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Tag: Kshama Sawant
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Seattle en révolte: Quand on se bat, on gagne!

Coupure dans le budget de la police, interdiction qu’elle utilise des armes chimiques, taxation des grandes compagnies: les victoires s’accumulent à Seattle dans la foulée du mouvement #JusticeForGeorgeFloyd et de la crise sociale actuelle. Le rôle crucial joué par la conseillère et membre de Socialist Alternative Kshama Sawant montre comment une lutte de terrain combinée avec une position d’élue permet de faire déboucher les revendications des mouvements sociaux et ouvriers.
Par Alternative Socialiste (section québécoise d’Alternative Socialiste Internationale)
#JusticeForGeorgeFloyd
Le samedi 30 mai, des manifestations de masse ont éclaté à Seattle afin de demander justice dans l’affaire George Floyd, assassiné par des policiers à Minneapolis cinq jours plus tôt. Les manifestants et manifestantes se sont immédiatement butées à la même violence policière que celle subie par les autres personnes manifestant partout aux États-Unis.
Seattle est une ville avec un lourd passé de violence policière et de racisme systémique. Les loyers très élevés poussent d’une manière disproportionnée les personnes racisées hors de la ville ou dans la rue, où ils subissent la répression policière. Les protestations du début juin ont mené à l’occupation d’une zone du quartier de Capitol Hill pendant presque un mois.
CHAZ et lutte contre la brutalité policière
Après une semaine de manifestations, la police a été chassée de son bâtiment du East Precinct, le 8 juin. Ce dernier est devenu l’épicentre d’une occupation, la Capitol Hill Autonomous Zone (CHAZ). La CHAZ s’est étendue sur six coins de rue, en plein coeur du quartier LGBT, jusqu’à son démantèlement par la police le 1er juillet.
Les protestations ont conduit à d’importantes victoires contre la brutalité policière et le racisme systémique grâce au soutien d’une représentante de la classe ouvrière au conseil municipal, Kshama Sawant de Socialist Alternative.
Le 9 juin, l’équipe de Sawant a organisé une rencontre publique dans la zone de protestation. Plus de 2 000 personnes y ont assisté. Plusieurs activistes, syndicalistes de la base et leaders communautaires et religieux ont discuté des revendications du mouvement ainsi que la nécessité de continuer à organiser une lutte multiraciale de masse pour obtenir des gains concrets. Une synergie a pu s’établir entre la représentation politique de Sawant et le mouvement.
Occupation de l’hôtel de ville et revendications
Les personnes rassemblées se sont ensuite dirigées vers l’hôtel de ville auquel Sawant leur a donné accès. Les militants et militantes y ont tenu une brève assemblée stratégique sur les revendications concrètes à défendre pour aller de l’avant. Les trois demandes ayant obtenues le plus de résonance ont été :
- la réduction de 50% du budget de la police et la réinjection de cet argent dans les communautés;
- l’abandon de toutes charges contre les manifestants et manifestantes;
- la taxation d’Amazon pour stopper l’embourgeoisement et financer le logement abordable.
Le 15 juin, Sawant et une centaine de personnes ont poussé le conseil municipal a adopter à l’unanimité une interdiction des armes chimiques de contrôle des foules ainsi que de l’utilisation de dispositifs d’étranglement par la police de la ville. Depuis, Socialist Alternative (SA) revendique la libération de tous les manifestants et manifestantes arrêtées ainsi que la mise sur pied d’un conseil de surveillance communautaire élu ayant les pleins pouvoirs sur l’embauche et le licenciement de la police.
Par la suite, Sawant a déposé un projet au conseil municipal exigeant la diminution d’au moins 50% du budget du département de la police de Seattle (200M$) au profit des communautés. Le 13 juillet, la mairesse Jenny Durkam a toutefois annoncé des coupures de 76M$ dans la police, dont l’objectif est de transférer certaines responsabilités à d’autres départements. Il s’agit d’un recul quant au projet initial de coupures de 50% exigé jusqu’ici par Sawant, les manifestant·es et la majorité du conseil municipal. Ce dossier demeure en développement.
Taxer Amazon pour du logement abordable
Dès le départ, Sawant et SA ont souligné que les coupures dans la police ne seront pas suffisantes pour financer adéquatement les écoles, les logements, les emplois, etc. Taxer les compagnies qui font leurs mégaprofits en imposant des conditions de travail misérables est une nécessité pour s’attaquer au racisme systémique. Cette mesure est nécessaire pour faire de Seattle une ville abordable pour tout le monde, en particulier pour les communautés racisées surreprésentées dans les emplois à bas salaire.
Seattle est l’une des villes américaines où les loyers sont les plus élevés du pays. Plus de 12 000 personnes y sont sans domicile fixe. Les travailleurs et travailleuses racisées ont été massivement éjectés des quartiers centraux vers le sud et les banlieues. En parallèle, Seattle accueille les sièges sociaux des plus grandes compagnies du monde telles Amazon, Microsoft et Starbuck.
Il n’est pas surprenant que la campagne Tax Amazon de SA a connu un fort engouement au sein du mouvement Black Lives Matter et à la CHAZ. Cette campagne s’active depuis 3 ans pour la construction de logements abordables publics financés par une taxe sur les grandes compagnies. Thème de la campagne de réélection de Sawant en 2019, Tax Amazon a été relancée en janvier 2020 comme une coalition d’organisations du monde du travail et des communautés.
La campagne puise son succès du fait que les revendications mises de l’avant par Sawant sont représentatives des luttes de terrain. En organisant la lutte au sein de structures démocratiques larges, les activistes ont l’opportunité de discuter et voter leurs priorités collectivement.
La pression du mouvement fait pencher la balance
Durant le mois de juin, l’énergie explosive de milliers de personnes a été canalisée dans un mouvement soutenu pour taxer les plus grandes entreprises dont le siège social est basé à Seattle. Les militants et militantes ont réussi a cumuler les 30 000 signatures requises pour faire de cette taxe une question référendaire en novembre prochain. Ces signatures ont principalement été récoltées lors des manifestations.
Le 6 juillet, la pression du mouvement a finalement obligé le conseil municipal a adopter une taxe de 200M$/an ponctionnée sur le 3% des plus grandes entreprises de la ville afin de financer du logement abordable. Il s’agit d’une grande avancée. Le montant d’argent est quatre fois supérieur à celui proposé par la première taxe Amazon. Cette dernière a été adoptée puis honteusement abrogée en 2018 sous la pression de Jeff Bezos et d’Amazon. Elle correspond toutefois à moins de la moitié du 500M$ réclamé initialement par les conseillères Kshama Sawant et Tammy Morales (progressiste).
La nouvelle taxe est une victoire historique pour la classe ouvrière de Seattle et surtout pour les personnes racisées. Elle fait écho à la campagne victorieuse pour un salaire minimum à 15$/h de 2014. Et, comme pour cette campagne, la prochaine étape consiste à étendre la lutte à la grandeur des États-Unis. En revanche, elle démontre aussi la réalité de la lutte politique. À chaque étape il faut se battre contre la résistance de la classe capitaliste, représentée, entre autres, par Bezos à Seattle. Sans mobilisation de masse, les politiciens et politiciennes plient systématiquement devant la menace du pouvoir des grandes compagnies.
Ces victoires montrent à quoi ressemble la solidarité de la classe ouvrière dans une ville. La présence d’une élue redevable uniquement aux travailleurs et aux travailleuses permet d’établir un rapport de force politique en faveur des mouvements sociaux et ouvriers. Les stratégies socialistes et marxistes de Socialist Alternative prouvent leur efficacité à Seattle depuis la première élection de Sawant, en 2014.
Quelles leçons tirer pour le Québec?
Le racisme systémique, les bas salaires et la pénurie de logements abordables nuisent également aux travailleurs et aux travailleuses du Québec. Au-delà des appels à se mobiliser autour de principes généraux ou de valeurs, les opportunités de lutter pour des revendications qui touchent concrètement la vie des gens ne manquent pas. En fait, plus le capitalisme est en crise, plus les inégalités s’accentuent!
Ici aussi, des mouvements de luttes s’organisent au sein des communautés. Nous disposons du même potentiel de changement qu’à Seattle. Mais pour y parvenir, nous avons besoin de construire des mouvements de manière stratégique dont les objectifs sont clairs, concrets est gagnables. Prendre le temps de décider démocratiquement et de respecter la volonté majoritaire, faire signer des pétitions même en pandémie, récolter de l’argent, occuper des lieux, etc. Mais ce travail est essentiel pour contrer la résistance et le pouvoir de l’argent. Il s’agit de bâtir la confiance des gens à prendre en charge leur propre avenir.
Toutes les luttes pour la justice sociale permettent aux travailleurs et aux travailleuses de se demander : pourquoi ne pas décider nous-mêmes pour qui et comment la société devrait fonctionner? Toute réforme qui bénéficie à la classe travailleuse fait diminuer les profits des grandes compagnies. Pas surprenant que Donald Trump peste sur Twitter contre la «gauche radicale» de Seattle! Cela signifie que de telles réformes sont constamment menacées d’être renversées.
Cette menace nous oblige à être à la hauteur des combats que l’on entreprend. Comme à Seattle, les boss et leurs parlementaires d’ici feront tout pour éviter que l’on s’en prenne aux entrepreneurs, aux propriétaires ou à leurs privilèges d’élu·es.
Savoir qui défendre
Il n’y a donc rien à attendre de partis comme Projet Montréal. Face au scandale du profilage racial du service de police, la ville espère enrayer le racisme par l’éducation. Pourquoi ne pas réallouer une partie du budget de la police dans les services communautaires des quartiers où vivent les personnes racisées et marginalisées? Pourquoi ne pas impliquer ces communautés dans ces réformes? Il y a fort à parier que l’argent destiné à la répression ainsi qu’à militariser la police soit coupé! De ce point de vue, les initiatives pour définancer la police sont intéressantes. Elles rateront toutefois la cible si elles se limitent à faire pression sur des partis politiques qui sont beaucoup plus prompts à réprimer les mouvements sociaux qu’à les représenter.
De plus, Projet Montréal encourage la construction de condos de luxe destinés à la spéculation immobilière depuis des années. C’est moins risqué que de récupérer directement cet argent des poches des grands propriétaires afin de construire les dizaines de milliers d’unités de logements abordables publics nécessaires pour répondre aux besoins actuels.
