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Tag: Maroc
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Solidarité avec les masses en révolte en Tunisie! Manifestation jusqu’au consulat de Tunisie à Hong Kong
Ce vendredi 21 janvier, durant l’après midi, des militants ont exprimé leur solidarité avec les travailleurs et les masses opprimées de Tunisie à Hong Kong. Ils ont ainsi montré leur solidarité avec la lutte des masses tunisiennes contre le régime dictatorial du président déchu Ben Ali.
J. M. Roy, chinaworker.info
"Le pouvoir aux travailleurs! Non à tous les dictateurs!" ont ainsi crié les manifestants. Le groupe de militant a manifesté du commissariat de police jusqu’au consulat de Tunisie pour y remettre une lettre de protestation et de solidarité avec la révolte de masse en Tunisie contre le régime du RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique). Cette marche avait été organisée par Socialist Action – Hong Kong (section du CIO à Hong Kong) et par le célèbre militant Leung Kwok Hung, de la Ligue des sociaux-démocrates. Ce dernier est surnommé ”Cheveux longs” depuis qu’il a décidé de ne pas se couper les cheveux jusqu’à ce que le régime de Pékin présente ses excuses pour la répression de Tian’anmen en 1989.
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Sur la Tunisie:
- La première phase de la révolution a réussi à virer Ben Ali ! Il faut continuer !
- Les tâches urgentes de la révolution tunisienne
- Maghreb : La révolte Tunisienne s’étend en Algérie – Solidarité avec les masses Tunisiennes et Algériennes !
- Révolte sans précédent en Tunisie
- Message de solidarité de Joe Higgins, député européen du CIO
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"Nous condamnons fermement la réponse brutale du régime et de ses forces de police, ce qui a coûté la vie à 100 personnes" était-il notamment écrit dans la lettre de protestation, signée par Leung et Vincent Kolo, de Socialist Action. La lettre mettait également en garde contre les tentatives d’accords entre représentants du vieux régime et les partis d’opposition pro-capitalistes, tout en appelant les travailleurs et les jeunes de Tunisie à construire des comités de luttes démocratiques et à lutter pour une assemblée constituante révolutionnaire ainsi que pour le contrôle public de l’économie du pays afin de la retirer des griffes de la vieille élite.
Comme cela a été souligné par les orateurs lors de la manifestation, l’importance de cette lutte ne se limite pas qu’aux rues de Tunis ou des autres villes de Tunisie. Les réactions des classes dirigeantes des autres pays a été très révélatrice. Le gouvernement français a ainsi offert de soutenir la répression du soulèvement dans son ancienne colonie, et le président Sarkozy avait il y a peu félicité le dictateur Ben Ali, se disant ”impressionné par la clarté des analyses du Président Ben Ali, par son ouverture d’esprit et par sa franchise.” Il ne fait aucun doute que les masses d’Afrique du Nord et de France ne se souviendront que trop bien de la manière dont le gouvernement capitaliste français traite les peuples qui osent se soulever contre la tyrannie. Les dirigeants d’Égypte et de Libye ont également été rapides pour condamner les luttes du peuple tunisien et ils ont directement pris des mesures pour prévenir de tels mouvements de la part de leurs propres masses opprimées. Dans le même but, les gouvernements du Maroc et de Jordanie ont abaissé les prix de l’alimentation pour essayer d’ainsi apaiser les masses.
Les évènements de Tunisie sont aussi riches de leçons pour les masses en Chine et à Hong Kong, avec leur propre forme de régime dictatorial. Les dictateurs arabes ne sont pas les seuls à suivre avec effroi les nouvelles de Tunis…
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Rapport sur la situation à Sidi Ifni, Maroc
Sidi Ifni, ville côtière de 20.000 habitants au Sud du Maroc, a connu les 7 et 8 juin 2008, puis à nouveau les 18 et 19 août 2008 deux vagues de répression extrêmement violentes en guise de réponse à un mouvement social qui revendique, depuis le début des années 2000, une réelle politique de développement de la région ainsi qu’une extension et amélioration des services publics.
Par Mourad
Le mouvement se renforce à partir de 2005: en août, une manifestation de plus de 10.000 personnes obtient l’affectation d’un chirurgien à l’hôpital, deux ambulances et la promesse de travaux d’infrastructures portuaires et urbaines. Il se structure en Secrétariat local Sidi Ifni – Aït Baamrane élabore un cahier revendicatif porté par la population. C’est du sein même de ce mouvement qu’ont émergé des groupes comme Attac Ifni et l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs au Maroc qui, depuis leur création, font le lien entre les problèmes vécus localement par les habitants d’Ifni et les politiques globales néo-libérales capitalistes, telles qu’elles se déclinent au Maroc aussi.
