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Tag: Maroc
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Action de solidarité avec les enseignants-stagiaires au Maroc
Nous étions une trentaine de militants progressistes marocains et du PSL à participer ce samedi à une action de sensibilisation en solidarité avec les enseignants-stagiaires au Maroc. (Voir notre précédent article – ainsi qu’en arabe sur le site de nos camarades tunisiens). Nous avons aussi été rejoints par quelques militants kurdes.
Nous sommes évidemment encore loin des mobilisations que la gauche marocaine pouvait mettre en place dans les années ’70-’80. C’est le reflet d’un recul de conscience politique qui a frappé toute la population – qu’elle soit marocaine, belge ou autre – depuis les années ‘90 à la suite de la chute du Mur de Berlin et du virage à droite de la social-démocratie et de toute la gauche réformiste que cela a entrainé. Nous n’avons pas voulu nous limiter aux militants convaincus et simplement faire une action devant l’ambassade du Maroc où devant un autre lieu symbolique en rapport au régime marocain.
Au-delà de la solidarité avec les enseignants-stagiaires, nous avons voulu contribuer par cette action au rassemblement de ce qui reste de la gauche marocaine à Bruxelles. Au Maroc comme en Belgique, c’est la politique néolibérale en faveur des multinationales qui détruit nos conquêtes sociales et plonge la population dans la pauvreté. Si la gauche n’offre pas d’issue sous la forme de luttes collectives, ce seront des populistes de toutes sortes qui rempliront le vide. Dans la communauté marocaine, malheureusement, des intégristes ont profité de l’absence de la gauche dans les quartiers pour entrainer nos jeunes dans des aventures catastrophiques.
C’est dans ce cadre que nous avons choisi la Place Anneessens comme lieu d’action. Nous avons surtout voulu toucher la population locale afin de la conscientiser à partir de la lutte des enseignants-stagiaires, mais aussi concernant le fait que le régime vient d’augmenter l’âge de la retraite et de supprimer les subventions pour les produits de première nécessité comme la farine, le sucre, le gaz et le carburant. Cette dernière mesure pèsera aussi sur la communauté à l’étranger qui devra probablement aider les familles sur place à supporter cette augmentation du coût de la vie.
Nous voulons ensuite reconquérir nos quartiers en offrant ensemble – avec les travailleurs et les autres exploités en Belgique – une réponse collective face aux manques de moyens dans l’enseignement, contre le chômage, contre l’insalubrité dans les quartiers et contre toutes les tentatives de nous diviser dans le but d’assurer le règne de l’élite dominante.
Photos : PPICS
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Stop à la répression au Maroc
La répression qui s’est abattu au Maroc envers les enseignants et les stagiaires a provoqué un vent d’indignation à travers le pays et auprès de la communauté marocaine résidant à l’étranger.De quoi s’agit-il ?
Lors de sa séance du 7 janvier, le gouvernement ultra-libéral de droite conservatrice, comme en Belgique, vient de décider de changer unilatéralement le statut des enseignants stagiaires qui étaient rémunérés comme salariés à la hauteur de 2500 Dirhams. Selon la proposition, ils deviendront des étudiants qui percevront une bourse à la hauteur de 1200 Dh ce qui vaut à +/- 100€ (moins que le loyer d’une habitation insalubre dans une grande ville).
Pire encore, pas loin de 9.500 enseignants stagiaires sont concernés cette année-ci, dont seulement 7.000 seront engagés, les autres seront redirigés vers le secteur public, où il y a déjà une pénurie d’emplois et, au Maroc, l’allocation de chômage n’existe pas.
C’est une cassure de contrat, car auparavant, ceux qui réussissaient l’examen d’entrée avaient un poste garanti à la fin de leurs études, cette attaque cadre dans la politique antisociale propre à ce gouvernement de droite conservatrice.
Le 12 janvier, des dizaines de milliers de travailleurs et de pensionnés ont manifesté contre une autre mesure qui vise à repousser l’âge de retraite à 63 ans. Parallèlement, le gouvernement réprime toute tentative de résistance. Le 7 janvier, 20.000 enseignants stagiaires et sympathisants ont manifesté aux quatre coins du pays, mais les manifestants ont vite été confrontés aux matraques de la police. A Marrakech, 30 blessés ont été signalés, à Casablanca 40 et à Inezgane (Agadir) 60, deux d’entre eux le sont gravement.
Cela a suscité une vague d’indignation générale sur le plan national y compris au sein du gouvernement même, ce qui illustre que c’est le régime qui décide sans tenir compte des institutions fantoches que sont le parlement et le gouvernement. Depuis les mouvements du 20 février 2011, rien n’a fondamentalement changé au Maroc, que ce soit par rapport au droit d’expression ou de liberté individuelle et culturelle en passant par les libertés syndicales et sociales, puisque ce n’est pas dans l’intérêt du régime de les mettre en pratique. Plus de 300 prisonniers politiques, majoritairement des jeunes et des étudiants, ont été incarcérés depuis 2011 sous de fausses accusations de droit commun. Les mouvements sociaux sont criminalisés.
La culture et la langue Amazighs (Berbères) sont mis de côté malgré sa constitutionnalisation en 2011, une grande régression dans l’enseignement est constaté, les lois organiques qui doivent intégrer cette langue à la vie active n’ont toujours pas été votées.
Nous revendiquons une réelle enquête sur les évènements, impliquant les syndicats, la coordination nationale des enseignants stagiaires, les associations des droits humains pour faire la clarté sur les évènements et condamner les responsables. Nous exigeons la libération des détenus politiques, la restitution des subsides des produits de nécessité (gaz, carburant, farine, sucre,… ), le retrait du décret sur les enseignants stagiaires et les retraités, un salaire minimum correspondant aux besoins réelles et la chute du système ultra libéral. Nous appelons à la constitution de comités populaires et à leur regroupement sur le plan national en vue de la tenue d’une assemblée constituante populaire et démocratique qui placerait l’économie dans les mains du peuple et non dans celles d’une élite mi-capitaliste, mi-féodale.