Du côté de Québec solidaire (QS), sa direction fait tout pour obtenir une visibilité médiatique positive pour ses député·es. La direction cherche à séduire les personnes en détresse, tout en maintenant un discours acceptable pour les puissants. Pas surprenant que durant les grands rassemblements entourant le meurtre de George Floyd, le parti s’est contenté de faire adopter une motion au parlement. Cette dernière culmine avec une demande faite au gouvernement Legault de présenter un plan de lutte au racisme et à la discrimination «dans les meilleurs délais».
QS n’a exigé aucune mesure concrète. Le parti n’a pas fait appel à ses propres membres. Il est évident que pour changer la société de manière significative, il nous faut établir un rapport de force face aux riches et aux puissants. Les gains réalisés à Seattle nous démontrent qu’un parti socialiste qui a des liens forts avec les luttes de terrain obtient ses propres victoires du rapport de force qu’exerce le mouvement de la base sur les structures de l’État. Se limiter à l’unique avenue du parlementarisme poli en revient à choisir sa propre défaite. C’est une stratégie inacceptable pour un parti qui se dit «de la rue».
Une militance sur le terrain!
La stratégie de communication politique de QS l’a coupé de la réalité des gens qu’il prétend défendre. Évoluant uniquement du côté de l’Assemblée nationale, QS échoue à influencer sérieusement et à jouer un rôle d’organisation politique dans les mouvements sociaux et ouvriers québécois. Les luttes et les victoires sociales n’émanent pas de tempêtes d’idées, de brillants cerveaux universitaires ou de discussions avec le premier ministre. Elles se bâtissent sur le terrain, avec les gens ordinaires.
Contrairement à Projet Montréal, QS possède une structure démocratique locale que les militants et les militantes sérieuses peuvent utiliser afin d’organiser des luttes concrètes dans leurs communautés. C’est de cette manière qu’un parti peut apprendre et rester connecté à la réalité et aux besoins des travailleurs et des travailleuses. Les membres d’Alternative socialiste travaillent dans cette direction depuis des années. Si lutter et gagner vous intéresse, contactez-nous!
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Seattle : une taxe historique imposée aux grandes entreprises comme Amazon. Réaction de Kshama Sawant

Kshama Sawant, élue au conseil de ville de Seattle en tant que membre de Socialist Alternative, a prononcé un discours à l’Hôtel de ville alors qu’il venait d’être décidé de taxer les grandes entreprises comme Amazon dans le but de dégager des fonds pour s’en prendre à la crise du logement. Cette taxe qui devrait rapporter 200 millions de dollars ponctionnés sur 3 % des plus grandes entreprises dont le siège est basé à Seattle. Cette mesure est l’une des batailles dans laquelle se sont engagés Kshama Sawant et Socialist Alternative.
Le vote d’aujourd’hui à Seattle en faveur de l’adoption de la Taxe Amazon est une victoire historique pour les travailleurs. Cette victoire a été âprement disputée et elle a été remportée de haute lutte par un mouvement qui ne refusait d’abandonner et qui a dû faire face à une série d’obstacles apparemment sans fin. Les démocrates pro-entreprises ont tenté de faire adopter une interdiction des taxes municipales sur les grandes entreprises au sein de l’assemblée législative de l’État. Il y a eu retards injustifiés au sein du conseil de ville tandis que la pandémie et le confinement ont empêché la collecte de signatures. La campagne a été systématiquement attaquée dans les médias dominants à Seattle et au niveau national.
Mais nous sommes en train de gagner grâce à la détermination des travailleurs et des socialistes à briser tous les obstacles et à trouver le chemin de la victoire. Félicitations à la campagne populaire Tax Amazon menée par la coalition dirigée par mon organisation, Socialist Alternative, et les organisations et syndicats progressistes.
Le vote d’aujourd’hui intervient huit mois après que les travailleurs aient battu Amazon aux élections, et deux ans après qu’Amazon et la Chambre de commerce aient intimidé le conseil de ville, la majorité du conseil ayant honteusement abrogé la Taxe Amazon en 2018. Aujourd’hui, Jeff Bezos et ses amis milliardaires aimeraient pouvoir faire marche arrière et récupérer la modeste taxe de 2018. Car cette nouvelle taxe sur les entreprises les plus riches de Seattle est quatre fois plus importante. Et chaque centime est nécessaire, et bien plus en fait, pour mettre fin à la gentrification raciste, aux loyers élevés et au sans-abrisme dans cette ville avec une expansion massive de logements publics abordables et d’emplois décents. Car il s’agit d’un projet de loi sur le logement et l’emploi.
Ce n’est pas un hasard si elle intervient au beau milieu de la rébellion historique de Black Lives Matter. La légitimité du statu quo a été complètement détruite par le mouvement de protestation, la pandémie et la crise croissante du capitalisme. À Seattle, la revendication de taxer Amazon a largement été reprise lors des manifestations où nous avons recueilli 20.000 signatures en 20 jours. Aujourd’hui, le total est de plus de 30.000.
La Taxe Amazon est peut-être la plus grande victoire progressiste à Seattle depuis que les socialistes et les syndicats ont ouvert la voie au salaire minimum de 15 dollars, qui est d’abord passé ici puis a été gagné dans les villes et les États du pays. Nous espérons qu’une fois de plus nous pourrons inspirer les travailleurs et la jeunesse au niveau national et mondial dans cette lutte cruciale contre la classe des milliardaires qui tente de forcer les travailleurs à payer pour la crise actuelle du capitalisme avec des coupes budgétaires massives. Notre cri de ralliement national doit être NON à l’austérité ! Taxez les grandes entreprises, pas les travailleurs ! La Taxe Amazon montre que les travailleurs n’ont pas besoin d’être uniquement sur la défensive, nous pouvons aussi passer à l’offensive et gagner gros.
Nous devons rejeter toutes les tentatives pathétiques des médias dominants qui, après des années d’attaque contre l’idée de taxer les grandes entreprises et ceux qui se battent pour elles, veulent maintenant désespérément travestir le récit de cette lutte. Soyons clairs : la Taxe Amazon n’a rien à voir avec le “savoir-faire” des politiciens de l’establishment. Elle a TOUT à voir avec l’auto-organisation des travailleurs.
Plus précisément, c’est la menace de l’initiative d’un vote populaire qui a fait pression sur l’establishment de la ville pour qu’il agisse. Tax Amazon a déposé cette mesure de vote après une série de “conférences d’action” démocratiques de base où des centaines de personnes ont été impliquées.
Nous n’avons pas gagné tout ce que nous voulions et je m’oppose fermement à toute tentative de réduire la portée de la mesure. Mais si je ne suis pas d’accord avec les autres membres du Conseil qui veulent amoindrir la législation, je tiens à reconnaître leur soutien et leurs votes en faveur de l’adoption de cette Taxe Amazon. Je tiens à remercier le membre du Conseil Mosqueda pour son travail. Je tiens à remercier le membre du Conseil Morales pour son soutien à la proposition de taxer Amazon que nous avons présentée ensemble en solidarité avec le mouvement.
Nous devons poursuivre sur notre lancée. Le mouvement visant à taxer Amazon et les grandes entreprises pour financer le logement et les services essentiels est nécessaire partout et nous devons le diffuser activement. Ici, à Seattle, nous devrons immédiatement mettre cette énergie à profit pour obtenir la libération de tous les manifestants arrêtés sans inculpation, et pour diminuer le budget de la police de Seattle d’au moins 50 %, pour arrêter les arrestations de sans abris et financer la construction de maisons notamment pour gagner au moins un millier de maisons dans le district central pour les familles de travailleurs noirs. La lutte pour la libération des Noirs impliquera également de faire campagne pour l’élection de conseils de surveillance communautaires ayant les pleins pouvoirs sur la police, y compris en matière d’embauche et de licenciement, de politiques et de procédures.
Nous avons été clairs quant à la véritable force qui tire les ficelles : Amazon. Beaucoup ont fait valoir que nous ne devrions pas “contrarier” les grandes entreprises et essayer plutôt de négocier un accord, mais nous savons que notre pouvoir vient du fait que les travailleurs s’organisent, et non d’une quelconque négociation avec l’élite. Pour ceux qui nous regardent de l’extérieur de Seattle : ne laissez personne vous dire, dans votre lutte pour taxer les grandes entreprises de votre ville, que vous semez la discorde, parce que c’est la lutte des classes qui permet d’obtenir des acquis.
Le marché privé du logement à but lucratif a totalement laissé tomber les travailleurs. Pas seulement ici et maintenant, mais partout et toujours. Parce que le capitalisme est totalement incapable de répondre aux besoins les plus fondamentaux des travailleurs.
Sur le plan international, la classe ouvrière doit faire entrer les 500 plus grandes entreprises dans un système de propriété publique démocratique, géré par les travailleurs, dans l’intérêt des besoins humains et de l’environnement, et non de l’avidité des milliardaires.
J’ai un message pour Jeff Bezos et sa classe.
Si vous tentez à nouveau d’abroger la Taxe Amazon, les travailleurs se mobiliseront par milliers pour vous vaincre. Et nous ne nous arrêterons pas là.
Parce que vous voyez, nous nous battons pour bien plus que cette taxe, nous préparons le terrain pour un autre type de société.
Et si vous, Jeff Bezos, voulez faire avancer ce processus en vous acharnant contre nous dans nos modestes revendications, alors qu’il en soit ainsi.
Car nous venons pour vous renverser vous et votre système pourri.
Nous venons pour démanteler ce système capitaliste profondément oppressif, raciste, sexiste, violent et en faillite totale, cet État policier.
Nous ne cesserons pas tant que nous ne l’aurons pas renversé et remplacé par un monde basé sur la solidarité, la démocratie véritable et l’égalité – un monde socialiste.
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Sanders suspend sa campagne – Les travailleurs ont besoin de leur propre parti

Photo: Wikimedia Commons Ce mercredi, Bernie Sanders a annoncé qu’il suspendait sa campagne pour la présidence, ce qui y a mis fin dans les faits. Il se trouvait 300 délégués derrière Joe Biden et le chemin pour l’emporter était très difficile, mais se retirer à ce stade a profondément déçu des millions de partisans. Comme nous l’avons fait valoir avec Socialist Alternative, cette primaire a été volée par l’establishment capitaliste du Parti démocrate, comme c’était déjà le cas en 2016.
Par Kshama Sawant
Sanders a décidé de laisser tomber à un moment où les travailleurs sont confrontés à une crise sans précédent, alors que la nécessité d’un changement socialiste n’a jamais été aussi évidente. L’épidémie de coronavirus a pleinement mis en évidence l’inégalité massive de la société américaine et les effets catastrophiques de décennies d’attaques sur les gains durement acquis des travailleurs et de coupes budgétaires dans les services sociaux, y compris les soins de santé.
