Tag: Pas de Thatcher en Belgique!

  • Balayer par la grève le gouvernement et toute la politique d’austérité!

    LS197En route vers la plus grande journée de grève générale de Belgique !

    Quelle manifestation ! C’est ce que tous ceux qui étaient là le 6 novembre ont dû se dire. Pour beaucoup, c’était la toute première manif et, pour encore plus de monde, c’était la première manif d’une telle ampleur. Plus de 150.000 manifestants pacifiques mais combatifs soutenaient l’appel pour une alternative à ce gouvernement tant haï et ses plans d’austérité. Cette résistance ne peut plus être ignorée.

    Par Jarmo (Anvers)

    Le mouvement des travailleurs, constitué d’une masse de travailleurs, d’allocataires, d’étudiants,… a clairement montré le 6 novembre quelle était la force de son nombre. Qu’il s’agisse d’un relèvement de l’âge de la pension, d’une augmentation du minerval, d’un saut d’index ou de n’importe quelle mesure d’austérité : quoi qu’elle trouve sur son chemin cette masse pourra le balayer.

    Il y a de bonnes raisons d’être optimiste pour la suite du mouvement. Une très bonne base a été mise pour poursuivre le plan d’action du front commun syndical. Avec les grèves régionales du 24 novembre et des 1er et 8 décembre et, finalement, la journée de grève nationale du 15 décembre, nous pourrons également montrer dans les faits quel est le pouvoir économique du mouvement des travailleurs. Nous sommes les seuls à pouvoir mettre le pays complètement à l’arrêt parce que nous – travailleurs avec et sans emplois – sommes le moteur de l’économie!

    Le plan d’action ne suffira vraisemblablement pas à faire chuter le gouvernement. Pour cela, il faudra poursuivre la lutte à partir de janvier. Le mécontentement qui vit aujourd’hui dans la société doit être canalisé vers d’autres phases du mouvement pour éliminer non seulement le gouvernement mais aussi toute la politique d’austérité. Sur base de l’enthousiasme que la manifestation du 6 novembre a généré, c’est une réelle possibilité. Le gouvernement actuel a déjà un problème, mais un mouvement capable de le faire chuter devra aussi riposter de manière adéquate à la politique destructrice d’un éventuel prochain gouvernement (Di Rupo II ou autre).

    Il est important de ne pas nous laisser distraire par l’énorme attention médiatique consacrée aux bagarres en marge de la manifestation. Nous estimons que de telles méthodes d’action constituent une mauvaise stratégie et risquent d’affaiblir le mouvement. Mais en même temps, nous souhaitons désigner les véritables responsables de cette violence : ceux qui veulent violemment saboter notre avenir. Mais ce n’est pas en nous battant avec la police que nous les atteindrons. Seul un mouvement de masse qui utilise la force de son nombre et de son pouvoir économique pour complètement bloquer leur système pourra mettre à genoux les laquais politiques des super riches et toute leur politique.

    Ce mouvement a le potentiel d’atteindre cet objectif à condition qu’on lui donne une direction et qu’il ne soit pas freiné. Commençons par faire un énorme succès des journées de grève et par réfléchir à la façon de poursuivre la construction de notre lutte. Ce gouvernement ne doit pas être remplacé par un autre gouvernement anti-travailleurs mais au contraire par un véritable gouvernement des travailleurs qui oeuvre dans l’intérêt de la majorité et non pour assurer les profits d’une petite minorité. Pour obtenir et préserver de telles conquêtes, il nous faudra rompre avec l’anarchie du système de production capitaliste et trouver la voie vers une société socialiste démocratique.

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  • 5 conseils pour un piquet de grève réussi

    Piquet_conseilsLors des journées de grèves régionales et nationale, nous allons voir les piquets de grève fleurir à travers le pays. Comment s’assurer du bon succès de notre piquet ?

    1. Mobiliser pour le piquet

    Un piquet, c’est une démonstration de force. Il faut convaincre par la discussion ceux qui voudraient travailler de soutenir la grève, passer du temps entre collègues pour discuter de la lutte et des mesures à prendre pour la faire progresser tout autant que de l’alternative à proposer contre l’austérité. Pour tout ça, il faut assurer la présence de tout le monde au piquet, pas seulement de deux ou trois délégués. Pour que le piquet puisse tenir un certain temps, il faut organiser un plan précisant qui vient à quelle heure. En général, le mieux est de tenir le piquet en suivant l’horaire habituel de chacun.

    2. Organiser le piquet

    Les actions prennent place en novembre et en décembre : il y a donc de fortes chances qu’il fasse froid et qu’il pleuve! Ce n’est pas évident de rester debout dehors toute la journée en pareilles circonstances. Le minimum est donc de prévoir de quoi faire un brasero et une tonnelle pour s’abriter : ce sont de petites choses, mais l’action risque de tomber à l’eau sans cela. L’idée d’un piquet, ce n’est pas de venir y passer cinq-dix minutes, mais bien plusieurs heures d’affilée. En plus d’un tente et d’un feu, c’est toujours bien de penser aussi à assurer des collations et des boissons.

    3. Discuter sur le piquet

    Nous ne restons pas dehors toute la journée parce que ça nous amuse ; ce n’est pas non plus pour profiter du beau temps ni pour jouer au ballon. Un piquet, c’est l’occasion d’apprendre à connaitre ses collègues d’une autre manière mais, au final, nous sommes en grève pour obtenir quelque chose.

    Nous voulons balayer ce gouvernement et sa politique d’austérité. Quitte à passer plusieurs heures debout au piquet, autant que ce soit pour discuter des arguments à utiliser pour convaincre plus de camarades de s’impliquer dans le mouvement, etc. Pourquoi ne pas imprimer un tract pour les exposer?

    En même temps, ce tract pourrait aussi appeler à une assemblée du personnel afin d’évaluer le mouvement et préparer la suite.

    4. Aller visiter les autres piquets

    Une fois que le piquet est bien installé et qu’il y a suffisamment de monde pour le tenir, cela peut être intéressant d’envoyer une délégation visiter les autres piquets aux alentours. Ces visites de solidarité peuvent servir à ce que les travailleurs d’un même coin apprennent à mieux se connaitre, à nouer des liens qui permettront de créer un réseau de solidarité dans un même zoning ou une même ville. Il faut évidemment aussi être prêt à bien recevoir les délégations qui visitent notre piquet pour stimuler la discussion. L’union fait la force !

    5. Évaluer le piquet

    Le lendemain de la grève, tous les journaux du pays déborderont d’articles sur la grève pour évaluer les ‘‘dégâts’’ (selon eux). Mieux vaut évaluer nous-mêmes notre propre mouvement!

    Le fait de convoquer une assemblée du personnel après l’action pour évaluer la grève, le piquet et les objectifs ainsi que pour préparer les prochaines étapes du mouvement constitue la cerise sur le gâteau pour un piquet réussi. Cela nous donne en même temps l’espace d’élaborer nos revendications et propositions pour les rendre plus concrètes, au niveau de l’entreprise comme du secteur.

  • Ce gouvernement et la politique d’austérité peuvent être balayés par la grève !

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    En avant vers la plus grande grève générale de 24 heures de l’histoire belge !

    Michel I a été totalement surpris par les plus de 120.000 manifestants du 6 novembre. Soudainement, une petite taxe sur le capital bien symbolique semblait négociable pour faire passer la pilule. On peut donc faire trembler ce gouvernement. Mais tant que nous ne l’aurons pas complètement balayé par la grève, il va se redresser et lancer de nouvelles attaques. En faisant du 15 décembre la plus grande grève générale de 24 heures de l’histoire du pays, nous pouvons lui infliger une nouvelle claque. Le gouvernement survivra-t-il ? Il sera au moins fortement affaibli. Il ne sera probablement plus capable d’encaisser un deuxième plan d’action début 2015.

