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Argentine. Le Sénat vote contre la dépénalisation de l’avortement : le combat continue
« Éducation sexuelle pour décider, contraceptifs pour ne pas avorter, avortement légal pour ne pas mourir » : voici le cri de millions de femmes qui se mobilisent depuis des mois dans les rues d’Argentine. Cette marée verte très combative exige que « survivre à un avortement ne soit pas un privilège de classe », ce que le Sénat argentin a refusé ce 9 août 2018.Par Célia (Bruxelles)
En effet, alors que la Chambre des députés l’avaient approuvé en juin dernier, seuls 31 sénateurs contre 38(1), ont voté pour la légalisation de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG).
L’avortement n’est complètement légal que dans 3 pays d’Amérique latine, Cuba, Guyane et Uruguay, ainsi que dans la ville de Mexico City et dans le département de la Guyane française.
En Argentine, depuis 1921, l’avortement n’est permis qu’en cas de viol et de danger pour la vie de la mère ; et même dans ces deux cas, le médecin peut refuser de vous traiter. Les risques que courent les femmes qui avortent clandestinement sont nombreux, 135 femmes internent des hôpitaux publics chaque jour pour des complications suites aux avortements clandestins, elles risquent également jusqu’à 4 ans de prisons. Et, selon Amnesty International, 3000 femmes seraient mortes dans les 25 dernières années de ces avortements clandestins(2).
L’Argentine est gouvernée par Mauricio Macri depuis décembre 2015. Macri est membre du parti Propuesta Republicana(3), parti de droite conservatrice qui fait partie de la coalition Cambiemos(4). Celle-ci représente la majorité des voix contre l’avortement au Sénat. Macri rêvait, au début de son mandat, de faire de l’Argentine, le « supermarché du monde »(5), cette politique économique de recherche d’investisseurs n’a permis que l’inflation et l’augmentation du nombre de pauvres. Le président a déjà du faire face à 3 grèves générales. En septembre 2016, il y avait déjà 1,4 millions de nouveaux pauvres alors que Macri n’était au pouvoir que depuis 10 mois. La pauvreté touche à présent 13 millions d’Argentins sur une population de 44 millions, soit 32,9 % de la population. C’est le 25 juin dernier, qu’a eu lieu la plus grande grève générale des trois qu’a connu ce gouvernement et qui a paralysé tout le pays.
La situation des femmes ne s’améliore pas dans cette Argentine qui est en pleine crise économique. Et c’est dans ce contexte économique, également depuis 2015, qu’est né « Ni Una Menos »(6), ce collectif qui a mobilisé des milliers de femmes pour lutter contre le sexisme et qui s’est répandu dans de nombreux pays d’Amérique latine depuis. Les femmes argentines (ainsi que les chiliennes depuis avril dernier), étudiantes et travailleuses, se mobilisent depuis des mois pour exiger au gouvernement Macri la fin de l’éducation sexiste et le droit à l’avortement légal et gratuit pour toutes. Dans le pays du pape François 1er, l’Eglise a un impact énorme et les femmes refusent de n’être que des objets reproductifs. Elles exigent de pouvoir avoir accès à une éducation non sexiste, à une santé gratuite, à pouvoir disposer de leur corps comme elles le désirent, à pouvoir décider quand elles veulent avoir des enfants grâce à des contraceptifs gratuits et à pouvoir avorter en toute sécurité sans risquer de mourir ou d’être blessé.
Seule la lutte permettra aux femmes d’obtenir ces droits et de lutter contre le capitalisme qui engendre le sexisme qu’elles vivent au quotidien, sur leurs lieux de travail et dans leurs universités et écoles. Les Argentines ont montré une capacité à se mobiliser de manière incroyable. Ces mobilisations ont fait également écho dans le monde entier puisqu’il y a eu des actions dans une centaine de pays le mercredi 8 août. Le vote négatif du Sénat n’arrêtera pas cette lutte et cela a déjà été démontré par les manifestantes qui se sont directement mobilisées après le vote. Et ce, malgré l’extrême violence qu’elles subissent de la part des « pro-vies » qui les insultent et les frappent depuis des mois.
Dans le cadre du capitalisme, seule la lutte révolutionnaire permettra de garantir des vrais droits et afin de les gagner sur le long terme sans devoir sans cesse avoir peur de les perdre, il faudra casser avec ce système et construire une société réellement égalitaire et sans classe sociale. -
Après la victoire du “oui” en Irlande, un référendum sur l’avortement en Irlande du Nord ?

Après la victoire du “oui” en Irlande du Sud, les activistes pro-choix de ROSA en Irlande du Nord défendent l’abrogation de l’interdiction de l’avortement. L’Ecole d’été du Comité pour une Internationale, qui a eu lieu la semaine dernière à Barcelone pour la deuxième année consécutive, rassemble lors d’une semaine de discussions intenses des marxistes du monde entier, des membres des sections sœurs du PSL dans divers pays. Sur les événements politiques de l’année passée, mais aussi sur les perspectives mondiales à venir, les discussions permettent d’échanger les expériences et de comprendre comment la lutte s’organise.
Par Brune (Bruxelles)
L’une des nombreuses commissions organisées durant cette semaine portait sur la lutte pour le droit à l’avortement en Irlande du Sud ; et comment la section sœur du PSL, le Socialist Party en Irlande – et son organisation féministe socialiste ROSA – ont organisée la plateforme pour le « Oui », contre le 8ème amendement à la Constitution qui, depuis des décennies, empêchait les Irlandaises d’avoir accès à un droit fondamental, celui de faire leurs propres choix sur leurs corps.
Laura Fitzgerald est revenue sur divers détails qui ont permis de faire tourner la roue de l’Histoire du bon côté, comme l’organisation d’actions par ROSA (Train et Bus pour la pilule abortive) depuis des années pour conscientiser sur la non-dangerosité de la pilule ; mais aussi l’organisation de stands et le placardage par milliers avec l’image de Savita (une jeune femme décédée des suites d’une fausse couche qui aurait pu être résolue si l’avortement avait été légal), et qui rappelait à quel point le 8ème amendement avait un impact direct et dangereux sur les femmes et leur corps.
Après la victoire du référendum historique en Irlande du sud, avec une participation tout aussi historique, la pression exercée sur l’establishment est telle que des événements importants pour donner aux femmes et aux femmes enceintes en Irlande du Nord le droit de choisir ont assez vite pris place.
La Cour suprême (du Royaume-Uni) a dû reconnaître que le déni du droit à l’avortement dans les cas d’anomalies fœtales mortelles et de viols est une violation des droits de l’homme. La Chambre des communes (Chambre basse du Parlement du Royaume-Uni) a tenu un débat d’urgence sur la question du déni du droit à l’avortement en Irlande du Nord – cinquante ans après que le droit de choisir a été conquis en Grande-Bretagne, ce n’est que maintenant qu’il est considéré comme une urgence !
Il est important de noter que les députés ont également déposé des amendements au projet de loi sur la violence domestique –ce qui décriminaliserait l’avortement dans tout le Royaume-Uni en abrogeant les articles 58 et 59 de la loi sur les infractions contre la personne. Ce projet de loi prévoit actuellement une peine d’emprisonnement à vie pour avoir subi un avortement en dehors des exemptions légales ou jusqu’à cinq ans pour avoir aidé quelqu’un à le faire. Même d’éminents conservateurs ont été forcés d’appuyer ce changement proposé.
Les partis locaux sous pression
Les partis locaux ressentent également la pression. Le DUP (Parti unioniste démocrate) n’a aucune raison de prétendre parler au nom du peuple d’Irlande du Nord ou même de ses propres électeurs sur cette question. Par exemple, Sammy Wilson – qui a prononcé un discours vicieux à la Chambre des communes où il a clairement montré sa haine et son mépris pour les femmes qui ont subi un avortement – est le député d’une circonscription où 73 % des électeurs appuient l’accès sans restriction à l’avortement jusqu’à 12 semaines de grossesse ! Il y a quelques mois seulement, Michelle O’Neill disait que le Sinn Féin “n’est pas en faveur de l’avortement”. Maintenant, elle prétend être la championne de la question.
Le Sinn Féin n’a pas dirigé le changement, mais a été entraîné dans le sillage du mouvement. En juin, le parti a tenu une conférence qui a soutenu l’accès sans restriction à l’avortement jusqu’à 12 semaines. Cependant, en décembre, les députés du Sinn Féin ont refusé d’appuyer cette proposition au comité parlementaire du Sud chargé d’examiner la question, adoptant une position plus conservatrice que les représentants des principaux partis de l’establishment. Le Sinn Féin reste opposé à ce que Westminster légifère pour l’accès à l’avortement ici, insistant sur le fait que c’est un problème pour Stormont (Parlement d’Irlande du Nord)- en d’autres termes, les femmes et les femmes enceintes doivent continuer d’attendre le changement. En ce qui concerne le mariage homosexuel, Sinn Féin a demandé à Westminster de légiférer pour l’égalité en Irlande du Nord. Alors pourquoi cette différence ???
Une récente conférence du SDLP (Parti social-démocrate et travailliste) a réaffirmé sa position “pro-vie”, mais a accordé à ses représentants élus le droit de voter avec leur conscience sur la question. L’UUP (Parti unioniste d’Ulster) et l’Alliance ont une position similaire. Ce n’est pas suffisant – la seule personne qui devrait avoir le choix sur la question de l’avortement est la personne enceinte elle-même. Le mouvement pro-choix ne peut pas faire confiance aux politiciens qui, depuis des décennies, refusent de faire confiance aux femmes.
Mouvement de masse : la clé du changement
Dans la foulée du référendum en Irlande du Sud, notre réponse doit être d’intensifier notre campagne. C’est pourquoi ROSA et Women on Web ont organisé le Bus4Choice qui a défié la loi, avec des activistes prenant des pilules abortives pour souligner leur disponibilité et démontrer leur sécurité. Parallèlement à un mouvement de masse comprenant des protestations et des grèves, cette désobéissance civile a joué un rôle clé dans le déplacement du débat sur le droit à l’avortement dans le Sud.
