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Tag: Paul Murphy
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Irlande : arrestation du député Paul Murphy et d’autres activistes. Non à la répression politique!
Arrestation de Paul Murphy à son domicile.Ce 9 février, le député irlandais Paul Murphy, élu de l’Anti-Austerity Alliance et membre du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL) a été arrêté de même que d’autres activistes de la campagne « We Won’t Pay » (Nous ne payerons pas) parmi lesquels les conseillers municipaux de l’Anti-Austerity Alliance Kieran Mahon et Mick Murphy. Cette arrestation effectuée lors d’un raid policier mené à leurs domiciles aux petites heures du matin est liée à une action de protestation pacifique contre la « Taxe sur l’eau » à Jobstown en novembre dernier. Tous ont depuis lors été relâchés. A la suite de ces 4 arrestations, de nouvelles ont été menées dès le lendemain, y compris celle d’un adolescent de 16 ans.
Depuis le mois de septembre, les protestations contre une taxe sur l’eau potable qui met fin à sa gratuité ont pris une ampleur sans précédent en Irlande. Cette mesure, qui coûtera plusieurs centaines d’euros par an à chaque ménage, a cristallisé l’opposition à toute la politique antisociale menée par les autorités irlandaises. En 2010, l’Irlande a été mise en coupe réglée par la Troïka, à l’instar d’autres pays européens. Tout comme ailleurs, cette politique d’austérité drastique a suscité une très large colère. « Il ne s’agit pas que de l’eau, mais de ce qui s’est passé ces cinq dernières années », a ainsi déclaré un manifestant opposé à cette taxe au quotidien français Le Monde.
Dans un autre article (En Irlande, l’Alliance anti-austérité rêve de marcher dans les pas de Syriza et Podemos), le même quotidien développe : « Alors que les premières factures doivent tomber en avril et coûteront plusieurs centaines d’euros par an aux ménages, les campagnes appelant au non-paiement sous le mot d’ordre « No way, we won’t pay » (« pas question, on ne paiera pas »), essaiment à travers le pays. Du jamais vu depuis l’indépendance en 1922. Pas même au plus fort de la crise financière. Car l’eau cristallise tout le reste. Coupes dans les dépenses publiques, baisse des salaires, augmentation des impôts : la rigueur budgétaire – dont le pays est officiellement sorti en octobre – a demandé trop d’efforts aux Irlandais. Le taux de chômage a certes baissé, mais avoisine toujours les 10,7 %. Et, alors que le gouvernement les serine avec la reprise économique, une grande partie des 4,5 millions d’habitants n’en ressent toujours pas les effets. « Les 99 % de gens ordinaires voient qu’on fabrique une reprise pour les 1 % de riches aux dépends du reste de la population qu’on continue à saigner », tance Paul Murphy. Le député a encore sa carte au Parti socialiste (trotskiste), qu’il a intégré à l’âge de 18 ans. »
Cet article a d’ailleurs abordé l’arrestation des militants anti-austérité : « Le 9 février, Paul Murphy et plusieurs opposants à la taxe sur l’eau ont ainsi été placés en garde à vue plusieurs heures – avant d’être finalement relâchés –, pour être questionnés sur leur possible lien avec un incident impliquant une ministre, lors d’une manifestation en novembre. « Une tentative de plus de dénigrer le mouvement contre la taxe sur l’eau », a immédiatement réagit l’AAA, certains militants dénonçant un « coup politique et médiatique ». »
Déclaration de Paul Murphy à sa sortie de prison :
“Aujourd’hui, 4 nouvelles personnes ont été arrêtées en relation avec les protestations. Elles ont reçu le même traitement brutal, avec de nombreux membres de la Gardai débarquant à leurs portes aux petites heures du matin.“La Gardaí a marqué un but contre son propre camp hier et en a marqué un nouveau aujourd’hui avec ces nouvelles arrestations. Parmi elles, celle d’un adolescent de dix ans qui a vu 10 Gardaí à sa porte.
“Selon certains medias, la Gardaí prévoirait d’arrêter jusqu’à 40 personnes en relation avec les protestations. Avec 4 personnes arrêtées aujourd’hui et 4 hier, est-ce une période de 10 jours de raids contre des manifestants pacifiques qui a été ouverte ? La Gardaí prévoit-elle de faire un exemple avec ces 40 personnes en envoyant un message politique au reste du pays selon lequel il ne serait pas toléré de protester ? Il s’agit de répression policière de la politique.”
Réaction du député Joe Higgins (Socialist Party) suite à la nouvelle de l’arrestation de Paul Murphy :
“L’arrestation du député de l’AAA Paul Murphy, des conseillers Kieran Mahon et Mick Murphy ainsi que d’une quatrième personne qui doit encore être identifiée est une pauvre tentative de dénigrer et d’affaiblir le mouvement contre la Taxe sur l’eau au moment où les factures vont arriver et que nous avons besoin d’un boycott de masse de cette taxe.“Ces arrestations résultent d’une enquête “criminelle” impliquant 6 officiers de police [Gardai] (…) depuis novembre. Nombre d’habitants et d’activistes ont été entendus durant cette enquête où la Gardaí a constamment cherché à impliquer Paul Murphy dans les événements du 15 novembre. La population considérera cela comme un gaspillage criminel du temps et des ressources de la Gardai.
“S’agit-il d’une enquête concernant quoi que ce soit de sérieux ou s’agit-il plutôt d’un effort visant à créer une mauvaise réputation au mouvement contre la taxe sur l’eau, au député Paul Murphy, aux conseillers municipaux Kieran Mahon et Mick Murphy, à la campagne We Won’t Pay, à l’Anti Austerity Alliance et au Socialist Party ?”
Réaction de la députée Ruth Coppinger (Socialist Party):
“D’où provident cette enquête ? Des ordres directs ont peut-être été donnés par le gouvernement via le ministère de la Justice, mais il est plus probable que la Gardai ait décidé d’exagérer de novembre dernier afin d’aider le gouvernement mis en difficulté par la Taxe sur l’eau.“Le 15 novembre, une petite manifestation a eu lieu à Jobstown, de manière spontanée, dès qu’a couru le bruit selon lequel la vice première ministre Joan Burton (Parti Travailliste) était dans la région. Cette dernière s’est vue bloquée quelques heures, face à une petite foule qui a fait entendre son opposition à la Taxe sur l’eau et aux attaques sur les collectivités locales qui proviennent de son ministère de la protection sociale.