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Soirée nouvel an Amazigh en solidarité avec les victimes des inondations dans le sud du Maroc
Ce samedi 10 janvier, le comité de coordination en solidarité avec les victimes des inondations au sud du Maroc vous invite à célébrer le nouvel an amazigh. Les bénéfices iront au profit des victimes des inondations du sud du Maroc.
Ce samedi 10 janvier 2015, à partir de 18h au 45 rue du jardinier, Bruxelles/Belgique
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Solidarité internationale avec Siham Byah Jihad
Soutien à Siham BYAH JIHAD, résidente marocaine aux Etats-Unis menacée d’expulsion
Par Abou Farid Hassan, Mouvement du 20 février – Belgique
Le samedi 1er mars dernier, un rassemblement de soutien à Siham avait été organisé à Bruxelles.Depuis janvier 2014, plusieurs militants des droits humains en Amérique et en Europe se mobilisent pour défendre Siham BYAH JIHAD, militante marocaine menacée d’une expulsion imminente des Etats-Unis sans son fils âgé de 4 ans et demi.
En effet, Siham qui réside à Boston, la capitale de l’État du Massachusetts au nord-est des États-Unis d’Amérique, avait reçu le 31 décembre 2013, après que sa demande d’asile ait été ignorée auprès du panel des juges de la Cour d’Appel d’Immigration, une ordonnance d’expulsion par contumace l’enjoignant de quitter les Etats-Unis dans un délai d’un mois.
Siham qui vit depuis plus de 16 ans légalement aux USA a été confrontée dès les premières années de son arrivée à un problème familial. Après avoir fui son mari du fait d’abus conjugal chronique, elle s’est résolue à recommencer sa vie à zéro.
Siham BYAH JIHAD a toujours consacré sa vie à combattre la corruption, l’impérialisme sauvage et à défendre la justice, les droits humains, à dénoncer la répression, les souffrances exercées par le régime dictatorial marocain en place subies par le peuple.
Dès 2011, elle milita au sein du « Mouvement du 20 février » marocain (section Etats-Unis) en participant à toute une série d’actions telles que les manifestations, les communiqué, les débats ou encore par l’intermédiaire de son blog-vidéo. Selon Siham BYAH JIHAD, qui est la cofondatrice du Mouvement républicain marocain (MRM), le peuple marocain ne pourra avoir un avenir qu’avec la fin de cette monarchie absolue mercantile, seule responsable du malheur du peuple et par l’édification d’une République démocratique populaire.
Le Mouvement du 20 février prenant de l’ampleur, elle fit l’objet à maintes reprises de menaces de mort, publiques et privées, de menaces de viol, d’une campagne de diffamation émanant des baltajia, des agents de la police politique, la DGED (Direction Générale des Études et de la Documentation), qui l’accusaient de trahison, de vouloir déstabiliser le « royaume » et de violer la sacralité du roi. Selon ses accusateurs, elle avait franchi les limites que la société impose à tout Marocain.
Ces accusations qui pourraient lui valoir beaucoup dans une dictature telle que le Maroc qui interdit dans ses successives constitutions « octroyées » à quiconque, tout comme aux soi-disant députés de la nation, de discuter et mettre en cause la monarchie.
Siham ne s’intéresse pas seulement à des situations dramatiques au Maroc au regard du respect des droits humains mais aussi à toutes les causes nobles. Pour preuve, elle a travaillé dans de nombreuses organisations d’aide aux migrants et a participé bénévolement en tant que coordinatrice à des programmes de soutien aux enfants migrants pour faciliter leur intégration aux États-Unis.
Par ailleurs, le militantisme de Siham au sein du mouvement citoyen américain « Occupy Wall Street » n’a apparemment pas plu à certains. Le lobby marocain aux Etats-Unis aurait profité de ce nouvel activisme pour former une pseudo-alliance avec certains services américains pour transmettre des informations partiellement erronées notamment sur sa vie privée dans un but de désinformation visant à salir son image, la faire taire et la contraindre à quitter les USA, et à défaut, de l’expulser vers le Maroc, pays ou elle risque d’être soumise à la torture.
Ceci est d’autant plus grave que le droit international interdit à tout pays d’extrader tout individu, y compris un criminel, qui risquerait de subir la torture s’il retournait dans ce pays.Le mardi 11 février 2014, Khadija RYADI, récente lauréate du Prix des Nations unies pour les droits de l’homme, décerné par l’ONU en 2013, a été interpelée sur cette affaire lors de la conférence-débat organisée par l’AMDH – Paris sur la situation des droits humains au Maroc.
Des actes de torture et d’autres mauvais traitements infligés à des détenus politiques et des prisonniers continuent à être signalés au Maroc. Récemment des plaintes ont été déposées à Paris contre des hauts responsables marocains accusés de torture.
Suite à ces atteintes aux droits humains, plusieurs initiatives ont été prises par des personnes et par certaines organisations. Des mobilisations ont vu le jour sur internet et des actions ont été organisées sur le terrain pour protester contre la menace d’expulsion de Siham BYAH JIHAD et pour réclamer sa régularisation administrative. Toutes ces actions alertent sur le risque de séparer une mère de son enfant et cherchent à attirer l’attention des autorisées américaines sur les risques qu’elle encourt en cas d’extradition. Elles demandent aussi à ce que Siham soit entendue par les autorités américaines concernées pour qu’elle puisse obtenir que sa situation soit réexaminée et présenter tous les éléments en sa possession.