    Tract du PSL – Tract en version PDF

    La volonté du gouvernement pour des concessions n’a pas duré longtemps. Le temps passant, la manifestation massive a été réduite à un fait divers et toute l’attention a été détournée vers les violences qui ont eu lieu à sa marge. Jusqu’à ce que l’Open VLD et la N-VA aient la confiance d’exiger de limiter les allocations de chômage dans le temps en contrepartie de “l’impôt sur la fortune”. La manœuvre était évidente et visait à totalement évacuer de la table l’impôt sur la fortune. Et alors que le Secrétaire d’Etat Tommelein (Open VLD) veut vérifier si les allocataires vivent vraiment seuls en comparant leur consommation d’eau, la Secrétaire d’Etat Elke Sleurs (N-VA) a déclaré, même après l’affaire Luxleaks et les frasques de Marc Coucke (Omega Pharma), que les entreprises et bourgeois qui fraudaient le fisc devaient être traités ‘‘avec compréhension et en tant que partenaires’’.

    Entretemps les salariés, les chômeurs, les retraités, les malades, les personnes handicapées et aussi beaucoup de petits indépendants sont plumés. Le saut d’index, les attaques contre les pensions des fonctionnaires, contre les services publics, contre les chômeurs et contre le droit de grève sont accompagnées par de nombreuses mesures plus petites qui, ensemble, sont l’équivalent d’une morsure de requin sur notre budget. Chaque jour, les coalitions au pouvoir en rajoutent : augmentation des prix à la TEC, non-indexation rétrospective des quelques déductions fiscales dont bénéficient le commun des mortels, révision du panier de l’index, etc. A chaque fois, les plus faibles revenus sont les plus touchés.

    Le gouvernement soutient que la compétitivité des entreprises sera ainsi restaurée et que des dizaines de milliers d’emplois seront créés. Mais même le journal d’affaires De Tijd reconnaît que les entreprises belges se portent bien. ‘‘Les sociétés belges en crise? Quelle crise?”, a-t-on pu lire dans ses pages le 15 novembre. Il apparait que les entreprises ne veulent pas investir leurs réserves (240 milliards d’euros!) mais surtout payer leurs actionnaires. Le gouvernement ne le sait que trop bien. Sur une carrière complète, les salariés perdront entre 25.000 et 40.000 € avec un saut d’index. Aucun ministre ne dit combien d’emplois cela créera : ‘‘Nous vivons dans une économie de marché, pas dans une économie planifiée.” Cependant, il ressort du budget que le gouvernement n’a pas confiance. Sur les 1,2 milliard d’euros qui iront vers les entreprises en 2015 avec un saut d’index, il s’attend à ce que 850 millions (les 2/3) aillent à l’augmentation des profits des entreprises et non à la création d’emplois.

    Le 6 novembre a démontré qu’il existe une grande volonté d’agir. Pourtant, chacun de nous doit argumenter contre des collègues qui chérissent l’illusion que si nous serrons les dents maintenant, ça ira mieux ensuite. Des collègues qui pensent qu’il n’y a pas de solution alternative, que faire grève ne sert à rien et qui se sont laissé entrainer par la couverture médiatique des émeutes après la manifestation. Nous ne voulons pas les pousser dans les bras des patrons. Nous avons des arguments pour les convaincre comme jamais auparavant. Des tracts et des discussions sont indispensables sur les lieux de travail, mais aussi et surtout des assemblées générales du personnel pour expliquer les mesures gouvernementales, pour faire l’évaluation du plan d’action, pour préparer les actions mais aussi pour clarifier qu’il ne s’agit pas d’une grève ‘‘des syndicats’’, mais de chacun d’entre nous, assistée par les syndicats.

    Les syndicats, de leur côté, ont intérêt à ce que se développe une dynamique qui implique tout le monde dans l’organisation du plan d’action. Pourquoi, dans les secteurs et les régionales, ne pas organiser des assemblées générales ouvertes en front commun syndical afin d’évaluer la grève et de discuter des moyens de faire du 15 décembre un succès sans précédent? Pourquoi ne pas également planifier des assemblées générales après le 15 décembre pour faire démocratiquement l’évaluation et voir comment procéder après nouvel an ? Le point le plus faible de notre plan d’action reste la question de l’alternative. La coalition de droite dure souligne subtilement que le gouvernement précédent n’a pas introduit d’impôt sur la fortune. Il est vrai que si nous balayons Michel I par la grève, nous freineront également fortement du même coup la politique de casse sociale du prochain gouvernement, qu’il s’appelle Di Rupo II ou Peeters I. Mais ce mouvement a un potentiel bien plus grand que de simplement assurer le retour d’une tripartite au pouvoir. Ce serait une déception.

    Ce dont nous avons besoin, c’est d’un gouvernement qui défend aussi fermement les intérêts des travailleurs que le gouvernement actuel défend ceux des patrons. Nos assemblées du personnel ne doivent pas se limiter à l’évaluation et à la préparation des actions, elles pourraient contribuer à l’élaboration d’une véritable alternative en construisant et en faisant vivre de la base – par entreprises et par secteurs – le cahier de revendications des travailleurs. En se rabattant toujours sur le moindre mal – la social-démocratie pour la FGTB, la démocratie chrétienne pour l’ACV et les verts pour certains autres – nous n’avons fait que préparer le lit pour l’arrivée de la droite dure au pouvoir. Le mouvement des travailleurs mérite de meilleurs représentants. La FGTB de Charleroi & Sud Hainaut appelle depuis deux ans à rompre avec la social-démocratie et les Verts pour s’unir dans un vaste parti de lutte de la gauche. Le PSL reste disponible et veut entièrement coopérer.

    Le Parti Socialiste de Lutte défend:

    • Rétablissement total de l’indexation, négociations salariales libres et salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure!

    • Non à la dégradation des contrats de travail par la sous-traitance, l’intérim ou les autres emplois précaires !

    • Bas les pattes du statut des fonctionnaires! Aucun démantèlement des services publics! Aucune privatisation ou libéralisation! De l’insourcing au lieu de l’outsourcing!

    • Bas les pattes de nos pensions. Maintien de la prépension et de la retraite anticipée!

    • Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois!

    • Ni chasse aux chômeurs, ni dégressivité, ni service communautaire! Attaquons le chômage par la diminution généralisée du temps de travail à 32 heures/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires!

    • Nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle démocratique de la collectivité!

    • L’économie de marché chaotique et la course aux profits n’offrent aucune garantie d’emplois. Pour une économie planifiée, gérée et contrôlée démocratiquement par la collectivité : pour un socialisme démocratique et moderne!

  • Liège : Création d’un comité étudiant de soutien à la grève

    Une assemblée d’information avait déjà eu lieu à l’ESAS avant la manifestation du 6 novembre.

    A l’Ecole Supérieure d’Action Sociale (ESAS), à Liège, un comité étudiant de soutien au plan d’action syndical a été créé, une initiative dans laquelle sont impliqués les membres d’Etudiants de Gauche Actifs. Nous publions ici le tract réalisé par ce comité à destination des étudiants et du personnel.

    Étudiants/Travailleurs au cœur de l’action.

    Tous les partis au pouvoir s’accordent à dire qu’il n’y a qu’une d’alternative à la crise, l’Austérité. Nous, futurs travailleurs sociaux, affirmons que d’autres choix sont possibles : investir dans l’éducation, les transports publics, les logements sociaux, ou encore les énergies renouvelables, nous semblent être des alternatives réalisables.

    Une réduction du temps de travail à 32h/semaine, avec embauche compensatoire et sans perte de salaire permettrait d’engager de nombreux travailleurs sans emplois et ainsi répondre au chômage de masse touchant particulièrement la Jeunesse.

