de la classe ouvrière montrerait qui fait réellement fonctionner l’économie et la société.
Beaucoup de travailleurs n’attendent qu’un mot de leur direction syndicale pour entrer en grève sur la question de l’avortement. Mais les directions syndicales refusent. La pression de la base pourrait les y pousser. Les membres d’Alternatywa Socjalistyczna tentent d’agir en ce sens sur les lieux de travail et dans les syndicats. Au sein du mouvement, nous proposons une orientation envers la classe ouvrière, notamment en liant la question des droits reproductifs aux questions de la défense des services publics et des emplois.
Le mouvement a besoin de représentants qui en émanent et qui montrent la voie vers la victoire. OSK comble le vide de direction, mais sans proposer de mots d’ordres adéquats, en se détournant de l’action en rue. Elle a perdu du crédit en formant un comité consultatif avec des politiciens carriéristes qui n’ont rien à voir avec le mouvement. OSK se dit à l’écoute du mouvement en demandant que les participants envoient des suggestions et des revendications, mais ce n’est pas d’un pouvoir de suggestions dont les manifestants ont besoin : c’est d’être actifs dans la prise de décision et dans les choix de ses représentants. Alternatywa Socjalistyczna et ROSA Polska appellent à la création de comités de grève démocratiques au niveau local pour organiser la lutte, décider des revendications, et élire une direction locale et nationale. Ces dirigeants seraient élus sur base de leur expérience, en ayant fait leurs preuves dans le mouvement, et seraient révocables s’ils ne répondent plus aux attentes de celles et ceux qui les ont élus.
Si le PiS tombe, la place pourrait être prise par des politiciens de l’establishment qui utiliseraient la situation à leur avantage. Ils accorderaient bien sûr une partie des revendications au mouvement pour justifier leur prise de pouvoir. Mais sans s’attaquer au capitalisme que ces politiciens représentent, l’ insuffisance de moyens dans les hôpitaux, la pénurie de crèches publiques, le bas niveau de vie, l’absence de budget pour l’éducation sexuelle,… subsisteront et constitueront autant de freins à la jouissance des droits reproductifs.
De plus, ces politiciens seront réticents à s’opposer trop à l’Église qui continue tout de même de représenter une partie de l’électorat, mais aussi une certaine puissance économique. Ce que nous défendons donc est que le PiS soit remplacé par un gouvernement issu du mouvement et représentant la classe ouvrière avec pour programme les pleins droits reproductifs gratuits, le développement des hôpitaux publics pour répondre aux besoin de la population, une place par enfant en crèche et en jardin d’enfants publics, la satisfaction des revendications des enseignants, et la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des principaux secteurs de l’économie afin de financer ce programme et d’empêcher les suppressions d’emplois et la dégradation des conditions de travail au prétexte du COVID.
En bref, il nous faut un programme socialiste pour en finir avec le système capitaliste qui empêche les femmes de jouir pleinement de leurs droits démocratiques et des possibilités de la science.
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Pologne : quelle stratégie pour le droit à l’avortement et renverser le gouvernement ?

“Il est temps de faire la révolution” Malgré les menaces de répression, plus de 100.000 personnes ont pris part à une gigantesque manifestation pour le droit à l’avortement à Varsovie ce vendredi 30 octobre. Dans une incroyable atmosphère de carnaval, les slogans pour les droits reproductifs se mêlaient à ceux pour le renversement du gouvernement. Longtemps après la fin de la manifestation, les slogans se faisaient encore entendre dans les transports. La ville entière était à nous!
Par des membres d’Alternatywa Socjalistyczna, section polonaise d’Alternative Socialiste Internationale
- Ce jeudi 5 novembre : rencontre en ligne avec une féministe de Pologne.
Face à ce mouvement massif, le parti dirigeant PiS est désemparé. Des divisions commencent à apparaître en son sein sur la façon de répondre a cette opposition massive. Ainsi, le 27 octobre, dans une allocution télévisée qui n’est pas sans rappeler la déclaration de la loi martiale par Jaruzelski en 1981, Kaczynski (vice-premier ministre) a appelé à défendre les églises contre les manifestants – c’est à dire à rejoindre les bandes fascistes qui s’étaient donné cette mission. Il a été rappelé que, sous le prétexte de la situation sanitaire, toute personne qui appelle à un rassemblement de plus de 5 personnes risque 8 ans de prison. Mais le 30 octobre, le président Duda annonçait déjà que l’avortement resterait possible dans le cas d’un foetus non-viable.
Les menaces de répression n’ont pas réussi à intimider les manifestants, et les bandes fascistes qui ont tenté d’attaquer la manifestation varsovienne ont été insignifiantes face à cette déferlante. Et la proposition de Duda est risible comparée aux attentes du mouvement : l’avortement libre et gratuit, d’en finir avec ce gouvernement réactionnaire et qui a perdu de son autorité de par sa mauvaise gestion de la crise COVID, et la fin du pouvoir politique de l’Eglise.
La tentative par Kaczynski de jouer les gros bras l’a fait paraître encore plus faible et plus ridicule qu’avant. L’aura qu’il avait, celle d’un homme dur, maître tacticien et fin stratège, a volé en éclat. Loin d’intimider le mouvement, il l’a rendu plus fort et plus confiant – les manifestants l’ont défié et il s’est révélé impuissant.
En plus d’être dans l’impasse, le PiS perd de sa base sociale. Des manifestations ont eu lieu dans des bastions électoraux du PiS, petites villes de provinces et quartiers ouvriers où il n’y avait pas eu de manifestations depuis 30 ans. Des électeurs du PiS, qui ont voté pour lui pour ses promesses sociales, rejoignent le mouvement. Même une partie des hooligans, vivier d’extrême droite, se prononce en faveur des droits des femmes (avec une position ambiguë qui consiste à se déclarer en défense des femmes mais contre les “gauchistes”, mais cela montre tout de même un tournant).
Quelle suite pour le mouvement?