Après la mise en place d’une pétition et d’une collecte d’argent, pour couvrir les frais de justice dont les frais d’avocats ont été estimés à un peu plus 8 000 $, des rassemblements ont été organisés.
A Paris, le 15 février 2014, le Collectif des Amazighs de France pour le Changement Démocratique au Maroc (CAFCDM), a tenu un rassemblement, place de la Madeleine.
En Allemagne, à Cologne, le 21 février 2014 à l’occasion du troisième anniversaire du « Mouvement du 20 Février » un autre rassemblement a été organisé par des militants issus du Mouvement 20 février Europe en solidarité avec Siham BYAH JIHAD.
En Belgique, un rassemblement s’est tenu le 1er mars 2014 à l’initiative du Mouvement du 20 février – Belgique, avec le soutien du CAFCDM, de l’AMDH-Belgique, du Parti Socialiste de Lutte (PSL) et du Collectif des Militants du Maroc de l’Immigration d’Action. Des courriers ont été envoyés aux ambassadeurs des Etats-Unis à Paris et à Bruxelles.
Nous saluons toutes celles et tous ceux, organisations, militants, journalistes…, qui ont participé et soutiennent Siham qui a osé franchir les barrières imposées par des régimes d’un autre âge. Nos seules armes sont la solidarité et la détermination. Nous continuerons à soutenir Siham et son enfant. Faisons de son exemple un combat pour un monde meilleur épris de justice et de dignité.
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Les 50 ans de l’immigration marocaine et turque en Belgique
Par Thomas (Charleroi), article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste
À l’occasion des 50 ans de l’immigration marocaine et turque en Belgique – née de la campagne de recrutement de 1964 des autorités belges – les grands médias nous ont abreuvés de reportages historiques, d’études statistiques et de portraits d’artistes, d’intellectuels ou de politiques issus des communautés marocaines et turques. Les partis traditionnels se réclamant encore de la gauche, et particulièrement le PS, se sont jetés sur l’occasion à l’aune de la campagne électorale.
Si, la campagne de recrutement de 1964 promettait aux travailleurs une vie meilleure en Belgique, une analyse dont la logique part des intérêts de ces derniers ne peut manquer de remarquer à quel point de nombreux problèmes subsistent. Quel programme politique peut répondre aux besoins des travailleurs d’origine belge, marocaine, turque ou autre ?
Replacer les vagues d’immigrations dans leur contexte économique
La Belgique a vu ses infrastructures détruites par la Seconde Guerre mondiale, même si ce fut dans une proportion bien moindre que dans les pays voisins. Le seul acteur capable d’organiser la reconstruction du pays était l’État, avec un secteur public jouant un rôle moteur dans l’économie. Cette situation a également été assurée par la forte activité du mouvement ouvrier au sortir de la guerre, doté d’une conscience socialiste réelle, bien que floue. Le rapport de force entre travail et capital était plus favorable aux travailleurs et à cela s’ajoutait le prestige de l’Armée soviétique. La bourgeoisie a donc été poussée à faire de nombreuses concessions. Après quelques temps, la hausse du pouvoir d’achat et le renforcement des mécanismes de solidarité furent remarquables au sein d’une économie basée sur la demande et l’intervention de l’État, le keynésianisme.
La reconstruction du pays demanda énormément de mains d’œuvre, et l’on dut également faire appel à une main d’œuvre étrangère, tout d’abord en Italie. 300.000 travailleurs furent littéralement importés chez nous (c’est-à-dire sujets d’un commerce entre les autorités belges et italiennes) entre 1946 et 1952. La Belgique a pareillement signé des accords économiques avec différents pays : la Grèce, l’Espagne et, enfin, la Turquie et le Maroc en 1964. Ces vagues d’immigrés ont trouvé embauche dans l’industrie et la construction. C’était la période dite des ‘‘trente glorieuses’’, une parenthèse historique de croissance du capitalisme qui n’a d’ailleurs pas duré trente ans…
Aujourd’hui, la situation économique et sociale a bien changé. Le choc néolibéral de la seconde moitié des années ‘70 a complètement transformé le paysage socio-économique du monde entier. Pour rehausser les taux de profits, la bourgeoisie a lancé une campagne d’attaques systématiques contre toutes les conquêtes sociales des travailleurs. Celle-ci est également accompagnée d’une offensive idéologique réactionnaire, usant du racisme et du nationalisme pour imposer la logique de pensée néolibérale. Les accords économiques destinés à importer de la main d’œuvre ont pris fin après la crise économique de 1974.
L’immigration a également, et de différentes manières, été un outil pour le patronat. Durant la période keynésienne, il était question de combattre la hausse des salaires en faisant rentrer sur le marché du travail une masse de travailleurs prêts à bosser pour moins cher et ainsi tirer l’ensemble des salaires vers le bas (dumping salarial). Puis, avec la période néolibérale qui suivit, et qui est toujours de mise, le patronat utilise la diversité de la classe des travailleurs afin de la diviser et de faciliter son offensive visant au recul social.
Pour autant, les immigrés ne sont en rien responsables de l’état de déliquescence de l’économie et du tissu social. Ils ne sont pas non plus responsables du chômage de masse structurel du système capitaliste. Jamais une étude n’a été en mesure de faire le lien entre une hausse du chômage et l’immigration ! Une partie de la bourgeoisie elle-même avertit de la nécessité de l’immigration dans les pays riches. En Allemagne, la Banque Nationale estime que le pays a besoin de 200.000 immigrés en plus chaque année afin de soutenir la croissance économique, car les immigrés, souvent jeunes, répondent au problème du vieillissement de la population.