“Il s’agissait une action de protestation sérieuse, mais pacifique. Les membres de l’AAA qui ont été arrêtés n’ont pas pas organisé cette protestation, mais ils y ont participé et ont contribué à assurer que la communauté puisse faire valoir son point de vue de manière non-violente. Il est d’ailleurs ironique de se souvenir que le jour-même, sur le terrain, la police locale avait reconnu le rôle joué par Paul Murphy et l’avait même remercié!
“Ces arrestations ne permettront pas de dissuader les gens de poursuivre leurs protestations, en particulier pour assurer que les factures à venir en avril soient contrées par un boycott de masse. La Taxes ur l’eau sera vaincue. ”
Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections, dont le PSL en Belgique, appellent à envoyer des lettres de protestations au Quartier Général de la Garda (la police irlandaise) afin de condamner cet acte de répression politique qui vise très clairement à intimider les activistes qui s’opposent à la Taxe sur l’eau.
Ces lettres de protestations doivent être envoyées au Commissaire de la Garda, Noirin O Sullivan à l’adresse pressoffice@garda.ie, avec des copies à webmaster@taoiseach.gov.ie et info@socialistparty.ie. La tenue de piquets de protestation aux ambassades et consulats d’Irlande sont également les bienvenus.
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[INTERVIEW] Irlande : “Il est possible de faire chuter le gouvernement”
Interview de Paul Murphy, parlementaire de l’Anti Austerity Alliance (AAA) et membre du Socialist Party, réalisée par Sascha Stanicic. Cette interview a été publiée dans Lutte Socialiste après être parue dans le journal allemand Junge Welt.
Ces dernières années, l’Irlande a fait figure de bon élève en matière d’austérité. Le niveau de vie de la population en a fortement souffert. Cela n’a toutefois pas été accepté docilement puisque des actions de masse ont fait leur apparition. Une nouvelle taxe sur l’eau décriée a été la goutte qui a fait déborder le vase. Nous en avons parlé avec Paul Murphy, parlementaire nouvellement élu de l’Anti Austerity Alliance (AAA) et membre du Socialist Party.Une révolte a actuellement lieu en Irlande. En quoi consiste ce mouvement ?
“Ces six dernières années, la population irlandaise a payé le prix fort de l’austérité suite à une crise qu’elle n’avait pas provoquée. À plusieurs reprises, celle-ci a essayé de riposter, mais ces tentatives ont été bloquées par la direction syndicale. Désormais, les choses ont changé. Les directions syndicales ne sont pas entrées en lutte, mais un mouvement organisé par en bas a par contre fini par exploser contre l’instauration d’une taxe sur l’eau et l’installation de compteurs à eau. Derrière ce cas précis, on trouve une colère globale contre les attaques incessantes faites à notre niveau de vie.
“Dans tout le pays, depuis le début de l’automne, des comités d’action contre la taxe sur l’eau ont été créés. Les réunions ont souvent regroupé des centaines de participants. Des habitants s’opposant à l’installation de compteurs à eau ont été arrêtés. Jusqu’ici, il y a eu jusqu’ici trois grandes manifestations nationales réunissant à chaque fois 100.000 participants, ainsi que des mobilisations locales regroupant globalement 150.000 personnes.’’
Les médias ont mené une campagne virulente à ton encontre de même qu’envers d’autres élus du Socialist Party. On te reprochait de justifier les affrontements ou encore de lutter pour un “système soviétique”. D’où vient cette campagne ?
“Un tel mouvement issu de la base constitue une plus grande menace pour l’establishment capitaliste que des mouvements sous contrôle d’une direction syndicale docile. L’explosion de colère s’accompagne d’une large politisation. Les partis de la coalition gouvernementale (le Fine Gael et le parti travailliste) ont perdu la majeure partie de leur soutien. On tente de jeter le discrédit sur les protestations et le Socialist Party en les présentant comme “violents”. L’ancienne rhétorique du “péril rouge” remonte à la surface. Sans effet.
‘‘À l’origine de cette campagne de dénigrement se trouve une action de protestation tenue à Jobstown, un quartier de Dublin qui se situe dans le district électoral qui m’a élu sur une liste de l’Anti Austerity Alliance. Une action de protestation spontanée de 700 riverains a éclaté à l’occasion de la visite de la vice-première ministre Joan Burton. Les manifestants ont bloqué sa voiture deux heures et demie durant. Le fait qu’elle ait été touchée par une bombe à eau n’enlève rien au caractère pacifique de cette action menée par des personnes durement touchées par l’austérité. J’ai participé à cette action et l’establishment en a profité pour attribuer l’incident à AAA et au Socialist Party.’’
Comment ce mouvement peut-il être poursuivi ?
“Suite à la manifestation de masse du 10 décembre, l’État a fait des concessions cosmétiques. Elle fut un bon indicateur pour la poursuite du mouvement, notamment parce qu’elle avait pris place en plein jour ouvrable. Entre 80.000 et 100.000 manifestants se sont retrouvés face au parlement ! Mais il faut maintenant veiller à améliorer l’organisation du mouvement de sorte que les premières factures attendues pour avril ne soient pas payées. Avec le Socialist Party et l’AAA, nous menons campagne sous le nom “We won’t pay” (nous ne payerons pas). Nous sommes les seuls à défendre le non-paiement massif pour stopper la taxe sur l’eau et faire chuter le gouvernement déjà très affaibli. Cela est possible et un boycott massif de la taxe sur l’eau jouerait un grand rôle à ce titre.”
Comment réagit la gauche politique ?
“L’AAA défend l’idée de présenter des candidats issus du mouvement contre la taxe sur l’eau et des forces de gauche aux prochaines élections afin de s’opposer aux partis capitalistes proaustérité. Cela peut être le début de la construction d’une nouvelle gauche qui s’oppose au système.