A l’heure où nous écrivons, il n’y a pas encore d’appel à une nouvelle grève des femmes comme le 28 octobre où à d’autres manifestations nationales comme le 30. OSK, la direction de facto du mouvement, appelle à organiser des blocages au niveau local. OSK a également fondé un “comité consultatif” avec différentes personnalités politiques. Cette initiative est très critiquée au sein du mouvement car la composition de ce comité n’a pas été élue mais nommée par en-haut.
Comme nous le disions dans notre article du 27 octobre, Alternatywa Socjalistyczna et ROSA Polska appellent à la constitution de comités de grève démocratique au niveau local, qui pourraient ensuite se coordonner au niveau national et élire une direction du mouvement issu de celui-ci.
Un risque qui existe avec une direction auto-proclamée est que celle-ci – n’ayant pas à répondre à la base – soit très sensible aux pressions externes. Elle pourrait accepter des compromis bien en dessous des aspirations des masses et de ce qu’il est possible de gagner. Le PiS pourra se servir de cela et entamer des négociations avec cette direction, ce qui lui permettrait de limiter les dégâts pour lui-même.
Pour empêcher cela, il faut non seulement une direction qui représente réellement le mouvement, mais aussi une stratégie pour ne pas laisser le potentiel se perdre. Une grève générale, en augmentant encore le nombre qui peut se joindre aux manifestations et surtout en utilisant le levier du blocage de l’économie, serait certainement un tournant décisif pour gagner.
Malheureusement, les directions des principaux syndicats ont signé un appel au calme le jour même de la grande manifestation varsovienne, ensemble avec les patrons, au prétexte de la crise COVID. Cela ne représente pas du tout l’état d’esprit de la base de ces syndicats. Les discussions sur nos lieux de travail et avec d’autres syndicalistes montrent un large soutien de la classe ouvrière au mouvement. Il y a d’ailleurs eu des actions sur les lieux de travail, comme dans les hôpitaux ou les transports, et des déclarations de soutien de la part de syndicats de postiers, chauffeurs de taxis, mineurs… Le syndicat Août 80 a quant à lui annoncé qu’ils apporteraient un soutien à toute personne poursuivie en justice pour sa participation au mouvement, une très bonne initiative. Nous continuons à construire la pression par la base pour l’appel à une grève générale et appelons tous ceux qui nous entourent à le faire.
La popularité des slogans pour renverser le gouvernement pose une question cruciale : par quoi remplacer celui-ci? La place vacante pourrait être rapidement saisie par des politiciens de l’establishment opportunistes. Pour se maintenir au pouvoir, ils répondraient à une partie des attentes du mouvement concernant les droits reproductifs, tout en ménageant les capitalistes et la force politique que représente l’église – c’est à dire probablement avec un nouveau compromis, et sans rendre l’avortement et la contraception gratuites donc accessible à toutes.
Alternatywa Socjalistyczna et ROSA Polska défendent que le renversement du PiS ne pourra pas garantir une victoire complète et sur le long terme sans le renversement du système que le PiS protège. Nous défendons dans ce mouvement que le capitalisme est à renverser pour le remplacer par un système socialiste qui réponde aux besoins de tous et pose les bases matérielles et sociales pour assurer les pleins droits reproductifs et démocratiques.
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Jeudi 5 novembre : Rencontre online avec une féministe de Pologne

Jeudi 5 novembre, à partir de 19h
Participe à une discussion avec une militante polonaise de ROSA Polska et plonge toi aussi dans l’extraordinaire mouvement de masse pro-choix qui a explosé en Pologne ! Le gouvernement pensait profiter des mesures sanitaires pour attaquer les droits des femmes, mais la colère est aujourd’hui dans la rue !
Ni la pandémie, ni la répression brutale ne sont parvenus à bloquer les manifestantes et manifestants et la lutte a largement dépassé le cadre du droit à l’avortement : c’est toute la politique du parti au pouvoir, Droit et Justice (PiS), et la place de l’Eglise dans la société qui est en jeu ! Un slogan résume parfaitement les choses : “J’aimerais pouvoir avorter de mon gouvernement”.
- Évènement en ligne sur Zoom
- Évènement facebook
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Mouvement de masse pour le droit à l’avortement en Pologne : le Covid ne peut pas stopper la colère !

Suite à l’arrêt rendu jeudi dernier par la Cour constitutionnelle de Pologne selon lequel l’avortement en cas de malformation du fœtus est anticonstitutionnel, les protestations et les manifestations de masse ont balayé le pays en gagnant en nombre jour après jour. Après l’annonce de la décision jeudi dernier, une manifestation spontanée s’est dirigée vers le siège du parti au pouvoir, Droit et Justice (PiS), à Varsovie, puis vers le domicile privé de Jarosaw Kaczyński, leader du PiS. Les manifestations et les protestations se sont poursuivies chaque jour depuis la décision, prenant de l’ampleur et s’étendant à tout le pays. Le dimanche, des milliers de manifestants ont pris d’assaut les églises et ont dû faire face à un affrontement avec la police dans de nombreuses villes. Le lundi, des barrages dans plus de 50 villes ont paralysé la circulation dans le pays.
Par Paweł Nowak, Alternatywa Socjalistyczna (section polonaise d’Alternative Socialiste Internationale)
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Discussion ce soir (en anglais) avec des activistes polonaises à l’initiative de ROSA – Irlande ! Evénement Facebook
L’avortement est déjà presque impossible
Actuellement, l’avortement est toujours légal en Pologne en cas de viol, d’inceste, ou lorsque la vie ou la santé de la femme est en danger. Cependant, dans la pratique, le droit à l’avortement dans ces cas est généralement bloqué par un “cas de conscience” du médecin. Il existe des régions dans le pays où aucun hôpital ne pratiquera d’avortement. L’autre cas où l’avortement est légal, c’est lorsque le fœtus est endommagé. Ce droit a été attaqué pour la première fois il y a quatre ans, lorsqu’un projet de loi introduisant une interdiction a été discuté au Parlement. À l’époque, un mouvement de masse de plusieurs mois avait culminé en une grève “des femmes” qui a également impliqué des étudiants des écoles et des universités. Craignant que le mouvement ne devienne incontrôlable, le PiS avait décidé de placer le projet de loi interdisant l’avortement au “frigo” parlementaire.