La pénurie sociale du système capitaliste
Le capitalisme crée une pénurie sociale permanente dans tous les secteurs de la vie quotidienne : emplois, logements, écoles, crèches, etc. La concurrence et la pression qui s’exerce sur la classe des travailleurs sont de plus en plus fortes. Les frustrations, le désespoir et la colère légitime qui découlent de cette situation poussent à l’exclusion des publics minoritaires. Ce phénomène d’exclusion est encouragé par l’idéologie dominante, comme cela fut illustré par la sortie de Jan De Nul, élu ‘‘Manager de l’année’’ en 2013, qui reproche aux Belges de ne plus vouloir travailler, et à fortiori les immigrés nord-africains. (1) Soulignons aussi que les immigrés ne sont pas les seuls à éprouver des problèmes pour trouver un job, un logement abordable, etc.
La Belgique est une société hautement multiculturelle ; plus de 25% de la population belge a au moins un parent né étranger. On constate néanmoins que les immigrés récents sont encore loin de décrocher le même taux d’emplois ou d’éducation que les habitants d’origine belge. Contrairement à ce que les politiques vont nous chanter dans les semaines à venir, les conditions d’accueil et d’intégration sont exécrables. Comment s’intégrer facilement dans la société alors même que tous les budgets sociaux, sous-financés de longue date, font face à la vague d’austérité budgétaire ?
La politique actuelle du gouvernement et de sa ministre à l’immigration Maggie de Block a remis le drame des réfugiés à l’avant des médias. Les sans-papiers sont le public le plus fragile dans la société. Personne ne fuit sa terre par plaisir, pour se retrouver chez nous, cibles d’une chasse à l’homme quotidienne !
La responsabilité du mouvement ouvrier.
Si le capitalisme porte la responsabilité des divisions au sein de la classe des travailleurs, cette dernière porte en elle la capacité de les combattre et de construire une alternative crédible aux yeux des masses. Et on n’affronte pas des problèmes matériels avec de la morale, on les combat avec une alternative économique !
Si nous pouvons être d’accord avec le forum économique mondial sur un point, c’est sur l’idée que ‘‘l’inégalité sociale devient la menace la plus dangereuse pour la stabilité’’ (2), comme cela est déjà illustré par la perte de crédibilité importante de toutes les institutions bourgeoises, des gouvernements, des partis politiques, des médias de masse, du système judiciaire, de la police, etc. La colère de la jeunesse, d’origine belge ou immigrée, peut alors se traduire par de fausses alternatives : le repli communautaire et religieux, l’extrême droite, le populisme de droite, etc.
Les théories du complot, négationnistes et raciales sont diverses et légions aujourd’hui. Elles démontrent la faiblesse du niveau politique actuel chez de larges couches de jeunes et de travailleurs. Pour rayer ces alternatives prétendument antisystèmes, nous devons reconstruire le mouvement des travailleurs et ses outils politiques et syndicaux, afin qu’il soit capable d’idéologiquement encadrer les travailleurs et les jeunes de diverses origines vers un objectif commun.Hélas, les syndicats ont progressivement abandonné la jeunesse précarisée, les travailleurs sans emplois et les secteurs économiques sans traditions historiques de lutte. Malgré l’existence d’organisations de jeunes et de précaires en leurs seins, les organisations syndicales de masses concentrent l’essentiel de leurs efforts vers les secteurs déjà organisés. Pourtant, les infrastructures et les moyens sont largement présents pour aller au contact de ces couches abandonnées du mouvement des travailleurs et pour construire une classe ouvrière unifiée et combative.
Stop à la division de notre classe.
Il y a différentes façons de lutter pour l’unification de notre classe et de se battre contre le racisme, le nationalisme et les organisations d’extrême droite.
En tant que socialistes révolutionnaires, nous avons pour tâche d’élever le niveau de conscience de classe au maximum – la conscience d’avoir des intérêts communs, totalement opposés à la logique du système actuel – et de faire le lien entre la pénurie permanente du système capitaliste et la montée des idées d’extrême droite. Ceci implique de construire une alternative socialiste face le système actuel.
Il est hors de question de draguer la sympathie des immigrés avec un discours basé sur la religion ou l’ethnie. Au contraire, nous devons politiser leur expérience sur une base de classe, qui les lie au reste du monde du travail.
Le PSL-LSP possède une expérience certaine sur cette question, notamment à travers sa campagne antifasciste flamande Blokbuster, initiée depuis déjà 1991. Nous sommes fiers de cet héritage et nous continuerons à mener la lutte contre l’oppression capitaliste et les discriminations qui en découlent, avec tous ceux qui sont prêts à nous rejoindre dans ce combat.
Le prochain grand événement antiraciste sera la manifestation du 20 mars prochain à Anvers, contre le NSV, l’organisation officieuse des jeunes du Vlaams Belang. Joignez-vous à nous !
Notes
(1) http://trends.knack.be/economie/nieuws/beleid/er-is-gewoon-geen-goesting-om-te-werken-omdat-het-zonder-ook-kan/article-4000333234410.htm
(2) http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/01/16/selon-le-world-economic-forum-les-inegalites-menacent-la-stabilite-mondiale_4349310_3234.html -
Rassemblement de soutien à Siham à Bruxelles
Ce samedi, plusieurs militants s’étaient réunis à Bruxelles pour protester contre la menace d’expulsion des États-Unis de la militante marocaine Siham Byah Jihad et pour réclamer sa régularisation administrative.
Siham réside aux Etats-Unis depuis plus de 16 ans a toujours consacré sa vie à combattre la corruption et défendre la justice et les droits humains. Suite à son divorce, les autorités américaines lui demandent aujourd’hui de quitter les Etats-Unis. Alors qu’elle militait aux Etats-Unis au sein du « Mouvement du 20 février » marocain, elle a reçu à maintes reprise des menaces de mort émanant d’après elle de la DGED, l’accusant de trahison, de déstabiliser le « royaume » et de violer la sacralité du roi. Au Maroc, ces accusations pourraient lui valoir la prison à vie, voire la peine de mort dans le « meilleur » des cas où la dictature marocaine choisirait la voie d’une action en « peu de justice » lui permettant d’éviter de subir les pratiques du bagne de Derb Moulay Cherif et de finir dans un bain d’acide. Avec l’émergence, cette même année 2011, du mouvement américain « Occupy Wall Street », le lobby marocain a formé une alliance avec les Etats-Unis par laquelle il s’est employé à la faire taire, elle qui militait activement au sein des deux mouvements.
