Tag: Pas de Thatcher en Belgique!

  • Attaque politique contre le droit de grève au port d'Anvers

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    Les autorités de la ville recourent aux forces armées du patronat

    Au port d’Anvers, le droit démocratique de mener une action collective qui, selon la législation européenne, permet également la tenue de piquets de grève et inclut même les barrages routiers, a été violemment attaqué par la police en cette journée de grève nationale à l’appel de la FGTB. Les grands moyens ont été utilisés: différentes équipes de robocops, canons à eau et autres matériels peu communs. Dans quel objectif ? briser le droit de grève.

    Rapport et photos de Geert Cool

    Le conseil communal de droite et le gouvernement fédéral du même acabit veulent s’en prendre depuis déjà longtemps au droit de grève. Bart De Wever & Co n’ont pas pu supporter que la zone portuaire d’Anvers soit à nouveau bloquée par une action de grève, de façon responsable et organisée par un personnel formé pour assurer la sécurité dans cette zone industrielle. La grève nationale de la FGTB de ce 24 juin a donc été l’occasion de briser ce blocage par la répression. C’est effectivement ce qui a été fait. C’est aux syndicalistes de veiller à ce que cela soit éviter aux actions suivantes par une bonne évaluation de la situation.

    anvers02Les quatre piquets organisés par la Centrale Générale dans la zone portuaire ont été brisés, un par un, par une force de police impressionnante. L’intervention était soigneusement préparée. Qui a donné les ordres pour sa préparation et son exécution? Qui assume la responsabilité politique de cette violation du droit à l’action collective? Le président de la FGTB-Anvers, Bruno Verlaeckt, a même été arrêté et détenu pendant quatre heures. Un pays où un dirigeant syndical en lutte contre la politique du gouvernement est arrêté par ordre de ce même gouvernement fait davantage penser à une dictature qu’à une démocratie. Ce gouvernement ne laisse non seulement pas de place à la concertation, il veut aussi décider de la manière dont la résistance sociale devrait se pencher sur sa politique: tranquillement et dans des endroits où personne ne le remarque. Dans une cellule de police par exemple.

    La droit de grève repose sur l’installation de piquets de grève. Même la mise en place de barrages routiers fait partie du droit à l’action collective. Le port d’Anvers connait depuis déjà des décennies des piquets de grève aux quatre points d’accès à la Scheldenlaan (l’avenue centrale). Ce 24 juin, les choses n’étaient pas différentes. La décision de les briser est une décision politique qui vise directement le droit de grève de tous les travailleurs. Cela n’a rien à voir avec la fluidité du trafic : tout était beaucoup plus calme avant l’intervention de la police. Les grévistes s’étaient assurés que tous ceux qui se trouvaient dans le port pouvaient le quitter, les files ne prenaient pas beaucoup de temps. L’intervention policière a duré longtemps, entrainant de longs embouteillages. Rien à voir avec le trafic donc. Mais tout avec une attaque contre le droit de grève.

    Il faut riposter. Après l’été, de nouvelles grèves et manifestations suivront. Utilisons l’été pour soigneusement préparer nos actions et considérablement augmenter la mobilisation tout en réfléchissant à la meilleure manière de bloquer la zone portuaire toute entière sans être relativement facilement repoussés par la police comme ce fut le cas aujourd’hui. Quatre piquets avec une cinquantaine de syndicalistes chacun peuvent être vite dispersés. Mais des dizaines de piquets de grève similaires? Notre arme principale est notre nombre. Mobilisons la de manière optimale.

    C’est sur base de la mobilisation et de l’organisation que nous avons arrachés nos droits démocratiques actuels, nous allons les défendre de la même façon contre les forces armées des patrons et ceux qui décident de les utiliser.

    24 juni - repressie in Antwerpse haven

  • Mobilisons la colère vers le 29 septembre et le 7 octobre!

    Tract24juin

    24 juin – Pour nous débarrasser du gouvernement et de toute la politique d’austérité : Mobilisons la colère vers le 29 septembre et le 7 octobre !

    Le texte ci-dessous est tiré du tract qui sera distribué dès ce soir par des militants du PSL à plus d’une centaine de concentrations syndicales et de piquets de grève dans tous le pays.

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    Ce piquet est l’un des milliers qui constituent aujourd’hui le fer de lance de l’opposition au gouvernement Michel. Ce n’est que l’expression la plus visible de l’énorme colère provoquée par ses politiques inéquitables. Derrière chaque piquet se trouvent aussi nombre de travailleurs qui sont eux aussi en grève mais sont restés chez eux. Et derrière encore se trouve un plus grand groupe de gens en colère ou inquiets mais qui, pour une raison ou une autre, ne peuvent pas ou ne veulent pas encore faire grève.

    Tract du PSL // Tract en version PDF

    Notre travail n’est donc pas terminé avec ce piquet. A partir de demain, la lutte se poursuit pour convaincre les collègues qui ne sont pas encore impliqués aujourd’hui de ne pas manquer le rendez-vous suivant. La prochaine grande mobilisation dans le cadre du nouveau plan d’action syndical sera le 29 septembre à Bruxelles. Avec une bonne préparation, cela pourrait à nouveau être une manifestation de masse de plus de 150.000 personnes. Si nous réussissons, vous pouvez être certain que le gouvernement, les patrons et les grands groupes de presse baisseront d’un ton. Nous pourrons alors complètement balayer le gouvernement par la grève du 7 octobre et des jours d’après. Alors ce ne sera pas seulement la FGTB et certaines centrales francophones de la CSC, mais tout le monde qui cessera le travail ensemble.

    131 jours de grève / 1000 travailleurs

    C’est officiel. Depuis l’arrivée en fonction de Michel jusque fin 2015, il y a eu 131 jours de grève pour 1000 travailleurs sur base annuelle. Il faut remonter 20 ans en arrière pour trouver un gouvernement qui a provoqué plus de grèves (Dehaene I). C’est logique. Le gouvernement s’est mis à la tête d’une offensive de casse sociale néo-libérale extrémiste tandis que les riches se font dorloter comme jamais. L’austérité pour investir ? Que les entreprises belges ramènent les 62 milliards qu’ils ont planqués en 2014 aux Luxembourg. Chez nous, la coupe est pleine.

    Jusqu’où ? Au point que de nombreux travailleurs n’ont pas pu attendre les dates du plan d’action. Celui qui suit les médias dominants pourrait avoir l’impression que de nombreuses entreprises ne recrutent que des travailleurs génétiquement atteints d’une maladie qui les pousse à l’action: chez HR-Rail, bpost, les éclusiers, les aiguilleurs du ciel, les bagagistes, les agents pénitentiaires, les travailleurs sociaux, les chauffeurs de bus, les éboueurs, etc. Michel déclare que son gouvernement veut «changer l’ADN du travailleur belge», mais les grèves n’ont rien à voir avec la génétique.

    Les grèves ne viennent pas de notre ADN
    mais des conditions de travail insupportables

    Elles proviennent par contre de la pression constante sur nos conditions de travail et de vie. Dans d’autres secteurs également et dans la société dans son ensemble cette pression devient insupportable. Dans la prochaine édition de notre journal, Lutte Socialiste, nous laisserons la parole à quelques-uns de ces grévistes. Les médias traditionnels nous ont rabâchés les oreilles avec la nocivité des grèves. Ils parlent d’un virus à combattre par des restrictions au droit de grève. Nous cherchons au contraire quelles en sont les causes profondes et nous sommes convaincus que si les militants les expliquaient dans les entreprises, à des assemblées du personnel et dans des tracts, l’opinion pourrait rapidement basculer. Pourquoi ne pas découper ces interviews et les afficher aux panneaux syndicaux ?

    Le PSL est très partisan des syndicats. Beaucoup de nos militants et sympathisants sont des syndicalistes respectés, ce qui a été confirmé par les résultats des élections sociales. Nous appelons chacun à activement s’impliquer dans les syndicats. Mais en tant que militants critiques nous voulons aborder quelques lacunes. Certains dirigeants syndicaux ne se battent pas pour l’opinion publique, ils s’y plient. Ils veulent à tout prix conclure des accords et perdent parfois de vue la pression qui retombe sur nos épaules dans les entreprises. Cela devient encore pire quand ces accords sont conclus sans que l’on ne demande leur avis aux travailleurs eux-mêmes. Nous sommes nombreux à être fatigués de ces barons qui, sans discussion avec la base, font sauter le front syndical ou, pire, qui injectent d’en haut la division communautaire dans le mouvement.