    Rappel de différentes mesures d’Austérité qui vont tous nous toucher :
    – Allongement du temps de travail pour un salaire moindre (saut d’index, recul de la pension)
    – Dégradation des conditions de travail (flexibilité, précarisation des contrats, augmentation de la charge de travail…)
    – Coupes budgétaires dans les Services Publics (transports, soins de santé, éducation, culture, aides sociales…)
    – Chasse aux sans-papiers et extension de centres fermés.
    – Exclusion et augmentation du contrôle des allocataires sociaux

    Dans ce soit-disant effort collectif, certains ne devront pourtant pas se serrer la ceinture. Les grands patrons, industriels et actionnaires ne seront pas touchés par ces mesures. Bien au contraire, de grands cadeaux fiscaux leurs sont octroyés avec pour but la création d’emplois, et ce depuis des années. Où sont ces emplois ?

    Les organisations syndicales s’opposent aux politiques d’Austérité par la construction d’une résistance sociale via des séances de sensibilisation et d’information, des appels aux manifestations et aux grèves. Nous approuvons ce plan d’action et revendiquons la poursuite de celui-ci car c’est par ces méthodes que nos droits sociaux ont été obtenus.

    Une grève n’a pas pour but de prendre en otage la population, bien au contraire, elle vise sa défense et permet de prendre conscience du rôle du travailleur dans la création de richesses. Par le blocage de l’économie, c’est aux porte-feuilles des actionnaires et grands patrons que nous touchons, ce qui est un excellent moyen de pression.

    Cependant, nous pensons que la compréhension, la mobilisation et l’implication de la population seraient plus fortes si ces plans d’actions étaient discutés, débattus, élaborés et appliqués collectivement.

    Pourquoi ne pas en discuter, étudiants et travailleurs réunis ? C’est ensemble que nous devons réfléchir à ces choix politiques, idéologiques et sociétaux par la tenue de débats démocratiques sur tous les lieux de travail.

    Nous lançons donc un appel collectif :

    Étudiants et travailleurs, délégués ou non, mettons sur pied des comités de grève et organisons des arrêts de temps de travail. Utilisons ce temps libre pour tenir des Assemblées Générales afin de populariser et organiser la grève dans nos écoles. De cette manière, toutes organisations syndicales, courants politiques, associations, travailleurs et étudiants pourraient être rassemblés et se concentrer vers le réel responsable de la crise, le Capital. Organisons la colère par la base, la mobilisation ne sera que renforcée.

    Comité de soutien à la grève – École Supérieure d’Action Sociale (ESAS)

  • Plan d’action syndical : pour quoi faire et comment assurer son succès ?

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    Vous en avez entendu parler, un plan d’action a été lancé par les directions syndicales : manifestation nationale le 6 novembre, grèves tournantes les lundis 24 novembre, 1er et 8 décembre et, enfin, grève générale nationale le 15 décembre. Et si ça ne suffit pas, on parle déjà de la possibilité que les grèves tournantes reprennent à partir du lundi 5 janvier. Cela fait très longtemps qu’un tel plan n’avait pas été lancé, l’ampleur des attaques du patronat et du nouveau gouvernement de droite nécessitait une réponse du même niveau. Seul un mouvement de masse pourra stopper les attaques et permettre à une alternative de se construire.

    Par Ben (Charleroi), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    Construire l’unité parmi les travailleurs pour gagner face au patronat !

    On entend parfois certains militants dire que ce qu’il faut, c’est ‘‘faire chier les gens’’. Soyons clair, si le but est de construire un mouvement de masse capable de renverser le gouvernement mais aussi de construire une alternative à l’austérité, il faut savoir distinguer de quels gens on parle. Ce qu’il faut faire, c’est polariser le débat, clarifier que le patronat et les travailleurs n’ont pas d’intérêts communs et stimuler le conflit de classe en cours en identifiant clairement l’ennemi. Une fois l’ennemi identifié, il ne faut pas seulement ‘‘le faire chier’’ mais le confronter systématiquement avec pour but de changer le rapport de force en notre faveur. Il faut désarmer la classe dominante en utilisant notre arme la plus puissante : notre nombre.

    Pour cela, il faut organiser les masses. Et la minorité consciente a un grand rôle à jouer pour démasquer les injustices. La tâche peut sembler difficile car il est vrai qu’après des décennies de recul et de défaites, il est compréhensible que beaucoup de travailleurs n’aient plus confiance dans la possibilité d’entrer dans une confrontation victorieuse contre le patronat et le gouvernement. C’est pourquoi les plus conscients doivent montrer l’exemple, prendre des initiatives combatives, celles-ci pouvant inspirer des couches plus larges et redonner confiance dans la lutte. L’objectif doit être de gagner le cœur des masses et de leur montrer que leur frustration provient de l’austérité qu’elles subissent ainsi que du système capitaliste lui-même. Nous devons montrer que des alternatives sont possibles mais qu’elles ne peuvent être concrétisées qu’à travers des luttes de masse.

    Comment préparer les manifs et les grèves ?

    Les dates du plan d’action sont connues, d’autres se rajouteront peut-être, la campagne d’information et de mobilisation est donc lancée. Les distributions de tracts, les stands en rue, les discussions avec les amis et les voisins, les débats sur les réseaux sociaux, les actions de sensibilisation en rue, etc. seront nécessaires car nous ne pouvons pas compter sur les médias traditionnels pour nous informer correctement. Ils sont gagnés aux idées néolibérales et à l’austérité. A nous de défendre le point de vue des travailleurs, des jeunes et des victimes de l’austérité !

    Pour que ce plan devienne une réussite, il faut que les travailleurs et les jeunes se l’approprient. Nous devons le discuter sur les lieux de travail, en assemblées, et chacun doit pouvoir s’exprimer. Là où des étudiants ou des lycéens ont la possibilité de le faire, ils devraient également organiser des assemblées pour rejoindre le mouvement. Pour que ces assemblées soient des réussites, il faudrait que les militants combatifs les préparent convenablement. Les raisons et objectifs du plan d’action doivent être discutés autant que possible et le plan devrait être voté démocratiquement. Celui qui aura voté concernant ce plan d’action respectera mieux sa légitimité, même s’il a voté contre. Celui qui perd le vote pourra encore faire usage de son droit individuel de faire grève mais sans entraver la majorité qui voudra se rendre au travail. Cela nous permettra mieux d’évaluer ensuite la grève et de motiver les collègues pour la prochaine occasion.

    Dans les assemblées, nous devrions aussi discuter de la manière dont le plan va se concrétiser et du rôle que chacun peut et devrait y jouer. Afin de faciliter la mobilisation et pour éviter les divisions entre les différents syndicats mais aussi afin d’inclure dans la lutte les non-syndiqués, un comité de grève pourrait être élu par l’assemblée. Dans la plupart des cas, cette équipe serait certainement composée des délégués en front commun, renforcée par quelques collègues dynamiques, permettant ainsi d’intégrer tous ceux qui veulent prendre part à l’organisation pratique de la grève.

    Une présence massive au piquet de grève pour discuter entre collègues !

    Faire grève, ce n’est pas laisser deux délégués devant l’entreprise afin que tout le monde reste chez soi. Le piquet de grève n’a pas pour seul but de fermer l’entreprise, c’est aussi et surtout un outil pour reconstruire la confiance des travailleurs dans leur propre force.

    Participer à un piquet, c’est avoir l’occasion de discuter avec ses collègues sans la pression habituelle qu’on subit sur son lieu de travail, ça permet de construire la solidarité, d’apprendre à se connaître un peu plus, mais surtout de mener des discussions politiques que l’on n’a pas l’habitude de pouvoir mener durant les journées de travail. Un bon piquet est un piquet où on stimule le débat, où on discute stratégies, objectifs, alternatives, etc. Et il n’est pas rare qu’un bon piquet de grève permette non seulement de faire comprendre que les intérêts du patron et des travailleurs ne sont pas compatibles mais aussi que ce sont les travailleurs qui sont indispensables au fonctionnement de l’entreprise, pas les patrons.