Cette action était à l’initiative du “Mouvement du 20 février – Belgique”.
Photos, par PPICS – banque d’images
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Débat : 3 ans après le Mouvement du 20 Février au Maroc
Ce 20 février, le cercle des Étudiants de Gauche Actifs de l’ULB avait organisé un débat avec l’Association Marocaine des Droits Humains section Belgique (AMDH) et le soutien d’Amnesty-ULB afin de commémorer les 3 ans du Mouvement du 20 février au Maroc, mouvement qui a pris place dans le cadre des mobilisations de masse du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à la suite des débuts du processus de révolution et de contre-révolution en Tunisie et en Egypte. Plus de 70 personnes ont participé à ce débat qui visait à tirer les leçons de ces 3 années pour les luttes à venir.
Car s’il est un élément sur lequel se sont accordés tous les quatre orateurs, c’est bien sur le fait que ”l’esprit du 20 février” reste bien présent, et que les causes du soulèvements restent toujours d’actualité. A la tribune, Daniel Menschaert (qui était présent en tant que diplomate au Maroc en 2011 et est auteur du livre “Maroc, quatre champs de bataille pour la démocratie”), Abdel El Haji (membre de l’Association Marocaine des Droits Humains) et Badr Aiyaash (de la Coordination du Mouvement du 20 Février Belgique) ont abordé plus spécifiquement sur le Mouvement du 20 février au Maroc tandis que notre camarade Nicolas Croes (rédacteur en chef de “Lutte socialiste” et participant au Forum Social Mondial de Tunis en 2013) a pris base sur ces interventions pour aborder divers parallèles qui pouvaient être faits avec le processus plus global qui s’est développé dans la région en 2011 et du rôle primordial que la classe des travailleurs a à jouer.
La salle ne fut pas en reste et les interventions furent nombreuses, au sujet de la situation spécifique des Amazighs (berbères), des relations entre l’impérialisme et le régime marocain, de la lutte contre les forces islamistes réactionnaires,… Un grand point de débat fut la nécessité pour le mouvement de se doter d’une idéologie et d’un programme, un élément crucial selon nous et qui doit lier la lutte contre le régime à celle pour un modèle alternatif de société, une société socialiste démocratique.
Reste maintenant à poursuivre ces discussions et à en tirer les leçons concrètes pour les luttes tant au Maroc qu’ici en Belgique. Rendez-vous a dores et déjà été pris pour ce 1er mars à l’occasion d’un rassemblement de soutien à Siham Biyah Jihad, une militante marocaine résidente aux Etats-Unis qui est aujourd’hui menacée d’une expulsion.
Rejoignez-nous donc ce samedi 1er mars, à 15h, place Rouppe à Bruxelles (métro Anneessens) !
Une initiative du Mouvement du 20 février – Belgique, avec le soutien du CAFCDM, de l’AMDH-Belgique, et du Parti Socialiste de Lutte.Photos, par Rachid
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Débat sur l’héritage du “Mouvement du 20 Février” au Maroc
Ce 20 février 2014, à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), 19h, au H13.09
3 ans après l’émergence du “Mouvement du 20 Février” au Maroc, à la suite du processus de révolution et de contre-révolution initié en Tunisie et en Égypte et de la vague de protestations de masse qui a touché toute la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ainsi que le reste du monde, quelles leçons tirer de ces événements pour la lutte en faveur des droits de l’homme au Maroc ?
Les Étudiants de Gauche Actifs (EGA), en collaboration avec l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) et avec le soutien d’Amnesty-ULB, organisent un débat pour tenter de répondre à cette question, avec votre participation !
Les intervenants seront:
- Daniel Menschaert, auteur de “Maroc, quatre champs de bataille pour la démocratie”.
- Nicolas Croes, rédacteur en chef de “Lutte socialiste” et participant au Forum Social Mondial de Tunis en 2013.
- Un membre de l’Association Marocaine des Droits Humains.
www.gauche.be – www.amdh.org.ma
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Algérie : à propos de la guerre d'indépendance 1954-1962
Colonialisme, libération nationale et lutte révolutionnaire
Il y a 50 ans, en 1962, la guerre d’Algérie, l’un des conflits anticolonialistes des plus longs et des plus sanglants, prit fin avec la victoire des combattants algériens contre l’impérialisme français. L’Algérie avait été gouvernée durant 132 ans par le règne colonial français et constituait la pierre angulaire de l’empire colonial français. Une politique de ségrégation raciale et une dépossession territoriale de masse avaient lieu au détriment des autochtones.
Par Cédric Gérôme, Comité pour une Internationale Ouvrière
La grande majorité des Algériens était conservée sous une écrasante pauvreté et souffrait systématiquement d’une discrimination salariale qui garantissait d’énormes profits pour les grandes industries françaises.
Lors de l’éruption du conflit, un million de colons européens – 79 % d’entre eux étaient nés en Algérie – coexistaient avec neuf millions d’Algériens. Il y avait également une large communauté de Juifs.
Au sommet de l’échelle des colons siégeaient les plus riches, une clique infime de gens qui exerçaient les pouvoirs politique et économique. L’écrasante majorité des colons, cependant, était pauvre. Jusque dans les années 50, leur niveau de vie moyen était de 20 % inférieur comparé au niveau de vie en France.