‘‘Ce mouvement a clarifié que le Sinn Fein (nationalistes ‘‘de gauche’’) est un parti très opportuniste que l’on peut à peine considérer de gauche. Il se déclare contre la taxe sur l’eau, mais n’organise rien pour s’y opposer. Il n’est même pas partisan d’une campagne de boycott parce que cela serait illégal. Ses positions sont, au final, très similaires à celles du parti travailliste lorsque ce dernier était dans l’opposition. Les choses ont changé une fois les travaillistes au pouvoir, et il en sera de même avec le Sinn Fein.
“Toutefois, s’il n’y a pas d’alternative lors des élections, le Sinn Fein pourrait bien profiter de l’atmosphère actuelle. C’est pourquoi la proposition de l’AAA pour avoir des candidats issus du mouvement de masse est si importante. Cela donnerait une voix politique à ce nouveau mouvement issu de la base.”
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Victoire de SYRIZA! Réaction de Paul Murphy
Paul Murphy est membre du Socialist Party en Irlande (section du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) en Irlande et parti-frère du PSL) et député au parlement irlandais. Il a fait partie de la délégation internationale de soutien à SYRIZA qui s’est rendue en Grèce la semaine dernière. D’autres membres du CIO étaient également présents, dont notre camarade Bart Vandersteene, porte-parole national du PSL.
Le peuple grec s’est on ne peut plus clairement exprimé en accordant un soutien électoral si massif à SYRIZA. Ils ont rejeté l’horreur et la barbarie de l’austérité imposée par la Troïka et l’establishment politique grec. Ce rejet a eu lieu malgré qu’une incroyable campagne d’intimidation ait été lancée contre eux, mais elle n’a tout simplement pas fonctionné.
Le mur idéologique affirmant “qu’il n’y a pas d’alternative” à l’austérité a été ébranlé de manière décisive. Ce faisant, les électeurs grecs ont permis qu’un souffle d’air frais traverse l’Europe et donne l’espoir que le cauchemar austéritaire peut être battu en brèche en Irlande, en Espagne, au Portugal et ailleurs.

Bart Vandersteene prendra la parole à Liège ce 5 février au côté d’un représentant de SYRIZA au Parlement européen. Ce débat prendra place à l’ULG, Place du XX Août, à 19h à la salle Wittert. Les travailleurs et les jeunes à travers l’Europe doivent se tenir côte à côte avec les travailleurs grecs et exiger que leur vote soit respecté par les institutions européennes. Les inévitable tentatives de la Troïka et d’Angela Merkel de menacer le peuple et d’imposer l’austérité doivent être combattues par le gouvernement SYRIZA, par les masses grecques mais aussi tous ceux qui rejettent l’austérité à travers l’Europe. Les Grecs ne sont pas les seuls concernés, c’est important pour les « 99% » à travers l’Europe.
Le prétexte de l’austérité grecque était de rembourser la dette publique, qui s’élève aujourd’hui à 175% du PIB. Cette dette est illégitime et odieuse, tout comme celle d’Irlande. Cette dette ne s’est pas développée au service des intérêts des travailleurs, seuls les riches ont vu leurs intérêts sauvegardés. La victoire de SYRIZA a balayé les assertions selon lesquelles il serait trop tard pour faire quoi que ce soit à propos de la dette grecque. Il en va de même pour la dette d’Irlande, construite afin de renflouer les banques. Ce n’est pas trop tard. Il ne faut pas payer.
L’élection d’un gouvernement de gauche en Europe est un moment historique qui ouvre de nouvelles possibilités. En Grèce, cela peut provoquer un important regain des luttes de la base de la société : anciens travailleurs de la station de télévision et de radio ERT, opposants aux mines d’or qui menacent l’environnement à Halkidiki au Nord de la Grèce,… Les travailleurs exigeront que les promesses électorales de SYRIZA concernant l’augmentation du salaire minimum et les modifications à apporter pour un impôt progressif soient concrétisées. Tout cela pourra avoir un effet ailleurs en Europe et pourra poser les bases d’une lutte déterminée pour une transformation socialiste de la société, vers une Europe qui servira la population et non les millionnaires.
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Notre camarade Paul Murphy est élu au parlement irlandais!

Paul Murphy, au centre, et Joe Higgins, à gauche. Ce week-end, la colère contre l’austérité s’est exprimée dans la rue et dans les urnes.
Manifestation de ce samedi contre la “Water Charge”, la taxe sur l’eau.En Irlande, les actions de protestation contre les mesures austéritaires vont bon train. Ce samedi encore, pas moins de 100.000 personnes ont défilé à Dublin contre une nouvelle taxe sur l’eau particulièrement détestée. Ce n’est pas la première fois qu’il est question de cette Water Charge, une première tentative d’introduire un impôt sur l’eau avait été effectuée dans les années 1990, mais elle fut confrontée à une campagne de boycott massive. Cette campagne bénéficia du soutien actif des militants du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en république irlandaise et parti-frère du PSL). Leur rôle de premier plan dans ce combat avait notamment assuré l’élection de Joe Higgins au Parlement irlandais en 1997.
Le manifestation d’hier était co-organisée par l’Alliance Anti-Austérité (AAA), un regroupement d’opposition aux politiques d’austérité dans lequel est impliqué le Socialist Party. Cette manifestation nationale, qui a fait suite à de nombreuses actions locales, fut une expression de l’immense colère qui se développe dans la société irlandaise. Il s’agit bien entendu d’un excellent point de départ pour une nouvelle campagne massive de boycott de la Water Charge.
Cette colère a également trouvé une expression sur le plan politique. Le siège de la circonscription de Dublin Sud-Ouest au Dail, le parlement irlandais, était en jeu et il a été remporté hier par Paul Murphy, notre camarade du Socialist Party, qui se présentait sur la liste de l’Alliance Anti-Austérité. Jusqu’aux dernières élections européennes, Paul était député européen pour le Socialist Party.
Les partis traditionnels connaissent actuellement une débâcle inédite dans le pays, comme cela avait été illustré aux dernières élections locales et européennes. Ici, Paul a réussi à l’emporter face au candidat du Sinn Fein, un parti qui veut se profiler comme une opposition de gauche au gouvernement mais qui refuse de concrètement organiser l’opposition de la population avec une campagne de masse pour le boycott de la Water Charge, par exemple. Le Sinn Fein se prépare en fait à entrer au gouvernement, comme c’est déjà le cas en Irlande du Nord. La campagne électorale a été dominée par la lutte contre la nouvelle taxe sur l’eau, et le refus du Sinn Fein de soutenir la campagne de boycott a fortement pesé.