    Plus la participation au piquet est massive, plus facile ce sera de convaincre les collègues indécis d’au moins venir discuter au piquet. Il est même possible que certains qui étaient tentés d’essayer d’aller travailler le jour de la grève changent d’avis en voyant une masse de leurs collègues devant l’entreprise. Et puis c’est quand même pour lutter contre l’austérité qu’on fait grève et qu’on accepte de perdre une partie de notre salaire, pas pour aller faire nos courses pour Saint-Nicolas ou pour Noël.

    Organiser le piquet.

    Évidemment, il ne suffit pas de décréter qu’on veut une présence massive au piquet pour que ce soit le cas. La présence au piquet, c’est une tradition qui doit se construire et ça nécessite une préparation concrète de chaque piquet. On ne peut pas rester toute une journée debout dans le froid à ne rien faire, et encore moins sous la pluie. Prévoir de quoi s’abriter, de quoi se réchauffer, de quoi manger, ça participe aussi à la réussite d’un piquet. Organiser des activités également, des débats, des projections de film de lutte, envoyer des équipes en solidarité aux piquets où il y a moins de gens, etc.

    Et pourquoi ne pas organiser une assemblée générale de bilan de la grève en fin de journée afin de voir comment on peut améliorer l’organisation de la prochaine ? Cela peut d’ailleurs être fait en commun avec tous les grévistes des entreprises voisines, du zoning,…

    Comment réagir face au service minimum ? La grève pour obtenir le service maximum !

    A chaque grève, la question du service minimum revient et c’est d’autant plus le cas avec la volonté du gouvernement de l’imposer à la SNCB.

    Soyons clairs: défendre le service minimum revient à s’attaquer au droit de grève, à vider la grève de son sens et de son utilité. Le service minimum affaiblit les travailleurs dans leur lutte contre le patronat. D’ailleurs, dans de nombreux secteurs, avec les coupes budgétaires et la dégradation des conditions de travail, c’est service minimum toute l’année. En fait, les rares moments où les travailleurs font grève dans ces secteurs, c’est pour revendiquer un service maximum, à travers des refinancements, des améliorations de conditions de travail, etc. Un malade qui doit patienter 2 heures aux urgences ou un navetteur dont le train n’a pas été nettoyé parce que la SNCB veut faire des économies pourrait en témoigner. Toute l’année, des trains sont supprimés ou en retard, et c’est entre autre pour éviter que ça empire que les travailleurs partent en action !

    C’est pourquoi, qu’importe le secteur, les travailleurs ne doivent pas accepter que le gouvernement et le patronat imposent un service minimum. Dans les rares secteurs où un risque d’accident existe, c’est le comité de grève lui-même qui s’arrange pour éviter les problèmes, cela fait partie de l’organisation de la grève.

    Sommes nous trop radicaux ?

    Le patronat et ses médias vont nous accuser d’être des radicaux, de vouloir nous substituer au gouvernement, d’être violents, etc. Mais la violence, elle vient du patronat et du gouvernement, elle vient de l’austérité qu’on doit subir, de la dégradation de nos conditions de travail et de vie. Cette violence, la majorité de la population doit la subir tous les jours en silence.

    Alors soyons clair, quand un système permet aux patronat, aux actionnaires et aux banques de s’enrichir sur le dos de la majorité des travailleurs, des jeunes et des plus pauvres, il est temps que ce système change, il est temps que les travailleurs prennent les choses en mains pour eux-mêmes et qu’enfin il reprennent une juste part de la richesse qu’ils produisent.

     

  • Le plus grand rassemblement syndical en 28 ans … noyé dans des articles sur les émeutes

     

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    Photo : MediActivista

    La manifestation du 6 novembre dernier a constitué la plus grande mobilisation syndicale depuis pas moins de 28 ans. C’est extrêmement significatif de la préparation pour les grèves régionales des 24 novembre, 1er décembre et 8 décembre ainsi que pour la grève générale nationale du 15 décembre. On ne pouvait imaginer meilleur moyen de convaincre les centaines de milliers de sceptiques de rejoindre le mouvement. Mais une semaine plus tard, dans les médias, cela ne semble plus être qu’un fait divers. L’essentiel de l’attention a été accordée aux troubles qui ont suivi la manifestation. Qui donc peut bien avoir intérêt à ce que cela se produise de la sorte? Est-ce une coïncidence si des provocateurs issus de la police et des militants d’extrême droite ont été signalés parmi les émeutiers?

    Le premier ministre officieux, Bart De Wever, a été prompt à déclarer dès jeudi dernier qu’une telle chose ne se produira pas à Anvers, là où il est bourgmestre, et que la police serait préparée à intervenir pour la manifestation du 24 novembre. Les médias ont ainsi immédiatement eu le prétexte pour poursuivre leur couverture des émeutes de la manière dont nous l’avons vu les jours après.

    De Wever ne savait visiblement pas qu’il y avait grève le 24 novembre et pas manifestation. Lors d’une grève, le travail est stoppé et il y a des piquets de grève aux entreprises. Toute personne qui a vu de près un conflit social devrait le savoir. De Wever n’en savait-il rien? A-t-il délibérément participé à la campagne de criminalisation de la contestation sociale? Était-ce par ignorance ou par provocation délibérée qu’il a parlé d’une manifestation à Anvers?

    Le secrétaire régional de la FGTB d’Anvers, Dirk Schoeters, a confirmé ce lundi sur Radio 1 : « Le front commun syndical ne prévoit aucune manifestation, nous l’avons communiqué à la police la semaine dernière déjà. » La FGTB Horval a noté à juste titre : « Il semble logique que De Wever informe les gens, mais il leur fait peur. Peur qu’Anvers soit une ville assiégée. Provoquer la violence pour répondre par la violence. C’est ce qu’a fait Thatcher en Angleterre.”

    L’objectif poursuivi est on ne peut plus clair : tenter de peser sur le large soutien dont dispose la résistance anti-austérité en assimilant toute résistance active à la violence, aux émeutes et autres afin de criminaliser la contestation. Avec ses déclarations dans les médias, De Wever ne fait que jeter de l’huile sur le feu. Est-ce pour préparer le terrain à la répression des piquets de grève ? Au moment du mouvement de grève contre le gel des salaires en janvier 2012, alors que De Wever n’était pas bourgmestre, ce dernier avait expliqué que la police aurait dû être déployée afin de maintenir l’activité du port. Il a depuis lors été élu et se retrouve aujourd’hui à la tête du conseil communal et de la police. Afin de parvenir à limiter le droit de grève, il se sert d’une image créée de toutes pièces et qui ne correspond en rien à la réalité : l’image selon laquelle une grève est synonyme de violence.

    Cette campagne médiatique de dénigrement a aussi été utilisée afin d’empêcher tout rapprochement entre le mouvement social au sens large et la police, elle-même sujette d’attaques portant sur les pensions. N’oublions pas que la première grande manifestation avant le rassemblement syndical du 23 septembre était une manifestation de la police. Peut-être De Wever pourra-t-il louer quelques provocateurs le 24 novembre pour mettre en pratique ses messages apocalyptiques? Cela ne devrait pas être difficile à trouver parmi les têtes brûlées que l’on trouve dans son parti.

    Que cela soit clair : les troubles causés par une petite minorité à la fin de la manifestation du 6 novembre étaient bien évidemment contre-productifs. Il est certain que des provocateurs y ont été impliqués. Que pensent d’ailleurs les agents de police du fait que leur sécurité ait été compromise par des provocateurs issus de leurs propres rangs? Des rapports font également état d’infiltration de la manifestation par des néonazis (il y a notamment des photos de néonazis faisant connaissance avec les canons à eau). Un travailleur d’origine chilienne présent à la manifestation a douloureusement rencontré cette clique en voulant savoir ce qui se passait. Il a été sauvagement frappé au visage par l’un des émeutiers avec le commentaire suivant : « fous le camp, sale arabe »!