En plus des ravages causés par le coronavirus dans de nombreuses communautés de la classe ouvrière, en particulier parmi les travailleurs immigrés à New York et dans les communautés ouvrières noires de nombreuses villes, s’ajoute la nouvelle réalité du chômage de masse à une échelle qui ne peut être comparée qu’à la Grande Dépression. À la fin du mois d’avril, 50 millions de personnes auront perdu leur emploi, 35 millions auront perdu leur couverture de santé fournie par leur employeur et des dizaines de millions de personnes devront choisir entre payer leur loyer et acheter de la nourriture.
Cette crise démontre la faillite complète du système capitaliste à un degré qui n’a quasiment jamais été atteint.
Joe Biden, ce désastre
Le candidat démocrate présumé est maintenant Joe Biden, un fidèle serviteur de Wall Street depuis de nombreuses décennies qui a soutenu la réduction de la sécurité sociale et de Medicaid. Il fut l’un des principaux partisans des politiques d’incarcération de masse. Il a mené la charge au Sénat américain contre Anita Hill qui a témoigné du harcèlement sexuel dont elle a été victime par le candidat à la Cour suprême Clarence Thomas. Il a soutenu vigoureusement la guerre en Irak. Les facultés mentales de Biden ne sont manifestement pas non plus ce qu’elles étaient. Il a été absent pendant l’essentiel de la crise du coronavirus. Il se pourrait que l’establishment essaye de le remplacer par quelqu’un d’autre plus tard cette année. Mais toute tentative de ce type risque de discréditer encore davantage la direction du Parti démocrate dont on ne saurait trop insister sur le manque d’autorité.
Cela reflète le désespoir de l’establishment regroupé autour de Biden pour arrêter Sanders après l’élan qui était le sien suite à sa victoire dans les trois premières primaires. Après avoir désespérément cherché un autre candidat, l’establishment a dû s’en remettre à Biden, en dépit de ses faiblesses évidentes. Mais si Bernie a effectivement été bloqué, cela ne fait que retarder le décompte. Même si Biden bat Trump d’une manière ou d’une autre, il devra faire face à une crise comparable à la Grande Dépression qui mettra complètement en évidence l’insuffisance de la direction du Parti démocrate et alimentera le désir de millions de personnes de créer un nouveau parti de la classe ouvrière.
C’est la crainte d’un second mandat de Trump, le président le plus réactionnaire depuis des décennies, qui a ouvert la porte à l’establishment pour s’engager dans une campagne de manipulation de masse après les primaires de Caroline du Sud. L’ironie de la chose est que si beaucoup de ceux qui ont soutenu Biden ont adhéré à l’argument selon lequel Sanders serait un candidat “trop radical” pour battre Trump, ils ont également soutenu des éléments clés de la plate-forme de Sanders. Lors des 20 premières primaires, les sondages de sortie des urnes ont démontré qu’une majorité de personnes soutenaient le programme “Medicare for All”.
Malgré tout cela et en dépit des sondages qui montrent que Sanders battrait Trump, Bernie a accepté la défaite et a clairement fait savoir qu’il soutiendrait Biden. L’équipe de Sanders en est réduite à espérer obtenir des “concessions” verbales de la part de Biden en faveur d’une politique progressiste. Biden pourrait en effet jeter quelques miettes pour essayer d’empêcher des millions de progressistes, en particulier des jeunes, de rester chez eux en novembre prochain. Mais il serait franchement illusoire d’accepter les promesses farfelues de Biden qui, il y a encore quelques semaines, a déclaré qu’il opposerait son veto à l’assurance maladie pour tous si le Congrès l’adoptait !
Nous comprenons pourquoi des millions de personnes sont si désespérées de se débarrasser de Trump qu’elles soutiendraient presque n’importe quel adversaire. Mais nous savons aussi qui est Joe Biden et il n’est certainement pas un “ami” des travailleurs, des femmes, des noirs ou des immigrés. Nous ne le soutiendrons pas et Sanders ne devrait pas non plus le faire.
Pourquoi avons-nous soutenu Bernie Sanders ?
Socialist Alternative a officiellement soutenu Sanders en novembre et a tout fait pour que cette élection soit gagnée. Nous ne regrettons pas cette position, qui repose sur les éléments extrêmement positifs du mouvement qu’il a contribué à créer. En 2016, Sanders a électrisé des millions de personnes grâce à son programme radical en faveur de la classe ouvrière et son appel à une “révolution politique contre la classe des milliardaires”. Il a popularisé le terme de “socialisme démocratique”. Cette fois, Sanders est allé plus loin en disant que les milliardaires “ne devraient pas exister”, tout en parlant d’un “gouvernement de la classe ouvrière” et en déclarant que son rôle de président serait d’être “l’organisateur en chef” (des luttes sociales, NdT). Il a appelé à un Green New Deal et même à la prise en charge de certaines parties de l’industrie énergétique par le secteur public.
Mais la raison principale pour laquelle nous avons soutenu Bernie avec tant de force est la même que celle pour laquelle la classe dirigeante le craignait. Sa campagne de 2016 a contribué à inspirer les gens à entrer en lutte. Ce fut notamment le cas avec la révolte des enseignants en 2018 et 2019. Cela a contribué à la renaissance du mouvement ouvrier aux Etats-Unis. S’il avait d’une manière ou d’une autre surmonté tous les obstacles et remporté la présidence en 2020, la classe dirigeante craignait que l’énorme augmentation de la confiance des travailleurs ne conduise à une vague de lutte sans précédent. Les entreprises donatrices des démocrates ont clairement indiqué qu’elles préféraient quatre années supplémentaires de Trump à l’arrivée de Sanders à la Maison Blanche.
En même temps, nous avons toujours été francs concernant les limites de Sanders et les divergences importantes que nous avons avec lui. En 2016, nous avons souligné le caractère contradictoire de sa campagne : d’une part, en refusant tout argent des entreprises, il a mis en évidence le potentiel d’un nouveau parti, mais en même temps, il a ramené les gens vers les démocrates. En 2018, nous avons assisté à un nouveau virage de la gauche vers la tentative de réforme des démocrates, encouragé par l’élection d’Alexandria Ocasio-Cortez et d’autres en tant que socialistes démocratiques. Nous avons également soutenu cette évolution, car elle a exacerbé les contradictions au sein du Parti démocrate lui-même, un parti qui a été un obstacle majeur sur la voie du développement d’une gauche puissante aux États-Unis depuis les années 1930.
De plus, nous n’avons jamais été d’accord avec l’explication de Sanders sur le socialisme, qui semble selon lui être une combinaison du New Deal de Roosevelt et de la politique des gouvernements sociaux-démocrates européens. Ces exemples ne représentent que des tentatives de sauver le système capitaliste en faillite et une démarche visant à s’en débarrasser. Ce projet a échoué, comme le souligne la pandémie actuelle et la menace d’une catastrophe climatique.
Les dirigeants de la plupart des syndicats, à d’honorables exceptions près, ont joué un rôle dans la défaite de Sanders. Ils craignent davantage la lutte des classes que les attaques des patrons contre les travailleurs. Nous devons également mentionner le rôle terrible joué par Elizabeth Warren, qui a refusé de soutenir Bernie lorsque tous les candidats pro-entreprises se sont alignés derrière Biden.
Malgré les défis croissants auxquels sa campagne s’est retrouvée confrontée, Sanders a continué à défendre des propositions audacieuses pour faire face à la double crise émergente de la pandémie et de l’effondrement économique. Il a récemment appelé à verser à tous les travailleurs leur ancien salaire complet pour la durée de cette crise. Mais alors que lui et AOC ont émis un certain nombre de critiques sur le projet de loi de relance qui contenait un plan de sauvetage stupéfiant pour les entreprises américaines, ils ont voté fait l’erreur de céder à la pression et de voter en faveur de ce plan.
Cette situation et le fait que Biden soit constamment appelé “mon ami” par Sanders indiquent un problème plus important. Comme l’ont fait remarquer plusieurs personnes à gauche, une approche plus combative envers Biden dès le début aurait été bénéfique à Sanders en l’aidant à révéler qui est vraiment Biden. Il est temps de résister aux faux appels à l’”unité” de la classe dirigeante, de désigner les responsables de la catastrophe et de construire une résistance féroce, indépendamment des hurlements des médias dominants.
Et maintenant ?
Des millions de personnes se posent cette question. La décision de Sanders de suspendre sa campagne est sans aucun doute un véritable revers pour la gauche. Mais elle devrait aussi mettre fin aux illusions sur la capacité de la gauche à transformer le Parti démocrate. Il y a un réel danger de démoralisation mais des millions de personnes ont également les yeux ouverts. Cela oblige beaucoup de gens à se demander – en ces temps de crise profonde – de quel type de direction la classe ouvrière a besoin.
Alors que Sanders se dirigeait clairement vers la défaite à l’approche de la Convention démocrate de 2016 après des primaires truquées, nous l’avons appelé à continuer à se présenter en tant qu’indépendant. Cela a été largement relayé et a été considéré par beaucoup comme la prochaine étape logique. Il est possible qu’il ait pu gagner une course à trois avec Clinton et Trump. Un appel similaire aujourd’hui ne recueillerait probablement pas le même soutien en raison de la crainte prédominante parmi les millions de personnes d’une réélection de Trump. Toutefois, la principale contribution que Sanders pourrait apporter à la poursuite du développement du mouvement qu’il a créé, selon nous, est d’admettre l’impossibilité de réformer le Parti démocrate et de contribuer à l’effort de création d’un nouveau parti.
En attendant, les meilleurs militants, en constatant que la route est bloquée sur le terrain politique, se tourneront vers les luttes de masse qui se développent même en plein confinement. Des travailleurs de première ligne dans tout le pays réclament des mesures de sécurité et des primes de risque, notamment par la grève. Les travailleurs des industries clairement non essentielles ont exigé la fermeture de leurs lieux de travail.
Avec des dizaines de millions de personnes incapables de payer leur loyer, il existe objectivement les bases d’une grève des loyers à l’échelle nationale le 1er mai. Nous demandons que celle-ci soit combinée à des actions sur le lieu de travail dans tout le pays, même si elles sont de courte durée, et à des actions de solidarité en respectant la distance sociale dans les quartiers populaires. C’est à travers ces luttes du 1er mai et dans les mois à venir que la solidarité et la conscience de la classe ouvrière pourront être construites, ce qui aidera à poser les bases d’une révolte de la classe ouvrière contre le pouvoir des entreprises. C’est ce dont nous avons si désespérément besoin. Nous appelons celles et ceux qui veulent prendre part à cette lutte pour un changement révolutionnaire à contacter Socialist Alternative et à nous rejoindre.