Le Sinn Fein a recueilli 30% des votes de premier choix contre 27,2% pour Paul, mais il a dépassé ce candidat avec le report des votes de second choix (le système de vote irlandais permet de voter pour plusieurs candidats par ordre de préférence). Au final, Paul a reçu 9.565 voix contre 8.999 pour le Sinn Fein. Paul rejoint donc nos camarades Joe Higgins et Ruth Coppinger, les élus du Socialist Party au parlement irlandais. Ruth avait été élue en mai sur une liste AAA dans la circonscription de Dublin Ouest.Le scrutin de Dublin Sud-Ouest était un peu considéré comme une sorte de référendum concernant la Water Charge. Le résultat est remarquable… Les deux partis qui participent au gouvernement (Fine Gael et parti Travailliste) ont récolté ensemble 17,3% (contre 56% aux élections de 2011). Quant au résultat du Sinn Fein, il s’agit clairement d’une punition alors que cette circonscription est un bastion de la gauche nationaliste. Il y a une semaine, tout le monde supposait que le Sinn Fein allait gagner, mais la dynamique de la résistance contre la taxe sur l’eau en a décide autrement.
La victoire de Paul Murphy et la manifestation massive contre la Water Charge démontre qu’il est possible de construire une résistance par le bas, d’organiser une implication massive dans la lutte contre l’austérité et d’assurer que cette résistance obtienne des conclusions politiques.
Nous vous invitons également à lire un précédent dossier : “Comment les marxistes peuvent-ils utiliser leurs positions élues pour construire un rapport de force vers un changement réel ?”
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[VIDEO] Paul Murphy contre la guerre à Gaza
Alors qu’il était député européen, notre camarade irlandais Paul Murphy a pris position en défense de la population palestinienne à plusieurs reprises. Il avait notamment pris part à la “Flottille de la Liberté” et avait été détenu durant plusieurs jours par l’Etat israélien.
Le weekend dernier, Paul a participé à une grande mobilisation contre la guerre à Gaza qui s’est tenue à Dublin. Il faisait partie des orateurs.
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Comment les marxistes utilisent-ils leurs positions élues pour construire un rapport de forces vers un changement réel ?
Ce 25 mai, des élus de gauche radicale ont été envoyés aux parlements régionaux de Bruxelles et de Wallonie ainsi qu’à la Chambre, pour la première fois depuis 30 ans. Cette percée remarquable du PTB assure que, désormais, une voix différente se fera entendre tant aux Parlements que dans le débat public.
Les élus du PTB ont annoncé vouloir être le mégaphone de leurs électeurs. Certains ont rétorqué qu’avec seulement deux députés à la Chambre, quatre au Parlement bruxellois et deux au Parlement wallon, le PTB ne parviendra à rien concrétiser, que figurer dans l’opposition ne permet pas de ‘‘peser’’ sur la politique. Comment la gauche radicale peut-elle utiliser sa position pour, avec la classe des travailleurs, renforcer la lutte anti-austérité ? Comment quelques élus peuvent-ils déterminer le ton de l’agenda politique ? En guise de contribution à cet important débat, nous avons voulu aborder quelques exemples de la manière dont le Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge) a utilisé et utilise ses positions élues.
À Seattle, aux Etats-Unis, Kshama Sawant a frappé fort l’an dernier en recueillant 95.000 voix et en faisant son entrée au conseil de la ville, où ne siègent que neuf élus au rôle comparable à celui d’un échevin en Belgique. Notre camarade Bart Vandersteene a plusieurs mois à Seattle et livre ici un rapport de la manière dont la position de Kshama a été utilisée dans la lutte pour l’augmentation du salaire minimum à 15 $ de l’heure.
En Irlande, nos camarades du Socialist Party n’ont pas su répéter leur succès des élections européennes de 2009, lorsqu’ils étaient parvenus à prendre l’un des sièges en lice à Dublin. Ces cinq dernières années ont toutefois clairement illustré ce qu’un élu de gauche radicale peut faire comme différence au Parlement européen. Notre parti frère irlandais possède une vaste expérience dans ce domaine. Lors des dernières élections législatives partielles de mai, Ruth Coppinger est d’ailleurs venue rejoindre Joe Higgins au Parlement irlandais. Ces cinq dernières années, Finghin Kelly était collaborateur au Parlement européen pour le Socialist Party, il nous parle ici de cette expérience.
Enfin, nous tenons à revenir sur un cas plus historique, celui de la lutte de Liverpool où, entre 1983 et 1987, un conseil municipal de gauche radicale était au pouvoir. Que peuvent réaliser les marxistes lorsqu’ils disposent d’une majorité dans une grande ville ? Le contraste est frappant avec, par exemple, ce que fait actuellement le SP aux Pays-Bas, devenu partenaire de coalition des libéraux à Amsterdam.
Ces contributions peuvent être d’une grande utilité afin de voir comment utiliser de la façon la plus optimale les positions que le PTB a obtenues aux Parlements.
Seattle: Comment une élue socialiste a-t-elle pu faire la différence dans la lutte pour l’augmentation du salaire minimum ?
Par Bart Vandersteene
“La guerre du salaire”Pour la première fois depuis des décennies, un élu de gauche radicale se réclamant du socialisme est arrivé au Conseil d’une ville américaine majeure. L’élection de Kshama Sawant à Seattle en novembre dernier est loin d’être passée inaperçue… Depuis lors, le plus haut salaire minimum de tout le pays y a été instauré. Nul doute que l’élection de Kshama Sawant et le rôle joué par Socialist Alternative ont été décisifs dans ce domaine.
Les lecteurs réguliers de Lutte Socialiste ou de socialisme.be ont déjà pu à de nombreuses reprises prendre connaissance de la situation particulière qui s’est développée à Seattle. Deux permanents du PSL s’y sont d’ailleurs rendus afin de profiter de cette expérience et d’aider à construire notre organisation-sœur, Socialist Alternative, qui connaît actuellement une croissance impressionnante.Sans exagérer le moins du monde, nous pouvons affirmer que l’élection de Kshama Sawant a constitué un véritable tournant pour la gauche américaine. Un intense débat a éclaté concernant les initiatives que la gauche devrait prendre aux Etats-Unis pour enfin être un réel joueur sur le terrain politique.