Les militants pro-choix et les syndicalistes doivent s’organiser pour mobiliser le plus grand nombre possible de personnes dans la rue avant tout vote sur la dépénalisation. Il est essentiel de rechercher également la solidarité du mouvement syndical au Royaume-Uni. Les politiciens ne devraient pas douter que, si les droits en Irlande du Nord continuent d’être bafoués, ils seront confrontés à une campagne de désobéissance civile qui rendra la loi inapplicable.
Aujourd’hui, malgré la division qui existe encore parmi la classe ouvrière de l’Irlande du Nord et du Sud, entre catholiques et protestants, la lutte pour l’avortement peut également permettre de faire le pont entre les deux ; puisqu’il y a un intérêt commun certain entre ceux-ci, celui de se battre pour un droit fondamental. La dépénalisation en Irlande du Sud donne déjà aujourd’hui une impulsion à la lutte en Irlande du Nord. Il n’est pas du tout exclu que des mouvements de soutien provenant de l’Irlande du Sud comme en Angleterre viennent mettre davantage de pression sur l’establishment.
Durant la discussion de notre école d’été du CIO, le syndicat le plus important en Irlande, ICTU, a été cité ; nos camarades irlandais appellent celui-ci, avec l’aide de la base du syndicat qui peut faire pression comme le fait le référendum aujourd’hui sur les politiciens au Royaume-Uni, à prendre position sur le droit à l’avortement en Irlande du Nord afin de stimuler les mobilisations de masse pour ce droit fondamental encore aujourd’hui bafoué pour les femmes d’Irlande du Nord, et plus particulièrement les femmes de la classe ouvrière.
Le Socialist Party (parti-frère du PSL) soutient la dépénalisation complète de l’avortement, mais nous devons aller plus loin et construire des mobilisations de masse un peu partout pour garantir que les avortements deviennent gratuits, sûrs, légaux et accessibles ici en Irlande du Nord.
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Comment le référendum irlandais sur l’avortement a été gagné : ‘‘Ce n’était pas une révolution silencieuse’’

Ruth Coppinger Le 25 mai dernier, le référendum irlandais sur la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse s’est conclu par un résultat historique : 66% des participants ont voté en faveur de l’abolition de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement. Le Premier ministre Varadkar a parlé d’une ‘‘révolution silencieuse’’. Ce faisant, il désirait laisser entendre que ce changement s’était produit sans lutte sociale. C’est que le Premier ministre n’aime pas trop les manifestations et les conflits sociaux… Notre camarade Ruth Coppinger, députée de Solidarity, a réagi : ‘‘La réalité, cependant, c’est que le mouvement contre l’interdiction de l’avortement faisait activement campagne depuis des années, en luttant contre un parlement conservateur et des médias hostiles.’’
Par Sander (Termonde)
L’atmosphère a sans aucun doute changé au cours des 20 dernières années. Mais l’establishment irlandais était particulièrement réticent à abandonner ses liens historiques avec l’Eglise catholique. Cela ne s’est fait que lorsqu’il n’était tout simplement plus possible de continuer. L’ancien establishment catholique conservateur a été durement frappé par les efforts de milliers d’activistes qui avaient tourné le dos au lobbying en constatant que cela était insuffisant. Cette campagne de terrain a duré des années et a conduit au résultat phénoménal du référendum. Parmi les jeunes de moins de 25 ans, 87% ont voté en faveur de l’avortement et, parmi les femmes de moins de 25 ans, 90% ont voté ‘‘OUI’’. La participation des jeunes femmes a quasiment doublé par rapport aux élections législatives de 2016.
Un vent nouveau souffle sur l’Irlande : celui de l’action collective pour s’attaquer aux problèmes sociaux. Des dizaines de milliers de personnes, pour la plupart des jeunes et des femmes, se sont activement impliquées dans la campagne depuis la mort de Savita Halappanavar en 2012, une jeune femme décédée après qu’un avortement lui soit refusé alors que cela aurait pu sauver sa vie. Depuis ce moment, les groupes d’action et les manifestations se sont succédé. Ruth Coppinger, membre de notre parti-frère irlandais explique : ‘‘Le mouvement n’était pas silencieux, mais la plupart des politiciens faisaient la sourde oreille’’.
L’establishment et les médias établis tentent maintenant de réécrire le cours de l’histoire par crainte que les gens en tirent confiance en eux et réalisent qu’ils peuvent se battre de la même manière sur d’autres sujets. Ils ignorent également les diverses propositions législatives soumises dans le passé par, entre autres, Solidarity, le groupement plus large dans lequel est actif notre parti-frère le Socialist Party qui compte trois députés (Ruth Coppinger, Paul Murphy et Mick Barry). Lorsque la pression est devenue trop forte, l’establishment a tenté de canaliser la discussion avec la mise sur pied d’une Assemblée citoyenne. Mais, sous la pression du mouvement, cette dernière a recommandé de reconnaître l’avortement sur demande jusqu’à 12 semaines. L’organisation d’un référendum était devenue inévitable.
Le thème des pilules abortives a constitué un élément important de la campagne. La campagne féministe-socialiste ROSA, lancée en 2014, a organisé des actions pour populariser l’usage des pilules abortives. Ces dernières étaient peut-être illégales, mais elles sont vite devenues courantes. ROSA s’est rendu en Irlande du Nord en train pour y acheter ces pilules et ensuite les distribuer dans toute la République d’Irlande pendant des manifestations de désobéissance civile. La diffusion des pilules abortives a triplé et a eu un effet décisif.
Le droit à l’avortement a bénéficié d’un soutien croissant. Des dizaines de milliers de personnes sont devenues des activistes et ont popularisé le sujet, y compris par le biais de l’art et de la culture. Ruth Coppinger commente : ‘‘Les médecins et les politiciens des partis établis ont dominé les débats officiels, mais la victoire a été obtenue grâce à la participation active de dizaines de milliers de personnes. C’était un mouvement social et politique à part entière.’’
Enfin, la députée explique : ‘‘En prétendant que tout a été obtenu dans le calme, l’establishment veut balayer la leçon-clé : les manifestations, l’approche combative et l’implication de la base peuvent arracher des résultats. Ces méthodes peuvent également être appliquées contre d’autres formes de discriminations et d’inégalités. Cela peut concerner des revendications telles que la séparation complète de l’Église et de l’État dans l’enseignement, les soins de santé et d’autres domaines, la fin de cette culture sexiste où les femmes gagnent moins que les hommes et sont présentées comme des objets sexuels, de même que la fin d’un système économique où une élite richissime contrôle la richesse et le pouvoir politique.’’
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Avortement. Le gouvernement vend le statu quo comme un progrès
La mobilisation est cruciale pour que l’avortement devienne un réel droit !
Après avoir tout d’abord donné l’impression que le gouvernement allait remettre au prochain gouvernement de prendre une décision, Michel a sorti un lapin blanc de son chapeau. Exemple typique du « compromis à la belge » : l’avortement jusqu’à 12 semaines est retiré du code pénal, mais il reste un délit si des conditions très restrictives ne sont pas remplies. Cela illustre singulièrement les limites du lobbying sans construction d’un rapport de force en dehors du parlement. Si le mouvement pro-choix en Irlande s’en était tenu à une telle approche, sa récente victoire aurait été impossible. Après tout, ce n’était pas une “révolution silencieuse”, mais bien une mobilisation de masse très bruyante qui a duré des années !Réaction d’Anja Deschoemacker du site de la Campagne ROSA
Qu’est-ce qui changera si la proposition des partis au pouvoir est approuvée ?
Actuellement, quiconque avorte ou aide à avorter est punissable, à moins qu’un certain nombre de conditions ne soient remplies. Les femmes doivent être dans une situation d’urgence, mais ce sont les femmes elles-mêmes qui interprètent cela. L’avortement peut être pratiqué au plus tard après 12 semaines de grossesse, ce qui comprend la semaine obligatoire de “délai de réflexion”. Après 12 semaines, l’avortement n’est possible que si la poursuite de la grossesse présente un danger grave pour la vie de la femme ou s’il est établi que l’enfant souffre d’une maladie incurable.
Aujourd’hui, l’avortement devient un droit plutôt qu’un crime si ces conditions sont remplies. Les conditions elles-mêmes restent inchangées. Les centaines de femmes belges qui doivent se rendre à l’étranger chaque année parce qu’elles se sont rendus compte trop tard de leur grossesse indésirée devront continuer à le faire. Et elles restent condamnables !
Le délai de réflexion obligatoire est maintenu, mais il serait possible de l’ajouter aux 12 semaines. Comme si les femmes étaient de petits enfants incapables de penser par elles-mêmes avant de demander qu’un avortement soit pratiqué !
De plus, les médecins qui refusent de pratiquer un avorter devront désormais réorienter les femmes vers d’autres médecins. Là aussi, la réalité de la pratique est simplement établie aujourd’hui et transposée en droit.
Tout cela est également lié à un accord sur la reconnaissance des enfants mort-nés, que le CD&V et la N-VA ont mis sur table pour accepter de dépénaliser l’avortement. A quel point peut-on être cynique ? Le droit de chaque femme de décider sur son propre corps – et oui, un fœtus fait partie du corps de la femme jusqu’à la naissance, puisqu’il ne dispose pas de moyens de subsistance indépendants – est opposé au droit de faire officiellement son deuil dans le cas d’un enfant mort-né. Comme si la reconnaissance de l’un rendrait la reconnaissance de l’autre impossible.
Pourquoi cette proposition arrive-t-elle maintenant ?