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USA : Kshama Sawant soutient Bernie Sanders et appelle à taxer Amazon

Ce 9 janvier, plus de 300 personnes se sont rendues au Washington Hall à Seattle pour un rassemblement qui visait à lancer la la campagne du candidat aux primaires démocrates Bernie Sanders dans l’État de Washington. L’atmosphère dans la salle était électrique. Les participants étaient venus sans faire de mystère quant à leur soutien à Bernie : sur leurs vêtements ou leurs pancartes, on pouvait lire des slogans en faveur de l’assurance maladie pour tous ou contre la guerre en Iran. Toutes et tous étaient impatients de commencer la campagne de porte-à-porte et de coups de fil. Pour beaucoup d’entre eux, c’est la première fois qu’ils se portent volontaires pour une campagne politique. Il est évident que l’approche audacieuse de Sanders concernant les besoins des travailleurs a mobilisé une nouvelle couche.
Socialist Alternative, l’organisation-soeur du PSL aux Etats-Unis qui dispose d’une élue au Conseil de ville de Seattle, a déjà commencé à mobiliser ses membres dans des villes de tout le pays pour qu’ils s’impliquent dans la campagne de Sanders. Ils sont très excités à l’idée de rejoindre tant de travailleurs qui veulent lutter pour le programme progressiste de Sanders !

« Je suis pour Bernie parce que nous avons besoin d’une révolution politique contre la classe des milliardaires, et d’un « Organisateur en chef » préparé à construire le mouvement des millions de gens qui sera nécessaire pour arracher un changement. Je soutiens fermement le combat de Sanders pour l’assurance maladie universelle et pour un New Deal vert. Je suis d’accord avec Bernie que les milliardaires ne devraient pas exister et que nous avons besoin d’une société qui marche pour les travailleurs – selon moi, c’est une société socialiste. » – Kshama Sawant, conseillère de ville District 3, Seattle WA, Socialist Alternative USA A Seattle, les membres de Socialist Alternative se sont rendus au rassemblement avec des tracts qui annonçaient la campagne « Tax Amazon 2020 » et invitant les participants à s’impliquer dans le combat pour faire payer la multinationale dont le siège est basé à Seattle. Une première tentative de taxer les multinationales pour fournir des logements aux sans-abris avait été repoussée (voir notre article à ce sujet) et Amazon avait ensuite déversé des sommes folles sur les élections locales à Seattle pour se débarrasser de candidats progressistes tels que Kshama Sawant (voir notre article à ce sujet). Mais l’homme le plus riche du monde n’est pas parvenu à acheter ces élections !
L’idée de repartir à l’assaut pour une « taxe Amazon » a reçu un accueil enthousiaste. Les partisans de Bernie étaient tout à fait d’accord pour dire que s’organiser et lutter pour que la campagne de Sanders signifie également de se battre pour son programme, dont un élément central est l’imposition des grandes entreprises. De plus, après les élections extrêmement controversées du Conseil de ville de novembre, au cours desquelles Amazon a versé un montant sans précédent de 1,5 million de dollars dans des fonds électoraux pro-entreprises, les partisans de Bernie à Seattle ont pu constater de visu jusqu’où les grandes entreprises sont prêtes à aller pour acheter les élections. Un conclusion s’impose : combattre de front les intérêts des grandes entreprises !
Un large éventail de personnes ont pris la parole au rassemblement et ont enflammé la foule avec leurs déclarations de soutien passionnées et leurs appels à l’action : politiciens progressistes, jeunes activistes pour le climat, enseignants, organisateurs de la campagne de Bernie, démocrates de base et socialistes, etc. L’un des principaux thèmes de la soirée était que Bernie est le candidat qui a le plus de chances de battre Donald Trump. Le programme progressiste de Bernie, qui propose un régime d’assurance-maladie universel, un New deal vert et l’annulation de la dette étudiante, incite les travailleurs à se rendre aux urnes et à voter. Des orateurs tels que Shaun Scott (élu au conseil de ville de Seattle et membre des Democratic Socialist of America, (DSA) et Jesse Hagopian (une syndicaliste enseignante) ont souligné que la campagne de Bernie représente plus qu’une simple campagne électorale : il s’agit d’un mouvement multigénérationnel et multiracial venant d’en bas et luttant pour un changement systémique durable.
Kshama Sawant, membre de Socialist Alternative et élue au Conseil de ville de Seattle, a pris la parole en dernier. Elle a résumé l’atmosphère de cette soirée et soulignant l’opportunité historique de cette campagne et les tâches à venir. Elle a fait référence à l’incroyable explosion de luttes sociales au cours de l’année écoulée avec des mouvements de masse au Chili, à Hong-Kong, au Liban, en Irak et en Iran, quelques exemples de la manière dont les travailleurs ordinaires se soulèvent au niveau international contre la faillite du capitalisme mondial. Ce processus se reflète aux États-Unis avec l’incroyable popularité de la campagne socialiste démocratique de Sanders.
Kshama a également averti que les partisans de Bernie doivent avoir une compréhension sobre des défis auxquels le mouvement est confronté. Avec l’échec de leur stratégie de black-out médiatique, les médias dominants se préparent à passer à l’offensive contre Sanders en l’accusant d’être trop extrême, de semer la discorde ou de tout ce qu’ils pourront trouver pour lui nuire. De plus, les représentants politiques de la classe des milliardaires au sein du Parti démocrate se préparent à utiliser les leviers de leur appareil de parti pour miner Sanders autant qu’ils le peuvent.
L’appel de Kshama Sawant à la création d’un nouveau parti des travailleurs reposant sur le mouvement des partisans de Sanders a été accueilli avec des applaudissements, tout comme son appel à la rejoindre elle, la présidente du syndicat des agents de bord (Association of Flight Attendants ) Sarah Nelson et Socialist Alternative lors du lancement de la campagne pour taxer Amazon, ce 13 janvier ! Sarah Nelson est devenue une figure syndicale nationale en janvier de l’année dernière, lorsqu’elle a appelé à la grève générale contre le « shutdown » de l’administration Trump (l’arrêt du financement de l’administration fédérale). Cette menace avait joué un grand rôle dans le recul de Trump quelques jours plus tard.
Le rassemblement s’est clôturé par la préparation de la première tournée de campagne en faveur de Bernie.
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Bruxelles. Rassemblement en faveur d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure

La campagne de la FGTB “Fight for €14” s’inspire directement des lutte menées aux Etats-Unis en faveur d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure. Chaque année a lieu une journée mondiale #FF15, soutenue par les organisations syndicales internationales EFFAT et UITA. Cette journée a pris place ce 12 novembre et plusieurs centaines de militants se sont donc rassemblés à Bruxelles ce mardi matin pour défendre l’augmentation du salaire minimum.
Ce combat difficile qui a débuté dans la restauration rapide s’est mené à l’aide de campagnes de terrain dans de nombreuses villes et régions. En 2015, Seattle fut la première grande ville à instaurer ce salaire minimum, une victoire dans laquelle Socialist Alternative, son élue au conseil de ville Kshama Sawant (qui vient tout juste d’être réélue), et leur campagne “15NOW” ont joué un rôle crucial. Cette mesure s’est traduite par un transfert de 3 milliards de dollars des riches vers les pauvres sans entraîner de pertes d’emplois : au cours de la première année suivant l’introduction de la mesure, il y a eu une augmentation du nombre d’emplois de 2,5 % et le salaire moyen dans la ville a augmenté de 3,5 %. Ces chiffres étaient supérieurs à la moyenne nationale.
En Belgique, le salaire minimum scandaleusement bas : 9,65€ brut / heure. Avoir un emploi ne garantit pas de vivre dignement : 230,000 salariés – soit 5% de la population active – sont considérés comme pauvre et 15% des employés gagnent moins de 2.300€ brut/mois (environ 1,400€ net). Ces chiffres alarmants et les nombreuses attaques des gouvernements sur nos conditions de vie et de travail aggravent le phénomène. Ces mesures touchent, de plus, davantage les femmes. Cette campagne de la FGTB est donc une excellente chose mais, pour obtenir des victoires en entreprises ou par secteur, il va falloir construire un rapport de forces sur le terrain !
C’est ce que le PSL a défendu dans son tract (en savoir plus) et son intervention, à l’aide de deux exemples actuels. Le personnel des services publics locaux bruxellois se bat ainsi pour l’abolition du barème le plus bas et pour une augmentation de 10% de tous les autres à l’aide d’assemblées du personnel, d’arrêts de travail et maintenant de grèves plus longues. Une campagne est également en cours à l’Université de Gand où seule une petite partie du personnel gagne moins de 14 €/h, mais des milliers de signatures ont été recueillies auprès de l’ensemble du personnel et des étudiants. Si la direction ne change pas son fusil d’épaule, le personnel entrera ici aussi en action.
Le Parti Socialiste de Lutte soutient pleinement la campagne de la FGTB « Fight for €14 » en y participant et en formulant des propositions constructives. Si vous voulez en savoir plus ou nous soutenir, contactez-nous et re-joignez-nous !








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Kshama Sawant réélue à Seattle malgré les millions dépensés par Amazon et le Big Business

Kshama Sawant réélue malgré la somme de 4 millions de dollars engagée par les fonds électoraux d’entreprise (PAC) pour acheter le conseil de ville
L’argent que Jeff Bezos a mis sur la table pour acheter le conseil de ville de Seattle s’est retourné contre lui. Durant ces élections, qui avaient lieu dans 7 districts de la ville, les grandes entreprises ont financièrement appuyé les candidats soutenus par Amazon à des niveaux inédits. Mais les électeurs ont rejeté cette tentative d’ancrer plus à droite dans 5 de ces 7 districts. Dans le district le plus observé, à la campagne la plus chère et le plus polarisé de Seattle depuis des décennies, Kshama Sawant, de Socialist Alternative, semble avoir remporté une victoire serrée.
Par Ty Moore, Socialist Alternative
Le soir du deuxième tour, le 5 novembre, Kshama Sawant était de 8 points derrière son concurrent, à 46% contre 54% pour Egan Orion. Mes médias dominants et les grandes entreprises étaient triomphalistes. Mais 60% des bulletins de vote arrivés plus tard se sont dirigés vers Kshama. Vendredi soir, cette dernière avait dépassé Orion de 3,6 % avec une avance de 1.515 voix, et ce chiffre devrait encore augmenter dans les jours à venir.