Le contexte
Il faut savoir que la ville de Sidi Ifni est restée plus longtemps que les autres villes marocaines sous le joug colonial espagnol et n’a été rétrocédée au Maroc qu’en 1969. Ville alors florissante, elle connaît depuis un processus de marginalisation et de paupérisation. Administrativement déclassée et rattachée à la province d’Agadir en 1970, Sidi Ifni ne bénéficie pas des mêmes subventions que les villes voisine et elle vivote aujourd’hui de tourisme, de la pêche encore concédée et de l’argent envoyé par ses émigrés. Le taux de chômage actuel y dépasse les 30%. L’absence de perspectives incite nombre de jeunes à s’embarquer clandestinement vers les Canaries voisines (28 heures de traversée) ou l’Espagne.
En revanche, les ressources halieutiques de la région attisent les convoitises de lobbies économiques extérieurs à la ville, ayant de très fortes connexions avec l’appareil sécuritaire du Royaume. Ifni voit passer le poisson mais n’en récupère pratiquement plus aucun bénéfice et même les postes de travail du port bénéficient essentiellement à une main d’œuvre extérieure à la région.
Cela explique pourquoi, exaspérée par les promesses non-tenues et l’absence de réponses à ses demandes, la population a décidé, à la fin mai 2008, de bloquer l’accès au port, ce qui a déclenché en retour, à partir du samedi 7 juin, une répression d’une rare violence menée par les plus hautes autorités sécuritaires, ceux-là mêmes qui exerçaient tout au long des «années de plomb» et qui se trouvent avoir des intérêts directs dans le secteur de la pêche dans la région.
Le fil des évènements
Deux évènements ont provoqué le durcissement du mouvement :
- Des attributions de postes au sein de la municipalité, entachées de népotisme
- Un regain d’activité au port d’Ifni qui a fait se demander «comment tant de poisson peut arriver tous les jours au port et nous crevons de faim et restons chômeurs ?»
Le 30 mai, à la suite d’un rassemblement de protestation, des dizaines de jeunes, soutenus par la population, partent bloquer les accès du port et empêchent la sortie des camions frigorifiques chargés de poissons destinés à être traités et conditionnés à Agadir.
Le 2 juin, les autorités demandent l’ouverture de négociations avec les manifestants, mais elles n’aboutissent pas et dès le lendemain le groupe de bloqueurs grossit tandis que les femmes de Sidi Ifni organisent des marches de solidarité et ce plusieurs jours durant.
Dans la nuit du 6 au 7 juin, des forces de l’ordre venues de plusieurs régions du Maroc investissent la ville, par air, par terre et par mer. Plus de 4.OOO hommes de différents corps de répression bloquent les issues de la ville, dispersent violemment le piquet de blocage du port cependant qu’ils investissent les maisons des quartiers populaires, cassant les portes et le mobilier, faisant main basse sur tout ce qui a de la valeur, terrorisant les familles au saut du lit, arrêtant à tour de bras, violentant et terrorisant les femmes, transformant les écoles en casernes.
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Chapeaux bas devant les femmes d’Ifni
Les femmes d’Ifni sont, comme dans bien d’autres régions du Maroc, souvent reléguées dans l’espace et les tâches domestiques et ne sortent dans la rue que couvertes d’un tissu ou d’un foulard symboles de leur décence et de leur réserve.
Mais elles ont largement adhéré au mouvement de contestation et ont fait preuve d’un sens politique et d’un courage impressionnant. Premières victimes de la dégradation des services publics, notamment de santé, de la hausse des prix et de la disparition du poisson varié et bon marché des étals, les premières elles ont organisé des marches pour bien montrer que le bocage du port n’était pas une action minoritaire et isolée. Suffoquant de colère et de honte, elles n’ont pas hésité à témoigner, malgré les tabous, devant la presse, les télévisions, les enquêteurs, des viols et de toutes les violences physiques et verbales qu’elles ont subies.