L’élection d’une militante se réclamant du socialisme n’est pas passée inaperçue, c’est certain, mais ce qui a véritablement frappé les esprits, c’est que six mois plus tard à peine, la ville avait déjà accepté de relever le salaire minimum jusqu’à 15 $ de l’heure, même si ce n’est pas d’un seul coup. Avec cette victoire, Kshama Sawant et Socialist Alternative sont devenus un repère pour des dizaines de milliers de militants actuellement à la recherche d’une stratégie destinée à défendre une alternative au capitalisme. Même les médias internationaux ont couvert l’événement, qui a figuré dans les pages du Guardian, de l’Indian Times de même que dans des journaux allemand, français, danois, israéliens,…
Mais avant le vote du Conseil sur les 15 $, seuls les journalistes locaux reconnaissaient l’importance de ce qui était en train de se passer. Le Seattle Times, journal difficilement soupçonnable de sympathies de gauche, écrivait déjà en avril : ‘‘Si le conseil décide d’établir le salaire minimum à 15 $ au cours de ces prochains mois, alors Sawant pourra à juste titre en prendre le crédit et commencer à déterminer l’agenda politique de la ville.’’
Kshama n’a pas marqué de son empreinte l’agenda politique en convainquant les huit autres conseillers à l’aide de bons arguments ; elle a forcé l’establishment politique à accorder des concessions en mobilisant l’opinion publique et en construisant un mouvement par en bas. Sa campagne électorale avait pour revendication centrale l’instauration d’un salaire minimum de 15 $ et l’approche offensive de Socialist Alternative a forcé les deux candidats à la mairie à se prononcer sur la question. Le vainqueur, Murray, a été contraint de la soutenir du bout des lèvres.Une semaine après sa prestation de serment au Conseil, une réunion a rassemblé 250 participants et a lancé la campagne ‘‘15 NOW’’ (15 maintenant). Ces derniers mois, des dizaines d’activités et de réunions ont eu lieu en vue de consolider et de renforcer le large soutien à la revendication des 15 $, soutenue à 68% selon un sondage réalisé en janvier. En mars, il s’agissait de 72%.
Tout en continuant à mener campagne, Sawant et ‘‘15 NOW’’ avaient averti le maire qu’il avait jusqu’au mois d’avril pour trouver une proposition concluante, faute de quoi ‘‘15 NOW’’ allait lancer une campagne de récolte de signatures pour obtenir l’organisation d’un référendum contraignant en novembre, sur base d’une proposition de ‘‘15 NOW’’.
Le 1er mai, le maire a annoncé qu’il avait conclu un compromis avec les représentants des entreprises, des syndicats et une majorité des conseillers. Les 15 $ de l’heure seront bien introduits, mais sur une période de 2 à 6 ans en fonction de la taille de l’entreprise. Après deux ans, le montant sera ajusté pour tenir compte l’inflation. Pour 2025, le salaire minimum devrait être de 18 $ de l’heure (actuellement, le salaire minimum fédéral est de 7,25 $).
Plusieurs conseillers ont, en concertation avec le patronat, tenté d’affaiblir la proposition initiale de ‘‘15 NOW’’. La seule raison pour laquelle ils n’ont pas osé y aller plus franchement est la menace des prochaines élections, où ils craignaient d’être trop largement considérés comme de vulgaires hommes de paille des 1% les plus riches.
La proposition finalement retenue n’est pas conforme à 100% à celle défendue par Kshama, mais elle reste une avancée majeure ainsi qu’une grande victoire qui indique comment une position élue peut être utilisée pour renforcer la lutte et arracher des conquêtes sociales. Le journaliste indépendant Arun Gupta avait ainsi décrit la dynamique à l’œuvre : ‘‘C’était impressionnant de voir comment Socialist Alternative combinait efficacement ses tactiques à l’intérieur et à l’extérieur du Conseil. C’était un jeu d’échecs, chaque mouvement de la mairie et des entreprises recevait une réponse de ‘‘15 NOW’’. La position de Sawant à la table des négociations a été renforcée par des manifestations et des actions.’’
Al-Jazeera América a écrit : ‘‘La victoire de Sawant a démontré qu’être socialiste n’est plus un inconvénient pour les élections. La campagne pour les 15 $ de l’heure a en outre fourni un modèle de démocratie par la base qui va à l’encontre du processus politique contrôlé par les entreprises. Les observateurs s’attendent à ce que la loi puisse passer fin mai. Si cela se produit, la victoire – même sans être complète – confirmera la méthode de Socialist Alternative, renforcera cette organisation et créera plus d’espace pour la politique socialiste aux États-Unis’’ (21 mai 2014).
Lors du vote final au Conseil, le 2 juin, Kshama Sawant a clôturé son discours comme suit : ‘‘Le message d’aujourd’hui est clair : si nous nous organisons en tant que travailleurs avec une stratégie socialiste, nous pouvons combler le fossé des inégalités de revenus et nous attaquer à l’injustice sociale. Les 15 $ à Seattle ne sont qu’un début. Nous avons tout un monde à gagner.’’
Plus d’infos sur le rôle joué par Kshama Sawant et Socialist Alternative à Seattle.
Irlande. Des élus pour renforcer la résistance de terrain contre la politique antisociale
Par Finghin Kelly
Joe HigginsLe parti-frère irlandais du PSL a remporté son premier siège au Dáil (parlement) en 1997. En 2011, le parti a gagné deux sièges aux élections législatives et, récemment, en a obtenu un de plus lors d’une élection partielle. Le Socialist Party irlandais a également eu un député européen de 2009 aux récentes élections de mai.
Le Socialist Party est également représenté dans des conseils locaux depuis 1991. Il est à la base de l’Alliance Anti Austérité (AAA) qui vient de remporter 14 conseillers municipaux (9 d’entre eux étant membres du Socialist Party) siégeant désormais dans les trois principales villes de la république irlandaise.