Conférence de presse de Kshama:
Le système de vote par correspondance de l’État de Washington permet aux électeurs d’envoyer leur bulletin de vote par la poste jusqu’à trois semaines avant le jour du scrutin. Les premiers électeurs ont tendance à être plus âgés et plus riches, les électeurs plus tardifs étant plus jeunes, plus issus de la classe des travailleurs et locataires de leur logement; En bref, cette dernière catégorie est plus susceptible de voter pour une socialiste anticapitaliste. Cette année, l’augmentation du nombre de bulletins de vote pour Sawant par rapport aux premiers résultats a été plus importante que jamais. Cela reflète la plus grande participation au vote dans ce district, qui a atteint les 58%. Même nos détracteurs dans les médias locaux ont été forcés de féliciter à la campagne de Socialist Alternative pour pousser les électeurs à se rendre aux urnes.
Ce taux de participation élevé reflète également la vague d’indignation qui a balayé Seattle les trois dernières semaines de la campagne électorale à la suite de la « bombe d’un million de dollars » lancée sur Seattle par Amazon le 14 octobre. Cela a porté la contribution totale d’Amazon à la Chambre de commerce de Seattle à 1,5 million de dollars. Les dépenses totales des fonds électoraux que représentent les Comités d’action politique (PAC) des entreprises ont été portées à plus de 4,1 millions de dollars. Cela équivaut à près de cinq fois le précédent record !
Une vague d’indignation a balayé Seattle au cours des trois dernières semaines de l’élection à la suite de la “bombe d’un million de dollars” qu’Amazon a lancée sur Seattle le 14 octobre. La contribution totale d’Amazon au PAC à la Chambre de commerce de Seattle s’est ainsi élevée à 1,5 million de dollars et les dépenses totales d’Amazon s’élèvent à 4,1 millions de dollars.
Des personnalités politiques nationales se sont prononcées contre Amazon, ce qui a donné lieu à une grande attention nationale. Le comité éditorial du Wall Street Journal s’est ainsi plaint que “Bernie Sanders a tweeté cette semaine que les dépenses d’Amazon à Seattle étaient “un exemple parfait de la cupidité incontrôlable des entreprises à laquelle nous allons mettre fin”. Elizabeth Warren a dénoncé Amazon pour avoir “essayé de faire pencher les élections du conseil de ville de Seattle en sa faveur”, ajoutant que “j’ai un plan éjecter le monde de l’argent hors de la politique “.
Danny Westneat, du Seattle Times, avait averti que les 1,5 million de dollars du milliardaire et propriétaire d’Amazon Jeff Bezos pour vaincre Sawant et d’autres candidats progressistes s’étaient peut-être retournés contre lui : “La campagne électorale se déroulait comme un référendum sur la performance du conseil de ville.” Un sondage Elway/Crosscut révélait que 67 % des électeurs étaient susceptibles de soutenir “quelqu’un qui veut changer” l’orientation du Conseil. Westneat a continué : “Maintenant [l’élection] pourrait bien devenir un référendum sur Amazon et le pouvoir des entreprises” (23/10/19).
Les dépenses massives d’Amazon lui ont aliéné de nombreux électeurs, mais cette somme a également permis d’acheter un torrent de publicités, d’envois postaux et de personnes payées pour faire du porte-à-porte. Tout cela a influencé des électeurs en faveur de l’opposant de Sawant soutenu par Amazon. Nos membres et nos bénévoles ont été confrontés à maintes reprises aux arguments de cette offensive financées par les ultra-riches.
Si les dépenses des entreprises étaient sans précédent, l’implacable propagande médiatique fut elle aussi inédite. Le Seattle Times a été à l’avant-garde d’une campagne de longue haleine qui visait à rendre Kshama Sawant et d’autres “idéologues de gauche” responsables de l’échec de du conseil de ville concernant la lutte contre le sans-abrisme à Seattle et la crise du logement, les principales préoccupations des électeurs. Le journal a appuyé les candidats soutenus par les entreprises dans les sept courses au conseil en les présentant comme s’ils étaient les candidats du “changement”.
En réalité, la crise du logement de Seattle s’inscrit dans le cadre de l’échec mondial du capitalisme, qui traite le logement comme une marchandise destinée à enrichir les spéculateurs milliardnaires plutôt que comme un droit humain fondamental. Les travailleurs ont raison d’être en colère contre l’inaction des autorités de la ville, de l’Etat pour du fédéral face à cette crise. Mais la faute en incombe à l’establishment politique complice du pouvoir des entreprises. De son côté, Kshama Sawant mène campagne pour un contrôle universel des loyers et une taxation des grandes entreprises afin de permettre de construire des logements sociaux de qualité en masse.
L’adversaire choisi par les dirigeants d’Amazon pour faire face à Kshama était Egan Orion, un candidat entièrement aux mains des grandes entreprises qui s’est présenté comme un “progressiste” pour gagner des voix. Orion placardé toute la ville d’affiches qui affirmaient qu’il refuserait l’argent des PAC pro-entreprise, ce qui était faux. Il les a même ouvertement remerciés quand il a obtenu leur soutien. Son équipe de campagne a envoyé des mails mensongers sur Kshama à chaque foyer. Ces mensonges ont été le fil rouge des 20 mails de masse envoyés par Egan Orion ou par ses partisans tout au long de la campagne.
Les partisans d’Orion ont arraché plus de 1.000 enseignes de la campagne de Kshama Sawant dans tout le district et, au cours des deux dernières semaines, ils en ont vandalisées plus de 200. Cette tentative d’intimidation des électeurs a dégoutté de nombreux résidents du District 3 et n’a pas empêché la campagne de Sawant d’organiser une campagne de masse.
Pour surmonter les mensonges et les attaques contre notre campagne, il était essentiel de sensibiliser le public à cette tentative d’acheter l’élection par le biais de milliers de conversations aux portes et aux coins des rues.
La plupart des jeunes et des travailleurs sont parvenus à percer ce rideau de calomnies. Mais les premiers résultats indiquent une participation historique dans les quartiers les plus riches de Seattle. Cela reflète également l’évolution rapide de la composition sociale du District 3 et de Seattle dans son ensemble. De nombreux travailleurs et des personnes de couleur ont dû déménager en raison de l’augmentation vertigineuse des loyers depuis notre dernière campagne électorale.
Généralement, les électeurs républicains ne participent pas aux élections locales et les candidats ouvertement républicains ne se donnent même pas la peine de se présenter à Seattle, mais cela a changé cette année. Le parti républicain a soutenu la liste des candidats soutenus par Amazon et la Chambre de commerce, malgré le fait que ces candidats se disent tous démocrates !
Seattle connaît sa propre variante locale de la vague populiste de droite qui a propulsé Trump au pouvoir. L’anxiété de la classe moyenne face à l’insécurité économique croissante et à la dégradation sociale est exploitée par les grandes entreprises et les riches, qui mènent une lutte féroce contre la croissance des idées et des mouvements socialistes qui veulent imposer des limites à leurs richesses et à leur pouvoir. Des groupes comme “Speak Out Seattle” et “Safe Seattle” sont apparus au cours de l’année écoulée comme l’expression d’une minorité conservatrice férocement opposée aux camps de sans-abri, à la criminalité, à la drogue et aux “idéologues de gauche” tels que Kshama Sawant.
Comme nous l’expliquions dans un article paru en mai dernier “ces groupes ont été indirectement soutenus et financés par Amazon et les grandes entreprises en tant que bélier populiste pour repousser le mouvement progressiste en matière de logement et vaincre la “taxe Amazon” (qui visait à imposer les grandes entreprises pour payer la construction de logements pour sans-abris, NdT) l’an dernier. (…) En 2017, Jeff Bezos a dépensé 350.000 $ pour un PAC pour l’élection de la maire Durkan. Six mois plus tard, en juin 2018, sous la pression énorme des grandes entreprises, elle et la majorité du conseil de ville ont abrogé la taxe Amazon (en savoir plus à ce sujet). Cette capitulation, surtout de l’aile la plus libérale du conseil, démoralise la gauche et enhardi les grandes entreprises et les forces de droite se mobilisent derrière elles.”
La gauche en débat
Au lendemain de la défaite de la taxe Amazon, une alliance de fait entre les grandes entreprises, une section de dirigeants syndicaux et la plupart des politiciens locaux du Parti démocrate se sont unis pour tenter de vaincre Sawant et bloquer l’élection de Shaun Scott, le candidat des Democratic Socialists of America dans le District 4.
La large coalition construite autour de la campagne pour la taxe Amazon, dans laquelle Kshama Sawant et Socialist Alternative ont joué un rôle central, a d’abord obtenu l’adoption à l’unanimité de la taxe sur les 3% des entreprises les plus importantes de Seattle pour financer le logement abordable et les services aux sans-abri. Cependant, face à la pression intense des grandes entreprises et à une campagne bien financée, cette coalition a été brisée et le conseil de ville a abrogé la taxe par un vote de 7 à 2 un mois plus tard seulement.
Pour la gauche libérale et favorable aux entreprises, cette défaite provenait de l’approche “diviseuse” de Kshama Sawant et de Socialist Alternative. En dépit du soutien d’un certain nombre de syndicats, un groupe de dirigeants syndicaux conservateurs métallurgistes et d’autres corps de métier de la construction ont dénoncé avec colère cette campagne comme une “taxe sur les emplois”, en craignant que la colère d’Amazon ne ralentisse le boom du bâtiment à Seattle.
Lors du premier tour de ces élections, le 6 août dernier, alors que le mouvement des travailleurs était ouvertement divisé, Kshama Sawant a récolté 37% des voix sans le soutien de ses collègues membres du conseil de Ville ou d’autres politiciens importants du Parti démocrate. Dans le Seattle Times, Danny Westneat a écrit : “Aucun titulaire, de mémoire récente, n’a survécu à une primaire avec un si bas niveau ” (8/7/19).
Si Kshama Sawant et Socialist Alternative avaient adopté l’approche de la plupart des dirigeants libéraux et syndicaux pour essayer d’éviter toute confrontation directe avec Amazon, il est probable que la stratégie d’intimidation de Jeff Bezos et sa tentative d’acheter le conseil de ville auraient été bien plus efficaces.