Il s’agit d’une tentative cynique de rendre impossible tout progrès réel. Selon le quotidien flamand De Standaard, les parlementaires des partis au pouvoir favorables à un changement beaucoup plus important auraient eu difficile à tout simplement rejeter la proposition des partis d’opposition. Ils peuvent maintenant le faire en toute tranquillité pour ensuite approuver la proposition du gouvernement et ses progrès purement symboliques et extrêmement limités – la seule chose que le CD&V et le N-VA permettent. On évite de cette manière qu’une majorité parlementaire alternative ne se dégage en faveur d’une proposition plus ambitieuse.
La proposition des partis d’opposition est cependant plus conforme aux témoignages des experts lors des auditions parlementaires. Pour la grande majorité des femmes souhaitant avorter, l’extension du délai légal à 18 semaines et la réduction du délai de réflexion à 48 heures représenteraient de grands pas en avant. Les experts appellent également à une véritable dépénalisation, qui doit inclure le retrait de toutes les sanctions. La proposition du gouvernement ne fait que reformuler d’une autre manière la situation qui prévaut aujourd’hui dans les faits.
Comment pouvons-nous empêcher que cela ne se reproduise ?
Les partis d’opposition (PS/SP.a, Ecolo/Groen, Défi, PTB/PVDA) qui ont soutenu l’avancée réelle susmentionnée ont été rejoints par des députés de l’Open VLD et du MR. Cependant, aucune de ces forces n’a livré une véritable bataille, le sujet est resté cloisonné aux sessions parlementaires.
On peut dire la même chose des grands partis irlandais et de la direction des organisations féministes bourgeoises – qui, là aussi, avaient limité leur action au lobbying. Sans l’existence de députés tels que Ruth Coppinger (Solidarity) et d’organisations telles que ROSA-Irlande – qui ont saisi chaque occasion de pousser le débat dans la rue et ont utilisé chaque tentative de limiter les avancées comme une opportunité pour une mobilisation de masse – l’Irlande n’aurait jamais fait un tel pas en avant.
Il va sans dire qu’en Belgique, la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) soutient les propositions législatives des partis d’opposition. Nous appelons ces partis et toutes les organisations féministes à faire pression pour imposer dès que possible un changement réel, dans le cadre d’une campagne de mobilisation ambitieuse avec un calendrier d’actions. Si tel est le cas, ROSA sera un allié très dynamique. C’est de cette manière que l’Irlande est allée de l’avant d’un grand bond en avant !
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ROSA se bat pour un véritable programme pro-choix, qui défend la possibilité de réellement prendre une décision en toute liberté, c’est-à-dire le droit de décider librement de procéder à un avortement, mais aussi celui de ne pas être poussée à avorter uniquement par nécessité financière.
- Les femmes doivent avoir le droit de décider sur leur propre corps : l’avortement doit être retiré du droit pénal !
- Pour des allocations familiales qui couvrent les coûts réels d’un enfant ! (1)
- Pour des contraceptifs gratuits et accessibles librement (dans les écoles et les universités par exemple) afin d’éviter les grossesses non désirées, y compris chez les mineures, les femmes les plus précarisées et les femmes sans papiers.
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Note
1. Selon l’association Gezinbond : « chaque enfant coûte en moyenne 492,15 euros par mois. Cela n’inclut pas les frais de garde d’enfants et l’enseignement. Cette moyenne est un montant purement théorique : les coûts réels d’un enfant varient considérablement en fonction de l’âge. Un enfant de moins de 5 ans coûte en moyenne environ 334 euros par mois, alors que les enfants de 18 à 24 ans vivant à la maison coûtent 634 euros. » Het Laatste Nieuws, 3 juillet 2018 -
[DOSSIER] Comment le OUI a-t-il remporté le référendum irlandais sur l’avortement ?

Le référendum sur la suppression de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement (le 8e Amendement) qui s’est tenu le 25 mai dernier a abouti à une éclatante victoire pour le camp du OUI. 66,4 % des participants au référendum se sont prononcés en faveur de son abolition contre 33,6 % dans le camp opposé, alors que le taux de participation était de plus de 64 %, soit le taux le plus élevé jamais enregistré pour un référendum en Irlande. Ce résultat est quasiment l’exact opposé de celui de 1983 qui a imposé l’interdiction de l’avortement. Mais, cette fois, près d’un million de personnes de plus y ont participé. Le gouvernement a déclaré avoir l’intention de légiférer pour permettre l’avortement jusqu’à 12 semaines sans conditions, conformément aux propositions de l’Assemblée citoyenne (mise en place en 2016 pour débattre de l’IVG, NDT). Cela ne peut être interprété que comme un puissant vote pro-choix.Les politiciens de l’establishment et les médias essaient désespérément de réécrire la véritable histoire de la lutte radicale qui a donné naissance à ce changement. Ce qu’ils redoutent par-dessus tout, c’est que la population en tire confiance et réalise qu’elle est capable d’organiser par elle-même de puissantes luttes de masse sur toutes les questions clés de société et même d’entrer en confrontation ouverte avec l’ensemble du système capitaliste lui-même, un système qui repose sur le principe de l’inégalité.

Ruth Coppinger prend la parole à un rassemblement au lendemain de la tenue du référendum. “Nous sommes rentrés dans l’Histoire!” Ruth Coppinger – membre du Socialist Party et députée de Solidarity (un mouvement plus large auquel participe le Socialist Party et qui dispose actuellement de trois élus au Parlement irlandais : Ruth Coppinger, Paul Murphy et Mick Barry) – a été consciemment exclue des médias nationaux durant la durée de la campagne alors qu’elle est une des figures clés du mouvement. Cet article, écrit par des membres du Socialist Party, tente de remettre les pendules à l’heure. Au côté d’autres activistes, le Socialist Party a joué un rôle vital dans la campagne nationale de ROSA (for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity) dont l’impact a été considérable. Le Socialist Party et ROSA ont également fait partie du groupe Together4Yes.
Document du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour Internationale Ouvrière)
35 ans après le précédent référendum sur la question, l’envie de se débarrasser du 8e amendement à la Constitution était largement partagée. On trouvait peu de contrastes entre les villes et les campagnes, car les attitudes avaient également changé dans les petites villes et les zones rurales. Une seule circonscription a voté NON alors qu’en 1983, toutes avaient dit OUI à l’interdiction, sauf une. Même dans la province de Connaught/Ulster, traditionnellement la plus conservatrice, la question a été nettement tranchée avec 59% en faveur du OUI et 41% pour le NON.
Le OUI a été particulièrement représenté dans les zones urbaines. Dans la plupart des villes, le OUI se situait aux alentours des 70 %. 9 des 10 circonscriptions les plus favorables au OUI étaient à Dublin, l’autre étant celle de Wicklow, à 74,26 %. Le pourcentage global de OUI à Dublin était de 75,5 %. Dans le quartier dublinois de Stoneybatter, composé de communautés ouvrières ainsi que d’une nouvelle population plus jeune qui s’installe dans la région, le vote a été de 92% en faveur du OUI.
Le OUI a été très marqué dans la classe moyenne et la classe ouvrière. Les chiffres indiquent qu’il est plus élevé dans le premier cas, bien qu’au cours de la campagne, il était évident que le sentiment sur la question était plus fort parmi la classe ouvrière, dont les femmes ont été au cœur de la révolte.
Les jeunes femmes au coeur de la lutte
65% des hommes et 70% des femmes qui ont voté l’ont fait en faveur du OUI. Dans l’ensemble, 87 % des participants de moins de 25 ans ont voté OUI et 90 % des jeunes femmes ! Au cours de ces dernières années, ce sont les jeunes femmes qui ont constitué la force motrice de ce mouvement et tout particulièrement durant la dernière phase, celle de la campagne référendaire elle-même (le référendum s’est tenu le 25 mai 2018 et avait été annoncé en janvier de la même année, les modalités ayant été définies en mars, NDT).
En comparaison des dernières élections générales de 2016, le nombre de jeunes femmes qui ont participé au vote a massivement augmenté de 94%. Les jeunes transgenres et les élèves du secondaire étaient également au premier plan et le journal dublinois Gay Community News (GCN) a estimé que 91 % des membres de la communauté LGBTQI+ qui ont voté l’ont fait en faveur du OUI.

La campagne ROSA a mené une intense campagne, autour de manifestations, d’action, d’affichages, mais aussi de stands de sensibilisation tenus en rue. Ce changement est le fruit d’intenses années d’efforts et la campagne formelle elle-même a été longue, étalée sur deux mois, à partir de la fin du mois de mars, lorsque le gouvernement a officiellement signé l’arrêté fixant les modalités du référendum.
Dès le lancement de la campagne, le camp du NON s’est fait remarquer par des affiches misogynes dégoûtantes avec des photos de fœtus et des titres qui criaient ‘‘Permis de tuer ? Votez non’’, ‘‘Ne choisissez pas la mort – Votez non’’, ‘‘En Angleterre, 1 bébé sur 5 est avorté – Votez non’’, ‘‘Si tuer un enfant à naître au bout de six mois vous dérange, alors votez non’’.
Mais, le 25 mai, les électeurs ont rejeté sans la moindre équivoque possible la campagne extrêmement bien financée du NON (qui disposait notamment de ressources et de publicités liés à la droite religieuse américaine). Ce référendum a fait des vagues partout à travers le monde entier.
Le média en ligne américain Vox a déclaré : ‘‘Le sentiment favorable à l’abrogation était particulièrement élevé parmi la jeunesse et les électeurs urbains, suggérant qu’une nouvelle majorité de gauche et laïque avait supplanté les générations plus âgées catholiques plus conservatrices’’.
De profonds changements
Ce résultat reflète les changements survenus en Irlande au cours de ces dernières décennies. En fait, l’amendement de 1983 à la Constitution était dans un sens un coup politique de la part de la droite cléricale et des politiciens conservateurs avec le soutien de l’Église. Ils craignaient que l’Irlande change ses attitudes sociales et se sont donc précipités pour obtenir une interdiction de l’avortement avant qu’il ne soit trop tard.