Le PiS a toutefois décidé de revenir à la charge contre le droit à l’avortement en exploitant cyniquement les restrictions en matière de pandémie qui empêchent les rassemblements publics de plus de cinq personnes. La colère est d’autant plus forte que cet arrêté, rendu par la Cour constitutionnelle inféodée à Kaczyński, intervient à un moment où la pandémie échappe à tout contrôle avec plus de 16.000 nouvelles contaminations en Pologne chaque jour. Mais si le PiS pensait pouvoir introduire cette interdiction avec un minimum d’agitation, il a sérieusement sous-estimé la sensibilité à ce sujet dans le pays. L’éruption de colère est similaire au lâcher d’une bombe dans un volcan en sommeil. Le mouvement est beaucoup plus large aujourd’hui, avec des protestations beaucoup plus importantes et plus furieuses qu’il y a quatre ans, en particulier dans les petites villes.
La jeunesse et dans la rueTout comme il y a quatre ans, la jeunesse est fortement impliquée dans la mobilisation, des étudiants d’université mais aussi des écoliers. Mais cette fois, la colère dirigée contre le PiS, l’Église catholique et le parti d’extrême droite Konfederacja a atteint un point d’ébullition. De plus, il s’agit d’un mouvement beaucoup plus important et spontané qu’il y a quatre ans. Bien que les groupes Facebook qui organisaient les manifestations il y a quatre ans soient les mêmes, sur le terrain, il n’y a ni organisateurs, ni orateurs, et personne ne sait où va chaque manifestation ni combien de temps elle va durer.
Il y a quatre ans, les libéraux de la Plateforme civique et du KOD (Comité pour la défense de la démocratie) ont réussi à se placer à la tête du mouvement et à faire taire les voix les plus radicales, allant jusqu’à expulser les manifestants qui avaient des slogans “vulgaires” sur leurs pancartes ou qui exigeait le droit à l’avortement à la demande. Les organisations politiques de gauche avaient même été interdites de distribuer des tracts lors de nombreuses manifestations.
Ici, le niveau de colère est tel que le slogan central est désormais “Wypierdalać !”. (F**k off !). Un autre slogan populaire, mais plus subtil, est “J’aimerais pouvoir avorter de mon gouvernement”. Il est clair que les manifestants ne veulent pas simplement abroger la décision de la Cour constitutionnelle : ils veulent se débarrasser du gouvernement Droit et Justice et de la hiérarchie de l’Église corrompue qui domine l’État.
Une grève “des femmes” a été appelée pour le mercredi 28 octobre. Alternatywa Socjalistyczna (la section polonaise d’Alternative Socialiste Internationale) et sa campagne féministe socialiste ROSA Polska appellent les syndicats à se prononcer clairement contre l’interdiction de l’avortement, à soutenir activement la grève de mercredi et à se préparer à une grève générale d’une journée sur cette question. Nous demandons également à tous les élèves et étudiants d’abandonner leurs cours à distance mercredi, de manifester leur opposition et de s’organiser. Nous invitons les étudiants et les élèves à créer des comités de lutte démocratiques autour de leurs classes, de leurs écoles et de leurs universités.
Nous ne luttons pas seulement contre l’attaque actuelle contre le droit à l’avortement. Nous exigeons le droit des femmes à pouvoir choisir et décider dans toutes les situations par l’avortement et la contraception sur demande, sans questions, gratuit, libre et facile d’accès. L’influence des fondamentalistes religieux doit être retirée de l’État, des services de santé et des écoles.
Nous revendiquons une augmentation massive du budget de la santé pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et pour améliorer les droits reproductifs des femmes. Nous exigeons que la garde des enfants soit gratuite. Nous exigeons une augmentation massive de l’allocation pour les parents d’enfants et d’adultes handicapés. Nous exigeons la séparation de l’Église et de l’État. Nous refusons l’enseignement religieux dans les écoles et exigeons qu’il soit remplacé par une éducation sexuelle dispensée par des éducateurs spécialisés correctement formés. Enfin, ce gouvernement de droite fondamentaliste religieux doit être renversé : il faut avorter du gouvernement PiS et du système qu’il représente. Mais nous ne devons pas nous arrêter là, pour que les femmes aient vraiment le choix, nous devons considérablement améliorer les conditions sociales et nos conditions de vie, ce qui nécessite une transformation socialiste de la société.
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Dépénalisation de l’avortement : sans lutte, aucune victoire

Pour la deuxième fois en deux ans, le projet de loi visant à dépénaliser l’avortement et à prolonger la période à 18 semaines semble être victime d’un calcul politique. En 2018, les partis libéraux ont opté à la dernière minute pour un accord à faire conclure au gouvernement fédéral suédois. Celui-ci n’était qu’un statu quo qui leur a évité de soutenir la proposition de dépénalisation qui était alors sur table. Aujourd’hui, c’est Paul Magnette qui affirme dans Le Soir qu’il est “prêt à en parler dans un gouvernement plutôt qu’au parlement” pour tenter de persuader le CD&V de rejoindre un gouvernement arc-en-ciel élargi au CD&V.Réaction de la Campagne ROSA
Le projet de loi qui a été discuté ces dernières semaines a été soutenu par PS/Spa, MR/Open VLD, Ecolo/Groen, PTB/PvdA et Défi, partis qui représentent ensemble une majorité à la Chambre. Mais l’histoire semble se répéter. Parler au CD&V “dans un gouvernement” au lieu de chercher une majorité au parlement, cela signifie que le projet de loi sera enterré. Seul le PTB/PvdA semble pour l’instant défendre un vote afin d’éviter que ce projet de loi ne soit sacrifié dans la formation d’un gouvernement fédéral sans la NVA.
Le projet de loi en question est favorable à une dépénalisation de l’avortement, à l’extension du délai à 18 semaines et à une réduction du délai de réflexion d’une semaine à 48 heures. De cette manière, les partis qui l’ont présentée entendent mettre fin à la situation dans laquelle, chaque année, des centaines de femmes doivent se rendre à l’étranger pour pratiquer un avortement, une solution drastique mais surtout coûteuse et inaccessible aux femmes les plus pauvres. La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) soutenait cette initiative mais, comme en 2018, il semble bien que cela n’aboutira à rien.