Durant toute cette période, le Socialist Party a été confronté à de nombreux défis dans l’utilisation de ses élus. Les années ’90 et le début des années 2000 furent une période marquée par un dramatique tournant vers la droite au sein du Parti Travailliste irlandais (de même que dans le reste de la social-démocratie, comme le PS en Belgique), qui s’est transformé en un parti entièrement pro-capitaliste et appliquant le néolibéralisme. Un processus similaire avait également pris place dans la majorité des directions syndicales, qui ont abandonné l’idée de mener une lutte conséquente pour défendre les intérêts de la classe des travailleurs tout autant que celle qu’une alternative au capitalisme était possible.
Ces dernières années, le capitalisme irlandais a connu une crise profonde. Les banques irlandaises ont été renflouées par le contribuable à hauteur de 64 milliards € et un vicieux plan d’austérité a été mis en place par l’ensemble des partis traditionnels. Les conditions de vie des travailleurs se sont effondrées tandis que l’émigration et le chômage ont atteint un niveau record.
Dans ce contexte, les principales tâches qui nous faisaient face avec nos représentants élus étaient de défendre et de populariser les idées du socialisme en tant qu’alternative à la crise, d’entrer en confrontation avec l’establishment politique capitaliste et de s’en prendre aux conséquences de leurs politiques en organisant à la rage et l’opposition des travailleurs.
L’histoire nous a démontré que toutes les conquêtes sociales acquises par la classe des travailleurs ont été obtenues grâce à l’organisation et à la pression exercée sur la classe capitaliste et ses partis. Chaque victoire obtenue au Parlement n’a été possible que grâce à ce genre de mouvement. Nous avons donc toujours visé à utiliser nos représentants comme bras politiques du mouvement à l’extérieur de la Chambre. C’est ce qui a constitué notre force : faire d’une part entendre la voix des travailleurs et défendre les idées du socialisme à l’intérieur du Parlement et, d’autre part, avant tout utiliser ces élus afin d’aider à organiser la lutte à l’extérieur du Parlement.
Paul MurphyDans le cadre du mémorandum de la troïka, le gouvernement irlandais a instauré une taxe injuste sur chaque maison, sans tenir compte des moyens de ses occupants. Une campagne de boycott de masse a suivi, soutenue et construite par le Socialist Party. Nos élus ont été une sorte de mégaphone pour la campagne. Notre député européen, Paul Murphy, a même déchiré son formulaire de taxe au Parlement européen au cours d’un débat avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Nos élus ont été d’une grande assistance pour la campagne. Nos ressources (bureaux, capacités d’impression, etc.) ont été utilisées pour construire une campagne nationale de masse. Le bureau de Paul Murphy à Dublin a par exemple été occupé par des volontaires de la campagne afin d’y organiser des réunions et des actions dans tout le pays, tout en servant de centrale téléphonique pour de la campagne.
Nos élus n’ont jamais cessé leur activité dans le mouvement. En 2003, dans une campagne du même type, notre député Joe Higgins a même été emprisonné un mois après avoir défié une décision judiciaire interdisant les manifestations.
Pour le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), il est normal que les représentants des travailleurs n’aient pas un style de vie plus aisé que celui des travailleurs. Ses représentants vivent donc avec le salaire moyen d’un travailleur. Le député européen Paul Murphy a ainsi vécu comme un jeune travailleur irlandais; en gardant 1.800 euros par mois de son salaire de parlementaire de 6.300 euros. Le reste a été donné à des travailleurs en grève, des campagnes anti-austérité, etc.
Beaucoup d’exemples peuvent encore illustrer comment des élus peuvent efficacement aider les travailleurs en lutte. En 2005, par exemple, Joe Higgins a fait entrer au Dáil la question de l’exploitation des travailleurs turcs et kurdes chez Gama Construction. En plein boom du secteur immobilier, ils ne recevaient qu’un salaire de 2 ou 3 € de l’heure ! Ces travailleurs se sont mis en grève, et notre travail au Dáil a permis d’exercer une pression politique sur le gouvernement irlandais et de faire débarquer la thématique dans les médias, jusque-là réticents. Ce fut un point tournant pour leur lutte.
Plus d’infos.
Liverpool : La ville qui a défié Thatcher
Dès le printemps 1984, la ville de Liverpool a connu un mouvement de masse dirigé par les membres de notre parti-frère anglais, alors organisés au sein du Parti Travailliste autour du journal “Militant”. À Liverpool, leur tendance était même la force dirigeante du parti travailliste.
À ce moment-là, les administrations locales se voyaient contraintes par le gouvernement central d’exécuter d’importantes coupes budgétaires. Mais il n’en a pas été ainsi à Liverpool grâce à un conseil communal dont la direction, le programme et les tactiques avaient été élaborés par l’organisation trotskyste ‘‘Militant’’. Même si les membres de Militant étaient en minorité au conseil, ce sont leurs propositions d’actions et idées qui étaient acceptées. Ils ont défendu la nécessité d’un budget basé sur la satisfaction des besoins des habitants. Les rentrées étaient insuffisantes face aux dépenses prévues, mais une large campagne a été initiée pour contraindre le gouvernement à accorder plus de ressources aux localités.
La majorité travailliste à Liverpool, élue en mai 1983, est revenue sur les 2.000 licenciements de travailleurs municipaux effectués par la précédente administration travailliste. Elle a aussi décidé de lancer un plan de construction de 5.000 nouveaux logements sociaux en quatre ans. Plus de logements sociaux ont été construits à Liverpool sur cette période que dans toutes les autres communes du pays ! 12.000 emplois ont ainsi été créés dans le secteur du bâtiment à un moment où le taux de chômage était à plus de 25 % à Liverpool, voire même à 90 % parmi la jeunesse de certains quartiers. Le salaire minimum des employés communaux a été relevé de 100 livres par semaine, et le temps de travail est passé de 39 à 35 heures par semaine, sans perte de salaire.
“Better break the law than break the poors” – “Mieux vaut briser la loi au lieu de briser les pauvres”Avec ses 30.000 travailleurs, la ville était le plus grand employeur de la région. Mais si Liverpool avait avalé la logique d’austérité que voulait lui imposer le gouvernement, le budget pour 1984 aurait dû être de 11 % inférieur à celui de 1980-81. 6.000 emplois auraient dû disparaitre pour que le budget soit à l’équilibre.