Alors que les forces de l’ordre quadrillaient la ville et occupaient les rues, elles sont sorties, toutes en noir, les chairs encore meurtries des coups de matraque et de godillots, pour reprendre possession de la rue et libérer l’espace public. Cette irruption des femmes sur la scène publique et politique aura de toute évidence des répercussions profondes et prolongées et constitue déjà la première victoire de la révolte de Sidi Ifni.
Dans les rues, la police matraque et tire des bombes lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Plusieurs témoins font état de morts, sans qu’il soit possible encore à ce jour de confirmer ou d’infirmer cette information. L’arrestation de Brahim Sebaalil et sa condamnation à 6 mois de prison, pour «diffusion de fausses informations» alors qu’il avait annoncé l’existence de morts lors d’une conférence de presse, visant bien évidemment à étouffer ce point. Des groupes de jeunes gagnent les montagnes environnantes, cependant que dans les commissariats, les personnes arrêtées par centaines sont soumises à des tortures et à des violences inouïes. La plupart seront relâchées, mais une dizaine sont inculpées et 4 sont transférées à la prison d’Inezgane. Les photos des tortures feront vite le tour du monde via Internet, des cas de viols sont dénoncés. A la télévision, le premier ministre, Abbas el Fassi, déclare qu’il ne s’est rien passé à Sidi Ifni.
Jouant son rôle d’aide aux citoyens de façon continue, tout de suite après la répression qui s’est abattue le samedi 7 juin, Attac Maroc s’est immédiatement associée à d’autres forces pour lancer une campagne d’information et de solidarité sur le mouvement d’Ifni. L’Etat et la presse aux ordres ont immédiatement désigné Attac et l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs au Maroc (ANDCM) comme les associations fauteuses de troubles.
Trois commissions d’enquête ont été constituées. La première, diligentée par l’Organisation Marocaine des Droits de l’Homme, s’est rendue à Ifni quelques jours après les évènements, en compagnie d’un représentant du gouverneur de la région Souss-Massa et a été de toute évidence beaucoup plus à l’écoute des représentants des autorités que des habitants de la ville. Tout en reconnaissant l’évidence d’une forte répression policière, son rapport s’est centré sur les pertes occasionnées par le blocage du port et a minimisé les violences subies par les habitant(e)s.
La deuxième commission, désignée par le Parlement, s’est rendue à Ifni à la fin du mois de juin mais n’a toujours pas rendu ses conclusions.
La troisième commission constituée de 14 organisations de droits humains et du mouvement social a fait le constat des violences, viols et exactions subis par les habitant(e)s, pointé les zones d’ombre et rédigé un certain nombre de recommandations.
Cahier revendicatif des habitants d’Ifni
- Soins gratuits et de qualité
- 0ctroi de cartes de la solidarité nationale aux familles pauvres
- Versement des indemnités sociales aux ayant-droits des familles des victimes de la colonisation
- Création de plusieurs unités industrielles dans la région afin de fournir de l’emploi aux jeunes
- Construction d’un centre de formation aux métiers de la mer au bénéfice des jeunes
- Octroi des permis maritimes aux jeunes chômeurs pour qu’ils puissent travailler sur les bateaux de pêche
- Généralisation effective de la pesée électronique à la criée
- Ouverture d’une enquête sur les dysfonctionnements existant au port
- Octroi de permis de pêche traditionnelle aux chômeurs (un permis par personne et non pour 3 personnes comme cela se pratique)
- Réserver un quota de pêche aux habitants de la région
- Exécution des projets inaugurés sur le papier lors de la visite royale (assainissement, électricité, routes) malgré leur inadéquation
- L’appel au boycott des élections législatives de 2007 avait été massivement suivi.
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La résistance continue
La répression qui s’est abattue sur Sidi Ifni n’est pas inédite au Maroc. Depuis 1965 et la violente répression des lycéens de Casablanca, d’autres dates aussi sombres jalonnent l’histoire du Maroc: 1981, 1984, 1994 … et aujourd’hui encore de nouveaux charniers apparaissent.
Ce qui est nouveau, c’est que cette fois une telle violence n’a pas raison de la colère des habitants. Cinq jours après le «samedi noir» du 7 juin, une manifestation de plusieurs centaines de femmes en noir reprenait possession de la rue. Le 15, c’est une marche monstre de 12.000 personnes qui sillonne pendant plusieurs heures les rues de Sidi Ifni, avec la participation d’une caravane de solidarité venue de tout le Maroc. L’opération est rééditée le 22. Depuis, inlassablement la population se mobilise, quartier par quartier et continue à présenter ses revendications et à réclamer l’ouverture de réelles négociations, avec comme préalable la libération des prisonniers et l’arrêt des poursuites pénales.