La Campagne ROSA soutient donc le PTB/PvdA et ses efforts pour que le projet de loi soit voté avant que les partis de l’arc-en-ciel ne se rétractent pour former un gouvernement fédéral. Nous pensons que la seule façon de progresser sur cette question – comme sur d’autres – est d’organiser une véritable pression pour que des partis comme le PS, le Spa, l’Open VLD et le MR ne puissent pas simplement s’en débarrasser. Tant que la discussion sera limitée au parlement, sans réelle mobilisation de la rue, les droits des femmes seront sacrifiés sur l’autel du calcul politique.
La Campagne ROSA appelle donc le PTB/PvdA, toutes les organisations féministes et les autres partisans de la dépénalisation à mettre sur pied une campagne militante, avec des actions et des manifestations, qui augmentera la pression sur les partis de l’arc-en-ciel de même que le prix électoral à payer pour leur trahison. C’est le seul moyen d’empêcher ces partis de continuer leurs jeux politiques cyniques en instrumentalisant un droit fondamental des femmes, à savoir le droit de pouvoir librement disposer de son corps.
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[USA] Adoption brutale de projets de loi sur l’avortement – Ripostons contre la droite !

Fin mai, l’Assemblée législative de l’Alabama, sous contrôle républicain, a adopté – et le gouverneur l’a signé – une interdiction quasi totale de l’avortement. Il s’agit désormais de la loi la plus restrictive sur l’avortement aux USA depuis l’arrêt Roe v. Wade de la Cour suprême en 1973.
Par Keely Mullen, Socialist Alternative (USA)
Ce projet de loi de l’Alabama rend l’avortement illégal à n’importe quel stade de la grossesse – sauf lorsque la vie de la mère est en danger – et menace ceux qui pratiquent des avortements de 99 ans de prison. Il ne s’agit là que d’une des nombreuses récentes lois d’Etats qui tentent apparemment de se surpasser les unes les autres dans leur barbarie. Des projets de loi en fonction des “battements du cœur” ont été adoptés au Kentucky, au Mississippi, en Géorgie et en Ohio, et interdisent les avortements après qu’un battement cardiaque fœtal soit détecté (habituellement entre 6 et 8 semaines), souvent avant même que la mère sache qu’elle est enceinte.
L’interdiction en Alabama, ainsi que des projets de loi similaires en cours dans d’autres États, contestent directement la loi fédérale – ce qui est exactement leur intention. L’objectif clair de la droite chrétienne – en soutenant ces projets de loi – est de faire pression sur la majorité conservatrice de la Cour Suprême pour qu’elle revienne l’arrêt Roe v. Wade.
La droite divisée
Il existe cependant de réelles divisions au sein du parti républicain sur ces projets de loi – en particulier celui de l’Alabama – et en réalité, ils représentent une surenchère de la part des partisans de la ligne de droite dure. Seulement 14 % des Américains appuient une loi extrême comme celle de l’Alabama et les deux tiers des Américains s’opposent à l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade.
Si le Parti républicain se rangeait derrière ces interdictions extrêmes de l’avortement, ses chances de conserver la Maison-Blanche et de reprendre la Chambre des représentants en 2020 seraient compromises. C’est pour cette raison que la présidente du Comité National républicain a déclarée publiquement qu’elle s’opposait à la loi de l’Alabama et que des personnalités de droite populaires comme la polémiste républicaine Tomi Lahren s’y sont également opposé – en la dénonçant comme trop restrictive.
La loi d’Alabama sera très probablement annulée par la Cour Fédérale. Plutôt que de l’interdire complètement, la Cour Suprême est quant à elle plus susceptible d’adopter à l’avenir des projets de loi qui restreignent l’avortement.
Mais il n’y a pas lieu de se reposer sur ses lauriers. Roe v. Wade, qui fut la victoire la plus importante du mouvement pour l’émancipation des femmes des années ‘60 et ‘70, est plus en danger aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment depuis 1973.
Lorsque la Cour suprême entendra une affaire susceptible de revenir sur cette victoire, il y aura un tollé d’indignation. Il faut toutefois souligner que ce qui a été gagné dans les années ‘60 et ‘70 a déjà été lentement érodé par les lois des États limitant certaines pratiques d’avortement, pénalisant les praticiens de l’avortement, etc.
Pour gagner le combat historique visant à conserver – et à étendre – les acquis de l’affaire Roe c. Wade, nous devons commencer dès maintenant à construire un mouvement capable de défendre le droit à l’avortement et d’en élargir le champ d’application.
Une contre-attaque s’impose
Ces cinq dernières années, nous avons connu une recrudescence de la résistance des femmes aux États-Unis. Les femmes ont participé en grand nombre à aux manifestations contre Trump et une énorme politisation autour de la question du harcèlement sexuel a pris son envol grâce à #Metoo.
Bien qu’il y ait une grande colère au sujet de la législation anti-femmes en Alabama, en Géorgie et dans d’autres États, et une réelle crainte quant à ses implications, nous n’avons pas encore vu de mobilisation massives pour s’y opposer. Il n’y a eu que de petits rassemblements à travers le pays.
Malheureusement, la responsabilité de cette situation incombe principalement aux principales organisations comme NOW, NARAL et Planned Parenthood qui, malgré leur visibilité importante, n’ont pas fait d’efforts sérieux pour lancer une riposte coordonnée.
La direction du Parti Démocrate a joué un rôle épouvantable dans la protection du droit à l’avortement. La présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, la démocrate Nancy Pelosi, a ainsi déclaré que les démocrates n’ont pas à “suivre la ligne du parti” sur l’avortement. Certains démocrates ont clairement pris ce laissez-passer à cœur. Le gouverneur du parti démocrate de Louisiane, John Bel Edwards, est par exemple prêt à signer d’un jour à l’autre un projet de loi sur les « battements de cœur du fœtus ». Cela illustre l’absolue nécessité de disposer d’un nouveau parti qui se battra sans pitié et avec constance pour la défense des droits des femmes.