    Nous comprenons la nécessité de fonctionner avec des représentants, des porte-paroles et des mandats, mais cela ne doit pas être instrumentalisé pour priver les membres de l’information et brider la liberté de débat et de travail en réseau. Le mouvement des travailleurs n’est pas une armée qui charge ou se retire sous les ordres de généraux. C’est une classe sociale où une position commune peut être forgée de la diversité d’opinions par le débat démocratique. A certains endroits, des assemblées du personnel sont organisées, de même que des réunions de militants dans quelques régionales, mais cela arrive trop peu et, souvent, uniquement pour informer, sans véritable débat.

    Renverser le gouvernement…

    Pour de nombreux travailleurs, c’est maintenant clair: ce gouvernement ne fera pas de concession. Il perdrait sa raison d’être. La seule chose qui marchera, c’est de le renverser. Pour le remplacer par quoi ? Les sociaux-démocrates et les Verts préfèrent que le gouvernement aille jusqu’à son terme et qu’il fasse autant de sale boulot qu’il peut. En France, leurs partis-frères appliquent la même politique de démolition sociale et ils n’y suscitent pas moins de résistance.

    Le PTB/PvdA, seul véritable parti d’opposition de gauche au Parlement, ne cesse de répéter qu’il ne faut pas renverser le gouvernement. Pourtant, indépendamment de sa composition, un gouvernement qui prendrait fonction après que son prédécesseur soit tombé en conséquence des conflits sociaux devrait chanter sur un autre ton. Le PTB veut en revanche faire reculer Michel dans l’attente d’un «front populaire» avec le PS et les Verts dans 10 à 15 ans. Le PSL comprend bien l’aspiration à l’unité à gauche, mais pour rompre avec l’austérité, pas pour freiner la résistance sociale ou appliquer une politique de droite, comme Hollande ou Tsipras. De plus, les travailleurs ne disposent pas d’autant de temps. D’ici 2018, le gouvernement doit encore trouver 8 à 9 milliards d’euros pour équilibrer son budget. De nouvelles douloureuses mesures de casse sociale arriveront encore cet été et, si le gouvernement reste à flot, la loi Peeters passera. Même un nouveau saut d’index n’est plus à exclure.

    … cela exige une alternative

    Ainsi il semble que le mouvement des travailleurs ne dispose pas d’alternative au programme de compétitivité débridée de la droite pour les 10 prochaines années. Pourtant il existe bien : une société fondée sur la solidarité. Mais c’est à peine discuté et élaboré. Cela devra certainement comprendre la réduction du temps de travail sans perte de salaire, la restauration complète de l’index, la défense et l’augmentation des pensions, la restauration de la retraite anticipée et de toutes les allocations. Imposer cela n’exige pas un front mais au contraire une rupture des syndicats belges avec leurs «partenaires» traditionnels et une initiative politique résolue ouverte aux nouveaux mouvements sociaux, au PTB et à d’autres forces de la gauche radicale, dont le PSL.

    Nous sommes convaincus qu’une telle initiative peut générer un enthousiasme débordant. Nous ne savons pas jusqu’où ils iront, mais la campagne de Sanders aux États-Unis, l’élection de Corbyn à la présidence du Parti travailliste en Grande-Bretagne et la coopération de Podemos et Gauche Unie en Espagne ont redessiné le paysage politique en un rien de temps. Si le mouvement des travailleurs ne propose toutefois aucune alternative, la droite populiste et l’extrême droite vont, comme en Autriche, instrumentaliser le mécontentement pour se renforcer. Les sondages avertissent déjà d’un retour du Vlaams Belang.

    ls212Vous ne voulez pas attendre cela, mais aider à construire une société solidaire, vraiment démocratique et socialiste, pas seulement en paroles ou pour un avenir lointain, mais dès aujourd’hui? Rejoignez le PSL.

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    Ne comptez pas sur les médias dominants pour parler correctement de nos luttes. “On ne mord pas la main qui nous nourrit”, comme le dit le proverbe, et cela vaut également dans les médias. C’est pourquoi des médias tels que le journal Lutte Socialiste et le site socialisme.be sont d’une grande importance.

    Achetez Lutte Socialiste pour 2 euros ou prenez un abonnement d’essai: pour 5 euros, vous recevrez en plus les deux prochains exemplaires dans votre boîte aux lettres.

    N° de compte : BE48.0013.9075.9627, Socialist Press

  • Bruxelles : Mobilisation syndicale contre la réforme des pensions

    CGSP_02Ce mardi 21 juin, quelques centaines de syndicalistes de la CGSP se sont réunis place Fontainas, devant les locaux de la centrale FGTB des services publics, pour se rendre ensuite vers les bureaux du ministre des pensions Daniel Bacquelaine (MR).

    Si les manifestants entendaient plus particulièrement dénoncer les projets du gouvernement Michel concernant les pensions, la colère des travailleurs est évidement dirigée contre toute la politique antisociale de ce gouvernement de droite dure.

    Prochain rendez-vous : la grève générale de ce vendredi 24 juin à l’appel de la FGTB nationale, rejointe par certaines centrales francophones de la CSC.

    Lire notre tract à ce sujet : La coupe est pleine ! Mobilisez avec nous pour la grève du 24 juin

  • La loi Peeters passe le droit du travail à la moulinette. Non aux 45 heures!

    ls212_versoIl n’y a pas que le gouvernement français qui veut sa ‘‘Loi Travail’’. Michel & Co. préparent une nouvelle réforme structurelle qui vise directement à augmenter encore plus les profits des patrons. Kris Peeters, ministre de l’Emploi et de l’Économie (CD&V) – celui-là même qui avait encore essayé de se présenter comme le visage social du gouvernement – est maintenant le fer de lance d’une nouvelle attaque généralisée contre les travailleurs et la jeunesse qui, selon ses dires, vivraient tous au-dessus de leurs moyens.

    Par Boris (Bruxelles)

    La fin de la semaine de 38h et des horaires ultra-flexibles

    L’idée est d’introduire la semaine des 45 heures et la journée des 9 heures via l’annualisation (le calcul sur l’année) du temps de travail. Dans certains secteurs, cela pourrait même atteindre les 50 heures par semaine et les 11 heures par jour ! On pourrait ainsi travailler 45 heures certaines semaines et 31 heures d’autres. De plus, un pot de 100 heures supplémentaires serait introduit, rendant possible une augmentation du temps de travail moyen de 2 heures par semaine.

    Jusqu’ici, un patron doit s’assurer de l’accord de la délégation syndicale pour introduire des heures supplémentaires. Désormais, plus besoin de justification avec la ‘‘loi Peeters’’. Le syndicat est mis hors-jeu et l’on se retrouve donc tout seul à négocier face à son employeur, sans qu’une trace écrite soit même nécessaire. Un simple accord oral suffirait.

    Contrairement à la propagande du gouvernement selon laquelle le mécanisme créerait de nouveaux emplois, il limitera au contraire encore plus l’accès à l’emploi pour les chômeurs. Ces derniers seront utilisés comme moyen de chantage pour faire accepter des conditions de travail dégradées. Pas content ? On trouvera quelqu’un pour te remplacer !

    Les femmes et la jeunesse livrées à l’esclavage moderne

    Parmi les travailleurs à temps partiel, dont les femmes constituent la majeure partie, nombreux sont ceux qui ont un horaire flexible. Aujourd’hui, ces horaires doivent être communiqués 5 jours à l’avance et le contrat de travail spécifie quels sont les jours et heures de travail potentiels. Cette loi permettra à l’employeur de communiquer l’horaire seulement un jour à l’avance, de ne plus spécifier dans le contrat les tranches horaires potentielles et de raboter voire supprimer le sursalaire en cas de dépassement des heures.

    Il serait aussi possible de conclure des contrats à durée indéterminée avec une agence d’intérim, qui nous enverrait ensuite d’un job à l’autre à souhait, le moindre refus pouvant casser le contrat et empêcher l’accès aux allocations de chômage.

    Se crever à la tâche et sacrifier sa vie privée

    À de telles conditions, au revoir les loisirs, la vie de famille et la vie sociale tout court. La vie de chacun sera plus compliquée, prendre ses congés et organiser ses vacances en famille deviendra un casse-tête.

    Les travailleurs belges sont parmi les plus productifs au monde, mais deux tiers d’entre eux subissent déjà le stress au travail. Alors que les burnouts, les dépressions et les autres maladies professionnelles explosent, les nouvelles mesures aggraveront encore les problèmes de santé et le nombre de malades de longue durée. Et il est aussi question de faire subir à ses derniers un régime similaire à celui de la ‘‘chasse aux chômeurs’’ et des exclusions d’allocations.