Organiser en une riposte cohérente la méfiance généralisée de la classe des travailleurs à l’égard du pouvoir des entreprises n’avait rien d’automatique. En fait, la plupart des élections aux États-Unis ne comprennent aucun défi audacieux pour la classe ouvrière tant est importante la domination des entreprises sur le Parti démocrate. Même à Seattle, où les organisations locales du Parti démocrate ont évolué vers la gauche sous l’influence de Bernie Sanders et d’autres opposants de gauche, cela ne s’est pas traduit par l’arrivée de nombreux candidats combattifs déterminés à lutter en faveur de la classe ouvrière.
Socialist Alternative a fait reposer sa stratégie sur sa confiance que, pour peu que l’on offre une perspective de lutte, la classe ouvrière et les jeunes de Seattle seraient capables de vaincre Amazon et les grandes entreprises. Un élément crucial de cette stratégie était le potentiel que la base mette pression sur les dirigeants progressistes et syndicaux afin de les forcer à se prononcer avec nous contre l’establishment capitaliste de Seattle.
Les membres de Socialist Alternative ont fourni l’épine dorsale marxiste de cette stratégie. Leur énergie, leur abnégation et leurs compétences politiques ont permis de mener à bien la campagne électorale populaire la plus puissante de l’histoire de Seattle. Plus de 1.000 bénévoles nous ont aidés à frapper à plus de 225.000 portes et à faire 200.000 appels téléphoniques. Un nombre record de 7.500 travailleurs et travailleuses ont réalisé des sacrifices financiers pour contribuer à notre campagne.
La lutte pour l’unité contre Amazon
Lors du premier tour du 6 août, les candidats soutenus par Amazon et les grandes entreprises se sont présentés aux élections générales dans les sept courses en affrontant des candidats plus progressistes. Avec la menace imminente d’une prise de contrôle totale de l’hôtel de ville par la Chambre de commerce, notre appel à l’unité maximale contre les grandes entreprises a rapidement gagné du terrain parmi les activistes de la base, ce qui a exercé une pression sur de plus grands acteurs politiques.
D’autres soutiens en faveur de Kshama Sawant et de Shaun Scott ont commencé à se manifester de la part de figures et groupes progressistes qui étaient restés sur la touche pendant le premier tour. Les scandaleuses tentatives de dirigeants syndicaux conservateurs pour qu’Egan Orion obtienne le soutien du Conseil du travail ont été vaincus lorsque plus de 300 syndicalistes ont signé une lettre ouverte de protestation. Au cours de ces dernières semaines, 22 syndicats ont soutenu Kshama Sawant, soit une majorité des sections locales qui ont donné des consignes de vote dans le District 3. Un meeting conjoint faisant la promotion d’un New Deal vert pour Seattle a été organisé avec Sawant, Morales et Scott. Ce fut une importante manifestation unitaire qui manquait lors du premier tour.
Des groupes locaux du Parti démocrates ont, eux aussi, soutenu Shaun Scott et Kshama Sawant, ce qui représente une cuisante défaite pour l’establishment démocrate qui a si longtemps dominé la politique de Seattle. Cette victoire, le fruit d’un effort énergique de la base, a été liée à l’adoption de résolutions condamnant les dépenses des PAC par l’entremise de quatre organisations du Parti démocrate.
Tout cela a posé les bases qui ont fait de notre campagne la force motrice centrale d’une riposte de gauche unifiée lorsqu’Amazon a largué sa bombe à 1 million de dollars le 14 octobre. Aux côtés des groupes du Parti démocrate, nous avons organisé une conférence de presse deux jours plus tard devant le siège d’Amazon, suivie d’un rassemblement convoqué par les travailleurs d’Amazon une semaine plus tard.
Cela a rompu les digues. Une vague de couverture médiatique nationale a suivi. Fait significatif, même Lorena Gonzalez et Teresa Mosqueda – les membres du conseil libéral qui avaient publiquement appelé à la défaite de Sawant au premier tour – se sont senties obligées de parler au rassemblement contre Amazon et d’annoncer leur soutien en faveur de Sawant et Scott. Une vague d’autres dirigeants progressistes du Parti démocrate a suivi.
Il est clair que la tentative ouverte de Jeff Bezos d’acheter le conseil de ville de Seattle aura des répercussions à plus long terme. Nous y avons fait face avec une stratégie de front unique bien préparée visant à mobiliser toute la colère des travailleurs en une seule force unificatrice, ce qui a poussé même quelques dirigeants syndicaux réticents à s’allier aux marxistes pour combattre les grandes entreprises. Cette unité rapportera d’encore plus grands bénéfices à la classe ouvrière de Seattle dans les mois et années à venir. Le rôle de Socialist Alternative – avec son analyse claire, sa stratégie et ses membres politiquement sûrs d’eux – était absolument vital pour amener toutes ces forces à agir de concert.
Alors que la vague de campagnes électorales socialistes à travers le pays continue de s’étendre, notre expérience à Seattle devrait constituer un avertissement au sujet du caractère impitoyable des grandes entreprises. Mais il y a également de riches leçons à tirer sur la manière dont nous avons riposté, dont nous avons posé les bases d’autres victoires pour notre classe, et peut-être même sur la manière dont nous sommes parvenus à remporter une victoire sur l’homme le plus riche du monde.

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Seattle. Amazon contre Sawant : un résultat encore indécis

La réélection de notre camarade Kshama Sawant (Socialist Alternative) est en jeu après que 4,1 millions de dollars aient été dépensés pour battre les candidats socialistes et progressistes dans cette ville.
Par Ty Moore
La lutte pour la réélection de Kshama Sawant fut une campagne populaire puissante et sans nulle autre pareille. Bien qu’Amazon ait dirigé plus de puissance de feu financière contre Kshama Sawant et Socialist Alternative que contre tout autre candidat – contribuant à en faire la course au conseil de ville la plus chère, la plus polarisée et la plus regardée de l’histoire de Seattle – les résultats de la soirée électorale étaient trop serrés que pour donner un vainqueur. Nous nous sommes heurtés à une tentative inédite des milliardaires pour prendre le contrôle du conseil de ville de Seattle, où ne siègent que 9 élus. Emmenés par les 1,5 million de dollars d’Amazon, l’ensemble des PAC pro-entreprise (des fonds électoraux) a dépensé plus de 4,1 millions de dollars pour tenter de remporter les sept courses du conseil de ville : presque cinq fois la somme précédente, qui était déjà un record !
Les premiers résultats accordent 46% des voix à Kshama Sawant et 54% à Egan Orion, le candidat de la multinationale Amazon dont le siège est à Seattle. Mais puisque seule la moitié des bulletins sont comptés, nous nous attendons à ce que le nombre obtenu par Kshama augmente considérablement à mesure que les votes tardifs seront comptabilisés ces prochains jours. Après le premier tour du 6 août (en savoir plus), les suffrages accordés à Kshama ont augmenté de 4 pourcents une fois les bulletins tardifs dépouillés. Toutes les indications en notre possession laissent présager une hausse encore plus marquée pour cette élection générale. Lors de la première victoire de Sawant, en 2013, les bulletins de vote tardifs lui ont permis de gagner plus de 4,5 points, ce qui lui avait permis de remporter la victoire. Lors de la soirée électorale de ce 5 novembre, les bénévoles et partisans de la campagne demeuraient optimistes.
Le système de vote par correspondance de l’État de Washington permet aux électeurs d’envoyer leur bulletin de vote par la poste à partir de trois semaines avant le jour du scrutin, et les envois les plus rapides sont disproportionnés parmi les électeurs plus riches et âgés. Le décompte du soir de l’élection ne tient pas compte des bulletins de vote soumis ces derniers jours, qui proviennent de façon disproportionnée de la classe ouvrière, des gens de couleur et des jeunes électeurs.
Cette année, la dernière vague de votes tardifs pourrait être particulièrement importante car alimentée par la colère contre Amazon et notre spectaculaire campagne pour inciter les gens à voter. Le jour-même des élections, les urnes étaient si souvent remplies que les électeurs étaient forcés d’attendre que les travailleurs du comté se précipitent pour vider les urnes !
Seuls 20.926 votes ont été comptabilisés sur un total de 74.772 inscrits dans le district 3 de Seattle où Kshama affrontait Egan Orion, soit 28 %. Avec un taux de participation prévu estimé à 50 % environ, nous aurions besoin d’environ 55 à 56 % (selon le taux de participation exact) de ces votes tardifs pour que Sawant puisse remporter la course. Cela ne tient pas encore compte de nos efforts pour “guérir” les bulletins de vote annulés. A chaque élection, environ 2% des bulletins de vote ne sont pas pris en compte parce que les électeurs ne les ont pas signés correctement ou que d’autres erreurs ont été commises. Nous avons de bonnes chances de gagner environ 1 % de plus en demandant à nos partisans de nous faire parvenir les bulletins de vote annulés pour qu’ils soumettent à nouveau leurs signatures correctes.
Vaincre Kshama était la priorité absolue des grandes entreprises lors de cette élection. Si elles échouent dans le District 3, cela pourrait clore une série de défaites humiliantes pour les milliardaires dans toute la ville. Les candidats soutenus par Amazon semblent être sur le point de perdre dans les autres Districts, à l’exception probable du District 4 où le candidat des Democratic Socialists of America Shaun Scott connait une progression difficile après avoir remporté 42 % des bulletins de vote comptés le soir des élections, après une première campagne impressionnante.
Une campagne de mensonges et de distorsions
Une vague d’indignation a balayé Seattle au cours des trois dernières semaines de l’élection à la suite de la “bombe d’un million de dollars” qu’Amazon a lancée sur Seattle le 14 octobre. La contribution totale d’Amazon au PAC à la Chambre de commerce de Seattle s’est ainsi élevée à 1,5 million de dollars et les dépenses totales d’Amazon s’élèvent à 4,1 millions de dollars.
Des personnalités politiques nationales se sont prononcées contre Amazon, ce qui a donné lieu à une grande attention nationale. Le comité éditorial du Wall Street Journal s’est ainsi plaint que “Bernie Sanders a tweeté cette semaine que les dépenses d’Amazon à Seattle étaient “un exemple parfait de la cupidité incontrôlable des entreprises à laquelle nous allons mettre fin”. Elizabeth Warren a dénoncé Amazon pour avoir “essayé de faire pencher les élections du conseil de ville de Seattle en sa faveur”, ajoutant que “j’ai un plan éjecter le monde de l’argent hors de la politique “.