Le gouvernement a lancé une campagne complètement massive contre Liverpool dans les médias, campagne plus tard suivie par la direction nationale du Parti Travailliste. Plus d’une fois, Thatcher a menacé d’envoyer l’armée pour expulser les élus locaux. Dans un courrier des lecteurs dans les pages d’un journal local, un homme avait réagi en disant : ‘‘Je ne sais pas qui était Léon Trotsky, mais à en juger par le nombre de maisons qui ont été construites à Liverpool, ce devait être un fameux maçon !’’
Le 29 mars 1984, jour où devait être voté le budget d’austérité du gouvernement, une grève générale locale de 24 heures, une des plus grandes grèves jamais vues à l’échelle d’une ville, et 50.000 personnes ont manifesté en direction de l’hôtel de ville afin d’exprimer leur soutien au conseil ! Le 9 juin 1984, le gouvernement a fait toute une série de concessions d’une valeur totale de 16 millions de livres, entre autres parce que les mineurs étaient eux aussi partis en grève. Thatcher savait qu’elle ne pouvait obtenir aucune victoire en se battant sur deux fronts à la fois, et a décidé de tout d’abord se concentrer sur les mineurs.
Finalement, les “47” de Liverpool (les 47 conseillers travaillistes qui ont mené la lutte jusqu’au bout) ont été démis de leurs fonctions par un tour de passe-passe juridique suite à une alliance conclue entre Thatcher et la direction nationale travailliste, horrifiée par le soutien que commençaient à gagner la ‘‘Tendance Militant’’. La section locale du parti à Liverpool a été dissoute puis placée sous un contrôle hiérarchique très strict. Ce n’était que le début d’une sorte de contre-révolution politique au sein du Parti Travailliste arrivée à sa conclusion logique sous Tony Blair, le parti devenant totalement pro-capitaliste.
Version raccourcie d’un précédent article.
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La crise en Ukraine : Une opportunité pour le lobby du gaz de schiste
‘‘Never waste a good crisis’’ disait Winston Churchill (ne jamais perdre l’opportunité d’une crise), une devise parfaitement comprise par les conservateurs et le monde patronal, notamment autour de la crise ukrainienne et des tensions grandissantes entre les États-Unis et l’Union européenne d’une part et la Russie de l’autre.
Par Paul Murphy, député européen du Socialist Party (CIO-Irlande) et Tanja Niemeier
La ‘‘sécurité énergétique’’ s’est fait une place de choix dans le débat public suite aux menaces de sanctions à l’encontre de la Russie et des potentielles représailles. Puisque Poutine et les autorités russes utilisent les ressources naturelles du pays et le géant énergétique Gazprom (premier exploitant et premier exportateur de gaz au monde) comme des ‘‘armes politiques’’, les autorités occidentales désirent accroitre leur indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, particulièrement dans le cas du gaz.
En 2012, Gazprom représentait à elle seule 34% des importations de gaz naturel en Union européenne. L’an dernier, l’entreprise russe a livré un record de 162 milliards de mètres cubes de gaz en Union européenne et en Turquie, dont 86 milliards de mètres cubes ayant transité via l’Ukraine. Voilà qui illustre directement pourquoi l’UE a tant d’intérêts en Ukraine et à quel point les intérêts économiques occupent une place prépondérante dans ce conflit.
Au cours d’une réunion avec Angela Merkel, le Premier ministre conservateur polonais Donald Tusk a d’ailleurs déclaré : ‘‘La question de l’Ukraine est celle de l’avenir de l’UE, de la sécurité de l’UE et d’une correction de la politique énergétique de l’UE. Nous ne pourrons pas à l’avenir répondre à de potentielles nouvelles mesures agressives de la part de Russie si tant de pays européens restent dépendants du gaz russe.’’
La Pologne est l’un des plus fervents partisans du gaz de schiste. Actuellement, Gazprom est responsable de 60% du pays, mais certaines études estiment que la Pologne constitue le plus grand réservoir de gaz de schiste d’Europe. Pour stimuler le secteur et attirer les investissements étrangers, le gouvernement polonais a déjà annoncé que les entreprises d’extraction de gaz de schiste bénéficient de six ans d’exonération fiscale. Même le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré qu’il fallait accepter l’exploitation du gaz de schiste, alors que la Grande-Bretagne est pourtant beaucoup moins dépendante du gaz russe.
Les collectivités locales, les militants écologistes et les défenseurs des idées du socialisme sont résolument opposés à l’exploitation du gaz de schiste et à la méthode de la fracturation hydraulique. Les risques que cela représente pour la santé et l’environnement sont énormes et les preuves ne manquent pas. Cette méthode affecte l’eau potable, l’air, les sols et le climat, elle peut même favoriser les tremblements de terre et maintient par ailleurs la dépendance aux combustibles fossiles pour de nouvelles décennies. Et en plus du développement de ces techniques catastrophiques socialement et écologiquement, il est également question d’importer du gaz de schiste américain.
Les conservateurs, les réactionnaires et les négationnistes du changement climatique au Parlement européen ne cachent pas leurs positions. Par exemple, le parti Pologne Unie (qui fait partie du groupe autour de l’UKIP britannique) a défendu une résolution affirmant que ‘‘Le gaz de schiste occupe une partie importante du marché nord-américain et a fait baisser les prix. Cela peut être reproduit en Europe pour garantir l’approvisionnement énergétique et améliorer la compétitivité économique.’’
L’Union Européenne et les Etats-Unis sont en train de négocier un accord visant à créer la plus grande zone de libre-échange au monde, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP). Si cet accord devait être finalisé, il ouvrirait grand la porte à la fracturation hydraulique, ce que Barack Obama a ouvertement expliqué à Bruxelles en marge des discussions UE-USA portant sur les relations commerciales et la situation en Ukraine.Dans le cadre du capitalisme, la seule manière d’aborder une crise est la fuite en avant. Parvenir à de réelles solutions pacifiques au sujet de l’énergie nécessite de rompre avec la logique de profit et de cupidité de l’actuel système de production. Des investissements publics massifs doivent être réalisés dans les énergies renouvelables et dans la recherche scientifique et le secteur énergétique doit être nationalisé et placé sous contrôle et gestion de la collectivité. Sans cela, les intérêts des actionnaires primeront toujours sur ceux de la collectivité, au risque de courir droit à la catastrophe.