    C’est tout le système Peeters qu’il faut renverser

    D’autres attaques antisociales vont encore suivre alors que les profits et les dividendes versés aux actionnaires atteignent de nouveaux records. Il n’y a jamais eu autant de richesses dans la société, d’inégalités non plus. La politique de l’establishment vise à transférer sans cesse plus de moyens du travail vers le capital. Saisissons l’occasion du nouveau plan d’action syndical. Les syndicalistes disposent de nombreux alliés avec les nouveaux mouvements sociaux tels que Tout Autre Chose, “Bloquons les 45h”, Nuit Debout, la coordination des Sans-papiers, la plateforme ‘‘Du Temps pour Nous’’. C’est tous ensemble qu’il faudra lutter contre la Loi Travail et faire tomber ce gouvernement des riches !

    Mais ne nous limitons pas à ça, partons à l’offensive ! Exigeons un salaire minimum décent de 15€/h, à l’image des luttes qui se développent pour le salaire minimum aux USA ! Répartissons le travail disponible par la réduction collective du temps de travail à 30 heures par semaine, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction des cadences si nécessaire ! Renverser la tendance actuelle de transfert des moyens de la collectivité vers les riches exigera un changement de société, vers l’instauration d’une société socialiste démocratique.

  • Génération K: Après la lutte contre le capitole, la lutte contre le capital

    SocialistWorld_jeunesComme chaque année au mois de juin et de septembre, des dizaines de milliers de jeunes sortent de nos écoles, hautes écoles et unifs et font leur entrée sur le marché de l’emploi. Mais leur avenir est trouble : tandis que certains sont débordés au boulot, beaucoup d’autres s’échinent à en chercher sans succès. Avec les mesures d’austérité qui continue de pleuvoir – comme la loi Peters qui vise à flexibiliser à outrance le travail – les perspectives sont peu réjouissantes pour les jeunes. La seule porte de sortie positive, c’est la lutte collective pour une autre société.

    Par Emily (Namur)

    Génération Tanguy

    À peine plus de la moitié des jeunes trouve un boulot dans les 6 mois qui suivent leur inscription en tant que demandeur d’emploi (54,4 % – étude annuelle 2015 du Forem). Malgré cet état de fait, depuis les mesures Di Rupo, les jeunes doivent prouver pendant un an qu’ils cherchent du travail pour avoir par la suite droit à une petite allocation de chômage dite d’insertion. Comment les jeunes sont-ils censés faire entre-temps ou lorsqu’ils ne rentrent pas dans les conditions d’âge et de diplôme ?

    Lorsque c’est possible, ils restent plus longtemps qu’espéré chez leurs parents, vivant à leurs crochets, ce que l’on a appelé la génération Tanguy, en référence au film d’Étienne Chatiliez. La solidarité sociétale s’est transformée en une aide intrafamiliale. Et sans famille, ou si elle ne peut pas suivre, le dernier recours, c’est le CPAS. Sauf que lui aussi est sous-financé et ne peut pas suivre l’augmentation de 12,4 % des demandes en un an à peine. Face à cette crise, le gouvernement à la botte des plus riches propose sans surprise de conditionner l’accès au revenu d’intégration sociale (RIS). Il faut désormais suivre des formations, réussir des évaluations et bientôt réaliser un service communautaire aujourd’hui encore “volontaire”(c.-à-d. travailler sans salaire !) pour bénéficier du RIS, pourtant dernier rempart avant la misère la plus totale. Nous avons au contraire besoin d’un refinancement des CPAS et d’organiser un partage du temps de travail entre tous, sans baisse de salaire.

    Travailleurs Kleenex

    Le premier emploi est généralement un contrat de moins de 3 mois (dans + de 60 % des cas) souvent en intérim. Cette génération est placée dans une situation de compétition extrême où accepter un non-respect des conditions légales de travail permet d’espérer être prolongé (ce n’est pas la loi, mais pas le choix !). Par contre, en sens inverse, les lois favorables au patronat sont, elles, bien plus largement appliquées.

    En plus du saut d’index qui fera perdre aux jeunes en moyenne 35.000 € sur l’ensemble de leur carrière, la pension à 67 ans et une carrière complète de 42 années pratiquement inatteignable, la loi Peters saque encore plus nos conditions de vie et de travail. Cette dernière prévoit l’annualisation du temps de travail. Ce qui était au départ d’application pour des secteurs spécifiques est aujourd’hui imposé sans concertation à tous les travailleurs. C’est la règle du nivellement par le bas.

    Les travailleurs sous contrat précaire (de très nombreux jeunes donc) seront les plus impactés. Ils sont poussés à prester des heures supplémentaires pour être capables de mettre un peu de côté (par exemple, pour acheter une voiture face à un service de transport public pas toujours assez étendu), mais aussi, et surtout dans l’espoir d’une reconduction de leur contrat. Avec la loi Peters, les compensations pour les heures sup (en sursalaire et/ou récup.) disparaissent. On exige de nous de la flexibilité en fonction de la charge de travail. Par contre, les charges de la vie privée, elles, ne sont absolument pas prises en compte avec ces horaires flexibles qui peuvent être annoncés la veille !

    L’intérim est également généralisé : les contraintes pour les entreprises d’y avoir recours sont supprimées et il est désormais possible d’avoir un contrat d’intérim à durée indéterminé. Toute une carrière à passer d’un boulot à l’autre, de collègues à d’autres au sein d’une commission paritaire, qui privé de sa capacité de mobilisation, est largement plus défavorable aux travailleurs.

    Organisons la riposte

    Face à leur situation qui se dégrade, les jeunes sont désabusés. Il existe un certain pessimisme ambiant : 4 ados sur 5 ont peur de ne pas trouver du boulot, un Belge sur 3 entre 18 et 30 ans a déjà pensé à se suicider (étude Solidaris). Toutefois, ils comprennent également pour qui roule ce système. Selon une enquête menée auprès d’ados britanniques et américains par l’économiste Noreena Hertz, seuls 6 % des jeunes ont confiance dans les grosses corporations et entreprises contre 60 % pour les adultes. N. Hertz nomme cette génération la ‘‘génération K’’ en référence à Katniss Everdeen, l’héroïne de la saga Hunger Games. Une génération rebelle, qui n’accorde plus sa confiance aux autorités.

    Il est crucial aujourd’hui d’organiser ce sentiment de rejet du système et cette volonté de révolte. Les jeunes ont un rôle à jouer dans les luttes contre la loi Peters et l’ensemble des mesures d’austérité. Il est important qu’ils insufflent leur dynamisme au mouvement des travailleurs en rejoignant ses organisations.

    Nous le constatons, la concertation ne fonctionne plus. On ne peut négocier avec ceux qui défendent des intérêts totalement antagonistes aux nôtres. Nous avons besoin de construire une orientation combative dans les syndicats et, en tant que jeune aussi, faire des mobilisations syndicales une réussite en réunissant dans la lutte les écoliers, les étudiants et les travailleurs avec et sans emploi.

    Reprenons les meilleures traditions du mouvement ouvrier qui ont permis de construire notre sécurité sociale et nos services publics en organisant des Assemblées générales dans nos écoles, nos quartiers et nos lieux de travail. Établissons des comités de luttes élus à partir de ces assemblées pour prendre en charge l’organisation des grèves. Lors de ces dernières, tout le monde à un rôle à jouer : travailleurs avec ou sans emploi, renforçons les piquets de grève ! Nous aurons besoin de toutes les forces disponibles pour dégager le gouvernement et toutes les politiques d’austérité.

    L’expérience de 2014 a montré que nous devons dès à présent discuter d’une alternative politique. Faire tomber un gouvernement n’est pas une chose simple. Il faudra une lame de fond profonde qui construit un rapport de force. Mais nous ne devons pas nous arrêter là, nous avons besoin d’une réelle alternative politique et les jeunes doivent prendre part à cette discussion.

  • Questions/réponses: Comment assurer le succès du plan d’action ?

    Piquet_Anvers_berchem7 questions et réponses pour et par les syndicalistes

    Le plan d’action des syndicats n’est pas des moindres. Il n’aurait pas pu en être autrement. Si nous ne stoppons pas le gouvernement Michel, alors la casse sociale se poursuivra notamment avec la ‘‘Loi Peeters’’. C’est évident pour de nombreux syndicalistes. Mais parfois, cela mérite de prendre le temps de la discussion. Nous abordons ici différents thèmes et la manière dont les syndicalistes peuvent tenter d’y faire face.

    Par Eric Byl

    1) “Les syndicats ne font que se défouler, ils font semblant.”