Le monde, et avec lui la société irlandaise, a énormément changé depuis lors. Mais la société officielle irlandaise et l’establishment politique ont refusé de refléter ce changement par des modifications significatives de la Constitution et de la législation. L’ampleur du changement qui a été imposé à l’establishment politique est indiquée par le fait qu’il y a tout juste cinq ans, la Loi sur la protection de la vie durant la grossesse est entrée en vigueur et que cette loi prévoyait que toute personne qui pratiquait un avortement pouvait être emprisonnée pendant 14 ans !
Après 1983, l’existence du 8e amendement et la domination de la politique par les partis conservateurs (y compris lorsque les travaillistes sont devenus membres de l’establishment dans les années 1990) ont fait en sorte que beaucoup de personnes ont eu le sentiment de devoir, à contrecœur, accepter cette ‘‘solution irlandaise hypocrite à un problème irlandais’’, c’est-à-dire que l’avortement ne serait pas autorisé en Irlande dans un avenir proche au motif que les gens pourraient se rendre en Grande-Bretagne pour y pratiquer l’avortement.
Mais, en 1992, il y a eu le “cas X”, dans laquelle une mineure violée a d’abord été empêchée de se rendre en Grande-Bretagne pour un avortement, mais y a ensuite été autorisée, après que la Cour suprême décide que le 8e amendement autorisait l’avortement lorsqu’il y avait menace pour la vie de la mère. Toutefois, l’interdiction est restée fondamentalement intacte.
Les jeunes femmes qui ont grandi dans les années 90 et 2000, à l’époque du ‘‘Tigre celtique’’ (terme qui désigne l’Irlande pendant la période de forte croissance économique entre les années 1990 et 2001-2002, en référence aux ‘‘Tigres asiatiques’’ des années ‘80 et ‘90), ne l’entendaient cependant pas de cette oreille. De plus en plus de voix se sont élevées en faveur de l’émancipation des femmes et d’un État laïque moderne, ce qui signifiait le droit de décider sur son corps et le droit à l’avortement. Depuis lors, les jeunes femmes ont été une dynamique clé pour faire avancer la société irlandaise.
Savita – le premier point tournant

Affiche de la campagne ROSA : “Savita compte. les femmes comptent.” Le tragique décès de Savita Halappanavar en octobre 2012 à l’hôpital universitaire de Galway a constitué un moment extrêmement important. Savita a été trouvée éprouvant des douleurs intenses en train de faire une fausse couche. Elle a demandé qu’un avortement soit pratiqué, mais celui-ci lui a été refusé. La décision prise dans l’affaire X précise que l’avortement ne peut être autorisé que lorsqu’il y a “un risque réel et substantiel” pour la vie d’une femme.
En plus de dire que la santé d’une femme n’a pas d’importance, cette position juridique signifie que dans le temps nécessaire pour juger ou décider qu’il y a bien un “risque réel et substantiel” pour la vie, les conditions de santé peuvent empirer et il peut donc être trop tard. En fin de compte, la décision dans l’affaire X n’offrait aucune garantie aux femmes, et Savita n’aurait été sauvée que si on lui avait permis de recourir à l’avortement lorsqu’elle en avait fait la demande.
La mort de Savita a suscité une énorme colère et des dizaines de milliers de jeunes, en particulier des jeunes femmes, se sont mobilisés pour exiger des changements. La position généralement partagée par nombre de militants de longue date et éminents du mouvement pro-choix et pour le droit à l’avortement à l’époque était d’exiger que la décision prise dans le “cas X” soit légiférée, pour aider à formaliser et clarifier ce qui était permis dans le 8ème amendement.
Le Socialist Party, en particulier par l’intermédiaire de Ruth Coppinger, alors conseillère municipale, a adopté une position totalement différente en affirmant que l’abrogation immédiate du 8e amendement était nécessaire pour donner rapidement lieu à une législation prévoyant le droit à l’avortement. Ces idées ont reçu une réponse très forte de la part des jeunes femmes mobilisées par la mort de Savita.
En réponse à la mort de Savita et à la crise politique qu’elle a créée, le gouvernement Fine Gael – parti travailliste a adopté la loi sur la protection de la vie pendant la grossesse mentionnée ci-dessus, qui n’a fait que mettre dans la législation la décision limitée de 1992. C’était tout à fait insuffisant. Les mobilisations de la jeunesse, et des jeunes femmes en particulier, contre les terribles mauvais traitements et l’injustice dont Savita a souffert ont changé la dynamique. C’était le début du mouvement vers l’abrogation qui a culminé avec le vote en faveur du OUI le 25 mai dernier.
Accroître la pression politique
En 2014, il devenait de plus en plus accepté dans le mouvement que le 8e amendement devait être abrogé immédiatement. Ce sentiment a considérablement été renforcé lorsque Ruth Coppinger a remporté l’élection partielle dans la circonscription de Dublin-Ouest en mai 2014 et est entrée au Dáil (le parlement), rejoignant ainsi Joe Higgins. Elle a été rejointe par deux autres députés, Paul Murphy qui a remporté une élection partielle historique en octobre 2014 et Mick Barry, élu en 2015. Ruth Coppinger, au nom de l’Anti Austerity Alliance (AAA, précurseur de Solidarity) et du Socialist Party a présenté divers projets de loi concernant l’avortement, l’abrogation de l’interdiction et des cas d’anomalies fœtales mortelles. Cela a instauré de nouvelles pressions sur le gouvernement. Sa réponse a été de mettre en place une Assemblée citoyenne chargée d’élaborer des propositions concernant l’avortement.
Le gouvernement espérait que cette Assemblée ne présente que des propositions permettant l’avortement dans des circonstances exceptionnelles. L’Assemblée étant constituée d’une centaine de personnes ordinaires de la population, le gouvernement entendait donc mettre ensuite l’accent sur la composition de l’Assemblée pour dire que l’ampleur du changement accepté plus largement dans la société ne dépassait pas ce cadre.
L’Assemblée a toutefois représenté les changements qui étaient déjà à l’œuvre dans la société irlandaise. Ses recommandations étaient vigoureusement pro-choix. Parmi celles-ci : l’autorisation de pratiquer des avortements sur demande jusqu’à 12 semaines et pour des raisons socio-économiques jusqu’à 22 semaines. Ces recommandations devaient être envoyées à une commission (parlementaire) qui, à son tour, devait envoyer un rapport au gouvernement.

Pas de recul face aux propositions de l’Assemblée des Citoyens
Sachant que ce serait un champ de bataille où, comme l’a dit un journaliste, le travail de la commission ‘‘serait essentiellement de diluer les propositions au point qu’elles ne soient pas politiquement toxiques’’, Ruth Coppinger, en tant que membre de la commission représentant Solidarity et le Socialist Party, s’est attelée à la tâche d’accroître la pression pour accepter la proposition des 12 semaines sur demande. Si l’on pouvait faire pression sur la commission pour qu’elle l’accepte, cela permettrait de prendre en charge 92 % des grossesses en situation de crise affectant les gens du Sud (l’avortement étant encore illégal en Irlande du Nord).
La commission parlementaire s’est réunie à l’automne dernier et a publié son rapport final juste avant Noël. Grâce à la pression incessante émanant du mouvement des jeunes femmes, qui avait reçu une attention toute particulière de la part de Ruth Coppinger, la commission a soutenu la proposition de l’Assemblée citoyenne pour permettre l’avortement à la demande jusqu’à 12 semaines.
De son côté, le gouvernement a déclaré qu’il publierait les grandes lignes de la législation 12 semaines avant la tenue d’un référendum visant à abroger l’interdiction, de sorte qu’il n’y aurait pas de confusion quant à ce qui serait mis en œuvre en cas d’abrogation.
Les pilules abortives – le deuxième point tournant
L’establishment politique se trouvait face à un sérieux dilemme. Il était clair que maintenir le statu quo n’était plus tenable, mais ils étaient très hésitants quant à la marche à suivre. Le 8ème Amendement continuait à créer des injustices flagrantes et parfois même des crises politiques qui menaçaient les gouvernements et la base des partis. Il était nécessaire de se défaire de cette source d’instabilité.
Mais, parallèlement, l’establishment ne désirait pas endosser la responsabilité de la mise en œuvre du droit à l’avortement. Son approche était généralement très timide en redoutant de saper sa base de soutien. Permettre un droit limité à l’avortement dans un contexte de changement d’attitude sur le sujet allait toutefois vraisemblablement créer des situations et des crises plus inacceptables encore. En fin de compte, ce sont les pilules abortives qui ont pris la décision pour la commission.
Depuis 2014, le mouvement féministe socialiste ROSA, initié par le Socialist Party, s’est engagé dans une série d’actions extrêmement médiatisées qui ont créé une prise de conscience au sujet des pilules abortives, illégales en Irlande mais entièrement sûres et pouvant être auto-administrées.
ROSA a notamment organisé un ‘‘train des pilules abortives’’ et des bus qui ont parcouru le pays (en référence au ‘‘train de la contraception’’ de 1971, quand un groupe de féministes s’était rendu à Belfast y acheter des préservatifs pour les ramener en république irlandaise et défier l’Etat de les arrêter, NDT). Au moment où la commission parlementaire était en pleines délibérations, des études ont montré que, quotidiennement, 10 Irlandaises se rendaient chaque jour à l’étranger pour y bénéficier d’un avortement tandis que 5 prenaient des pilules abortives en Irlande. Cela signifiait concrètement que l’avortement était devenu une réalité en Irlande plus que jamais auparavant. Il était même probable que l’utilisation des pilules abortives allait encore connaitre une augmentation. Les actions de ROSA ont été essentielles pour que l’utilisation des pilules abortives soit mieux connue.