En l’absence d’une direction combative offerte par les organisations féministes traditionnelles ou l’establishment du Parti Démocrate, de nouvelles forces devront se présenter pour aider à organiser la riposte. Cela pourrait conduire à la création de nouvelles organisations de défense des femmes.
Il convient également de tirer les leçons des victoires historiques remportées ces dernières années au niveau international en matière de droit à l’avortement – en particulier l’abrogation du 8e amendement de la constitution irlandaise qui interdisait l’avortement – qui étaient tout aussi horribles que la loi proposée en Alabama.
Les femmes ont non seulement été au centre de la lutte contre Trump, mais elles ont aussi joué un rôle crucial dans une grande partie des récentes grèves des enseignants, des infirmières et des employés d’hôtel.
Les syndicats devraient rejoindre la lutte pour un avortement gratuit, légal et sûr sur demande dans le cadre d’une lutte plus large visant à obtenir la gratuité des soins de santé. Bernie Sanders a déclaré que sa proposition d’assurance-maladie pour tous inclurait des soins gynécologiques complets et gratuits, ce qui constituerait un grand pas en avant. Les syndicats peuvent utiliser leur poids social considérable pour lutter aux côtés des organisations féministes en faveur de cette revendication, ainsi qu’en faveur de la gratuité et de l’universalité des services de garde d’enfants et des congés parentaux payés pour offrir aux familles de travailleurs un véritable choix.
Le fait d’être forcées de mener à terme une grossesse non désirée peut avoir des conséquences dévastatrices pour les femmes pauvres et les travailleuses. Le rôle de la classe ouvrière organisée est essentiel dans cette lutte.
Il ne fait aucun doute qu’un nouveau mouvement pour les droits des femmes est en train d’émerger et que les attaques récentes pourraient inspirer l’organisation de ce mouvement et permettre de développer une nouvelle direction combative.
Bien que ces nouvelles lois seront presque certainement abrogées, des menaces importantes contre Roe v. Wade se profilent à l’horizon et nous devons rapidement mettre sur pied les forces nécessaires pour vaincre ces attaques quand elles surviendront.
‘Socialist Alternative’ se bat pour construire l’aile féministe socialiste du mouvement pour l’émancipation des femmes qui s’oriente vers les femmes de la classe ouvrière et souligne le lien qui existe entre la lutte pour la libération des femmes et la fin du capitalisme.
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Pologne : Luttons pour des droits reproductifs complets!

Photo : Aparat partyjny Déclarations d’Alternatywa Socjalistyczna, section-sœur du PSL en Pologne
Depuis quelques années des mouvements importants concernant le droit à l’avortement ont pris place en Pologne : notamment lors du fameux « lundi noir » en Octobre 2016 où des dizaines de milliers de femmes défilaient à Varsovie et dans d’autres villes comme à Gdansk, Cracovie ou Poznan. Les femmes, qui s’étaient habillées en noir pour protester le « deuil de leurs droits reproductifs » s’étaient rassemblées pour contrer l’attaque du gouvernement qui tentait d’imposer une nouvelle loi interdisant totalement le droit à l’avortement, déjà fortement restreint dans ce pays où l’église catholique est encore toute puissante. Une grève des femmes avait eue lieu le même jour, inspirée de celle des femmes islandaises en 1975.
Ce mouvement avait alors eu un impact fort dans la société polonaise. Le gouvernement conservateur du parti Droit et Justice (PiS) s’était empressé de faire annuler le projet de loi, malgré la pression des organisations pro-vies polonaises qui avaient initiées ce projet. Tandis que certains au sein du mouvement femmes appelaient à continuer la lutte, celui-ci avait fini par ralentir et peu d’actions avaient suivies, malgré l’appel à une seconde grève des femmes le 24 Octobre 2016.
Alors que le gouvernement avait reculé depuis les mobilisations, la lutte des femmes pour le contrôle sur leur corps a été par la suite marquée par deux événements clés en 2018 : le rejet du projet de « Sauvons les femmes » (de la plateforme pro-choice) par le Sejm (le parlement polonais) et le ralentissement du développement du projet « Arrêtons l’avortement » (de la plateforme pro-vie).
Ces deux projets de loi ont été soumis au parlement polonais en janvier 2018. D’un côté, les réactionnaires demandaient une interdiction de l’avortement même lorsque le fœtus est malformé, tandis que de l’autre, le mouvement « Ratujmy Kobiety » (« Save Women ») revendiquait le droit à l’avortement sur demande jusqu’à 12 semaines de grossesse.
Comme en 2016, le Parlement a voté pour discuter du projet de loi limitant l’avortement et a rejeté la proposition pro-choix en première lecture. L’opposition libérale traditionnelle (la « Plate-forme civique » et « Nowoczesna ») a joué un grand rôle dans le rejet du projet de loi, car de nombreux députés se sont abstenus, n’ont pas voté ou ont même voté contre. Ils n’étaient pas prêts à adopter une position claire.
Entre-temps, une majorité de leurs partisans était en faveur d’une loi plus libérale sur l’avortement. Beaucoup de leurs électeurs, qui n’ont jamais été intéressés par cette question, ont été convaincus par les arguments pro-choix au cours des deux dernières années qui ont suivies les mobilisations et ont été surpris de découvrir que leurs députés ne l’étaient pas.
Le comité « Ratujmy Kobiety » et ses partisans avaient passé des mois à recueillir suffisamment de signatures pour que le projet de loi proposant l’avortement sur demande soit discuté au Parlement, pour que leurs efforts soient aussitôt supprimés par la soi-disant opposition. Cela fut perçu comme une trahison par la couche du mouvement qui avait encore des illusions dans ces partis.
Dans toute la Pologne cette année, il y a eu des actions organisées par le parti de gauche « Razem » (Ensemble) et des manifestations appelées par « Strajk Kobiet ». Dans leurs discours à Cracovie, « Strajk Kobiet » (les organisateurs de la grève des femmes) a qualifié de “traîtres” les députés libéraux qui ont voté contre le droit à l’avortement, et a remercié ceux qui ont voté pour le projet de loi, appelant à voter pour les candidats pro-choix de n’importe quel parti lors des prochaines élections. Cela les a toutefois mis en décalage avec le mouvement, qui a appris à travers l’expérience la nécessité d’une indépendance par rapport aux partis capitalistes établis.