Danny Westneat, du Seattle Times, avait averti que les 1,5 million de dollars du milliardaire et propriétaire d’Amazon Jeff Bezos pour vaincre Sawant et d’autres candidats progressistes s’étaient peut-être retournés contre lui : “La campagne électorale se déroulait comme un référendum sur la performance du conseil de ville.” Un sondage Elway/Crosscut révélait que 67 % des électeurs étaient susceptibles de soutenir “quelqu’un qui veut changer” l’orientation du Conseil. Westneat a continué : “Maintenant [l’élection] pourrait bien devenir un référendum sur Amazon et le pouvoir des entreprises” (23/10/19).
Les dépenses massives d’Amazon lui ont aliéné de nombreux électeurs, mais cette somme a également permis d’acheter un torrent de publicités, d’envois postaux et de personnes payées pour faire du porte-à-porte. Tout cela a influencé des électeurs en faveur de l’opposant de Sawant soutenu par Amazon. Nos membres et nos bénévoles ont été confrontés à maintes reprises aux arguments de cette offensive financées par les ultra-riches.
Si les dépenses des entreprises étaient sans précédent, l’implacable propagande médiatique fut elle aussi inédite. Le Seattle Times a été à l’avant-garde d’une campagne de longue haleine qui visait à rendre Kshama Sawant et d’autres “idéologues de gauche” responsables de l’échec de du conseil de ville concernant la lutte contre le sans-abrisme à Seattle et la crise du logement, les principales préoccupations des électeurs. Le journal a appuyé les candidats soutenus par les entreprises dans les sept courses au conseil en les présentant comme s’ils étaient les candidats du “changement”.
En réalité, la crise du logement de Seattle s’inscrit dans le cadre de l’échec mondial du capitalisme, qui traite le logement comme une marchandise destinée à enrichir les spéculateurs milliardnaires plutôt que comme un droit humain fondamental. Les travailleurs ont raison d’être en colère contre l’inaction des autorités de la ville, de l’Etat pour du fédéral face à cette crise. Mais la faute en incombe à l’establishment politique complice du pouvoir des entreprises. De son côté, Kshama Sawant mène campagne pour un contrôle universel des loyers et une taxation des grandes entreprises afin de permettre de construire des logements sociaux de qualité en masse.
L’adversaire choisi par les dirigeants d’Amazon pour faire face à Kshama était Egan Orion, un candidat entièrement aux mains des grandes entreprises qui s’est présenté comme un “progressiste” pour gagner des voix. Orion placardé toute la ville d’affiches qui affirmaient qu’il refuserait l’argent des PAC pro-entreprise, ce qui était faux. Il les a même ouvertement remerciés quand il a obtenu leur soutien. Son équipe de campagne a envoyé des mails mensongers sur Kshama à chaque foyer. Ces mensonges ont été le fil rouge des 20 mails de masse envoyés par Egan Orion ou par ses partisans tout au long de la campagne.
Les partisans d’Orion ont arraché plus de 1.000 enseignes de la campagne de Kshama Sawant dans tout le district et, au cours des deux dernières semaines, ils en ont vandalisées plus de 200. Cette tentative d’intimidation des électeurs a dégoutté de nombreux résidents du District 3 et n’a pas empêché la campagne de Sawant d’organiser une campagne de masse.
Pour surmonter les mensonges et les attaques contre notre campagne, il était essentiel de sensibiliser le public à cette tentative d’acheter l’élection par le biais de milliers de conversations aux portes et aux coins des rues.
La plupart des jeunes et des travailleurs sont parvenus à percer ce rideau de calomnies. Mais les premiers résultats indiquent une participation historique dans les quartiers les plus riches de Seattle. Cela reflète également l’évolution rapide de la composition sociale du District 3 et de Seattle dans son ensemble. De nombreux travailleurs et des personnes de couleur ont dû déménager en raison de l’augmentation vertigineuse des loyers depuis notre dernière campagne électorale.
Généralement, les électeurs républicains ne participent pas aux élections locales et les candidats ouvertement républicains ne se donnent même pas la peine de se présenter à Seattle, mais cela a changé cette année. Le parti républicain a soutenu la liste des candidats soutenus par Amazon et la Chambre de commerce, malgré le fait que ces candidats se disent tous démocrates !
Seattle connaît sa propre variante locale de la vague populiste de droite qui a propulsé Trump au pouvoir. L’anxiété de la classe moyenne face à l’insécurité économique croissante et à la dégradation sociale est exploitée par les grandes entreprises et les riches, qui mènent une lutte féroce contre la croissance des idées et des mouvements socialistes qui veulent imposer des limites à leurs richesses et à leur pouvoir. Des groupes comme “Speak Out Seattle” et “Safe Seattle” sont apparus au cours de l’année écoulée comme l’expression d’une minorité conservatrice férocement opposée aux camps de sans-abri, à la criminalité, à la drogue et aux “idéologues de gauche” tels que Kshama Sawant.
Comme nous l’expliquions dans un article paru en mai dernier “ces groupes ont été indirectement soutenus et financés par Amazon et les grandes entreprises en tant que bélier populiste pour repousser le mouvement progressiste en matière de logement et vaincre la “taxe Amazon” (qui visait à imposer les grandes entreprises pour payer la construction de logements pour sans-abris, NdT) l’an dernier. (…) En 2017, Jeff Bezos a dépensé 350.000 $ pour un PAC pour l’élection de la maire Durkan. Six mois plus tard, en juin 2018, sous la pression énorme des grandes entreprises, elle et la majorité du conseil de ville ont abrogé la taxe Amazon (en savoir plus à ce sujet). Cette capitulation, surtout de l’aile la plus libérale du conseil, démoralise la gauche et enhardi les grandes entreprises et les forces de droite se mobilisent derrière elles.”
La gauche en débat
Au lendemain de la défaite de la taxe Amazon, une alliance de fait entre les grandes entreprises, une section de dirigeants syndicaux et la plupart des politiciens locaux du Parti démocrate se sont unis pour tenter de vaincre Sawant et bloquer l’élection de Shaun Scott, le candidat des Democratic Socialists of America dans le District 4.
La large coalition construite autour de la campagne pour la taxe Amazon, dans laquelle Kshama Sawant et Socialist Alternative ont joué un rôle central, a d’abord obtenu l’adoption à l’unanimité de la taxe sur les 3% des entreprises les plus importantes de Seattle pour financer le logement abordable et les services aux sans-abri. Cependant, face à la pression intense des grandes entreprises et à une campagne bien financée, cette coalition a été brisée et le conseil de ville a abrogé la taxe par un vote de 7 à 2 un mois plus tard seulement.
Pour la gauche libérale et favorable aux entreprises, cette défaite provenait de l’approche “diviseuse” de Kshama Sawant et de Socialist Alternative. En dépit du soutien d’un certain nombre de syndicats, un groupe de dirigeants syndicaux conservateurs métallurgistes et d’autres corps de métier de la construction ont dénoncé avec colère cette campagne comme une “taxe sur les emplois”, en craignant que la colère d’Amazon ne ralentisse le boom du bâtiment à Seattle.
Lors du premier tour de ces élections, le 6 août dernier, alors que le mouvement des travailleurs était ouvertement divisé, Kshama Sawant a récolté 37% des voix sans le soutien de ses collègues membres du conseil de Ville ou d’autres politiciens importants du Parti démocrate. Dans le Seattle Times, Danny Westneat a écrit : “Aucun titulaire, de mémoire récente, n’a survécu à une primaire avec un si bas niveau ” (8/7/19).
Si Kshama Sawant et Socialist Alternative avaient adopté l’approche de la plupart des dirigeants libéraux et syndicaux pour essayer d’éviter toute confrontation directe avec Amazon, il est probable que la stratégie d’intimidation de Jeff Bezos et sa tentative d’acheter le conseil de ville auraient été bien plus efficaces.
Organiser en une riposte cohérente la méfiance généralisée de la classe des travailleurs à l’égard du pouvoir des entreprises n’avait rien d’automatique. En fait, la plupart des élections aux États-Unis ne comprennent aucun défi audacieux pour la classe ouvrière tant est importante la domination des entreprises sur le Parti démocrate. Même à Seattle, où les organisations locales du Parti démocrate ont évolué vers la gauche sous l’influence de Bernie Sanders et d’autres opposants de gauche, cela ne s’est pas traduit par l’arrivée de nombreux candidats combattifs déterminés à lutter en faveur de la classe ouvrière.
Socialist Alternative a fait reposer sa stratégie sur sa confiance que, pour peu que l’on offre une perspective de lutte, la classe ouvrière et les jeunes de Seattle seraient capables de vaincre Amazon et les grandes entreprises. Un élément crucial de cette stratégie était le potentiel que la base mette pression sur les dirigeants progressistes et syndicaux afin de les forcer à se prononcer avec nous contre l’establishment capitaliste de Seattle.
Les membres de Socialist Alternative ont fourni l’épine dorsale marxiste de cette stratégie. Leur énergie, leur abnégation et leurs compétences politiques ont permis de mener à bien la campagne électorale populaire la plus puissante de l’histoire de Seattle. Plus de 1.000 bénévoles nous ont aidés à frapper à plus de 225.000 portes et à faire 200.000 appels téléphoniques. Un nombre record de 7.500 travailleurs et travailleuses ont réalisé des sacrifices financiers pour contribuer à notre campagne.
La lutte pour l’unité contre Amazon
Lors du premier tour du 6 août, les candidats soutenus par Amazon et les grandes entreprises se sont présentés aux élections générales dans les sept courses en affrontant des candidats plus progressistes. Avec la menace imminente d’une prise de contrôle totale de l’hôtel de ville par la Chambre de commerce, notre appel à l’unité maximale contre les grandes entreprises a rapidement gagné du terrain parmi les activistes de la base, ce qui a exercé une pression sur de plus grands acteurs politiques.
D’autres soutiens en faveur de Kshama Sawant et de Shaun Scott ont commencé à se manifester de la part de figures et groupes progressistes qui étaient restés sur la touche pendant le premier tour. Les scandaleuses tentatives de dirigeants syndicaux conservateurs pour qu’Egan Orion obtienne le soutien du Conseil du travail ont été vaincus lorsque plus de 300 syndicalistes ont signé une lettre ouverte de protestation. Au cours de ces dernières semaines, 22 syndicats ont soutenu Kshama Sawant, soit une majorité des sections locales qui ont donné des consignes de vote dans le District 3. Un meeting conjoint faisant la promotion d’un New Deal vert pour Seattle a été organisé avec Sawant, Morales et Scott. Ce fut une importante manifestation unitaire qui manquait lors du premier tour.