Après la 2ème Guerre Mondiale, le militantisme nationaliste et les luttes ont pris de l’ampleur partout dans le pays, dans le contexte de luttes indépendantistes émergeant à l’échelle internationale. Cela a coïncidé avec des vagues sans précédent de grèves de travailleurs et un désir accablant de changement social. Dans beaucoup de cas, ces conflits impliquaient des travailleurs algériens et français.
Le 1er novembre 1954, le FLN lança une série d’attaques de guérilla dans divers endroits du territoire, en visant les bases du pouvoir colonial. Le Front de Libération National était une organisation nationaliste composée d’activistes radicaux qui était excédés par le conservatisme et le réformisme grandissant des forces nationalistes traditionnelles, avait décidé d’allumer le foyer d’une révolte générale contre le règne français.
L’armée française y répondit avec une terreur systématique, en brûlant des villages, en créant des camps de concentrations, en procédant à des exécutions sommaires et en appliquant la torture à une échelle de masse. Cette violence a exposé la face brutale du capitalisme français – la prétendue "France des droits de l’homme".
L’Onde de choc
Au début de la révolte coloniale, des conflits sur les lieux de travail et des vagues de mutinerie parmi les soldats conscrits, qui refusaient d’aller se battre pour l’Algérie française, ont affecté des douzaines de villes et cités françaises. Et ce, alors que le soutien à la guerre et au régime colonial déclinait à une vitesse vertigineuse.
Les conséquences de cette guerre commencèrent à créer un déficit budgétaire qui devenait hors de contrôle. D’autre part, la sauvagerie inégalée déployée sur le sol algérien par le régime autoritaire de Charles de Gaulle – qui avait pris le pouvoir en France par un coup d’Etat parlementaire en 1958 – ne pouvait pas en finir avec la guerre.
L’offensive lancée par les troupes françaises en 1959 avait terriblement mis à mal l’ALN, l’aile armée du FLN, en tant que force combative. Mais le prix à payer, tant politiquement que socialement, affectait directement la confiance de la classe dominante française sur sa capacité à continuer la guerre.
Les manifestations massives pro-FLN de décembre 1960, les masses urbaines algériennes remplissant spontanément les rues en faveur de l’indépendance à une échelle excédant ce que le FLN avait prédit, marquèrent un tournant décisif.
De plus, en avril 1961, la masse de soldats français se rebella contre une tentative de coup d’Etat des généraux. De Gaule devait lutter désespérément pour regagner le contrôle de l’armée. A Blida (au Nord), les conscrits ont même saisi la base militaire principale, arrêté leurs officiers et arboré le drapeau rouge de la révolution!
De Gaulle savait qu’il devait agir ou risquer de totalement perdre le contrôle des évènements. A ce moment-là, la question était devenue: comment gérer une retraite ordonnée pour l’impérialisme français. C’est ce qui se passa avec la signature des Accords d’Evian entre le FLN et le gouvernement français en mars 1962, ouvrant la voie à une Algérie indépendante.
La gauche française
Le point de vue dominant sur la question algérienne dans la SFIO (section française de la 2ème internationale) peut être résumé à travers les mots d’un député du SFIO qui déclara: "nous voulons que les hommes d’Algérie soient plus libres, plus fraternels, plus égaux, c’est-à-dire plus français."
L’un des points fondamentaux sur lequel la 3ème internationale communiste s’était différenciée de la 2ème était son soutien inconditionnel aux luttes de libération nationale contre le colonialisme. Mais la dégénérescence stalinienne de la Russie soviétique avait sérieusement entamé ces principes.
Alors que dans les années ’20 le Parti Communiste français (PCF) avait pris un rôle de dirigeant en organisant l’opposition à la Guerre du Rif au Maroc, en 1959 ce parti était devenu un simple appendice à la diplomatie soviétique stalinienne, soutenant ‘ la défense nationale ‘ et les alliances avec les forces pro-capitalistes et tentant de restreindre les luttes anticoloniales des travailleurs.
Malgré l’activisme de beaucoup de ses membres et sympathisants en faveur de l’indépendance, le PCF a voté, en 1956, les pouvoirs spéciaux au gouvernement du ”socialiste” Guy Mollet, qui ont permis d’intensifier la répression en Algérie et d’envoyer des centaines de milliers de conscrits sur le champ de bataille.
Le FLN
Le manque d’un parti préconisant un programme pour l’unité de la classe des travailleurs, en France mais aussi, de façon cruciale, en Algérie est un facteur-clé. Cela aurait permis que la lutte anticoloniale ne reste pas dans une voie purement nationaliste. Le parti communiste algérien perdit de plus en plus de soutien public tandis que sa direction persévérait à défendre la politique du PCF.
Le FLN cherchait quant à lui à prendre le pouvoir par la force militaire, avec une armée essentiellement basée sur la paysannerie et la population urbaine marginalisée. Significativement, les six fondateurs du FLN venaient tous d’une élite rurale appauvrie par le colonialisme; leur monde était l’Algérie rurale et aucun n’avait eu d’interaction de longue durée avec le mouvement de la classe des travailleurs.
Au lieu d’orienter leurs efforts pour construire une lutte commune de tous les travailleurs et des pauvres, et d’essayer ainsi de diviser les colons européen sur une base de classe – avec des garanties pour les minorités européennes que leurs droits seraient respectées – la plupart des dirigeants du FLN avait une perspective purement nationaliste, et n’avait aucun programme pour développer le pays une fois l’indépendance acquise.
Leurs méthodes incluaient le bombardement des places publiques fréquentées par les travailleurs et la classe moyenne européenne. Ce type d’actions contribuait à diviser les travailleurs Algériens et non Algériens et à pousser massivement les colons dans les bras de la réaction pro-coloniale. A l’automne 1962, 99 % des colons européens avaient quitté le pays par peur de représailles, une des plus grandes migrations de population du 20ème siècle.