Nouvelles mobilisations
En contrepartie, la proposition d’interdire l’avortement en cas de malformation fœtale (la seule exception possible en Pologne) a été examinée par le comité parlementaire de la « politique sociale et de la famille ». Après l’échec de la précédente tentative de criminaliser l’avortement, la nouvelle initiative des fondamentalistes catholiques a été traitée avec prudence par le parti au pouvoir.
Malgré tout, en Janvier 2018 la menace de ce projet de loi a été soudainement mise en œuvre par le PiS. Le projet a été adopté dans l’attente de nouvelles procédures parlementaires. Cependant, la date exacte à laquelle le projet de loi pourrait être discuté de nouveau n’a pas été donnée. La commission parlementaire de la justice et des droits de l’homme n’a pas inscrit le projet de loi sur l’interdiction de l’avortement à son ordre du jour de janvier à juin.
Mais tout cela a changé après que l’épiscopat (la Conférence des évêques) ait demandé au gouvernement d’accélérer le projet d’interdiction de l’avortement. Les députés se sont mobilisés sous le fouet de l’Église catholique et, le 19 mars, ils ont adopté le projet de loi en commission, après une parodie de débat. Les étapes suivantes, à savoir l’approbation du projet de loi par la commission des affaires sociales, puis un deuxième vote au Parlement prévu pour le 23 mars, se sont déroulées en moins d’une semaine, ce qui a laissé très peu de temps au mouvement femmes pour se mobiliser.
Malgré cela, une manifestation nationale a été organisée à Varsovie pour le jour du vote (qui, au moment de la manifestation, a été reporté au mois d’avril). Des milliers de personnes de Varsovie et d’autres de toute la Pologne ont répondu à l’appel et ont envahies les rues. Selon l’estimation la plus courante, 55 000 personnes ont défilé à Varsovie ce jour-là – un chiffre supérieur à celui de la première grève des femmes en 2016. Ce taux de participation montre la colère existante et la perspective de résistance, surtout si l’on considère que la manifestation a eu lieu un jour de travail, avec un préavis très court. Alors que la manifestation nationale était la priorité, des milliers de personnes qui n’ont pas pu se joindre à la capitale ont protesté dans d’autres villes. Notamment 8 à 10 milles personnes ont manifesté à Cracovie, quelques milliers ont marché à Katowice, Wroc?aw, Pozna?, ?ód?, et Gda?sk. De petits piquets de grève ont eu lieu dans des douzaines de villes à travers la Pologne.
Alors que la manifestation à Varsovie marchait du Sejm jusqu’au siège du parti au pouvoir, des slogans ont été chantés contre l’interdiction, contre l’ingérence de l’Église catholique, pour le choix et pour des soins de santé décents pour les femmes. Des slogans antigouvernementaux plus radicaux ont également pu être entendus.
Le Rôle de la droite
Le gouvernement actuel est ouvertement anti-femmes et réactionnaire. Cependant, les idées qui criminalisent ou interdisent totalement l’avortement ne prédominent pas dans la société polonaise ; même la base électorale du parti au pouvoir ne soutient pas l’interdiction. Après le mouvement de 2016, le PiS a commencé à se pencher plus attentivement sur la question, essayant même de donner l’impression qu’ils étaient ouverts à la discussion sur la libéralisation. Cependant, le vrai visage du gouvernement a été montré une fois que le groupe de pression le plus puissant de la réaction – l’Église catholique – s’est exprimé sur la question. Le PiS s’est rapidement remis dans les rangs. Cela a soulevé une grande colère : comment un corps non élu d’hommes âgés (l’épiscopat) pourrait-il avoir plus de poids pour décider des droits reproductifs des femmes que les femmes elles-mêmes ? C’est pourquoi, dans de nombreux endroits, les manifestations ciblaient les curies locales (administrations) de l’Église catholique.
Face à ces manifestations, le parti au pouvoir a d’abord tenté de discréditer les manifestations en prétendant qu’elles n’étaient “qu’un simple piquet de grève”. La télévision d’Etat est allée jusqu’à présenter les protestations comme des “féministes réclamant le droit de tuer des enfants”. Au fur et à mesure que les protestations se sont déroulées, certains politiciens du PiS ont commencé à assouplir leur position. Un eurodéputé PiS a donné l’impression dans une interview que le PiS ne s’opposerait pas de front au “compromis sur l’avortement” mais laisserait plutôt la Cour constitutionnelle décider. Étant donné que cet organisme est également contrôlé par le PiS, sa décision pourrait aller dans un sens ou dans l’autre.
Quelle est la prochaine étape ?
Le taux de participation et la réaction rapide et massive à l’attaque montrent la colère et l’énergie sous-jacente de la résistance contre la réaction. Depuis, le travail sur le projet de loi a été stoppé et, étant donné le bilan de ce gouvernement, il est probable qu’il y ait encore une tentative d’accepter le projet de loi du jour au lendemain pour surprendre le mouvement ou bien de le faire sortir plus tard pour fatiguer le mouvement.
Les dirigeantes de la ” Grève des femmes ” ont annoncé que si le projet de loi était adopté dans la chambre basse du parlement, elles protesteraient devant le Sénat et organiseraient un mouvement massif, cette fois au niveau local. « Alternatywa Socjalistyczna », la section-sœur polonaise du PSL déclare qu’il est important de construire le mouvement pour donner aux masses l’espoir d’une lutte victorieuse.
Répéter la même méthode de démonstration à chaque nouvelle attaque sans aucune préparation ou construction entre les deux peut décourager et épuiser les participants. Le mouvement de masse devrait essayer de développer une structure démocratique – comme les comités d’action basés dans les écoles, les lieux de travail et les communautés – qui pourrait discuter et prendre des décisions sur les prochaines étapes, permettant plus d’espace pour une action plus directe, la désobéissance civile, etc. Nous pensons également que la lutte des femmes pour le choix est une question de classe qui devrait être abordée avec les syndicats, ce qui pourrait aider à transformer la « grève des femmes », largement symbolique, en une véritable action de grève.