Une situation changée
Lors de la présentation du rapport de l’Assemblée citoyenne, le juge Laffoy a identifié les pilules abortives comme un facteur clé émergeant. Devant la commission, des preuves ont été présentées qui soulignent l’utilisation accrue des pilules et, entre autres, l’obstétricien consultant Peter Boylan a déclaré qu’à la suite du développement de l’usage des pilules abortives, le ‘‘génie est sorti de la bouteille’’.
La commission aurait pu proposer une forme limitée d’avortement, moins de 12 semaines, mais avec l’utilisation croissante des pilules abortives, une telle loi aurait immédiatement été inapplicable et dépassée. Ces pilules abortives faisaient de l’avortement jusqu’à 12 semaines un fait établi en Irlande. Il était évident que la majorité des membres de la commission estimaient pouvoir ramer en toute sécurité derrière cette proposition.
Il s’agissait d’une énorme percée, car cela signifiait que le contexte politique du référendum était une politique pro-choix en attente. Si le référendum pouvait être gagné, l’Irlande serait dans les mois à venir pro-choix. Cela a finalement été le cas, ce qui représente une énorme transformation par rapport à il y a quelques années. C’est probablement le plus grand coup porté en faveur des droits des femmes dans l’histoire de l’État irlandais et cela a d’énormes implications pour l’avenir.
Le camp du NON et sa campagne toxique
Au début de la campagne officielle, le sentiment en faveur de l’abrogation était clairement dominant, mais la campagne du Non est passée à l’offensive et a eu un impact. Elle a déterminé quel était l’agenda de la discussion et a mis l’accent sur les délais et l’avortement “à la demande” jusqu’à 12 semaines. Cela a suscité des questions et des doutes et le soutien en faveur du OUI a été réduit à néant. Mais par la suite, la campagne du NON a été si offensante qu’elle a déclenché une riposte active des femmes. La campagne du NON reposait essentiellement sur la diffusion de soupçons envers les intentions des femmes pour les présenter comme des meurtrières.
Certains défendaient l’idée que la campagne large en faveur du OUI ne devait pas atteindre le niveau du NON. Toutefois, dans le cadre d’une campagne, il faut tenir compte des problèmes réels qui s’installent et qui font l’objet de discussions. La campagne officielle Together4Yes (T4Yes) a poursuivi son approche mais, sur le terrain, les militants, tant à l’intérieur de T4Y que dans d’autres campagnes, sont allés plus loin pour répondre aux arguments du NON, en se concentrant particulièrement sur la réalité de l’avortement en Irlande et sur les raisons pour lesquelles les gens recourent à l’avortement.
Un sondage à la sortie des urnes réalisé par la chaîne de télévision publique irlandaise RTÉ a indiqué que les témoignages de femmes dans les médias et l’expérience vécue par des proches ont constitué le facteur d’influence le plus déterminant pour 77 % des participants au vote. Cela a clairement démontré que l’idée selon laquelle il fallait une approche prudente en termes d’argumentation était fausse. Toute l’idée de l’existence supposée d’une ‘‘Irlande du centre’’ n’était qu’une pure construction. Les gens réagissent positivement quand une argumentation solide reposant sur l’expérience concrète vécue par d’autres leur est présentée. Cela a encore été illustré par le sondage RTE qui relevait que le droit de choisir était le principal facteur d’influence dans une liste d’options à 62 %, bien au-dessus d’une anomalie fœtale fatale, citée par 39 % des sondés.
10 jours qui ébranlèrent le mondeA moins de deux semaines de la fin de la campagne survint un important changement. Le 14 mai, un débat télévisé, durant l’émission The Claire Byrne Live show, a été suivi par 650.000 personnes. Bien qu’il ait été estimé que le camp du NON avait peut-être mieux saisi cette opportunité, nombreux parmi ceux qui ont regardé l’émission ont été profondément choqués par l’approche de certains des militants du NON. L’émission a été l’objet d’un nombre incroyable de 1.277 plaintes, parmi lesquelles 92 % consacrées à sa partialité en défaveur du OUI. Cet événement de même que l’approche de plus en plus brutale des militants du NON dans la campagne ont freiné leur dynamique.
Quelques jours plus tard, ROSA a accroché son dernier lot d’affiches. L’une d’entre elles qui comportait une grande photo de Savita avec le simple message ‘‘Savita Matters – Women Matter – Vote Yes’’ (Savita compte, les femmes comptent) a été affichée dans tous les principaux centres-villes et à travers toute la ville de Dublin. Ces affiches ont agi eu l’effet d’une sorte de délivrance, une ‘‘riposte’’ que beaucoup attendaient depuis longtemps déjà. Elles ont rappelé aux gens la réalité de ce que signifiait le 8e Amendement ; mais elles ont aussi aidé à donner confiance à beaucoup d’autres pour qu’ils deviennent actifs dans la campagne, soit en militant autour de l’une des initiatives, soit à titre individuel en défendant le OUI jusqu’au jour du scrutin.
‘‘Dans les derniers jours de la campagne référendaire sur le Huitième Amendement, des dizaines de petites affiches sont apparues autour de Dublin. L’image était celle de Savita Halappanavar, reconnaissable instantanément grâce à ses cheveux épais et foncés, son large sourire, ses yeux souriants et le point Bindi sur le front. Le message contenait un mot : Oui. Elles étaient frappantes par leur simplicité et leur franchise.’’ Harry McGee, Irish Times, 26 mai.
D’innombrables conversations
Les anecdotes relatant la manière dont de jeunes femmes se sont battues pour le OUI avec leurs proches au cours de la dernière semaine de campagne sont légion. Il était clair qu’un élan imparable en faveur du OUI se profilait sous l’impulsion des jeunes femmes.
La campagne du NON a semé des doutes parmi certaines couches, mais elle n’a pas pu renverser la vapeur et s’opposer au changement de conscience qui s’était développé au fil des années sur cette question. D’autre part, les messages misogynes et agressifs du NON ont créé une vague de réaction qui les a finalement noyés le jour du scrutin.
Les membres du Socialist Party ont été très actifs, avec d’autres, dans les campagnes de ROSA et de Solidarity, ainsi que dans la vaste campagne Together4Yes. ROSA et Solidarity ont déployé une activité intense dans les collectivités locales, mais surtout dans les centres-villes. Au Parlement et dans leurs circonscriptions, Paul Murphy (Dublin Sud-Ouest) et Mick Barry (Cork North Central) ont tous deux joué un rôle de premier plan dans la campagne du OUI. Dans ces deux circonscriptions, la victoire du OUI fut impressionnante.

Lancement de la campagne au Liberty Hall. La campagne de ROSA a commencé le 14 avril avec un rassemblement national de 500 personnes au Liberty Hall, à Dublin, durant lequel de nombreux orateurs du Socialist Party et du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ont pu prendre la parole. ROSA a organisé des actions sur une base quotidienne de même que des manifestations jusqu’aux aéroports de Cork et Dublin, auxquelles 350 personnes ont assisté. Ces marches retraçaient les pas des milliers et milliers de femmes forcées d’aller avorter à l’étranger au cours de ces 35 dernières années. Le jour du décompte des votes, 250 personnes ont assisté à un rassemblement de ROSA au Projects Arts Centre à Dublin et des centaines de personnes sont devenues membres de ROSA.
L’impact de ROSA
Le point culminant de l’activité de ROSA durant la campagne fut l’apparition de 15.000 affiches mise en place par des activistes de ROSA et de Solidarity. Celles-ci ont eu un très grand impact et se sont distinguées par leur contenu sans équivoque à tel point qu’elles ont figuré sur la quasi-totalité de la couverture médiatique internationale du référendum.
La classe des travailleurs, les femmes et les jeunes femmes en particulier ont été les moteurs de ce changement historique de même que d’autres récents bouleversements sociaux, de la lutte contre la taxe sur l’eau (water charge) au référendum sur le mariage égalitaire. Et maintenant cette nouvelle percée historique. La jeune génération, souvent dénigrée par certains sous le terme de ‘‘snowflakes’’ (flocons de neige), s’est retrouvée à la tête d’un mouvement qui a non seulement forcé un establishment politique très réticent à agir mais a également vaincu l’Église catholique. Toute la question est aujourd’hui de savoir quand, et non pas si, cette jeunesse se retrouvera à l’avant-plan d’autres combats qui les feront entrer en conflit ouvert avec le système capitaliste lui-même.
Qu’en dissent-ils ?
Pour finir, voici quelques-uns des nombreux commentaires qui ont été envoyés à des membres du Socialist Party ou qui sont apparus dans des forums publics concernant les activités dans lesquelles nous avons été impliqués ainsi qu’au sujet du rôle joué par Ruth Coppinger.
- ‘‘Merci beaucoup Rosa pour tous vos efforts et votre influence héroïques, inspirants et constants’’.
- ‘‘J’espère que vous réalisez tout ce que vous avez fait pour les femmes d’Irlande ! Profitez du week-end et offrez-vous quelque chose de spécial ! Je suis si heureuse, reconnaissante et optimiste pour l’avenir.’’
- ‘‘Chère Ruth, je dois admettre que vous entrerez dans l’histoire comme la voix la plus forte, cohérente et logique de #Repeal… Nous pouvons probablement compter sur les doigts d’une main les thèmes politiques sur lesquelles vous et moi sommes d’accord. L’abrogation en était certainement une. En tant que défenseur inébranlable et passionné de l’abrogation, vous avez rendu un grand service au pays, aux professionnels de la santé ainsi qu’aux femmes”.
- ‘‘Salut, salut. Je voudrais juste vous féliciter pour votre fantastique campagne d’affichage autour de la ville de Dublin pour le vote en faveur du OUI. C’est à mon avis la plus réfléchie de toutes les campagnes d’affichage. Quand le OUI l’emportera la semaine prochaine, il aura une énorme dette de gratitude envers vous.’’

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#RepealedThe8th Irlande. Une victoire historique pour le progrès social !