Des groupes locaux du Parti démocrates ont, eux aussi, soutenu Shaun Scott et Kshama Sawant, ce qui représente une cuisante défaite pour l’establishment démocrate qui a si longtemps dominé la politique de Seattle. Cette victoire, le fruit d’un effort énergique de la base, a été liée à l’adoption de résolutions condamnant les dépenses des PAC par l’entremise de quatre organisations du Parti démocrate.
Tout cela a posé les bases qui ont fait de notre campagne la force motrice centrale d’une riposte de gauche unifiée lorsqu’Amazon a largué sa bombe à 1 million de dollars le 14 octobre. Aux côtés des groupes du Parti démocrate, nous avons organisé une conférence de presse deux jours plus tard devant le siège d’Amazon, suivie d’un rassemblement convoqué par les travailleurs d’Amazon une semaine plus tard.
Cela a rompu les digues. Une vague de couverture médiatique nationale a suivi. Fait significatif, même Lorena Gonzalez et Teresa Mosqueda – les membres du conseil libéral qui avaient publiquement appelé à la défaite de Sawant au premier tour – se sont senties obligées de parler au rassemblement contre Amazon et d’annoncer leur soutien en faveur de Sawant et Scott. Une vague d’autres dirigeants progressistes du Parti démocrate a suivi.
Quel que soit le résultat de ces élections, il est clair que la tentative ouverte de Jeff Bezos d’acheter le conseil de ville de Seattle aura des répercussions à plus long terme. Nous y avons fait face avec une stratégie de front unique bien préparée visant à mobiliser toute la colère des travailleurs en une seule force unificatrice, ce qui a poussé même quelques dirigeants syndicaux réticents à s’allier aux marxistes pour combattre les grandes entreprises. Cette unité rapportera d’encore plus grands bénéfices à la classe ouvrière de Seattle dans les mois et années à venir. Le rôle de Socialist Alternative – avec son analyse claire, sa stratégie et ses membres politiquement sûrs d’eux – était absolument vital pour amener toutes ces forces à agir de concert.
Alors que la vague de campagnes électorales socialistes à travers le pays continue de s’étendre, notre expérience à Seattle devrait constituer un avertissement au sujet du caractère impitoyable des grandes entreprises. Mais il y a également de riches leçons à tirer sur la manière dont nous avons riposté, dont nous avons posé les bases d’autres victoires pour notre classe, et peut-être même sur la manière dont nous sommes parvenus à remporter une victoire sur l’homme le plus riche du monde.
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Seattle. Kshama Sawant contre l’homme le plus riche du monde

En 2013, un événement politique majeur voyait le jour à Seattle. Cette année-là, Kshama Sawant remportait un siège au conseil de ville de Seattle avec près de 100.000 voix, des années avant que la campagne de Bernie Sanders durant les primaires démocrates pour les élections présidentielles américaines ait attiré l’attention du monde et bien avant qu’Alexandria Ocasio-Cortez ne soit élue au Congrès comme étant la plus jeune députée socialiste. C’était la première fois depuis des décennies qu’une socialiste était élue dans une grande ville américaine.
Par Bart Vandersteene
Ces dernières années, les lecteurs de Lutte Socialiste ont pu suivre les succès et réalisations de Kshama Sawant et de son organisation, Socialist Alternative. Elle est actuellement engagée dans une campagne cruciale qui lui permettrait de disposer d’un troisième mandat. Le défi est de taille. Cette pionnière socialiste affronte toutes les grandes entreprises dont le siège est à Seattle. Parmi tous ces adversaires figure l’homme le plus riche au monde : Jeff Bezos, le dirigeant d’Amazon.
Une élue qui fait la différence
Le journaliste et essayiste John Nichols a récemment écrit : ‘‘Actuelle-ment, un nouveau genre de politique connait un essor et promet une Amérique nouvelle. Cette période est passionnante et a permis de mettre en avant des femmes remarquables pour porter ce renouveau politique à Washington DC. Mais il est important de se souvenir que cette politique s’est fait connaitre pour la première fois à Seattle, en 2013, avec l’élection de Kshama Sawant au conseil de ville. Elle a fièrement gagné son siège en tant que socialiste. Elle a ainsi pu défendre une politique tournée vers la justice économique, la justice sociale et la justice raciale. Kshama Sawant est et restera une ‘‘étoile polaire qui brille de Seattle vers tous les Etats-Unis.’’
En 2013, la campagne électorale de Kshama Sawant était articulée autour de la revendication d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure. Sa victoire électorale a permis à Seattle d’être la première grande ville où cette revendication fut appliquée. D’autres villes ont ensuite embrayé. Par la suite, Seattle a été le berceau de nombreuses autres victoires jugées jusque-là impossibles. Cela a permis aux travailleurs d’acquérir davantage de confiance, d’obtenir une voix à l’hôtel de ville et de compter sur un précieux pouvoir organisationnel autour de cette position et de Socialist Alternative. Des lois ont été instaurées pour mieux protéger les locataires, le ‘‘Columbus Day’’ (fête de l’arrivée de Christophe Colomb sur le continent) a été supprimé au profit d’une ‘‘journée des peuples autochtones’’, la construction d’un vaste et coûteux bunker de police a été bloquée, des fonds supplémentaires ont été alloués aux logements sociaux,…Crise du logement et ennemis puissants
Les deux milliardaires les plus riches au monde vivent à Seattle : Jeff Bezos (Amazon) et Bill Gates (Microsoft). Ensemble, ils représentent un actif d’environ 240 milliards de dollars, ce qui représente une somme suffisante pour que chaque être humain de cette terre puisse disposer de nourriture, d’eau potable et de soins de santé de base.
Seattle compte de nombreux riches mais le nombre de sans-abris y explose. Il y en aurait près de 12.500 dans la ville ! La plupart des quartiers comprennent des camps de tentes. Cela s’explique par la hausse des loyers et l’expulsion de plus en plus de travailleurs. Aucune autre ville du pays ne connait une pareille frénésie de construction immobilière. Les promoteurs tentent de transformer la ville en terrain de jeu pour les riches.
Dans cette campagne électorale, Socialist Alternative défend deux revendications importantes : le gel des loyers et une meilleure taxation des riches pour financer les logements sociaux. Comme il fallait s’y attendre, les riches n’aiment pas beaucoup. C’est pourquoi le camp d’en face dirige cette campagne depuis le siège d’Amazon. L’objectif est d’acheter un conseil de ville qui leur soit acquis.
En 2017, les milliardaires ont remporté une victoire avec le retrait de la ‘‘taxe Amazon’’. Kshama Sawant et Socialist Alternative menaient depuis des mois campagne pour mettre pression sur les autres conseillers afin qu’ils instaurent une nouvelle taxe sur les grandes entreprises en vue d’investir dans les logements sociaux. Jeff Bezos a alors utilisé son pouvoir économique et son travail de lobbying pour y mettre fin. La ‘‘taxe Amazon’’ a finalement été abolie parce qu’une grande majorité des conseillers a cédé à la pression. Bezos a été aidé par la maire Jenny Durkan, élue en 2017 grâce à un fonds électoral (PAC) de 350.000 dollars auquel Amazon a largement contribué. La suppression de la ‘‘taxe Amazon’’ renforce l’establishment qui souhaite maintenant mettre fin à la présence d’une socialiste au sein du conseil de ville.
Le premier tour remporté
Le premier tour des élections locale de Seattle a eu lieu en août. Au total, 7 conseillers doivent être élus : un par circonscription. Kshama Sawant est conseillère de la troisième circonscription depuis six ans. Au premier tour, tout le monde pouvait se porter candidat. L’élection décisive opposant les deux candidats ayant obtenu le plus de votes aura lieu le 5 novembre.
Kshama Sawant a remporté le premier tour du troisième district de manière convaincante. Six candidats s’y affrontaient et elle a recueilli 37% des voix. Son plus gros adversaire, le candidat d’Amazon Egan Orion a atteint seulement 21%.
Le 5 novembre, au sein de chaque circonscription un candidat plus progressiste affrontera un candidat clairement ‘‘pro-establishment’’ soutenu par la Chambre de commerce, les grandes entreprises et l’establishment politique. Le journal The Hill de Washington DC a décrit l’importance nationale que revêtent les élections de Seattle en ces termes : ‘‘Comme avant-goût du choix dont disposent les électeurs démocrates pour désigner leur candidat à la présidence, il y a la lutte acharnée à Seattle entre une politique favorable au business et une politique de gauche radicale.’’ (28/7/19). Kshama Sawant a expliqué dans un article du journal britannique The Guardian intitulé ‘‘Est-ce qu’Amazon prend revanche sur une socialiste de Seattle ?’’ que : ‘‘cette élection sera un référendum portant sur une question fondamentale : qui dirigera Seattle ? Les grandes entreprises comme Amazon accompagnées des grandes sociétés immobilières ou les travailleurs ?’’ (5/8/19).Les grandes entreprises ont déjà amassé un trésor de guerre d’un million et demi de dollars dans leur fonds électoral, les PAC. Des centaines de milliers de dollars s’ajouteront dans les semaines et les mois à venir afin de pouvoir manipuler les résultats à leur avantage.
Calvin Priest, le coordinateur de la campagne de Sawant a déclaré : ‘‘Amazon craint que la réélection de Kshama relance une mobilisation permettant de les taxer’’ et également que ‘‘la lutte pour geler les loyers et l’expansion massive des logements abordables appartenant au gouvernement sont au cœur de notre programme électoral. Ce faisant, nous touchons aux intérêts des grands promoteurs et du secteur immobilier. La demande croissante d’un New Deal vert pour les travailleurs de Seattle est âprement combattue par Puget Sound Energy, le plus grand pollueur de la région. Les grandes entreprises veulent un conseil de ville qui résiste à nos demandes populaires.’’
Le soir des élections, Kshama Sawant a mis en évidence la motivation politique et la détermination sans faille avec lesquelles la campagne se poursuivra en novembre : ‘‘La maire Jenny Durkan affirme que l’on n’a pas besoin de socialistes à l’Hôtel de ville. Nous ripostons en construisant le mouvement socialiste avec fierté et détermination. Nous expliquons clairement aux travailleurs que le capitalisme est incapable de résoudre la crise à laquelle ils sont confrontés, que ce soit au niveau de la catastrophe climatique ou de la crise du logement. Nous devons nous organiser afin de construire les forces du socialisme. J’espère vous voir tous ensemble dans la rue durant la campagne des prochains mois ! Disons clairement à Jeff Bezos que nous ne permettrons pas que Seattle soit une ville sur mesure pour les grandes entreprises. Quand on se bat, on gagne !’’