    Ce ne serait pas la première fois que des provocateurs de la police déclenchent des troubles violents dans le but de criminaliser le mouvement et de saper son soutien public. Dans le mouvement anti-globalisation, c’est ce que nous avions déjà vu en 2001 à Göteborg et plus particulièrement à Gênes sous la direction de Berlusconi. Un jeune manifestant y est décédé. A Anvers, lors d’une manifestation organisée par la campagne antifasciste flamande du PSL et des Etudiants de Gauche Actifs, Blokbuster, des policiers en civil avaient revêtu des chasubles rouges de Blokbuster pour ensuite tenter de se mêler à la manifestation. Seul le fonctionnement efficace de notre service d’ordre a permis, en les faisant sortir, d’éviter qu’ils ne jouent un rôle néfaste en incitant de jeunes manifestants à la violence.

    Il a unilatéralement été question de pointer du doigt les dockers d’Anvers après la manifestation, même s’il est vrai que certains auront pensé qu’il s’agissait de la meilleure manière de défendre leur statut. Tout comme les travailleurs des chemins de fer, de Bpost et d’innombrables autres, les dockers font face à la libéralisation. Ces dernières années, à la place de réunir tous ces secteurs dans la lutte, les syndicats les ont laissés isolés chacun dans leur secteur. Dans ces circonstances, il semble impossible de pouvoir tenir tête à une directive européenne. Si les dockers ont jusqu’ici pu éviter la libéralisation du travail portuaire, ce n’est pas parce qu’ils ont gentiment été trouver les institutions européennes à Strasbourg. Certains ont décidé de donner quelques claques. Mais nous pensons que la crainte de l’establishment pour tout conflit social prolongé durant lequel les ports auraient été longtemps fermés a été bien plus décisive que les violences elles-mêmes.

    Les services de police connaissent eux aussi fort bien ce contexte. Ils savaient donc exactement où envoyer leurs agents provocateurs pour obtenir le meilleur effet. Selon les dockers, quelques jeunes immigrés ont également été impliqués dans les troubles. Nous n’en savons rien, mais cela pourrait bien être le cas, ils ont une longue expérience de contrôles arbitraires et d’autres formes de harcèlement policier. En voyant l’opportunité de prendre leur revanche, au côté de dockers flamands, il ne fait aucun doute que certains l’auront saisie. Éviter que différents groupes ne restent isolés et se laissent aller à des tactiques désespérées nécessite une stratégie syndicale commune afin d’unifier la lutte contre la libéralisation de tous les secteurs. Une stratégie destinée à vaincre avec efficacité.

    Chaque faiblesse du camp des travailleurs sera exagérée jusqu’à l’absurde et pleinement exploitée par le gouvernement de droite dure qui se rend bien compte qu’il est sous pression. Les sévères attaques contre nos conditions de vie et toutes nos conquêtes sociales doivent être combattues. La manifestation phénoménale du 6 novembre, avec la participation de peut-être 150.000 manifestants, a constitué la plus grande mobilisation syndicale depuis 1986. Le gouvernement tentera systématiquement de briser cette unité. Nous ne pouvons pas nous laisser attraper dans ce piège.

    Comme nous l’avons déjà écrit pour ce site et notre journal, Lutte Socialiste : « Cette épreuve de force peut être remportée, ce gouvernement peut chuter. Mais cela exigera des efforts conscients et déterminés pour aller vers l’unité la plus grande possible dans l’action. Ce besoin d’unité est perçu de manière instinctive, mais peut aussi se retrouver sous pression. L’unité entre étudiants et travailleurs dans secondaire et le supérieur en Flandre peut et doit être organisé sur les écoles via des assemblées générales afin de discuter ensemble de l’application du plan d’action jusque dans ses moindres détails. Il en va de même plus globalement, jusqu’à la moindre entreprise. Il faut convoquer des assemblées du personnel, en front commun, tous ensemble ; ouvriers et employés ; verts, rouges et bleus. Mais il faut aussi des assemblées générales au niveau de chaque ville pour réunir les délégués des assemblées d’écoles et d’entreprises afin de continuer à forger cette unité. » Des assemblées du personnel seraient utiles pour assurer la participation de tout le monde et repousser chaque tentative de semer la discorde et / ou la confusion et le doute.

    La lutte pour renverser le gouvernement Michel ne sera pas évidente. Il ne se laissera pas faire comme ça. Le 6 novembre n’était à ce titre que le début d’un plan d’action ambitieux. Tirons-en les leçons pour les étapes suivantes. Le mouvement syndical doit par exemple comprendre son propre service d’ordre lors des manifestations et grèves pour extraire les éléments réactionnaires et discuter avec les manifestants pour les convaincre de ne pas céder aux provocations de ceux qui ont tout intérêt à ce qu’une manifestation dégénère. Ce n’est que de cette façon que nous pourrons veiller à ce que les journées de grève régionales nous conduisent peut-être vers la plus grande grève générale de l’histoire de Belgique!

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  • Michel 1er : Un gouvernement contre les sans-papiers

    Manifestation du 6 novembre : des délégations de sans-papiers étaient présentes. Photo : Isabelle Marchal.
    Manifestation du 6 novembre : des délégations de sans-papiers étaient présentes. Photo : Isabelle Marchal.

    ‘‘Un peu de positif, pas mal de flou et beaucoup de points inquiétants’’. C’est en ces termes que la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Amnesty International et la Ciré (Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Étrangers) ont qualifié l’accord du nouveau gouvernement fédéral.

    Par Nicolas P (Bruxelles)

    Ces associations tempèrent tout d’abord les éléments positifs de cet accord. Si elles applaudissent la création d’un ‘‘Institut National des droits de l’Homme’’, elles sont nettement plus prudentes quant au concret, en soulignant que, si le financement ne suit pas, cela va ‘‘simplement rester au stade de l’effet d’annonce’’. De même au sujet de la volonté affichée de vouloir sanctionner ‘‘les appels à la haine sur internet, notamment l’appel au djihad’’, Philippe Hensmans, directeur d’Amnesty International s’interroge sur l’application de ces sanctions. Les propos islamophobes ou racistes au sens larges seront-ils sanctionnés comme les appels au djihad ? Rien n’est moins sûr, car si ce gouvernement s’annonce très performant en matière de répression, il se profile beaucoup plus laxiste sur la question du racisme, comme le prouvent la déclaration du Ministre de l’Intérieur Jan Jambon, selon laquelle ‘‘les gens qui ont collaboré avec les Allemands avaient leurs raisons’’. Comme le déclare le Ciré, ‘‘l’esprit de cet accord est très clair, il s’agit de contrôler, de restreindre, d’empêcher’’.

    Il est notamment prévu d’augmenter les places en Centres fermés (véritables prisons pour étrangers, plusieurs fois condamnées par la Cour européenne des droits de l’homme) et de limiter les titres de séjour pour raisons médicales (‘‘Il faudra quasiment être mourant pour obtenir ce droit’’ selon le Ciré).

    De plus, il est prévu d’étendre le principe de ‘‘Transaction pénale’’. Celle-ci consiste en fait en une sorte d’amende, fixée par le Procureur du Roi et qui permettrait au coupable d’éviter un procès. Selon la LDH, il s’agirait de l’inauguration d’une ‘‘justice de classe’’. On ne saurait le dire plus clairement ! Ceci a d’ailleurs été parfaitement démontré dans le dossier ‘‘Bois Sauvages’’, où les accusés ont pu éviter un procès en l’échange de la coquette somme de 8, 796 millions d’euros. Parmi eux, on retrouvait d’ailleurs quelques ténors de l’économie belge comme Luc Vansteenkiste (ex-président de la FEB).