Déclaration des députés irlandais de Solidarity et membres du Socialist Party Ruth Coppinger, Paul Murphy et Mick Barry.Le référendum irlandais du 25 mai a livré un résultat sans appel : une large majorité a voté en faveur de la levée de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement, comme le prévoit le 8e amendement à la Constitution. Après une campagne féroce, dans laquelle les opposants au droit à l’avortement se sont tournés vers le mensonge et l’intimidation, l’emprise de l’establishment conservateur et religieux sur la population irlandaise s’est avérée plus limitée que prévu. Dans la campagne du Oui, les activistes de la campagne féministe socialiste ROSA, de Solidarity (l’alliance électorale plus large à laquelle participe le Socialist Party) et des parlementaires comme Ruth Coppinger ont joué un rôle majeur. Voici la réaction immédiate des trois députés de Solidarity (Ruth Coppinger, Paul Murphy et Mick Barry).
La claire et splendide victoire du ‘‘oui’’ dans ce référendum représente un tremblement de terre politique et un tournant pour l’Irlande. C’est une grande victoire, en particulier pour les femmes d’Irlande, qui se sont débarrassées de l’oppression du 8e amendement après 35 ans. Aucun retard ne peut désormais être justifié. Rien n’empêche le Dail (parlement) d’adopter rapidement une loi pour donner effet aux propositions du Comité de l’Oireachtas (la commission parlementaire). Plus personne ne doit souffrir.
Cet événement fait partie d’une révolte mondiale féministe et LGBTQI contre une discrimination de longue date. Cette victoire est un énorme coup de pouce pour tous ceux qui luttent contre l’oppression et pour l’égalité réelle à travers le monde. C’est tout particulièrement le cas pour les femmes d’Amérique latine, qui meurent littéralement faute de disposer du droit à l’avortement, qui voient leur lutte renforcée par ce résultat.
Mettre fin à l’hypocrisie
C’est aussi une victoire livrée principalement par la jeunesse, une génération souvent dénigrée comme étant la “génération snowflakes” (terme péjoratif qui vise à catégoriser les jeunes comme étant plus facilement offensés que par le passé, NDT). Ce sont eux qui ont dit qu’il y en avait assez et qui ont fait de cette question un thème crucial, en particulier après la mort tragique et inutile de Savita Halappanavar (décédée en 2013 des suites de complication de sa grossesse et à qui un avortement avait été refusé, NDT). Ce sont les jeunes femmes qui ont refusé d’accepter l’hypocrisie de la “solution irlandaise à un problème irlandais” et ont exigé et organisé ce changement contre un establishment politique pétrifié et réticent.
Il faut aussi dire haut et fort qu’une fois de plus, comme ce fut le cas avec le mouvement contre la taxe sur l’eau et le référendum sur le mariage égalitaire, la classe ouvrière a véritablement été la ‘‘fondation sûre’’, comme le disait James Connolly, de cet énorme changement social. En raison de l’expérience vécue, le sens de la solidarité est inné dans la classe ouvrière. C’est la force qui fait avancer les choses dans ce pays, comme on l’a vu pendant la campagne et comme le démontre l’ampleur des votes dans les communautés ouvrières.
Un mouvement de base
Une vaste campagne officielle du ‘‘Oui’’ a eu lieu, puis un mouvement populaire indépendant s’est développé au cours des dernières années, des derniers mois et des dernières semaines. C’est ce mouvement qui a fait la différence décisive, notamment en répondant à l’alarmisme et aux mensonges scandaleux du camp du ‘‘non’’.
Cette victoire a également été encadrée dans une large mesure au cours des dernières années par ceux qui ont été les plus ardents partisans du droit au choix, les anticapitalistes socialistes et les activistes de gauche. Jusqu’à tout récemment, le groupe parlementaire Solidarity – People Before Profit était la seule entité politique du parlement à lutter en faveur du droit à l’avortement, avec une position clairement pro-choix.
Il existe une grande différence entre ceux qui ont voté ‘‘non’’ et les organisateurs de la campagne du ‘‘non’’. La campagne ‘‘du non’’ a donné un aperçu effrayant du type d’Irlande dans laquelle la droite religieuse voudrait que nous vivions tous. Sombrant dans la misogynie, la campagne du ‘‘non’’ a diffamé femmes et les a dépeintes comme des tueuses égoïstes et des meurtrières. Ils ont blâmé les femmes du début à la fin, c’est totalement inacceptable.
Les idées rétrogrades ont été rejetées
Nombreuses ont été celles qui se sont senties plus vulnérables et moins en sécurité au fur et à mesure que leur rhétorique s’intensifiait. Mais leurs idées rétrogrades ont clairement été rejetées lors de ce référendum. Le fait que la majorité des représentants publics du parti Fianna Fáil a participé à cette campagne ne doit pas et ne sera pas oublié par la population.
Ce référendum a des implications pour l’Irlande du Nord, où les femmes et les jeunes n’accepteront pas d’être laissés pour compte. Les militants de la campagne du Socialist party ROSA y lancent une campagne majeure pour revendiquer le droit à l’avortement, en commençant par un Bus4Choice qui voyagera dans tout le Nord la semaine prochaine avec des pilules abortives.
Ce vote retentissant doit conduire à l’adoption rapide de la législation et au développement des services de santé nécessaires pour permettre d’avorter jusqu’à 12 semaines sur demande et pour raisons de santé. Le projet de loi de Solidarity sur l’éducation sexuelle doit être adopté. La contraception gratuite doit maintenant être fournie dans les services de santé et promue dans la société.
Pour que cela se produise, l’establishment politique doit être maintenu sous pression par le mouvement populaire. Rappelez-vous que nous avons dû attendre plus de cinq ans après la mort de Savita avant d’avoir enfin un référendum ! Cela ne doit pas se reproduire.
Les jeunes ont été la dynamique clé de voûte de cette victoire contre l’oppression et pour le contrôle de leur propre corps. Il ne s’agit pas de savoir si, mais quand, ils agiront contre un système éducatif de plus en plus oppressif ; sur le fait qu’ils ne peuvent obtenir d’emplois avec un salaire et des conditions décentes ; qu’ils n’ont pas les moyens de louer ou d’acheter un logement décent.
Construire une gauche socialiste
Le premier ministre Leo Varadkar pourrait bénéficier de ce résultat, ayant sauté à la dernière minute du bon côté de l’Histoire. Mais lui, le Fine Gael et les autres partis qui défendent et mettent en œuvre des politiques capitalistes seront confrontés à la force du séisme de la jeunesse qui arrive parce qu’ils n’ont pas de solutions à offrir face à ces questions brûlantes. Ils ne peuvent pas satisfaire le désir profond de justice et d’égalité qui pousse de manière décisive les jeunes générations vers la gauche et les idées socialistes dans de nombreux pays comme l’Amérique, la Grande-Bretagne et l’Espagne et, après le vote d’hier, en Irlande aussi.
En tant que députés de Solidarity et membres de longue date du Socialist Party, nous disposons d’une longue expérience sur ces questions et sur la lutte pour le droit de choisir. Nous sommes fiers d’avoir fait partie de la campagne Time4Choice de ROSA qui a donné une réelle longueur d’avance au camp du ‘‘oui’’ et a facilité le développement du mouvement populaire. Ce mouvement et ROSA ne vont pas disparaître et vont viser à devenir une force féministe socialiste majeure en lutte pour une transformation radicale de ce pays.
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Irlande. Un grand enthousiasme parmi la jeunesse pour en finir avec le passé répressif

Le référendum historique visant à abroger le huitième amendement à la constitution irlandaise, qui équivaut à une interdiction quasi totale de l’avortement, a lieu ce 25 mai. Les citoyens irlandais voteront ” oui ” pour un avenir progressiste où le droit de choisir est enfin reconnu par la loi irlandaise, ou ” non ” pour une société encore dans l’ombre dans l’Église catholique répressive et misogyne.
Par Keishia Taylor, Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière) et ROSA – Dublin.
Le mouvement féministe très militant et jeune qui lutte pour l’abrogation rompt avec la répression du passé. À chaque fois, l’establishment politique s’est opposé au droit à l’avortement et au mouvement pro-choix.
Le gouvernement a tout fait pour tenter d’éviter l’organisation d’un référendum. Ensuite, ils ont tenté de diluer les revendications pro-choix pour n’autoriser l’avortement que dans les “cas difficiles” comme les anomalies fœtales graves et une grossesse résultant d’un viol.
ROSA – Mouvement socialiste féministe( campagne sœur de la campagne ROSA en Belgique) a joué un rôle extrêmement important en défendant une position pro-choix sans compromis. Au sein de ROSA militent des membres du Socialist Party, y compris la députée Ruth Coppinger, figure importante du mouvement pro-choix.
ROSA a mis en évidence la question de l’utilisation des pilules abortives, prouvant que l’avortement a lieu tous les jours, malgré l’interdiction. Mais il ne se réalise pas avec un avec un encadrement médical sûr. Cela a poussé le référendum sur la problématique du droit de choisir.
L’énergie et l’enthousiasme de la jeunesse pour un vote en faveur du OUI correspondent à l’état d’esprit dominant, en particulier à Dublin. Les jeunes, les femmes, les LGBTQI+ et les travailleurs sont très favorables à l’abrogation.
Cependant, les anti-choix les plus arriérés sentant que leur contrôle des femmes leur échappe font preuve d’une grande agressivité. Les derniers sondages suggèrent une victoire du camp des pro-choix face à l’interdiction de l’avortement sexiste, mais nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers et nous ferons campagne jusqu’à la fermeture des bureaux de vote.
Gagner le droit à l’avortement serait une énorme victoire. Elle porterait un coup dur à l’Église conservatrice et répressive et à l’establishment capitaliste et constituerait un pas en avant important vers une séparation complète entre l’Église et l’État.