L’arrêt de l’attaque actuelle ne résoudra pas les problèmes auxquels sont confrontées les femmes polonaises en matière de droits reproductifs, en particulier ceux des femmes et des étudiantes de la classe ouvrière. Quel que soit le résultat de cette bataille, le groupe de pression fondamentaliste reviendra avec d’autres attaques – comme l’interdiction totale de l’avortement, la restriction de la contraception, etc. Des problèmes sous-jacents comme les lois restrictives sur l’avortement (un soi-disant compromis), un système de santé peu fiable, le manque d’éducation sexuelle et l’insuffisance des infrastructures de garde d’enfants doivent encore être combattus dans le cadre d’un programme socialiste de droits reproductifs complets et de services publics appropriés.
Nos revendications :
- Construisons un mouvement démocratique ! Pour la création de comités démocratiques au niveau local, municipal et national
- Pas de compromis ! Pour la libéralisation du droit – pour des avortements légaux, sûrs et gratuits sur demande
- Des soins de santé gratuits et de bonne qualité – à bas les médecins qui se cachent derrière leur “conscience” !
- Accès complet à la contraception gratuite
- Remplacer la religion à l’école par l’éducation sexuelle obligatoire
- Traitement de FIV (Fertilisation In Vitro) gratuit pour toutes celles qui en ont besoin
- Une place garantie pour chaque enfant dans les crèches et les écoles maternelles gratuites de l’État
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Droit à l’avortement au Portugal : un « bon » modèle ?

ROSA “Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité”, une campagne lancée par nos camarades de Socialismo Revolucionario, la section portugaise du Comité pour une Internationale Ouvrière. Alors qu’auparavant les Portugaises pratiquant un IVG étaient passibles de trois ans d’emprisonnement, depuis le référendum de 2007 au Portugal, l’avortement était devenu légal et gratuit : jusque 10 semaines sur demande. A l’époque, 59,24% des Portugais avaient approuvé la proposition, un engagement électoral du Parti socialiste au pouvoir et son Premier ministre, José Sócrates.
Par Brune, Bruxelles
Lors du référendum, seulement 43,61 % des électeurs inscrits s’étaient rendus aux urnes. Comme l’abstention était supérieure à 50%, selon la Constitution portugaise, ces résultats n’étaient pas « juridiquement » contraignants et le Parlement pouvait légalement décider de les ignorer. Sócrates avait néanmoins confirmé qu’il élargirait les circonstances dans lesquelles l’avortement était autorisé. Cette décision ne venait pas de nulle part : le contexte social, la crise économique de la même année et les nombreuses mobilisations et la campagne pour le « Oui » ont poussé les sociaux-démocrates de « gauche » à légiférer.
Depuis 11 ans d’existence, ce droit a été souvent menacé, et depuis 2015 le vote d’un projet de loi par le Parlement restreint le droit à l’avortement au Portugal ; les femmes devaient désormais payer les frais d’opération et se soumettre à un examen psychologique avant d’avorter.
Parmi les examens en question, l’obligation également de se rendre au Planning familial avant l’interruption de grossesse. Par ailleurs, lors du premier rendez-vous pour l’IVG, les femmes se verraient détailler clairement, par écrit et à l’oral, les allocations auxquelles elles auraient droit dans le cas où elles décideraient d’aller au bout de leur grossesse ! Cela reflète les limites du mouvement de 2007 : alors que la campagne pour le « Oui » a vu de nombreuses jeunes femmes se mobiliser, le mouvement a atterri une fois le vote obtenu.
Malgré cette attaque sur le droit à l’avortement, une militante de notre section-sœur au Portugal (Socialismo Revolucionario) nous fait part lors de la semaine de discussions de l’école d’été du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) notamment sur la victoire du « Oui » en Irlande, de ce qui semble être contradictoire à la légalisation de l’avortement : il existe depuis quelques années une décroissance des avortements au Portugal. Beaucoup prennent aujourd’hui chez leur médecin la pilule abortive, celle-là même qui a joué un rôle décisif dans la législation des 12 semaines en Irlande.
D’un autre côté, malgré l’existence des 10 semaines, beaucoup de femmes migrantes n’y ont pas accès, de par leur précarité. La gratuité ne concerne en réalité que les femmes « portugaises ». 10 semaines est aussi relativement bas en comparaison avec les Pays Bas ou l’Angleterre qui proposent respectivement 22 et 24 semaines sur demande. Cela entraine une « fuite » des femmes portugaises qui se rendent en Espagne pour se faire avorter une fois les 10 semaines passées. Cela concerne surtout les plus aisées d’entre elles, qui peuvent se permettre de voyager.
Le problème de l’austérité se pose également, avec les coupes budgétaires beaucoup d’hôpitaux ou services de natalité ferment, ce qui restreint –surtout dans les zones rurales- l’accès à l’avortement. Notre approche « pro-choix» est plus que jamais importante dans la lutte pour les droits reproductifs et les droits des femmes en général : la précarité s’aggravant ; beaucoup de familles au Portugal et ailleurs se voient dans l’impossibilité d’avoir des enfants, les coûts étant trop élevés. L’absence de crèches, des services de mauvaise qualité, ne font qu’aggraver la situation. C’est pour cela qu’il est important de rappeler que le mot « choix » signifie non pas que l’accès à l’avortement mais aussi l’accès à des conditions de vie dignes afin de ne pas être contraint à avorter.
Aujourd’hui, des conditions de vie « dignes » ne sont pas à l’agenda des gouvernements, même celui de « gauche » du Portugal.
C’est pourquoi il est essentiel de faire le lien entre la lutte contre l’austérité (et pour des services publics gratuits et de qualité) à la lutte contre ce système. Les droits des femmes au Portugal ne sont pas plus assurés qu’ailleurs ; si le mouvement qui a vu le « oui » l’emporter en 2007, comme celui qui a fait du référendum de 2018 une victoire historique en Irlande ne continue pas sur sa lancée, les capitalistes et leurs alliés politiciens vont reprendre ces droits fondamentaux durement obtenus.Le droit à l’avortement en est un, et son interdiction est une expression de l’oppression des femmes sous le capitalisme, parce que celles-ci ne peuvent pas faire de choix sur leur propre corps. La lutte contre le sexisme doit être liée à la lutte contre le système qui produit cette même oppression : le capitalisme. C’est pourquoi ROSA en Belgique, en Irlande et récemment au Portugal défendent un féminisme socialiste, pour en finir définitivement avec la racine de toutes les oppressions, le système capitaliste.