    Les choix du gouvernement sont donc clairs : laxisme pour les uns, expulsion pour les autres !
    Mais ces préférences ne sont ni un hasard ni anodines de la part du gouvernement. La droite dure et décomplexée aujourd’hui au pouvoir n’a qu’un but : diviser les travailleurs pour mieux les vaincre. En dernière instance, ce qui compte toujours ce n’est pas notre religion, le lieu de notre naissance, la possession ou non de papiers délivrés arbitrairement par les autorités, mais de quel côté du fossé social nous nous situons.

    Avec ou sans papiers, quelle que soit notre origine ou notre religion, nous sommes tous frappés par ce gouvernement d’austérité : licenciements, coupes dans les soins de santé, répression, expulsions. Notre ennemi ne sera pas l’étranger, mais le capitalisme ; notre outil ne sera pas la répression, mais la solidarité ; notre combat ne sera pas celui d’une société méfiante, liberticide et d’inégalités, mais celui d’une société juste, solidaire et démocratique, une société socialiste !

  • Contre les Thatcher belges : quelle alternative?

    PSNVA
    Photo : Maxime Deroeux

    La déclaration gouvernementale avait à peine été rendue publique que les syndicats déposaient un plan d’action ambitieux allant crescendo jusqu’à une grève générale de 24h le 15 décembre prochain. Peu de temps après, les cheminots sont partis en action, puis le siège du MR a reçu la visite de militants de la FGTB de Namur qui ont coloré sa façade.

    Par Nicolas Croes

    Très logiquement, la tension n’a cessé de monter suite aux continuelles provocations du gouvernement Michel. Les réactions n’ont pas manqué non plus de la part de l’opposition politique. Peut-on pour autant dire que tous les ennemis du gouvernement fédéral sont nos amis ?

    ‘‘Des mesures d’une brutalité sans précédent’’

    C’est ce que veut dénoncer le PS, notamment avec sa campagne ‘‘injuste.be’’, lancée à coups de demi-pages dans les quotidiens et de vidéos contre le gouvernement ‘‘MR-N-VA’’ : ‘‘Le gouvernement MR N-VA coupe dans votre portefeuille. Moins 400 euros par an par personne. Ils suppriment l’indexation de votre salaire.’’ On imagine bien à quel point le PS est à l’aise pour parler des précédents, lui qui a collaboré aux 25 dernières années de recul social organisées par les autorités fédérales (dont la modération salariale et diverses manipulations de l’index…) et qui est encore au pouvoir en Wallonie et à Bruxelles.

    Reste que le Boulevard de l’Empereur (siège du PS) a su élaboré élaborer une stratégie d’opposition qui pourrait presque parvenir à faire oublier les 22 milliards d’économie du gouvernement Di Rupo ! C’est comme si le PS n’avait jamais voté des mesures telles que l’exclusion des allocations d’insertion, qui frappera des dizaines de milliers de chômeurs dès le 1er janvier prochain ! Ainsi, Laurette Onkelinx a lancé la charge en séance plénière de la Chambre : le projet du gouvernement ‘‘frappera de plein fouet tous les travailleurs de ce pays.’’ Elle continuera par la suite dans la presse : ‘‘les ruptures de justice sociale, elles s’annoncent très graves ! Nous devons les dénoncer !’’

    Mais, de temps en temps, la belle mécanique connaît un couac… Lors d’une conférence de presse, Di Rupo a trouvé utile de préciser que 70% des mesures prévues par le gouvernement Michel ont en fait été décidées… par le précédent gouvernement, sous sa direction ! Pauvre Laurette qui voit ainsi dévoilée l’hypocrisie de ses efforts. Finalement, est-il question d’autre chose que du remplacement de ‘‘ruptures de justice sociale (…) très graves’’ par des ruptures de justice sociale graves, et non plus très graves ? Le débat n’est pas neuf, on nous a sorti à toutes les sauces le discours sur l’austérité qui se transforme soudainement en rigueur une fois le PS impliqué.

    C’est un fait, la chute du gouvernement Michel ne dérangerait pas le PS, loin de là. Il soutient d’ailleurs – en parole – la manifestation du 6 novembre à Bruxelles. Mais ce n’est que pour profiter de l’aubaine pour préparer son retour au sein d’une nouvelle coalition gouvernementale. C’est avec cet objectif en tête qu’il ne parle que du gouvernement ‘‘MR-NVA’’ pour épargner le CD&V, son partenaire traditionnel. Mais l’ingrat président de ce même parti, Wouter Beke, a tout de même rappelé que, sous Onkelinx, le budget des soins de santé n’avait connu qu’une croissance de 0,9% en 2013, alors que le gouvernement actuel propose 1,5%…

    Certes, Di Rupo et Michel ne sont pas des gouvernements identiques. L’actuelle coalition fédérale veut aller plus loin et plus vite dans l’application de l’austérité, elle souhaite ouvertement et durablement changer les relations de forces entre travail et capital. De son côté, le PS préfère suivre une voie moins tumultueuse mais à la destination identique : faire payer la crise à la collectivité et assister le transfert des richesses vers les poches du privé.

    A Charleroi, les membres du personnel communal en lutte contre la menace de plusieurs centaines de licenciements dans les services communaux ont entendu de la bouche même de Paul Magnette que les économies sont ‘‘indispensables’’. Les enseignants francophones qui ont suivi les arrêts de travail des 22 et 23 octobre dernier sont eux aussi bien conscients qu’il faut refuser de choisir entre ‘‘l’austérité’’ et la ‘‘rigueur’’ : nous devons faire dégager l’austérité sous toutes ses formes !

    Jean-Marc Nollet (ECOLO) a eu raison de dire : ‘‘Il y a une filiation sur le plan socio-économique entre le gouvernement Michel et celui de Di Rupo.’’ Il aurait juste pu aller jusqu’au bout de sa logique et rajouter qu’il en va de même entre l’actuel gouvernement wallon (sans ECOLO) et le précédent (avec ECOLO) qui a notamment voté en faveur du désastreux Traité d’austérité européen, le TSCG…

    Un “plan Cactus” ?

    La réaction de De Wever a été claire : ‘‘Dois-je vraiment honorer les cris d’Onkelinx d’une réponse ? (…) Je préfère aller boire un café jusqu’à ce qu’elle s’arrête.’’ Et de fait, jouer l’opposition à la Chambre, dans la presse et sur Facebook, ce n’est pas ça qui va stopper l’avalanche d’austérité.

    Sur ce point, le PTB a été bien plus conséquent : la première mobilisation anti-austérité à avoir suivi la déclaration gouvernementale fut son œuvre. Pas moins de 7.000 personnes ont participé à sa ‘‘Protest Parade’’ le 19 octobre dernier. Nous déplorons cependant l’interdiction faite à toute personne porteuse d’un signe distinctif d’une autre organisation ou d’un autre parti politique (drapeau, pancarte, journal,…) de participer au cortège ailleurs qu’en toute fin de manifestation, derrière un imposant service d’ordre qui en a choqué plus d’un.