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Mon corps, mon choix ! La lutte en Irlande à un stade crucial

Cet automne sera d’une grande importance pour le droit à l’avortement en Irlande, qui y est toujours interdit par le 8ème amendement de la Constitution. L’abrogation de cette loi anti-avortement est exigé sous le slogan ‘Repeal the 8th’ (‘Abroger le 8ème’). Ces dernières années, le soutien pour celui-ci a considérablement augmenté, tout particulièrement parmi les jeunes et les femmes. Il existe aujourd’hui une nouvelle génération qui défend avec confiance le droit de décider de son propre corps.
Le gouvernement a mis en place une ‘Assemblée des Citoyens’ de 100 personnes ordinaires, en espérant mettre la question de côté. Mais de cette Assemblée sont sorties des recommandations progressistes qui ont accru la pression pour réellement organiser un référendum sur le droit à l’avortement. Les politiciens conservateurs feront tout pour l’empêcher. La pression doit donc rester élevée.
La campagne ROSA en Irlande (‘for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity’) et les parlementaires de ‘Solidarity’ (dont fait partie le Socialist Party, section-sœur du PSL en Irlande), parmi lesquels Ruth Coppinger, jouent un rôle majeur dans ce domaine. Ils mobilisent pour la grande ‘March for Choice’ (‘Marche pour le choix’) du 30 septembre (juste après la production de ce journal). La pression publique est telle que la commission parlementaire qui traite les recommandations de l’Assemblée des Citoyens ne parvient pas à s’en sortir avec ses manœuvres. Avec Ruth Coppinger au sein de la commission parlementaire, la pression publique est fortement relayée en son sein.
Ruth Coppinger sera présente à Bruxelles le 21 octobre prochain à l’occasion du week-end ‘Socialisme 2017’ (informations pratiques et programme de l’événement). Nous lui avons demandé une réaction :
‘‘L’Assemblée des citoyens a été créée par le parlement l’an dernier dans une tentative désespérée de casser la dynamique croissante en faveur de l’abrogation du 8ème amendement. L’establishment s’attendait à des conclusions conservatrices, mais cette Assemblée a refusé de s’y conformer ! Forcer les gens ordinaires à prendre des décisions controversées est clairement une entreprise risquée.
‘‘Après avoir récolté informations et arguments, l’Assemblée a finalement conclu que le Dáil (le Parlement irlandais) devait absolument agir, que le 8ème amendement devait être abrogé et droit à l’avortement introduit pour des raisons de santé, socio-économiques ou liées à une anomalie fœtale fatale pour la mère et/ou l’enfant dans les premières 22 semaines et ‘‘sans restriction quant à la raison’’ dans les premières 12 semaines.
‘‘Le premier forum public sur le droit à l’avortement a formulé des recommandations radicales. Mais le Parlement est ultra-conservateur. Un seul groupe du Dáil, ‘Solidarity-People Before Profit’, plus une poignée de parlementaires appuient ces propositions.
‘‘En tant qu’activiste socialiste et pro-choix au sein du comité parlementaire, au nom de Solidarity et People Before Profit, je défendrai l’abrogation complète du 8ème amendement et pour qu’il n’y ait rien concernant le corps des femmes dans la Constitution. J’exigerai la reconnaissance juridique du droit à l’avortement.
‘‘Solidarity a défendu l’idée d’un référendum qui proposerait les recommandations de l’Assemblée des Citoyens. Ce serait bien mieux que de laisser la décision à une commission parlementaire non représentative.
‘‘Il y a quelques temps, l’establishment irlandais avait jugé nécessaire de soumettre le mariage homosexuel à un référendum car il n’osait pas lui-même prendre de décision. Les liens sont étroits entre l’establishment et l’Eglise catholique. On ne peut donc pas leur faire confiance pour proposer des mesures sociales qui, dans d’autres États de l’Union européenne, semblent pourtant évidentes, comme la séparation de l’Eglise et de l’État, l’instauration d’une éducation sexuelle sans culpabilisation ou jugement, une contraception gratuite ou à prix abordable et, bien sûr, le droit à l’avortement. Un mouvement social très fort et très actif va devoir arracher tout cela.
‘‘Cinq ans après la mort de Savita Halappanavar [une jeune femme décédée suite à une fausse couche après qu’un avortement lui ait été refusé, NDLR], il est incroyable nous ne puissions toujours pas avoir de loi permettant l’avortement.
‘‘Tous les partis et les parlementaires indépendants doivent maintenant être défiés sur cette position. Certains élus des partis traditionnels considèrent encore les femmes comme le ‘‘sexe faible’’. D’autres se taisent. Nous ne devons pas leur permettre de maintenir leurs positions médiévales. Mais même les partis favorables à l’abrogation du 8ème amendement, comme le Parti travailliste et les Verts, soutiennent une série de conditions avant d’avoir droit à l’avortement. Cela signifie qu’ils vont moins loin que la vielle loi britannique qui a 50 ans. Le Sinn Féin, tout en soutenant l’abrogation, ne soutient l’avortement que s’il y a une ‘‘grave menace’’ pour la santé mentale de la femme. Il s’agit de la possibilité déjà existante d’avortement pour éviter le suicide. Mais récemment encore, une victime de viol aux tendances suicidaires désireuse d’avorter s’est vue refuser ce droit ! L’approche du Sinn Fein doit changer : si ce n’est pas maintenant, quand alors ?
‘‘On dit parfois que nous vivons des moments historiques. Aujourd’hui, l’occasion existe certainement de gagner un changement social historique en Irlande : l’abrogation de cet odieux 8ème amendement qui nous a été infligé par l’Eglise catholique et des politiciens opportunistes. Ce à quoi ressemblera la législation sur l’avortement pourra aussi être déterminé par la force du mouvement. Nous devons faire tout notre possible pour faire défendre les progrès historiques des femmes, des femmes enceintes et de toute cette génération.’’
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Manifestation ‘‘Avortement, les femmes décident !’’ & cortège contre le sexisme

Ce 28 septembre nous étions près de 2000 à manifester à Bruxelles pour les droits des femmes, la liberté de disposer de leur corps et le droit à l’avortement et à la santé ! La campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) était présente avec une dynamique délégation de jeunes pour marcher au côté de nombreuses organisations féministes belges et européennes. Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait plus vu une telle mobilisation pour défendre la liberté des femmes sur leurs corps.
Par Emily (Namur)
Manifestation ‘‘Avortement, les femmes décident !’’
La campagne ROSA s’est inscrite depuis le début dans l’initiative de la manifestation européenne pour le droit à l’avortement en solidarité avec les luttes des Espagnoles, des Polonaises, Irlandaises, Américaines, etc. Les mouvements réactionnaires tentent un peu partout d’imposer de contrôler le corps des femmes. Mais en même temps, chaque jour, on a la preuve que la lutte paye. Ainsi en Irlande, le large mouvement pour le droit à l’avortement – au sein duquel ROSA-Irlande joue un rôle prépondérant – a enfin obtenu la tenue d’un référendum sur cette question ! Aujourd’hui, cet acte y est toujours passible de 14 ans de prison et son interdiction est inscrite dans la constitution !
Nous avons également manifesté pour défendre un droit complet à l’avortement en Belgique, mais pas uniquement : nous défendons une approche pro-choix. Nous avons besoin d’un refinancement des services publics pour une contraception et une éducation sexuelle gratuite, accessible et de qualité, ainsi que pour le droit à un avortement accessible et sécurisé ! Mais pour assurer un réel choix, nous défendons aussi le droit d’avoir des enfants sans risquer de tomber dans la pauvreté : pour des allocations familiales couvrant le coût réel des besoins d’un enfant, des emplois de qualité et des services publiques en suffisance ! C’est pourquoi nous avons, entre autres scandé ‘‘crèches publiques, pilules gratuites’’.
Cortège contre le sexisme
Près de 200 étudiantes et étudiants ont participé au cortège contre le sexisme organisé par la campagne ROSA au départ de l’ULB et passant par la VUB. Nous avons ainsi pu faire le plein d’énergie militante pour rejoindre tous ensemble la manifestation européenne pour le droit à l’avortement.
Un réel choix des femmes sur leurs corps inclut le droit de s’habiller comme on le souhaite. Le scandale de l’email pour les proclamations en médecine en juin dernier recommandant que ‘‘les jeunes femmes revêtent une robe ou une jupe ainsi qu’un joli décolleté’’ illustre la nécessité d’une campagne forte contre le sexisme sur nos campus et nos écoles, mais aussi pour un avenir décent pour toutes et tous.
Cette semaine, un camion publicitaire était garé devant l’ULB promouvant le ‘‘sugar dating’’ et banalisant la prostitution étudiante. Cela renforce encore le besoin d’un mouvement contre le sexisme. Entre le coût des études, les transports, le logement,… – ce à quoi s’ajoutent encore souvent les difficultés familiales dues aux politiques d’austérité – la précarisation s’approfondit parmi les étudiants. Combattre le sexisme signifie de lutter contre les politiques qui réduisent l’accès aux études d’une part et contre ceux qui profitent de cette situation avec des pubs qui encouragent les étudiantes à se prostituer pour subvenir à leurs besoins d’autre part. ‘‘On n’a pas à se prostituer pour payer ses études !’’ pouvait-on lire sur nos pancartes.
Avec la campagne ROSA nous défendons que la lutte contre le sexisme n’est pas une lutte des femmes contre les hommes, mais une lutte contre un gouvernement qui mène des politiques d’austérité qui précarisent toujours plus les jeunes et les travailleurs (avec ou sans emplois) et encore plus durement les femmes.
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Mes vêtements, ma contraception, mon choix! Ensemble le 28 septembre contre le sexisme!

Les femmes ne sont ni des objets, ni des espaces publics dont on peut disposer selon son bon vouloir. Malheureusement, les récentes mesures prises par divers gouvernements encouragent les discriminations et les violences à l’encontre des femmes. Que ce soit concernant la liberté de se vêtir comme on le souhaite ou l’accès à l’IVG (Interruption volontaire de grossesse), le droit des femmes à disposer de leur propre corps est devenu de nouveau limité.