Aucune solution
Malgré le courage et l’héroïsme de beaucoup de combattants et sympathisants pro-FLN, leurs efforts ne conduisirent pas aux changements qu’ils avaient espéré et pour lesquels ils s’étaient battus.
Suivant l’indépendance, le régime qui prit le pouvoir en Algérie était un parti unique sous la coupe d’une machine militaire puissante. C’était un produit direct des structures militaires et des méthodes adoptées par les leaders du FLN.
En effet, l’implication démocratique de la classe des travailleurs – la seule force collective capable de renverser le capitalisme et de construire le socialisme – était considérée par la bureaucratie militaire émergente du FLN avec suspicion et comme une menace pour son propre pouvoir.
En équilibre entre le capitalisme et le stalinisme, le régime algérien a été capable, pendant un certain temps, d’opérer des nationalisations partielles qui ont aider au développement de l’infrastructure, des soins de santé et de l’éducation. Mais, suite à la chute du bloc stalinien, tout s’est déplacé vers la droite et les privatisations de masse ainsi que les contre-réformes néolibérales conduisirent à un profond désastre pour la majorité de la population.
L’Algérie aujourd’hui
Aujourd’hui, malgré leurs riches réserves de pétrole, les Algériens n’ont pas de conditions de vie décentes. Pour la majorité des algériens, avec un pays marqué par la pauvreté, la corruption et la violence, il y a à peine quoi que ce soit à célébrer pour le 50ème anniversaire de l’indépendance.
La capitale, Alger, a été classée parmi les villes les moins viables du monde. Le code de la famille, notoirement rétrograde consacre le statut des femmes comme mineur, à vie. Les élections sont falsifiées, les conditions de logement sont épouvantables et les abus de la police très répandus.
La génération post-indépendance constitue dès lors la grande majorité de la population, et ne ressent rien d’autre que de la colère envers l’élite corrompue qui est au pouvoir. En lumière des récentes luttes de masse qui ont englouti la région nord africaine, le temps est venu pour cette nouvelle génération de réapprendre les leçons de la lutte pour laquelle à peu près un million de leur ancêtres ont sacrifié leurs vies.
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Alimentation : Qu’est ce qu’on s’en fout de vos profits !
‘‘Excusez-moi Monsieur, mais je voudrais un peu plus de nourriture’’. Il n’y a pas que les orphelins des romans de Dickens qui doivent se battre pour un produit de base : la nourriture. Des milliards d’êtres humains à travers le monde souffrent soit de malnutrition, soit d’obésité. Même dans les pays capitalistes dits ‘‘développés’’, leur système basé sur les profits semble incapable d’offrir un régime alimentaire équilibré à la population. Iain Dalton, de notre parti-frère en Angleterre et au Pays de Galles le Socialist Party, observe ici les effets du capitalisme sur la nourriture et développe l’intérêt de réponses réellement socialistes.
L’envolée des prix des denrées alimentaires
Plus de 18 millions de personnes dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest sont actuellement en danger de mort car les récoltes ont été très mauvaises et les prix des denrées alimentaires n’ont cessé d’augmenter. En 2011, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture rapportait que les prix alimentaires mondiaux étaient à leur plus haut niveau depuis le début des recensements en 1990.
En 2010, la Banque Mondiale estimait qu’environ un milliard d’êtres humains sur les sept milliards que comptent la population mondiale souffraient de malnutrition. Chaque année, six millions d’enfants à travers le monde meurent de malnutrition avant d’avoir atteint l’âge de cinq ans.
En Grande-Bretagne, les mesures d’austérité sont combinées à une augmentation des prix. En 2011, un chiffre record de 129.000 personnes ont eu recours aux banques alimentaires. Cela démontre que de plus en plus de gens sont obligés de faire le choix entre manger ou se chauffer. Selon les chiffres du gouvernement, les prix des denrées alimentaires au Royaume Uni ont enregistré une hausse de 26% entre 2007 et 2011.
La sécheresse aux Etats-Unis
Un des facteurs qui explique l’explosion des prix en cette période, c’est la sécheresse qui sévit actuellement aux Etats-Unis. Dans un rapport qui fait plus penser à la situation de l’Afrique subsaharienne qu’à celle des Etats-Unis, le journal britannique The Guardian rapportait: ‘‘Certaines tiges arrivent à hauteur du menton, mais ne produisent pas d’épis de maïs. D’autres sont aussi épaisses que des ananas. Et le soja qui devrait atteindre la hauteur du genou frôle à peine le tibia.’’ Environ un tiers du territoire des Etats-Unis est désormais officiellement considéré comme une zone sinistrée. En juillet, le Centre national de données climatiques (NCDC) a découvert que 55% du territoire des Etats-Unis était frappé par une sécheresse d’un niveau moyen à extrême selon les zones. De plus, des feux sauvages se sont déclarés dans l’Utah et au Colorado.
Le gouvernement des Etats-Unis estime qu’un tiers des récoltes de maïs et de soja est en mauvais état, mais les travailleurs sur le terrain pensent que les dégâts sont bien pires. Un fermier a déclaré dans une interview à The Guardian : ‘‘Techniquement, certains aliments ne vaudront même pas la peine d’être récoltés car ils ne pourront pas être vendus au prix de la production.’’
Le 23 juillet dernier, le prix du maïs avait atteint le prix de $8 (=6,30€) le boisseau, alors qu’en 2006, son prix était de $2 (=1,50€). Cela aura un effet dévastateur sur les prix du lait et de la viande car le maïs est utilisé dans l’alimentation d’une grande partie des animaux. Certains fermiers ont même été contraints de nourrir leur bétail avec certains types de confiseries bons marché.