    Le sentiment que les contours d’un accord se dessinent dans les coulisses vit chez beaucoup de personnes. Le fait de devoir dépendre des médias pour apprendre qu’un accord a été trouvé concernant nos conditions de travail ou de salaire, comme nous en avons l’habitude,ne peut que renforcer cette impression. Une manifestation sans lendemain, c’est décevant.C’est vrai. Mais ce ne sera pas le cas cette fois-ci ! La manifestation du 24 mai fait partie d’un plan d’action vers la grève du 24 juin, il se poursuit après l’été avec une manifestation le 29 septembre et au moins une grève générale en front commun syndical le 7 octobre.

    2) “Manifester et faire grève, ça sert à quelque chose ?”

    La participation fait une différence. La manifestation syndicale du 6 novembre 2014 – la plus importante depuis 1986 – a fait baisser d’un ton les médias, les patrons et le gouvernement. Même les violences à sa marge – en grande partie provoquées et aggravées dans les médias – n’ont pas pu atténuer cet impact. Une faible présence consolide le gouvernement, une très forte affluence le déstabilise et renforce les mobilisations qui suivent. C’était très clair durant les grèves provinciales de novembre et décembre 2014 ainsi que durant la grève générale nationale du 15 décembre 2014. La campagne de dénigrement des médias n’avait pas réussi à empêcher les syndicats d’attirer à eux l’opinion publique. Malheureusement, nous n’avons pas renversé le gouvernement et il a pu par la suite progressivement restaurer sa position. Nous avons une deuxième occasion. Si, après les 80.000 du 24 mai, nous atteignons les 200.000 le 29 septembre, le gouvernement sera fortement ébranlé. Nous ne pourrons alors pas lui laisser le temps de souffler, il faudra continuer après la grève générale du 7 octobre jusqu’à sa chute.

    3) “Je ne peux pas convaincre mes collègues de faire grève.”

    Il est parfois difficile de pousser les collègues à la grève, surtout dans les hôpitaux, avec un service minimum qui nécessite généralement une plus grande présence qu’un jour normal. La direction et le gouvernement jouent aussi sur la compassion et l’envie de ne pas laisser les patients dans le pétrin. Un délégué syndical imaginatif avait contourné cela en organisant un arrêt de travail et une petite manifestation en boucle autour de l’hôpital. Les collègues en ont beaucoup parlé et jamais auparavant il n’y avait eu autant de participants de cet hôpital à une action syndicale.

    Pendant la grève des fonctionnaires fédéraux, nous avons visité un piquet tenu par quatre délégués tandis que la quasi-totalité du personnel travaillait. Peut-être qu’il aurait mieux valu organiser une discussion sur la lutte à la cantine, couplée à un arrêt de travail. Plus de collègues auraient ainsi été impliqués et les chefs de bureau n’auraient pas disposé champ libre sur le lieu de travail, en l’absence des délégués présents au piquet. Un représentant syndical est aussi fort que le sont ses partisans. Parfois, cela nécessite de faire un pas en arrière pour être en mesure d’avancer par la suite.

    4) “Mes collègues ne sont pas intéressés.”

    C’est ce que nous avait dit un chauffeur de bus au moment de l’affaire Zheyun Yé il y a quelques années (plusieurs scandales de corruption dans le football belge). Nous avions convenu de découper les articles sur ce sujet dans le journal Het Laatste Nieuws et de les accrocher au tableau d’information syndical. Pour la direction, ce n’était rien, ce journal n’est très certainement pas un ami des syndicats. Et qui n’est pas intéressé par le football ? Mais à chaque fois que quelqu’un regardait ces articles, notre syndicaliste prenait position et engageait la discussion en disant que c’est pareil dans l’entreprise : c’est toujours le profit qui compte. Après plusieurs mois, les bases de la future délégation étaient posées.

    Le taux de syndicalisation est élevé en Belgique, mais c’est moins le cas dans l’enseignement en Flandre. Dire que le patron ne recherche que les profits, c’est aussi moins évident. Les enfants ne sont pas des clients – ou du moins ce n’est pas encore le cas – et les parents sont des bénéficiaires de l’infrastructure de l’enseignement d’un autre calibre que les multinationales qui bénéficient du travail des sous-traitants, par exemple. Les autorités abusent de la situation pour culpabiliser les enseignants en grève. Prendre le temps d’expliquer les choses telles qu’elles sont y est encore plus important que dans de nombreux autres lieux de travail. Un délégué nous avait expliqué qu’il réagissait en mettant à jour le panneau syndical toutes les semaines avec des articles frappants de la presse populaire.

    5) “Moi je veux bien, mais chez nous, il n’y a pas de tradition de lutte.”

    Là où cette tradition existe, il faudra bloquer l’entreprise et le zoning industriel si possible, en impliquant activement un maximum de collègues. Mais une tradition syndicale, ça n’existe pas partout. C’est toujours le résultat de beaucoup de préparation et de durs combats. Ce n’est pas le cas chez vous ? Il est temps de commencer. En tant que délégué, vous devez être irréprochable dans votre travail. Vos collègues pourraient sinon penser que vous êtes là juste pour bénéficier de la protection des délégués et qu’ils doivent eux-mêmes faire une partie de votre travail. Ce serait ensuite un jeu d’enfant pour le patron de vous isoler et même éventuellement de vous jeter à la porte. Évitez de vous disperser en réagissant à tout, mais ne laissez pas non plus vos collègues dans le doute. Dites bien que vous vous occupez de leurs préoccupations, mais assurez néanmoins de prendre toujours le temps de bien vous informer. Consultez votre secrétaire ou un collègue délégué pour savoir quels sont les pièges potentiels à éviter. Si vous êtes vraiment seul, ne tentez pas de convaincre quelqu’un de tout en une fois, mais cherchez à stimuler les conversations et les commentaires de ceux qui sont intéressés. Nourrissez leur intérêt chaque semaine avec un article intéressant tiré d’un journal, une remarque bien placée ou en amenant un collègue à un débat ou une manifestation. En bref : politisez vos collègues. Dès que vous serez deux, trouver un troisième et un quatrième sera beaucoup plus facile.

    6) ‘‘Comment organise-t-on un piquet de grève efficace ?’’

    Si vous pouvez installer un piquet, pensez à l’avance à la manière de le rendre attractif. Une tonnelle, des drapeaux et des banderoles, des affiches avec les revendications, une table, du café, un mégaphone et une radio pour suivre le cours de la grève sont autant d’attributs indispensables, de même qu’un brasero quand il fait froid. Peut-être qu’un collègue peut venir avec son instrument de musique. Discutez à l’avance avec chaque travailleur de sa participation et dressez une liste de mobilisation éventuellement avec un calendrier. Mettez tous les travailleurs au courant des mesures qui les affecteront le plus particulièrement. Invitez tout le monde à participer la prochaine fois au piquet.

    7) ‘‘Si on renverse ce gouvernement par la grève, n’aura-t-on pas le même type de gouvernement par la suite ?’’

    Quand un gouvernement tombe sur base de la lutte sociale, alors quel que soit le prochain gouvernement, il devra adopter un ton différent. Il aura à faire face à une classe ouvrière beaucoup plus confiante. Les assemblées du personnel permettent d’expliquer cela, mais aussi de préparer les actions et les revendications spécifiques de l’entreprise et du secteur pour disposer d’un travail humain. Tous les hommes politiques connus sont plus ou moins aux mains des patrons et des riches. Leur programme est bien connu. Mais le nôtre est trop peu discuté et élaboré. Ce programme exige que les syndicats belges rompent leurs liens avec leurs ‘‘partenaires’’ politiques traditionnels pour prendre une initiative audacieuse et ouverte aux nouveaux mouvements sociaux, au PTB ainsi qu’aux autres forces de la gauche radicale, y compris le PSL. Cela générerait un enthousiasme débordant et, dans un délai de quelques mois, le paysage politique du pays serait redessiné. Le PSL y contribuera et continuera à lutter pour mettre fin à ce système obsolète de la propriété privée et du profit, afin de promouvoir un socialisme démocratique et moderne où les connaissances et les ressources disponibles bénéficieraient à tous.

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  • Début des grèves tournantes à l'appel de l'interrégionale wallonne (IRW) de la CGSP

    liege_admi02C’est en province de Liège qu’a commencé aujourd’hui la série de grèves tournantes de la CGSP qui se veut être une préparation à la grève générale nationale appelée par la FGTB pour le 24 juin. Cet appel a également été rejoint par la CNE (centrale des employés de la CSC), la CSC-Enseignement et la CSC-Météa-Verviers. Entre 150 et 200 militants se sont notamment retrouvés devant l’Hôtel de ville de Chaudfontaine, ville dont est bourgmestre le ministre des Pensions Daniel Bacquelaine (MR).