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L’Irlande, un modèle de sortie de crise ?
Ce début d’année 2014, l’Irlande a été le premier pays de la zone euro à sortir d’un ‘‘plan d’assistance’’ conclu avec la troïka (Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne et Union Européenne). L’Irlande s’était retrouvée dans les griffes de la Troïka en 2010 suite à l’endettement massif de l’Etat après le sauvetage des banques consécutif à l’éclatement de la crise.
Aujourd’hui, pour nombre de responsables européens, l’austérité à la sauce irlandaise est un modèle. Nous en avons discuté avec Paul Murphy, un élu atypique, député européen du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL). Ce dernier, actuellement en campagne pour sa réélection ce mois de mai, a clairement démontré quelle différence pouvait faire un élu qui considère sa position comme un instrument destiné à aider au développement des luttes travailleurs et des masses. ‘‘Ils parlent de reprise économique, mais nous ne parvenons toujours pas à joindre les deux bouts !’’, dénonce directement Paul dans sa campagne.
Il est vrai qu’outre le fait que la fin de l’austérité est encore loin d’être en vue (des mesures antisociales sont encore prévues à hauteur de 1,5% du PIB pour 2014), la politique gouvernementale a été des plus féroces : le salaire moyen des fonctionnaires a baissé de 17%, le nombre de fonctionnaires a été raboté d’un dixième, la TVA a augmenté, de nouvelles taxes ont été créés,… Depuis le début de la crise en 2008, un emploi sur sept a disparu. Une des conséquences est l’émigration massive des jeunes : sur une population de 4,5 millions d’habitants, 180.000 jeunes entre 15 et 24 ans ont quitté le pays ! Pendant ce temps, une nouvelle bulle immobilière s’est développée et menace d’éclater à son tour…
Pour Paul, la politique du gouvernement se résume à écraser la population: ‘‘Au lieu de lever le pied, le gouvernement continue à couper dans les budgets des services cruciaux tels que la santé et imposera une taxe sur l’eau draconienne d’ici quelques mois. La population a déjà du mal à joindre les deux bouts, ayant souffert de coupes salariales, de la généralisation des temps partiels et de l’augmentation du taux de chômage. Les bas salaires des nouveaux emplois et la flexibilité qu’ils requièrent tendent à créer une économie de bas salaires.’’
L’intérêt du ‘‘miracle irlandais’’ pour l’establishement européen se situe ailleurs : ‘‘les 300 personnes les plus riches ont vu leur richesse augmenter de 50 à 66 milliards d’euros entre 2010 et 2012 tandis que les multinationales bénéficient de conditions dignes d’un paradis fiscal à côté d’une main d’oeuvre très bon marché.’’
‘‘En réalité, c’est une vraie lutte pour survivre, pas une réelle reprise économique ou un avenir éclairci, à laquelle fait face la majorité de la population et les jeunes en particulier’’, confie Paul Murphy. ‘‘Un programme réellement socialiste peut offrir un véritable avenir. Ne pas payer les intérêts de la dette des actionnaires libérerait déjà 8 milliards d’euros cette année. Taxer les millionnaires de seulement 5% rapporterait 3 milliards et augmenter la taxe des entreprises afi qu’elle atteigne la moyenne européenne représenterait 5 milliards d’euros par an. Un programme de 5 milliards d’euros pour de vrais emplois pourrait engendrer de suite la création de 150.000 emplois et ainsi développer un réel dynamisme économique.’’
Mais, fondamentalement, sortir de la crise nécessitera l’instauration d’une alternative socialiste à la dictature des marchés, avec la nationalisation sous contrôle réellement démocratique des banques et des secteurs clés de l’économie pour une planification démocratique de l’économie répondant aux besoins de la population.
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Un militant au parlement !
Paul Murphy n’a eu de cesse de dénoncer la politique pro-capitaliste en Irlande, au côté notamment de Joe Higgins, élu du Socialist Party au parlement irlandais. Il a fait de même au parlement européen dans le cadre de la fraction parlementaire de la Gauche Unitaire Européenne (qui réunit des organisations comme le Front de Gauche (France), Syriza (Grèce), Izquierda Unida (Espagne) et Die Linke (Allemagne)). Mais il s’est également engagé dans le développement de nombreuses campagnes de terrain anti-austérité en Irlande et ailleurs, dont l’une des dernières est consacrée à la lutte contre l’exploitation subie par la jeunesse au travail et pour un réel programme de création d’emploi. Il y a également eu les campagnes contre l’imposition de nouvelles taxes par un boycott de masse de celles-ci. Pour ces élections, il a notamment reçu le soutien de l’Alliance Anti Austérité (AAA).
Il a également activement participé à la lutte pour le droit à l’avortement en Irlande et au sein du Parlement européen, a dénoncé l’homophobie et la discrimination auxquelles fait face la communauté LGBTQI en Irlande et internationalement, participe au combat contre le Traité Transatlantique (qui vise à créer la plus grande zone de libre-échange au monde entre les USA et l’UE),…
Paul s’est aussi rendu en Grèce, en Espagne, en Italie ou encore au Portugal pour soutenir les travailleurs en lutte et défendre la nécessité d’une résistance unifiée contre l’austérité à travers toute l’Europe. Il a également été apporter son soutien aux travailleurs en grève dans les raffineries du Kazakhstan, a dénoncé le massacre des 40.000 Tamouls par les autorités du Sri-Lanka et s’est rendu à Istanbul durant les manifestations de masse qui ont défié le gouvernement turc d’Erdogan en juin 2013. Il a aussi participé en 2011 à la ‘Flottille pour la Liberté’ en route vers Gaza. Capturé par l’armée israélienne dans les eaux internationales, il a passé une semaine dans les geôles israéliennes. Il a d’ailleurs répétitivement dénoncé la complicité de l’Union européenne dans l’oppression palestinienne.