    Cette mobilisation visait en fait essentiellement à mettre en avant le Plan Cactus du PTB, ce cactus incarnant ‘‘l’alternative que nous voulons avancer, un aiguillon pour un renouveau social, écologique et démocratique’’, aux dires de Raoul Hedebouw, député fédéral du PTB. Nous espérons quand même que l’organisation de la Protest Parade n’est pas illustrative de ce que signifie ce ‘‘renouveau démocratique’’…

    Pour le reste, ce plan prévoit d’obtenir 22 milliards d’euros de recettes à travers une taxe des millionnaires, une juste imposition des entreprises, une lutte ferme contre la fraude fiscale, une taxe sur la spéculation, etc. afin de financer l’augmentation des pensions, la construction d’écoles, la création de logements sociaux, une réduction des médicaments… Très honnêtement, entendre une voix divergente, qui ne se plie pas au dogme de l’absence d’alternative à l’austérité, ce n’est déjà pas si mal. Et ce plan rappelle à juste titre qu’il y a eu 12.000 millionnaires de plus en Belgique l’an dernier ou encore que la fortune privée des 20 millionnaires les plus riches de Belgique s’élève à 500 milliards d’euros. Effectivement, c’est loin d’être la crise pour tout le monde.

    Mais le ‘‘Plan Cactus’’ – tout en dénonçant le capitalisme en tant que système notamment au travers d’une citation de Naomi Klein – ne propose au final qu’un aménagement de ce système basé sur une taxation plus équitable, sans remettre fondamentalement en cause la faillite totale d’une économie basée sur la propriété privée des moyens de production.

    Une taxe sur la spéculation, cela signifie-t-il de l’accepter ? Pourquoi donc consacrer 4,5 milliards d’euros au remboursement de la dette publique comme le prévoit le PTB dans son Plan Cactus alors que le parti se disait favorable à la remise en cause du paiement de la dette aux spéculateurs avant les élections? Comment faire face à l’inévitable fuite des capitaux qui fera suite à un changement de régime fiscal sans nationaliser sous contrôle démocratique la totalité du secteur financier ?

    Il nous faut une autre société !

    Face au gouffre de la crise économique capitaliste, le Plan Cactus va dans la bonne direction. Mais à avoir peur de sauter suffisamment loin, on ne peut hélas pas éviter de sombrer à son tour dans le précipice. Le PSL veut participer à ce débat sur le programme alternatif à défendre, en défendant énergiquement la reprise en main publique et démocratique des secteurs-clés de l’économie tels que la finance, la sidérurgie, la grande distribution, etc.

    Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons disposer des moyens qui nous permettront non pas seulement de limer les aspérités les plus dures d’un système basé sur l’exploitation, mais de construire une société alternative basée sur la solidarité et le développement de l’Humanité. Défendre cette alternative, la voie vers une société socialiste démocratique, est peut-être plus compliqué que d’en rester à l’air du temps, mais c’est la seule manière de préparer le mouvement social aux réels enjeux qui nous font face.

  • Les Thatcher belges en action… Attaquer le droit de grève pour museler toute opposition

    piquet_carrefourIl ne fait aucun doute que le nouveau gouvernement de droite compte peu de partisans dans les rangs syndicaux. Tout l’accord gouvernemental n’est qu’une succession d’attaques et de provocations contre le mouvement de travailleurs et ses conquêtes sociales. Le gouvernement sabre violemment dans les salaires, les pensions et les services publics et ne semble guère se préoccuper de la contestation que cela provoquera.

    Par Tim (Bruxelles)

    La concertation à la poubelle

    Lorsque l’on a demandé à la présidente de l’Open-VLD, Gwendolyn Rutten, si le gouvernement était prêt à négocier avec les syndicats concernant les attaques prévues par le gouvernement, elle a répondu que l’orientation des réformes n’était pas discutable. “Nous sommes, en effet, élus par des gens qui ne lancent pas de pierres et qui n’organisent pas de grève sauvage”. C’est en ces termes qu’elle a rejeté la concertation avec les syndicats. Cette arrogance est aujourd’hui largement présente dans les sphères de droite : comme l’opposition syndicale en est encore à ses débuts, plusieurs réactionnaires se risquent à l’ouvrir plus qu’à l’accoutumée. Pour l’instant.

    Mais la bourgeoisie a en tête les paroles du leader syndical irlandais James Larkin: “Les grands de ce monde n’ont l’air grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous !” C’est pourquoi il désire éviter de voir le mouvement ouvrier se dresser et s’opposer à ses mesures. C’est la raison pour laquelle les attaques contre les droits syndicaux sont si nombreuses dans l’accord gouvernemental.

    Déni du droit de protester

    Le gouvernement veut instaurer un “service minimum” Chez Belgocontrol, dans les prisons et à la SNCB. Ces trois secteurs sont ciblés parce que qu’ils ont été à la pointe du combat contre l’austérité et les mauvaises conditions de travail dans leur secteur. Les prisons souffrent de manque d’effectif et de cellules surpeuplées. Dans les aéroports et à la SNCB, surtout, il y a de moins en moins de personnel pour de plus en plus de voyageurs. On économise lourdement sur le matériel roulant et l’entretien, avec pour résultat que notre réseau ferroviaire est de moins en moins sûr et ponctuel.

    L’instauration d’un service minimum engendre de nombreuses questions. Comment l’appliquer ? En étendant les dispositions de la SNCB pour les dimanches aux jours ouvrables alors qu’il y a trois fois plus de voyageurs que le week-end ? Quels trains ne rouleront pas ? Un tel service minimum ne peut être appliqué qu’en interdisant tout droit de grève à la majorité du personnel. Economiser dans les services publics et interdire les protestations que cela entraine : voilà l’idée qui se cache derrière ce service minimum.

    Une main tendue toute symbolique

    De plus, le gouvernement fait clairement comprendre qu’il n’est pas prêt à respecter la tradition de la concertation sociale. Dans l’accord de gouvernement, il est écrit que pour les grandes attaques contre les acquis de la classe ouvrière, il veut écouter “l’avis des partenaires sociaux”. Kris Peeters considère que c’est une main tendue. Mais cet “avis” est purement symbolique : les syndicats ne seront impliqués dans les discussions que s’ils sont d’accord avec les réformes asociales qui sont, en fait, indiscutables.

    Le gouvernement montre ainsi qu’il veut aller à la confrontation directe. La tactique des gouvernements précédents de détricotage social progressif, via une concertation organisée avec les syndicats, est remplacée par des provocations et des agressions contre les syndicats. La stratégie syndicale devra s’y adapter: seul un mouvement large et bien organisé peut stopper cette politique.

    Les militants du PSL contribueront à la construction d’un large mouvement de protestation pour faire chuter ce gouvernement, mais surtout pour mettre fin à toute la politique d’austérité !

  • Les femmes, en première ligne des victimes de l’austérité

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    Nous avons pu lire partout le menu des horreurs que nous a concocté notre cher gouvernement de droite dure ainsi que celui des entités fédérées. Les travailleurs vont trinquer, et n’oublions pas que les femmes représentent la majorité de ceux-ci ! Au menu, de l’austérité en entrée, en plat principal… et au dessert ! Et toute analyse quelque peu approfondie de la crise démontre à quel point celle-ci touche particulièrement les populations fragilisées dans la société, et donc malheureusement les femmes.

    Par Mandy (Liège)

    Précarisation, pertes d’emplois et de revenus

    A tous les niveaux de pouvoir, on assiste au démantèlement de l’emploi dans la fonction publique avec la réduction du nombre de fonctionnaire notamment par leur non-remplacement. On parle même de pouvoir faire appel à des intérimaires/contractuel(le)s, c’est-à-dire des contrats précaires, pour des ‘‘besoins spécifiques’’. Or, une importante partie des travailleurs de la fonction publique sont des femmes (69,2% en Europe). Ces femmes qui pouvaient jusqu’alors disposer de salaires féminins supérieurs à ceux du privé, avec de meilleures conditions de travail permettant souvent de concilier plus aisément vie privée et vie professionnelle, se retrouvent avec une précarisation de leur situation.

    Au niveau de la région wallonne, la réduction de 1,5% de la valeur des points APE (Aide à la promotion de l’emploi pour le secteur non marchand) va avoir d’importantes incidences dans le secteur socio-culturel, où les femmes sont également plus représentées.