    Les travailleurs de Bpost étaient également en grève, la CGSP et la CSC ont installé des piquets devant les centres de tri d’Awans et de Villers-le-Bouillet ainsi que devant plusieurs bureaux liégeois. Les postiers craignent une privatisation de l’entreprise publique et ont dénoncé le manque de personnel ainsi que l’augmentation de la charge de travail, problématiques très largement partagées dans tous les secteurs des services publics.

    Tandis que les TEC et la SNCB étaient en service, c’est particulièrement le secteur Admi (administrations communales et CPAS, intercommunales, Forem et Onem, etc.) qui a été mobilisé, comme c’est le cas à Liège depuis la journée d’action et de grèves du secteur public du 31 mai. Ainsi, toute la semaine dernière, l’Intercommunale de Traitement des Déchets Liégeois (Intradel) était en grève, à l’instar du personnel ouvrier de la commune de Saint Nicolas, par exemple.

    Rassemblement à Chaudfontaine

    Le rassemblement à Chaudfontaine visait à être “une action de protestation contre toutes les différentes mesures qui sont prises par le ministre des pensions, et notamment le fait qu’ils vont essayer de passer en force rapidement un avant-projet de loi sur la pension mixte dans la fonction publique qui va être un vrai massacre pour les fonctionnaires à venir en termes de droit à la pension”.

    Sur place, c’est une admirable combativité que nous avons pu constater chez les militants présents. Ce n’est pas la résignation qui dominait, bien au contraire ! Mais on trouvait aussi une certaine incompréhension quant à la manière dont le combat est mené jusqu’ici. Plusieurs syndicalistes déploraient le manque d’informations quant aux actions en cours.

    liege_intradel
    Intradel en grève.

    La grève des collègues d’Intradel la semaine dernière était connue de tous, de même que la poursuite de celle des agents pénitentiaires, mais pour le reste, plusieurs grévistes nous ont expliqué avoir l’impression de se battre à l’aveuglette. Plusieurs ne savaient ainsi tout simplement pas que des grèves étaient prévues dans les autres provinces wallonnes dès demain – au Luxembourg le mardi 14 juin, à Namur et dans le Brabant wallon le 15 juin et dans le Hainaut le 20 juin.

    Une fois les discours des dirigeants syndicaux terminés, plusieurs travailleurs ont pris la parole pour revendiquer de durcir l’action, pour défendre la tenue d’assemblées générales du personnel,… Des actions devraient d’ailleurs encore suivre dans les jours à venir en plusieurs endroits en fonction du soutien actif et de l’implication des travailleurs dont bénéficient les délégations syndicales (toutes les actions restent couvertes par un préavis de grève à durée indéterminée déposé le 22 février).

    Et pour la suite ?

    liege_admi03Une manifestation a été annoncée à Bruxelles pour le 21 juin, mais la date cruciale reste bien entendu celle de la grève générale du 24 juin à l’appel de la FGTB et de diverses centrales de la CSC. C’est en assurant la réussite la plus éclatante possible de cette journée de lutte que l’on pourra aussi attirer dans l’action des couches jusqu’ici dans l’expectative quant à nos chances de victoires. Veillons à concentrer nos efforts en fonction de cette date et à ne pas dilapider nos forces d’ici là.

    Ce gouvernement tiendra tant qu’il le lui est possible et il dispose d’une stratégie claire pour tenter d’affaiblir la riposte sociale. Ce n’est aucunement un hasard si ses dernières attaques sont survenues si près des examens des étudiants et des vacances d’été. Ce n’en est pas non plus un si Kris Peeters a annoncé que le contrôle budgétaire de juillet devrait aller chercher 3 milliards d’euros. Comme pour lui faire écho, le candidat de droite aux élections présidentielles françaises Jean-François Copé (LR) a expliqué que, selon lui, les vacances étaient idéales pour faire passer des mesures antisociales puisque les protestations sont ainsi affaiblies.

    liege_admi04Tout le monde se souvient de la scène d’ouverture du film Gladiator, quand l’armée romaine dirigée par Maximus Decimus Meridius doit faire face à une horde bien plus nombreuse de guerriers germains. Mais la stratégie et la discipline de l’armée romaine leur a assuré la victoire. Dans la lutte sociale aussi, la combattivité n’est pas suffisante à elle seule. Il nous faut prendre à bras le corps le débat quant à notre stratégie et nos tactiques.

    Les délégations et militants plus combatifs doivent assurer de ne pas se retrouver isolés. La semaine dernière, à Saint-Gilles (Bruxelles), les grévistes ont fait le tour des différentes structures communales pour aller discuter et convaincre leurs collègues de les rejoindre pour la suite du mouvement. Ce type de visites fraternelles entre militants combattifs et travailleurs de structures qui ne bénéficient pas de la même tradition syndicale devrait être systématisé.

    liege_admi05A Liège, diverses délégations de travailleurs communaux ont d’ores et déjà invité des collègues à participer à leurs assemblées générales prévues demain. Pourquoi ne pas parallèlement multiplier ce type de contacts latéraux pour développer progressivement des réseaux de syndicalistes combattifs à la base ? Ce serait précieux non seulement dans la perspective immédiate de la grève du 24 juin, mais aussi pour pouvoir discuter de la meilleure manière de passer le cap des vacances d’été vers le manifestation nationale du 29 septembre (200.000 personnes cette fois-ci?) et de la grève générale nationale en front commun syndical du 7 octobre.

  • De la colère au mouvement de masse: La lutte contre les apprentis-Thatcher

    PasdeThatcherEnBelgique

    Avec un plan d’action menant graduellement à une grève générale le 7 octobre, nous savons ce qu’il nous reste à faire ces prochains mois : traduire autant que possible le mécontentement sur les lieux de travail et au-delà en un mouvement actif qui fera chuter le gouvernement. Le premier plan d’action en 2014 a montré le potentiel : nous avons fait vaciller le gouvernement et mis nos préoccupations à l’agenda de l’opinion publique. Mais le mouvement est temporairement retombé et le gouvernement thatchérien a pu se relever. Les nouvelles attaques n’ont alors pas tardé à suivre. Nous devons stopper ce gouvernement. Le laisser aller à son terme serait irresponsable pour nos conditions de vie.

    Par Geert Cool, dossier paru dans l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Le plan d’action de 2014 a montré notre potentiel

    Juste avant l’entrée en fonction de ce gouvernement de droite en 2014, il y avait déjà eu des protestations. Le gouvernement flamand de même composition donnait déjà une idée très claire de ce qui allait suivre. Durant l’été 2014, il avait entre autres annoncé une forte hausse du minerval dans l’enseignement supérieur, à côté d’autres mesures antisociales. Le 23 septembre 2014, une première concentration de militants a réuni 7000 personnes à Bruxelles contre le gouvernement fédéral en formation. Déjà alors, il était question d’un saut d’index, d’attaques sur les pensions et de sape du droit de grève. Nous allions avoir un autre type de gouvernement, le slogan “Pas de Thatcher en Belgique” a bénéficié d’un très bon écho parmi les militants.

    Dans le tract que nous avons distribué le 23 septembre, nous faisions les propositions suivantes pour la lutte : “Pourquoi pas une campagne d’information, avec une argumentation solide, des tracts et affiches pour aller vers les collègues sur son lieu de travail et les motiver. De préférence avec un mot d’ordre concret de sorte que nous réagissions de concert et pas dans toutes les directions. Cela peut être une manifestation nationale ou plusieurs manifestations provinciales et des meetings pour mesurer la combativité. Nous pourrions y annoncer des assemblées générales pendant les heures de travail sur les lieux de travail. Un plan d’action pourrait y être discuté, avec des grèves provinciales tournantes et des manifestations qui déboucheraient sur une grève nationale de 24 ou 48 heures. Si à ce moment-là, le gouvernement n’a pas encore fait de concessions ou n’a pas chuté, une semaine plus tard, on pourrait lors d’assemblées générales sur le lieu de travail, proposer, voter et organiser une grève renouvelable chaque jour.”

    Une manifestation nationale a effectivement eu lieu le 6 novembre, suivie de grèves provinciales les 24 novembre, 1er décembre et 8 décembre avec pour point culminant, la grève générale nationale du 15 décembre 2014. Là où des assemblées générales ont été tenues, cela a renforcé la lutte. Mais c’est resté limité à quelques lieux de travail. L’initiative est restée principalement aux mains des directions syndicales, ce qui lui a permis début 2015 de stopper le mouvement. Mais cela ne s’est pas fait sans difficulté.