Par Julie N. (Liège)
Depuis quelques années, nous observons une reprise des luttes des femmes, stimulée par les attaques contre nos acquis du passé. Au cours des grandes mobilisations des années ‘60 et ‘70, la classe dominante s’est vue forcée de céder du terrain. Divers droits ont été acquis, des droits qui peuvent nous sembler élémentaires aujourd’hui mais qui sont pourtant bel et bien en danger. Nous avons connu plusieurs avancées importantes au niveau de la liberté sexuelle, mais le capitalisme s’en est saisi pour accroître les profits d’industries extrêmement florissantes basées sur l’exploitation du corps de la femme et le sexisme telles que la pornographie, les cosmétiques, la chirurgie plastique,… Ces secteurs reposent aujourd’hui essentiellement sur des clichés sexistes véhiculés par la société actuelle.
Sexisme quotidien, harcèlement et viol
Un système en crise – comme c’est actuellement le cas du capitalisme – forme le terreau idéal pour des forces conservatrices et réactionnaires qui combattent l’émancipation des femmes. Fin janvier, Donald Trump a ainsi signé un décret interdisant le financement d’ONG internationales soutenant l’avortement (en 2016, 27 millions de femmes de pays défavorisés avaient pu accéder à des moyens contraceptifs par ce biais(1)). Dans l’Etat du Missouri, une loi a été votée en juin dernier pour permettre aux employeurs et aux propriétaires de licencier ou d’expulser une femme qui aurait subi un avortement, qui aurait eu un enfant hors mariage, ou qui prendrait tout simplement une contraception. Cela autorise donc de fait les employeurs et propriétaires à poser ces questions durant les entretiens, bafouant les droits des femmes les plus primaires.
Dans la société capitaliste, les discriminations constituent un outil pour diviser la population tandis que l’élite dominante continue d’amasser des profits, notamment en ayant instrumentalisé les acquis des luttes pour la libération sexuelle avec l’industrie pornographique où s’épanouissent les stéréotypes et l’image de la femme en tant qu’objet soumis et offert. La culture du viol a été renforcée de la sorte. Dans d’autres secteurs, l’image de la femme-objet est devenue tellement omniprésente (dans les jeux vidéo, au cinéma, dans l’industrie musicale, dans la publicité, etc.) que l’espace public peut être une véritable agression permanente.
Voir des produits accompagnés de femmes ravalées au rang de vulgaire décoration banalise les agressions sexuelles et le harcèlement. Pourtant, les victimes de viol ou de harcèlement doivent le plus régulièrement se défendre en expliquant comment elles étaient habillées, pourquoi elles sont rentrées seules, si elles n’avaient pas bu un verre de trop,… Les victimes doivent faire face à la minimisation du viol (‘‘ce n’est pas si grave que ça’’), à la négation du non-consentement (‘‘elle a dit ‘‘non’’, mais elle pensait ‘‘oui’’) et au blâme (‘‘elle l’a cherché’’).
Une chose aussi évidente et légitime que le choix de ses vêtements est devenue synonyme de parcours du combattant. C’en est arrivé à un point où les écoles (secondaires et primaires) interdisent certaines tenues aux filles au sein de l’établissement sous peine de renvoi, rappelant ainsi que l’éducation des filles est moins importante que leur tenue. Cette discrimination se poursuit dans les études supérieures. S’il n’est plus question de renvoi, les humiliations sont régulières. On se souvient de ce mail du secrétariat de l’ULB envoyé en mai dernier aux diplômés et dans lequel il était demandé aux étudiantes de ‘‘revêtir une jupe ou une robe ainsi qu’un joli décolleté’’. Suite au scandale, des étudiantes avaient ensuite révélé un email envoyé en 2012 pour la proclamation de médecine dans lequel on pouvait lire : ‘‘Mesdames, un joli décolleté et de jolies gambettes feront parfaitement l’affaire, cela dit, si vous n’avez pas eu le temps de passer chez l’esthéticienne, nous vous pardonnerons le port du pantalon !’’
A côté de cela, tous les paradoxes de cette société s’expriment dans ses injonctions quotidiennes : ‘‘soyez sexy, mais pas salope’’, ‘‘soyez naturelles, mais épilez-vous et maquillez-vous’’, ‘‘soyez intelligentes, mais moins qu’un homme’’, ‘‘soyez minces, mais pas maigres’’. Cette société nous conditionne à penser que le corps d’une femme est un espace public que tout le monde a le droit de mutiler, de critiquer et de toucher. Il n’est pas surprenant de se prendre une main aux fesses dans la rue, cela fait même partie du quotidien ! En Belgique, en 2014, on estime à 25 % le nombre de femmes ayant subi un harcèlement physique (qui va donc au-delà de l’agression verbale, avec contact physique non consenti) dans des lieux publics(2).
La contraception et l’IVG: des droits loin d’être accessibles à toutes
Le capitalisme transforme tout en marchandise. Tout se vend, tout s’achète, tout doit générer du profit. Dans cette logique, les droits reproductifs et sexuels passent bien évidemment à la trappe. En Belgique, les récentes mesures prises par la Ministre de la santé Maggie De Block (Open-VLD) rendent l’accès à la pilule du lendemain presque impossible, car le budget destiné à cela pour les plannings familiaux a été coupé et la pilule vendue en pharmacie est très chère. Une pilule du lendemain coûte entre 10€ et 25€, ce qui est loin d’être accessible dans une situation de détresse. Ajoutons à cela qu’une femme s’expose au jugement du pharmacien et des autres clients alors que la pression sociale est déjà énorme sur les filles sexuellement actives. On ne compte plus les humiliations et discriminations sur base de cette liberté sexuelle. Cette mesure empêche toute une couche de femmes de disposer comme elles le souhaitent de leur corps.
En Europe le droit à l’avortement n’est pas partout acquis. En Irlande, on peut être condamnée à 14 années de prison pour un avortement. En Pologne, l’avortement n’est possible que sous certaines conditions et même cela était de trop pour le gouvernement actuel. A Malte et à Chypre, la loi est aussi très restrictive. En Grèce et en Italie, ce droit est fortement limité par le refus des médecins de le pratiquer (80% en Italie) sous pression sociale, religieuse et politique. En Hongrie, la nouvelle loi constitutionnelle protège l’embryon à partir de la fécondation, donc l’avortement est impossible (Knack, 06/06/2016).
Cela met les femmes en danger. L’alternative à un avortement sécurisé est un avortement clandestin dans de mauvaises conditions. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les avortements clandestins représenteraient 49 % de la totalité des avortements(3).Chaque année, 47.000 femmes décèdent des suites d’un avortement clandestin(4).
Les raisons derrière un avortement sont souvent économiques. Nombreuses sont celles qui agissent de la sorte par peur de sombrer dans la pauvreté (une personne pauvre sur quatre vit en famille monoparentale en Belgique). Dans ces familles monoparentales, le risque de chômage est trois fois plus élevé que dans un couple et les temps partiels sont également plus répandus. Nous ne pouvons donc pas affirmer que ces femmes font un réel choix puisqu’il est contraint par la position économique plus faible des femmes dans la société ! Si les allocations familiales couvraient le coût réel de l’éducation d’un enfant, si les bourses d’étude étaient plus accessibles, que les services publics étaient gratuits et de qualité, si le logement était abordable et si les salaires et allocations étaient assez élevés, une grande partie de ces femmes choisiraient d’avoir un enfant par désir et non après un savant calcul.
Pour un féminisme socialiste
Nous luttons également pour que les femmes aient accès à une contraception gratuite, de qualité et adaptée à leur mode de vie. Un contraceptif comme la pilule, l’anneau vaginal, le patch ou encore la piqûre contraceptive coûte entre 2 et 30€ par mois. Pour d’autres contraceptifs comme l’implant ou le stérilet il faut compter jusqu’à 148€, avec un remboursement plus ou moins effectif jusque 21 ou 26 ans selon les mutuelles.
En tant que féministes socialistes, nous luttons pour des cours d’éducation sexuelle et affective dans l’enseignement, qui doit être refinancé pour devenir accessible et de qualité. Un plan radical d’investissements public dans les services publics et sociaux est nécessaire. Nous exigeons que les femmes puissent s’habiller comme elles le souhaitent sans être harcelées ni discriminées. Nous sommes convaincus qu’il faut également nationaliser les secteurs clés de l’économie et les placer sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs. Tant que la petite minorité des capitalistes gardent le contrôle sur l’économie, sur ce qui est produit et qui va partir avec le profit, ils vont continuer de propager ce sexisme parce que cela leur rapporte d’énormes profits. C’est seulement en arrachant ce contrôle avec la majorité de la population que nous serons capables de nous débarrasser de ce sexisme quotidien et institutionnel.
Ensemble le 28/09 ! Rejoins-nous ce 28/09 à 17h30 Parc du Cinquantenaire pour lutter contre le sexisme !
Manifestation à l’initiative de la Marche Mondiale des Femmes dans le cadre de la Journée Internationale du droit à l’avortement.
Cortège antisexiste à partir de l’ULB :
De?parts
– 16H : ULB SOLBOSCH devant le foyer av. P. He?ger
– 16H30 : VUB Etterbeek, Esplanade
– 15h : Universite? Saint-Louis, sortie rue du Marais n°109 pour un de?part collectif vers l’ULB(1) http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/01/25/donald-trump-s-attaque-a-l-avortement_5069145_3222.html#44zPqsokrzPIGxPc.99
(2) chiffre d’Amnesty Internationale https://www.amnesty.be/camp/droits-des-femmes/le-viol-en-belgique/article/faits-et-chiffres
(3)chiffre de l’OMS de 2008 https://www.rtbf.be/info/societe/detail_selon-l-oms-les-avortements-clandestins-seraient-en-hausse-dans-le-monde?id=7414363
(4)chiffre de l’OMS http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs388/fr/