Le 18 août, de nouveau, des manifestants décident de bloquer l’accès au port. La répression est immédiate et de nouvelles arrestations ont lieu, mais le mouvement reste très offensif, réclamant la libération des prisonniers, la satisfaction de ses revendications économiques et sociales, la poursuite des responsables des violences policières, le respect de la dignité des habitants. Cependant, les autorités manient la carotte et le bâton, le ministre de l’Intérieur multipliant les menaces et les arrestations tout en annonçant que différents projets seront mis à l’étude et en tentant de fissurer l’unité des habitants en organisant des réunions consultatives sans réel mandat avec des notables et des représentants de la société civile choisis par les autorités.
Leçons d’Ifni
Le mouvement qui se déroule à Ifni est riche d’enseignements et constitue un test tant pour le mouvement ouvrier et social que pour le gouvernement. Il pose des questions qui débordent largement le cadre de ce petit port naguère un peu assoupi et s’insèrent non seulement dans un mouvement social qui s’étend dans tout le sud marocain, mais aussi dans le débat qui parcourt le mouvement ouvrier international.
En effet, il pose les questions fondamentales des politiques de l’emploi et du développement local, de l’accès à des services publics de qualité et de leur fonctionnement, mais il pose également les questions du rapport entre l’Etat et les citoyens et plus largement de la démocratie ainsi que de la nature de l’Etat et du camp qu’il représente. Les Ifniouis réclament de l’Etat qu’il assume ses fonctions: assurer aux citoyens des services publics accessibles pour tous et de qualité, promouvoir une politique de l’emploi reposant sur des perspectives réelles de développement local, rendre des comptes à la population sur son action.
Se heurtant à une fin de non recevoir, il n’est pas étonnant qu’ils aient boycotté massivement les dernières élections législatives, marquant par là leur colère d’être ignorés par l’Etat central mais aussi leur défiance vis-à-vis des partis tout aussi éloignés des préoccupations des citoyens. Répondre à de telles préoccupations de fond par la seule politique de la matraque ne peut qu’approfondir les rancoeurs et creuser encore le fossé profond qui sépare le pouvoir de la population.
Mais dans le même temps, les Ifniouis ne se complaisent pas en lamentations et pratiquent une forme de démocratie directe totalement inédite dans ce pays – et dans bien d’autres – s’imposant dans le débat municipal et régional en tant qu’acteurs à part entière. Ils redonnent ainsi son plein sens au mot «citoyenneté» tellement galvaudé dans les discours de gauche et de droite, dans la presse et par les ONG.
Il y a donc fort à parier qu’ils ne se contenteront pas du replâtrage des politiques dites de lutte contre la pauvreté comme ils ne se laisseront pas embobiner par des projets de développement qui satisferaient encore une fois les intérêts non pas de la population ni des travailleurs mais des gros bonnets de la pêche ou les multinationales du tourisme qui ont déjà manifesté leurs convoitises sur la région. Car ce qui est nettement posé derrière leur mobilisation, c’est la question de qui contrôle réellement et du contrôle ouvrier et populaire sur les politiques publiques et de la démocratie.
Ces enjeux sont d’autant plus importants que d’autres villes, dans le sud du Maroc, connaissent des mouvements d’ampleur similaire et sur des revendications de même nature, où la question de la dignité apparaît comme centrale (citons les luttes des populations de Tata, pour des services de santé gratuits et de qualité, les luttes des habitants de Bouarfa contre la surfacturation de l’eau, les luttes des mineurs contre des conditions de travail et de salaire à peine imaginables, et plus récemment les habitants de Bouizakarn…).
Leur lutte est exemplaire et a une portée qui dépasse largement les limites de la ville, de la province et du Maroc.
C’est pourquoi, sur le plan national et international la solidarité s’organise afin de faire de Sidi Ifni une victoire contre l’arrogance et l’égoïsme du capitalisme. Mais la victoire définitive contre cette arrogance ne pourra être amenée qu’avec l’alternative socialiste car il n’y a qu’avec une telle alternative qu’un pays comme le Maroc pourra être réellement démocratique, vu que dans les pays dominés les bourgeoisies locales sont trop inféodées à l’impérialisme et donc de par leur système incapable d’apporter l’indépendance de fait et le développement économique et social, et aussi vu que le socialisme implique le contrôle démocratique des travailleurs et des usagers, soit de la population, sur les richesses et moyens de productions à tous les échelons quant à comment produire, en quelle qualité et quantité, comment redistribuer ces richesses et biens.