    Une toute petite majorité (historiquement courte) du Conseil de la CSC du 10 février – 49 % pour, 45 % contre, 6 % d’abstention – a accepté l’accord salarial prévoyant une marge de 0,8 % maximum, avec maintien du saut d’index. Des espoirs ont été fondés sur la concertation, entre autres dans le cadre d’un tax-shift, un virage fiscal qui devait conduire à une fiscalité plus juste. Ce tax-shift a cependant constitué une nouvelle attaque contre notre pouvoir d’achat et un nouveau cadeau aux grandes entreprises. La concertation n’a rien rapporté et lorsqu’un tout petit quelque chose risquait d’être imposé via la concertation, le gouvernement l’a systématiquement balayé. Il suffit de penser aux corrections pour les fins de carrière ou à la disponibilité des chômeurs âgés. Pour les attaques les plus dures telles que la suppression de la semaine de 38 heures et du sursalaire, on n’a même plus organisé de concertation. En 2015, à l’exception du mois d’octobre (avec la manifestation de plus de 100.000 personnes du 7 octobre et la grève générale à Liège-Huy-Waremme le 19 octobre), les mobilisations se sont limitées à des actions “thématiques” sans perspectives ni enthousiasme.

    La fin du premier plan d’action en 2014 a été décevante pour beaucoup de militants. Mais nous ne devons pas en oublier les éléments positifs : le caractère progressif et constructif des actions qui nous a renforcés, les mobilisations offensives qui ont attiré d’autres couches et mis l’opinion publique de notre côté, le fait qu’avec nos actions, nous avons pu faire vaciller le gouvernement. Beaucoup ont vu le potentiel de ce mouvement, ce qui a entrainé une désillusion d’autant plus grande quand celui-ci n’a pas été réalisé.

    Capital_fgtb_socialismebeLe nouveau plan d’action démarre aujourd’hui des expériences et acquis du plan d’action de 2014. La base des syndicats s’est élargie, le nombre record de candidats lors des élections sociales (132.750 !) le confirme. C’est plus de candidats qu’en 1979, après la première vague de protestation contre le début de la politique d’austérité néolibérale avec, entre autres, les grèves du vendredi de 1977 contre le gouvernement orange-bleu (sociaux-chrétiens et de libéraux) Tindemans – De Clercq qui est tombé sous la pression sociale. Il a alors fallu attendre 1981 avant qu’un nouveau gouvernement de droite n’essaie de reprendre le fil néolibéral. Depuis, de nombreux bastions industriels ont disparu, mais malgré tout, cette année, il y a quand même eu plus de candidats aux élections sociales. L’implication dans les syndicats semble plus grande aussi. Ainsi, une étude du bureau d’intérim Randstad établit que 53 % des travailleurs se sentent fortement impliqués dans le syndicat, contre 44 % lors des élections précédentes de 2012. Ceci est aussi le résultat du caractère constructif du plan d’action de 2014.

    Nous pouvons aujourd’hui continuer à construire sur base de l’expérience d’une lutte offensive grâce à laquelle nous avons permis à nos revendications de trouver un large écho en entraînant de nouvelles couches avec nous. Fin 2014, un sondage de VTM et du Knack indiquait que 85 % des Flamands étaient en faveur d’une taxe sur les richesses et 55 % disait comprendre la protestation syndicale. Lors des manifestations et grèves, les jeunes ont toujours montré leur soutien – c’était certainement le cas à Gand où un mouvement contre l’augmentation du minerval a été construit – tout comme le secteur socio-culturel avec, entre autres, Hart boven Hard / Tout autre chose. Dans une lutte offensive, ce qui nous unit est plus évident que ce qui nous divise.

    Après le plan d’action de 2014, la question se pose de savoir comment avoir plus de contrôle sur notre lutte, de sorte qu’elle ne soit pas stoppée ou mise en stand-by d’en haut. La proposition que nous faisions déjà en septembre 2014 par rapport aux assemblées du personnel pour discuter du plan d’action et le voter n’a pas seulement pour but d’accroître l’implication lors des actions. Cela pose également la question de savoir qui prend la responsabilité des actions et donc aussi de les arrêter. Nous pourrions ainsi consolider la base active plus large des syndicats et la mettre pleinement à profit.
    En 2014, le gouvernement a vacillé. Juste avant la grève générale du 15 décembre, selon un sondage de La Libre et la RTBF, seulement 20 % étaient encore favorables au gouvernement Michel, 43 % défavorables et 39 % indécis. En ce qui concerne le gouvernement flamand, il y avait plus de personnes en sa défaveur (29 %) qu’en sa faveur (28 %). Nous savons qu’avec un gouvernement thatchérien qui après chaque coup, essaie de se remettre d’aplomb pour frapper d’autant plus fort, la concertation ne mène à rien.

    Laisser le gouvernement aller à son terme en espérant un mieux après les prochaines élections signifie que, dans le contexte actuel de problèmes économiques, nous laissions encore passer des années d’austérité. Et le résultat en est incertain. La direction syndicale britannique a suivi cette stratégie, mais les conservateurs de Cameron ont gagné les élections suivantes et ont poursuivi la politique d’austérité. Nous ne pouvons courir ce risque en Belgique, l’enjeu de notre protestation doit être la chute du gouvernement. Quel que soit le gouvernement qui viendra ensuite, il devra tenir compte d’une classe ouvrière plus consciente. En résumé : nous devons mieux nous organiser pour maximaliser l’implication et renforcer le mouvement, mais aussi directement renforcer notre contrôle démocratique de la lutte. Nous pouvons pour cela traduire le mécontentement dans un large mouvement de masse dans le cadre d’un plan d’action constructif par lequel nous chasserons le gouvernement de droite et la politique d’austérité par la grève. Celui qui lutte peut perdre, celui qui ne lutte pas a déjà perdu.

    Grève générale : “si votre bras puissant le veut, il peut arrêter les rouages”

    Sous la surface, le mécontentement de larges couches de la population grandit. Dans le même temps, la rhétorique dominante des médias établis et traditionnels est particulièrement à droite. Certains en ont déduit qu’il y aurait une droitisation et que la base pour les actions et les points de vue syndicaux serait limitée. Si nous nous basons sur les médias, c’est plausible et cela a assurément un certain effet. Mais le mécontentement latent face aux énormes inégalités et à l’austérité qui mine sans cesse notre niveau de vie ne disparaît pas parce qu’on n’en parle pas dans les journaux.

    En fait, il y a une polarisation avec un fossé croissant entre la rhétorique dominante et ce que de larges couches de la population vivent et pensent. Les partis établis qui se disent de gauche, comme la social-démocratie (PS, SP.a) et les verts regardent surtout vers le haut et s’adaptent facilement à la rhétorique de droite. Cela les isole du mécontentement largement porté et rend particulièrement difficile la possibilité de le traduire politiquement.

    Au travers de nos actions, certainement dans le cadre d’un plan d’action crescendo étalé sur plusieurs mois, nous pouvons rendre conscients de nombreux éléments inconscients. Chaque mouvement de lutte est riche de leçons et de nouveaux militants qui font en sorte que nos revendications et préoccupations puissent être mises en avant à plus grande échelle. Une grève générale constitue un point culminant et montre en effet que les travailleurs sont à même de mettre l’économie à l’arrêt. Sans notre force de travail, leur capital ne vaut rien. ‘‘Si votre bras puissant le veut, tous les rouages sont à l’arrêt” était le slogan de la grève des chemins de fer néerlandais en 1903.

    Dans le contexte actuel, l’accent doit surtout être mis sur le caractère unifiant d’une grève générale : nous faisons grève tous ensemble, pas secteur par secteur ou région par région. Avec une grève générale, cela va plus loin que ça. Cela signifie une mobilisation de la classe ouvrière contre les capitalistes et contre l’état capitaliste, même si les participants à la grève n’en sont pas pleinement conscients. Une grève générale met en effet l’ensemble du système à l’arrêt et fait en sorte qu’il devient clair que les travailleurs, la classe ouvrière, sont capables de prendre la société en mains.

    Lors d’une grève générale de longue durée dans laquelle des comités de grève organisent l’approvisionnement, cela s’accentue encore davantage. Nous avons alors deux pouvoirs : le pouvoir capitaliste paralysé et l’embryon d’un nouvel état ouvrier. La bourgeoisie ne se laissera jamais dessaisir du pouvoir sans réaction ; nous devrons être organisés et en finir avec toutes les armes possibles de l’état capitaliste. Une grève générale aujourd’hui est surtout destinée à montrer la force et la solidarité du mouvement ouvrier. Cela peut entraîner des couches qui auparavant n’étaient pas prêtes à l’action. De plus, on peut tirer beaucoup de leçons de cette lutte, des expériences pratiques sont toujours plus parlantes. Il faut en faire quelque chose : construire un rapport de forces par lequel, via des grèves générales, nous pourrons arriver à une rupture avec le capitalisme et commencer la construction d’un autre système, une société socialiste.