Le bétail est abattu car les fermiers américains ne peuvent plus se permettre les prix élevés de leur nourriture. Les refuges pour chevaux ont dû accueillir de nouveaux animaux et une baisse de 70% a été enregistrée dans la vente de tracteurs et autres machines agricoles dans certaines parties du Mid-Ouest.
La situation actuelle aux Etats-Unis est comparable à la pire sécheresse que la région de la Mer Noire en Russie ait connue en 130 ans et qui avait eu pour conséquence une escalade des prix du blé. Vu que le changement climatique conduit à de plus en plus d’évènements climatiques extrêmes tels que des sécheresses, des tsunamis et des inondations, les effets dévastateurs sur la production alimentaire s’en feront ressentir.
Avec 40% du maïs américain utilisé dans la production de l’éthanol, le débat sur la question des biocarburants fait rage. Certains Etats ont rapporté que beaucoup d’usines d’éthanol et de bio-diesel sont en train de réduire leur production ou de fermer temporairement. D’innombrables sommets ont démontré que les politiciens qui ne défendent que les grandes entreprises sont incapables de prendre des mesures nécessaires contre les puissants lobbys de l’énergie.
Spéculation
Il y a d’autres facteurs qui influencent les prix des denrées alimentaires. Lorsque les banques sont entrées en crise en 2007-2008, une vague de spéculation a déferlé sur les matières premières futures, dont des aliments comme le sucre et le bétail. Leurs valeurs totales sont passées de moins de $2 milliards (=1,5 milliard d’euros) en 2004 à $9 milliards (= 7 milliard d’euros) en 2007. Les grandes Institutions qui achètent et retiennent des biens sur de longues périodes de temps ont commencé à investir dans la bulle spéculative des matières premières, ce qui a non seulement fait augmenter les prix mais a aussi coupé les provisions, principalement dans les économies en développement.
Les spéculateurs ont de nouveau fait face à la dernière crise en date en pariant massivement sur les prix alimentaires. Leur attitude face à l’augmentation des prix est très bien résumée par un des gérants de fonds: ‘‘c’est comme si on avait ouvert un énorme robinet à argent’’ (Bloomberg 23 juillet)
Le journal The Economist a récemment déclaré à brûle-pourpoint: ‘‘les prix élevés sur la nourriture ne pèsent pas seulement sur les revenus des pauvres, mais ils mènent aussi à plus d’agitations politiques à travers les monde.’’
En 2008, des émeutes de la faim ont explosé en Afrique de l’Ouest, en Haïti, au Maroc, au Bangladesh et aux Philippines. Après la grève générale du pain qui a eu lieu dans la ville de Malhalla, en Egypte, l’armée a reçu l’ordre de cuire et de distribuer du pain subventionné afin d’empêcher de futures protestations.
Alors que la Tunisie et l’Egypte étaient en plein milieu d’une période révolutionnaire au début de l’année 2011, sous l’impulsion notamment de l’essor des prix des denrées alimentaires, l’Algérie achetait plus de 800 000 tonnes de blé et l’Indonésie 800 000 tonnes de riz. Les deux élites au pouvoir essayaient ainsi d’empêcher que la révolution ne s’étendent jusqu’à leurs frontières.
Néanmoins, cette option de conjurer les soulèvements a ses limites. Et on observe que de nombreux pays ont sévèrement réduit leurs réserves de grains ne les jugeant pas nécessaires.
Pourtant, les menaces auxquelles la production alimentaire fait face sont bien réelles, notamment celle du changement climatique. Mais la plus sérieuse, c’est la manière dont la nourriture est produite. Tant que l’industrie alimentaire sera contrôlée par des compagnies privées qui privilégient les profits et que les spéculateurs contrôleront les prix, des millions d’êtres humains continueront de mourir de faim ou de souffrir de malnutrition. En Occident, la sous-alimentation dans les familles pauvres s’aggrave pendant que des millions d’autres familles doivent faire face à d’autres types de problèmes de santé, tel que l’obésité. La raison de tout ces maux, c’est une nourriture malsaine et fortement traité mais rentable!
Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections à travers le monde, dont le Parti Socialiste de Lutte en Belgique, revendiquent que la production alimentaire, de même que les autres secteurs clés de l’économie, soient nationalisés sous le contrôle démocratique des travailleurs afin d’être intégrés dans une planification démocratique de la production. Une fois rayée la soif de profits du capitalisme, il est tout à fait possible d’éradiquer la faim dans le monde.
Nos revendications:
- Mise en place de comités populaires, avec les syndicats et les groupes de consommateurs, afin de surveiller les prix et de mesurer la réelle augmentation du prix de la vie pour les travailleurs.
- Transparence des comptes des grandes entreprises qui dominent l’industrie alimentaire et l’économie, afin de déterminer leurs coûts réels, leurs profits, les salaires et bonus des cadres, etc.
- Augmentation immédiate du salaire minimum afin qu’il atteigne £8 (=10€) de l’heure, et des augmentations régulières afin de couvrir la hausse des prix. Une augmentation substantielle des pensions et autres acquis sociaux afin que ceux-ci reflètent le coût réel de la vie. Des investissements massifs dans un programme de création d’emplois.
- Nationalisation des plus grandes compagnies agricoles, de gros, de détail et de distribution, ainsi que des banques et des institutions financières. Des compensations ne seraient octroyées que sur base de besoins prouvés.
- Investissements massifs dans la recherche et le développement de ressources d’énergies renouvelables alternatives sures, ainsi que le développement de techniques qui mettraient un terme aux techniques agricoles néfastes à l’environnement et à la santé de la population.
- Planifier la production et la distribution agricole afin d’offrir de la nourriture réellement nutritive pour tous de façon durable plutôt qu’en préconisant les profits à court terme d’une minorité au sommet.