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Nomination du juge Kavanaugh aux USA : le droit à l’avortement gravement menacé
Depuis la victoire de Trump aux élections présidentielles de 2016, les attaques sur les droits des femmes sont constantes ; surtout dans les états dits « républicains ». Mais des centaines de restrictions ont déjà été passées concernant les droits reproductifs par les gouvernements des différents États au cours des cinq dernières années. Dans de nombreux États, l’avortement est de plus en plus inaccessible, en particulier pour les femmes pauvres.Socialist Alternative
La crise économique et sociale aux Etats-Unis ne fait que s’aggraver et cette attaque idéologique sur les femmes est la réflexion d’une grande instabilité. Cela a été notamment discuté lors de l’école d’été du CIO de cette année (une semaine de discussions intenses de membres des sections sœurs du PSL dans divers pays) ; lors de la commission sur le droit à l’avortement en Irlande et ailleurs.
Le départ à la retraite du juge de la Cour suprême Anthony Kennedy donne à Trump et aux républicains une occasion en or d’atteindre un objectif de longue date : consolider le contrôle conservateur de la Cour, et si possible, en finir avec Roe V. Wade (décision rendue en 1973 par la Cour suprême des États-Unis sur l’accès à l’avortement).
Pour être clair, Kennedy s’est toujours rangé du côté de la droite, y compris ces dernières semaines, en attaquant les droits des travailleurs, le droit de vote et même en restreignant les droits à l’avortement. Mais il a aussi été central dans la décision favorable sur le mariage égalitaire ; et il y avait des limites à ce qu’il pouvait faire pour s’attaquer aux droits des femmes. Le candidat de Trump, Brett Kavanaugh, a été choisi précisément parce qu’il est clair qu’il peut compter sur lui pour défendre encore plus systématiquement les intérêts des entreprises et s’attaquer aux droits des femmes, des LGBTQI+, des travailleurs, des immigrants et des Noirs.µ
Si Kavanaugh est nommé à la Cour suprême, l’atteinte aux droits en matière de procréation s’intensifiera. Dans le cadre de l’alliance de Trump avec la droite chrétienne, il a l’intention de nommer des juges qui auraient pour but de renverser Roe v. Wade. Cette décision de la Cour suprême, qui a légalisé l’avortement dans les 50 États, a constitué un gain décisif du mouvement de masse des femmes des années 60 et 70.µ
Un nouveau sondage Quinnipiac montre que 63% des Américains veulent garder Roe v. Wade alors que seulement 31% veulent le supprimer.µ
Aujourd’hui, un nouveau mouvement des femmes est en train de naître aux États-Unis et dans le monde entier, qui cherche à éliminer tous les obstacles structurels à l’égalité des femmes. Aux États-Unis, nous avons vu les marches historiques des femmes en 2017 et 2018, déclenchées par la misogynie de Trump et la révolte #MeToo contre les agressions sexuelles et le harcèlement.
L’expérience récente du mouvement victorieux pour abroger des lois anti-avortement en Irlande et en Argentine démontre le type de pression qu’il faut exercer sur l’establishment politique pour obtenir des gains réels. Cela montre aussi la nécessité d’un mouvement radical de femmes qui est politiquement indépendant de l’establishment et centré sur les intérêts des femmes de la classe des travailleurs.
Alors que les républicains ont été le fer de lance des attaques, l’approche défensive des démocrates en matière de droits reproductifs n’a pas réussi à endiguer l’assaut qui dure depuis des décennies. La tâche de notre section sœur aux USA (Socialist Alternative) n’est pas seulement de défendre Roe V. Wade, mais aussi de regagner le terrain qui a été perdu et de lutter pour étendre les droits en matière de reproduction.À quoi ressemble la résistance ?
Les dirigeants du Parti démocrate disent qu’ils résisteront à la nomination de Kavanaugh. Mais il n’est même pas clair que tous les sénateurs démocrates voteront contre lui. Les dirigeants démocrates ont très peur d’une lutte sociale sérieuse qui va à l’encontre des intérêts de leurs bailleurs de fonds. Mais c’est exactement ce qu’il faut pour lutter contre cette nomination et contre toute menace de renverser Roe V. Wade ou d’autres attaques réactionnaires de la Cour suprême.
Malheureusement, les démocrates n’ont que peu d’expérience en matière de défense des personnes confrontées aux attaques brutales des républicains. Cette année encore, ils ont vendu les « Dreamers » qui risquent d’être expulsés si le programme DACA prend fin (Deferred Action for Childhood Arrivals est une sorte d’accompagnement administratif dont le but est de protéger les jeunes immigrants admissibles qui sont venus aux États-Unis lorsqu’ils étaient enfants contre l’expulsion et de leur fournir des permis de travail).
Une blessure à l’un(e) est une blessure à tous et toutes ! Des mobilisations de masse de toutes les couches de la population (en réalité la grande majorité) qui sont dans la ligne de mire de cette cabale réactionnaire sont nécessaires ! La construction d’un mouvement de masse soutenu de tous les opprimés souligne la nécessité d’une nouvelle société basée sur la fin de la domination des entreprises, une société socialiste démocratique.
Les revendications de Socialist Alternative :
- Manifestations massives pour s’opposer à Kavanaugh et à la menace qui pèse sur Roe v. Wade ;
- Défendre et étendre les droits reproductifs ;
- L’assurance-maladie pour tous ;
- Pour un salaire minimum fédéral de 15 $ ;
- Taxer les riches pour construire des logements abordables et inverser les coupes dans l’éducation et les services sociaux ;
- Inverser toutes les mesures antisyndicales ;
- Construire un nouveau parti politique qui représente les intérêts des travailleurs et de tous les opprimés.