    Une alternative politique propre au mouvement ouvrier

    Chasser le gouvernement et la politique d’austérité par la grève est possible. Mais après ?

    Un retour à un gouvernement de centre gauche dirigé par la social-démocratie qui mène la même politique à un tempo moins élevé n’est pas une alternative réelle. Naturellement, le gouvernement qui suit la chute de son prédécesseur sous la pression des travailleurs devra faire attention. Après la chute du gouvernement Tindemans – De Clercq en 1977, il a fallu quatre ans avant qu’un gouvernement ne vienne avec l’intention de mener les mêmes attaques. Après la chute du gouvernement Martens – Verhofstadt en 1987 sous la pression de la protestation contre le plan Ste-Anne en 1986, les libéraux ont disparu du gouvernement pour plus de 10 ans. Un gouvernement qui suit un gouvernement chassé par la grève – même si finalement cette chute est teintée de communautarisme comme ce fut le cas en 1977 et 1987 – doit tenir compte d’une classe ouvrière plus consciente.

    L’ambition du mouvement ouvrier ne doit pas se limiter à chasser une politique de droite par la grève. Nous devons mettre en avant nos propres alternatives et construire nos propres instruments politiques pour les faire aboutir. Dans le monde entier, de nouvelles forces de gauche naissent qui mettent à l’agenda la question d’une autre politique. Il suffit de penser à Syriza (Grèce), Podemos (Espagne), Jeremy Corbyn (Grande-Bretagne) ou Bernie Sanders (États-Unis). Chez nous aussi, l’ambition d’arriver à une force capable de traduire politiquement nos revendications et nos préoccupations à grande échelle doit être présente.

    La progression du PTB/PVDA aux élections fait en sorte qu’enfin, une voix de gauche radicale résonne au parlement. Cela permet, au moins, au point de vue des travailleurs épuisés ou des personnes qui ont du mal à joindre les deux bouts d’arriver jusqu’au parlement. Le PTB se fixe aujourd’hui très fort sur une approche électoraliste : ceux qui ne sont pas satisfaits de la politique actuelle doivent voter pour le PTB la prochaine fois de sorte qu’il y ait trois ou quatre parlementaires de gauche supplémentaires. Dans le meilleur des cas, ceux-ci pourront peser sur la politique. Voici le constat posé. Pour les élections communales, cela s’est traduit à Anvers, dans un appel à un “cartel de gauche” avec le SP.a et Groen. Nous comprenons le souci de beaucoup d’en finir avec la politique de “l’empereur De Wever”, mais faut-il pour autant limiter l’ambition de la gauche à n’être qu’un petit partenaire des partis qui optent pour la même politique d’austérité à un tempo plus lent ?

    Nous pensons que l’ambition du mouvement ouvrier sur le terrain politique doit être plus grande. Le plan d’action ne peut se limiter à stopper le gouvernement et l’austérité, nous devons, dans les entreprises, en rue, dans les quartiers, unir les forces par lesquelles nous pourrons imposer une autre politique. Une campagne comme celle de Sanders montre le potentiel d’un parti qui casse avec la politique de Wall Street. Une initiative ferme en ce sens de la part des syndicats, qui soit ouverte aux nouveaux mouvements sociaux, du PTB et d’autres forces de gauche radicale éveillerait un enthousiasme écrasant et redessinerait en quelques mois le paysage politique de notre pays.

    Une société socialiste

    Après des années d’offensive néolibérale, un mécontentement croissant contre les inégalités et les conséquences de l’austérité est présent.

    Toutefois, la conscience de larges couches de la population reste marquée par l’offensive idéologique des néolibéraux, en particulier après la chute des dictatures staliniennes du bloc de l’Est. Ces régimes étaient des caricatures du socialisme, l’absence de démocratie ouvrière a constitué un frein absolu aux économies planifiées bureaucratiquement. Mais leur disparition à la fin des années 1980 a tout de même eu un effet négatif sur le mouvement ouvrier, une “alternative existant réellement” disparaissait en effet, ce qui a alimenté la propagande de ceux qui disaient qu’il n’y “pas d’alternative” possible au capitalisme.

    Cela joue jusqu’à aujourd’hui un rôle sur la détermination de la conscience. Il n’y a pas encore de large soutien pour une société socialiste comme alternative concrète au chaos du capitalisme. Au travers de mouvements, on constate la colère à l’égard de ce système, mais alors que la situation est bien mûre pour une autre société, la conscience à cet égard est encore hésitante. Cela laisse l’espace au développement de toutes sortes de visions et pratiques plutôt utopiques qui font plutôt penser au premier développement du mouvement ouvrier au 18e siècle.

    Pour les socialistes, il convient d’approcher positivement le potentiel d’un nouvel éveil à la recherche d’alternatives. Nous devons y donner un contenu de manière conséquente en mettant l’accent sur la force du mouvement ouvrier organisé capable de mettre le système à l’arrêt et poser la base pour une société dans laquelle les moyens existants sont utilisés pour satisfaire aux besoins et nécessités de chacun et dans laquelle il est décidé démocratiquement comment la société doit être gérée. C’est la société socialiste du futur pour laquelle nous nous battons. Participer à la construction du PSL est la meilleure garantie d’avancer dans la direction que nous décrivons dans ce dossier.

    SocialistWorld

  • Les travailleurs de Bpost en action contre le libéralisation et la privatisation

    13 juin – Journée de grève nationale de Bpost

    Libéralisation et privatisation : Aubaine pour la direction et les actionnaires, enfer pour le personnel et le service

    La FGTB et la CSC ont déposé un préavis de grève pour le 13 juin à Bpost. La raison immédiate, ce sont les négociations secrètes de ces trois derniers mois entre Bpost et PostNL. Même si elles ont échoué, la colère du personnel est énorme. Il craint une nouvelle dégradation du statut et des conditions de travail. Un très grand nombre d’autres dossiers sont encore en suspens.

    Model 9 : Journal d’information et d’action de postiers combattifs // PDF

    Le travail est invivable depuis Georoute. Les rondes sont trop déséquilibrées. La diminution du volume des lettres est compensée par une augmentation du volume des paquets. Avec l’acquisition de PostNL, les choses auraient encore été pires alors que le personnel manque déjà pour gérer correctement le volume actuel. Le courrier sans adresse, à l’instar des réclames (les dépliants hebdomadaires d’Aldi notamment), est nombreux.

    Dès septembre, les horaires de nombreux bureaux de poste seraient encore réduits mais la flexibilité des guichetiers serait accrue avec des fermetures plus tardives. Les facteurs auxiliaires ne sont pas considérés comme du personnel à part entière, en gagnant moins ainsi qu’en bénéficiant de moins de congés et d’aucune prime linguistique. Le nombre d’intérimaires augmente. Pour les postiers, la charge de travail est double : faire son travail et assister de nouveaux intérimaires quasiment chaque semaine. La direction pensait augmenter l’efficacité du service en précarisant ainsi les contrats de travail, mais elle a frappé à côté de la plaque. Cette méthode nous a fait perdre trop d’expérience.

    Avec les horaires irréguliers, de plus en plus de postiers doivent utiliser leur voiture pour se rendre au travail. Certains commencent à 3 ou 4 heures du matin. Les services de nuit sont modifiés afin d’être éliminés au fil du temps. Ce travail ne disparaît pas, il est déplacé vers les postiers. Ces derniers subissent une grande pression pour prester de nombreuses heures non rémunérées afin de finir leurs tournées. La flexibilité a également augmenté pour les conducteurs de camions Bpost, poussés à adopter des trajets qui évitent la taxe kilométrique.

    Les nouvelles fiches de paie sont un désastre. Les régularisations arrivent avec un mois de retard. Par manque de calcul clair, le pécule de vacances est payé en mai, mais chez certains, les impôts et les cotisations sociales doivent être déduites avec un mois de retard. Il y en a qui se sont retrouvés en juin avec 100 ou 140 € de moins à cause d’erreurs dans ces calculs. La prime de productivité accordée au personnel est réduite, mais les actionnaires ont plus de dividendes. Ce sont pourtant les postiers – pas les actionnaires ou la direction – qui font le boulot dans des conditions qui se détériorent.

    Le gouvernement et la direction ne manquent jamais de le souligner: depuis la libéralisation, Bpost est devenue très rentable. Des managers comme Johnny Thijs sont devenus très riches et les actionnaires peuvent chaque année compter sur de plus généreux dividendes. Aucune surprise si cela aiguise l’appétit des politiciens et des «investisseurs». Cela se fait au détriment des conditions de travail mais aussi des utilisateurs. Depuis Georoute, la fonction sociale du facteur n’existe plus que sur papier. Plus le temps d’aller voir nos aînés et de vérifier si tout est OK. Le nombre de personnes âgées isolées retrouvées plusieurs jours, voire semaines, après leur décès ne cesse d’augmenter. Le temps manque même pour remettre un colis ou un recommandé. Pour l’usager, la libéralisation signifie de prendre congé et de se rendre au point poste soi-même.