    Au niveau de la région bruxelloise, la volonté exprimée est ‘‘d’assurer la pérennité des titres-services’’ et leur viabilité budgétaire. En d’autres termes : institutionnaliser la précarité de l’emploi des femmes sachant que la majorité des travailleurs occupés par ces titres-services sont féminins. Une étude de l’ONEM concernant l’exclusion des chômeurs de longue durée selon sexe démontre que les femmes sont massivement poussées vers les emplois précaires (10 % des chômeuses de longue durée qui sortent du chômage se dirigent vers le régime des titres-services contre à 0,4 % pour les hommes).

    Travail en dents de scie, pensions rabotées

    La retraite est déjà depuis longtemps un facteur d’inégalité hommes-femmes. L’écart de pension entre femmes et hommes s’élève en moyenne à 23 % et grimpe à 33 % parmi les indépendants. Un tiers des pensionnés et plus de la moitié des pensionnées (60 %) doivent vivre avec moins de 1 000 euros par mois ! Le marché du travail est structurellement inégalitaire, les femmes touchant généralement une rémunération inférieure à celles des hommes (l’inégalité salariale reste importante: les employées gagnent en moyenne 25 % de moins que les employés et les ouvrières 17 % de moins que les ouvriers). Les femmes sont également plus concernées par des carrières professionnelles rarement linéaires, avec des emplois à temps partiels et irréguliers, souvent marquées par des arrêts de travail pour raisons familiales.

    Le gouvernement fédéral veut notamment augmenter l’âge de la retraite de 62 ans à 66 ans en 2025 et à 67 ans en 2030 avec également un allongement des durées de cotisations nécessaires pour toucher une pension complète (41 ans de carrière en 2017 et 42 ans en 2019). Mais trois quarts des travailleuses (contre un quart des travailleurs) n’atteignent pas une carrière de 42 ans !

    Au cœur de la destruction sociale

    Les budgets de protection sociale subissent des restrictions draconiennes : diminution des allocations de chômage, des allocations sociales, des aides aux familles, des allocations de maternité,… Comme les femmes sont plus dépendantes des allocations sociales que les hommes (puisqu’elles assument encore essentiellement le rôle de principale responsable de la famille et sont souvent financièrement précaires), elles sont plus fortement touchées. Les groupes les plus vulnérables sont les mères célibataires.

    Les allocations familiales ne correspondent déjà pas aux besoins de l’enfant, mais 176 millions d’économie vont quand même être réalisées en Flandre en n’indexant pas les allocations familiales deux ans durant. Pour une famille de 3 enfants, cela représentera facilement une perte de 220 euros. Le nouveau gouvernement flamand veut également simplifier le système des allocations familiales en instaurant un même montant d’allocation pour chaque enfant : dès 2017, les 150.000 familles flamandes avec 3 enfants perdraient annuellement plus de 500 euros !

    Concernant le chômage, les femmes sont loin d’être épargnées. Sur les 32.000 chômeurs qui seront virés au 1er janvier, en Wallonie, 64% seront des femmes. L’analyse de la FGTB wallonne éclaire encore mieux cette catastrophe puisqu’ environ 25% de tous les futurs exclus sont en réalité des femmes ayant une famille à charge (une famille sur trois est monoparentale et plus de 80% de ces familles sont portées par des femmes). Plusieurs milliers de femmes seules avec enfants vont donc se retrouver obligées de recourir à l’aide sociale via le CPAS.
    N’oublions pas la réforme du chômage qui supprime l’allocation de garantie de revenus pour les temps partiels concernant les personnes sous statut de cohabitant : 4 travailleurs à temps partiel sur 5 sont des femmes.

    Contrairement aux idées reçues, il s’agit rarement d’un choix idéologique, les contingences matérielles sont fondamentales. Si on doit diminuer le temps de travail d’un parent pour s’occuper des enfants, c’est souvent celui de la femme, dont le salaire est généralement moindre. Ajoutons à cela, que l’âge maximum d’accès aux allocations de chômage sera de 25 ans, au lieu de 30 ans, ce qui va exclure de nombreux universitaires mais également ceux qui travaillent ou ont travaillé à temps partiel et qui n’ouvriront pas leur droit au chômage sur base du travail dans un contexte de flexibilisation croissante de l’emploi (temps partiel, CDD, intérims, titre service, etc.). Selon la FGTB, une majorité écrasante de femmes n’accèdent jamais au chômage sur base du travail.

    L’offensive est également généralisée contre les services publics : soins de santé, éducation, transports en commun,… Tout y passe avec des budgets réduits et/ou des frais accrus pour les usagers. Cela affecte triplement les femmes.

    D’abord parce qu’elles sont les premières usagères de ces services. Leur participation au marché du travail dépend de services à l’enfance accessibles, elles ont plus recours aux services de santé pour elles-mêmes (cf. soins gynécologiques, grossesse,…) ou pour leurs proches, elles utilisent plus les transports publics, etc. Ensuite, elles représentent la majorité des travailleurs dans l’éducation en tant que professeur dans les écoles maternelles, primaires et secondaires, en tant qu’accueillante extrascolaire, en tant qu’assistantes sociales mais aussi infirmières,… Ces coupes budgétaires visent directement leurs conditions de travail. Et finalement, ce sont elles qui compensent le plus largement dès qu’un service n’est plus rendu par la collectivité.

    Concernant les soins de santé 355 millions d’euros d’économie vont être réalisées pour l’année 2015, notamment avec une réforme du ticket modérateur, qui passera de 8,23 à 12 euros pour certaines spécialisations dont la gynécologie, une spécialisation fort loin d’être un luxe. Les femmes ayant accouché devront aussi quitter la maternité un demi-jour plus tôt. Le prix que le patient paie de sa poche chez le médecin spécialiste va augmenter de plus de 45%, même les bénéficiaires de l’intervention majorée (qui gagnent moins de 1.400 euros par mois) devront payer plus cher.

    La Wallonie a également décidé de reporter certains investissements dont ceux qui concernent les crèches, les maisons de repos,… et qui dit investissements bloqués, dit les jobs qui vont avec aussi ! La Flandre, d’ailleurs, a prévu une hausse des tarifs pour l’accueil des enfants. Ainsi, conduire un enfant à la crèche coûtera 65 euros de plus par mois (780 euros par an). De même, les services publics dans les villes, les communes et les provinces de Flandre vont subir des économies drastiques.

    Les tâches de soins et d’éducation délaissées par la fonction publique vont échoir sur les femmes via une augmentation de leur travail gratuit et invisible dans la famille. Des services collectifs de qualité, en nombre suffisant et abordables financièrement, constituent des leviers incontournables de l’égalité des sexes, de l’autonomie financière des femmes et, à terme, de leur émancipation. Les politiques d’austérité, pénalisant le droit à l’emploi rémunéré des femmes, les obligent à regagner la sphère privée pour y rendosser leur rôle dit ‘‘traditionnel’’ de mère et/ou d’épouse au foyer. Comme la perte de services publics est synonyme d’augmentation du travail domestique et de soins des femmes, certaines d’entre elles n’ont pas d’autre choix que de soit diminuer leur temps de travail et dès lors, de basculer dans l’emploi à temps partiel, soit de renoncer à exercer un emploi rémunéré.

    Pour l’émancipation des femmes

    L’ensemble des données fournies ici atteste bien de l’antinomie profonde opposant politiques austéritaires et émancipation des femmes. Ce dont les femmes ont besoin, c’est ce dont l’entièreté de la classe des travailleurs a besoin : de bons salaires, de bonnes conditions de travail, des services publics de qualité qui prendront aussi en charge les tâches ménagères.

    Les inégalités font partie intégrante du code génétique du capitalisme et, pour s’en débarrasser, c’est le capitalisme qu’il faut éliminer pour le remplacer par une société juste et égalitaire, une société socialiste démocratique.

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