Puis, grâce au contrôle sur les moyens de production tels que les usines, les ports et autres biens de productions de richesses, biens et services par ceux qui y travaillent et qui les utilisent, il sera possible de répartir le travail entre toutes les mains disponibles et qui en font la demande, les moyens d’existence étant en possession de ceux qui les travaillent et les utilisent. Ainsi, par exemple, ce ne sera que grâce à la possession des hôpitaux et cliniques par les personnels et les usagers et la population qu’il sera possible d’obtenir des soins gratuits et de qualité, et une telle possession collective ne peut être issue que de l’alternative socialiste. C’est pourquoi, en définitive, les droits de la population de Sidi Ifni comme du reste de tout le Maroc ne pourront être obtenus que par l’authentique socialisme démocratique, qui n’a rien à voir ni avec le social libéralisme de l’USFP ni avec le stalinisme des organisations stalino-maoïstes marocaines ou des régimes de l’ancienne URSS et des pays de l’Est.
Liste des personnes maintenues en détention et déférées devant la cour d’appel d’Agadir
Mohamed El Ouahadani , Ahmed Boufim, Zinelabidin Radi, Abdelkader Atbib, Brahim Bara (Attac), Hassan Agharbi (Attac), Abdelmalek Idrissi, Zakarya Rifi (ANDCM), Khadija Zyane (CMDH), arrêté à Layoune le 26 août, en plus d’une autre personne à l’identité inconnue.
D’autres sont poursuivis mais en liberté provisoire : Fayçal Moukhilif, Khalil Ezzin, Mounir Zakarya, Abderrahmane Ben Ahmed, Abdellatif Makiza, Bouchaib El Ghati, Khalid Bouchra, Brahim Boumrah, Hassan Moumni (Attac).
Par ailleurs, Brahim Sebaalil (CMDH) a été jugé à 6 mois de prison et est actuellement à la prison de Salé.
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Roumanie : Grève et victoire à l’usine Dacia !
Des milliers de travailleurs de l’usine Dacia Renault sont partis en grève pour une augmentation de 60% de leur salaire. Après 3 semaines de lutte, ils ont réussi à obtenir environ 40% d’augmentation. Dans le quotidien « Adevarul », un journaliste a annoncé la fin du mythe des travailleurs roumains bon marché.
Le syndicat local a déclaré que plus de 80% des 13.000 travailleurs de l‘usine Dacia de Pitest (ville du sud de la Roumanie) avaient participé à la grève. La principale revendication des travailleurs, qui gagnaient environ 285 euro par mois, était une augmentation salariale de 60%. « Nous travaillons le même nombre d’heures qu’en France mais nous sommes payés des cacahuètes », rapporte un travailleur. Le syndicat a déclaré qu’il était temps « de se battre pour les salaires comme en France ».
Renault, le fabricant automobile français, a créé l’usine Dacia en 1999 et y produit depuis lors la Logan, la voirure la moins chère de sa gamme. Évidemment, même si l’augmentation de 60% avait été obtenue, les travailleurs auraient toujours gagné moins que leurs homologues français (qui gagnent en moyenne 2.200 euros brut par mois). Néanmoins, la revendication « de se battre pour les salaires comme en France » est très importante car c’est une tentative de surmonter les divisions entre travailleurs de différents pays. L’un des principaux slogans aux piquets tenu par les grévistes était «Unitate» (unité).
La direction de Renault a réagi de manière très agressive en essayant d’obtenir l’interdiction de la grève par voie légale. Dans une lettre ouverte au journal « Evenimentul Zilei », le directeur général de Dacia, François Fourmont, a même menacé les travailleurs en grève de fermer l’entreprise. Fourmont a déclaré à propos des revendications salariales que « ces revendications peuvent mettre en péril le futur de l’usine, il faut prendre en compte le fait que d’ici à 2010 des usines Renault au Maroc, en Inde et en Russie seront opérationnelles et capables de produire la Dacia ».