    Pour faire un succès de cette grève, il faut organiser des réunions du personnel. Le personnel peut ainsi y être informé, mais aussi participer à la discussion sur les diverses problématique de nos lieux de travail. Il faut exiger des contrats de travail décents, plus de personnel, de meilleurs horaires avec les primes associées (sans début de service dans la nuit de dimanche à cinq heures du matin pour éviter de payer la prime), la participation à l’organisation du travail (en particulier lors des modifications) ! Les assemblées permettent aux syndicats de mobiliser pour le plan d’action. En plus de la grève des postiers du 13 juin, la FGTB appelle à la grève générale le 24 juin, avec le soutien de certaines centrales de la CSC. Les problèmes de Bpost ne sont pas exceptionnels mais similaires à ceux d’autres secteurs. La solidarité dans l’action contre ce gouvernement austéritaire est nécessaire!

  • PIIS : La politique du bâton contre les plus pauvres

    PIIS

    La traque aux pauvres se poursuit sans pitié. Le cadeau du gouvernement à l’occasion du 40e anniversaire de la loi organique des CPAS fut quelque peu particulier… Son 1er article stipule pourtant que ‘‘Toute personne a droit à l’aide sociale. Celle-ci a pour but de permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine.’’ Les projets du ministre de l’Intégration sociale Willy Borsus (MR) sont à l’exact opposé ! Plus de conditionnalité ! Plus d’exclusion !

    L’étude commandée par le SPP Intégration sociale dénonce la pratique…

    Dès septembre 2016, tous les nouveaux bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (RIS) devront passer un contrat d’activation. Ce ‘‘projet individualisé d’intégration sociale’’ (PIIS) n’est pas une nouveauté, les moins de 25 ans y sont déjà soumis. Le gouvernement veut maintenant étendre la pratique à l’ensemble des bénéficiaires du RIS, assortie de sanctions en cas de non-respect de ce contrat.
    Le SPP Intégration sociale a commandé une étude concernant le PIIS, menée par l’Université Saint-Louis et la Karel de Grote Hogeschool. Les experts concluent qu’une généralisation du PIIS est ‘‘risquée’’, elle pourrait être ‘‘une porte ouverte à des pratiques arbitraires et discrétionnaires des CPAS envers les usagers, au gré des impulsions politiques locales.’’ L’étude souligne que si le PIIS devient une condition de l’octroi du revenu d’intégration, il risque de se transformer ‘‘en instrument de précarisation et d’exclusion de ce qui constitue dans notre système social le dernier filet.’’

    Si l’on veut une extension du PIIS à des fins d’activation sociale, il faut, soulignent les auteurs de l’étude ‘‘découpler le contenu du projet individualisé de l’octroi ou du maintien du revenu d’intégration et de la possibilité de sanction financière. Un PIIS pouvant donner lieu à des sanctions financières serait éthiquement peu défendable et pratiquement contre-productif.’’ De cette étude ressort également que 72% des CPAS interrogés estiment que ce service communautaire ne doit pas être rendu obligatoire et que 60% d’entre eux sont contre l’idée que le non-respect soit sanctionné.
    Difficile de faire plus clair comme conclusion, mais le ministre a décidé de ne pas en tenir compte et d’imposer un projet de loi. L’objectif est clair : stigmatiser les plus pauvres et renforcer le développement d’un large secteur à bas salaire en Belgique en forçant les gens à accepter n’importe quel travail et n’importe quelle précarité.

    Christine Mahy, secrétaire générale du réseau wallon de lutte contre la pauvreté – RWLP, a réagi dans la presse : ‘‘Rarement on a connu autant d’inégalités dans la répartition de notre richesse avec en plus tous les mécanismes qui privilégient uniquement les riches. Il est grand temps que nous arrêtions de déclarer que nous investissons trop d’argent dans les personnes en difficultés comme les allocataires sociaux et qu’à côté de ça, nous ne touchons pas aux avantages fiscaux des puissants qui ont suffisamment de revenus.

    ‘‘L’introduction du PIIS contribuera uniquement à plus de pauvreté parce que les allocataires sociaux vont tout signer pour conserver leur revenu d’intégration sociale. Les CPAS doivent à nouveau se concentrer davantage sur leur mission de base : l’accompagnement social de la personne dans le cadre d’un dialogue qui tient compte de sa réalité personnelle et financière et une approche positive visant à une intégration de la personne qui est possible pour celle-ci, tenant compte de là où elle en est pour le moment dans sa vie. (…) On doit aussi plus investir dans l’accompagnement de leur intégration. Pourquoi être ainsi obsédé par le contrôle ? Le nombre de fraudeurs est particulièrement faible au CPAS, on parle de 4,09% (…) Le PIIS contribuera aussi à plus de travail communautaire (ou travail volontaire) qui remplacera les vraies opportunités d’emploi.’’ Elle souligne aussi que la fraude fiscale coûte 9 milliards d’euros chaque année, contre une fraude sociale totale de 83,6 millions d’euros…

    Et ce n’est pas tout !

    On pourrait croire qu’on atteint le sommet, et bien non. A cela, le ministre veut encore ajouter l’imposition d’un ‘‘service communautaire’’ aux usagers des CPAS. Cela ouvre très clairement la porte à du travail non rémunéré et à une mise sous tutelle des usagers. Le ministre se défend en expliquant que ce service serait sur base volontaire et à condition de respecter la loi sur le bénévolat. Mais il n’y a pas d’égalité entre le CPAS et l’usager, il n’y a pas de réelle liberté de choix. Le projet du gouvernement ouvre toute grande la porte à la généralisation du travail non rémunéré imposé aux usagers des CPAS.

    Et au vu de la situation financière désastreuse des CPAS, certains ne vont-ils pas recourir au travail bénévole de leurs usagers ? Deux des seuls exemples concrets de service communautaire cités à ce jour par les responsables du SPP Intégration sociale sont justement la distribution de colis alimentaires et l’animation dans les homes pour personnes âgées…

    Luttons tous ensemble !

    ‘‘L’activation est le meilleur levier pour briser le cercle vicieux de la pauvreté’’ selon Elke Sleurs, secrétaire d’Etat fédérale à la lutte contre la pauvreté. Mais c’est le cercle vicieux de l’austérité et de la politique favorable aux riches qu’il nous faut briser !

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    Vases communicants

    Pour Willy Borsus, le projet de loi qui vise à obliger les usagers des CPAS à signer un PIIS et qui instaure un ‘‘service communautaire’’ est justifié par l’augmentation du nombre de bénéficiaires. Quelle surprise que cette augmentation !
    Si les statistiques du chômage sont à la baisse, c’est essentiellement à cause des exclusions, ce qu’illustre d’ailleurs la baisse parallèle du taux d’emploi dans le pays…

    • On trouvait 115.000 bénéficiaires du RIS en 2015, un chiffre plus élevé de 13.000 personnes par rapport à 2014 seulement !
    • En 2015, il y a eu :
      – 17.138 sanctions ONEM par plan de contrôle
      – 19.810 sanctions ONEM par “disponibilité passive”
      – 29.155 fins de droit en allocations de chômage dites d’insertion. Mais combien de milliers n’avaient tout bonnement pas eu accès à ces allocations d’insertion au vu des modifications des conditions d’âge et de diplôme introduites par le gouvernement Michel ? En 2015, il y avait 5730 jeunes de moins admis aux allocations d’insertion par rapport à l’année précédente.
      – 94.355 d’autres sanctions infligées par l’ONEM pour des motifs divers
      – …

    (Source : Association de défense des allocataires sociaux (ADAS)

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    Deux poids deux mesures

    PwC (PricewaterhouseCoopers) est cette agence mouillée dans le scandale d’évasions fiscales des multinationales des LuxLeaks. PwC a déposé plainte contre Antoine Deltour, un des lanceurs d’alerte à la base de la publication du scandale, il est actuellement en procès à Luxembourg.

    Par contre, PwC a préconisé dans une étude publiée en 2014 au sujet de la ‘‘fraude sociale en CPAS’’ différentes mesures toutes plus misérables les unes que les autres dont la… ‘‘levée du secret bancaire’’ pour les bénéficiaires du revenu d’intégration (RIS) !

    Tout dépend de quel côté de la barrière sociale on se trouve…

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