La menace de délocaliser la production dans un pays avec des conditions salariales plus faibles est une menace que les travailleurs d’Europe de l’Ouest connaissent bien. Durant ces derniers mois, des grandes entreprises (Ford, Nokia,…) ont délocalisé une partie de leur production en Roumanie ou ont menacé de le faire. Aux travailleurs à travers l’Europe de reprendre l’exemple de Dacia…
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IN MEMORIAM: Pierre Le Grève (1918-2004)
Une soirée d’hommage à Pierre Le Grève s’est déroulée à la CGSP de Bruxelles le 8 novembre. Il avait rejoint le mouvement trotskyste dans les années 30.
Guy Van Sinoy
Dans les années 50, les trotskystes entrent au PSB pour sortir de leur isolement et y faire de l’entrisme. Après 1954, en pleine montée de la révolution coloniale, Pierre s’engagea activement dans un réseau d’aide au Front de Libération Nationale algérien. Il fut une des plaques tournantes du réseau et les services secrets français tentèrent de l’assassiner. Au cours de cette période, il développa l’idée (fausse selon nous) que la révolution socialiste n’était plus possible que dans les pays coloniaux. Militant CGSP Enseignement, il parvint lors de la grève générale de 60/61 à renverser la bureaucratie syndicale en s’appuyant sur l’assemblée générale. Pendant 27 ans il anima une équipe de militants combatifs à la tête de la CGSP Enseignement de Bruxelles.
Exclu du PSB en 1964, il fut élu député de l’Union de la Gauche Socialiste de 1965 à 1968. Il fut un des piliers du Comité Vietnam et fonda plus tard le Comité contre la Répression au Maroc.
Il s’est sans doute trompé sur certains pronostics politiques essentiels. Mais c’était un orateur fougueux et redoutable, une personnalité hors pair du mouvement ouvrier, un lutteur courageux et qui s’est battu jusqu’à ce que ses forces le quittent. Et cela personne ne peut le lui enlever.
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Le peuple marocain toujours victime du régime
Le mois dernier, Chirac s’est rendu au Maroc pour réaffirmer une nouvelle fois le soutien sans faille de l’Etat français au régime marocain.
Pascal Grimbert
Après les années terribles du règne d’Hassan II, réprimant férocement les opposants, maintenant son peuple dans la misère et soutenant l’impérialisme en toutes circonstances, Mohammed VI s’était présenté comme un dirigeant moderne et ouvert aux réformes. Pourtant, après 4 ans de règne, rien n’a changé : la misère et les bidonvilles sont toujours là (4 millions de personnes y survivent), la répression se poursuit (comme avec l’emprisonnement du journaliste Ali Lmrabet).
Alors, quels étaient les enjeux de cette visite ?
Pour le gouvernement français, c’est renforcer sa présence et son influence dans le Maghreb, où les Etats-Unis veulent développer leurs intérêts économiques, avec la signature d’un accord de libre-échange avec le Maroc.
Pour le gouvernement marocain, il s’agit de redorer l’image déjà usée de Mohammed VI. D’abord comme soutien traditionnel de l’impérialisme occidental, ce soutien devenant problématique face au peuple marocain, avec la guerre et l’occupation de l’Irak et alors que se durcit la guerre Israël – Palestine. Ensuite en tant que " rempart " face à l’islamisme fondamentaliste, rempart ébranlé après les attentats de Casablanca et les progrès électoraux du PJD (Parti Justice et Développement). Le gouvernement a tenté à la fois de composer avec le PJD, réputé " modéré ", et de durcir la répression anti-islamiste avec une vague d’arrestations et de condamnations (dont 16 à mort), allant jusqu’à la condamnation de deux jeunes filles de 14 ans par la juridiction antiterroriste. Malgré ses effets d’annonce, Mohammed VI marche sur des œufs pour réformer le code de la famille, en particulier le statut de la femme, toujours considérée comme mineure socialement et juridiquement. La question du Sahara occidental n’est, elle non plus, toujours pas résolue, après plus de 25 ans de conflit.
Sur toutes ces questions, c’est le peuple marocain qui fait les frais de la politique du gouvernement marocain et des impérialismes : la jeunesse, condamnée à la misère et au chômage, les femmes, toujours opprimées par un statut moyenâgeux, les paysans, menacés par l’accord de libre-échange, les travailleurs, alors que l’économie est toujours minée par la corruption et l’accaparement des richesses par quelques grandes familles.
Tout ceci ouvre un boulevard à la démagogie des fondamentalistes islamistes, alors que le principal parti autrefois d’opposition, l’USFP, s’est totalement discrédité par sa participation à un gouvernement de coalition.